^vC de Richelet ^ qui rouloient alors avec celui de l'Acadé- mie , qu'au commencement de ce fiècle une Société favante conçut le projet du Didiiônnaire donc on donne une nouvelle Edition. Le Furetière Sc le Richelet ne font pas fans mérite ; mais on fait que ce qu'il y a de bon dans le premier, eft tiré du Didionnaire de l'Académie. La partie donc Furetière fe faifoic plus d'honneur, étoit celle des Arts 6c des Sciences, & c'étoic précifément celle qui valoir le moins, parcequ'on manquoit alors des fecours qui nous font venus depuis. Le Richelet, dans fon origine, n'avoir guère plus d'éten- due que le Dictionnaire de l'Académie ; èC l'on convient affez que la plupart des augmentations ne l'ont pas rendu beaucoup plus inftrudif, ni plus intéreflant. Ces deux Ouvrages font appréciés depuis long-temps , ÔC nous ne reviendrons point fur les jugemens qu'on en a portes : mais il en eft deux bien plus récens que le Dic- ' tionnaire de Trévoux, dont les rapports avec ce dernier, ne prouvent que mieux combien il eft encore utile, &;, on l'ofe dire, nécefl'aire. Le Dictionnaire Encyclopédique embraflant toute la chaîne des connoiflances humaines , la Langue Françoife y eft entrée comme inftrument de ces connoiffances. Dans la plupart des articles qui concernent cette Langue, on reconnoît les habiles mains dont ils font l'ouvrage : il y a peut-être autant ou plus de philofophie que de notions grammaticales. Mais ceux qui préfidoient à cette Collection , particu- lièrement occupés des articles les plus importans de l'Ouvrage , ont fouvent négli- gé ceux qu'ils regardoient comme moins effentiels. Delà plufieurs termes ufuels fur lefquels on pafle fort légèrement ; d'autres qu'on n'envifage que fous certains rapports; d'autres enfin totalement oubliés, ou abandonnés. Le Grand Vocabulaire François , donc il y a déjà i8 Volumes imprimés, ve- nant après tous les autres , devroit être le plus complet en tous points : mais , tout volumineux qu'il eft , tout y eft maigre , Çqc ëC décharné. LAuteur fe contente fouvent de donner une idée générale d'un mot, en le défini (faut par un autre mot avec lequel il a quelque affinité, fans indiquer l'idée propre, individuelle, qui non- feulement diftingue, mais encore qui particularife l'un 6C l'autre. Or il doit né- celfairement réfulter d'images fi vagues , un défaut de juftelTe & de précifion. On y trouve piefque par-tout les définitions toutes fèches du Dictionnaire de l'Aca- démie, pour les termes ufiiels , & celles du Dictionnaire Encyclopédique, pour les termes techniques. De plus, pour remplir toute l'idée d'un Vocabulaire au- PRÉFACE. vi) quel on ne prefcrivoic point de bornes , il ne fiiffifoic pas de parcourir les Syno- nymes de l'Abbé Girard ; il auroic fallu rapporter les obfervations des Maîtres de la Langue, expofer les règles fondamentales du langage, diilmguer ce que rufase feul autoriie, &: marquer jufqua fes bizarreries : tout cela devoit entrer dans le plan d'un Ouvrage que l'on deftinoit à donner la connoiflance la plus étendue de la Langue Françoife. Le Didionnaire de Trévoux, ainfi nommé de la Ville où fut imprimée la première Edition de cet Ouvrage, parut d'abord en trois Volumes in-folio , fous le titre de Dlcilonnalre Unlverfel, qu'il a confervé , parcequ'il étoit en effet dès- lors le plus ample 6c le plus complet des Dictionnaires de la Lan'-^ue. Il en eft en général des grands Didionnaires , comme de ces vaftes édifices qui n'ont jamais été l'ouvrage d'une feule génération , mais d'une longue fuite d'Ar-- chitedfes. Celui de Trévoux, formé fur le plan le plus étendu, ne pouvoit de même être que l'ouvrage du temps : il s'eft donc accru fucceffivement , comme le Moréri , comme le Tréfor de Robert Etienne ; mais à chaque Edition il s'efl tellement enrichi, qu'il eft devenu proprement le Diclionnaire national, puifque cinq Editions confécutives ont à peine fufti pour les befoins du Public/ On doit a M. l'Abbé du Mabaret , Curé de St. Léonard, plulîeurs articles curieux, inférés dans les premières Eciitions. Il s'en falloit pourtant beaucoup que la dernière Edi- tion en fept Volumes In-follo , n'y eût rien laiifé à délirer 3. foit pour le complé- ment de l'Ouvrage, foit même pour l'exaditude. Comme tous les Didionn aires, fans exception, font prefque nécellairement défectueux ou fautifs , & ne diffèrent à cet égard que du plus ou du moins , le Didionnaire de Trévoux n'étoit pas plus exempt que les autres de mauvaifes ou de fauffes définitions , d'autres erreurs de toute efpèce, d'inutilités, de répétitions, ÔC fur-tout d'omiffions importantes. Il y avoit prefque également à retrancher 6c à augmenter. Il a donc fallu corri- ger, élaguer, abréger d'une part, &: de l'autre intercaler, ajouter, changer, pour rendre cet Ouvrage plus corred, plus étendu, plus complet qu'aucun de ceux qui ont paru jufqu'ici en ce genre. En comparant cette Edition avec les précédentes on verra combien il eft différent de ce qu'il étoit : c'eft un nouvel édifice élevé fur l'ancien plan. En le comparant avec ceux qui ont quelque rapport avec lui , on connoîtra facilement combien les changemens qu'on y a faits , lui donnent d'avan- tage fur eux-: ces changemens, ces corrections , ces additions, ont produit des Volumes plus forts que ceux de la dernière Edition , ôd un Volume entier de plus. Ce qu'on dit ici au refte, n'eft point pour diminuer la gloire de ceux qui ont tra- vaillé aux autres Didionnaires ; ils font tous très-louables dans ce qu'ils ont fait , & très-excufables dans ce qui leur eft échappé ; il n'eft prefque pas pollible de ter- miner abfolument ces fortes d'Ouvrages. Si nous avons été plus loin que les autres nous ne nous flattons pas pour cela que perfonne ne puifle aller plus loin que nous ; mais nous croyons toucher de plus près que les autres à ce point de perfec- tion , ou il eft difficile de parvenir. Ceux qui viennent les derniers , ont un grand avantage fur ceux qui les ont précédés , en ce qu'ils peuvent profiter de leurs lu- mières, 5c même des fiutes qui leur font échappées : on confulte, on compare ■ on confronte , on pèfe les raifons & les autorités , &: l'on fe décide. Le premier & le principal objet d'un Didionnaire grammatical , fcientifique, technique, &c. tel qu'eft celui-ci, eft de préfenter exadement l'idée précife dont chaque mot eft le figne repréfentatif II fuit que la valeur, le caradère , les dif- férentes acceptions de chacun, &; les règles auxquelles eft foumis fon emploi, foient déterminés de la fa(^on la plus fûre. On n'a rien négligé pour bien rem- plir cet objet : on a d'abord confulte tous les autres Didionnaires, pour qu'il n'é- chappat, s'il étoit pollible , aucun des mots de la Langue, 6C pour former la nomen- clature la plus riche ëC la plus étendue ^ on a pris enfuite pour guide, fur fufage- viij PRÉFACÉ. & fur le fens des mots , les meilleurs Ecrits que nous ayons fur la Langue &C en cette Lancrue. A chaque mot François répond le mot Latin ; avantage qui ne fe trouve point dans les autres Didionnaires Univerfels. Quoique le Latin ne puille être regardé que comme acceflbire dans un Dic- tionnaire de la Langue Françoife, nous avons cru qu'on feroit bien aife de voir, du même coup d'œil , le mot Latin 6c le mot François qui fc répondent , bien peiTuadés d'ailleurs que le mot Latin fert beaucoup, non-feulement aux Etrangers, mais encore aux Nationaux hiêmes, pour l'intelligence parfaite du mot Fran- çois. Ce font comme deux images diiférentes, qui, loin de fe nuire, ou de fe. détruire, s'entr'aident au contraire l'une èC l'autre, & concourent à former dans l'efprit une notion diftinde des objets qu elles repréfentent. Ceux qui n'entendent pas le Latin, en feront quittes pour s'en tenir précifément au François, qu'ils trou- veront auffi nettement expliqué, que fi l'on ne s'étoit rkn propofé de plus. Ceux qui ont l'ufage de la Langue Latine, ne feront pas fâchés de voir le rapport èC la liaifon qu'il y a entre ces deux Langues, 6C de reconnoître les mots François qui tirent leur origine du Latin. Pour ce qui concerne les Etrangers, il eft évi- dent que rien ne fauroit être d'une plus grande utilité pour eux , dans l'étude qu'ils font de notre Langue ^ èC que rien n'ell plus propre à leur faire fentir la tbrcé &; le vrai fens des mots François. En effet , fi l'explication des mots n eft qu'en François , ceux qui ne fàvent pas encore notre Langue , n'entendront pas mieux l'explication du terme qu'ils cherchent, que ce terme même ; &C fouvent leur em- barras ne tait qu'augmenter, par le nombre des termes inconnus qui fe trouvent dans la définition : au lieu qu'ils conçoivent d'abord la force & l'énergie du mot François , quand ils voient qu'il fignifie précifément la même chofe que le terme Latin qui y eft joint. A cette attention de faire répondre le mot Latin au mot François , nous joi- gnons celle de marquer l'étymologie, quand elle paroît néeeflaire pour l'intelli- g-ence &C la précifion. Ménage, du Cange, Saumaise , Vossius , Ferrari,- Caseneuve, Guichard , le P. THOMAssiN,leP. Perron, Pasquier, Henri, Etienne , Tripot , Borel , ÔC autres qui ont travaillé avec fuccès en ce genre, nous ont fourni tous les fecours dont nous avions befoin en cette partie. Des explications courtes d>C précifes fervent encore à déterminer la fignification propre du mot ; & pour en faire mieux fentir la jufte valeur, on a joint des exem- ples tirés des meilleurs Ecrivains. On expofe , après cela , avec netteté les différen- tes acceptions du même mot , autoriféespar des exemples, ÔC fuffifammentdifcutées: ainfi l'on a diftingué par-tout très-foigneufement, dans chaque mot, le fens propre, le fens fic^uré , &C le fens par extenfion , qui tient le milieu entre fun &: l'autre. Je n'io"nore pas qu'il s'cft trouvé des gens qui fe font avifés de blâmer cette at- tention aue nous avons de juftifier par des exemples tirés des meilleurs Auteurs, le fens que nous attachons aux mots dans nos définitions. 53 Le principal ÔC le 3> feul mérite du Didionnaife de Trévoux , fi ce n'eft pas un vice , dit l'Auteur « du Grand Vocabulaire , eft d'avoir accumulé une foule d'exemples tirés d'Au- « teurs connus : mais ces exemples ainfi entafles , fatiguent bien plus le ledeur,' 3} qu'ils ne l^inftruifent ; èC , comme le remarque très - bien le Didionnaire de » l'Académie, des phrafes compofées exprès, pour rendre fenfible toute l'énergie s> d'un mot , 6c pour marquer de quelle manière il veut être employé , donnent »> une idée plus nette &C plus précife de la jufte étendue de fa fignification, que j> des phrafes tirées de nos bons Auteurs, qui. n'ont pas eu ordinairement de pa- V reilles vues en écrivant. Sans m'amufer à répondre à cette critique, je me contenterai de dire à rOl>: fervateur, que nous n'avons, ni lui, ni moi, acquis allez de réputation dans la République des Lettres, pour être crus fur notre parole. Les Auteurs de la féconde PREFACE, ix èfpèce de Diôtionnaires dont nous avons parlé , n'étant que de fîinples particu- liers , fouvent i<;norés, n'ont point, quelque éclairés qu'ils puiiTent être, allez d'autorité pour décider de leur chef. Ils lont donc obligés d'emprunter des Ou- vrages d'autrui, une autorité qu'ils ne peuvent fe donner d'eux-mêmes, Zc d'appe- ler en témoignage nos meilleurs Ecrivains, fur les chofes qu'il leur faut décider. Ces Auteurs qu'on cite, ajoute l'Obfervateur, n'ont pas toujours eu de pareilles vues en écrivant. Qu'il me dife donc quelles vues ils ont pu avoir dans l'emploi qu'ils ont fiit des mots. C'eft peut-être une bévue d'apporter pour exemple le Dic- tionnaire de l'Académie Fran(^oife, qui ne cite point. L'Académie faiflmt un Corps compofé des perfonnes les plus verfées dans la connoiflance de la Langue , char- gée de la compofition d'un Dictionnaire , Jie devoir pas rapporter les fentimens des autres , mais déclarer les ïîens : elle ne pouvoir donc , ni ne devoit citer ; elle n'auroit pu citer qiie fes propres Membres ; ce qui auroit blelTé leur modeftie. Eu citer d'autres qui ne fulTent pas de Ton Corps, (^'eût été, en quelqde forte, fou- mettre fon autorité à une autorité étrang-ère. On doit regarder en cela l'Académie comme une Cour Souveraine , qui a droit de rendre des Arrêts , lans être obli-- gée de les motiver : au lieu que les autres ne peuvent être confidérés que comme des Avocats qu'on confulte, 6c qu'on ne croit qu'autant qu'ils font fondés fur de bonnes raifons, ou fur des témoignages certains. On pourroit ajouter que le Public paroît pencher un peu plus du côte de ceux qui citent , que du côté de Ceiix qui ne citent pas , moins peut-être par raifon , ique par une certaine malicrnité , & par un eflet de cet oreueil fî naturel à l'efpric 1^ ^. . ... ^s A ^ T' • ' 1 • • ri 1 • î r I liumam , qui naune pas a être maitnle, m quon lui impole des loix abiolues-j fans lui en faire connoître les motifs & les raifons. Cette efpèce de foumillion iaveiigle qu'il croit qu'on exige de lui, le choque 6c le révolte : il eil, au contrai- re, flatté agréablement par la déférence & le ménagement que font paroître pour fes lumières ceux qui n'avancent rien , fans l'appuyer de preuves folides & de bons témoignages. Il veut être inftrtiit, mais il n'aime pas qu'on lui donne des léchons ^ iSc il préfume qu'on veut lui en donner, lorfque, fans citer, on fembie lui pref- crire d'autorité, qu'il faut parler de telle ou telle manière, ou qu'il ne faut pas fé fervir de telle ou telle expreflion. Ceux qui citent au contraire , femblent moins lui prefcrire comment il fiut parler , que lui apprendre comment ont» paijé les plus célèbres Auteurs. Il fe figure que les premiers veulent lui impofer une efpèce d'obligation & de nécellitc de fe rendre à leurs décifions; 6c c'eil ce qui lui dé- plaît. Il s'imagine, au contraire, que les féconds ne font que lui expofer les fen- timens & l'ufage des meilleurs Ecrivains, en lui laillant la liberté de s'y conformer;" 6C c'eft ce qui flatte fon amodr-propre. Enfin il regarde les uns comme des Juges fuprêmes qui rendent des Arrêts , 6C qui veulent qu'on s'y fbumette fans difcuf- fion ; au lieu qu'il confidère les autres comme des amis éclairés , qui délibèrent, avec lui fi l'on peut lifer de telle ou telle expreflion fur la foi &: l'autorité de tels ou tels Auteurs qui s'en font fervis. Ce n'eft point une loi qu'on lui impofe j c'eft un avis qu'on lui propofe ; c'eft un confeil qu'on lui donne , auquel il fe rend d'autant plus volontiers, qu'il fembie le faire avec moins de contrainte. Revenons à notre fujet. . , . Perfuadés , avec l'Abbé Girard , 1° . que teft la multiplicité des idées qui pro,- duit & qui doit produire la multiplicité des termes; i^. qu'il importe peu d'eiî avoir plufieurs pour peindre une feule idée , tandis qu'on en manque pour quel- ques-unes ; nous ne définilfons point un mot par un autre , comme s'ils étoient' parfaitement identiques ; ou fi quelquefois on s'eft vu contraint de le faire , ce n'eft qu'après avoir marqué les nuances qui diftinguent ces prétendus fynonymes,' ÔC qui leur donnent un caraâière propre & individuel. Les définitions font fuivies des autorités qui foiit le plus généralement reçues , les plus fûres fur la fignifica"-^ s PRÉFACE. tion &: l'emploi de chaque terme, en ramenant tout à l'ufage , arbitre refpedé même des maîtres. On a puifé dans toutes les fources reconnues pour les plus pures du langage ; on a fur-^tout profité des Obfervations que M. de Voltaire a femées dans fes Notes fur Corneille &; ailleurs. Quand les Obfervations des grands Maî- tres ont manqué, l'Editeur a cru pouvoir hafarder modeftement les liennes, en les foumettant au jugement du Public. A l'é^Tard de certains termes propres aux Arts &; aux Sciences, il nous a paru qu'il ne fuiSfoit pas d'en donner une fimple définition, comme dans nos Voca- bulaires, prefque toujours inintelligible à ceux qui n'ont aucune idée des objets qu'elle indique. Des définitions ne font pas des notions. S'agit-il , par exemple , d'une machine , ou d'un inftrument quelconque , on en fait une courte defcrip- tion ; on détaille même les parties dont il eft compofé ; ce qui fait mieux connoî- tre l'ufage auquel il eft propre. Dans les matières de Phyfique , de Botanique &C autres Sciences, après la dé-- finition du mot , on en donne une explication encore plus ou moins détaillée , fuivant la nature ÔC l'importance de l'objet. C'eft ainfi que fur le mot fon , après la définition de la chofe , on entre dans un détail iuftructif : on confidère d'abord avec les Phyficiens, la nature à\x Jon dans les corps fonores, puis dans le milieu C elle ne s'étend point jufqu'aux chofes , donc il ne lui eft permis de parler, qu'autant que cela eft néceffaire pour l'intellio-ence des mots mêmes, qui font proprement l'objet qu'il doit fe propofer, ê>C la ma- tière où doit fe renfermer i^on érudition & ù critique. cei fei nels, cette convention ne peut être aurorifée ni connue que par l'ufage. Peut-être y auroit-il encore bien des chàngemens utiles à faire dans l'Orthographe ufuelle; mais cette reforme doit être l'Ouvrage du temps. Si même elle fe fait jamais, ce fera peu-à-pieu, infenhblement ; les mots dont l'Orthographe eft vicîeufe, feront re6tifies l'un après l'autre ; une réforme précipitée ou fubite brouilleroit tout. . Nous rendons compte de notre travail, pour démontrer la différence du Dic- tionnaire de Trévoux, tel qu'il paroit aujourd'hui, de ce quil étoit dans les édi- tions précédentes, 6c combien il diffère encore de tous ceux qui ont quelque rapport avec lui. C'eft au jugement du Public à nous en apprendre le fuccès. IL nous refte à parler des fautes qui pourront fe trouver dans ce DicSlionnairey Quelque exadtitude qu'on ait pu y apporter, on ne fe flatte point que dans un Ouvrage auffi confidérable, qui embraffe tant de matières, il ne foit rien échappé qui ne (bit jufte. Nous paffons nous-mêmes condamnation par avance fur tout ce qu'on y touvera de fiutes bien prouvées. Nous aurons une véritable &C fincère obligation à quiconque voudra bien fe donner la peine de nous les faire connoître- ?- ^ 4 - if ? y .-r< xij PRÉFACE, èC en faveur du fervice qu'il rendra au Public par des remarques , dont les Editeurs futurs pourront profiter , dc du plaifîr qu'il nous fera à nous - mêmes de nous inftruire, nous lui pafTons dès-à-préfent toute l'aigreur dont il pourroit aflaifon- ner fa critique. Bien déterminés à ne point répondre , nous abandonnerons au Public nos intérêts ÔC le foin de juger qui a raifon, &: à ceux qui travailleront après nous, le foin de nous juftifier, ou de nous réformer dans une autre édition. TABLE TABLE DES AUTEURS ET LIVRES FRANÇOIS, Dont on s'ejl fervi pour la compojition de ce Diclionnaire, A .iVlBADiF. , divers Ouvrages. Abeille, Chirurgien d Armée. Hijf. natur. des Abeilles. dAblancourtj de l'Académie 3 divers Ouvrages» Abrégé de Vitruve. Académie Françoife^ Dictionnaire, Recueil de Pic- ces & Harangues. Académie des Jeux Floraux , Recueil de Pièces. Académie Royale des Sciences, Hift. Se Mémoires. Académie Royale des Infcriptions ^ Hiftoire &c Mémoires. l'Affilard , Mujic. Principes de Mufique. les Agrémens du langage réduits à leurs principes, dARuron, Taille des Arbres. dAify , Génie de la Langue Françoife. Alais , Grammaire Méthodique. d'Alemberr. Alieaume , Jéfuite, Souffrances de Jefus. Allior, Médec. Tr. du Cancer. Ambajj'ade des Hollandois à la Chine /au Japon. Amelot de la Houiraye, divers Ouvrages. Amelotte, Prêtre de l' Oratoire j, divers Ouvrages, Amufemens férieux & comiques. Amyor, Plutarque. Traité de l'Amitié. Ancillon, Mélanges Critiques. Andoque , Hiftoire du Languedoc. de S. André, Guillaume,Hift. de Jean iVjDucdeBreragne. Père André , Traité du Beau. Andry, Eccléf. divers Ouvrages. Andry , Médecin, divers Ouvrages, lAnglois , Jéfuite 3 Hiftoire des Albigeois. Angot, Jéfuite, Optique. Ducd'Angoulême , Hiftoire des Chérifs. Anlelme , Abbé y diverfes Orailons Funèbres & Pa- négyriques. Antiquité de Nîmes. dArgentré, Hiftoire & Coutumes de Bretagne. Ariftote, Jardinier, Jardins Potagers. Arnaud dAndilly , divers Ouvrages. Arnaud , Docl. divers Ouvrages. Aile , Traité des Aides. l'Art de nager. l'An de prêcher. . > Aftruc, Médecin. dAubenton. Aubin, Diclionnaire de Marine. Auboux , Vérit. Pratique civile & criminelle. dAucourt , de l'Acad. divers Ouvrages. dAudifFret, Géographie, Audigcr. d'Avril, Jéfuite y Voyages, • B B JAcHET, V. de Meziriac, Bachaumont , Voyage. Bacon , Morale. Bacquet, (Euvres. Tome /. Bail , divers Ouvrages. Bailler, divers Ouvrages. Baker , Hift. natur. du Polype. Baltus, Jéfuite, divers Ouvrages. Balzac, de l'Acad. -divers Ouvrages, Baraton, Poëfies, Barbier, F^. dAucourt. •Bardin, le grand Chambellan de France, Baron , Comédies. Barrême, divers Ouvrages. Barry, divers Ouvrages. Bartholin, Anatomie. Balnage, Ouvrage des Savans. Baudelot, divers Ouvrages. Bauhin, Gafp. & Jean, Hiftoire des Plantes. Baylc , divers Ouvrages, de Bellegarde, Abbé, divers Ouvrages. Bcllofte, Chirurgien d'Hôpital. Belon, Hiftoire des OiiVaux. Benoît , divers Ouvrages, de Benferade , de l'Académie , divers Ouvrages* Béranger, Traité des Defcentes. Bernard, Nouv. de la Rép. des Lettres. Bernard , Mad. diverfes Pièces. Bernier, Médec. divers Ouvrages, de Berquin, des Pierres précieufes. Berroyer, Avoc. divers Ouvrages, de Befançon, l'Efprit des hommes illûftrcs dans leurs bons mots, Ste Beuvc , Rétol. des Cas de Confcience. Bion , Globes &: Aftrolabe, de la Bizardière , divers Ouvrages. Bizot, Abbé , Hiftoire Métallique, le Blanc , Hiftoire des Monnoies. Blanchart, Avocat, Table des Ordonnances, de Blegny , Médec. divers Ouvrages. Blondel, Mathém. divers Ouvrages. Bocquillot , Liturgies. le Bœuf, Abbé, divers Ouvrages. Boiccau, Jardinages. Boileau, de l'Acad. Epidète, &c, Boileau Delpreaux, divers Ouvrages, du Bois , Abbé , diverfes Tradudions" Boilrobert, de l'Acad. divers Ouvrages; Boilfard, Didionnairc de Mufique, Boizard, Traité des Monnoies, Bombelles , fervice de l'Infanterie. Bonnet , Hijl. de la Mufique. Bordelon , Abbé, divers Ouvrages. Borel, Tréf. Recherches de France. Bornier.ConférencesfuriesnouvellesOrdonliances; 'SbiqaïWon , Abbé , divers Ouvrages. Boftc , divers Ouvrages, le Boftu, Chanoine Régul. Traité du Poëme Epique," BolLuet, Evêque de Meaux, divers Ouvrages, Bouche, Hiftoire de Provence. Boucher, Annales dAquitaine. Bouhours, Jéfuite, divers Ouvrages. Boulanger , Traité de la Sphère, de la Boulay , Voyages, Bourdaloue, Jéfuite, Sermons. Bouidoi}, Anatomie, XIV TABLE DES AUTEURS. Bourfaut , père & fis, divers Ouvrages. Bourcroue , Rech. des Monnoies. Bouchilliei', Abbé de la Trappe , diveis Ouvrages. Bouvet, /cf/«irej Pornait du Royaume de la Chine. Boyer , de l'Acad. divers Ouvrages. Boycr de Ruvières , divers Ouvrages. Boyer, Didionnaire François & Anglois. Brebeuf, Pharfale. Brécourt, diverfes Pièces. Breconi>eau , Jéfu'ue , Sermons. Bretonnier, y^vocizrj Queftions du Droit, du Breuil, Jéfu'ue, Perfpedlive. de Brianville , Abbé, Jeux de Cartes, de Brieux, Orig. de plufieurs façons de parler triviales. Brignon, Jéfuite, différences Tradudtions. Briot, Empire Ottoman. le Brun, Prêtre de l'Oratoire, divers Ouvrages. le Brun , Poëfies. le Brun , Voyages. Bruneau, Avocat , Traité des Criées, de la Bruyère , de l'Acad^ Carad. de Théophrafte. Bruys , divers Ouvrages. Budée, Diétionnaire. Buffier, Jéfu'ue, divers Ouvrages, de BufFon. Bullet, Arch'uecle, divers Ouvrages. Burette , de l'Acad. des Infcr'ipt. & Belïès-Léttres. de Bulli-Rabutin , Comte, divers OuvrageSk VjAdenet , Paraphr. des Pfeaumes. de Cailli, Poélies. de Caillières , de l'Acad. divers OuvragcSé du Cange , divers Ouvrages. " de Cantenac , Poéfies. Capiftron , diverfes Pièces. Caron, Traité des Bois. Caré , Mefure des Surfaces. Cartaud. de Cafeneuve , Origines Françoifes. CalFagne , Saluftci Calfandre , Rhétorique d'Ariftotc. Gaffini, divers Ouvrages. Caftel, Avocat, divers Ouvrages. Caftel, Jéfu'ue. Catéch'fme de Montpellier. Catel , Hiftoire de Languedoc. Catherinot, divers Ouvrages. Caihoiicon d'Ef pagne , ou Satyre Ménippée. Catrou, Jéfu'ue, divers Ouvrages. du Cerceau , Jéfu'ue , Poéfies. Cérémonial de France. de Cérifiers , Traduction de la Cité de Dieu, de Chalies , Elém. d'Euclides. de la Chambre, Médecin, divers Ouvrages, de la Chambre , Abbé, diverfes Oraifons Funèbres. Chamillard , Jéfuite, Dilïértations. Chamêlé , diverfes Pièces. Hiftoire de la Chancellerie. C.\i.^n\3X,Abbe, divers Ouvrages. Chapelain, de l'Acad. divers Ouvrages. de la Chapelle , de l'Acad. Franço'ife , divers Ouvrages, Chapelle, divers Ouvrages. Charas , Pharmacopée. Charpentier , de l'Acad. divers Ouvrages. dclaCharrière, Chirurgien, divers Ouvrages. Chaftelain, Martyrologe, àcC)^2M\it\x, Abbé, (Euvrcs. ♦ Cheminais, Jéfu'ue, Sermons. la Chetardie , Inftrud. pour un Prince , & autres Ouvr. Chevreau, divers Ouvrages. Chiffler , Jéfuite , Grammaire Françoife. Chirurgien Dcnt'ifte. de Choifi, /^/lifij divers Ouvrages, lîift.Eccléfiaftiquc. Chomel, Diétionnaire (Economique. Choricr, Hiftoire de Dauphiné. de Citry , divers Ouvrages. Claude, M'in'f. divers Ouvrages, de Claville, Traité du vrai Mérite. de Clauftre , Abbé, D'ïGt. de Mythologie.* le Clerc , Min'ifl. divers Ouvrages, le Clerc, Medec. Hift, de la Médecine, La Pr'inceffe de Clèves. Col-dc-Villars, Médecin. Colin , Abbé, Trad. de l'Orateur de Ciccron. la Colombière, divers Ouvrages. Colommiers , divers Ouvrages. Colonia, Jéfuue , divers Ouvrages. Traité du Commerce. Commire, Jéfu'ue , diverfes Pièces, le Comte j Cel. Relation du Tunquin. • le Comte, Jéfu'ue, Mcm. de la Chine, le Comte, Cabinet d'Architeélure. Conrart, de l' Académie , Lettres. Conftitut'ions de Porc-Royal. Coquille, Hiftoire deNivernois. Corbinelli , divers Ouvrages, de Cordemoy , père & fils , divers Ouvrages^ Corneille, Pierre & Thom. divers Ouvrages. Coflar , divers Ouvrages. Cofte, fur Montagne. de la Cofte , Conquête des Indes Occidentales, de Coulanges , Recueil de Chanfons. de Courbevillc, Jéfu'ue, divers Ouvrages, Courtin , divers Ouvrages. Coufin, Préfident , divers Ouvrages» Crébillon , Tragédies. CrébiIlon,j?/jj divers Ouvrages. Crevier, Hiftoire Romaine, de la Croix, Empire Ottoman, &c. Crouzas, divers Ouvrages. Cu'ifnier François. D- D '^ Acier , M. de V Académie , divers Ouvragess Dacier, Mad. divers Ouvrages. Dagaii , Fortifications. Daiechamp, Hiftoire des Plantes. Dan, Tr'in'itaire, Hiftoire de Barbarie. Dancourt, diverfes Pièces. Danet , Abbé , Dictionnaire, de Dangeau, Abbé, Dialogues, & autres Ouvrages/ de Dangeau , Marquis , de l'Académie Franço'ife , queit ques Pièces de Vers. Daniel, Jéfu'ue, divers Ouvrages. Danty, Avocat, divers Ouvrages. Danty d'Ifnard , de l'Académie des Sciences. Dappcr, Defcription de l'Afrique. Daviler , Architecture. Degori , Médecin , DiCiionnaire de Médecine' Demours, Médecin. Denys, Hiftoire de l'Amérique- Dcmofthènes , Harang. & Philippiques. Deparcieux , Géomètre. Defcartcs, divers Ouvrages. Dcfenne, Calcul du Tuité. Desfontaines, Abbé, Obfcrvat. fur les Ecrits mo- dernes. Desforges-Maillard, Poéfies. Dcshoulières , Mad. Poéfies. Defmarais , de l'Acad. divers Ouvrages. Defportes, Œuvres. Defpréaux , & BrolTétte , fon Commentateur,' Defroches, Dictionnaire de Marine. Deftouches, (Nericaut) Comédies. D'Héricourt, y^vocar. i DiSionnaire de Rimes. Diclionnaire de Droit. D'icl'ionna'ire de la Ph'ilofophie Hermétique. Dictionnaire Comique. D'icl'ionna'ire de Peinture & d' Architecîure. D'ioms , Anatomie , Opérât, de Chirurgie. Dfcours d'Eloquence. Diver/ités cur'ieufes. DivertiJJemens de Sceaux. Dodard, Médecin, divers Ouvrages. Domat, Loix Civiles. TABLE DES A Doujât, de l'Acad. Vcll. Parerculus. Dubé, Médec. Médecin des Pauvres. Ducalfe , Piatiq. de la Jurifdid. Ecclélîaftique. le Duchar , lui Rabelais. Duhamel, divers Ouvrages. Du Plellls, Bénédtclin , divers Ouvr.iges. Duryer , de l'Acad. divers Ouvrages. f^i CoLE des Arpenteurs. Erraid , Avocat , Plaidoyers. Efprir, Abbé, divers Ouvrages. deTEftang, Traité de la Traduction. les Eftieiincs , divers Ouvrages. d'Eftrées , Abbé , Difcours prononcé à l'Acad. Eveillo!! , Traité des Excommunications. M^ A\JCHAKD , Chirurgien Dentijle: le Faucheur , adion de l'Orateur. Favin, divers Ouvrages, de la Fayette, Mad. divers Ouvrages. Félibicn, divers Ouvrages. Félibien des Avaux, divers Ouvrages. Fénélon , Arch. de Cambrai, Aiv as Ouvrages. deFerrièie, Avocat, divers Ouvrages. Feuillet , maître de Danfe , Chorographie. le Fèvre , Tanaq. divers Ouvrages. le Fèvre, Madame Dacier^ divers Ouvrages. Févret, Traité de l'Abus. Fléchier, Evêque de Nîmes, divers Ouvrages. Fleury , Abbé , divers Ouvrages-. la Fontaine , de l'Acad. divers Ouvrages. Fontenelle, de l'Acad. divers Ouvrages. de la Force, Duc , Difcours prononcé à l'Acad. de la Force , Mad. divers Ouvrages. Fouger, Traité des Hygromètres. du Four, du Catfé , Thé, Chocolat. Fourni er, /e/iirc. Hydrographie. Frézier, Voyages. de Fromcntières , Evêque d'Aire, divers Ouvrages. Furetière , Abbé, divers Ouvrages. AiLLARD, Jéfuite, divers OavragcSc_ Gaudin, Jéfuite, Didionnaire. Gaurct, Style Univerlel. Galettes. Gédoyri, Abbé , Tradudion de Quintilicn. le Gendre, Abbé, divers Ouvrages. Gencft, Abbé, diverfes Pièces. GeofFroi, de l'Acad. des Sciences. Gerfaiiit. Gillet, Avocat, Plaidoyers , &c. Girard , Abbé, Synonymes François. Girouft, Jéfuite, Sermons. Giry, de l'Académie, divers Ouvrages. Glafer, Traité de Chimie. Godeau, Evêque de Vence, divers Ouvragés. Gollut, Mémoires des Bourguignons. Gombaud, de V Académie , divers Ouvrages. Gomberville , de l'Acad. divers Ouvrages. Grammaire générale & raifonnée. Grammaire Méthodique. Greffet, Poéfies. de Grimareft, Traité du Récitatif. Vie de Molière. Grotius, Droit de la Paix & de la Guerre. Guichard, Harmonie étymologique. Guillemau, Chirurgie. ,- de Cuiller de la Guilletière , Didionn. des Arts de l'homme d'Épée. XV *i' H/ H LAbert, de l'Académie, Temple de la Mort. de Harlay , Tradudion de Tacite. Harris, Didionn. Angloiî des Arts & d-es Sciences. U T E U R S. Haitzfoekcr, Dioptr. &: Phyfique, de Hautcroche, diverfes Pièces. dcsHaycs, Voyage du Levant. Hecquet, divers Ouvrages. Heill, Hiftoire d'Allemagne. Hellot, Elém. de la Philof. de la Chimie. Hélyot, Picpus , Hift. des Ordres Religieux, &c, Henriette Sylvie de Molière. d'Her' Chevalier, divers Ouvrages. d'Herbclot , Bibliothèque Orientale. l'Héritier, Mad. divers Ouvrages. Hermant, Chanoine, divers Ouvrages. Hervet, Gentian , Tradudion de la Cité de Dieu; Hervieux, Traité des Serins. Effais fur les Hiéroglyphes. de la Hire, divers Ouvrages. Hifloire des Conclaves. Hiftoir^ naturelle d^ Irlande. Hijlûire de la Ligue de Cambrai. Hifloire Critique du Vieux'ù du Nouveau Tejiamenf, Hiftoire de la Laponie. l'Honoré , Carme Déchaujfé , Critique, de i'Hofpital, Marq. les infiniinent petits, les Sed. coniq. Houdry, Jéfuite, Sermons. dcs-Houlièrcs. P'oye-^ Dcf-houlières. de Houteville,^^^fjlaRelig.Chr. prouvéeparlesfaits; Huet, Evêque d' Avranches , divers Ouvrages. Huygens, de Zwilickem, divers Ouvrages. J Ames , Didionn. de Médecine. Jaquelot , divers Ouvrages, du Jarry , Abbé s divers Ouvrages. Jaugeon, Jeu du Monde. le Jay , Jéfuite , divers Ouvrages. Inquifition de Goa. Inftruclion pour les Confitures. Joinvillc. JoUv , Evêq. d'Agen , divers Ouvrages. Joubert, /e//ife. Science des Médailles. ' Jovet, Hiftoire des Religions. Journal des Savans. Joulfe , Traité de la Charpentclie. de S. Julien , Origine & Antiquité des Bourguignons," Jurieu , Miniftre , divers Ouvrages, de Jufficu, Introdudion à la Botanique. J_iAbat , Dominicain , Voyage de l'Amérique, Lallcmenr , Chanoine Régulier, divers Oiivrages.' Lallement , Jéfuite, divers Ouvrages.- Lamy, Bénédictin, divers Ouvrages. Lamy, Prêtre de l'Oi-atoire, divers Ouvrages. Lancelot , divers Ouvrages. Langlois , Jéfuite , divers Ouvrages. Larrey , Hiftoire d'Angleterre, de Laval, Duc de Luynes, divers Ouvrages, de Launay, Traité des Delcenres. de Laurière,^votABLÉ, Marquife, divers Ouvrages, de la Sablière , Poélies. de Sacy le Maître, divers Ouvrages. deSacy, de l'Académie, Lettres de Pline. le Sage, Hiftoire de Gil-Blas de Santillane. deSaintonge, Madame, divers Ouvrages. de Saint- Amant, (Euvres Poétiquçs. de Saint-Cyran , Abbé, divers Ouvrages. de Saint-Didier , Hi.ftoire de Venife, de Saint- Evremont, (Suvres. de Saint-Gelais divers Ouvrages. de Saint-Germain , examen des Etats. de Saint-Hilaire, Médecin, divers Ouvrages. de Saint-Réal, Abbé, divers Ouvrages. de S.">inrc-Bcuve, Abbé, Cas de Confcience, de Sainte-Garde, Hiftoire des Hérélîes, de Sainte-Marrhe , divers Ouvrages. Salnove , Vénerie Royale. dc.Salo, Journal des Savans. Salvaing, Traité des Fiefs. Sanlon, état préLcnt de la Perfe. Sarrafin, Œuvres. Savaron, Recherches de Clermont.' Savary , Parfait Négociant, &:c. Saviart, Oblervations Chirurgicales. Savot, divers Ouvrages. Sauveur, Application des Sons harmoniques, 8c Principes d'Acouftiquc. Scaron , divers Ouvrages. Scudéry, Alad. divers Ouvrages. Scukec, Arfénal de Chirurgie, trad. Segrais, de l'Académie , divers Ouvrages. Sénault, Prêtre de l'Oratoire , àiYcis Ouvrages,' Sénécé , Epigrammes. de Senne , Traité du Toifé. deSévigné, Madame, Lettres, Simon , Rich. divers Ouvrages. Simon , Prêtre, Diélionnaire de la Bible. Simon , Affejfeur, divers Ouvrages de Droit; deSoleyfel, Parfait Maréchal. Sorbière, Lettres. Sorel, Science Univerlelle. Soucier, Jéfuitc, Dilfertation fur l'Ecritiu'ejJ Sparihcim, divers Ouvrages. Spon, Médecin, divers Ouvrages. delaSuze, Mad. Poéfies. de Sylvecane, Préfident , Juvénal & Perfe. T 1 AcHARD, Jéfuite, divers Ouvrages. Tallemant, Abbés, leurs divers Ouvrages^ Tardif, Traité de la Fauconnerie. Tarteron , /e7'"'' divers Ouvrages. Tavernier , Voyages. Tauvry, Médecin, divers Ouvrages, le Tellier, Jéfuite, divers Ouvrages. Terlon , Chevalier, Mémoires, dit Tertre, Dom. Hiftoire des Antilles, Tzfi\x,Abbé , Stances Chrétiennes, "^ delà ThaumaiTière, Hiftoire & Coutumes de Berrii XVlîj TABLE DES AUTEURS. Théâtre Italien. Théâtre de Piémont. Théâtre de Savoie. Théophile, (Euvres Poétiques. Thévenin, Chiiuigie. Théveno: , Recueil de Voyages. Thibault. Voyei Roi de Navatre. Thieis, Abbé, divers Ouvrages. Thiouft, de l'Horlogerie. Thiroux , Hiftoire d'Aurun. ThoinaUÎH, Prêtre de /'Or^roir^, divers Ouvrages. Tréfor de Médecine. Thuilier, Médecin, cRvers Ouvrages. la Thuilcrie , d'iverfes Pièces. de Tillemont , Abbé y Mémoires pour l'Hilloire Ec- cléfiaftique &c des Empereurs. duTiUct, Recueil des Rois & Couronne de France, du Tillet, Mémoires. Toinard , Remarques. du Torar , Leçons Géométriques. Toubeau, Jurifdidlion Conlulaire. Toureil , divers Ouvrages. et Tournefort , Méd. divers Ouvrages , Voyage du Levant. le Tourneux, divers Ouvngcs. [du Tremblay , Traité des Langues. Triftan , Comm. Hiftoriques. Trubiet, Abbé, Eflais de Littérature. delà V Albonnave, Mémoires pour l'Hiftoire de Dauphiné. de Valincourt, de r Académie , divers Ouvrages. de Vallcmonr, Abbé y divers Ouvrages, de fa Valterie , Homère. Van Helmont , Médecin , Œuvres. de Vareiines, Jésuite, le Roi d'Armes. Varet , Lettres, &c. Vdiignon, ^bbé, divers Ouvrages. de Varillas, divers Ouvrages. de Vauban , Maréch. de Fr. Fortifications, de Vaugelas, de l' Académie , divers Ouvrages; de Vaumorière , Harangues 6c Lettres. Vauthier, Arbres Fruitiers. Vcrduc , /. B. divers Ouvrages. Verjus, Jéfuite , divers Ouvrages, de Vernage , Abbé , divers Ouvrages, du Vernay , Médecin , divers Ouvrages, de Vertot, Abbé, divers Ouvrages, de Vertron , divers Ouvrages. Vigenère, divers Ouvrages, de Vigneul Marville , Mélanges Hiftoriques. de Villars, Abbé, divers Ouvrages, de Ville , Chev. Fortifications, de la Ville, Avocat, Diétionnaire des Arrêts, de Ville-Dieu, Madame, Œuvres, de Villers , Abbé , divers Ouvrages, de Vile , Hiftoire du Roi & du Mercure Galant. Vitruve, Architeélure. de Voifin , MilFel , &c. Voiture, de l Académie , Œuvres, de la Volpilière, Abbé , divers Ouvrages. de Voltaire, Pièces de Théâtre, & autres Ouvrages. ■w/- c .. ÇlAmbaflàdeur. Wicquetort, ^ ^^^^balFade de Figuéroa, TraduO. Window, Médecin, Anatomie. FIN DE LA TABLE DES AUTEUP^S. rfjTEMW^ IMM—IK cnj-jim— :..f[.^|y^ ygjF^i,. I aliiiiil n APPROBATION. 'AI In par ordre de Monfcigncur le Chancelier , la nouvelle Edicion du Diclionnalré »1 Univerfel de Trévoux , en huit Volumes in-jolw. On lui a confervé cette dénominarion du lieu où il a été imprimé en 1704 , pour la piemièrc Fois. Il croit alors en trois Volumes & cinq autres Editions fuccellivcs , dont la dernière eft en lept, n'ont pas fuffi pour les bcfoins du Public. Comme cet Ouvrage manquoit depuis pluiicurs années , les Libraires allbciés ont penfé fagcment qu'ils ne dévoient rien négliger pour répondre à Ton empreHcment • & l'on verra (ans doute avec la plus grande latistaftion , que ce Didionnaire , vraiment univerfel , n'a pas moins gagné par des additions nécefTaires , que par le retranchcmcrit des iuperMuités. Fait à Paris, ce 14 Juillet 1771. tAFPERONNIEÊ.. PRIVILEGE DU ROI LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARREJ à nos amés & féaux Confeiliers , les Gens tenants nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil , Prévôt de Paris , Baillis , Sénéchaux, leurs Lieutenants- Civils, & autres, nos Jufticiers qu'il appartiendra : S a l u t. Notre amé Louis-Étien NE GANEAU,Li- braire, ancien Syndic & ancien Conful , Nous a fait expofer qu'il delireroit faire réimprimera ddnner au Public , Le Dictionnaire univerfel j François & Latin ^ vulgairement appelé j le Dicîionnaire de Trévoux, s'il Nous J)laifoit lui accorder nos Lettres de renouvellement de Privilège pour ce néceffiires. A ces causes^ voulant favorablement traiter l'Expofant , nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes , de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera , & de le vendre , faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le temps de dix-huit années confécutives , à compter du jour de la date des Préfentes. Faisons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires , & autres perfonnes , de quelque qualité & condition qu'elles foient , d'en introduire d'impreflîon étrangère dans aucun lieu de notre obéiflance , > comme auffi d'imprimer, ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter, ni contrefaire ledit Ouvrage, ni d'en faire aucun extrait , fous quelque prétexte que ce puiffe être, fans la permifiion ex prelfe & par écrie dudit Expofant , ou de ceux qui auront droit de lui , à peine de conhfcation des Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenants , dont un tiers à Nous , un tiers à 1 Hôtel- Dieu de Paris , & l'autre tiets audit Expofant , ou à celui qui aura droit de lui , & de tous dépens , dommages & intérêts ,a la charge que ces Préfentes feront enrégillrées tout au long fur le ret^iftre de la Communauté des Imprimeurs «S: Libraires de Paris , dans trois mois de la date d'icelles 5 que rimpreilion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume , & non ailleurs , en bon papier & beaux caraéteres , conformément aux Règlements de la Librairie , & notamment à celui du dix Avril mil fcpt cent vin^t-cinq , à peine de déchéance du préfent Privilège j qu'avant de l'expofer en vente , le manufciit qui aura fervi de copie à l'impreflîon dudit Ouvrage, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, es mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier Garde des Sceaux de France, le fieur DE Maufeou ; qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celte de notre Château du Louvre, & un dans celle dudit fieur x> E Maupeou : le tout à peine de nullité des Préfentes; du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & jfes ayants caufes , pleinement & paihblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que la copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long, au commencement ou à la fini dudit Ouvrage , foit tenue pour dûement ligniliée , & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeiliers , Secrétaires , foi foit ajoutée comme à l'original. Commandons au premier notre Huiflâer ou Sergent fur ce requis , de faire pour l'exécution d'icelles , tous ades requis & néceflaires , fans demander autre pcrmiffion , & nonobstant clameur de haro , charte Normande & lettres à ce contraires ; Car tel eft notre plaifir. Donné cà Paris , le trentième jour du mois de Novembre l'an de grâce mil fepc Cent foixante-huit , & de notre règne le cinquante-quatrième. PAR LE ROI en fon Confeil. Signé, LE BEGUE J'ai cédé à MeffieursY aWeyve , /?ère _, Saillant & Nyon , d'Houry, Defprez, Lambert , Durand, neveu, de Hanfyj' jeune j de la Lain , Defventes de la Doué , de Burre , fils jeune ^ Bailly, & à Mefdames veuves Savoye & Defainc ^ le préfent Privilège j chacun fuivant leurs cottes & portions. A Paris y ce premier Juin mil fept cent foixante-onre. Signé , G ANE AU. Regiflré fur le Begiflre XVîl de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris ^ Jf° \ij^, folio 567 j conformément au Règlement de 171J. A Paris ^ ce j Décembre 1768. Signé j B R I A S S O N , Syndic. ERRATA. 31, t 0/, 2. , // é'- 71 > 49, 1, 8, 48, i9<^. i. •53, JIO, I . 4. 894, / ^> 2(î, ?/? /^AzV Tome III. Page zj , Cy/. 2 , %. 3 , Entre les fciences , ajoute^ , naturelles. 6<^ , 1 , 46 , Autrefois les ConfeiTeurs , lifei , autrefois il y avoir des ConfefTeurs. 241, 2, éS, Dans la dégradation le caradère de l'ordre eft effacé, ///n'eft pas effacé. Tome IV. Page iiy , Col. \ , lig. 8 , A la feule croyance du vrai, ajoute^ ^ Dieu. 777 , 2 , 48 , Jéfus-Chrift a guéri , lif. que Jéfus-Chrift a guéri. 817 , I , 17 , Le Pape , les Archevêques , lif. le Pape , les Primats , les Archevêques. Tome V. P^g^ 31 > ^"^- i > %• 71 > Idolâtrie. L'Idolâtrie a régné long-temps fur toute la face de la terres ///c:j , fur prefque toute. Jésuites. La Société fut éteinte , anéantie , û/owfe^ ^ dans plufieurs Royaumes. L'Idolâtre & le Mahomctan eft plus fidèle obfervateur de la Religion que le Chrétien , lif. de fa Religion. Le caractère du Juge eft une portion de la Majefté Royale dont le Prince fe dépouille , lif. que le Prince communique. 11 n'y a point de julUce entre Dieu & les hommes , parce qu'il ne leur doit rien, fupprimer cette propofition. Mazarin , ( Collège ) au lieu de ces mots j pour y entretenir quatre-vingt jeunes hommes , &c. lif pour y inftruire & y élever foixante jeunes Gentilshom- mes des Provinces conquifes, & cédées à la France par les Traités de Munfter & des Pyrénées \ favoir , la Flandre , l'Alface , la Franche-Comté & le RouHîUon. C'eft ce qui fait qu'on l'appelle aulîî , le Collège des Quatre- Nations. Cette fondation fut réduite à trente Elèves par Louis XIV. Ceux qui font nés dans l'Etat Eccléfiaftique ont droit aulîi à ces places. Tome V I. Page 15 > Col. 1 i lig- 7j Art. Moine. La profeiïion Monaftique étant unie àla Prètrife, /i/fij , pouvant être unie. 2r 1, II , Art. Moment. Ily a des momens délicats où la vertu la plus éprouvée ne peut tenir , lif. ne tient qu'avec peine. * \G6 , 2 , après la ligne 61 , ajoute-^ le mot Négligement , qui eft porté àla pagefuiv. col. 2 , lig. 5 j. NÉGLIGEMENT. f m. "Terme de Peinture, fynonyme de négligence. Voy. ce mot. M. de Voltaire blâme ceux qui font ufage de ce mot , parce que nous avons fon fynonyme négligence. Par la même raifon il faudroit profcrire tous les- autres termes propres aux Arts , dont nous avons les équivalens. iC-j , I, 20, Négligences de pinceau, lif. négligemens de pinceau, j^gg ij 19 j Les femmes ne s'occupent qu'au jeu , ///. la plupart des femmes. j,, ij 41, Art. Opiniâtreté. L'opiniâtreté eft le vice ordinaire des dévots, Ufe^ 3 de4 faux dévots. Tome VIL Tage 204, Col. 2, lig. 38, Nicolas IIÏ en 1728, life^, en 1178. g,!^ 2., 66 y Art. Spirituel. Sous prétexte de la rendre plus équivoque, life\y fous pré- texte de la rendre plus parfaite. DICTIONNAIRE UNIVERS E L, CONTENANT TOUS LES MOTS DELA LANGUE FRANÇOISE, DES SCIENCES ET DES ARTS- Avec Us Termes Latins qui peuvent y convenir. A A E S T le caradère ou la figure de la première lettre de l'Al- phabet François ; c'eft aullî lapremière des cinq voyelles. C e caractère peut erre con- fidéré ou comme lettre , ou comme mot. fJ' A , pris comme lettre , eft le ligne du Ion a : pour le |Drononccr , il ne taut qu'ouvrir la bouche & pouiler l'air des poumons. Covarruvias & quelques Auteurs ont avancé une abfurdité , loiiqu'ils onr dit que les entans maies , en venant au monde , font entendre le ion de ïa , pre- mière voyelle du mot Adam, & les filles le Ion de Te , première voyelle du mot Eve. Les enfans, en venant au monde , font entendre ditférens Ions , ic- lon qu'ils ouvrent plus ou moins la bouche. Le caractère ou la figure dont nous nous lervons pour re'préfenter le Ion a, nous vient de l'alpha des Grecs. Les Latins & les autres peuples de l'Europe ont imite les Grecs dans la forme qu'ils ont donnée à cette lettre. On dit un grand A , un petit a i ainii la dénomination de ce caradière ou de cette lettre eft un lubftantii du genre mafcuhn, aulîl-bien que les autres voyelles de notre Alphabet. Le fon del'tî eft long en certains mots, & bref en d'au- , très. Il eft long dans grâce. Se bref dans place: il eft long dans mutin-, gros -clùen, & bref daiis matin, çïq- / Tome I. micre partie du jour. Aujourd'hui on met un accent circonflexe iur l'a long au heu de l's , qu'on écrivoic autrefois après cet a , comme âpre au lieu A'afpre. Oi> ne met point d'accent Iur l'a bref ou commun. Quoique a loit un nom fubftantif , il ne (ouftre point d'j après lui, quand il eft au pluriel. Onécritplulleursa, &i non pluheurs as. Il y a certains a qu'on étoit autrefois averti de pro- noncer longs par une réduplication , comme aage. Ou y a iubftitué , ainll qu'à l'j , un accent circonflexe , âge. §Cr A devante, avec lequel il fait une diphthongue,n'a point de fon , i^c ne fe frit point lentir , comme dans le \XiOX. JEole , JEaque , Mthcrj ^"c. On prononce £"o/c' , Eaque i Etker. On rrouve dans les meilleurs auteurs Mole Se Eole , Mther Se Etker; cependant on lit dans le Dictionnaire derAcadémiefrançoile£'rÂer,&' cette orthographe paroit la plus fuivie. A l'égard des mots qui dérivent du latin, î'ufagc Icmble avoir établi pour régie générale d'en banuir la lertre a : on écntC^Jurcii latin, Cefar en François ; JEftas, Eté ; aftimare, ejli- mer , Sec. Quand le fon de l'a ne doit point fe confon- dre avec celui del't-, cette dernière lertre doit être mar- quée de deux points, ce qu'on .appellcé tréma, comme dans ^ènV«. A l'égard des mots dans lelquels^ eft iuivi dely,lorfc[ue cette dernière lettre n'eftpas employée pomraifond'Erymologie, comme Amis pays ,pay fan , elle vaut deux ii, dont le premier fe joint à l'a pour produire le ionpé, i5f le fegoud coiofeive la prononci*-' z A don naturelle 1 ; ce qni forme pe l fan j comme s'il y avo'îl pai i fan. Voy. i dey. ^fj" A devant i avec lequel il forme une diphthongue, a différens Ions ; quelquefois il le prononce comme un e ouvert , par exemple , dans ma'ifon , &c quelque- fois il fe prononce comme un e muet, par exemple , dans faifois j Se les autres perlonnes du mcrae temps , faifantj ôcc. pnononcez fefois ^ jefant. X^ A devant o ou devante, & ne taifant qu'une même lyllabe avec \'o ou \'e & la conlonne qui luit , cou- ierve le Ion qui lui eft propre, &:ablorbe celui de l'o & de \'e : Exemples , Faon _, Laon^ Paon , Caen • pro- noncez Fan j Lauj Pan , Can. ^C? A devant u fe prononce prclque comme o : exemple , auteur j autorïfe j authentique. Dans la dernière fyl- labe d'un mot cet au , fuivi d'une conionne , le pro- nonce louvent comme un o long , animaux , chevaux j badaut , faut i haut ^ ôcc. On a fait quelques ufages de la lettre a , qu'il eft utile d'obferver. |K? A Dans les anciens monumens : cettelettre feule avec unpo'mt,A. cApom Aulusj Aula , Auguftus ou Au- gujla , noms propres i pour ^«ç^a/ijj impérial; an- nus , année ; argentum y aurum , argent , or ; ager , champ; amie us , amica,zm\ , a.mie; anima j amc; al- bum , regiftre -, us , monnoie , argent ; ararium , tréior ■public; ades j temple, maifon; adilis, adilitas, édile, édilité. Cettelettre doublée ^^ eft pom A ugujli, deuxAu- guftes; Augujtalesde la maifon de l'empereur. Cette lettre triplée ^^^,pour très Augufli,Kois Anguftes , ou enfin pour aurum , argentum & <£ j , or, argent , airain ou monnoie. §C? A leul ou avec une / après le mot miles , de cette manière, miles A ou miles Al, iisniRc miles aU, foldac d'une des aîles de l'armée. IfCT A étoit une lettre numérale chez les Grecs & les Ro- mains. Chez les premiers,^ ne marquoit qu'une unité ; chez les leconds , il marquoit cinq cens. Si cette lettre , croit lurmontéc d'une ligne droite , de cette fiçon S, elle fignifioit cinq mille. §CF A chez les Romains étoit unfigne d' ahfolution. Quand il s'agilfoit d'un jugement pour condamner quelqu'un ou le renvoyer abfous , on diftribuoit à chaque ma- giftrat ou à chaque opinant trois bulletins , dont l'un portoit un^ quivouloit dire ahfolvo , j'abfous; l'autre un C qui marquoit condemno j je condamne ; & fur le troilième, il y avoir une N &c une L ; ce qui lignifîoit non liquet, c'eft-à-dire , le fait ou le crime en quejlion ne m.e paroît pas évident. |P" A fignifioit encore , chez les Romains, antiquo, c'eft- à-dire , je rejette la loi qui a été propofée. Lorfque dans les alfemblées du peuple on propofoit une loi , ceux qui opinoient à la rejctter , fe fervoient d'un bulle- tin marqué A, c'eft-à-dire a«r/^i/o; & ceux qui approu- voient la loi , fe fervoient d'un bulletin marqué UR qui fignifioit utl rogas, comme vous demandez. fO° A dans le Calendrier Julien , eft la première des fept lettres dominicales. Les Romains s'en étoient fervi bien avant le temps de Notre-Seigneur. Cette lettre étoit la première des huit lettres nundiuales , Se ce fut d'après cet ufage qu'on introduifit les lettres dominicales. fC? A dans les écrivains modernes, veut dire l'an , comme A. D. anno Domini, l'an de Notre-Scigneur. |iCr A [un grand) au revers des médailles antiques, eft la marque de la monnoie d'Argos. ffT A eft la marque de la monnoie de Paris. AA eft la marque de la monnoie de la ville de Metz. ^ A dansles régies fcholaftiques dufyllogifme, défigne une propofition générale affirmative : afcrit A.... verùm generaliter; A affirme, mais généralement, difentles logiciens. A,z ou âà. Abréviation dont on fe fert en médecine pour ana, c'eft-à-dire , pour défigner une égale quan- tité des différens ingrédiens énoncés dans une formule : var exemple , prenez d'eau de lis & de fyrop c.ipil- kue ââ une once , c'eft-à-dire, de chacun une once. W^ AAA chez les chimiftes , fignifie une amalgame , ou i'opeution d'anulgamer. A ^Cr A dans le commerce, .4 mis feul, après avoir parié d'une lettredechauge,lignifieiicctjDre'. A. S. P. accepté fous protêt. A. S. P. C. accepté fouj protêt j pour met- tre à compte A. P. à protcjïer. On dit de quelqu'un qui n'a rien fait, rien écrit , qu'il n'a p.as fait une panle d'à ; pour dire , qu'il n'a pas tait la moitié d'une lettre. Panfe fignifie ici ventre , par- tic de la lettre qui avance. On dit dans la conveiiation familière, il ne fait ni y^ ni B , c'eft-à-dire proprement , il ne fait pas lire , & au figuré , il eft fort ignorant. Ci-dejfous git M. l'Abbé Qui ne favoit ni A ni B. Dieu nous en doit bientôt un autre Qui fâche au moins fa patenôtre. Menag. (^ A, confidéré comme mot, eft la troifième perfonne du prélent de l'indicatif du verbe avoir j Se alors on ne doit le marquer d'aucun accent. // a peur ,il a honte. On l'emploie avec \tfupin des verbes: elle a entendu , elle a vu ,3i l'imitation des Latins , habeo perfuafum. Dans cette façon de parler, i/y a ,a eft verbe: il qui lui lert de nominatif , eft un de ces termes abftraits , que l'on a été obligé d'établir pour donner à l'aétivité continuelle de l'imagination mi objet feint, quand on n'en a pas de réel à lui préfenter. Ainfi , quand vous ignorez l'auteur d'un bruit qui fe répand, ou d'une ac- tion qui s'eft palléc, vous dites : On dit telle chofe^ on a abattu cette maifon. On eft ici un mot qui exptime un être fantaftique qui luffit à l'imagination pour lui reprélenter une peilonne qui parle ou qui a agi. Dans la façon de parler il y a, le mot il eft un de ces ter- mes vagues dont on vient de parler, & lert de nomina- tif au verbe a. Ainfi au lieu de diïc des hommes font qui , comme on le dit , par exemple, en hxm funt ho- mmes qui; la langue Fiançoife a établi un être vague défigné par le mor il qui offre à l'imagination un fu- jet quelconque qui polfede, qui a les hommes dont on veut parler; Se le mot y , placé entre ce verbe Se fon nominatif, défigne le lieu , le point où exifte la choie poff édée par cet être qu'indique le mot il. Ainfi cette phrale, il y a des hommes qui y analyfée, fignifie qu'un être métaphyfique , que l'on appelle i/j polfede dans un lieu quelconque des hommes qui , é'c. On défigne louvent le lieu où eft cette chofe pofle- dée , en ajoutant nommément la dénomination de ce lieu , lans néanmoins retrancher \y qui devient alors inutile , il y a _, dans Paris ^ des hommes qui j, Sec. Si l'on a ofé créer un être purement imaginaire pour lui attribuer une polfellion, on a pu faire la même chofe en faveur des êtres moraux : ainll on a dit, la vertu A de grands avantages ^ le vice a. des fuites fâ- cheufes. ?fT A, pris comme mot, eft aulfi uneprépofition, & oii doit le marquer avec un accent grave , à. Cette pré- polition vient du latin à ^ à dextris , Se plus louvent encore de la prépolîtion latine i^c^j/oi^wi ad. Il faut remarquer que à , confidéré comme mot , n'eft jamais que la troifième perfonne du prélent de l'indica- tif du verbe avoir, ou une fimpie prépolition. On ne doit jamais leregardercomrae adverbe , quoiqu'en aient dir plufieurs Grammairiens. Tout adverbe eft un mot qui en contient deux ; lavoir une prépolition & fon complément ; c'eft-à-dire , le nom relatif à cette pré- polition , Se qui en détermine le lens : zinii fagement eft un adverbe , parce qu'il fignifie la même choie que, avecfagejfe. YeÛ un adverbe: J'y fuis ; c'eftcQjnmefi l'on difoit, je fuis dans tel lieu. Or jamais à n'eft dans le cas de pouvoir être ainfi converti en une prépolition & un nom qui fignifient la même choie ; Se pour peu que l'on faite attention à fa juftc valeur, dans toutes les circonftances où il le rencontre , on trouvera tou- jours qu'il eft ou la troilième perlonne du verbe avoir ^ ou qu il eft une prépolition précédant un nom. C'eft encore à rort que l'on a regardé à comme une particule qui n'a, dans certaines circonftances, d'autre propriété que de marquer le datif. La langue Françoile n'aiii décliiiaifous iii cas. Ce qu'gu appelle dadf, d*ns A • les langues qui , comme la latine & quelques autres , ont maiciic par diftcrcntcs tcrminailons, les dittéren- tcscuconllances où un nom peut le rencontrer , n'cll autre «hofc que l'exprclHon d'un rapport d'attribution par lequel une choie ou une attion le termine à une autre comme à la fin , à Ion objet. Les bons confeils font riécejjtûres à un jeune homme. La nécellîtc tics bons confeils efl: une chofe dont l'exiftence a pour fin , pour objet, un jeune homme pris géncriquement. yi dans cette pliiale & autres lemblablcs , cil donc une vraie prcpolition qui indique ce rapport , a;, qui n'a point d'autre tonclion que cette indication. Au refte lulage de cette prépolition pour indiquer ces {ortes de rapports , ell tellement naturelle , que les langues mêmes qui ont une terminailon uniquement deflinéc pour les marquer , ne laillent pas de négliger quelquefois cette temiinailon , pour ayoir recours à la prépoliîion. On dit en latin quod ^attinet ad me j lo- ^ui ad illum^^ ou illi. On peutalîiirerque le rapport exprimé par : de mer. Choisy. AAMUS. Aahufum. Ville de l'Évcché de Munfter. Ce nom vient d'^ia, petite rivière de Wcftphalie , lur la- quelle cette ville eftfitirée, ;s enlcmble dans une grande goulfe attachée à une elpèce de palmier tort haut Se épineux, qui croit aux Indes Occidentales Se en Afrique. Sa chair renfer- me un noyau très-dur, offeux , gros comme un noyau de pêche , ayant à fa f uperficic trois trous aux côtés , ABA Svî ienx plus petits proches l'un de l'.iutic. Ce noy.iu ienfl'inie une belle amande blanche qui cil allrin- gentc , & bonne pour arrêter le cours de ventre. f^J" AB. f. m. Cinquième mois de l'année Eccleliallique des KcImkux, & l'onzième de leur année civile, &qui répond a une partie de notre mois de Juillet , & au commencement du mois d'Août. Ab , en Langue Syriaque , le dernier mois de l'Été. C'eft le même nom &: le même mois que f elui dont il eft parlé dans l'article précédent. Il ne faut pas confondre ce mois avec un autre nommé /ibih , qui répond à notre mois de Mars. Celui-ci étoit un mois des anciens Hébreu>:,& le trouve da:is l'Écriture , au lieu que ^^ ne fe trouve que dans le Thalmud iSj dans les Rabbins. ABA. ^hi ou Aôte , ville de la Phocide que les Aban- - tes y bâtirent , Se qu'ils nommèrent du nom à'Abas leur Chef, tous la conduite duquel ils étoient lortis de Tlu-ace. Quelques-uns dilent que c'eft cczicAha ^ &: non pas Ahée y qui fut ruinée par Xerxès. Je ne fai fur quoi tonde M. Corneille l'appelle Abée. Etienne le Géographe met encore une autre Aba dans la Carie, &:Ptolomée, une autre dans l'Arabie , au 86*^ degré 30 minutes de longitude, & au 30'-' de lati- tude. Etienne place encore une ville de ce nom dans l'I- talie. Ptolomée la nomme h"!?» par un changement or- dinaire dans le dialecte Ionien , qui met l'i: à la place de l'a long. C'eft aulîî le nom d'une montagne d'Arménie, d'où fortent l'Euphrate & l' Araxe , & qui fait partie du Mont Taurus. Les Géorgiens l'appellent Caicol. Aba , ou Anba, Ptrc' ; titre que les Églil es Syriaques , Cophtes & Éthiopiennes donnent à leurs Evêques. Au refte il faut dire Abba. ^ABAB. i. m. Terme de Relation. Nom que l'on donne à de jeunes payfans forts «Se vigoureux, que les Turcs lèvent en quelques provinces de leur empire , quand ils manquent d'efclavespour aller fur mer. Rujlicus ad remigandum ddeclus. De vingt mailbns on prend un Abab j ôc les dix-neuf autres lui donnent vingt mille âpres , qui font 500 francs de notre monnoie , pour faire fcn voyage. Voyez rinterprcte de la Porte. ^^ ABABA. Nom moderne du Peaée, rivière de Grèce dans la Theftiilie. ABABIL, ou ABABILO. f. m. Oileau inconnu, ou plu- tôt fabuleux, doiit parle Samuel Bochart, ^it-ro^. Pan. pofter. l, 6. c. 14.. Un Auteur Mahométan a écrit que Tannée que naquit Mahomet, Dieu envoya ces oi- feaux contre les Abilllns qui alloient affiéger la Mec- que. AB ABRUPTO. Terme Latin , qui s'eft francifé. Il figni- fie fur le champ j lans préparation. Il a parlé ah abrupto ^ ou ex fl^rz^^'jo j c'eft-à-dire , lut le champ. |!C? ABACA. île de l'Aiîe, une des Philippines: elle eft à 14^ degrés 13 minutes de longitude, & à iode- grés 3 j minutes de latitude. ABACA. 1. m. Elpèce de lin ou de chanvre que l'on recueille dans quelques-unes des Iles Manilles. Il y en a de deux (ortes, le blanc & le gris. Cette plante eft une lorte de Platane des Indes. ABACARE. 1. m. & f. Abacar, is .-ou Abacarus , a , um. Peuple de l'Amérique méridionale , qui habite le long delà rivière de Cayenne,au leptentrion des four- ces du Paraguay , dans un pays qui n'eft pas encore bien connu des Européens. Mat y. ^CT ABACE, ABECE. Vieux mot, du Vxîm Abacus. Voyez Abaque. CCF ABACH, ou ABBACH. Ahacum ; petite ville d'Al- lemagne, dans la balfe Bavière, eif de la régence de Straubing & lur le Danube. Il y a des eaux minérales fort renommées. On croit que c'eft l'ancien château A' Ah^uàc , Abadiacum , où naquit l'Empereur Henri II. ABACHER. f. m. & nom d'homme. Ahhacyrus. Ce nom eft moitié Syriac & moitié Grec , compolé A' Aba _, Père , Abbé , & du nom propre Grec, & lignifie l'Abbé Cyrus. On n'en fait qu'un mot. Abbacyrus , dont les Cophtes ont fait S. Abacher _, SI les Italiens , S. Ap- pojjara. Chastel. f. Janv. A^ACO. 1. m. Abacus. Ce mot le trouve dans Rouil- ABA f lard, pour fignifi^n- l'A. ithmccique. Les Italiens dilenC aaûi Abaco j pour exprimer la mcme'chjfe. C'etoit une petite table polie, fuii laquelle les Anciens tsa- çoient des figures,. ou des nombres. Elle fei-voir à apprendre les principes de l'Aritlunétique. Ils l'appel- loient Table de Pythagore, ABACOA. Ile de l'Amiérique méridionale. /^/^acoa. C'eft une des Lucayes. Elle eft dans la mer du nord au midi de la Lucayonnéque. ABACOT. f. m. Ornement de tcte que portoicr.t an- ciennement les Rois d'Angleterre. îl avoir la forme de deux couronnes par en haut. Harris. ABADA. f. m. Animal farouche du pavs de Bcngue- la, dans la balfe Ethiopie. Il reftemble à un cheval par la tête & par le crin. Il eft un peu moins grand. Il a la queue d'un bœuf , excepté qu'elle eft moins longue. Ses pieds font fendus comme ceux du cerf, «Se plus gros. Il a deux cornes , 1 une fur le front , & l'autre lur la nuque. Les Nègres tuent ces animaux à coups de flèche , pour en prendre la corne , qu'ils re- gardent comme un fpécifique contre le poilon. On prend cet animal pour le Rhinocéros. ïfT ABADAN ou ABBADAN. ville d'Afie dans l'Iraque Babylonienne, fur le Golfe Perlîque, à l'embouchure du Tigre, 84 degrés longitud. 29 degrés 10 minutes latitud. feptentrion. ABADDON. f. m. C'eftdans \Apocalypfe, c.p.v./r.k nom du Roi des Sauterelles. S. Jean explique lui-même ce qu'il lignifie. Elles avoient pour Roi l'Ange de l'A- byme , qui s'appelle en Hébreu Ahbadon", en Grec Appollyon ( «Voaai-(oï) & en Latin Exterminans. Tous ces mots lignifient lamême choie, chacun dans fa lan- gue i & Abaddon vient de ^ai? , Abad j perdre , ex- terminer. ABADIR , ou ABADDIR ; car Prifcien , qui nous a con- férée ce nom , dit l'un & l'autre , &' même ABDIR , félon la remarque de Volîius , De Theol. Cent. L. VI. C. sp- terme de Mythologie. C'eft le nom d'une pierre que Saturne dévora. Car, foit que fou frère Tita- nus ne lui eût cédé l'empire du monde , qu'a con- dition qu'il n'eleveroit point d'enfant maie, fcit que les deftinées portallent qu'il feroit un jour détrôné par un de fes enfans, il les faifoit tous périr dès qu'ils étoient nés. Enfin Cybele, ou Opsfa femme le trempa , «Se lui fit avaler cette pierre , au lif^ de renfant dont elle étoit accouchée. Volllus prétend que ce mot vient de Baiâ- ;.\ , Béthcl ; car il faut remarquer que les Grecs appellent BaiVuAï! la pierre que Saturne dévora, au lieu de l'enfant que Rhée avoit mis au monde. Or on fait d'où vient ce mot Béthelj Se ce qu'en dit Moyfe dans la Genefe , XXVIII. 1 0. &Juiv. Jacob allant en Mé- fopotamie , s'arrêta un jour près de Luza, ville des Chananéens, pour y repofcr& pour. y palfer la nuit. Pendant ton tommeil , il vit en fonge l'échelle myfté- rieufe , & le lendemain comprenant qu'il étoit dons un lieu faint, il prit la pierre qui lui avoit fervi d'oreil- ler , & l'érigea en monument , en y répandant de l'huile, Cappella la ville voilîne Béthel , c'eft-à-dire , ]*,lalfon c/cZJicf/AVolliuSjapres avoir dit que cette pierre avoit été en fi grande vénération chez les Payens, que quelques-uns lui avoient rendu les honneurs divins : ce qui fit que ce lieu qui s'appelloit 5/f Ae/auparavant , fut nommé depuis Bttkave j Mailon de menfonge , par les vrais Ifraclites, qui eurent ce cuuc idolatrieue en horreur : Volîius , dis-je , oblcrve que la connoif- tance confufe que les Payens eurent de cette pierre & de l'hiftoire de Jacob , leur fit dire que c'étcit cette pierre, que Saturne avoit dévorée au lieu de Jupiter, & ils la nommèrent Ba/Ti/At?-^ du mot Hébreu Bcthcl. Puis, ajoutant un A au conunencemcnt du mot, & changeant L en R, ils ont fait Abadir. Il falloir ajou- ter, & changeant encore le M en d. Tout cela n'eft pas fort évident , & paroît bien for- cé : ce n'eft rien cependant en comparaifon de la fé- conde étymolcgie. Toute cette fable de Saturne ren- ferme, dit-on, des myftères qui fe découvrent par le moyen de la langue Phénicienne , qui |;toit alors en ulage. En Phénicien Aben ^ en mettant un Aicph de- vant hcn ^ conimefont les Arabes, fignifie égalemeiiÇ 6 A \m fils & une pierre. Le mot Achat , dans les langue? orientales , lignifie tuer & manger : de lorte que pour dire que Saturne tuoit les enians que Rhée lui failoit {rcmetcre enrre ks mains, on a dit qu'il mangeoir des pierres. On a appelle ces prétendues pierres Abad- 4ïr : ce qui eft un mot formé de ces deux , Aben- dir, qui fignihent l'enfant d'un autre ; car dir peut être la même choie que ^ar ^ c'eft-à-dire , alïenus , parce que le dalcth & le \aïn fc changent facile- ment, &. que l'on n'a aucun égard aux voyelles dans les étvmologies orientales. Combien de luppoiitions ridicules. Comment s'enfuit-il que , parce que les Ara- bes difent //'•a pour fils, les Phéniciens ont dit Aben? Dans quelle Langue orientale Achal iignihe-t-il tuer ? Comment prouve-t-on que ceux qui ont les premiers inventé cette fable, parloient Phénicien ? Eil-ce Cad- mus & fes compagnons, qui l'ont apportée en Grèce: Mais quel eft ce Saturne qui tuoit tous (es enfans , & dont ces Phéniciens racontèrent les aventures en Gré- ce î Comment s'enfuit-il enfin que , parce que le "j & le r fe changent quelquefois en Chaldéen, & dans des iiccles bien poftérieurs, ils le (oient changés de même dès le commencement en Phénicien? On ajoute, les Grecs nommoient cette pierre BaiTuA»; : ce mot vient de batal , ou batil , comme écrivent les Ara- bes, qui veut dire /îîa.v & meprifé : ce qui convient fort-bien, dit-on, avec l'hiilioireque l'on vient de rap- porter, puifque les enfans que Saturne flriloit mourir, iVétoient pas de Rhée , mais apparemment de quelque efclavc. Tout cela quadre mal avec la mythologie , qui nous apprend que Saturne mangeoit les propres enfans de Rhée. Enfin batal j dans le lens qu'on lui domie , eft purement Arabe, il n'eft point Hébreu: grand préjugé qu'il n'étoit point non plus Phénicien. Quel mélange monftrueux de prétendu Phénicien , de Chaldéen, d'Arabe 1 Bochart , dans fon Chanaan j L. H. C. z. nous four- nit encore une autre étymologie. Il dit qncAbaddircÇi formé du Phénicien aben , pierre , ôc dir , fphérique ou rond. Il tire cette dernière lignification non-leulement ■de l'Arabe , mais encore de l'Hébreu , où •y^~i, dur ., ou plutôt dour^ lignifie pila j une balle , & m , dor^ mar- garitay une perle, &c par conféquent un corps rond. Il montre que ce nom convient à la pierre Ba'iTtAos , ou abaddir , parce que Damafcius & Phne nous ap- prennent qu'elle étoic ronde. Il faut loirerles efforts de tous ces Savans, pour nous éclaircir une antiquité li reculée, fans Ce livrer aveuglément à toutes leurs opi- nions. Je m'étonne que pcrlonne n'ait dit que Abaddir vcnoitde abad , perdre, ikdour habitation, demeure. Car cette pierre fut caul'e qu'il perdit le Ciel, fon lé- jour & la demeure. Prifcien rapporte qu' Abaddir étoit aullî le nom d'un Dieu. Ifidore dans les glofes , & Papias témoignent la même choie : Et S. Auguftin , écrivant à Maxime de Madaure, dit que les Carthai/2;2fr; c'eil: à-dire, expoler une choie à la difcrétion du public, la lailfer à quiconque voudra s'en emparer. fO; ABANDONNEMENT. f. m. Délaillement ; Etat , fituation d'une perfonne dclaillée. On le dit égale- ment de la perlonne qui abandonne , & de la chofe -abandonnée. Il elt dans un abandonnement général. Abandonnement de biens. Dans la délertion & V aban- donnement général de les amis , il le livre tout en- tier aux chagrins & aux réflexions de la folitude. S. EvR. Derehclio. Il le met aulîi ^om Réfignation , vertu pour laquelle nous nous remettons de tout entre les mains (!<>: à la conduite de Dieu. A moins d'im abandonnement en- tier dans la main de Dieu , la vie fe palfe dans le mé- contentement &: dans lamerrume. Ab. d. l. Tr. ^fT Abandonnement , quand il eil: mis fans ré- gime, lignifie par extenlion , proftitution , dérèglement excelîîf dans la conduite, dans les mœurs. Vivre dans ^'abandonnement. Le pécheur eft dans un grand aban- donnement lorfqu'il ne lent plus de remords. XfT Abandonnement de biens , terme de Palais, en général , eft un ade par lequel un débiteur cède & abandonne à fes créanciers généralement tous les biens, meubles & immeubles , de quelque nature qu ils loient , pour erre vendus , & le prix provenant de la vente dif- tribué entre les créanciers , lelon le privilège d'un cha- cund'eux, ou l'ordrede leurs hypothèques. Ferr. Cet abandonnement eft volontaire ou forcé. Le volontaire, eft un contrat fait pardevant Notaire entre un débi- teur & fes créanciers, par lequel il leur cède & aban- donne tous les biens , à l'effet de demeurer quitte en- vers eux, quand bien même ces biens , par l'événe- ment , ne 1 croient pas fufKians pour acquitter totale- ment le débiteur envers eux. Ce contrat doit être ac- cordé & accepté par les rrois quarts des créanciers , eu égard aux lommes qui leur lont dues, & non au nom- bre d'iceux. L' abajidonnement forcé ou Judiciaire eft celui qui le fair par ordonnance du Juge , malgré l'op- pofîtion des créanciers. La celîlon volontaire le fait à l'amiable; la cellîon judiciaire fe fait en jugement fur la demande du débiteur dont les affaires font tombées dans le délordre par cas fortuits, /^'byt^dans Fsrriere les autres différences de ces deux fortes d' abandonnement. i,^ Abandonnement d'héritage., eft le dégucrpiffc- ment & la renonciation faite à mi héritage ou autre immeuble. Quoique ces mots abandonnement ik dé- guerpiffement foient fouvent pris comme fynonymes dans nos coutumes , ils ont cependant des lignifications différentes. L' abandonnement , délaijfement ou renonciation j eft proprement le quittemcnt que fait le tiers dércn- teur de l'héritage chargé détente ou autre charge réelle, fans la charge de laquelle il a été vendu ; à l'eftet de n'ê- tre point tenu ledit acquéreur ou détenteur defdits hérirages , deldites rentes ou charges réelles impofées fur l'héritage, dont il n'avoir point connoilfance. Le de'guerpijfement, au contraire, ne fe doir faire par le détenteur, que lorfqu'ih'eut être déchargé de la rente ou charge réelle à laquelle l'héritage a été donné. Abandonnement, eft aullî un contrat maritime qui fe fait lorfqu'un Marchand ou autre particulier , à qui apparticiuieiK des m.irchandifes chargées fur un viùf- ABA feau , les abandonne au profit de l'afsûreur. §CF Abandonnement , abdication _, renonciation ^ déjijlcment , démijjlon j fynonymes. f^oye:^ aux arti- cles particuliers les nuances qui diftinguent ces mots. L' abandonnement} l' abdication j la renonciation le font : le défifiement fe donne : la démijjlon f e fait & fe donne. Syn. Fr. i^T ABANDONNER, v. a. Terme qui a pluficurs ac- ceptions diftérentes. Conlidéré comme fynonyme de dé- laifier, deferere , derelinquere , il marque l'action de s'éloigner de quelqu'un qu'on lailfe fans fecours, fans appui ; celîer de donner les foins , fon fecours. Il faut feulement remarquer qu'abandonner fe dit également des chof es èv' des perfonnes , au lieu que dé/aijfer ne fe dit que des perfonnes. Nous abandonnons les chofes dont nous n'avons pas foin. Nous délaijfons les malheu- reux à qui nous ne donnons aucun fecours. Souvent nos parens nous abandonnent plutôt que nos amis. Quand on a été abandonné dans l'infortune , on ne connoît plus d'amis dans le bonheur, on ne compte plus que fur fa propre conduite , & l'on ne congramlc que f oi-mcme de tous les f ervices que l'on reçoit alors de la part des hommes. On dit qu'un père a abandonné fon fils , qu'il l'a en- tièrement abandonné ; pour dire , qu'il ne prend plus aucun foin de lui, qu'il ne s'en met plus en peine. On dit par extenfion , que les Médecins ont aban- donné un malade; poindhe, que défej'pérant deia^ui- rifon, ils ont celfe de levoir. M. l'Abbé Girard remarque qu'on fe fert plus com- munément du mot d'abandonner, que de celui de dé~ laiffer } & que le premier eft également bien employé à l'actif & au palîîf ; au lieu que le dernier a meilleure grâce au participe qu'à fes autres modes. Une remar- que aufli judicieufe , fondée fur le bon ufage, ne plaît pas aux Aureurs du nouveau Vocabulaire. Ils veulent que l'on dife également bien : Ce généreux ciroyen ne délaijjd pas ou n'abandonna pas ces deux infortuués. Ceux cjui favent réduire les termes à leiu: jiifte valeur, ne fbulcriront pas à cette décifion. Il paroit encore que délaijfer dit quelque chofe de plus c[u' abandonner J, il dèligne un abandon plus géné- ral. M. 1 Abbé Girard oblerve lui-même qu'au parti- cipe il a par lui-feul une énergie d'univerf alité, qu'on ne donne au premier, qu'en y joignant quelque tetme qui la marque prècif ément. Un pau\'re delaijféj géné- ralcmenr abandonne de tout le monde. H fîgnilie encore, Ziirtr en proie. La ville fut aban- donnée à la fureur du f oldat. Elle n'ofe abandonner fou cœur à l'amour. M. Scud. Abandonner au bras fécu/ier ^ c'eQ: renvoyer un Ecclé- fiaftique devant des Juges laïques , pour y être con- damné à des peines afflictives que les Tribunaux Ec- cléliaftiques ne peuvent infliger. En parlant de quelque chofe à boire ou à manger , qu'on veut lailler à la difcrétion des domeftiques , après en avoir bû & mangé autant qu'on a voulu , on dit prov. & figûr. Il faut l'abandonner au bras féculier,- Acad. Fr. On l'emploie avec le pronom perfonnel, pour dire, le livrer à quelque choie , s'y lailler aller lans referve, Tradere Je J committere /e. Quand les gens auftères viennent à goûter les voluptés, alors la nature lalfe des peines, s'abandonne aux premiers plaihrs qu'elle ren- contre. S. EvR. Il s'abandonna à la triftelle & à foix défclpoir. Il s'eft abandonné à la colère iSc à fes déflrs. On dit auili s' abandonner à la Providence , s'abandon- nera, la fortune; pour dire, le confier à la Providence ^ à la fortune , &: atteixlre tout de Dieu , ou du halard «Se du bonheur. S'abandonner à la joie ; c'eft-à-dire , erf goûter tout le contentement , & en rellentir tous les plaiflrs. S'abandonner à l'oiliveté -, c'eft-à-dire , s'éloi- gner ablolument de toutes les affaires , fans vouloir s'occuper d'aucun des exercices honnêtes de la vie. Il (aurs'abandonnerh.[on feu, ik. ne rien refuler de ce que l'imagination préfente. Boun. ïlfetrcuvcitmalheu- reux d'êrre abandonnée lui même , & à fes propres pen- fées, fans avoir quelqu'un qui pût le plaindre , «Se lui donner de la force. P. deCl. il eft plus sûr de s'arrêter ABA à laUtoiité de l'Eglife , que de s'abandonner aux foi- bles ertorcs de notre milcrablc railon. Nicol. On du d'une femme qui iepioftitue, qu'elle s'aban- donna à tout le monde. On le dit quelquefois abi'olu- ment. Le mauvais exemple porte une fille à s'abandon- ner. Abandonner, lignifie encore. Quitter, jetter là. Abji- cerc. Il abandonna les armes. Abandonner, lignifie encore, Quitter un lieu, en for- tir. Dejcrcre. Il a abandonné le pays. On lui fit aban- donner la ville. Abandonner la niaiton. Abandonner, lignifie encore, Lailler, donner une chofe à quelqu'un, lui permettre à'zn faire ce qu'il lui plai- ra, lui en laiiler l'entière diipolition. Dans une traduc- tion en proie où l'on abandonne tous les termes de la langue au TraducT:eur, il demeure louvent au-de(- lous de l'original. S. EvR. Je vous abandonne cette aftaire , je vous en laille le maître. Je vous abandonne à vous-même Se à votre propre conduite. Je vous abandonne tous les fruits de mon jardin. Abandonner, lignifie encore, Expoler , commettre à. Abandonner quelqu'un à la haine publique. S'abandon- ner au danger de perdre la vie pour la Religion. ^C? Abandonner , ledit aulli pourRcn.oncer à quelque prolellion , à quelqu'cntreprife. Abandonner une en- treprile. Un Alarchand abandonne le commerce. Ce Magiftrat a abandonné les affaires pour vivre dans la retraite. C'eft le génie de l'erreur, qu'aulîîtôt qu'elle le fent prelfee , elle reprend ce qu'elle avoir abandon- né. Peliss. 1^3" Abandonner , dans le commerce. Faire cefîion de les biens à fes créanciers. Ce Ivlarchand 3l abandonné les biens à les créanciers. On le dit de mcme du délaiirement volontaire d'uii Propriétaire. Un père abandonne lesbiensàles enfans. On le dit encore de la rélignation que nous failons à Dieu de nous-mêmes , & de tout ce qui nous touche. Il abayidonne tout à la Providence. Il a aban- donné la vie , fon honneur entre les mains de Dieu. ^C7" Abandonner l'oifeau, terme de fauconnerie: c'eft le mettre libre en campagne, ou pour l'égayer, ou pour le congédier, & s'en détaire entièrement. fC? Abandonner un cheval , terme de manège : c'eft le faire courir de toute la vitclfe , lans lui tenir la bride. Ç5~ ABADONNÉ, ÉE. part. palf. & adj. Il a toutes les lignifications de ion verbe. Derelïcius ^dcjlïtutus ^ yer- mijj'us. On le dit des choies auxquelles on renonce ; dontoncelfe de prendre loin; des perionnes qu'on laille lans appui, fans lecours, &c. Maifon abandonnée. Le mérite nelert de rien quand il eft abandonné àe la for- tune. B. Rab. L'amitié génereule court aux perionnes abandonnées , pour elfuyer leurs larmes. M. Es p. On dit aulli, abandonné des Médecins ; pour dire , que la guérilon de quelqu'un eft délefpérée. Aban- donné a. Ion fens réprouvé. C'eft une exprellion de l'E- criture , pour déhgner un homme qu'on laille à les cgaremens , & a la perverlité de Ion cœur. On ne doit pas attendre des lumières bien pures de ceux que Dieu a abandonnés aux ténèbres inlèparables des grands crimes. Nicol. On dit auili , qu'une caufe eft aban- donnée ; pour dire , qu'elle eft déplorable & infoute- nable. On dit ablolument : c'eft un abandonné, en parlant d'un débauché , d'un hbertin. On dit de même , c'eft une abandonnée : on dit mieux , une femme aban- donnée ^ proftituée. M. Pafchal a dit, il faut que vous foyezlesplus abandonnés calomniateurs qui turent ja- mais: c'eît-à-dire, des gens déterminés , capables d'em- ployer les moyens les plus odieux pour noircir la répu- tation d'autrui. C^ Abandoi^é, en droit, le dit des biens auxquels le Propriétaire a renoncé volontairement , & qu'il ne compte plus au nombre de fes effets. Onappelle aulli abandonnées., les terres dont la mer x'eft retirée, & qu'elle a lailTécs à fec. On dit, en termes de vénerie , un chien abandonné, qui prend les de\'ans d'une meuce , en pourfuivant la * bète. Oifeau abandonné , cheval abandonné j termes Tome I. ABA de fav'.conncric & de manège, f'oye^ le verbe. Ce? A13ANGA. f. m. Nom que lesHabitans de l'Ile Sain^ Thomas donnent au fruit du Palmier. Ce fruit eft de la grolleur d'un citron, auquel il rellcmble beaucoup d'ailleurs. ABANHI. 1. m. f^oyei Abanbo. C'eft le nom que les Abilîins donnent au NiL ABANNAS. p'oye-^ Abaunas. ABANO. Village de l'État de Venife en Italie. Jpo- num , Aponus , Aqus. Aponi , Aqu£ Pata\ïnorum, C'eft un lieu célèbre dans rantiquité^ par fes eaux. On les appelle aujouixl'hui Bagnï d'Abano, les bains A'A- hano. Il yadesinlcriptions anciennes qui en font men- tion. Abano eft environ à lix milles de Padoue; Ployer le Comte Charles Sylveftri, àimXeP.accolta d'Opuf- culi, imprimé à Venife , tom. 'VI. p. 355. (Scfuiv. Ce nom ne le trouve qu'aux cas obliques dans les Anciens ; ainli on ne fauroit décider s'il faut dire en latin Apo- num, avec M. le C. Sylveftri ; ou Aponus , a\ec les autres Modernes. Suctone dit que Tibère allant en Illyrie , con- fulta l'oracle de Géiyon, proche de Padoue, par l'ordre duquel , pour ccnnoitue l'avenir , il jetta des dez d'or dans la fontaine à' Abano , & que de fon temps on voyoit encore ces dez au fond de l'eau. Théodoric la fit enviromier de murailles, comme nous 1 apprend Calliodore. Suétone la nomme Fons Apon. De Seine , dans ion voyage d'Italie , dit qu'il y a une autre fon- taine à Abano qui pétrifie tout ce que l'on met dedans. ABANTÉENS. Abantai. Les peuples d'Argos font ainlî appelles dans Ovide, Met. XV. v. 164. du nom de leur Roi Abas. ABANTES. f. m. plur. Abantes. Peuples de Thrace , qui padèrent en Grèce , & y bâtirent une ville qu'ils nommèrent ^/"t'cj dont nous parlerons ci- après. Xerxès l'ayant ruinée , ils le retirèrent dans l'île de Nègrepcnt , qu'ils nommèrent Abantides.l.e.sAbar:tes font les habi- tans de l'Euboée , eu d'une grande partie de l'Euboée , c'eft- à-dire, de 1 île que nous appelions aujourd'hui Né- grepont. Ils avoient pris leur nom , félon Etienne de By- zance , d'un Abas ^ fils de Neptune. Ils ne lailfoient croî- tre leurs cheveux que par derrière, de peur que leurs en- nemis ne puilcnt les prendre pardevant, &: les terraller. Ils tenoient , dit-on , cette coutume des C^irètes , qui s'étoient établis avant eux dans la même ile. ABANTIDE , ou ABANTIADE. f. f. L'Euboée, ou Né- grepontdans Etienne de Byzance, ou la partie de l'Eu- boée qu'occupoient les Abantes , s'il eft vrai , comme Hérodote f emble le dire , qu'ils n'en occupalfent qu'une partie. Abantis jAbantias. Au refte il faut dire en Fran- çois Abantïade ou Ahantide j & non Abantias ou Abantïs. On appelle anlVi A bantide un pays de rÉpire,oùles Abantes furent jettes, aulli-bienque les Locriens, après la prife de Troye , & où ils s'établirent, ^oye^ Pau- fanias. ABANVIWAR. f. ra. Province de la haute Hongrie. Abanvivaria 3 Abanvivarienjïs Comitacus. Elle eft: lituée dans les monts Krapaks , entre les Comtés de Saros , de Torna , deSemlim&d'Ungwar. Abanv'nvar qui donne le nom a ce Comté, & Calfovie Capitale de toute la haute Hongrie , font les principaux lieux qu'on y remarque. Maty. ^fT ABAQUE, f. m. Abacus. Petite table couverte de poullière, fur laquelle les anciens Mathématiciens tra- çoient leurs plans (;i-oL,'j ; il femble que les Interprètes aient crû que ce nom avoir été donné à ces montagnes,ou parce qu'elles croient au-delà de la montagne Nébo , ou parce qu'elles croient au-delà du Jourdain. Ni l'un ni l'autre ne paroît vrai. Le premier fur-tout ne paroît pas fouten.ible, puil- que Nébo, qu'ils appellent '-»«,ou -«£« ,étoitunede ■ ces montagnes. Matv prétend qu'elles ont eu ce nom de ce que les liracUtes allant prendre polfefliou de la Terre- ABA promifc, palTerentpar cesmontagnes; maisil femble cer- tain qu'elles ont eu ce nom avant le paflage des Urac- lites. La véritable raifon de cette dénomination, li je puis parler ainli, eft que ces montagnes étoient vis-a- vis d'un gué du Jourdain, & que dans les cols de ces montagnes, étoit le grand chemin qui y aboutilfûit, & par lequel on pafl'oit de l'Orient dans la terre de Ch;v naan. Il eft encore moins raifonnable de chercher dans le Syriac une étymologie à ce nom , & de dire que dans- cette langue il iigniiic jroment : car outre que c'ell: en Hébreu il^' non en Syriac , que ces montagnes font nom- mées Aharim j c'ell que froment en Syriac n'eft point- ahhar ni ahher ., mars t?^3y1 , abhourroj qui alfurc- ment n'auroit point au pluriel Aharim. ABARIME ou ABARIMON. f. Abarimon. Grande val- lée que forme le mont Imaiis dans la Scythie. Pline. L. II. C. 1. ABARIS. f. m. Scythe de nation , contemporain deCré- fus & de Pythagore : il étoit Prêtre d'Apollon l'Hyper- boréen. On dit que ce Dieu lui fit prêtent d'une flè- che d'or, qui avoir une vertu merveilleule; car Aba- ris étoit porté fur ta flèche au milieu de l'air. ABARO. Abarum. Bourg , ou petite ville de Syrie, fi- tuée dans l'anti-Liban , apparemment dans un col ou palfage de cette montagne ; car c'eft la fignification de ce nom en Syriac & en Arabe. Foye-^ ce que nous avons dit lut Abarim. Ifr AB ARTICULATION, f. f. terme d'Anatomie, Abarticulatio. C'eft ainfi qu'on appelle une articula- tion des os évidemment mobile. On dit plus commu- nément Diarthrofe. ABAS. f. m. Poids dont on fe fert en Perle pour pefer les perles. L'ahas de Perfe eft d'un huitième moins fort que le carat d'Europe. Cet abas j ou carat Perfien, eft ce que les Efpagnols nomment quitale -, dont les Mar- chands &: Joailliers, lur-tout les Efpagnols , le fervent ordinairement pour peler les pierres précieufes. Il eft d'abord divifé en quatre grains: chacun de ces grains le divife en demi-quitale , en t|uart de quitale, en hui- tième de quitale , en leizième de quitale ; & c'eft avec ces divilions que les Marchands & Joailliers peuvent donner précifément la jufte valeur aux pierres précieu- les, & aux perles. ABASOURDIR. V. a. Etourdir , conftemer, jetter dans l'abattement. Le bruit des cloches ah aj ourdit. Cette nouvelle, cet événement l'a abafourdi. Ce verbe eft vieux, & ne peut palfer que dans le dilcours tamilier. Les Auteurs du grand vocabulaire aurcient dû nous en avertir; mais la remarque n'étoit pas faite dans les au- tres Dictionnaires. ABASSE,ou ABASCE.f. m. & f. Abajfus .Ahafcius. Ha- bitant de l'Abaiîie. Les elclaves Ahaffes font recher- chés en Turquie, à caute de leur induftrie& de leur beauté. Les Ahaffes enferment leurs morts dans un tronc d'arbre creufé , dont ils leur font une bière , qu'ils atta- chent enluiteaux plus hautes branches d'un grand arbre. ABASSI, ou ABASSLS. f. m. Monnoie d'argent qui eft ronde, & quia cours en Perle & en Orient, qui vaut ■ un peu plus de dix-huit tous tix deniers. Il {-audroic écrire Abbassi, parce que ce mot vient àA bh as ■,noi\\ de deux Rois de Perfe , au nom defquels cette mon- noie a été trappée. En leur montrant un AhrJJi , qui etl: une monnoie d'argent de la valeur de deux réaies de Caftille,ils firent etpérer une récompcnfe à ceux qui leur voudroient tervir de guide. Wicq.efort. ABASSIE , ABASSINIE , ABASSINS. Foyei Abis- SINIE. ABASSIE. f f. Ahajfa. Pays de la Géorgie prife en généraL Il a la Mingrélie au levant , la Circaflie noire au nord &: au couchant, la Mer-noire au midi. Quelques Géo- graphes la confondent avec VAvopa/îe ■ d'autres les dif- tinguent «.^: mettent YAhafJie au levant, & l'AvogaJie au couchant. ABASSIE, ou ABASCIE. f. f. Rivière de la Mingrélie, en Afie , Ahafcia. On prétend que c'eft le Glaucus des Anciens. Elle te décharge dans le Faflo ou le Fhâte. §Cr ABASTER.f m. Terme de Mythologie. C'eft, félon Bocace , le nom d'un des trois chevaux qui tiroient lé^ thaï d,c Plmon. Ce mot fignifie noir ; le fécond s'ap . ARA pelle rvctheus, obfcur , & le troi/îème nonlus , riède. ABATAGE. f. m. Cajura > Ci':fur£ fuwptus j impcnfét, , iignifie curie les Marchands de bois, la peine & les trais pour abattre les bois qui font fur pied. C'eft à l'ache- teur à payer l'ahatage. Faire un ah(itas,e de pierres , en maçonnerie , c'efl: les coucher de leur lit(ur les joints, pour en hiire les pare- iîicns. Faire un ahata^^CyQW charpcnterie, c'efl lever une pièce de bois par le moyen d'un levier appuyé fur un com , à peu de diftance de cette pièce fous laquelle on pouife le levier. A l'autre extrémitc- du levier, qui eft élevée , on arrache une corde à laquelle tirent tous les ouvriers. A mclurc qu'ils font baiiîer cette extrémité du levier , l'autre qui eillousla pièce s'élève, iSc avec elle la pièce de bois. ABA.TANT. f. m. Terme de Marchand de draps : efpèce de dcllus de table qu'on élevé au fond d'une boutique & à ch.aque bout des niagafms , & qui s'élève ou s'a- b.at, lelon le jour que l'on veut dojoner au lieu où l'on vend la marchandile. ABATARDIR, v. a. Depravare , corrumpere. Corrom- pre , gâter , altérer la r.ature de quelque chofe, la frire déchoir de fon premier état , la faire dégénérer. Il ne fe dit qu'au figuré. La misère & l'cfclavage ont abâ- tardi le courage des Grecs. La trop grande avidité àcs richelTes a abâtardi les mœur?. On le dit de même avec le pronom perfonnel, & il lîgnilîe, Dégénérer , s'avilir, fe corrompre. Degenerarcj depravari. Toutes les bonnes chofes s'abâcardiffenc avec le temps. Les plantes d'Orient qu'on apporte en Eu- rope sabâtardijfcnt , & perdent beaucoup de lait bonté. Cette mailon s'eft abâtardie dans l'oiliveté ; elle ■ ne produit plus de grands hommes. La vertu Romaine s'abâtardit il fcrt, qu'elle ne put rélîfter à la force Açs Barbares. Abâtardi , ie. part. paff. 6c ad). Corruptus ^ vitiatus. ABATARDISSEMENT, f. m. Akération d'une chofe,di- minution de valeur, de mérite , de bonnes qualités. Corruptib , depravatio. Les délices d'un pays caulent {' abâtardiffement du coma^ie desp-euples. ils font tom- bés dans un honteux abâtardiffement. Nie. L'abâtar- diffement d'un plan . ABÀT-CHAU VÉE. f f. Onnomme ainfi enPoitou , dans l'Angoumois, dans la Saintonge , dans la Marclie & dans le Limofin, une tortc de laine de moindre qua- lité, à peu-près femblable à ce qu'on appelle des P ai- gnons & des P lares. Lana vilis j parvi prctii. ABATÉE. f^oye\ Aeattbe. AB ATEIS.Vieux mot qui iigmfioit'autrefois Foret , Sylva. Il eft hors d'uiage. ABATELLEMENT. f m. Terme ufité parmi les François dans les Echelles du Levant. Il lignilîc une icntence de Conful, portant intcrc.iction de toutCommerce contre les Marchands & Négocians de la nation , qui défa- Vouent leurs marchés, ou qui rcfulent de paver leurs dettes. Confulare j udlcium ititer mercatorcs. Dict. de Commerce. ABAT-JOUR, f m. Termed'Architeél:ure,5'/7irac/^/«OTj eipèce de fenêtre en forme de grand loupirail , dont l'embralement de l'appui eft en talus, pour recevoir le jour d'en-haut. Il fert à éclairer les offices & les étages fouterrains. Les Marchands ont d'ordinaire un abat- jour àxns leurs magafins: la lumière lombre qui entre par-la, tait mieux (ortir le lulfre de leurs étotfes. On appelle aulîi abat-jour ^ lafenneture en glacis d'un vitrail d'Èglife ou de dôme, qui fe fait pour en raccor- der ou réunir la décoration intérieure & extérieure. Ce mot eft compoié du verbe abattre y ik du nom jour^ & lignifie une choie qui abat , c'eft-à-dirc , qui diminue, qui aifoiblit le jour ou la lumière , ou qui le fait delcendrc du haut en bas. On fait aulîî des abat- jours en appliquant aux fenêtres ordinaires des plan- ches de bois , qui joignant laknêtre & la fermant par en-bas, & s'en éloignant par en-haut, font que le jour n'entre que de ce côté-là. Abat -JOUR. Terme de Botanique. Spiraculum. Les Botaniftes le lervent de ce terme d'Architcéture, pour exprimer certaines ouvertures qui font placées fous le . . ABA îî chapiteau du fruit de quelques cfpèces de pavots. Tournée. Elem. Bot. tpr ABATIS. f m. P^oyci plus bas Abattis. ABATON. 1. m. Nom d'un édifice à Rhodes , dans le- quel il étoit défendu d'entrer. Après qu'Artémife eut furpris cette ville , elle y fit élever un trophée avec deux ftatues de bronze , dont l'une rcpréfcntoit cette Reine , & l'autre la ville de Rhodes. Les Rhodicns voyoient avec indignation ce trophée honteux à leur nation: mais comme leur Religion les cmpêchoit de toucher à ces trophées , qui étoient pour eux des cho- fes lacrées, ils s'avilerent , pour en ôter du moins la vue , de bâtir autour ce haut édifice , qu'ils appel- IcïQn^ Abaton, & dont l'entrée étoit défendue à tou- tes fortes de perfonnes , fuivant l'étymologie , «Calot , qui fignifie où l'on ne va point. ABATOS. Abatos. île de l'Egypte, dans le Palus de Memphis. On y confei-voit le fépulchre d'Ofiris ; Se Lucain dit, L. X. qu'elle étoit vénérable par fon anti- quité; le lin & ic papyrus y croiilent. Ce nom figni- fie inaccejfible j & vient de l'a privatif, & deSowujyâ vais. Il y a eu encore au-delà de l'Egypte & de l'Ethio- pie un lieu ou plutôt un rocher de ce nom , dont Sé-« néque parle , Nat. Quest. L. 4. c. 6. ffT ABATTEMENT, f. m. ne le dit point au propre. On ne dit point l'abattement d'un arbre , d'une mai- fon. L'utage fait tout: c'cft une bizarrerie dont il y a beaucoup d'exemples dans notre langue. • Ce mot employé au figuré , hgni.ie diminution de forces ou de cordage; aftaillemciu du corps ou de l'ef- pt't, DefecUo virium, animi injraclio. Ce malade eft dans un grand abattement. Cer homme eft dans un grand abattement d'efprit depuis le renveifement de fa fortune. Lqs Auteurs du nouveau Vocabulaire nous préfen- tentccmot comme pris dans le feus propre, lorfqu'il déligne l'érat de foiblelfe , dans lequel !> trouvent les perfonnes artedées par la maladie : & au figuré , difent- ils, il fignifie l'affaiHèment de courage & d'efprit que peut faire éprouver un revers imprévu. C'cft un dé- faut d'attention. Ils avoicnt dit, en parlant du verbe : abdvre pris au figuré fignifie la diminution des forces, du courage \ comme quand on dit la maladie lui a abat Cl les forcr-s , le courage. Il fuit être conféquent. En termes de Blafon on appelle en Angleterre t?/^^r- tementjow abattement <;^^^o/^/^ez^rJ une marque .acci- dentelle ajourée à l'Ecu , pou:: faire connoitre une di- mmution de dignité, ou une marque d'honneur fup- priinée dans ''Ecu , en punition de quelque faute ou de qiielque aétion diftammante. Cela fe fait , ou en ajoutant quelque marque de diminution, ou enrenver- fant tout l'Ecu. Harris. 53" ABATTÉE.Teimede marine, mouvement du na- vire qui eft en panne , &: qui , en cet état, obéit aa vent. On dit : le vailfeau fait fon abattée. ABATTEUR. f m. Qui abat. On dit d'un homme fort adroit au jeu de quilles , C'eft un grand abatteur de bois. Il fe dit au figuré en parlant d'un homme qui a fait de grandes chofes en quelque genre que ce foit : mais plus ordinairement & par ironie , on le dit d'un homme qui fe vante d'avoir fait ce qu'il n'a pas fait. Acad. Fr, 1740. On ne le dit que dans le difcoursfa- milier. 0CF ABATTIS, f m. ( Abatis feroit mieux) Cemot dé- ligneune certaine quantité de chofes abattues, comme bois , pierres , maifons , &c. everfio j demolitio. Le vent a tait un grand abattis de bois , dejeclus arborum. il y a eu un grand abattis de maifons caufé par le tremble- ment de terre. On le dit de même des décombres des bâtimens. Toutes les rues font bouchées par les abat- tis de mai Ions. Abattis. C'eft aullî un terme de Carriers , qui fignifie les pierres qu'ils détachent après .ivoir fouchevé. Lapi- des loco moti. Abattis , fignifie , en termes de Vénerie, le chemin que fe font les jeunes loups , lorfqu'en allant fouvcnt au lieu où ils ont été nourris , ils abattent l'herbe. Ltipo- rum trames ^ ve/Iigia, 12 ABA Abattis, fe dit auflî d'une grande tuerie de bêtes. Céides pecorum. Ce Cliairciii- a fait un grand abat- tis de gibier. Ce Beucher fait un grand abbatds de beftiaux tous les ans. Les Bouchers appellent abattis j les cuirs, grailles, ttipes, & autres menues parties des bctes qu'ils ont tuées. Les Rcglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abattis des Bouchers feront hors les villes. De la Marre. En cet endroit, il femble lignifier le lieu où un Boucher rue les beftiaux. fO" Abattis , en termes de guette , eft une quantité de grands arbres que l'on abat , & que l'on entalle les uns fur les autres, pour empêcher l'enncrni de pénétrer dans les retrancnemens , ou dans quelqu'autre heu. Les ennemis embarrall'ent les chemins par de grands abattis d'arbres. §Cr Abattis, fe dit encore de la coupe d'un bois ou d'une forêt qui fe doit faire luivant les Ordonnances. ^3* Abattis jcuirs d'abattis j tontceux qui (ont encore en poil. Se tels qu'ils viennent de la boucherie. On appelle abattis , dans les cuifines , les menues parties, la tête, les pattes, le cou , le foie, les aile- rons de volailles. ABATTRE, v. a. Renveifer, démohr, faire tomber. Di- ruercj evertere. J'abats , tu abats, il abat, &c. Abat- tre une mailon pour la rebâtir. Ce Lutteur a abattu ion homme fous lui. Les ennemis en fe retirant ont abattu le château & les fortifications de la place. Un vent violent abat quelquefois de grands arbres. On abat des noix avec une gaule. Un bonChaireura^ar bien du gibier. Abattre des quilles. Nicod dérive ce mot de à bas , adverbe local , compolé de à & de bas. Il pourroit paroître plus ancien. On Ut dairs la Loi Saiique, tit. 45. Si quis hominem de barco abattide- rit ; c'eft-à-dire , Si quelqu'un abat ou fait tomber un homme de dcjjus un arbre. 0\\ lit aulîi dans les mê- mes Loix, tit. 3 8. battiderit. Ainll les François avoient déjà fait battere , ou batcidere , Se abbatere, du latin batuere y dans le même fens que nous dilons, battre , & abattre ; & c'eft de-là que ces deux noms nous font venus, félon Chifflet, dans Ion Glojfariitm Sa- licum 3 pag. 125. & ijj. Abattre du bois j en ternies de tridtrac , c'eft jouer les dames du talon , prendre des dames au talon pour en faire des cales. On le dit de même au jeu de quilles , pour abattre beaucoup de quilles. Abattre les cuirs. Terme de Corroyeur. C'eft les le- ver de delFus le corps des animaux , après qu'ils ont été tués. Abattre «/z chapeau. Terme de Chapelier. C'eft après qu'on a donné au chapeau l'apprêt, & qu'il eft bien fec, en aplatir les bords Sz le delîus de la forme fur un baiîin chaud, mais couvert de papier & de toile qu'on arrole avec un goupillon. Abattre, en termes de Marine, fignifie Dériver, s'é- carter de la vraie route. Dedinare j deerrare. Ce qui fe fait par la force des coiuans ou des marées, ou p.ar les erreurs du pointage , ou par le mauvais gouvernement du timonier. On dit aufli qu'un Pi- lote abat fon vailFeau d'im quart de rumb , & d'une autre aire de vent , quand il vire ou change la cour- fe , & gouverne lur un autre rumb que celui de fr route. On dit , abattre un navire ; pour dire , le faire obéir au vent, lorfqu'il eft fur les voiles, ou qu'il pré- fente trop l'avant au heu d'où vient le vent. On dit , le navire abat, lorfquc l'ancre a quitté le fond, éîcque le vallfeau obéit au vent pour arriver. Aller à la dé- rive 3 s'appelle aullî abattre : c'eft quand on va de côté au gré du vent & de la marée, au lieu d aller en droiture. On À^it MXiXi, Abattre un vailleau fur le cô- té, lorfqu'on veut travailler à la carène," ou en quel- qu'endroit des œuvres vives. En termes de Fauconnerie on dit. Abattre l'oifeau; pour dire , le tenir ferré eiitre les mains , s'en rendre le maître pour le poivrer, ou lui donner quelque mé- dicament. On dit encore , que l'oifeau de proie s'a- bat y loriqu'il s'abaille vers la terre. Abattre, fe dit figmément pour affoiblir , diminuer ies fcfççs , le courage , xenverfer. Comprimcrc j reprï- mère y dejicere 3 fternere y projîemere. Abattre X'ot' gueil de quclqii'un. Quand la mort abat la plus Hor nllante jeuneile , alors on reconnoït la vanité des at- traits du monde. Il fignihe aufiî. Accabler, Se fe dit des troubles & des affligions de l'ame n de cet arc, ou de fou extrémité fupérieuie fur Ion diamètre horizontal. Co tenne n'eft plus guère en ufage j on fe fert de celui de Retombée. Voyez ce mot. fCr Abatu E. Terme de falines. Dans les falines de Fran- che-Comté on entend par abatue y le travail contini» dune poêle , depuis le moment où on la met en feu, jutqu'à celui où on la lailfe repofer. ABAT-VENT. f. m. eft la charpente qui fe met dans les ouverturesdes clochers, qui eft ordinaircmenr cou- verte d'ardoife , qui (crt à abattre le vent , & qui n'empêche pas que le fon de la cloche n'agite l'air de dehors, &: ne fe falfe entendre au loin: au contraire il envoie en bas le fon des cloches, qui autrement fe dilfiperoir en l'air. Ce mor eft compofé du verbe abattre j & du mot vent. Pour le verbe abattre , il eft formé de a bas , comme qui diroit à bas mettre.. En bas vient du Grec ^aSi-'s qui Ci^niRe profond y bas. Abat-vent. 1. m. On appelle ainfi dans les Sucreries, uncefpècedappenrisqui couvre chaque fourneau des Atchers. Quidquid arcendi venti causa conflruitur. ABAVI, ABAVO ou ABAVUM. (. m. Grand arbre quî croît en Ethiopie^ Se qui porte un fiuit ferablable à la citrouille. ABB ABAUNAS. Foyei Actamar ABaWî. f. m. Nom que les Éthiopiens donnent auNil. i-T AUA\Y/1VAR , & ABANVIVAR. Contrée de Li haute Hongrie, avec titre de Comté, lut les frontiè- res de Poloijne. CalFoyie en eft la Capitale. Il y a dans cette Province un château de même nom , à quatre milles d'Allemagne, de Callovie. IJ-T- AMYANCE , f. f. Foyc^ Abeyance. ^BAYER, ou ESSAYER. Vieux verbe. Écouter avec cmprelïement , avec étonnemcnt. ABAZEE. Foye^ Sabazie. ABB. ^BBA,'ou ABBA-DAL-CURIA. Nom propre d'une Ile d'Afrique , dans la mer de Nubie, entre Socotora (Je le cap de Guardatui. Abha. ABBADAN. Foye^ Abadan. ABBASSIDE. f.'m. Alhajp.dus , Ahhajjlda , ex Abha fi famïlïâ. C'eft le nom d une f-amille qui a donne plu- iicurs Califes aux Arabes. Elle eft ainli nommée ^ A'Abbas y oncle de Mahomet , duquel ils defcen- doient. Ce fut la centième année de l'Hégire, que Mahomet , arricre-petit-fils d'Abbas , commença à pubher fcs prétentions fur le Calilat. La Maifon des Abbajfides a donné trente -fept Califes à l'E- gypte, depuis l'an ijz de l'Hégire, julqu'en l'an 656, pendant le cours de 5x5 années Arabiques, ou lu- naires, deux mois & 25 jours. /'oj-f^HERBELOT. ABBATIAL , ALE. adj. Abbatïalis Qui appartient à l'Abbé, qui concerne l'abbé, l'Abbelfe, ou l'Abbaye Palais abbatial. Dignité abbatiale. Menle abbatiale. ABBy\YE. f. i. Abhatia. Monaftère érigé en Prélature , ou Maiton de Religieux ou Rcligieulcs , régie par un Abbé ou par une Abbelfe. Les Abbayes (ont d'an- cienne fondation , comme les Abbayes de Cluny, de (àint Denis, de fainte Geneviève, &c. Les François fondèrent autrefois des Abbayes, fans qu'il leur en coûtât beaucoup : on cédoit à des Moines autant de terres i ncul- tes qu'ils pou voient en mettre en valeur. Ils travailloient àdeiTécher, à défricher, à bâtir, à planter, moins pour erre plus à leur ai{e, que pour en foulagcr les pauvres. Ces lieux arides & déieits devim-ent agréables ôc ferti- les. Il y avoit des Abbés fi riches , qu'ils pouvoicnt met- tre une petite armée fur pied : ce qui ht qu'on les in- vita aux alfemblées du Champ de Mars, & aux Cours plénièrcs. Le Gendre. Il y a des Abbayes en Com- mende; d'aunes Abbayes régulières ou en règle; d'au- tres qui font l'écularifees , pollédées par des Chanoines féculiers. Les Abbayes lont des Bénéfices confifto- riaux-, il n'y a que le Roi qui y nomme. Abbaye, fe prend quelquefois pour un compofé des Religieux & de l'Abbé. 'Voilà une Abbaye bien ré- glée , où l'Abbé vit comme un fuiiple Moine. Abbaye, fe prend quelquefois llmplementpour la Mai- fon & le Couvent. C'eft par rapport à l'Architedure, un logement joint à un Couvent, & habité par un Abbé. Dans une Abbaye de fondation Royale , il s'ap- pelle le PaAîi.f^^^izriû/. ViGN. 'Voila une Abbaye bien bâtie, une Abbaye qui tombe en ruines. Il le dit auiîî dans ces phiafes Se autres lemblables , non leulemcnt pour le Palais Abbatial, mais pour tous les bâtiniens, tant de l'Abbé que des Moines. /Vbbaye , ie prend aulîî pour un Bénéfice , & peur le re- venu dont jouilfent les Abbés. Il a obtenu pour fon fils une Abbaye de dix mille livres de rente. Henri de Coilli ayant été élu Arclievéque d'York en 1141 , Innocent il ne voulut point qu'il fût Archevêque , *'il ne renonçoit à l'Abbaye. Fleur y. Quoiqu'il y ait eu autrefois des la'i'cs qui ont joui du revenu des Abbayes ^ on ne doit pas pour cela leur donner le nom à' Abbé; car c'a été dans des temps de défordre & de nécelîité, que les Princes donnèrent ces Abbayes à des Seigneurs de leur Cour, pour foutenir les dépenfcs de la guerre. Charles-Martel eft le pre- mier qui l'ait fait. Toutes les Abbayes de France, à la réfcrve de celles qui font Chefs d'Ordre, comme Cluny , Citeaux, &c. font à la nomination du Roi. On doit joindre à celles- là les quatre filles de Cîteaux j qui font laint Edmc de Pcntigny, UFerté, Clajrvaux & Morimontj qui ont ABB îj aulTî confervé le droit d'élcdion. Il en eft de même des Abbayes de Flandre & d'Artois , qui lont régu- lières (Se életfives , confirniatives par les ordinaires ou par les Chefs d'Ordre. Les Religieux de ces Abbayes préicntcnt trois lujets au Roi, qui en nomme un, que confirme enfuite 1 Evêquc ou le Chef d'Ordre qui eu a le droit. A l'égard des cinq Abbayes qu'on nomme de Ché- zal-Benoit , fivoir ChézafBenoit en Berri , faint Sul-» pice de Bourges , faint Alire de Clermont , faint Vin- cent du Mans, & fiint Martin de Séez, qui ctoient à l'éledrion de l'Ordre de Saint Benoit tous les trois ans; la queftion vient d'être jugée lolennellcmcnt à la Grand'Chambre du Parlement. Aujourd'hui le Roi dilpofe de ces Abbayes comme de toutes les autres Abbayes de fon Royaume. Comme le Roi n'a fon droit de nomination qu'en vertu du Concordat fait entre Léon X. & François I. il y a eu quelques difficultés turles Abbayes de Filles, parce qu'elles ne font point comprilesdans leConcor- dat. Il y a même un Article de l'Ordonnance d'Or- léans, qui porte que les Abbelles feront élues par les Religicufcs des Monaftères ,& même qu'elles ne le- ront que triennales. Mais cette Ordonnance n'a point été exécutée. Le Roi nomme également aux ^/"Â^jj-ei de filles & à celles d'hommes. H a cependant tou- jours eu des difputes fur les Abbayes de l'Ordre de fainte Claire , qu'on prétend être à l'éledfion triennale des Reiigiculcs. On dit proverbialement. Pour un Moine l'Abbave ne faut pas; pour dire , que faute d'une perionne qui ne fe trouve pas dans une aircmblée, on ne laille pas de fe réjouir, ou d'exécuter ce qui a été rélolu. ABBÉ. Ce nom , dans fa première origine, qui eft Hé- braïque, fignifie Père. Car les Hébreux appellent Père enlcurlajigue, Ab ; d'où les Chaldéens & les Syriens ont ftit Abba^ &c de Abba , les Grecs ont formé «'/?- /S«t j que les Latins ont conlervé ; & c'eft de là qu'eft venu le nom à' Abbé en notre langue. Saint Marc Se faint Paul ont gardé le mot Syriac ou Chalda'i'que. Abba , pour dire Pere^ parce qu'il etoit alors com- mun dans les Synagogues Se dans les premières Af- Icmblées àes Chrétiens; mais ils l'ont interprété eu ajoutant le mot Père. C'eft pourquoi Abba Pater y au ch. 14. de faint Marc, v. 36. ne fignifie pas Mon Père y mon Père, comme il y a dans la vcrilon de Mons,& dans celle des Jéfuites de Paris. Il eft mieux de traduire avec le Vcve Amelotte , Abba j mon Père ; ou plutôt avec M. Simon, Abba , c'eft-à-dire , mo/z Père. Tel cil le fentiment de M. Simon , & de quel- ques autres Interprètes avant lui, comme Emmanuel Sa, Béze Se Lightfoot. Leur railon eft qu'il y a dans le GrecA';3/3â'ô -zartf. Se non pas ù waVfp. Alais d'autres Interprètes , non moins habiles, tels que iont Maria- da , Luc de Bruges , Cornélius à Lapide , Grotius , Louis Capell , &c. prétendent que cette répétition marque l'atfeclion Se la ferveur avec laquelle Jesus- Christ prioit. L'Interprète Syriac a été dans ce fen- timent , quand il a traduitOSî ïiOiijPere ! monPere! lui qui n'avoit pas bcloin d'interpréter , ou d'expli- quer le mot SynacAbba. Très-vrailcmblablcmentc'é- toit aullî la penfce de l'Interprète Arabe , lorfqu'au lieu de <> , dont il s'eft fervi en S. Matthieu, Chapi- tre XXVI, verf. 39 ; & en S. Luc, Chap. XXii, verf. 42 , où il n'y a que Pater , ou Pater mi ; en S. Marc , où il y a Abba Pater , il a employé Nni« , interjec- tion plus forte & plus propre à faire fentir avec com- bien d'ardeur Se d'emprcflement J. C. prioit. La ver- fion Éthiopienne fuppoic aulîi que J. C. dit ces mots ; car elle traduit W^ajaba ., Aba waabouy. Et il dit. Père ! Se Mon Père! D'ailleurs, dans les explications ou interprétations des mots , l'Ecriture met toujours 0' tVi', ou bien '' tri' , |tttj->s;=/*m!i;o,u!ï(i» ; c'eft-à dire , ou cc; qui s'interprète ;Se\\on pas fimplcment comme ici. Foxc^ Math. L 23. Marc, V. 41, XV. 22 , 34. Jean, ]. 39 , 42 , 43. IX. 7. AcT. IV. 36. IX. 36. Après tout , dans une verfion je mettrois, Abba.3 mon Père! Dé- retmincr fi c'ell là l'cxphcarion ou non , c'eft ie fair du GonimcHtateur , Se non du Traduéleur. Quoiv^uç 14 ABB ces deux mots Ahbaj, Pcre, foieiu la mcme chofe , tant dans laiiir Marc que danslaint Paul au Ch. VUl , de l'Epitre aux Rom. vcif. ly ; &au Chap. IV, de l'Epitre aux Galares , vert". 6 ; il n'y a cependant point de pléonalme dans cette expreirion. Les Evangéliftes & les Apôtres ont conieivc dans leurs Ecrits plufieurs mots Syriacs qui étoient en ufage ; de comme ils écri- voient en Grec , ils ont en mcme temps ajouté l'm - terprctation de ces mots en langue Grecque. C'cll fur ce pied-là qu'au Cliap. >CÎII des Ades des Apô- tres , verf. 8 , où il y a da!is notre Vulgate , confor- mément à l'original Grec, Ehmas magus , MeiH de P. R. & le P. Ameîotte ont Fort bien traduit , Ely- mas j, c'eft-à-dire,/t; Mapkien. Ces autres paroles qui fuiver.t immédiatement après ( carc'efi ce quejigmfic Elymas) confirment ce qu'on vient de dire , touchant la iignification àc AbbaPatcr ; ce qui a été remarqué par S. Jérôme dansfon Commentaire, fur leChap. IV. de l'Epître aux Galates , où il explique fort bien ces mots Ahba P^fer. Lenom AçAb, cnAhba, qui dans les commencemens étoit un mot de tendreife & d'a- mour dans la langue Hébraïque ou ChaldaVque , de- vint enfuite un nom de dignité & un titre d'honneur j les Doéteurs Juifs alfedlercnt ce titre , & un de leurs plus anciens Livres, qui contient diverks lentences ou apophthegmes de leurs Pères , ell: intitulé Plrke Abbot , ou Avotk; ccA-:i-dhe, Cbiapitre des Pères. C'eft par rapport à cette afFctfation , que J. C, dans S. Mathieu, Chap. XXIII. ver(. 9 , dit àfes difciples : N'appelle^ perfonne fur la terre votre Père : car vous n'avei^ qu'un Père qui ejl dans le Ciel. Saint Jérôme fc fert de ces paroles de Jesus-Christ contre les Su- périeurs des Monaftères de Ion tem.ps, qui prenoient le titre de Pères ou Abbés. Il dit , expliquant ces pa- roles de faint "aul, Abba Pater ^ dans ion Commen- taire fur l'Epître aux Galates , Chap. IV. je ne fais par quelle licence le titre de Père ou Abbe a été in- troduit dans les Monafièrcs , Jesus-Christ ayant déjendu exprejfement que qui que ce fat prît ce nom j parce qu'il n'y a que Dieu feul qui foit notre Père. Mais comme Jesus-Christ a plutôt condamné la vaine gloire des Juifs, qui prenoient la qualité de Pè- res , que le nom de Père j il n'cfx pas furpienant que les Chefs ou Supérieurs des Moraflcres 1 ait'nt pris dès les premiers établificmens des Moines. Le nom d'Abbé eft donc aiilîi ancien que l'iniT:i- tution des Moines. Ceux qui les gcuvernerent, prirent le nom d'Abbés & d' Archimandrites. Ce nom s eft toujours confervé depuis dans l'Églile : : comme ils croient eux-mêmes Moines , ils étoient diilingués du Clergé , avec lequel cependant on les mcloit quelque- fois , parce qu'ils tenoient un rang au delfus des laïcs. S. Jérôme écrivant à Héliodore , nie ablolument que les Moines tùient du Clergé: Alia^ dit-il, Monacho- rum eft eau fa , alia Clericorum. Il reconnoît néanmoins que les Moines n'étoient pas exclus par leur profel- ficn des emplois Ecclciiaftiques. Fivc-^ j dir - il dans la Lettre au Moine Rufticus , d'une manière que vous fuJJIe^ mériter d'être Clerc ; ^ fi le peuple ou votre Lvcque jette pour cela les yeux fur vous , faites ce qui eft du devoir d'un Clerc. Les Abbés ou Archimandrites, dans ces premiers temps étoient loumis aux Évcques 6: aux Pafteurs ordinaires; .& comme les Moines vivoient alors dans des folitudes éloignées des villes , ils n'avoient aucune part aux af- flrires Eccléiîaftiques. Ils alloicnt à la ParoilTe a\ ec le rcfte du peuple; & quand ils en étoient trop éloi- gnes , on leur pcrmettoit de frire venir chez eux un Prêtre pour leur adminiftrcr les Sacremens. Enfin, ils curent la liberté d'avoif des Prêtres qui fuflcnt de leur Corps. Souvent lAbbé ou l'Archimandrire étoit Prê- tre ; mais ces Prêtres ne Icrvoient qu'aux beloins fpi- ritucls de leurs Monallères. Quelque pouvoir que les ^^/f'/'cj eullent lur leurs Moines, ils étoient foumis aux Évêques , qui avoient beaucoup de conlidération pour eux ,_ku-- tout après les fervices qu'ils rendirent aux Egliles d'Orient. Comme il y avoit parmi eux des perlonne's lavantes, ils s'oppolcrcnt fortement aux Mé- «cfies uaillantes ; ce qui fit que les Évêques jugererit à , ABB propos de les tirer de leurs folitudes. On les mit dans les fauxbourgs des villes , pour être plus utiles aux peuoles. S. Chryioftôme jugea même a propos de les faire ve- nir dans les villes ; ce qui fut caule que plufieurs s'ap- pliquèrent aux Lettres, & fe firent promouvoir aux Or- dres. Leurs Abbés en devinrent plus puilfans , érant conlidérés comme de petits Prdats. Mais quelques Moines qui fe crurent en quelque manière indépen- dans des Évêques , (e rendirent inlupportables à tout le mon h, même aux Évêques, qui turent obligés de faire des Loix contre eux dans le Concile de Chalcé- doine. Cela n'empêcha pas que les Abbés j ou Archi- mandrites, ne tulïent fort confidérés dans l'Éghfe orientale, où ils ont toujours tenu unrangdiftingué. Se ils y ont même été préférés aux Prêtres. Ils ont eu iéance dans les Conciles après les Évêques. La dignité d'Abbe 11 elt pas moins conlidérable au- jourd'hui qu'elle l'a été autrefois. Selon le Droit com- mun , tout Abbé doit être réguher ou Religieux ; parce ^ qu'il n'eft établi que pour être le Chef & le Supérieuf des Religieux : mais ïelon le Droit nouveau , on dif- tingue deux (ortes d'Abbés; favoir , l'^'i;/'e' régulier > & i'Abbé commendaraire. Le premier, qui doit êtrfe Religieux , & porter l'habit de Ion Ordre , eft vérita- blement Titulaire. Le fécond eft un ieculier , qui efl: au moins tonluré, & qui par les Bulles , doit prendre l'ordre de la Prêtrile quand il aura atteint l'âge. Quoi- que le mot de Commendataire inhnue qu'il n'a l'ad- miniltrationde l'Abbaye que pont un temps, ilenpof- lede néanmoins les fruits a perpétuité, étant entière- ment lubftitué aux droits des Abbés réguliers ; enfortc que l'Abbe Commendaraire eft véritablement Titulaire par les Bulles, où on lui donne tout pouvoir tàm in fp'uitudl.ibus quàm in temporalibus j c'cft-à-dire, tant aufpirituel qu'au temporel-, & c'eft pour cette raifoti qu il eft obligé par les mêmes Bulles, de fe faire pro- mouvoir dans le temps à l'ordre de Prêtrife. Cependant les Abbés Commendataires ne font aucunes fondions pour le fpirituel ; ils n'ont aucune jurididion fur les Moines. Et ainli ce mot in fpiritualibus , qu'on em- ploie d.ms le^ Bulles , eft plutôt du ftyle de Rome , qu'une réalité. Les plus lavans Junfconlultes de France, &c entre autres du Moulin & Louet , mettent la Com- mtwdcinter citulos Beneficiorum. ; c'eft- à-dire, fwrre les titres de Bénéfices. Ce iont des titres Canoniques qui donncnr aux Commendataires tous les droits attachés à leurs Bénéfices. Mais comme ces provilionsen com- mende Iont contraires aux anciens Canons , il n'y a que le Pape Icul qui puilfe les accorder par une dil- penfe de l'ancien Droit. Voye\ le mot de Commende is: Commendataire. Voyez aulli les Aclafancl. Bent- dicl. f&c. III. p. I . prxf. p. S p & fuiv. Les Abbés Commendataires étant y^'c«/ienf ^ n'ont aucune jurididion furies Moines. Quelques-uns néan- moins prétendent que les Cardinaux , dans les Ab- bayes qu'ils ont en commende , ont le même pouvoir que les Abbés Réguliers. On donne pour exemple M. le Cardinal de Bouillon, qui, en qualité d.f^é/'e' Com- mendataire de Cluny , avoit le gouvernement fpiri- tuel de tout l'Ordre de Cluny, comme s'il en eut été Abbé Régulier. On répond a cela, que M. le Cardi-f nal de Bouillon ne jouiftoit pas de cette jutididioii Ipiritucllc en qualité de Cardinal, ^i'/f'f Commenda- raire ; mais par un Bref particulier du Pape. M. le Cardinal d'Eftrées , Abbé Commendataire d'Anchin en Artois , ayant voulu jouir de ce même droit à l'é- gard des Religieux de cette Abbaye , en hit exclus par un Arrêr du Grand Conleil , daté du 50 Mars 1694. L'obhgation principale d'un Abbé Commenda- taire eft de procurer par toutes les voies polfibles la gloire ce le Icrvice de Dieu dans la Communauté donc il le tixiuve chargé. Ab. de la Tr. Il n'y a que les Abbés Piéguhers que l'on bénilTe; les Commendataires ne l'ont jamais été. Cette bénédic- tion, qui s'appelle auilî confécration , fe laifoit autre- fois , en les revêtant de l'habit appelle cuculla, coulle, en leur mettant en main la crolle ou bâton paftoral , ^' aux pieds la ch.Tjiiilure appellée pédales ^ ou pe- duksj qui étoient des bandelettes propres à cntouter ABB îe pied. C'efl (k VOrJo Romanus de Théodore Ar- chevêque de Cancorbery, dans ix Collection des Ca- nons, «Se de la Vie deiaint Anlelmc, que nous appre- nons ces particularicés. Le pouvoir que quelques Ab- bés ont de donner la toniure, n'appartient aufii qu'aux ■Abbés Réguhers; mais ils ne la peuvent donner qu'aux Rehgieux. Le P. Hay , Moine BénédicUn , dans Ion Livre intiralé ^/F/t^/w inexâriclum , allure que les Ab- bés de Ion Ordre ont une juridiction comme Epifco- palé, & même comme Vz.pût , potejicicem quofi Epif- copalem , imo quaji Piipakm ^ i\\\. tous les Religieux, & que c'eft par cette railon qu'ils contèrent à leurs Moines la tunlure & les Ordres mineurs. Il (e peut faire qu'en Allemagne les Abbés de l'Ordre de iainr Benoit jouillent de ce privilège ; mais ils n'en jouilîent point aujourd'hui en France , quoique quelques Ab- baves' prétendent avoir ce droit en vertu de leur exemp- tion. On dit même qu'Innocent Vlll a accordé ^\ Ab- bé de Cîteaux le pouvoir d'ordonjier des Diacres & des tous-Diacres. A l'égard de la tonfure , Innocent III répondant à Robert Pullus Archevêque de Rouen , <«f, &s'eftaiiifi appelle, parce que pour commencer à apprendre les Lettres aux eu- tur.s , on les fîguroir fur une tablette , ou fur une carte en forme de tablette , comme on tait encore dans les Eco- les de Mathématiques pour les figures qu'il taut moimer aux Etudians. Ou bien il s'eft formé des trois premières Lettres de l'alphabet , comme le mot François Abc. ABCASSE. f'oyei Abasse. ABCÉDER. v. n. f^oYe:^ Abs céder. ABCÈS. Foyei Abs cas. A B D. ABDAL , ou ABDALLAS. f. m. C'eft le nom générique que l'on donne en Perfe aux Rehgieux. Ce mot , en Arabe ou en Perfanfîgnifie, Qui eil confacré à Dieu , ferviteur de Dieu. Les Calenders _, les Cadrijies ik. les Beclachifies j font diflérentes efpèccs A'Abdals ; enforte que le mot AAbdal^clizz les Perf ans , répond à celui de Dervis ou Derviches chez les Turcs , & de ■ Moines ou. Relii;ieux chez les Chrériens. Ily acn Tur- quie des Religieux qu'on appelle Abdals 8c Cheykhs , qui par la façon fauvage de leur vie en veulent prou- ver la faintcté. Ils n'ont point de couveus, ils demeu- rent. ABD tent où leur fouiberie a plus de pratique , &: ils font vilîtés principalement des femmes , avec lelquclles ils ont louv cnt un autre commerce que celui de la dévo- tion. Duloir, Voy. du Lev. p. 159. ABDAR. f. m. Terme de relation. Nom de l'officier qui icrt de l'eau à boire au grand Sophi de Perle. Olca- rius dit, dans fon voyage , que YAhdar garde l'eau del- tinée pour le Roi dans une cruche cachetée, de peur qu'on n'y mêle du poilon. ABDARA. Ahdera ., & , ou Ahdara. Ancienne ville d'Elpagne, dans la Bétique, fur la côte de la Médi- terranée. Elle avoit été b.uie par les Carthaginois. Ou la place ordinairement dans ce que nous appelions aujourd'hui le Royaume de Grenade , à-peu-près où cd: Adra , qui peut-être eft Abdara même , dont le nom s'eft corrompu. ABDELARI. f. m. Plante d'Egypte , dont le fruit reflem- ble beaucoup à un Melon: il eft pourtant un peu plus oblong & aigu à les extrémités. ABDERE. Ahdera, orum. Ancienne ville de Thrace. Plufieius Savans croient qu'elle fut bâtie par Abderus , ou bien par Hercule, enmrmoire à' Abderus, quiavoit été déchiré par les chevaux de Diomède. Leurs ga- rans font Pliiloftcate , Etienne de Byfance , Scycmus de Chio, &c. Mais Solin & Mêla difent qu'elle fur bâtie par Abdera fœur de Diomêde , qui lui donna fon nom; & lur les Médailles de cette ville , on ht d'un côté ABAHPA2 KOPAS, avec la tête d'une Héro'ine. f-^oye^ M. Spanheim,/». j-ô2. &Juïv. Elle tut rebâ- tie par Timéluis, quiy conduilît une Colonie de Ch- zoméniens; & enluite vers la 51^ Olympiade, c'cft- à-dire, environ 650. ans avant J. C. LesTéiens, peu- ples de l'Alie-mineure , ne pouvant loutFrir la domi- nation des Perles, pallcrent en Thrace, & s'étabhrcnt à Abdere. Quelques Auteurs veulent que ce loit Al- pérofa , ville maritime de Remanie, f^oye:^ Aspe- RosA. Elle a encore été nommée AJIri^^a. ABDÉKITE. f. m. Ahderites, Abderua. Qui eft de la ville d'Abdere. Les Médailles de cette ville ont une tête rayùnnée,avec ce mot ABAHPiTEnx.Les^A^mrej "' étoient fi Ifupides, que leur ftupidité avoit palfé en proverbe, & qu'on diluit. Un elprit d'Abdere , Ab- derïtïca mens , pour, un elprit grolîier , pelant , Ru- pide. Cicéron ad Attic. viïj. ep. 7. appelle un projet mal concerté , fans vues , fans prudence , Un projet Abdéritique. Abdere néanmoins produilit de grands hommes, témoin Ptotagore Se Démocrite. ABDEST. f. m. Terme de relation. Nom que les Per- fans & les Turcs donnent à la Purification que la Loi leur ordonne , & qu'ils pratiquent avant que de com- mencer toutes leurs cérémonies. Lavatïo , ablutio. Les Turcs font cette Purification en verlant de l'eau fur leur tête , & fe lavant les pieds trois fois ; mais les Perfans fe contentent de palfer leur main mouillée deux fois fur leur tête , & eftluite lur leurs pieds. Abdeft eft un mot Perfan compofé A' ah , qui fignihe de l'eau. S: de dejl , la main, ^'^oye^ OlÉarius & RicAULT : l'un parle de \'AhdeJl des Perfans ,& l'au- tre de celui des Turcs. Les Turcs ont trois fortes d'a- blutions. La première, qu'ils appellent Abdeft, & qui confifte à le laver les mains , les bras , le front, le vifage , le delfous du nez & les pieds , leur fert à fe préparer à prier Dieu , pour entrer dans la mofquée orer l'humidité, elles ramaiFent la cire plus flicilement avec leurs pat- tes, en les pafFant pluheurs fois fur leurs poils. Pour l'ordinaire , elles recueillent les particules de cire avec leurs ferres & leurs pattes de devant ^ de celles-ci eUes les font paffer aux pattes du milieu , qui les poitent en- fuite fur l'article du milieu des deux pattes de der- rière, où elle fe trouve à la fin ramailce de la grofleur &c de la figure de deux petites lentilles. Cet article eft plus large que les autres , & il a une petite concavité en forme de cuiller, deftinée à cet ufage ; de plus , cette concavité cft aivironnée de petits poils, qui fer- vent, pour ainll dire , de doigts pour retenir la cire dans cet endroit, afin qu'elle ne tombe point lorfque lesabeilles s'en retournent à la ruche. Outre ces moyens que la nature leur a fournis , elles prennent encore d'autres précautions pour ne pas perdre le fruit de leur travail. A mefure qu'elles foi;t pafler les parti- cules de cire fur les pattes poftérieures , cUes com- priment ces particules enfemble ; ce qu'elles font par le moyen des deux pattes du miheu , qu'elles portent en arrière , & qu'elles appliquent pluheurs fois & en différens fens fur la cire , de la manière que nous avons coutume de comprimer avec les deux mains des particules que nous voulons ramafîer enfemble. Elles ont principalement ces attentions , lorfqu'étant chargées d'une quantité fufHfante de miel , elles font prêtes de s'envoler , & de retourner à la ruche -, & iî les fleurs fur lefquelles elles font appuyées , n'ont pas aflez de confdfance , ou font agitées par le vent , elles cherchent quelque lieu plus fiable, & plus pro- pre à réfifter aux petites compreiïlons qu'elles font fur la cire. Les abeilles arrivées à la rache , fe déchargent de la cire ordinaire en deux manières ditfcrentes. Appuyées fur leurs deux pattes de devant, elles font pluiieurs mouve- mcns des ailes & du corps, a droite i!<>: à gauche ;& com- me fi ce mouvement & le bruit que font les ailes par ce mouvement, étoit pour avertir leurs compagnes qui font dans la ruche , il en vient trois ou quatre qui prennent chacune une portion de cire avec leurs ferres. A ces premières, il en fuccède pluheurs autres, qui prennent chacune leur part, jufqu'à ce qu'il ne refte plus de cire fur la patte des mouches : après quoi elles retournent à la campagne pour y faire une nou- velle récolte. C'eftaulîide cette manière qu'elles font déch.irgées de l'autre forte de cire, qui eft une efpèce de glu 3 qui tien: Il fort ù la patte de l'abeille qui ca ABE eft chargée , qu'il faut que les abeilles qui la déta- chent , & celles qui en font chargées , faffcnt des ef- forts , & f e cramponent poui" qu'eUe puilfe être tirée. Mais lorfqu'il y a dans la ruche un grand nombre d'alvéoles , pour fe décharger de la cire ordinaire , elles pratiquent une manière bien plus prompte &c qui n'a befoin d'aucune aide. L'abeille chargée cher- che un alvéole dans lequel il n'y ait ni miel , ni au- cun ver i l'ayant trouvé, elle s'attache par les deux pattes de devant fur fon bord fupérieur; enfuite elle plie le corps un peu en devant pout mettre les deux parties poftérieures dans l'alvéole : dans cette fitua- tion elle porte en arrière les pattes du milieu , une d'un côté , l'autre de l'autre , & les faifant glifler de haut en bas le long des deux pattes poftérieures oii font les deux corps lenticulaires de cire , elle les dé- tache en cette maniète,^ les fait entrer dans l'alvéole. Il y en a qui fe contentent de laifler la cire à l'en- droit de l'alvéole où elle tombe en la détachant des pattes ; mais la plupart , aptes s'en être déchargées , entrent dans l'alvéole , & rangent fort proprement au fond les deux petits corps de cire , l'un à côté de l'au- tre. Cela fait, ra/î'ei//e fe retire. Prefqu'aufîitôt il en vient une autre ; il y en a mê- me qui font à attendre que la première (oit fortie , pour y entrer & faire à leur tour leurs ouvrages. Si les deux morceaux de cire ne font pas rangés , elles les portent au fond de l'alvéole , & les dctrempent avec leurs deux mâchoires pendant un demi-quart-d'heure; de forte que quand la mouche fe retire , ces deux petits corps font réduits en manière de pâte qui prend la figure de l'alvéole comme dans un moule ; ce qui fait juger que l'abeille en détrempant la cire , y mêle quelque hqueur, foit miel, foit limple humidité qui doit fortir de l'endroit d'où elles ont coutume de rejetet le miel , & dont la vefîîe eft peut-être rem- plie. Plufieurs autres mouches vieniient fe décharger de la même manière dans le même alvéole , Se y faire le même ouvrage , jufqu'à ce qu'il foit plein de cire, qui eft quelquefois par étages de diverfes couleurs, blanchâtre, jaune, rouge & brune, fuivant les feuil- les ou les rieurs fur lefquelles la cire a été recueillie par différentes abeilles. On trouve en plulîcurs endroits de la ruche une grande quantité d'alvéoles pleins de cire, qui font com- me autant de magafms auxquels elles ont recours dans les occahons, parce qu'elles en ont befoin, ime grande partie de l'année , pour couvrir les alvéoles où font en- fermés les petits , îk pour boucher ceux qui font pleins de miel. La cire qui fe trouve dans les alvéoles, n'eft pas en-< cote parfaite comme celle dont les rayons font formés ; car quoique la première foit détrempée avec de l'humi- dité , elle fe réduit en poullîère quand on la prefîb avec les doigts , au lieu que l'autre cire eft une ef- pèce de pâte liée. Il faut donc que les abeilles , avant que de l'employer dans la conftruélion des rayons, faflént a la cire quelque préparation. Ce qui le fait croire encore , c'eft que la cire enfermée dai^ les al- véoles , qui eft fouvent de différentes couleurs , cft toujours blanche immédiatement après que les rayons, font bâtis. Pour le miel, les a3i,'i//ej le recueillent fur les flcutS' dont le calice n'eft guère plus profond que la lon- gueur de leur trompe; mais il y a fî peu de miel dans chaque fleur, qu'elles en parcourent un grand ziom- bre avant que d'en avoir ramaflé une quantité futîifante pour remplir leur petite velfie. Dans î'inlimc que les aieilles fe pofent fur la ficur, elles étendent leur trompe, & la portent jutqu'au fond du calice, où elles vont fucer le miel. Quand la veille fe trouve pleine, les abeilles retournent à la ruche , & portent le miel dans un alvéole, en le rejetant par la partie de la tête, qui eft entre les deux mâchoires , qu'elles alongent plus qu'à l'ordinaire, & qu'elles ne tiennent guère ouvertes. Elles pofen.t le miel en remuant la tête tantôt d'un côté , tantôt de l'autre ; & lorfqu'il y a quelque goutte qui n'eft pas bien rangée , elles ABE alohgent la trompe pour la recueillir , & pour la placer enfuite dans le mcmc ordre que le rcftc , en la reje- tant comme aupara\'anr. Il haut le miel d'un grand nombre à'abedles pour remplir un alvéole. Quand le« alvéoles (ont pleins de miel , Il elles le veulent confcrver pour l'hiver , elles buuchent ces alvéoles en y faiiant un couvercle fort miîice de cire; mais ceux où eft le miel deftiné pour (ervir de nour- riture journalière , reftent ouverts & à la dilpolition de tout l'eilaim. Le miel qu'elles rclervent le dernier pour leur nourriture , ell toujours placé dans la pat- rie lupérieure de la ruche , il elle n'a point de cou- vercle qu'on puiile lever ; m.ais s'il y en a un, elles laiffent dans la même partie lupérieure des rayons vi- des , & pol'ent le miel vers le milieu de la ruche. Les abeilles aiment la propreté , & il n'y a rien qu'elles ne follent pour la conlerver. La glu qu'elles recueillent , leur lert à maftiquer les vitres aittour de la ruche , êc la ruche même autour du piedeital , de forte que par ce moyen elles empêchent l'entrée aux moindres inieétes. Il y a des abeilles qui reftent à l'ouverture de la ruche , pour s'oppofer aux inlecles qui veulent pai- fer par cette ouverture ; & loriqu'une abeille n'cft pas aifez forte , plulieurs autres viennent à fon le- cours. Malgré tout cela im limaçon ayant pénétré dans la ruche , après erre mort des piqûres de leurs aiguillons , fut couvert de toutes parts de ce mallic dont nous avons parlé , (oit pour empêcher la mau- vaile odeur que fa chair auroir pu cauler , loit pour éviter les vers que cette corruption auroit pu pro- duire. La nature a doué les abeilles d'un odorat très-fin ; elles tentent de fort loin le miel & la cire. Elles ont diverfes manières de le carelfer, auxquel- les elles paroilfent très-lenlibles. Elles lont aulh lu- 3 êtes à fe battre & à fe tuer , non-leulement dans un combat Imgulier, mais auiîî dans des batailles géné- rales : ce qui n'arrive pourtant ordinairement que lorfqu'en automne la récoke du miel n'eft pas lufH- fante pour la nourriture de tout i'ellaim pendant l'hi- ver. .-. „• . -. Il femble qu'elles aient quelque preirentiment du beau & du mauvais temps ; car non-leulement elles ne {ortent pas lorfqu'il y a apparence de mauvais temps ; mais lorfqu'il doit arriver quelqu'orage, celles qui lont àlacampagne, le préviennent, quittant leurtravail, & arrivant à la ruche prelque toutes à la fois , & avec beaucoup de précipitation. Elles font la mcme chofe lorfqu'elîes font lurpriles à la campagne par quelques pluies , même légères. Rien ne convient mieux aux abeilles que la cha- leur ; plus elle elt: grande , plus elles (ont anim.ées (îs: aéèives au travail. Le froid au contraire leur eft li nui- fiblcj que quclqu'animées qu'elles foient dans la ru- che , lorfqu'elîes en fortent pendant l'hiver , elles en font failles „ & reftent prelqu'auffitôt fans m.ouve- ment. Si on les approche du leu , la chaleur leur rend leur première vigueur. Pour fe garantir du froid pendantl'hiver, elles feplacentvers lemùlieu de la ruche ierrées les unes contie les autres, dansl'efpace qui eft entre deux rayons. Là elles s'agitent de temps en temps fans changer de place 5 ce mouvement excite une cha- kur qui les préfenx du froid extérieur ; cette cha- leur eft telle , lorfqu'elîes font en agitation , qu'elle fe comunique aux vitres de la ruche qui en font f»roche, tk elle eft très-fenfible quand on y applique a main. Il y a apparence que dans le travail elles fe fuccè- dent les imes aux autres , parce qu'elles travaillcirt nuit & jour dans la ruche , Se qu'il y a une partie des abeilles qui fe repofent même pendant le jour. Ce repos ne lailfe pas d'être utile au pubHc -, car leur préfence dans la ruche caufe une chaleur avec laquelle le couvent les petits dans les alvéoles; ce que l'on a reconnu par l'expérience fuivante. On a quelquefois détaché des morceaux de rayons , où il y avoir des petits vers dans les alvéoles , & on les a laillés au bas de la ruelle. Une grande quantité d'abeilles alloient | ABE 23 alors fe pofer fur ces rayons détachés , & y reftoient jufqu'a ce que tous les petits fullênt fortis en abeil-- les j après quoi elles abandonnoient entièrement ie rayon. Cette expérience fait encore voir le foin que les abeilles ordinaires prennent des petits. Les abeilles ont diverfes manières .^ divers mouve» mens , par le moyen defquels elles s'entendent les unes les autres ; par exemple , quand une abeille qui tra- vaille aux rayons , demande du miel a une autre qui ar- rive, celle qui demande du miel, alonge fa trompe, &;la porte entre les ferres de celle qui le doit donner; àmeiure que celle-ci rejette le miel par cet endroit, l'autre le reçoiravec la trompe, fans qu'il s'en répande une goutte. Elles s'entendent aulH , lorfque par un mouvement des ailes elles demandent a être déchargées de la cire qu'elles ont recueillie à la campagne : quand le matin elles s'excitent pour lortir du ttavail ; lorf- qu'enrin plulieurs abeilles veulent quitter un endroit, li une lait un mouvement des ailes, qui caufe un pe- tit Ion, toutes les auues, a l'exemple de la première, lont le même mouvement , lV le retirent. C'eft ap- paremment de la ipême manière qu'elles s'avertilfenc dans la ruche , lorlou'elles fe préparent à iorcir pour faire un nouvel eliaim. Il y a beaucoup d'apparence que les Bourdons font les maies des abeilles j comme le Roi eft la femelle. Mais nous en parlerons au mot Bourdon. On dit pour le moins aulll communément, Mo::- cheà miel 3 que l'on dit, Abeille. Foyc^ Mouche A MIEL. On a louvent fait, entrer les abeilles dans des de- viles. Une abeille avec ce mot d'Horace , Studwfa. floruin ^ eft la devife d'un homme appliqué a des ou- vrages d^lprit. Elle conviendroit encore mieux a une femme lavante. Une ruche , Hi Lahor omnibus unus^ convient a une fociété de gens qui travaillent de con- cert. Et avec ce ir.ot pris de Virgile, Ore legunt fobo- Icm, on l'a appliqué aux Prédicateurs. Et ceiix-ci à des Savans, Utile dulci ^, ou E pluribus unum. Ephèfe a une groire abeille, au revers de les médailles. Les abeil- les j li l'on en croit M. Reger , étoient le fymbols des Colonies , aulîi-bien que celui de la fagclle. Sic vos non vobis fut appliqué à Charles V, lorfqu'il fie la guerre pour rétabhr le Duc de Sforce , dans 'le Du- ché de Milan. Une abeille qui voltige fur les HeUrs , Ut profîm :, pour marquer un homme qui confacre toutes les veilles & les travaux à l'utilité du public. Louis Xil entrant clins Gènes , parut avec un habit blanc lemé d un eliaim à'abeilles d'or, au milieu du- quel étoit le Roi , avec ces mots •: Rex non utitut aculeo , le Roi n'a point d'aiguillon ^ pour faire connoitre aux Génois , qu'il leur pardonnôit leur ré- beUion. Abeille, eft l'une des douze conltellations auftrales, jqui ont été obfervées par les Modernes depuis les grandes navigations. Ozan. Elle eft compofée de qua- tre étoiles de la cinquième grandeur. Abeille , le dit quelquefois lîgurément de ceux qui par- lent, ou qui_ éciivent élégamment. Xenophon a été appelé la Mule & l'abeille Athénienne , à caufe de la douceur de fon ftyle. M. Scud. Mais ces fortes de métaphores , qui font fort bonnes en Grec , ne font point tolérables dans notre langue, ou du moins ont beloin de quelqu'adoucillêment. C'eft avec cet adou- ciirement que M'-* Scuderi s'en eft fervie : elle ne dit pas crûment que Xenophon étokl' abeille Athénienne y mais qu'il a été appelé la Mufe & l'abeille Athé- nienne , à. caufe de la douceur defonjlylt. Voilà trois adouciiremens. 1°. Il a été appelé ^ & non pas il étoit, 2". La Mufe & l'abeille Athénienne : ces deux mots Icrvent à s'cxphquer l'un l'autre. 1,". A caufe de la douceur de fon ftyle. Cette raifon approche encore la métaphore , ik. la rend plus intelligible. C'eft à peu près de cette lorte qu'il faut fe fervir en François de la plupart des métaphores, & il eft bon de donner cet avis, fur-tout aux étrangers. Comme lesfens figurés & les expreliîcns métaphoriques frappent davantage lef- prir du Lctteur , que les exprellîons propres & fimples , il arrive louvent que ceux qui étudient notie l,inju« Z4 ÀBE dans les Ijoiis Auteurs , remarquent avec attention ces f jites de mors , & en re'.npliirent leurs recueils. Ils icnt enluite portés a croire qu'on peur s'en lervir en t&utes jencontrcs , parce qu'ils les ont remarqués dans un bon Auteur ; mais cela demande bien de la précaution, & un difcememenr que lulage ieui peut donner. Une exprerùon métaphorique bien placée eft d'un grand agrément ; mais clic ne vaut rien hors de •fa place ; & fur-tout en 1-rançois , il ne faut poirit s'en fervir indifféremment, outre qu'on ne doit point tranfporter dans un ftylc grave ce qu'un Auteur n'aura dit que dans un dilcours enjoué, ni détacher une e\- ■prelîlon hardie de tous les adoucilfemens qui l'accom- pagnent. Cette remarque peut krvir à toutes les pages de ce Diâionnaire. |K? ABElN. Source d'eau minérale en Auvergne , à quatre lieues de la Cuillie , fur le chemin d'Koire , dans les montagnes. Ce font des eaux chaudes , qui pallent , à ce qu'on croit , par des mines de ter. On les croit bonnes pour la lèpre îk autres maladies. ABEL. Ahel ^ ou Abcla. Petite ville des Ammonites, qu'Adrichomius met dans la Tribu de Gad , & Jo- fephe dans la demi-Tribu de Manaflé , au-delà du Jourdain, c'eft-à-dire , dans le petit pays qu'on nom- ma depuis la Trachonite -, elle étoit à Icpt milles de Philadelphie. Les Septante l'appellent t/SiAx^p^'V. Elle étoit dans un pays de vignes. Ce fut la que Jephté défit les Ammonites. Liv. des Jug. ch. XI. Son nom, qui ell Hébreu Vas lignifie pleureux , & non pas af- fliclïon , qui te dit en Hébreu Ehe/. Jeplité prit & ravagea vingt villes depitis Aroër jufqu'à Mennith, «Se jufqu'à Ahel i qui eft planté de vignes. Saci. M. Corneille dit auiîi Abda. Abel, f. m. eft aulll le nom du fécond fils d'Adam & d'Eve, qui tut tué par CaVn ton frère aîné. ABELE. Abcla. Ville de la Terre -Sainte , dont il etl fait mention au II. liv. des Rois, chap. 20. v. 14, Elle étoit de la Tribu de Nephthali, ou dans la Galilée tu- périeurc , & dans une plaine de la contrée qu'on appeloit Benm. Cette ville s'appeloit Abcl , ou Abéle , Abel- Maacha, ou Abel bcth Maacha, c'etf-à-dire , Abel qui appartient à Maacha, ou qui etf des dépendances de la maifon du Roi. On la met à 60 ftades , ou ày ou 8 lieues du Jcurdain. J'^oye-^ Aeelmaïm. ABELICÉE. f. m. Grand arbre qui croit particulière- ment en Ciéte, Abclicea. On 1 appelle encore Santa- ius Adulterina 3 ou Pfeudofamalum. Son bois eft dur, rouge , un peu odorant, rellemblant un peu au fantal rouge. On s'en fert pour faire des poutres. ABELIENS, ou ABELOÏTES, ABÉLONIENS. f. m. plur. Abeliani j AheliotA j Ahclomi. Nom de pay- fans hérétiques cjui habitoient un bourg proche d'Hip- pone. Le dernier de ces noms vient de celui qu'on leur donnoit en langue Pimique ; les deux premiers font ceux que S. Auguftin leur donne en latin. Ces hérétiques fe marioient ; mais ils vivoient avec Icut femme dans la continence, & fans avoir de commerce enfemble. Ils adoptoient un jeune garçon & une jeune fille, à condition qu'ils fe mariroicnt, mais qu'ils vi- vroient aulfi en continence ; & ils ne ifianquoicnt point , dit S. Auguftin , de trouver dans le voifin.agc des pauvres qui leur fcurnidoient leurs enfans pour qu'ils les adoptalîcnt. Quelques Auteurs croient qu'ils fe fondoient tur cet endroit de S. Paul, i. Cor. VII. i.9. Que ceux qui ont des femmes fo'unt comme s'ils n'en avaient point. S. Auguftin n'en dit rien. Un Au- teur moderne , qui avoue que ce Père eft le teul qui ait parlé de cette Seéte , dit que ces gens-là régloicnt le mariage tur le pied du Paradis terreftre, prétendant qu'il n'y eût entre Adam & Eve qu'une union de cœur. Ils fe régloient auffi, pourfuit-il, liir l'exemple d'Abel ; car ils prétendoient qu'Abel avoit été marié, mais qu'il étoit mort fans avoir jamais connu fa fem- me. C'étoit de lui que leur Sede avoit pris fon nom... Voilà j d'u-il, ce que faint Auguftin nous en apprend. Il n'y a pas un mot de tout cela dans ce Père. /. de H&res, ad Ouodvuk. h&r. Sy. Il ne parle ni du Pa- radis, ni d'Adam & d'Eve, ni du mariage d'Abel, ni de fa continence. Il dit feulement , que quelques uns ABE de ces Scalaires tiroient leur nom d'Abel , fils d'Adam -, mais il ne le rapporte ptis de fon chef , ni comme fon opinion. Jios nonnulli dicunt ^ &ic. Il eft cependant ailez vraitemblable que c'eft en effet la l'origine de ce nom, Ofc qu'ils furent ainfi appelés , parce qu'ils n'avoient pas plus de pottérité qu'Abel , à qui l'E- criture n'en donne point, & qui par conféquent n'en eut point ; non pas qu'il eût vécu en continence dans le mariage , mais parce que vrai! emblablcment il fut tué avant que d'avoir été marié : on pourroit dire cer- tainement , puiique l'Ecriture n'en dit rien , & que peut-être Ca':n tcn aîné ne l'étoit point encore lui- même quand il le tua. Un autre Moderne dit , qu'il y avoit une fable répandue dans tout l'Orient , qui di- foit, qu'après la mort d'Abel , Adam fut cent trente ans fans avoir de commerce avec Eve ; que c'cfl un fcnrimcnt des Docteurs Juifs -, que ce conte avoit eu coui%, même parmi les Arabes; que c'cft peur cela, qu'au rapport de Gigejus hyi.V,thabala _, en Arabe li- gnifie s'abfrenir de ta femme ; & qu'il eftle plus trompé du monde, fi cette opinion n'avoit point pénétré juf- qu'en Afrique , & donné occafion à leur nom. Il eft vrai que les Rabbins difent qu'Adam, touché de la mort d'Abel , fut long-temps fans uf cr du mariage , & jufqu'à ce qu'il engendrât Seth. Si quelques-uns difent que ce temps fut de cent trente années , c'eft u/ie erreur manifefte, & contraire à leurs propres Chronologies, qui mettent la naillance de Seth à la cent trentième année du monde & de la vie d'Adam, comme on le peut voir dans les deux Seder Olam, & dans David Ganz. Car comment auroit il eu Seth à fa cent tren- tième année , fi Seth n'avoit été conçu que cent trente ans après la mort d'Abel? Aufîî Abarbancl dit, que ce fut cent trente ans depuis fon péché. Car il croit, ccm- me beaucoup d'autres Rabbins, que Ca'n & Abel fu- rent conçus immédiatement après le péché d'Adam. Mais foit que l'on prenne fa pénitence 6c fa conti- nence depuis fon péché, ou depuis la mort d'Abel, ce teroitla continence d'Adam, & non pas celle d'A- bel , que ces hérétiques auroient imitée ; & ti c'eût été de cette fable que leut nom leur fut venu , on les eût nommés Adamites ^ ou Adamiens^pkitoz quAbe- liens. Le thabala des Ar.abes ne prouve point que ceux qui à l'exemple d'Adam n'uf oient point du mariage, fuflent nommés du nom A! Abel. Car 1°. ce thabala ne vient point du nom àAbel , h^n i s'il en venoit, il s'écriroit par unn, & non par un S. Il ne faut point dire que ces lettres te changent aifément -, car les Ara- bes ne l'ont point fait. On peut voir tOHs nos Inter- prètes , aulfi-bien qu'Eutychius , & Abulfaragius , qui écrivent touslenomd'y^/'d/par un n, autlî-bien qu'en Hébreu. 2°. Thabala vient de ahala, qui comme \a- bal des Hébreux , lignifie être en deuil , en atllidlion , & s'abftcnir en général du plaitir à raiton du deuil j de forte qu'il vient de rai'<2/ des Hébreux , comme l'a très-bien remarqué Golius , & après lui Caftel. Aintî il eft plus croyable que les hérétiques dont nous parlons, s'appelèrent Abeliens ^ parce qu'ils ne laiffoient point de génération non plus qu'Abel. Cette hérétie fur toute renfermée dans un teul village, & ne dura point, comme S. Auguftin le remarque. Eft qu&dam h&refts rufticana in campo nojiro , id eft j Hipponenft _, vel potius fuit. Paulatim enim diminuta in una exipua villa remanferat : in quaquidem paucifjimi ,fedonmes hoc fuerunt. ABELISER. v. a. Vieux mot, qui veut dire. Charmer & ravir. Allicere ^ delinire. On difoit aulîi Abelir. Si m'abélifoit & féoit. Rom. de la Rose. ABELLE. Petite rivière de Pologne. Abella. Ellearrofc laSamogitie, & fe jette dans la Nieuvara, au bourg de Kieydani. ABELLINAS. Abellina valus, grande & belle vallée de Syrie , entre le Liban & l' Antiliban , dans laquelle eft Damas. ABELLION. f. m. Abellio. Ancien Dieu des Gaulois. On a trouvé vers Gominges, dans l'ancieime Novem- populanis ABE populanie trois infcriptions antiques qui font mention de lui. Scaliget les rapporte dans Ion L. i.fur Aufone ^ C. g. 6c Grutcr. p. jy. La première eft, D E O A B E L L I O- Nl MINUCIA JUSTA V.S.L.M. Les autres n'apprennent rien davantage de ce Dieu. Bouche en Ton Hifloire de Provence , T. i. p. Ci. ' croit que c'étoit un Dieu qui ctoit adoré en quelque lieu anciennement nomme AhelLio. Vollms , de Ido- loL L. 11. C. /7. croit que c'eft le Soleil; qu'il a été ainll nommé du nom Bélus ; que les habitans deP.im- piiilie & ceux de Crète appeloient ainlî le Soleil, comme le dit Hcfychius ; que les anciens Piomains nommoient aulli le ioleil Apello , au lieu d'y^/W/o ; que ce nom pouvoit^ s'être formé du mot A't=A/« , qu'ils avoientpris de l'île de Crète; que c'eft ainli que pour kemo , on a dit komo , & peur bonus , benus , d'où eft refté bcr.k. Quoiqu'il en foit, le nom Apollo ne s'eft pas fait de i'A'fii'AMf des Cretois , mais de I'a'tu'aam. des Grecs. ABELMAÏÀL Ville de la Terre -Sainte. Abelmdim. Adri- chomius la diftingue d'Abela , ou Abel-Maacha, & prétend que c'étoic une ville diftérente. Le P. Lubin , au contraire, foutient qu'en comparant le 111^ livre des Rois, chap. XV , i'. 2 , & le ir. des Parai, chap. XVI,-j,'\ 4, on ttouve que c'eft la même. L'un & l'au- tre la placent dans la Tribu de Nephthali, contrée de la Galilée fupérieure. Ce mot fignifie Abel àss eaux, ou les eauxd'Abel, C31D , en Hébreu, aqus. ABELMELUCH. i. m. Efpèce de ricin ou de paLne de Chrift. Cet arbre croit aux environs de la Mecque. Ses femcnces font regardées comme un purgatif vio- lent. DicT. DE Med. ABEL-MEHULA, ABELMEULA , ABELMAULA. Ville de la Terre-Sainte. Abelmehula. Elle étoit dans la demi-Tribu de Manalîc , qui étoit au-delà ou à l'orient du Jourdain, Abel-mehuUi étoit la patrie du Prophète Elilée. ABEL-MOSC. 1. m. Qu'on nomm? en François , Âm- brcttc y ow. Graine de mufc. C'eft la femence dune plante qui croit en Egvpte , & dans les Iles Antilles , qui a des feuilles verdures & veloutées, alfcz (em- blables à celles de la Guimauve; ce qui lui a fait don- ner par nos- nouveaux Botaniftes le nom de Guimauve veloutée deslnics. Alîhaa Indica vi//o/?r. Cette graine n'eft guère plus grolle que la tête d'une très-grolFe épin- gle , de la forme d'un petit rognon , grisâtre & comme ch.agiince par-deiFus , «^' d'une odeur qui tient tout enlemble de l'ambre & du mufc. On s'en lert princi- palement dans la compolition de quelques parfums. Les Parfumeurs Italiens s'en fervent beaucoup. En France les Religieules & les Patenotriers en font des chapelets. On lit dans Blancard, que cette plante Eg'.p- tienne a l'odeur du mule, & que les Arabes lame- lent avec leur café , pour la lui communiquer. ABEN-EZER. Nom de lieu dans la Terre -Sainte , fitué entre \iafphat & Scn. C'eft là que les Ifra'clires fu- rent défaits par les Philiftins, ^queTArchî d'Alliance fut prile. Ce mot qui eft Hébreu lignine, la pierre du fecours ; venant de pS , aben , pierre , &1lj; , e^er iecours. L'armée campa près de la pierre du fecours. Sacy. Ifracl campa près d'Fben-hcJer. Trad, de Gen, et les Desmar. Il ne faut point hefer par un k^ mais efer. Il eft mieux. C'eft en Hébreu un ain. ABENOW. Ahnoba. Montagne de Souabe,en Allema- gne, dans la principauté de Furftemberg; elle commu- nique fon nom à la longue chaîne de montagnes qui s'étendent entre le Rhin & leNékre, depuis les vil- les foreftières jufqu'à celle de Phorsheim. Maty. ABHNSPERG. AbufinayAventicurrij Ahenfpers^a. Ville ABE ij de Bavière, près du confluent de la rivière d'Abeuft & du Danube , à quelques lieues au-deifus de Ratif- bonne. ABENST. Petite rivière de Bavière , qui fe décharge dans le Danube , près de la ville d'Abenfperg. Ampla. ABÉONE. f. f. Abc-ona. DéelFe du Paganifme, à la- quelle les Romains le recommandoient quand ils fc metcoient en chemin pour s'en aller. S. Au g. De Civ. L. IV. C. 22. Ce mot eft formé du verbe Abeo j jt m'en vais. ABERAVON. Bourg du Comté de Glamorgham, en An- gleterre. Il eft a l'occident' de Cardiife , proche de l'embouchure de la rivière d'Avon. Aberavonium. Ce mot peut être une preuve que la langue Celtique, que parloient les anciens habitans de l'Albion ou de l'Ile Brit\BOKELLE. f. f. Terme ^. L'Abolition d'une Religion coûte toujours dii lang, & la vicl;oire peut n'être pas attachée, en cette occafion, à celui qui le répand : le periécuté y triom- phant quelquefois du perfécuteur. M. l'Abbé Girard, C'eft ainii que le Chriftianilme a triomphé du Paga- nilme par le martyre des premiers fidèles. Abolition d'un cuite fupeiftitieux. L'entière abolition de l'Ordre des Templiers. Abolition. Terme de Chancellerie. Abolitio criminis. Lettres de pardon du Priiice , par lesquelles il abolit entièrement un crime qui n'eft pas rémilîîble par les Ordonnaiices , lans même qu'on (oit tenu d'en expli- quer les circonftances , & de les rendre conformes aux inlormations , ainfi qu'il eft requis aux Lettres de grâce , qui ne s'accordent que pour les cas rémilîî- bles. Abfolutori& littcnt. Les Lettres A' abolition doi- vent contenir cette claute : En quelque forte it ma- nière que le cas puifte être arrivé. Celui qui obtient l'abolition de fon crime fe met au nombre des inno- cens, tk reprend fon premier rang , Liv. III, S.dcac- Ciifat. De roch. Quoique la parole d'un Roi foit un fondement inébranlable , néanmoins en matière de j ABO crime de Lcie-Majefté, il faut toujours faire entéri- ner les Lettres à' abolition au Parlement. Matthieu , en la vie de Henri IV. Llv. V. De Roch. L'amniftie eft une abolition générale de tout ce qui s'eft commis dans la guerre civile. LesLettresd'iî/'o/if^ow pour les Gen- tilshommes, font adreifées aux Parlemens; & pour les roturiers, aux Baillits , Sénéchaux , ou à leur déhuit aux autres Juges rellurtillansnuement auxParlemens, pourvu, luivantla Déclaration de 1681 , que les cri- mes aient été conunis dans leur rellort. Le Roi n'ac- corde point de Lettres d'abolition pour les duels , les ailallînats prémcdités , le crime de rapt commis par violence. Ordonnamce de 1670. Tit. XVI. ABOMASUS. C'eft l'un des eftomacs des animaux qui ruminent. On en compte quatre. Venter, Reticulum , Omafus &c Abomafus. Ceft ce qu'on -nomme, pro- prement la caillette. Ce mot eft latin, & vient à'Q~ mal us , ou Omaf::m , qui fe trouve dans Pline. ABOÀIINABLE. adj. m. & f. Horrible, dcteirable, exé- crable. Abomlnandus , detefiandus. Le repas d'Arrée (Se de Thyefte lut un repas abominable. Néron étoit un monftre abominable -, L'hérélie d'Arius étoit abo- minable. Le parricide eft un crime abominable. Il (e dit par exagération de tout ce qui eft très-mauvais. Une phrafe abominable , une mufique abominable. Ce mot , ainh que détejlable ëc exécrable , di- figne quelque chule de trè; odieux , de mauvais au(u- prême degré. Abominable paroit avoir un rapport plus particulier aux ina'urs. Il marque une laie corruption. Détejlable a plus de rapport au goût. Il marque de la dépravation. Exécrable a plus de rapport a la con- formation. Il marque une extrême difformité, une fi- gure liideufe. Comme le mot abominable déiigne une choie odieiife au luprême degré , il eft évident qu'on ne peut pas l'employé^' au luperlatif , ou qu'on ne peut pas diïc iics-alominable. Mais on peut s'en (ervir peur comparer un crime abominable à un autre crime plus abominable encore. ABOMINABLEMENT, adv. Exécrablement , horrible- ment. Abominandum , dctefcandum m modum. Il en a ufé avec Im abominablement ■ c'eft à dire , dune manière dcteftable : & par exagération, il écrit abo~ fninabUment. ABOMINATION, f. f. Horreur , exécration. Ahomi- nanda , detefianda res. L'Eghfe a cette opinion en abo- mination. Le Seigneur a en abomination les laiigui- naires. Saln. Ce Icélérat eft en abomination à tous les gens de bien. Ce mot iîgnifie aulîI la chofe , ou la perfonne même abominable. Ce brigand commet tous les jours mille abominations, il eft \ abomina- tion de tous les gens de bien. On dit les abominations des Gentils , pour dire leur culte idolâtre. Acad. Fr, 03° Abomination de la désolation. Phrafe tirée de l'Ecriture-Sainte , qui exprime les plus grands excès de l'impiété ; la profanation portée au luprême degré. ABOMINER, v. a. Vieux mot qui n'eft plus en ufage. Avoir en horreur. Abominari , execrari. Ces mots viennent dî abominari , comme qui di- tok, abomine rejicere, rejicere tamquam malum y Rejeter une chofe comme fi elle étoit de mauvais augure. ABONDAMMENT. adv. En abondance. Alundjntcr, abundè , copiosè , cumulatr\ Cette foui ce donne de l'eau abondamment. Ce champ me fournit abondam- ment de quoi vivre. Le Paralite ne ieme ni ne moif- lonne , & trouve tout abondamment. ifF ABONDANCE, f. f. Grande quantité , affluence de plulieurs choies en un mane lieu. Abundantia y copia. Les Etymologiftes dérivent ce mot à'ab & un- da , eau, vague, parce que dans l'abondance les bieui viennent en aftluence, & pour ainii dire, comme des flots. La commodité des rivières amené l'abondance à Paris. L'abondance n'eft pas toujours la marque de laperfeélion des langues. Bouh, On le lalfedes plaifirs , & l'abondance engendre le dégoût. Ablanc. Il étoit dansuneheuvcufc abondance de toutes chofes. Patr. On appelle la corne de la chèvre /malthée , la Corne d'abondance. Copia cornu. EnSculptuie & en Peinture , c'eft une figure de corne d'où il fort des fruits. L'Ar- ABO cliitcâ:ure de ce Palais eft ornée pair-rout de cornes à'aho/idance. A l'égard des A[cdailles,onobrcrve qu'elle le donne à toures les Divinités , aux Génies , aux Hé- ros, puur marquer les richcires & X'abonJand: , pro- curées par la bonré des Dieux, & par la valeur des Héros. Quelquefois l'on en met deux, pour marquer une abondance extraordinaire. V abondance eft quelquetois repréfentée fur les Mé- dailles, fous la forme d'une Divinité. Elle tient à la main des cpis , & elle a a fes pi^'d* un pavot entre des épis lortant d'un boilîeau. On dit proverbialement , de l'abondance du cœur la bouche parle-, pour due, qu'on ne peut retenir cer- taines choies , Se qu'on eft prellé de s'en expliquer. Ce proverbe, lî c'en eft un, ou plutôt cette phrale eft prife derEvangile,MATTH. XII. 54, Luc, Vl,4j, où Jesus-Christ dit:C'eitde l'abondance du cœur que la bouche parle, pour marquer que quand on eft plein de quelque choie , quand on l'afteclionne beaucoup , on en parle fouvent. Le Roi parloir de la lorte, & il ctoit ailé de juger par la véhémence de Ion aétion , qu'il parloir de l'abondance du cœur. BouH. Xav. L. V. Le P. Bourdaloue, Exhort. t. i,p. 149 ,adit : Si l'abondance du propre fcns , ou l'ennui de la dépen- dance l'avoir porté à quelques lenrimens contre lio- béillance Se fou aveugle limplicité , vous allez tout régler iSc rour réformer. On dit. Abonder en Ion pro- pre lens. f'oyex Abonder, Mais je n'ai point vu ail- leurs l'abondance 4^ propre fcns. Ce mot fe dit dans les Collèges , du vin mêlé de beaucoup d'eau , que l'on lert a table aux penfion- naires-, & on l'appelle ainli, ou parce qu'on en donne abondamment ,& tant que l'on veut, ou parce qu'il y a abondance d'eau. Vinum aquâ temperatum. Abondance, f. m. Nom d'homme. Abundantïus. Il y a plulieurs Saints de ce nom. ^fT Abondance. Petite ville de Savoie , dans le Du^ ché de Chablais, au pied d'une chaîne de montagnes , à trois milles géométriques du lac de Genève. Dans le voilînage de cette ville , il y a une Abbaye appelée Notre-Dame de l' Abondance , qui eft au- jourd'hui de la Congrégation des Feuillans. ABONDANT , ANTE. adj. Abundans , affluens , cïr- cumfluens , qui abonde , qui procure l'abondance. Un jardin abondant en fruits. La langue Grecque eft fort abondante en mors. Cette maifon eft abondante en biens. Ce Prédicateur eft abondant en parolev ik en comparaifons. La Perle étoit alors pailiblc Se abon- . dante en toutes choies. Vaug. Abondant , lignifie encore, Grand (Se ample. Une pluie abondante. Une abondante nourriture. La proiuhon des louanges eft aujourd'hui li abondante , qu'il eft lurprenant que tant de gens en loient li avides. Port- Royal. Un nombre abondant , en terme d'Arithmé- tique , eft celui dont les parties jointes enkmbie par addition , fonr un autre nombre plus grand que celui dont elles font parties. Ainlî 12 , eft un nombre abondant , parce que les parties qui font 1,2, 3 3 4 > & 6 , font feize. Harris. Mais 10 n'eft pas un nom bre abondant j*p'ârce que i , 2 & j , qui (ont les par- ties, ne font que S. d'Abondant, adv. Injuper ^ prMereà. Il lui a dit cela d'abondant. Ce mot vieillit ,& ne fe dit guère qu'au Palais pour marquer la lurabondance de droit. A tou- . tes ces railons, j'ajouterai a abondant. ABONDE, f. m. Nom d'homme. Abundlus. ABONDER. V. n; Avoir beaucoup de quelque chnfe, avoir une grande quantité , & par extenfion , être en grande quantité. Abundare j, affluere ■, cïrcumfluere. Ce pays abonde en froment, en vin, en fourrages. Cet homme abonde en richeftes , en efprit. Toutes lortes de dé- lices abondent en ce lieu. Voit. Cette famille abonde en honnêtes gens. Toutes choies abondent dans cette maifon. Tout abonde chez un financier. . On dit figurément , qu'un homme abonde en fon fens \ pour dire , qu'il eft arraché avec opiniâtreté à fes ientimens, & qu'il ne veiit jamais s'en rapporter au fcntiment des autres. Pertinax. Cette expreflîon eft prile de l'Epître aux Romains , XIV , 5. Il y a ABO 5I pourtant cette remarque à faire , que faint Paul l'a dit en bonne part , au heu que dans nctre langue l'ufage eft de la dire en mauvailc part. Cn parleioit mal en difant , Abonder enjon fenf.ment , quciqueyc/2j Scjen- tïmcnt loient ici la ra.?me chofc. Vaug. On dit au Palais , ce t)ui abonde ne vicie pas ; pour dire qu'une railon, qu'un moyen de plus ne peut nuire dans une affaire. ABONNEMENT, ou ABOURNEMENT , ABONNA- GE , ou ABOURNAGE. f. m. Traité ou convention , par lequel on abonne j c'jçP;-à-dire , on vend eu on rachere a un prix certain une redevance inccrraine. CUentelaris juris venditio , vel r^dernptio. Ce mot vient de ce qu'on met de certaines bornes & limites aux droits incertains qu'on pourroit prétendre. Paq, On diloit même autrefois bonnes pour bornes , ou limites. C'eft pourquoi on difoit. Abonner un héri- tage; pour dire, y mettre dei bornes. Îv^énag. Il eft abonné a tant par an pour tc>us droits Seigneuriaux. Ce Marchand eft abonne à cent ccus par an avec le Douanier, pour les droits d'entrée de toutes fes mar- chandées. Il ledit avec le pronom perfonnel: Jem'û- bonnaij je luis abonné. Dans piuiieurs Ccucumcs , les rouilins de lervice lent abonnés a un écu. Les abonne- mens avec les Sous-Fermiers des Aides font obliga^ toires, pourvu qu'ils foient rédigés par écrit , & il eft défendu d'en recevoir la preuve par témoins. Or- DONN. de 16S0 lur le l.iit des Aides. ABONNER, ou ABOUUNER. v. a. Terme de Palais, Eftimer & réduire à une certaine lomme d argent un droit qu'on recevoir ou qu'on payoit en efpcces , & dont le prix étoit incertain. Ciieiitelarïajura vendere^ vel redimere. Dans l'ulage ordinaire on dir abonner , & non pas abourner. On a abonné cette Province à telle fomme. Abonner, eft aullî quelquefois neutre paiîîf,& l'on dit : Je fuis abonné h. tant avec le Fermier des Aides; c eft- à dire, je luis convenu avec lui qu'au heu de lui paver à chaque ronneau de vin que je ferai entrer , ou que je vendrai, la lomme qui lui revient, je lui donne- rai par an ou par mois , une telle fomme pour tcuj ceux que je pourrai faire entrer, ou vendre. En cette forme on le joint quelquefois au pronom peiior.nel. Je me Ims abonné. Il s'etoir abonné. Vous vous feriez abonne. Abonner, lignifie aulîl. Aliéner, changer: c'eft quand un valTlrl aliène les rentes, ou change Ion hommage en qrlelque autre devoir. Abalïenare .ycommutare. I o\er les Coutumes d'Anjou & du Maine. L'ancienne Coir- tume de Tours portoit aliéner, au lieu d'abonner j qui elt en la nouvelle. ABONNÉ, E£. parr. P^cnditus j\el redemptus. Cham- part abonné ou abourné. Les Coutumes font aulIl fouvent mention d'hommes & de femmes ferfs abon- nés , de quête abonnée ^ d'aides abonnées ; c'eft -à - dire , fixées. Oii dit auili , Des Meuniers abonnés au Seigneur , pour avoir permilîion de chalfcr, &: de chercher les mounées dans fa Seigneurie. On dit aullI , Taille abonnée en la Coutume de Nevers , & abournée en la Coutume de Troyes. ABONNI , lE; part. Melior redditus , effeàus. En falant les viandes, elles en (ont abonnLes.i.A Quint. Ce mot le dir peu. ABONNIR. V. a. & pron. Rendre meilleur, ou devenir' meilleur. Renimelioremfacere ^ meUoremfier:. Les Ca- baretiers trouvent moyen d'Abonnir leur vin par des drogues qu'ils y mêlent. On le dit auiïi avecleproncm perionnel. Cet homme s'abonnit tous les jours depuis qu'il hante les gens de bien. Les fruits s'atonnijj'cnt cnmûrillant. Ce mot le tire du Latin bonus 3 bon. il n'eft en ufage que dans la cojiverfation. Abonnir eft auffi neutre , & lignifie Devenir meil- leur. C'eft un vieux pécheur , il n'abonnit point eii vieilliiranr. Il eft fimiher. Acad. Fr. Abonnir. Terme de Porier , qui lignifie Fairefécher le car- reau , Se le mertre enérat de rebattre. Sïccare , durare. (X? ABONOÉ. Petit pav;. d'Afrique , au dedans de celui des Nègres , confinant à l'occident à Aguemboe , au 31 ABO midi à Algwana , au feptentrion à Aboera , à l'oiient au grand Acara. ABORAAS. Foye-:^ Abaraas , Abaraus. ABORD, r. m. Entiée , accès , approche. Aditus. On le dit proprement des ports , des endioit5 où les yailleaux peuvent mouiller. Les abords àc cette place lont dan- gereux. Toutes les côtes d'Angleterre & de Hollande font de difficile abord. Le commerce Heurit d'ordi- naire dans les ports qui font de f-icile abord. Ce mot eft compote de tz & de bord, lignifiant Rivat^e.^ On le dit par extenlion de l'aftluence des pertonncs qui arrivent , ou des marchandifes qu'on apporte dans un même lieu. Appulfus. Il y a un grand abord de monde , de marchandifes dans cette ville. L'abord des Marchands étrangers le fait en la mailou des Confuk établis dans les échelles du Levant. En termes de guerre , on le dit d'une attaque foit par mer , foit par terre. L'abord des François efl à craindre-, on ne peut foutenir leur premier iî/'ora'. L'a- bord fut rude quand on eut accroché le vailfeau. Im- petus , û[fidius. On le dit aufïï des approches d'une ville alFiégce. 0CF Abord , Synonyme d'arrivée. A notre abord dans rîle nous fûmes attaqués. §Cr Abord, fe dit figurément en parlant des pcrfonnes dont on approche. On aborde les pcrfonnes à qui l'on veut parler. Les Princes, dit l'Abbé Girard, donnent accès: ils fe laiirent aborder & permettent qu'on les approche. L'abord eft rude ou gracieux : l'accès efl: fa- cile ou diflicile: L'approche efl utile ou dangereufc. Le Prince a l'abord doux , gracieux. Sa bonté infpire de la confiance à ceux auxquels l'impreilion de la grandeur peut faire appréhender fon abord. Il lied bien aux Magiftrats & à toute perlonne placée en di- gnité d'avoir l'abord grave , pourvu qu'il n'y ait point de fierté mcléc. On ditdans ce fens, qu'un homme a paru froid,gravc, férieux du premier abord j & dans le ilyle tamiher, de prime abord. d'xAbord, Tout d'abord j, De prime abord, à la pre- mière vue , font des phrafcs adverbiales. Primo af- peclu, prima front e. Du commencement. Principio , initia. Aux tables de Pcrfe on fert d'abord le fruit & & les confitures. Tout d'abord a. une fignificationplus forte. Quoique je n'eulle point vu cet homme il y a longtemps, je le reconnus tout d'abord. Cette nouvelle me furprit d'abord. ABORDABLE, a. m. & f. Acceirible, Ad quem facilis ejl aditus. Cette côte n'efi: pas abordable à caufe des ccueils. Cet homme eft fi glorieux, ciu'il clt aborda- ble à peu de pcrfonnes. ifT ABORDAGE, f. m. Terme de marine , lignifie l'approche & le choc de vailfeaux ennemis qui fe joi- gnent & s'accrochent par des grapins & par des ama- res pour s'enlever l'un l'autre. Allant de deux vail- feaux qui s'accrochent l'un à l'autre par des grapins. Appulfus , infultus. Aller à l'abordage, fauter à l'abordage , fe dit de l'aélion ou de la manœuvre d'un vaifleau qui en joint un autre pour l'enlever, auiri-bicn que de celle des équipages qui fautent de leur borda celui de l'emiemi. Faire l' abordage en belle ou de bout au corps , c'eft- à-dire , l'éperon dans le flanc. L'abordage de franc ctable, eft celui qui fe fait par le devant & en droi- ture , pour s'enlerrcr par les éperons. ^ Abord AGE, fe dit encore du heurt de deux ou plu- fieurs vaifleaux que la force du vent fait dériver les uns fur les autres. Dans les tempêtes, il n'y a rien de plus à crainder que l'abordage. Les vaiffeaux portent des feux la nuit pour éviter les abordages. Ac. Fr. ABORDÉE, d'ABORDÉ E , pour abord ,d' abord , qu'on rroUve dans Cotgrave-, de première abordée , pour DE premier ABORD,font des mots furannés. Un grand vieil homme fort maigre & pâle me demanda d'abor- dJe , Il c'eftoit pas moi qui avois imprimé le Catho- licon.../7. 220. On zd']0\\{\:i de première aborde'e qua- torze (Ligueurs ) au confcil des Quarante.. . p. 376. ABORDER, v. n. Arriver en quelque lieu , fpécialemcnt par mer, aller à bord , prendre terre. J'aborde , J'a- ABO bordai j Je fuis aborde'. Appellere navem _, clajfemap- pellere. Dans ce fens on le joint avec les prépofi- tions à ^ au , aux. Aborder au rivage , à la côte. Il n'eft pas sûr d'aborder à cette côte , parce que la mer fe retirant , les vaillaux y demeurent à lec. Il ne put aborder j, à caufe que la rive étoit efcarpée. Ablan. Nous avons abordé, nous fommes abordés. On l'emploie aufli à-peu-près dans la même lignifi- cation qu'approcher , accedere. Ad. Nous ne pûmes aborder de la place , parce que toutes les avenues étoient gardées. Il fut impoilible d'aborder du Palais , à caule de la foule du peuple. M. D'Ablancourt s'en efi fervi, pour dire, arriver e/î foule. Les prétens abordent chez moi de toutes parts. ^fT Aborder, v. a. En parlant des vaifleaux qui fe com- battent, faire les manœuvres néceilaires pour l'abor- dage. Foye^ ce mot. Aborder un vailleau, c'ell en approcher, le joindre. Dans un combat les vaifleaux tachent toujours d'empêcher qu'on ne les aborde. |Cr Aborder, ie dit dans le même fens, des hommes qui fe battent , Si fignifie , non l'aélion d'attaquer l'ennemi , comme le prétendent les Auteurs du Nou- veau Vocabulaire , mais l'acrion de l'approcher har- diment , pour l'attaquer. Ce bataillon aborda l'ennemi «vec une contenance terme. ^fF Aborder, fe dit aulîi figurément, à-peu-près dans le même fens ; pour dire, accofter quelqu'un à qui l'on veut parler, s'en approcher. Ce terme, aeeojler , n'eft que du dilcours familier ; mais il eft ici bien à fa place. Adiré aliquem. Il y a des gens qu'il eft diffi- cile d'aborder. Les Grands doivent foulager le rci- peét & la timidité de ceux qui n'ofent les aborder. Lorfqu'on veut être connu des gens , on cherche les moyens d'avoir accès auprès d'eux: quand on a quel- que choie à leur dire , on tâche de les aborder , & lorfqu'on a delfein de s'inlinuer dans leurs bonnes grâces, on cllaie de les approcher. Foye^ Accâs»,. Approcher , Abord. Aborder la renûfe. Terme de Fauconnerie, quife dit lorfque la perdrix , pouflée par l'oileau , a gagné quelque buiflon: alors on aborde la remife lous le vent , afin que les chiens Icntent mieux la perdrix ca- chée dans le buiflon. ABORDÉE , ÉE, part, vaifleaux abords. ABORENER. v. a. Ce mot le trouve dans le Romande la Rofe , pour dire , Abhorrer : il vient d' abhorrerez BOREL. ABORIGINES, eu ABORIGÈNES, f. m. pi. Il y a quatre principales opinions fur l'origine de ce peuple, qui feront connoître en m.ême temps celle du nom. i". Aurelius Viétor les appelle y^/'-or/çc/zcjj comme Ci l'on diloit Abeorigenes j vagabonds , de ab Se erro. J'erre ca £' là : Se il prétend que ce font des Scythes , qui vinrent demeurer dans cette partie de l'Italie : Feftus eft aullî de ce (entimcnt. S. Jérôme dit qu'ils ont été appelés Aborigènes , parce qu'ils n'avoient point d'origine, de ab Se origo , origine; c'eft-à-dire, parce qu'ils étoient originaires du pays , & non point d'une Colonie venue de nouveau , ou , comme dit De- nis d'Elalicarnaffe qui rapporte ce fentiment , mais fans l'embrafler, ■f'o- Tj'^sïîVftos toTs^ît' a'vxss àf.^ai , parce qu'ils fuient les chefs de la poftérité qui habita ce pays. Vireile femble eue de ce fentiment. ^dE/zdo'.Lib. VIII. \ v. 177. Satumusque Senex Janlque Bifrontis Imago , Vefiibulo adjlabant , aliique ab origine Reges. Car Servius remarque , que ab origine Reges j eft mis pour Ab originum Reges. Se Phne, Ziv. IF^ dit qu'en appelle les Tyriens Aborigines Gadium , les Aborigines de Cadix, parce qu'ils en étoient les fon- dateurs, î". Denis d'FIalicarnalle croit qu'ils font ap- pelés Aborioines ; a Copier t; de ce qu'ils habitoient les montagnes , comme qui diroit aot» J'ptn à Monti- bus. Virc;ile femble favorifcr ce fentiment. jSneid. Lit). VIIÏ. V. 521. Is genus indocile ac difpcrfum , Montihus altîs Ccmpofuit J le^efque dédit. D'autres, ABO D'autres , du Danet , en fuivaiit la mcme opinion , le dérivent de ab , pcrc , & de orï , caverne ^ ou lieu creux. L'origine eft HebniVque , mais il falloir dire , har , ou hor , Montaigne , pcrc des montagnes : fils des montagnes, C3iin oa fcroit plus dans le génie de la Langue llcbraïque. Quelques Auteurs prétcndentqueChar-n, qui éroit le Saturne des Egyptiens , ayant ramailé divers peu- ples errans , les conduiiir en Iralie. Tice-Lr.e & De- nis d'Halicarnafle alsrircKt que \t% Aborigines vinrent d'Arcadie lous la conduite d'CEnotrus, fils de Lycaon : Gcnebrard prétend que ce font des Phéniciens, ou. Cliananécns chaires par Jolué. Outre les Auteurs que je viens de cirer , l'oye^ SuiriAs , & les Notes de Por- Tus. Jean Picard dans la Celcopœdiej Liv. V , pré- tend que les Aborïi^ïncs étoient une Colonie Gau- loile. Il le fonde non-ieulcmcnt fur Caton & Sclin , mais encore lur Timagène , fameux hiftorien Grec , dont Suidas nous a conlervé le témoignage , & lur Ammien Marcellin, qui dit, que les Ahorïgïnes pa- rurent d'abord dans les Gaules. Danet & Maty écri- vent Aborigènes , mais M. Corneille écrit Abori- gines. On appelle Aborigènes les preir.iers habitans , les naturels d'un pays, par oppolîtionàceux qui font ve- nus s'y étabhr. Acad. Fr. |p° ABORNEMENT. f. m. Aétion de mertre des bor- nes à un terrain , ou l'.eftet qui réfulte de cette adion. Voye\ Borne. AbORKEMENT , ABOURNEMENT, ABONNEMENT, ABON- NAGE. Termes lynonymes , fe prennent auiîl pour une convention qui le fait dans quelques coutumes , entre le Seigneur & les valfaux, par laquelle les droits féo- daux font fixés iJc arrêtés à une certaine lomme. ABORNER.v. a. Mettre, planter des bornes. Zi.vriMn., Li- mites ponere 3 (iatuere. Aborner un champ, un terrain. ifT ABORNÉ , EE. part. Terrain aborné , où l'on a mis des bornes. Campagne abornée. Limitatus. ABORTIF. IVE. adj. Qui eft venu avant terme , qui n'a pas acquis la perfecl;ion, ni la maturité, ^i^orri- vus. Fruit abortif. Enfant abortif, avorté , venu avant terme. Il eft de peu d'ulage , même comme terme de Médecine. Les Nouveaux Vocabuliftes auroient dû nous en avertir , plutôt que de s'amuler à nous dire qu'on ne dit point un abortif animal , mais un ani- mal a^orri/". Ce mot vient du \-:Xïx). aboriri ■, qui ligni- fie. Venir avant le temps. Abortif , Se dit quelquefois adivcment de ce qui a la vertu de produire l'avortement. Abortum facicns , jtroducens. DçsïQn\hàtsabortijs. Les remèdes les plus abortif s de leur nature. Il eft aulîî peu ulité dans cette acception que dans l'autre. ÀBOSi. Ville de l'île de Niphon , au Japon. Abofia , ou Abcfium. Elle eft dans la principauté de Farima , fur la côte, vis-a-vis hle Awad. Abofi eft une ville défendue par quatre forts. Elle a un grand magafin Impérial, & eft gouvernée au nom de l'Empereur du Japon , par un Bugio qui y réiîde ; un Intendant de l'empereur s'y tient aulTi , pour recevoir les revenus de ce Monarque iSc en avoir foin. Kœmpfer. L. V. p. 183. La carte de Kœmpfer la met environ au 165*^ •degré de longitude, & au 55^ de latitude Icptentrio- nale. ABOUCHEMENT, f. f. Entretien de bouche, de vive voix , Conférence , que deux'ou plulîeurs perfonnes ont enfemblc. CoUocutio. V abouchement des deux princes n'eut pas le fuccès qu'on en attendoit. Ména- ger un abouchement entre deux perfonnes. A.EoucHEMENT. Terme d'Anatomie. La rencontre (ScTu- nion des orifices de deux vailleaux, des veines & des artères. Venarum y arterarium concurfus. ABOUCHER, v. a. Faire trouver deux ou plufieUrs per- fonnes en un même lieu, pour conférer enfemble. Je les ai abouchés , $<: ils ont terminé leurs affaires. On le dit plus ordinairement avec le pronom perfonnel. il faut que ces chefs de parti %' abouchent enfemble. Les Rois de France îk. d'Éfpagne fe font abouchés pour la Paix des Pvrénées en 16^9. Aboucher ,fc dit aullî dans les Arts , des tuyaux qui en- Tome L ABO ?3 tfcnt l'un dans l'autre , qui fe touchent , qui fe com- muniquent. Tubum cum tuho jungere. On le dit par- ticulièrement en Médecine des veines & des artères , & autre ) vailïeaux qui ont communication , dont les orifices fe touchent. Confiuere , conjuncri. ABOUCHOUCHOU. f. m. Sorte de drap de l'efpècc de ceux nui s'envoient au Levant par la voie de Mar- feille. C'cft un diap de laine qui fe fabrique en Lan- guedoc , en Dc-.uphiné & en Provence. ABOUEMENT. 1. m. Terme de menuilerie, fynonyme àarralement. On le dit des joints des traverfes avec les montans , & même des joints de tout autre ailemblage , lorlquc ces joints lontaftleuies, ou aftleurcnr ,& qu'une des pièces n'excède point l'autre; eniorte que h l'on palloit l'ongle lur leur union , il ne ieroit point .arrêté. V abouement Aç. caioiYïts eft imperceptible. ABpUGRI, ou plutôt RABOUGRI. Terme dont on le lert dans les forêts , pour lignifier des bois de mau- vaile venue, dont le tronc eft couit, raboteux, plein de nœuds , & qui ne poulfent guère de branches. Ar- hûr retorrida , perufta j fcabra. Le bois abougri n'eft point propre pour les ouvrages, & eft fujet au recé- page. ABOUNA. f. m. Nom que l'on donne à l'Evêque d'E- thiopie. L'Abouna Jacobite lut rappelé. Mém. des Miss. DU Lev. t. IV. p. 284. ABOUQUEMENT. f. m. En fait de falines , c'eft une addition de nouveau fcl fur un meulon , ou monceau de vieux fel, qu'on appelle vache. Recentis falis ad veteris cumulum accejjlo. L'Ordonnance défend \'a- bouquement y fi ce n'eft en préicnce des Officiers Royaux. ABOUQUER. V. a. Faire un abouquemcnt de nouveau fel fur du vieux fel. Veterifali recentem addere. f^::r ABOUQUÉ , ÉE. part. Sel abouqué. Nouveau fcl ajouté à des monceaux de vieux fel. (ÇT ABOUT. f. m. Terme de Charpenterie & de Mcnuiferie. f^oye-^ Abouts. ABOUTÉ, adj. Terme deBlafon, qui fe dit des différen- tes pièces d'armoiries , dont les bouts fe répondent & fe joignent en croix. Veilera velleribus in cruccni obverfa. |C? ABOUTIGE, Aboutiche ou Abutich. Ville d'E- gypte, dans la Théba'i'de, h. deux lieues Fiançoifes de Siouth. Il y croit quantité de pavots noirs dont on fait le meilleiir opium. ABOUTIR, v. n. Se rendre, fe terminera un certain en- droit , en toucher un bout. Terminari. Cette maifon aboutit au grand chemin. Tous les rayons d'un cercle abcutijfent '3. ùm centre. Cette pyramide aboutir en pointe. Vaug. Aboutir, fe dit figurémcnt en Morale, de la fin que les chofes peuvent avoin Speclare , pertinere. Ce procès a abouti enfin à une tranfaélion. On ne fait où abouti- ront tous ces grands defteins. Les murmures alloienc aboutir à une fédition. Vaug. Aboutir, fe dit auiîi en Chirurgie , d'une plaie qui vient à fuppuration. Suppurare. On met des emplâ- tres , des cataplafmes, pour faire aboutir des bubons , des abcès , des iioncles , des tumeurs. Aboutir, en termes de Plombier , lignifie, Revêtir de tables minces de plomb blanchi, une corniche, un or- nement , ou toute autre failhe d'Architeéture & de Sculpture de bois. Plumbeas lamellas operi fculpto fuper addere. On fe fert pour cela de coins, & autres outils, mais en forte que l'épaiffeur du métal n'em- pêche pas que le profil ne le conferve. Quelques-uns difent amboutir. gCT A.eoutir, en hydraulique, c'eft raccorder un gros tuyau fur un petit. A..30utir,v. n. & n. p* Avec le pronom perfonnel, fe dit en termes de Jardinage, pourfignifier. Que les ar- bres font boutonnes. Ainfi nos Jardiniers difent: Nos arbres s'aboutifjent fort bien cette année. Les poirieis s'aboutirent tiès-bien l'année pairée. Nos pêchers font bien aboutis.Lcs Jardiniers ont tiré ce mot de bouton ^ plutôt que d'aboutir, terme de Médecine; & l'on dit aboutir , au lieu de boutonner. ^ ABOUTIjlE. part, ^oyeç les lignifications d'a^o«/r. 54 ABO ABOUTISSANT, ANTE. adj. Qui couche pai;^un bout. Ternimatus. Cette pièce de pré cft aboutijjante à la ïivièie par un bout , & par l'autre à la garemie. On dit au fubftantif , Ce champ a la torct & deux grands chemins pour fes tcnans & ahoutiffans ; ce font les bouts, & les côtés par où il tient à d'autres. On dit au Palais , Donner une déclaration d'héri- tage par tenans & aboutijjans , quand on déiîgne les bornes Se les limites de tous les côtés : ce qu'on ap- pelle autrement les bouts & joutes. Fines laterum & capitutn agri. Une faille réelle des biens roturiers doit contenir tous les tenans & about'ijfans. On dit figurément , Savoir tous les tenans & abou- tlfflins d'une affaire j d'une entrcprife 5 pour dire , En connoître parfaitement le fecret, en favoir le fort & & le foible, toutes les circonftanccs , "C'eft-à-dire , en écrivant ainfi : Abracadabra Ahracadabr Alracadab Abracûda Ahrrxad Alraca Atrac Abra Abr Ab A La fuperftition avoit attaché à ce met écrit de Li forte , de grands my ftères , & la propriété de guérir de la fièvre. M. Voiture a raifon de fe moquer de cette re- cette , & on auroit de la peine à croire que perfonne y eût jamais ajouté foi, fl l'on ne fivoit d'ailleurs de quels excès l'efprit humain eft capable , lorfqu'il s'a- bandonne à la fuperftition &; à l'amour des nouveautés en tait de Religion. Abracadabra, étoit une infcription qui fervoit de ca- radère pour guérir plulieurs maladies , & chafTer les Déinons. L'Auteur de ce caraftère fuperfticieux vi- voit fous l'Empereur Adrien. Il reconnoiftoit pour Dieu fouverain Abrîicax 3 ou Abraxas , duquel dé- pendoient plufieurs autres Dieux, & fcpt Anges qui- préfidcient aux fcpt Cicux. Il Icurattribuoit 565 ver- tus, autant que de jours en l'an, & débiroit je ne fais com- bien d'autres rêveries. S. Jérôme, dans fon Commentaire fur le chap. -; du Prophète Amas , écrit que le Dieu ABPASAS eft le même que les païens adoroient fous le nom Mitra ; & l'on trouve aullî des pierres gra- vées , où la figure d'un Lion couronné de rayons a pour infcription miqpak ou MI©pa5. On trouve chez les curieux plufieurs pierreries , fur lefauelles eft inf- crit ce nom Abracax. C'étoient les Gnoftiques , les Bafihdiens, & les Carpocratiens qui faifoient graver ces pierres, qui avoient des figures fort fuigulières , & qui repréfentoient quelquefois des Anubis , des ABR tètes délions , des dragons, é-a Les Anciens qui en ont parlé, font S. hénée, Liv. /. Ch. 24, de la dernière édition. TertuUicn, û'ePr^c/cri/'r. C/j. 46 S. Epiphane, hs.r. 24, num. 7 & 8. S. Jérôme à 1 endroit que jai cité, Tliéodorer , /^i;r. & fahul. Liv i. Ch. 4. S. Àu- Sull:in, ^.«r^yr 4. S. Jean Damalcène , A^r. 24. Tous ces Pères n'attribuent la fable du Dieu A'/?/a^aç qu'à Baiîlidcs, &aux Bahlidicns. Parmi les Modernes, Ma- carius &: Chiftlet ont fait des traités lur cet A'fifaaà?, Baronius , Gallendi , du Gange , le Pcre Hardouin dans une Dill'ertation particulière ; le P. Mouttaucon , PaUogr. L. IL Ch. H. Feuardcnt , & le P. Mafiuet dans leurs Notes fur S. Irénée , en font auilî mention. Le mot qu'on écrit ici ,Ahracax j doit être écrit en car.rdère Grecs, abpakah ; parce qu'outre que ccu\' qui l'ont autrefois invente , parioient la Langue Grecque , on n'y trouvera pas le nombre de 365 li on l'écrit en Latin: cette faute, qui ell dans la plupart des livres , vient de ce que la lettre grecque Sifjma , a la figure d'un C latin dans les anciennes infcriptions. Si donc on veut l'exprimer en Latin, il faut écrire Abrafax , a.ia.\. Au refte, Baronius a eu raiion de foutcnir dans l'Ap- pendix de fon fécond tome àcs Annales EcdéfijjTi- çaejj qu'il falloit lue abpa2a2, & non pas abpasas. Car dans tous les Pères Grecs qui en parlent , c'efVâ- dire,S. Epiphane, Théodorct,S. Jean Damafcéne , on lit A'/Sarciç. Ilii'y a que dans le: Latins qu'on trouve Ahr.-.xas :,?<., Ahraxan , à l'accutatif. Il eiT; vrai que dans S. Lrénée on lit A'jSjjaJaV; mais nous n'avons qu'en Latin le chapitre où il en parle, 'jm; au lieu de Mi>.y3aK. ABRACALAN. C'eft un terme Cabahftiquc, auquel les Juifs attribiient la même vertu qu'a Ahracad.ibni. Sel- den nous apprend , en parlant de Dus Synis j que ces deux mats font des noms d'une Dceflc Syrienne. Ainfl le charme fuppof'e apparemment une invocation de cette ancienne divinité. Dict. de James. ABRACONIS. Ville de la grande Arménie. Abraconïum- Elle fe trouve fur la rivière d'Almgeac. ABRAHAM, f. m. Abraham j Abrahamus. Nom propre d'un faint Patriarchejîkde Tharé , ou comme l'on pro- nonce en Hébreu, Tharahh, &pere d'Ifaac, aïeul de Jacob, & par lui perc de tous les Hébreux , qui font fouvent appelés les entans,c'efl-à-dire, les def'cendans à' Abraham. Dieu tira Abraham de la Chaldée , & le conduilit dans la terre de Chanaan, où il entra à l'âge de 75 ans. Ce Patriarche s'appeloit d'abord Abram , qui figi-iifie Pater excelfus. Après les promcfFcs que Dieu lui fît d'une poftérité nombreufe , il lui changea fon nom en ajoutant un n hé ^ au milieu , le nom- mant Abraham. Les Rabbins trouvent de grands myf- ftères dans ce hé y n, ajouté. Nos Literprètes expliquent ce mot en plutleurs manières. Les uns ditént que Omas, Abraham , efl la même chofe que pan 3i? , Père de multitude ; c'eiVà-dire d'une nation grande & nom- breufe. D'autres difént que c'efl \^0n "lOS, Multitude forte , puiffante. D'autres croient qu'il eil compofc de de trois motsaiaK&pc^.ce qui fîgnitie Pcre d'une grande multitude. D'autres enfin , que c'efl une con- traélion du premiernom de ce Patriarche D13i? , Abram j <î^'pDn,a/7zo;i j d'où l'onaditOm^S c'efl-à-dire , Pater excelfus multitudinis ; Père Haut, c'eft à-dire, glorieux d'une multitude , ou d'une nation nombreufe. La foi ^Abraham efl célèbre dans l'Ecriture. Dans le même llyle un entant d'.^Ara/^^w efl quelquefois un homme fidèle , plein de foi, qui imite la foi à' Abraham. Les Arabes difent Ebrahim,&c les Turcs Ibrahim. CG- ABRAHAM. ( Rivière d' ) Petite rivière de fourie , qui a fa fousce dans le mont-Liban , & va f c déchar- Tomc I. ABR ger dans la mer mcditcrrànée , eji coulant d'Orient en Occident. ABR AHAMIEN , ENNE , ou ABRAHAMITE. f. m. & f. Abrahamianus , Abrahamita. Nom de SeClc. Les Abrahamites nommes par les Arabes Ibrahimiah , du nom de leur Auieui: Ibrahim ou Abraham , parurent fur la fin du fécond fiècle de l'hégire , & au commen- cement du neuvième de JE s u s-C h ri s T,fous l'Empire de Nicéphore en (Prient, & de Charlem.agne en Occi- dent : ce fut dans Anfioche , fa patrie , qu'Ibrahim renouvclla la Sede des Paulianifles. Cyriaque , alors Pa- triarche d'Antioche , lui réfifta puiflamment. D'Herb, ABRAHAMITES, font aulhdes Afoines Catholiques du IX*^ fiècle,qui fouilrirent le martyre pour le culte des images fous Théophile, ainii qu'on le peut voir dans le ContinuateurdeContlantin Porphyrogénére,Z. nu C. II. ôc dans Cedrenus. J-Cr ABRA!V1B(E ou ABRAMBOU. Rovaume , ou plu- tôt petit état d'Afrique, au dedans du pays des Nègres, faifant partie de la côte d'or. La plupart des habitans s'appliquent à l'Agriculture. ABRÀME. 1. m. Nom d'homme. Abramius. Sozoni. L. IL C. 16. M. Chappel. 4. Fév. ABRAMEZ. f. m. Nom d'homme. Abraames, Chapp. 14. rév. ABRAN. Ville ancienne delà Tribu d'Afer, dans la Ga- lilée f upérieure , aux confins de la Tribu de Nephtali. Jos. XIX. 18. C'efl la même qu'Helba t, on l'appelle au!Îi Acran & Achran. Samfon la confond fans rai^ fon avec Elmélech. ABRANTES. Ville de Portugal. Abrantus. Elle efl dans l'Eftramadure de Portugal, fur le Tage , entre Portalègre & Leiria. ABRAsîON. f. f. Terme de Médecine. ^Z^n^/o. CafteUi rend ce mot par Ulcération fuperticielle des parties membraneuf es , avec déperdition de tubflance par pe- tits fragmens. Ainîi l'on dit , qu'il y a abrafion dans les inteftins, lorfque la membrane interne ell erculcé* rée , & qu'il s'en détache de petites parcelles qui font cxpultées avec les cxcrémens. Dict. de James, ABRAXAS. f. m. Pierres précieufes , fur lefquelles on giavoit des caraélères hiéroglyphiques , \x.tniixQo\\èîamulètcsicàt charmes. Certains Chré- tiens hérétiques, &: natifs d'Egypte, qui avoientmclé un grand nombre de fuperflitions païennes avec le Chrillianifme , font les premiers qui aient fait uni- verfellement connoitre ces fortes de pierres. Aux Abraxas owx. fuccédé,dans lesderniers temps, les Ta- lifmans j efpèce de charmes , auxquels on attribue la même efhcace, & qui font aujourdhui en grand crédit dans les pays Mahométans , à caufe qu'on y a. mêlé, comme aux Abraxas, les rêveries de l'Aftrolo- gie judiciaire. EJfai fur les Hiéroglyph. Abraxas. Divinité qui fut imaginée par des Seélaires au commencement du fécond ficcle de l'Eglife : c'é- toit, félon eux, un Dieu fouverain , duquel dèpen- doient pluiieurs autres Dieux , qui préfldoienr aux ci eux, (Se auxquels ils attribuoient 565 vertus, une, pour chaque jour de l'année. On le repréfentoit quel- quefois fous la figure d'Anubis ou d'un lion. On croit que cet Abraxas ell le Mithra des Perfes. Les lettres du nom de ce Dieu,prifes arithmétiquc- ment , égalent le nombre des jours qui compofenc l'année. De-là vient que faint Jérôme croyoit qu'.-^- braxas étoit le même que le Mithra des Pertes-, c'eft^ à-dire, le fcleil. Voici les lettres de ce mot rangées en forme d'Addition, /''oje^ S. IrÉnée, L. I. C.23. «. l. &. 1. f- ico. u. I. ?. 60. et. I. f. 200. 56;. §CT ABRÉGÉ, f. m. Quelques-uns écrivent affez mal >;c Ei.i 3^ ABR mot avec deux BB. Comme on n'en fait fcnrir qu'un tlans la prononciation , le fécond eft ablolument oiilf. Epïtomi. Raccourci , écrit dans lequel on réduit en peu de paroles ce qui efl ailleurs plus au long & plus en détail. C'eft une courte expoiition d'un long ouvrage. Mezerai a fait \'Abrégé6iÇ. fa grande Hiftoire, en trois volumes. M. le Préfident Henault nous a donné un ^i^rdVtf Chronologique de l'Hilloire de France. Voyci aux mots i^reaj & bonimaïrc ,1^^% nuances qui dillin- guent ces trois mots. Quand on veut louer txceirivement l'excellence d'une perfonne ou d'une choie, on dit que c'eft un Abrégé des Merveilles du monde. Orbïs miraculum. Les An- glois dilent que Londres eft l'épitome, ou l'abrégé du monde. L'homme eft appelé microcofme ^ pour dire , qu'il eft un abrégé des merveilles de l'univers. L'a- mour eft la plénitude & l'abrégé de toute la Loi. P0R.T-R. Abrégé, lignifie aulTi abréviation, retranchement de quelques lettres dans un mot, pour écrire plus promp- tement, & en moins d'elpacc. Compendium fcribendi. Il eft malaifé de déchiftier les abrégés qui lont dans les Bulles &z les iîgnatures de la Cour de Rome. Fslis. Abrégé, en termes d'Organifte, fe dit d'une certaine rédudbion des touches du clavier de l'orgue , qui a été inventée , afin que chaque touche , qui n'a que deux pieds de long , fe rapporte à chaque loupape des lom- mieis , qui (ont longs de 4 , 5 , ou 6 , pieds ; ce qui fe fait par plufieurs rouleaux , pointes ik chevilles : d'où vient qu'une marche du clavier lait fouvent par- ler un tuyau fort éloigné. En examinant un orgue, on connaît que les abrégés font bien faits , lorfque le clavier n'eft point tardif à donner le vent aux tuyaux , lorfqu'il fe ferme aifément , & qu'il n'eft pas befoin d'enfoncer beaucoup les touches. En Abrégé, Adv. Sommairement, En raccourci. Summa- tïm. Pour profiter de la ledure , il taut recueillir en abrégé ce qu'on trouve de plus curieux dans les livres. Contez-nous la chofe en abrégé ^ fans tant de circuits & de détours. ABREGEMENT, f, m. Accouiciirdllaent. Contraclïo. Ce mot a été renouvelé , parce qu'il eft très-commode. Le P. Bouhours le condamne pourtant dans cette phrafe : Ceux qui ont voulu introduire l'utage des tables , fem- ■blent avoir été trompés par ^abrègement des paroles & du papier. Port-R. On a trouvé que le P. Bou- hours avoir raifon. Ce mot n'a pas léuiîî. ABRÉGER, v. a. Rendre plus court , ou renfermer dans un plus petit efpace -, rendre en petit ce qui eft en grand ; Rellerrer ce qui éft diffus. Contrahere. Abrégerion dif- cours , dire fuccinclement. On a abrégé le temps de fon exil. Cette traverfe ij/'/v^-'c le chemin. Vu compen- dium. Les jours de l'homme ont été abrégés ^ & ré- duits à lio ans depuis le déluge. Les excès abrègent la vie. Ablanc. Ce mctvient de abbreviare. Nicod. On le dit quelquefois ablolument. Vous ères trop long , abrège-:^ j il faut abréger. Abréger un fief:, en jurifprudence féodale , fignifie , le diminuer , en éteindre & amortir une partie. On peut abréger un fief en le démembrant de quelque ma- nière que cefoir. Or, comme les mutations produifent des droits & profits féodaux , il eft certain qu'un Sei- gneur diminue fon fief, loiiqu'il admet des gens de main-morte à des héritages qui en relèvent. Perrière. ABRÉGÉ , ÉE. part. & adj. Raccourci , le plus court. Contraclus. Chemin abrégé pour alkr à la gloire. Pour abréger. Façon de parler adverbiale. Quid mul- ta y Ne longum Jît. Ow le dit quelquefois abfolument. Vous êtes -trop long, Ahrége-^^ Contrahc. Il faut abré- ger. ABRÉNER. Foyei Abaraner. ABRENONCIO. Mot Latin , qui fignifie , Renoncer. Le peuple s'enfert en François, lorfqu'un homme nie de mauvaife foi quelque dette , oii autre choie qu'on lui demande. Un tel avoit promis de payer cent écus , mais quand on les lui a demandés , il eft allé à abre- noncio. Ce mot eft tiré des cxorcifmes qui fe font en baptifanr, ou en faifant l'eau bénite, où l'on dit fou- ABR vent , ahrcnonclo. Le peuple s'en fert encore quand on lui dit ou qu'on lui hut quelque choie qui lui déplaît, à quoi il ne veut point participer; & ce mot a de l'é- nergie, ?, iJnt: , ou IDS , &c. félon l'endroit où il le trouve. Souvent même ils prennent ces premières lettres de pluheurs mots de luite , les joignent enlemble ; ik en y ajoutant des voyelles , ils font un nom barbare qu'ils donnent à la pcrionne qui "porte les noms qu'ils ont abrégés de lalorte. Ainfi Rab- bi Schelomoh Jarhhi , en jargon d'abréviations Mé- bra'iques s'appelle' ii^?/'^ ; Rabbi Moyte ben-Maïcmon, Rambam ; & de même en d'autres dicl:ions que les nomspropres. !::?''::?3, par exemple, ell: mis pour r]i?r;i;Di 1£:D3 \ti'ù , Donum in abdito avertit iram. Mercerus , David de Pcmis , Schindler, Buxtorf , & d'autres , ont fait des explications de ces efpèces de chiffres , fans lelquelles on ne peut aborder les Rabbins , fur- tout en commençant. Les abréviations de l'écriture s'appeloient Notes dans l'Antiquité. On les appelle encore ainfi dans les anciennes infcriptions Latines. Plufieurs ont fait des collections & des explications des abréviations Romaines. Une des plus ampUs eft celle de Scrtorius Urlatus , qui fe trouve à la fin des Marbres d Oxford. Sertorii ÙrfatiEquitis ^ de no- us Romanorum Commentarius. Tous ces mots vien- nent du Latin Abbrcviare , dont l'origine eif brevis , bref, court, qui vient du Grec ^paxi^!. f'C? Aberéviations , chez les Négocians , Banquiers & teneurs de livres, font des lettres initiales ou des carailcres dont ils fe lervcnt pour abréger certains ter- mes de .Négoce, & rendre leius écritures plus cour- tes. ABREVIATURE. f. f.Cemoteftla même chofe qu'.;- bréviation , mais il eft moins ufité. M. le Clerc fe fcrt ordinairement d'abréviature au lieu d'abréviation- M. Gale , dans 1 édition de quelques auteurs Grecs ^ qu'il a procurée, en a baïuii toutes les abreviaturcs. Le Clerc. ABRI. f. m. Lieu à couvert du foleil , du vent & du froid , Locus ab aéris injuria dcfenfus. Ces elpaliers for.t à ABË in X'abri du mauvais vent. Ce lieu eft à ['abri du foieii. On le met à l'abri quand il pleut» Ce mot vient de apr'icus j quoiqu'il lignifie tout le contraire. Ménage veut qu'il vienne A'opcricus ^ inufité, qu'on a fait d'o^ perio y je couvre. Je veux une coéffure , en dépit de la niodr , Sous qui toute ma tête ait un abti commode. Mol> On le dit fort louvent en terme de Marine. Mouil- lage, ou encrage à couvert du xenr. Cette rade eft à l'abn des vens du nord. Ces montagnes mettent ce port, ce mouillage, à l'abri. C'cft un bon abri. Abri, le dit figurément en Morale d'un heu où l'on eft en surete , de tout ce qui nous met hors de danger. Per- jugium tutum à , Sec. L'étude des cas de confciencen'eft point un art de s'aveugler, pourpécherà l'i/^ri des Loix. La Plac.Oii s'en fcrt particulièrement pour exprimer lin heu de refuge & de sûreté centre les inconftances du fort , & contre les revers. La folitude eft un bon abri con- tre les coups de la fortune. Il eft entré au fervice du premier Mmiftre ■■, c'eft un bon abri contre les enne- mis. Son amitié me doit fervir A' abri Se de confolation dans mes dilgraces. i^ A l'abri. Façon de parler adverbiale , qui fignifie à couvert. Se mettre à l'abri du vent , de la pluie , du mauvais temps. On le dit aulîî de ce qui met à couvert. On fe met à l'abri d'un mur , d'un arbre, contre un mur, contre un arbre. Un vailleau eft à l'abri dune île. On le dit au figuré dans ces deux acceptions. On eft à l'abri de la pcrfécution : on eft à l'abri de la faveur. Dans ce dernier fcns de équivaut à par le moyen de. Si , dans la pauvreté , on clt à l'abri des inquiétudes des ri- chclles , l'on n'y eft pas exempt des foins rongeans de La misère. S. Evr. Sa vertu eft maintenant fans tache à l'abri de fon peu de mérite. A /'abri d'une longue & sure indifférence Je jouis d'une paix plus douce qu'on ne penfc. Deshoul^ On dit auffi adverbialement, fe mettre à \abri de l'orage. Etre Wabri des coups. Ce criminel ayant eu. avis qu'on le vouloit prendre , s'eft mis a l'abri j &s'eft fauve en quelque alyle. On dit aufiî d'un prifonnier , qu'on l'a mis à \abri., qu'on s'en eft allure, qu'on Ite mis en prifon. On dit proverbialement: Un homme fans a^ri, c'eft' un oifeau fans nid. ABRIC. f. m. Quelques Chimiftes Anglois nomment ainfi le foufre. Harris , Boyer. ABRICON. Vieux f. m. plus communément Bricon, Charlatan, trompeyr , fédudteur. ABRICORNER. v. a. Inducere. Eorel dit que ce mot vouloit dire autrefois Charlater ; c'eft-à-dire , En- gager comme font les Charlatans ; gagner , obtenir ce qu'on veut. Il cite une vieille traduction d'Ovide j où il eft parlé de ce que ht Ulylîe pour obtenir qu'Iphi" génie fût facrifiée. Bientôt la mère abiicorner^ ABRICOT, f. m. Prunum, ou Malum armeniacum. FruiC participant de la pêche & de la prune. Il eft doux &C agréable au goût.Jl eft un peu rouge & jaune en mû- rilFaiit, & peur cela on l'a' appelé à Rome Chryfo- mèUj comme qui diroit j Pomme d'or. Il mûrit en Juin avant les autres fruits. Se pour cela on a appelé chez les Médecins ces fruits , Mala prscoqua ; c'eft- a-dire, hâtifs, il y a trois fortes d'abricots. Les abri- cots ofdinaires , qui ne mûriirent qu'à la mi- Juillet j les abricots hâtifs ^ qui fe mangent dès le comment cernent du même mois;& ceux qu'on nomme le pe- tit abricot j qui vient à la mi-Juillet. Chomel» Mé- nage fait dériver ce mot de mala pr.icoqua, ci\ pn- cocia ; d'autres du grec aê^o» qui lignifie Mou Se dé- licat , ou du latin aperitiumj parce qu'il s'ouvre fats* jS ABR îemenr. Mais Matliioje dit qae les abricots retiennent le nom que les Grecs leur ont donné , qui les appel- lent Bericocla. On dit que les abricots en Perle lent un poifon , ik même qu'ils (ont iî dangereux en Pié- mont ,■ qu'un (eul a quelquefois doiinc la fièvre : & néanmoins la rramboihcre loutient qu'ils valent mieux <5ue les pêches ; car ils ne fe corrompent ni ne s'ai- grillcnt dans l'eftomac : & d'Iiabiles gens prétendent que les abricots ne (ont pas plus pernicieux en Pic- -mont qu'en France, &c qu'ils ne lont fiévreux que lorl- qu'ils lont verts , de même que la plupart des autres fruits. Il y a une efpèce d'abricot qui eft tout blanc dehors Se dedans, qui s'ouvre net, & qui ell de bon goût. Il y en a un autre qui eft jaune , &plus rouge que les autres , dont le noyau tient à la chair , dont le goût eft exquis , mufqué & extraordinaire ; Ion amande cil -douce comme celle de l'amandier. Les abricots verts font les premiers fruits qui fe confîfent. On les prend tendres, avant que le bois du noyau commence à le fl:ant (on appel : ainfi , pour éviter les inconveniens qui pour- roient arriver , l'on demande au Juge l'ahfolucion que lesDoéleurs appellent ad cautelanij, laquelle n'a d'ef- fet que pendant l'appel , & ne fe doit accorder qu'a- vec beaucoup de circonfpcCiion. Cette ah/olùcloii ne fe doiine qu'après que le condamné afHrnie par fer- ment qu'il exécutera lejugement qui fera rendu. P'oyer EvEiLLON, Traite des exconimuûcations. Quelques- uns croient que \ahfolution ad cautelam ne fe donne que par provihon à celui qui a été excommunié , dans la crainte qu'il ne meure (ubitement , ou par quelque accident, avant qu'il ait pu fe faire abfoudre. Mais ce n'ell point par cette rai(on; car elle fe donne moins en en faveur de celui qui a été excommunié , qu'en fa- veur de ceux qui , par une confcience timorée , fcroienf fcrupule de hvquentcr l'excommunié: or cette ahfo- lution leur fert de précaution , pour les ailurer qu'ils ne participent point à l'excommunication. Bouchel, On dit aulii, Alfolutioa à'caut'iony Ssi tous ces mots fe trouvent dans les bons Livres. La première fois que l'on trouve qu'il eiF fait mention de {'ahfolutïon à cautch , ad cautelam -, c'ell dans une lettre du Pape Célellin écrite en 119^, à l'Evêque de Lincoln , où il lui ordonne de publier une fufpenfe par tout le le Diocèfe d'Yorck, & à Geotlloy qui en étoit Ar- chevêque , en l'averthFmt cependant d'.ab(oudre ces per(onnes ad majorem cautelam. Absolution , en termes 'de Bréviaire , e(F une courte prière que dit celui qui officie à chaque nodurne des Matines avant les bénédidions i:i'ens il le prend aitivejnent. Il le prend auilî pallivementi & alors c'eft, die M. Marris , l'ei- tet produit par les abicergens , oc en gênerai tout net- toyement , li l'en peut parler ainfi. ABSTINENCE, f. f. Vertu morale par laquelle on s'abf- tient de certaines choies , en vertu d'un précepte mo- ral, ou d'une in!l:itution cérémonicllc. Abjtïnenna. C'eft une clpèce de la tempérance, & elle ie confond quelquefois avec la lobriété. Le grand jeûne , dît S. Augiifiin , eft {'ahfcinence des vices. Les Athlètes , pour fe rendre plus robuftes , vivoient dans une abjlinence générale de tous les plailirs. Dac. L'Egliic a enjoint aux Eccléliaftiquesl'a/^/«e«ce des femmes: elle a mar- qué aufÏÏ certains jours de jeûne & A'ahjtinence. Il Te dit auùî de la modération dans i'ulagc desaiimens. On fait des ahftincnces par un pur régime comme de vin, de falines. La diète & \ abftïncnce font nécefl'aires , pour rétablir l'eftomac affoibli par la débauche. Abstinence , llgnihe quelquefois une innplc privation de manger de la chair. Ahjlinciuia à carnibus. Vabffinence des viandes, aiîailonnée de dévotion, & accompagnée de la prièî.e, eft un des moyens les plus cliicaces pour avancer notre lancfificarion. Boss. L'Eglifc ordonne limplement i'abftincnce le jour de S. Marc, &non pas le jeûne. Les mercredis (ont des jours A'ahjlinencc chez pludeurs Religieux. Les dévots font auiîides abfunen- ces y'^ des macérations volontaires. ABSTINENT, ENTE , adj. Modéré dansle boire & le manger. Sohrïus. Les peuples du Midi font plus abf- tinens que ceux du Septentrion. ABTINENT. f. m. Nom qu'on donna à certains Héréti- ques , qui s'élevèrent dans les Gaules & en Elpagne au ^^ iiècle , pendant la periécution de Dioclétien & deMaximien, parce qu'ils blàmoient le mariage. Les abflincns étoient les mêmes que les Hiéraclites ,' félon Baronius \ de lelon d'autres , c'étoient des Encra- tites, nom Grec qui lignifie la mcm.e chofe à peu-près qa'AbJ}ir:cnt. Quoiqu'il en (oit , tout le moixie con- vient que \es Abji'uiens étoient une branche des Gnol- tiques &c des Manichéens. Ilsfaifoient aulfi profeiuon de ne point manger de viande , comme étant de foi mauvaile, l'c ayant été créée par Satan, f^oy e^VuiL \?.- TRius, Imr. S ^. C,es Hérétiques furent nonimés Al-f- tïnens y à caufe qu'ils s'abircnoient de l'ufage du vin & de plufieurs viandes. God. ABSTR ACT , A.CTE. Terme de Philofophie , barbare en François. Voye:^^ Abstrait & Abstraction. CCr ABSTRACTION, f. f. Terme didaftique. adion dcl'cfprit, par laquelle on lépare les choies réellement inléparables , pour les conlldérer à part indépendam- ment les unes des autres. En quoi \ahfLraa:ion diticre de la préciiion qui fépare les choies véritablement dil- tincfes , pour empêcher la confuhon qui naît du mé- lange des idées. Il me femble , dît M. V Ahhc Gluird , que la pré- cifi jn a plus de rapport aux chofes qu'on peut non- fcidemcnt conllderer à part , mais qu'on peut aulîi con- cevoir être l'une fans l'autre , telles que fcroient , par exemple, l'aumône & l'elprit «de charité. Il me paraît que Vahftiaction regarde plus particuhèrement les cho- fes qu'on peut à la vérité conllderer à part, mais qu'on ne fauroit concevoir être l'une fans l'autre ; telles que font , par exemple , le corps & l'étendue. Ainfi le but de laprécifion eft de ne point iortir du fujet, en éloi- gnant tout ce qui lui eft étranger ■■, & celui de Valf- tracilon eft de ne pas entrer dans toute l'étendue du fujet , en n'en prenant qu'une pairtie , fans aucun égard à l'autre. P'oye-:; Précision. ^'ctblhacllon eft l'action ou l'exercice d'une faculté , eu puillancc propre ik. particuhèrc à l'elprit de Hiom- me , & qui diftingue entièrement & silcntiellemeut A h S 4 ) Ion ame de celles des bêtes ; ficulté qui confifte en ce que 1 homme peut , en élevant fes idées au-delfus des Etres particuliers , en faire des repréfentations gé- nérales dii tout de la même efpèce , auquel tous les Lhilofophes donnent le nom A'Univcrfel. Aclioanïmi Ipeciem aiiquam aljtrahentls. On conlidère par abf- traclioriy lorlque dans un mobile, par exemple , on contî- clht le mouvement , lans faire attention au corps mû. Si mon œil me repréicnte de la blancheur fur une muraille, je puis par abflractlon conllderer cette quahté de blancheur en elle-même , & en faire un attribut gé- néral de piuficuiS autres choies difterentes, comme de la neige , du lait , &c. Cette qualité , quelle qu'elle foit, confidéréc ainii à part & lans le concret, ou le fujet auquel elle cil inhérente, eft une qualité conh- dérée par abjîraction. Harris. Ce font les Mathé- maticiens qui , conlîdérant la quantité fans matière , fuppolent dans leur empire à'abjlrucîion des indi- viiîbles lans parties: maisiln'eft pas permis aux Phy- liciens de taire ces lortes â-'alfiraciLons y ni de fortir des bornes de la matière. Bern. La Métaphyfique con- fidère aulïï les Êtres par ahflraclion, ôc c'eft propre- ment ion objet. i-CF Abstraction. Dans une acception moins ftricte, mais allez ordinaire, fe prend pour u:ie opération de l'elprit, par laquelle dh conlidère une choie lous un cer- tain rapport que l'on exprime , fans faire attention à d'autres qualités dont l'éniimération n'elf pas nécelîaire pour le jugement qu'on pcrte.TJn tel, ahfir^Mion faite de telle &: telle choie , eft un gtand homme. Ce mot eft louvent employé .au pluriel, pour mar- quer la dilpolîtion d'cfprit d'une peri'onne tellement occupée de les propres idées , qu'elle ne prête aucune attention aux chofes dont on lui parle, ou qu'on lui prélente. On dit qu'un homme eft dans des abjlrac- tlons continuelles , pour dire , qu'il rêve continuelle- ment, qu'il eft appliqué à toute autre chofe qu'à celle dont on parle , ou qu'il a fous les yeux. Voyc^i Aes,- trait. IP; ABSTRACTIVEMENT.adv.pcuufité.Par abftrac- tion , d'une manière abftraite. Conllderer abjlraclive- mcnt les propriétés de la matière. ABSTRAIRE , v. a. frire une abftr.acfion. Détacher par la penlee une qualité , une propriété , de toutes les au'res, pour la coniîdérer léparément, en particuher. Ahfiraherc. J'abjirais , tu abftrais y i! abfiraic ; nous ahjlraycns y vous abjlraye\ y ils abfiraient. Quand on railonne en Algèbre , on abjh\ùt la quantité, le nom- bre de toutes fortes de matières & de fujers. Il y a pluiieurs temps de ce verbe qui ne font point ulîtés , comme l'imparfait, le prétérit indéfini, &c. D'aunes font fort durs à koreilie. Alors on dit m.ie.n\, faire ahflracîicn. ip- ABSTR AIT, AITE. part. & adj. Ak/traRus y hom- me qui ne pcnle à aucun objet prélent, ni àrieirde de ce qu'on dit : qui eft fi fortement occupé de fes propres idées intérieures, qu'elles l'empêchent d'être attentif à autre choie qu'à ce qu'elles lui repréfenten.t. En quoi l'homme abJiraità'Aî'cc àcï'h.Oïï\v:ic dijîrait , qui n'eft tel que parce qu'un nouvel objet extérieur attire Ion attention ; de façon qu'il l'a détcurne de ce- lui à qui il la doit. Les perfcnnes qui font de pro- fondes études, & celles qui ont de grandes affaires, ou de fortes pallions, lont plus lujètes que les au- tres à avoir des abf'raciions. Les Difiracl'wns font le partage ordinaire des jeunes gen.s. La rêverie produit des abjl raclions y & la curiofité caule des difiraclions. Voyey^ Distrait. 03" Abstrait. Terme didaâiquc. Terme Abjlraity qui fe dit d'une qualité confidérée toute feule & détachée du lujet. Air.iî la rondeur, la blancheur., la bonté, font des Termes Abfiraits. Concret eft le terme op- polé. Il exprin'ie la fubftance revêtue de fa quahté. ^fF Abstrait, eftaullî fubft. L'Ab/trait&ch Concret j termes de l'Ecole. La rondeur eft un abfirait, le rond eif un Concret. En matière de Iciences, abftrait Ce dit des chofes diftrciles à concevoir, éloignées des idées communes, trop métaphyfiques , trop recherchées. 4^ ABS A BS On dit , cîes raifonnemcns ahjlrahs ; pour expri- mer qu'ils lunt trop iabtils. Argumenta tenui filo dï- diicla. Ces idées lonr abCtraïtcs , Se ne tombent point Ions rimagination. Malb. C'eft une Philolophic abf- traite ik chimérique. Pok.t-R. pour dire, une Philo- fopliie trop dégagée des choies lenliblcs , trop méta- phyiique & trop dirHcile à pénétrer. On ne doit pas confondre la définition d'une idée ahjlraite de arbi- traire, avec la déhnitiondes choies qui exiftent réel- lement. Le Ci. ^Zf' Ajîstrait , fe ditaulÏÏ en Mathématiques. Les nom- bres dbjiraïîs iont ceux que l'on conlidère précilc- ment comme nombres , ians les .appliquer à aucun fu- jet. 3 eft un nombre abftrah , tant qu'il n'eltpas ap- phqué à quelque choie. Si on dit 5 pieds , par exem- ple, 3 devient un nombre concret. Les Mathématiques ahjîraitcs ou pures '^ font cel- les qui conlîdèrent la grandeur ou la quantité abiolu- ment ik en général, Ians le borner à aucune clpèce particulière, comme la Géométrie & l'Arit'nmétique. Dans ce lens elles font oppofees aux ivlarhémariques mixtes. ABSTRUS, USE. adj. qui eft caché & inconnu au com- mun du monde , qui deuîande une extrême applica- tion pour être entendu. ^r/f/7.'/ij. L'Algèbre, les Sec- tions Coniques , font des Icitnces , des matières fort abjirufes , où peu de perlonnes peuvent pénétrer. Afin que le peuple Juil, qui étoit encore aux rudimens,ne pom'ant bien entendre les lens abjlras & cachés des écrits, le contentât de les admirer. Goep^Ée. On ne le die qu'en matière de Iciences. ABSURDE, adj. m. Se f. Ce qui choque le fens com- mun, qui eft évidemment contraire à larailon. Alfur- dus. Propolition abfurde. Quand on luppole une choie abfurde 3 on en tire mille conléquenccs abfurdcs. Il .prouve une chofe abfurde j par une chofe plus ab- furde. ÀBSURDEMENT. adv. d'une manière abfurde. Ab- furde. C'eft conclure abfurdemcnt ^ que de di're,&c. |p= ABSURDITE, f f. vice , défiut de ce qui eft ab- furde. Chofe qui choque le bon fens, la raifon. \Jab- furdue d'un dilcours. On le dit aullî de la chofe ab- lurde. Il s'enluis'roir de grandes abfurdités d'une telle fuppofition. Abfurdïtas. Abfurde diclum aut faclum. ABSUS. 1. m. Herbe qui croit en Egvpte, à la hauteur de quelques doigts. Ses feuilles relfemblent à celles du triolet; & les Heurs blanches, «i. D'autres le font venir d'«4'''5--"», qui veut dire défigréable, indeleclablle , & qui s'eft formé de l'a privatif, & de 4'»5^^'f, plailir, delcSlatio , à caufe de l'amertume qui rend cette plante dclagréable. Cette étymologie paroit plus jufte, & juftifie en même temps l'orthographe d'abfnthe ^ Ians y. ABSYRTIDES. Foyei ABSIRTIDES. ABU. ABUCCO, ABOCCO ou ABOCCHI. f m. Poids doue en le lert dans le royaume de Pégu. Un abucco eft de douze Tcccalis & demi. Deux abuccos font l'A- giro , qu'on nomme aulîl Giro. Deux Giri font une dcmi-Biza, &la Biza pcfe ccntTeccalis, c'clt-à-dire , deux livres cinq onces poids fort , ou trois livres neuf onces poids léger de Venife. ABUDIACOM. Ancienne ville de laVindélicie.^^z/^ia- cum. Selon quelques Aineuvs , Abudiacom eft le vil- lage d'Apping, en Bavière; & lelon d'autres , celui d'A- bach, dans le même Duché. ABUHINAN. Petit village ck château du Bilédulgérid, en Afrique. Abuhinanum.l} eft fur la rivière de Géhir. ABUIA. Nom de deux Iles Philippines. Abuya , Abaca. L'une eft près de l'île de Cébu , entre celles de Luçon & de Mindanas : l'autre n'en ell pas loiji, entre 15;^hcl & Cubarao. ABUKESB. f m. C'eft la valeur du Daalder, ou éeu de Hollande; il le nomme ainfi par les Arabes &< les Turcs du Caire, lV parmi tous les négocians des \ilics maritimes d'Egypte. Mais à Smyrne i!^' à Conftanrino- ple , on n'appelle point le daalder de HoJlande de ce nom ; on l'appelle Aflan'i. C'eft le nom dont on lefert aullî dans les Echelles du Levant. La raiton de cette diverle dénomination vient de deux noms ; du nom i7/Zc'/;/ j qui j en langue Tiu^que , lignifie lïon , parce que l'on voit l'empreinte d'un lion fur chaque coti de ces pièces d'argent , que les Arabes ont pris pour ug. chien 3 qui, en leur langue cif ncmmé chukesb. ABU ABUNA, ou ABOUNA. f. m. Terme Arabe , qui fe neuve dans WRclations, & qui lignifie proprement. Notre Pcn. L'on s'en ferc en parlant des Religieux Chrétiens Arabes. Ainli ils difent ,^dhouna Ephrem ; c'eft-à- dire , Notre Père Ephrem j qui eft la même choie que il nous dilions , Le Père Ephrem j en par- lant d'un Religieux de ce nom, eu Père Ephrem j, en parlant à lui mcme. Selon Portel, il b.ut dire ^/'a«:;bivement. Il te dit plus ordinairement dans l'autre- lens , qui eft pafili. En Arithmétique , quand la preuve ne fe trouve pas bonne, on connoit . qu'il y a de \'abus dans le calcul. %fT Ce motfe dit quelquefois ablolument, pour reje- ter ce qu'un autre a dit. Vous croyez reullir par-la , abus ; vous n'en viendrez jamais à bout. Abus , s'e'cria-t-il j hc ! devene:^ dévote. I0C? Abus d'un mot en grammaire; le prendre dans un fens abufif, c'eft en taire une mauvaile application , en pervertir le fens, ;(CF Abus, dans un fens plus particulier , eft toute con- travention commifc par les Juges & Supérieurs Eccie- fiaftiques en m.aticre de droit. Appel comme à'abus. In abufu dicendi /urisadRe- giumfuperius Tribunal provocation C'eft' un appel qu'on interjette au Parlement , des fentences des Juges ccclé- fiaftiques, quand ils entreprennent lut la PuilKuice fé- culière-, quand ils jugent des choies qui ne lont point de leur juridicttion , ou quand ïh jugent contre les faints Canons & la Dilcipline de i'Egliie. Les appels comme d'abus ont été introduits , autant pour s'oppo- ler aux cntrepiiles de la Juridiction eccléhaftique fur la Jurididrion temporelle , que pour mettre ordre aux attentats de la Cour de Rome fur les libertés de i'E- . glife Gallicane. Il eft certain en ettet que l'entreprife des Evêques alla li loin, qu'ils le rendirent les maî- tres de toutes les affaires civiles lous des prétextes de giété , & qu'ils dépouillèrent prefqu'entièrement la Jurididion ieculière. On ne peut point déterminer tous les cas où l'on peut appeler comme à'abus j ABU 47 parce qu'on ne peut pas limiter toutes les contraven- tions dont les Eccléilaftiques font capables pom- rele- ver leur autorité. Bouchel. Vabus ne fe couvre point par quelque lentence , par quelque potrcftlon, ou pref- cription que ce foit. Quand l'Official juge du poilef- loirc des dixmes inféodées,du poftclî'oire des bénéfices, il y nabus. On appelle comme d'abus -, des unions dés bénéfices, des Relcrits de Cour de Rome , des fulmi- narlons des Bulles d'excommunication , quand elles lont contte les loix de l'Eghle reçues en France. Alors la Cour prononce qu'il y a abus. Quelquefois l'on convertit l'appel comme d'abus en appel comme de grier. L'appel comme d'abus a commencé d'être eia ulage du temps de Philippe de Valois , Icrfque Pierre de Cugméres, Ion Avocat-Général, le plaignit des en- trepriles que faifoient les Eccléilaftiques fur les per- mîmes &; la Juftice fécuhères. Au lieu d appeler des ufurpations , des entreprifes du Juge épifcopal , on on le fervit du terme d'abus ^ comme le moins dur , pour exprimer qu il abufoit de fon autorité. Pour fe venger de Pierre de Cugnières, les Chanoines de No- tre-Dame firent mettre au côté du chœur un petit marmot , que par derilion ils appelèrent Pierre de Cugnct. Le Clergé étoit alors 11 redoutable , que les laïques n'eurent pas tout d'un coup la hardielfc de re- prendre leurs droits. Enfin , François I par fon or- donnance de 1539, fapades fondemens de la Jurif- dief ion eccléhaftique ; & le remède des appels comme d'abus a été li fréquemment mis en ulage , que la puillance royale ie trouva rétablie dans tout fon luf- tre , & remife en poirelFion de toute fon autorité. ^oye^PASQUiER dans toutes Jes Recherches y Liv. ^ j C. ^j. Févret, Avocat de Dijon, a fait un fort beau volume de l'appel comme d'abus. Les appellations comme d'abus ne fe relèvent qu'au Parlement , ik ne (e plaident qu'à la Grand'Chambre , fuivant Pédit de 1606 & 1610 : les appels comme d'iz/'i(j devroient être fcellés au grand Sceau ; mais en conféquence d'un ren- voi de M. le Chancelier le Teliier en 1678 , on les prend au petit Sceau, en y attachant une conlultation de trois Avocats. On appelle comme d'abus de l'e'xé- cution du Relcrit du Pape, &non du Refcrit même , pour ne bl.imer que l'impétrant ; mais on appelle comme d'abus de l'octroi d'un Evêque, ou de là fen- k tence d'un Officiai. Quanfl on dit , Le Parlem.ent a jugé qu'il y avoir abus ; cela fignifie que le Parlement a jugé que l'appel comme d'abus a été bien interjeté , & que le juge a excédé Ion pouvoir Acad, Fr; . î ABUSAÏD. Montagne d'Afrique , dans la province àè Tenez, & de la dépendance de la ville de cç-iichi. ABUSÉ , EE. part. Falfus 3 déceptus j corruppJh ^'\'i~ tiatus j compreQ'us. ABUSER. V. n. Faire un mauvais ulage de quelque cho^e. Abuti. Il ne faut pas abufer dç.% lacremens ; abufer de la bonté de Dieu. Il n'y a rien de 11 laint , dont la n^a- lice des hommes ne puilfe abufer. Port-R; Ce Ma- giftrat abufe de la charge, de fon pouvoir , de fon Au- torité , quand il en ufe pour fes intérêts particuliers. Abuser, lignifie encore , Interpréter mal la penfée de quelqu'un , & y donner un mauvais izws. Vous abu- fe-:; de quelques paroles ambiguës qui lont dans fes lettres. Pasc. Les hérétiques abufent de l'Ecriture, ils en corrompent le fens* C'eft aulîî en taire de mauvàifes applications. Abuser, v. a. Signifie aulll , tromper, féduire. Fallerç, decipere. Les fiux prophètes, les charlatans , abufent les peuples. Notre amour propre nous abufe j ndus fait lui vie nos paillons, qui nous abufent j qui nous trompent. // conçoit le néant des objets qui /'abufent : // gémit fous fa chaîne y & n'ofe la brifer. Breb. Q^uand l'amour efl ardent j aifément il j'abufe. ' lierait ce qu il fcuhaite ^ & prend tout pour excufe. Corn. Af-USEr , a. fignifieplus particulièrement, fubornerunc femme, corrompre, iéduire une fille, lui arracher les dernières faveurs, Vitiare , comprimere. Il faut être ,8 ABY bien malhonnête homme pour ahu/erde la femme de fon ami , peur abufer de la fille de fon hôte. Etoit-il juûc d'emprunter mon nom & ma reiremblance , pour abufer de ma maitrelfc. Ablanc. On s'en lert audi dans un cas encore plus odieux. On dit que Néron avoir atufe plufieurs fois de Britannicus. Ablanc. fC? Abuser ,avec le pronom pertonnel. Sakufcr, fc tromper. Dccipi : il s'eft abufe. i\BUSEUR. f. m. Qui abufe, qui féduit , qui trempe , Trompeur. Deceptor j vcteracor. Mahomet a été un %ïz\\à atufcur de peuples. Ce terme ne peut être em- ployé que dans le dilcours famiher. ABUSIF, IVE. adj. Où il y a de Vahiis. Abufivus ,Errori obnoxius. On le dit particulièrement d^s entrepriles^ pro- cédures & juj^emens àss Ecléliailiques où ily a abus j c'eft-à-dirc , injrûciion des Canons ou des ordonnances. Une union de bénéfice fans cauf e véritable >.\" importante eft abufivc. Un jugement d'OlHcial contre im laïque, & pour caule profane, tk Libujif. En termes de Gram- maire, prendre un mot dans un fens abufif , c'cft le placer mal ; c'eft en faire une mauvaile apphcation j c'elHe prendre improprement , ïmvroprie , contra ufum & loqucndi confuetudinem 3 abu/ivc. ABUSION. f. f. Vieux mot. Abus , erreur , faulfe dé- marche , m.auvaife conduite. Abufus j trror j alluci- natio. ABUSIVEMENT, r.dv. d'uue manière abufive.^if-zi/rve , perabujum. La Cour , en infirmant les fentences des ju- ges de lEglile , prononce : Mal, nullement, & abiijive- ;77c/;r jugé, ily aplufieurs mots de la langue qu'on prend quclquel-ûis ahuftvement ^qu'on dit improprement, ABUTÉR. V. n. Terme de joueur de quilles. C'eft tirer à qui jouera le premier, en jetant chacun une quille vers la boule , en forte que celui dont la quille ell la plus proche de la boule , ait l'avantage.de jouer le pre- mier. Sonïrï J e.xperiri qids prior ludat. On abute avant que de jouer aux quilles. On a abuté, & je luis le premier. On abute de même au jeu de palets & au- tres. Ce mot eft formé de la prépofition Françoife à j qui ,dans la compolîticn, fe met fouvent pourlapré- polition Latine (jÔ'j & a la fignifiation , ^« «/•an ^Ehabafchj ou Vijyn , Hhabr.fchijy &lepays qu'Us habitent nu/an , Hhabajchath. Ainh ce nom ne vient point de la côte d'Aben, qui eft la côte occidentale de la mer Rouge, le long de laqelle ils habitent; ou il c'-eft le même nom , ce lont ces peuples qui ont donné ce nom à cette côte, au lieu de l'avoir pris d'elle. Les principaux auteurs fur les AbyJJîns (ont Jean de Léon & Marmol , Defcripdon de l'Afrique. Franc. Alvarez, Balthafar Tellez, d'Alméida Jéfuit. Hiji. de la haute-Eth. Ludolh L'Hift. de laComp. de Jef. T. I. L. I j. T. 1 1. L. :. T. IV. L. j. T.v. L. 22. Louis de Urreta Dominicain, Hïfl. de l'Ethiopie en Efpa- gnol. Marmol. L. xc. 25. Joan. Nicol. Pechlinafait un Livre De habita & colore ^thiopum , imprimé à Francfort en 1684. Le P. Urreta , Dominicain , rap- porte d'autres étymologies dans Ion Hijloirc d'Ethio- pie, p. 3. Strabon dit , L. xvii. qu' AbaJ/ie figniHe en Egyptien , un pays inhabitable entouré de déferts & de montagnes impraticables , de l'a privatif, & de /S^Tot , qui vient de /S^'vw , je vais, comme quidiroit, un pays où l'on ne peut aller ni pénétrer. D'autres difent qu'^^- l>affïe lignifie une terre puillante , abondante en hom- mes , en fruits de la terre, en mines & en richelles. Mais cet auteur rejette avec railon ces opinions, & s'en tient à celle que nous avons rapportée d'abord. Ce lont les peuples de l'Ethiopie, qui eft aujourdhui nommée A bajjîe. Ce font les Arabes qui leur ont donné ce nom , que les Ab-yJJins ont rejeté long-temps comme injurieux , & qu'ils ne prennent point encore dans leurs Livres , parce qu'en Arabe il lignine un mélange j un ajfemblage de plulieurs Nations. Ils s'appellent Ethiopiens , Itiopiavian j & leur pays Mangejla-Itio- pia , Royaume d'Ethiopie , ou d'un nom plus parti- % culier encore, Gee'^, ou Béera Aga'^i j Pays de li- berté' j ou medera Aga^ian, la terre des Libres , ou des Francs ; car ils fe donnent le nom de Agaji, Li- bre, Franc , Ik. au pluriel Agafian j Libres , Francs , ou bien Gens qui ont d.écampé, qui lont venus d un endroit éloigné, de forte qu'ils s'appellent ainli, ou pour fe vanter d'être libres, ou pour marquer qu'ils ont palTé de l'Arabie heureufe , où eft l'ancienne Ethio- pie , dans le pays qu'ils occupent , & dans lequel ils palferent pendant la lervitude des Ilrachtcs en Egypte , fi l'on en croit Eusèbe , ou vers le temps de Joluc ik des Juges, félon Syncellus, p. lyj. Ludolf croit que ce font des Homérites, ou S.àbéens , appelles autre- ment par les Grecs Axumites , ou pour le moins une colonie de ces peuples qui paila lamerRougc, ik. vint s'établir dans l'Afrique. Etienne le Géographe appelle Abejlns j h^inmt^ un peuple de l'Arabie •■, &i Ion Com- mentateur croit que c'eft le peuple qui a palle en Ahique. Si cela eft, ce nom eft très ancien , & ne leur a pas été donné à caufe de leut pallage. Les Abyf- fins font Mores , Olivâtres , ou noirs félon les diverlcs provinces qu'ils habitent. Maty. Les Abyjfins qui dominent aujourd'hui dans l'E- thiopie , ne s'en emparèrent que plulieurs liècles après l'invalion des Ethiopiens. On ignore le temps précis de leur conquête : on fait feulement qu'elle a pré- cédé la fin de l'empire de Conftantin. Ils font origi- nairement de l'Arabie heureufe , du Royaume d'"Yé- men, c'eft-à-dire, du midi, dont Saba étoit la capi- tale. Le peuple portoit le nom 6! Homérites. La Reine qui vint voir Salomon , régnoit fur eux -, & fi l'on en croit la tradition ancienne, lk ne faile une fyllabc. Voyez de Moni , Hifloire de lu Créance & des cou- tumes des nations du Levant j chap. IX. On peut voir aullî r .¥z/?ciire Ethiopienne fliite en Latin par M. Job Ludolf, dont nous avons aulli la Grammaire , le Dic- tionnaire &: le pleautier Ethiopique. Jamais Européen n'a 11 bien entendu cette langue que lui , & n'a eu plus de zèle pour la faire connoitre en Europe. Les AhxJJins fervenr toujours parmi leurs mets trois plats, dans lun delquels il y a des poires coupées en forme de croix, dans l'aurre des cendres, es: dans le troificme du feu. Ce lont des mets pour l'efprit , 3c deftinés à les faire fouvenir de la Paillon du Sauveur, de la morr , & de l'enfer. Leurs prêtres porcenr ton ■ jours une croix à la main. Maty. Les Abijfins ne for- tifient point de place. Ils ne mettent , difent-ils _, la force d'un pays que dans les bras & les armes des combat- tans, «Sj non pas dans des pierres & des murailles. Voyeï Ablancoort , traduction de Marmol y L. i. de l'Afrique, C. 20 & L. X. C. 2^. Les AbyJJlns ne mix\- gcnt point de cochon, ni de lang, ni d'aninlaux fuf- foqués, ni le nerf du jarret, que les Juifs appellent le nerf défendu. Ludolf, L. 1 1 1 ,C. i. ABYSSIN , INE. adj. Ahyjinus. L'EgUfe Romaine , la Grecque , ou \'Ah\Jpne, Peliss. ABYSSINIE , ou ABISSINIE. f. f. Ahajfia , Ah(p.nia, j^thiopiafuperior, ou interior. Grand pays dans la par- tie méridionale de l'Afrique , au delfous de l'Egypre , connu des Anciens lous le nom à' Ethiopie ; Se dans des fiècles plus voillns du nôtre, tous le nom d'Inde moyenne. On le renlerme aujourd'hui entre le 6i* degré jo mi- nutes , & le 75^ d. 40 min. de longitude , & entre le 7^ & i6"-' degré 9 min. de laritude lepcentrionale. On comptoitautrefois dans l'Empire d'Ab\Jfinie 5 6 Royau- mes & 14 provinces principales. Mais en 1J57 les Galles, peuple fitué au midi ànYAhyffmie , en con- quirent pluileurs provinces. Ce pays eft arrcféde rrois grandes rivières principales \ le Nil , qui y prend la fource, le Tagaze , ou Thékaze, & le Malcg. Ces fleuves le rendent très-fertile dans les endroits où ils coulent: ailleurs ce ne font fouvent que des rochers & des cavernes affreufcs. Il y paroît fouvenrdesfauterclles en fi grand nombre , qu'elles obfcurcilfent l'air , & ra- vagenr toures les campagnes où elles s'arrêtent. Il n'y a poiiit de villes confidérables dans \Ahyffwie ; mais les provinces ferriles font remplies de villages fort près les uns des autres. Foye^ Ablancourt , tr.i- duclion de Marmol , L. 1. C. 20, ACA. ACA. Habitation d'Aflique, fur les confins de laLybie & des Sénéques. Elle confifte en trois ou quatre villes alfez proches l'une de l'autre. Ce font des Hidétcs, Tome L ACA yi race d'Arabes, qui s'y font établis, & dont plufieurs fe font alhés avec les naturels du pays. Aca. 'Voyez Mar.mol. AiCABIT. 1. m. Bonne ou mauvaife qualité d'une chofe. Ncturay genus. Les rôtillcurs s'en fervenr en parlant de leurs viandes. On ne le dit guère que des fruirs & des légumes. Des poires d'un bon acabit. Quelques-uns le dilent auiîî des viandes & des éroffes. I-.fénagc dit eue le peuple a dit , d un bon acabit ; pour dire, d un bon achat. Bouriaut a dit acabie. On le dit quelquefois des pcrfunnes par métaphore. Aurefte ce terme n'eft que du ftyle familier. On s'en promet en vain quelque chofe de mieux , Il ejl d'un acabit malfaifant , vicieux : Sur ce noir fauvageon c ejl en vain que l' on gref- fe , &c, ACABLEMENT, ACABLER. Foye^ Accablement, Accabler. ACACALIS. f. m. C'cft le fruit d'un arbriffeau qui croie en Eg\'pte. Les Auteurs en ont parlé trop vaguement pour qu'on puille regarder fon furt ccmme bien dé- cidé. AC ACALLîS. f. f. Nom d'une Nymphe dont parle Fau- fanias, qui tut aimée d'Apollon, & djnt il tut deux fils dans lile de Crète , nommés Plnlachis Se Phuan- dre j qui furent allaités par une chèvre. ACACE. f. m. Acacius. 'Hom d homme qui eftoriginai- remenrGrec, & vient de 1 a privatif, & de Ka^tia , nui' lice, comme qui dkoït fans malice, i luliturs perfon- nages fameux ont porré ce nonij paimi leL.uels il en eft qui ont bienfait du mal a l'Eghfe. Jcace de Cé- firée , iuniommé le Borgne , dilciple & luccclï'euC d'Eusèbe, le rendit fameux auIV^ lîccle par feS inconl- tances en fait de dodtrine. Acace , Patriarche de ConC- rantinople, & lucceircur de S. Gennade, eft le premier qui ait voulu 1 emporter fur les Patriarches d Aie :.an- drie, d'Ancioche & de Jéiufalem. Acaceàç. Béroéeii Paleftine, Evêque iavant, vcruicus, zèle, & qui n'a- bandonna jamais dans l'épifcopat les prati ,ues de la vie Monaftique dans laquelle il avoit été élevé dès 1 en- fance , fut cependant un des plus grands perfjcuteurs de S. Jean Chryl^lfôme, x^c^ict',, Evc.jUe d Amidjeii Méfopotamie au V^ liècle, homme d une pitié rare , & d une charité extraordinaire, vendit les valcs facrés pour ncurrir les etclaves Peifans que Thécd' fêle jeu- ne fit dans la guerre c )ntre Varanes. Le Patriaiche d'Ancioche, (uccefleur de Balîle en 458, eft le moins recommandable des Acaces. Acace Alexaiidàn, Ca- pitai:-.e dans les troupes de l'Empereur Adrien , fut pendu pour la Foi. Nous avons quelques ouvrages d^ Acace de Mélitène. Quand on parle de tous cfi Aca- ces, il ne faut point èi\x.z Acacius. Au contraire, quand on parle du Rhéteur Acacias, fameux fous l'Empire de Julien , on ne dit point y^caire. Ce font nos Livres fur la Religion i^' nos Aureurs de l'Hiftoire Eccléliaftique qui onr fait donner une forme Françoife à ce nom , dans le premier cas , auUeuque dans l'autre il eft refté Latin , parce qu'on parle peu de ce Rhéreur. ACACIA, f. m. Terme de Boranique. Nom qu'on donne à divers arbres, quoique fort ditlérens entr'eux.^Ci^t/iz, Il y a un acacia, qu'on appelle aullî Caffie , ou, félon M. d'Herbelcc , Gagie , en Latin Spina ^gyptia , qui croît en Egypte , & qui eft un grand arbre épineux, dont la fleur eft jaune en quelques-uns , Se blanche en d'autres : fon ii uit , qui eft contenu dans des goulles , elf Icmblable au lupin. C et arbre nous fournit la gomme Arabique , & un iuc qu'on appelle, le vrai acacia. Les Arabes appellent czi acacia d'Egypte Om Gailan, la mère des Satyres , ou des Démons des forets. D'Herb. Il y aune forte d'arbre qui croira Malabar, & àCran- ganor , qu'on appelle auiîi acacia. En Méfopotamie près du Tygre , Se dans les déferts d'Arabie près de l'Eu- phrate , on donne ce même nom à d'autres arbres, qui fonr pourtant ditférens. Il y a encore un acacia A\.\ Bré- fil, & un de Virginie. Il y en a un autre dift.rent des >récédens , qu'on appelle Acacia de l'Amérique , ou 4cacia Amerlcana Robini. Cet arbre étranger n'eft Gij pr Ac yi ACA devenu commun en France que depuis i5/o. Les pre- miers pieds qui ont paru, ont été élevés au Jardin Royal des plantes de Paris par Vcfpalien Robin , qui en a reçu Je premier la femence. M. Tournefort l'a nommé PJcu- do-Acacia vulgarïs , pour le diftinguer à.c\ acacia àiZ'i Anciens, ou cajfie , arbre d'un autre caradère. 'L'aca- cia d'Amérique s'élevc fort haut ■-, Ion tronc eft alfez gros : (on bois eft très-dur, jaunâtre, callant, emheHi[]em.ent & augmentation de la Langue Fran- coifc j & des livres qui feront par eux faits , & paf autres perfonnes qui le défireront & voudront. L'Académie prit un contre-fceau, où doit être re- préfentée une couronne de laurier , avec ces mots : A l'Immortalité. Le nombre des Académiciens eft de quarante, d'où vient qu'on les a touvent appelés les Quarante de l'A- cadémie Francoifc. Pour élire ou dettituer un Acadé- micien , il faut que les Académiciens loient alfem- blés au nombre de vingt au moins. Ces cleétions &: deftitutions fe font par ballotes blanches (k noires. Pour élire , il faut que le nombre des blanches patTe de quatre celui des noires. Pour deftituer, il faut que celui des noires paife de quatre celui des blanches. V Académie ne s'eft alîemblée d'abord qu'une tois par' femaine. Ce fut d'abord le lundi; puis le mardi, en- fuite le famedi , après quoi l'on revint au mardi. Enfin , à railon de fon travail poUr Un Dictionnaire , elle s'allemlila deux fois chaque femaine , le mer- j4 ACA credi & le famedi. Aujourd'hui elle s'^iflcmble trois fois par tcmaiiie , le lundi , le jeudi ik le lamedi. Les réceptions, des Académiciens le font le jeudi dans des allemblées publiques. Ces allemblées le lent tenues pendant dix ans chez diflérens membres de l'Acadé- mie. Enfin en 1643 , le 16 Février , M. le Chanceher Séguier , devenu prorcdeur après la mort du Cardinal, les fit tenir chez lui. Depuis, le feu Roi Louis le Grand s'étant fait protecteur de l'Académie , lui donna un appartement au Louvre , pour tenir fes affemblées. Ce fut le 28 Janvier 1642, que Louis XIV eut la bonté de praidre le titre de protecteur de l'Académie Fran- coije, qui a palfé à ion fucceiîeur. Dèslescommencemens, l'Académie projeta de taire un DiClioiuiaire de notre langue , une Grammaire 6c un Traité de la Poclie Françoiie. Son Dictionnaire pa- rut peur la première fois en 1684, en deux volumes in-folio. Les termes des arts & des Iciencés y man- quoient, M. De C. de l'Académie Francoife , y lup- pléa par un Dictionnaire des arts 8c des Iciences , pu- blié la même année , en deux volumes auiîî in-folio. M, Peliiïon a écrit l'Hiftoire de l'Académie Fran- coifij depuis Ion origine julqu'à Ion temps. M. l'Abbé d'Olivet en a donné la luite. t'AcADÉMiE DES SciENCES. Rc^id ScientiaTum Acade- mia. Elle tut étabhe en 1666, par les ordres du Roi, mais fans aucun aéte émané de l'autorité royale. En 165)1) le Roi lui donna une nouvelle naifiance, en lui donnant une nouvelle forme. Le règlement et!: du 26 Janvier 1699. En vertu de ce règlement, l'Académie eft compoiée de quatre fortes d'Académiciens, les Honoraires, les Penfionnaires, les Allbciès & les Elè- ves ; la premièrç claiîe compofèe de dix perlonnes , Se Its trois autres chacune de vingt. Les Honoraires doivent être tous regnicoles; les Peniionnaires doivent être tous établis à Paris ; des Atfocies huit peuvent être étrangers ; les Elèves doivent être tous établis à Pans. Les OtHciers de l'Académie font, unPrètîdent, qui elt nommé tous les ans par le Roi, un Secrétaire éc unTréforiei". Les Académiciens tiennent leurs allem- blées deux fois la temaine dans une des lalles du vieux Louvre. Les jours de ces allemblées lont le Mercredi &le Samedi : deux de ces allemblées {ont publiques , la première après la S. Martin, & la (econde après le Dimanche de Quajimodo. A chaque aifemblée le Roi fait diftribuer quarante jetons d'argent aux Académi- ciens peniionnaires qui s'y trouvent préfens. La fin de cette Académie eft de perteètionner la Fhyllque , les Mathématiques, la Géométrie, la Médecine, la Chi- mie, rAnatomic, la Chirurgie. H y a à Montpellier une Académie fous le nom de Société Royale des Sciences. Elle fut étabhe en 1706 par lettres patentes du Roi, qui la mit lous fa protec- tion. Il a voulu qu'elle ne fît qu'un feul & même corps avec l'Académie Royale des Sciences de Paris. Elle eft compofèe detix Honoraires-, & quinze autres Académiciens, lavoir, trois Afi:ronê)mes , trois Ma- thématiciens, trois Chimiftes, trois Botaniftes & trois rhyficiens. Chacun de ces Académiciens peut avoir fon élève eu fon adjoint. Elle s'allemble une fois la fe- maine , & tous les ans après la S. Marrin elle tient une aifemblée pubhque. Il y en a aulll une établie à Bordeaux depuis 1715- Académie Royale des Inscriptions et Belles- Lettres. Elle fut établie en 1663 , par le Roi, fous le miniftère de M. Colbert ; mais c'elt proprement en 1701 qu'elle a reçu fa forme par les foins de M, l'Abbé Bignon. Les Académiciens qui la corapofent, font au nombre de quarante, divifés en trois clalfes, qui font les Honoraires , les Peniionnaires & les Alfo- ciés. Leurs conférences te tiennent dans une l'aile du vieux Louvre, le mardi &c le vendredi de chaque fe- maine. Deux fois l'année il y a une allémblée publi- que , l'une après la S. Martin , & l'antre après le Di- manche de Ouafimodo. Elle tut nommée d'abord Aca- démie des Médailles & des Infcriptions ; elle a pris depuis le nom à' Académie des Infcnptions & Belles- Lettres. <« ACA Les Académies des villes de province , comme de Lyon, de Marteille , de Cacn, &c les autres tiennent plus de l'Académie des Belles-Lettres, que d'aucune autre , ou plutcit lont des Académies de Belles-Let- tres. Académie d'Architecture. Elle fur étaWie le 50 No- vembre 1671 , par les foins de M. Colbert, qui la forma de tous les Archiiecces renommés du Royau- me. Le Roi ■ la mit tous la direéticn du Surintendant des Bàtimens , qui étoit alors M. Colbert. Les Acadé- miciens lont diftribués en deux clalfes ; leur nombre n'cft pas déterminé. Ils s'aliemblent tous les lundis au Louvre. Le Roi entretient un Profelfeur public d'Ar- chiteéture, qui donne dans le même lieu fes leçons deux fois la temaine , le lundi & le jeudi. M. Blon- dcl eft le premier qui l'ait tait. M. de la Hire l'a fait aulli bien des années. Académie de Peinture et de Sculpture. C'eft une Académie établie par le feu Roi Louis le Grand de glorieule mémoire , & dont le Roi Louis XV , fon arrière-petit -fils, s'eft déclaré le proteifeur en 1748. Le Cardinal Mazarin en fut le premier protecteur, & M. le Chancelier Séguier vice-proteéteur. Elle eft compotée des meilleurs Peintres ik Sculpteurs de France. Pour y entrer, il faut donner des preuves de la capacité par quelque morceau que l'on fournit. Elle a un Di- reèfeur qui prélide aux alfemblées , porte la parole dans les occafions qui le préfentent , & a une infpec- tion générale tur tout ce qui te paile dans l' Académie. Il peut être changé tous les ans ; mais la coutume eft de le continuer trois ans. Elle a un Chancelier pour viter & tceller du fceau de l'Académie ^ les lettres de réception , & autres aétes qui en tont émanés. Il eft perpétucL Elle a quatre Reèleurs,fpour préfider par quartier aux allemblées en l'abfencê du Diiecl:eur, & pour te trouver à l'Académie pendant les trois mois de leur exercice, pour veiller avec le Profelleurde mois à l'ordre qui te doit obferver dans l'école du modèle , & juger entemble des ouvrages des étudians, & des rc- compenles qu'ils méritent. Ils tont à vie, à la réferve du dernier , qui peut être changé tous les .ans. Les Reéteurs ont deux adjoints pour tlippléer à leur ab- tence. Il y a douze Profclfeurs qui font en fonclion pendant un mois chacun. Ils doivent lé trouver tous les jours à l'Académie à l'heure que fe tient l'école du modèle, pour tenir les élèves allidus & en règle, les corriger, & avoir loin des aftairc; particuhères. On en peut changer au tort jufqu'à deux tous les ans. Il y a huit Adjoints aux Profelfeurs , qui en font les fonc- tions quand ils tont abtens ou empêchés. Deux Profel- tcurs , l'un en Anatomic , l'autre en Géométrie Ik Pert^ peétivc. Un Trétorier qui frit la recette & la diftribu- tion des peniions du Roi &c des autres deniers de l' Académie ^ il a la garde des ouvrages de Peinture, de Sculpture & des meubles: il peut être changé tous les trois ans. Il y a des conteillers divilés en deux claf- fes : dans la première font des petionnes de contîdé- ration, qui font admîtes par honneur, comme Ama- teurs des artii, du delfein, & connoilleurs. Ils ont voix délibérativc avec les Officiers, & rang dans la lifte après les Reé''eurs & Adjoints des Recteurs. La féconde eft compofécide fix Académiciens renommés par leurs talens. Le Secrétaire Hiftoriographe tient les legiftres des délibérations & des expéditions ; il a la garde des titres & papiers , tait l'ouverture des propofitions & des affaires dont on doit traiter en chaque aifemblée , recueille ce qui fe dit dans les conférences pour le mettre au net : il a la garde des tceaux en cas de ma- ladie ou d'abfence du Chancelier, pour fceller en pré- fence de la Compagnie. Il eft perpétuel. On eft reçu dans cette Académie , ou comme Pein- tre, ou comme Sculpteur. Les Peintres y font reçus fé- lon leurs talens, & avec diftindtion de ceux qui tra- vaillent à l'hiftoire, & de ceux qui ne font que des portraits, ou des batailles, ou des payfages, ou des animaux, ou des fruits, ou des fleurs , ou qui ne peignent que de miniature , ou qui s'appliquent à la gravure , ou à quelque autre partie qiii regarde le delfein. ACA Pour fervice, \ Académieiie Peinture a deux Huif- fiers pour ouvrir & fermer les portes , & tenir l'appar- tement propre: le premier fait la tondtiondc concierge. Elle a encore deux hommes entretenus pour icrvir de iTiodèle dans l'école. Louis le Grand a donné à cette Acadcmic j com- me aux autres , un appartement au Louvre , com- posé d'un grand nombre de pièces ornées d'une grande quantité d'ouvrages excellens de Iculpture & de peinture. U Académie de Peinture & de Sculpture doit (on établiilemcnt à Martin Charmois. Il y a deux modèles \ c'eil-à-dire , deux hommes bien laits de corps, que l'on cxpole nus tous les jours à hx heures du loir, & que l'on tait mettre en ditîé- rentes poilures ou attitudes , pour donner lieu de le perfedionner aux jeunes gens qui ont du génie pour le dellein, ë-z pour apprendre de la nature même l'art de delliner correctement. Le jour de la fête de S. Louis on diftribue des prix à ceux qui ont le mieux réulîî. Cette Académie tient les allemblées au Louvre , le dernier lamgdi de chaque mois. Une de (es princi- pales conltitutions , elt que tous ceux qui la compo- lent, font obhgés d'expoler au pubhc de leurs ouvra- ges à la S. Louis. Ils s'expolent dans les galeries du Louvre, & reftent expotés pendant quinze jours. Outre cette Académie de Peinture & de Sculpture établie au Louvre , il y en a encore deux autres a Pa- ris, dont l'une eft à l'Hôtel royal des Gobelins, fous les ordres de \' Académie Royale du Louvre ; & l'autre cft dirigée parles Maiti es Peintres & Sculpteurs, & leur bureau eft rue des Hauts-Moulins près de faint Denis de la Chartre. Académie Royale de Musique. Regia Mufics. Acade- mia. Voyez Opéra. ^fF Académie Royale de Chplurgie, étabhe pour la perfeûion de l'art de guérir les maladies qui exi- gent la main du Chirurgien. Voye-^ Chirurgie. Il y aullî dans la plupart des villes d'Italie des Aca- démies dont les noms (ont curieux à caule de leur bifarrerie. A Sienne on appelle les Académiciens , In- tronati : à Florence, Délia Crufca ; à Rome, Humo- rifiiy Lyncei 3 Fantafiici; à Bologne, Otiofi ; à Gè- nes, Âddormentati ; à Padoiie , Ricovratij Se Orditi ; àVicence, Olympia ; à Parme, Innominati ; à Mi- lan, NafcoJU j à Naples , Ardenti ; a Mantoiie, In- vaghiti ; à Pavie, Affidati ; à Céiene , Offufcati ; à Fabriano, Difuniti ; a Fayence, Filoponi ; à Ancone, . Caliginofi; à Rïmim , Adagiati ; à Cita del Callello , A[forditi ; à Péroulc , Infenfati ; à Ferme , Rafron- tati ; à Macerata, Catenati ; à Viterbe, OJlinati ; à Alexandrie, Immohili ; à Brelle, Occulti ; à Trévîfe, Perfeveranti ; à Vérone , Filarmonici ; à Cortone , Humorojî ; à Lucques, Ofcurri. M. Péliiron a donné ce catalogue dans fon Hiftoire de \' Académie. Mafcu- rat ajoute les Sileni à Ferrare-, les Agitati ^ à Cita di Caftello, mettant les Ajfforditi à Urbin. Il y a encore à Florence une Académie de Phvfi- que nommée dcl Cimenta ^ où l'on lait plulleurs expé- riences phyfiques & aftronomiques. Elle a été établie par Laurent de Médicis, & elf fouvent citée par Fran- cHco Redi , Médecin. Au refte , l'Académie délia Crufca à Florence eft différente de l'Académie de Flo- rence , laquelle eft plus ancienne que celle délia Crufca. On les a (ouvcnt confondues, & le Talle même s'y méprit d'abord. U attribua à l'Académie de Florence . la critique que quelques Académiciens délia Crufca filent de fes ouvrages dans les premiers temps del'éta- blilfemcnt de cette Académie. Foyei tout cela fort bien détaillé dans l'Aminta diffefa du (avant M. Fontanini. Il falloit auflî ajouter \ Académie des Arca- diens à la lilte des autres. Car quoique ces Meilleurs ne (e donnent point le titre A' Académiciens ,8c qu'ils affeélenr de ne fe iervir que de termes conformes à la qualité qu'ils prennent de Bergers d'Arcadie ; cepen- dant on appelle Académie -, ce qu'ils ne veulent appe- ler que Ragunan^a, ou A[feml>lée , parce qu'eftedi- vement on fe propole à-peu près le même but dans leurs allemblées que dans les autres Académies , qui ACA rs font établies poUr entretenir Une noble émulation par- mi les (avans, & (ur-tout parmi ceux qui cultivent 11 l'ûëlie, &: ce qu'on appelle plus particulièrement /ej Belles-Lettres. On a depuis peu établi à Venii'e une Académie de Savans -, une autre à Dublin ; une autre à Oxford , qui travaillent à l'avancement des Sciencesi. Il y a une Académie en Allemagne, établie fous le titre 6! Académie des Curieux des lecrcts de la Nature dans le Saint Empire Romain. L'Empereur lui donna (a protection en 1670. Elle tut établie dès 1652 par le (leur Bauch Médecin. L'une des plus fiimeufes de toutes les Académies , cd celle qui eft établie à Lon- dres, tous le nom de Société Royale d'Angleterre ^ qui cil: compolee de plulleurs Savans de qualité , qui nous ont donné pludeurs beaux ouvrages , & dont on a vu aullî d'excellens Journaux , tous le titre de Philofophical Tranficlion. Au relfe , quoique ces Académies (oient dans l'approbation commune , elles ne (ont pas toutetois dans celle de ce grand Chance- lier d'Angleterre , François Bacon , ni , pour le dire vrai, dans la mienne. Car je vois que du temps de Léon X , que l'on doit comparer à celui de l'Empe- reur Augufte , ces façons d'exercer la jeunelle avec tant de montre, de pompe & d'éclat, n'étoient point en utage ; de (orte que l'on pourroit dire avec Pé- trone à tous ces ALM. les Académiciens, Pace vejlrâ liceat dixiÇfe, Primiomnnim eloquentiam perdidifiis , Sec. Mascur. Charlemagne établit par le conteil d'Al- cuin , une elpèce à' Académie , dont il voulut être lui même. Se qui étoit compolee des plus beaux ef- prits , & des plus Savans de la cour. Dans ces confé- rences académiques, chacun rendoit compte des An- ciens Auteurs qu il avoir lus ■■, & même ceux qui en étoient, prirent chacun un nom de quelque Auteur an- cien qui étoit le plus à ton goiit , ou de quelque homme fameux dans l'antiquité. Alcuin, dont les Lettres nous apprennent ces particularités, prit celui de Flaccus , qui étoit le (urnom à' Horace; un jeune Seigneur, nommé Angilhert , prit celui à' Homère ; Adelard , Abbé de Coû>ic, s'xY>ptllx A uguflin; Riculfe, Evêque de Mayence y te nomma Dametas ; le Roi lui-même prit le nom de David. P. Dan. Il paroit par-là que M. Bailler n'étoit pas aftez inftruit , quand il a dit , que c'eft en fuivant le génie des gens de Lettres dd fon temps , amateurs des noms Romains , qu'Alcuin s'etf appelé Flaccus Alhinus. l'Académie Espagnole. C'ett une Académie établie à Madrid tur le modèlp de l'Académie Françoite à Pa- ris , pour perfectionner la langue Etpagnole. Acade- mia Hifpanica. Dom Manuel Fernandez Pachéco , Marquis de Villéna, Duc d'Etcalone , Chevalier de la Toitbn d'or , &c. en doit être regardé comme le Fondateur. Elle s'alfembla pour la première fois , foUs le bon plaifir & une permiïlîon verbale du Roi Phi- lippe V , dans le palais de ton Fondateur , qui tut nom- mé Directeur. Elle demanda au Roi (a proteétion & une approbation authentique : le Prince la donna le 14 Odobre 171 4, & accorda aux AAdémiciens tous les privilèges , grâces , prérogatives , immunités l"!^ exemptions dont jouiifent les officiers - domeftiqucs , qui font aduellement au fcrvice dans le Palais Royal, La Compagnie ainfi autorifée, nomma de nouveau pour fon Directeur le Marquis de Villéna , Duc d'E(- calone , pour l'être toute ta vie. Après lui les Direc- teurs doivcnr^changer tous les ans. Sa devite eft: un creufet dans le feu, avec ces mots efpagnols: Lempia FijA, Y DA ESPLENDOR. Elle fit dcs ftatuts, qui le 24 Janvier 171 j furent en état. La fin de cette Aca- démie elf de purifier & de perfedionnerla langue Cal- tillane. Les ouvrages de l'Académie (ont un Diétion- naire , une Grammaire , une Poétique & une Hiftoire • de la langue Etpagnole. Il n'y eut d'abord que huit Académiciens : enfuite on en ajouta quatorze. Ou- tre le Directeur , elle a un Secrétaire* ^a fondation & les ftatuts de cette Académie , d'où ceci eft tiré , ciu été imprimés à Madrid à l'Imprimerie Royale en 1 7 1 j , On dit auftl Académie , en parlant des Ecoles des Juifs, & des endroits où ils ont des Rabbins & des î'î ACA Dodcius pour enfcigner aux jeunes gens de leur na- tion la langue hébraïque, leur expliquer le Talniud, leur apprendre la Cabale, &c. Les Juifs n'ont eu de ces fortes à' Académies que^^epuis le retour de la cap- tivité de Babylone. Les Académies de Tibériade , de Babylone ont été fameufes. Quelques Auteurs ont employé ce terme pour lî- gnier auffi ce que nous appelons Univerjïté. Il me vient quelquefois en penfée de parcourir les Acadé- mies de l'Europe, principalement celles de Paris, &c. BouHOURS , Fie de Xav. L. IIL \J Académie d'Ox- ford eft 11 illuftre, que Ion Chancelier eft toujours un des premiers Seigneurs du Royaume. Larrey. Ce n'elt pas parler aifez jufte. Il cit vrai que M. Harris, dans Ion lavant Diiftionnaire des Arts, définit le mot Académie , une efpèce de hautes Ecoles , ou Univer- jïté ^ dans laquelle les jeunes gens font injlruits dans les Arts Libéraux & dans les Sciences ; mais il parle Anglois , & explique ce que fignifie ce mot en Anglois. De même en Latin on appelle ^cai/e'mie j ce que nous appelons Univerjïté ^ Si tout le viii livre de Lym- n;TOs de Academiis , regarde les Univerfités. Mais quand on écrit en François, il faut diil:inguer ces deux chofes, qui dans notre Langue lont fort différentes. Académie eft une alfemblée de gens doâ:es , qui tien- nent entre eux des conférences lur des matières d'éru- dition. Univerfité eft un Corps compofé de Docteurs , de Bacheliers, qui afpirent au Doctorat; de Régens qui enfeignent dans les Collèges, & de jeunes gens, ou écoliers qui étudient lous ces Régens. On peut ce- pendant appeler Académies , les lieux où les jeunes gens étoient inftruits >Sc élevés. Ainli l'on dit que pen- dant que les Romains étoient les maîtres de la Gaule, ■ '^l y avoit des Académies à Autun , à Bordeaux , à Marfeille , à Narbonne , à Tours & à Trêves. Le Gendre. Mais en parlant de nos temps, cela fait une équivoque qu'il fiut éviter , en diftinguant ces_ deux chofes , Académie ôc Univerjîte , comme en eftct l'u- fage les diftingue. Académie, fe die aullî des maifons, logemens & ma- nèges des Ecuyers , où la noblefte apprend à monter à cheval, & les autres exercices qui lui conviennent. Epkeborum Gymnajîum. C'eft ce que Vitruve appelle Ephebeum. Au fortir du collège on a mis ce gentil- homme à l'Académie. Newcaftle dit que l'art de monter à cheval prit nailLuice en Italie ; que ce fut à Naples que la première Académie pour monter à cheval fut écabhe, & que Frédéric Griton, Napoli- tain , fut le premier qui en écrivit ", ce qu'il fit en vrai cavalier & en grand maître. Henri VÎII fit venir en An- gleterre deux Italiens , écoliers de Grilon , qui rcm- phrent le Royaume d'écuyers. Gui Allard dit que Plu- vinel eft le premier qui a établi en France des Acadé- mies pour apprendre à monter à cheval. Il étoit du Dauphiné. Newcaltle dit aullI que le plus célèbre écuyer qui fut jamais en Italie, étoit à Naples C'c Na- politain , nomnié Pignatel ; que la Broue monta cinq ans fous lui, rluvinel neuf, & S. Antoine plulîeurs ^ années; que ces trois François , qui firent leur appren- tillage fous Pignatel , remplirent la France d'Ecuyers François , qui étoit auparavant pleine d'Ecuyers Ita- liens. Il croit que la Broue a été le premier qui a écrit en François de l'art de monter à cheval. ifJ' Académie, fe dit non-leulement du lieu où l'on fait les exercices , mais des écoliers mêmes. Ce jour- là un tel Ecuyer fit monter toute Ion Académie. ijZF' Académie. Terme de Peinture. C'eft une figure entière , deftînée d'après le modèle , qui eft un homme nu, ou la copie d'un pareil dclFein. Cette Académie ne m'a coûté qu'une heure de travail. Académie, ledit abulivement du Brelan, ou des lieux publics où l'on reçoit toutes lottes de perfonnes à jouer aux dez & aux cartes, ou à d'autres jeux défen- dus. Les Juges de Pohce font obligés de veiller à ce qu'on ne tienne point des Académies de jeu. Voulons que les ordonnances de Police pour chalfer ceux chez Icfquels fe prend & conlommele tabac, qui tiennent Académie , brelans, jeux de halard , iv' autres lieux défendus, foient exécutées. Ordonnance de 1666. ACA Ces lieux que l'on appelle fort improprement Acaié' mies j mais beaucoup mieux du nom infime de Bre- lan , tout homme d'honneur doit les éviter , tk les loix les condamnent. De la Mare. Cet Auteur mon- tre dans Ion Traité de la Police j L. III. Th. iv. C. 2 8c j, que non-leulement les Pères & les Loix cccléfiaftiques , mais les Loix civiles chez les Païens , ont défendu ces lottes d'Académies. Les maîtres de ces Académies étoient fi infâmes & fi odieux , que s'ils étoient volés ou maltraités dans le temps du jeu, ils n'avoient aucune adion en juftice pour en deman- der réparation. L. i. PrAt. ait. ff. de aléa. & ihi glojf. Ulpian. ACADÉMIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à l'Aca- démie des Sciences , des Arts , des Belles-Lettres ; à des Académiciens , à des Gens de lettres. Academicus. Dilcours académique. Exercices Académiques. Quef- tions Académiques. On le dit quelquefois des perfonnes. Sujet Acadé- mique^ homme qui convient à \' Académie. ACADÉMIQUEMENT. adv. D'une manière académi- que. Academicè. Cette queftion a él^traitée acadé- miquement , pour dire , luivant la mémode des Aca- démiciens. ACADÉMISTE. 1. m. Ecolier qui fiit fes exercices chez^ un Ecuyer, qui apprend à monter à cheval , à faire des armes , à danler, &c. Equcjlris difcipHn£ tyro. Les exercices du corps lont pour l'AcadémiJle. L'exercice d'elprit pour l'Académicien. ACADIE. Acadia. Grande province de l'Amérique fcp- tentrionale , entre le Heuve de S. Laurent & la nou- velle Angleterre. Elle a environ cent lieues d'éten- due. Ce pays appartient aujourd'hui aux Anglois. Nul pays , dilcnt élégamment les grands Vocabuliftes, n'cft plus abondant en gibiers 8&en poillons de toutes ef- pèces que l'Acaaie. Quel ftyle , pour des réforma- teurs ! ACADINE. r. f. Fontaine de Sicile proche de deux lacs de foufre & de feu, nommés Délies. Elle étoit con- facrée avec les deux lacs aux deux frères Paliques, fils de Jupiter & de la nymphe Thalie ou Aâua , ôc fa- meule par les preuves des fermens qu'on y failoit. On ne doutoit point de la vérité du lerment, loilquc les planches de bois lur lefquelles on avoit écrit le fer- ment , alloient à fond : le ferment étoit réputé faux (Is: lut le champ le parjure étoit aveuglé, ou mêmr brûlé parles Hammes des lacs,loiic[u'elles furnageoient. Ariftote, Etienne i:le Bylance, Diodore de Sicile, Le Clerc & Moréri parlent de cette Fontaine. AÇAFRAN. 1. m. Rivière d'Afrique, qu'on nommoic autrerois Quinalaf, & que quelques-uns appellent au- jourd'hui Vetxilef. Acajramis fluvius. Il eft dans le royaume de Tremecen. La ville de Col des Mode- chaves eft lur le bord de Acafran. iCr ACAGNARDER. Fojtr/ Accagnarder. ACAJA , autrement IBAMETARA.^ C'eft un des plus grands arbres du Brélil, dont Pilon parle, 1. iv. c. 16. & qu'il diftingue de l'Acajou dont il avoit parlé, c. 6. Il paroît cependant que ce n'eft qu'une elpèce de l'Acajou ; car il appelle auill cet arbre Acaja iba ^ comme celui-ci. ACAJOU, f. m. Arbre de l'Amérique de la hauteur de nos pommiers , branchu i: ne font la guerre que dans î'efpérance du butin. Gra- TiANi. Eiftoire de Chypre. ACANIE. Nom d'un royaume des Nègres, Acania. Il ell dans le pays des Nègres. \ Acanic eft bornée par Cuitoro & Bonoéàl'oueft, par Daroé , Ari & Abram- boé au fud ; par Inta au nord , & Ahim à l'eft. ACANIEN, ENNE. f. m. & adj. Nom du peuple qui habite l'Acanie. Acanianus^a, uni. Les Acaniens font tous adonnés au commerce , riches en efclaves & en or , & braves. La langue Acanienne eft la même que celle de Fétu, d'Ati, & de Cibou , deCommendo& d'Abramboé , mais elle eft plus douce^ Voye7 La Croix-, Relat. d'Afrique. ACANTHABOLE. f.'m. Inftrument de Chirurgie, fait en lorme de pincettes , dont on trouve la defcription dans Paul Eginète. On s'en fcrt pour enlever les ef- quilles d'os cariés, les épines, les tentes , & tout au- tre corps étranger qui le trouve dans une plaie , ou pour arracher les poils des paupières qui incommodent & irritent les yeuxj ceux des narines ou des fourcils. A''x«»ea , épine: BaAAu, jeter dehors, chaifer. $CrACANTHACÉ,ÉE. adj. Terme de Botanique. Plan- tes act7«f/zme, & le dit de tout ce qui arrive de nouveau à un malade, foit en bien, loit en mal. Symptoma. Le re- mède travailla de telle lorte, que les ^cci^f^/zj qui s'en- fuivirent, fortifièrent l'accuiation. Vaug. Cette plaie le pourra guérir, s'il ne furvient point à' accident ■ c'eft-à-dire , de fièvre , dinftammation , ou d'autre fymptôme. C|^" Accident , feditaulîi en fauconnerie. Les oifeaux de proie lontlujetsà piuiieurs accidens,ce(\.-à.-d'n:e , ma- ladies, blellures. ^fT Accident , lignifie auffi les circonftances &' les inci- dens d'une adion. Quand Sapho veut exprimer les fu- reurs de l'amour, elle ramalîe de tous côtés les acci- densquï lai\eut&qui accompagnent cette paflion:&: remarquez que de tous ces accidens , elle choifit ceux qui marquent davantage l'excès ik la violence de l'a- mour. BoiL. Par accident, manière de parler adverbiale. Fortuito. £lle marque vne choie arrivée par malheur , ou par un événement qu'on ne devoir pas naturellement atten- dre. Le Prince a l'humeur bienfailante , & s'il fait du mal , ce n'eft <\\xepar accident. En termes de Phi- lolopliie, par accident jy pcr accidens j fignifie ce qui ne fuit pas de la nature d'une choie , mais de quelque quahté accidentelle quelle a, & il eft oppofé à de foi , perfej,:i\iice manière de parler qui marque ce qui fuit de l'efience &zde la nature d'une choie. Ainfi le feu brûle de (oi, pcrjl- , &c en tant qu'il eft feu, (l;''lcs, les peuples ont accoutumé de faire des acclamation^' ^ ^^^ réjouif- fmces publiques. Dans le Code ThécQ^'ficn, L. vu, il eft fait mcnûon des acclamations duçeiip}^^^'^™^^^ y aux entrées des Empereurs Angufte Se ConftA;:tin. De RocH. Voici quelques formules de ces acclar,rat.'Cns , que l'Antiquité nous a confei-vées: Que les Dieu;^ v"OUS conlêrvent pour nous, votre ialut, notre falut : iSJi te , nobis fervent j vejlra falus , noflra falus. En vous , ô Antonin, &par vous , nous avons tout. In te omnia, per te omnia hahentur , Antonine, Lamprid. Lorf- qu'Agripprine entra dans Rome , les peuples crioient qu'elle étoit l'honneur de la patrie , le iêul iang d'Au- gui1:e,le feul modèle de l'antiquité, & faifoient des vcfux pour l'es enlans. Tacit. Annal. L. m. C. 4. Lam- piidius dit qu'à l'entrée d'Alexandre Sévère les peuples envient Salve jfRoma :, quia falvus Alexander! O Rome , loyez iauve , puifqu'Alexandre eft iauf. Les L. I i.C. S' Anciennement on le fei-voit d'acclama- tion Se d'applaudiffement dans les églifes , comme dans les théâtres: les Magiftiats , les Evéques, étoienc élus autrefois par les futïlagcs , & les acclamations pubhques. Dans les Conciles on s'en eft auffi fouvcnt lervi , foit pour fouhaiter de longues années aux Em- pcurcurs, foit pour opiner 0^ Acclamation, ielon les Auteurs du grand Voca- bulaiue , fe dit quelquefois de l'élévation d'un fujet à qutlque dignité importante. Non, l'açclamationn'cO: ACC point l'élévation d'un fujet à une clignitJ imporû-inte. Il leroit ridicule de dire X'acciamation du Pape, de 1 Empereur , &c. fe fît tel jour. Le mot à' acclama- tion fignifie teulcment la manière de donner l'on fuf- frage, ulitcc autrefois dans quelques occahons, il la voit un peu trop lamilière- ment. ACCOISEMENT. f. m. Calme. Terme de Médecine. Il n'ell: d'ufage que dans cette pliial'e , VAccoifcmcnt des humeurs , & fignifie alors la cell'ation d'un mou- vement excellif, excité en cil -s par quelque caufe que ce (oit. ACCOISER, V. a. Vieux mot , qui fignifioit , calmer, appaiter, rendre coi. Placare, mulcere. La tempête après avoir duré fix heures , s'accoifa un peu. La fé- dition fut ûtct'i/t-'tf par l'adrelle d'un tel Magiflrat. Ce terme eft uiité en Médecine , où l'on dit accoifer les humeurs. On le dit aufîi avec le pronom pcrfonnel. Les humeurs s'accoifent. ACCOISÉ, ÉE.part. ACCOLADE, l. t. Embralfement , carelfe qu'on fait en fautant au cou de quelqu'un en l'embraflant. Am- plexus j complexus. Les amis qui ont été long-temps fans fe voir, fe font mille cmbralfades !kaccollades. ^CT Accolade. Terme d'ancienne Chevalerie. Cérémo- nie qui fepraciquoit anciennement en conférant un or- dre de Chevalerie, dans le temps où les Chevaliers croient reçus en cette quahté par les Princes Chrétiens. Elle confilloit en ce que le Prince armant le nouveau Chevalier, l'embraifoit en ligne d'amitié , i.\: lui don- noit fur l'épaule trois petits coups du plat d'une épée. Grégoire de Tours rapporte que les Rois de la pre- mière race donnoient le baudrier Se la ceinture dorée aux Chevaliers, Hc les baifoient à la joue gauche. Le Chevalier qui recevoir l'iTccoAîo't.'jétoit nommé Cheva- lier d'armes, miles ^ parce qu'il entroit par-là en pof- felîion de faire la guerre , dont l'épée, le heaume , &c. étoient les fymboles. On y ajoutoit le collier , comme la marque la plus brillante de la Chevalerie. Ceux qui avoient été ainfi reçus Chevaliers , avoient feuls le droit de porter l'épée hi de chauffer des éperons do- Tome I. I ACC /e. Ce terme ne le trouve point dans le D-'ét. de l'Acad. au'ïï eit-il peu ufité. Les Vocabuliftesauroientdûnous en avertir. A la façon dontils l'expliquent , on le prendroitpourun terme d'un ulage ordinaire. ACCORDAÎLLES. f. f. Il n'a point de fingulicr. Ccrc- monie qui (e fait pour ligner les articles , ou le contrat de mariage en préfence des parens, quand les parties font d'accord. Sponfalia, Ce mot eft vieux , & ne fe dit qu'au Palais. Hors de-Ià ,onà'n accords, Leçeii- ple dit aulli accordallles. ^ACCORDANT.ANTE.Co/zcorj.Termedemufique, qui s'appliqueaux tons qui s'accordent bien. Adconccn- tum aptus. Il y a des tons accordans , & des tons dif- cordans , &c. ut &yà/ (ont des tons accordans. La Mu- fiqucconfifteàbienchoifirlestons accordans j'k les dif- tinguer des ditcordans. Il y a des voix accordantes & difcordantes. ACCORDEMENT. f. m. Terme de Coutume. C'eiWac- cord, la compofirion, le traité que hiit un acquéreur avec le Seigneur ccnluel pour les droits cenluels des lods & ventes qui font dûs audit Seigneur. Paclum, conventio. Ragueau. ?Cr ACCORDER, v. a. Mettre d'iZccrra'.Rétablir la bonne intelligence entre des perfonnes qui ont des procès, des contcrtations. Controverjiasdïrbnere y componere. fCT Accorder , dans ce fens, a beaucoup d'analogie avec concilier; mais le premier luppofe conteftation & contrariété ; & concilier ne luppofe que de l'éloi- gnement ou de la diveriîté. On accorde les diftérents on concilie les efprits. Syn. f r. Il 'paroît impolîîble d'accorder les libertés de l'Eglife Gallicane avec les prétentions de la Cour de Rome. Il fera toujours très- difficile de concilier]^ maximes de nos Parlemens avec les préjugés du Confiftoirc. tr^ Accorder, fe dit aullî en parlant des opinions. il lignifie lever les contradidions app.arenccs qui peu- vent fe trouver entre deux ou pludcurs opinions. Con- c'diare. Rien n'eft fi aifé que d'iîcco/ï/t'r l'écriture avec l'écriture, lorfque Ion croit avec l'Eglife Ciuetienne, &c. PELisSi Les Théologiens ont travaillé à accorder S. Matthieu & S. Luc fur la Généalogie de J. C. Le mot accorder, dans ce Icns , a encore beaucoup d'analogie avec concilier ; mais on emploie le mot d'accorder pour les opinions qui fe contrr.rient , & ce- lui de concilier pour les pallages qui femblent (e con- tredire. Le défaut de jullclle dans l'efprit eft, pour l'ordinaire, ce qui empêche les Docteurs dn l'Ecole de s'accorder dans leurs dilputes. La connoillance exacte delà valeur de chaque mot, dans toutes les différen- tes circonftances où il peut être employé , lert beau- coup à concilier les Auteurs. ^CFAccoRDER , ic dit en Grammaire en parlantdu régime & de l'accord que les parties d'oraifon doivent avoir en- femble. C'eft mettre les mots comme ils doivent être les uns à l'égard des autres , fuivant les règles. P^oye-^ Concordance. Il taut accorder l'adjedtif avec le fubftantif , le verbe av^c Ion nominatif. §Cr Accorder, en Mufique, feditdansplufieurs accep- tions relatives à l'harmonie. Accorder les inftrumens , c'eft les mettre en état de faire des confonnancc;, des accords ; les mettre tous au ton où ils doivent ctre les uns à l'égard des autres pour former un concert agréa- ble. Accorder les violons , les violes , &Ci au ton du clavecin. Concentum inter in(lrumer,ta mufica efficere. ^fT Accorder un ir.jirumcm enparticulier^ C'eft mon- ter un inftrument, en mettre les cordes au ton où elles doivent être entr'clles. Accorder fon luth , fou violon. ACC -I 15" AccoRDERyà voix avec un infirument. Vocem ma- ritare. Cantare ad chordarum fonum. Char.rcr de ma- nière que la voix & l'inftrument lalfent des accords réguliers. 0\\ dit proverbialement accorder fes flûtes , conve- nir de ce qu'on veut faire. Accorde^ vos flûtes , con- venez de ce que vous voulez faire, & des moyen; de mire réufnr votre dellein. #Cr Accorder, fe dit encore généralement de toutes les choies qui ont du rapport, de la convenance. On ac- corde la couleur d'un lambris avec l'ameublement. On dit qu'un Vemuc accorde fes tableaux, pour mar- quer l'harmonie qui doit régner entre les diiférens ob- jets qu'ils repréfentent. On dxt 2.\x&. accorder les tons, f^oye-^ Harmonie en peinture. ^ AccoKT>^Kfynonyvaed'oÔ:toye'C.Concedere. Accor- der une grâce, une faveur. Le Cardinal Ximénès n'ac- cor^o/> jamais ce qu'on lui dcmandoit, pour n'être pas troublé dans l'ordre du bien qu'il vouloir faire. Flech, On lui a enfin accordé l'emploi qu'il dem.rndoit. Le Pape a accordé cent ans d'indulgence, ffT Accorder, fyncnym.e avec demcmei d'accord, re- connoitre pour vrai. Je vous accorde telle propofuion, C'elt une vérité de fait que vous devez m' accorder, |CF Accorder, iynonyme de confentir. Accorder une fille en mariage. C'eft la promettre à celui qui la de- mande. Defpondere. (fJ' Accorder, fe dit aulïï avec le pronom perfonnel. S'accorder, être d'accord. Confentire , convenir e. Ce que vous me dites ne s'accorde pas avec ce que vous m'avez dit autrefois. Nous tâcherons de nous accor- der. Calvin VGudroit bien «cco/t/.Cemot vient de l'Italien accorto , qui fignifie la même choie. Suivant Voltaire , il vient d'accorder , & fignifie conciliant. Il n'eft plus d'ufage , dit-il ^ d.ans le ffyle noble , & on doit regietter qu'il n'y foit plus. AccoRT, fignifie encore ^ofroir , habile à trouver promp- tement divers expédiens. Verfutus , callulus. ACCORTEMENT. f. m. Complailance , l'Art de s'ac- commoder à l'humeur des perfonnes à qui on a artaire. Obfequium, obfcquentia. il ne fe dit plus. ACCORTISE. f f II fignifie la même choie QyCaccorte- ment , & n'eit plus d'ufage. ACCOSTABLE. adj. m. & f Qui fe lai °. Il entreprend de con- cilier routes les contraddéfions apparentes d'Hippo- crare fur ce fujet. Il prétend que le terme le plus court de \'acconchementmi\xïc\, fuivant le fentiment d'Hi- pocrate, eft de 182 jo'ars, ou de fix mois entiers Se complets, & le plus long de 280 jours , ou de neuf mois entiers & 10 jours , Se que les enfans qui viennent avant ou après ce terme , ne vivent point, ou ne font pas légitimes. Cette opinion eft contraire à la Loi, qui déclare qu'un enfant peut naître onze mois après la mort de fon père. Peylonnel répond que cette Loi doit s'entendre d'onze mois , en comptant la fin du premier mois & le commencement de l'onzième , & non pas d'onze mois entiers & accomplis. Bartholin a fait un Livre des conduits extraordinaires par où fort le fœtus j il rapporte diftérens exemples à'accouchemens fort ex- traordinaires. Il y en a où le fœtus eft forti par la bou- che ; il y en a où il eft foifi par l'ânus. Foye^ Sal- MUTHus , obf. 94. cent. 3. Le Journal des Savans d'Al- lemagne, fur l'obfervation loS. de l'année 1670. De- gori , D'ici, médical. ACCOUCHER. V. n. Enfanter , mettre un enfant au monde. Parère j eniti. Il régit l'ablatif. Cette femme eft accouchée d'un beau garçon. Elle eft accouchée d'un faux germe, ou aviurt terme. Cette femme étoit accou- chée quand la fage -femme arriva. On ne dit point elle a, elle avoit accouché. La Fable raconte que Jupiter accoucha de Minerve. La même nuit qu'Olympias accoucha ACC accoucha d'Alcxnnive , le Temple d'Ephèfe fut réduit en cendres. Cet homme, à cela près qu'il n accouche- pas, eft la femme _,'& elle le mari. La Bruy. U eft quelquefois actif, & fignifie, aider à une femme à fe délivrer de fon cnhrnt. Adcjj'c parturicmi , ohfietn- care ^ ohfletncan. Il fe dit de la Sage femme, ou de l'Ac- coucheur. Les Chirurgiens lavent mieu>t accoucher les femmes que les Matrones. Mais, Iha Bonne, qui vous accouchera ^ Il vous accouche^ à Grignan ? M*^ de Sev. On le ditaulli avec le pronom perlonnel. Cette femme s'accoucha elle-même. Accoucher , fe dit figurément des productions de l'ef- prit. Edere. C'eit un bel e(prit , qui conçoit, qui in- vente facilement ; mais qui accouche , ou entante avec peine. Socrate diloit qu'il tailoit l'oflice deSagetemme, qu'il faifoit accoucher les efprits. Le fort de ce fonnet a droit de vous toucher 3 Car c'ejl dans votre cour que j'en viens d'accoM- cher. Mol. ACCOUCHÉ, ÉE. part. ACCOUCHÉE. 1. f. Femme en couche, qui vient de mettre un entant au monde. Puerpera. On tait des vilitcs en cérémonie aux femmes accouchées. Vous êtes parée comme une accouchée. Dans l'Amérique il y a des peuples où les maris font les accouchées à la place. de leurs femmes. Herrera. Lorfque les fem- mes accouchoient dans le Béarn, les maris le mettoient au Ut , & les envoyoient à la charrue. Scalig. in verbo Bearn. fol. ^p , & Scaligerian. De Roch. U y en a aulll dans les Antilles , & même dans les Indes orientales, & à la Chine vers l'île de Formofi, qui font la même chofe , comme on le voit dans le Re- cueil de Thévenot. Au Pérou les femmes accouchées ne gardent point le lit; mais après s'être lavées, elles le remettent à faire leur mcnage -, & fi quelque femme les aiîiftoit en leur accouchement , elle palleroit plutôt pour forcicre que pour Sage-femme, f'^oye^ VHiJloiredes Incas. Varron, /. 1 1. deKe huJL raconte que les femmes d'Illyrie por- toient leiu's entans par-tout, après être accouchées , & ne demeuroient pas un moment au lit pour cela, de Roch. On appelle proverbialement, les caquets de {'ac- couchée , les dilcours frivoles & de peu d'importance des femmes qui vilitent celles qui font en couche. On dit aulîi , tant d'un homme que d'une femme , qu'ils io\\t\ accouchée, quand ils fe tiennent au ht par molelfe, &lans nécellîté. ACCOUCHEUR, f. m. Chirurgien dont le talent prin- cipal elt d'accoucher les femmes. Adjutorpartùs. Main- tenant les Chirurgiens accoucheurs lont tort en vogue. Autretois on ne le fervoit que de Sage-temmes ou de Matrones pour accoucheufes. Vers accoucheurs. Ce lont de petits vers rougeâ- tres dont les huîtres font remplies dans une fiiion où elles lont laiteules & mal-laines , & où elles font des œufs. Ces vers ficihtent , félon quelques-uns , la nail- lance des petites huîtres-, & les œuts , au microfcope , ne lont autre choie que de petites huitres dans leur coquille. ACCOUCHEUSE, f. f. Femme qui aide à accoucher. Obfietrix. Habile accoucheufe. On dit plutôt Sage- femme. AcAD. Fr. Ces mots viennent du Latin accubare. ACCOUDER. V. n. i'appuyer fur le coude, Inniti cu- bito. Triftement accoudé qoxï\.x.ç. une cheminée. S. Am. Il fe dit plus fouvent avec le pronom perfonnel. On met au rang des incivilités de s'accouder fur la table ; de s'accouder devant fes fupérieurs. On ne s'en fert guère que dans le dilcours tamilier. On conjugue , je m'izc- coude ; je m'accoudai ; je m'accouderai. ACCOUDÉ, ÉE. part. ACCOUDOIR. 1. m. Chofe deftinée pour s'accouder; ce que l'on met tous les coudes pour s'appuyer en avant. Cubici julmentum. En termes d'Architedure, c'cft la même chofe qu'appui. C'elt le petit nmr qui eft élevé entre les deux pieds-droits d'une cioifée. On appelle accoudoir j l'endroit inférieur de l'ouverture Tome I. ACC -^? / d'une fenêtre , fur lequel on s'appuie , on s'accoude. L'accoudoir d'une fenêtre doit aller feulement à la hau- teur de la ceinture. Vitruvc appelle un accoudoir^ Plu- teus, qui lignifie un appui ou parapet. Il le fertaullidu mot Podium j qui elt un balcon , ou failhe. On dit populairement & ironiquement à une perfonne qui en incommode une autre en s'appuyant fur elle , allez chercher plus loin des accoudoirs. Ces mots viennent du François coude 3 qui s'eft for- mé du Latin cubitus. ACCOUER. V. a. C'eftquand le Veneur court un cerf qui eft tur les fins , & le joint pour lui donner le coup d'épée au défaut de l'épaule , ou lui couper le jarret j & pour lors on dit, le Veneur vient à'accouer le cerfi le cerf eft accoué. Dicx, Économique. §3" ACCOUÉ, ÉE. part. Cerf accoué. Bête accouée. ACCOUPL AGE. f. m. Ne fe dit que par le peuple. Voyei^ Accouplement. « ACCOUPLE, f. f. Liens dont on attache les chiens en- Icmble. Copula. ACCOUPLEMENT, f. m. Jondion du mâle >!' de la temelle pour la génération. Copulatio. On ne le dit dans ce fens que des animaux. Le mulet vient de V ac- couplement d'un âne & d'une cavale. On croit que la caufe des monfties d'Afrique vient de {'accouplement qui s'y fait des animaux de diftércntes elpèces. On ne le dit en parlant des hommes , qu'en l'adoucilfant par une épithète qui lertde correCliif. Alors il eft lynonyme avec mariage. C'eftun heureux accouplement. Il eft plus propre pour la poëlîe. Tu menais le blond Hy menée ^ Qui devait Jolennellemcnt 3 De ce fatal accouplement Célébrer l'heureufe journée. Malh. Accouplement , fe dit auffi des bœufs qu'on attache enfcmble fous le même joug. Jugum , cojugatio. ^C? Accouplement. Terme à' Aidntcô.mc. Accouple- ment de colonnes. Arrangement de plulieurs colonnes jointes enfemble, & qui forment groupe. V accouple- ment de ces colonnes eft admirable. ACCOUPLER, v. a. Alfocier , joindre deux chofes en- lemble. Copulare. Ces perfonnes font mal accouplées ^ leurs humeurs ne fympathifcnt point enfemble. On s'en fert dans un m; avais fens , & d'un ton railleur : c'eft un Mercure de profellion , qui fait accoupler les amans avec leurs belles qui ne lont pas inhumaines. COMB. CCJ" Accoupler des colonnes. Terme d'Archite6ture. f^oyc-^ Accouplement & Accouplé. IJC? Accoupler. Terme de Rivière. Lier plufieurs ba- teaux enfemble. En termes d'Agriculture , c'eft appareiller deux bœuts.deux chevaux, pour les employer au labourage, ou à d'autres ouvrages de la campagne. Jugare, con- jugare. Il étoit défendu par la Loi de Moyfe à'accou- pler un bœuf & un âne pour labourer. §3° Accoupler des dames , .au trictrac , c'eft les diC- poler deux à deux fur une flèche. On le dit aulîi du menuhnge qu'on attacheenfem- ble avec du fil, pour en faire des paquets. fO* Accoupler, en parlant de quelques animaux qui le joignent , mâle & femelle , pour la génération. C'eft apparier enfcmble le mâle & la femelle. Accou- pler les pigeons, les lerins, les tourterelles. On ac- couple ordinairement les ferins à la fin de Mars. Foyer^ Apparier. On dit que ces animaux s'accouplent ou font accou- plés y lorfqu'ils fe joignent pour la génération. Copu- lari , coirc. Les animaux ^accouplent de différentes fa- çons. Il y en a qui ne ^'accouplent point du tout. Voye\ M. DE Buffon. ACCOUPLÉ , ÉE. part. Il a les fignifications de Ion verbe. On diten termes d'Architeéture : colonnes accouplées. Ce lont plulieurs colonnes jointes enlemble , & qui font grouppe. ACCOURGIE. f. f. Terme de Marine. PalTag que l'on K 74 A o v> ménage dans le fond de cale & des deux côtés , pour aller de la poupe à la proue le long du vaiileau. Fori. ACCOURCIR. V. a. Rendre plus court , retrancher de la longueur. Curtare _, rejecare. On conjugue , Rac- courcis. Il faut accourcir ce manteau, en rogner un doigt. Il faut accourcir les étriers d'un point , reiferrer l'étrivière. On dit aullî accourcir, en parlant d'un dif- cours ; c'eft l'abréger. Contrahere , coarclarc. Il taut accourcir ce traité qui eft trop long. On dit aulîi , accourcirXc chemin, quand on prend que que chemin de traverfe qui abrège le chemin , qui 1 le rend plus court. Ud via compendiariâ. ffS" s'AccouRciR. V. récip. Dcvenirplus court. Les jours s' accourcijjcnt , quand le folcil a palle le (olllice d'été. Decrefcunt dics. Accourcir le trait. Terme de Chalfc. C'eft le ployer à demi, ou tout-à-fait pour tenir le Hmier. Saln. fC?«AccouRCiR /a hridc dans fa main. Terme de ma- nège. C'eft une adlion par laquelle le Cavaher , après avoir tiré vers lui les renés de la bride , en les prenant par le bout où cft le bouton , avec la main droite , les reprend enfuite avec la gauche , qu'il avoit ouverte tant foit peu , pour laifler couler les rênes pendant qu'il les tiroir à lui. ACCOURCl , lE. part. Contraclus j dccurtatus , comme fon verbe. ACCOURCISSEMENT. f. m. Ce qui accourcir, ce qui abrège. Contraclio. Le pallage qu'on a ouvert par ce parc , fert beaucoup à l' accoure ijjement du chemin. l^iie compendium. Il ne fe dit guère qu'en parlant des chemins & des jours. ACCOURIR, V. n. Aller fort vire en quelque endroit où quelque choie nous appelle, nous attire. Accurrere , advolare. On Conjugue, ]'accours ^ j'accourois ^ j'ac- courus. J'ai accouru j & je fuis accouru j j'accourrai ^ &c. L'armée eft accourue en dihgence au fecours de cette place. Toute la noblelîe accourut z\x bruit du ca- non , pour fe trouver a la bataille. Ses amis font ac- courus en foule , ou ont accouru pour le féliciter de fa nouvelle dignité , pour honorer Ion entrée. Il le dit fîgurément des perfonnes qui le portent à quelque ac- tion avec beaucoup d'ardeur. Accourir à la vengeance. Ablanc. Il faut dh-e courir à la vengeance. ACCOURU, UE. part. ACCOURS, f. m. Vieux mot que Nicod explique par fubvention , aftluence d'advenants. Accurfus. Il s'em- ploie encore en termes de Chalfe. Ainfi l'on dit : la chalfe de langlier fe fait à force , aux accours j aux chiens courans , lévriers, & avec limiers & abboyeurs. ACCOUSINER. V. a. Confanguineum appcllare. Appe- ler coulîn, traiter de couiîn. Accoujlner (quelqu'un. Il fe dit avec le pronom perlonnel. Ces deux Meilleurs font parensi car ils s'accoujînent. Ce mot eft popu- laire , & a vieilh. ACCOUSTIQUE. f. f. Foyei Acoustique. ACCOUTREMENT, f. m. Ajuftement, parure. Orna- tus. Il ne fe dit que parmi le peuple , ou dans le bur- lefquc. Quand cet artilan a marié la fille , elle lui a coûté cent ècus pour tous les accoutremens. Il iîgni- fioit aulli l'équipage militaire d'un Soldat, d'un Che- vaher, d'un Gentilhomme. Accoutrement. Il fe peut dire fîgurément des orne- mens de l'éloquence. Un Orateur me choqueroit infi- niment moins lous V accoutrement le plus grollier , que fous le fard & l'ajuftement d'une courtilane. Mora- p.iN.p. ICI. Une vautpasmieuxau figuré qu'au propre. ACCOUTRER, v. a. Vieux mot, qui fignifioit autre- fois , habiller , orner, parer. Ornare. Il y avoit des lin- ges qu'on avoit accoutrés en charlatans. Aelanc. Charles VIII. accorde à la Duchelfe Anne par un traité de 1491 , qu'il lui lera donné 60000 livres à ce qu'elle puifte tant mieux accoujlrer aucuns fes affaires. Il n'eft plus en ufage qu'en cette phrafe figurée & familière. Cet homme en une telle occalion,aètèmal accoutré ;]po\.u dire en raillant , qu'il a été maltrairé , ou bien blellé. On dirojt plus propremcnt,rfcco//r/e;j& préparer des peaux. Ces mots viennent du Gaulois, ou de l'Allemand. On appelle en quelques Cathédrales, comme à Baycux, Coutre 3 le Sacriftain ou Officier qui a foin de parer ACC l'Eghfe ou l'Autel, &en Allemand iT^fr^ Sacriftain, NewKO/Jî. Du Traité de Charles VIII , dont nous ve- nons de parler, le P. Lobineau juge c^' accoujlrer çowc- roit bien venir de 1 ancien mot Breton cojt ^ dépens, d'où a encore été formé celui de cujlus j coufts ■■, mais il fe trompe, il vient de Kujler, comme nous l'avons dit. f' oye\ Coustre. ffT Aujourdhui quand on fe fert de ces mots, il pa- roit qu'on y attache 1 idée d'un habillement extraor- dinaire. Voila un accoutrement bien ritlicule. Un homme llngulièrement accoutré. ACCOUTUMANCE, f. f. Habitude que l'on contraèfe en réitérant plulieurs fois la même aCliicn , en la fai- faut tourner en coutume. Confuetudo , ajjueiudo. On eft f'ouvent emporté par la force des mauvaifer. accou- tumances qu'on a contractées dans la jeunelfe- h' ac- coutumance de prendre du tabac eft difhcile à fur- monter. Ce mot qui connnençoit à vieillir du temps de Vaugelas , s'eft rétabli peu a peu , àt plulieurs bons Ecrivains s'en fervent. Bouh. Habitude i^ik \j\vl^ doux, &je dirois plutôt , il a fait celapar une mauvaife Aiî- bitude , que par une mauvaife accoutumance. Corn. On lui a fubftituè coutume, quoique ce foit un mot équivoque , & c^ accoutumance exprime bien mieux & uniquement ce qu'il lignifie. Mais il n'y a point de raifon contre l'ufage. Cependant comme les meilleurs Ecrivains fe fervent du mot accoutumance , il ne faut point abfolument le condamner. Un efprit abattu & comme dampte par ^accoutumance au joug, n'oferoit plus s'enhardir a rien. Boil. La jeunelïe change fes goûts par l'ardeur du fang, & la vieillelfe conferve les fiens par l'accoutumance. La Rochef. ACCOUTUMER, v. a. Faire contrad'ter une habitude. AJfuefacere. Il ne faut pas accoutumer les peuples à prendre les armes , & à murmurer. On accoutume les bœufs au joug. Les enlans qu'on accoutume à être ap- plaudis, confervcnt 1 habitude déjuger avec précipita- tion. Fenel. C'étoit la coutume des Sénateurs, de me- ner leurs enfans au Sénat , pour les former de bonne heure aux affaires, & les accoutumer au fecret. Bouh. Il frut accoutumer les enfans à faire le bien, plutôt par leurpropre inclination, que par la crainte. Port-R. L'étude de la critique accoutume l'efprit à chicaner. S. EvR. ^fT Quand il eft joint avec le pronom perfonnel, il fignifie pratiquer fouvent une même chofe, contraéfer une habitude par la fréquente réitération du même acte. On s'accoutume à tout, au travail, à la peine, aux douleurs. Le peuple eft accoutumé à la f ervitude. Nous fommes fi accoutumés à nous déguifer aux au- tres , qu'enfin nous nous dèguifons à nous-mêmes. La Rochef. 0CF Accoutumer , eft aulîî v. n. & fîgnifie alors avoir coutume. On l'emploie avec le verbe avoir. J'ai accou- tumé de frire telle chofe. Dans ce fèns on le dit quel- quefois des chofes inanimées. Il y a des terres qui ont accoutumé de rapporter deux fois l'an. L'automne n'a pas accoutumé d'être fi pluvieufe. Quand le verbe accoutumer eft joint au verbe auxi- liaire avoir, il demande que la particule de précède l'infinitif qui le fuit: J'ai accoutumé Ac faire, &c. Quand il eft avec être , il demande la particule a : je fuis accoutumé à fouffrir. Mais accoutumer leul gou- verne toujours à .■ je m'accoutume à prendre les cho- fes fans m'affliger : accoutumez-vous à haïr le vice. Corn. Il faut modérer la légèreté de fa langue , pour l'accoutumer à ne fc point précipiter dans les chofes obfcures &c douteufes. Port-R. §3" Les Auteurs du grand Vocabulaire trouvent à redire à cette remarque, toute vraie qu'elle eft. Laiffons ces grands critiques s'expliquer eux-mêmes. " On a accou- tumé les laquais à être infolens. " Nous donnons cet " exemple , difcnt-ils 3 pour être le correéfit d'une er- » reur du Diclionnaire de Trévoux ,c{\.n ditquelorf- » que le verbe accoutumer eft coniugué avec l'auxi- » liaire avoir, il demande que la particule t/e précède " l'infinitif qui fuit. Cutre que cet exemple que nous » venons de donner, efl d'un ufage alfez connu, pour » prouver évidemment l'erreur de ce Diclionnaire , ACC » ceux qui voudront s'en convaincre plus particulic- ->> rement j n'auront qu'à conlulter \zDicL de l'Acad. » F;-." A ce ton décidé, ne croiroit-on pas que notre remarque efl: faulFe , & contraire à l'ufage \ Cepen- dant toute l'erreur eft dans le prétendu corredif, & n'eft que là. ^fT Accoutumer, v. a. Faire contraéter une habitude, ^accoutumer conjugué avec l'auxiliaire être , deman- de que la particule à précédé l'infinitif qui luit. |S" Accoutumer, joint au verbe auxiliaire avoir ^ qui eft alors verbe neutre, & lignifie avoir coutume ^ de- mande la particule de devant l'infinitif qui fuit. Voilà ce que nous dilons avec le Diél. de l'Acad. Fr. auquel on nous renvoie, avec tout le monde, avec les Vocabuliftes eux-mêmes. D'où peut donc venir une critique auill déplacée î Ils n'aïuoient pas fait cette étrange bévue , s'ils avoient pris la peine de diftinguer les ditférentes acceptions du vexhc accoutumer. On diroit que ces Meilleurs ont accoutumé de cri- tiquer beaucoup ; 8c qu'ils /ont accoutumés à criti- quer avec peu de dilcernement & peut-être avec peu •de bonne foi. On accoutume les laquais à êtreinfolens , & les laquais ont accoutumé d'être inlolens. On dit proverbialement , qu'un homme eft accou- tumé a. une certaine choie , comme un chien à aller nue tête , comme un chien à aller à pied , coinmc ics poules à gratter. §3° Accoutumer un cheval. Terme de manège , c'eft le ftyler , le faire à quelque exercice , ou à quelque bruit que ce loit, pour qu'il n'en ait point peur. ACCOUTUMÉ, É^. ç:in. Jfuefaaus y Affuetus. Accoutumé , fignifie quelquefois , ordinaire j ce qu'on a coutume de taire. Solitus. On a tenu l'audience à l'heure accoutumée. On lui a fait fon procès en la forme & manière accoutumée. Style du Palais. A l'accoutumée, adv. De lamanièrequ'onavoitaccro/^- tumé. Utfoletj de more. On a raccommodé ces amis qui étoient brouillés : ils vivent maintenant à l'accou- tumée. Ce mot n'eft en ufage que dans le flyle fami- lier. ACCOUVERjV. n. qui s'emploie avec le pronom per- fonnel. On dit à la campagne , que les poules & les ca- nes s'^cccz^ve/zr, quand elles conuxiencent à couverlcurs œufs. ^ ACCOUVÉ , EE. part. & adj. Qui fe tient au coin de fon feu en fainéant, enpareileux, lans vouloir en lor- tir pour travailler. v4//?o/à.< j iners. Cet artilan palfe tout l'hiver :.ccouvé ?a\ coin de Ion feu. îl ell: bas & vieux. Ce r^o: vient de incubitare. NrcoD. ACCRAVANTER. v. a. Ecrafer, accabler fous un poids excelîif. Onere obruer-iy mole opprimere. Si vous lui faites porter c-e fardeau , c'eft le moyen de X'accra- vantcr. Cet homme a été accravanté loiis les ruines de fa maifon. Ce mot eft vieux, & vient du latin i?^- gravare. Autrefois on diloit même en François Ag- gravanter^ Ôc c'eft de-là que s'eft formé accravanter j en changeant g en c. ACCRAVANTÉ., ÉE. part. C'eft ce qu^ nous di- fons Aggravé. Coiibé & accablé de fatigue. Cl. Ma- ROT. Ce ?oëte dit dans fon Cantique à la Déelfe Santé: Soit à ton lo^ mon Cantique chanté ^ Car par toy ejl laifc doux enfanté , Par toy la. vie en corps accravanté EJi rejiauréc. ACCRÉDITER. V. a. Donner du crédit & de l'autorité; mettre en réputation & en eftime dans le public. Commendare y aucloritatem dare. Il s'emploie fou- vent avec le pronom perfonnel. Il n'y a rien qui accré- dite davantage une perfonne que la bonne foi. Un chef de parti eft obligé à careller un fcélérat , qui s'eft accrédité parmi le peuple. M. Es p. Eft-ce un pro- dige qu'un fot riche & accrédité ? La Bruy. Ce Pré- ndent s'eft accrédité dans fa Compagnie par fa capa- cité & par Ion intégrité. Ceminiftre s'eft (oa accrédité à la Cour par fon zèle & par la prudence. Les mar- chands s'accréditent en vendant fidellemcnt. Il fe dit aulli figurémeut pour autorifer , donner Tome L A (_> C_> n !^ cours- , renàre plus vraifemblable. Accréditer la calora- r.!c. Accréditer k mérite. Ce mot vient d'accreditns y qui a été bit à'accredere y dont on s'eft fervi dans la balle Latinité , peur fignificr. Prêter. Du Cange. ACCREDITE ÉE. part. Aucioricate pollens. « ACCRETION. f. f Terme de Médecine dansM.Har- ris.Ce mot eft Latin , accrctio y accroillement. Et dans le fens que l'exphque M. Karris , nous difons en Fran- çois excroijfance. Voyez ce mot. AccRÉTioN , dans le même fens d'accroilfement , eft auiîi un terme de coutume, f'oxe-^ ce mot. ACCROC, f. m. Décliirure qui fe fait quand on eft ar- rêté par quelque chofe de crochu , & de pointu. Scif- Jura.lï el\ difficile de palier à travers des ronces 8i des haies, fans qu'on fe fafle quelque accroc. Il fedit aulli de ce qui accroche, de ce qui déchire. J'ai ren- contré un accroc qui a déchiré mon habit. Accroc, fe dit figurément des embarras, des difficultés, de tout ce qui arrête , & qui retarde une affaire. Mo- ra y impedimentum. La mort d une des parties eft un accroc qui empêche l'iuftiuclion de ce procès. L'ac- culation qu'on a faite contre cet homme, eft un fâ- cheux accroc qui peut ruiner fa fortune. Dans ce (q\-^ il eft du ftyle familier. ACCROCHE, f. f. Embarras, retardement qui arrive en quelque aftaire , à cauf e de quelque difficulté qui fur- vient. Impedimentum y mora. Les oppofitionsà ce dé- cret font des accroches qui retarderont long-temps iio- tre payement. Il eft populaire. ACCROCI4EMENT. f. m. Adion d'accrocher. Unci immijjio. Il ne fe dit point au propre. Quelques-uns s'en fervent au figuré. Il y a des gens qui fe font def- cendrc des plus nobles familles fur des rcflcmblances de noms , ou par d'autres accrochemens vifionnaires. Cail. Il ne vaut pas mieux au figuré qu'au propre. CG" Accrochment en horlogerie , lignifie un vice de V échappement qui fait arrêter l'horloge \ ce qui arrive lorfqu'une dent de la roue de rencontre s'appuie fur une palette avant que fon oppofée ait échappé de def- fus l'autre palette. ACCROCHER, v. a. Attacher quelque chofe à un cro- chet, à une cheville, à un clou, à une agraffe. Unco fufpendere. Il faut accrocher ce fac à fa cheville. Ac- crocher fa montre à fa ce.\ni\ir:Q. Accrocher un tableau. Ce mot vient du Grec ^^p'X^^p qui lignifie le bout de la. main, parce qu'il fert à accrocher. Accrocher, fignifie aulli attacher à quelque chofe de ferme. Unco ajlringere. Accroche"^ ce bateau avec la chame à l'anneau de ce pont. Avec le pronom perfon- nel il fignifie fe prendre à quelque chofe. Nos braves s\zccrochant fe prennent aux cheveux. Eoil. Gn dit qu'un homme qui fe noie , s'accroche à tout. Accrocher , en termes de Marine, fignine , arrêtcrun navire , le joindre , ou s'y .attacher en jetant le grapin pour venir à l'abordage. Harpagonem in navim inji' ccrcy harpagarc. Ces deux navires étoient accrothésy il y eut entr'eux un rude combat. Accrocher, fe dit figurément en chofes morales, &• dans le flyle commun des difficultés , des circonftan- ces qui retardent la conclufion d'une alfaire. Il a trouve moyen d'accrocher fon affaire au Confeil, en l'y fai- fant retenir pour la juger. Ce procès étoit fur le point d'être jugé; la partie l'a accroché par une chicane ; c'eft-à-dire , qu'elle y a apporté du retardement par quelque incident. Liti moram injicere. Ce prifonnier alloit fortir, mais il a été accroché ^2.ï une nouvelle recommandation. Il fignifie encore attraper j empor- ter par finelle. Dans l'ame elle ejl du monde y &fes foins tentent tout y Pour aecrocher quelqu'un , fans en venir à bout. Mol. s'Accrocher, à un Prince , à un grand Seigneur, fe dit de ceux que le mauvais état de leurs affaires oblige de s'attacher à la fortune d'un Prince , d'un grand Seigneur. Acad. Fr. Acccrocher, fe dit proverbialement en cette phraîe : Kij -]6 A ce Belle fille & mécluiue robe , trouvent toujours qui les accroche. ACCROCHE, ÉE. part. Inuncatus. ACCROIRE. V. n. Il n'eft en ufage qu'à l'infinitif, & fe met toujours avec le verbe faire. Faire croire à quel- qu'un, ce qui n'eil: pas. Imponere , verha dare , ludi- ficari. Le peuple elt il (bt , qu'on lui hiir accroire tout ce qu'on veut. Vous faites accroire à une infinité de gens que ces points ne font pas eirentiels à la foi. Pas c. D'autres prétendent que faire accroire n'emporte pas que la chofe qu'on veut peduader loir faulfe \ mais feulement que celui qui Ta dit , a dcUcin de tromper. Vaug. Ce mot vient de Accredere, qui a été dit en balfe Latinité, pour iignifier Prêter. |0° S'en faire accroire^ hgnifie préfumer trop de foi- même , tirer vanité d'un mérite qu'on n'a pas pour en impofer aux autres. Multumfihi arrogare. Les Favoris des Princes font iujets à s'en faire accroire. Cette fem- me eft belle , mais elle s'en tait trop accroire; la beauté La rend trop vaine. Je ne hais rien tant que certains eiprits qui s'en font extrêmement accroire. ACCROISSEMENT, f. m. Augmentation d'un corps. In- cremcntum ,accretio.\JAccroi[fement le tnit par l'addi- tion de quelques parties qui lont propres à la nature de ■ce corps; & c'eil en cela que l'accroijfcmcnt diftcre de la raréfaclion, dans laquelle les parties qui augmentent le corps, ne lont pas de la nature du corps qui le raréfie. On juge de la fertilité de l'Egypte par Vaccroijfement du Nil , lelon les degrés de hauteur qu'il marque dans la colonne qui ell: elcvce pour cela dans le Calis. Les chênes reçoivent de Yaccroijfement jufqu'à cent ans. fCF l'Accrois s EMENTjdifentplulîeurs Phylîciens, fe fait de deux façons , par juxta-pofition , c'eft-à-dire , par une limple polition extérieure de nouvelle matière ; & c'eft ainlî que croilfent, dilent-ils, les pierres, les co- quilles , &c. ou bien , par intus-fufception , lor|qu'un fluide reçu dans les vailleaux s'attache à leurs parois : & c'efl; aind que croilTent les animaux , les plantes. Voyez plante :, animal, végétation. Accroissement. Terme d'Agriculture, fe dit de la ma nière dont pouffent ou croilfent les végétaux. Ces ar- bres en peu de temps ont pris un bel accroiffement. Le tuf eft caule que nos arbres n'ont pris qu'un petit ac- croiffement. Liger. Comme il y a des moyens d'avan- cer Vaccroijfement des plantes, ainlî qu'on le peut voir au mot Avancer, il y en a aulîi de le retarder. On le fair premièrement en coupant les lommirés des bran- ches , lorfqu'elles commencent à pouiler: i". Far une tranfplantation fréquente : 5°. En leur donnant de l'om- brage. Chom. Accroissement , fignifie auflî agrandilTenicnt. Uac- croi(fement de fon parc j de famaifon, lui a beaucoup coûté. De la Mare, dans Ion Trai:é de la Police, L. 1. Tit. VI. C. ^. & fuiv. a marqué tous les accroijfemens 3c embelliiremens de Paris depuis les Romains jufqu'à nos remps. Accroissement , le dit auflî figurément en chcfes mo- rales, & lignifie l'augmentation, \x profpérité. Les paf- iîons ont leurs accroijfemens , &z leurs relàchemens. Sa fortune fiit tous les jours de nouveaux accroiffcmens. AccroiJJement d'honneurs &: de dignités. Honoris am- plificatio. Les envieux s'affligent de \' accroijfement Acs richellcs, ou de la gloire d'autrui. AL Esp. Accroissement , terme de Jurilprudence. C'eft un droit par lequel une portion vacante eft jointe & réu- nie à la portion qui eft occupée & pollédée par un au- tre. Cela arrive entre collègues , ou entre membres d'une compagnie , entre légataires, ou par la mort ou l'ab- fence d'un alLocié , ou d'un confrère. Une choie léguée conjointement, tam re , quani verhis, à deux légatai- res, appartient pour le total à celui qui lurvit le tefta- teur , par droit d'uccroijfement. L'alluvion eft une autre efpèce à'accroiffcment. Les terres que l'attérillement ajoute à un rivage , à une île , &c. appartiennent au propriétaire par droit A'accroiffcment , lî cet accroife- ment s'eft faitinlenliblement. 'Voyez alluvion.Accroif- femcnt à la Tontine. Ce mot vient A'accrementum , qui iîgnifie la même chofe, à'accrefcere , accrefco , ac- troître. Le droit à'accro'ffcmcnt n'a p.as lieu dans les ACC contrats entre vifs , tels que font les donations , à caufc que les donataires étant laiiis de ce qui leur a été don- ne , c'eft-à-dire, de leurs portions perlonnelles & viri- les dans les chofes données , ils n'ont par conléquent aucun droit aux portions des autres. 5^Cr Accroissement légal en faveur de l' aîné ,^(\.vi\\ ac- croiffement qui a lieu en Bretagne en hiveur de l'aîné , ik. qui le fait de la portion de la fille înariée à moindre part, ou de la portion de celui qui fe fait Religieux , pourvu que le mariage ait été célébré , ou la profellîon faite du vivant du père : car l'incapacité des héritiers le conlidère au moment de la délation de l'hérédité. IJCF ACCROÎTRE, v. a. Rendre plus grand , plus éten- du. Augere , amplificarc. Accroître un parc , un jar- din, en y joignant les terres voilmes. Voye-[ Agran- dir & Augmenter. ^fT Accroître, v. n. Devenir plus grand , aller en aug- mentant. Son revenu accroît tous les jours. Crefcere j augefcere. §C? Accroître , fe dit de même en chofes morales. Les richelles ne font (^'accroître la loif. Vaug. On ac- croît la puillance, fa gloire, fa réputation, ion auto- rité. Dans le monde les vertus font atfoiblies par les mauvais exemples , & les vices accrus par le libertina- ge & l'impénitence. Flech. Tes difcours fuperjîus accroiffetit mes ennuis. Mol. On dit de même avec le pronom perfonnel , fon amour, {3.colère s'accroijfent au lieu de diminuer. S?, gloire, fon crédit, fon pouvoir s'accroiffent tous les jours. Sa terre étoit fort bornée , il s'eft accru. Ce mot vient d'adcrefcere , ou accrefcere. Accroître, v. n. En termes de Droit, fe dit de ce qui tourne au profit de quelque aifocié , ou confrère , par la mort ou par l'abfence d'un autre. La part de celui qui renonce à une fuccelîlon , accroît à (us cohéritiers. En toutes les compagnies où il y a bourte commune d'epices, de droits, &:c. la part des ablens accroît aux prélens. Si un teftateur allocie dans un même ufufruit plufieurs perfonnes , celles qui meurent , celles qui abandonnent , celles qui n'acceptent pas, le lallfent en- tier aux autres. C'eft tantôt un droit d'^ccro/r/^ , tantôt un droit de retenir, & de non décroître. Peliss. ACCROUPIR, S'ACCROUPIR, v. récip.Qui fcrtà ex- primer la pofture d'un homme dont le corps eft cour- bé, de façon que la plante des pieds touchant à terre» le derrière touche prefque aux talons. Sidère , in dunes refidere. La plupart des Orientaux s'accrouplf- fent au lieu de s'alFeoir. Une vieille qui étoit cachée (?: accroupie derrière un buillon , entendit tout leur en.treticn. ACCROUPI,IE. part. C'eft auftî un terme de Blafon, qui fe dit d'un lion & de même des autres animaux quand ils font ailîs. In dunes refidens. On le dit des lièvres , &• des lapins qui font ramalfés : ce qui eft leur pofture ordinaire quand ils ne courent pas. D'azur au lion ac- croupi d'argent , (Sec. ACCROUPISSEMENT. f. m. Siruation de ce qui efl: accroupi. Incubitus, h'accroupiff'ement d'un Uèvre en forme. Ce mot eft peu en ufage, ik eft compofé de croupe. ACCRU, UE. part, d'accroître. lia les lignifications de fon verbe. ACCRUE, f. f. Terme des Eaux & Forêts. Additamen- tum , adcretio , augmentum. Accrue de bois, eft une augmentation de l'étendue d'un bois qui fe fait natu- rellement , & lans être planté ni iemé. Ce mot a la même origine c\\s! accroître , ik accroifTement. IfCF Accrues, eft auftî un terme dont fe fervent quel- ques-unes de nos Coutumes, pour fignifier les îles & attérilLcmens qui fe font dans les rivières. Vo^ e\ Al- LUVION. §Cir Accrues , jeter des accrues , chez les Marchands de filets , faire des boucles au lieu de mailles pour ac- crocher les filets. ACCUBE. Vieux mot qui vient à'accumho , & qui veut dire. Repaire 3 lit. Lecîus , ftratum. Borel. Ils tendi- ACC renî pavillons Se accuhes. Ro^f. d'Artus de Bre. ACCUBITEUH. î. m. Accub'nor. C'eltlc nom d'un Of- ficier des Empereurs de Conllantinople. U Accuhïtcur cruir celui qui couchoir près de l'Empereur. Chas t. Ce mot vicn: du Latin Accub'nor , qui couche proche d unautre. Il vient du verbe tîctv/Wi^o, je couche proche. ACCUEIL. 1. m. Traitement , réception qu'on fait à une perfonne qui arrive , ou qui nous aborde. Acceptïo , excepno. Je me luis laillé tromper par l'^ccaei/ hypo- crite que m'a fiitceruic courtilan. ^.'i. Scud. Les grands gagnent l'amitié des peuples en faiiant un bon accueil aux perlunnes qui les approchent. H ma fait un accueil froid, & déiobhgeant: j'en attendois un accueil ç\\xs favorable. Accueil, ieul & fans épithète, fe prend d'ordinaire en bonne part. Il lignifie la manière civile & honnête dont on reçoit une perlonne. Faire accueil à tourne monde. L'accueil qu'a fait ce Seigneur à cet infortuné gentilhomme , en le retirant dans la mailon, lui a fauve la vie & l'honneur. Son accueil charme tous ceux qui l'abordent. Il fait accueil à tout le monde. Bel-Accueil, f. m. ^craei/ honnête , poli , agréable. î.fa- rot a perfonnifié bel-accueil > ik. en fait le portier du temple de Cupidon. Si vins de pen/ee joyeufe Vers Bel-accueil le bien appris j 'Qui de fa main dcxne m'a pris ^ Et par un fort étroit f entier Me fait entrer au beau pourpris Dont il étoit premier portier. ^3" ACC UEILLIR. v. a. qui fe conjugue comme cueillir, lignine proprement recevoir ceux qui ontaftaire à nous, ou qui nous rendent vilîte. Accipere , excipere. îl ell déterminé à lignifier une bonne ou une mauvaile ré- ception par les termes qui l'accompagnent. Il l'accueil- lit avec des témoignages d une grande tendreire , de la manièic du monde la plus honnête. Il m'accueillit iîcidemei.t. Cemot vientdu latin adccUigo. Ménage. S'iln'ell pas furanné,au moins eft-il certain que nos bons Auteurs s'en fervent peu aujourd'hui. J'aimerois mieux l'éviter, & au lieu de dire , il m'a bien accueilli , je dirois , il m'a lait un bon accueil, il m'a reçu favorablement. IJCF Accueillir , fynonyme avec lecourir. Pmfdium ferre. On ne doit pas méconnoitre dans la prolpérité, ceux qui nous oivc accueillis , qui nous ont Icccurus dans notre misère. 1^ Accueillir, le dit dans un fens figuré des accidens fâcheux qui nous arrivent ou qui nous lurprennent. Qc- cupare , adoriri. Nous n'étions pas loin du port , lorf- que nous fûmes accueillis par la tempête, c'eft-à-dire , furpris & battus par la tempête. Tous les inalheurs l'ont accueilli. L'AcAD. Fr. ne fait aucune difficulté fur ce mot. Le P. Bouhours le condamne dans cette lignification. Son ufage paroit au moins douteux. Il vaut mieux cher- cher un autre tow. Les nouveaux Vocabulilles nous préfentent ce mot comme uhté dans toutes fes acceptions. Ils auroient dû nous avertir que fon ufage ell au moins douteux , & que dans la première lignification , il vieiUif. ^CT Accueillir, fe dit plus particuUèrement pour rece- voir dans Mn bateau , dans une chaloupe des gens en danger. Le Patron voyant notre vailFeau brifé , déta- cha une chaloupe pour nous accueillir. ACCUEILLI, lE. ^zvi. Acceptus 3 exceptas. Cette beauté de vertu accuillie Se pajfera comme une fleur cueillie. MaRot, C'cft-à-dire, remplie , douée de vertu. Il ne fe dit plus. ACCUL 1. m. l'Lle prononce. Lieu d'où on ne peut lor- tir, faute d'ilfue. Angufliéi. Poulfer dans un accul. Quand on eft dans un accul , on ne peut lorrir que par où l'on eft entré. L'Acad. ne nous dit rien fur l'ufage de ce mot. Je ne le crois pas d'un fervice bien fréquent. On le dit particulièrement à la chalfe , des lieux où l'on réduit le gibier. AecuLSjfont aulli les lieux les plus enfoncés des ter- ACC 77 licrs y où les renards eu blaireaux ont toute leur fa- mille. Fundula. On appelle Cinrefours y les princi- paux conduits ou creux qui mènent à leurs acculs.Qw appelle encore Acculs,cn termes de challe , les bouts des forêts & des grands bois. Il le dit aullI des piquets qu'on enfonce en terre au bout d'une platte-forme pour retenir le canon, quand il recule après avoir tiré. i^ AccuLS, fe dit aulH parmi les navigateurs de l'A- mérique , pour diftinguer lenfoncement d'une baie. Il a parmi eux la même fignification que cul-de-fac. ACCULEMENT. f. m. Terme de Marine , qui le dit de la concavité & rondeur de quelques membres qui le placent à l'avant, & à l'arrière fur la quille du vaif- leau. 'Varangues acculées , font celles qui font rondes en dedans. Ozanan dit qu'on appelle acculement , la proportion avec laquelle chaque gabarit s'élève fur la quille plus que le premier gabarit. ACCULER. V. a. Pculfcr quelqu'un , &: le réduire en un endroit où il ne puilîe plus reculer. In anguflias redigere y conipellere. On a. acculé les ennemis dans ce détroit de montagnes, où on les fera mourir de faim. On le dit aulîi des langliers , des renards , &c. Les Chiens ont acculé le loup. s'AccuLER, lignifie au contraire, fe placer dans un coin, fe retirer dans un heu étroit où on ne puilfe être atta- qué par derrière , pour fe mieux défendre contre plu- lieurs ennemis de front. Locis poftico impervùs uti ad dcfenfionern. Ce brave s'eft acculé conue. une mu- raille, pour n'être point enveloppé par les ennemis. Le taureau s'accule y quand il ell prelîé avec trop de vigueur par des dogues. S'acculer contre un arbre. Acculer , en termes de manège , fe dit lorfque le che- val qui manie fur les voltes, ne va pas alfez en avant à chacun de les mouvcmensi ce qui fait que les épau- les n'cmbralFenc pas alfcz de terrain, & que fa croupe s'approche trop près du centre de la volte. On dit en- core vulgairement , qu'un cheval s'accule y ou qu'il s'clt acculé y lorlqu'il s'abandonne fur la croupe , lorf- qu'on l'arrête, ou qu'on le veut faire reculer. Acculer, v. n. Teime de Marine. Je jugeai que je l'avois fort incommodé en lui donnant une bordée, puifqu'ilmit toutes les voiles à acculer. M. le Chev. de Caylus. ACCULÉ, ÉE. part. In angufias loci redaclus. Entérines de Blafon, on appelle un c\vç.\ A acculé , quand il eft cabré en .arrière & fur le cul. In dunes refidens. Ce mot convient à quelques autres animaux. Un hon acculé. On le dit aulîi de deux canons fur leurs affûts , dont les culalles font oppofées l'une à l'au- tre ; comme ceux que le Grand Maître de l'Artillerie met aubas de (zs armoiries, peur marques delà dignité. Ce mot fe tire du Latin culum. On dit un cul-de-fac. ACCUM , AUXUM, ou CHAXUMO. Ville de l'A- biflînie en Afrique. Auxima. Elle eft dans le Royaume de Tigre , fur la rivière de Marabo. Elle a été capitale de l'Abilîînie ; ce n'eft plus qu'un petit village , où l'on couronne cependant encore les Rois. Une luircfte. de Icn ancienne fplendeur , que les ruines de quel- ques édifices, celles d'une Eghfe magnifique, & de quelques pyramides & obcîifques qui fetvoient d'or- nement aux tombeaux des Rois. ACCUMULATION, f. f. Entallement , amas de plu- lîeurs chofcs les unes fur les autres. Accumulatio , coacervatio: Accumulation de richelles. Il n'y a rien de plus ruineux que de laifler faire une accumulation d'arrérages. Ce mot n'eft pas ufité. On dita.uVdhis , une accumulation de dïoïts , ou eu- mulationyqu.md quelqu'un prétend un héritage , un bé- néfice, en vertu de plufieurs droits de différente na- ture, comme par mort, par rélîgnation, &c. &c qu'un Icul de ces titres pourroit lui acquérir. ACCUMULER, v. a. Entalfer , airembler , .amaller plu- fieurs chofes eniemble. Accum.ulare y coaceryare y con- gererc. Les avares ne fongent qu'à accumuler tréfurs iurtrélors.Onditfisurément,t?c:cz//Ki^/i;/crime fur crime. On le dit quelquefois ablolumcnt. Les avares ne fongent qu'à accumuler. On fous-entend du bien, des richelles. AccuMULER,eftauirirécip.Etdans cette acception on dit, que des arrérages s'aaumuknt tous les jours j pour AC 78 r.^^ dire, qu'ils augmentent tous les jouis. Acad. Fr. ACCUMULÉ, ÉE. part. Accumulatus , Congefius. Ce mot vient A' accumulatio j accumulare. Ad & cu- mulus , monceau. ACCURBITAIRE. adj. m. qui le dit d'un ver du corps humain. Le ver qu'on appelle le T&nla j ou le loli- taire , ou ver plat, quelques-uns le nomment Ver ac- curbitaire. M. Valiliiiéri prétend que les vers accur- bitaires font un amas de plulîeurs petits vers joints en- fembie , & qui le tiennent les uns aux autres pour éviter plus furement quelques dangers, tels que leroient cer- tains lues dangereux contenus dans les inteftins. Rien n'eft plus iîngulier que les preuves qu'il apporte de cette étrange luppoùtion. Nous parlerons du Tania , ou Solitaire en la place. ACCURSE. f. m. Accurfius. Nom propre de trois fa- vans Italiens. Les deux premiers , père & fils , célè- bres Jurilconfultes du xi^ liècle, & le troilième, fa- vant Critique duxvi^ liècle. ACCUSABLE. adj. Qui peut être accufé. Danet. Le même Auteur n'a pas été lî hardi dans fon Didiion- naire Latin & François, où il s'eft contenté de ren- dre accufabUls j par digne d'être blâmé ou repris \ repréhenhble ou blâmable. On trouve accufabïlis , Acculable dans le petit Diclionnaire de Boudot. On le trouve aulîî dans le Dict. de l'Acad. Fr. Notre Lan- gue a bien des mots qui ne valent pas celui-là. Tout ce qu'on peut faire , c'efl: de lui louhaiter une bonne fortune. ACCUSATEUR , ACCUSATRICE, f m. & f. Celui ou celle qui accule , qui impute un crime à quelqu'un , & en pourluit la réparation en Juftice. Accufator , ac- cuf Citrix. Par le Droit civil il n'y avoir point àcaccu- fatcur public. Chaque particulier , loir qu'il eût inté- rêt au crime public, ou non, pouvoir acculer, & con- clure au châtiment de l'acculé. En France il n'y a que le Procureur-Général, ou les Subftituts prépolés dans chaque Siège, qui le puilTent conftituer accufateurs ; c'cft à eux leuls qu'appartient la vengeance publique. La partie civile ne peut conclure qu'à la réparation , & aux intérêts , & non pas à la punition du crimi- nel. Mais il requiert la jonélion des gens du Roi qui ont leuls droit de conclure à la punition corporelle. C'ètoit autrefois une choie odieule , que de palfer pour accufateur. Quintilien l'a dit avant moi, & a mis en proverbe , Accufatorïam vïtam agerc. Et parce qu'il y eut un Brutus qui fit à Rome cet inlàmc métier , & qui fut appelle \' Accufateur , Cicéron l'appelle pour cela le déshonneur de la famille des Juniens. Balz. fCF Se rendre Accufateur, être reçu A ccufateur.^nl ne peut être reçu Accufateur en France , à moins qu'il n'ait un intérêt perlonnel dans la pourfuite du crime. U Accufateur défère un crime à la juftice, en le dé- clarant partie civile. Le dénonciateur révèle aulîî un crime , mais dont la réparation ne l'intéreire point perfonnellement, &fans le rendre partie civile, ^oye:^ ces mots. §3' Ce mot s'emploie au figuré. Au dernier jour nos peines le préfenteront comme autant de cruels Accu- fateurs. NicoL. En quelque endroit que le trouve un parricide, il rencontre un Accufateur ^ un Juge & un Bourreau. Le Maître. ACCUSATIF, f. m. Terme de Grammaire. C'eft le qua- trième cas des noms qui le déchnent. Accufandï ca~ fus y accufatïvus. Il marque & déligne le terme d'une aètion, ou d'un rapport, le fujet où palle l'atLion du verbe , ou de la prèpofition. Un verbe aâ:if régit \ accufatïf. Il y a des prepoiicions qui demandent après elles un accufatïf. En François l'^ccif/îzri/" eft lemb la- bié au nominatif. ACCUSATION, f. f En Jurifprudence , c'eft en général la délation d'un crime ou d'un délit fiitc en Juftice, ou par une partie privée , ou par la partie publique. Accu- fat'io. C'eft une aètion en juftice par laquelle on im- pute un crime à quelqu'un, dont on pourfuitla répa- ration. Dans cette aèiion, la partie civile demande^ ré- paration des torts que lui a occafionnès le crime ou délit, ou des dommages & intérêts •■, ôc la partie publique ACC conclut à des peines corporelles. 'Vous ferez bien de pré- venir une accufation li redourable , uu de la repouilèr vi- goureufcment , h elle eft déjà formée. Ablanc. Sufciter une accufation capitale. Il y a vingt chefs à'accufa- tion contre ce cnvnmû.U accufation des crimes privés n'étoit recevable par le Droit Romain qu'en la bou- che de ceux qui y avoient intérêt: pour les crimes pu- blics, V accufation pouvoir être hitentée par quicon- que la vculoit entreprendre. La pouriuite d'un délit particuher s'appeloitlimplcment action. Autrefois en France ii {'accufation étoit grave, il en falloit venir à un combat ; fi elle ne l'étoit pas, tout accufé étoit tenu de fe purger du moins par lerment. U n'y étoit reçu qu'en failant jurer avec lui des gens de fa profeflîon, de fon fexe , de fa parenté , ou du moins de fon voi- lînage, gens (ans reproche, domiciliés, & connus de • l'accufateur. Le Juge en fixoit le nombre : il pouvoir les nommer d'oflice; on les tiroir quelquefois au fort. C'ètoit ordinairemenr l'accufé qui les prèlenrcit ; & rarement en lailïoit-on le choix à l'accufateur. Le Gendre. ifF Accus ATioN,fe dit par extenfion,de toute impu- tation qu'on peut faire à quelqu'un pour quelque faute que ce loit. Vous m'acculez de "pareife , de peu d'exactirude : cette accufation eft lans fondement. §C? Accusation , fynonyme de confelîîon. Déclara- tion fincère de les péchés , faite au Prêtre dans le tribunal de la pénitence. Confcjfio. Il faut faire une Imcère accufation de fes péchés au Prêtre. ACCUSER. V. a. Intenter une aèlion criminelle con- tre quelqu'un , foit en fon nom , foit fous le nom de la partie publique , qui eft toujours le Procureur- Général, ou Ion Subftitut. Accufare. Il n'appartient qu'au mari à' accufer idi femme d'adulrère. On a ac- c£{/s' de ccncullîon un tel Officier. Caton, l'homme le plus jufte de fon fiècle, avoit été accufé 42 fois, & abtous 41 fois. Dans l'efprit de la plupart des gens , c'eft allez d'être <2cc«/t' pour être coupable. Voir. \jn homme de bien accufé injuftcmenr, été à la prifon même ce qu'elle a d'ignominieux. Bouh. Accuser, fignifie quelquefois fimplement , reprocher. Imputer à quelqu'un une fiute , grave ou légère, un dèfaur, un ridicule. Tous les amis ï'accufcnt de pa- reife à faire réponfe aux lettres. On accufé les Fran- çois de légéreré & d'imprudence. On accufé fouvent de beaux yeux, dont toute la force eft dans la foiblclle du cœur qu'ils onr bleflè. S. EvR. Je ne m' accufé que de trop de déhcatefic pour mes amis , bien loin de les négliger. Id. Ma jufte impatience Vous acculoit déjà de quelque négligence. Rac. Accuser, fignifie aullî , impugner un ade , conteiler fa validité à caufe de quelque défaut elfentiel. Im- pugnare. Accufer un a6te de faux. Accufer un tefta- ment de luggeftion. Accuser, fignifie aulîî, confelfer fa faure, ounommer, déclarer les complices. Confiteri. Il faut accufer fes péchés. Il faut qu'un pénitent s'accufe franchement de fes péchés , les déclare au pierre dans le tribunal de la confelîîon. Ce criminel a tout avoué , il a ac- cufé tous les complices. Il a accufé bien des gens dans fon teftament de mort. ifT On dit d'un criminel qui avoue fon crime, qu'il s'accufe lui-même. Le remords a quelquefois obligé les criminels à s'accufer eux-mêmes. Les perfècuteurs femblent s'accufer eux-mêmes de n'être pas bien con- vaincus de l'évidence Se de la force de leurs raifons, puifqu'ils emploienr la violence. Accus ER , fignifie aulîî fimplement , déclarer. Enunciare. On dit à certains jeux de cartes , accufer fon jeu , accufer fon point; &en ftyle de Marchands , accufer la réception d'une lettre; pour dire, déclarer ce que les règles veulent qu'on déclare. Déclarer combien on a de point ; déclarer qu'on a reçu une lettre. le? Accus ER. Terme de Peinrure , donner une idée jufte de ce qui eft couverr , par les furlaces de ce qui cou- vre. Accufer les os, les mufcles fous la peau. Accufer Iç nu par les plis des draperies. Acad. Fr. ACE ACCUSE, ÉE. part. /^cc^yiwj. Socrate aca/fc; répondit: ce que j'ai fait ne mérite rien , linon qu'on me nour- riire aux frais de l'Etat dans le Prytanée. Accusé j Te prend quelquetois lubftantivement , Reus. Celui qui eft prévenu de quelque crime capital , ou non. Il n'y a que le décret d'ajournement perlonnel, qui falfe l'accufé , & non point la plainte. On doit entendre Vaccufé , à peine de nullité du jugement. L'ûccuJ'é ne peut point réligncr quand le crime em- porte la privation de (on Bénéfice. Bouch. Par les du- res Loix de l'inquilition, l'on contraint l'tzccw/t- à s'ac- culer lui-même du crime qu'on lui fuppole. Inq. de GoA. h'accufé n'eft point reçu à acculer Ion accula- teur j ni à uler de récrimination, avant qu'il le loit purgé. De Laun. ACE. ACE. Ace. Ville de Phénicie , dans Strabon & dans Etienne. Ce fut depuis Ptolémai's. Koye^ ce mot. ACÉE. 1. f. Ce mot le difoit autrefois pour hécajfe : il vient d'^cceitZj qui vient à'acus j à caule du long bec de la bécajfe. ACÈEMENT. f. m. Vieux mot. Grand équipage , ajuf- tement. Parcevax elgarde la Demoilelle , Se la voit tant belle, & fi li plot tant étabeli {éblouit ^ charma) par le grant acécment qu'il voit en li. Graal. Acée- mcnt fe trouve dans les Poëlies de Tlùbaut , Roi de Navare. ACELLARO. Fbye:^ Abyso. ifT ACEMÈTE, Fove-^ AcœmÈte. tfT ACENSEMENf . f. m. Autrefois ACENSE. f. f. Ternie de ccutumes. Aétion de donner à cens. Datlo adcenfurriy locatïo accenfiva. Acenjcmcm d'une mai- fon, d'un héritage. Voyei^ Cens. ^ 1^3" On appelle auiîl^ceny^ ou i^crtf/T/èj un héritage, une ferme qu'on tient à certain cens &c rente,ou à prix d'ar- gent. Cette métairie cil une accenfc d'une telle Abbaye. Tenirun héritage, une mailon en acenje ou en accenfc. ^ ACENSER , ACCENSER , & ADCENSER. v. a. Donner à cens une mailon , une terre , un héritage , à condition d'en payer un cens , ou une rente Sei- gneuriale. Ad cenfum dare. ÇCT II y a encore des provinces où l'on dit accnfcr une mailon pour louer une mailon. Locare,. ^ ACENSEUR , ACCENSEUR & ADCENSEUR. f. m. Dans la Coutume de Berri , c'eft celui qui donne à louage quelque choCe. Accenfator^ qui dat ad cen- fum. ?fT ACENSIR. v. ?i. Vieux terme de coutumes. Donner ou prendre à c.ns ou à ferme. ACEPHALE, f. m. Acephalus. Proprement , qui n'a point de chef, de l'aprivatif , & de x€i?aÀ,i' tête, chef. On a donné ce nom , i° à ceux qui, dans l'affaire du Concile d'Ephcle ne voulurent luivre ni S. Cyrille, ni S. Jean d'Antioche : i° à des hérétiques du V^ liècle , qui fuivirent d'abord Pierre Mongus , ou Moggus : puis l'abandonnèrent , parce qu'il foulcrivit au Concile de Chaicédoine. Ils fuivoient les erreurs d'Eutichès. Et lous l'empire de Julfin, les Seclateurs de Sévère dAntioche , & généralement tous ceux qui ne vou- lurent pas recevoir le Concile de Chaicédoine , furent appelles Acéphales. Quelques-uns prétendent que ce nom lignifie héftant ; (k que parce qu'ils tenoient la neutralité pour les décrets du Concile de Chaicédoine, qu'ils ne fe déteiminoient à rien , qu'ils héhtoient quand on les preiroit , ils furent appelés Acéphales ; C'cft-à-dire , héfitans. Mais l'autre opinion eft plus vraie, ik Acéphale n':i pointée lens. T^oyei Bolland, T. I. Anaftale le Bibliothécaire appelle l'exemption de la juridiction du Patriarche, Autocéphahe , Autoce- phalia. 5° On a appelé Acéphales , les clercs qui ne vivoient pas fous la dilciplineecclélîaftiqued'un Evê- que. Ifidore j de Ecclef off. Lih. III. Les Conciles de Mayence,Ca«. 22 de Paris, Can. lO de Pavie en S (0, Can. iS j ôcc. ont fait différens réglemens con- tre ces clercs Acéphales. On en trouve encore dans les Capitulaires de Charles le Chauve , l. Vf C. 57 , «lans Burchaid , L.JI , C. 226, dans Réginon à l'an ACE 79 de J. C. 8(5 r. Baronius à l'année 1090. Hucbert , frère de Thierberge concubine de Lothaire , fut appelé Acéphale J parce que , comme difent les Annales de Metz à l'an 864. de J. C. il étoit Clerc marié, & par- là non loumis aux régies de la clcricature ; eu comme d'autres écrivent,parceque Ion Monalfére étoit exempt de la jurididion de l'Evêque. Cependant les Moines exempts de la juridiction de l'Evcque, ne font ooint Acéphales ; cai" Godefroy , Abbé de Vendôme , dit dans la 27^ Lettre du livre lecond; Nous ne fommes point ^ce^/^a/ej- J puilque nous avons pour chef jesus- Christ, & après lui lelouverain Pontife. 4° Dans les Loix de Henri I , Roi d'Angleterre , on appelle Acé- phales les pauvres qui n'ayant rien , ne tiennent point de biens en fief, ni du Roi , ni des Evêques , ni des Barons , ou Seigneurs féodaux ; &: ainll font en quel- que forte fans chef. Voye^ le Glcll". de Du Freine. royei Nicéphore, L. XV III. y 4. Evagr. L. III. C. }i. Baron, aux années 452,481,492, 513,^56 , J38, 546, ;53. Hornius , ////?. Ecclef Nov. Teft. Per. I , An. ;? , §. 48 & 49. Les Acéphales font ap- pelés Acéphalkes dans Ilîdore , L. VIII , C. XV, & dans la Chronique d'Adon de Vienne. Voye-^ encore les Notes du P. Sirmond fur Facund-us Hermlanenfi: . ACÉPHALES, l. m. pi. Hommes fans tête. La fable dit qu'il y avoir au nord des Hyperboréens, ( c'eft-à dire , vers la Rulîie & la grande Tartarie d'aujourd'hui) un peuple à! Acéphales. Ce qui doit fe prendre au figuré d'un peuple de barbares , qui vivoient alors fans chef, fans lubordination, fans fociété. ACÉPHALITE. f. m. Acephalïta. Hérétique. Vo\e:ç_ Acéphale; c'eft la même choie. Le Chanoine Régu- lier de Léon, quia écrit la vie de S. Ilîdore de Sé- * ville, dit Acephalïta ,tk. marque que cette Seâe étoic fort étendue en Elpagne & en France , au temps de ce Saint. Peut-être que dans ces pays-là on les nommoit alors Acéphalkes j & non pas Acéphales. ACERBE, adj. Saveur mixte qui conlifte dans un goût sûr avec une pointe piquante & aftiingente. Acerhus. Les Médecins tiennent que ce goût eft mitoyen entre l'aigre , l'acide , & l'amer. Ils appellent du vin acerbe j du vin fait de railms qui ne lont pas encore mûrs. Tous les fruits avant leur maturité ont un ^ouzacerhe. Ce mot vient du latin acerhus. C'eft un terme de Mé- decine. Hors delà on dit âpre. ce? ACERENZA. Ville archiépifcopale du Royaume de Naplcs , capitale de la Baidicatc. ACÉRER. v. a. Terme de Taillandier. Garnir d'acier un outil de fer; y joindre ou appliquer de l'acier , foit à la pointe, comme aux burins ; loir au tranchant , comme aux couteaux &: cimeterres-, loit lur la face entière des outils , comme aux enclumes , &c. Durare ferri aciem chah'be. On a dit acérer pour acïérer. ACERE, ÉE. part. & adj. Qui eft d'acier, ou ce à quoi on a joint & appliqué de l'acier. Ferrum chalybe du- ratum. On le dit des inftrumens de fer deftinjsa cou- per, à limer, à trancher, à forger. Un cimeterre acéré & bien tranchant. Les enclumes , les bigornes , & au- tres outils femblables ioni .uii'a acérés , parce qu'on les couvre d'acier. On le dit en termes de Médecine & de Pharmacie, pour lignifier une laveur auftère & aftringente. Acéré , s'emploie par quelques-uns au figuré , peur figni- fier , mordant , perçant , tranch.int. C'eft une plume bien acérée. La pauvreté eft un glaive bien acéré. Mau. Il faut pourtant s'en lervir avec difcrétion. ACERIDES. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft un em- plâtre fait fans cire , tel qu'eft celui qu'on nomme emplâtre de Nuremberg. Emplcftrum Norimhergenfe. Harr. ACERNO. Ville épifcopale de la principauté citérieure , au royaume de Naples. Acernum. Elle eft entre Salerne & Couza. ACERRA. Ville épifcopale du royaume de Naplcs dans la terre de Labour. Acerra. Elle eft lur la rivière de Patria , entre Naples & Capoue. ^ ACERRE. f. f. Du latin Acerra. C'étoit chez les Romains une efpèce d'ayitel drelfé près du lit d'un mort, fur lequel les parens & les amis du défunt biû- 8o ACE lojent perpétuellement de l'encens iufqu'au moment des funérailles, %Cr ACERSOCOME. adj. & fubftantif qui fignifie à lons;ue chevelure: nom donné a Apollon. ACERTAINER. v,a. Vieuxraot-Alluier, certifier. Af- feverare j ceniorcm facere. Quant au travail . bien je vous acertaine Quincejfamment y ferai expoféc. Marot. \CT ACÉRURE. Terme de Serrurier _"& Taillandier. Morceaux d'acier préparés pour être loudés aux outils qu'on veut acérer. ACÉSIEN. f. m. Acejlus. Surnom que les Eléens don- noient à Apollon. Paulanias, L. VI. Triftan, T. I , p. 600.^ ACÉSINÉ, ÉE. adj. Vieux mot. Qui eft en embon- point. Belle , gente & accfinée. ACESMEMENT. f. m. Vieux mot, qui veut dire,ajuf- tement. Ornât us , Cultus. ACESMER. V. a. Orner, ajufter. Ornarc. Ce mot n'eft plus en ulage. ACESMÉ, ÉE. adj. Vieux mot. Embelli, orné. De grtvit beauté ejî certes acefmée. Celle pour cui mes cuers ejl Ji fopris. Gasse-Brules. ACESMES , ACHESMES. f. pi. Vieux mot , qui veut dire, hahillemens , atours de femme. Mundus mulie- hris. Quand la Décile a mis bas les habits & ac}:ef- mes 3 qu'elle eut defteublé coifte , guimple , atour , & autre accoutrement de tête , termaillets , chaînes , anneaux, buUetes , & tilFus , jufqu'aux galoches do- rées. Jean le Maire. * ACESO. f. f. Fille d'Efculape , à qui la fable attribue une connoiirance profonde de la Médecine. Le Clerc prétend que les Anciens , (ous l'allégorie à'Acéfo, ont voulu délîgner un air épuré par les r.ayons du foleil , & rendu par-là {;ilubre & propre à réparer les for- ces de ceux qui le refpirent. ACESTE. f. m. Roi de Sicile , étoit fils du fleuve Cri- nifus &: d'Egefte, fille d'Hippotas : c'eft-a-dire , que ce Crinifus étoit le Roi ou le Seigneur d'un canton de Sicile 011 couloit ce fleuve , ou bien qu'il portoit le même nom. ffT ACESCENCE en Médecine. Difpolîtion à l'acide. Voye^ Acide. Ipj" On dit auflî Acefcent adj. Accefcens. Qui approche de l'acidité. Alimens acefcens. ^3" ACESTIDES. Nom donné par les anciens aux che- minées des fourneaux à tondre le cuivre. Encyc. ACETABULE. f. m. Terme d'Anatomie. Acetabulum. Il a différentes lignifications. Il fe dit des cavités profon- des de quelques os , dans Iclquels font reçues de grolFes têtes d'autres os , pour faire les mouvemens. La ca- vité de l'os ifchium , qui reçoit la tête de l'os de la cuille, eft appelée Acétahule , Cotyle ou Cotvloïde. Il fe dit d'une autre chofe dont les Anatomiftes ne conviennent point \ les uns appellent Acétabules les orifices des vailfeaux répandus dans la furface interne de la matrice; Harvée croit que ce font de petites cel- lules du placenta , ou de ce qui tient lieu de placenta dans les femelles de plulieurs animaux. Le lentiment le plus probable eft celui dans lequel on dit que les ^ce- tabules font ces glandes qui s'élèvent dans la matrice des brebis & des chèvres, lorlqu'elles font pleines, & qui font ainli appelées, parce qu'elles font faites en forme de coupe ou de godet : ce qu'on ne remarque pas dans les femelles des autres animaux , non plus que dans la femme. AcÉTABULE,fedit encore dcsvafes ou mamelons creux qui font lelong des pieds des polypes & des nautil- les , par Iclquels il fucent l'air & l'eau, & les rejet- tent enfuite. AcÉtabule, fignifie encore une cenaine mefure dont les Apothicaires fe fervent pour les chofes liquides. T'oye-^ Cotyle , Cotylédon. C'eft une mefure des k\\- <;icns qui contenoit un cyathe & demi, cpmrae Agri- ACE cola le prouve dans fon Z. I. des mefures Rom, par ces deux vers de Fannius , qui , en parlant du cyathus , dit qu'il pefe dix drachmes , & que l'oxyba- phe , ou acétabulc en contient i j. Bis guinque hune faciunt drachmx , Ji appenderc tentes j Oxybaphus fiet JI quinquc addantur ad illas. Du Pinet , dans un Traité des poids & des mefures qu'il a mis au commencement de fa traduétion de Pline , dit que Vacétabule d'huile pefe deux onces Se deux fcrupules -, l'acétabule de vin deux onces deux drachmes & demie , un grain & le tiers d'un grain i l'acétabule de miel trois onces , trois drachmes , un Icru- pule & deux filiques. AcÉTABULE, étoit cncorc un petit vafe, dans lequel on mettoit des chofes propres à aflaifonner , & que l'on fei"voit fur la table, comme on fert aujourd'hui une falière, un vinaigrier, &c. Agricola, dans fon Traité des mefures Rom. L. L croit que c'eft delà que ce nom s'eft formé 5 que ce vafe étant dcftiné principalement àfervirdu vinaigre, A'acetum _, vinaigre , on a fait acetabulum , & qu'en- fuite, à caufe de la reflemblance, on l'a tranfporté à la mefure. C'eft pour la même raifon que les Grecs l'appeloient «iv'/îaçot. ACETABULUM. f. m. Sorte de Plante , appelée autre- ment Umbilicus veneris. Il y en a de deux fortes il'uii dont les feuilles font creufes , & tournées comme un acétabule, ou une coupe. L'autre jette une tige me- nue , & produit des fleurs f'emblablcs à celles de mille- pertuis. Cette plante a les feuilles larges & fort épailles. Sa graine , qui eft un peu grofle, a les mê- mes propriétés que la joubarbe. Acetabulum. f. m. Plante qui croît au fond de la mer. Se qui a alFez la figure d'un champignon , puifqu'elle eft compofée d'un pédicule mince & terminé par un chapiteau formé en bailln de balance. Cette plante eft diurétique , & fe trouve dans la mer Méditerra- née , & dans les étangs falés , qui font près de Mont- peUier. Quoique Cotylédon & Acetabulum ^ foient deux noms qui ont la même fignification , ils ne fe donnent pas néanmoins à la même efpèce de plantes. Celle qu'on appelle Cotylédon ^ eft même une plante terreftre. ^fT Depuis les découvertes de M. Peyfronnel , on a reconnu que l'acétabule, que l'on regardoit comme une plante marine , appartient au règne animal , & qu'il eft produit pair des infedes de mer. Encyc. ACETÈS. f . m. Etoit un des compagnons de Bacchus , c'eft-à-dire , un des partifans de fon culte. ACETEUSE. f. f. Oxalis. C'eft un nom que l'on a donné quelquefois à l'ofeille, à caufe de fon goût ai- gret. Se qui eft pris du nom L^'m A cctum ^ qui figni- fie Vinaigre. C'eft proprement le féminin de l'adjec- tif Accteux qui tient du goût du vinaigre. Plante ace- teufe. ACETUM. Mot Latin, qui fignifie Vinaigre , Se qui vient d'aceo, je fuis aigre. Tout Latin qu'il eft , on l'emploie quelquefois dans la Chimie. AcETUM AlcalisÉ, Alcalifatum. Terme de Chimie. C'eft du vinaigre diftillé , auquel on a mêlé quelquefel volatil , ou alkali. Harris. AcETUM Radicatum. Terme de Chimie. Ce font les parties les plus fines Se les plus aiguës du vinaigre , quand le flegme en a été tiré. Harr. AcETUM Philosophorum , ou Vinaigre des Philofo- phes : terme de Chimie. Quelques Chimiftes don- nent ce nom à une liqueur aigre qui fe fait en fai- fant dilfoudre un peu de beurre , ou liqueur glaciale d'antimoine, dans beaucoup d'eau. F^arr. rCF ACGIAH KERMEN. Ville d'Afie, fujette auxpc- tits Tartares , à cinq journées d'Acgia-Saraï. §Cr ACGIA-SARAÏ. Très-belle ville , au nord de la mer Cafpiennc, entre le pays de Bulgar Se le Tui- keftan. A C H. ACH ACH 8i A C M. ACH, dans la termiliaifon des noms Gcographiques Al- lemands, vient du mot Aqua, (Se fignifîc que les lieux ïiont le nom a cette fyllabe finale , font au bord de l'eau j comme y? c/îj ou Achcn , Aquif^ranum. Ru- £ich, Aqun: rube£.^ihQïs.d\, Crentzcnach , Rotach, ik. quantité d'autres. ACHA , ou ACHZA. Rivière dAllcmagnc. Acha^Ach^a. Elle a (a louice dans le Comté de Tirol , d'où elle paife en Bavière , rraverle le lac de Chicmlcc , & ie jette dans l'in, un peu au-dellus de l'embouclaue de la ri- vière de Saltz. Après la lortie du Lac, elle ie nomme Ah:(a. AcH-A. Petite rivière du Duché de Bavière. Acha. Elle coule à l'orient du Lech, &i le décharge dans le Da- nube , prelque vis-à-vis de Neubourg. Il y a une rroiiième Acha à l'orient de la féconde , & qui le mêle au Danube au-delTus d'Ingolftad. lACHACHICA. Petite ville de l'Amérique leptentrionale. Achj.chïca. Elle cft dans la province de Mexique, vers les confins de Tlalcola & de Panuco. Les mines è^A- chacluca font des mines d'argent, qui rendent cette ville conùdérable. ACHAD. Une des villes que Nemrod bâtit. Ackad. On n'en lait point la fituation , & c'eft fans fondement que quelques Géographes la placent au confinent de l'Euphrate & du Trgre. G en. X. lo. ACHAIE. l.f. Achaia, Hcllas. Ancienne province de Grèce, entre l'Epire, laThellalie, la mer /Egée, & le Péloponcle. Onl appelle aujourd'hui Livadie. Onpré- tend que Ion nom lui vier.t d'aii'Tvsa'xvf qui lignifie douleur 3 parce qu'elle étoit lujètc , d'u-on , à de gran- des inondations. Si cela cft, ne fcroit-ilpas plus natu- rel de tirer fon nom de ^^\^!^,achou , quiligniheun lieu humide, marécageux, plein de rofeaux î Cadmus &: fes Phéniciens lui avoient donné ce nom. Mais d'au- tres prétendent que ce pays a été ainh nommé à'A- ch'éus , fils de Xuihus , fils d'Hellen , &: petit-fils de Deucalion, qui chailc de Thellalie s'empara du Pclo- ponèfe, Hc eut de Creiile fille dEretlée, Roi d'Athè- nes, Achéuî & Ion, dont l'un fut chef des Achéens , & l'autre des lon.iens. On a encore appelé Achaïe proprement dite , une pro^'ince du Péloponcle , qu'on nomme aujourd'hui Duché de Clarence. On donne aulîi quelquefois ce nom à tout le Péloponcle, ACHAÏENS , ou ACHÉENS, c\' ACHÉES,Ainfi qu'é- crit M. Corneille. Ach&i. Peuples de l'Acha'i'e, & gé- néralement les Grecs, qui lont louvent ainli nommés dans les Poètes. M. Tourreil écrit & ait Achaicns è^TiXis fa Table, & Achéens dans fa Préface lur fa traduction des Oraifons de Démofthène. Les habitans du Pélo- ponèfe, julqu'aux Hérachdes , le divifoient propre- ment en Achéens 8c en Ioniens. Les premiers pof- fédoient les terres que les Héraclides allignerent aux Doriens , Se aux autres peuples qui les avoient accom- pagnés. Ceux des ^cAeenj qui delcendoient d'/Eolus, & que l'on challa de Lacédémone , le retirèrent d'a- bord en Thrace ious le commandement de Penthile, & après la mort allèrent s'établir dans le canton de TAfie mineure , qu'ils appelèrent Solide. Quant aux Achéens de Mycènes, comme ils fe voyoient con- traints par les Eiéraclides d'abandonner leur pays , ils s'emparèrent de celui des Ioniens. Tourr. Polybe a écrit allez amplement de la République des Achéens ., dans le prélude de fon Hilloire. Un Hollandois , nom- mé Man'inSchocklus , a fait un Traité Latin de la République des Achéens & des VeVens, dans lequel, parce que le gouvernement des Achéens a toujours été un des plus eftimés de la Grèce , il affede de lui coiTifiarcr celui des Provinces-Unies. ACHAfQUE. adj. m. & f. Achaicus , a. Qui appartient, qui a rapport à l' Achaïe. L. Mummius , qui dérruifit Corinthe, l'an de Rome 607, fut furnommé \'A- chaïpue , parce qu'il loumit l'AchaVe. ACHAÏSONNER. v. a. Vieux mot qui fignifioit, pren- dre occafion d'exiger injuftement de quelqu'un la chofe qui lui appartient , le vexer , l'inquiéter, Rag. Tome I. rexarè , inïquam exiecndi occajlonem captare* ACHALANDER. v. a. Attirer les chalands, accrédi- ter, mettre une boutique , ou une mailon, en répu- tation d'avoir de bonne marchandife , & à bon prix. Ewptores allicere. Toute la fortune d'un marchand conlille à bien achaiander la boutique. Ce terme ne peut trouver place que dans la converlation. AcnALANDER,e(l: quelquefois réciproque. Cette bouti- que s'eft bien achalandée. Cet homme commence à s'a- chalander. On le dit auilî en badinant, d'une per- fonne qui a beaucoup d'intrigues : cette fille eft fort achalandée. ACHALANDÉ, ÉE. part. Qui a des chalands. U le dit égalemejit du marchand , & de la boutique. Un marchand achalandé , celui qui fait un grand dé- bit. Une boutique achalandée , celle où il vient quantité de marchands pour acheter des marchan- difes. ffT ACHAMECH ou ACAMECH , félon quelques Chimiftes , lignifie X'écume , ou la iuharge d'ar- gent. ACHANACA. Plante des Indes , dont la feuille ref- lemble au chou; mais elle eft plus mince, &: les cô- tes en lont plus tendres. Son fruit eft gros comme un œuf, & de couleur jaune \ on le nomme Alfard : il croit au royaume de Mély \ on emploie la décoction dans les maladies vénériennes. Voye^ Thevet. ACHANAMASI. f m. Terme de Relation. Nom de U quatrième prière que les Turcs font tous les jours , Se qui le fait quand le Icleil elt ccuche. Quana Turca- rum precatio. Mahomet a ordonné cinq prières en vingt-quatre heures : \ Achanamafi eft la quatrième , ou la prière du foir. A. D. S. M. ifF ACHANE. 1. f Ancienne mefure de blé dont on fe lervoit en Perle , qui contenoit quarante-cinq rtiédim- nes A triques. ACHAOVAN, ou ACHAOVA. f m. Quelques perfon- nes donnent ce nom à une plante Icmblableàla camo- mille, qu'ils appellent ^■^fAiZvejy^c/iovtj Achoavan, Se quelquefois Alacuan. Cette plante eft fort abondante en Egypte, lur-tout au Caire, dans un lieu appelé Shéchie. DicT. de James. (CT ACHARNAR. P''ove^ Acherner. • ^3- ACHARNEMENT, f. m. Dans le fens propre, adtion d'un animal qui s'attache opiniâtrement à fa proie* Penïnax prddA ïnhajîo. "L' acharnement d'un loup. On le dit auilî de la fureur opiniâtre avec laquelle les hommes lîv' les animaux fe battent les uns contre les autres. Ces deux hommes , ces deux dogues le font battus avec acharnement. §C? Dans le fens figuré, forte pallion, attachement opi- niâtre à quelque chofe. Libido , propenfio. On le dit en mauvaife part. Il a un furieux acharnement pour le jeu, pour la débauche, 0Cr On le dit encore de l'animofité opiniâtre avec la- quelle on perlécute quelqu'un. InfeÊlatio vehemens j accrbai V acharnement de deux plaideurs , qui cher- chent à s'écrafer. Ces deux auteurs fe déchirent avec acharnement. Tous les dévots de cœur font aifés à connaître. Jamais contre un pécheur ils n'ont c/'acharnement; Ils attachent leur haine au péché feulement. MoL. Arracher ce levain des fureurs parricides ^ Qu'enfantent les cfprits de nouveautés avides , Dont les coups inhumains font d'autant plus mor- tels j Que /e«r acharnement croit feryir les autels. La Bastide, ACH AR NER. v. a. Terme de Vénerie. Donner aux bêres îc goût , l'appétit de la chair. Garnis famem _, ou appetitum^ excitare y irritare ^ ciere. On acharne les chiens, les oifeaux de proie à la curée. Onditaulîi en Fauconnerie, tif /^ci/Tîerl'oifeaulur le tiroir, loit au poing avec le tiroir, qui eft une aile de chapon ou de coq-d'inde ; foie en attachant le tiroir au leurre. Accipitres oblatâ efcâ fafccrct II y a des oifeaux farouches qui ne s'achar^ 8z ACH tient jamais , &: qui felaiirent plutôt Mourir de faim. On dit auffi en Fauconnerie, acharner le lièvre, mettre un morceau de chair dellus. Acharner. Animer. Irr'uare. On les a acharnés les uns contre le autres. ^CF Acharner. Avec le pronom perfonnel, s'attacher av€c fureur. Le lion ^'acharne fur (a proie. Dans un lens figuré, il lignifie s'attacher avec fu- -reur , avec opiniâtreté à perlécutcr quelqu'un , a le blâmer. Acriter'infeclarï. Ces deux plaideurs lont fu- rieulement acharnés l'un contre l'autre. Il déchire l'Eglïfe i/ j'acharne contre elle; ranchirdes droits qu elle a fur nous . Et voulants'. Ilfe les attribue 6' les prodigue à tcnis La Bastide. Il fignifie quelquefois s'attacher avec excès. Ferri immoderatiàs. H eft dangereux de s' acharner ^n jeu. Ce Dodeureft lîfort acharné 3i l'étude , qu'il le del- feche lur les Livres. S. EvR. Ce mot eft compofé, &c dérive de chair. ACHARNÉ, ÉE. part. & adj. Animal acharné fur fa proie. Combat acharné. Homme acharné sxiian. ACHART. 1. m. Nom propre d'homme. Aicadrus. Saint Aicadres , que nous appelons plus communément Saint Achart , & que d'autres nomment encore S. Acaire , croit illu d'une des meilleures mailons de Poitou, & fut Iccond Abbé de Jumièges. ACHASSES. Rivière de Languedoc , en France, Achaf- Jia j AchaJJius. Elle a fa lource dans les montagnes , près de Viviers. Elle arroié le Vivarais, & au-delfous de Teil elle fe jette dans le Rhône. ACHAT, i. m. Acquifition d'une chofe moyeiuiant le payement de la valeur. Contrat par lequel le vendeur pronaet ic s'oblige de livrer quelque choie à l'ache- teur, pour un certain prix dont ils font convenus. Trois choies font la lubftance d'un contrat , le conlentement du vendeur & de l'acheteur, la choie vendue & le prix. Emptio. Il a fait aujourd'hui l'achat d'une terre à fa bienféance. Il a fait un mauvais achat. Il le prend auffi pour la chofe achetée. Je veux vous monrrer mon achat. Achat palle louage , eft un proverbe tiré des Coutumes de Namur , c'eft-à dire , que celui qui a ache- té un héritage, peut jouir malgré le bail fair à un tiers, ôc dépolîéder le locataire , fauf à celui-ci à fe pourvoir pour les dommages Se intérêts. Ce mot vient du La- tin adcaptare j ou adceptare. L'achat dirlere de l'é- change , en œ que dans l'achat on livre, ou l'on pro- met de livrer une choie pour un certain prix 5 & dans l'échange on donne une chofe pour une autre , qui n'cft pas de l'argent i^ûr exemple , du blé pour du vin , du bois pour du 1er, Vente eft le contraire è! achat. ACHATE.f. m. (prononcez Akate.)Achates. Nom d'un des compagnons d'Enée , fon ami & fon confident , qui , dans Virgile , ne le quitte prefque jamais. C'eftde-làque ce mot a pailé dans notre Langue pour lignifier un ami conltant, un compagnon fidèle, lui homme avec lequel on eft toujours. Sans ce fidèle Achatei/ n'eût su faire un pas ; L'un étoit le David ^ l'autre le Jonathas. AC HATES, f m. Ancien nom de la rivière du Drillo en Sicile. A chat es. ACHATGU. Village de l'ile de Chipre. Aphrodifium. Il eft fur la côte feptentrionale. C'étoit autrefois une ville célèbre confacrée à Venus , que les Grecs appel- lent Aphrodite. Elle étoit à neuf milles de Salamine , entre Carpafium & Ceraunia. ACHAZIB," ACZIBA. AncienneviUe de la Terre-Sainte, dans la tribu d'Afer. S. Jérôme dit que dans la fuite elle fut nommée Ecdippe ^ &illa place dans la Fhé- nicie. Elle étoit près du lieu qui s'appelle aujoiu- d'hui Sadderia, entre Ptoléma'ide , & Tyr. ACHBAATS. f m. Terme de Relation. Officier dans les villes de Perfe. C'eft le Commandant du guet , qui a foin des priions, & qui fait la ronde toutes les nuits. • Dux Vigilum. ■^ ACFiBALUC-MANGI. Ville fituée fur les confins ACH de la Chine, ce qui eft exprimé par Ion nom , qui veUt dire la Ville Blanche des confins de Mangi, ou de la Chine. ACHE. f. fou bien API. f. m. Plante ombellifére dont les racines lont chevelues , fibreules &: blanchâtres -, les feuilles approchent de celles du perîil ordinaire , mais font plus amples, plus épailfes, & d'un autre vert; les tiges lont branchues , médiocrement hautes, & portent à leurs extrémités des bouquets de fleurs dilpolées enparatcl. Ses lemencesfont menues, arron- dies, & cannelées lur le dos. Cette plante croit dans les marais & le long des ruilVeaux •■, tranfportée dans les jardins, d'acre Se d'amère qu'elle étoit, elle devient douce , Se d'un acre aromatique lort agréable. Le pcrt de toute la plante change aullî par la culture-, c'eft ce qui 1 trompé ceux qui ont cru que l'ache de marais Se l'ache cultivée, étoient deux plantes difterentcs.On nomme en Latin l'ache de marais , ou ache limple- ment , Apium paluftre ; Se l'ache cultivée , ou api j Se plus ordinairement céleri j Apium dukcj Céleri Ita- lorum. L'ache eftapéritive, diurétique, & bonne pouc le Icorbut. Ses deux efpèces, la blanche & la jaune , dans l'extrémité de leur tige , forment un grand pana- che rempli de fleurs iemblables à celles du hlas. Elles fleuriflent dans le printemps , & fentent -fort bon. La jaune a les racines rougcatres , Se en forme de glands^ La blanche les a toutes blanches. Elle le plante de la profondeur de trois doigts à un demi-pied de diftance. On la lève tous les trois ans pour en ôter le peuple. L'ache demande méchocrement le foleil , avec une terre grafle Se humide. Quelques-uns diftinguent qua- tre lortes â'achc. D'autres en comptent lîx, 1" L'ache de Macédoine , Apium Macedonicum, t° L'ache de jardin , Apium hortenfe , qui eft le perlil ordinaire. 3° L'ache de montagne , Apium montanum. 4° L'ache de vi\-\i-x\%, Apium paluftre. D'autres ajoutent, 5" l'u- che de Smyrne , Apium Smyrnicum , 6" celui qu'ils ap- pellenr Hipvofclinum. Les Grecs en certains jeux don- noient une couronne à' ache au vainqueur. De-là vient que fur les médailles de Néron on trouve Isthmia dans une courone è^ache. Voye\ Patin, Vaillant dans fes Colonies, & M. Spanheim,^. s ^4, de l'édit. de Londres. Néanmoins cette plante étoit de celles que les An- ciens regardoient comme funèbres ou fatales. Ils en répandoient dans les lépulcres. De-là eft venu le pro- verbe : Une lui lui faut plus que de /'ache, Apio egety lorfque l'on parloir d'un malade délelpéré. Dans les Jeux Néméens inftitués en mémoire de la mort- d'Achemo- rus , c'étoit l'ache qui couronnoit les vainqueurs, pour conlerver l'origine de cette fête lugubre. Plin. Hifti Kat. l. 1 ç. c. b'. OCTACHECAMBEY. île de l'Amérique , l'une des Lu- cayes, près de celle d'Abacoa. ACHÉE. 1. f. On donne ce nom Se celui de Laiche à certains vers qui fervent à nourrir des oifeaux ,^ ou pour amorcer les hameçons des pêcheurs. Dict. Éco- nomique. ACHÉENNE. f. f. Ach^a. C'eft-à-dire, la trifte, la dé- lolée. C'eft un lurnom qu'on a donné , 1°. à Cérès, à caule de la douleur que lui caula l'enlèvement de Pro- ferpine la fille. Plutarque , dans fon Livre lur Ifis Se Oliris , dit que les Bœoticns avoient un Temple de Cérès Achéenne. 2°. Ariftote , L. de mirahil. dit que les Dauniens, ancien peuple d'Itahe,avoient un Tem- ple dédié à Pallas Achéenne^ Ce mot a deux origines diftérentes. Quand il le don- ne à Cérès , il vient du mot Grec '^x" > qui lignifie dou- leur. Mais quand il a été donné à Pallas par les Dau- niens, je crois qu'il fignifie, qui eft venu à'Achaie, 6c que ce n'eft que le féminin d'Achée/i. En effet, ce Tem- ple des Dauniens étoit vrailcmblablcmcnt bâti parDio- méde Se les Achéens ; c'eft-à-dire, les Grecs qui vin- rent avec lui en Italie, puilqu'Ariftote dit qu'on y con- fervoit les armes de ce Capitaine & de fes compagnons. Ils y dépoferent apparemment une ftatue de Pallas qu'ils avoient apportée , & qui , ou parce qu'ils l'ap- poitoicnt d'Achaie , ou parce qu'elle fut mite là par des Achéens J fut furnommée Achéenne, ACH ACHEÎROPOËTE. adj. Pris fubfundvcmenr. Nom Grecjformé de 1 = privacif, de x-'f» l^ niaiii , t.iÉM. de M. de la Rochef. Il trouva fon ennemi blell'é à mort, ik: il eut la cruauté de \'a- chever. Quelquefois il eft fynonyme de ruiner. Il ne falloir plus que ce malheur pour m achever , ou pour m'a- chever de peindre. Bientôt pour m'Acheven, un homme a mine auf- ière. Un exploit à la main , entre en mon Presbytère. ^f? Quelquefois encore on l'emploie comme fynonyme d'enivrer entièrement. Il ne falloit plus que cette lanté pour ^achever. §'Cr Dans ces acceptions il eft du ftyle familier, & s'em- ploie également avec le pronom peiionnel. fer On dit qu'un homme s'eft achevé ; qu'il s'eft achevé de peindre ; pour dire, qu'il s'ell: enivré , ou qu'il s'eft ruiné. ^fZT II eft inutile d'avertir <\\xz s'achever de peindre, & achever de fe peindre, fignifientdes choies tout-à-tait diftérentes. Ç3" Achever un cheval ( terme de Manège }. Foyei AcHEvé. ilfT Achever, terme de Potier d'étain , fe dit de ce qui refte à faire depuis que l'ouvrage eft tourné, jufqu'à ce qu'il loit fini. IfcT ACHEVÉ , ÉE. part. & adj. Dans le fens propre fini , conduit à fon dernier période. Finitus , ahfolu- tus. Cet ouvrage , ce bâtiment n'eft pas encore achevé. Çcy Achevé , dans le fens figuré , fynonyme de partait , perfeclus i numerls omnihus atfolutus jS'.\pp\iquc a ce qui a toutes les bonnes qualités de fon genre , làns au- cun défaut. Une choie eft achevée , quand elle ne peut pas être mieux. C'eft une pièce achevée. Une beauté achevée. Il arrive fouvent que les chofes ie préfentcnt plus achevées à notre efprit, qu'il ne les pourroit taire avec beaucoup d'art. La Rochef. ÇC? Ce terme appliqué aux chofes , nefe prend jamais en mauvaife paît. Appliqué aux pciionnes, il fe prend or- dinairement en bonne part. C'eft un Prince ach.cve j qui a toutes les perfedions rcquites , auquel Une man- que aucune des bonnes qualités qu'il doit avoir. ÇCF Aiais quelquefois aulli on s'«n icrt pour dcligner ce qui eft extrêmement mauvais dans Ion elpèce. C'eil: un fou achevé j un fot achevé, c'eft-à-dire , auquel il ne manque rien pour être ce qu'il eft. Les Auteurs du grand 'Vocabulaire préttndent qu'^z- chevé au figuré déligne ce qui eft parfait , accompli , & qui a toutes les qualités requifes pour itrejuperieur dans fon efpéce. Ces dernières paroles renferment une erreur évidente. Cela ne le dit que de ce qui excelle , parce c^ exceller fuppofe une comparailon ,' & met au- «Icllus de tout ce qui eft de la même elpèce : mais être «c^c'Vf'j fuppofe & défigne feulement le degré de pcr- feclicn qui convient à la choie, lans faire de compa- railon, &■ n'exclut point les égaux. L'Athalie de Racine eft une Tragédie ccAeveejfansdouteimais on pourroit dire la même chofe d'une autre Tragédie fur le même fujet. La Delcentc de croix de Rubcus eft Un tableau achevé : mais on pourroit dire la même choie du ta- bleau d'un grand Peintre qui aurcit traité le même fujet, & l'on diroit de ces deux tableaux qu'ils lont achevés. Ainfi achevé ne fuppofe point de comparai- ACH 8j (cW , ne met point une chofe au-delFus de celles de fcn elpèce, eu nela rend point fupérieure dans fon efpèce-. Lorfqu'on fe monte fur le ton critique , & qu'on s'érige en réformateurs, il faut avoir l'elpiit de juftelîe & de diftinclion. On ne trouve pas dans cet exemple , ainlî que dans bien d'autres, cette gradation philolophique dont fe vantent ces auteurs , qui fait :ippcrcev«ir d'un coup-d'œil l'origine, la filiation, les fens différens , la vraie valeur, & le meilleur emploi d'un mot prisfépa- rement ou réuni avec d'autres. En termes de Manège, on appelle un cX\e\3\achevé, celui qui eft bien dreifé , : qui ne manque point à faire un certain manège. On dit , un cheval commencé , acheminé, ê'c achevé ; pour exprimer lesdiverles dif- polirions & états d'un cheval qui a de l'école. Ces mots viennent de chef, comme qui diroir, met- tre à chef, mettre à perfection. ACHEV'OIR. 1. m. Terme de manufaclure. En certains hcux , en parlant d'une toile ou d'une étoftc , on dit qu'elle çÇikï'achev air, qw^nàil n'en refte que peu d'au- nes à faire. Finitio. ACHIA. 1. h Sorte de canne qui croît dans les Indes orien- tales, que l'on confit en vert dans le pays avec de fort vinaigre, du poivre , quelques épiées , & autres in- grédi ens. ACHIER. t*. m. Vieux mot. C'étoit le heu où l'on met- toit les ruches des abeilles. On trouve dans uik an- cienne Coutume: l'cilain d'Aviettes eft mien, & levy partir de monachicr. Il \icnt à'apiar'ium ,\\.c\\ où l'on entretient des abeilles, en le prononçant de quatre lyl- labes , apiarium , au lieu de cinq. De cette manière on a dit d'abord apchier , & par corruption achier. C'eft ainfi que l'on dit ^S'. Poange , de Sanclus Potamius. Ces etymologies & d'autres Icmblables , font voir que nos anciens Gaulois prononçoient i devant une voyelle, de la manière que nous prononçons ge , gi , ëc ju.!h- fient en même temps plulieurs etymologies qui paroif fent ridicules aUx ignorans. ACHILLE. 1. m. Achilles, Nom propre d'un Prince Grec, fils de Pckc i?c de Thétis , & que la mère , en le plon- geant dans le Styx , rendit iii\ ulncrable , excepté par le talon, par lequel elle le tenoit, & par où il fut tue d'un coup de flèche que lui tira Paris. Un ancien Poëte, nommé E9phorien, &cité par l'Etymologifte, dit que ce nom lui fut donné par les Myrmidons, parce qu'il n'avoir point été nourri comme les autres de pain, qu'il appelle en Grec x'A»'. Euftalius, au contraire, veut qu'il foit formé d'«V.'S triftclle, douleur , parce qu'il en cauloit beaucoup aux ennemis qu'il attaquoit. E)'autres le tirent de «X'S douleur, & At/w , je réfous , je dillous , parce qu'il ê)toit la douleur, étant habile en Médecine, qu'il avoit apprife du Centaure Chiron , qui eut foiii de Ion éducation. D'autres enfin dilent qu'il vient de l'a privatif, & x"Ac(,/cvrej parce qu'il avoit une lèvre brûlée. Tout cela n'a pas grande apparence. JDes héros de Roman fuye:^ les petitejfes j Toutefois aux grands cœurs donne-^ quelques foi- hlejfes. Achille déplairoit , moins bouillant & moins prompt : J'aime à lui voir verfer des pleurs pour un affront-» Boa. La Theffalie entière ou vaincue , ou calmée , Lesbos même conquijc en attendant l'armée , De toute autre valeur éternels monumens , Ne font ^'Achille oiff que les amufcmens. Rac. AcHitLE , eft encore le nom de quelques autres perfon- nages connus dans l'Hiftoire. S. Irénée envoya un Achille à Valence en Efpagne , pour y prêcher l'Evangile. Un ■ Achille Statius, ou Statio , Portugais. Un Achille Ta- tius, ou Tatii , qui avoit écrit une hiftoire mêlée , un traité de la Sphère , Un roman des amours de Leucippe «Se de Chtophon , & un ouvrage fur les phénomènes^ d'Aratus , dont il nous refte un fragment , que Victorius a imprimé le premier fur un manuicrit de la Biblio- thèque de Florence , & que le P. Petau a traduit Si téJmprimé. Photius parle de cet Auteur dans ù Biblict. 6 ACH C. 87. aulTi bien que Voffius, Sc purpurines diftinguécs en cinq feuilles , taillées en étoile. Son fruit eft gros comme ACH une petite amande verte, quadr.ingulaire , avec une écorcê lemblable à la première écorce de la châtaigne, contenant plulieurs grains rouges, comme des raifins, mais plus ronds. Il eil \'ert toute l'année , & porte fon fruit au printemps, ^' alors on le taille. On tire du feu de Ion bois comme d'un caillou. De fon écorce on fait des cordes plus fortes que celles de chanvre. De la fe- mcnce on fait de la teinture pour colorer en rouge cramoifi , & on la mêle avec fuccès dans toutes les potions réfrigérantes. On en fait une pâte à mefurc qu'elle feche. On en fait des boules , des tourteaux, t^v: on les vend en forme de brique. Ceci eft tiré de François de Ximénez , de Laed , Sous /'acier fubtil & tranchant , Lefang à grand flots s' épanchant ^ Ne laijfoit plus d'efprits dans ces canaux arides» Il fallait s'immoler afin de fe guérir j Et par des confeils homicides ^ Pour vivre fe faire mourir. On le dira de même de tout intlrument d'acier^, fur-tout de ceux qui font propres à couper & à tran- cher ; mais en ce fens il ne s'emploie qu'en pocfie. J'ai vu des têtes couronnées , Par leurs propres Sujets à la mort condamnées 3 Tomber fous /-"acier d'un bourreau, ReGN. DESiMAR. Ce mot, félon Ménage, vient de aciarium j dont les Italiens ont fait acciaro, & les Efpagnols a-^cro , qui viennent tous du Latin acies j dont Phne s'efî fervi pour le mot de chalybs. D'autres ditent qu'il a été auilî nommé ex iterata uflulatione y tanquam as^ SARiuM , ou AssATUM. Papias dit que le mot aciare a fignifié acier dans la batfe Latinité. Les Latins l'ap- peloient chalybs , à caufe de la trempe qu'ils lui don- noient dans un fleuve d'Efpagne, appelé Chalybs; oit à caute des Chalybes , peuples de Capp.adoce, dont Virgile a d\x.: At Chalybes nudi ferrum , Sec. Feftus dit que les haches d'airain , dont on f e f ervoit dans les f acrifices , s'appeloient Aciers. Acieris ^fecuris area^ &c. îfT ACIERIE, f. f. C'eft ainfi qu'on appelle l'ufine où l'acier reçoit ta première façon après la fonte. ÇC? ACINÏFORME. adj. Terme d'Anatomie. Acincfa tunica. Nom d'une membrane de l'œil, appelée aulIi Uvée. Voyez ce mot. ACIS. f. m. Terme de Mythologie. C'eft le nom d'un fils de Faune & de la Nymphe Simctthis. Son extrême beauté lui attira la bienveillance de la Nymphe Gala- tée, qui étoit aimée de Polyphême. Ce Cyclope en devint fi jaloux , qu'il écrata ton rival d'un morceau dérocher, dans le temps qu'il étoit avec Galatée. La Nymphe pénétrée de douleur , métamorphofa fon amant en une fontaine , ou rivière qui fut nommée de ton nom, &: qui coule dans la mer de Sicile. Ovide, Métamor. L. r ^. Quelques Mythologitfes ditent que ce qui engagea le Géant Polyphême à tuer le Berger Acis J c'eft parce qu'il refufoit de répondre à fon amour. ACK. 03-ACKEMIN, AKMIN, AQUEMIN, ou ECHE- MIN. Ville de la haute Egypte , tur une petite hauteur, à un mille du Nil , & a trois ou quatre journées de Taata. (i^J" ACKFN. Petite ville d'Allemagne, dans le cercle de la batTe Saxe , dans le Duché de Magdebourg. fer ACKRAM. Ville d'Afrique en Guinée, fur le bord d'une rivière peu éloignée de Bregu, où les François vont fouvent faire le commerce. A C L. A C M A C L. ACLE. Village de l'AngleteiTe feptentiionale. Jcica. Il eft fur la livicre de Skern , dans le diocèle de Dur- ham. Le Concile d'Jc/e^ tenu fous le Pape Adrien I, a tliit cunnoïtre ce lieu. A C M. fjf^ ACME. Terme de Médecine , du Grec , ««W pointe, lignifie particulièrement le plus haut point , ou le fort d'une maladie. Quelques-uns diviicnt les maladies , f ur-tcut les maladies aiguës , en quatre états ou périodes, i °. L'arche , qui cil; le commencement ou la première attaque. 2°. L'anabafis , qui cft l'aug- mentation du mal. 5°. VAcme , qui eft le plus haut point. 4°. Le paracme qui en ell le déclin. Ip- ACMELLA. Plante de l'Ile de Ceylan, à laquelle on attribue la propriété de guérir la pierre , en la diifol- vant. Sa racine eft fibreufe & blanche , la tige carrée & haute d'environ un pied ; elle le divile en plu- fieurs branches ; fes feuilles font longues , poinaics , raboteules ; Se un peu découpées. Ses Heurs nailfenr aux extrémités des branches. ACMON. f m. Eroit chef d'une Colonie de Scythes , qui s'établit en Phénicie &: en Syrie: il mourut pour s'être trop échauffé à la chalFe , & fut mis au rang des Dieux fous le nom de Très-Haut ^, r'-\iri!. Ses enfans furent Uranus & Titée , dont les noms fignifient le Ciel & la Terre , & donaierent lieu à la Fable des Phé- niciens , qui font Acmon père du Ciel & de la Terre. Hclvchius dit qu'il étoit père d'Oiuanos ou du Ciel, «Scil ajoure auilîtôt que c'eftle Ciel même, ou Sa. urne. Euftathe donne ce nom tout à la fois au Ciel & à l'Océan , ( in II. i S y 41 0.) En quoi il eft démenti , aulîî-bien qu'Hefychius , par Simmias de Rhodes, qui dans fon petit Pôëme des Ailes , doime le lurnom d'Ac- monide , c'eft-à-dire , de 61s à'AcTnon^ à l'Amour , qu'il fuppofe auilî ancien que le-mojide. On peut voir par- là que le nom à'Acmon eft lui de ceux dont les An- ciens ont fait tout ce qu'ils ont voulu, & dont on ne doit faire l'application à rien. Il y en avoir, dirStra- bon, f /. 10.) qui donnoient ce nom à l'un des Dac- tyles Idéens, & il en témoigne (on mécontentement, parce qu'ils ne failoient qu'ajouter des choies incer- taines à d'autres qui l'étoient déjà alfez. Ce mot ay.jj.a^ fignific Une enclume ; mais quand on en a fait un nom propre , on a voulu qu'il fignifidt infatigable , de l'a privatif & de xa/4v« , je fuis abattu .-A'^ft»), ^quafl ay.«ja»y, indcfejfus. Ce nom convient fort au Ciel, à caule de Ion mouvement , que la fuite des fiècles ne peut ni ralentir, ni accélérer. A C O. (k? ACOCATS. f. m. pL Terme de Soierie. Ce font des linteaux de deux pieds de longueur environ, & d'un pcuce d'épailîeur, taillés en dents, faites en V, à leur partie fupéricure. Quand on travaille du ve- lours cilelé , ils lervcnt à porter uji baron rond, au- quel le battant eft fufpendu, & au moyen des entail- les qui font dans leur longueur, on peut avancer, ou reculer le battant , félonie befoin. Encyc. ACŒMÈTE, ou ACEAlETE.f. m. &adj. Acœmetus. Qui ne ie couche ni jour, ni nuit. Ce mot eft Grec , a\«i>aT55, formé de l'a privatif, & dex./ftau,/^ fuis couche'^ je dors dans un in. Ce nom fut donné par les Grecs à cerrains Moines, non pas qu'ils ne dor- millcnt jamais , mais parce que jour & nuit, fans in- terruption, ils chantoient l'office divin dans leurs égli- fes ,fe partageant pour cela en trois bandes ou parties, dont l'une venoit relever l'autre, & commencer le mê- me oriice quand la première l'avoic fini. Ainlî , par exemple, quand les premiers avoienr fini Matines, les leconds venoient les commencer ; ils croient en- fuite relevés par les troifièmes , qui chantoient aullî ^ïatines à leur tour. Quand ils ay oient fini, les pre- miers revenoient chanter Prime , &: ainiî du refte ; cr,lorte que jour & nuit, les exercices pieux ne difconti- nuoient point dans leurs éghfes. Ainfi ce qui cft dit dans la vie de S. Jean Calybite , imprimée par Lipoman , qu;ilsjturent |appelés AcKmètcs , paice qu'ils ne le 1 orne L ACO 89 couchoicnt jamais , ou qu'ils ne prencient que très- peu de lommeil, chantant toujours les louanges de Dieu, comme l'ont cru Canilius & Ferrariiis dans le catalogue des Saiys d'Italie , n'eft pas vrai. L'inftimteur des Acœmctes fut , lî l'on en croit Nicéphore , 1. i , V. c. 23, un Marcellus, que quelques Auteurs mo- dernes appellent MarccUus d'Apamée, quoique Nicé- phore ne lui donne point ce lurnom en cet endroit- là , qu'il n'en dile rien au Liv. XIL Ch. 17 , où il parle de Marcellus d' Apamée,& que Marcel d'Apamée vécût $0 ans ou plus, avant qu'il y eût des Acœmètes. On trouve dans Bollandus au 1 5 de Janvier la vie de S. Alexandre, fondateur Acs Acœmètes ^ inconnus avant lui, dit l'Auteur qui étoit difciple de ce Saint, & té- moin oculaire de ce qu'il écrit. Ce Saint vivoit, félon Bollandus , vers l'an 430. Le premier Monaftàe d'y^- cœmètes fut bâti par ce Saint fur les bords de l'Eu- phrate.Pendant fa vie , les difciples en érigèrent plu- lîeurs lemblables en diftcrens lieux : lui-même en alla établir un à Conftantincple, qui après la mort du Saint fut transféré à Bithynie , par Jean fon fucceflèur. A Jean luccéda Marcellus, que Nicéphore a cru être l'Infticuteiu- des Acœmètes. Sous ce Marcellus ce pieux inftitut s'étendit beaucoup, dit Bollandus; & c'eft là apparemment ce qui a fait que Nicéphore l'en a cru fondateur. Ce fat de Icn tem.ps que Srudius vint de Rome à Conftant-nople, y bâtir un Monaftère, & y mit des Moines , qu'il tira des Monaftères Acœmètes. Ce fut là l'origine des Studites , qui conféquemment A^ienneniji^des Acœmètes. Saint Jean Calybite fe rerira dans un Monaftère à' Acœmètes , & non pas à'Aro- mètes , comme le dit la Sauflaye dans le Marty- rologe de France. Quoique les Acœmètes aient fleuri fur-tout eu Orient, il y en a cependant eu quelques- uns en Occident. Le P. le Ceinte prétend , à l'endroic que je citerai , qu'il n'y a eu que le Monaftère de Luxeuil , Luxovienfe , celui de Remiremont , Haben- denfej, Se celui de S. S.ilaberge à Laon , où l'on aie dit perpétuellement l'Office de la manière que nous l'avons expliqué. Le P. Mabillon fouticnt qu'il y faut ajouter celui de S. Maurice, Agaunenfe , fondé par Sigilmond, Roi de Bourgogne, celui de S. Marcel de Chàlons, & celui de S. Denys en France. D'autres ajou- tent encore celui de S. Paquier , &c. Il n'eft pas vrai que S. Eucher Evcque d'Orléans fe fit Aloine Acœ- mète j comme l'a dit Canifius. Ce fur dans un Mo- naftère de Bénédidins, à cinq lieues de Rouen, qu'il le retira , comme l'a remarqué Bollandus. T. i. dejanv. p. lOig. On a auffi appelé Acœmètes les Stylites , & quel- ques autres Moines de la ^leftiné, mais dont l'iiilli- tut étoit fort dirférent de celui des Acœmètes. On pour- roit aujourd'hui appeler Acœmètes les Religieufes du S. Sacremenr, qui ont l'adoration perpécueïle. Si le relèvent jour & nuit, enfoite qu'il y en ait toujours de- vant le Saint Sacrement à prier. Outre Nicéphore Se Bollandus , dont j'ai parlé , Théodore Lecteur, Z. /, Evagrius, L. 11 1. Ckap. iS & 21. Théophane, Cédrenus, l'Auteur de lavie de S. Alexandre. Dans Bolland. / / Janv. Sz Jacobus Canifius ATin'ilt Ribadeneira latin au 20 Février ^Ba.- ronius à l'an ^çç , M. du Freine dans fon GlolErire, le Cointe Annal. T. I. an. S36 , n. 224 & fuiv. Le P. Mabillon, ^5. SanB. Bened. fkc. IV :, p. 2. Pr&f. ont écrit des Acœmètes. ACOINT , TE. adj. mot furanné , qui veut dire familier , lelon Nicod. Am'icus familiaris. ACOINT ABLE. adj. m. cS: f. Fove^ Accointable. ACOINTIER. 'Vieux v. a. Accueillir, fréquenter. Poèf. de Thibaut 3 Roi de Navarre. AcoiNTiER. Vieux adv, A la rencontre, à la première vue. ACOLALAN. f. m. Infccle de l'île de Madagafcar. Il relîemble à une punaife. Il cft plus gros. Il prend des ailes en grofullant. Les cales des Nègres font infectées de ces- animaux qui rongent touf ce qu'ils trouvent , principale- ment les étoffes. Quelques-uns donnent le ncm d'aco- lalou à cet infecfe. IfJl ACOLASTRE. Petite rivière de France dans le Ni- U 90 ACO vernois, qui fe jette dans la Loite,pi£^cle Jaugenai. fCF ACOLIN. Rivière de France , qui vient du Bour- bomiois dans le Nivernois, palIe à Cocaye, à Bor- ne , à Thoury, à Luray, & le reni dans la Loire après s'être jointe à l'Abroii, ACOLYTAT. f. m. Acolytatus. Ordre , rarrg d'Acolyte : c'eft le premier des quatre Ordres mineurs ,& non pas des quatre moindres Ordres , comme dilent les Vo- cabuliftes i c'efbà-dire , celui qui précède immédiate- ment le (ous-diaconat. ACOLYTE , mieux qu'ACOLYTHE. f. m. Terme Ec- clélîaftique. Acolytus. Les Grecs donnoient ce nom à ceux qui étoient inébranlables dans leurs rélolutions. C'eft par cette raiCon que les Stoïciens furent appelés Acolytes ; parce qu'i Is perliftoient dans l'opinion qu'ils avoicnt une fois cmbralîée , fans que rien ne pût les en détacher. Ils trouvoient même qu'il y avoit de la lâcheté à en changer Depuis, l'Eglile chrétienne a conlacré ce nom , en l'appliquant à ceux qui le dévouent au fervice de Dieu. Anciennement les jeunes gens qui af- piroient au miniftère eccléliaftique , accompagnoient ik fuivoient les Evêques par-tout, loit pour leslervir, foit pour être les témoins de leur conduite. Cette alîi- duité à luivre les Evcques les fit appeler Acolytes. Saint Cyprien dit lui-même, qu'il avoit des Acoly- tes. Aujourd'hui les fonctions des Acolytes lont bien ditlérentes de la première inftitution. Un Acoly- te eft celui qui a leuîement reçu le premier & le plus confidérable des quatre Ordres Mineurs dans l'éghfe ; dont l'emploi eft d'allumer les cierges , dt porter les chandeliers, la navette où eft l'encens, de préparer le vin & l'eau pour le facrifice, & détendre d'autres fer- vices à l'autel. 'Autrefois les Acolytes ramalfoient dans iinfac ce que les fidèles avoient oftert , & ce qui avoit été béni pendant la melfe; & après qu'elle étoit finie, ils le donnoient aux Prêtres qui dévoient le divifer. Le devoir des Acolytes eft d'accompagner l'Evêque, ou le Prêtre , & de leur rendre fervice dans les fonc- tions eccléfiaftiques. f^oy e-^cnzott lecteur, exorcifte &c portier. Il y avoit à Rome trois fortes â! Acolytes y.iis Acolytes du Palais , Palatïni _, qui letvoient le Pape ; les Acolytes Stationaires , Statïonarïi j qui fer- voient dans les Egliles, où il y avoit Station ; les Aco- lytes Régionaires , Reg'ionariï , qui fervoient avec les DiacreSjdanslesdifférens quartiers de la ville. On trouve aullîdes Acolytes parmi les Officiers Auliques de Conf- tantinople;& Curopalates dit que le Capitaine,ou Chef de la cohorte impériale de Byzance , étoit nommé Aco- lyte. Dans l'Eucologe des Grecs on trouve les leçons qu'on litlorfqu'on ordoi-«ie des Ledeurs ; mais il n'y eft point parlé des auties petits Ordres ou mineurs,qui font , l'Ordre de Portier , d'Exorcifte , & d'Acolyte ; ce qui pourroit faire croire que les Grecs ne confèrent point ces Ordres-là aujourd'hui. Le Père Goar dans fes notes fur l'Eucologe , répond qu'on ne peut pas douter que ces trois moindres Ordres n'aient été connus de l'ancienne Eglife Grecque, & qu'elle n'ait eu des Miniftres qui les avoient, puifqu'il en eft fait mention dans Saint Denys, Saint Ignace Martyr, Saint Epiphane, dans les Conciles deLaodicée&d'Antioche , dans les Novelles de Juftinien , dans Photius , &c. Il ajoute , qu'il lem- blc que les Grecs d'aujourd'hui ont des Acolytes fous le nom de Députés ôc de Céroféraires. Les Mil- lionnaires Latins , qui lont en Grèce , difent que les Grecs ont aujourd'hui des Acolytes , & les autres Ordres mineurs ; & on doit plus les en croire que le Père Martène , qui allure que l'Ordre des Acoly- tes a été tout -à- lait inconnu à l'Eglife d'Orient. Voye':^ le Père Goar fur l'Eucologe , le Père Mar- tène , le Pontifical , l'Ordre Rom.rin , S^c. Ce mot vient du Grec àK.A^;?,^;', , qui lignifie ,Suïvre , &: Acolyte , un fuivant. C'eft ainfi que l'expliquent le Glolfaire grec & latin , & Macer ; mais Dominique fon frère le tire de l'a pri'^tif, Ik Ac-^u\^:.rris. Ce mot, félon Spelmannus, vient du Saxon acher ^ qui lignihe aoer ^ ou champ. Les Bollandiftes font df même lentiment. Acl. Sancl. Jun. T. IV. p. S7-i- F eh. Saumaile tient qu'il vient du mot acra j qui a été dit pour ahena , qui , félon Héroii , étoit ujie meiure de terre des anciens de dix pieds. ACRE, ou S. Jean d'être. Aca^ Ace , Accon , Ptole- mais. Ville de Syrie, fur les confins de la Phénicie & de la Faleftine , fur un petit golfe de la Méditerranée , où elle a un allez bon port. L'Empereur Claude y en- voya une Colonie -, c'eft pour cela qu'elle fut nommée Colonie de Claude. Colonia Claud'ia. Sa iituation avan- tageufe la rendit célèbre lous le règne des Princes croi- fés. Baudouin la prit fur les Sarrafms en i ici. Saladin la reprit fur les Chrétiens. Philippe Augufte & Richard I, Roi d'Angleterre , la reprirent en 1191. Tant de Prin- ces eurent paît à cette conquête, qu'elle fut divilée en- tre eux en dix-neuf quartiers , ce qui cauia bien des diifentions. Enfin , elle retomba au pouvoir des Sarra- fins , qui la ruinèrent entièrement , de lorte qu'elle ne s'en eft point relevée. On prétend que ce nom elt une corruption de celui que lui donna Hercule \ c'eft- à- dire , à' Ace , ou Acon. Ptolomée Philadelphe dans la fuite la fit appeler Ptolémaide. ACRE. f. m. Monnoie de compte de quelques endroits des Indes orientales. On le nomme plus communément Lacre. Voyez ce dernier mot. Acre, que l'on appelle plus communément Rotte , eft aulîi un poids dont on fe fertdans plu fieurs Echelles du Levant. Foyei ROTTE. ACREMENS. i. m. pi. On nomme ainfi à Conilantino- ple une forte de peaux de bœufs & de' vaches qui y font apportées de la JVler Noire. Les Acremens approchent allez des peaux qu'on appelle Premiers Couteaux j & ne fe vendent qu'environ un quart de piaftre moins. ^ /^ovcr^COÛTEAUX. ACRETE.f f. Quahtédece qui eft acre, qui pique la lan- gue. y^triOTO/zia. Quand les arbres (ont greffes, les fruits qu'ils portent perdent beaucoup de leur «crer/. Les fruits que produi(ent les terres fortes & un peu gralfes , font plus long-temps à perdre la dureté, fiicrerdiScrinlipidité ; défauts dent deux ou trois mois de lerre achèvent de les^ guérir. La Quint. fC? Acreté. & AcRii«iONiE, ne font fynonymesque par l'idée générale que ces mots préfentent dune qualité adive & mordicante. Le mot d'^crf^e a un uiage beau- coup plus étendu que celui d'acrimonie. Il s'apphque non-feulement aux humeurs qui circulent dans le corps animal, mais encore à la qualité mordicante de certai- nes chofes , que l'on diftingue au goût. Ou dit l'âcrcté ACR 9J du fang, de la bile , de l'humeur , comme on dit l'J- creté d'un fmit,\'âcrecéàu fel; au heu que le mot d'a- crimonie ne s'applique guère qu'aux humeurs qui cir- culent dans l'animal. L'acrimonie des humeur:.. Mais on ne diroit pas l'acrimonie d'un Iruit. Enfin àcrecéîz prend dans un lens figure ; an heu qu'acrimonie ne fe prend que dans le fens propre. §3" AcretÉ , dans le fens moral , déf gnc le caracfcrc d'un homme qui a quelque choie de rebutant dans les manières , de piquant dans l'expreliîon. il a de l'ùcreté dans l'humeur , dans le propos. 1^ ACRL Rivière du Royaume de Naples. P^oy. A cri, ■ify ACRL Ville du Royaume de Naples, dans la Calabre citérieure, à la fource de la rivière de Tronto. ACRIDOPHAGE. f m. & f. Acridophagus. Ce nom vient du Grec àx.fU Sauterelle ^ & » , je mange ■ 8c fignifie, qui vit de fauterelles. C'eft le nom d'un peu- ple d'Ethiopie , voifin des déferts. Au printemps les Acridcphages tout proviiion d'une elpèce de groiles lauterelles , qu'ils lalent pour toute l'année , n'ayant point d'autre nourriture , parce qu'ils lont éloignés de la mer , & qu'ils ne nourrilîent point de bétail. Les Acridophages j dit on, ne palpent guère quarante ans, & meurent conlumés d'une vermine ailée qui s'engen- dre de leur corps, f^oye'^ S. Jérôme contre Jovinien , L. 2. &: fur S. Jean, C. 4. Diodore de Sicile, L. 3. C. 3 & 29 , & Strabon, L. 16. Pline met aulii des Acri- dcphages dans la Parthie, & S. Jérôme dans laLybie. Quand ce qu'on dit d' ailleurs de ces peuples leroit fa- buleux , Vacridophagie pourroit être vr.iie ; & encore aujourd'hui on mange des lauterelles en bien des en- droits de rOrient. To-'t cela rend plus probable, &prefque certain, le fentiment de ceux qui croient que ce font des fau cerel-. j les dont S. Jean vivoit dans le défert, & que c'eft-là ce qu'il faut entendre par à.Y.pUii ,en S. Matth. C. 3, v. 4. Au Levit. C. XI. v. 22, un des animaux qu'il eft per- mis de manger aux liraéhtes , eft appelé par les Septante ax/x'J'a, & par S. Jéïômclocujla. Il s'agit là d'animaux, & les Septante n'ont alfurémcnt pu entendre par ài^flia. une efpèce de légume , ou la pointe des branches des arbres. Et c^'toit lans doute une pénitence bien auftère, que de ne manger , comme le S. Précurfeur , que des fauterelles & du miel fauvage. Licophron, ancien Poëte, & Ariftophane , parlent des fauterelles comme de la nourriture la plus vile, & Théophilaéte en parle com- me de celle des payfans. Enfin, ^lien, dellijl. Animal. dit que l'on mangeoit des cigales , qui lont une efpèce de Sauterelles. On ajoute encore, que ^^ v J h ne font pas les pointes des branches tendres des arbres,c'eftax^!/"^" , des cancres marins ; Se celui de Béze , qui lit uKfts, des poires fauvages. Ludolf croit aulli que ce font des fauterelles que mangeoit S. Jean , Bi/l. d'Ethiop. T. II. p. 24, ACRIMONIE, f î. Aigreur piquante. Les fels ont beau- coup d'acrimonie. L' acrimonie de la bile eft caufe de beaucoup de maladies. }viodé):Qxy acrimonie , eu l'âcreté des humeurs. Voye-:^ au mot AcretÉ les diftérences qui fe trouvent entte AcretÉ & Acrimonie. ifT ACRLMONIEUX , EUSE. adj. Terme de Médeci- ne.. Qui a de \ acrimonie. Sels acrimonieux. Ce mot fe dir peu. ACRISE. {. m. Roi d'Argos,pere deDanaé. Ayant été détrô- né par ion frère Proétus ,41 fut rét.ibli par fon petit- fils Perlée, qui le tua enfuite par un malheureux accidenc. ^6 ACR ACRO. Ce mot qui ell: Grec, & vient cl'«'v»S haut, ce qui cil au haut, au fommet dune montagne, quand il eft joint au nom d'une ville , ligniFie louveiit la citadelle de cette ville ; parce que les citadelles le conftruifent fur les lieux élevés qui commandent les villes. Ainli Acrocorinthc eft la citadelle de Corinthe-, ^cTo/^o/ij j la citadelle d'Arhùies , qu'on no-mmoit en Grèce du nom général h'ak , ville par excellence , comme Rome étoit appelée Urbs. Acrocorinthe eft repréléntée lur quelques Médailles qui peuvent donner du jour à ce que nous venons dédire. Une Médaille dAugufte porte d'un côté la tête de cet Empereur couronné de laurier. Imp. C^sar Augustus. Au revers. Octaviano iter iiYiR. Un rocher ou montagne elcarpée de laquelle le haut eft occupé d'un temple , ou d'un bâtiment , dont il ne paroît que le frontilpice qui eft à fix colonnes , trois de chaque côté , & dans l'exergue. Cor. c'eft-à- dire , Corlnthus. 'ACROATIQUE. adj.m. Cetadjeftiffignifie lecret, par- ticulier , réfervé. Aulu-Gclle dit qu'Ariftoque donna deux fortes de livres à les Dilciples , les uns exoceri- auesjSc les autres acroanqins. Il donnoit & expliquoit les premiers indifleremment atout le monde, & cette explication le ftiloit le loir : mais pour les livres acroa- tiques qui traitoient de la contemplation de la Na- ture , & des recherches de la dialeétique , il les expli- quoit le matin dans le Lycée , & n'y admettoit pas in- diftéremment toutes fortes de petfomies. Loiiqu'A- lexandre fe plaignit à ce Philolophe , de ce qu'il avoit publié les livres acroadques j & que tout le monde pourroit par-là devenir aulîl habile que Jui qui étoit Ion dilciple, il lui répondit qu'ils ne pouvoient être compris que de ceux qui avoient pris les leçons , & entendu fes explications. ACROBATES. 1. m. pi. Elpèce de Danfeurs de corde. Il y en avoit de quatre fortes : les premiers voltigeoient autour d'une corde, comme une roue tourne autoiu' de Ion ellieu , & ils le fulpendoient par le cou , par le pied , 6'c. Les féconds voloient du haut en bas lur une corde , appuyés lur l'eftomac , les bras & les jam- bes éter.dues. Les autres couroieqt liu une corde ten- due obliquement de bas en haut. Les derniers enfin danloient, tautoient, faifoient toutes fortes d'exercices fur une corde tendue horizontalement à neuf ou dix pieds de terre. Moreri. ACROCERAXJNES. Acroceraunia , Acroceron'd mon- tes. Selon Servius, c'eft le nom de plulîeurs monta- gnes de diftcrens pays , ainli appelées de S^pti ^ le fom- met d'une montagne } & '^ifo.^''-- , foudre , parce que les hautes montagnes font louvent frappées de la fou- dre. Il y en a dansl'Epire qui donnent aulli leur nom à un Promontoire qui s'avance dans la Mer Adria- tique. Acroceraunium. Le Cap Acrocéraunlen y au- jourd'hui Cafo délia Chimera , ou délia Languetta. ACROCÉRAUNIE. Acroceraunia. Ville épifcopale de l'Epire, au pied des monts Acrocérauniens , aujour- d'hui appelée CAi/wèrt' , nom qui vient d'un château nommé Chimère, que Pline dit avoir été fur le fom- met de ces montagnes. ACROCÉRAUNIEN , ENNE. f m. Acroceraunius. Ptolomée appelle ainll lesHabitans des montagnes de l'Epire dont on vient de parler ,^ea;;/e agrefte & bar- bare ■, qu'on nomme aujourd'hui CÂi/Tzerzo^j du nom de ces mêmes montagnes , qui (ont appellées Monta- gnes de la Chimère y ou plutôt du nom de la ville dont on vient aulfi de parler. Les monts Acrocérauniens lont des bras du Pinde que quelques-uns difent être ap- pelés Monts du Diable. Id. Je ne fais par quelle dé- licatelfe M. Dacier n'a pas voulu fe fervir de ce mot dans frTraduétion d'Horace. Il l'a cependant mis à la marge ; & daiis fes Notes il ôte la première partie du nom , & les appelle Monts- Céraunicns ^ évitant, ce femble , de dire Acrocérauniens. Acrocérauniens. f m. & pi. Eft auflîlenom des mon- tagnes de l'Epire dont on vient de parler. Il paroît même que c 'eft ainfi qu'il faut dire , iSc non pas Acro- céraunesj, que je ne trouve que dans le Dictionnaire Géographique de M. Conjpille. Quel genre de mort eût pu épouvanter un hoinmc aifez intrépide pour ACR voir d'un œil tranquille les monftres de la mer , fes flots en furie , & les Acrocérauniens , ces écueils fa- meux par tant de naufrages; Le P. Tart. ACROCEiORDON. f m. Efpèce de verrue,ainfi appe- lée de «!x/>o>, lommet , extrémité , & de x»f ■'^" , cotde , parce qu'elle rellemble,par fon extrémité à une corde coupée , ou parce qu'étant attachée à la peau par un pédicule fort mince, elle pend comme une corde, ce qui fait qu'on l'appelle en Latin , f^erruca penflis , verrue pendante. ACROCOME. f m. & f. Qui alescheveuxlongs,quine les coupe point. Ce mot eft Grée , compolé d'ax/ios , fummus, 6c Mf/.ti c&farics. ACROCORINTHIE. Foye^ CORINTHE. ACROIRE. V. a. Vieux mot françois, qui vouloir dire, prêter: ce mot vient de crcdere. Borel. ACROMION. f m. Terme d Anatomie. C'eft l'extré- mité & l'épine de l'omoplate. Ce mot vient de à'xf»* fummus y & de S/j-ts ^humérus , c'eft a-dire , l'extrémité de l'épaule. C'eft donc précifément a caufe delalitua- tion & de fi place, qu'on l'a ainli nommée, & non à caule qu'elle rellemble à un ancre , comme l'écrit M. Dionis; car il n'y a rien dans acromion qvà puille lignifier ancre ; Se c'eft la relfemblance d'acre ■, & d' an- cre j qui a trompé cer Auteur ; il a confondu le-mot acromion avec celui d'ancyroïdes. Quelques-uns ont prétendu que \ acromion étoit un os diltirigué des au- tres , parce que ce n'eft durant l'enfance qu'un cartilage, qui s'ollîfie peu-à-peu, &qui, après l'âge de vingt ans, eft tellement dur , & uni au reftc de cette épine , qu'il ne paroit qu'un même os. DioNis. §3" ACPiON. petit royaume d'Afrique , en Guinée , fur la Côte d or. Il confine au royaume de Pantin. ACRONYQUE. adj. Terme d'Aftroncmie. Il fignifie , qui fe fait , qui arrive au moment que la nuit com- mence , que le loleil le couche. Ainfi on dit que le lever ou le coucher d un aftre eft acronyque ^ lorf- qu'il fe levé ou le couche précifément au coucher du foleil. Ce mot vient de àlxf^tyvyjf , vefpertinus ^ qui £R.à. l'entrée de la nuit. De à'^pts extremus j & w%,nox. A acronyque on oppole cofmique j qui le fait au lever du foleil , de Kot/ioî , monde , parce qu'il lemble que le lever du loleil eft le renouvellement du monde. Il eft néceifaire qu'un aftre qui a un lever acronyque j ait un coucher colmique, & que celui qui a un lever cet mique , ait un coucher acronyque. ^ ACROPORE , (. m. Terme de Liihologie. C'eft une madrépore ou corps élevé, plein de trous faits en étoiles. ACROSTICHE. Ménage le faitmafculin , après S. Amant. Quelques-uns le font féminin : l'Académie Fr.incoife a décidé pour le malculin. Sorte depocfie difpcléede façon , que chacun des vers commence par une lettre qui fait partie du nom qu'on éait de tr.avers à la marge , afin que chaque lettre du nom réponde à chaque vers. Acrofiichis. On en fait aulîi où le même nom fe trouve au milieu , ou aux autres endroits des vers. On a vU même des Sonnets pentacroftiches, où il y avoit cinq acrofiiches. Cette forte de poche eft aujourd'hui fort méprifée , «Se un faileur à: acrofiiches eft un Pocte ridi- cule. C'eftl'eftort & l'apphcation d'un petit cfprit. Ce mot vient du Grec «xyj.s , fummus j ce qui eft à mie des extrémités , & <"'x'< , vers. Voici un exemple d'à ■ crofiiche toutpropie à faire fentir combien ces loitesde pièces gênent l'efprit , parce qu'outre \ acroflichc du nom du Roi au commencement des vers , il y a encore des échos à la fin. Il fut fait après la bataille de laMar- faillc. . Sonnet. ^Le bruit de ta grandeur ^dont n approche perfonne,(onnz O On fait le trlfe état eu font les cnnemùs mis d Foudroient-ils s' élever,bien qu'ils foicnt téraffes alfez •-1 Ils connaîtront toujours ta vicloire immortelle telle. ^ Superbes Alliés j vousfuivre^ les exemples amples Q D'Alger 6' des Génois implorant d'un pardon don rn En vain toute l'Europe oppofefcs efforts ^ forts CJ3 Bataillons font forcés & villes entreprifes. prilés. Ohl ACR C Oh ! que panant d'exploits vous fere^ embellis li? C Votre oloiic en to'us lieux du combat de Marfaïlle aille î» Rendant la. Ligue entière après mille combats bas. ts Bel<*e j tu marcheras pareille à la Savvye voye C On te voit tout tremblant fous un tel Souverain Rhin 2 J^^ous te verrons aujji fous un Roi Jl célèbre Ebrc. Quelquefois les acrojliches commencent à rebours ; c'eft-à dire, par la première lettre du dernier vers , en xemontant de-la julqu'au premier. Telle cft celle que Guillaume de S. Andréa fait de Ion nom aux 21 der- niers vers de fonPoL-me fur Jean IV , Duc de Bretagne. Ce Poifnie fe trouve dans le fécond Tome de la nou- velle Hiftoire de Bretagne, ;!. ôpi. Prenez un homme tout-à-fait ignorant , il mettra tous les Poètes du monde en même rang, depuis Virgile julqu'aux fii- feurs A' acrojliches. PÉlisson. Difcoursfur les Ouvra- ges de Sarrasin. Quelques Auteurs appellent aUlîî Acrojliches les deux épigrammes du premier Livre de l'Anthologie , C. 38 , faites à l'honneur, l'une de Bacchus , & l'au- tre d'Apollon, & compolées de 1 f vers, dont le pre- mier cft la propoiîtion , ou le dellein de l'épigramme , les 24 luivans font compoiés chacun de quatre épi- thètes commençant tous quatre par la même lettre , & difpofcs ainli félon l'ordre alphabétique des 24 let- tres des Gtecs, enforte que le premier de ces 24 vers comprend quatre épithètes qui commencent toutes par « le fécond quatre épithètes qui commencent par /? le troihème quatre épithètes qui commencent par y ik ainfî des autres jufqu'a j » Ce qui fait 96 épithètes pour chacun de ces Dieux. Acrostiche , eil encore un vieux mot qui figa-fioit aii- trefois cens. Le Traité fait avec le Clergé de Rema- nie le I 5 de Décembre 1 2 1 9 par Conon de Béthune , Bail de l'Empire , portoit que toutes les Eghfes Ca- thrédrales jouiroient librement des immeubles dont elles étoient en polleilion dès le temps de l'Empe- reur Alexis; Bambacorax , ( c'eft Alexis Cornnène qui rcgnoit fîx vir.grsans auparavant, ainfi nommé à cauie de fa voix défagréable , ) & que f es biens f croient exempts de toute Jiuidicfion laïque & de route exac- tion excepté X'acrofiche , c'ell;-à-dire,lecens. Fleury. AcHROSTicHE,eft aulîI adi. des vers iîcro/Z/cAej; c'elf-à- dire, des vers dans lefquels il fe trouve un acrofliche , ou plufîeurs acrojliches. Sonnet acrojiiche. Lettres acrofliches ,\mnçs initiales oif finales d'un acrofliche.. fer ACROSTOLION. f^ m. C'étoit l'extrémité de la proue des vailleaux anciens. Le rojlrum étoit plus bas & à fleur d'eau. ACROTÈKES. f m. Terme d'Architedure , qui fe dit des petits piédeftaux qui font au milieu , & aux deux extrémités d'un frontifpice, & fur lefquels on pofe des figures. Acroteria. Les acrotères des côtés doivent avoir de hauteur la moitié de celle du fronton, & ce- lui du milieu une huitième partie de plus , félon Vi- truve. Dans l'ArchitedureFrançoife, ce terme exprime les petits murs ou dollerets que l'on place à côté des piédefLaux, entre le (ocle & la tablette des balufftades. Ces acrotères font deftinés à foutenir la tablette conti- nue d'un piédeflal à l'autre, & font l'office de demi- baluflrrcs , que quelques Architectes atFedent dans leurs décorations ; ce qu'il faut éviter, dit AI. Blonde l. ^ Le Did. de l'Encyc. d'où cette obfervation efl ti- rée , fait Acrotères féminin. Le did. de l'Acad. Fr. le fait mafculin. Acrotères, flgnifie quelquefois , les extrémités ou les faîtes des bâtimens. Extrema j Fajligia. Acrotères , font encore certains promontoires, ou heux élevés qu'on voit de loin fur la mer. ACROTERIA f m. Terme purement Grec-, axpi1,'p,o,: On ne s'en fert qu'en parlant de médailles. C'eft un ornement de vailfcau recourbé , &: il marque une vic- toire navale , ou une ville maritime. ACROUPETONS. adv. Borel ne fait qu'un mot de ces quatre fyllabes ; il dit que ce mot veut dire , en un monceau, acervatim , ik qu'il vient d'accroupir, qui vient de croupion. Dans quelques Provinces , le peu- Tome I. ACT 97 pic dit encore acroupetons , pour exprimer là poflure de ceux qui font alhs fur leurs talons, ou qui étant appuyés fur les pieds , ont le corps tellement plié , qu'ils font prefque allîs à terre , & qui font ainli ramaflés , comme en un monceau. A C S. ACSARAY , ou AINZARBA. Axara , Ana^arbus. Ville ancienne de la féconde Cilicie , nommée Ana- :[arlie , du nom d'une montagne voifine, ou de celui de Ion Fondateur. Dans la fuite elle fut archiépifco- pale. Elle porte les noms de Diocéfarée, de Clante conhdérabledes Indes occidentales. Ses feuilles font lemblables à la ÀDÀ poVellc, cV foitcnt de la mcinc nicmc. Ses tiges ronc romies & tcndics, de la hauteur de 4 à j- pouces. Au Commet de (es rameaux iiaillent des petites Heurs d'uii blanc tirant fur le rouge , allembLes en rond. Sa racine eft ronde, blanche en dedans, jaunâtre en dehors. Cette plante croit dans les climats tempérés , ou peu chauds , &dans les lieux plaiS & humides. On le iert , principa- lement en Médecine , de (a racine , qui eft d une nature tempérée, ou un peu plus froide & plus hu- mide que chaude & lèche, & qui ell d'un goût doux & agréable. Son lue, ou la liqueur qui en découle, appaile l'ardeur de la fièvre & fortifie le cœur. C'ell un contrepoilon très-prélent & très-U'ir. Il rélifte aux piqûres venimeules , principalement à celles du Icor- pion. Sa racine, lur tout, broyée & appliquée en em- plâtres, a beaucoup de force. Outre cela, cette plante appaile les douleurs des reins, tempère l'acrimonie des urines, modère les douleurs de poitrine , donne de l'appétit , guérit les tumeurs qui naiffent à la gorge ; c'eft même un remède contre tontes fortes de mala- dies , de quelque manière que l'on en ule , li l'on en croit Hernandez dans Ion Hiftoiredes Plantes du Mexi- que , L. vil. C. J3. d'où ceci eft tiré. Cet Auteur dit que cette plante croît chez les Michuacanoix -, qu'on lui donne encore d'autres noms : que quelques uns l'appellent OijPtZ huacai'^tic , à caule de les qualités froides , ik de la blancheur de (a racine; que d'autres la nomment Buichocataqua. Il ajoute qu'il a encore oui parler d'une aijtre efpèce à' Acuif^e-huariacua , que les gens du pays nomment Uqulro , & d'autres Scorfonere ; mais qu'il ne l'a pas vue. ACUMULO. Bourg du royaume de Naples. Acumulum. Il eft dans l'Abruzze Ultérieure , aux confins de la Marche d'Ancone & de l'Ombrie, fur la rivière de Trente , entre la ville d'Alcoli & celle de Riéti. AC UT. 1. m. & adj. Terme d'Imprimerie , qui le dit d'un caractère marqué d'un accent aigu. Littcra accentu acu- tonotata. Un e iîc«^ eft l'e fermé ou mafculin, comme dans le mot probité ^ qu'on eft obligé de marquer ainfî , pour le diftinguer de 1'^ féminin ou de \'c ou- vert, qui doit être marque d'un accent grave , ou d'un circontlexe dans les mots bète j tête^ prêt. Les e font marqués d'un circonflexe , pour avertir que l'c' eft ouvert, & que la lyllabe doit êtrealongéc, parce qu'il y avoir autrefois un s après cet e , qu'on a lupprimé i & dans les mots , Procès ,fucccs , après j on doit mettre un accent grave, pour marquer que \'e eft encore ouvert , &z que ces mots le doivent pro- noncer comme s'ils cioiQwi cents, Procais ^fuccais^ aprais. ACUTS. 1. m. pi. Ce font les bouts des forets év des grands pays de bois. Dict. Econom. ACUTANGLE, adj. Terme de Géométrie. Il fe dit des triangles, dont les trois angles lont aigus. Quand un triangle a les trois angles aigus , il s'appelle acittan- gk 3 ou Oxygone. Le P. Pardies. ^ACUTANGULAIRE.adj.^CMW/j^tt/^m.Nomque l'on donne à une figure de Géométrie , dont les angles font aigus. ACZIR. Ancienne ville de la Tribu de Juda* Ac^ibi Elle étoit près de Céila & de Maréfa. ACZIBA. Foyei Achazib. ACZU. Ville de la grande Tartarie , fitu.ée dans le royaume de Tanguth , près du Chlamay , ou Chi- mol. Quelques Auteurs croient que c'eft l'ancienne. Au'^acia. ACZUD. Petite ville de la Valaquie. Aciudia. Elle eft fur la rivière de Miflowo , au midi delà ville de Braif- low , & entre celle de Targovilcou & de Torgorod. L'Atlas de Samlon nomme cette Ville Ac^ab^ 8c n'en fait qu'un village. Celui de M. Delifle n'en parle point du tout. ADA. $3" ADA. Ville de-la Turquie Afiaftiquc , fur la route de Conftantinople , à Hifpanan. •ADAD , ou ADOD. f m. Adadus. Divinité des Alfy- riens. Macrobe, qui en a parlé au Ch. 18 de Ion pre- mier Livre , dit que ce nom lîsjnifioit , un: Il s'cft À D A . T o ^ trompé : un en Aft yrien fe difoit t<"in bhada , & non pas TlR bhadad jquï fignifioit plutôt aigu. Quelques uns croient que c'étoit un Dieu , &: qu'on lui donnoit peur femme Adargatis, ou Athergaris. Seldcn, de Diis Syr.fynt. t. i. prétend qn' A dad étoit le foleil-, que ce nom ne marque mal pas les cris , ou les exhorta- tions, les excitations de gens qui exhortent, celcufma hortantium ; &; qu'il poiu'roit bien avoir du rapport avec les cris des enfans , dans les lacrifices du Moloch. Il dit encore qu'il eft dittérent de Ada, qui eft du fémi- nin, & qui pourroit bien être la même Décile qu'A- thergaris , out Derceto. Quelques- uns on dit que ce Dieu Adad étoit Adad Roi de Syrie , dont Jofephe parle dans le ix. Livre de les Antiquités, C. 2. où il dit qu'^i/a'i^û'&^^iîè/quiluiluccéda, après l'avoir étouffe ^ font honorés comme des Dieux par les Syriens , fur- tout à Damas. ADADA. Ancienne ville de la Terre-Sainte. Adada. Elle étoit dans la partie méridionale de la Tribu de Juda, près des montagnes de Seïr. ADADREMMON. Ville de la Terre-Sainte. Adadrem- vion. Elle étoit dans la plaine de Mageddon, entre les villes deJelrael & de Mageddon. Elleappartenoità la deiBi-Tribu de Manalfé en deçà du Jourdain. Adri- comius prétend que c'eft la même qui fut appelée Maximianopolis. Les LXX traduilent Adadrcmmon par Grenade -, en cftct pDI Remmon en Hébreu, li- gnifie une grenade, !k fiint Jérôme dit que la campa- gne où cette ville étoit lituéc, étoit plantée de gre- nadiers. ÇCr AD/EQUAT, ou ADEQUAT, ATE. adj. Addqua- tus. Terme de Logique , lynonyme avec total. L'objet adéquat d'une fcicnce eft celui qui comprend les deux objets, le matériel & le formel. T^oye-:^ ces mots. En Mc- taphyliqueon le dit aullî des idées. Idée adéquate , où totale, eft la vue de lelprit occupé d'un objet tout entier, par oppolition a partielle ou inadéquate , qui eft une vue de l'elpritoccupé dune partie leulemenr d'un objet. ADAGE. L m. Proverbe , lentence populaire, & com- mune. Adagium. Il n'eft' en uiage qu'en ces phrafes. Les Adages d'Eralme. C'eft un vieil Adage. Autre- ment on ne le dit qu'en badinant , ou pour méprifer un ouvrage chargé de vieux proverbes. Ce mot vient de ad &c agor^ dit Scahger; quod agatur ad aliud fi^ gnandum , parce qu'on en ufe pour fignificr autre chofe; %fJ' ADAGIO. Adverbe Itahen , qui lignifie à \aife y pofément. En Mulique ce mot écrit à la tête d'un air délîgne le plus lent de quatre principaux degrés de mouvement établis dans la mulique Italienne. §Cr On le dit comme f m. du morceau de mulîque, dont il détermine le mouvement, /oiier un Adagio. ADAL. 1. m. C'eft , (elon Paracelle, la partie des plan- tes qui conftitue leurs propriétés médicinales, ou, ce qui revient au même , la partie pure &: adtivc des plantes; leparée de la partie impure <ïv: tcrreftre. ADALBAULD. f m. Nom ]pr:o^ïc,Adalbaldus. S. Adal- bauld étoit de la race de Dagobert. Chast. 1. Fe'v. ADALBERT , ou ADELBERT. (. m. T-^oye^ Albert. ADALIDE. f. m. Adalis. Les Adalides font en Elpagne des Ofticiers de Juftice pour les troupes. Rodrigue de Tolède, lesLoixduRoi Alphonle, & Grégoire Lopcz en parlent. Suivant les Loix d'Alphonfe, les Adalides lont des Officiers qui lont chargés de conduire les trou- pes dans leurs marches en temps de guerre, Lopez dit que les Adalides jugent les diftérens qui arrivent au fujet des courfes qu'on fait dans le pays ennemi , du par- tage du butin , (^' de la reftitution des chofes qui fe perdent: c'eft encore aux Adalides a mettre pendant le jour des fentinelles qui les avertillent de tout. ADAM. f. m. Adam, a ; Adamus. Ce nom eft pure- ment Hébreu. Dieu lui-même femble en marquer l'o- rigine , Gen. III 19 , lorfqu'il dit au premier homme: l'ous mangere"^ votre pain à lafueur de votre corps y jufqu'ci ce que vous retournie:^ à la terre , en Hébrcâ el haadama ; car c'eft d'elle que vous ave:[ été' pris: Cependant on varie fur l'étymologie & le fens de ce nom. La plus commune opinion eft que ce nom vient de ^Ù^i?, Adama , terre , & qu'il fignifie tcrreftre ■ delà vient que les Feres Grecs llnterprctcnt 'ii'uss-f àii Î04. AD A :x"xif. D'autres veulent qu'il lignifie rouge , du vt rW Hébreu ^I^^S , Adam, être rouge, parce que la couleur lomhïc^ ad- ditionnes. Sommes additionnées. ADDOMESTIQUER. F'oyei Adomlstiquer. ADDONNER , s'eif dit autrefois pour Diriger , tourner vers un côté. Convertere. Addonner fes pas d'un côté plutôt que d'un autre. Mais Dieu ce bien ne m'ha donné ^ Que votre chemin addonné Se fait ici. Marot. ADDUCTEUR, adj. Souvent employé fubftantivement. Eft ime épithètc que les Médecins donnent au troi- fième mufcle des yeux, qui les fait mouvoir du côté du nez, comme les menant de ce côté-là. Onl'appelle auHi ^z^j'tv^oparcequec'cftunmouvemeiit qu'on tait d'ordi- naire en buvant, (^n le diraulfi des mufcles qui (ont dans le poucc,& dans les autres parties du corps,qui [ont mou^ voir en dedans les parties auxquelles ils (ont attachés. Ce mot vientdu Latin adducere , amener. Le fécond mufcle de l'index clt ï'adducleur. Il prend Ion origine à la partie antérieure du premier os du pouce , & te va inlérer au premier os du doigt indice, qu'il approche du pouce. DioNis. Il y a aulîi des adducteurs , des jambes , & des orteils des pieds, h'adducleur du le- cond orteil du pied eft fon troilîèmc mulcle , qui s'appelle encore Tenard. Id. I;X? Les fonétions des Adducteurs font oppotées à celles des Abducteurs. ADDUCTION, f f Adduaio. Terme d'Anatomie, qui exprime l'adion par laquelle certains mutcles qu'on nomme Adducteurs font mouvoir en dedans les par- ties auxquelles ils tout attachés. P^oye:^ l'article pré- cédent. ADDULAM. rçyei Odollam, ADDUS. 'Ville de la Terre-Sainte , que les Septante & Jofephe api-.ellcnt Adida. Elle étoit tur une montagne, au milieu de la tribu d'Ephraïm. On la nomme aulîI Adtada, î. Machab. II. 58. A D E. §C?' ADÉA. Nom d'un rovaumc imaginaire de la côte d'Ajan, dariS l'Ethiopie lupérieure. ADEL. Ville, rovaume & rivière de l'Ethiopie, en Afri- que. Leroyauined'^^c/e/eft lurla côte d'Ajan. Adelium , ou Adelanum regnum. La ville A'Adel eft fa capitale. Adelum 3 ou A delà. La rivière d'^rfe/arrofc ce royau- me , &' baigne la ville à'Adel. Adelius fluvius. ADÉLAÏDE, f f Adelais. Nom propre. On a dit auifi Adéla'is , &: par contraéfion , ou par corruption , Alix , car Alix eft la même chofe qu'Adéla'is; ce qui paroit, parce que quelques femmes qui ont porté ce nom, tout Tome. I. ADE 107 appelées Adélaïs, ou Alix; comme Adéla'is, ou Alix, femme d'Hugues Capef, Adelais, ou Alix , femme de Raoul, Roi de Bourgogne au X*^ tiècle-, Adéla'is, ou Alix , fille du Roi Robert , à\: femme de Richard II. Duc de Normandie, dans l'onzième tiècle. Dans le n\!:mi'., t'ïot, glande j & de ac)oî, dlfcours. 3" AOÉNOPHARYNGIEN. adj.'pris fubft. En Ana-- tomie. Nom d'une paire de mufclcs formes par un paquet de fibres qui le détache de la glande Thyroïde , & s'unit de chaque côté avec le Thyropharyngien. ViNSLOW. ADÉNOS. f. m. Coton qui vient d'Alep. Dict. de l'Ort. ADENT. f. m. Terme de charpenterie e? Adéquat. ADER. Foye^h Tour d'Ader ■ car c'eft une erreur de prendre Ader leul pour tout le nom de ce lieu , Se de dire qu'il hgnihe la Tour du troupeau ; car ./^^cT ligni- fie leulcmcnt Troupeau. ADEHBORGH. Ville de laPoméranie Royale , en Alle- magne. Aderborna. Elle eft lur l'Oder au-dellous de Stctin. ADERBOURG. Ville d'Allemagne. Aderburgum. Elle eft lur l'Oder, dans la moyenne Marche de Brandebourgi Zeiler nomme indiftindcement ces deux villes Adcr- berg. ffT ADERSLEBEN. Ville de la principauté de Halber- ftadt, lur la rivière deSalke. ADÉS , ou ADEZ. Vieux mot, qui veut dire , ïelon Paf- quier , incontinent , maintenant , alors. Dans les poc- lies du Roi deNavarre,illîgnifie,fe//c'/;7e/2rj entièrement^ Et tout adés en regardant. RoM. De la Rose. Adés fera précédé à la requête du diligente Boutil- LER. ADESER. Vieux V. a. Il vient du Latin izû'e/7è , aller au le- cours de quelqu'un, l'aider, le panfer. . ADESSÉN AIRES, f. m. & f. J'û!'t-//è«^ni. Hérétiques qui croient que Jésus-Christ eft dans l'Euchariftie, mais dans unlens diftérentde celui desCatholiquesRomainSi Les A dejfénaires font de quatre diftérentes opinions lur cela. Les uns foutiennent qu'il haut dire que le corps de Jésus-Christ eft au pain-, les autres qu'il eft à à l'entour du pain ; les autres qu'il eft avec le pain-, & les autres enfin, qu'il eft lous le pain. Les Adeffenai- » res , comme il paroît par-là , font ceux qu'on appelle I autrement Impanateurs. Adejfénaire j eft un nom forgé par Pratécle. Il vient du verbe latin ade[fe, adfum. Je luis préfent. Aiais il n'a jamais été dans Tufage or- dinaire , & nulle fede ne l'a porté. Quelques-uns de nos Auteurs s'en fervent néanmoins, comme Jovet & le Dicl:ionnaire.Hiftorique. ADEXTRE, ÉE, adj. Terme de blafon, qui fe dit des pièces qui le mettent a^u coté dextrc de l'Ecu ; comn^e au contraire, ce qui le mer au ccré féncftre fe dit_/ê- Ticfiré. liabens ad dexteram, adfnijlram. On le dit aulli , lorlque l'on blalonne la partie droite de l'Ecu , & qu'elle eft d'un émail différent de la gauche. On dit encore d'un pal, ou autre pièce, qui a, par exemple, un lion à fa droite, qu'il cHadextré de ce lion. ADEXTRE. adj. m. & f. Vieux mot. Adroit. Dexter , a J um. Callidus. Marot a dit dajis l'épitaphc d'un joueur de farces. Il fut en fon jeu f adextïe , , Qu'à le voir on le penfoit être Yvrogne quand il s'y prenait , Ou badin, s'il V entrepfenoit. Il fe prend auili pour agréable , bien compolé. Dexter, jucundus , benè compofitus. Serait- ce point yotre port tant adcxtre t Marot. ADGIAMI-OGLAN. Voye:^ A2AMOGLAN. A D H. ADHASTA. Bourg du Eergamafque , autrefois ville de Lombardie , appelée Juvenatium. ADHATODA. f. m. Noyer de Malabar. Ses feuilles croifl'ent oppolées les unes aux autres. Le calice de la fleur eft oblong, & compofé d'une feule pièce oblon-, gue : larieureftdiviléeen deux lèvres. L'ovaire fe change en un huit d'une écorce ligneule partagée en deux cel- lules , qui contiennent chacune une Icmence aplatie en forme de cœur. Dict. de James. CCr ADHÉRENCE, f. f. Vient du Latin adhArere qui lignifie être attaché à quelque chofe. Ainli dans lefens propre & littéral, ce mot prélente l'idée d'union, de jouélion. Adharentia , adkafo. AD H En Phyfique en s'en fcit pour défigner l'état de deux corps qui tiennent enlenible , de laçon que ces deux corps puroillent n'en faire plus qu'un ; ou bien l'état des parties d'un corps entre elles , qui Ibntconti- guës ou engagées les unes avec les autres ; d'où il ré- iulte que ce corps s'attache facilement à ceux qu'il touche. ■§C? Mulîchenbroek & beaucoup d'autres Phy(icien-S at- tribuent l'adhérence des parties des corps principale- ment à leur attraction mutuelle. Foye^ AdkÉî!.ent. tfJ'Qn dit à peu-près dans le même fens, en Médecine & en Anatomie , {'adhérence de la ]pQ?M\\' adhérence des poumons aux ccx.i.s;\' adhérence de la picrrcà la vefîic. Les poumons font quelquefois attachés à la plèvre & au diaphragme , par des ligamens fibreux. La cauie de ccitc adhérence cmbarrafle les Anatomiltes. Dionis. IJCT Adhérence, aufijL'ré. Adh^jio , déligne l'attache- ment a un parti , à un lentiment , qu'un peu de com- plailance nous fait approuver. Son adhérence au parti des rebelles l'a rendu coupable. \J adhérence d'un amant aux caprices de ia maîtrclle ,1e rend ridicule. Les nou- veaux Vocabuliftcs ne donnent qu'un (eus odieux à ce mot , en le déhniilant d'après le Dicl. de l'Acad. Fr. Attachement à un mauvais parti. Quoique cela toit généralement vrai , ce fens odieux n'entre peint d;ins l'idée du mot adhérence ^ qui déligne feulement un attachement à une chofe bonne ou mauvaile , mais qui provient de la complailancc. Au rcll:c es mot n'eft pas d'un uf":\ge bien fréqucr.t. ADHÉRENCE , e« Pdfi/zfa/v. Voyez Adhérent. |p=- ADHÉRENT, ENTE. adj. AdLtrens. Dans le fens propre & httéral lîgnifie , ce qui eft uni, attaché à une chofe , ce qui y tient de quelque manière que ce foit. Les dents font adhérentes aux gencives , la pierre à la velîie , les branches aU tronc. §Cr Dans le grand Vocabulaire, on nous donne encore ce mot comme fvnonyme de contigu. Cette mailonclf adhérente à la mienne. Je ne voudrois pas m'en fei-vir fur la parole de ces Auteurs. tfT Adhérent, fc dit en phyfique de deux corps qui font tellement attachés l'un à l'autre , qu'il eif difficile cla ievamc font importuns. Vaug. Cor.;n'. Obfervez qu'en matière d'outrages , les adjectifs lont beaucoup plus ottenlans que les lubftantifs. Par exem'ole, c'eft un fourbe, eft: plus injuL'ieuxqiie ii l'ondifGiL,iia f.ii: une fourberie. La railon eft que l' adj ectifmzïc[Me une ha- bitude ; & le lubftantif feulement un acle. Cependant il eft bon de remarquer que fouvent le lubftantif eft plus fort , & plus ligniticatir que l'izt//'t'f?i/j&: prefque tou- jours on y ajoutent me. Ce n'eft point un fourbe , c'eft la fourberie même, C'eft la parelle même que cethjmmc- lài pour direjC'eflun parefteux achevé, c'eft la négligence même, c'eft-à-dire,un homme très-négligent. Alors on peifonnifieen quelque forte ces fubftantifs, & ils ont bien plus d'énergie que l'adjectif. Il en eft de même en Grec &:en Latin. Appeler un homme fcelus jjlagitiunij perjurium-, c'eft plus que de l'appeler /c-e/drare jj?j- gitiofe, perjure. La railon eft qu'un fourbe , un fcélé- rat, un parelfeux, &c. peut changer & devenir homme de bonne foi , homme de bien , diligent , d'c. mais la fourberie, le crime, la pareile , ne peut pas ne pas être fourberie , crime , parelfe , il lui ell" cftentiel d'être telle ; T^ AJUDANT. ADjuDlC AT AIRh. f m c\: f ( La plupart ne prononcent plus le D. ) Le plus oftrant & dernier enchérifl'eur a qui ona.idjugéle bail, ou la propriété d'un héritage^u'on af- ferme, ou qu'on vend en i\!S!(\cz. Manceps.W ad^judï- fcftrirc; d'un héritage cil: tenu de configner leprix de f'on adjudication dans fiuit jours; autremerit il y peut être contiaintpar corps. \J adjudicataire d'une terme eft tenu des frais du bail. On le dit auili de ceux à qui on adjuge en Juftice des ouvrages, ou des rcpaiations au rabais. Adjudicaiaire, le dit aofolument des Fermiers des droits du Roi. \J adjudicataire général des Gabelles , des rtides, eft un Commis fous le nom duquel en fait toutes les pcuriuites Hc contraintes pour le recouvre- ment des deniers des GatJelles & des Aides. >ADjbDiCATir , iVE. acij. Qui adjuge ou qui a adjugé. Qui adjudicat. il a un arrêt adjudicatif de (a de- mande, i-a lenrence du premier Juge étoit adjudicative des dépens. l'CJ' Un le dit dans le même Icns d'un arnt ou d une lentence qui porte adjudication au profit du plus ottiaiit, d'mi bien vendu par autorité de Jullice , eu qui défère au moins demandant une entreprile de travaux ordonnés judiciairement. ADJUDICATION. 1. f. ( La pliipart ne prononcent plus le D. ) Acfe par lequel on adjuge au dernier enchenl- feur une choie qui le vend en Juftice, loir un meuble dans un encan , loit un bail d'une ferme , foit la pro- priété d'un héritage qu'on décrète, loit un ouvrage ou une entreprile au rabais. Adjudicatio. L'cftet d'une ad- judication par décret eft de purger les dettes , & les hy- pothèques du vendeur. Pourluivre une adjudication. On appelle adjudication la lentence même par laquelle on a adjugé 1 héritage décrété. ADIVE. 1. m. Animalqui naît en Afrique. Il eft un peu plus grand qu un renard, & du même poil. Il en a toutes les finelfes & toutes les rufes. Il hurle comme un chien. ADJUGER, v. a. ( On ne prononce plus le D. ) Déclarer en jugement qu une choie conteftec appartient à l'une des parties. Adjudicare. On lui a adjugé des dépens , dommages &: intérêts. Cette fuccelîîon lui a été adju- gée comme au plus prochain héritier. On lui a adjugé le prix de l'éloquence , & la préféance parmi les Ora- teurs. Adjuger, fignifie auffi, vendre S<. délivrer en Juftice au plus offrant & dernier enchérifleur un meuble à l'encan, un bail, un héritage par décret, & un ouvrage ou des réparations au rabais. ADJUGÉ, EE. part. Adjudicatus. ADJURATION, f £ Chfecratio , ohtejlatio , impenum. Terme eccléfiaftique.InjonCfion, commandement qu'on fait au Démon, de la fsart de Dieu , de forrir du corps d'un polfédé , ou de déclarer quelque choie. ADJURER. V. a. Faire des adjurarions , des exorcifmes. adjurare ^ obtejlari , imperare. Je t'adjure pa.i: le Dieu Tome I. A D M î î 5 vivant, &c. c'eft à-dire, je t'exhorte, je te conjure, jerr commande. Ce mot vient du Latin adjurare. Quoiqu'il ne lignitie pas la même chule, on ne laille pas néan- moins de s'en lervir dans les exorcifmes. ADJURÉ ÉE. part. ADJUTEUR. f. m. nom propre, roye^ AJOUTRE. ADJUTOIRE. f m. Vieux mot. Aide, fecours. Adjutù- rium j auxdium. Dents qu'à la langue êtes mur £' renfort j Et de vieilleffe a.d'jUtoiï:c & confort. Marot. Ce nom a été fait du Latm adj utorium ^ & peut-être cft-ce Marot qui l'a fait pour Ion vers. fier ADJUTORIUM. Nom qu'on donne en Anatomic à l'os du bras ou à V humérus. A D M. ADMETE. f m. Roi de Phères en ThelTalie, fut un des Argonautes , & un des Chalfeurs de Calydon : il étoit couhn de Jalon. Apollon ayant été challé du ciel, paC Jupiter , fut contraint de le mettre au fervice de ce Prince , pour avoir loin de les troupeaux , &c. Admete. f. f. Fille d'Euryfthée, infpira à Ion père l'ordre qu'il donna à Hercule de lui apporter la ceinture de la Reine des Amazones, parce que cette tameule ceinture avoir tenté Admete. ADMETTRE, v. a. Recevoir, donner entrée, rendre par- ticipant de quelque avantage. Admittere. Admettre quelqu'un au:: charges. Admettre un Ambalfadcur à l'audience. Ce Prêtre a été jugé capable , il a été ad- mis aux Ordres facrés. Un honnête homme eft admis &c bien reçu dans toutes les bonnes compagnies. Ad- mettre à la Communion , à la Sainte-Table. ïfT Admettre. Reconnoitre pour vrai , quelquefois ap- prouver , trouver bon. Admettre une propolîtion. Admettre les excules de quelqu'un , c'eft-à-dire , les recevoir pour bonnes , pour valables. C'eft un prin- cipe admis par tous les Fliilolophes. Je ne puis ad- mettre les railons que vous alléguez. ÇC? Admettre quelqu'un à le juftifîer, à fes faits juf- tificatifs, à les preuves juftificatives ; terme de Jurif- prudence, lui permettre de fournir les preuves juridi- ques de Ion innocence. 3CT Admettre, recevoir, dans une lignification fyno- nyme. Pour être admis j il luffit d'avoir une entrée hbre. Il faut pour être reçu 3 du cérémonial. Le pre- mier annonce une grâce accordée. Par le fécond en met en polleilion d'une place qu'on doit occuper, on iriftalle. On eft admis dans une fociété. On eft reca à une charge, dans une Académie. Encyc. ^G" Ces deux mots ont encore une autre nuance qui les diftingue. Admettre lemble fuppofer lui objet plus intime & plus de choix ; & recevoir quelque chofe de plus extérieur &: de moins libre. On Admet dans fa confidence ceux qu'on en juge dignes. On reçoit: dans les cercles ceux qu'on y prélente. Recevoir àans ce fcns, n'emporte pas une idée de précaution qui eft at- tachée à Admettre. AdjMEttre. Terme de Finances. C'eft recevoir une pai- rie, ou un chapitre, ou arricle, en recette dans un compte, en vertu des pièces juftificatives qui lont rap- portées. Ce Commis en rendant fes comptes n'a jamais Mtjfaire Admettre trois ou quatre articles aux Fer- miers Généraux; mais ils lui ont pajfé tous les autres. On dit auftî pajfer dans le même fens. ADMIS, ISE. part. Admijfus. ADMINICULE. l. m. Terme de Jurifprudence. Com- mencement de preuve, ou preuve imparfaite ;circonf- tance ou conjecture , qui contribue à former, à forri- fier une preuve. Adminiculiim. Il y a tant de préfomp- tions et d'adminicules contvc cet acculé, qu'on pour- roit lui donner la queftion. Un puiftant adminicule. En termes de MédaïUiftes , on appelle adminicidcs les ornemcns avec lelquels Junon eft repréfentce fur les médailles. Il fe ditauili, en termes de Médecine, de tout ce qui peut lervir à faciliter le bon effet d'uu remède. ADMINISTRATEUR , ADMINISTRATRICE, f m, V IT4 A DM Si f. Celui qui régit les biens de quelqu'un, qui eft charge du loin de les adminiitrer. Jdminijlracorj Cura- cor,procuratnx. Un père eft le légitime tuteur & Admi- nijlrateur àcicsznixas.On l'applique a ceux qui pren- nent foin du lalut& de la conlcience -de ceux qui leur font commis. Dieu a établi les Anges pour des elpnts Ad- miniftratcurs. Boss. On l'étend encore à ceux qui dil- tribucnt la Jullice, & qui exercent la puillance pu- blique. Administrateur , fe dit altflî de celui qui eft un des Direâieuis d'un Hôpital, ou de quelque mailon rcli- gieufe -, qui a foin d'en recevoir les revenus , de les diftribuer, & dcn ordonner. Il y a plulicurs Admïmf trateurs de l'Hôtcl-Dieu , de l'Hôpital géi^éral. Ces Adminifuauurs font les tuteurs des pauvres. Les Ad- mïniftnueurs de l'Hôtel-Dieu de Paris alîîftent aux Aflemblées générales de police. De la Marre. Les Admirûjlrateurs des revenus publics doivent être vigi- lans , & défîntérelfés. Les Adminïftrateurs des Lépro- (cries jouillôicnt autrefois de leur revenu. Administrateur, en parlant des Etats pcffédés par divers Princes d'Allemagne , le dit de celui qui pen- dant la minorité du Prince a le gouvernement de l'Etat. Le Prince Admïmftratcur.VAdmïnïjlrateuràz Wirtem- berg. Il ie dit auiîi de quelques Princes d'Allemagne qui tiennent des évcchés Luthériens, réunis à leur Souveraineté. V Adminifiratcur de Magdcbourg. L'E- vêque Admïnïftrateur. ADMINISTRATION, f. f. Conduite , gouvernement des Affaires , exercice de la Juftice diftributive. Ad- miniJïrario.i.esRoïs(améa.ns fe icpoloient dcYAdmi- nljîration de leur Etat fur leurs Minilhes. Les guerres civiles pendant les minorités ont d'ordinaire pour pré- texte la mauvaife Adminijlradon des afFaires , ou les abus qui fe commettent dans V adminijlradon de la Juftice. Administration, fe dit auflî delà régie , du manie ment , ik de la diredion des biens d'un mineur , d un furieux, d'un interdit. Il faut qu'un tuteur rende compte de Y Adminifiration qu'il a eue des biens de fon pupille. On le dit aulfi de la régie des Hôpitaux , tant pour le temporel , que pour le Ipirifuel. L'adini- mftranon de cet Hôpital eft en bonne main. fCF M. l'Abbé Girard cxpofe ainfi la ditlérence délicate des mats Régie ^ Direclion j Adminifiration , Con- duite, Gouvernement j qui ne fe reliemblent que par une idée commune. La Ré^ie regarde uniquement des biens temporels , confiés aux loins de quelqu'un , pour les frire valoir au profit d'un autre à qui ils ap- partiennent, defquck on doit rendre compte de clerc à maître. La Direction eft pour certaines affaires où il y a diftriburion, foit de finances, foit d'occupations, &: auxquelles on eft commis pour y maintenir l'ordre convenable. L'AdminiJfration à des objets d'une plus grande conféquence , tels que la juftice ou les finances d'un Etat. Elle fuppofe une prééminence d'emploi qui donne du pouvoir , du crédit , & une iorre de liberté dans le département dont on eft chargé. La Conduite dé- figne quelque figeife &: quelque habileté à l'ég.ard des chofes, & une fubordination à. l'égard des pertonnes. Le Gouvernement réfulte de l'autorité &: de la dépen- dance , il indique une lupériorité de place (ur des in- férieurs , & a un rapport particuher à la poHtiquc. Administration, fc dit encore des f-onClions eccléiial - tiquïs. C'eftun tel Prêtre qui eft chargé dcl'Adminif- tration des Sacremcns dans une telle Paroille. On in- terdit \'adminiJlration des facrcmens à un Prêtre irré- gulier; c'eft-àdirc, on lui défend de les conférer. En matière bénéficiale on diftingue deux (ortes d'ad/ni- nijlration : l'une au temporel, Se l'autre au fpiritucl. L'admmiflration au temporel conhlle dans le droit d'adminiftrer la Juftice , de recevoir les redevances, de donner à ferme , &c. UAdminiflration au ipiriruel confifte dans le pouvoir d'excommunier, de corriger, de conférer les Sacremens , (Src. Le mot A'adminijlration fc dit louvent du maniement & de la régie des deniers publics. On ne doit confier VadminiJI ration des de- niers publics qu'à des gens dont la probité ne foit pas équivoque. AD M Administration , fe dit aulfi au Palais, des titres, preuves , ou témoins qu'on fournit a quelqu'un en Juftice. Suppeditatio.XJn dénonciateur doit faire Yad- minijiratwndes témoins au Procureur Général. Administration. 1. f. On donnoit autrefois ce nom à une mailon Rehgieufe , où il n'y avoir qu'un très-pe- tit nombre de Religieux ; c'eft à peu près ce que nous nommons Hofficc. Le vingt-teptième Canon du Con- cile de Sens, de l'an 1528, porte, que dans les Ad- minijlrations ou Prieures où il n'y a qu'un Religieux, parce que le revenu n'eft pas lumlant pour en entre- tenir plulleurs, l'Evêque unira les Adminijliations 3 ou Prieurés , au plus prochain Monaftère. Dupin. Administ ration. Les Efpagnols du Pérounommentainfi le magafin d'entrepôt étabh à Colao , petite ville fituéc fur la mer du îjud , qui fert de port à Lima , capitale de cette partie de l'Amérique méridionale. ifT ADMINISTRATRICE, f. f. Foyei Administra- teur. ADMINISTRER, v. a. Gouverner , régir. Adminifirare. Il eil difficile d'adminiftrer les affaires publiques au gré de tout le monde. Adminijlrer les affaires, les revenus pubhcs, les finances. I^CT On le dit de même de la conduite des affaires par- ticulières. Un tuteur adminijîre les biens de Ion pu- pille. Les Hôpitaux font bien ou mal adminijlrés. tfT Administrer , rel.irivement a l'exercice de la juf- tice avec autorité publique. Les Parlemens adminif- rrdwr'k juftice. Ce Magiftrat a fort \)\^\\ adminiftré \:x juftice pendant qu'il a vécu. Administrer, fe dit auin en matière eccléfiaftique,pour conférer. Ce Curé a adminijîre les Sacremens à cet agonilant. Adiviinistrer, fignifie auifi au Palais , Fournir des preu- ves, des titres t ADMiRAL. /^ov^?- Amiral. ADMIRATEUR, ATRICE. adj. prefque toujours em- ployé fubftantivement. Celui qui admire. Admïrator. Miratrix. C'cft un admirateur de tous les beaux ef- prits. Il eftpailîonné a-^;;2irare«r des Anciens. BoiL.Sans l'amour nous ferions de tranquilles adwÀrateurs des beautés les plus parfaites. S. Evr. On cft bien iouvent fon premier & Ion unique admirateur, M. Scud Les grands admirateurs (ont la plupart de lottes gens. S. E v r. Notre fiècle cft fertile en lots admirateurs. Boil. Defes triflcs écrits admirateur unique j Plaint en les rciifant l'ignorance publique. Boit. ifT ADMIR ATIF , IVE. adjî II n eft guère en ufage que dans cesçhïCiCcs, point admiratifiparticule admirative. On appelle Point admâratif^, une ponctuation qui le marvate ainfi /3 & qui fert à frire connoiue qu il y a exclamation & admiration dans le dilcours. On appelle Particuleadmirative,VLnc^^incn\e: qu'on emploie pour marquer de l'admiration. Acad. Fr. |!Cr Les Imprimeurs dilent fimplemcnt Admiratif, &: alors ce mot eft fubftantif malculin, ou adjectif pris fubftantivement en fous-entendant point. fCF Le ton admiratïf. Le gefte admiratifcO: un jargon du grand Vocabulaire. CCT ADMIRATION, f. f. Sentiment qu'excite en nous la préfence d'un objet , quciqu'il Luiz , auquel nous attachons de grandes perfcttions ; par lequel nous re- gardons avec une haute eftime ou avec ctonnement quelque chofe de beau , de grand , de parfait. Admi- ratio. Les prodiges excitent ['admiration. Felib. Le Talle & l'Ariofte \'oul?.nt repréfcnter un homme dans l'admiration 3 le font paro'irre comme immobile. Idem. L'admiration qu'on a pour les actions glorieu- fes, eft Ibuvent accompagnée d'un lecret déplaifir de n'en pouvoir faire autant. Ces t. Rien n'attire plus l'admiration de toiule monde qiiela vertu. Dur. Vous ne plairez jamais à un homme il fier , i moins que vous, ne foyez dans une admiration continuelle pour tout ce qu'il fait. Rochef. L'admiration gâte & corrompt le cœur. Maleb. Ce qui fait l'admiration du peuple , ne divertit pas toujours les gens d'etprit. S. Evr. Ce qui rend la iohtude iniupportable à la plupart des gens , c'eil qu'elle les éloigne de V admùration JiyRT-R. Quand l'homme ne regarde Dieu que comme ion Juge, il celleroit de l'admirer, s'il pouvoir lui refuier fon admiration. Abad. Admiration , fe dit aulîî de la chofe qui le fait admirer. Ce Prince eft l'admiration de fon iîêcle. S. Chrylol- tôme a été l'honneur de fon ilècle , & l'admiration de la poftérité. Nicol. On dit ordinairement que l'admiration eft la fille de l'ignorance : c'eft dans ce fens que S. Evremont a dit, que l'admiration eft la marque d'un petit efprit. tfT Ce qui ne peut lé dire que àzl'admiratiori des choies communes. Mais plus un homme a de difccrncment , plus il pénètre les iecrets de la nature, plus il admire. ifT II ne faut pas confondre l'admiration avec la fur- prife. Une choie belle ou laide, pourvu qu'elle ne Tome L ADM ïi^ foîr pas ordinaire dans ion genre, caufc de la furprife* Il n eft donné qu'aux belles de cauler la furprife Si l'admiration. Ces deux lentimens peuvent aller en- iemble ou féparément. ÇfT Admiration. ( point d' ). J'\'>ye'^ Admiratïf. C'C^ ADMIRATRICE, l^oyc- Admirateur. ADMIRER. V. a. Conhdjrer avec furprite ; regardef avec étonnement une choie à laquelle nous attachons des perf-ecl:ions. Admirari , mirari. On n'admire rien. tant qu'un homme qui lait être malheureux avec courage. Racin. Les hommes vains ne fongent qu'à le faire regarder, & à le faire admirer, S. EvR. Nous aimons toujours ceux qui nous admirent; Si. nous n'ai- mons pas toujours ceux que nows admirons, Rochef. La leule choie qui puilîe rendre l'homme heureux , c'eft de n'admirer rien ; parce qu'alors on ne délire rien. Dac. Les hommes n'aiment point à vous admirer • ils ne cherchent qu'à être applaudis eux-mêmes. La Bru Y. Biens des gens admirent un faux merveil- leux enveloppé d'une obfcurité qu'ils refpedent. F ONT EN. Un lot trouve toujours un plus lot qui l'ad-' mire. Boil. Nous admirons iouvent ce qui eft au-def- ius de nos forces, ou de nos connoiilances. On dit aullî ironiquement & en mauvaiic part : Pouf moi je vous admire ; pour dire, je ne comprends pas à quel point va votre toibleire : j'en fuis iurpris. N'ad^ mire^-vcwi pas la tolie des hommes : J'admire l'ava- rice de cet homme qui a des richelles immenles. On le dit dans ce iens des choies dont on blâme l'excès. Il fe met aulîî avec le pronom perionnel. Un fot , content de ce qu'il fait, s'admire lui-même. Boil, ADMIRÉ, ÉE. part, ADMlSSiBLE. adj. m. & f. Valable, recevable , qu'on peue admettre. Légitimas , Prohabilisi. Il ne le dit guère qu'en cesphrales. Cette raifon n'eft pas admifflhle. Ces moyens de taux ont été déclarés pertinens & admijjibles. ADMIboION. 1. 1. Acl:ionpar laquelle on eft admis à une place ou dignité. AdmiJfio.Cc terme le dit Ipecialement de la réception aux ordres ou à quelque degré dans une faculté. J..a calomnie qu'on a débitée contre cet Ecclé- iialtique , a empêché ion admijjlon aux Ordres. C'CF Admission , fe dit aullî au Palais des preuves Se des moyens qui lont reçus comme concluans Si per- tinens. ^CF On dit auflî en droit Canonique , l'adm/ffion d'une démiiîion , d'une relignation , en parlant du confcnte- tement que le collateur donne à cet acte qui cft fait entre les mains. Sans cet acte approbatit de la part du collareur , le bénéfice n'eft pas cenfé vacant. IP' ADMISSIONALES. On donnoit ce nom chez les Romains aux Elclaves qui introduiioient chez les Princes. ADMITTATUR. f. m. Billet que donnent les Exami- nateurs,portant certificat qu'un homme eft capable d'ob- tenir des degrés dans une Faculté , ou digne d'être promu aux Ordres. Ce Prêtre a reçu du grand-Vicaire Ion adniittatur, ADMODIATEUR. Voye^ Amodiât eur. ADMODIATION. Voye-^ Amodiation. ADMODIER, Voyei Amodier. ADMODIÉ, ÉE. /-oye^ Amodié. ADMONESTEMENT. f. m. Vieux mot. Avis, âvertif- fement. Monitum y admonitio. Mais de quoi fert tant c/^admoneftcmentî F ais feulement que fi bien te reçoive 3 Que recevoir je puiffe promptement. Marot. IP" ADMONÉTER. v. a. Terme de Palais. Faire une légère correction verbale , en matière de délit. Ad- monere. C'eft une peine qui s'impofe en matière cri- minelle , lorfque le déht ne mérite pas une grande pu- nition. Le Juge mande le coupable, pour lui frire une remontrance a huis clos, avec detenfe de récidi\'er. Un tel a été admonété ; on l'a admonété. Cette peine n'emporte point l'infamie , comme le blâme, à moins qu'elle ne loit accompagnée de l'amende: ce qui arrive rarement. Ccr ADMONÉTÉ, ÉE. part. Admonitus ï i6 ADN 1/3°" Ce mot employé fubftantivement défigiie l'adion d-'admonéterj ou la correction verbale dont on vient de parler, Vadmonété n'emporte point l'interdiclion. ADiviONITEUR. f. m. Celui qui avertit, qui admo- ncte, qui donne mi a.vïs. Mon'uor^admonitor. Je vous flippiie de ne pas prendre ce dilcours comme la pré- diclion d'un malheur, où je louhaite que vous tom- biez ; mais comme un avertillement de ce que vous avez à appréhender, & comme le meilleur otrice que vous puilFe rendre un Admon'ueur prévoyant & zélé. P. LE Valois. Il n'eit pas d'ufage. Les Vocabuhftcs ne nous en difentrien, & le prcientent comme un terme d'un ulage ordinaire. En quelques Communautés religieufes on appelle Admonïteur :, le Novice à qui l'on domae le loin de marquer ce que les autres Novices ont à faire , & de les en avertir. C'eir auiîl le nom d'un Officier dans quelques Mai- fons religieutes. C'eft un religieux prépolé pour ad- monéter , pour avertir le Supérieur, pour lui donner les avis ntcç.'A.::i\iZ'i. Admonhor. C'eft aulîi le nom qu'on donne chez les Jéluites à une efpèce de contrôleur, que l'Ordre met auprès du Général, pour l'avertir en lecret de ce qu'il trouve d'irrégulier dans Ta conduite -, mais il lui elî enjoint de le faire avec beaucoup d'égards & de circonlpeétion , & même avec un profond relpeét. C'eft la Congréga- tion générale qui choifit & élit \ Admonïteur. ADMONITION, f. f. Aveitiirement, adtionpar laquelle on admonète. Admonuïo. f,Cr En termes de Palais c'eft une remontrance que frit le Juge en matière de dclit , au délinquant à qui il remontre la faute en l'a- vertillant d'être plus circonfpeét à l'avenir. ftC? Elle eft moindre que le bLime, & n'eft pas flétril- iante , à moins qu'elle ne (oit fuivie d'amende. ÇC? Admonition, fe dit aulli en matière Eccléliaftique-, & alors il lignifie la même choie que Monuïon. Il y a un arrêt & admonition & d'interdidion contre cet Officier. Un bénéficier fcandaleux doit être privé par le Juge de les bénéfices après trois admonitions. On a fait plulieurs admonitions au prône ; pour dire , plu- ficurs publications de cenfures. (ADMONITRÎCE. f. f. Celle qui avertit , qui donne des avis. Admonitrix. Les filles de la Congrégation de Saint Jofeph ont une Admonitria. C'eft le nom qu'elles donnent à une des Cfficières, ou Supérieures de leur Congrégation. VAdmonitrice a le même loin dans les monaftères de Filles. La Supérieure des Pieligicules de la Congrégation de Notre-Dame a quatre Conleilières, ou Ailiftantes, & une Admonitricc, quifc nomme au- trement iHere Dïfcrhe y laquelle reprélente à la Supé- rieure ce que les Confeillères, ou autres perfonnes la- geslui ont luggéré. P. HÉlyot. T. VI. p. 3S-f. A D N. ADNORN. Lieu près de Sarepta en Syrie. Adnornum. A trois quarts de lieue de Sarepta , il y a une allez lon- gue chaîne de rochers , dans lelquels on a creulé des enfoncemens en forme de croix , qui ont cinq ou fix pieds de profondeur , & dont l'entrée n'eft que d'un peu plus de deux pieds en carré. Il eft' allez difficile de dire à quels ulages ils ont été faits. Les gens du pavs prétendent que c'eft l'ouvrage des anciens Solitaires qui s'y retiroient, & qui s'étoient fait des lépulcres pour penfer jour & nuit à la mort. Je ferois plutôt de l'avis de ceux qui croient que ces enfoncemens étoient des lépulcres deftinés à la fépulture des perfonnes les plus confidérables de Sarepta. Quoiqu'il en loit , on appelle ces cellules , ou fepulcrcs, les Grottes d' Ad- norn. MÉm. des Miss, du Lev. T. V. p. p. &' r o. ADNOTATION. f. f. Terme de Chancellerie Romai- ne. Les Adnotations ou fignatures font des Requêtes ou Suppliques répondues par la feule fignature du Pape. Hiji. du Droit Can. ADO. ADOD. f. m. Terme de Mythologie. Nom que les Phéni- ciens donnoient au Roi , ou Maître des Dieux. ADOLER , & ADOLORER. v. n. Qui veut dire, félon ■ ADO Perceval, être dolent. Mœrere , dolere. Ce verbe n'eft plus en ulage. ADOLESCENCE, f. f. La Heur de la jeuneire , l'agc qui luit l'entance, depuis 14 ans julqu'a ij. Adoicf- ccntia, aduita Atas. Cet homme dès Ion adolcfcence s'eft mis dans les voies de la fortune. La Bru y. Clé- ment Marot a fait un recueil des vers faits en la jeu- nefte , qu'il appelle ïadolefcence Clémentine. Il ne fe dit que des garçons. §3" Les Romains l'appliquoient indiftinétement aux gar- çons & aux filles, aux uns depuis 12 ans julquà ijj aux autres depuis 11 julqu'à 11. Adolescence, le dit figuremenr du premier âge du mon- de. On ne l'emploie que dans le ftyle élevé. On feroit encore mieux de ne l'employer nulle part. L'inno- cence & la vertu regnoient parmi les hommes, lorfque le monde croit encore dans Ion adolefcencc. ADOLESCENT. 1. m. Jeune homme depuis 14 ans julqu'à 2j ans. Adolejiens. Il ne le dit guère qu'en plailantant. C'eft un jeune adolefcent ; pour dire , c'eft un jeune homme étourdi , lans expérience. Ce n\ot\'ïz\Vià\idolefcOi mot latin qui lignifie croî- tre ; parce que le temps de \' adolcfcence dure tout autant que le corps croît & le fortifie , tant que les fi- bres continuent de croître & d'acquérir de la conlil- tance. Après l'âge de \ adolefcencc , le corps ne reçoit plus guère d'accroillement. D^C'eft par abus des termes,que quelques écrivains em- ploient indiftéremment ceux de juvenis ik. d'ado- lefcens j pour toutes lortes de peiionnes en deçà de 45 ans. ADOM. Bourg de la balle Hongrie. Adoma, ancienne- ment Salina^ Salinum. Il eft au-deftous de Bude fur le Drnube. tfT Abom. Petit royaume en Guinée. T'oye^ Adon. ADOMESTIQUÉ. adj. Mot hors d'ufage , qui lignifie demeurant dans la maifon de quelqu'un, & vivant avec lui. Le Perroniana a été récueilli par Chriftophe du Puy, Procureur de la Chaitreule de Rome, lequel étoit dans ce temps-là Aumônier du Roi , & adomef- tiqué chez le Cardinal du Perron. Anti-Baillet. Ce mot fe trouve dans le Didionnaire François & An- glois de Cotgrave, où eft aulfi le verbe adomefliquer ^ écrit avec ^af dans Furetière , qui dit que c'eft un vieux mot hoi's d'ulage, qui fignifioit, le rendre familier, ou domeftique chez quelqu'un. ADOMESTIQUER. V. n. Vieux mot& hors d'ulage, qui iignifioit, fe rendre famiher chez quelqu'un , s'atta- chera lui. Injinuarefe infamiliaritatcm. Ce mot vient du Latin domefticus j de domus , mailon. ADOMMiM. La montagne A' Adommim eft un lieu de la tribu deTrefijamin, autrefois fort infefté de voleurs. On prétend que Ion nom, qui en Hébreu lignifie lloi'.ge , lui fut donné , parce que ce lieu étoit fou- vent enlanglanté par les meurtres que les voleurs y commcttoient. Il étoit fur le chemin de Jérufalem à Jéricho. ADONAÏ. 1. m. C'eft un des noms de Dieu, qui figni- lie proprement Seigneur; car quoiqu'en Hébreu il foit pluriel, il n'a cependant qu'une fignification lingulière, comme bien d'autres dans l'Hébreu & dans tou- tes les langues. Quelques Auteurs le tirent de ]^K edcn, hafe y & dilent qu'il convient à Dieu, p.irce qu'il eft le fondement , la baie, le foutien de toutes les créatures. Il eft plus naturel de le tirer de pi ju- ger ^ être Juge ou Magif rat , gouverner , dominer. Les Septante le traduifent par K^/'ls5 & la Vulgate par Do minus y Seigneur ; & les Juifs le mettent & le prononcent à la place du nom propre de Dieu Je- hovah , que le Grand Prêtre feul avoir droit de prononcer quand il entroit dans le fanéluaire. Ado- nai fe dit auiîî des créatures ; mais le plus fouvent quand il fe dit des hommes , il y a dans l'Hébreu Adoni au lingulier, ou Adonaï au pluriel par un a bref ■-, & quand il le dit de Dieu , jamais qu Adonaï au pluriel par un a long. Quelquefois il le dit au plu- riel pour un leul homme; comme d'Abraham, Ge- nel. XXIV. 9. de Putiphar, Genel. xxxix. 1. de Pha- raon, Gcnef. XL, I. de Jofeph, Genef. xm, 50, Sec, ADO Au refte , la forme ieule de ce nom ne prouve pas qu'il foie pluriel ; mais les autres endroits où 1 on trouve Adonan & Adone , qui font dits d'un ieul, ou bien avec d'autres pronoms, comme Aaonccha j, ne laillcnt aucun lieu de douter qu'il ne (e di(c au pluriel éga- lement bien d'un ou de plulieurs. Buxtort le fils, & beaucoup d'autres prétendent que quand il fe dit des Anges, c'efl: moins de ces Miniitres de Dieu qu il fe dit , que de Dieu agiflai^t lui-même par le miniftère des Anges. Cela ne doit s'entendre que d'y^c/o/z^j écrit par un Kamets . ou a long. ADONC.adv. Vieux mot, qui fignifioit, alors, ou donc. Tune 1 igitur. Adonc , répondit l'cpouféê y Je ne vous ai pas mors aujjî. Mar. ADONÉA. f f. Nom d'une Divité Païenne. Adonca, Elle prélîdoit aux voyages, comme Alcone. ADONÉE. f. m. Les Arabes appeloient ainii le Soleil, & l'adoroient fous ce nom , en lui oiïrant chaque jour de l'encens Se des patiums. Ils donnèrent le même nom à Bacchus , dit Autone. ADONIEN. adj. m. Terme de Poefie grecque & latine. Il fe dit d'un vers compolé de deux pieds feulement; un dactyle & un fpondée. Ce vers eft le quatrième de chaque llrophe dans les Odes Saphiques. On lui a donné le nom de Ion inventeur. On en peut voir des exemples en Grec dans le tragment qui nous refte de la belle Ode de Sapho. Horace en fournira plulieurs en Latin, par exemple, L. I. Od. iz. Integer vit£ fcelerïfque purus , Non eget Alauri jaculis , neque arcu , Née venenatls gravidà fagitcis , Fufce j pharetrâ. * • Née mori per vim metuamy tenente Citfare terras. Hor. Il eft à remarquer qu'on trouve quelquefois des vers Saphiques qui ne font point iuivis de \ç.i% Adoniens , Se des vers Adoniens détachés des vers Saphiques. On trouve des exemples de tout cela dans les Anciens. Claude Buret le premier, & après lui Ronlard, ont aulH fiit des vers Adoniens en notre Langue , dans les (3des Saphiques qu'ils ont tâché d'imiter des Grecs & des Latins. Foye-:^ Pafquicr dans fes Reekerekcs. L. IV. ADONIES", ou ADONIENNES. f f. plur. Adcnla. Fêtes inftituées à l'honneur àAdonis 3 dans lelquclles les femmes imitoient les lamentations de Vénus après la mort A'Adonis , enluite chantoient (es louanges, & le réjouilloient comme s'il eûtétérellulcifé-, ou plutôt, félon le fentiment de Meuriius, cela hiiioit deux fêtes en ditFcrens temps de l'année, à lix mois l'une de l'au- tre -, parce que l'on s'imaginoit c^n' Adonis pailoit lîx mois avec Proierpine &fix mois avec 'Vénus. Les Grecs, les Egyptiens .i>c les Babvloniens célébroienr cette k-te , Si. donnoient le lurnom de Sclambon à Vénus, ou à la fére même, comme Lampridius l'a fait, en dilantque Hélagabalc célébra Salambon à la manière des Syriens, avec de grands cris & de grandes lamentations. Saint Jérôme parle de cette fête dans (on Commentaire lur Ezéchiel viii. 14. La 3 1^ Idylle de Théocrite contient une ficlion jolie iur la mort àAdonis ; mais ce n'ell rien moins qu'une detcription de la fcte Adonienne , comme un nouveau Diclionnaire le dit. La première Idylle de Bion pourroit bien plutôt paifer , non pas pour une defcription de cette fête ■■, mais pour une lamenta- tion propre à être chantée dans cette F ête. Foye^ A îeurf. De Grxc. fer. p. 3 . Callellan Eortologion impiinie a Anvers i/z-iS°. iSi:Beger,r. I. p. 95 &200, jufqu'à zo-^. ADONIQUE. Voye^ ADONIEN. adj. Terme de Pccfic. ADONIS, f. m. Jeune homme d'une rare beauté, né de l'incefte de Cyniras , Roi de Chypre, & de Mvrrha fr fille. Il fut tué par un fanglier \ Se Vénus , qui l'avoir tendrement aimé, le changea en une fleur, qui furreinre de (on lang. C'eft l'.anemone -rouge. Quelques auteurs Ado 117 ont fait Adonis hermaphrodite. Les Egyptiens le pren- nent pour Ofiris ; & F'Iutarque dir qu iVa fouvent été pris pour Bacchus. S. Jérôme, fur Ezech. viii. 14. le prend pour Thanimuz , dont parle Isîacrob , liv. premier, Saturn. C. 21. & Onomacrite pour le Soleil, fyj' M. Huer, Demonfl. Evang. Propof. 4. e. ^. prétend que lAdonis des Payens eft Mo'ae. (13° Les Anciens ont parlé des jardins dAdonis comme d'une merveille. Ces jardins ne (ont pas tout-a-fait un ouvrage de leur imagination. Ils n'ont fait que déguifce à leur manière un refte de tradirion du jardin délicieux d'Edcn. C'eft de-la que le nom d'Adonis a palfé aux Grecs qui doivent au mot Eden le mot >-/u».i' , duni. ils le lervoient pour exprimer le plaihr , la volupté. Les Poctes Grecs ont fait des vers fur la mort à' Adonis, X!. Ménage a iait fur le même fujet un petit Pocme en vers Grecs Adoniques , qui mérite d'être comparé aux An- ciens, dans leiquels il a pris les penfées les plus déh- cates (Se les expreffions les plus pohes. |C3° Adonis , en tetmes de Jardinage. Plante qui vient dans les blés. Elle .approche de la renoncule. Elle a la rcuille de la camomille, la Heur en rofe ; fes femences font ren- lermées dans des capluies oblongues. Il y en a de deux fortes. Adonis hortenjîs , flore minore ,ctro ^rul-cnte ; Adonis eUehori rad.ce ^ huphtkalmi fior.:. Adonis, f. m. Adonis. Fleuve de laPhénicie, ainfi ap- pelé àAdonis. Il le jette dans la mer de Syrie, proche Biblos, où Adonis étoit particulièrement honoré. yO'ADONis . f. m. Rivière d'Afrique. Elle a l'a fource dans les montagnes, au midi de Tetouan , & fe jette dans l'O- cé.an , entre Tanger Se Arzille, dans le Royaume de Fez. BOCHARD. Adonis , étoit aullî une danfe des anciens Grecs , feloil Meurfius ; il eft vrai qu'il y avoir chez les Anciens une danic dans laquelle un Comédien ou une Comédien- ne, imitoient Adonis. Cela paroit dans Arnobe , Liv. VII, Se par prudence»fp'.V!(p , hymne 10, mais il ne fuit pas de ces Auteurs -qu'elle s'appelât Adonis j quoique cela foit vrailemblable. Sallon d'Adonis. Anciennement on appeloir ainfi un Sallon de verdure Se de fleurs , dont la mode étoit venue de Syrie. (Eeus Adonidis. Appollonius trouva. Domitien dans un Sallon d'Adonis. Fleury. ^fT ADONISER. v. a. Ce verbe, qui eft un terme de plai- fanrerie & de pure converlation , lignifie parer, ajuftcr quelqu'un , le rendre beau comme Adonis. Ornare. Il faut vous faire adonifer. L'envie que j'avois de paro'itre agréable à cette dame , me fit employer trois bonnes heures pour le moins à me faire adonifer. ^;CT II s'emploie aulH avec le pronom perfonnel , pour marquer le trop grand loin que prend un homme de s'ajufter , pourparoître plus jeune ou plus beau. Grnare fc y bellulum agere. Il palfetout fon temps 3.s'adoniJer. Il s'e'coute y il fe plaît , il .f'adonife, il s'aime. Rousseau. ADCNISE, EE. part, paré, galamment .ajuftc. ADOI'JîSEUR. (. m. Celui qui adonile. Le Spcélafeuc Suilfe dit, en parlant d un petit Maître , qu'un Barbier vcnoit de frifer Se de poudrer : tout cela s'eft fait avec beaucoup de patience de part Se d'aune, je veux dire de celle de l'Adonis & de \ Adonifeur. Mcre. Dec. 1713. On \oir piar ce dernier terme , ajoute l'Auteur du Mer- cure, que notre prétendu Milantrope ( c'eft ainfi qu'il appelle le Speclareur Suille ) commence à s'humanifef avec le jargon du temps. ADONNER. V. qui ne s'emploie qu'avec le pronom per« fonnel, s'adonner ; fe livrer, s'appliquer, s'attacher à quelque chofe avec chaleur. Dederefe. Ce jeune hom- me s'eft adonné à l'étude de la Jurilprudence. Celui-là s'eft entièrement adonné aux Mathématiques. 0Cr On dit aulh s'adonner aux femmes, au vin, au jeu. Fleureux celui qui s'adonne à la vertu. ifJ' On dit encore , s'adonner à un lieu y à une perfonne ' pour dire , fréquenter un lieu , une perfonne , voir fie-- quemment une perfonne. Dict. Acad. On dit quelquefois d'un chien , qu'il s'eft adonné à une maiton; pour dire, qu'il y eft venu de lui-même , ii8 ADO qu'il s'y cft apprivoifé. On le dit auHî des hommes qui s'intris,uent & le familiaiireiit dans quelque mailon. Ad- nùfccre Je. On dit en rennes de Marine , que le vent adonne , •quand il change, & devient plus favorable qu'il n'ctoit. On dit auili s'adonner , en parlant de chemin : Je vous prie de paiFer chez moi , quand votre chemin s'a- donnera de ce côté-là. Cùm itcr fcrct. Dans ce iens il eft du i^yle rrès-hrmilier, ADONNÉ , ÉE. part. Ded'uus. Ce mot vient de ad&càc donare. ADONQUES. Vieux adv. Ainfi, donc. Itaque. Adonqucs Molinet Aux Vers choijîs ^ le grave Châtelain. Marot. ADOPTER. V. aift. Prendre un étranger pour le faire en- trer dans la famille , comme Ion propre fils , & lui don- ner droit à la lucceiîlon, en cette qualité. Adopcare. La coutume A' adopter était fort familière aux Romains, ils l'avoient prife des Grecs, qui l'appcloierit v/a)irif ; mais elle n'cll: point en ulagc en France. Elle a encore lieu en quelques aidroits de l'Empire. Celui qui étoïtadopté palîoit dans la funille , & entroit lous la puilîance pa- ternelle de celui qui l'adoptait ; mais il n'étoit point déhvré de celle de Ion père naturel, qui coniervoit les droits. Du Cange dit que ce mot vient du Latin adoptare , d'où on a fait dans la baile Latinité adobare , qui li- gnifie , faire Chevalier , ceindre l'épée : d'où efl: venu auilî le mot de miles adobatus , qui lignifioit un Che- valier nouvellement fait, parce que celui qui le falloir Chevalier, en falloir une cfpcce d'adoption. On dit aulli, parla Palîionde Jesus-Christ , nous fommes adoptés enfans de Dieu •■, nous avons part 3. l'héritage céleile. Les Religieux ont mis la réforme dans un tel Couvent, & l'ont adopté & uni à leur Congré- gation. fC Adopter , fe dit dans un fens figuré , pour approu- ver l'opinion d'un autre , dont on fait la henné propre. i' adopte votre façon de penfer. Je n'adopterai jamais une pareille opinion. ADOPTÉ , ÉE. part. Adqptatus. ADOPTIF, IVE. adj. Celui qui ell adopté. Adoptativus, filius adoptivus. L'Empereur Adrien préféroit les en- fans adoptifs aux enfans naturels, parce qu'on choiilt les enflms adoptijs ^ 6c que le hafard donne les enfans naturels. Les enfans adoptifs , chez les Romains , par- tageoicnt avec les enfans naturels. C'eft pourquoi ils prenoient le nom Se le lurnom de celui qui les adop- toit ; feulement pour marquer leur extradicn & leur naillance, ils ajoutoient le nom de la mailon d'où ils delcendoient, ou le lurnom de la branche particulière dont ils étoient ilTus. ÎO" Dans le langage de l'Erriture , J. C, nous fait enfans adoptifs de Ion père. M. Ménage a fait imprimer un livre d'éloges, ou de vers qu'on lui a adrelFés, & qu'il appelle un livre adoptifs qu'il a joint à fes œuvres. D. Heiniius & Furftemberg de Munlfer ont aullI publié des hvres adoptifs ; c'étoient des re- cueils de Poches faites à leur honneur. Voyc:^ Adop- tion. Adoptif , IVE, ou Adoptien , ENNE. Adoptivus j ou Adoptianus. Nom de Secle. Les Adoptiens curent pour Chefs Elipand de Tolède, &i Féhx d'Urgel, qui avoir été fon précepteur. Le premier écrivit à l'autre pour fa- voir de lui comment il entendoit que Jesus-Ciirist fut Fils de Dieu. Celui-ci lui répondit, que lelon la na- ture humaine il n'étoit poins fils naturel, mais feule- ment fils adoptif. Ils répandirent tous deux cette doc- trine lur la fin du vii^ fiècle ; & c'eft ce qui les fit ap- peler Adoptifs , ou Adoptie/is ,enx & leurs Seclratcurs. Félix fut convaincu & condamné à Narbonne en 788 , à Ratisbonne en 79Z ; à Francfort fur le Meinen794, peu de temps après par le Pape Hadrien ; en 799 par Léon m , & encore la même année à Urgel dans un Synode. Félix & Ehpand revinrent de leur erreur. Fé- lix a décrit toute cette affaire dans la confellîondcfoi qu'il envoya après fon retour aux Clercs de l'on Dio- ADO cc-fe. Noirs avons aufli un ouvrage d'Alcuin contre Fé- lix & Elipan. Il loutient que c eft retomber dans le Neftorianilme, de diftinguer en Jesus-Christ deux Fils de Dieu , l'un naturel , & l'autre adoptif ; & deux Dieux, l'un vrai , 6c lautre nuncupativus ,(\mnt left que de nom. On appelle Féliciens ceux qui luivirent Félix & Elipand, du nom de Félix j qui en étoit Au- teur. Feliciam. Et leurs erreurs, l'Hérélie Félicienne. H&rejls Feiiciana. Il y a dans les Nouvelles Littérai- res de la mer Baltique 1699 , au mois d'Août, p. 2jS, 6c luivantes , une Dill'ertation de Jean Trelland fur cette Hérélic. Foyc:^ aulh les Acla Sancl. Benedic. IV. S&c. p. 1 J, prxf. §. I . ADOPTION, f. f Àdion par laquelle on adopte -, aéle par lequel un homme en fait entrer un autre dans fa famille , comme Ion propre fils , & lui donne droit à la luccellion , en cette qualité. Adoptio. h' Adoption le failoit par un aéfe public , & avec certaine for- mule. C'étoit une imitation de la nature, inventée pour la confolation de ceux qui n'avoient point d'en- fans; cette imitation de la nature étoit II régulière , que les Eunuques ne pouvoient adopter , parce qu'ils étoient dans l'impuillance adtuelle d'avoir des enfans. Il n'étoit pas non plus permis au plus jeune d'adop- ter le plus vieux , parce que cela eût été contre l'or- dre naturel; &il falloir que celui qui adoptoit, eût 18 ans plus que l'enfint adoptif, afin qu'il pût être père : car {'adoption eût été un monftre , h le fils eût été plus âgé que le perc. Chez les Romains ondiftinguoitdeux fortes d'adoptions : l'une qui le laifoit devant le Pré- teur -, & l'autre par l'allemblée du peuple , dans le temps de la lïépublique, & depuis par un refcrit des Empereurs. La première regardoit un fils de fltmille, 6c alors on s adrclloit au Préteur devanr lequel le père na- turel déclarqit , qu'il émancipoit fon fils , Se qu'il conlen- toitquil paisat dans la famille de celui qui l'adoptoit. La leconde regardoit une peiionne libre , 6c cette efpèce d'adoption s'appeloit adro^ation. Adrogatio ou arrogâ- tio. Celui qui étoit adopte changeoit tous fes noms , & prenoit le prénom , le nom 6c le llirnom de celui qui l'a- doptoit. Du temps du Pape Benoit II , l'Empereur Conf- tantin Pogonate envoya à Rome les cheveux de les deux fils, Juftinien &Héraclius, qui furent reçus pair le Pape, le Clergé & l'armée. C'étoit une efpèce d'a- doption ufitée en ce temps-là; & celui qui recevoic les cheveux d'un jeune homme, étoit regardé comme fon pcre. Fleur. Le Pape Jean VîII avoit adopté Bo- fon premier Roi d'Arles , comme il parle dans une de les lettres. A peine trcuvera-t-on d'autre exemple de l'adoption dairs Tordre ecclélîaftique ; la loi , qui imite la nature nécclîairement, n'olaiit pas donner des en- fans à ceux à qui ce leroit un crime de s'en faire. Cho- RIER. Hijî. de Dauph. l. x. t. i ,p. 6çj. Les anciens Gaulois appeloient Y adoption une affi- liation. V adoption ne le pratique point en France: on en trouve feulement quelques veftigcs dans la cou- tume de Saintonge, qui porte que l'affihé ne fuccède à Faffiliant qu'aux biens meubles , & non aux hérita- ges , pour lefquels \ adoption ne lui peut profiter. Au refte, les ç.niA.nsç^ï adoption n'étoientpointdiftingués des autres, & ils entroient dans tous les droits que la naiirance donne aux enfans à l'égard de leurs pères. C'eft pourquoi ils dévoient être ou inftitués héritiers ou nommément exhérédes par le père qui les avoic adoptés; autrement le Teftament étoit nul. Cepen- dant l'enfant adoptif ne luccédoit point aux parens du père adoptant, à moins qu'ils n'enflent conlenti àF^- doption. Les Chrétiens font enfans de Dieu fzr adop- tion. C'eft une efpèce d'iz^o/7rio/2 quelaréceprion d'un Religieux. C'eft aulh une efpèce d'adoption honoraire que 1 inftitution d'un héritier univerfcl, à la charge de porter le nom iv' les armes de la famille. Cette adop- tion teftamentaire étoit auili en ulage chez les Ro- mains : mais comme cettcefpèce d'héririern'étoitqu'un fimple légataire , plutôt qu'un enfant adoptif, il failoit que l'adoption pcn- teftament fut confirmée par le J eu- pie. Ainii, lorlqu'Augufte le trouva adopté parle tef- tament de Céfar, M. Antoine retarda la confinnarion de i'airembiée du Peuple , parce qu'il ;ie vtuloit point ADO qu'Augufte fût appelé le fils de Céfar en vertu d'une adoption jundiquc. Nuus avons quelques adûpdons marquées lur les médailles. Celle de Trajan. Imp. Caes. Nerva Trajan. Aug. Germ. Au revers. Adoptio. Une figure en habit de guerre, tenant de fa main gauche une halle, tend la main droite à une figure qui cil en habit de Sénateur. Celle d'Hadrien par Trajan. Caes. Trajanus Hadrianus Aug. & au revers, Adoptio parth. divi Trajan Aug. p. M. TR. p. COS. Moniieur Boullac dans fes NorxTheo- lo^k/e. 14, 15 & 16'^ Diliertation , explique divcrles fortes à'adoftions , dont lune le f-ailoit au Baptême , l'autre par l'épée, ikix dernière par les cheveux. M. de Cordemoy a cependant remarqué à la fin de l'Hiftoire de Dagobert, que r^i^o/^r/ow étoit permilc cjuand on n'avoir point d'cnhins; elle le foiijit dc\'ant le Roi , qui en donnoit des lettres ; & celui qu'on adoptoit ctoit confidéré comme fils : il jouilloii des ce moment des biens de Ion père adoptit, à la charge de luitour- nir toutes les choies dont il avoit beloin pour vivre commc/dément luivant la condition. ADOR. Ville, ou Château de la Terre- Sainte , dont il eft parlé I. Mach. XIII. 20. Adrichomius prétend avec allez de f-onderacnt, que c'eft la même choie que Dor. ADORABLE, adj. m. &: f. Digne d'être adoré , qui mé- rite le plus profond des relpeiits. Adorandus. Dieu fcul cik. adorable. Les m) Hères de la Religion lont izcfci- raHes. ^CT Ce terme nui ne convient quà Dieu , s'applique abuhvemeiu iSc hypcrboliqucment aux perionnes dont les qualités cminentcs méritent nos hommages & no- tre amour. Un prince tzc/oraé/e. On l'applique aulll aux vertus. La bienfailance efl: une vertu adorable. Vcne- randus. IJC? D.ans le ftyle familier nous difons , d'un li'-'mme d'un commerce doux t<>: agréable, que c'clt unhomme adorable. ^:T Dans l'ivreire de fa pairion , un amant dit que fir maîtreirc c^ adorable. Alors ce terme ne déllgne qu'un excès d'attachement, de paillon. ADORATEUR, ATRICE. f. m. c^f. Celui ou celle qui adore , qui rend un culte , & des hommages religieux , Culcor , venerator , Cultrlx. Les adorateurs du vrai Dieu. Il y a beaucoup d'oblcrvateurs des coutumes , & des bicniéances , mais peu d'adorateurs en clprit «''-ingénieukment, l'adreffe eii une jufte dirpenlation des torces que l'on a. Les Charlatans font mille tours avec une adrejfe merveilleufe. Ce Cavalier lait tous les exercices avec beaucoup à'adreffe; iX'Z une adrcffe naturelle pour toutes choies. Les jeux d'adreffe font permis , comme la paume , le billard , &c. On appelle , tour A'adreffe, un tour de fubhlicé de main. Il le prend aullî pour un tour de fineil'e d'elprit. H lui a joue un tour d'adreffe. Acad. ^Adresse, au figuré, Calliditas , conflium, dex- trïetas. C'eft l'art de conduire fes entreprifes d'une manière propre à réulTir Voyer. Soup!eJfe , finejfe , rufe, artifice. L'adrejffc emploie les moyens, elle de- mande de l'intelligence. Les trois premiers de ces mots fe prennent plusfouventen bonne part queles deux au- tres. M. L'Abbé Girard. Svn. Fr. lia faitréullircette arflrirepar fon adrejfe 3c po.\: la manière dont il l'a tour- née. On lui a tiré Ion fecrct avec adreffe. Le peuple eft il grolîier, qu'onne doit pas ic donner la peine de le tromper avec adreffe. S. EvR. Pour réullu- a la Cour , il faut plus i'adrejfe que de bonne foi. ifT Adresse , en fignincation l)-nonyme avec dextérité & habileté. La dextérité a plus de rapport à la manière d'exécuter les choies ; Vadrejje en a d'avantage aux moyens de l'exécution ; & ï'ha^leté ies,a.ïde plus le dil- cernement des chofes mêmes. L' hahlle te dicic le plan , X'adrejje indique les moyens, & la dextérité \ts met en ufige. Il faut de l'habileté d;ins le Prince , ou dar.s fes Miniftres -, de \' adrejfe dans ceux à qui l'on confie la manauvrc du détail ; & de la dextérité d^ns ceux à qui l'on confie l'exécution des ordres. . §;? La dextérité donne, un air aile, & répand des grâces dans l'adion. L'adrejje fait opérer avec art & d'un air Un. VhahiUté fait travailler d'un air entendu Ik la- vant. Savoir couper à table & lervir les convives avec dextérité ; mener une intrigue avec adrejfe ; avoir quel- que habileté dzns les jeux de commerce & dans la mu- fique; voilà, avec un peu de jargon, fur quoi roule aujourd'hui le mérite de nos aimables gens. Adresse , fe tranfporte quelquetois figurément de l'ou- vrier , à l'inftrument dont il le lert. De fon urne à leurs yeux l'autre étale l ouvrage , Et leur fait admirer /'adreire du cifeau. fjS' Adresse. Indication, défignation foit de la perfonne à qui il faut s'adre£erj foit du lieu où il faut aller ou envoyer. Donner une -.idielic pour faire tenir des let- tres. Une èo/2«f adrcllc. Unejaufjé adreife. Je vous Tome I. ADR 12^ donnerai /ko/z adrelle. Envoyer une lettre à_/ô/2 adrelle. DicT. Acad. |?3° On dit faire tenir des lettres à leuts adrejfes j pour dire , envoyer des lettres à ceux à qui elles Ion adref- .{CF On appelle Bureau d'adreffe^, un Ueu où l'on s'a- drejje pour diverles choies qui regardent la fociété &c le commerce. Il eft principalement en ulage en par- lant du lieu où l'on reçoit les nouvelles pour la Ga- zerce , & où on la débite. C'eft à Téophrafte Renau- dor jJàmeux Médecin, qu'on doit celui qui eft à Pa- ris. On appelle figurément i?«ret7w d' adrejfe j, les mai- Ions où on débite beaucoup de nouvelles. Adresse, (c dit encore des mémoires qu'on lailfe , ou des inltrucfions qu'on donne pour trouver quelque perlonne, ou quelque choie. Il n'a garde de man- quer de trouver cet homme-là , on lui a donné de trop bonnes adrejfes. Il a toutes les adreffes du chemin qu'il doit tenir dans fon voyage , 6: des Ueux où il fe doit atréter. Adresse, fe dit quelquefois des Requêtes qu'on pré- fente, en cette phtafe, fort ordinaire dans les Ga- zettes: on a prétenté une flc/rt;//^ au Roi d Angleterre; pour dire une Requête , un Mémoire , un Placer. Li- bellus fupplex i memorialis. Adrejfe e^ un terme plus honorable que celui de Requête. Larrey. Edouard. VI, p. 624. Adresse, f. f. Terme enufage à la grande Chancellerie, qui le dit en parlant des Edics & Déclarations du Roi , qui {ont adrellées aux Cours louvcraines , & patelles aux Jurididlions ou Juftices inférieures. Ces adrejfes font exprimées de cette manière : A tous préfens & à venir, falut. A tous ceux qui ces préfentes verront. Et dans le corps des Lettres : Si donnons en mandement à nos amés & féaux ConjeUlers , les gens tenant no- tre Chambre des Comptes à Paris j &c. Quelquefois ces Lettres font adrellées à pliifieurs Cours louverai- nes , comme la Déclaration de la Capùation du mois de Mai 1711. Si donnons en martdèment à nos amés & féaux Confeillers j les gens tenant notre Cour de Parlement j Chambre des Comptes j Cour des Aydes^ qu'ils aie/itj, &c. Adresse, en termes de Chancellerie du Palais , eft celle qui le fait des Lettres royaux, ou Lettres de cette Chan- cellerie , aux Juges royaux. Quand elles lonc données pour affaires pendantes pardevant des Juges des Sei- gneurs, V adrejfe s'en fait aux Huillîers royaux. La claufe qui le uiet à la fin de ces Lettres , concernant leur exécution , commence à ces mots : Mandons à tel Juge, Sec. ADRESSER, v. n. Tiref , aller droit au but. Toucher droit où l'on vife. Adrejfer au but. Férue fignum. Ce tireur a bien adrejfé ; dès le premier coup il a emporté le prix. Adresser, v. a. Envoyer quelque choie direétement en quelque lieu , ou à quelque perfonne qui eft marquée &délîgnée par quelque inlcription. Mittcre. Les Com- mis de la Poft:e portent les lettres où on les adrefé. Vous m'avez adrejfe un homme dont je luis erabarralfé. Cette lettre s'adreffe à vous. On dit , adrejfer (es pas ; pour dire, tourner fes pas vers quelque endroit. Iter dirigera Où adrejfe-^-vous vos pas î (fy Adresser, fynonyme de dédier. Adrejfer un ouvra- ge à quelqu'un , dicare , dedicare. Le P. Maimbourgs'eft fait un honneur à'adrejjér tous fes ouvrages au Roi. Bavl. m. Ménage a fait un recueil des vers qui lui étoient adrejfes. xfT Adresser, fynonyme d'invoquer. Adrejfer fes vœux à Dieu, fes prières. fCF Adresser le difîours , la parole à quelqu'un , lui par- ler diredement. Compellare , alloqui. C'elf à vous , Scipion l'Africain, que ]' adrejfe maintenant la parole \ vous dont le nom donne encore tant d'éclat & de gloire , à cette ville , quoique vous ne foyez plus au monde. Celui qui fans difcernement Adrelle à tous venans les louanges qu'il donne , Fait grand tort à fon jugement Et ne fait honneur à perfonne. Qij ÎZ4 ADR Adress ER avec le pronom peL(onnel. Ccnj. Jem'cdrejfe, je m'ûdrcjjaijjc me (msadrejfé. Il fignihc, le pu-tcnrcr Sc quand c'eft a un nom ou à un autre adverbe c^uil fe joint, il ne laut ja- mais l'en féparer, ni rien mettre entre deux. Il y a des adverbes de quantité , c'eft-a-dire , qui marquent la quan- tité , comme peu j beaucoup ; des adverbes de lieu , comme près j loin j des adverbes de temps , comme demain J biier y toujours , jamais ^ des adverbes de fi- tuation , comme en haut , en bas j devant , derrière ; des adverbes de qualité, &le plus grand nombre eft de ceux-ci : ils (ont ordinairement formés de ladjedif , qui lignifie la qualité, ou la manière, comme écrire po- liment j, parler agréablement ^ comh3.me vaillamment ; des a dv erbe s d'Aimmaûon Se dénégation, oui, non, cer- tainement, nullement ; des adverbes de doute, peut- être. On diloit, il y a queUjUe temps, poffible en ce fens ; pa.v exemple, il J'era pcrffibbe guen dans quatre jours : cette manièLC de parler n'eft plus en ufagc; des adver- bes de répétion, qui marquent que la chofe fe réitère, fe fait plus d'une lois, encore; des adverbes de choiï ik de comparailon,y/,v-rcwrj principalement , plus ^ moins J plutôt ; des adverbes de limilitude, comme 3 aitifi J de même. ADVERBIAL, ALE, adj. qui tient de l'adverbe. Adverbiar lis. Il le dit de deux ou phihcurs mots joints enfemble, qui ont la force d'un adverbe , comme « rJrowjj au pis aller -, coup fur coup , de temps en temps , lont des phra- fes adverbiales, des façons de parler, des locutions adverbiales. ADVERBIALEMENT, adv. d'une manière adverbiale.v^a'- verbialiter. Ce mot le prend adverbialement en telles ou telles phralcs. ADVERBI ALITÉ; f. f. Terme de Grammaire. Qualité d'un mot qui eft adverbe ou regardé comme adverbe. Vadverbialité d'un mot le rend indéclinable. M. de Vaugelas, dans la remarque, prendre à témoin, s'cft fervi de ce mot avec un correétif; mais depuis, ce ter- me s'eft introduit par l'analogie de plulîeurs autres fem- blables , dont on le fert lans Icrupule. ADVERSAIRE ; f. m. Qui eft d'un parti oppofé , ou d'un fentiment contraire. Adverjarius. David avoir à com- battre un redoutable adverfaire : c'étoit Goliath. Car- dan avoit un puillant adverfaire qui écrivoit contre lui : c'étoit Scahgcr en fes Exercitations. Ne poulfez point un adverfaire à bout. Il frut prendre confeil fur le champ, & fe réfoudre fur la inine & lur la conte- nance de fon adverfaire. Balz. ADVERSATIF , IVE. adj. Terme de Grammaire , fe dit d'une particule ou conjondfion , qui marque quelque diftérerxe , ou quelqu'oppolîtion entre ce qui la fuit , &: ce qui la précède. Adverjus. Mais eft une par- ticule adverfative. Je voulois partir ; mais le mauvais temps m'en a empêché. Ou eft une conjondlion adver- Jdtive : c'eft lui ou vous. Oui , ou non. ADVERSE, adj. Tetme de Palais. Contraire, oppofé, Adver fus. C'e(kÏ3. perfonne contre laquelle on plaide. Il y a des Praticiens qui écrivent & qui prououcent ay eft iz6 ADU fe ■ c'eft une faute. Il faut nécelTlùtemcnt ccnre & pro- noncer le d, comme dans advcrfilre , adverfite,y^xcV.G\\^.. ^ On peutfcfcrvirdecemot fur-tout d.uis la poelic a l'exemple deBoileau, quiadit , ADU Du tyran foupçonneux j pâles adulateurs : & de Roulfeau, dont voici un pallage : Ses dons verfés avecjufticej Du pâle calomniateur j Ni dufervile adulateur Ne nourriront point l'avarice. Rouss. On peut fe lervir encore de ce mot dans le ftyle ora- toire. Adulateur a quelque choie de plus beau tk de plus grand que Hatteur. Il faut cependant en uier fobrement, (Se ne le point prodiguer. Dans le difcours ordinaire on nes'en lert point -, on à\t, flatteur. Pour reprélenter le mal que lait un adulateur ^ on a peint un lînge, qui étoufte les petits à lorce de les em- braller, &c de les flatter i avec ce mot pour ame de la devife , Compleclendo necat. Ou une abeille avec ce mot Itahen,yt*/Jor/tî yào il mel ^ la pungeancora. On a donné à Xadulateur même pour devile une petite barbe, avec ce mot Italien, acf o^/zi rewfOjpourfignifîer qu'il change avec la fortune : ou bien une alouette, yiÀ pluvio filet. Elle ne dit mot quand le temps eft mauvais. C'eft une grande adulatrice. ADULATIF. adj. m. Flatteiy^. Ce terme vieillit. Nous avons ici un bénéficier natif d'Angers , nommé M. Mé- nage , qui eft un homme d'elprit ik de grande érudition : il a fait des vers fort adulàtifs au Cardinal Mazarin, dans lefquels Meilleurs du Parlement prétendent être offcnfés. Il y a du bruit contre lui. J'ai regret qu'il ait fait ce pas de clerc, faute de jugement; car il eft hon- nête homme & démérite. Gui Patin. Cette affaire eft exphquée au long dans les Mémoires pour lervir à la vie de M. Ménage, au-devant àuMenagiana. La pierre de fcandale étoit ce vers d'une Elégie latine adreuée au Cardinal Mazarin : Et j puto , tam viles defpicis ipfe togas. ADULATION, f. f. Ce mot, qui vient du hnn adulatio j eft nouveau j & lignifie flatterie baffe. Adulatio, ajfenta- tio. Le foible des Grands eft- d'aimer à être trompés , & à écouter avec plailir \ adulation & le menlonge, dont on nourrit leur amour-propre. Bourd. Les femmes doivent 1 plus à nos adulations , qu'à leur mérite. S. EvR. Je " crois qu'il faut en uler peu dans la convcrlation , & dans le diicorus ordinaire, aulli-bicn (\\xq^ adulateur ; à moins que cène loir en badinant, & en affectant un difcours relevé. ADULTE, adj. m. & f. Qui eft parvenu à l'adolefcence , à l'âge de raifon. Adultus. Ce mot eft aulli très-louvcr.t fubftantif. Il eft mafcu- lin quand on parle d'un garçon , & féminin quand on parle d'une fille. Le Baptême des Adultes. Dans les pre- miers temps on ne baptifoit les Adultes que la veille de P.^ques ou de la Pentecôte. U n'eft guère d'ufage que dans cette phrale. On le dit aulîi en Anatomie. Il y a plulieurs parties dans le corps des enfans , qui lont diftérentes de celles dcsadultes : comme la fontaine de la tête, les apophyfes des os, &:c. Adulte ie dit non-feulement de l'homme, mais aulli des animaux ;'il lignifie, ceux dont le corps & les membres ont acquis leui perfedion ëc leur ma- turité , leur achèvement. Si l'on veut (avoir ce que c'eft que ce gros canal charnu , ce n'eft plus dans les jeu- nes oilcaux qu'il le faut examiner, c'eft dans les adultes. AcAD. DES SciENC. 1699. HijL pag. 44. On voit donc dans les oifeaux adultes :, que ce canal eft compofé de pluiaurs petits godets placés les uns au-deflus des au- tres, &c. Ib. p. 4f. Ce mot \\c\\t à'adolefcere j croî» tre. ADULTÉRATION, f f. Terme de Droit. Action de gâter, de dépraver quelque choie qui eft pur, en y mêlant d'au- tres choies qui ne le lont pas. On dit mieux altération. Foyc-^ ce mot. Adultération, en Pharmacie, eft l'aâion de falfifier un Médicament , en y ajoutant quelque choie qui en dimi- nue la valeur & la qualité , bu en le mêlant avec quelque autre qui n'eft pas aulli chère. ADULTÈRE. 1. m. Péché qui le commet par des perfon- ADU nés maiiées, en violant la foi conjugale. Adultenum. On appelle double adultère ^ \ adultère qu'un homme ma- rié & une Femme manée commettent enlemble. Acad. Fr. Et adultère lîmple , celui qui ("e commet entre une perlonne mariée & une perionne libre. Par 1 ancien Droit Romain il n'y avoit point de Loi établie contre \' adultère : 1 accul'ation & la peine en étoient arbitraires. L'Emp. Augulle a été le premier qui en a tait une loi,qu il a eu le malheur de voir exécuter dans la perlonne de les propres cnhms. C'eftla Loi Julïa. Quoique par cette Loi Taccuiation du crime à' adultère fût publique, & pcrmilc à tout le monde, il ell: pourtant certain que ce crime a ctc plus conlidéré comme un crime domefti- que & particulier , que comme un crime public. On permettoit 'rarement aux étrangers d'en pouriuivre la vengeance ;(ur-tout, quand le mariage étoit paihble, & que le mari ne le plaignoit point. La railon qu'en apporte Papinienell qu'il clt très-difficile d'arrêter une fi jufte douleur, Papin , ad L. Jul. de adult. Et les conftitutions des Empereurs avoient abrogé lesLoix qui pcrmettoienr aux étrangers l'acculation à'adultère. La railon eft, que cette acculation ne pouvoit être inten- tée, lans mettre de la divilion entre la femme 8c le mari ; fans mettre l'état des enfans dans l'incertitude ; Lins .attirer (ur le mari le mépris & la rifée du public; & lans couvrir la lamille de honte & de confulion. Comme le mari elt le plus oftenlé, il elf jufte quand il garde le lilence , que perfonne ne parle pour lui. On doit fuppofer qu'étant le principal intérellé à exa- miner les actions de fa femme , il en juge auiîî avec plus de circonlpedion ; parce qu'il y a un péril égal ou à croire légèrement , ou à croire difficilcmenc. C'elè pourquoi la Loi en certains cas , l'a établi Ju- ge, & exécuteur en fa propre crufe : elle lui a permis de le venger par lui-même de l'injure qui lui étoit faite , & de ravir la vie à des adultères qu'il lurprenoit fouillans fon lit, & qui étoient allez hardis pour lui ra- vir 1 honneur. Dans le cas de la ccmphcité du mari ; c'eft-à-dire , ou lorfque le mari failoit un commerce infâme de la débauche de fa femme -, ou qu'ayant vu de les propres yeux finlîdtlité de la Icmme , il n'entroit pasdans une jufte indignation, & dillîmuloit l'aftront en le fouftiant patiemment; en ce cas l'adultère deve- noir un crime public, & la Loi Julïa decernoit même des peines contre ces infimes maris. En France X adul- tère n'eft point entre les crimes. Le mari feul en peut fonner laccufation , ik en pouriuivre la vengeance : les Gens du Roi n'y font pas même reçus. Il faudroit un fcandale bien notoire, pour autoriler les étrangers à fe porter acculateurs. Socrate, L. V. C. 8 , dit, que fous Théodofe , l'an 580, on punilloit les femmes adultères par une conftupration publique , remède pire que le mal. Lycurgue ordonna qu'on puniroit l'adultère comme le parricide. Les Locriens arra- choient les yeux aux adultères. Val. Max. L. VI. C y. Les Orientaux les punilfent févèrement. Voye:^ Tavernier , Relation de Tunquin , Ch. 7. Toute la peine que l'on inflige à la tcmme liirprile dans le crime, &. cor.v.aincuc d'adultère , eft de la priver de la dot , & de toutes les payions matrimoniales , Se de la reléguer dans un monaftère. Cependant l'adultère eft un empêchement légitime au mariage entre les per- fonnes qui l'ont commis. C'cft la décilion du Pape Léon , Ne quis ducat in matrimonium quam prias pol- luit peradulterium. Onne doit pas iouffnv que ceux-là s'unilfent parle lien du mariage, qui en ont fouillé la pureté par l' adultère. Ceû-lji l'empêchement dirimant que les Théologiens appellent , impedimemum criminis. Au refte , pour qu'il ait heu , les Théologies demandent trois conditions. La première, que l'on lâche que c'cft un adultère que l'on commet , & que la perlonne avec qui on a le mauvais commerce, eft mariée. La féconde, que l'adultère loit complet. La troifième, qu'il inter- vienne prcmclfe de le marier après la mort du mari ou de la femme de celui des coupables qui eft marié. Selon les Loix de Moyfe , celui & celle qui avoient commis adultère , étoient punis de mort. Le grand Conftantin fit aullî une Loi qui les condamne au dernier fupplice. Cette peine fut adoucie par l'Em- ABU IZ7 pereur Léon. Les conftitutions de Charlemagne , & de Louis le Débonnaire, leur infligent une peine capitale. Autrelois , chez les Saxons , on puniftoit de mort l'.-z- dultèrc. Une temme qui eu étoit convaincue , étoit pendue & brûlée ; & fur les cendres on plantoir une potence , où l'on étrangloit le complice du crime. Quelquefois la temme qui avoit commis unadultèrey etoit condamnée a être fouettée par les bourgs & les villages ; & dans chaque endroit les femmes cxécu- toient elles-mêmes la fentence , pour venger l'injure faite à leur fexe. Voye^ la lettre de S. Boniface Ar- chevêque de Mayence au Roi Athelbalde, & Opmer dans la Chronologie, p. ^^f. En Angleterre par les Loix du Roi Edmond, on punilfoit \ adultère comir^Q l'homicide ; mais le Roi Canut ordonna qu'on envoyât en exil les hommes qui l'auroient commis , & qu'on . coupât le nez & les oreilles aux femmes qui en feroient coupables. Les Loix des 'Vifigcths nous apprennent que chez ces peuples , on amenoit à un mari , dont la femme avoit commis un adultère j la femme & le complice; & il le complice n'avoit point d'enfans , les biens étoient conhlqucs au profit de celui de la femme duquel il avoit abulé". En Éfpagne on coupoit à ceux qui étoient coup.ables d'ac'w/rère les parties qui avoient été l'inftramcnt de leur crime. En Arragon on condam- noit leulcment a une amende pour crime 6! adultère. Dimarus dit qu'en Pologne , avant que la Religion Chrétienne y fiit établie , on punilfoit l'adultère & la fornication d'une manière lingulière. On amenoit dans la place publique le coupable , & là on l'attachoit avec Uii clou par la bouile des tefticules ; on mettoitunra- loir près de lui , & on le laifloit dans la malheurcule nécelîité de flaire juftice lui-même , ou de mourir en cetérat. Cmti les Parthes, les Lidiens, les Arabes , les Athéniens , ceux de Plaifance , & les Lombards , la mort a toujours été la punition de l'adultère : mais les Lacédémoniens au lieu de le punir , le permet- toient , ou du moins le toléroient , au rapport de Plutarque, quoique , félon la Loi de Lycurgue , il doit être puni , comme le parricide. Chez les Egyp- tiens , après que l'homme qui en étoit convaincu , avoit reçu mille coups de fouet , on coupoit le nez à la femme. En France , quoique le crime n'ait jamais été impuni , la diverfité des Arrêts fait voir que la peine a toujours été arbitraire ; on fe régie fur la qualité des perlonnes_, &lur l'exigence des cas. Les Grecs, & même toutes les autres fociétés Chré- tiennes du Levant , penfent que \ adultère rompt le lien du mariage; enlorte qu'en ce cas-là , tk même en pluheurs autres , le mari peut épouler une autre femme. ?fT En France , la femme n'eft pas reçue à intenter l'adion d'adultère contre Ion mari. Cependant fi elle elt par lui accuféc d'adultère , elle peut oppolcr celui de fon mari. Adultère, fe dit auilî de celui ou de celle qui com- met l'adultère. Adulter ^ Adultéra. Un adultère public doit être privé de les bénéfices, Faut-ril que fur le front d'un profane adultère , Brille de la venu le facré caractère? Racin. 0CFI1 eftaulîIadjeâ:ifdetoutgenre,maisalorsil ne fedit guère qu'en parlant des femmes. Une femme adultère. Solon croyoit «que la plus grande peine qu'on pût ordonner contre les femmes adultères j étoit la honte pubhque. Le Mait. A Rome on mutiloit l'adultère lurpris en flagrant déht ; & par cette punition le mari poun'oyoit à fa lûreté pour l'avenir. Dac. Je sus - Christ ne voulut pas condamner la femme Adultère. S. Thomas, queft. 1 J4 , dit que ce mot vient, quod aliquis accédât ad alteram. La Marre dans Ion Traite de la Police ;, L. III. Tit. 'V. C. I. dit que c'eft quafi ad alterius thorum acceffio. On diloit en vieux Fran- çois , alvoutre j & on dit encore en b.alfe-Brctagne , alvoutre, pour lignifier lamêmcchole. j'aimerois mieux dire que la lignification propre & primitive du Latin , Adult erare eft, corrompre, mclcr, ajouter à quelque choie une matière étrangère ; qu'enluirc, p.ar méta- phore , on l'a appliqué à l'infidéÙté dans le m.iringe , parce qu'elle mclc & confond les enfans ik. les frmUles. iz8 ADU Les Aftronomes, ou plutôt quelques Charlatans, <5ui le mêlent d'aftrologie judiciaire, appellent y5?^z//- tères du loleil & de k lune , leurs écliples , quand elles Te font en quelque manière contre les règles de rAitronomie , comme il arrive aux éclipfes horizonta- les. Car quoique le ioleil & la lune Ibient diamétrale- ment oppoics, ils ne lailFent pas de paroitre en même temps lut l'horizon. On en a vu une a Paris le i6Jum 1666. On tient que de lemblables écliples doivent ar- river tous les 1 9 ans , mais ces échpies horizontales , -que l'on juge à propos d'appeler hréguiières , ne {ont pas moins périodiques ni moins régulières que les au- a-es , &c dépendent des mêmes caules. Il n'y a point aujourd'hui de petit Aftronome , qui ne laclie que quoique la lune & le foleil foient pour lors diamé- tralement oppofés , cependant la réfradtion fait pa- l'oitre l'un & l'autre plus élevés. Ainiî lorlque ces al- tres font précifément dans Thcrizon , la réfraélion les fait paroître au-dellus de l'horizon, l'un au couchant & l'autre au levant. 3°. Il eil: très-certain que non-feu- lement de lemblables écliples, mais aulli toutes les au- tres éclipfes arrivent dans le même ordre & avec très- peu de changement au bout de 19 années, & un peu -plus d'une heure. C'eft là delFus qu'eft fondé le nom- bre d'or ou l'ennéadécactéride de Méton l'Athénien. Il eft vrai qu'on a trouvé que Méton s'eft trompé, parce qu'il avoir compté cju'au bout de 19 ans jufte, les mê- mes phafes & les mêmes éclipfes revenoient lans aucune diftérence \ ik c'eA pour cela que dans la réforma- lion du calendrier on a abandonné, eu du moins cor- rigé le nombre d'or. Mais il cft toujours certain que cette différence eft très-petite ; & nous avons encore en Aftronomie bien des pratiques fondées là-delfus. 4°. Cette différence , toute petite qu'#E eft , fuffit pour faire qu'une éclipfe horizontale, qui revient à peu-près la même au bout de 19 ans & une heure, ne loitplus horizontale dans le même pays , parce que n'arrivant pas à la même heure , le foleil Se la lune ne le trou- vent plus dans l'horizon, mais l'un dcflus & l'autre defl'ous. Il eft vrai cependant que dans le grand nom- bre d'éclipfes qui arrivent pendant l'elpace de 1 9 ans , il eft difticile qu'il n'y en ait quelqu'une d'horizon- tale dans chaque pays. Bien plus, il eft très-vrai qu'il n'y a aucune échpfe de lune qui ne loit horizontale a l'égard de quelque endroit de la terre j lavoir , à l'égard de celui qui a pour lors les deux aftres dans fon horizon : dans l'année 1703, l'écliple de lune du 3 Janvier a été horizontale, & celle du 23 Décembre le fut encore d'une manière plus remarquable à Paris Se dans bien d'autres endroits. ADULTÉRER, v. n. Commettre le crime d'adultère. Aduherari ^ Jdulterare. Ces deux perfonnes ont plu- fieurs fois adultère enlemble. Celui qui convoite la femmcd autrui, a déjà adultéré dms fon cœur. (fJ'Ce motavieilh &nele dit plus. Tous nos traducteurs di- fent commettre Y adultère. Il a déjà commis l'adultère dans Ion cœur. IJCF Adultérer, v. a. Gâter une chofe qui eft pure , en y mêlant des chofes qui ne le lont pas; où fallificr un médicament , en y ajoutant quelque drogue qui en diminue la valeur & la qualité. Corrumpere. Ce mot n'eft plus d'ufagc. On dit altérer , lallîher. fCF Les grands Vocabuhftes détînillent ce mot comme étant de l'ulage ordinaire , &: trouvent qu'il n'a vieilli que dans le fens de commettre un adultère. Ils ne feront pas crus lu r leur parole. ADULTÉRESSE. Femme adultère. C'eft un mot dont s'eft lervi Bayle dans la deuxième édition de ion Dic- tionnaire, Rotterdam, 1702. T. I. p. 144, col.2,lig. 6. Il eft fâcheux que ce mot ne foit pas françois, & que nous n'ayons qu'adultère pour fignihcr tout à la fors & le crime d'infidélité conjugale. Se le mari &la fem- me qui le commettent. Les Latins , qui ont un mot pour chacune de ces chofes, font bien mieux partagés que nous de côté-là. ADULTÉRIN , INE. adj. Fils ou fiOe qui font nés d'un adultère. Terme de droit dont on ne fe fert guère que dans le barreau. Nothus , Notha. Les bâtards adultérins font incapables de bénéfices. Les enfans adultérins font plus ADY odieux que ceux qui font nés de perfonnes libres. Le Droit Romain leur reruloit même le nom d'enhms na- turels, comme h la nature les eiitdélavoues. ^fT Ils ne pouvoient demander des ahmcns à leurs pères & mè- res. Le droit Canonique luivi en France à une dilpo- fition plus conforme à l'équité. Q^uia non eft tam do- natio quàm dchïti pr&ftatio. ADVOATEUR. f. m. Advocator. Terme de Coutume. On appelle en certains pays , Advoateur ^ celui qui trouvant des beftiaux en dommage lur fes terres, les appelle, les prend, les .avoue comme s'ils étoicnt à lui. AD'VOCASSER. Foye^AvocAssER. ADVOCASSERIE. Voyei Avocasserie. ADVOCAT. f. m. Voye^ Avocat. ADVOLER. v. n. Ce mot qui fignifie , alter vite pour fe rendre en quelque Heu, eft vieux, & tout- à-fait hors d'ulage. Advolare. Mézerai s'en eft lervi ; Mais lui étant advolé à Paris. ADVOUATEUR. f. m. Terme de Coutume. Celui qui reclame Se reconno'it pour lien du bétail qui a été pris en métas lur les terres d'autrui. ADVOUÉ. Voyc^ Avoué. ADVOUER. Voyer Avouer. ADVOUERIE. Voyei Avouerie. ADURÉ, ÉE. part"&; adj. 'Vieux mot, qui veut dire, endurci au travail, comme li l'on diloit, qui eft de- veiui dur. Duratus, induratus. ADUSTE.adj. m. & f. Terme de Médecine, qui ne fe dit que du lang & des humeurs, quand elles font brii- lées par une trop grande chaleur naturelle. Aduftus. Un tempérament adufte. La mélanchohe eft une bile noire. Se adufte. Un fang eft adufte , lorfqu'à raifon d'une chaleur extraordinaire, les plus lubtiles parties étant léparées , les plus grolîîères rcftent chargées de lie, & toutes noires, comme li elles étoient brûlées. Harris. Il eft mieux dans l'ulage ordinaire de dire, un lang brûlé. On le trouve au figuré. Tetricus , Aufterus. C'eft la bile qui domin.e dans l'humeur de ce Magiftrat , Se cette humeur adufte imprime lur ion h'ont une néga- tive perpétuelle. Balz. Cet exemple ne doit pas être imité. ADUSTION. (. f. Terme de Médecine. Etat de ce qui eft brûlé. Uftio , Aduftio. Ce mot ne le dit ainfi que le précédent , qu'en parlant du corps humain. Sa ma- ladie eft caufée par une aduftion d'humeurs. A D Y. ADY. f. m. Palmier qui croît dans l'ile de Saint-Tho- mas. C'eft un très-grand arbre, excédant en hauteur le pin; Ion tronc eft fort , droit, nu, parrant feul de fa racine, d'un bois clair & léger. Il eft plein de lue. Ses feuilles reffemblent à celles du Palmier qui porte le coco. Son lommet eft garni d'une multitude de bran- ches. Si l'on coupe ces branches , ou^ li l'on fait une ouverture au tronc, il en fort des larmes, ou un lue, que les Indiens ne manquent pas de recevoir dans des vales. Il leur tient lieu de vin. Cette liqueur enivre ailément. Dict. de James. A D Z. ADZEL. Bourgade de Livonie. Ad^elia. Elle eft dans la contrée de Lettonie , lur la rivière de Teydéra , au- deilous de la ville de Walmes. JE. /£. Diphtongue. On l'a bannie de tous les mots qui vien- nent du latin. On écrit Celar, l'Enéide, Egyptien avec un E limplp Ai. n'eft point, à proprement parler, une diphtongue en François , li ce n'eft une diphtongue d'é- criture. Car pour le Ion que forme ce double caratf ère, il eft très-hmple , & ne diftére point du fon de la voyelle. Foye:;àii motDiPHTONcuE. Cependant , par- ce qu'on s'obftine encore à retenir l'yC, fur-totit dans les mots purement latins , l'on en mettra encore quel- ques-uns avec cette diphtongue. i£. 1. m. Vieux mot ^■enant à'«!. C'eft le fentiment du favant Bochart dans fon Phaleg. L. ï. C.15. Ainfi la mer /Egée au fond defcs abîmes , Oud'Erix ,ou d'Athos, engloutiroitles cimes. Br£b. ^GIALE. f. f. Une des trois Grâces. /EGILOPS, ou ANGILOPS, ou ANCHYLOPS. f. m. Mgilops. Terme de Médecine. C'eft une tumeur ou eniiure dans le grand angle de l'œil a la racine du nez, accompagné d'infta'.nmation , ou lans inHammarion. Harris. Ce mot eft Grec, cii: Aoljy lignifie, tempête \ d'où s'eft fait en Grec aoAAa. /EOLIE , ou /EOLIDE. ^olis , jEolia. Pays de l'A- fie mineure, entre la Troade au fcptentrion , & l'ïonie au midi , & fituéc fur la mer ^Egée. Il s'appela d'abord Myjie ; mais les/Eoliens étant venus Ihabiter, ils lui donnèrent leur nom. a ^OLIEN , ENNE. j^olius j & au plur. .EOLIENS. ' JEoles. Peuples de Grèce ainli appelés d'.Eole fils d'i-lellcn. Ils quittèrent la Grèce leur patrie , palierenc dans l'Alie mineure, s'emparèrent de la Myfie, & fon- dèrent peu à peu une des trois grandes colonies des Grecs en Afie. Les jeunes gentilshommes fcrvoient chez- les JEolïens aux facnfices publics. /EoLiEN, ENNE , eft aulii adj. Le dialede Pollen te rap- porte au Dorien. Port-K. La mulique j3iolienne étoic douce , appaifoit les pallions, & endormoit agréable- ment. T. Cor. Les iles ^olicnnes étoicnt plufieurs iles dans la mer de Tclcane , entre l'Italie & la Sicile , plus près toutefois de la Sicile. Les lies Maliennes font fept petites iles , entre l'Italie & la Sicile, Lipara ,Hiera yStrongyle , Didyme , Eri~ cufa ■, Phœmcufa , & Eronymos. Voyez /Eole. /EOLIPILE. Voyei Eolipile. yEOLIQUE. adj. m. & f. ^olicus. Qui appartient aux ^oliens. Le dialecle^o/zf^i/e cft un des cinq dialectes de la langue Grecque; c'étoit la manière de parler pro- pre des yEoliens. Dialeclus JEolica. C'eft du dialeôte jEolique que la langue latine s'eft formée. Je trouve cependant qu'on dit communément Aiolïen plutôt C[\.\^oHque , 11 ce n'eft dans les Collèges. yEON. f. m. Ce met qui eft Grec,a'«ï,liècle, fignifie, la durée dune choie, éternité; mais les hérétiques des premiers fièclcs y ont attaché une autre idée. Abulant de la philofophie de Platon, ils donnoient de la réalité aux idées que ce Philofophe avoit admîtes en Dieu ; bien plus, ils les perfonnifioient, &c teignoientquec'é- toient des êtres diftincls de Dieu , (?J qu'il avoit pro- duits les uns mâles & les autres femelles ; c'eft-là ce qu'ils appeloient j¥ons , de l'alfemblage defquels ils compoloient la Divinité tLute entière , qu'ils appe- loient «rAKfK^a , nom Grec , qui lignifie Complément 3 comme fi c'eût été la le complément de la Divinité. Au AER refte, quoique tous lestons futil-nt diffL-rens de Dieu en grandeur, ils ccoient de la nicnic nature , 6c de la f uhftance même de Dieu. Simon le magicien efl: le pre- mier inventeur des _/4't>«j;Valentin les periettionna, & en reconnut julqu'à 50. S. Irénée , L. I. des Hérél. & L. IL C. 4. Tertullien, dans Ion Traité contre les Va- lentiniens , & S. Epiphane , dans l'Héréfie 5 r , font parmi les Anciens , ceux qui ont le plus expliqué la doclrine des jï.ons. Théodoret & Philaftrius en ont aulli parle. Et parmi les Modernes, Baronius à l'an de Jesus-Christ 14J de 175. le P. Alexandre, M. de Tillemcnt & M. Fleury , Hifi. Eccl. & M. Du Pin , Biblioth. des Auteurs Eccl. II. Part, des 5. premiers ficelés. Les Centuriateurs en ont aulîî dit quelque cho- fc. Cent. IL C. y. ^ON. C'eft la première femme du monde, dans le fyf- tème des Phéniciens. Elle apprit à fes entans à faire ulage du fruit des arbres pour leur nourriture, die San- choiriathon. Voye-^ Eon. A Q. .EQUATEUR. Foyei Equateur. .£QUIPOLLENCE , yEQUIPOLLANT, yEQUIPOL- LER. Voyei Équipollence, &c., EQUIVOQUE. Voyei Équivoque. AER. AËRER. V. a. Donner de l'air , chalfer le mauvais air. at - ptV' , purgare. Il lignifie aufù meure un batiincnt, une maifon en bel air. Apcno , Llhenon coclo exvonere j, fupponere. ^értr la chambre dun malade. Il a tait per- cer fa galerie des deux côtés pour X'a'crtr davantage. Dans la troiiième acception il eft de pcuduLige, & en _ia place , on dit, mettre en bel air. Ce mot vient A'a'er. AËRÉ , ÉE. adj. Qui eft bien expolé à lair dans une plai- ne , ou lur une élévation. Liberiorl cœlo expojîtus , fuppojîtus. Une maifon bien aérée eft fort laine. Le Château neuf de S. Germain eft bien tzi ri;'. Il ne ie dit qu'en parlant de la fituation d une maifon. AERIE. Nom de l'île de Crète. Voye\ CrÉte. AERIEN , ENNE. adj. Qui eft tait "d'air , ou qui fe réfout en air. A'erïus j Aéreus. Dans la dillolution des corps , les parties aériennes s'élèvent en l'air. Les atomes aé- riens montent les premiers dans un alcmbic' On dit que les bons ou mauvais Anges qui paroiftent , prennent des corps aériens. Les Eifcniens , la feéte la plus parfaite des Juifs , peniqient que les âmes étoieitt d'une ma- tière aérienne. Arn. Porphyre & Jambhque ont admis des démons, des elprits aériens ^ auxquels ils ont don- né divers noms. Les Peintres appellent une perfpcétivc aérienne , celle qui fait paroître les corps diminués à propcrticnde leur éloignement , oudiftance delà terre , en du plan géométial qui reprélente la terre. AERIENS. NomdeSeélaires, qui tirent leur origine d'un certain A'irius , lequel vivoit encore au temps de S. Epiphane , & qui avoit (ur le myftere de la Trinité les mêmes lentimens que les Ariens. Il avoit outre cela plulieurs opinions particulières qui iont rappertées fort au long par ce S. Evêque , hxref. 7/. &; entr'autres celle-ci : qu'il n'y avoit aucune diflérence entre les Evè- ques &: les Prêtres ; que la prctrife & l'épilcopat etoicnt ablolument le même Ordre & la même dignité. L'Evê- que , diloit-il, impole les mains, le Prêtre les impole aufti : l'Evcque eft alîis dans le trône , le Prêtre y eft aulli allls : S. Epiphane le déclare en ce lieu-là forte- ment peur la lupériorité des Evêques , & il répond en particulier à toutes les raifons d'Aërius,qui s'appuyoit principalement fur quelques palfages de S. Paul, & entr autres lur celui de l'Ep. L à Tim. C. 4. v. 14. où ce S. Apôtre lui recommande de ne point négliger le don qu'il a reçu, lorfque l'ajj'emhlée des Prêtres lui a impofé les mains. Il n'eft parlé en cet endroit , difoit Aërius , que des Prêtres feulement , & nullement des Evêques. Mais il eft ailé de voir que le mot de Prê- tres dans S. Paul , lignifie également les Evêques ■■, en- forte que Preshyterium , qui eft dans le grec & dans le latin de la vulgate, fe prend pour le fénat ou l'alfcm- blée de ceux qui prélîdoient aux églifes. S. Paul avoit ordonné Thimothée, étant accompagné des Prêtres ou Tom£. l. ^ S 131 Evcques,quifetrouvoienr prcfens à l'ordination. Voy. le mot Anciens. Il faut prononcer dans le mot Aériens le premier e féparé de \\i:, Aériens en quatre fyllabes , &non pas ariens, ainfi qu'écrivent quelques auteurs, comme li ce n'étoient que trois fyllabes. La raifon qu'Acrius eut de fe féparer de l'Eglile, fut le chagrin qu'il eut de ce qu'en 549 ou 355-, félon un autre i'cn- timent, Euftathe lui fut préféiré pour l'Evêché de Sé- bafte en Arménie. J'oye:^ S. Epiph. her. 75. S. Aug. hér. J3. OnuphriusChron. A.C. 549. Sander. hér. G^. Tillemont, Hijloire Eccléjîajlique , T. IX. AÉRIENNES, f f. & adj. pi. Sorte de guêpes. Les guê- pes aériennes font la plus petite efpèce de toutes cel- les qui vivent en fociété. Elles attachent communé- ment leurs nids foit à une branche d'arbre, foità une paille de chaume qui eft encore debout fur terre, foit à une plante -, quelquefois leurs nids font attachés con- tre des murs &: dans des huilions. La pâture qu'elles apportent à leurs petits, paroït à la vue & au goût, être des entrailles d'infedcs. AËRIER, ou AIRIER. v. a. C'eft purifier l'air de quel- que heu , en y brûlant des lenteurs pour en rendre l'air plus pur. Injcclam auram purgare. Aêrier une maifon. Ce mot ne fe dit que très-rarement, & en fa place , on fe fert d'un tour qui fignifie la même chcfe. AËROGRAPHIE. f f. Defcription de l'air , traité de l'étendue de l'air. Aërographia. U y a dans Caramuel une A'erographie. Ce mot vient d' =;.'?> ^'^''3 ^ de yf^i^u , j'écris ^ je décris. {Cr AËROLOGIE. f f Traité fur l'air, (ts propriétés, fes bonnes ou fes mauvailcs qualités. Aérologia. AËROMANCIE. f f. Ce mot vient du Grec «.> , air, & /ictïTti'a , divination. C'eft: l'art de deviner par le moyen de l'air. Il y a plufieurs fortes à'aerûman- cics ^ dont Bodin ne traite point dans le livre des Sorciers. L'aéromancie eft une fcience vainc. Les Païens s'attachoient à l'aéromancie ; mais les Chré- tiens la rejettent comme fauile &fuperftitieute. C'étoit une des fept etpèces de divination en ufage chez les Perles. #3- AËROMETRE. C. m. Aerometrum. C'eft ainfi qu'on appelle un inftrument dont on fe fert pour connoitre la condenfation, ou la rarétattion de l'air. Du grec àn'p air, &c fiETpoi , mefurc. AËROMÉTRIE. f f Aerometria. C'eft l'art de mefurer l'air , les forces , fes propriétés. Chrétien Wolfius , profclfeur de Mathématiques en l'Univcrfité de Hall de Magdebourg , a donné un Traité èê Aerometric , intitulé, Aerometria Elementa, à Leiplîc , 1709. ^PiOPE. f". f. Femme d'Atrée. Voye^ Érope. AËROPHOBE. f m. & f Qui craint l'air. De iVf ,^zV_, & de Cr Affinité , en Chimie , fignifie le rapport d'une lubl- tance avec une autre ,1a dilpolicion que ces dcuxlubi- tances ont à s'unir enlemble. AFFINOIR.f. m.C'cftun terme de Cordier, qui hgnific une efpèce de leran dont les broches font petites i?c ter- rées,au travers detquelles on fait palier le lin, le chan- vre, pour les alHner. Peclen^ eckinus. Vrencz cet af- finoir 3 & affinez ce chanvre. Faites palfer par 1'»?/- finoir. I^CTAFFINS. f. m. pi. Terme de droir qui n'eft plus en ufage. On l'avoir trancilé pour exprimer desperlonnes de deux familles dilHnctes , mais arrachées leulcmcnt l'une à l'autre par les liens de l'affinité, AFFIQUET. f. m. ou Porte-aiguille. Petit bois percé >.\: proprement tourné , qui tert à tenir les aiguilles à tri- coter. Les femmes le mettent à la ceinture , quand elles rricotent. AFFIQUETS. f. m. pi. On entend par-là tous les petits ornemensque les Dames porrent pour te parer, & pour relever leur beauté ; comme tout les bracelets, lescol- liers,& toutes les autres choies qui regardent particuliè- rement la coifture. Mundus ,comptus muliebris. On ne fe tert de ce mot qu'en raillant , éc il n'a le plus l'ouvent cours que dans le fty le familier & comique. Ablancourt a pourtant dit: Les femmes n'apportent rien en mariage aux Allemands-,au contraire ellesreçoivent d'eux,non pas des parures , ni des affiquets ; mais une couple de bœufs , un cheval aiharnache, le bouclier, la lance & l'épée. En général toutes les parures, vaines, fuperflues , af- fcclées, s'appellent pat raillerie, iv' mtrae par mépris. AFF Affiquets. Que voulez vous faire de tous ces affiqueti-. la:- Nicod dérive ce mor yli> affigcndo j parce que les affiquets te fichent particulièrement fur la tête. Ondi- f oit autrefois affiguets. AFFIRMANT, ANTE. adj. Terme de Logique. Affir- nians. Il y a des propotitions univerlclles affirmantes. (jZF On dit plus ordinairement affirmative. l^oye~ le mot fuivant. AFFIRMATIF, IVE. adj. Qui affirme. Vous fourcnez que cela eft ainfi d'une manière ti affirmative , d'un ton fi affirmatif , qu'il faut vous en croire. On ne doit rien propoler d'un certain air affirmatif, qui ré- moigne qu'on ne doute pas de ce qu'on avance , & qu'on ne veut pas même en douter. Nicol. Oui eft une par- ticule affirmative. ifT En Logique on appelle propofition affirmative ^ celle par laquelle on affirme unechofe, par laquelle on déclare que l'attribut convient au fujet. Dieu eff jufte , eft une propofition affirmative. Affirmatif. f. m. Affirmativus. Teime de l'InqUilition Romaine. C'eti: le nom que donne le S. Office aux hérétiques qui avouent qu'ils font dans les erreurs dont on les accute , & qui , dans les interrogatoires , fou- tiennent ces erreurs avec opiniâtreté. Affirmative , eft: aulli quelquefois lubftantif, & fignifie opinion, propotltion par laquelle on affi.rme. Affir- mantis^afferentis opinio. V affirmative & la négative de la plupart des opinions, ont chacune leur probabilité. Pas c. L'affirmative paroit la plus probable. Roh. Pren- dre l'^_^Vwc7m'e pour quelqu'un , c'cft le déclarer puur lui. Il prend toujours l'affirmative contre moi ; c'eft-à- dire, il eft toujours contraire à mes fentimens. AFFIRMATION, f. f. Expreiîion par laquelle on affure qu'une chote eft vraie. Affirmatio. Ce mot qui vient du Latin, n'eft guère en ufage que dans le Barreau. Affirmation en Jutlice. C'eft le ferment qu'on prête, & l'alfurance qu'on donne de la vérité de quelque fait: ce qui fe paiîe en prétence du Juge, lequel fait lever la main, & jurer que la choie affirmée eft véritable. On diffingue deux fortes d'affirmation'^ l'une en m:rtière civile, l'autre en matière criminelle. Il n'eft pas douteux qu'en matière criminelle l'affirmation le peut diviler-, enforce que dans la dépoiition du criminel l'on peut prendre ce qui fait contre lui,&: rejetei ce qui tend à fa décharge. Mais en matière civile , lortque l'affirma- tion eft volontaire , & faite en conléquence d'un fer- ment déféré a l'une des parties , l'tjn ne peut point la diviter, fur-tout lielle contient des chofes connexes \ il faut ou l'acceptei toute entière, ou la répudier de même. L'affirmation-, par exemple, de celui qui déclare avoir reçu & reilitué un dépôt, doit être prite dans ton en- tier, & l'on ne peut l'accepter pour la récepy^i du dé- pt)t,& la rejetter pour la rellitution. g^ En Angleterre on fe conrente d'une fimple affirma- tion j fans ferment, de la part des Quakres,qui fou- tiennent que le ferment eft abfolument contraire à la Loi de Dieu. Affirmation. Terme de bureaux, qui fe dit de l'écrit qu'un comptable met à la tête de fou compte pour le certifier véritable. Selon l'ulage des bureaux l'affirma- tion fe met au haut de la première page du compte , & dans la marge en forme d'apoftillc. Ce terme fe dit aulH du ferment que fait un comptable , lorfqu'il prêtante fon compte à la Chambre des Comptes en perfonne, (Se qu'il affirme que toutes les parties en font véritables. Affirmation, eft aullî un terme de Logique, oppofé à négation , qui fignifie l'exprelîîon par laquelle une propofition affirme , ik dit d'une chote , qu'elle eft. Cette propofition contient une affirmation , celle-là une négation. Il eft de la nature de l'affirmation j de porter l'efprit à cela. Port-R. AFFIRMATIONS , au pluriel , fe dit en parlant du Greffe des affirmations. Tabu'arium forenfe affirmationum. Par l'Ordonnance de 1667, il y a un office de Greffe érabli au Parlement pour recevoir , & donner les aéles des affirmations des voyages, & du féjour de ceux qui viennent pour faire juger leur procès. Ces atles A FF des affrmdùons fervent au plaideur qui gagne Ion procès , peur faire taxer fes voyages. AFFIRMATIVEMENT, adv. Dune manière affirmative. j4ffirmatc. Il m'a ioutenu cela affirmativement & po- fitivement. On dit dans l'Ecole, quand on propole une queftion , je répons ajjirmacivement ; pour dire que la chofe efi: ainii. IJCF AFFIRMER, v. a. C'eft employer le ferment pour faire croire ce que Ton dit i'' & de" privatif, comme qui diroit, infenlé &: privé de jugement. Quelques-uns dérivent ce mot de Jffrico- fus, comme qui diroit , qui vient d'Afrique, qui cff le pays des monllres. AFFRETEMENT, f. m. Terme de Marine. C'eft la con- vention pour le louage d'un y'û^zz.Vi.Navisconduclio. Ce mot ie dit fur l'Océan. Sur la Méditerranée on dit NoHlfemcnt. L'acle qu'on palIe , quand on prend un vailfeau à louage, s'appelle Chartepartie. AFFRETER, v. a. Prendre un vaiffeau à louage. Navim conducere. Le propriétaire du navire frère , ou donne à louage ; & le marchand chargeur affrète j prend à louage. AFFRETEUR, f. m. Celui qui prend le vaifleau à loyer. Navisconduclor.Cemotv'ient àcfretumjdéttoit demei:. AFFREUSEMENT, adv. D'une nuuiière affieufe. Terri- hilem in inodum. Quand on elt en colère , on regarde affrcufem.cnt fon ennemi. Torve intueri. L'ufage de ce mot eft allez borné ; & bien des gens voudroient qu'en fa place on dît d'une manière affreufe , ou qu'on le fer- vit de quelqu'autre adverbe, comme de grandement , d'extrêmement j d'horriblement , &c. Il eft extrême- ment gros, il eft horriblement laid , plutôt qi^e , il eft affrcufement gros , il eft affreufement laid. Ce feroit le plus sur, & c'cften effet le plus ordinaire. AFFREUX , EUSE. ad j. Qui caufe des aftres , qui eft hor- rible, qui fait peur, qui donne de l'cftroi. Terrihilis , horrihilis j horrendus. Ce mot affreux vcin le datif quand il eft fuivi d'un nom, & l'infinitif, quand il eft fuivi d'un verbe, en y ajoutant la particule à. La mort cif quelque chofe d'affreux à tout le monde , âc plus encore aux méthans qu'à tous les autres. Tout n'eft qu'or & que pourpre dans votre armée , celle xles Macédoniens au contraire eft affreufe à voir. Vau g. Il fe met auill quelquefois lans régime. L'Afrique a des monftres & des délerts affreux. Les mcurans ont des regards affreux. Il a la mine affreufe. Arn. Sa fin tut affreufe.^oss. C'eft l'avaiice qui a rendu les hommes AFF aflcz hardis , pour méprifer tout ce que la mort a d'af- freux dans un naufrage. Bouh. M. de Caleneuve fait venir ce mot d'Afer^ Africain, à caule de la noirceur des Africains , qui les rend a_ffreux. f^oye\ Affres , Ion primitif. AFFRIANDER. v. a. Accoutumer à la friandife. Allecia- re. prolcclare. Il ne faut pas donner aux entans trop de douceurs , cela les affriande. Vous m affriande:^ à votre bonne chère. Vau g. On dit en Fauconnerie , affriander l'oifcau , lorfqu'a- vec de bon pat , loit de pigeonneaux , ou de poulets , on le fait revenir lur le leurre. IC? Affriander, hgnifie au figuré, attirer par quelque choie dutile. Allicere , illiccre. Le gain affriande les Joueurs. Il n'eft que du ftyle fimple & familier. AFFRIANDE , ÉE. part. (fT AFFRIOLER, v. a. C'eft au propre attirer par quel- que choie d'agréable au goût. On affiole les oiieaux qu'on veut prendre. On eft affriole par la bonne chère. CfCF Au figuré , c'eft artirer par quelque choie d'utile. On affriole les jeunes filles par les fteurcttes par les pré- lens, &c. Dans l'une &; l'autre acception il eft du ftyle tïès-famiher, AFFRIOLÉ , EE. part. AFFRITER. v. a. Terme de Cul fine, mettre une poélc en état de frire comme il faut. Tout tient à une poêle neuve qui n'eil point encore affntée. On affrite avec des pois , des fèves , & autres choies qui ne tiennent pas à la poêle. AFFRODILLE. f. f. ou ASPHODELE. Plante. Afpho- delus^hafla régla. C ettc plante a une tige droite comme une pique, ou hache royale, l'oye^ Asphodelle. AFFRONT. 1. m. Injure qu'on fait à quelqu'un par pa- roles ou par voies de fair. Injuria j contumelia. Les af- fronts à l'honneur ne fe reparent point. Corn. Il n'y a que le Chriftianilme qui puiffe nous faire fouffrir patiemment un affront. Un démenti eft un fanglant affront. ÇC? Sénèque dit que la douleur qu'on reflenc d'un affront 3 eft la marque d'un cœur foible & bas. S, EvR. ff^ On dit elTuyer un affront j le recevoir. Boire, avaler un affront J le iouftrir patiemment. Sorbercj contume- liam 3 ac concoquere. Ne pouvoir digérer un affront , c'eft en garderie reflentiment. Comment pourriez-vous digérer un li cruel affront ? ÎCT L'affront J dit M. l'Abbè Girard, eft un trait de re- proche ou de mépris lancé en hxce de témoins : il pique & mortifie ceux quilontlenfibles à l'honneur. L'i«/i/re eft une attaque faite avec infolence; on la repoulie or- dinairement avec vivacité. L'outrage ajoute à l'infulte un excès de violence qui irrite. L'avanie eft un traite- ment humihant qui expole au mépris & à la moquerie du public. Ce mot vient de l'Italien aff'ronto. Ménage. Paf- quier a oblei'\'é que ce mot n'étoit pas ancien de fon temps. Affront , fe dit auffî de la honte que nous recevons nous-mêmes par notre faute ou par celle de ceux qui nous touchent. Un Général d'Armée reçoit un affront, quand il lève le liège de devant une place. Un criminel qu'on exécute, fait un affront à toute la famille. Sa mé- moire lui fait affront. AFFRONTAILLÈS. f. f. pi. Terme de Coutume. Les confins de pluiicurs fonds abourilTlrns aux côtés d'un autre fonds. §3" AFFRONTER, v. a. Dans le fens propre , faire front en attaquant hardiment, attaquer avec hardieffe , avec intrépidité. Hoflem adorlri fortiter. Nous allâmes af- front erVcnntmï jufque dans Ion camp. Alexandre al- loit affronter l'ennemi en plein jour & à découvert. fer Au figuré , affronter la mort , affronter les hafards , les dangers , c'eft s'expolcr hardiment à la mort , aux hafards , aux dangers. Adiré pcrlcula. Où eft le Soldat qui n'affronte pas le danger en prélcnce de ion Prin- ce ? Ael. f^ous alle^ de la mort affronter la préfence. Rac. ifT Affronter , dans un lens odieux, fignifie auiîï trom- per j fous prétexte de bonne foi. Fraudare ^ defr:tu~ A FF dare^ Ce baiiqueroutier a û^-o/z/etout le monde. C'eft un coquin qui affronte en vendant de mauvailes mai- chandilcs qui ont de l'app.u.mcc. 0Cr AFFRONTÉ, ÉE. paît. Périls affrontes. Gens af- frontes par un marchand. Affronté, en termes de Blafon, ie dit des animaux qui font pofc's vis-à-vis l'un de l'autre, dont les têtes le re- gardent dans un écu. Deux, lions affrontés iont ceux qui (ont front contre front. Gemini Icônes adverjisjron- tikus picli. On le dit aulli quand il n'y a que leurs tê- tes ainfi diipolées. On le dit même , quand ils font en des quartiers ditfcrens, encore qu'il y ait d'autres piè- ces entre deux. Il portoit d'or à deux lions ajjrontes de gueules. On dit aulfi en termes d'Antiquaires: thcs af- frontées. AFFRONTERIE. f. f. A6lion d'affronter. Fraus , frau- datio. Il y a un très-grand nombre de gens qui ne vi^'ent que à'affronterie. Servez-vous rarement de ce mot. Ap- parem-ment que fa rellemblance avec effronterie n'a pas peu contribué à le bannir prelque de l'ufage ordi- naire. AFFRONTEUR , EUSE. adj. & f m. & f. Celui ou celle qui affronte. Fraudator , Sycophanta. Paris eil plein de devins, de donneurs d'avis, de faux chimiiles, qui iont tous des gueux , des filous & des aff'ronteurs. AFFUBLEMENT. f. m. Voile, vêtement , habillement, tout ce qiii couvre, cache, enveloppe la tête, le vifa- ge, le corps. Velamentum , Amiclus. Ce mot ne peut avoir dulage que dans le comique, ou dans le flyle familier AFFUBLER, v. a. Cacher, envelopper fa tête, fon vifa- ge,ou fon corps de qirelque habillement, de quelque voile. Amicire , obtegere j involverc. Les Moines & les Hermites s'affublent d'un froc. Dans les cérémonies des obsèques des Princes , les parens font affublés de grands ch.aperons de deuil. Cette femme étoit affublée dans la cappe pour n'être pas connue. Il y a de bons auteurs qui prétendent que le mot d'affubler n'efl plus en ufage que potir lignifier fe couvrir, le vêtir, lans avoir égard à la tête. Au moins eft-il certain qu'are affublé fe trouve pour être couvert, être vêtu. Le moindre de leurs valets Eft affublé d'écarlaîte. Main; O qu'il efl indignement Affublé d' une /butane ! Id; Nicod dérive ce mot de infula j, qui lignifie une an- fcienne coiffure, On dit encore en Picardie, dejultr ; pour dire , fe décoiffer, ôtcr fon chapeau. Du Cange le dérive de Affihulare j mot de la balle latinité qui vient defibula: c'étoit une boucle , ou agrafte fervant à attacher les habits longs qui couvroient & envelop- poient tout le corps; comme on a dit clavi. Se lati- clavij des vêtemens honorables ainlî attachés. C!3" On s'en fert plus ordinairement avec le pronom per- fonncl. S' affubler d'an manteau. On dit au figuré , s'affubler de quelqu'un ; pour dire , en être coiffé & entêté. Effrrijludio alicujus viri aut rei. Les difciples de Platon etoit affubles des opinions de leur maître; Les gens foibles le laiilcnt aff^ubler par des directeurs &.'par des flatteurs. Ce mot, en quelque fêns qu'on le prenne , ne le peut dire qu'en raillant , ou dans le ftyle familier. AFFUBLÉ, ÉE. part. Qui efl couvert, qui eft enveloppé de quelque voile, de quelque habillement. Opertus 3 amiclus , involutus. îp" AFFUSION. f f En Pharmacie, eft l'action de verfer une Hqueur chaude ou froide fur certains médicamens. Les infiifions & préparations de certaines lubftances , doivent fe faire de cette façon pour n'en pas dilîiper les parties volatiles. . AFECT. f m. Machine de bois fervant" à foutenir le ca- non , où à le ttanfporter ailleurs. Tormenti bellici lignea compages , pes jfukimentum jfeffbulum , vekieulum. Vaffut d'un canon de navire , ou de cafemate , con- fiftc en deux roues fans rais, d'une leule pièce de bois. L'affût d'un canon qui va en campagne conlifle en deux Tome l; A F I 147 fortes roues, qui portent deux longues & fortes pièces de charpente, qu'on nomme /a/^z/c^j dans lefquelles eft comme enchâlfé le canon, qui fe meut fur les tou- lillons comme lur un centre en équilibre. On y ajoute un avant-train compofé de deux moindres roues , quand on le fait marcher. Les mortiers ont auifi leurs affûts, dont les roues font comme celles des canons des vaif- leaux eu des cafemates. Affût de bord, eft le nom qu'on donne aux affûts des canons qui fervent fur les vailfeaux. Affût Jurc. Les affûts des canons Turcs font différens des nôtres, en ce que les roues des premiers font plei- nes , & que celles des nôtres font à jour , & liées par des rayons qui vont du centre à la circonférence. Le Dicfionnaire militaire exphque mal cette différence. Affût, en termes de C halle, eft un lieu caché, où l'on le met avec un fulîl pour attendre le gibier au palfige, Venatoris 3 infidiA , f^ecula. On va le foir à l'affût , & le matin a la rentrée, IfT On dit figurcment & proverbialement , qu'un hom- me ell à l'affût i pour dire, qu'il eft au guet, qu'il épie l'occafion de fiire quelque chofe , de parler à quel- qu'un. £//ê infpcculis. AFFUTAGE, f. m. Soin qu'on prend du canon peur le pointer, le difpofer à tirer. Tormenti bcllici ad emif- Jionem comparatio. Affûtage, le dit dans le métier de Chapeher, delà f-açon que l'on donne à un vieux chapeau , loir en le remettant à la teinture , foit en le redrellant fous les plombs, foit en lui donnant le luftre. Affûtage , lignifie aulli la façon que l'on donne aux ou- tils tranchans , en les paflant & aiguifant fur le grès , pour les taire mieux couper. Affûtage , fe dit aulïï chez les ouvriers , d'un alfortifte- ment de tous les outils dont ils ont befoin. Omnia ar- tis alicuj us inflrumenta , fupellex. On ledit encore des pièces qti'on applique aux fontaines jailUffantes pour en diverfiher le jet. AFFUTER. V. a. Difpofer le canon à tirer, le mettre eiî mire. Tormcntum ad emiffionem difponere , librare. Affûter, fignifie auifi chez les ouvriers, aiguifer les ou- tils. Acuere , exacuere. (CT Les Peintres & les Delïïn.iteurs difent aulfi afuter les crayons ; pour dire , aiguifer les cravons. ^3" Affûter , 1e dit mieux des bois & des cravons que des métaux. On aiguile un inftrument neuf, & celui qui a fervi ; on n'affûte que celui qui a fervi. Aiguifer, c'eft donner la forme convenable à l'extrémité d'un inftrument qui doit être pointu. Aff^ûter , c'eft réparer cette forme altérée par l'ufige. ÇCF On dit figurément s'a{futcr,dAns le même fens qu'être à V affût , fe préparer , le difpofer à faire quelque choie, épier l'occafion. Ils s' affûtent "pouï nous jouer quelque tour. Il eft très-familier. AFFÛTÉ , ÉE. adj. On dit qu'un artifan eft affûté de tous fes outils , quand il a près de lui tous ceUx dont il a be- loin pour travailler, Comparatus ab omnibus injiru' mentis , ab omni artis fuppelleclïle. Affûté, fe dit auilî figurcment d'une perfonne qui eft venue préparée ik. diipofee à dire ou à faire quelque choie. Ils étoient trois ou quatre Juges affûtés pour Elire gagner le procès à cet homme-là. Nicod dérive tous ces mots de fujlis ■, bâton. AFFÛTIAU. (. m. Terme populaire, pour lignifier , ba- gatelle ^ brimborion 3 affquetj Sec. A F I. AFICHIER & AFICHER. Vieux mot, qui veut dire, attacher, mettre Ion application. Celui qui en tréfors 5'afiche. R. de la R, Le cuer ejl /wa/ affiché. AFIERT, Vieiix mot , qui veut dire , convient , appartient: Voye:; Borcl, Nicod, le Songe du Vcrdier, & les Sca»- ces chrétiennes, où il eft dit : Faites à mon ncr^ l'honneur Qui afieit à tel Seigneur: Tlj Î48 AFR Borel dk qu'affenir veur dire appaiteiiir. AFILIATION. Foye^ Affiliation- AFILIER. royez Affilier. AFIN- Coiijondlion qui dénote rintention, & fignifie , pour , à dellein. Utj ad. Elle cil toujours luivie d'un de y ou d'un <^ue. Quand elle clt luivie d'un de, elle régit l'infînitit. Cet Abbé prêche afin d'obtenir un Evê- ché , afin de parvenir a l'épifcopat. Et quand cette con- jontlion eil luivie d'un que , elle régit le lubjonctif : afin que vous y mettiez ordre. Afin que je voie la fin ans accomplis. Les règlemcns pofterieurs reculent de bcaiîcoupce temps. Ilctoitcnbas<î^e. Il étoitmineur. JEt on dit à la Chancellerie, lettres de bénéfice &âgc : ce font les lettres d'émancipation qui aftranchillent un mineur de la puillance d'un tuteur, & qui lui don- nent pouvoir de jouir de fon revenu, de Icn bien : on ne les obtient guère avant ^âge de 1 8 ans. Dans les Maîtrifes des Eaux & Forets , on appelle \âge du bois , ou ujance de bois , le temps qu'il y a •qu'on a coupé an tailhs. L'Ordonnance veut que dans Ja coupe des taillis on laiile f eize baliveaux par arpent de l'Ji^d du bois , pour croître en haute futaie. Un chêne à cent ans , eft en âge de conlîftance, c'eft-à-dirc, il ne croît plus. Âge , en termes de chaffe , fe dit de la connoiirance qu'on a AcVâge des cerfs par l'ouverture de la tête , par la groffeur du merr.iin, par les rayeures plus crcufes, par les perluresplus grolfes, par les andouillers plus près des meules , par la largeur du talon du pied de devant , &la petitefle du pied de derrière, &c. ÂGE,fe ditaulîl en termes de Manège, de la connoil"- fance qu'on a de \'âge du cheval par plulîeurs mar- ques , comme les dents , les coins , le germe de lève , &c. deforre qu'on dit qu'il efl hors d'âge,quand il ne mat que plus , c'eft-à-dire , quand il n'a plus les marques dont on vient déparier. Âge, le dit aufli du lait des nourrices , & c'eil: le temps qui s'eft écoulé depuis que la nourrice a été en couche. Quel âge a votre laie ? On ne doit point faire de dif- ficulté de donner deux nourrices à un enfant, pourvu que ^âge des laits Se des perfonnes ait quelque rap- port. ÂIart Dijc, fur les dents. En Atlronoifiic, ïâgeA:: la lunefigniSe les jours qui fe font écoulés depuis fa conjonèlion ; autrement , le quantième de la lune. En Chronologie, on appelle ^Age du monde , le temps qui s'efl écoulé depuis (a création. L'incar- nation eft arrivée en l'an 3 947 de \'âge du monde. On peut réduire les ditférens âges du monde à trois prin- cipales époques. L'âge de !a Loi de la natiue, depuis Adam jufqu'à Moyfe: Vâge de la Loi jutqu'à Jesus- CHRisT-.hiiTe de la Loi de grâce, depuis Jes us-Christ jufqu'à préfent 17(^9. Le premier û,<^e eft, félon Da- vid Ganz & la Chronologie des Juifs, de 1447 ans ; félon ScaUger de 24^1 -, félon le P. Petau de 245; ; fé- lon Jacques Cappcl de 2501 -, félon Louis Cappel de 2508; félon Ullérius de 2515 ; félon Salien de 2543 ans. Le fécond âge eft, félon Génébrard de 1420 ans; félon Ufférius de 1 49 1 ; félon Jacques Cappel de 1 498 ; félon Scaliger de i foS; félonie Père Petau de 153 1 5 félon Louis Cappel de i f57i félon Sahen de 19^9", iV i'clon Ganz & les Juifs de 13 li , ou environ \ car ils AGE favent peu l'année de la naillance deJESus-CHRisr: ils varient fur cela , comme on le peut voir dans les obîervations de Vorftiiis fur l'ouvrage de David Ganz, & ne marquent point cette époque dans leurs Chro- nologies. Le trciiième âge eft de 1769 ans. LesChro- nologiftes ne conviennent cependant pas fur cela. Le P. Petau croit que Jesus-Christ eft né quatre ans avant l'ère commune , & par conféquent il augmcn.te le troifième âge de quatre ans. Marcus Anton. Capcl- lus l'augmente de cinq;Baronius & Scaliger de deux. Le P. Pagi croit qu'on ne peut rien déterminer de cer- tain fur cela: je crois qu'il fe trompe, & qu'il eft sûr que l'i-re commune s'accorde avec la véritable ère de Jesus-Christ. Les Romains diffinguoient en trois âges tout le temps qui les avoit précédés, h'âge obl- cur , ou incertain , qu'ils étendoient jufqu'au temps d'Ogygès Roi de l'Attique , tous lequel arriva le_ dé- luge en Grèce: Vâge des fables , ou des héros, jufqu'à la première olympiade: & Y âge de l'hifloire , qui com- mence à la fondation de Rome. -Depuis plufîeurs âges, c'eft-à-dire, depuis plufkurs ficelés. C'efl un homme de tous les temps tk de tous les âges ; pour dire , qu'il a la connoiflance de toutes les F^iftoires anciennes &c modernes. Chez les Poètes les quatre âges du monde font les flècles d'or, d'argent , d'airain & de fer. Foye-^ Ovide au premier Livre des Métamorphof es, & mieux encore F4éfîode , dans fon Poëme intitulé j'ip?» *i ">£- f>^' y Opéra & dies , v. 108 & fUiv. C'eft le premier. Se celui qui a le mieux décrit ces quatre âges. On a fait dire à Saturne: Je veux donner un nouvel âge au monde. Lesjiècles les plus beaux ne durent pas toujours ; Je veux j pour le bonheur de la terre & de l'onde > Des ans C des Jaïfons renouvellcr le cours. P. DU Cerc Lïs Indiens comptent auflî quatre âges , depuis le commencement du monde. Le premier , qu ils nous reprefcntent comme un fîècle d'or , a duré , difcnt- ils , i72Soooans. C'çfl: alors que fut formé le L-iea Brame ; les hommes étoient d une taille gigantefque. Les mœurs étoient innocentes; ils étcient exempts de maladie , & vivoient jufqu'à 4Q0 ans. Dans le fécond âge , qui a duré 12^)6000 ans, font nés les Rajas. Le vice coinniençr à fc glifler dans le monde. Les hom- mes vivoient jufqu'à 300 ans : leur taille n'étoit pas Il grande que dans le premier âge. Le troifième a duré 8064000 ans : le vice augmenta beaucoup , auiii ne vécut-on que loo ans. Le dernier âge efl: celui cùnous vivons , & où la vie de l'homme eft diminuée des trois quarts. Le vice a pris la place de la vertu, û'c. ils pré- tendent qu'il s'en eft déjà écoulé 4027195 ans. Let- tres éd. ÂGÉ, ÉE. adj. Qui a atteint un certain âge, un certain nombre d'années. Il «'««? Virilis yflrenuus , d'où vient que les Latins l'appeloient Strenua. A'>ii«5'y>ja. Viri- litas ,Jirenuitas. Les Romains l'invoquoient pour avoir du courage. On lui oppofoit Vacuna j Décile de la Farellc. AGENOUILLER , S'AGENOUILLER, v. réciproque. Se mettre à genoux. Cenua Jubmittere , tleâcre j, Vij î^6 AGE ponere genua. Quelle impiété de s'agenouiller devant des Dieux qu'on traîne captifs en triomphe! Abl an c. On fit Agenouiller tout le monde. Tout le monde s'a- gcnoudluS agenouillera ditauilides chameaux & des cléphans , qui s'agenouillent^ quand ils voient qu'on les veut charger ,^ afin qu'on le puilïe taire plus facilement. AGENOUILLÉ , È£. part, qui s'eft mis à genoux. Geni- bus nixus , Aftans in genua. AGENOUILLOîR. f. m. La cliofe fur laquelle on s'a- genouille , que l'on met fous fes genoux, peur ne les point falir , ou pour être plus commodément quand on s'agenouille. Pulvinum , pulvillus , pulvinar. Les Wufulmans portent toujours avec eux un petit tapis ou natte de jonc , qu'ils appellent Ségédiah , ou Ségédieh , & qui leur lert à'agenoullloir quand ils font les cinq prières auxquelles ils font obligés chaque que jour. d'HERBELOT. il eft fiimilicr. AGENT, f. m. Terme de Phyfique , donc on fe fert pour délîgner tout ce qui agit , tout ce qui opère. yigens. Les agens naturels agiilent toujoursde la même Manière. L'agent & le patient font des termes oppo- Ics. L'agent cft la cauf e qui opère : le patient eft le lu- jet fur lequel elle opère. Il ohfeiye étonné que de la même argile , Dont notre feu mortel fin un vafe fragile ^ Le feu de la nature j inimitable agent , forme i comme il lui plaît y de l'or ou de l'argent. Perrault. Agent , fignifîe auffi celui qui eft commis peur faire les affaires dun Prince , de quelque corps , ou de quelqu'un en particulier. Procurator. Dans cette acception il eft fynonyme de député, ou Procureur fondé. Un tel eft Agent de fon chapitre , de fa communauté. Ménage le dérive du mot Agens j qu'on trouve en cette fignihca- tion dans le Code Théodoiien. L'Agent du peuple Ro- main, Magiftrat de Rome. ^CT En matière de négociations , c'eft celui qui fait les af- faires d'un Prince à la Cour d'un autre Prince lans aucun caradtère public. Il ne jouit pas des privilèges des Amballadeurst^ des Envoyés. ^,?e«rdesSuilles. Agens de change & de banque ^ font des Officiers éta- blis dans plufieurs villes de commerce , qui s'entre- mettent entre les marchands, négocians & banquiers, pour faciliter leur négoce de lettres & billets de chan- ge, & le débit de Icius marchandifes en gros: auquel cas on les appelle aidii Courtiers. A P.aris il y ^o Agens de banque , & courtiers de marchandifes de drap de l'oie, de laine, de toile, &c. qui furent créés en titre d'office par Charles DC , en Juin 1 572 , dont le nom- bre fut fixé par Henri IV en i J9J. Ce nombre a fort varié depuis. Ils font un corps qui élit fes Syndics. Ils ne prennent plus la qualité de courtiers ^ mais feule- ment celle à' Agens de change. Leur droit eft un quart pour cent , dont la moitié cft payable par celui qui donne fon argent; & l'autre par celui qui le reçoit , eu qui en fournit la valeur en lettre de change. Dans les villes où ils ne font pas établis en titre d'Office , ils font choiiîs par les Confuls , Maires & Echevins , devant lefquels ils prêtent tennent. Les Agens de change ne peuvent être banquiers , &" ne peuvent por- ter bilan fur la place, où ils doivent avoir un livre pa- raphé d'un Conlul, cotté Si. numéroté, par l'ordon- nance de 1675. On appelle Agens généraux du Clergé j les deux cccléhaftiques du fécond ordre , choihs pour avoir foin des affaires du Clergé , par les deux provinces eccléfîaftiques qui font en droit de les nonuner. Le Clergé ayant été averti par fes Agens. Agent, & Patient j fe dit dans le droit coutumicr d'An- gleterre, de celui ou de celle qui fe donne quelque chofe foi même, de forte qu'il eft tout à la fois, & celui qui donne la chofe , -^ celui à qui elle eft don- née , ou qui la reçoit. Par exemple , quand une femme .s'allîgnc a foi-mcme fa dot fur le plus bel héritage de fon mari. Harris. ^■5" Le P. le Moine qui a employé ce mot au fémijiin , en dilant les agentes des Rois ^ a fait de très-mau- vais vers en très-mauvais francois. AGG CCf AGÉOMÉTRIE , ou AGÉOMÉTRÉSIE. Défaut ou ignorance de Géom.étrie, qui fait qu'on s'écarte dans quelque chofe des principes & des règles de cette fcience. Encyc. Ip- AGÉRATOÏDE. AGÉRATOÏDES. Efpèce déplante qui polte fes ff eurs lur une petite tète , faite en forme de demi-globe. Ces llcurs ionr compolées de fleurons d'une feule feuille \ les femences qu'elles produifenr , (ont couronnées par un anneau membraneux, &: tien- nent au fond dun calice qui elf à nu. Encyc. AGERATUM. C'efl: une plante qui pouire beaucoup de petites feuilles oblongues , dentelées , éparfes fur la terre, d'un goût tirant fur l'amer; fes Heurs font pur- purines , chacune eft un tuyau évafé par le haut: cette plante vient dans les montagnes , &c lieux pierreux. Ce nom vient de r^p«f vicillelle , & de 1'* privatif; parce que la Heur conferve fa couleur , ik. ne relient point les effets de la vicillelle. ce? AGÉRONIA /■-^ovc-yAngerone. 1^ AGÉSILAÛS. Premier nom de Pluton. AGETORIES. f. f. pi. Fête dont il eft fait mention dans Héfychjus, qui ne dit rien de la Divinité en l'honneur de laquelle on l'avoir inftituée. Il eft vraifemblable qu'elle étoit confacrce à Apollon , & que c'étoit la même que célébroient les Lacédémoniens fous le nom de Kapïîia ,puifque Héfychius affure que cette dernière portoit aulîi le nom d'A'jH/o^.'a. Azhéncc ,(Deipnofoph. /. ^.)& Euftathe , (ad Ilad.u) nous apprennent que cette fête lutainfi nommée , parce qu'on imitoit en ce jour la manière de vivre des fcldars, rpanM-rixat ùyuyÀy. On pcurroit encore dire c^ue c'étoit Vénus que' l'on honoroit dans cette fête ; car les Grammairiens nous apprennent que fon prêtre le nommoit «-,«'7«(> dans Tile de Chypre. AGG. AGGEE. f. m. C'eft le nom du dixième des douze pe- tits prophètes , qui vivoit feus Darius , lîls de Hyf- tafpe , Roi de Perf e , &c. AGGERHUS, AGGERHUSLOT. Forterelle de Nor- vège. Aggerhujla. Elle eft fur le golfe d'Anfloye, vis- à-vis la ville de ce nom. Le gcuverncmcnt A'Aggerhus. Province de Nor- vège , qui s'étend beaucoup du feptentrion au midi , entre les gouverncmens de Bahus, de Bergen, «Se de Dronthen , la Suéde Ik le Catégat. Anllo en eft la capitale. Hors ce qui eft fur la mer , tout le refte eft hcrillé d'affieules montagnes nommées Dofra-Biela. AGGIUL FELLANOS. Petite ville autrefois épifcopale. Philomelium. Elle eft dans l'Anatolie vers la f ource du Madré. ce? AGGLOMÉRATION, f. f. Terme didaflique qui délign.e un allcmblage par pelotons. gC? AGGLUTINANS. Voyei Aglutinans. §Cr AGGLUTINATION. Voye^ Aglutination. AGGOUED-BUND. f. m. C'eft la meilleure des fîx fortes de foie qui te recueillent dans les états du Mogcl. AGGRANDIR. Voye-^ Agrandir. AGGRANDISSEMENT. roye^ Agrandissement. AGGRAVANT, ANTE. .idj'. Qui aggrave , qui rend plus odieux, plus coupable. Les crimes font plus eu moins grands, félon qu'il y a plus ou moins de cir- conftances aggravantes. Il n'eft guère d'ufage que dans cette phrale, ou phrafes femblables. AGGRAVANTE, LE. part. patl'. /^oyf^AcCRAVANTE. AGGRAVANTER. /^ej Accravanter. AGGRAVE, f. m. ou AGGRAVATION, f. f. Terme de Droit Canonique. Ceniure eccléliaftique , qui menace qu'onfulmincra l'excommunication après trois moni- tions ou avertilîemens de fe foumettre a l'Eglile , & d'exécuter ce qu'elle a ordonné. Comminatio gravio- ris pana per cen/'uram infiit^enda. Faire fulminer un aggrave. Quand il eft nécetHrire de palïcr julqii'à \ ag- gravation ^ ik cala réaggravation, c'eft-à-dire, à la der- nière excommunication , ce qui ne fe fiit qu'après trois publications des monitoires, il faut ui:e permif- tion du JnL;e l.uquc.l.ms laquelle l'Oflicial, eu le Juge cccléfiaftique ne peut ordcrj'.cr l'aggravation j ik h AGH reaggip.vatioii. Le curé ne peut publiei l'aggravation {ans un ordre de l'Oriicial. Les Auteurs qui ont traité de l'excommunication, ne (ont pas d'accord fur la ditt^rcnce qu'il y a entre la ienrence d'excommunication & Xaggrave & le réag- grave. H y en a qui prétendent que l'excommunica- tion & les aggraves & réaggraves , ne lont au fond PjU'une même cenlure, &cue toute la différence qu'on y peut remarquer , c'cft que les aggraves ik réaggra- graves le prononcent avec certaines cérémonies capa- bles de jeter la terreur dans l'anie du pécheur. Les au- tres dilent que , luivant l'ancienne dilcipline de l'é glife , l'excommunication ne privoit que de la com- munion intérieure de l'hglile, c eft-à-dire, de la par- ticipation aux facremens , au faint tacrilice , aux li;f- hages de régli(e& aux mérites des juftes; tk que {'ag- grave interdiloit à l'excommunié le commerce de la vie civile avec les fidèles \ & que le reaggrave défen- doit aux fidcles de communiquer même dans les cho- fes profanes avec celui qui étoit excommunié & ag- gravé; ainlî l'aggrave & le réaggtave éroient comme de nouveaux degrés d'excommunication qui augmen- toicnt les peines extérieures a l'égard de l'excommu- munié qui perliftoit opiniâtrement dans la défobéif- fance. Se qui failoient qu'il paroiiroit plus éloigné de l'Egliie, ik qu'il devenoit plus qu'il n'étoit auparavant, un objet d'horreur & d'abommation pour les fidèles, & c'ef^ ce qu'on noramoit anatkémc. Dans le dcilein de donner plus de terreur aux pé- cheurs, ti'de leur faire connoitre l'importance de cette nouvelle cenlure , on pubhoit l'aggrave au fcn des cloches avec des chandelles allumées , qu'on étei- gnoit , qu'on jetoit par tene & qu'on fouloit aux pieds, avec des cercueils qu'on expoloit dans l'égiile, & avec d'autres cérémonies lugubres &terribles , qu'on obfervoit diverfement félon les diftérentes coutumes des provinces. On publioit le réaggrave avec les mê- mes cérémonies , & on y en ajoutoit d'autres encore plus effrayantes, /'ove:^; les Conf. d'/\ngers. Dans le diocèfede Paris Se dans quelques autres , on joint à la Sentence d'excommunication portée en con- séquence d'un moratoire, un aggrave ik anïca.se,]:Mc. Mais M. Eveillon , en fon Traite des Excommuiuca- ■lions & Monitoircs j remarque fort bien que cette pra- tique eft inutile & contraire à l'ordre de l'Eglile. /oj'. les Conf-éraices d'Angers. Je fuis convaincu que (uivant l'ufage d'aujourd hui , l'aggrave n'ell: qu'une lulmina- tion de la Sentence d'excommunication. AGGRAVER. V. a. Augmenter , rendre plus grief.- Ag- gravare y prdgravare. Le mariage & les vœux aggravent le péché de luxure. La violence aggrave le péché du raviffeur. Pour aggraver la choie , on eut beloin d'y donner un tour criminel. Madame Du Noyer. Aggraver. Porter , prononcer un aggrave. Nous excom- munions, &c. en laquelle excommunication, s'ils crou- piffent iix jours, par ces préfentes nous les aggravons. Sentence de rOfliciahté de Paris. AGGRA'VÉ, ÉE. part. Rendu plus grand, plus grief qu'il n'étoit. Aggravatus. Son crime eft aggravé ^^z toutes ces circonftances. AoG-tAvÉ. Ce mot iignifie auflî appefanti. Aggravé de vieilleire. Montaigne, p. 314. Là dejfus achevant fon femme , Et les yeux encore aggravés. La Fomt. Aggravé, adj. Celui contre qui on a prononcé un ag- grave. Nous vous mandons de notre part & autorite , de les traiter comme aggravés. Sentence de l'Ofiicia- liaté de Paris. AGGRÉGATION. T^oye^ Agrégation. AGGREGÉ. f. in. F'oye'^ Agrégé. AGGRÉGER. Foye- Agréger. AGGRESSEUR. />'o>er Agresseur. AGGUERRIR. Foye^ Aguerrir. AGH. AGHA. Foye:ç AgA. AGHAIS. Terme de Coutume. On A\x.,ïn3Xc\ïè^aghais. C'cll un marché ouïes termes du payement & delà Uvfai- AGI 157 fou font déterminés, deforte que celui qui fouhaite en profiter, doit <2^Aeire/-j ou aguefter, gueller &obfcrver le jour du terme, &:ne le point lailler écouler (ans avoir préalablement livré, ou payé, & au refus de fa partie , conligne en Juftice & fait ilgnifier. P\ye^ Galland , dans (on Traite du Franc-aleu , de la dernière édition. AGHIRLICK. (". m. Terme de Relation. Préfent& com- pliment que fait a. une parente du Grand-Seigneur celui qui lépoufe. Munus verhis officiofis ohlatum. Lorf- qu'un Bâcha époufc une fœur , Une fille, ou une des proches parentes du Grand-Seigneur, fi avant les épou- (ailles elle lui envoie demander de l'argent , des pier- reries ou quelque autre choie de prix, il faut qu'il lui porte tous cesprélens avec un vi(age riant, ^^ un bcali comphment au bout, c'eft ce que les Turcs appellent Aghirlick. A. D. S. M. Ces gens mariés aux parentes du Sultan ne peuvent avoir d'autres femmes. Ce font les plus miférables e(claves du monde. Le Sultan le (ert (cuvent de ce moyen pour abaiifer les plus hautes tètes de la Porte. Id. A G L AGIAHALIDi f. m. C'eft le nom d'un arbre grand com- me un Poirier (auvage , qui croît en Ethiopie & en Egypte, & dont parlent Profper Alpin & Charles Bau- hm. Il eft peu ramcux, épineux, >1- i'emblable au Ly- cium. Ses feuilles fonr fiites connue celles du buis i mais plus larges év' plus éloignées les unes des autres. Ses rieurs (ont en petite quantité, blanches , iemblables à celles de lajacinte, mais plus petites. Il leurfuccède de petits fruits noirs qui approchent de ceux de l'hyè- ble, d'un goût ftiptique tirant fur l'anis. On prétend que (es feuilles aigrelertes & aftringentes font bomies pour faire mourir les vers. Foye-:{^ encore Lémeri. AGIAM-OGLAN. f. m. Terme de Relation. On appelle Agiam-Oglans les jeunes elclaves que les Turcs pren- nent à la guerre, ou qu'ils achètent des Taitares,ou les enlans des Chrétiens qu'ils peuvent ravir à Tàgc de dix ou douze dus. Le nombre de ceux qu'ils enlèvent ainlî de la Morée & de l'Albanie , (c monte tous les ans à près de deux mille. Les mieux faits (ont placés dans le grand Sérail du Sultan , & les autres dans des Sérails de moindre conféquence. Rigaut dit que les Agiam- Oglans différent des Tchoglans ^^n ce que ceux-ci font employés à des fonCl:ions plus élevées, & ceux-là à des emplois plus bas. /'^ove:;r AgÉmogian. AGIA PARASCÉVE. Nom d'un fauxbourg de Conftan- tinople, dont il n'eff féparé quepar un petit golfe, qui (ert de port à cette ville. Cuhus Canopi. AGIASME. f'. m. Cérémonie que les Chrétiens Grecs ob- fervent le premier Dimanche de chaque mois pour k bénédicl:ion de l'eau , dont ils font des afperfions fur le peuple. Ils ne bénillent pounant pas l'eau dans le mois de Janvier, & remettent la bénédiction du premier Di- manche de Septembre au quatorzième jour du même mois. AGIDIES. f. m- pi. Nom qu'on donnoit aux Prêtres de Cybéle , comme qui diroit Joueurs de gobelets , fai- fcurs de ces tours de pafle-paflc , pour avoir de l'ar- gent. '^fJ" AGIGENS ALON , ville de la Turquie, fur la route de Conftantinople à Ilpahan. On y voit un Caravcnfeiai & une belle Iviofquée. AGILE, adj. m. & h Léger, difpos, & qui parladifpolî- îion de (es membres fe remue, & agit avec facilité, avec fouplelle. Agilis. Ce baladin eft zïcs-agile. Les cerfs font des animaux fort agiles. Agile. Nom propre. Foye:( Ave. AGILEMENT, adv. D'une manière agile , d'un air fou- pie & difpos. Avec agilité. Agiliter. AGILITÉ, f. f. Légèreté , fouplefié , difpofition au mou- vement dans les membres ou parties deftinées à être mues. Agiliîas. Il danfe , il faute avec grande agilité. Les lièvres ne (auvent leur vie que par leur agilité.Le laifan a bien moins d'agilité dans Ion vol que le hé- ron. Quelques Auteurs s'en fervent auùi figurémenr: il avoir une grande agilité d'elprit. Cet exemple n'eft pas à fuivrc. 1^8^ AGI AGITE, EE. parc. Ag'uatus. AGILOSINGUE. f. m. & f. Anciens Guelphes. Nom de la famille régnante autrefois chez les Bavarois. Agilo- Jlngus , a. De même que les Lombards avoient parmi eux la tamille appelée des Guningucsj, d'où ils tiroicnt leurs Commandons, les Bavarois dans le même temps avoient les Agilo/lngues ou Guelphes. M. de S. Au- bin. Dans les- Loix que Thierri, hls de Clovis donna aux Bavarois, il y a un éloge de la famille des AgUo- Jinguesj ou anciens Guelphes. Id. p. 2 0-j. not. AGIO. f. m. Terme de Banque. Daiîs les villes de com- merce où il y a des banques établies , le mot è:Agio exprime le change , ou la difrérence qui fe rencontre entre l'argent ou moniicie de banque, & l'argent cou- rant, en monnoie courante & de caille. Ce terme a été tiré de l'Italien: il fignific Aider , Comme qui diioic , fervant à Eiciliter le négoce de la banque & du chan- ge. L'Agio de banque cfl: variable dansprelque toutes les places. A Amfterdamil eft ordinairement d'environ trois ou quatre pour cent; à Rome de près de vingt- cinq fur quinze cens; à Vcnife de vingt pour cent iîxe. Agio , fe dit aulli pour exprimer le profit qui revient d'une avance que l'on a hrite pour quelqu'un ; deforte qu'en ce feus les mots à' Agio ik d'Avance font fynonymes ; & Ion s'en fert parmi les Marchands & Négocians , pour faire entendre que cen'efl: point un intérêt, mais un profit pour avance dans le commerce. Ce profit fe compte ordinairement fur le pied de demi pour cent par mois ; c'cft à-dirc , à railon de fix pour cent par an. On lui donne quelquefois le nom de Change , quoi- que ce terme n'y ait pas beaucoup de rapport. Agio, fe dit encore, mais improprement , pour fignifier le change d'une fomme négociée, (oit avec perte, loir avec profit. Dicl. de Commerce. Agio. Quelques-uns appellent Agio d'affurance , ce que d'autres nomment Primée ou Coût d'ajfurancc. f'oye^ Prime d'Assurance. AGIOGRAPHE. f. m. Qui a écrit touchant les Saints. Auteur Agiographc ^ Auteur qui a écrit iurles Saints, ou la vie des Saints. On doit écrire Hagiographe, parce que ce mot vient de "V-s Sainte Ik de >/>aÇ!iï , écrire. Agiographes. adj. m. pi. Terme théologique. Nom que • nous donnons à une partie des livres de l'Ecriture , que les Juifs appellent Chetuvim j & par lequel nous ex- primons ce luot Hébreu. Agiograpka. Les Juifs divi- lent les livres facrés en trois cialfes. La Loi , qui com- prend les cinq livres de MoyIe. Ceux des Prophètes , qu'ils nomment Neviim : & les Agiograpkes j qu'ils nomment Chetuvim j c'eft-à-dire , écrits. Ces livres Agiographes lont les Pleaumes , les Proverbes , Job , niel, Efdras, les Chroniques, que nous appelons Pa- ralipoméncs i le Cantique des Cantiques, Ruth, les Lamentations de Jérémie , l'Eccléfiafce , & Eilher. Les Juifs appellent ces livres écrits par excellence , parce qu'ils ont été écrits par l'infpiration du S. Elprit , dit Kimhhi dans fa Préface iur les Pleaumes , ALaïemoni- des , More Neh. P. II. C. 4s • Se Elias Levita dans fon Thishi a h. la diclicn 2nD. Us les dilHnguent pourtant des Prophètes , parce que leurs Auteurs n'ont point ap- pris du S. Efprit ce qu'ils contiennent par la voie qu'ils nomment Prophétie ^ ^ qui conhfle en longes , vilîcns, paroles entendues, extales, ou ravillemcns, mais par une fimple inJ'piration & direction de cet Elprit Saisir. f'''oye^ le Thefaurus Pk'dologic. de Hottingcr , Z. //. C. I. Seci, III. la Critique de Pfeifter, C. i. n. 7. Si- mon , &c. Ce mot vient d'£;"i,faint j & de y fo^V'', J'écris. Les Agiographes lont des écrits faints, ou lactés. Ce nom eft fort ancien. S. Jérôme s'en eft fouvent lervi. Avant lui S. Epiphane appeloit ces hvres fimplement rfaçtia, qui répond plus précifemcnr à l'Hébreu DiTiriD , &: il n'y ajoute rien. Cependant 1'"'-, 1« n'a point été mal ajouté , & eft renfermé dans l'idée du mot hébreu , com.me il paroît par ce que nous avons dit. AGICLOGIQUE. adj. Ce terme eft nouveau , mais il manquoit à la langue trançoile ; & comme il eft formé luiv-uit l'arialogie de cette Langue, il a été re(;U auili- AGI tôt qu'il a paru. Il fignifie , difccurs qui concerne les Saints, & les choies laintes. Agiologicus. M. l'Abbé Chaftclain a intitulé : Vocabulaire agiologique j fon Recueil de noms de Saints, contenant principalement ceux que l'ulage a éloignés de leur origine , & ceux qui s'expriment diverlemenc Iclon la di\ erfité des lieux. C'eft un lavant catalogue, imprime au-devant du Dic- tionnaire étymologiciue de AL Ménage , à qui l'auteur l'avoit adrellé. Ce mot eft formé de deux mots Grecs â'jiot, yTii/zfj & Aojot , difcours. AGIOS. 1. m. Terme populaire , fous lequel on com- prend tous les menus aftiquets & parures affectées des femmes du commun. On dit à Paris en fe moquant des colifichets d'une femme : ce font ag'ios de mariée de village. Ce nom eft purement Grec, & lignifie Saint. On l'a pris des Orientaux , qui font fort tuperftitieux peur les cérémonies &pour les ornemens , parce qu'ils ont toujours ce mot d'agios en la bouche. Peur la même raifon il lignifie quelquefois admiration , exciam.aticn , parce que les Grecs le dilent par admiration & en ex- clamation , dans l'étonnement & la lurprile , comme nous dilons , bon Dieu ! grand Dieu ! Quand je lui ai appris cerre nouvelle, il a tait cent agios. Mais il n'eft que du ftjle familier. AGIOSIDÉRE. {'. m. Il y en a qui difent Agiojldire. Chez les Grecs, qui lont fous la domination des Turcs, l'u- fage des cloches étant dcfendu , on le fert d'un ter avec lequel on fait du bruit pour alîembler les fidèles à lE- glife, & ce fer s'3.-p^c\\eAgioJidére; quelques auteurs l'appellent Sementére, Magius donne la delcription d'un agiojîdére qu'il a vu : il dit que c'eft une lame de fer large de quatre doigts, & longue de feize , attachée par le milieu à une corde qui la tient fufpendue ; on frappe fur la lame avec un marteau de fer pour faire du bruit. Lorfqu'on porte le Saint Sacrement aux malades , celui qui marche devant le Prêtre porte un agiojîdére , fur lequel il frappe trois fois de temps en temps , comme on fcnne ici une clochette en pateille occalîon. Gn porte \ agicfidére devant les Prêtres qui portent le S. Sacrement aux malades , pour avertir les palîàns de l'adorer. Les Agiqfîdéres qui fervent à alîembler les fidèles , font attaches à une chaîne à la porte de l'Eglife. En frappant delfus de certaine manière avec un niartcau de fer, ils rendent un fon qui a quelque harmonie. Ce mot eft Grec, il veut dire , fer faint, ou facré , étant compofé d'^y"!,Jaint , & de .rAlBii/.fi KAI MAAAXBHA.Q UATPs;. IS 0hOI2. C'eft-à-dire , à Aglibole^ & à Malachhelus j Dieux du pays. Vollîus croit que ce nom eft fo/mé de ces trois mots Arabes. VaVy JK, ag al hal ^ c'eft-à-dire, mot, à mot, pone fuper corde y appliquez-vous, fai- tes attention : nom qu'on aura donné à ce Dieu , pour marquer que Dieu voit tout, qu'il fait attention à tout; ou bien qu'il fiut penfer continuellement à Dieu. Ce font-là des les Conjeétures de Voffius. Voici cel- les de Selden dans Ion livre de Dûs Syriis Syntagm. II. c. /. Il prétend que Aglibolus ^ s'eft tait dAgli- balus j & celui-ci èî Agalïbalus , qui vient originaire- ment ^Aghol-Baal , c'eft-à-dire , VyV Vuy , qui li- gnifie Dominus rotundus j ou circularis , ou volubi- lis , le Seigneur tond , ainli que dilent dans Cice- ron, Liv.II , delà nat. des Dieux , ceux qui croient que Dieu eft le globe du monde •, que cette étymo- logie convient à ce que rapporre Hérodien , que la figure de ce Dieu étoit une grolFe pierre ronde par en bas , & qui fe rerminoit en pointe. Un autre Auteur veut que Agal ZJiZrf/lîgnifie le Dieu de l'univers , parce que l'univers eft rond: il dit que c'eft ainfi que les Hébreux & les Phéniciens ont appelé Uitn,BaalScha- main , ou Balfemin j le Seigneur du ciel. Un Savant a dérivé ce nom du Grec "o'^" lumière , éclat, fplen- deur, & /!a\AM, je jette ^ comme ii Aflilolus vouloir dire, le Dieu jette Iplendeur. Mais outre que cette étymologie ne s'accorde guère avec la manière dont Aglibolus eft écrit dans l'inlcription que j'ai citée, il n'eft pas croyable que le nom d'un Dieu Palmy rien ait été Grec. Il doit être fyiien , & le nom de 1 autre Dieu qu'on lui joint dans l'inlcription , Malachbelus j en eft la démonfttation. Sauinaiie dans fes notes fur l'Au- rélien de Vopifcus, rP. 5 5 , dit qu'avec l'inlcription donc j'ai parlé, on a les figures de ces deux Dieux, tous deux de forme virile, ayant les cheveux frilés, & que l'un a fur l'épaule une figure de la lune , des cothurnes aux pieds , & un javelcr en main ; & que pour lui , il ne doute point que Malachbelus ne loit le loleil, & Aglibelus la lune \ qu'il n'eft point rare dans l'an- tiquité de faire la lune un Dieu , & non pas une Déelfe. Selden, au contraire , croit que Aglibelus eft le foleil; que lagroiîe picrrequi reprélentoit ceDieu, eft le lym- bole de cet aftre , parce c}u'il eft rond , & que le feu le termine toujours en pointe. Enfin on ajoute que Agli- bolus eft toujours nommé le premier, & qu'ainfi il pa- roît que c eft le foleil. Au refte, ajoute encore Selden, comme on a fait de Aghol-Baal, Aglibolus , on en a fait aufiî Alagabale , & Héliogahale ; c'eft du nom dr^ ce Dieu, que l'Empereur Elagabale , qui étoit d'Emeife en Syrie, avoit pris le fien. AGLIE. Château de Piémont. Aglia. Il eft dans le Ca- navois : il a titre de Marquilat, &: donne le nom à une des plus anciennes & des plusilluftres mailonsde Piémont. AGL 10. La Cara d'^^/io. Nom des ruines de l'ancienne ville àAl^dum. Elles font dans la Campagne dePto- me 5 près de Frcfcati , fur la montagne A'Aglio , & proche du bois qu'on nomme la Selva d'Aglio. fsT AGLUTINANT, Il vaut mieux écrire AGGLU- TINANT, adj. pris fubftantivemcnt en Médecine. Les Agglutinans font la plupart dune nature vilqueufe, Hc prennent facilement une confiftap.tt gommeule. D'où leur vienc leur nom, formé ^ad & gluten, glu. Ce lonc des remèdes forcifians , donc l'effec eft de réparer promprcmenc les pertes , en empâtant les fluides , Se en s'attachant aux folides du corps. Encyc. SfT Parmi les Agglutinans j il y en a qu'en applique extérieurement, comme la plupart des baumes & mê- me plulieurs plantes, d'autres dont lulage eft inté- rieur & extérieur. AGL.UTINATION. f. f. L'aclion de fe coller, de fe con- lolider. ^fJ" Aélion de réunir les parties d'un corps fé- parées par une plaie, une coupure ou d'autre façon, du verbe Aglutinare , coller, lier, conlbhder. Les par- ties des dents étant une fois divilées , ne fe réunif- fent jamais ; foit parce que les vailfeaux qui s'y dit- tribuent, ne font pas dilpolés de manière à fournir un fuc fuflilant & capable ^ aglutination ■ loit parce que leur propre fubftance eft trop ferrée &compad:e, pour lui donner palFage, ou que d'ailleurs le mouve- ment^ l'air & les matières qui les touchent, font au- tant d'obifacles qui concourent encore à s'oppoler à la réunion de leurs parties divifées. Chirurgien Den- tifte. (^ AGLUTINER. v. a. Terme ufité en Médecine pour exprimer l'aéticn de réunir, de conlolider les parties du corps divifées par quelque accidenr. Aglutinare. Voye\ Aglutination. AGLUTINÉ. part. C'eft-à-dire, collé enfcmble. Trait, de litolog. & de Conchyliolôg. AGLUTINEMENT. f. m. ik AGLUTINER. v. a. font dans Cotgrave. A G M. CCFAGMAT ou AGMET. Province d'Afrique, fiiifant partie de l'ancienne Mauritanie. Elle comprend uiie partie des collines «Se des vallées du Mont Atlas. sfT AGMAT ou AGMET. Ville capitale de la Province du même nom , au Roy.aume de Âlaroc , fur la pente d'une des montagnes du Mont Atlas. 9 degrés , 29' long. 20 degrés, 30' lac. ^CF II y a auiîi une rivière du même nom. A G N. ACNAGAT. f. m. Dans une contrée de l'Amérique, au- delà de la terre de Labrador, vers liftiimc de L'a- rien , AGN rien , on trouve un arbre de la figure & de la gran- deur du Poirier , toujours couvert de feuilles d'un vert & d'une beauté extraordinaires. Jl porte un fruit femblable à la poire , qui eft vert lors même qu'il eit miir. Sa pulpe eft: de la même couleur , douce , grallb, & du même goût que le beurre. Ce truit palle pour exciter 6c porter violemment à lamour. Dict. de Jam. AGNADEL, ou AGNADELLO. Village du Milanez, en Italie. ^^/zi47a'c-//:/w. Il eft dans la Gierrad'Adda, entre Lodi &: Bergamc. La journée A'Agnadel ^ la bataille A'Agnadcl a rendu ce lieu célèbre. Louis XII y remporta uue grande victoire fur les Vénitiens en AGN AN. f. m. Anianus. Nom ptopre d'homme , qui s'cft formé du mot latin Anianus , Anian ; puis en mouillant 1'« j au lieu d'y mettre un i j Agnan. Il ne faut pas cependant appeler Agnan tous ceux qui s'ap- pellent en latin Anianus. Ce mot n'eil: en ulage que pour S. Agnan ~ Evcque d'Orléans, &: ceux qui por- tent ion nom. S. Agnan , au commcnecment de fon épilcopat, ayant guéri Agrippin, Gouverneur d'Or- léans , il lui accorda la liberté de tous les pritonnicrs , avec lelquels le Saint entra comme en triomphe dans Orléans i & c'eft: là , dit-on , l'origine du privilc^- qu'ont les Evcques d'Orléans , de délivrer les prifon- niers dans leur entrée. M. de Cordemoi dit cependant Anian dans fon Hiftoire de France , T. I , p. 1 1 8 & 1 1 Q. Anian , Evcque d'Orléans, qui avoir prévu que cette ville feroir attaquée , l'avoit fait fortifier. . . . Attila faifoit battre la ville de toutes parts; & comme il avoit cinq cent mille hommes , il y failoit donner des alT^ruts ii continuels , qu'après une réliftance in- croyable , que l'efpérance d'ccre Iccourus avoit fait faire aux aiîiégés , ils perdirent enfin courage , & en- voyèrent Anian au camp des Huns demander miié- ricorde. Cordem. Mais l'utage eft: de dire Agnan. Agnan étoit natif de Vienne , & de noble race. Fleury. D'ailleurs ce n'eft pas la coutume de tourner en ian les noms latins terminés cnianus. Ainli nous dilons, Tertullien, Cyprien, Gordien, Volullen , &c. & non pas Tertullian, Cyprian, &c. comme on faifoit au- trelois. Les autres Anianus doivent s'appeler Anicn. Anien Moine d'Egypte , Anien Diacre de Célcde , Anien Jurilconlulte du temps d'Alaric, Anien Abbé de Cartel , &c. & non pas Agnan. ifT AGNANIE. Ancienne ville épifcopale d'Italie, pro- che de la voie latine , dans la Campagne de Rome, patrie du Pape Boniface VII, où i] tut fait prifonnicr par Nogaret. AGN ANO. Les Bains d'^^;zû/20.Bagnid'^^n^wo.^/z/iî«.« Thernid. Ce lieu eft: dans la terre de Labour, au royaume de Naples, entre Cumes & Bayes. Les cz\x\à' Agnano lont fort renommées Se fort fréquentées. Le lac à'A- gnano eft un lac de la terre de Labour, dans le royau- me de Naples. Lacus Anianus. Ce lac n'eft pas éloi- gné de Naples. Il eft tort profond &i plein de lerpens. Près de ce lac eft la caverne du chien : ii l'on y tair entrer un chien, ou quelque autre animal, il eft:, dit-on , tout- à-coup futfoqué & perclus de tous Tes membres; mais fî on le jette dans l'inilant dans les eaux du lac Agnano , il revient lubitement en Ion premier état. On l'appelle caverne du chien , parce que l'on fait communément cette épreuve fur un chien. Agnano , eft encore un lieu de la Terre d'Otrante , au royaume de Naples : il eft à deux milles de Nardo, en tirant à peu près vers le couchant. tCT AGNANS. f. m. pi. Terme de rivière. Morceaux de fer en triangle , percés par le miheu , qui fervent à river les clous à clains qui entrent dans lacompofitiond'un bateau foncet. Encyc. AGNANTHE. f. m. Efpèce de plante dont Vaillant fait mention. Ses fleurs font placées aux extrémités des ti- . ges & des branches en forme de grappes. Chaque fleur, qui reflemble bcucoup à celle de l'Agnus- caftus , forme un petit tuyau, dont le bord antérieur eft divilé pour l'ordinaire en portions inégales , trois fupérieures difpofées en forme de trèfle, & trois infé- rieures, dont celle du nùlieu eft la plus grande des Tome I, AGN i6i fîx, & les deux latérales les plus petites. L'ovaire naît du tond du calice qui eil découpé. Cet ovaire elt ar- raché au fond du tuyau de la fleur, & lorfque celle-ci eft tombée, il fe change, à ce que rapporte Plumier, en une baie qui renferme une leule iemence. Le mot Agnanthe ell: dérivé du grec àVos, chajle , &ii:it! , fleur ., à caule que la fleur de cette plante reflemble à celle de I'Agnus-caft:us. AGNAT. i. m. Agnatus. Terme de Droit. Ce nom fi- giuhe les mâles delcendans de même père , mais dans une autre hgne , où li l'on veut, les collatéraux del- cendans par maies d'une même touche matculine. Tous les biens qui appartiennent au Prince de Salm & aux Rheingraves , ik. Valgraves tés agnacs. Traite de Risv/xcH. arc. XXVI. M. le Cardinal de Furtfemberg jouira avec tes agnats ôc cognats & domeftiques , ou ayans caute, d'une pleine amniftie, (S'c. Ib. Arc. XLIII. Le gn te prononce comme en latin agnus. AGNATION. t. f. Terme de Jurilprudence. Agnatio. Le gn le prononce comme dans agnat. C'eft:, telon le Droit Romain, lehen de confanguinité entre les mâles delcendans de même père ; comme cognation eif le 1 lien de parentage entre les maies & les femelles en- lemble defcendans auiîi de même père. On doit ob- terver qu'il y avoit cette ditréience entre \ù. cognation ^ Se l'agnation ; c'ell que la cognation étoit le nom uni- verfel tous lequel toute la famille, & les agnati eux- mêmes , étoient renfermés ; &c que ï'agnation étoic une efpèce particulière de cognation, qui ne compre- noit que les delcendans par le lexe nialculin. Par la Loi des 1 1 cables , les femmes étoient appelées à luc- céder avec les mâles , fans diftinéfion de texe , & félon leur degré .de proximité. La Jurilprudence change.x dans la fuite, & parla Loi F^oconia^ les femmes fu- rent exclues des privilèges de ï'agnation , à moins qu'elles ne fuflent dans le degré de confanguinité ; c'eft-à-dire, excepté la fœur de celui qui étoit mort ah-intcjlat. De-la vient que les delcendans en hgne matculine étoient teuls appelés agnati ; & en vertu de Vagnation ils iuccédoienc, à l'exclutlon des delcen- dans en ligne féminine. Justinien, //2/?. Zir. ^ T. i S , aboht cette diftinélion, & rétablit les femmes dans les droits de \' agnation .^çnicnc qu'abrogeant cette diftc- rence, il ordonna qu'indiif inctement , toit maies, tbic femelles, tous les defcendans du côté paternel vien- droient à la luccellion, fui vaut l'ordre de leur proxi- mité; d'où il s'entuit que ï'agnation eft reftreinte aux parens paternels, & que la cognation s'étend auili aux maternels. Les enfans adoptits jouillaiait aulîi des pré- rogatives de ï'agnation, que l'on appeloit civile à leur égard, par oppotition à ï'agnation naturelle. Grotius a obtervé que dans la Famille Royale de France on fuie ï'agnation j en n'admettant que les mâles defcen- dus des mâles , de branche en branche. AGNATIQUE. adj. Qui concerne les Agnats. Le choix que les Rois de Rome faifoient des Sénateurs , prouve que cette dignité ne dépendoit point d'une tuccelllon li- néale & agnatique ; c'elt-à-dirc, en ligne matculine. De Vertot. AGNEAU, f. m. Jeune animal engendré d'une brebis d'd'un beher. Le petit du bélier & de la brebis. ^-^^«:^j. Agneau de lait. Laclens. Après tix mois il devient be- her, ou brebis, fi c'eft une temefle : mouton , s il eft châtré. La plupart des Parilîens prononcent anneau. Mais il faut nécetraiiement dire i7^«t<2z^j enconfervanc M\gn, le l'on qu'il a dans ignorant , & on ne doit pronon- cer i7«neattj qu'en parlant d'une bague. Restaut.Lc P. Bu{îier,jP. i^S defaGr. F. i/z-/^. i7i4,ditquerulage femble partagé; que les gens de lettres prononcenr plus fouvent agneau , &les perfonnes delà Cour plus tou- ventanneau. Il faut croire que M.Reftaut, qui avoitliï cette remarque , a eu de bonnes raitons de n'y pastout- crire,& que ton f entiment conforme à celui de tant d'au- tres doit prévaloir. Quoi qu'il en loit,il faut faire lentir le g en parlant de l'^^/?ei7« Pafchal ^ que les Juifs man- geoient en mémoire de la délivrance que Dieu avoit pro- curée à leurs pères , & qui devoir être immolé vers la fin du quatorzième jour du mois de Nitan. Ils le man- gcoient foleimcllement avec clés pains fans levain , Sc X i6z AGN des iaimes (auvages , à l'encrée de la nuit. Ancienne- . ment le clergé de la cathédrale de Martciile oblervcu la coutume toutes les années, de manger un agneau rôti le jour de Pàquc , en mémoire de la iolennité de la fête de la rélurretiion de N. S. J. C. Cette cé- rémonie le pratiquoit après avoir chanté Tierce; & pendant le repas , le lecteur liioit le premier Livre des Morales , & le dernier de 1-a Cité de Dieu de S. Au- guftin , qui traitent de la rcllureétion de nos corps. Il m'a été impolîlble de l'avoir en quel temps cette cou- tume fut lupprimée. Les Armemens en pratiquoient encore une prefque lemblable l'an ij6o; carie jour de Pâque ils pendoient au nulieu de leur é^lïie un agneau rôti , dont l'Eveque revêtu de les habits pontificaux , le clergé ik. le peuple , mangeoient chacun un mor- ceau ; mais peu-à-près elle fut abolie par un de leurs Evèques, qui avoir été rcngieux dans Tordre de S.Do- minique. De Ruffi. Hijl. de Marf. Autrefois on bé- nilloit le jour de Paque pendant la ivielîe i Agneau Pafcal que l'on devoit manger, comme il paroit par la vie de S. Uldric , Evêque d' Ausbourg. On ne fait plus cette cérémonie pendant la Me lie dans les com- munautés anciennes où elle le pratique encore , comme dans l'Abbaye de S. V'icloràl aris,oùon le bénit dans le réfedoire, & on le mange à dincr. La diminution du nombre des bêtes à laine a tou- vcnt obligé de défendre Fuingc de lachair des agneaux. Charles IX le défendit en i J63 , & Henri III en 1577. De la Mar. Le Koi le défendit auiiî en 1714. Ce mot v\e.n\ ^ç. anniculus , car il perd ton nom, dès qu'il a patlc l'année ; ou d'^f»» en Grec , qui iîgnilie la même choie. Varron dit que les agneaux fevrés font fujets à mou- tir de chagrin. Cum depulfi funt agnl à ma tribus j aihïbcnda efi cura ne dcfidcno fcncjcant. C'ell pour cela qu'à un homme qui fe conlumoit à la Cour l;uis avancer, on donna pour dcvile un agneau , avec ce mot, Dcjîderio Jencfcic. Agneau , fe dit tigurément de Thomme d'une hu- meur "rrès-doucc , même des animaux appri'.oilés. Jé- sus-Christ s'eil laillé conduire à la more comme un agneau. Ce cheval, depuis qu'il e(t dompté, etl un agneau j il eft doux comme un agneau. Agneau , en termes de Blaton , eft l'hiéroglyphe de l'homme paifible , hmple & dcbonnaire , qui a le cœur ouvert & franc. Les iléguiers portent d'azur au che- vron d'or accompagné en chef de deux étoiles de même, & en pointe d'un agneau d'argent. Entérines de Blafon on donne le nom à' Agneau Pajchal, à ce- lui qui tient une banderole. Agneau de Scythie. f. m. Agnus Scythicus. En Lingue barbare, Barometr , Beremcr^, ou Boromei^. Cette plante eft fort célèbre parmi les Nâturaliftes. Voici la defcription qu'en a lait Jules-Cétar Scaligcr. Cet ar- briilcau de Tartaric croit principalement dans le Zauol- han. Il eft liant d'environ trois pieds. Il reftemble à up. agneau par les pieds , les onglets, les oreilles &la tcte , fi on en ex'cepte ks cornes , à la place delquelies il a une touffe de poils. Il et^ couvert d'une peau lé- gère dont les habitans le Icrvent pour taire des bon- ' nets. On prétend que la pulpe intérieure de cette phir.tc relFcmble à la chair de l'écrevifle de mer, & qu'il en fort du lang lorlcu'on y fait une incitions elle eft d'un goût cxtrêmemeiu deux, Se ta racine s'étend tort loin dans la terre: ce qui augmente le prodige, c'eft qu'elle • tire, dit-on, ta nourriture des arbrilfeaux qui lent aux environs, mais elle périt loiiqu'ils meurent, ou qu'on vient à les arracher. Quelques- uns ont cru que cette plante étoitunZ't.j'ï, qui lignifie combat, jeu public & facré, parce qu'anciennement il y avoit ce jour-là un combat de chars. AcotiA^-E. Agonalis. Eftauflî unadjedif, ou une épithète qui fe donne aux Saliens, ou Prêtres que NumaPom- pilius confacra au Dieu Mars , fiirnommé Gradivus y & qu'on appeloit aufli Palatins , ou Quirinaux. Les Saliens Agonales étoient au nombre de douze. 11 fem- ble que l'analogie demanderoit qu'on dit les Saliens Agonaux j plurêtt qa Agonales ; cependant les Dic- tionnaires mettent Agonales. Au refte, ces Didtionnai- res fe trompent, lorsqu'ils en font un fubftantif. Je ne crois pas qu'on dife Agonales tout fcul, comme on ne dit point Palatins , ou Quirinaux leuls ; mais Sahens Palatins , Sahens Quirinaux , Sahens Agonales ^ ou Agonaux. Agonales Salii. Rofinus , Liv. IIL des An- tiq. Rom. ch. 33. les ^.'p^eV^o. Agonenfes S alti. On àon- noit auflî cette épithète au mont Quirinal , qu'on ap- pelle quelquefois le niont Agonale , mons Agonalis • autre preuve qu' Agonale eft adjetlif. Le Cirque ^^0- nale étoit où eft aujourd'hui la place Navone. AGONE. f. m. Agon. Nom qu'on donnoit au Sacrifica- teur qui frappoit la viètime. Avant que de donner le coup, il demandoit au peuple, Agon , pour Agone? le ferai-je ? C'eft-à-dire , frapperai-je î C'eft de-là qu'eft venu ce nom. AGONIE, f. f. Extrémité de la maladie , où la nature fait fon dernier effort contre le mal qui menace de morr. On ne le dit qu'en parlant de l'homme. Extrême mo~ rientis anguftia ^ extrema corporis animic^ue collucla- tio. Ce malade a été trente heures à l'agonie. Ce mot vient du grecà-,co» , certamen. Il n'y a pas un plus grand combat que celui de la mort contre la vie. Agonie, ie dit figurément en Morale, d'une grande peine d'elprit, des grandes inquiétudes, ou des grandes an- goilTes. Angor. Cette nouvelle a mis fon elprit dans une mortelle agonie. La vie des pauvres efclaves eft une longue mort , ou une agonie continuelle. Paso. Ils allèrent a la montagne des Oliviers , ou après qu il eut fouffertune rude agonie ^ il fut pris pour être expofé à tous les opprobres. Agonie , fe dit auiîî dans le ftyle enjoué , des tourmens que l'amour fait fouffrir. Philis me met à l'agonie. AGONIENS. f. m. pi. C'étoient les Dieux qu'on invo- quoit lorfqu'il s'agilfoit de quelque entreprife impor- tante. /-OVCÇ Agonius. AGONISANT, ANTE. adj. Qui eft à l'agonie. Morie/rj-, Agens animam. ^CF 11 eft agonifant. il eft auili fub- ftantif, prier pour Icsagonijans. La confrérie des^^^o- nifjns. La confrérie des Agoni/ans a été inftituée par les Pères Auguftins , fous le nom de S. Nicolas de To- lentin. La contrérie des Agonifuns porte un lac blanc avec une mofette violette , fur laquelle il y a un écuflon repréfentant la Nativité de Notre Seigneur. Une des principales obligations des confrères des Agonifans y eft de prier & de faire prier Dieu pour ceux qui font condamnés à mort par la Juftice , afin qu'ils puilîenc faire une bonne mort; La veille de l'exécution ils en donnent avis à plufieurs Monaftères de Religieufes , afin qu'elles fe mettent en prières pour le mêmefujer. Le jour qu'elle le doit faire, ils expoient le Saint-Sacre- ment dans leur Eglile , où ils font célébrer un grand nombre de Méfies pour le criminel , pour lequel le Sair,t-Sacrcment eft toujours expofé , jufqu'à ce qu'il foit expiré ; & le Dimanche fuivant ils dilent l'Office des Morts dans leur Eglife, S<.y font célébrer plufieurs Melfes pour le repos de fon ame-. AGONISER. V. n. Souffrir l'agonie j être à l'agonie. Cum AGO morte ultimum colluclari. On dit proverbialement, il Te dcbar comme l'ame d'un Sergent qui agonifc. AGONISTARQUE. 1". m. C'étcitun des Omciers qui préfidoient aux exercices des anciens Gymnales. Ago- mftarcha. Il ne fe mcloit que des combats des Athlc- res. Ce n'ctoit point le même que le Gymnaiiarque & le Xyftarque ; le premier tcnoit le rang le plus dif- tingué dans les Gymnales, <^' le Xyilarque occupoit la féconde place. AGONISTIQUE. adj. c^' f. m, ^ f. Jgonlfikus. C'eft Je nom que Donat donnoit à ceux de ta fede qu il envoyoit prêcher ia dodrine dans les lieux voillns & dans les iroires , ainii que le témoigne Optât de Milcve, Liv. III. c. 4. Pour la même raifon on les appela CircuitoresjCir- celliones , CticropuA^ Coropita ; Se à Rome (ur-tout, Montcnfes , Montagnards, parce qu'ils tenoicnt leurs - allemblees lur les montagnes. Apparemment que Do- nat les appeloit Agonijiiques ^àu motajw'v, combat, parce que c'ctoit comme des troupes qu'il envoyoit combattre , & faire des conquêtes. Ou bien , à ce que prétend M. Du Pin dans les notes iur Optât , parce qu'ils combattoient contre ceux qui vculoient défen- dre leurs biens contre leurs violences. Car ils en exer- cèrent beaucoup fous la conduite d'Axide & de Falîr , qu'ils appeloient les Chefs , ou les Cdpaair2es des Saints. Agonistique. {. f. L'art Atlilétique, ou des Athlètes. La Icience des combats des Athlètes. La GymnalHque. Agoni(lice , Gvmnajlice. h'AgoniJlique avoit des luix bien lévères pour les Athlètes. C'eft au'.lî un livre, un traité , un ouvrage fait lur cet art. U Agonijliquc de Pierre Dufiur eft un lupplément de la Gymnaftique de Jérôme Mercurialis , &c l'on ne lauroit rcfufer à cet Auteur les louanges qui lui (ont dues pour la grande érudition qu'il étale dans cet ouvrage. Burette , Acad. des Infc. Agonistique. adj. Qui concerne les combats: exercices agonïfiiques , jeux agonifiïques , en parlant des (pec- tacles des Anciens , où il y avoit des combats de gla- diateurs ou autres. Quelque déférence qu'eulîenr les Grecs pour le jugement des Hellanodiqucs , il airivoit quelquefois dans ces jeux des incidens,qui obligeoient les Athlètes d'en appeler au Sénat d'Olympe , lequel décidoit louverainement de ces lottes d'aftaires ago- nifiïques. Id. Acad. des B. L. T. I. Mém. p. 2j I. AGONIUS. f m. Dieu qui préfidoit aux affaires , aux entreprifcs. Les fêtes qui le nommoient Agonales étoient , félon quelques-uns , les fêtes de ce Dieu. On appeloit aulli adjettivement, Agonïus y o\i Agonaiis diesj le jour auquel on lacrihoitune viêtime Agonale, ou au Dieu Aronius. Ce mot lemble venir du verbe «J.^Oj j'agis. f'^oye\ Agonales. AGONOTHÈTE. f m. Agonotheta. Titre d'un Magif trat qu'on choililloit chez les Grecs, pourpréiîder aux jeitx lacrés : il en iailoit la dépenlc , il declaroit auffi vainqueurs ceux qui l'avoient mérité, & il leur dillri- buoit les prix propolés dans ces jeux. Agonothète vier.t du grec a'>uvii3>etiis , compote du grec a'jw'v, combatif eu facré j & de ^t-r^' , celui qui pofe , qui ordonne , qui rè- gle. On donne encore dans les collèges le nom A' Ago- nothète à celui qui fiit la dépente des prix qu'on dif- tribue aux écoliers, Agonothète perpétuel eft celui qui a fondé les prix. Ex munificentia Régis Chriftidr-tiJJlmi Agonothetit perpetui,&cc. Ce terme, en cette lij;.nih- cation, eft un terme de Collège, & peu François : on s'en fert encore parmi les Antiquaires , aullî-bien que de Athlothète. Dans la balle latinité on trouve quel- quefois Agomotheta j & Agomitheta , pour Lutteur , celui qui combat -, mais c'eft: une impropriété mani- fefte , comme l'a remarqué Bollandus , Févr. T. L p. zoo. & p. 891. f^oye\ Hellanodique , & Athlo- thète: c'eft la même choie. AGONYCLITE. (. m. & f Agoniclites , Agonodita. Celui ou celle qui ne fléchit jamais le genouil. Qc mot eft formé de 1'« privatif , de 5»v<'> le genouil _, & xa/ïw, j'incline j, je fléchis. On donna ce nom dans le VIl^ fiècle, à certains hérétiques qui ne le mettoient jamais A Gr R J6y à genoux , & faifoient toutes leurs prières debout. S. Jean Dam. hérél. 91. AGOi{AN(JME. f m. Magiftrat d'Athènes. Agorano- mus. Il étoit prépolé pour maintenir l'ordre iè la po- lice, afin que tout ce cjui le dcbitoitau marché,fût ven- du tans fraude. Si avec poids & mefure. Cette Ma- giftrature étoit à pcuprcs la même chofe que celle des Ediles Cuiules chez les Romains. Ce ricin eft formé de deux mots grecs, aVii/»«, marché ^ Se ni^-w ,dijlribuer. Ariftote diftingue deux fortes de Magiftrats ; les Agora- nomes j, qui avoient l'intendance tur les marchés ; Se les Aftync.mes,ârvïc^iii, qui avoient le loin des édifices. AGCRÉE. adj. m. & f. Agoritus , a. Du grec A'-)tf=aos formé du mot Agora^ayipa. , qui lignine, marché, place publique. On donnoit cette épithctc aux Dieux, dont les ftatues étoient dans les places publiques. Minerve Agorée étcit en vénération chez les Lacédémcjniens. AGORO. Petite ville d'Italie. Agorum. Elle eft dans le Bellunois , province de l'Etat de Venife , fur la ri\ière de Cordevol, au nord de la ville de Feltry. 1^ AGOSTA, ou AGOUSTE, AUGUSTA. 'Vaille de Sicile, limée fur une grande pretqu'ile, abîmée par le tremblement de terre en 1695. (iC? AGOSTA ou ANGOSTA. île du Golfe de Cataro , au midi de Curfola. Elle appartient a la République de Ragufe. iXr AGOUGES. Rivière de France , qui coule dans l'Au- vergne , & te jette dans la Scuule , avec laquelle elle fe rend dans l'Allier, un peu au-delfcus de S. Porçain. fier AGOUT. Agotus. Rivière de France dans le haut Languedoc qui palfe à Fraille, Bialfac , Roquecourbe, Caftrcs, Lavaur, fe mêle avec le Tarn au dcilous de Rabaftcins, puis elle le perdd.ausleTetconqui fépare le Querci du Languedoc. AGOUTY. rojei Acouti. a' G R. AGRA. f. m. Efpèce de bois de fenteur , qui fe trouve dans l'île defiainan, dépendante de la Chine. fCF AGRA-CARAMB A. Autre bois de lenteur qui vient du même endroit, (S: lur lequel on ne nous inftruit pas davantage que fur l'Agra limple. A.GRA. Agra. Ville du Mogol. MM. de l'Académie des Sciences lui donnent pour longitude loi''. o'. &: pour latitude z8°. 50'. Elle a, félon le P. Gaubil, 94°. i ;'. 33". de longitude, & 16°. 43'. o'. de latitude fepten- trionale. %CT Elle eft capitale d'un royaume de mime nom, qui eft entre les royaumes d^e Delli, deSambal, de Gualcor Se de Bando , fous la domination de l'Em- pereur du Mogol. Elle palfe pour la plus grande ville des Indes. AGRAFE. î. f. Petit crochet fcrvant à attacher des ha- bits , ou quelque autre chofe , Se qu'on fair quelquefois palier dans un anneau qui lui répond, qu'on appelle Porte. Fibula. Cette montre a une agrafe d'argent ; une agrafe de diamans , c'elTà-dire , enrichie de dia- mans. Agrafe, en Architeélure , eft un crampon, ou morceau de fer à crochet, qui fert a retenir les pierres , Se les marbres. tfCT On appelle auifi Agrafe^ en Archited:ure,un orne- ment qui lemble unir plulieurs Membres d'Architec- ture. C'eft encore la décoration du parement extérieur de la clef d'une croifée. ffT Agrafe, en Jardinage, eft un ornement qui Icrt à lier deux figures dans un parterre. ifT Agrafe, en Serrurerie , eft tout morceau de fer qui fert à joindre ou à en accrocher un autre. Agrafe, eft un auifi un terme de Vannier. C'eft un cfier tortillé qui tient le bord d'une hotte, d'une corbeille, d'un panier. Se autres ouvrages de Vannerie. §Cr Quelques-uns dérivent ce mot de l'hébreu cf^n?/'/^, qui lignifie , Fortiter deprchcndit. D'autres le dériven t de griphium , parce que l'agrafe eft crochue comme une griffe. On dit encore en quelques lieux , Agrappe ; Se les Italiens dilènt , Agraparc ; pour dire. Agrafer. Les Anciens l'appeloient Fermail. AGRAFER, v. a. Attacher avec une agrafe , avec un cro- j66 AGR chet. Fibulâfubneciere, ajlringere Juhjlringere. Agra- ferCa. jupe. Agrafe^ ces rubans a cette tapillene. Selon le P. L^hhc^ agrafer 2Lhè fuppofé pour agrifer, la let- tre a donnant plus d'emphale au mot. s'Agrafer, V. récip. fignifie, (éprendre, s'attacher à ce qu'on trouve. Appréhender e j Arripere. Un homme qui le noie, s'agrafe atout ce qu'il peut. Il cft populaire. Danet cait Agrafe 8c Agraphe. Cette dernière fa- çon d'écrire n'eft point ufitee; c'eft cependant la mcil- •feuré, parce que ce mot nous vient de l'héhïcagaraphj <]ui lîgnitie , félon Furetiére , Fortiter comprehendit ; ou félon d'autres , du grec jp-'T". Suivant ces étymolo- gics, on devroit écrire Agraphe, Agrapher: mais l'u- lage ne le permet pas. D'où je conclus qu'il vaut mieux écrire agrafe avec un feul fy qu agraffe avec deux, puifque le phi des Grecs n'a le fon que d'un leul / en François , & qu'il n'en fonne qu'un en ces mots. AGRAFÉ, ÉE. part. Subnexus ^ajlriclus ^fuhjlriclusfi- hula. ^ AGRAIRE, adj. de t. g. Terme de Jurifprudence & d'HiftoireRomaine : du Imnager 3 champ. C'eft lenom général qu'on donnoit aux Loix qui avoient pour objet la diftribution ou le partage des terres conquiles entre les Citoyens ou les Soldats. Lex agraria^ la Loi qui rc- gloit cette répartition ; & agrard y ceux en faveur de qui elle étoit faite. Agripeta. Celui qui demandoit la portion de terre qui lui étoit due fuivant la Loi Agraire. Cicéron, pendant fon Confulat, s'oppofa à la loi li^^rairfijqueRullus , tribun du peuple, vouloir faire palFer. Voye\ fes harangues , De lege Agrarïa contra Rullum. Il y a quinze ou vingt loix Agraires:, dont les principales font, la Loi Apukla, portée l'an de Ro- me 653 -, la loi B&bea ; la loi Caffia, de l'an de Rome ■lG-j\ la loi Cornelia de l'an 673 ; la loi Flaminia, de l'an 5Z5; la loi Flavia ; la loi Julia^ de l'an 691 ; la loi Liciniay de l'an 377; la loi ^/ztz Licinia ; la loi Livia : la loi Marcia ; la loi Rubria , portée après la prilc de Cartilage ; deux \oï^' Sempronia , de l'an 610 ; la loi Serviliaj de l'an 690 j la loi Thoria ; la loi Titia. fer AGRAHALID. Plante d'Egypte & d'Etliiopie. Ly- cio affinis jEgyptiaca. Arbre de la grandeur d'un poi- rier fauvage , peu branchu, épineux, relïemblant au lycium. Sa feuille eft plus large & plus rare que celle du Buis, dont elle ne diffère guère d'ailleurs. Les fleurs blanches , petites & rares. Les fruits noirs approchant de ceux de l'iiieble , & d'un goût ftyptique amer. Ses feuil- les donnent une décoélion qui tue les vers. %fF AGRAMONT , ou AGRAMUNT. Agramontium. Petite ville fituée en Efpagnc, dans la Catalogne, fur une montagne , entre Lorida &: Sollone. AGRANDIR, v. a. rendre plus grand, plus étendu. Au- gere 3 amplificare. Le Roi a. agrandi Verlailles. Ce Par- tifan a bien fait i7i7r £Z/2(/ir fa maifon, fes jardins. Clau- dius agrandit aulll la ville de Rome, fuivant la cou- tume ancienne , qui doime cette permiffion à ceux qui ont agrandi l'Empire. IAgrandir, fe prend aulîî pour faire paroître plus grand, fans augmenter véritablement la grandeur, ni donner d'accroiirement réel. Comme par le moyen des microf- copes , nous multiplions les corps les plus fimples , & agrandiffons les plus infenfibles ; de même par le moyen des lunettes nous approchons de nos yeux les objets les plus éloignés. P. Le Comte, Agrandir, fe dit figurément en Morale i & fignifîe, ren- dre plus grand en honneurs , en crédit , en fortune ; élever dans le monde à un état plus confidérable. Les Princes agrandirent qui ils veulent. Le P. Le Moine a dit : La grandeur du péril agrandit leur audace. Mais augmente feroit mieux. Il fe dit aulll avec le pronom petfonnel -, foit au pro- pre , les héritages s'a^randijfent par alluvion ; foit au figuré , dans les occahons de s'agrandir j il n'eft prefque point de lîdéhté qui foit à l'épreuve. Patr. On ne îe pouiTe, & on ne s' agrandit dans le monde que pour AGR augmenter l'idée que chacun fe forme de foi, Nicol. Agrandir, fignifie aullî exagérer, amphfier. Dicendo amplificare. Vous avez bien agrandi fa faute par vos dilcours. Exagérer efl le vrai mot. Exagérer l'énormité d'un crime, fç? On fe fcrt à' agrandir 3 dit M. l'Abbé Girard, lorf- qu'il eft queftion d'étendue ; & lorfqu'il s'agit de nom- bre , d'élévation , ou d'abondance , on fe fert d'aug- menter. On agrandit une ville, une cour, un jardin. On augmente le nombre des citoyens , la dépenie , les revenus. L'on dit qu'on agrandit fa maifon quand on lui donne plus d'étendue par la jonélion de quel- ques bâtimens faits fur les côtés : mais on dit qu'on l'augmente d'un étage pu de plufieurs chambres. En agrandiffant fon terrain , on augmente^ fon bien. Le nc\\sn' agrandîtes domaines, qu'en reflerant ceux du pauvre. Le pouvoir n'augmente jamais que par la di- minution de la liberté. Les Princes s'agrandifjent en reculant les bornes de leurs états , & croient par-là augmenter leur puiirance. AGPiANDI,IE. part. Auclus ^ amplificatus. AGRANDISSEMENT, f. m. Augmentation , ce qui rend une chofe plus grande. Amplificatio , Incrementum. L'agrandiffement d'un parc, d'une ville. fCT On le dit figurément de l'augmentation & de l'accroiffement en biens , en fortune. Il doit l'agrandiffement de fa fa- mille à la faveur de ce miniftre, Cromwel n'avoir de Religion & de fidélité , qu'autant que fes vertus pou- voient fervir à fon agrandijjemcnt. I?ouh. ^fF Le déiir de l'agrandiffement caufe dans la politique la circulation des états , dans la police celle des con- ditions, dans la morale celle des vertus ôc des vices, & dans la phyfique celle des corps: c'eft le retrorcqui fait jouet la machine univerfelle, qui feroit Agre- vain. Mais ce Saint eft le kulpour lequel il faille ainli changer le nom Agrippa. Pour tous les auues qui l'ont porté , il faut retenir en françois la forme latine. Ainli l'on dit, Agrippa dit à Paul; peu s'en faut que vous ne ne me perluadiez d'être chrétien. Acl. XXVI :, 2S. Augufte honora deux fois du conlulat Agrippa , hom- me d'alfez balfe condition, mais habile dans le métier Àz la guerre, & qui avoir eu beaucoup de part aux viclioires du Prince. AGREZ. Foyfij; Agrets. |Cr AGRI, ou ACRI. Agrïus ou Aciris. Rivière du Royaume de Naples , qui a fa fource dans l'Apen- nin, coule dans la Bafilicate , & le jette dans le golfe de Tarenre. $C? AGRIA. Rivière de la haute Hongrie-, qui a fa fource dans le Comté de Honr, palfe à Agria j fepare ce Comté de Hewetz, jufqu'à Ion confluent avec la Theillc. tfJ" Agria. Ville épifcopale de la haute Hongrie, (owi la Métropole de Strigonie , avec une bonne citadelle. Les Allemands la nomment Egcr. AGRIA, ou AGRIE. f f.Eft une efpèce de puftulc maligne, ou de dartre dont il eft tait mention dans Celle , qui en diftingue de deux clpèces. La première , dit il, eft tort petite , tk. rend la peau rouge & rude , fans la corro- der beaucoup. Elle eft un peu plus unie vers le cen- tre , que vers fes bords , & ne s'étend que fort lente- ment. Ces puftules font d'.ibord de figure ronde, & AGR confervent leur rougeur. La leconde efpèce de puftule, eft appelée aV/"» par les Grecs. Elle irrite non-feule- ment la peau, mais y caule encore une corrollon & une rougeur conlidérable , qui eft louvent luivie de la chute des poils. Dict. de James. ^^fT AGRICOLE, f. m. Vieux mot, lynonyme de labou- reur. Agrïcola. AGRICULTURE. L î. Art de cultiver la terre, de U rendre fertile , de iaire venir les fruits & les plantes. AgricuUura. On le dit aulîi de toute l'économie d'un ménage champêtre. Virgile a donné de belles leçons lur l'agriculture. Le Théâtre d'agriculture enfeigne tout le ménage de la campagne. Les Conluls Romains le font louvent occupés a l'agriculture. Les auteurs qui ont écrit de l'agriculture , lont Caton, Varron , Col- lumella , Falladius , Conftantinus , Célar , Baprifta Porta, Heresbachius: en Itahen, Giov. Tatti: enEl- pagnol, Alphonle Herrera: en François , Charles Etien- ne , & Jean Liébault -, le Théâtre A' agriculture d'Oli- vier de Serres, & de Pierre de Croilcens , dit le bon Ménager, que je trouve aulii nommé Pierre Crcjcen^i, Petrus Crefcentienfis. Il étoit Sénateur de Boulogne, & après avoir été employé en plulieurs ambalfadeSjOU légations , il compofa en allez mauvais latin un traité aai^riculture à la prière de Charles , Roi de Jérulalem & de Sicile , auquel il le dédia au commencement du XV. Siècle. De AgricuUura , omnihufque plantarum & animalium generibus , L. XII. Ce traité lut im- primé en 1558,3 Bâle, par Henri Pierre , fur des exem- plaires écrits du temps de l'Auteur. U a été traduit d abord en italien, enfuite en françois: il y en a plu- lieurs édirions. Pierre Bellon a fait aufti un traité du Labeur de la campagne, qui eft très-inftrucl:il. Clufius l'a traduit en latin , & l'a inféré dans les œuvres de Botanique. La Quintinie a fait l'inftruéfion pour les jardins fruitiers & potagers; c'eft un excellent ouvrage. Le Jardinier Solitaire , par le Frère François Chartreux , eft un livre eftimé. Louis Liger a imprimé un Diciion- naire général des termes propres.à l'agriculture j,3i Pa- ris, 1703. in 12. Vinct, la mailon champêtre , les Dé- lices de la campapgne , à Panj 1662. Chomel, Dic- tionnaire économique, lont encore des auteurs à'ai^ri- culture. Voyc^ de plus les Tranlaéfions Philofophi- ques, T. II, pag. 748 & fuivantes j & cidellous aux noms Jardin, Jardinier, Fleur, & Fleuriste. §Cr AGRIE. Sorte de dartre. Voye~ Agria. AGRIER. C. m. Vieux terme de Coutumes, qui fignifie , champart, ou teaage, lelon B agneau. Ce droit eft plus ou moins fort, fuivant les diftérentes coutumes. Voy. Champart. AGRIÉRE. {. f. Terme de Coutumes. C'eft un droit que les Seigneurs perçoivent en certaines provinces fur les terres labourables. Selon Ragueau, c'eft la même chofe qu'AoRiER. Agrarium. ifT AGRIFFER, s'AGRIFFER.v. récip. S'attacher avec les griftes à quelque chofe. Arripere ^Jiringere ungui- bus. Les chats s'agriffent aux meubles , à la tapilferie. AGRIGAN. Nom d'une des iles Mariannes ,^^^ri^-'iî/2i//7z, Xaverionefus.^a latitude eft de 19°, 40'. Elle a feize lieues de circuit , & eft diftante de l'ile Pagon de dix lieues. C'eft l'île de Saint François Xavier. P. Mora- les , jeyi §3" AGRIGENTE. Ancienrne ville de Sicile. Son ancien nom éroit Omphace. Les Latin: la nommoient Agri- gentum _, & les Grecs à',pa>a! , (oit à caufe du mont Agragas fur lequel elle étoit bâtie, foit à caule du fleuve Agiagas qui couloit au pied de la montagne. AGRIMENSATION. f. f. Terme de Droit. Signifie ar- pentement &c mefurage. Dict. deFerriére. ^^ror^w menfura. 03- AGRIMINISTES. f m. &f Nom qu'on donne aux ouvriers & ouvrières qui façonnent les agrémens dont les femmes ornent leurs robes. CCT AGRIMONOÏDE. f. 't.Agrimonodeïs. Genre d'her- be dont la fleur eft en rôle, & dont le calice devient un fruit lec. La fleur & le calice font enfermés dans un autre calice découpé. Le premier calice devient un fruit ovale i£riv ew Kif f>oSnviS tif 01 tU ai v.itVi affm ùt'! ^î i) 'Svx.lijjHit. Et où il faut lire , îVoi Ti's^a. xiT^ot. xyp'""'"' J'( Xj Ki;kt1£j3i'(iiî. Aiiiii il ne faut pas traduire , comme a fait Amyot : & pourtant ne voit -on jamais es facrifices & cérémonies de Ju- non à Athènes , ni de Venus à Thcbes , du herre fau- vage; mais bien en voit-on es lacrifices qui fe font de nuit. Il falioit ôter fauvage , & dire , mais bien en voit-on aux Agrionies, &aux lacrifices qui ic font de nuit. AGRIOPHAGE. f. m. & f. Jgriophagus. Qui vit de bêtes féroces ou fauvages. Ce mot eft grec, compolé de «>/>(«, fauvage , féroce, &f 'Vk , auiîî grec , qui lignifie un filet pour prendre des poillons. AGRIPPINIEN , ENNE. f. m. & f. Nom de feue. Agrippinianus , a. Peu après le commencement du lU^ liècle, vers l'an 217. Agrippin, Evêque de Car- thage, s'infatua du dogme de la rébaptifation des hé- rétiques j ou de la réitération du baptême conféré par les hérétiques. Il ne fe contenta pas de penler ainfi , il voulut introduire ce dogme dans l'Eglile , & pour cela il allembla un concile des Evêques d'Afrique &' de Numidie, (?c l'y fit décider. Il fut donc l'auteur de l'hé- réhe des Rebaptilans , & c'elf pour cela qu'on donna à ces hérétiques le nom à' Agrippïniens. Foye'^ Saint Cyprien, Ep.ji. Baronius & Sponde, à l'an 117 de J. C. AGROPILE , AGAGROPILE. Foye^ Egagrgpile. AGROTÈRE. adj. f. Terme de Mythologie.Surnom de Minerve , que les Athéniens regardoient comme la proteèfrice de leurs campagnes. Agrotera. On faifoic tous les ans en l'honneur de cette Décife un facrifice de cinq cens boucs, lelonXénophon. {Expedit. Cyrl} Voici à quelle occaiion ce lacrifice fut établi. Darius, roi des Perfes , ayant fait une irruption dans l'Attique, Callimaque, qui failoit alors l'office de Polémarque, fit vœu à Minerve, que li les Athéniens, lous fa pro- tection, lemportoient la vitT:oire , on lui immoleroic un nombre de boucs égale à celui des ennemis qui refteroient fur le champ de bataille. Minenx reçut fa- vorablement la prière de Callimaque , ôc procura la vièloire aux Athéniens. Mais le nombre des ennemis tués dans le combat fut fi grand , que les Athéniens ne purent trouver alfez de boucs ëc de chèvres pour acquitter leur vœu. Cependant, afin que la Déeflc n'y perdit rien , on fit une loi qui portoit qu'on immole- roit tous les ans cinq cens de ces_ animaux , jufqu'à la concurrence du nombre des Perles qui avoient perdu la vie dans cette célèbre journée. Potterus , Ar- chuol. Gr&c. L. 2 iC. 20. AGROTÈS, f. m. Terme de Mythologie. Nom d'un Dieu particulièrement révéré des Phéniciens. On le portoit en proceftîon le jour de fa fête, dans une ni- che couverte fur un charriot traîné par différens ani- maux. AGROUPER, GROUPER, v. a. L'un & l'autre fe difenc en termes de Peinture. Voye-[ Grouper. AGU. |p°AGUANA. Royaume. Voye\ ko^k^h. AGUAPA. f. m. Sorte d'arbre des Indes occidentales ; dont l'ombre eft (\ dangereufe, que s'il arrive à quel- qu'un de s'endormir fous cet arbre, il enfle , dit-on , d'une manière extraordinaire. AGUARAPONDA./.f. Viola fpicata Brafiliana. C'eft une plante du Bréfil, haute d'unpied & demi &plus, qui pouflc une tige lillc, ronde, verte, «Se pleine de i^yo A G U nœud'; , de chacun defquels loitciir quaae ou cinq feuilles étroites , ciénelées , ponicues , vertes & iné- gales. Le fommet de fa tige clt chargé d'un épi long ">"', femme. C'eft le nom de certains hérétiques qui parurent vers la fin du Vir ficcle,lan 694. Us ne le marioient point , prétendant que Dieu n'étoit point l'Auteur du mariage. C'eft ce qui les fit nommer Agynnïens. AGYRTES. f. m. pi. Surnom des Galles, Prêtres de Ci- bèle : il lignihc7o«e//rj de gobelets , qui font des tours depalfe-palle , pour attraper de l'argent. A H. AH. Interjection qui fort à marquer la joie , la douleur , la furprife, l'amour , & plufieurs autres aftedtions de l'ame, &c. Ah\ Proh! Ah que cela eft beau! Ah mon Dieu , que je fouftre ! Ah fi je te prends ! Cy gît ma femme , ah! qu'elle ejl bien^ Pour fon repos & pour le mien. Hk uxor jacet : ô faclum benè ^ uterque quiefcit. Illa quiefcit humi j dum requiefco domi. fd* AH-AH. Terme de jardinage. Foye-^ Haha. AHALAB, ou ALAB. Ville des Chananécns. Ahhalab ^, Alab. Ce fut une de celles dont les Kraclites , contre la détenfe du Seigneur , ne détruifirent point les habi- tans. Elle étoit dans la tribu d'Aler, près de Roob, i5CF AHURIR. Voyei Aheurir pour l'explication. %'fT AHUS. Ville d'Allemagne, dans l'Evêché de Munf- ter, iur la Regge» tCT AHUS. Ahufa. Ville maritime de Suède , à la pointe méridionale de la Bleckingie , aux confins de la Schone^ AHUSAL. f. m. En ftyle Hermétique , c'eft le foufre d'ar- lenic , appelé aulîi par quelques Chimiftes., Aquila alha> A 1 A. AÏABUTIPITA. f. m. Aibriireau du Bréfil. Il porte uri fruit noir , &: lemblable aux amandes , dont les Sau- vages tirent une huile pour fortifier les membres af- foiblis. AÏAC-DIVAN. f. m. Terme de Relation. Entretien , con- verlation particulière des Vifirs avec le Grand-Seigneur. Colloquium privatum. Lorlque le Grand-Seigneur (orc de Conftantinople pour aller à la promenade , il eft permis aux Vilirs de l'aborder , & de l'entretenir de toutes lortes d'aftaires, pcurvii qu'il n'y ait aucune de fes femmes avec lui. A. D< S. M. C'eft cet entretien qu'on appelle Aiac-Divan. fer AJAJOUNI, ou AJAJUNI. Nom que les Turcs donnent aujourd'hui à une ville de la Natolie , dans la province d'Aidin, qui eft la Carie des anciens. Ce nom eft corrompu d'Agios Joarmesy qui fignifie faint Jean. Les Grecs l'ont ainfi nommée , bien perluadés que ce faint y a été enterré , !k ils en montrent encore aujourd'hui le tombeau. Les Grecs lui donnent encore le nom d'Agios Theologos , parce que faint Jean eft auilï appelé le Théologien, Les Tiuxs , en corrompant fon nom, l'appellent Aia S:ilug. Elle ellcomiue dans nos cartes modernes , fous le nom d'Hagia, {;t? AJALLE. Ville maritime de l'île de Ceilan, fur la côte méridionale, au pays de Mature, à deux lieues de Tangale. AÏALON ,ou HÉLON. Ville de la Terre Sainte; Aïa- lon. Elle étoit Lévitique & fituée dans la tribu de Dan, près la vallée du Thérébinthe. AJAMBEE. J-^ove-^ Enjambée. AJAMBER. Foxei Enjamber. . gç? AIAN. Foyei Aya:;. AÏATH. Ville ancienne de la Terre Sainte. Aïath. Adri- comius croit que c'eft la mcme qui eft appelée HaL AJAX. f. m. Nom d'homme. U y avoir deux Ajcx au fiége de Troyc. L'un fils d'Oïlée , Pioi des Locricns, & l'autre fils de Telamou & d'Hélîcnne , fille de Lao- medon. Celui-ci entra dans une 11 grande fureur de ce que les Grecs lui avoicnt préféré Ulyire, en lui don- nant les armes d'Achille , qir'il fe jeta fur un -trou- peau, & le tua, croyant tuer les Atridcs & Ulyfi'e. De-la vint le nom Ajax , dont nous allons parler. AID Ajax. f. m. Nom dune danfc funcufe chez les Grecs, ainfî nommce , parce qu'on imitoit k fureur à-'Ajûx. Lucien en parle à la fin de fon Traité de la danfe, &dit, danfer VJjax^ .'px""""-^"' '^°'' A'ia.ra. Ily avoitaulli à Salamine une fête à l'honneur à'JjaXj, nommée A'ioi^Tia. Les Aianties. Ajax , eft encore le nom de plufieurs tragédies dont ajax eft le héros. L'Ajax de Sophocle. IP* AIAZZO. royei Adiazzo, A I C. AICARDE. Nom propre. Voye^ Achart, AICE. (. f. Vieux mot, qui fignifioit autrctois territoire, pays, contrée. Traclus , pagus. Il ell encore en ulage en Auvergne. fer AICH, ou plutôt AlCHA, ôc AICHAC. Petite ville d Allemagne , dans la haute Bavière, lur le Par, dans le département de Munich. AICHAR. f. m. & nom d'homme. Aicharius , Acharius. S. Achaire, que quelques-uns nomment S. Aïchar ^ donna une 11 haute opinion de fa vertu éc de fa capa- cité , qu'après la mort d'Evroul , Evoque de Noyon , que l'on rapporte à l'an Gii , il tut choifi pour remphr fa place. Bailla ce? AICHSTAT , AICHSTET, EICHSTATT, ou AICHSTATT. Aichjiizdium ^ Aichojîodium jOW Drio- polls. Ville du cercle de Franconie, depuis long-temps liéged'uu Évcché,& capitale d'un petit Etat qui porte fon nom. fji? L'Evcché à' Aiçhjlat ^ Etat fouvcrainen Allemagne, dans le cercle de Franconie, eft borné par le Margra- viat dAnlpach , au nord ; par le Palatinat de Bavière , au levant & au midi; & par le Duché de Wirtemberg au couchant. AID. ÀIDANCE. f. f. Vieux mot. Aide , fecours. Et vous II fare-^ en aidance. AIDE. f. f. Aiîîftance, lecours qu'on prête à quelqu'un. Auxlimm j, adjuinentum. Cet homme eut été alfaf- finé. Il ion ami ne lut accouru à fon aide. pÇT Crier à ïaide. Appeler à Ion aide. Avoir befoin de l'aide de quelqu'un. C'eft le dermer des maux d implorer Xaide d un traître. Jcr On le dit dans ce fcns des gr.ices de Dieu. Il faut appeler Dieu à notre aide. Il hiut tout attendre de \'aide de Dieu. ^fT Aide, fignifie quelquefois faveur, protecftion, Fa- vor , Jludium , gracia. Son patron lui a été d'une aide très-eftîcace dans cette aftaire. Cette veuve eft main- tenant (ans aide & tans appui. Aide, le dit quelquefois des chofes inanimées, & des caufes inftrumentales ; & délîgne alors le fervice, l'a- vantage qu'on tire de certaines choies, Opis. On ne peut appercevoir les fitellites de Saturne tans ['aide des grandes lunettes. On ne peut remuer les grands fardeaux qu'à Yaide des machines. Les ennemis le lont coules fecrétement dans la place, à l'aide dun bois, à la fa- veur d'un rideau qui les a dérobés à notre vue. Il eft arrivé au camp à l'aide ^ à la faveur de ce convoi. La léditicn fut étouffée à l'aide des troupes. Ablaisic. La Saiyre fouvent j à l'a'iie d'un l'on mot. Va. venger la raifon des attentats d'un /ht. Boil. Que tu fais bien , Racine, à /'aide d'un Acleur , Emouvoir 3 étonner , ravir un' fpeclateur. Id; Aide , eft aullî quelquefois (. m. & f. & fignifie la per- fonne qui prête ce lecours. Adjutor , adjutrix. Vous êtes un bon aide. Dieu après avoir créé Hiomme , dit ; failons-lui une aide ; il lui donna la temme pour aide , pour l'allifter en tous les betoins. Ç5"AiDE. t. m. S'apphque à ditf.-rentes perfonnes dont les fonèrions font de leconderun autre, de fervir con- jointement avec lui , & tous lui. {CT Ainh on appelle aide des cérémonies , l'officier qui Icrt tous le grand-ma'itre des cérémonies, qui l'aillfte dans fes fontiions , Ik qui le remplace quand il eft ab- fenti AID i^ / 5 On appelle un aidc^ de cuifine , un aide de femme- lerie , un lecond cuihnier iSv lummtlier, eu le c^:,m- pagnon qui les fert & les foulage. On dit aulfi Aide de la panncterie , d Fchan.fonne- rie, de Fourrière, &c. &c généialement dans tous les petits offices de la Mail'un du Roi , il y a des chefs & des.^z^t-^ en titre d'office , qui ont des gages, &font couchés lur l'état. En Architecture on appelle Aide _, tous les petits lieux qui lont à côté des plus grarids , pour leur lervir de décharge. En Maçonnerie , un Aidek Maçon & à Couvreur, c'eft celui qui. leur fciT à apporter les matériaux dont ils ont beloin. Un Aide de Mouleurs de bois , eft un officier de ville , ou gagne-denier, qui aide à ranger le bois dans la membrure. Les Aides des Maîtres des ponts ik pertuis font ap- pelés Chaklenrs , qui aident à faire palfer les bateaux en ces lieux difficiles. Foyei les ordonnances de la ville de Paris, qui contiennent les règlemens faits à leur égard. Aide, eft auffi celui qu'on donne pour compagnon à un autre , pour contribuer avec lui, & lui aider à fuppor- tcr les frais d'un logement des gens de guerre, pour faire des corvées,pour fournir des chamots ou des pion- niers, ou des étapes, & autres charges !k impofiticns pubUques & palfagères. Sur la mer on a coutume d'apparier deux matelots & deux loldats pour le fervir à'aides l'un à l'autre i ik. saflifter réciproquement dans tous leurs befoins &C dans leurs foncions ; & cela à l'imitation des Armées Romaines , où on nommoit cette forte à' aide , Optio caftrenfis , auiajibi mutuo opemjerebant. On appelle cela aujourd'hui amateloter. Aide de Plongeur. Terme de Marine, en ufage dans la pêche des perles , où chaque plongeur a deux aides , qu'on appelle autrement ^/^j;:2j _, ou Pécheurs ajjif- tans. Ces aides ne plongcntpoint, mais ils rcftcnt dans la barque attentifs au fignal que leur donnera le Plongeur par le moyen de la corde qui eft atnchée a fon corps par un bout , & amarrée par l'autre fur le bord de la barque pour le tirer du fond de l'eau. Dès que les plon- geurs le tentent preflcs, ils tirent la corde où leur lac eft attaché , & ils s'y attachent eux-mêmes fortement avec les mains. Alors les deux aides, qui font dans la barque , les guindent en l'air & les déchargent de leur pêche. P. LE Comte. Voyei Assistant & PepxLE, où nous parlerons de la manière dont le fait la pêche des perles. Aide , en Droit canon , fe dit d'une Eglife ou Chapelle , qu'en Droit on :ippe\lz fuccurfale , &z qu'on bâtit pour la commodité des Paroilliens , quand l'Eglifc Paroilîîa- le eft trop éloignée , ou n'eft pas alfez grande pour con- tenir tout le peuple. Tcmplum vicarium. La Paroilfe de S. Paul avoir une aide au fauxbourg S. Antoine. Aide. C'eft aulfi un terme de Rehgion, qui fignifie une Religieule qui aide celle qui eft en charge. Donner une aide à une Ofiicière. Adjutrix. \ÇT Aide, dans l'Art mihtaire , le dit de plufieurs OfH- ciers, comme Aide-de-camp , Aide-major, &c', ii^r L' Aide-de-camp eft un Officier qui fert auprès du Général, qui reçoir & qui porté tes ordres par-tout où il eft néceftaire. Un Général a quatre Aides-de-camp. Les Lieutenans généraux & Maréchaux de camp n'en ont qu'un, ou du moins le Roi n'en paye qu un. rCF On appeloit autrefois Aides-de-camp dans nos Ar- mées , ceux qui aidoient le Maréchal de camp dans la diftribution des divers quartiers d'un campement. ifT Quand le Roi eft à l'Armée, les Aides-de-camp font de jeunes Seigneurs qui ont fous eux d'autres Aides-de- camp, qu'on appelle Aides-de-camp du Roi, Aide-Major , eft un Officier de guerre qui fert auprès du Major, & qui en fait la fonction en fon ablence. PrcifeBi cafirorum, ou militum , vicarius. Il y en a piulieurs dans les places, lelon leur grandeur, ou leur imporrance^ Il y en a aulfi dans les divers corps des troupes. Chaque Régiment de Cavalerie en a un; ceux d'Intanteric deux. Ceux des Gardes en ont quatre; 174 AID Il y a dordinaire un Aide-Major pour chaque Bataillon. ifr II y a aulli des Aide-Majors dans les Etcadres , qui font aulli les fondions des Majors , pendant leur ab- fence. S'il y a pluiieurs Aide-Majors dans la même Efcadre , on les diftribue fur les prmcipaux pavillons. ÇCr Aide du parc des vivres. Commis fubordonné au Commis général du parc des vivres, qui en remplit les fondions pendant fon abfence , & ku rend compte a fon retour. Aide de Relief. Droit qui eft dû en certaines provinces aux héritiers du Seigneur immédiat, pour leur aider à relever leur fief envers le Seigneur lupérieur. Injiaura- îivi prxdii fubjidiaria penfio. En Normandie on paye la moitié du relief , pour Y aide de relief: ôc il ne le paye que par ceux qui tiennent un fief, & leulemcnt en cas de mort du Seigneur dont il relève immédia- tement. On a appelé aulTi aides de relief , celles qu'un vallal étoit tenu de payer aux héritiers de Ion Seigneur décé- dé, pour leur aider à relever leur fief, ou payer le relief ■ au fief chevel, ou dominant. Aide-Chevel. Droit qui elT: dû par les vairaux à leur chef-Seigneur , & duquel ils font relevans. Tributum cluntelare , Tribun dicntelaris penjio. Il y en avoir de trois fortes. L'un e{\.\'aide de chevalerie :il le payoit quand le fils aîné du Seigneur écoit tait chevalier. L'au- tre s'appelle aide de mariage , lorlque le Seigneur ma- lioit la fille. Le dernier Hiftorien d'Angleterre croit que ces taxes furent établies en ce royaume par Guillaume . le Conquérant, qui les y fit pailer de Normandie. Ce- pendant la première à laquelle l'Hiiloire donne ce nom, ne fut levée que par Heiui I. en conlidération du ma- riage de Matilde fa fille avec l'Empereur Henri V. Le dernier eft {'aide de rançon , lorlque le Seigneur étoit fait prifonnier. La Coutume de Bourgogne ajoute une "quatrième efpèce à'Aide-chevel, lorlque le Seigneur vouloir aller à Jérufalem. Ces Aides-chevels étoient en ulage prelque par-tout le royaume. Boutillier rap- porte que de fon temps , & fous Charles IV. ces aides dépendoient de l'honnêteté , & de la bienveillance des vaîlaux 5 c'eft pourquoi on les appeloit Droits de com- plaifance. Tributum clientelare arbitrarium. Peut-être que les Seigneurs avoient impofé cette marque de fer- vitude fur les vallaux , à l'exemple des patrons de l'an- cienne Rome , qui recevoient des prélensde leurs clicns & de leurs affranchis , ou pour doter leurs filles , ou a certains jours folennels , comme le jour de leur nail- fance. On nommoit ces droits , aides-chevels , parce qu'ils étoient dûs au chef-Seigneur ; quia capitali Do- mino dcbentur. ^3" Ces fecours , libres dans leur origine, s'appeloient encore baux ou loyaux aides ik devoirs , ou aides cou- tumieres &: communes , ou aides de noblelTe. Foye^ le P. Daniel , Hift. de Fr. T. II. Il y avoir aullî des aides raifonnables , qu'on dounoit au Seigneur en cas de nécelîlté , & qu'on taxoit raifonnablement , lelon les facultés de chacun , noble ou roturier. ^CT On appeloit encore aides libres & gracieufes , celles qui étoient offertes volontairement au Seigneur par (es Sujets , dans les néceffités imprévues. Il y a des lettres du Roi de l'an 1553 , par lefquelles il déclare qu'il tienr pour lubfides & aides gracieufes certaines (om- mes levées fur le Clergé , lur les Nobles & fur le Peuple. Les Evêques ont auffi levé des aides fur les Ecclé- fiaftiques , qu'ils appeloient Coutumes Epijcopales j ou Synodales , quelquefois Z)e/2ieri- de Pâque. On les payoit au temps de leur (acre & joyeux avènement, ou lorfqu'ils recevoient les Rois chez eux, ou lorfqu'ils étoient appelés par le Pape pour venir en fa Cour, ou à un Concile , comme auffi lorlqu'ils alloient prendre à Rome le Fallium. Les Archidiacres exigeoient aulîî des Aides fur les Prêtres dcleurarchidiaconé. Voyci dans M. duCange des preuves & des exemples de toutes ces chofes qu'il a recherchées fort curieufement. On a payé auffi des aides ^ tant au Roi, qu'aux Sei- • .gnsurs , en plufieurs autres occafions. On payoit une aide au Seigneur quand il vouloir acheter une AID terre : mais feulement une fois en fa vie. Il y avoir des aides pour la fortification des places & des mai- Ions royalesi d'autres pour la dcfcnle de la terre courre l'invafion des ennemis \ d'aurres pour faire un voyage à la cour de l'Empereur. Il y avoir des aides de l'oji ^ & de chevauchée ^ qu'on devoir au Seigneur , quand on ne pouvoir pas lui rendre fervice en peiiomie à l'ar- mée. Aides, f. f. pi. Terme de Finances. Il étoit aurrefois maf- cuhn. Trihuta, vecligalia. C'eft en général toute im- pofirion extraordinaire de deniers , que le Roi levé (ur le peuple pour foutenir les charges de Ion Erar , aux- quelles le revenu de Ion domaine ne pourroir fuftire. Les Aides ont été nommées d'abord ainfi-, à caufe que c'étoient des lubfides que les Etats confentoient être levés fur le peuple, pour aider les Rois à foutenir les guerres. On appela Généraux des Aides , ceux qui éroienr nommés par les Etats , pour recevoir ces de- niers, & qui avoient l'Intendance générale fur rout le royaume , pour en prendre la diredf ion , & en rendre compte aux Etats. On appeloit Elus j ceux qui avoient la diredion particuhère des Aides dans chaque pro- vince. Dans l'inftitution ils étoient choiiis par les Etats , & confirmés par le Roi. Depuis, le Roi pourvut feula ces charges , qui devenoienr rrcs-importantes à caufe du maniement des Finances. Ces Aides ne turent impo- fées au commencement que pour un an. Se puis pour deux ou rrois ans ; & enfin elles deviment perpéruelles. Aides , fe dir particulièrement des deniers que le Roi levé fur les denrées & marchandifes qui fe vendent , & le tranfporrent dans toute l'étendue du royaume. La ferme des Aides éroit autrefois diftinguée , & main- renanr eft unie à celle des Gabelles , & autres impofî- tions. Ainfi les Aides répondent au mot latin Vecligaly à vehendis mercibus ■ & elles font payées par roures fortes de perfonnes privilégiées , ou non. C'eft par-là qu'e lies différent des tailles , parce que les tailles ne le payent que par les roruriers, & font une efpèce de ca- pitation qui répond au latin tributum. Cour des Aides j eft une Jurididion fouveraine éta- bhe en plufieurs endroits du royaume pour juger des différens qui arrivenr fur le payemenr des aides j & de tous les aurres deniers royaux , à la réferve du domai- ne, &c. Rei tributaru/upremum Tribunal, Conjïlium, Curia fubfldiorum. Ohlationum , ou Ohlationis Sena- tus. Summi vecligalium Judices. Quelques-uns les ont appelés Viginti quatuor viri vecligales , ou Générales ararii. Anciennement il n'y avoit point en France de Jurididion parriculière pour les Aides. Les Etats du royaume qui avoient confenti à ces impc>ts , confti- tuoient des Généraux des Aides , à qui ils encommct- toient la diredion générale par tout le royaume , & des Elus pour chaque province. Mais les Rois s'étant attri- bué la nomination à ces charges , ils donnèrent auffi le pouvoir aux Généraux des Aides de rendre la Juftice , & de juger en dernier reirorr les appels de Senrences rendues par les Elus , qui croient les Juges inférieurs. Mais ce fur Charles VI qui le premier mit quelque dif- tindion entre les Officiers des Finances, & ceux de la Juftice. Par fon Edit de 1 3 88 ,il nomma des Généraux pour les Aides j & des Généraux pour la diftriburion de la Juftice fur le fair des Aides, qui exercerenr leurs fondions féparémenr. Par un autre Edirde 1404 , on conftitua trois Confeillers généraux avec l'Archevêque de Befançon , qui étoit le Préfident , pour l'adminiftra- tion de la Juftice. Cependanr plufieurs années s'écou- lerenr avant que cette Compagnie fût érigée en Cour fouveraine , quoique ceux qui la compof oient, jugeaf- fent en dernier lefTort. Lorfque Charles VII, renrradans Paris en 1436 ,elle n'étoit point encore cenfée faire corps. Pasq. Ce fut François I qui établit les Géné- raux des Aides fur le fair de la Juftice : c'eft ce qu'on a appelé depuis , Cour des Aides. ^3° Il y a aujourd'hui en France rreize Cours des Aides, depuis la réunion de la Lorraine , comme rreize Parle- mens , lavoir à Paris , à Rouen , à Nanres , à Bour- deaux, à Pau , à Monrpellier , à Monrauban, à Greno- ble , à Aix, à Dijon, à Châlons, à Merz & à Nanci. Dans quelques provinces , telles que la Provence , la AïD Bourgogne , & le Languedoc , la Cour des Aides eft unie à la Chambre des Comptes. On appelle aullî le lieu où l'on rient ce Tribunal , la Cour des Aides. Le Greffe , la Buvette de la Cour des Aides. Aides , en termes de Manège , (e dit des (ccours que tire le Cavalier des efters modirés de la bride, de l'é- ficron , du poinçon , du caveçon , de la gaule , de i voix , du mouvemeiit des jambes & des cuiifes, pour manier un cheval comme il lui p\^\t. Adj umenca. Ce cheval connoit les aides ,ohc\t , répond aux aides; prend les aides avec beaucoup de facilité , ëc de vigueur. Ce fauteur alloit extrcmement haut & julte en les fauts, & fans aucune aide. Newcastle. Ce Cavalier donne les aides extrcmemenr hnes : pour exprimer qu'il manie le cheval à propos, dv lui tait marquer avec juf- lelfe fes temps , & les mouvemens. Les aides dont on fe lert pour Faire aller un cheval par airs, & celles dont on fefert peur le faire nllcr iur le terrain, lont bien dif férentes. Newcastle. il y a trois aides dïffcKtnes qui fe font ayant la rêne de dedans du caveçon à la mahi. La première eft de mettre l'éi^aule de denors du cheval en dedans; la ieconde eft de lui mettre aulîi en dedans l'épaule de dedans; & la troilîcme eft de lui arrêter les épaules. Id. îl y à les aides des éperons , les aides le- crètes du gras de la jambe & des éperons, les aides de la houlîine , les aides lecates du corps du Ca^'alier, Les aides du corps doivent être fort douces. A l'aide, adv. C'cft-à'-dire,au lecours. A l'aide j on me tue , on m'airaùlne. AdeJIe , jene opem. Aide , fe dit proverbialement en ces phtafes. On dit avec un ton admiratit , dans quelque accident lurprenant : Dieu nous loit en aide , & Dieu vous loit en aide , à ceux qui éternuent, ou à des pauvres qu'on renvoie 'fans leur donner l'aumône. Adfit Deus : Deus ad- juvet. Enfin il n'efi rien tel que d'avoir un mari : Ne fût-ce que pour l'heur d'avoir qui vousfalue D'un Dieu vousfoit en aide alors. qu'on éternue. Mol. On dit , bon droit a befoin A' aide ; pour dire , ce ii'eft pas allez que d'avoir une bonne caule , il faut iencore la Ibllicitcr. Un peu A'aide tait grand bien; pour dire, quun petit leccurs a Ion utilité. On dit , d un homme qui va aux emprunts ch^ fes amis , d'un Au reur oui te fait aider par un autre , ou d une coquette qui ne fe contente pas de Ion mari , qu'ils vont à la cour des aides. Tout cela eft populaire. AIDEAU. 1. m. Morceau de bois d'environ trois pieds de long, qu'on palle dans les bouts des barres d'une char- rette pour vuiturer du bois , & pour foutenir des char- ges élevées. Dicl. des Arts ^ 173 i. AIDE-MAJORITÉ, f m, La charge , la quaUté d'Aide- Major; AIDER, v. a. Secourir quelqu'un , lui prêter fon aide (Se lonaiîîftance. Oriculari , adjuvare , opem ferre. Il ré- gir , fuivant les différences des cas , le datif & l'accula- tit de la perfonne. Aider quelqu'un, y^ic/er à quelqu'un. Dieu nous ordonne A' aider les pauvres , d'aider aUx pauvres. Il faut pourtant mettre quelque différence en- tre aider quelqu'un. Se aider a. quelqu un. .-^ic/^r quel- qu'un, c'eft lui donner feulement quelque fecours, &: quelque alîîftance : au lieu qu'aiderk quelqu'un, c'cft partager avec lui le travail & la peine. Il y en a d'autres qui y mettent une autre difî--rence , & qui difent que aider ïé^^k l'accutatif quand il le dit des perfonnes, & le datif, quand il fe dit des chofes. Apollon aide à la nailfance des beaux efprits. Gombek. Aider à la for- tune de quelqu'un. Vaug. Il faut encore remarquer fur le verbe aider j, que quand il régit l'accufatif de la pertonne , il régit l'ablatif de la choie. Aider quelqu'un de fon crédit. Ablanc. llaidoit fes voifins de fes biens. Il faut aider fes arnis de fa bourfe. Quand ce verbe eft fuivi immédiatement d'un autre verbe , il régit l'infinitif précédé de la particule à : ëc alors il fignifie, être utile, fervir, contribuer, partici- per au fuccès d'une chofc , & s'employer pour la faire réullir. Aider qiaelqu'uii à porter un fardeau. Elle n'a- A î b 17^ voit pcrfomic qui lui aiddt a faire les funérailles de fa mère. ^T Aider, affifter, fecourir , dans une fignification fy- nonyme. On dixjecounr, dans le da. gcr. Aider_, dans la pcmc. Ajfijler dim le befoin. Secourir ^ part d un mouvement de générofité ; aider d un fentiment d'hu- manité ; & ajjjjler d'un m..uvement de compallîon. §3" On va au fecours dans le combat. On a]de à pot- rer un fardeau. On afUjle les pauvres. Syn. Fr. Aider , le dit auili des choies inanimées, pour marquer l'avantage , le lervice qu'on en tire. Adjuvare , juvare y Adjumento efj'e. Les machines ont été inventées p>.Ur aider les hommes à remuer de gros fardeaux. Un peu de vin pur après le repas, aide a la digeftion. On voit tous les jours des hommes avec peu de mérite , aidés du halard , & de la fortune, acquérir de la réputation» P. BouRD. En ce léns , il fe dit (..uelquefois pour ligni- fier tout le contraire d'un fecours , d une utilité. La perte de ce vailleau a beaucoup aidé â. la banqueroute de ce Marchand. Sa dernière débauche n'a pas peu aidé à le faire mourir. Aider , le dit aulli en matière fpirituelle. La grâce aide un pécheur à fe convertir, iin vain travailLns nous, Çi Dieu ne nous aide. Il faut aider la liberté de celui qui nous avertit, en recevant facilement fes avis. S. EvR. Une glofe aide à faire entendre le texte. On dit au jeu de la bcte , qu'il faut aider au contre ; pour dire, tacher de le faire perdre. On dit au Man.-ge , aider un cheval , lorfque l'a- dreife & le fecours du Cavaher lui aident à travailler à propos, & a lui faire marquer les temps avec juftelfe par les aides de la langue, de la main , de la jambe, du talon, de la bride, de la gaule , ùx. M. Ménage dé- rive ce mot de l'Italien ait are ., qui eft fait du latin ad- jutare, qui le trouve dans Ennius, d;m3 Flaute , dans Térence, & même Iur des médailles du bas Empire j d'où les Efpagncls ont fait Adjudant. Aider, s'emploie louvent avec le pronom perfonnel, & lignifie alors, le fervir de quel .uc choie. Vti aliquâ. re j adhihere aliquid. Un paralytique ne fe peut aider de les membres. Un gaucher ne s'aide pas lî bien de la droite que de fa gauche. Dans la nécelllté on s'aide de tout ce que l'on trouve. On dit au Palais, qu'un homme s'aide d'une pièce, quand il la produit pour en tirer quelque avantage, en faire uf.agc. On n'eft point reçil à s intcrire en faux con- tre un acte qu a produit une partie advcrfe , que le Juge ne lui ait fait taire une djclaration precife lî elle s'en veut aider. Les prélomptions font des adminicu- les de preuves qiû aident à la convicl:ion d'Lin accufé. On dit aullî abfolument , & d.ans la ccnverlation commune, qu'il faut qu un homme s'aide ; pour due , qu'il talfe un effort de lui même, p^ur pr./fiter du fe- cours qu'on lui veut donner. Conari, eniti. Je ne puis pas vous prêter toute la fomme que vous me deman- dez; il faut que vous vous aidie^ , que vous cherchiez 1 erelte ailleurs. Ce verbe devient quelquefois réciproque, en y pré- pofantla particule entre. U faut que les hommes s'en- traident, qu'ils s'aident l'un l'autre, & le prêtent un fecours mutuel. Mutuam fihi opem, operamprafiare, navare. Aider, fe dit proverbialement en ces pliiafes : Dieu ^zi^/e- à trois fortes de perfonnes, aux fous, aux enfans & aux ivrognes. On dit auilî , aide-toi , Dieu t'aidera ; pour dire, qu'on n'obtient rien de Dieu lans travailler foi-même au fuccès de les entreprifes, & que les pa- relîeux ne doivent attendre aucun lecours de la Provi- dence , fuivant ce proverbe Efpagnol : A quienmadruga, Dios le ayuda. A quife levé matin , Dieu aidé & prête la main. On dit aulTî, qu'il faut aider à la lettre; pour dire j fuppléer à ce qui manque , deviner à demi mot. On dit encore, aider à la lettre, lorfqu'on ajoute quelque chofe du ficn à une hiftoire , à ur.e fable pour i'cm- beilir & la rendre plus agréable; 17^ AIE Chez les Anciens ,c'étoit une fonnulede jarement ■'v et», & l'on trouve une fois dans Plante, Cum Diis. Ainfi il ne faut pas abfolument blâmer ceux qui difent en latin Cum Deo. iyT AIDINELLI, ou plutôt AIDIN-ILI. Nom moderne que les Turcs donnent préfcntement a une province d, qu'il mangecit un mouton à chaque repas. On dit que l'tzi^/e meurt quelquefois de haim , parce que la partie iupcrieure de Ion bec étant recourbée par la pointe, & croilfant avec l'âge, elle le courbe ii fort en dellous, qu'elle ferme la partie inférieure, cnforte quelle ne peut plus s'ouvrir, ni prendre la nourriture. On donnoit chez les Grecs le nom A' Aigle à de cer- tains toits de mailon qui étoicnt faits en forme à'al- gle. Kous cmuvrïroris vos maifons en forme d'aigle , dit Ariftoprcine dans la Comédie intitulée , des Oi- feaux. Voyez le Diclionnaire d' Harpocration j fur le mot asTos. qui lignihe Aigle. Aigle-Faucon , eft un aigle qui prend les oifcaux de proie, Aigle-d'Orinoque. Grosoileau de proie qui palfc fou- vent de la terre-terme aux Antilles. Les premiers habi- tans de Tabago l'ont ainh nommé , à cauie qu'il a la gi-oficur & la figure d'un aigle , & qu'il le voit com- munément dans la partie méridionale de l'Amérique, qui elt arrofée de la rivière d'Orinoque. Tout fon plu- mage eft d'un gris clair , marqueté de taches noires; excepté les extrémités de les ailes & de fa queue qui font bordées de jaune. Il a les yeux vifs & perçans , \ts ailes fort longues , le vol roide. Il fe repait d'au- tres oileaux. Il n'attaque jamais ceux qui font plus foi- bles & lans dtfenle. Il ne le rue point fur fon gibier tandis qu'il eft à terre , ou iur un arbre; il attend qu'il aitpris l'ellor, pour le combattre enl'air. Lonvillers. Ariftote «^ Pline diftinguent fix elpèces àï aigles ^ auxquelles ils ont donné divers noms grecs félon la dirtcrence de leur plumage : comme l'aigle royal eft appelé jvncrioî par Ariftote , & àrv.fla.! à caule de la cou- leur roulFc & comme dorée de fes plumes , dont les taches roullcs repréfentent des étoiles. L'aigle noirâ- tre j qui eft le plus petit de tous & le plus vigoureux. Valena. L'aigle à la queue blanche. Pygargus. L'ai- gle de moyenne grandeur j qui a la queue grande &z demeure auprès des étangs. /^/orDy^«^^J, L'aigle de mer ^ ou orfraie j qui éprouve les aiglons aux rayons du fo- leil. Balis-ctus. L'aigle barbu j qui eft une efpèce d'of- fifrage. Cjfifraga. Aigle, en termes de Blafon & de devife , eft féminin. C'eft le fymbole de la royauté , félon Philoftrate , parce que c'eft le' roi des oileaux. L'Empereur la porte dans fes armes. On la repréfente quelquefois avec une tête, quelquefois avec deux, & en ce cas onl'apeile aigle éployée , quoiqu'elle n'ait jamais qu'un cotps, deux jambes , & deux ailes ouvertes , & étendues , mon- iiant entièrement l'eftomac. Celle de l'Empire eft de cette forte. Il y en a de couronnées , d'autres mem- brées Se becquées d'un émail différent de celui du corps ; & même il y en a de monftrueules, qui ont des têtes humaines, & de loup. Les premiers qui fe trouvent avoir porté l'aigle dans leurs enleignes , font les Pcr- fans , félonie témoignage de Xénophon. Les Romains, après avoir porté diverles autres enleignes, s'arrêtèrent enfin à \ aigle , la féconde année du confulat de Ma- rius. Avant lui ils portoient indifféremment des loups , des léopards 6l des aigles , félon qu'il plaifoit au Gé- néral. On dit que oe fut Conftantin qui fut auteur de l'aigle a. deux têtes , pour montrer que l'Empire , quoi- qu'il lemblàt divifé , n'étoit néanmoins qu'un corps. D'autres dilent que ce fut Charles-Martel qui remit les aigles Romaines dans les étendards de l'Empire , & qui y ajouta en même temps une féconde tête. Cepen dant cette opinion eft détruite par une aigle à deux têtes, que Lipfea oblervce dans la colonne Antonine, ëc parce que poftérieurement on ne voit qu'une feule tête dans le Iceau de la bulle d'Or faite du temps de Charles IV , Empereur. De forte qu'il y a plus d'appa- rence à la conjeèlure du Père Meneftrier, qui dit que de même que les Empereurs d'Orient , quand il y en avoit deux lut le trône , marquoient leurs monnoies d'une croix à double travcrle , que chacun d'eux te- nait d'une main , comme étant le fceptre des Chré- tiens;aullî firent- ils la même chofe deVaig/e dans leurs armoiries; & au lieu de doubler leurs écuffons iScleurs Terne I. AIG J77 aigles j ils les joignirent, & y repréfenterent deux têtes. Ce que les Empereurs d'Occident ont fuivi cueL.uê temps après. Un Pocte Italien a dit à cette occalio'n , qu'on avoit fait de l'aigle de l'Empereur , un oifeaû bien cainairier,en lui donnantdeux têtes & deux becs, pour le rendre plus redoutable. Le P. Papebrcch, dans le V Tome du mois de Mai, /7. 2/ J% dit qu'il voiîdroit voir la conjeciure du P. Meneftrier prouvée par d'an- ciennes monnoies ; que fans cela il doutera II 1 ufage de l'aigle a deux têtes n'a point été purement arbitraire, comme celui de la croix à double traverfe ; qu'au refte il penche beaucoup à croire que cet ufage de l'aigle à deux têtes s'eft introduit à l'occafion de deux Empe- reurs qui auront été en même temps fur le trône. Il ajoute , que depuis l'aigle à deux têtes de la colonne d'Antonin,on n'en trouve plus juf qu'au quatorzième liècle lous Jean Paléologue. roye^-enh figure dans l'édition de Géorg. Codinus f^uteaParis. /-'o) e:j;auin Lipfc , Anakcia^adutilit. Roman. L. III. D'ial. 2. Ce mot lignifie donc quelquefois l'enfcigne des lé- gions des anciens Romains. Us virent briller les aiples &: les cnfeignes des légions. Ablanc. Quelquefois il lignifie les armées Romaines. C'eft votre fagelle feule qui a donné de la terreur à \ aigle Romaine. Patr. Et quelquefois même les enleignes de l'Empereur d'au- jourd'hui, & les troupes de l'Empire. Au refte, bien d'autres nations que les Romains ont eu des aighs pour enleignes. Nous dirons tout-à-l'heure, que feîon le fen- timent de quelques Savans, les Romains ont pris cette coutume de Jupiter de Crète. D'autres difent que c'eft des Tofcans , ou des Epirotes. On conjeciure auifi que Ganvméde fut enlevé par un navire nommé \aigle , parce qu'il en porroit la figure , ou par des troupes Phrygiennes , dont les étendards étoient des aigles ; ^ que c'eft-là ce qui a donné lieu à la fable du rapt de Ganymcdeparune aigle.Ces aigles Romaines n'étoient point des ûi^/ej peintes fur des drapeaux. C'étoientdes aigles d'argent ou d'or, au haut dune pique. Elles avoient les ailes étendues , & te-ioient quelque- fois un foudre dans leurs ferres. Foye:^ 1 hiftoire de Dion au Z. IX. Au-ddV'.ms de l'aigle on attachoit àk piqi^edes boucliers; ony mcttoit quelquefois des cou- ron'ies. Tout cela fe voit encore très-diftinctementfur pluheurs médailles. Fefchius traite de tout cela dans fa Dilfeitation , de Inpgnibus , des Enfeignes > Se Jufte-Lipfe dans fon Traité de la Milice Romaine . Liv. IF. Dial. s. En tous ces fens , le mot d'Aigle eft toujours fé- minin. Aigle , lignifie aufli l'Empire d'Allemagne , & l'Alle- magne même. L' aigle coiwmenee à triompher ducroif- fant. Encelens le mot d'aigle eft mafculin. Déjà pre- noit l'ellor pour le lauver dans les montagnes , cet ai- gle dont le vol hardi avoit d'abord efiîayé nos provin- ces. Flech. Rendre à l'aigle éperdu fa première vi- gueur. BoiL. Ce mot le prend aulli figurément pour un efprit grand, élevé, pénétrant. En ce lens ileftmafcuhn. C'eft un aigle dont jene puis fuivre le voL Peliss. On com- pare S. Jean l'Evangélilte à un aigle , à caufe de la ma- nière hautes lublime, dont il commence fon Evan- gile. §3° On s'en fert aulïi dans un fens relatif , pour mar- quer lalupériorité d'un homme fur un autre. Cet hom- me-là eft un aigle en comparaifon de celui dont vous parlez. §CIF On dit qu'un homme a des yeux d'aigle, pourfigni- fier au propre qu'il a des yeux vifs & perçans : au fi- guré , qu'il a une grande pénétration d'elprit. ^fT On dit proverbialement crier comme \xn aigle, crier d'une voix aiguë & perçante. Aigle, en Aftronomie, eft l'une des 21 conftcllaricns feptentrionales. L'aile droite de X aigle touche la ligne équinoxiale ; Ion aile gauche eft vcilinc de la tête du ferpent. Son bec eft féparé du refte du corps par le cercle qui va du Cancer au Capricorne. Il fe levé avec le Capricorne, & fe couche lorfque le Lion fe levé. La fable dit que l'aigle a été mis au nombre des af- trcs , parce qu il portoit à Jupiter le neétar , pendant 178 AIG qu'il étoit caché dans un antre de l'île de Ciete, pour éviter d'eue dévoré par Saturne. Cell le lentiment de Mcro femme de Byfance , célèbre par l'on génie pour la poëfie. D'autres ditent que c'eft parce qu'au temps que le Jupiter de Crète ie préparoit à faire la guerre aux Géans , qui avoicnt mis ion père aux fers , cet aigle lui apporta à Naxi un bon augure de la yidoire i qlie de- puis ce temps-là il fe fervir pour cnleignes de la figure d'un aigle; & que c'ell de lui que les Romains prneni cette coutume dans la fuite. D'autres difent que ce fut en récompenfe de ce qu'il avoit enlevé Ganymède dans les cieux. Un Ancien même a feint que c'étoit l'ame de Platon. Ticho-Brahé donne à cette conftcllationdix- fept étoiles; d'autres lui en donnent trente-deux. Il y a nois étoiles auxquelles les Aftronomes Arabes donnent 'le nom 6! Aigle. Ils appellent l'une l'Jafr So- huil 3 l\Ji<-^ld de Canapus, ou autrement Sitarch Jc- men.) l'étoile de l'Arabie heureufe; parce qiL'ils préten- dent que cet aftre y domine. L'autre porte ie nom de NafrAlchah-i \ Aigle volante; & la troillème IJafr Al- vake , \ Aigle repoiante. D'Here, Aigle blanche, ou Aigle-blanc. Ordre MiliiTairede Po- logne. Menénius lur l'autorité de Jérôme Pvoman , Hif- torien d'hfpagne , dit que f jus \ts Empereurs Sigifmond & Albert ÎI , il y a eu en Allemagne trois Ordres Mi- litaires fort célèbres, & qu'un certain îvloyfe Didacede Valéra, Efpagnoi, reçut de l'impereur Albert ces trois Ordres; celui du Dragon que ce ri:incc lui dcinacom- me Roi de Hongrie; celui de Tufin comme jJoide l:o- hème; & celui des Difciplines ou de Y Aigk-blcfickc j comme Archiduc d'Aurriche. Mais comr.ic l'Autriche n'a été érigée en Archiduclié que par lE-.npereur Ma- ximilien I, l'an 149;, Albert qii mourut l'an 1.^40 n'auroit pâ donner l'Ordre de \' Aigle-blanche à ce\'a- léra,en qualité d'Archiduc d' Autriche. kaPiAcs Kii- ftoriens font-ils partagés au fuj-r de ri:i_'':i:u:ion d*; cet Ordre. Quelques-'-ms l'arnibuer-t àJlaàli^as ^''j Roi de Pologne , qui , félon eux, l'infritua au mariage de fon fils Cafmiir ie Grand, avec la 611e du Grap.d-Duc de Lithuanieen 13 ij. îîs ajoutent qu'an nid d'aigbnr, qui fut trouvé par Léchu:, premier Prince de Pologne, lorfqu'il faifoit creufer les fcndeir.sns de la Ville de Gnefne, donna o-ccr.fion à UladiUas de îiiep.dre pour marque de cetOràré un y^;^/î-3/a«ccov.rcnne, pendant à un collier de chaînes d'or. Il fe peut l'aire qu'il y ait eu aufi'i en Autriche un Or- dre fous ce nom & fous celui des Difc-pliae:; , dont le collier , félon quelques Ecrivains , étoi; en forme de baudrier , où étoient attachés des Aigles-blaûcs. Quoiqu'il en foit, en ivoj, l-réderic Ai;s-i'".;e , Roi de Pologne & Duc de Saxe , renouvela danc ce royau- me l'Ordre de XAifle-banc , Ck: le conféra à t^'oiier.rs Seigneurs qui avoient luivi Ion parti , avec cevte ae- vife: Pro Fidc , Lege &-Rege. P. HtLYOT. T. i-^IIL C. fi. Aigle-noire , o\\ Aigle-noir. Ordre de l'y^ir^/e-7?oi/'j Che- valier de \ Aigle-noir. Nom d'un Oïdre Militaire en Allemagne. Frédéric III, Ma-quis 1c Ele<5Leur de Bran- debourg, ayant pris le titre de Roi de Prulie , inftitua le 4 Janvier 1 701 , un Ordre Militaiie lous le titre de la Fidélité j & donna aux C ne vahers , pour marque de cefOrdre, une croix d'or émaillée de bleu , ayant au milieu les chifres de ce Prince , FR ; & aux angles \ Aigle de Prulfe émaillée de noir. Cette croix eft at- tachée à un ruban orangé, en mémoire de \x Princeife d'Orange, mère du Prince. Ils portent ce ruban en forme d'écharpe, depuis l'épaule gauche julqu'à la hanche droite, fur le jufte-au-ccrns. Ils portent encore fur le cote gauche de leurs habits une croix bordée d'argent en forme d'étoile , au milieu de laquelle elh un Aigle en broderie d'or lur un fond orange , l'Aigle tenant dans l'une de fes ferres une couronne de laurier , & dans l'autre un foudre avec cette inlcription au-delFus de fa cête:SuuM cuiq.ue, en broderie d'argent, P. FiÉLYOT, T. FUI. C. SI. On appelle aulFidans les Eghlesy^i^/^j le pupitre de cuivre qui cil: au milieu du chœur , à caufe qu'il re- prciente un aigle les ailes étendues, & on dit dans les Chapitres, qu'un Chanoine elc à l'aigle , quand il eft AIG femainiér , lorfqu'il fait l'Office. En ce fens Aigle eft toujours malcu hn. Un aigle allorti de divers ornemens. Hiji. de l'EgUfe de Meaux ^ t. i. p. 2ps. Ai&LE, en tenues d'Architciture , eft un oifeau qui fer- voit anciennement d'attribut aux chapiteaux des tem- ples dédiés à Jupiter. Il iert encore d'ornement à quel- ques cha.piteaux. On appelle Pierre d'aigle, certaine pierre creufe & fonnante , à cautc d'une petite pierre qui eff renfermée dedans , nommée Callini us. On dit qu'elle Iert aux fem- mes en couche , pour retenir, ou faira^ortir l'enfant , fuivanc qu'elle efc appliquée au deiRis on au-dcllousdc la matrice. Aetitcs. On l'appelle du grec-Afr-Js , aigle. Pietra d' aquila, en Italien, parce qu'on la trouve quel- quefois dans des nids H aigle. fCF Diolcoride dit qu'elle fert à découvrir les voleurs , & que fi on la mêle avec ce que man;i;e un homme accufé de vol , il ne pourra jama's l'avaler , s'il e*^: vraiment coupable. Mathiolc ajoute que les aigles vont chercher cette pierre juf- qu'aux ^iides pour faire éclore plus facilement leurs petits. C'cfï fur cette fable fans doute qu'eft fondée la prérendue propriété attribuée à cette pierre , d'accélé- rer les accouchcmcns. Ç3" Lapiene qu'on apncllePierref/'ci^^/t'jfetrouve dans les Apennins, dans Iz Yéronois & dans pluheurs fleu- ves. Elle elt fouvent nommée Lapis pragnans , & par , ferrante imperato j ventre cryjlallino, Pline en rap- porte quatre eÇçcas^Ajricanum , Arabicum , Cypriunz Se Tî-phiaflum. Gefner en admet quinze elpèces, qui varier.-': peu entre elles. Baufch a fait un Traité latin Q-^z h. pierre i' aigle. Il y a ni^îl ,iiik In.'es ii'i bois exquis qu'on appelle Palo d'aquila^oix Lois d'aigle 3 qui croît au royaume de Siam , & dont on fait un giand trafic au Japon. U en croit aulli à LaCliinC; dans la province de Quantung. L'aigle , fur les me-.' ailles , elt la marque de la Divi- niré, t: de !a Providence; félon M. SpKanheim, & de l'Er.jpire , fe'on tous les Antiquaires. Les Princes qui ont le pins ordinaireïuent des aigles fur leurs médail- les, font les Ptolo"cesd'E.gypte, fouvent^aufll lesSé- leucidesRois de Syrie. UnctT^^Veavecce mot, Conse- cp.ATio , eft la mr.rc]iie de l'Apothéofe pour les Em- pereurs. On a fait entrer l'a/^/t' dans piufieursdevifeSi Une aigk que les rayons du loleil n'éolouillent point, L & le regardant lîxement comme lui , avec cette de- vife -, Non inferiora fecutus ; ou celle-ci , Aufpiciis anïmifque patris , marque un enfanr qui imite (on père , qui apprend à Icrvir Ion Prince lous la conduite & à l'exemple de C^n père. AIGLUPiES. 1. f. pi. Terme de Fauconnerie , qui fe dit des taches roulfes femées lur le corps de l'oileau, qui bigarrent Ion pennage. Verfxolores avium plumA. Le lanier plus quet.us les autres ciieaux eft bigarré d'ai- glures. On appelle aulî» cela Bigarrures. %fj AIGNAN le Feuget. Pcrite ville de France, dans le bas Armagnac , près de la lource du Midon. M. de Lille écrit Agnan. On prononce Anian. AIG( 'CERAS. 1. m. ou Corne de bœuf. C'eft la plante que l'on connoit en France fous le nom deFenu-grec. Cette plante croit en plulieurs provinces du royaume, Se on la cultive en quelques endroits des environs de Paris. F'oye:( Fenu-grec, ^CT" AIGRE, adj. m. &f. Cemotdéfignecequi eft acide, piquant au goût. Acidus. C'eft la cinquième des lept laveurs principales. Une grande quantité de fels acides en eft la caule phylîquc. F^oye:^ Saveur. Le citron , la grenade (oni des fruits aigres. C'eft là fa lignifica- tion priimtive tk Ion ufage propre. Enfuite on a ap- pliqué ce mot par analogie à deux autres fens , & l'on a appeL aigre ce qui fait à-peu-près lur l'ouie & fur l'odorat , ce que tait ï aigre fur le goûr. Une voix aigre , un fon de voix aigre. C'eft un fon aigre &.' rude en même temps. Ce mufîcien tire des (ons aigres de fon inftrument. Cette cloche rend un fon aigre. fie? On applique de même ce mot à cerraines odeurs défagréables occaiîonnécs par la corruption. On ap- pelle un goût aigre , celui qui vient des viandes mal digérées dans l'eftoraac. Une fentcur aigre. Un goût aigre. 03" Aigre en peinture. On appelle couleurs aigres celles qui ne font pas hées par des paflages qui les accor- dent, &:qui, par cette raifon, font défagréables à la vue. ^3^ Aigre , fe dit aufli des métaux calTans, dont les paities ne font pas bien liées , & fe féparent facile- ment les unes des autres. Afper , fragilis. Le cuivre eft aigre jufqu'à ce qu'il ait été fondu. On ne lauroit forger le fer qui eft trop aigre. Tome I. AîG 179 Aigre , eft aulîi quelquefois fubftantif.Cela fent l'aigre. Je n'aime pas \ aigre. Cela tire fur l'aigre Aigre , le dit aulli ngurément en Morale, de l'efprit Se de Ihumeur ; pour dire , rude , piquant , choquant. Acerbus j Afper. C'eft un efprit aigre. Son humeur eft aigre • pour dire , il eft prompt à piquer les auties , & difficile a s'apailer. En ce lens on dit , une aigre réprimande , une aigre répartie. Tibère éroitai^re dans fes réprimandes. Un ton aigre , un ityle aigre. Ablanc. //e/? dans fes difcours plus aigre, plusmordant ^ Qu'une femme en furie , ou Gautier en plaidant. BoiL. Ce mot vient d'acer, qui eft la même chofe; mais, félon le P. Pezron, ûccr eft pris du Celtique «i^re. AiGRE-Doux. Qui a le goût mêlé de doux & d'aigre. Il ne fe dit guère que des fîuits. Acido & dulci mixtus. Les anciens Poètes ditoient au figuré , ton elprit ai- gre-doux. Baif avoir inventé ce mot , qui n'a pas été licureux. On le diroit cependant encore dans le ftyle badin , ou comique, & un Poète de ce temps dit. Un compliment aigte-doux & malin ^ Bref, comme on dit , moitié figue & ra'ifin. Alors aigre ell indéclinable, & ne prend point le ligne du pluriel. CompUmens aigre-doux. En Normandie il le dit du vieux cidre , qu'on a palïé lur le marc nouveau, afin d'adcucir fon aigieur & fa dureté. Les bons gourmets dif cernent facilement le vieux cidre, qu'on a repaffé fur du marc nouveau , parce qu'il eft aigre-doux. ArcRE DE cÉDRE, Cm. Sorte de liqueur faire avec du jus de citron, de hmon ou de cédrat & avec du fucre, & qui , mêlée enfuite avec de l'eau , fait une boiffon fort agréable. AIGREFIN ou ÉGREFIN. f. m. Sorte de poilTon de mer, allez lemblable au merlan , mais plus long, plus gros, plus ferme, 6c de meilleurgoût, ayant une ligne noire depuis la tête jufqu'à la queue. Jecorarius. Il s'en pêche beaucoup furies ccitesd'Ecofre.On le mange frais , & pour le garder, on le fale , & on le fait fumer ëi. lécher à la cheminée. Le négoce de ce poillon efl peu conlîdérable en France , & prefque toute la con- fomraation s'en fait furies côtes où il fe pêche. C'étoic aullî une efpèce de monnoie, dont Rabelais fait men- tion. ifT AIGRE-FIN. 1. m. Terme de mépris , ironique & burlefque, dont on fe fert dans le ftyle famiher pour figniher un homme qui vird'induflrie, autrement CAe- valier d'indujlrie. Voye\ ce mot. AIGREDON. L m. On^doit dire EDREDON. Foyei ce mot. AIGRELET , ETTE. adj. Qui eft un peu aigre. Acidu- lus j Subacidus. Une faulTe aigrelette. Un fruit aigre^ ht. L'épine-vinette a un petit goût aigrelet. AIGREMENT, adv. D'une manière Tà'ff.ç.. Acerbe , Af- pere. Il ne fe dit point au propre \ mais on dit au fi- guré , parler , répondre , répliquer aigrement ; pour dire, avec des paroles pleines d'aigreur. Tibère reprit les Juges fli^rewtfwr. Ablanc. Le monde eft en pof- fcllîon de parler hbrcment des défauts des autres en leur abfcnce j les uns le font aigrement Se maUgne- ment , & les autres d'une manière plus douce. Nicol. AIGREMOINE. f. f. Agrimonia. Plante qu'on a nommée Eupatorium dans les vieux Difpenf aires. Ses racines font vivaces , longues & noirâtres : fes tiges font rondes , velues, hautes de deux à trois pieds, quelquefois bran- chues, ik garnies dès le bas de quelques feuilles lon- gues, velues, ailées , c'eft-à-dire, compofées déplu- fleurs petites feuilles qui font rangées fur une même cote terminée par une feule feuille. Chaque petite feuille eft crénelée à fes bords , relevée de plulîeurs nervures qui parcourent la furface , & chargée d'un duvet court , blanchâtre , ou grisâtte. L'extrémité des tiges & des branches fe termine par un épi long d'un demi-pied. Les Ikurs quifoiment cet épi, font jaunes, Zij i8o AlG <;oiTipofécs de cii;q pétxiles , difpcfces en Tofc autour du pii1:il,& icuttnnes par un ciîi-cc qui devient dans -la faite un fruit oblong , hétillé de piquans, vers la moitié , &c qui renferme une ou deux lemcnces un peu longues. L'i2/^reOToi.ve eft apérit-ive , abonne pour les maladies de fa poitrine. On dit qu'on l'appelle Eupa- toi/Éj du nom du Roi Eupator , qui fut , dit-on, le -premier qui en fit ufage. Il ne fxnt pourtant pas la con- fondre av-ec d'autres plantes , qu'on appelle aulli £//- .patoires , qui font bien ditFerentes de celle-ci. Je ne fais quel eft ce roi Eupator dont oji vient de parler ; car Eupator n'eft point un nom , mais un l'urne m de plufieirrs Rois. On l'a donné à un R(>i de Syrie , An- n:iochus V^ du nom. Le fameux Roi de Pont, Ivlithn- date , fut aulli lurnommé Eupator. AIGREMORE. i'. m. Les Artiticiers déguifent fous ce nom toutes fortes de charbons de bois tendres ^ pro- pres aux feux d'artifice, tels que ceux de bois debonr- d.aine, de laulc, de coudre, de tilleul & autres lem- blables, lorlqu'ils iont écialcs& tamilcs. AIGUET, ETTE. adj. Qui a un goût médiocrement ai- gre, comme l'épine-vinette, la grenade. Acidulus,Jub- acidus. Ce diminutif paroit moins ulité qu'aigreh't. AIGRETTE, f. f. Oifeau. Efpèce de petit héron blanc qui a une voix aigre , & qui fréquente le bord des ri- vières. Ardcùla alba. Il a le bec long, droit & pointu; les jambes longues , de couleur cendrée , les piedsnoirs ^ blancs , le cou l'ong & courbé, & lur le dos & à côté des ailes, il a des plumes blanches , fines & déhées, qui font fort recherchées & fort chères. Il a lur Ja tête des plumes blanches pèce qui vient en Provence , en Languedoc , & en Ita- lie, plus petite dans toutes les parues que la précé- dente, & dont l'odeur eft auiu d^uce que celle du cerleuil & de l'anis. Aiguille , le cht proverbialemcpf en ces phrafes: de fil en arguillc ; pour dire, dun propos a lau.ic , dune choie a une aqtre. Conter une chofe de fil en aiguille , c'eft lacmter tout par ordre, ne rien omettre, en rappoitci t utes les circoiiflrances. Faire un procès lur la jjointe d une aiguille ; p»„ur dire, contclter lanslujtt, eu pcui une aft'aire de peu d mipurtance. C n dit de celui CjUi tait plulîeurs petits emprunts dx unis, qu il lui faut four- nir de hl & à'ciguille. CC? On dit d une ch>_.fe l,u on cherche , mais qui eft difncile a trouver à caufe de fa penrefle , que c eft chercher une ciguille dans une botte de foin. La perte de cette C ft.cier a paiu ici comme une aiguille dans une bv:,tte de toin. ^i^ de Sev. On a fait une devile dune ai: ullle a broder , Pungit ut ornttj elle pique pour orner. Aiguille , eft un nom qu'on a donné a quelques lieux. Aiguille eft une île de la mer Ethiopique. Ce n^^in vient de ion nom portugais Agulha. Le Cap des AiguilUs j Acuum fromontoriutr: ., eft fur la crte des Cafres, en Atrique. Montagne de 1 Aiguille. Montagne deCauphiné en France , appelée autrei«ent muiitat,ue inac>.e;J;ble. A'ons acus , Mons inoccejjus. Iz iituatijn eftrenver- lee , & elle eft comme plantée lur in fcmirut car elle n'a par le bas que loo pas de ci.cuit , et tlie en a 1000 par en haut ; de là vientli^n n^m d'in.cct/^ fiHc. Quand Charles 'V'III alla en Italie en 1492 ^ il envoya des gens qui turent allez hardis CSj alfez adroits pour monter julqu'au haut de cette monragne. ils n'y trouvèrent que des chamois. On n'y vit peint d arbres, mais feulement Un prc. Il pouvoir y avoir demi heue à monter parle chemin qu'on prit. Il y a fur la ; late- forme de cette montagne une élévation pointue oui lui tait donner le nom de Montagne de l' Ai^'inllei. ACAD. pE5^S. i-joo. Hlft. p. ^i AIGUILLE , ÉE. .-idj. Compcfé de parties fcmbiables à des aiguilles. Obeloides. Les tels alkalis dont un fe fert pour ablorbcr les tels acides du foutre commun, rcduifenti argent en malle brune & aiguillée, a^^pro- chante de l'antimoine. hiosin^Kc. Aca^. des ^. ijooï Mem. /'.41. AlGUILLhE. f. f. Certaine longueur de fil, de foie, de laine, qu'on palfe dans une aiguille, piuportiomrée à l'étendue du bras qui la tire. Acia. AIGUILLER. V. a. Terme d'Oculifte. C'eft ôter la ca- tarade de 1 œil. Les Oculiftes font adroits à aiguiller. Cette exprclîion vient de ce qu'ils fe fer\'ent dune aiguille pour cette opération. Il n'eft pas en ulage. ï^i^ AIGUiLLER la foie. Terme de manufadure de loierie. C'eft la nettoyer avec des aiguilles eu iuftiu- mens lembbblcs, quand elle eft fur le dé-idoir , ou qu'on l'en a retirée pour la dépouiller des parties étran- gères qrti n'ont pas été emportées dans les autres pré- parations. Il eft défendu A' aiguiller la foie, parce que cela l'éraille & la détord. AIGUILLETTE, f. f. Cordon ou tilfu ferré par les deux bouts , qui lert à attacher t^uelque chofe a une autre; Ligula. On attachoit le haut des chauiïes avec une aiguillette. Un ferrer à' aiguillette. On fait aullî des aiguillettes de cuir de mouton, coupé en "bandelettes ferrées par les deux bouts. On appelle aufli aiguillettes , des toulFes de rubans ou de cordons ferrés , qui ne lervent quelquefois que d'ornement. Ntuer l'aiguillette , fe dit d'un prétendu maléfice que le peuple croit empêcher la conlommation du mariage. Fofcinare conjuges. On dit au Manège , nouer l'aiguillette j quand un cheval lauteur s'épare, & rue entièrement du tram dd derrière, alongeant les jambes également de toute leur étendue. Lxtenfis peditus%alcitrare. On dit populairement & balFement , lâcher l'ai- gui'lctte ; pour dire , fitisfaire aux néccllités natu- relles; Ligulus Jhlyere- On dit proverbialcmentj qu'on i84 AîG ne doit point fcivir un maître qui Terre fes vieilles ai- guillettes ; c'eft-à-dire , quieft trop bon ménager. Cou- rir l'aiguillette j Te dit d'une femme qui va le profti- tuer ça & l'a. Ce qui vient de ce qu autrefoisa Tou- -loufe les femmes débauchées étoient obligées dépor- ter ime aiguillette tiir l'épaule , pour marque d'mfa- mie i ce que Pafquier dit avoir vu encore pratiquer de ion temps. C ctcit en exécution de l'Ordonnance de S. Louis. Boyer le dit aulll j lur laCoutumc de Bour- ges. V^itam meretriciam agere , fcortari. Ip^ Ce mot fe dit au figuré des morceaux de la peau ou de la chair arrachés ou coupés en long. Les Barba- res lui arrachèrent la peau du dos par aiguillettes. On lève les aiguillettes d'un oilcau de rivière , on le coupe par iiipuilletîes, AIGUILLETTER. v. a. Attacher fon haut de chaulles avec une ou plulieurs aiguillettes. Vejlem ligulis aj- trinaere. Ce mot, ainfi que la mode de porter des ai- e;uillcttes , n'eft plus en utage. AIGUILLETTÉE , ÉE. part. J/IriHus ligulis. Autre- fois on étoit toujours aiguillette ; pour dire , qu'on •avoir le haut de chauires attaché au pourpoint avec plufieurs aiguillettes. L'n amant aiguillette iei::i pour elle un ragoût merveilleux. Mol. On dit au figuré d'un homme qui a l'air contraint & guindé, que c'ei!: un homme aiguillette. AIGUÎLLETTIER. f. m. Ouvrier qui ferre les aiguil- lettes & les lacets. Ligularum artifex. AIGUILLIER. f.m. Ouvrier qui fait des aiguilles. y^carz/Tz artifex. AiGUiLLiER, fe dit aufli du petit étui où l'en met des aiguilles. Theca acuum. Mon aiguillier efl fort joh. Ow trouve acuarium dans la balie latinité. AIGUILLON, f. m. Ce qui eft piquant en matière d'ai- guille. Aculeus. Les hénirjiis font couverts de poin- tes &c A' aiguillons. Les abeilles ont un aiguillon ., dont la figure fe voit dans la Micrographie de M. Hook , & dans le Journal des Savans , 1666 , p. ^çj. ÇCF On a aulîî donné le nom A' aiguillon {hlijl. nat. ) aux parties oileufes oc pointues qui (ont dans les nageoires, & fur d'autres parties du corps de la plupart des poiilons. |CF Aiguillon. Aculeus en Botanique^ , c'efl , fuivant Linnarus, une pointe fragile, qui eft 11 peu adhérente à la plante, qu'on peut la détacher aJlément, fans rien déchirer. Cette circonllance la diftingue de l'épine : mais communément ce mot fe dit des pointes qu'on trouve autour des feuilles , ou fur les feuilles , comme font celles des feuilles de choux. %fT Aiguillon. {Manège) Voyez_'VALET. |C? Aiguillons. Terme de chall'e. Ce font les fientes & les fumées des bêtes fauves qui ont une pointe au bcut. Ces fumées ont des aiguillons; c'eft une bète fauve qui a pallé. fer Aiguillon , fe dit encore d'une pointe de fer atta- chée au bout d'un grand bâton, dont on (e fert pour piquer les bœufs , «Se pour les faire marcher. Stimulus. Piquer de l'aiguillon j d'.nner de l'aiguillon. Les bou- viers chalfent leurs bœufs avec nn aiguillon. Aiguillon , fe dit figurément en Morale de ce qui ex- cite à quelque chote. Incitamentum j irritamentum , Jiimulus. L'aiguillon de l'amour , c'eft la difficulté. Malh. Nos pallions ont plus beloin débride qued'iz/- guillon. La louange des belles aéfions fert d'aiguil- lon à la vertu. Ablanc. La colère lèrvoit d'aiguil- lon à loii ardeur naturelle. Vaug. La récompenle eft un puillant aiç-uillon pour nous porter avec courage aux travaux &: aux dangers. Ariftote diloit de Calil- tène , qu'il avoit befcin d'aiguillon pour être excité , & Théophrafte d'un frein pour le retenir. AIGUILLON. Ville de France. Aguillionum. Elle eft dans l'Agenois, qui eft une contrée de la Guyenne , au confluent du Lot & de la Garonne, entre Agen v?c Nérac. Aiguillon a titre de Duché. AIGUILLONNER, v. a. Donner de l'aiguillon, piquer de l'aiguillon. Terme de Labouicur. Stimidare -, acu- leum admovere. Aigumonne^ ce bœuf. Il (e dit rare- ment au propre. Aic'iiLLONNER , au figuté, figulfie ponlLcr quelqu'un à faire , ou à entreprendre quelque chofe, l'exciter par de AIL fortes raifons , par de puiiFans motifs. ^C? Les grands Vocabuliftes dilent , yre(jer quelqu'un à faire quel- que chofe. Locution vicicufe. On preire quelqu'un de faire une choie, de parler ,de partir : mais on n'a ja- mais dit , prelier quelqii un a parler , à partir , à faire. Stimulare , excitare _, acuere. L'exemple de nos a'ieux nous aiguillonne à la vertu. Il y a de bons Auteurs qui prétendent que, quoique le terme â^ aiguillon foit du bel ulage , il n'en eft pas tcut-à-tait de même de celui d'aiguiltonner ^ qui, lelcn eux, ne s'emploie ja- mais bien noblement , & qu'en la place il faut dire , Provoquer , exciter, enflammer, &c. ifr AIGUILLONNÉ , L£. adj. Terme de chalTe qui fe dit des fumées qui portent un aiguillon quand elles font en nœuds-, ce qui marque ordinairement que les cerfs ont eu quelque ennui. AIGUISEMENT, f. m, Adion d'aiguifer. Exacutio. Il a tant coûté pour l'aiguifement de ces couteaux. On ne le dit guère. AIGUISER, v. a. Rendre aigu , plus pointu , plus tran- chant. Acuere , exacuere. Les faucheurs aiguifenc leurs faux avec des queues , eu des dalles. Les tail- leurs de pierres aiguifent leurs marteaux & leurs ci- leaux (urdcs pavés. On porte les couteaux «Scies ra- loirs chez les émouleurs pour les aiguifcr, ik les paf- fer lur la meule , fur la pierre. Aiguiser, le dit figurément de l'efprit oc de quelques pallient. Les Conlérences académiques aiguifent l'ef- prit , le rendent plus lubtil. Un ragoût aiguife l'appé- tit, l'augmente, le renouvelle, le rend plus vif. On dit proverbialement, «Si familièrement , Aigui- fer les couteaux -, pour dire , le préparer au combat. Aiguifer les dents \ pour dire , le préparer a bien man- ger, accingere fe. AIGUISÉ, ÉE. part. Exacutus. Aiguisé, en tcimes de Blalon, le dit des pièces qui ont les bouts aigus & terminés en pointe. In mucronem , acumen , cufjiiem dejinens. Comme une croix aigui- fe e , une fafce aiguife'e , des pals aiguife's. Quand ils ne lont pointus que par le bout d'en bas , on les ap- pelle ^c A (?j. AIGUMENT. adv. Nicot écrit aguement , comme on le prononçoit autrefois ; ce qui revient mieux à l'ad- verbe latin acutè , finement, ingénicufcment.fubtile- ment. Cependant il l'explique par ccriter, qui fignifie rudement , durement ; exphcation convenable à l'exem- ple qui fuit, où il s'agit desPhilolophes, qui bien loin de s'étudier à orner leurs dilcours de fleurs de Rhéto- rique , aftcétent de fe lervir des exprellions lîmples. Il y a des Philolophes, qui, à l'exemple de Cliry- lîppe , afledent de parler aigûment ik léchemcnt , la frugalité leur plailant en toutes chofes, & en paro- les autant qu'au refte de la vie. Le Vayer. ta. zj j p. iJ/. Aigûment n'eft point ulîté, A I I. AIIS DANGILLON. Jiatia. Petite ville de Berry. Ce nom eft pluriel. Les Aiis Dangillon. Il y a une Col- légiale auxiîiij,- car ordinairement on dit limplement les aiis j «Se il faut prononcer les ais. Ce mot s'eft formé du Latin Aiatia ^ «Se le fécond de Dam , ou Dom Cillon, qui en a été autrefois Seigneur. A I L. AIL. f. m. au pluriel aulx. Planre alTez connue , «^^ dont il y a diveries fortes. Allium. Le cultivé, qui eft celui des jardins > a une tige aftez longue, toute unie, & creufe: les fleurs font à lix leuilles, «Se naillcnt en gros bouquets fphériques. Son fruit cftdivilé en trois loges, remplies de quelques lemencesprelque rondes ; fes feuil- les ne lont point fiftuleules coiriinc celles de l'oignon. Sa racine eft bulbeule , ou à oignon, compofée de quelques tuniques , qui enveloppent plulieurs tuber- cules charnus, dun goût acre, & d'une odeur forte. \Jail eft fort chaud , S<. cauftique -, non-feulement il excite des veflies , mais il ronge , étant appliqué en dehors : il ne fait pas le même effet dans l'eftomac , quand AIL quand on en mange , foie à caufe du levain , & des autres alimens qui y lont contenus ; loic paice que la tiliuie en eft difFciente. On s'en leit dans Japelte, dans la colique venteule&: danspluiieurs autres mala- dies. On l'appelle pour cette raiîon, la Thériaqui des payfans. Son utage eft delagréable , à caule de ia puanteur. Outre les aulx domeftiques , il y en a de ûuvages. Il y en a un dont les feuilles lunt plus larges , femblables à celles du poireau. D'autres ont leurs feuilles menues & très-étroites, & les tctes très-petites , en comparailon du domefrique ; elles lont garnies de Heurs , ou blanches, ou purpurines, ou rayées, ou jaunes. Il y en a une e(pèce commune en France qui vient dans les bois ^ Heurit au printemps. Cette eipcce ne donne qu une ou deux feuilles aulll larges que celles du muguet -, d'entre ces deux feuilles s'élève une tige haute d un pied au plus, qui porte à fon extrémité une tête garnie de iieurs blanches. On la nomme ail d'ours ^ A llium urjinum. Les anciens Bo- taniftcs avoient domré le nom de Moiv à une partie de ces aa/.v fruvages , & ih ^.p'ptlQicni'Scorodoprafumj, les eipèces qui portoienr des fer.ilies de poireau. Ail de chien. Voye\ Mus cari. Ses fleurs (ont de cou- leur de pourpre. Il y a aulîî un ail poireau ^ qui eft gros comme un poireau , & qui participe aux quali- tés de l'un & de laurre : en Grec rKs^i/s^ysa^ov. On ne peut fouffrir Thaleine de ceux qui ont mangé de \ail. En 156S Alphonfc, Roi de Caftille, fit un Ordre de Qievalerie, qu'il appela \ Ordre de la Bande ; il leur défendit par les Statuts de manger des aul.v , ni des oignons, & ordonna que les contrevcnans s'abf- tiendroient pendant un mois de pratiquer la Cour, ni les autres Chevaliers. Matth. Vie de Louis XI. Lïy. 6. en les annor. marg. De Roch. Lés aulx & les ci- gnons (ont les viandes ordinaires des Eipagnols Se des Galconsi la dixme de l'ail rend plus de 1000 écus de- rente à l'Archevêché d'Alby. La pointe d'une épée qui a touché de l'ail hit une plaie où la gangrène le met d'abord , fi l'on n'y remédie. L'ail le sème de goulle , ou autrement de caïeux, à la fin de Février, &'le met n-ois à quatre pGUces avant dans la terre , & à trois à quatre pouces de diftance. On les tire de terre vers la fin de Juillet, & on les met lécher, pour les garder enluite d'une année à l'autre dans un lieu qui ne foi; pas humide. L'ail mangé à jeun eft la Thériaque des Paylans. Il eft vrai qu'il caule la loif, la chaleur pnr tour le corps, & des maux de tête quand on en ulc fouvent -, mais on peut corriger ces accidens en man géant del'ache, ou du perhl incontinent après. L'ail apphqué en forme de cataplalme lur une morlure de ferpent, ou de chien enragé, eft, dit-on, un lou\e- rain remède. Pour empêcher que les oifeaux ne nui- lent aux fruits nouveaux des arbres, il faut pendre aux branches quelque quantité d'ails. Id. En latin allnan , qui vient du grec â>A/6!( , qui lignifie la tête de Xaïl. Vefpalien dit a un jeune homme , qui lui demandoit iin gouvernement : j'aimerois mieux que tu fentille^ \ail, que le parfum. Ablanc. Il étoit défendu a ceux qui avoient mangé de Xail, d'entrer dans le temple de la mère des Dieux. Bayl. Cette plante n'a été appelée allium en latin , félon fi.int Ilîdore , Orig. lib. ^ , cap. 1 0 ^ qu'à caufe de la forte odeur qu'elle répand, allium dicîumqubd olea:. AIL A, ou AILATH, ou yELATH , ÉLATH, Ancienne ville de l'Idumée. Aila ^ Ailath, JElath. Elle étoit placée fur le bord de la mer rouge , près d'Afionga- ber. Elle fut le fiége d'un Roi des Iduméens. Saint Jé- rôme dit que de fon temps elle s'appeloit Leçilo X^, parce que les Romains y avoient fait une colonie de la dixième légion. On prétend que c'eft la même que Joféphe appelle Elana. AILBERT. 1. m. Nom d'homme , qui s'eft fait d'Agil- bert. Agilbertus. S. Aii'oertj ou Agilbert, étoitEvêque de Paris. Baillet. AILE, f f. La partie de l'oileau qui l'élève ou qui le foutient en l'au' , quand elle eft étendue. ^O* Parties du corpsdes oifeaux, qui lont les inftrumens du vol, & qui lont façonnées pour cet effet avec beaucoup dart, & placées à l'endroit le plils. propre pour tenir Tome L AïL 185' le corps dans un exact équilibre. Ala. L'aig'e eft un oilcau qui vole à tire d'aile. Les Faucons le tie.i,:ent long-temps fur aile , ils ont \aile vke , traïKnante , l'aile tprte , l'aile entière. On dit aUifi ; frire voir en aile l'oifeau, le mettre en aile : voler de belles ailes. Les pouillns font encore I^_,us l'aile de la mcie. Aile, fe dit aulll d'une chauve fouris, d'une mouche, d'un papillon , d'un ferpent , 4 un dragon , & généra- lement de tout ce qui fert a quelques infectes a voler. La chauve-louris n'a point de plumes a fes ailes. Les ailes d'un papillon, d'un moucheron, &c. Aile , le dit aulîî de cette partie charnue qui s'étend de l'eftomac a la cuilfe dans les oifeauMuon mange. Une aile de chapon , de perdrix. Il y en à qui préfè- rent la cuilfe à l'aile. Aile ,^ fe du figurcment en chofes morales & fpirituelles , & lignifie, protection, garde. C'eft une fille ^'honneur qui a toujours été élevée fous l'aile de la mère. Et fur-tout en poëfie : Cache-la fous ton aile au jour épouvantable, dit Defportes en parlant à Dieu en fa- veur de l'ame pecherelle. Aialheibe a dit aulll. Et fon ame étendant fes ailes. Fut toute prête à s'envoler. On dit aulll familièrement , la peur lui a mis des ailes aux talons j pour dire, l'a fait fuir en diligence. Si la peur vous donne des ailes pour vous lauver, l'clpérance lui en donnera de plus fortes pour vous at- teindre. Vaug. rCF On peint ordinairement Mercure avec des ailes aux talons. Les anciens payens donnoient des ailes a la victoire , à la renommée , au cheval pé- gafe, à l'amour. Les Peintres &les Poètes en djinnent aux vents, au temps, aux heures. On dit poétique- ment lur les ailes du temps , fur les ailes des vents, des zephiis. On donne aulîî figurément des ai/ej aux Chérubins, & aux Anges. Les Chérubins devant Dieu le cou- vrent la face de leurs ailes : ils couvroient 1 arche de leurs ailes. Aile ,_ en termes d'Anatomie, fe dit par analogie, dé pluheurs parties du corps. Les lobes du foie s appel- lent fouvent ailes j ou ailerons. On appelle aile^ ou ailerons y les chaires molles & Ipongieufes qui fortent de la partie naturelle des femmes, que les Anatomif- tes appellent nymphes , ou dames des eaux j parce qu'elles fervent à conduire l'urine dehors. On appelle aullî ailes , ou ailerons , les deux cartillages qui font auï côtés du nez, & qui forment les narines. On ap- pelle encore ailes ou. ailerons , le haut des oreilles, les cartilages qui forment la partie fupérieure des oreilles. Aile , en termes de Blafon , quand elle eft feule , s'ap- pelle un demi-vol ; tk lorfqu il y en a deux, elle s'appelle un vol : ce qui fé^ dit de quelque oifeau que ce loit. ' On appelle au Manège ailes , ces pièces de bois qu'on met aux cotés de la lance pour la charger vers la poignée. Aile , en termes de Botanique, c'eft l'angle que les feuil- les d'une plante, ou la queue des feuilles forment avec la tige, ou avec une branche de la plante. Cet angle eft ordinairement aigu , Se tourne toujours en haut. Il s'appelle ainli par relîemblanceàra'p-gle qUe forment les ailes d'un oileau avec fon corps, ou plutôt à l'an- gle que forme le bras de l'homme avec le tronc du corps, &qui s'appelle aulli iji/;^. Quelquefois on appelle aulîî de ce nom les branches mêmes , ou les feuilles qui poulîent a côté l'une de 1 autre lur les tiges des arbres ou des plantes , & qui forment avec la tige l'an- gle dont on vient de parler. Le mot d'ailfelle convient mieux ici, 1,0° Ailes ,1e dit encore en Botanique. 1". Des deux pé- tales latérales des fleurs légumineutes, fîtuées entre le pavillon & la nacelle. 2". De l'expanfion membraneufe qui accompagne certaines lemences. Le bigncnia, lE- rable , oc. ont leurs lemences ailées. Semina alata. 3". De ces feuillets membraneux qui accompagnent les tiges fuivant leur longueur. Alors on dit que les tiges ' font ailées', Catilis alntus'- Aa î8-< }0 AIL AiLts, en termes de Jardinage, font des branches d'ar- bres eu d'autres plantes, qui pcullcnt à côté Tune de l'autre. Ces brandies font des ailes. Liger. Ce terme fe dit en particulier des artichaux -, & ces ailês lont les pommes qui accompagnent le principal montant lur la mcme tige , & ne font pas lî grolles que la princi- pale pomme. La Quint. Liger. Il ne reile plus que des ailes fur nos pieçis d'artichaux. Lig. On donne ce nom à ces fortes de produclions , à caute qu'étant pla- cées vis-à-vis l'une de l'autre , & s'étendant des deux côtés oppofcs, elles font comme des ailes. Id. Aile , fe dit auili d un moulin à vent. Ce font quatre grand châ^ couverts de toile & garnis d'échelons, xnii traverlmt l'ailîîeu endeJiors; & reçoivent le vent pour faire tourner le moulin. Les Meuniers les appel- lent autremenr volans. Les juvricrs -nomment aulîi les ailes d'une fiche , ou couplet, ces deux petits morceaux -de for mobiles parle moyen de leurs charnières , qui fervent à foutcnir S: à faire muuvoir des portes ou des fenêtres, ou des volets brilés. Ils appellent ai/es de lucarne les deux côtés qui polent lur les chevrons, & qu'on appelle au- trement joues de la lucarne. Aile de lardoires. Terme de cuilîne. On entend par- là les parties de la lardoire , où Ion met le lardon , lorl- qii'on veut larder ou piquer quelque viande. Aile, eft aulîi un terme d'Horloger, qui fe dit des pi- gnons. Vûile eft à l'égard d'un pignon , ce que la dent tll à l'égard d'vmeroue. C'eft auHiune des branches du volant de (onnerie. Les Vitriers appellent encore ailes, ou ailerons , ces .petites bandes de plomb fort déliées, quilcrventàeu- gagerleslolanges du verre dans les panneaux des vitres , & à les y tenir ferme. Ai LE en Architecture. On appelle les ailes d'un bâti- ment, ce qu'on bâtit à droite & à gauche pour ac- compagner le principal corps de logis, & faire les deux côtés de la cour. Ce font les deux extrémités d'un bâ- timent qui s'avancent eniaillie. Aile droite, aile gau- che. \laile droite doit s'étendre, non pas par rapport •à la perfonne qui regarde , mais par rapport au bâti- ment même. Dict. de Peint, et d'Archit. Ce bâti- i^nt eft impartait, il n'y a qu'une aile de bâtie. On 1^1 appelle auiïïces ailes, bras, ou potences. On dit en- core , les ailes d'un théâtre , les ailes d'un pont. On appelle aulli aile d.ans les Egliles, ce qui eft à droite & à gauche de la croifée -, les bas côtés, ou les petites volâtes qui lont à côtés de la grande. Le por- tail de Wzile droite eft plus beau que celui de la gau- che. On n'a bâti que le chœur, ou va bientôt travail- ler aux ailes. Quand il y a doubles ailes dans les Egli- fos, comme à Notre-Dame de Paris, les fécondes qui font ordinairement plus balfes que les autres , s'appel- lent les baffes ailes. * ■fCF Ailes de paVe. C'eft ainfi qu'on appelle les deux côtés ou pentes de la chaulfoc d un pavé. AiLE,fo dit en termes de Guerre, des deux extrémités d une .année rangée en bataille. Ala , cornu. L'aile droite fut la première rompue. La cavalerie fe metfur les ailes ; c'eft-à-dire , fur les H.ancs , ou fur les extré- mités de chaque ligne à droite & à gauche. En ce fens, ce mot vient de alauda , (clon Bochart, qui fîgnifîoit une Légion Gaulcite, ainli nommée à caule de la fi- gure des cafques que portoient les foldats, qui étoient crêtes comme des allouettes. On dit que Pan, l'un des capitaines de Eacchus, a été le premier inventeur de cette manière de ranger une armée en bataille : d'où vient que les anciens l'ont peint avec des cornes à la tcte,p.ifce qu'ils appeloient cornes, ce que nous ap- pelons les ailes. Il y a beaucoup plus d'apparence, ou plutôt, il eft certain que aile dans ce fens vient du mot latin ala , aile , qui f e donnoit à un corps de cavalerie ; parce que dans les armées Romaines, la cavalerie le divifoit en deux cotps, qu'on jctoit fur les deux côtés de l'armée , l'un à droite, c^' l'autre à gauche , & dont on la rianquoit ; ce qu'on appcloit aU , les deux ailes, parce qu'ils faifoient à peu près, par rapport au corps jde l'armée, la figure que font par rapport au corps d'tin oifeau, fes ailes, quand elles font étendues. Les Ail deux côtés, les deux flancs de l'armée , s'appeloient donc ailes ; c'eft de -là que nous avons pris ce mot , pour fignifier la même chofe. Aile, le dit aullî des deux côtés on des files qui termi- nent chaque bataillon , ou chaque elcadron , à droite & à gauche. Les Piquiers lont rangés au miheu , & les Moufquetaires fur les ailes. On a commencé à dé- filer par \'aile droite. On appelle aulli les ailes d'un bataillon, les manches , ou fou fianc. Aile, fedit auili en termes de Fortification, du flanc d'un baftion , & plus ordinairement des longs côtés qui terminent , à 'droite & à gauche , un ouvrage à cornes ou couronné , & qui font flanqués par quelque en- droit de la place , par quelque dehors, ou travail par- ticulier. Aile. Terme de Conchyliologie: ce n'eft autre chofe que l'extenfion d'une des lèvres de la bouche d'une co- quille, ce qui forme une cfpèce à! aile. On dit un Mu- rex ailé : on ne doit pas prendre cette aile pour une oreille , quoiqu'on diie Murex auritus. Ailes, en termes de Tourneur, fignifie deux pièces de bois plattes , de figure triangulaife , qui s'attachent tranfverfalement à une des poupées du Tour , pour fervir de fupport lorfqu'on veut tourner de quatre ronds. On appelle Poupées à ailes , celles qui ont de ces fortes de lupports. Dans l'Art d'écrire , on applle bouts d'ailes , des plumes à écrire, qui font tirées du bout àcs ailes d'une oie. Penna. Aile de S. Michel. Ordre militaire de Portugal, qui fut inftitué , félon le P. André Mendo , Jéfuite , De Grdin. Milit. l'an 1 1 6j ou l'an 1 1 71 i félon Jofeph di Michieli, dans Ion Teforo mditar. de Cavalleria antique y mo- derna ; c'eft-à-dire Tréfor, militairede Chevalerie an- cienne & moderne, imprimé à Madrid en 1642. Al- phonle Henri I, Roi de Portugal, l'inftitua en mémoire d'une vidoire qu'il remporta lur le Roi de Séville & les Sarrafins , & dont il crut être redevable à S. Mi- chel , qu'il avoir pris pour patron dans cette guerre contre les Infidèles. Les Chevaliers de \'aile de S. Mi- c/ze/furent ainfi nommés, parce que dans leur enfeigne, ils portoient une aile en forme de celle de Archange , laquelle étoit de couleur de pourpre , environnée de rayons d'or. Ces Chevaliers avoient la règle de S. Be- noît , fuivant l'inftitut de Cîteaux. Ils fiifoient vœu de défendre la religion chrétienne , & les confins du royaume , & de protéger les veuves & les orphelins. Dans leur étendard on voyoit d'un côté un S. Michel terraflant le démon , & de l'autre la croix de l'Ordre en forme d'épée, avec ce mot ; Quis ut Deus , qui eft femblable à Dieu ? Cet Ordre ne lubhfte plus. Outre les deux Auteurs que j'ai cités, Foye-^ Antonio Bromdon j Monarc. Lujîtana , Liv. XI, ch. 21. An- tonio Manriquez, T. II , ch. 8. Auguft. Barbofa, Summ. Apojl. ceci/, col. 306. Caramuel, Theolog. Reg. p. 9. Bernardo Juftiniani, hijloria dcll' origine^dé Caval- lieri , ch. 28. Aile , fe dit proverbialement en ces phrafes : cet homme ne b.it plus que d'une aile ; pour dire, que fon crédit, la fortune, fon efprit, font diminués, & qu'il n'en peut plus. On lui a tiré une plume de fon aile: pour dire, qu'on lui a arraché quelque chofe de fon bien: qu'on en tirera pied ou aile ; pour dire, qu'on tirera quelque choie d'une affaire , & qu'on ne perdra pas tout. On lui a rogné les ailes ; pour dire, qu'on a re- tranché de fon autorité, de les richefles. On dit d'un téméraire , qu'il a voulu voler avant que d'avoir des ailes , qu'il n'a pas \aile encore aflez forte; pour dire, qu'il a commencé trop tôt quelque entreprife au-delïus de fes forces. On dit d'un homme malheureux , qu'il en a dans \aile ; pour dire , qu'il lui eft arrivé quel- que accident fâcheux , ou bien qu'ilapalTé les joans, qu'on marque avec une Z. On le dit aullî d'uu homme qui a perdu fa liberté. Mon cher ami , j'en ai dans /'aile. Je fuis perdu , y 'ai regarde Chris. ScAR, AIL Si vous en ave-^ dans /'aile , Plaignez-vous adroitement. S. Amant. On dit aulli, voler à tire d'aile ; poui: dire , d'un vol prompt >S: vigoureux ; & figurément, d un grand emprcllcmcnt, d'une viteire grande &précipit;;e, d'une ardeur prompte comme en ces vers. Cette vengeance , aujji-tôt qu'elle .:ppclle j, On part , on court , on vole à tire d'aile. On ne lui plaint ni dépenfe ni foin ; Contre quiconque onjouticnt la querelle. Et en ceux-ci . Elle a beau faire , la cruelle, ( la goutte ) Elle ne peut durer toujours : Et nous irons en dépit d'elle 3 Dans vos cantons, à tire d'aile , t^^ous relancer un de ces jours. Une tii/d étendue, avec ce mot, Serpere nefcit , marque dans Areli l'élévation du génie. Une aile avec ce mot. Non fufficit una, une ieule ne fuffit pas, li- gnifie qu'une vertu , ou une bonne qualité feule , ne luffit pas pour quelque entieprile. L'Académie de Phi- loponi : c'eft- a-dire, des amateurs du travail, de Fatiiiza, a pour deviie une aile mile en éventail , dont une main challe les mouches , avec ces mots , Fugantur defides , on chaile les t^ainéans. Deux ailes , avec ces mots , Por- tantetn portant , elles portent celui qui les porte , marquent un fecours réciproque. Les ailes , félon Platon, font 1 hiéroglyphe de l'in- telligence ; (Se les ailes d'or que le prétendu Orphée donne au premier né de Saturne, lont, au lentiment du P. Kircher , le fymbole de la iagelle de l'ame du monde , dans les idées platoniciennes. Aile, f f. C'eft un mot qui vient de l'Anglois aie. Se qui eft en ulage à Paris. La première lyllable le pro- jionce un peu long. C'cftune (orte de bière Angloile , qui fe tait fans houblon, & qui eft plus torte & plus chargée que la bière ordinaire. AILÉ , ÉE, adj. Qui a des ailes. Alatus. Les Poètes ap- pellent les oileaux , les peuples ailés. Les papillons , Jes cigales, lont des infeCles ailes. Les bonites lont des poillons ailés, qui le trouvent allez communé- ment lur l'Océan Atlantique . §Cr On repréfenre ordmaucment un foudre ailé pour fymbole de la puillance & de la vitellc. En termes de Blalon, on appelle un oifeau aile , quand les ailes font d'un antre émail que Ion corps. On appelle aulIi aile , tout ce qui eft peint avec des ailes, quoique contre la nature: comme un cerf ailé , un cœur ailé , des dragons , des lerpens ailés , une main ailée j une tète de léopard ailée , une bande ailée, 6'c. Ailé. Alatus , (c dit en Botanique des tiges qui lont gar- nies dans leur longueur de feuillets membraneux. Plu- lieurs efpèces de chardons ont leurs tiges & leurs bran- ches ailées. On appelle auilî i-euilles ailées , celles qui font compofées de plulieurs petites feuilles égales , ou inégales , & qui lont rangées lur une même côte , cn- fone que toutes enlemble, elles ne font qu'une même feuille. Folia alata, ou pennata. Telles font les feuil- les d'aigremoine , de la reine des prés, de l'acacia, du frêne, (S-c-. /-'c)ye:{ Aile , en Botanique. ^fT AILER(}N. f m. Extrémité de l'aile des oifeaux à laquelle tiennent les grandes plumes de l'aile. Extre- ma ala. Aileron , fe dit auOi des nageoires des poillons qui leur ler\'ent comme d'ailes , ou de rames pour s'agiter dans l'eau. Pinna. C'eft un poillon qu'on voit le dos ap- puyé contre fa coquille , qui Jui lerc comme de proue: fa tête , qu'il élevé, lui tient lieu de voiles ; & les ai- lerons font les rames, A blanc. Aileron. Terme d'Anatomie. Voye\ Aile. Aileron, fignihe aulfi, les planches de bois fur Icfquel- ks tombe l'eau pour faire tourner les roues des mou- Tçme. L AîM 187 lins à eau. On les appelle autrement alichons , ou volets. On appeloit auflî autrefois ailerons de petits bords d'étotle qu'on mettoit aux pourpoints, pour couvrir les coutures du haut des manches. §CF Aileron, en Architecture, eft une efpcçe de con- fole renverfée , de pierre ou de bois , revêtue de plomb , dont on orne les côtés d'une lucarne , comme on en voit au-devant des combles de la place Vendôme. (;:? AILESBURY. En latin ^gleshurgum. Petite vilïe, ou plutôt bourg d'Angleterre , avec titre de Comté, en Buckinghamfue, fur laThame, à quinze railles âu- deifu; d'Oxford. . AILETTE, ou ALETTE, f f. Terme de Cordonnien C'eft une petite pièce de cuir qu'on met par dedans le long du louhcr, & qui prend depuis le paton juf- qu'aux quartiers. Vaillette de ce foulier eft bien cou- fue. On dit auili l'ailette d'un rouet de femme a filer. AILEURES. Prononcez Jilures.^ ILOIRES. f. f. Terme de marine. Nicos dit que ce font deux gros foliveaux dans les navires; qu'ils ont vingt pieds de longueur, & font portés le long du pont fur les traverfins , fai- fint un carré avec ces traverlîns. Ce carré eft la fe- nêtre ou le trou par lequel on reçoit le bateau dans, le navire. AILLADE. f f Ail, ou fauce faite avec de l'ail. Cot- giave l'a mis dans Ion Dictionnaire , & La Fontiiiné s'en eft Icrvi dans le conte du Paylan qui avoir offenfé Ion Seigneur , pour marquer les trente aulx que ce Pa\ lan étoit obligé de manger de fuite , qui failoient une des trois amendes dont il avoit le choix, en pu- nition de l'injure faite au Seigneur. // vous faudra choiflr après cela Des cent écus , ou de la haflonade , Pûurfuppléer au défaut de /""aillade. AILLER, f m. C'eft , félon Nicot, un grand filet qu'on étend lur le blé dans les campagnes, pour prendre des cailles. Il eft vert ou blanc, félon la couleur du blé. Il croit qu'on a dit Ailler im lieu de Cailler. AILLEURS. Adverbe de lieu. Autre part. Alibi. Quand on ne trouve pas à vivre en un lieu , il en fmt cher- cher ailleurs.^ On dit d'un homme diftrair : Ion corps eft ici , mais tonefpriteftc^i/Zt'^r.f, y^'ç^zwàsè: ailleurs y pour dire, d'un autre côté. Aliunde. On le dit au figuré , cela procède è^ ailleurs , pour dire , d'une autre caufe , d'un autre principe. C^F D'ailleurs , de plus , outre cela. Foye^ dail- LEUP,S. AILLIER. Sorte d'oifeau de proie. On lit dans la Bible hiftoriée rapportée par Borel, Si comme aigles , ailliers , & efcoufies. AILLORS , fe diloit autrefois pour ailleurs. Borel. A I M. AIMABLE, adj. m. & f. Qui eft digne d'être aimé , qui a des qualités qui attirent l'amour, ou l'amitié de quel- qu'un. Amabilis. Cet homme eft fort aimable. Cette femme eft aimable. Son caraClère eft aimable. Ses ma- nières lont aimahlesi. ' Admirez la limplicité de cette bergère ; elle ne lait qu'être aimable , & ne fait pas en- core le faire aimer. Fonten. Le plus dangereux ridi- cule des vieilles perlonnes qui ont été aimables , c'eft d'oubher qu'elles ne le font plus. Rckhefort. Un amant sûr d'être aimé , Ceffe toujours d'être aimable. Des-H. 03° On dit aulli d'un endroit déhcieUx, c'eft le lieu du monde le plus aimable. Amcenus. gdf Demandez aux grands Vocabuliftes ce que c'eft qu'une choie aimable : ils vous répondront que c'eft ce qui entraîne l'amour ou l'amitié. Cela n'eft ni vrai ni bien dit. Mais fans nous arrêter à l'expreihcn , ne peut-on pa^ctre aimable à moins de frais ? Faiat-il faire Aaij i88 AIM violence aux gens , les fubjuguer, les captiver, entraî- ner l'amour ou ramïdé? Celui qui tait tout cela cil plus Q^ aimable. AIMABLE ORPHÉE, f. m. Terme de Fleurifte. C'eftun œillet cramoifi & blanc ; fa fleur n'ell: pas bien large , mais elle elT: bien tranchée: fa plante eft d'un beau vert , & donne beaucoup de tnarcotes. Il vient de Lille. ALMANT , ou AIMAN , ou AYAIAN. f. m. Magnes. C'eft une pierre minérale , ou plutôt lui métal, ou un fer imparfait , dont la peianteur & la couleur appro- chent fort de celles du fer. Il eft pourtant plus pelant, & plus dur. On le trouve pour l'ordinaire dans les mines de fer; & il le rencontre louvent des morceaux , qui font moitié aimant , Se moitié fer. Sa couleur eft - différente luivant les ditférens pays d'où il vient : le meilleur eft d'un noir luilant. Il n'y en a point de blanc. Celui d'Arabie eft rougeâtre ; celui de Macé- doine noirâtre; celui de Hongrie , d'Allemagne , d'An- gleterre, &c. de couleur de fer non poli. Sa figure ni fa groiîeur ne lont point déterminées. On en trouve de toutes figures , & de grolfeurs diftérentes. Il a des propriétés raerveilleules. Il va s'unir au fer , lorlqu'il en eft aune certaine diftance; &il peut mêmele te- nir fulpendu , quoiqu'il ne le touche pas , & qu'il y ait même entre eux du papier, du carton , du cuivre , ou quelque autre corps mince. C'ell: ce qu'on appelle la venu attraclive. Il tourne toujours un certain côté vers le Nord, & le côté oppofé vers le Sud. C'eft là la vertu direci^ve. On appelle les côtés, les pôles de l'aimant j & la ligne qui va de l'un a l'autre pôle , Taxe de l'aimant. Il commimique ces mêmes propriétés au fer qu'il touche ou qui a pallé près de lui a une cer- taine diftance ; enlorte qu'il a des pôles qui fe tour- nent vers les pôles du monde , auffi bien que ceux de l'aimant. Ce qu'il y a de Inigulier, c'eft que li ayant préfenté au pôle d'un aimant^ le pôle d'un autre ai- mant, ils le joignent; en lui préfenrant le pôle oppo- fé , ils femblent le fuir. On connoît les pôles de i'ai- mantj en pofant delïus une aiguille en liberté : cette aiguille fe tournera de lorte qu'un de fes boucs mar- quera un pôle de l'aimdnt, & l'autre marquera le pôle oppofé. Pour conferver un aimant , il faut l'armer , ou l'entourer de petites plaques de fer , qui puilîent le toucher ; ou bien le fiilpendre à un fil par Ion équa- teur, pour lui lailfer prendre fa lltuation. S'il s'enrouille, fi oar le lailfe quelque temps dans le feu , ou fi on le met en poudre , il perd la conformation naturelle de fes pores , & par conféquent toutes fes propriétés. On peut augmenter , ou diminuer la force de l'aimant ; au heu qu'on ne peut point la rétablir lorfqu'elle elt perdue. Il n'eft pas vrai qu'un aimant frotté d'ail perd fa vertu. Matthiole dit que l'aimant fondu avec du bronze roux , le fait devenir de couleur d'argent , comme la calamine donne la couleur d'or au cuivre. Pline dit, que l'Architedte Dinocrates Alexandrin avoir commencé à \oùzci à' aimant le temple qu'un des Pto- lomées avoit fait bâtir à Alexandrie à la fœur Arfinoé qui étoitaulli fa femme, afin d'y faire tenir fufpendue en l'air la ftatue de cette Princelfe qui étoit toute de fer. Mais Ptolomée & l'Architedtc moururent avant que l'ouvrage fut achevé. M. Godeau écrit la même choie de la Itatue de Sérapis faite par le Roi Scfoftris , &c (ufpendue dans un temple d'Alexandrie. On a fait accroire au peuple la même chofe du cercueil de Mahomet. Mais ce font des fables. Le tombeau de Mahomet eft en terre au milieu de la Mofquée. Gaiiendi & le Père Fournier dérivent ce mot de l'a- mour que l'aimant a pour le fer &c pour le pôle, quia nihil amantius quàm attrahere & retinere. Ménage le dérive de adamante , ablatif de adamas , dont on a ufé en cette fignification. roye^ les Acla SS. April. T. I.p. i Q , & dans la vie de S. Waleric , Ch. 2. Cette étimologie e_ft plus vraie que celle qu'apporte au même endroit Henlchenius, qui dit que nous l'appelons Pierr'Amata. Il a été natutelle de haire Aimée, comme fi ç'avoit été un nom propre qu'on eût fait du participe paflif du verbe amo , j'aime. AullI cette Sainte eft-elle appelée Aimée en quelques Ca- lendriers François ; ce qui ne doit point paroître cxttaor- dinaire , puilque depuis plufieurs liècles, non-feule- ment en Occident, mais même en Orient, on dit Ama- ta, pour ^'iOTarcî/ij. De même l'incorporation ^Amna avec Talis ne doit pas paroître plus extraordinaire que celle d'Abba avec Cyrus, dans \izmor. Abhacyrus , d'où les Cophtes ont fait Saint Abacher , & les Italiens AppaJJara, ponr Abba Cyre. Chast. 5 Janv.Pallade rapporte , ch. ijy , qu'à Antinoé il alla voir Sainte Aimée , ou Amatalide , Religieule depuis 80 ans. M. Chaftclain femble douter h le nom à' Aimée qu'on dorme louvent au baptême, eft celui de cette Sainte , ou Efmée yEmée , en l'honneur de Saint Efdme , ou Elme : mais ce dernier lentiment ne paroît point dou- teux : en ne connoitpoint Sainte Amatalide en France, où S. Edme au contraire eft fort connu. AIMORAGIE. 1. f. Prononcez émoragie. Terme de Mé- decine, qui vient du grec aVopfav», & qui fignific Ecou- lement de fang. Sanguinis emijjio. Provoquer une ai- moragic.bï l'on luit l'ètimologie, il faut écrire Hitmor- rkagie. Il vaut mieux écrire avec l'Académie Hémor- ragie. T'oye-^ ce mot. tf3' AlMORRONS.f. m. Serpent qu'on trouve en Afri- que. L'effet de fa morfure eft de faire fortir le fang tout pur des poumons. AIN. AIN. f. m. rivière de France. Ens , Indus, Indis , Ida- nus , Danus. Elle fort du mont Jura , dans le bailliage de Salins , en Franche-Comté : fortant de la Franche- Comté , elle entre dans la BrelFe , qu'elle traverfe , pour s'aller jeter dans le Rhône au-deflus de Lyon. Ain. Sorte d'interjeèlion int&rrogative , commune aux petites gejiSj ^ fyrt incivile parmi des pcrfonnes po- AIN 191 lies. Ce mot veut dire,* Plau-il; Que voulez-vous ? Qu'en dites-vous ? Ain. 1. m. Vieux mot. Hameçon. Ham.us. Ain. Terme de Grammaire hébraïque & Arabe. C'eft le nom dune lettre , qui eft une afpiration paftée parle nez. Toutes les langues orientales ont le ji;:. Les Arabes en ont deux , dont l'un eft beaucoup plus fort que l'autre. Ils marquent celui qui eft fort & âpre d'un point par-deftus. Peut-être que les anciens Hébrcuxen avoient aulîi deux, & que c'eft pour cela que les Sep- tante ont rendu cette lettre de deux manières diffé- rentes , tantôt fans afpiration, comme danspj; , qu'ils expriment rVs. , Eden ; Se tantôt par un i". c'eft-à- dire, un G ; comme dans miDj; qu'ils traduifentr»'f»of- pa ; Gomorrha , Gomorrhe. Nous n'avons point cette lettre dans nos langues d'Europe ; & nous ne laurions prelquc en bien attraper la prononciation. Quelques Grammairiens l'expliquent par ng _, d'autres par gn. Ce n'eft point cela. C'eft, comme je l'ai dit, une afpiration palfée par le nez, AÏN. VoyeyKi.^. '^ AINÀDEKI. Petite ville de la haute Hongrie , dans le Comté de Sag j entre les villes de Filleck .îs: de Go- mer, à deux lieues de la première. Ainadejum. ^ AIN AI, AISNAY, ou AINAY. Atanacum^on Ai- nacum. Lieu ou célèbre Abbaye de France, failant au- jourd'hui partie de la ville de Lyon , au confinent du Rhône & de la Saône. L'Abbaye fut fècularilce eix 1684. AINC. Vieux adverbe , qui veut dire Jamais. Ce mot eft formé à'unquam. Après Lot Juitekins qui aine n ama François, Cil fut Jils j ujlament j moût fut de grand hufois. R. De Bertain. AIN-CHAREM , Se non pas AIN-CHARIN. Petit vil- lage de la Judée , à deux bonnes lieues de Jérulalem , & à une lieue de ce qu'on appelle le Défert de S. Jean. On le montre aux voyageurs comme la demeure de S. Zacharie& de Sainte Elilabeth; quelques-uns ajou- tent même que c'étoit une des lix villes Sacerdotales de la Tribu de Juda; mais tout cela eft fort incertain. Bruyn met la ville de Sainte Elilabeth après le Bourg de S. Jean , fur le chemin de Jérulalem à Bethléem par le détert. Ce nom eft compolè de deux mots , Ain, Se Charem. Le premier met en hébreu & en arabe lignifie Fontaine. Ceux qui l'écrivent par deux AA , aain , comme h dans les langues originales , d'où il eft tiré , il commencoit par la même lettre doublée , ou répétée , l'écrivent mal. L'une eft un ain conlonnc gutturale natale , Se l'une des radicales de ce nom , qui ne répond point à notre lîj & ne peut s'exprimer par aucun caraclère des langues d'Occident; ir$ , il emporte , il enlevé ce qui eft lur la terre ; la leconde de àp' toujoursjôc.io' ,je coule j parce quel'tîireft toujours fluide ; & la troilième de ps» encore,mais parce que c'eft la fluidité & fon mouvement qui fait le vent. Un vieux Lexique le tire de l'aprivatif, & de '■{">■«'■) je vois: Henri Erienne a trouvé cette étymologietrcs-faufle;Conftantiii ne Xà point méprifée. Pour la confirmer il dit , ce qui elt vrai , que l'air n'a point de lumière de lui-même » qu'il n'cft éclairé que par les aftres ; que ««'f ie prend louvent chez les Grecs pour les ténèbres. Cela eft en- core certain ; on peut le voir dans Héliode , dans Théo- crite , 6c. D'autres en plus grand nombre le dérivent deà'w,j?o j je foufile, & Henri Etienne d'à!i,ai,quia la même fignification. Mais dans ce lent iment on ne fait d'où vient le f', dernière lettre d'^^Vp. J'aimerois mieux le faire venir de iipa ; enlorte qu'il lignifi.it une choie lé- gère, qui s'élève au-defllis des autres, ou peut-être de rhébreims lumière ^ parce que de tous les corps , c'eft celui qui reçoir le plus la lumière , & qu'il nous k tianfmer. De plus, nii? s'eft dit des influences des nuées, de la pluie , des exhalaifons, comme les Hébreux le prétendent fur Job, XXXIIL 11. zi. & XXXIV. 50. & Pf. CXXXVm. II. Il a bien pu fe prendre aulFt pour l'air 3 fur-tout en paffant dans une autre langue. Le P. Pezron prétend, mais tans preuves, dans l'Ant. de Celt. qu'tzér efl: un ancien mot Celtique , duquel vient le greca'pjle Imnaér^ & le trançois air. L'air fe divife en balfe , en moyenne, & en fuprême région. La région baffe , ou inférieure de l'air 3 eft celle que nous habitons , & que l'on borne par la réflexion des rayons du folcil. Elle efl tantôt froide, tantôt chaude , fuivant la diveifité des chmats , & des faitons. La moyenne région de l'air j eft l'ctpace d'air depuis le AIR fcmmct des plus hautes montagnes , jufqu'à la baffe légion de i'.a'rquc nous icfpirons. Elle eli hoide & hu- mide , à caule des vapeurs , & des exhalations que le lolcil y élève. La région lupéricure de ïair , efl celle qui s'étend depuis la cime des montagnes julqu'au ter- me de l'atmolphcre. Elle cft plus pure , plus raréfiée , ^' plus légère que les autres. Au-dellus eft l'Ether ou la matière éthérée. h' air dilFere de la matière éthcrée, entre autres choies , dit M. Harris, en ce que les rayons de la lune , & Àts aftres ilipérieurs , louiîrent une ré- fraction en y entrant, ce qui n'arrive pas dans la ma- tière éthérée. Et en effet , comment feroit-elle une ré- fradtion j puilque les aftres nagent dans cette matière î M. Hook, dans (i Micrologie, pag. 13. femble croire que l'air n'elt autre choie qu'une elpèce de teinture & de diirolution des parties terreil:res & aqueufcs, agitées parla matière éthérée ; & il luppole que ces parties font de la nature du lel. Les Anciens n'ont point connu lape- fanteurdel"a/r. On la connoît par le baromètre, la cha- leur par le thermomètre, fafécherelle par l'hygromètre. C eft Galilée qui a le premier découvert la pelanteur àcVair, & qui l'inféra de ce que l'eau s'arrête enti 'egioj Trames. On dit aire j & non pas air. Voyez ce mot. Air, fignifie auiîî , foufflc , vent, haleine. Spiritus , IIa~ litus J Aura. Le vent eft défini par les Philolophes , un air agité. Il fait un air vil & piquant. fîCF En parlant d'une aftaire qui eft Iur le bureau devant les Juges, & généralement de tcutes les affaires qui fout à la décil-ion des hoipmcs , en dit que Y air du bu» AIR rcau cft favor.ible à quelqu'un , pour marquci' que ce qui paroit du (cntimeut des Juges, fait croire qu'il gagnci.1 Ion procès. On dit au contraire que l'air du biucau n'ell pas pour lui ; pour dire , que les avis pa- roillent être contre lui. C-? Air, fignifîe aulll la façon d'être, de fe tenir, de marcher, de parler, d'agir, iSc généralement tout ce qui concerne le maintien, la co.itenance , la mine, le port & toutes les façons de faire. Oris corporisaue hdbïtus. On dit en ce fens, marcher, parler, le tenir, s'habiller, (e mettre de bon aïr , de mauvais air ^ d'un air ridicule. Avoir \aïr noble, grand, Ipirituel, l'tzir guerrier , d un homme de Cour. Vair Bourgeois, Provincial. Uair trifte , lerieux , refrognc. Uaïr hau- tain , meprifant. Il faut à celui qui règne un aïr d'em- pire & d'autorité. La Bruy. D'où vous vient aujour- d'hui cet air fombre & lc\èie ; Boil. $:3° Air, manières, dans une hgnihcationlynonyme.L'iî/Vj dit M. L'Abbé Girard, lemble être né avec nous, il frappe a la première vue. Les manières viennent de l'éducation; elles le développent fuccclTivcment dans le commerce de la vie. Il y a un bon air à toutes cho- fcs qui eft néceilaire pour plaire. Ce lont les belles manières qui dillingucnt l honnête-homme. %fT l'Air , dit quelque choie de plus tin ; il prévient. Les manières dilcnt qucL,ue chute de plus folide ; elles en- gagent. Tel qui dcplait d'abord par Ion air ■> plaît en- l'uitc par les manières. fjT^" On le donne un air. On atfeéte des manières. Les airs de grandeur que nous nous donnons, ne lervent qii'à taire remarquer notre petitetle, dont on nc.s'ap- percevroit peut-être pas lans cela. Les mêmes maniè- res qui fiéenr quand elles font naturelles, rendent ri- dicules quand elles font atfedécs. ifT On dit compoter (on air , étudier fes manières. Pour être bon courtifan , il faut tavoir compoter ton air lelon les différentes occurrences , & h bien étudier fes OTt2/2ièrejj qu'elles ne découvrent rien des véritables lentimens. ifT Air dans la fignification d'apparence. On dit un air de grandeur, de noblelfe , de tlmplicité. Il y a dans cette mailon un i:ir de magnificence qui étonne tout le monde. ifT On dit , qu'un homme a bien Vair de faire une choie j ou de ne pas la taire; pour dire , qu'on juge qu'il la fera ou qu'il ne la fera pas. Acad. Fr, fCJ" Avoir Xair à la danfe , pour dire , avoir de la dil- potkion pour donner bonne grâce. On le dit auili ti- gurément & familièrement , pour a\oir \'air vif, éveillé , de la dilpotition à réutlîr à ce qu'on fait. Acad. Fr. $3" On dit d'un homme , qu'il fc donne des airs ; pour dire qu'il atïecf e ties manières qui le rendent ridicule. Efferre arroganter , fuperhè. ffT On dit auïn fe donner des airs importans , des airs d'un homme à bonne fortune. Mais il y a de bons Ecrivains qui condamnent toutes ces façons de par- ler h ordinaires. Ils veulent qu'on dite timplemcnt af- feéter des manières ridicules ; faire l'homme impor- tant ; faire 1 homme à bonne fortune ; & c'efl le plus lur. §fT Borel dit que le mot air autrefois fignifîoit auffi co- lère , ëc il cite ce vers du Roman de Perccval. Sijlert &fiert par grand air. Et ailleurs. Si va le Chevalier férir Sur /on efcu de grand air. Air , fe dit autlî de tout ce que l'on donne aux chofes , de la manière dont on les tourne , du catacfèrc qui les ditlingue. Ratio dicendi ^ loquendi ^ fcrihendi. Ce fécond écrit eft d'un air tout différent du premier. Il y a des gens qui gâtent les chofes par le mauvais i^.vqu'ils leur donnent. Les Fables de Phèdre ont un air de'tim- plicité, qui cache un fens fort julte ^ fort noble, ^I. ScuD. AîR 197 CIS* Air , fignifîe encore une certaine vraifcmblance qui rétulce de toute laperlonne, & parUcuh.-rement des traits du vifage. Ons habitus , forma. On dit que deux hommes ont bien \air l'un de l'autre; qu un enfant à beaucoup de l'^îirde fou pete. Ore y vuLtu réfère pa- trcm. On voit les tr.utî de Ion vitage dans ce portrait, mais \\ùr n'y eft pas. il y a des peintres qui , quelque habiles qu'ils loient, ont bien de la peine à attraper cet air qui diftmgue un vitage d un autre. Bouh. §3" En Peinture , en iculpture, on dit un air de tête, des airs de tête ; pour délîgner , 1 attitude , la manière dont une tête etl dellinée. De grands , de beau\, de vilains airs de tête. Ce Peintre a de beaux airs de tcte. Exceller dans les airs de tcte , varier fes airs de tête. s/3°On dit encore \air d'un tableau, pour exprimer, que la couleur de tous les corps eft dimmuce félon les di- vers degrés d'jloignement. Cette diminution s'ap- pelle la Perfpeclive Aérienne. Il y a de \'air dans ce tableau. •JO° Air, en terme de Mutique. C'el^proprementle chant qu'on adapte aux paroles d'une chanfon , ou d'une petite pièce de Poëlîe, propre a être chantée ; & par extenlîon on appelle mr la chanfon même. Can- îilena , canucum. En général, on appelle iî^rtoutmor^ ceau de Mullquc , loit vocale , foit inftrumentale , qui a fon commencement & la fin. Si le lujct eft di-' vile entre deux parties , X air s'appelle duo ; entre trois, trio. ifT Rousseau de Genève. Faire un air lur des paroles, des paroles lur un air. Air de violon, air gai , trifte> Air à boire. ^CT Air. Terme de Manège , fignifie proprement les al- lures d'un cheval. On dit qu'un cheval a tous les airs ^ pour dire, qu'on le manie comme on veut: mais on entend ordinairement par là le mou ement des jam- bes d'un cheval avec une cadence & ur.e hbcitc natu- relle qui le fait manier avec adielfe. Scitus ecul mo- tus _, incejfus. On dit qu'un che\ alprcnd l^zirdes cour- bettes , qu'il le prélente bien à Vair des cabrioles; pour dire, qu'il a de la difpofition à ces fortes A' airs. Les courbettes & les airs mettent parfaitement bien un cheval dans la main , le rendent léger du devant , le mettent lur les hanches. Ces airs le font arrêter fur les h.inches , le font aller par fauts , & l'allureiit dans la main. Nlwc. On dit , qu'un cheval a les airs relevés ; pour dire, qu'il s'élève plus haut qu'au terre-à-terre , & qu'il manie à courbette ^a croupades , à ballotades , à ca- brioles. Air, terme de Liturgie. On appelle air dans l'Eghfe grecque , le voile qui couvre le calice, &; le difque, ou la parène. On appelle ce voile air^ dit S. Germain de Conftantinople , parce qu'il couvre ce qui eft of- fert lur l'autel, comme \air entoure la terre de tous côtés. AiR,eftauiîi une partie du fciade, qui étoit un orne- ment de tête des Hmpercurs Grecs. L'air eft la partie du Iciade qui avance en pointe par devant. ^■^ Air, en Mythologie. Les Grecs adoroientl'iîirj tantôt fous le nom de Jupiter , tantôt fous celui de Junon. Jupiter prétidoit à la partie lupérieure, de Junon à la partie inférieure de l'atmofphère. AIRAIN, f. m. Cuivre, métal rouge, qu'on mêle quel- quefois avec de la calamine pour le rendre jaune, tk. dont on fait du bronze, de la fonte, du laiton, &c. Il fcrt à faire des uftcnfiles de ménage, des cloches, des canons , tx. ^s. Le vitriol le trouve dans les mi- nes d'airain. Comme l'airain a été en ufage avant le fer , les ar- mes dans les premiers temps étoicnt d'airain, auquel, comme Tzetzès l'a remarqué , on donnoit une cer- taine trempe qui le rendoit fort tranchant. Hélîodc , au Liv. I des Œuvres ^ dit clairement, que les armes & les outils étoient alors faits d'airain ■ parce que le fer n'étoicnt point encore en ufagc. On confond t' uvent le cuivre avec l'airain^ il faut cependant les diftinguer. En Polr'ilc le mot d'airain eft plus noble que celui de cuivre. Il y a beaucoup de m{~. 398 AIR lies de l'un & de l'autie métal en Suède. Elles appar- tiennent toutes de droit auRoi par un uiage immémo- rial. Ileftpermis de les ouvrir par-tout où on les trouve. Lanoblelfe a de grands privilèges par rapport au travail des mines. Ceux qui les chcrchentS: qui les trouvent, en ont de même , aulîî bien que les ouvriers qui n'ont d'autre «îétier que celui de travailler aux mines , & ceux qui travaillent aux inltrumens & aux m.achines nccellaires à ces ouvriers. Les mine^ deSahlberg, celle qu'on appelle de la montagne de Cuivre, Cuprirnon- tima, & celle de Galpenberg, lont les plus fameules de Suède , & celles qui ont le plus de privilèges. La dernière le trouve aujourd'hui beaucoup plus abon- dante qu'elle n'ètoit auuefois. Airain de Corinthe. C'étoit un mélange de métaux fort eftimé chez les Anciens , fait , (elon quelques- uns, de quatre parties d'or, & d'argent. j¥,s Corin- thium. ^fT En parlant des quatre âges du monde , dont la fa- ble fait mention , on appelle ilècle d'airain 3 ou âge d'airain -, celui qu'on a placé entre le iiècle d'argent & le ilècle de fer. Sdculum izrcum. uîtas ahenea. ^fT Au lîguré , on dit un ficcle d'airain j pour déligner des temps durs , malheureux. ^CF On dit audi un eiel d'airain , pour dèfigner un temps aride , où il ne tombe ni pluie , ni rolée. ^CT On dit d'un homme , qu'il a un front d'airain , pour marquer une extrême impudence; & qu'il a un caviï d' airain , des entrailles d' airain ^ pour dire, qu'il eft dur , infenfible à la pitié. IJCF On dit figurèment , que les injures s'écrivent fur l'airain j & les bienfaits fur le fable, pour faire enten- dre qu'on oublie aifèment le bien , ôc qu'on fe fou- vient long-temps du mal. |Cr AIR AINES. Bourg de France , en Picardie , à fix lieues d'Amiens & d'Abbeville, fur une petite rivière qui fe jette dans la fomme. AIRE. f. f. Toute fuperficie plane fur laquelle on mar- che. j4rea. Il fe dit plus particulièrement d'une place bien battue & préparée pour battre les grains, foit à la campagne, foit dans une grange. En plulieurs lieux on bat les blés en pleine campagne : d'où vient que les Italiens appellent /o/jioj <ïc les Elpagnols /o/ar j ce que nous appelons aire^ quajî fubfoU. Il vaut mieux faire venir ce mot du latin area j qui lignifie la même chofe , & qui vient du verbe areo. Il eft néceiraire que les aires foient feches pour y pouvoir travailler. fC? Il eft louvent parlé d'aires dans l'Ecriture, Vaire d'Arenna^ l'aire d'Athad, Sec. C'ètoient des lieux à la campagne , expofès à l'air , dans leiquels on battoit le grain ou par le moyen des animaux , ou avec des bâtons, ou (oirs les pieds des chevaux & des bœufs , qu'on faifoit courir en rond lur des gerbes dreilées les unes auprès des autres , l'épi en haut. Pour faire ces aires J, on mcloit de la lie d'huile avec delà terre gralle, & quand cette terre en étoit bien imbibée , on la bat- toit & on l'aplanilloit. Loriqu'cllc étoit feche , ni les rats ni les fourmis ne pouvoient la pénétrer , l'herbe ji'y croilFoit jamais , de l'eau ne faiioit que couler def- fus. Quand le blé étoit battu , & mèlè avec la paille brifée & broyée, on attcndoit le vent pour le vanner. On jetoit le tout avec des pelles en l'air, le grain re- tomboit dans l'aire , ôc la paille étoit emportée par le vent. Il y a encore des Provinces en France , où l'on pratique cet ufagc pour la manière de battre & de van- ner le blé. Aire , en parlant d'un bâtiment , fe dit de la capacité de Ion plancher, ou plutôt de l'efpace compris entre les murs du bâtiment. Il faut tant de milhers de carreaux pour couvrir l'aire de cette chambre. On ùït des aires de plâtre, ou de planches. On appelle aire de moilon, une petite fondation au rcz-de-chauftée , lur laquelle on pofe le carreau, ou les daics de pierre. Conum j tffia. On appelle encore aire de chaux , & de ciment, un mallif d'une certaine épaiileur qu'on fait fur les voûtes à l'air pour les con- fcrver. Aire de recoupes 3 en termes de Jardinage , eft une épaif- AI 11 feur d'environ 8 à 9 pouces de recoupes de pierres , pour affermir les allées des jardins. ffr L'Ordonnance des Eaux & Forets veut que les bois (oient coupés à tire & à aire y c'eft-à-dire , qu'ils ne foient point choifis çà & là , mais coupés en- tre les lilières marquées , & qu'il s'y f alfe un champ , ou une aire dans laquelle on ne lailLe que les arbres de réferve. ^3" En Géométrie , on entend par \aire d'une figure , l'elpace renfermé entre les côtés qui la terminent. Su- perficies. L'aire d'un carré, d'un triangle, d'un cercle. On connoît l'aire d'un carré parfait en multipliant un de les côtés par lui-même. Si un des côtés contient 10, Ion aire en contiendra 100. ffy On connoît l'aire d'un carré long, en multipliant lii longueur par la hauteur. ?fT On connoît l'aire d'un triangle en multipliant fa bafe par la moitié de fa hauteur. La hauteur d'un trian- gle fe mefure par la ligne perpendiculaire tirée du fom- met du triangle lur la baie. 03° On connoît enfin l'aire d'un cercle en multipliant fa circonférence parle quart de Ion diamètre. On lait que la circonférence d'un cercle eft lenfiblement triple de Ion diamètre. Ainh connoillant le diamètre d'un cer- cle , il eft uès-aifé de connoître fenfiblement la circon- férence. Aire , en termes dAftrologie , fignifie le cercle , ou la cou- ronne de lumière, qui paroit autour du loleil & des autres aftres. Corona y area. §CF Air E,en termes de Vannier ; c'eft un endroit pleindans un ouvrage de fliifferie , qui commence à la torche , & monte julqu'à une certaine diftance ■, ce qui fe fait en tournant un brin d'ofier auteur de cliaque pé. En termes de Fauconnerie , aire lignifie le nid , ou le rocher , ou le précipice que les faucons choilillcnc pour faire leurs petits fauconneaux. Nidus. De-là on dit, un faucon de bonne aire. C'eft ordinairement Iiu: un terrain plar & découvert. Aire , le dit aullI du nid des autours, quoiqu'ils airent lur des arbres, quafi aereus y aut in arbore & nubibus fitus. §Cr Aire de vent. Terme de Marine. C'eft un de' trente- deux vents , ou plutôt l'elpace marqué dans la bouG- lole pour un des trente-deux vents. Venti re^ioy tra- mes. On l'appelle aulli rumb , parce que les figures qui marquent les vents fur la boulIule,lont faites en lofan- ge. Au refte il faut dire aire , & non pas air. ÇC?AiRE,leditauilîdelaroute que fait le vaifl'eau en fui- vant un de ces trente-deux points de vent qui divilent la circonférence de l'horizon, Navis trames , via. §3" Avoir de l'aire j pour dire , avoir de la vitcirc. Pren- dre aire , entrer en mouvement, acquérir de la vîtelFe. Amortir l'aire y faire perdre au vailleau la vîteire. Aire. Terme de Médecine, qui ne fe dit point qu'il ne foit précédé du mot petite. La petite aire du teton \ c'eft le petit rond noirâtre qui eft autour du mamelon. Aire. Aturum , Auturium , Atarenfium y ou Atyrerfium. civitas y Vico-julium y A/ar/'itznr^/w. Ville épilcopale de Galcogne, fur l'Adour, La ville d'Aire eft fort ancienne. Elle étoit autrefois le féjour des Rois Vifigoths; & l'en voit encore près de l'Adour les reftes du palais d'Ala- ric. P^oye^ Du Chêne , Antiquités des viÛes de Fran- ce y Atlas, Audifret, Maty , Corneille. Aire, en Flamand, Arien, Aria y Airia y Heria. Ville de l'Artois, fur la rivière de Lis. La ville d'Aire fut prile en 1641 par le Maréchal de la Mcilleraye, après un des plus rudes lièges qu'on eut vu depuis long-temps; Se en 1676 par le Maréchal d'Humièrcs après cinq jours de tranchée ouverte. Cette ville eft, félon le P. de Rebéque, Jéluite ,à 50°, 38', 10", de latitude fep- tentrionale. Notre-Dame d'Aire eft à 15)",;/, i",de longitude, & 50° , 38', 21" de latitude. AIRÉE. 1. f. Terme ulité à la campagne, pour fignifier la la quantité de gerbes qu'on met à la fois dans l'aire , ou le nombre des gens qu'on y emploie. C'eft delà, à ce qu'on prétend, qu'en Anjou, dans le Poitou, &dans le diocèfe de Nantes , la plupart des noms des maifons de campagne finillent en iere. Dict. des Arts, 175 i. AIRELLE, ou Coufine. f. f. Mirtille. f. m. Vitisy Idaay Aïs Mynïlliis ; & fuivant quelques Aurcurs , Vacchùa , nigra j dont parle Virgile , Eclog. II. v. i8. font les fruits de Y airelle. Ce petit arbrilleau s'élève tout au plus à la hauteur de deux pieds , & donne plulîcurs branches dès la racine. Ses feuilles lont d'un vert obf- cur i les plus grandes ont un pouce de long lut un demi pouce de large ; elles (ont crénelées légèrement à leurs bords , &C tombent à l'entrée de l'hiver. Ses Heurs naif- fcnt le long des tiges entre leurs feuilles , & font d'une feule picce,en grelot, & d'un rouge de brique. Son fruit eft une baie molle, de la grollcur & figure du grain de genièvre, mais un peu aplatie à fon extrémiré , pleine de jus j & elle renlerme plufieurs lemences menues. Cette baie eft verte dans Ion commencement : elle devient rougeâtrc cnluite , &: enfin noirâtre , couverte cepen- dant d'un duvet ou Heu grisâtre , lorfqu'elle eft bien mûre; Ion lue eft d'un rouge violet, & a un goût ai- grelet allez agréable. On fe fert de les baies pour les dévoiemens, les cours de ventre, 3"Les nouveaux Vocabuliftes prétendent que cela fe dit généralement d'un homme opulent ou dajis l'abondance. Notion faulTe. Le mot à.\iife n'emporte point l'idée d'abon- dance ou d'opulence j ou ce ne peur ctie qu'une abon- dance relative à la condition de la perloniie. Aise, fignifie auilî, loifir, commodité de temps. Otium. Vous ferez cela à votre a'ife , c'eft-à-dire, fans vous prelfer, à votre loifir, à votre commodité. Je m'ac- quitterai de cette commiifion tout à mon ai/èj quand j'en aurai le temps. Ce mot vient de l'italien agio , formé du latin otium. Ménage. Guichard le tire de l'hébreu iru^,qui vient deivyd; , gaudere ; mais lans apparence. Chorier , dans l'HiJloire de Dauphiné , T. I j Liv. II 3 p. 10 0 , dît qu'en Dauphiné on dit jiifîa ; a'ifia de fon corps, qui lignifie /or/^ èifouple , d'à'ifîloî , qui fignifie/orr & vigoureux, &c que ce même mot a encore un autre lens , & lignifie Aijé & tzt- cowwoû'ej & qu'il vient alors d'i''^»! , heureux. A l'aise, adv. Facilement, commodément. Facile , com- mode. Vous pouvez à l'aife faire 20 lieues par jour fur ce cheval. On eft allls à l'aife dans ce fauteuil. Je fuis entré à cette cérémonie tout à \'aife j lans être prelfe. Nous pouvons rire à l'aife ^ & prendre du bon temps. Bon. Avant lui Juvénal avait dit en latin , Qu'on ejl affis à l'aife aux fermons de Cotin. Boa. On dit aulîî , P^zij: & aife ;pom dite, paifblementj doucement. Il vit chez lui Paix & aife. Exprelîîon fa- milière. On dit proverbialement à un homme qui a bien dîné, &: qui recommande de jeûner , vous en parlez bien à votre aife. AISE. f. f. Eft auPiî le nom d'une petite rivière de Nor- mandie, qui le joint à celle de Coilnon, au-deflous d'Autrin. AISE. adj. Qui eft content, qui a de la joie , du plai- fir , de la latisfadion. I&tus j Contentus. On met or- dinairement quelque particule devant ce mot pour cm augmenter la lignification. Je fuis bien aife 3 je luis fort aife, je luis très-aife , je fuis infiniment aife. Le mot d'aife en ce lens fc conftruit en deux manières , ou avec un infinitif précédé de la particule de : j'cuHc été bicn-£?/yc de voir ce que l'on eût repondu. Voit. Je fuis hicn-aife de vous avoir vu : on avec le lub- jonftif précédé de la particule que : Je fuis tvè^-aife que ceci fait achevé : vous ne ferez pas bien-fli/è que je vous dife la vérité. Vaug. Mais lorfquc ce mot Aife eft fuivi d'un nom, on met ce nom au génitif: n'èics- vous pas hm-\-aif de ce mariage': Mol. A SE , ÈE. adj. Facile, commode. Commodus , facUls. AÏS ' le maniement des finances donne des moyens aifés de s'enrichir. La litière eft une voiture fort aifée ; peur dire, commode. Cela eft aifé à dire , à faire, à ap- prendre. Une lettre aifee à lire. On dit d'un elcalier, qu'il eft iii/t-jloriqu'^ eft large, & que les marches lont balfcs. Qu'un cipritcft a'ife ^ lorlqu'il conçoit facilement, qu'il s'explique bien. Que les manières d'un homme lont aifées j pour dire,qu'elles n'ont rien de contraint, rien de gênant. Unftyle aifé ^ qui eft clair , coulant & lans embarras : des vers aifés , qui paroillent couler de lource , qui ne lentent point le travail. Voiture nous a appris cette manière d'écrire aiféc & délicate qui règne préfentement. Bouh. J'aime un efprit aifé, qui fe montre ,& qui s'ouvre j Et qui pLzit d'autant plus , que plus il fe découvre. BoiL. §C?On dit une dévotion ai/è'cj pour d^iis , commode. On entend louvent par-là une dévotion relâchée. Quel- quefois auill on le dit par oppofition à dévotion cha- grine, auftère. Le 1'. le Moine a lait un livre de la Dé- votion aifée , commode , qui n'a rien de gênant. Dans les arts, on dit un pinceau, un cileau, un burin aifé y pour défigner des ouvrages qui lemblent n'avoir pas coûté de peine à l'artiftc. Une taille aifee , libre & dégagée: des airs aifés ^ naturels , qui n'ont rien de contraint. §3" Aisé , fignifie aullî qui eft riche dans un état médio- cre. Un bourgeois aifé. Dans ce fens il eft aulîi em- ployé lubftantivement. On l'a mis à la taxe des aifés. On dit proverbialement, il eft aifé de reprendre , & ïwA-aifedt faire mieux. On dit aulîî , qu'il eft aifé d'ajouter aux inventions des autres. C^T Ces deux mots , aifé S^ facile , marquent l'un & l'autre , ce qui le fait lans peine -, mais le premier ex- clut proprement la peine qui naît des obftaclcs & des oppofifions qu'on met à la chofe. Ainll l'on dit que l'entrée eft facile , lorfque perfonne n'ar- rête au palîage ; & qu'elle eft aifee , lorlqu'elle eft large & commode à paiîer. Parlarailonde cette même ér.crgic, on dit d'une femme qui ne le défend pas , qu'elle ç9i facile ^ Se d'un habit qui ne gêne pas, qu'il eft aifé. fCr II eft irJeux , ce me fcmble , dit M, l'Abbé Girard , de fe fervir du mer de facile en dénommant l'aélioui & de celui d'aiféen exprimant l'événement de cette action. De lorce que je dirois dun port commode, ciue l'abord en eft facile , & qu'il eft aife d'y aborder. AISLMENT. f. m. fyncnyme de latrine, aifanccs. La- trina. Ce mot vieillit un peu. Aisément , fignifie encore , commodité. Co/«OTont \ ai'o,eiur tfi la baie, & dont les par- ties (uperieures des pièces aliembi.es forment les côtés. L'iji/^L'/zer efl; employé pour fortifier l'ail emblage des deux pièces. ifT On donne aulfi le nom d'aiffe'ier aux bras d'une roue , lorlqu'ils excèdent la circonférence de la roue, de manièie que la puiinmce appliquée a ce bras , tait mouvoir la roue plus facilement. AISSELLE. 1. f. Partie creule du corps humain, qui efl: fous l'épaule, à la jointure du bras , & qui a ordi- nairement du poil. A/a. On l'appelle quelquefois /e goujfet. Les abcès qui le forment fous les aijj elles , font dangereux , parce qu'il y a dans ces endroits de gros vaillcaux fanguins &: lymphatiques & des cordons de nerfs , qui y forment des plexus conlîdérables. Ce mot vient de afcelLi, qu'on a dit pour ax'tlla. Mémage. D'autres le dérivent de ala , & axilla , qui lont la même chofc, comme Cicéron lui-même l'a marqué, éc même au ni mjla & maxilla^ palus &z paxillus ; Scà'axilla s'efl: fait dans la baffe latinité i7/t-c!, diicours. Quelques-uns l'appellent Par^o- logie. Harr. C:Cr AITON A , ou AYTONA. Château & Bourg d'Ef- pagne, en Catalogne, lur la rivière de Segre, a une lieue de Lorida. AITRE. f. m. Terme bas , dont le peuple fc fert pour exprimer les appartemens, les pièces d'appartemens, les chambres & autres endroits d'une maifon. Ce mot vient d'atrium j d'où l'on a formé afirum dans la balFe latinité. On écrit communément êtres. Ait RE , fe prend encore pour cour ^, dans la Bible. Atrium. Ce mot eft très-vieux en ce lens. A Rouen on dit, l'Aitre de la cathédrale , pour exprimer ce qu'on ap- pelle à Paris /e Parvis. Defcript. Geogr. & Hijl. de la haute Norm. tom. 2 3 pag. 11. A J U. AÏVANSARI. Fauxbourg de Conftantinoplc. Foye^ Constantinople. Ce 2oz AJU AJUBATIPITA. f. 1,11. Arbilleau du Bréfil, cle la hau- teur de cinq ou lix palmes. Il porte un truit noir , femblable aux amandes, dont on tire une huile de mf me couleur. Les lauvages k fervent de cette huile , pour frotter les membres de ceux à qui quelque mal a été Icj iorccs. AJUBITE. Foye^JoBiTES, AJUDANT, L m. Aide. Qui efl: fous un autre pour l'ai- der dans Tes fondions. Adjurer. On écrit aufli Adju- dant mais on ne prononce point le d. Nous ne nous fervcns de ce mot, qu'en parlant des affaires des pays étrangers. En ce qui regarde la France, nous dilons , Aide. Aide de camp. ^ic/e-Major. L'Ajudant général des gardes du corps du Roi d'Ef pagne. Gaz. 172.4 , p. 6. Le Pape a des Ajudans de chambre. En Suéde il y a des Ajudans àii Roi. Le Baron de Scade, Ca- pitaine dans le régiment du Grand-Maître de l'Ordre Teutonique, a été fait ^/«t/^w? général du Comte de Vehlen, Commandant en Chef des troupes de l'Em- pereur, dans les Pays-Bas. Gaz. 1726, p. jj. Les Fran- çois difent Ajudant , ou Adjudant _, en termes de Ma- rine. Ajudant pilote, elt un jeune Pilote qui n'a pas affez d'expérience pour qu'on lui confie toute la con- duite du vailleau , mais qui efl avec le maître Pilote , ou Pilote en chef , & achève de s'iriftruirc. On lui donne à faire les choies les plus aifées -, on lui fait taire fon eilime & fon journal : on lui fait rendre compte de Tes obfervations. Sur les vaiileaux du Roi, fur-tout en cas de guerre ou de voyage de long cours , il y a deux Pilotes royaux , & quatre ou cinq Ajudans Pilotes. Dans les pays étrangers. Ajudant ne lignifie pas toujours , Aide de camp. M. Harris dit (\u' Aju- dant en Angleterre eft un Officier de guerre, qui efl la même chofe qu'Aide-Major. Au féminin , on dit, Ajutante. /''ôvt.'^ce mot. /^'"ovfyauiH Adjudant. AIVÎER. /-oyeç ÉVIER. AJURATIBÎRA. f. m. Arbriileau du Bréhl, qui porte un fruit rouge. AJUF. f . m. Terme de Mythologie. Nom d'un Dieu chez les Romains A jus. Parce qu'on entendit autrefois à Rome une voix qui fortoit du bois de Vefta , & que l'on crut que cette voix étoit furnaturelle & divine, les Romains imaginèrent Un Dieu qu'ils nommèrent Ajus j & lui confacrcrent un autel à l'endroit d'où il leur parut que la voix étoit partie. Ce mot fut formé du verbe aio j je dis , je parle. Koyei Aulu-Gelle, Nocl. Attic. L. XFI , C. 10. Tite-Live, L. III, C. ^0,^1, 3238c Ciccron, de Divin. L. I. f^'oye:^ Locutius : c'eiî la même Divi- nité. AJUSTAGE, f. m. L'aiffion d'ajufter. Il fe dit en ter- mes de Monnoyeur. L'alliage , l'ajujiage & la marque f e font chez les Malabars avec tant de facilité , de promp- titude & de préciiîon, que nos Monnoyeurs Euro- péens ne pouvoient fe le perf'uader fur la foi de qui que ce fcit. Mercure. AJUSTAGES, ou AJUTAGES, f. m. pi. Terme de Fon- tainicr. Ce font des tuyaux de fer-blanc, ou de cui- vre, qu'on met à l'ouvertuie d'un jet d'eau, pour faire des jets de différentes fortes, & en déterminer la grof- feur en pluie, en nappe, en foleil, en verre, fuivant la différente figure qu'ont les têtes de ces ajujiages.il y a des ajujlages à tête d'arroloir ; d'autres forment des fleurs-de-lys. Ce mot vient du piimitif jujle j juftus. AJUSTE, f. f. Ternie de Marine. Nœud de deux cor- des attachées l'une au bout de l'autre. AJUSTEMENT, f. m. Adion par laquelle on met une chofe en état de perfedion , par laquelle on la rend jufte. Compofitio. Vajujlement d'une balance, eft le travail qu'on y fait pour la mettre en équihbre. L'a- ^ jujlement d'un poids , d'une mefiue. isl? Ajustement, eft fouvent employé comme fyno- nyme de parure. Ornatus , munditia. Un peu à'ajujle- /72c/2r fied-bien à certaines femmes. Il y en a d'autres qui font fi belles qu'il ne leur faut point A'ajujlement. ■Vos adions & votre ajujlement ont un air de quahté qui enchante. Mol. ÇC? On le dit dans le même fens en Peinture, non-feu- AJU lement des draperies ou vêtemens de mode & de fan- taifie , mais encore de la façon d'orner les figures. v^ Ce mot eft quelquefois employé dans le ftyle fami- her, comme fynonym.e d'accommodement. Ainfî l'on dit chercher , trouver des ajujlemens dans une affaire; pour dire, des moyens, des tempéramens, des cxpé- diens pour concilier deux perfonnes , pour accommo- der une affaire , pour terminer un procès. Ajustement, en termes de Monnoies, c'efl: ce qui fe fait pour rendre les flans de monnoies du poids qu'ils doi- vent être ; l'adion de les ajufter , de les hmer, quand ils font trop pefans , pour les réduire au jurte poids qu'ils doivent avoir, ^quatio j ad legitimum pondus e.xactio. tf3' AJUSTER. V. a. Qui vient du htm jujium facere^ rendre jufte. On le dit dans ce fens des poids & des mef ures. On ajujte un boiffeau , un minot , une ba- lance fur l'étalon. On ajujle les poids. Square ^ ad legitimum pondus exigere. 03° Ajuster, fîgnifie aullî, accommoder une chofe de manière qu'elle convienne à une autre. Aptare , com- ponere. On ajujie une pièce à une porte , une barre de fer à une fenêtre. On ajujle un couvercle à une boîte. 0Cr C'eft encore rendre une chofe, propre à fcrvir félon fi deflination, la mettre dans un état convenable pour bien faire ton effet. On ajujle un reilort. On ajujle une arquebule pour tirer. Ajuster. Terme de Maître d'Armes. C'eft porter jufte- ment ton coup où l'on veut donner. Dirigere. Il fait bien ajujler ion coup. On dit en termes de Manège, ajujler un cheval; pour dire, lui enteigner fes exercices. Ajujler uï\ che- val fur les voltes à toutes fortes d'airs. Inflruere j eru~ dire. On dit aulll en termes de Monnoie , Ajufler les flans ou les carreaux recuits. Rudes nummos ad le- gitimum pondus exigere. C'eft les couper , les Umer , pour leur donner le jufte poids qu'ils doivent avoir quand ils font trop pefans , Ik les rejeter quand ils font trop légers. Le Prévôt diifribue les flans aux ou- vriers & aux raillereffes , poiu'les <7//£/?er aux poids des elpèces. Ils fe fervent de certains poids appelés déne- 7'aux y pour les peler ; & de limes en manière de râ- pes , avec des camielures par angles entrans tk fortans appelés efcovennes 3 pour limer les plus pefans, jus- qu'à ce qu'ils foienr conformes aux déneraux. Boi- ZARD. Cela s'appelle Aju/lerlo. brève, ^oye:^ Brève. Ajuster. Terme de Challe. Les Chalfeurs dilènt, il ajufte le gibier; pour lignifier, qu'il fe prépare à le tirer jufte, à ne point manquer fon coup. §3" Ajuster. Terme de Bijoutier. Remplir les vides d'une pièce , tabatière , ou autre , de morceaux de pier- res fines, de caiUouXj de coquillages, &c. Et pour ainfi dire , la marqueter. ÇCr Ajuster, fe dit auffi dans les Manufadures de foie, des lilïes qui ne doivent être ni plus élevées, ni plus balles que l'ouvrage ne le comporte. 03° Ajuster , embelhr par des ajuftemens. Ornare, de- corare. On ajujle une mail on , un cabinet , un jardin. Cette maiton eft bien ajujlée. |J3° En parlant de l'embeUiflement qui confifte dans la parure. On le dit particulièrement des femmes. Cette femme de chambre ne peut ajujler fa maltrelle à fon gré. Les femmes font des années à s' ajujler. Mulieres dum comuntur, annus ejl. Ajuster. Terme de Fleurifte. Je viens à'ajufter un œillet. C'eft en ananger les feuilles, de manière qu'au défaut de l'ordre naturel, elles le trouvent cliacune fî bien difpotées, que l'œillet en eft plus large, à caufe de l'extrémité de leur coflc, qui a été un peu courbée. L'on s'applique à ce tiavail , lortque cette Heur eft toute épanouie , & que les pétales ne font pas placés dans un bel ordre. Lie. Floris alicujus folia déganter difponere. Ajuster. Ce mot fe prend aulîî koniquement , pour maltraiter , mal accommoder. MaVe habere j excipere. Ivlohére a ajujié de toutes pièces Meilleurs les Me- Aju decins. Vous voiMajiijlé comme il faut. Votre habit cft bien ajufté ; le voilà tout couvert de boue. Expteiîioii fomilicre. Ajuster, avec le pronom perfonnel, fignifie aulli, fe mettre en pofliue , le préparer à faire quelque adion dadrcire, comme pour tirer le moulquet, porter une botte , courre la bague. Comporiere fe j Accin^cre fe. S'ajujler fur les étners. S'ajujler pour tirer au blanc , pour courre la bague, pour frapper la boule au mail. Ajuster, fe dit figurcmcnt en choies morales. Il y a long-temps que ces parens plaidoient enicmble ■■, en- fin un ami les a ajujiés j les a accommodés. Redu- ccre , Revoca're ad concordiam. On dit en ce lens po- pulairement , A']ufle\ vosriûtes, à des muficiens dont les inrtrumens ne font pas d'accord, ou à des gciis qui ont cnfemble quelque contclfation , ou à une pcr- lonne qui le prépare à faire quelque chofe , ou qui l'avoit commencée lans être tout-à-fait préparé, & qui s'arrête faute de quelque dilpolition. On le dit au pro- pre dans le premier cas, & par métaphore tirée de la mufique dans les deux autres. Il hgnihe encore , convenir de quelque condition. Pacifci, tranfigere. Ces deux Marchands le font en- fin ajuJlés pour entreprendre une telle manufacture . ils lont convenus de leurs conditions. On dit encore cjufier j pour dire , conciUer , faire convenir. Conci- liare j, componere.On\\e.i:i\iwiiajuftercaiemh\z Dieu &le monde. Arn. Comment ajuJle~-\o\.\s enlemblc la dévotion & la coquetterie? Comment ajufe^-vous, comment conciliez-vous ces deux partages contraires? Ces conjoints font d'une humeur douce , ils s'ajujlcnt bien ensemble. On dit en ce même fcns , cela s'aju/le mal au def- fein que vous avez. Ablanc. Il faut que votre volonté s'ajup:e à la fienne. Ce qui s'exprime par le verbe Vx- im congruere. On dit aullî, s'ajujler ^lu. temps; pour dire, s'accommoder au temps. Servire tempori. Il fout s'ajujler au temps. Mol. On dit ajujler une pièce au théâtre , pour dire, la rendre propre au théâtre. On le dit aulli figurément , pour dire , raconter une choie , en la tournant à la f anraifie , pour fervir au delfein qu'on a. // ajujle au théâtre tout ce qu'il dit , il tourne tout ce qu'il dit à fa fantaifie , fuivant les vues. Exprcliion familière. AJUSTE, ÉE. part. Il a la lignification de (on verbe. On dit proverbialement & ironiquement qu'un homme a été bien ajuJlé iVnûajuJlé ,<:]a''i\a ézca/u/le comme il faut , ajujle de toutes pièces ; pour dire, qu'il a été fort maltraite ;loiten fapeiionne, loitenleibitns. Ma/è habitus , exceptus. AJUSTEUR, f. m. Ouvrier pour les mcnnoies. C'cll ce- lui qui âjuite les flans, & les met au julfe poids que doivent avoir les clpcccs , en limant ceux qui tout trop peians , & rejetant ceux qui font trop légers. jï.qua- tor , Exaclor ad legkimum pondus. Les Hans font mis entre les mains du prévôt des ouvriers Ajujleurs , pour les faire ajuftcr. Boizard. Les tondions de ces AyuJ'- teurs ont été décrites au mot Ajuster. Les fiansajuL tés (ont remis par le prévôt entre les mains du maître ; enfemble ceux qui ont été rebutés comme foibles , & les limailles, le tout poids pour poids comme il s'en étoit charge ■■, ce qui s'appelle rendre la brève. Le maî- tre paye dans la fuite à ce prévôt deux fous pour marc d'or, d" un fou pour marc d'argent, pour erre diilri- bué à ceux qui ont ajufté la brève. Boizard. Ce font les droits des Ajujleurs. AJUSTOIR. f. m. Petite balance où l'on pefe , & où l'on ajufte les monnoies avant que de les marquer. Lïbra. Ajustoir. Terme de Fontainier. C'ell un petit tuyau, une efpèce d'entonnoir renverlé , que l'on met, que l'on adapte au bout d'un tuyau de fontaine , pour en diriger le jet comme l'on veut. Os afcititium , Bucca afcïtïtia. Si une même quantité de quelque liqueur que ce foit , poufTée par la même force dans un même tuyau, fe prélcnte fucccirivement à des illliesou ajuf- toirs de différens diamètres , elle palfera beaucoup plus vite par \ajuJloir de moindre diamètre , que par celui du plus grand. Cela fe voit très-fenfiblement par les ditférens ajujlolrs des fontaines jaiiliflantes. Dodap.t, Tome I, AIX 2ô^ Acad. des Se. ijoo. Mém. p. 2_2.^)HAnbic,oviEnbic,^C'îi.\eQ l'article pi^JsVî;?, alan- bic,ou. alenbic , d'où n(SM^vcns l'ait alambic ,&n cS\-x\\- gcant \n en m , fans rien changer au Ion, ni à la pro- nonciation. C'eft aulîi le fentiment de M. d'Herbclot. 1^ ALAMBIQUER. v. a. Qui n'a dufage qu'au figuré, dans ces phrales. Alambiquer l'efprit , s'alambiquer l'elprit. S'épuiler à force de réHexion , le fatiguer l'ef- prit par une trop grande apphcation à des choies abf- traites & trop rafinées. Ingenium torquere. La plupart s'alambiquer la cervelle. Alambiquer une opinion, une propofition , c'eft la prendre ou la traiter trop lubtile- ment, avec une métaphylique outrée. Mais alambi- quer dans le fens de diftiller , de tirer par l'alambic , ne fe dit guère. ^ ALAMBïQuE , ÉE. part. Il ne fe dit que des queftions, des penfées , des réflexions trop lubtiles & trop rafi- nées. Subtilior. Difcours alambiqué. Penlée alambl- quée. ALAMPENA. Terme de Relation. Ces deux mots veu- lent dire, ombre du monde , ou ajyle ajfuré de toutes les Nations. C'eft le iurnom que les Perfans donnent à leur Roi. Sanson. ALAN. 1. m. Terme de Vénerie. C'eft un gros chien, ou elpèce de dogue, c]ui eft venu originairement d'Epire. MoloJJus. Il y en a de trois lortes : Alan genti , celui qui eft de la taille d'un lévrier : Alan vautré, qui tire lur le mâtin , qui eft bon à chalfer aux ours & aux frn- gliers : & ALin de boucherie , qui fert à garder les mai- Ions, & à conduire des bœufs. Ce mot eft venu de l'El- p.agnol Alano. Les Anciens diloient aulîi Alanus. Alan. f. m. Rivière d'Angleterre. Alanus. Elle eft dans la partie leptcntrionale du comté de Cornouailles , & fe décharge dans la mer, à l'entrée du golie de Briftoî, au bourg de Padellow. tfT Alan. Provin.ce du Turqueftan : elle comprend les villes d'Alan, de Bilcan & de Caoubari. ifF Alan. Ville d'Ahc, dans !a Pcrfc , & dans la pro- vince de Turqueftan. M. d'Herbelot dit que c'eft peut- être de-làquelont venus originairement les Alains, que l'on dit être fortis d'une autre ville nommée Allan ^ pour fe répandre dans les Gaules & dans l'Elpagne. ^3' Alan. Petite ville de France dans le Comingeois , avec un très-beau Château. Elle appartient à l'Evêque de Cominges. ^fT ALANy^. Il y aime terre ainfi nommée, qui vient du pays d'^/i7«t7j nommée aujourd'hui Valachie. Elle eft dure, brillante, & d'ime couleur cendrée. On s'en fert au lieu de Tripoli pour polir l'or. Alana. f. f. Efpèce de craie ou de pierre tendre un peu rougeâtre , que l'on appelle autrement Tripoli. 'jÇT AL ANCHE. \'illc de France , en Auvergne, dans le duché de Mercaur. AL AND. île de la mer Baltique. Alandia. Elle eft à l'entrée du golfe de Bothnie , & fort près de celui de Finlande. Elle a titre de Comté, &c dépend de la Suéde. Quelques- uns prétendent qn'Aland & les iles voifines font nommées Eggiaford , & que ce font celles que les Anciens appeloientOo«fJ-j ëcOxianxinfuld. D'au- tres foutiennent que ce font celles d'Oelel & de Dagho. ALANDRIANA. Ville de Grèce. Alandria. Elle eft dans l'Epire , près de la ville de Saporo & des montagnes de la Chimère. {'CF ALANGON. Ville de France, dans la Guienne.Le vrai nom eft Langon. Foye~ ce mot. ALANGOURI, lE. adj. Qui eft affciibli p.ar une grande maladie ou afïliétion, laquelle oblige à mener une vie AL A AL A Lingoureufe. Extenuatus 3 languldus. Ce mot cft vieux 5 &: hors d'ulage, quoique iorc ligiiifîcatif. ALANGUER. Petite ville de Portugal. Alanguen:. Elle eftdans l'EftraraadurCjprochedu Tage, entre Lisbonne & Lefria. Elle donne Ion nom à un grand territoire qui renferme Lisbonne. On croit que c'ell l'ancienne Jerabrica j que d'autres placent au village Paves , à une lieue A' Alanguer. IJCT ALANIER. f. m. dans quelques anciennes coutumes eft le nom que l'on donnoit à ceux qui élevoient , pour la chalfej les dogues nommés ^Aîkj. ALAQUE. f. f. Terme d'Architedure. Membre carré & platj qui fait le fondement de la baie des colonnes. On l'appelle s.v.ffi Plinthe ou Orht. Plintus ,quadrd. ALAQUECA. Pierre qui fe trouve en petits hagmens polis en Balagatc, dans les Indes: elle arrête le lang lorlqu'on l'applique extérieurement. ALARBES. 1. m. C'ell:,ditMarmol,lenomqu'ondonne aux Arabes établis en Barbarie. Ce mot ne me paroît être autre choie que l'article «/ ^ & le nom arabe ; & qu'on a dit Alarabes ■, puis Alarbes ^ c'eft-à-dire , les Arabes. Le Roi Sébaftien, environné de foixante des plus hardis des ennemis , commanda à quelqu'un des liens de mettre un hnge blanc au haut de la lance , pour iigne qu'il le vouloir rendre ; mais fon malheur voulut que ceux qui l'entouroient, îw'î^zwx.Alarhes, qui croyant que c'étoit un lignai pour appeler les gens à lonlecours, le jetèrent lur lui & le tuèrent. Les Alar- bcs font des voleurs qui vont en troupe dans la Bar- barie, en Afrique , dit Nicola'i. ALARCON. Petite ville d'Efpagne. Illarco. Elle eft dans la nouvelle Caftille , fur la rivière de Xucar, au-del- fous de Cuença. Quelques Géographes prennent Alar- con pour l'ancienne Lacuris , que d'autres placent à Loquera, bourg de la nouvelle Caftille , aux confins du royaume de Murcie. ALARD. f. m. Nom d'homme. Adelardus. Alard ou Adelard , à qui l'on donne la qualité de Comte de Flandre ,étab\ïz & fonda vers l'an 1 160 l'hôpital d'Au- brac , compofé de clercs & de letviteurs pour les be- foins fpirituels & corporels desinfirmes.il y joignit des gens d'épéc & des chevahers , pour veiller à la garde delamailon, & purger lepalfage delà montagne d'Au- brac, à fept lieues de Rhodez, des voleurs & des al- falFins , & de tout ce qui en avoir rendu jul que-là les approches difficiles. Ce mot s'eft formé du 'Lmw Adelardus. En retran- chant d'abord la terminailon latine , on a fait Adelard , puis rendant l'cmuet , & enfuite le retranchant aullî , Adlardj & par le changement du d en la lettre lui- vante , Allard ; puis l'ulage l'a ôté , & il elt refté Alard. Au refte, on ne prononce point le c/ final , lors même qu'il fuit une voyelle , & il faut dire , Alar- a été le premier Dom ou (upérieur général de l'hôpital d'Au- brac , & non pas Alar-d- a été , &c. ALARES. f. m. Alares. Quelques auteurs prétendent que c'étoit le nom d'une nation de Pannonie. D'au- tres dilent que c'étoit le nom d'une milice , ou d'une elpèce de foldats-, qu'ils le tiroient du mot Ala, aile; & les Dictionnaires attribuent ce lentiment à Orte- lius. Le dernier éditeur du Moréri , qui a copié ceci du Didlionnaire d'Hofman, ajoute qu'ils tiroient leur nom d'ala^ à caufe de leur légèreté à combattre. Ce- pendant Ortelius n'en dit mot dans fon Diélionnairc géographique, &il prend au contraire les Alares poin un peuple de Pannonie. Cependant il me paroît plus probable que Alares n'eft ni nom propre , ni nom de peuple; mais un nom adjeâ:if,qui iignïhe Cavaliers ^ parce que la cavalerie, chez les Romains, fe jetoitfur les deux ailes de l'armée; &on appeloit pour cela un corps de cavalerie ala. Tacite femble même conduire à ce fentiment, en ajoutant que ces prétendus Alares étoient la force de la cavalerie. Alares quoque Panno- nios j robur equitatûs , in parte campi locat. C'a été le fentiment de M. de Harlay dans fa tradudion fran- çoife de Tacite , où il a dit : il enferma encore dans fon camp la cavalerfc légère des Pannoniens , qui étoit la meilleure qu'il eût. C'eft auffi celui de Bernardo Da- vanzati dans ia tradudioji italienne. Il ne faut donc 207 point prendre Alares pour un peuple , ni en faire un nom fraiiçois. ALARGUER, v, n. Terme de marine. C'efl: fe mettre au large , s'éloigner de la côte , ou de quelque vaif- (eau. In altum navim propellere. 03" Alarguer, dit le Dicl. Encvc. fignifie s'éloigner d'une côte où l'on craint d'échouer , de demeurer af- falé; mais il ne fignifie pas avancer en mer, & pren- dre le large en fartant d'un port. La chaloupe s'ejl alarguée du navire. Ce met eft tiré du latin Largus , qui fignifie. Qui n'efi point à l'étroit y large. ALARME, f. f. Signal qu'on donne par des cris, ou par des inftrumens de guerre, pour faire prendre les ar- mes dans l'arrivée imprévue d'un cni:emi. Conclama- tio ad arma, if^ On dît /bnner, donner l'alarme. A l'approche, ou lur le bruit de l'approche de l'ennemi, on ciioit au- trefois à l'arme , à l'arme ^a-M lieu de crier aux armes : & c'eft delà fans doute que s'eft formé le mot à'a- larme. ff3° Alarme, fe dit encore d'tine émotion caufée dans le camp , eu dans une ville alfiégéc à l'approche des ennemis. Pavor , trepidatio. On dit que {'alarme eft au camp , que les ennemis donnent de fréquentes alar- mes. ifT Pofte A'alarm.e. C'eft un efpace de terrain que le Quartier-Meftre général , eu le maréchal général des logis alîîgne à un régiment ^ pour y marcher en cas d'alarme. Dans une garnilon, c'eft le lieu où chaque régiment a ordre de venir fe rendre dans desoccallons ordinaires. \fl' Pièces d'allarme. C'eft ordinairement quelques piè- ces de canon placées à la tcte du camp, toujours prê- tes à être tirées au premier commandement. ^^" Au figuré, ce mot déllgne une frayeur fubite. On prend iouvent l'alarme bien légèrement. Une alarme chaude. Une faulFe alarme , fans fujct, fans fonde- ment. Quelquefois il fignifie inquiétude. Alors on l'em- ploie d'ordinaire au pluriel. Il étoit dans de conti- nuelles alarmes de la perte de fon procès. Cette femme étoit toujours en alarme pour l'on mari qui étojt à la guerre. Vous avez pris l'a/^rwe bien légèrement. Nous voyons finir nos alarmes. Mol. Tenir la pudeur en alarme. Id. ifT l'Alarme eft un mouvement de l'ame occafionné par l'approche inattendue d'un danger apparent ou réel qu'on croyoit d'abord éloigné. Vefroi naît de ce qu'on voit; la terreur , de ce qvî on imz^ime-.V alarme ^ de ce qu'on apprend; la crainte j de ce qu'on fait j l'épouvante 3 de ce qu'on préfume; la. peur\ de l'opi- nion qu'on a ; & Xavpréhcnfion, de ce qu'on attend. Voye-[ fous ces articles, les différences particuhèrcs de tous ces tynonymes. ifT l'Alarme (uppofe une vue du danger : elle fait cou- rir à la dcfenfe. La vue de l'ennemi nous alarme. On porte X alarme au cœur. tjfÎF" Corneille , dans fa tragédie de Rodogune , n'a pas fait attention à l'idée que préfente ce mot, en difant, fur nos fiers ennemis, rejetons nos alarmes. |fCF L'exprelîion eft impropre , dit 'Voltaire. On ne re- jette point des alarmes im un autre, comme on rejette une faute , un loupçon , &c. Les alarmes font dans les hommes, parmi les hommes , & non fur les hommes. La propriété des termes cft toujours fondée en railon. Alarme. Marot a fait ce nom mafculin. Ainf tu fce-ç combien par faux alarmes, La mort a fait j pour toy , jeter des larmes. Vow fauffes alarmes. ALARMER. V a. Donner l'alarme , caufer de l'émotion,' de l'épouvante , fc dit tant au propre qu'au figuré. Ter- rere, Terroreminjicere. L'approche des ennemis ^/(7//«*^ tout le camp. Une fi fàchcufc nouvelle alarma fon amour. Scar. Il trouble ma raifon, alarme ma tendrefe. La Suze. L'amitié remplit & remue le cœur , fans le trou- zc8 AL A hier & iaas \\ilarmer. Plufieurs le font venir du -cri de £acn"c des Grecs , qui croit aAaAvi. On y joint le pronom perlomiel, s'alarmer , pren- ■dre r.cpouvaute. Trepidare j cunjiernarl. Un Gene- ral ne djit point s'alarmer fans de bons avis. Vous vous alarme^ d'une nouvelle qui je trouvera peut-être faulle. A quoi boa cette dclicatellc, qui v,' alarme d un iiijt nouveau , & qui ne peut iuuitnrla rencontre de xleux voyelles ? Bouh. ALARME, £E. part. On eft alarmé d'un danger qu'on craint. ALARO. Rivière du royaume de Naples. Sagra. Elle eft: dans la C.alabre ultérieure , fort du mont Apennin , & fe décharge dans la mer Ionienne , au midi du bcurg d'Arucito. C'eft; fur {'Alaro que les Locres remportè- rent une grande vicloire fur les Crotoniates. AJ.ASCHEÏiIR. Ville d'Anatolie. Alafàiara. Elle eft dans le Getmian. Quelques Auteurs la prennent pour l'ancienne Eyplus , ou Hypfopoïis , ville de la grande Plirygie , & d'autres pour Philadelphie. ALASfoR. f. m. Alafior. Nom d'un des quatre che- vaux de riuton, dans Claudien. De rapt. Prof. Liv. I. C'eft aulîî le nom propre de quelques hommes, & entre autres d'un des compagnons de Sarpedon,qui fut tué par Uiilfe, & d'un des fils de Ncftor. Ce nom eft Grec , & fignifie , incommode , qui fait du mal, nuilible. Il vient de l'a privatif , & du vfrbe Aïi'5i» , j'oublie , de (orte qu'àAaV«f eft celui qui fait des maux 11 grands , qu'on ne les oublie jamais. Alastor, eft encore quelquetois un nom appellatit de certains efprits malins , de démons qui ne cherchent qu'à nuire, qui cauient des orages, des tempêtes, des peftes , &c. Plutarque les appelle Tekhines Alafio- ras j que Thomas Moins traduit, malins elprits. Amyor a dit comme en grec Alafloras j & au imgulier Alaf tor : les démons , que nous appelons Alafcoras & Pa- lamn&os ; c'eft à-dire , pourluivans la punition (Se la vengeance de crimes ii énormes , que la mémoire en dure à jamais. Amyot. Qu'eft ce qn'Alaflor ? Il ne faut pas croire que ce loit ce que quelques uns veu- lent dire, celui qui en temps de famine va épier ceux qui en leurs maifons meulent du blé , & qui le ra- vilfent & emportent à force ■■, ains but penter que Alafior [oit celui qui a commis des maléfices; aldj- ra; c'cft-à-dire, non oubhables. Amyot, d'après Plu- tarque. ALATERNE. f. m. Alatcrnus^ on Ph'dyca. Arbrillcau ainfi appelé à caule que les feuilles (ont rangées alter Hâtivement le long de les branches. Ses leuilles font arrondies, quelquefois dentelées à leurs bords comme celles du chcnc vert,d'un vert brun-, & elles ne tombent point pendant l'hiver. Ses fleurs lont vertes, d'une leule pièce, en entonnoir, dont le pavillon eft découpé en cinq pointes. Le piitil qui s élève du fond de ces Heurs devient, après qu'elles lont pailées, une baie molle, remplie de trois lemcnces arrondies (ur le dos , & apla- ties parles côtés. On connoit quatre eipèces, ou va- riétés d'Alaterne- l'une à feuille arrondie , entière (?c alfcz large ; l'autre à feuille plus petite & dentelée à fes bords ; la troiflème , dont les feuilles font pana- chées de blanc & de vert; & la quatrième a les feuil- les jaunes de vertes. On le cultive pour le mettre en palift'ade, ou pour le tailler en boule. t3"ALARTERNOÏDE. f. m. Sorte d'alaterne, qui ne dif- fère des autres,que parce que les trois gi aines lont jointes enfemble , au lieu qu'on les voit léparées dans les au- tres , lorfque la membrane qui les enveloppe vient à s'ouvrir. ALATOF,OLOTIF, ou ANAETOA. ^A7ro/a. Grande cha'ine de montagnes de Tartarie. Elle s'étend depuis , la contrée de Paicaris, vers les lources du JaVk, prel- que julqu'à (on embouchure, tout le long de (a rive orientale. Elle a divers noms en diftercns lieux. Dans le Paicaris on l'appelle Oeralsk , Oclotama, Vrai, & Go/'erc/irt', c'eft 'à-dire, montagne de fer. Vis-à-vis du lac de Jaïk , on lui donne le nom de Saramana. Au midi de celle ci on place lamontagne propre d'Alatof, qui eft la plus étendue : après en delcendant toujours vers k midi, on met le Saut Bergen ^ c'eft-à-dirc, les A p. monti'.gnes de Sel, & enfin celle d'Urack. /^oye^la carte de Vitlen, qui prend une partie de ces montagnes pour celles que les Anciens appeloient Rharr.nià, ou Ithim- nïci montes. ALATKL Ville d'Italie. Alamum , Aktrïum , Alatrum. Elle eft dans la Campagne de Rome, fur une petite colline eHviroua deux lieues aunead de Véroli. Ala- tri eft fort ancien , (Se a un évèché luffragant du Pape. ALAVA, ou ALABA. Petit pays d Efpagiie. Alaba. lia été de la Navarre, enluite de la Biicaye : il eft main- tenant de la vieille CaftiUe, !l s'étend le long de l'Ebrc , ?c des co- lonnes. ^tf-i-Vrc chez les Anciens lignifioit une boite à parfums. Quelques-uns tirent ce mot du latin Albusy à caufe de la blaricheur de cette pierre : d'autres du grec A'Aa^ar/Jo. , qu'ils tirent d'ï' privatif, & de ac^i^kim, cafw. Cette pierre eft lî unie , que les mains gliffent delTus fans pouvoir s'y attacher. Il y a près de Mar- feille une carnère à: Albâtre de différentes couleurs. Il eft fi tranfparent , que par le poli très-parfait dont il eftcapable,onvoitàplus de deux doigts dans fonépaif- Tomc I. ALB 209 fcur l'agréable variété des couleurs dont il eft em- belli. Acad. des Se. lyoj j Hift. p. i y. On dit hgurément d'une femme fort blanche , qu'elle a la gorge d'albâtre , le teint d'albâtre j que c'eft de l'albâtre animé. Albâtre. Dans S. M.atTi. chap. XXVL 7 , dans S. Marc, XVi , 5 , \1\{OSS.Albatroca maxima. Oileau aquatique fort commun au Cap de Bonne-Elpérance. Il a le corps fort gros. Se les ailes très-longues, lorfqu'clles font étendues. Il y a près de dix pieds de diftance entre l'ex- trémité de l'une des ailes & celle de l'autre. Cepen- dant tous ces oilcaux ne font pas de la même gran- deur. ALBAZARIN , ou ALBARAZIN, f. m. Sorte de laine d' El pagne. ALBAZIN , ou LABAZIN. Ville de la grande Tartarie. Albajinum., Labajlnum. Elle eft lur la livière d'Amourj dans la province de Dauria , vers le 122' degré delon- gitude,& le 52^ de latitude nord. Le P. d'Avril Jéluite, dit qu'elle eft à trois mois de chemin de Mofcou , Se à trois femaines de Pékin. La carte de M. Witfen la, place de même. Albafin appartient aux Mofcovites. ALBE. Alba. nom de plulîeurs villes. Albe-longue. Alba longa. Ville ancienne d'Italie, bâ- tie par Afcanius fils d'Enée, environ iioo ans avant Jésus-Christ : elle fut fumommée la Longue^ patce qu'elle s'étendoit en long lur une montagne. Foye-^ Tite-Live , Liv. /, chap. 7. Denys d'Hahcarnaiîe , Liv. I. Son nom lui vint de ce que l'on trouva en ccC endro.t une laie blanche , qui païut d un bon augure. Voye-^ Juven. Sat. XII, v. 70. k-LBT.". Alba Pompeia. Ville épifcopale d'Italie , dans le Montfcrrat fur le Tanaro. AtBE-RoYALE. Alba Regia. Ville de la balTc Hongrie. C'eft dans cette ville que les Rois de Hongrie étoieuî Dd zio A L R couronnés & inhumes. C'eft ce qui l'a fait furnom- mei" Royale. Alee Grecque. C'eft Belgrade. Albe-Julie. C'eft Wiircmbouia. ALBE, ou ALVA DE TOHMEZ. Ville du Royaume de Léon en Elpz§,ne.Jlha. Elle éft fur la rivière deTor- mez, à quelques lieues de Salamanque. ALBE, ou ALBETTE. Périt poilfon de rivière qui rel- femble à l'anchois. Sa tctc eft petite , les yeux à pro- portion, & rouge, fon dos eft verdatre , fon ventre blanc, avec deux lignes aux côtés; ileftapéritif. C'ell le poilFon qu'Auzone appelle Alhurnus. CCr ALBECK. Ville de Suabe, dans le territoire d'Ulm, fur une montagne , k un mille & demi de cette ville. ALh'tGN k.Kiyïhcà'li:iïitAlbianayAm'!ana,AlmLana. Elle prend fa fource dans une montagne de même nom, au territoire de Siennnc, traverle le petit Etat de glï Prefidïï , &z fe décharge dans le golfe de Tela- mone &: Orbitclle. ALBEJED. Rivière du Zagathay , dans la grande Tarta- rie. Albejeda. Elle coule entre la rivière de Gehun & La ville de Samarkand. ALBELDA. Bourg de la vieille Caftille en Efpagne,dans la contrée de Rioja (ur la rivière dlrégua. ALBELL. Rivière du pays des Griions. Alhula, Elle coule dans la Ligue de la Mailon de Dieu ,& le joint au bas Rhin , enue le bourg de Tulls , & celui de Furftenav.'. ALBEMARLE. Quelques Géographes donnent ce nom à Aumale , \-ilie du pays de Caux en Normandie. Ce n'efi: point l'ulage : on dit toujours Aumale ^ ik ja- mais Alhc/narlc. ALBEN. montagne de la Carniole , entre le lac de Czir- niczcs: le comté de Gorice. Albïus , Alhlum, Alha- num. On appelle aulîl cette montagne , Monte del Corfoj &z elle a une mine de mercure au bourg d'A- vedone. Elle prend fon nom du bourg d'Alben litué fijr cefte montagne. Alben , Alpis j eft auffi une rivière qui fort de la mon- tagne d'Alpen , &: qui , fclon quelques Auteurs , ie jette dans la Save , & ielon d'autres, dans le golte de Venil'e , entre Laiibach &: Campe d'iftria. ALBÉNAS. Nom qui fe trcuve dans Corneille pour: Au- benas : c'eft une taute. On dit toujours Auhenas. ALBENGA, ou ALBENGUE. Alblga,o\xAlhïnga , ou Albinganum^Alha inganuw. Ville épilcopa!e, appelle Naphtuhim. Il équipa une Flotte fur laquelle il parcourut l'Océan , & vint s'établir dans l'île de la Grande-Bretagne, qui s'appe- loit alors Samothée , trois cens ans après que Samothès y ?ht mené les premières colonies , quelque temps après le déluge. Albion ne régna que fept ans dans cette île ; il fut défait dans une bataille , & tué avec Ion frère Ber- gion, par Hercule l'Egyptien leur couhn, qui vengea fur eux la mort d'Ofuis leur aïeul commun , que ces barbares avoient mallacré. La bataiàle fe donna à l'em- bouchure du Rhône , où , dit-on , ks deux Flottes le rencontrèrent. M. Hume , qui eft le dernier Hifto- rien Anglois , n'a point cru de pareilles fables. La nouvelle Albion eft une parrie de l'Amérique feptentrionale, découverte autrefois fous le règne d'E- lifabeth par Drak en i jyS. Elle eft voifme du Mexique d'un côté, & de l'autre de la Floride. Les Anglois l'ont abandonnée , ce qui fait qu'elle eft peu connue jufqu'ici. ALBIQUE. f. f. Terme de Droguifte.C'eftune efpèce de craie , ou terre blanchâtre , gralfe & vifqueule , qui ref- femble en quelque forte à la terre lemnienne ou hgillée. On a découvert depuis peu une terre auprès de l^is , ayant à peu-près la même qualité que celle qu'on ap- porte de Lemnos. Ce mot vient du latin , albus j blanc. §3" ALBOGALERUS. f m. Terrtie d'Hiftoire ancienne. C'eftlenom que Feftus donne au bonnet des Flamines Dialesoudes Flamines de Jupiter. Uétoitfoitde la peau d'une vicl:ime blanciie , avec une pointe faite d'une branche d'ohvier : il ne leur étoit permis de le quitter que dans la maifon. ALBOGUES. f. m. pi. Ce font deux inftrumcns de cui- vre en manière de chandeliers , qu'on frappe l'un contre l'autre par le vide, pour en rirer un fon qui ne déplaît pas, & qui s'accommode bien avec la cornemule & le petit tambour. Ce nom-là eft morilque. Hiji. de Dom Quichotte, t. 4. ch. 6j. p. 4S y. Ucr ALBORA. f. m. Efpèce de gale ou de lèpre , qui eft, dit Paracelfe , une comphcation de dartres farineuies , Awferpigo & de la lèpre. ALBORNOZ. f. m. Quelques-uns difent 5cir/?ti;-ej, mais mal; il faut dire Alhorno\ , malcuhn. Mot Efpagnol ; c'cft une lotte de manteau à capuce qui eft fait de poil de chèvre , &c tout d'une pièce. Les Maures, les Turcs, 6l les Chevaliers de Malte , s'en fervent , lorlqu'ils vont au camp pendant le mauvais temps. Pallium cu- cullaium. ALBOUR , ou AULBOUR. f. m. Daléchamp , Hifto'ij-e des Plantes, 88. 1 vol. Alburnum , on Saburnum. Ar- bre qu'on a appelé Faux Ehcnier , à caule que Ion bois acquiert en vieillillant & en fe féchant une couleur noirâtre. Il croît communément dans les Alpes , & rel- femble à l'Anagyris , ou bois puant. L'écorce de fon bois eft d'un vert cendré. Ses feuilles font au nombre de trois attachées à une même queue ; elles ont cha- A l. B cune deux pouces de long fur un pouce de large; elles paroilfent argentées lorfqu'elles lont nouvelles , mais enluite elles deviennent d'un vett de mer , & un peu pâles en delfous. Ses fleurs font jaunes, légumineules , ramallécs en un alfez gros épi , qui pend de la lon- gueur d'un demi pied. A ces fleurs luccedcnt des goul- les compofces de deux colTes , qui renferment des fe- mcnces taillées en rein. On a nommé cet arbre Cytifus Alpinus , flore racemofo ,pendulo. Infl. R. Herb. & on en a remarqué deux efpèces qui varient par leurs feuilles, plus larges , ou plus érroites. Son écorce, les feuilles , les fleurs & fes huits lont vomitifs & laxatifs, comme l'a remarqué Daléchamp. lîCF ALBRAN. f. m. Jeune canard fauvage. Anaticula fluviatilis. On l'appelle ainiî julqu'enOdtobre, auquel temps il desient canardeau, & un mois après on l'ap- pelle canard ou oifeau de rivière. Ménage dit que ce mot vient du grec kAi')?ps>6o5, canne de mer. Quelques- uns écrivent allez mal Albrent , Alebran , HalbranSc Halebran. §Cr ALBOURG, ou ALBORG. Ville de Danemark, dans le nord Jutland , dans le diocèfe de même nom. Cet Evêché eft luftragant de l'Archevêché de Lunden. ALBRENER. v. n. Terme de Fauconnerie. Chaffer aux albrans. Anaticulas venari. Nous avons albrené pen- dant deiix jours. ALBRENÉ , ÉE. adj. Terme de Fauconnerie. Il fe dit d'un oileau de proie qui a perdu , entièrement ou en partie, fon pennage, IlUfus , jraclus , diffracius. On le dit en ftyle de Rabelais , de ce qui eft en mauvais état. Un homme albrené ; armée albrenée.' Rabelais a' dit dans l'Apologue de l'ane & du roullin : te voilà tout albrené. ALBRENT. Voye^ Albran. ALBRESE. Village de France. Abrifellum. Il eft en Bre- tagne, dans le diocèfe de Rennes, & près delaGuier- che. Ce village s'appeloit mxiiqÏok Arbrijfel. Ce fut la patrie de Robert d'Arbriftcl , fondateur de l'Ordre de Fontevrault , qui prit de-là Ion nom. ALBRE. Leporetum , Lepretum , Albretum. Ville de Gafcognc , capitale du pays dont on va parler. Albret. Pagum Leporetanum , Loporetanus ager , ou traclus. Pays de Gafcone, dans les landes de Bourdeaux, & dans le diocèle de Bazas. Le Pays à' Albret , polfédé long-temps par des Seigneurs, auxquels il donnoit fon nom, fut érigé en duché en i f 56 par Henri II, pour Anti)inc de Bourbon , Roi de Navarre , î<£ Jeanne à' Albret Ion époule. Ce mot vient du latin Leporetum , qu'on a donné apparemment à ce pays , à caule de la quantité de lièvres qui s'y trouvoient. ALBS. 1. m. /^oyt'ç Alba. ALBUGINÉE. adj. f. Terme d'Anatomie, qui fignifîc Blanche. Albugineus , albuginea , uni. Il fe dit d'une tunique de l'œil. La tunique a/^^'^z/zee j eft ce qu'on appelle communément le blanc de l'oeil, & qui paroît lut toute la convexité antérieure du globe , depuis la cornée tranfparente jufqu'à la rencontre , pour ainil dire , de cette convexité avec la convexité poftéricure. Elle eft principalement formée par l'extenfion tcndi- nculede quatre mulcles. Cette extenlion eft très-adhé- rente à la Iclérotique , ^^ la fait paroître là tout-à-fait blanche ^ luilante, au lieu qu'ailleurs elle n'eft que blan- châtre & terne. Elle eft tres-mince vers le bord de la cornée, & elle fe termine très-uniformément, & de- vient comme eftacée par la cornée. 'Winsiow. ALBUGINEUX, EUSE. adj. Terme d'Anatomie, qu'on ■ donne à la tunique qui couvre immédiatemment le telticule , & qu'on appelle ainfi , parce qu'elle eft blan- che. Albidus. On donne aullî ce nom à une des humeurs de l'œil, qui s'appelle autrement, V Humeur aqueufe, ALBUGO. f. f. Terme d'Oculifte. Mot latin qui fignifie blancheur, & dont les Oculiftes fe fervent en notre langue. Albugo. Maladie des yeux, h'albugo eft une efpèce de tache qui vient à la cornée tranfpaiente , caufée par un lue blanchâtre, qui s'arrête dans la lubl- rauce de cette membrane. L'infiltration s'en fait peu à peu , & devient enfin quelquefois ii conhdérable , qu'elle couvre critii-rcmenrla cornée rr.anfparenre , d'où il arrive que le malade ne dnhngue plus les objers. S. Yves. Plulîeurs confondent cette maladie avec l'ab- cès'; mais l'abcès ell toujours accompagné d'inflam- mation i?c de douleurs. Id. Pour empêcher l'augmcnta- tion de ce mal , il iaut faire une diète exade , tailant ufage tous les matins d'une eau de veau alterte avec des herbes rafia.chilîantes, eu à Ion défaut d'une cho- pine de petit lait mêlée avec une once de luop vio- lât, & pendant la journée on prendra quelques bouil- lons à l'ordinairej & des potages dans l'intervalle. On oblervera ce régime pendant les cinq ou lix pre- miers jours , après quoi on permettra au malade de manger quelque morceaux de pain ians viande , uiant pour boiircn ordinaire d'une titane limple. On mettra peur cela en ufage des laignées du bras, du pied, eu de la gorge félon le belein. On pourra même employer le bain dcmeflique auiîi-bien que les emplâtres véficatoires appliqués à la nuque du cou , que l'on entretiendra quelque temps. Ou guérira le mal déjà formé par l'ulagc des topi- ques fpiritueux & rélolutifs , tels que l'intulion d'anis & de fenouil dans de bonne eau-de-vie, dont on ver- (cra ui;e cuillerée dans les eaux diitilléesd'eufraife,de fenouil ik de plantin , deux cuillerées de chacune; évi- t.-int loigneuiement les eaux vitrioliques, comme très- pcriiicieules & propres à faire dégénérer cette makdie en abcès ou en ulcère. Lorfque l'inflammation eft palFée, une eau ophthalmi- que achève d'eclaircir parfaitement la vue , en en faifant couler pluheurs fois le jour quelques gouttes dans l'œil lur l'endroit de la blancheur. Le malade voit pour l'or- dinaire très dilfindementles objets dans l'eipace de lix iemaines. Si le mal devient rebelle aux remèdes indi- qués , Se qu'il paroilîe quelque vailfeau languin lur la conjondtive, qui foit variqueux, on ne tait point diflîculté de le couper. Id. ALBUM, f. m. Terme purement latin , qui a été francifé par l'ufage , faute d'autre, qui lignifie la même choie en françois. On y joint ordinairement le mot amico- rum. Album amkorum. C'ell le nom qu'on a donné à un petit regiftre ou livret que les lavans portent avec eux en voyage. Lorfqu'ils le trouvent dans quelques villes, ils vont viluer les lavans du pays, & ils leur prélententleur^Mi^m amïcorum y&c les prient d'y écrire quelque choie , afin d'avoir de l'écriture de leur main. Ce qu'on écrit i\x\.\ album elt ordinairement (a devife, ou quelque fentence, ou quelque choie d'obligearit pour celui qui préfenre X album. Ménage dit que Sor- bièreavaritprélenté Ion album à Volîius, celui-ci le prit & le teiiilletant pour voir les différentes lentences des lavans, il y trouva celle de Grotius en grec, dont le lens étoit qu'il taut apprendre les belles lettres, mais qu'il faut que celui qui les apprend ait du jugement. Le mot à' album en latin eft neutre , mais en tant que francifé il eft malculin. Ç:^ ALBUMINEUX. adj. Suc album'mcux , dans l'éco- nomie animale, eft une elpèce d'huile fort fixe, te- nace , glaireufe & peu inHammable , qui iorme le fang & les lymphes des animaux.Ses propriétés font alFez fem- blables a celles du blanc d'œuf , ce qui lui a fait don- ner le nom de Suc Albumïneux. ALBUNÉE. f. f. Alhunea. DéelFe qui avoir un temple à Tibur, ou Tivoli. Quelques Auteurs dilent que c'étoit la Nymphe qui prclîdoit aux eaux minérales de Tivoli. D'autres la prennent pour la dixième Svbille, appelée Tihunïne , c'eft-à-dire, de Tibur; & d'autres la con- fondent avec Ino , fille d'Athamas. ïKT ALBUQUERQUE. Ville d'Efpagne , dans le royau- me de Léon , (?c dans la province d'Eftramadure , (ur les Frontières de Portugal. ALBURNE. f. m. Alburnus. C'étoit le nom d'une mon-, tagne de la Lucanie. On en fit enluite un Dieu ; ou plutôt on donna le même nom au Dieu de cette mon- tagne ; & Termlien , dans ion Apologétique , ch. j , & dans fon premier Livre contre Marcion, ch. i8 ; nous apprend que c'étoit M. Emilius Metellus qui in- troduiiit ce nouveau Dieu. ALBUS. f. m. Petite monnoie de Cologne , qui vaut ALC 213 douze deniers ou deux creuftzers. Il faut 78 albus pour la richedale , valant 60 fous de France. ALC. ^-ALCAÇAR CEGUER,ou ZEGUER, ou ALCA- CAR MAZMODA , ou CAZAR-EZAGHIR. Ville d'A- frique , dans le Royaume de Fez , à mi-chemin de la Ville de Ceuta 6c de celle de Tanger , vis-à-vis de Terif. ifT Alcaçar DOS al, Salacia, ou Alcarium Sali- NARUM. l'ecite Ville de Portugal, dans l'Eftramadure , aux confins de l'Alantajo, fur la rivière de Cadaon, a huit heues de Sétubal. On y fait du lel fort blanc. fjCFALcAÇAR-QuiviR, ou Alcaçar-d'Aleulquerim, Ville d'Airique, dans la Province d'Afgar, au Royau- me de Fez , avec un beau château. On lui a donné le nom à'Alcaca-Quivir , qui Ci2,ni{ic grand palais y pour le diftinguer à'Alcacar Ceguer, qui veut dire le petit. ALCADE, f. m. Judcx , Prjctor. C'eftle nom d'un Juge Elpagnol. Les Elpagnols ont pris ce nom des Maures. Foye^ Alcaïde. On trouve dans les DiélionnairesEf- pagnols , dont quelques-uns font fort reçus , Alcaïde^ au lieu à^ Alcade. Alcade de Jufàce. C'eft un Juge , un Prévôt. Alcade de la Cour ou de la Maifon Royale , c'eft ce que nous appelons Grand-Prévôt de l'Hôtel. V'. Rolland com- mença à jouir de l'OfKce à' Alcade Major , & étant arrivé à S. Dominique avec fes gens, il y arriva d'au- tres Alcades qui étoient-là. De la CosT.Traducl:. de Herrera. Alcadie , en Elpagnol ii/ca/c/iûj c'eft la char- ge de ce Magiftrat. Prdtura. On trouve aulïï , & l'on dit alacide ôc alcaïdia y comme le prononcent les Mau- res. Diego Torrès , dans fa Relation ou Hiftoire des Chérifs, dit que les puînés du Roi de Maroc, les frè- res & fes parens , font au nombre des principaux ml- caïdes ; que ce ce Roi a un Alcaïde qui a charge de commander aux Miniftres de la Juifice , & de faire les exécutions fecrètes , comme d'arrêter quelque Al- caïde y ou Seigneur; qu'il y a un autre Alcaïde y qui eft comme Maître des cérémonies; un autre qui a l'Of- fice de Grand-Ecuyer; un Alcaïde des chameaux, qui a foin de les iaire panier, &c. Un autre qui eft comme pourvoyeur général; Alcaïde des Cetaircs, qui font les laquais , ou valets de pied : un Alcaïde qui commande à 50 hommes de cheval, nommés Almaharèc/ues yqui font comme des Sergcns, qui commandent de la part du Roi aux Alcaïdes & Gentils-hommes, ce qu'ils doi- vent faire ; & qu'il y a un Alcaïde du charroi , qui a charge de drcller, pher, porter les tentes du P.oi. ALCAHEST. f. m. Eft un nom arbitraire , qui n'eft dérive d'aucune langue, & que Paracelfea forgs pour exprimer, à ce que prétend Van-Helmon , un mcnf-' true ou diflolvant univerfel. Dicx. de James. (;Ct Les Alchimiftes fe fervent communément de ce mot, pour déhgner cette matière propre à difloudre, non- feule- ment les métaux , mais encore tous les corps de la na- ture. ALCAÏDE. f. m. Judex y Pratory Civitatis Reclor y Gu- bcrnator. Juge & Gouverneur d'une ville, dansla Bar- barie ; car on ne le dit que de ceux de ce pays-là. La Jurididion de \' Alcaïde eft louveraine , tant au civil qu'au criminel, & les amendes lui appartiennent. On trouve aullî dans quelques Didionnaires Efpagnols^/- calde dans le même f'enSj ainfi que je l'ai dit. Ce mot vient de l'article al y du verbe ar.abe -|pS Kady ëc Akad y qui fîgnifie gouverner y régir, admi- niftrer y être gouverneur. Son participe eft Kaid, dont on a fait auiîi un nom appelktif , qui chez les Arabes fignific Gouverneur y Chef y Prêteur y Préfident, Juge, petit Roi. Voyez Alcade. ALCAÏQUE. adj. Terme de Po'cfie grecque & latine. Les vers Alcaïques font des vers lyriques, compotes de quatre pieds & une céliue ; le premier eft tpon- dée ou 'iambe ; le fécond ïambe ; entuite vient la ce- fure , puis deux dactyles; le dernier peut être un am- ALC 2.14 phimacie. Tels font ceux-ci dans Horace. Liv. II, Od. 3. Omnes eodem co(;imur: omnium Keifatur urna : ferlas 3 ociùs Sors exitura. On appelle encore alcaïques , des vers d'une antre meiure , compolcs de deux dactyles & de deux tro- chées , comme celui de la même Ode. Exilium impojîtura cymbœ. Une Ode alcaique eft compofée de ftrophes, dont chacune comprend quatre vers. Les deux premiers font deux vers alcaïques de la première efpèce. Le troiliè- me efl: un ïambe dimètre hypcrcataledique, c'eft-à- dire, de quatre pieds tk une (yllabe. Sors exitura & nos in dternum. Le quatrième eft alcaique de la féconde efpèce. Voici la ftrophe alcaique entière. Oinnes eodcrn cosimur ; omnium Verfatur urna : Jeriiis :, ocius Sors exitura jy & nos in Aternum Exilium impojîtura cymb£. Ces deux efpcces de vers s'appellent alcaïques daclyliques. Il y en a une autre efpèce qu'on nomme fimplement alcaïques _, & qui font compolés de qua- tre pieds, dont le premier eft un épitrite, le fécond & le troillème deux choriambes,'le quatrième un bac- chius. Cur timet fia \ vum Tiberim \ tangere? cur\ olivum. Le Poëce Alcée , AIcaus y inventa ces efpèces de vers ; c'eft pour cela qu'on les appela alcaïques y de fon nom. ALCALA. Nom de plufieurs villes d'Efpagne. La pre- mière & la plus célèbre eil Alcala de Henarez dans la Nouvelle Caftille. Complutum. Alcala eft fameule •par Ion Univerfité fondée en 1517 pat le Cardinal Ximenès , & par la Polyglotte que ce Prélat y fît im- primer en 151 f. On l'appelle Carpetanorum urbs. ALCALA DE GUADIRA. Henipa. Petite ville d'Anda- loufie. ALC ALA-REAL, ou ROYALE. Alcala Regalis, eftauill dans l'Andalouhe lur les rrontières du royaume de Grenade. IP^ALCALESCENCE. f f. Terme dont on fe fert en Médecine , pour exprimer la putréfaction qui eft pro- duite dans certaines fubftances par les alcaUs. La chair des animaux eft dilpolée à l'alcalejcence. ■^ ALCALESCENT , ENTE. adj. Terme de Méde- cine , par lequel on défigne une chofe qui tend à la fer- mentation alcaline , qui commence à devenir alcaline. fO" ALCALI ou ALKALL f. m. L'Acad. fuitla première orthographe. Terme de Chimie & de Phylique. Saleru- tus y elicitus. Ce nom a été donné premièrement par les Arabes au fel qu'on tire des cendres d'une plante, qu'ils appellent Kali y & les François Soude : Se parce que ce tel fermente avec une liqueur acide , on a depuis donné ce même nom à tous les lels lixivicls des plan- tes, c'eft-à-dire, qu'on tire par la lotion de leurs cen- dres, & qxi'on appelle jf.vf 5. On l'a aulîî donné à tous les lels volatils , & à toutes les matières terreftres qui fermentent avec les acides. f/CF Ainfi l'on diftingue deux fortes d'alcalis ; l' alcali fixe, ainfi nommé, parce que l'adion du feu le fond fans le diiLiper ; & le vola- til y ainfi nommé , parce que la moindre chaleur le dif- fipe ou le volatilifc. Ce dernier fe tire des animaux. Les fels alcalis fixes impriment fur la langue une fenfation femblable à celle d'une brûlure. C'eil: pour cela qu'on les nomme quelquefois caujîiques. On les nomme aullî lixivielsy parce qu'on les retire des cendres des plantes en les lavant. Tous les «/c^î/w ont la propriété de chan- ger en vert la couleur bleue des fleurs ; en quoi ils dif- térenî des acides , auxquels d'ailleurs ils s'uniffcnt avec ALC cfFervefcence, & de cette union ilréfulte difFérensfels neutres, luivant les différens acides joints avec les al- calis. Tacheniusj Swalve, & quelques autres Chi- miftes , ont prétendu que le lel alcali , & l'acide , étoient les feuls principes de toutes chofes ; & ils ont voulu ex- plique! par leur moyen tout ce qu'il y a de plus difti- cile dans la nature; mais ce qu'ils ont avancé a paru fi défectueux & il ablurde , qu'ils ont trouvé peu de leélateurs. On peut cependant s'en len'ir, pour expli- quer quelques phénomènes particuliers. iCT On entend proprement par alcalis , des corps po- reux & fpongieux dans lelquels , comme dans autant d'efpèces de gaines , vont le loger des corps roides , longs , pointus & tranchans , que l'on nomme acides. ALCALIN ou ALKALIN, INE. adj. m. & f. Qui ap- partient aux Alcalis. Ce terme s'aplique aux fubftan- ces qui ont quelques-unes des propriétés des alcalis. Subftance, terre alcaline. Alkalinus y a, umy Volatl- lis y e. L'expérience eft contre le lentiment commun que nous avons de la chaux , qui eft que la chaux éteinte eft, pour ainfi dire, la tête morte de la chaux vive, comme ayant dilHpé & perdu fa principale partie alca- line y que l'on fuppole être volatile. Homberg , Ac ad. D. S. 1700. Mém. p. 6S. ALCALIi-ATION, ou ALKALISATION. f. f. Alcali- fatio. C'eft l'aètion d'imprégner quelque chofe, comme de l'cfprit de vin , d'un lel alcali. tfF Valcaiifation de l'efprit de vin s'opère en le mettant en digeftion fur de Y alcali. En diffolvant une petite quantité de ce fel, il acquiert des propriétés alcalines. ALCALISER. V. a. Tirer le fel de tous les végétaux & minéraux après leur calcinationpar le moyen delalel- five-, c'eft-adire, en veiiant deflus de l'eau plufieurs fois qui s'imprègne de leur lel. Sales eruere y elicere. fCT C'eft dcgager par l'action du feu d'un fel neutre la partie acide qui y étoit contenue , de manière qu'il ne refte plus que la partie alcaline. ALC ALISE, ÉE. part. il^- ALCAMO. Alcamus. "Vaille de Sicile, dans la vallée de Mazare, au pied du mont Bonihiti , à feize milles de Paleime. ALC AN A. f. f. Drogue qui fert à la teinture , qui vient d'Egypte & de quelques autres endroits du Levant. Les Botaniftes appellent Liguflrum dgyptiacum y on Troène d'Egypte y la plante qui produit cette tein- ture. La couleur qu'on tire de les feuilles , eft rouge ou jaune, fuivant qu'on la prépare ; jaune , fî on la fait tremper dans l'eau : & rouge , fî on la fait infufer dans du vinaigre, du citron, oude l'eau d'alun. Quel- ques-uns donnent ce nom à la Silaria. Il y en a aullî qui le donnent à la colle de poifTon. ALCANCALI. f m. C'eft un antidote à qui les Italiens donnent ce nom. Il eft bon pour les fièvres ardentes, fimples ou doubles-tierces , continues , la fièvre nom- mée/;/'jyrie, l'hémitritée, en un mot toutes fortes de fièvres. Dict. de James. CiCJ" ALCANITZ. Alcanitium. Petite ville d'Efpagne , en Arragon, avec un château, fur la rivière de Gua- delope, à peu de diftance des frontières de Catalogne. §Cr ALCANIZES. Alcanitium. Petite ville d'Efpagne , dans le royaume de Léon , proche la frontière de Por- tugal, avec un bon château. ALC ANNA. f. m. Arbre qui eft médiocrement élevé, dont le bois eft blanchâtre, affez dur, & dont les bran- ches fortent par paire du tronc , & en foutienncnt d'au- tres. Celles-ci font revêtues de feuilles qui gardent le même ordre , qui font affez étroitement ferrées, &ne vont pas jufqu'a la fin de la branche , qui fe termine toujours par une épine longue, affez foible. Ses feuilles font d'un vert jaunâtre, &: ont la figure d'un fer dépi- que , plus larges vers la pointe qu'en approchant de la queue ; elles ont deux pouces &: quelques lignes de longueur , fur onze lignes de largeur , & ce fonr les plus grandes. Ses fleurs naifFent en forme de bouquet, à l'ai fl elle des branches : chaque fleur eft compofée de quatre ou cinq pétales, d'un pourpre fale, difpcfées en rofc autour du piftil , & foutenue par un calice d'une feule pièce découpée jufqu'à la bafe ; fon pédi- ALC cule efl: airez court ^alfez Jclié. Huit étamines blan- ches , difpolécs deux à deux , portant des lommets fort petits , environnent le piftil , qui devient une baie du volume de celle du genévrier. Cette baie contient. Tous une écorce callante , un nombre prodigieux de (cmcnccs triangulaires &. un peu pyramidales, riuiieurs Auteurs de botanique ont confondu cet arbre avec le Troène ou avec le Filaiia. Prolper Alpin nous a donné le premier la defcription de l'Âlcanna dans fon Traité des Plantes d'Egypte j/j^z^t. ././. "La figure qu ilcn donne n'ell pas exacte , comme l'a fort bien remarqué Vef- lingius, pag. i6. On peut avoir recours à ÏHortus Malabaricus y vol. i , pag. 57 , où l'on verra une. bian- cl.e de cet arbre très-bien delllncc fous le nom de Ma'il-anjchi ■ fa defcription efl trés-correéie. Cet ar- bre vient donc dans les Indes auliî-bien qu'en Egypte , où il eft appelle Elk-hanne ^ àcAlcanna , par les Mé- decins. On a cru que c'étoit le Cyprus de Pline , & qu'il devoitfe rapporter au genre du Troëne, mais mal à propos, comme on le peut voir à l'arricle de Trucnc. Les feuilles de \Alcanna iontfortaltringenres;onen fait un grand trafic au Caire après lesavoirréduitesen pou- dre, qu'on wovcwm Archenda , de laquelle les femmes lelervent pour le teindre les oncles >!<>; ks cheveux en j.iunc doré. Cette même poudre jetée dans de l'eau chaude cft un remiède dont on ule pour lupprimer la trop grande lueur des pieds, en les y baignant, & en y appliquant le marc. Les Tranfad.ions phUofophïques , Tom. 2 j pag. 64 f j dilent qne VA /canna cÛ la feuille d'une plante , qui , quand elle eft trempée pendant une nuit dans du vin , rougit les doux. IfcirNous continuerons d'appeler ^/ciT/2/2^ j l'arbre donc on vient de parler, malgré le reproche qu'on nous fait dans le nouveau Vocabulaire, de donner gratuitement à l'arbre le nom de la poudre qu'on tire de les feuilles. Bien d'autres que nous lui ont donné ce nom; &nous ne voyons pas pourquoi nous nous en rapporterions gratuitement à la décillon des Vocabuliftcs. ALCANTARA. Nor^a C^farea Turobrica , ou Pons Trajanus. "Ville de Portugal, dans l'Eftramadure , lur le Tage. ALCANTARA. Ordre militaire d'Efpagne. La ville èCAU cantara\)'iim. étéreprife fur les Maures par Alphonlc IX en liiz, il la confia à la garde des Chevaliers de Calatrava. Deux ans après elle fut remite aux Cheva- liers du Poirier. C'étoit un Ordre de Chevaliers infa- tué en II 70, par Gomcy Fernand , & approuve par le Pape Alexandre III, fous la règle de S. Benoit. ALrs ils changèrent de nom , & prirent celui de la ville 6!Al- cantara j dont ils étoient en polleilion. Après la dé- faite des Maures, & la prile de Grenade, la Maitriie de l'Ordre à'Alcantdra, Se celle de 1 Ordre de Cala- trava , furent réunies à la couronnedc Caltille par Fer- dinand ik Ifibelle. En 1540, les Chevahers à'Alcan- tara demandèrent la permilïïon de le marier; & elle leur tut accordée. Le Père Andréa Mendo , Jétuitc , .^ns fon Traité latin des Ordres militaires , place l'é- "poque de linftitution de cet Ordre à l'an 1 156. Bar- tofa , Scmm. Dccis. ApofloLcolLccl. à l'an 1 17e. Le^ chroniques de l'Ordre ditent que Ferdinand, Roi de Léon , de Caftille , des Afturies , ln: de lEfnamadure , le prit tous fa proteélion en 11 76, l'année tuivanre Alexandre II l'approuva. Lucius III leur donna la règle de S. Benoit l'an 1 1 84. En i z 1 8 , Nugnez Fernand leur donna Aicantara , &ils en prirent le nom. Outre les Auteurs cites, voye'^ Jofcph Michicli Theforo mili- tar de Cavaleria. Caramuel Theolo<^. rea. P. IX, So- ranzo, Yidea del Cavalière. Franc. Menenio dans les délices des Ordres de Chevalerie. Bernardo Jutlmiani Hijî. de gl. Ordini militari. Ch. 2.9 , Mirœus Orir. Ord. equejl. Liv. I, ch. IX. Mais Mariana dit que ce fut Alphonfe , Roi de Léon , qui , en i z 1 5 , donna Akantara aux Chevaliers de Calatrava. Le Licencié Franc, de Rades , & le Licentié Franc. Caro de Tor- rès , qui ont frit des Hiltoires de cet Ordre, dilent l'un & l'autre qu'il s'appela d'.ibord l'Ordre de S. Ju- lien del Pereyro j du nom du lieu où il fut inflitiié , dans l'évcché de Ciudad Rodrigo; qu'il eft de l'Ordre de Ciceaux, & qu'il a la règle de S. Benoit; qu'on ne ALC 2TJ fiit point précifément en quelle année il fut établi ; mais il fut apprcuvé par Alexandre Ili en 1 177 , qu'il eft certain que l'année précédente il labfiftoit déjà , parce que 1 année 12 14 de Icie de Céfar , qui eft la II 76 de J. C. Ferdinand , Roi de Léon , fundo; c'eft le fentiment de Querce- tanus, Liv. I. De Prifcor. Medicina, '^•/-^.-> car une •des prii-K;ipales opérations de la Chimie le fait lur les •fels. Quoique le mot A' Alchimie 'Se celui deyChimieii- gnificnt la même chofe, les Chimiftes pourtant fe fer- vent particulièrement de celui dAlchimie, pourexpri- TOer,la Chimieh plus fublime, "i"7. a le» mêmes fignifica- tioiii ALC tiens que h verbe latin légère j Se Ce prend non-feule- ment pour Ilrcj mais encore pour cueillir, recueillir , ramajjer. Mais quoique VAlcoran puille erre appelé Collection , parce que c'cft le ramas, ou la collection de tous les préceptes de Mahomet (Se de la loi , il paroit plus vraiiemblable que c'eft dans le premier fens qu'on a pris ce nom , & qu'on le lui a donné pour faire en- tendre que c'cit la leclurc, ouïe livre de /t'if7//rc' par ex- cellence. Mahomet, qui a cte le linge des Juifs & des Chrétiens , a emprunté d'eux , & a donné à ion livre les mêmes noms qu ils donnent à la Bible , voulant mar- quer par là que ton Alcoran n'étoit pas moins divin que la Bible. Aulli 1 appelle t-il. quelquefois Alkitah , com- me les juifs difent ^ifian, c'elt-a-dire , l'fcr/r/^rej comme nous drlons en grec -"' Êi/5A/a,& en latin i?^/i//jj c'eft- à-dire , le livre par excellence-, il lui donne le nom de Livre de Dieu, pour montrer qu il 1 a reçu de Dieu. Les Mahom -tans 1 appellent encore ]Sp n£ Vt?, c.lvhor- kan, du verbe p"ii: , pk^raca , qui lignifie dijlinguer, ou parce que ce livre diftingue, lelon eux, le vrai du faux, .?>: ce qui eft permis de ce qui ne l'eft pas, ainli que Marraci 1 a prétendu ; ou peut être parce qu il con- tient les chapitres de la lu, ou de Mahomet, 8c dans le lens que les Hébreux donnent à quelques livres le nom de tDVi- j Para htm Capita, ou Capitula ; par exem- ple, "ipnS , r.UX Ccpita Patrum, Majorum ;-|"ip -i£, -HVh^ C'pitula h. Eiuier.C^y: AlphorhaneilxniXi en asabc le pluriel du nom pis vhark, ou ulphark , qui fignihe la même choie que 1 hébreu ipS perch. Enfin , ils appellent encore l' Alcoran ^/^c'c/îr, avertillcment, ou plutôt, Il 1 on peut ainli parler, remembtance, parce qu il lait remémorer, c'elbà-dire, qu'il conlcrve ou rap- pelle la m'nijire de la loi. Il eft divité itw Surates , c'eft a-dite , en Seciions , ou Chapitres , & chaque Seétion, eu Surate, eft divifée en petits verfets, qui font la plupart écrits d un llvle fort coupé , Se qui ap- proche i-lu-, des vers que de la profe. Les Mahométans ont chez eux, aulîi-bien que les Juifs , une elpcce de AfaJJ'orettes , qui ont compté le nombre des verfets , des mots , & même de toutes les lettres qui font dans l'Alcoran. Nous croyons communément que Mahomet eft l'Au- teur de ce Livre , & qu'un Moine nommé Sergius , l'a compofé avec lui. Mais les Mahométans croient com- me un article de foi , qu'il n'a point été compofé par leur fiux Prophète , qui a étc , dilent-ils , un homme fans littérature. Ils font pcrluadés que comme Dieu a donné la loi à Moyfe, l'Evangile à Jesus-Christ, & d'autres Livres facrés aux autres Prophètes ; de même il a donné X Alcoran à Mahomet ; & qu'il s'eft fervi pour cela du miniil:ère de l'Ange Gabriel, qui ne l'a néan- moins communiqué que peu à peu , par verfets , & en ditïerens lieux, pendant l'efpace de 25 ans. C'eft ce qui fait que tout cet ouvrage eft ians ordre, parce que Ala- homct, ou plutôt (on Copifte , ayant mis ces verfets dans une boite, fans aucun ordre, & avec confufion, il n'a pas été poffible de les remettre dans leur premier ordre , quelque foin que les Doéfeurs Mahométans aient pris pour le trouver. Ces 25 années, qu'on iuppole que l'Ange Gabriel employa pour donner ['Alcoran en- tier à Mahomet,font d'une merveilleule utilité à fes Sec- tateurs. Car elles leur lervent de dénouement pour ré- pondre à ceux qui leur oppofent les contradictions ma- nifcftes dont ce Livre eft rempli. Ils difent que c'cft Dieu mêmequieft l'auteurdecescontradiétions, parce qu'il a révoqué dans la fuite du temps plufieurs précep- tes qu'il avoir d'abord donnés, la nécelîîté des chofes le demandant ainfî. Ils ont même marqué dans leurs Commentaires les verlets de \' Alcoran que Dieu a ré- voqués (k. abrogés. M, d'Herbelot croit que ce qu'il y a de plus vraifcm- blable touchant la compodtion de V Alcoran , eft que pluhcurs Evcques , Prêtres , Moines , & autres gens ayant été relégués par les Empereurs dans les défcrts de l'Arabie & de l'Egypte, après que les héréfies des Nel- toïiens , des Eutychiens , &l des Monothélites eurent cte condamnées par les Conciles œcuméniques, il s'en trouva d'aftez méchans pour fournir à Mahomcr les Mémoires peu fidèles (ïi mal conçus de l'ancien &: du To'ne I. ALC 2T7 noitt'eau Teftament, dont il a prétendu couvrir fcsim- poftures. Les Juifs qui s'etoient fort répandus dans l'A- rabie y ont contribue aulli de leur côté ■■, & ce n'eft pas fans raifon qu'ils fe vantent que douze de leurs prin- cipaux Doéfcurs ont été les Auteurs de ce Livre dctcfta- ble, dans la vue de confondre les Chrétiens fur l'éten- due de la Religion. V Alcoran eft plein de fentimcns erroncs des hérétiques dont on a parlé , ce c^ui confiime la conjecture. On remarquera que cet Alcoran n'étoit du temps de A^ahomet qu en des feuilles féparées, qui ne faiioient point un corps de Livre. Ce fut Abcubécre Ion fuc- cefteur qui ramalla ces feuilles difperfées, & en fit un volume, qu il donna à garder à Haphla veuve de Ma- homet, pour lervir d'original. Comme il fe trouva de la variété entre les exemplaires de ce Livre , qui furent répandus en divertes provinces , Cthman , fucccftcur d'Ab^ubécre, les fitramaller, & donna ordie cu'on fit plulicurs copies de \ Alcoran fur l'exemplaire de Haubla; l'on lupprima en même temps tous les autres qui n'y étL.ient point conformes. Cette révificn cepen- dant, quelque exaéle qu elle fût, na pas empêché qu'il ne f e trouve encore aujourd'hui de la diverfité entre les exemplaires de ce Livre ; & elle confifte principalement dans les points voyelles , qui n'étoient peint erxore en ulage au temps de Mahomet & de fe'? fucceflc-UL'. Ils y ont été ajoutés dans la fuite , pour en fixer la le ^ u.e, de la même manière que les Maflorettes des Juifs ont ajouté ces fortes de peints voyelles au texte hébreu de l'Ecriture : & comme ceux-ci ont eu des critiques qui ont marqué les véritables leçons de leur texte , il le trou- ve aulh parmi les Mahométans des Ecrivains qui ont compofé des Livres touchant la véritable lecture de \ Alcoran. Il y a fept éditions principales de \' Alcoran ; deux faites à Médine, une à la Mecque, une à Coufa, une autre à Ballora, une en Syrie, & une que l'on appelle Commune , ou Vulgate. La première de ces éditions contient fix mille verfers -, les autres la furpalFent de 200 julqu'à 256. Mais elles font toutes égales quant au nombre des mots & des lettres , car dans tous les exemplaires de ce Livre on compte 77639 mots , &; 3 2 3 o I j lettres. Cet ouvrage a été d'abord divifc en petits verfets : en quoi ils ont fuivi les Grecs & les Latins , qui ont nommé ces fortes de verfets '^yy^ , Lineas, verjiculos ; & quoiqu'ils aient diftérentes éditions , où le nombre de ces verlets eft marqué différemment , cette variété eft de nulle importance ; car tous les exemplaires de \' Alcoran conviennent pour le nombre des mots & des lettres-, & à l'égard de la divilion des Surates , onCha- pitrcs , elle eft allez nouvelle. Les Mahométans le par- tagent communément en 60 feétions ; & chaque fec- tion fe récite en diffcrens temps, & en diverfes occa- fions , dans les Mclquées , où ils ont des gens gagés pour faire cette leélure. Il y a un fî grand nombre de Commentateurs & d'In- terprètes fur \' Alcoran , que l'on pourroit faire un gros volume des feuls titres de leurs Livres. Ben Of'chaic en a fait une hiftoire alFez ample , intitulée , Tarihh Ben Ofchair. Tous ces Commentaires portent en gé- néral le titre de Taffir. Les principaux font Reidhaori Thaalebi , Zamalchifchari , & Bacai. Comme l'ulage de 1 imprelllon n'eft 'point chez les Mahométans, lik: qu'elle y eft au contraire défendue par les loix de l'Etat, il n'eft pas fuiprenant qu'on n'en ait vu aucune édition julqu'à ces derniers temps. Il en a paru une à Hambourg //2-4°. en 1694, où il n'y a que le texte arabe. Le P. Maracci , Profelleur en langue arabe dans le Collège de Rome , l'a fait imprimer à Padoue in-folio en 1698 , avec une verlion latine, à laquelle il a travaillé pendant 40 ans. Il l'a accompagnée de notes prifes des Doêteurs Mahométans; t^c il réfute en même temps la doitrine de \' Alcoran , dont il tait voir les faullctés alfez au long dans un ouvrage féparé qu'il a mis à la tête de Ion édition ,fous le titre de Prodrome. Outre \' Alcoran , qui eft le principal fondement de la religion des Mahométans , ils ont un autre Livre qui renferme leurs traditions , auquel ils ont donné le nom i8 ALC - , divination. ALECTRYON. f. m. Jeune favori de Mars , & le confident de fes amours. Ayant été mis un jour enlen- tinelle, tandis que le Dieu étoit avec Vénus , il s'endor- jnit, & lallfa lurprendre les deux amans par Vulcain, qui les enveloppa dans des filets imperceptibles , & aflcmbla tous les Dieux pour être témoins de l'aven- ture. Mars irrité de la négligence à'Aleclryon j le mé- tamorphofa en un oileau de fon nom , c'efl;- à-dire , en coq. fCT ALÉES. adj. pi. f. Fêtes qu'on célébroit en Arcadie , enl'honneur de Minerve, furnommée^/ea j par Aleus. ALEGE. f. m. f^oye^. Allège. ^fT ALÉGRE. adJ. de t. g. Terme relatif à une certaine difpofition a. la gaieté. Agile, difpos & gai. A lacer ^ ou Alacris. Il n'efl: pas du ftyle noble-, mais il trouve place dans le famiher. Jeune homme toujours aUgre. Il eft fain & alégre. A fe fauver de nous. Dieu fait s'il eft alégre. Racin. Nicod dérive ce mot de alacer, quia été fait de adacer y qui fignifie, qui ne pleure point , qui a toujours l'œil riant. Feilus le dérive de alis alacer. 1^ ALÉGRE. 'Ville de France, en Auvergne, dans l'Eleélion de Brioude, Généralité de Riom, avec titre de Marquifat. ALÉGREMENT. adv. D'une manière alégre. Alacritcr , & mieux , alacrè. Il eft allé a ce voyage alegrement. Les foldats le fuivirent alegrement , loriqu'ils le virent à pied marcher à leur tête. ÂBLANc.Cemot commence à vieillir ; & on diroit plutôt , les loldats le luivirent avec joie, avec ardeur. ÎjtCFALÉGRESSE.f. f. Terme relatif à la démonftration de la joie. C'eft proprement une joie qui éclate au de- hors , qui s'annonce avec une vivacité. Alacritas. Il reçut cette nouvelle avec une grande alcgreffe. Il con- vient mieux quand il s'agit d une joie publique. Ce Prince fut témoin de X'alégrejje publique \ il fut reçu avec grande alegrejfe de leslujets, avec plufieurs cris ■ d'alégrejje. Venez , louons le Seigneur avec alegrejfe. PoRT-R. On appelle le'i fspt a le'grejj'e s j certaines priè- res adrelfées à la Sainte Vierge , dans lefquelles on ex- prime les lept ditférens (ujets de joie qu'elle a eue pen- dant fa vie. Ce mot eft dérivé à' alégre j alacer ^ parce que dans cette joie on faute , on danfc , on montre fon agilité. ALE ALEHEURE. Vieux mot qui veut dire, allure ^ galop, BoREL. Inceffusj curfus celer. ALEINS. Vieux mot^ qui veut dire aujfitêt. Vers H s'en vet aleins qu'il puet. Percev. ALEM, ou ALEN. Petite ville d'Allemagne, dans la Weftphahe, dans le haut diocèle de Munfter, fur la rivière de Werfe, entre Beckem & Drenftewort. ALEMANDE.f. f. Autrefois ce mot vouloit dire Aman- de, fruit •, ce qui a fait croire à quelques-uns que les amandes nous font venues d'Allemagne. ALEMBIC. Foye^ Alambic. ALEMBIQUER. Foye-^ Alambiquer. tfT ALEMBROTH.'f. m. Mot Chaldeen dont fe fervent les Alchimiftes, pour lignifier la clef de l'art. Trou- vez cette clef, vous n'avez plus rien à chercher. (fT Alembroth, fignifie au&fel fondant ; & comme les lels les plus fondans font les alcahs , Alembroth efl: un lel alcali qui fert à la fufion des métaux. fCF ALEM-DAGHI. C'eft ainfi que les Turcs nomment l'Olympe, montagne de la Thciralie. Ce mot fignific Mont du Ciel. ALEMDAR. f. m. Terme de Relation. Nom d'un Offi- cier de la Porte Ottomane. VexiUilcr. C'eft le deuxiè- me Ofticier des Emirs , qui font de la race de Maho- met.C'eftlui qui porte 1 étendard vert de Mahomet, lorf- que le Grand Seigneur parojtdans quelque cérémonie publique. A. D. S. M, Le moi A Alemdar eft compofé des deux mots Alem Ik Dar, dont le premier fignifie étendard , & le (econd avoir , tenir. Ricaut. ALÉMONE. f. f. Déeire que la fuperftition romaine,' dit Tertullien, avoit inventée, & à laquelle elle attri- buoit le loin de nourrir les enfans dans le fein de leurs mères. Tert. de Anim. C. j 7. C'eft de la que lui venoit Ion nom, de alere 3 nourrir. Foye^ aulli Lilio Gyraldi , De Diis Cent. ALENÇON. Alenconium. Ville de France , dans la Nor- mandie, fur la Sarte,avec titre de duché , & bailliage. Alencon fut érigée en duché en 1 4 1 4. Alencon eft à 1 7°. 30', V'j .-.fc lur la pêche. ALEVINÉ, ÉE. part. Etang aleviné. ALEUROMANCE, ou ALEUROMANTIE. f. f. Divi- nation qui fe Iraifoit chez les Anciens avec de la farine. Akuromantin. C'eftde-là qu'Apollon étoit appelé a'aii/- y5j«aïT/«j comme qui diroit Aleuromancier, parce qu'il donnoit par le moyen de la farine, des oracles qui dé- couvroicnt les chofts cachées. On appelle autrement cette elpèce de divination y^//'/:iro/72i2/2nV. Cemotvientd'à'AtvfOï, far'm j &//•'-' «l/ia , divination. ALEXANDiiA. f. i. Jlcxandra. Nom de femme. Il y a eu depuis le retour de la capti/ité de Babylone trois Reines Azs Juifs , nommées Alcxandra. ALEXANDRE, f. m. Alexander. Nom d'homme. Le premier que l'on trouve qui ait été appelé Alexandre, cft Paris , iîls de Priam. il y a trois Buis de Macédoine , trois d'Egypte, deux d Epire j autant de Syrie, autant des Juifs , deuTC Liapereurs Romains , & huit Papes , qui ont porté le nom à Alexandre.Y)^ tous les AlexandreSj le plus'célebre cHAl'wandrede Nîacédoine ill du nom, dit le Grand , fils de Philippe , vainciueur des Perfes & de l'Alie. Quoi donc, à votive civis,eft-ce un fou 17«' Alexandre ? Qui? Cet ecervelé qui mit l' Afie en cendre! Ce fougueux F Angeli ;, qui defang altéré j Maure du monde entier s'y trouvait trop ft né? BoiL. Boileau a pris cette idée de Sénéque, Ep. 94. Agehat infelicem Altxandrum furor aliéna dcvoftandi , &c. ^ Que crois-tu qu'h\<:\3.nAïQ, en ravageant la terre , Cherche parmi l'horreur 3 le tumulte & la guerre ? Pojfédé d'un ennui, qu'il ne fauroit dompter. Il craint d'être à foi-mime , & fonge à s'éviter. M. Tourrcil finit ainli le caradlcre qu'il a frit à'A- lexandre. Après avoir dit que c'étoit un ambitieux, un luperbe , ac. Enfin, conclut-il, une efpècc d'iulenlé , qui las de n'être qu'tm homme , le déclare fils de Ju- piter , le déifie entuite , & fait h bien que fes exploits couvrent preique le ridicule de fa divinité; Tout cela compufe dans un Alexandre un Héros à parf, 8c lui forme Un caraétére , dont la hngulaiicé n'admet point de comparailon. Ce nom , qui eil: grec , eft formé d'KAfïM ,je chajje^je repoufje, j'aide , je défens , & de «'«»», homme , & (ignifie dcfcnleur , protetbeur des hommes. L'Ordre de Saint Al'xandre Néefski. Ordre militaire jnftitué par la Czarine le 6 Avril 1715 , en faveur de ceux qui auroient le rang de Majors généraux, ou d'au- tres titres plus éminens. Les marques d'honneur de cet Ordre (ont un cordon rouge & une croix rouge , lur laquelle Alexandre Ncefski eft reprélenté à cheval avec cette devifc: Pour le travail & la patrie. Ga^. lyzs- p. 21 y. C'eft le Souverain de Mofcovie qui confère cet Ordre. ALEXANDRETTE. Alexandria. Ville de Syrie, furie golphe d'Ajazzo. Les Turcs la nomment Scanderone. Alexandrette eft le port d'Alep, dont elle eft éloignée de io lieues au couchant. Alexandrette cft preique ruinée , & l'air en cft fi mauvais , qu'il v i peu d'habi- tans. On dit qu au lieu de courters on le fert de pigeons, j qui ont des petits , qu'on porte d'Alep à Alexandrette , , & qu'on l.khe enfuite 3.Aleyand'eite,^'pûs\c\i'czJ0ii attaché au cou un petit billet , qu'ils r.e manqu-.nit peint de porter à A.lep-, & que c cft ainfi ou'cn 7 donne .avis des vailfeaux arrivés, & de leurcargaifon. Salongiaide eft de 68 d. o. m. Sa latitud"; 38 d. 10 m. Cette ville, félonie P. Feuillée,cftà55°, ;i', 35" de longitude, <1- i,G°, 30', o" de latitude nord. A LÉ 22^ ALEXANDRU Alexandria. Nom de plufieurs villes ; a plus fameul(^n- Alexandrie d'Egvi te, furnommée la Grande, bâtie j.^,- Alexandre le Grand 3 3 1 ans avant Jésus-Christ. EÏk^ft ijtuée entre un des fept bras du Nil , appelée par les i^tins <"jLLum Canopicum, lem- bouchure de Canope, c^ eft allez près del'de de Pha- ros , qui eftaujouidhui uae p-ninfulc. La longitude d'Alexandrie eft de y8 d. zc m. bc la latitude de 3 i d. iS m. Cette ville, félon Cha^e'ile, efta47'', 45', 33" de longituHc, & 31°, 11', o" i^ latitude feptentrio- nale. Alexandrie eft célèbre dans ÏHiftoire eccléfiafti- que. L'Eglife d'Alexandrie liit foudét par S. Marc vers l'an yo de JÉsus-Christ , & la 7^ année de Néron, & elle a eu titre de Patriarchat , qu'elle conterve en- core. C'étoit le Patriarche à' Alexandrie , qui indiqucit tous les ans le jour de Fâcue. Foyc^ Marmol , Liv. XL c. 14. où il décrit cette ville. Le Lac d'Alexandrie. Alexandrie lacus : Mareotis Arapotes , Maria, ou Marea , a fept lieues d'.'^kxm- drie , au midi. On l'appelle le Lac d' Ant con tk de Bu- cheira , du nom de deux petites vuics voilmes. Autre- fois Maréotide. Les autres villes de ce nomlont lune da:^s l'Alb.anie, au pied du mont Caucale, lur la mer Cafpienne , que leshabitansappcllentaujourd {miJber'rent, &les Turcs Deinircapi, c eft à dire, portes de fer. Une troifième dans le Cabul vers le 117^ d. de iiingitude , & le 3 i*^ d. 5 o m. de latitude. Une quatrième dans l'Arie . province d'Alie , entre la Parthie &: la Ba .Iriane , au 3*^ d. 30 m. de longitude , & 38 d. jo m. de latitud-;. Quelques- uns l'appellent Burc'ien. Une cinqUièine dans la Car- manie , au 1 00*^ d. de longitude , & au 3 o^ d. 3 o m. de latitude: & une flxicme dans la Margianc. Ces villes tirent leur nom d Alex.\ndie ie Grand leur fondateur , comme on le peut voir dans (^.uint-Curce , Liv. IV. c. S. & Liv. VU. Dans Pline , Liv. VL c. 1 6 , '2^ , 2 f 3 fk dans Etienne le Géographe-, L'Empereur Comme de nomma auiil Carrhpge Ale- xandria commoda Tog.^ta, liiivant ce que dit Lam- pridius. Alexandrie de la Paille. Alexandria Statelliofum. Ville épifcopale d'Italie, dans le Milarez, fur le Tanaro. Elle lut bâtie en 1 178 par ceux de i>iilan, de <^ rémone & de Plailance, qui luivoient le paiti du Pape Ale:<.indre III , contre l'Empereur t-rédéric F.arberoUlîe. '.a longi- tude de 30°, 30' , & la latitude, 45", 54'. Ln dit qu'elle ftit d'abord nommée Céfarée , & ënfuitc Alexandrie , du nom d'Alexandre III. On a dit qu'elle avoit eu le lurnom de la Paille, parce que les Empcr.urs y rece- voient tine couronne de paille. C'eft" une fable. iJ'au- trcs dilent , que l'Empereur voulant qu'elle fùtnommée Cefaréc , les habitans s'obfti.iercnt à retenir le nom du Pape, & que pour cela 1 Empereur la nomma par mépris, Alexandrie de la Paille, D'autres prétendent ■qu'elle fut ainfi nommée , parce que les nuuaillcs n'c- toient bâties que de paille & de bi_>is , enduits de terre. Cela paro'it plus vrailemblable. Il y a aufti une ville nouvelle 6*1 Pologne qui s'appelle Alexandrie. Elle eft dans la Volhinie , au Paiatiifât de Luluc fur le Horin. ALEXANDRIN, INE. f m. & f adj. Qui eft d'Alexan- drie , ou qui appartient à cette ville. Onne-le dit guère de l'Alexandrie d' L^y^tcLts Alexandrins étoientrail- leurs & voluptueux. Les Alexandrins foutihrent Un rude fiégc contre Céfar. La Bibliothèque Al-xandrine ramalfée par les libéralités de Ptolomv-e Philadelphe , 6 par les foins de Démétrius de Phalere , fut brûlée pendant ce fiége. L^LC\ï'[:om^>\^e. Alexandrin e , ou d'A- lexandrie , eft un ramas de plufieurs Auteurs Grecs fait foUs Heraclius, auquel elle finit. Elle hit trouvée en Sicile vers le milieu d'à XVF fitcle. Raderus , Jé- fuite, qui l'imprima en i6ij à Munich, lui donna le nom de Chronique Alexandrihe , parce qu'il trouva le nom de Pt^fre d'Alexandrie à la tête de la copie qu il eut de cet ouvrage. Cependant ce n'étoit pas le titre de l'ouvrage , mais un pallage faullcment atrribucà l'ierre d'Alexandrie. >,L Lîu Cange a imprimé depuis en 1688, la Chronique d'Alexandrie tous le nom de Chro- ni'jue Pafchali C'eft la meilleure édition. 224 ALE 'La]iSneJlexandnne. Chiiftophe niomh :Lysmt Aé- -couvert le Nouveau Monde ou les '''^^ occidentales, -& étant revenu en Europeau mois c ^t^f^ , ^" ^,"^95 > ies Rois Catholiques Philipoe cH-^^-^bclle demandèrent -au Souverain Pontife Alexand^ VI la donation de ce îiouveau Monde. Alexandir, par une Bulle du 4 Mai ^e la même année, leur aborda la pollellion de toutes les lies & terres trouvco ôc a trouver du cote de l'oc- cident qui défend de vendre aux Infidèles du fer, ou du bois pour faire des Algarades aux Chrétiens. Nébrilîenfis explique ce mot par celui àe tumulte. ALGAROT. f. f. Terme de Chimie. C'eft une poudre qui fe fait avec le beurre d'Antimoine , & qui n'eft proprement que le régule de ce minéral dilfous par les acides, dont on le lépare parlemoven de pluficurs lotions faites avec de l'eau tiède qui le charge de ces acides. On l'appelle auffi Mercure de vie , ou fimple- ment poudre émétique. Cette poudre purge fortement par haut & par bas. Si on ramalle toutes les lotions , &: qu'on en lalfe évaporer les deux tiers , il refte une liqueur fort acide qu'on appelle Efprit de vitriol phi- lofophiaue. ALGARRIA. Nom d'une partie de la Caftille nouvelle. Algarria. Guadalaxara étoit autrefois fr capitale, & elle rcnfermoit Madrid & Tolède. ALGARVE,ouALGARBEouLES ALGARVES,au plur. Algarbia. Province de Portugal, qui a au nord 1 A- zz6 ALG Jenréjo-,k Guadiaiie la fépare de l'Anàaloufie du côté de l'Orient , le golfe de Cadix la baigne au midi , & l'Océan Atlantique au couchant. L'Algarve eft très- fertile, c'eft pour cela que les Maures lui ont donné ce ce nom , qui lignifie , Campagne fertile. L'Algarve a titre de royaume; on la divife en deux comarias, ou territoires i celui de Tavira,& celui de Lagos. Maty. C'eft une erreur grolîîère de faire due à Marmol , que VAlgarve eil une province du Royaume de Fez. Il dit tout le contraire. Ccvarruvias dit q\xAlgarve en arabe veut dire couchant j & que cette province a eu ion nom de fa lituation vers le couchant par rapport aux autres provinces d'Eipagne. Le même Auteur ajoute , <\\\'Algarhe , ou Algarve 3 pourroit bien venir de l'ar- ticle arabe al , &c du mot hébreu ngereb , vefperè. ALGv\TUANE. f. f. Efpèce de poix. Elle fe trouve dans la baie que forme la pointe de Sainte-Hélène , au lud del'ilede Hâta. Elle lort d'un trou en bouillonnant, enfuite elle fe durcit à l'air , & fert aux mêmes ula- ges que La poix ordinaire. ALGEBRE, i. f. Science par le moyen de laquelle on peut réfoudre tout problème dans les mathématiques , pourvu qu'il pulife être réfolu , ou méthode de faire en général le calcul de toutes fortes de quantités , en les repréfentant par des lignes très-univerlels. Algehra. C'eft dans cette vue qu'on a inventé cet efpèce de cal- cul, qu'on appelle Algèbre. M. Harris la définit l'Art Analytique , ou l'Art de LEquation. les Arabes l'ap- pellent VArt de la reftitution & de la comparaitcn , ou l'Art de la rélolucion & de l'Equation. Luc de Bur- gos , le plus ancien Européen qui ait écrit de i Algè- bre ., l'appelle la Reg/e de la reftauration ou du réta- bliftement & de l'oppofirion. Rejlaurationis & oppo- jitlonis Régula. Les Italiens la nomment Régula rà & ccnfus j c'cft-à-dire , la règle de laracine & du carré; car ils appellent la racine , Res ; Si le carré, Cenfus. Il y a de deux fortes d'^/^è^re;la vulgaire, & lafpécieute. La vulgaire, ou nombreufe , qui eltcelledes Anciens, fe fert des nombres pour la luluticn des problèmes d'arithmétique , lans démonftrations. h' Algèbre Ipé- cieufe ou nouvelle, au lieu de nombres emploie les lettres de l'alphabet, pour déiignet les efpèces , ou les formes des choies fur lefquelles elle exerce les railon- nemens , ce qui loulage extrêmement l'imagination de ceux qui s'appliquent à cette fcience. Car autrement il faudroit avoir toujours prélentes à l'efprit les choies dont on auroit beloin , pour découvrir la vérité que l'on cherche, ce qiii ne le pourroit lans un prodigieux eftort de mémoire. C'eft pourquoi on la pourroit ap- peler 5 Géométrie métaphilique. \J Algèbre fpécieulc n'eft pas , comme la nombreulc , limitée par un cer- tain genre de problèmes ; & elle n'eft pas moins pro- pre à inventer toutes lortes de théorèmes , qu'à trou- ver les lolutigns , &les démonftrations des problèmes. Les lettres dont on le fert dans l'analylCj reprélentent chacune en particulier , des lignes , ou des nombres , félon que le problème eft de géométrie ou d'arithmé- tique; & enlemble elles reprélentent des plans, des lo- lides , & des pullFanccs, plus ou moins élevées, lelon le nombre de ces lettres. Par exemple;^, s'il y a deux lettres -, ah , elles repréfcntent un ecî ;ngle , dont les deux lignes font délîgnées , l'une par la lettre iz _, & l'autre par la lettre h , afin que par leur niutuelle mul- tiplication elles produilent le plan, ab. Mais s'il y a deux lettres pareilles, comme aa , alors elles défignent un carré. S'il y a trois lettres abc , elles repréi entent enfcmble un lolide , & un paralléîipipède rectangle , dont les trois dimenlions feront exprimées par ces let- tres -abc. La longueur par a ; la largeur par b ; la pro- fondeur par c. Enforte que par leur multiplicationmu- tuelle , elles produifent le fclide abc. D'Herbelot dit qu'il ne flrut point croire que \' Algèbre tire fon nom duphilofophe èc mathématicien nommé Geber , que les Arabes appellent Giaber ; «Si moins encore de Gcfr , nom d'une membrane, ou parche- min fait de la peau d'un chameau , fur laquelle Ali & GiafarSadcck écrivirent en caraélères myftiques la del- tinéc du Mahomctilme , & les grands événemens qui doivent arriver dans le monde jufqu'à la confomma- ALG tioH des fiècles. Mais il le tire de Gehr yVaot duquel, avec l'article al ^ nous avons fait Algèbre j qui eft arabe tout pur, & qui lignifie proprement la réduc- tion des nombres rompus à un nombre entier. Cepen- dant, ajoute-t-il, les Arabes ne fe fervent jamais de ce mot feul, pour fignifier ce que nous entendons par Algèbre; mais ils y joignent toujours celui de iVfaciZ- ■delah^ qui lignifie oppofltion ëc comparai/on. Ainfi Algèbreu almocabelah eft proprement chez eux ce que nous appelons Algèbre. M. Harris efl: de même fcnti- ment, & dit que de ces noms arabes nous n'en avons retenu que le premier pour le donner à cette fcience. Ménage a penle la même chofe, tk. dérive ce mot de l'arabe Algebra^ qui lignifie le rétabhllement d'un os rompu , de la racine giabara , luppolant que la prin- cipale partie del'^/^iè/;rt; eft la confidération des nom- bres rompus. Quelques-uns croient qu'il f e trompe , & qu'il a pris l'origine d'un autre mot ef pagnol, Algebrijlay qu'il fignifie un renoueur de membres dilloqués , que nous appelons en France un Bailleul. Ils ajoutent que la fraélion n'a rien de commun avec l'Algèbre y qui ne conlidère pas plus les nombres rompus que les en- tiers , & qui même exprime les puillances par des lettres qui ne font pas fufceptibles de fraélions; qu'il eft vrai que le mot Algèbre eft un mot arabe -, mais qu'il eft primitif de fa langue , & lui a été donné par fon Auteur, qui étoit Arabe. Cardan dit qu'il le nom- moit Mahomet fils de Moyle ; & il le met au neu- vième rang des douze plus excellens hommes qu'il a choifis dans l'antiquité pour la fubtilité de leur ef- prit. Mais tout ce raifonnement eft de gens qui n'enten- dent point l'arabe, ni ce que les Arabes appellent algè- bre. Ce que nous venons de rapporter de M. d'Her- belot eft bien plus vraifcmblable , pour ne pas dire certain. Scriverius en attribue l'invention à Diophante, Auteur Grec, dont Rcgiomontanus a recuilli treize livres qui ont été commentés par Gafpar Bachet , fleur de Méziiiac, de l'Académie Françoile. Il y en a quel- que chofe dans Euclide , oupour le moins dans Théon, qui dit que Platon avoit ccmmencé à lenleigner. Il y a aulîî quelques exemples à' algèbre dans Pappus -, éc plus encore dans Archimèdes , dans Appollonius , & dans quelques autres , quoiqu'ils y foient cachés & dé- guilés avec loin , comme dit M. Harris. Deforte qu'on peut dire avec le même Auteur, que Diophante eft le premier & le feul parmi les Grecs qui ait traité Ac l'al- gèbre politivement. Bachet y a fait quelques addi- tions, & M. Fermât, qui l'a encore pubhé depuis lui , y en a fait aulli ; mais cette Icience a été en ulage chez les Arabes beaucoup plutôt que chez les Grecs; &l'on dit qu'ils l'ont reçue des Perfans, & les Perfans des Indiens. Les Arabes l'apportèrent en Elpagne, d'où M. Harris prérend qu'elle palliren Angleterre, avant qu'on y connût Diopliante. Le plus ancien Européen qui aie écrit de l'algèbre eft Lucas Pacciolus, ou Lucas de Burgo , Cordelier : fon livre qui eft en Itahen , fut impri- mé à Venife en 1494. îl y parle de Leonardus Pifanus, &: de quelques .autres , dans qui il avoit appris cet art ; mais nous n'avons aucun de leurs écrits. Il dit que cet art nous vient originairement des Arabes , & ne fait aucune mention de Diophante ; ce qui fait croire que cet auteur n'étoit point encore connu en Europe. Son algèbre ne va qu'aux équations carrées. Après Pacciolus , parut Stychehus , bon auteur; mais qui n'alla pas plus loin que lui. Enfuite vinrent Scipio Ferreus , Cardan , Taitaléa , & quelques autres qui poullerent jufqu'à la folution de quelques équa- tions cubiques. Bombelli luivit, & alla encore un peu plus loin. Enfin parurent Nugnez, Ramus, Schoner, Salignac, Clavius,(S'c-. qui prirent des routes différen- tes, mais n'allèrent point au-delà des équations car- rées. "Vers ce temps-là parut Diophante , dont la mé- thode eft fort diftérente de celle des Arabes que l'on avoit fuivie julques-là. Viette entra fur la fcène eu 1590, & introduifit ce qu'il appelle l'Arithmétique fpécieufe , qui conlifte à donner des marques ou fym- boles à toutes fortes de quantités, loit connues , foit inconnues. Viette fut luivi de Oughtred, Anglois,qui, dans fon Clavis Mathematica imprimé en i (S3 1 , dé- A ALG Z27 faprouva fort la méthode de Vierte, d' inventa un che- min plus coutt par le moyen de certains caraclères qui marquoientlesibmmes, les différences, les rectangles, les carrés, les cubes & leurs femmes, leurs dittcrcnccs, 5v. Harriot, autre Anglois, contemporain deOughtred, mais qui mourut avant lui, lailla entre pluhcurs autres ouvrages, une analyle, ou algèbre , que W^arner im- prima en 1 65 1 . i\I. Harris prétend que c'eft de ce Har- riot que M. Delcartes a pris tout ce qu'il a mis dans fa Géométrie, & qu'on ne peut comparer ces deux ouvrages lans en être convaincu ; car il eft impollîble , dit-il, que l'un de ces deux aiîteurs irait pas copié l'au- tre. Or , l'ouvrage de Delcartes ne païut en uançois qu'en 1657, (Se en latin en 1649, au lieu que celui d'Harriot fut imprimé après fa mort des 1 6 5 1 . Quoiqu'il en loit , on prétend que la méthode de Delcartes eft autant au- dclius de celle de Viette , que celle-ci eft audellus des autres. Wallis , & quelques autres, ont aullî contefté à Delcartes l'homreur de cette découverte, & l'ont at- tribuée à Harriot , mais M. Hudde Se M. Preftct , en ont reftitué la gloire à Defcaites. Comme la multiplication des lettres dont on a parlé ci-delfus, exprime la multiplication des dimcnlions, & que le nombre en pourroit être li grand, qu'il fc- roit incommode de les compter , on écrit leulement la racine , & l'on ajoute à droite l'expoiant de la puil- frnce, c'cft à-dire , le nombre des lettres dont la puif- lance qu'on veut exprimer eft compolé a' a' a' a"^. Le dernier veut dire un a , multiplié quatre fois par foi-même; & ainlî des autres à propoition. Les principales notes de ^algèbre lont telles : —l— Signifie plus: ainli 9-+- 5 , veut dire , 9 plus 5. — Signifie moins: ainfi 14 — 1 , veut dire, 14 mollis 2. = Eft la note de l'égalité : ainli 9 — J— 3 = 14 — 2 , veut dire , neuf plus trois , eft égal à quatorze moins deux. |tcr Les menus figues tout employés avec les lettres de l'alphabet. b -H c fignifie la quantité c ajoutée à la- quan- rité b. b — Cj la quantité c retranchée de la quantité b. b ^ Cj\:i quantité c égale à la quantité b. fCF Le figne :^ fignifie plus ou moins, b -^c ^ la quan- tité b plus ou moins la quantité c. ]>■ Signifie plus grand. -«^^ Signifie plus petit, b^ c. La quantité A plus grande que la quantité c. b rance , & près de Thuuon. ALLNLBl. Foye^ Aiimibig. ALIOA, ALIOLA. île de l'Océan Ethiopien. Aliodora. Elle eft fur la côte orientale d'Afrique , entre Mada- gafcar & les terres du Zanguebar. Aliola eft du nom- bre des lies nommées les Comones. Elle eft fort petite. fCF ALIPTE. f. m. Terme dhiftoiie ancienne. Alipta, ou Aliptes 3 &. On donnoitce nom a des Ofiiciers de Paleftie, chargés de frotter les athlètes, fur-tout les Lecteurs, qui fe rendoient pour cela, avant que la hce fût ouverte, dans un lieu ou appartement des Thermes wommi Alipterion 3 en latin, abptcriumy uncluarium. On l'appeloit encoie ji.leoih:fium. Voy. le mot fuivant. ALIPTIQUE. f. f. C'étoitune partie de l'ancienne Mé- decine ; elle enléignoit la manière de frotter & d'oin- dre les corps, pour confer.er la faute, procurer de nouvelle-; forces, lïi entretenir la beauté du teint. Alip- tice 3 d aAtispu , ungc-. ALIQUANTE. adj. h Terme de Géométrie & d' Arith- métique. L'ne partie aliquante. Voyez le mot fuivant Aliquote. ALIQUOTE. adj. f. Terme de Géométrie & d'Arithmé- tique, qui ledit des parties qui f nt contenues , plu- f.curs fois dans un nombre, ou dans une autre quan- tité, ou qui meiurent leur tout exaétement. z eft une partie aliquote de 8. Il y eft compris quatre fois. 16 eft un nombre compofé de quatre parties aliquotesy dont chacune eft 4 ; ou de deux parties aliquotes 3 dont chacune eft 8. Les nombres de 7, de 11 , de 19, & autres fcmblables n'ont point de parties aliquotes ^ car ils ne fe peuvent divifer en parties égales. ^CT Une partie aliquante eft celle qui répétée un cer- tain de nombre de fois, ne fait par le tout complet, mais donne un nombre plus grand ou plus petit que celui dont elle eft partie aliquante. Ainli j eft une ^?x- nz aliquante At iz, parce que, prife un certain nom- bre de fois, elle fait un nombre plus grand ou plus petit que iz. §CJ" Ces mots s'emploient quelquefois fubftantivement. 4 eft \ aliquote de 8. Ces mots viennent d'a/i^z/orz/j ^ A'aliauamus. ALIRF. f. m. Nom d'homme. Illidius. Illidius, que nous appelons communément Allyre 3 oi\ plutôt Alire 3\'mt au monde vers le commencement du règne de ConC: tantin le Grand. Bail. ALIS, ALISE, adj. Vieux root. Uni, 7.^1 LI f^ijage eut bel ^ doulx & alis. ALISE, ou ALIZÉ, ÉE. adj. On die auOî, alaifé Calife. Voyez Alése. Ln termes de Marine, on appelle Vents aiifes , des vents généraux & réglés qui ont accoutumé de régner pendant certaine iailbn fur des mers, ou le long de certaines côtes; comme les vents Etéiîens, les Mou- fons , &c. Quelques-uns dérivent ce mot de venti ekcli, vents choifis 3 bon vents, comme qui diroit élij'és ; parce qu'étant toujours les mêmes , on peut compter lur eux ; & que lans eux les longues navigations le- roient impolllbles. L'Abbé de Choisy, D'autres le dé- rivent de itjrere j comme qui diroit , qui viennent des côtes ou lihcres des terres. Voye\ Vent. ALISEjOU ALIZE. Alexia, Alifa. Bourg de France ,dans l'Auxois , qui eft à la place où étoit autrefois Akxïs ^, Alexïa^ ville Forte & célèbre dans les Commentaires de CéLir. C'eft de ce nom que s'eft formé celui d'^- life. Jean Picard, dans (a Celtopédie^ Liv. III, p. 127, prétend après Biodoie de Sicile, Liv. VI, que ce nom eil: originairement grec ; qu il tut donné à cette ville par l'Hercule Celtique, qui, après la vidtoire (ur les Leilxygons , qui avoient conlenti a la mort d'Ofiris ion père, & la défaite de Géyryon, fe retira dans les Gau- les, délivra les Héduens des tyrans qui les opprimoient' & nomma ce lieu Alex'ic j comme il étoit nommé lui-même AVelmaxos , du verbe aAt^M, Je chajfe j je porte du fccours. Alife eft fur la rivière de Brcnne , à l'Orient de Sémur. La rellemblance du nom a fait prendre Alife pour l'ancienne Alcxie, yif/twi.Zj deCé- lar ; mais , dit Vigenère lui-même qui femble être de ce lentiraent, c'eft par conjeélure , car les marques en font éteintes. Voye-^ Alexie. Alise, ou Alizé. Î. f. Fruit de l'alifier. AlifariaBacca. ALISIER, ou ALIZIER. f. m. Cratxoudre très-fubtile , & prefqu'impalpable , & purifier es efprits , & les eflences des impuretés & du flegme qu'ils pourroient avoir. M. Harris écrit Alcohol Se al- cohoRfer. Je ne vois pas pourquoi ajouter un h ; car ce mot vient de l'arabe VVp . qui fignifie diminuer , devenir menu,fe fubtiUfcr; & à la troifième conju- gaifon Vî^p , Kaalj diminuer , rendre fubtil, fubtili- ler ; & ce mot vient originairement de l'hébreu VVp , qui fignifie, être ou devenir léger. Or cette étymolo- gie ne demande point à'h ; mais parce qu'en Ànglois ces deux o o de fuite fe prononceroient comme notre 0«, on les fépare en ajoutant un A j pour en faire deux fyllabes. ALKOOLISÉ,ÉE. part. ALL. ALLA. Petite ville du Trentin. Alla. Elle eft fur l'A- dige , dans la vallée de Trente, aux confins du Véro- nois. ALLA, rivière de la Prufte ducale. Alla. Elle fe jette dans le Prégel , à Welaw. ALLACHARS, ou ALLACHEYR. Foyei Philadel- phie. ALLAH , pour ALELAH. C'eft le nom de Dieu chez les Arabes , & chez tous ceux qui font profelfion du mahométifme , quelque langue qu'ils parlent. Cenom eft le même en arabe que nV» yEloakj fingulier de tiD'^nbt^.Elohim^ en hébreu , & répond à ces mots , & à celui à'Adonaï chez les Hébreux , & même à ce- lui que l'on appelle Tetragrammaton y ou de quatre lettres, qui marque plus particulièrement l'efTence di- vine. D'Herbel. Les Mahométans répètent d'ordi- naire ce mot plufieurs fois dans leurs invocations à Dieu. Les Turcs , pour toute relfource , prononçoient d'une voix baffe & fuppliante , le mot Allah ^ Allah. S. EvR. Quoique les Turcs fe fervent de ce mot , il ne faut pas dire avec quelques Diéfionnaires, que ce nom eft turc : il eft arabe -, mais les Turcs l'ont pris de l'arabe, ou de l'Alcoran, comme beaucoup d'autres. Il eft même originairement hébreu , & vient du verbe nVs alah y qui fignifie , honorer y adorer , & qui eft encore en ufage en ce fcns chez les Arabes. Ainfi Eloahy comme on dit en hébreu i qvl Allah y commç. Tome I. ALL 2 ^ j prononcent les Arabes , fignifie par excellence l'Être digne de culte ; l'Etre adorable. ALLAITEMENT, ^oye:^ Alaitement. ALLAITER, v. a. Nourrir de Ion lait. M. Deparcieux re- marque que le lait d'une femme ne dure ordinairement qu'un certain temps que la nature a proportionné au beioin des cnfans ; qu'à l'égard des nourrices , ce temps le trouve partagé entre deux enfans , & qu'il faut donc de nécefiité , ou que l'un des deux ne foit pas nourri un temps (uftifant, ou qu'ils ne le foicnt tous les deux qu'à moitié , ce qui ne peut jamais faire que de fort mau- v.ais tempéramens. En Allemagne,en Hollande,en Angle- terre , prcfque toutes les femmes , même de la plus haute diftinétionjUDurnlTenr leurs entans. En 1745 , la PrincelTe de Nallau , fille du Roi d'Angleterre, a//ai- toit elle-même la Princelle d'Orange fa fille. M. le Duc d'Orléans , Régent, avoit été nourri par Madame , Princelïe Palatine fa mère. Des exemples aulîi louables & aullî relpeéfables , devroient bien être plus imités qu'ils ne le font. Effaifur les probabiiués de la durée de la vie humaine. Voyez Alaiter, ALLAMBRE. f. m. Palais des Rois Maures à Grenade. Maurorum Regum Granatcnfe Palatium. La croix de l'Archevêque de Tolède étoit vénérable à toute l'Ef- pagne , non-feulement parce qu'elle marquoit la di- gnité de la première Eglife de ce royaume, mais encore parce cju'elle avoit été plantée fur l'Allambre y palais des Rois Maures ,'comme un étendard & un figne, que les Chrétiens avoit conquis la ville de Grenade. Flech. Lorfque la ville de Grenade fut prife , le cardinal de Mendoza fit dreifer au lieu le plus éminent de l'Allam- bre j la croix primatiale de Tolède , dont il étoit Ar- chevêque. Id. |C? ALLANT, ANTE. adj. Qui aime à aller, à courir. C'eft un homme allant y une femme allante. 11 n'eft pas d'un ufage ordinaire , au moins hors de la conver- fation. Ambulator y Ambulatrix. ^fZT Allant, f m. fans féminin. Il n'eft d'ufage qu'au pluriel quand il eft joint avec venans. Cette maifon eft ouverte à tous allans & venans ; pour dire , qu'on y reçoit tout le monde. Il y a aulh une efpèce de chiens qu'on appelle Al- lans y ou Gentils. Voyez Chien, ou Alan. ALL ANTOÏDE. f. f. Terme d'Anatomie , qui fe dit d'une troifième taie , ou membrane qui enveloppe une partie du fœtus, comme une ceinture , ou éclurpe , depuis le cartilage xiphoïdc , jufqu'au dclîbus des flancs feule- ment; mais elle ne fe trouve point au fœtus humain , félon quelques Anatomiftes. On l'appelle ainfi , parce qu'elle refTemble à une andouille. Drelincourr , célèbre Profelfeur à Leyde, dans une Dillertation qu'il a faite fur cette membrane , foutient que Xallantoïde ne fe trouve que dans les animaux qui ruminent, & que c'eft une membrane étendue d'une trompe à l'autre , par le fond de l'utérus, entre le chorium & l'amnios. Il y a dans les Tran(aCT:ionsphilolophiques,n. 271 ,uneDif- fertation de M. Halle fur \ Allantoide y dans laquelle il prétend avoir obfervé cette membrane dans deux fu- jets différens. M. Littre a trouvé \ allantoïde dans plu- fieurs fœtus humains : ainfi cette membrane n'eft pas propre feulement des animaux qui ruminent , ou de pluîieurs efpèces d'animaux feulement. Il conclut delà que fon ufage eft dans le fœtus humain le même que dans les animaux , je veux dire, que l'urine qui ne peut êtte contenue dans les baftinets des reins , dans les uretères , ni dans la velfie , paffe de la velLie par l'ou- raque dans la cavité formée par l'amnios , & par ccrte membrane parricuhère , pour y être réfervée jufqu'au temps de l'accouchement. Il confirme ce fentiment par trois perfonnes qu'il a connues , ou qu'il a ouvertes , & qui avoient rendu leur urine toujours ou prefque toujours par le nombril ,& auxquelles il a trouvé que l'ouraque étoit creux, & s'étoit maintenu en forme de canal. Voye\ Acad. D. S. 1701. Mém. p. SS. ALLARD. f. m. Nom d'homme. Adelardus. Adelard , vulgairement S. Allard y naquit dans les Pays-Bas dé- pendans du royaume d'Auftrafie , l'an 7 5-3 , & fut élevé à la Cour de France près du Roi Pépin fon oncle. Baill. De tous ceux qui ont porté le nom à' Adelard y il n'y Gg a.34 ALL XL .que ce Saint qu'il faut appeler Allard. Ce n'efl: que pour lui que i'ulage a fait ce changement. C'eft de-la que vient le nom d'Allard^ que portent en France plu- sieurs franillcs parmi le peuple, M. Chaftelain écrit Afiardy &■: dit dans les Notes fur le MartyroL i. J. S. Adelard. eft nommé S, AJlard aux anciennes vitres du . cloitre de Corbie; & on l'appelle encore ainfi à Huile près d'Oudenarde, où ceux du pays allurent qu'il eft né. S. Aflard a laiiré un traité de la Lune pafchale. Il mourut en 826, ALLASCHIR , s'ALLASCHIR. v. récip. Vieux mot. Per- dre cœur , devenir lâche. ALLATH. 1. h D^^elle que les Arabes adoroient autre- fois. Ils avoient trois Déelfes , Allath , Ménach & Alluza , qu'ils regardoient comme les filles du grand Dieu. Ce mot en arabe eft le féminin èî Allah y qui li- gnifie Dieu. ALLATUR. Ville de Mofcovie. Allatura, Elle eft fur la rivière de Kuma, dans le royaume de Calan. Allatur n'eft pas peuplé. ALLKCHEMENT. f. m. Ce mot qui eft un peu vieux , lignifie , amorce , appât, lileccbra. Il ne ic dit qu'au fi- guré. Il ftut fuir les vanités mondaines, qui iont les alléchcmens du péché. Réiifter aux alléchemens de la volupté. Aelanc. Les alléchemens des voluptés n'ont pas été h grands, tandis que notre Empire ne s'eft pas étendu au-delà de l'Italie. Id. Allécher, v. a. Attirer par quelque appât. Allicere,ïllï- cere j pellicere. On allèche des (ouris avec du lard , ou des noix , pour les faire tomber dans la ratière. Il eft plus en ufage au figuré -, attirer par le plailir , par la douceur, la léduCtion. Mais comme il vieillit, on ne le peut guère employer que dans le ftyle plailant. La douceur des plailus allèche les hommes à la volupté. jVLLECHÉ , EE. part. Illeclus , allecIus.Cci-aoz eft vieux, & ou ne l'emploie plus que dans le Comique. Maître Corbeau ^ fur un arbre perché j Tenoït en fon bec un fromage : Maure Renard par l'odeur alléché , Lui tint à peu-près ce langage. La Font. "ALLÉE, f. f. Courfe , Voyage. Itus j, itio. îfJ' On ne le dit qu'au pluriel, en le joignant au mot venues. Allées & venues J pour djligner les démarches qu'on fait pour le fliccès d'une aftauc. Il a terminé Ion procès après plu-^ lîeurs allées & venues. Il a perdu fon temps en allée. 6' venues. Expreflicn familière. Allé e , fignifie aulli un paftage , ou un corridor, dans des bâtimens , par où l'on va d'un lieu à un autre, & qui en fait la communication. Xyfliim. AiLiE, foit dans un jardin , loit ailleurs, eft un chemin droit, &: parallèle, bordé d'arbres, ou d'arbrilleaux , & généralement tout lieu qui n'eft point planté , ni la- bouré, ou bêché, mais battu , & qui a été laillé pour le promener, pour aller d un endroit à un autre. Am- bulacrum j ambulatio. Une allée eft ordinairement ce qui partage les carrés d'un jardin, ou les autres panics convenables aux jardins. Lie. Par le mot à'allée je n'entends que la place employée pour la promenade , & rien autre choie, comme Iont quelques uns, qui appellent allée tout ce qu'il y a de place depuis le mur jufqu'aux builTons du conrr'efpalier , ou de ce qu'il y a de diftance d'un buifton à l'autre dans le partage des carrés. Cette place dallée ne doit jamais être moins large que de cinq à hx pieds , quelque petit que loit le jardin , & n'en doit guère excéder dix-huit ou vingt , quelque grand potager que ce puilfe être. La Quint. Ce qui fait la différence d'une allée d'avec un (entier, c'eft que dans \ allée il faut au moins fe pouvoir prome- ner deux perfonnesde front ; d'ainfi elle ne peut guère avoir moins de cinq ou fix pieds de large. Id. On ap- pelle contre-allée , les deux petites allées qui font à côté de la plus grande. AmhulatiuncuU majorem juxtà po- JitA. Dans un jardin une allée eft une efpèce de chemin ferme , fable pour l'ordinaire , avec une bordure qui fépare les carrés les uns des autres. Les Jardiniers dif- tinguent plulieurs ioïxt^^ allées , les couvertes, & les découvertes; les a/ZtfVj fimples & les doubles; hs. allées ALL Wanches & les vertes ; les Çoas-allées j les contre-alle'es. Théor. & prat. du Jard. M. Thévcnnt dit dans fon Aoyage de l'Indouftan , qu'il y a dans la province de Delhy une allée de 150 lieues de long. Allée de front, celle qui va droit en face du bâtiment. Ambulacrum adverfum. AiLÉE de traverfe , celle qui coupe une allée de front à angles droits. Tranfverfum. Allée diagonale , celle qui coupe un carré de bois, ou de parterre , d'angle à angle. Dia^onium. Allée biaife , celle qui par lujetion, ou d'irn point de vue, ou d'un terrain , n'eft parallèle , ni à \ allée de front, ni à celle de traveiie. Obliquum, AlijÉe rampante , celle qui a une pente fenfible. Déclive. Allée en :(ic-iacj celle qui étant trop rampante , & fu- jète aux ravines , eft traverfée d'efpace en elpace , par des plate-bandes de gazon, en manière de chevrons bri- f es pour en retenir le lable. Serratuni. On appelle aulII allée en -fic-^ac , celle qui dans un bofquet , ou dans un labyrinthe , eft formée par divers retours d'angles pour la rendre plus tolitaire , & en cacher l'ilfue. La- byrintheum. Allée en perfpeclive ,cç^z qui eft plus large à fon entrée qu'à l'illue , pour lui donner plus d'apparence de lon- gueur. Opticum. Allée couverte , celle qui eft bordée de grands arbres, comme tilleuls, ou ormes, qui par l'entrelacement de leurs branches donnent du couvert, & de la fraîcheur: ou une allée qui eft laite d'un berceau de treillage. Opertum. Allée labourée , (S* herfée 3 celle qui eft repairée avec la herle , & où les carrolFes peuvent rouler. Occatum. k\.\.i.t fahlée y celle où il y a du fable iur la terre battue. Sahulo fubfiratum. Onratille les allées de lable pour les tenir propres. Allé e de ga\on , c'eft une allée où Iherbe croît & qu'on a loin de temps en temps de taucher , pour rendre le tapis plus uni & plus agréable aux yeux. Liger. Ccf- pititium. Allée bien tirée y celle que le Jardinier a nettoyée demé- chantes herbes avec la charrue , tk qu'il a enluite re- paftée avec le râteau , pour unir & approprier la luper- ficie. Rajiello complanatum. On l'appelle auill , allée bien repaffée y ou bien retirée. La Quint. Cela fe fait avec la herfe, le râteau, & quelquefois le rabot. Id. -.J. Allée de compartiment y large lentierqui lepare les car- iB reaux d'un parterre. Areolis dijlinclum. ^i\LLÉE d'eau y chemin bordé de jets, ou bouillons d'eau fur deux lignes parallèles. Salientibus aquis pruextum. ALLÉGATION, f. f. Citation d'une loi, d'une autorité, d'une pièce authentique pour appuyer une propofition, ou autoriler une prétention , ou renonciation d'un mo}'en. Allegatio y prolatio. Au temps de Pafquier , c'étoit la coutume de remplir fes dilcours êC allégations d'Auteurs grecs & latins; &, comme il parle dans une de les lettres, de rapiécer , ou, pour mieux dire , rape- tafter l'éloquence de divers paifages. Cette nouvelle forme de plaider, fi je ne m'abufe, eft venue, dit-il , d'une opinion que nous eûmes de contenter feu M. le Premier Préiident de Thou , devant lequel ayant à plaider , & voyant Ion lavoir être difpolé à de telles allégations y nous voulûmes nous accommoder à l'o- reille de celui qui avoir à nous écouter. Pafquier, qui avoir du goût, blâme fort cette manière de plaider, & il ajoute : or, puilqu'il a plù à Dieu l'appeler à loi ( M. de Thou) je délue aulîi qu'avec lui foit enfcvelie cette nouvelle manière d'éloquence , en laquelle , pendant que nous nous amulons à alléguer les Anciens , nous ne failons rien d'ancien. Les Grecs ni les Romains, dit- il encore, lorfqu'ils furent en vogue de bien dire, n'en ufercnt de cette façon; ni ceux même qui vinrent fur le déclin de leur éloquence , entre les Latins , comme nous voyons par leurs panégyriques. Allégation, fe dit aulli de la fimple propofition d'une choie qu'on met en avant. Il y a lieu d'admettre la preu- ve de l'allégation de cet alibi. Répondre aux alléga- tions de la partie adverf e. ALLÈGE, i. f. Bateau de fuite ou de convoi qu'on atta- che vide à la queue d'un grand, pour l'alléger & prcn- ALL aie une partie de fa charge, s'ùl en eft bcfoin. Cymhai acluariolum ^ fcapha. Les coches de Sens , de Joigny , d'Auxerre , ne partent point , qu'il n'y ait une ou deux allèges attachées à la queue. On le dit aulîî fur mer, des bâtimens dcftinés à porter les marchandifes des vailfeaux qui tirent trop d'eau. Les allé<tp!i.'£i, fîgnifie toute autre chofe que ce que l'on veut dire , efl ce qu'on appelle proprement une allégorie. Ainfl parmi les Grecs on tourna l'hiftoire en allégorie j de peur que l'on ne crue que les Dieux de la Grèce avoient été des hommes affez corrompus. Les Juifs trouvèrent cette méthode d'expliquer la religion admirable , de s'en fer- virent pour interpréter les livres facrés d'une manière plus conforme au goût des Payens. Clément d'Alexan- drie donna beaucoup dans les allégories. Gn°ènc , qui avoir l'imagination vive & féconde, eft tout plein d'al- légories. Il appeloit corporels ceux qui s'attachoient trop à la lettre, & qui ne s'appliqucient pas à découvrir le fens myftique caché fous chaque mot îk fous chaque fyllabe. M. Simon. Il fe ditaufli des tableaux, dans lefquels ce qui eft peint, fait entendre autre chofe que ce qui eft repré- lenté. Il y atropd'.7//t.'é;t"'edans ces tableaux. JCTQuand on charge un tableau d'allégories j il faut au moiirs. que les figures fymboliques dont le Peintre rait ufage, foient affez connues pour faire deviner le f ujet. ALLÉGORIQUE, adj. m. & f. Qui tient de l'allégorie. Allégoriis refertus j conjcans. Tableau allégorique. Peinture allégorique. Stj'le allégorique. L'écriture a fon fens littéral, & fon fens allégorique. Le fens allé- gorique ne fait point une preuve: c'etf feulement une application arbitraire. S. Evr. Il y a une nouvelle allégorique des rroubles arrivés dans le royaume de l'E- loquence. 03" En parlant des livres Saints , les Interprètes diftin- guent un fens httéral & hifforique , & un fens myfti- que , fpirituel & figuré. /In-'t^ ces mots. ifT Ils fous-divifent le fens myftique en allégorique, çn tropolcgique ou moral , & en anagogique. ce? Le myftique allégorique , efl: celui qui, caché fous le fens httéral, a pour objet quelque événement futur qui regarde J. C. & fon églife. ^fT Le rropologique eft celui qui , caché fous l'écorce de la loi , a pour objet quelque vérité qui intércfle les mœurs & la conduite des hommes. C'efl ainfi qu'il efl dit dans l'écriture, lier la bouche du bœuf qui foule le grain. Ggij 2^6 ALL §3" Le myftique anagogique eft celui qui, caché fous le £cns littéral , a pour objet les biens céleftes & la vie éternelle. Telles font les promell'es des biens tempo- rels, dans hntention du Saint Efprit, image des biens foirituels. ALLÉGORIQUEMENT. adv. D'une manière allégori- que. Per allegoriam. On ne doit pas prendre ce pallagc à la lettre, il s'entend alUgoriquemem. ALLÉGORISER. v. a. Parler par allégorie , donner un lens allégorique. Uti allegoriis. Les Levantins le plai- fent à allégoriftr. Par exemple , le Gouverneur de Schi- ras fait ajouter à tous fes titres , fleur de courto'fie:, mufcade de corifolatïon , & rofc ^e pla'ijîr. Ils ne man- quent pas d'oblcurcir & à'allcgonfer le texte de l'Al- coran , dès qu'un intérêt de fede le demande. Le P. DE Laubrussel. Les Pères ont allegorifé tout l'an- cien tcltament. ALLÉGORISEUR. f. m. Celui qui allégorife. Il ne fe dit guère qu'en mauvaile part, en parlant d'un hom- me qui s'attache toujours à chercher un fcns allégo- rique à toutes choies. C'cft un allégorïfcur perpétuel. AcAD. Fr, ALLÉGORISTE. f. m. Celui qui exphque un Auteur par allégorie dans un fens allégorique. Qui alUgonas ad- hïbet. Les anciens interprètes de l'Ecriture ont été pref- quetcus des allégonjtcs. Saint Auguftin, S. Grégoire, Théophylade , Origcne, Denis le Chartreux, ont c;:- phqué la bible en allegonftcs j dans des lens allégo- riques. Les Hérétiques Millénaires donnoient le nom àAllégoriftes aux Catholiques , parce qu'ils n'enten- tendoient pas à la lettre comme eux le règne de mille ans , dont il eft parlé dans l'Ecriture. L'iîvéque Népos , qui vivoit au troilième liècle , & qui fut leur principal Auteur , fit , pour foutenir cette erreur , un livre qu'il inriula: BJfutation des Alkgonfics. Ces mots viennent du grec àAAtfOfiu , muto , je change. fîCr ALLEGRO, adv. italien. Terme de Mufique , qui fe met à la tête d'un air , pour marquer que cet air doit être joué vivement & gaiement. Il dcfigne un mouvement gai & animé, le plus vil de tous après le preflo. §3" Allegro, fe prend auiTi fubftantivement , en par- lant de l'air même. Jouer un allegro. ^Zf Le diminutif allegretto indique un peu moiiis de vivacitc dans la mcfure. ALLEGUER. V. a. Citer une loi , une autorité , un exem- ple. Z^z^^jrej citare-, proferre. Les Avocats doivent rapporter les propres termes des ioix qu'ils allèguent. Pluhcurs Orateurs «//tj^z^^/zr des paiFages, & des au- torités qu'ils forment eux-mêmes. Alléguer, fignifie aulïï, mettre en avant. Caufarl , al- legare. Celui qui a tort, a toujours quelque prétexte, quelque vaine excule à alléguer. C'eft à celui qui al- lécue un alibi, de le prouver. En Droit on ne croit point à celui qui allègue la propre turpitude. ALLÉGUÉ , ÉE. part. Allegatus j laudatus , prolatus. Un Juge doit prononcer félon ce qui eft allégué & prouvé. Judex débet judicare fecundum allegata & prohata. C'eft une thèfe de morale. 'ALLELUIA, f. m. Petite plante , dont les racines font longues , menues, fibreufes, comme écailleules dans quelques endroits , & d'un blanc rirant fur le rouge. Elles donnent des feuilles portées lur des pédicules grêles. Chaque pédicule loutient trois feuilles à fon fommet , comme le trèfle, taillées en cœur. D'entre ces feuilles , qui font d'un vert tirant fur le jaune lorf- qu'elles palfent , s'élèvent quelques pédicules , qui pour l'ordinaire ne foutiennent qu'une leule fleur en forme de cloche^ découpée en cinq parties jufque vers fon centre. Le piftil qui lort du fond du calice, s'emboitc avec la fleur , & devient enfuite un fruit membraneux , femblable en quelque manière à une lanterne, & di- vilé le plus fouvent en cinq loges, qui s'ouvre chacune en dehors par une fente étendue de la bafe du fruit jufqu'à fa pointe. Chaque loge contient quelques le- mences enveloppées dans une coiffe , qui par fa con- traétion poulfe ordinaiicment la graine allez loin du fiuit. Il y a plufleurs el'pèces A' alléluia : les plus com- ALL munes en France , 8c celles auxquelles perte dcfcrip- tion convient, ont les fleurs, ou blanches, ou jaunes, ou purpurines. Elles ont un goût aigrelet dans prel'que toutes leurs parties. Elles font bonnes dans les fièvres malignes. Francus , Médecin AJlcmand , a ramalîc dans un traité toutes les propriétés de cette plante. Les autres efpèces qui font étrangères difterent de celles- ci , parce qu'elles font, ou branchues , ou parce qu'elles ont de fort grofles racines. On l'appelle autrement. Pain de Coeuj & en latm , Trifolium acetofum^oxys^ oxytriphillum , acetofella y & lujula. Selon Dodonée on l'appela alléluia, parce qu'elle fleurit dans le temps qu'on chante alléluia dans les Églifes , vers le temps de Pâque ; & félon Scaliger, fon nom vient de l'ita- lien juliola par corruption. ALLELUiA,eft un morde réjcuifrance, que l'Eghfe cliante au temps de Pâque à la fin des traits ou verfets. C'eft S. Jérôme qui l'avoir introduit dans l'Eglifc du temps du Pape Damale. Somozène fe trompe , quand il dit qu'il ne fe chantoit qu'une fois l'année , & S. Jérôme au contraire témoigne qu'on le difoit même dans l'en- terrement des morts. God. Il fcmble néanmoins que dans l'Eghfe romaine, on ne le difoit plus hors le temps de Pàque avanr S. Grégoire le Grand ; mais qu'on le difoit dans l'Eghfe grecque. Car ce faint Pape ayant ordonné qu'on le dit pendant tout le cours de l'année; & quelques gens l'ayant trouvé mauvais , parce qu'il introduifoit , difoient-ils, à Rome les coutumes de l'Eghfe de Conftatinople , il répondit qu'il n'avoit eu égard en cela à la coutume d'aucune Églife-, que ç'a- voit été l'ancien ufage de Rome, & que fous le Pape Daraafe cette coutume a\'oitété apportée de Jétufalem. Ainfî S. Grégoire ne fit que la rétabhr. Les Grecs di- fent encore aujoiud'hui fcuvent \' alléluia durant le carême , & même dans lescérémonies funèbres. Goar. S. Jérôme dans la vie de Sainte Paule, & dans fon épitre 25^ à Marcelle, fait entendre qu'on appeioit Se qu'on aflembloit les religieufes pour l'ortice , ou la prière, au c\\avx à' alléluia 3 au lieu des cloches. Dans la Liturgie ambroifîenne , alléluia fignifie ce que nous appelons le Graduel. fÇT 11 y avoir en Ethiopie unMonaftère qu'on appeioit alléluia , parce que fon premier Abbé faif'oir fouveiic chanter alléluia. Ce mot eft hébreu , ou plutôt ce font deux mots hébreux, dont l'un eit iVVn , hallelu j & l'autre ni, Ja , nom abrégé du nom propre de Dieu , njni , Jehova. L'un fignihc, Z<7:/^t7r6'j louez ; ik l'autre, fé- lon l'interprétation commune , Dominum , le Seigneur. Louei^ le Seigneur. C'a été auflî autrefois un cri mih- taire, comme on voit dans Ado Vicnnenfiç. ALLEMAGNE, Alemannia , Germania. Grand pays d'Europe, qui a titre d'Empire. Au lieu à'Alemanniay les médailles de Crifpus & de Conftantin le jeune, tous deux fils de Conftantin le Giand,dif ent Alamannia. \J Allemagne avoit autrefois peur bornes au fepten- trion la mer Balrique & la mer Germanique; au midi le Danube ; à l'occident le Rhin , & à l'orient la Vif- tule. Elle avoit encore ces bornes du temps de Char- lemagne. Aujourd'hui & depuis plulieurs fiècles on y comprend encore au midi tout ce qui s'étend depuis le Danube jufqu'à la Suiife, à l'Italie, &à la Dalma- tie. Elle a à l'orient la Hongrie, la Pologne & laPruire. Au nord , la mer Baltique &: le Danemarck , & une partie de l'Océan ; «Scà l'occident l'Alface, & les Pays- Ras. La haute Allemagne eff la partie qui elfau midi, & dont la Franconie,la Bohème, & la Moravie, font le nord. La balFe Allemagne eft tout ce qui eft com- pris entre ces trois provinces, & la mer Baltique, le Danemark & l'(^céan. ^CT II y a des Auteurs qui met-- tent les Pays-Bas au nombre des Etats de la baffe Allemagne. Leur erreur vient de ce qu'anciennement une partie des Pays-Bas étoit comprife dans la Ger- manie intérieure. Or \ Allemagne &: la Germanie ne font pas des noms qui lignifient les mêmes peuples , renfermés dans les mcmes bornes ; non plus que la France & la Gaule ne lignifient pas la même chofe , quoique dans les livres écrits en latin Germania fe prenne pour l'anticnac Germanie ; iSc pour \ Allemagne, ALL d'aujourd'hui, & Ga^iapo\Xl:\3.G^.uledeJuhsCcCar:, & pour la France (ous Louis le bien aimé. UAlle- lemagne s'appela d'abord Teutoniè , eniuite Germa- nie, ik enfin Allemagne. Trebclls Pollion , qui vi- voic fous Conftantin Chlorus , elt le premier que je lâche j qui le loir lervi du mot Akmannïa. On le trouve enluitc dans Claudien, de Laud. Stilic, Liv, /. Mais celui à' Allemannus le trouve dansSpartien, & il paio'it qu'il étoit plus ancien , & que àki le temps d'Antonin Caracalia il étoit en ufage ; puilque Spar- ricn dit dans la vie de cet Empereur, qu'il prit le turc d' AllemanniquejAllemannkuSj'pa.ïce qu'il avoir vaincu 3a nation des Allemands, c'eiï de cepeuple que V Alle- magne a pris Ion nom. V Allemagne ell entre le 44^ & le $f degré de lat. & entre le 27^ & le 41^ de lon- git. Mat Y. ^'Allemagne eft appelée Saint Empire, un Savant croit que ce titre a été donné à l'Empire germanique , à 3'imitation du grec, où tout s'appeloityiiwr ôcfacre' , même les dignités l:ort intérieures à celle de l'Empe- reur; témoin lon-Trélorier qui s'appeloit , Cornes fa- crarum larginonum : Que jufqu'à l'encre de l'Empe- reur s'appeloit yTîfree .■ Que les Empereurs de Conf- tantinople étoient appelés Saints ■ de lorte qu'un Pa- triarche de Conftantinople ayant manqué de donner ce titre dans un acte à l'Empereur Michel Paléologue, cela lui fufcita une grolîe querelle , comme on le voit dans rhiftoire de Pachimere. Enfortequ'ileft très-vrai- lemblable que les Empereurs d'Occident , voulant jouir des mêmes prérogatives que ceux d'Orient, ont peu à peu pris les mêmes titres , que les Papes leur ont donnés pour leur taire leur cour, comme à nos Rois celui de Très-Chrétiens. Cette conjeéturc paroît d'autant plus probable , qu'elle ell: confirmée par quel- ques exemples, qu'on peut voir dans le Glollliire latin deDuCange , aux mois facer Scjanclus. M. le P. B. Allemagne Françoise. Germania Francica. Quel- ques Auteurs appellent ainfi les terres d'Allemagne , qui ont été cedces à la France par la paix de Munftcr, ou depuis, comme la haute & la balle Alfacc, & le Sundgaw. La mer d'ALLEMAONE. Mare Germanicum , Germanicus Oceanus. C'eft le nom que l'on donne à la partie de l'Océan feptentrional, qui eft renfermée entre la Grande- Bretagne au couchant, les Pays-bas au levant, avec un bout de {Allemagne tk la Jutie , & qui s'étend de- puis le pas de Calais julqu'aux cotes méridionales de Norwcge. ^Cr On l'appelle quelquefois \' Empire j parce qu'elle a pour louverain un Prince qui porte le titre à'Empe- pereur d'Occident, après le renverfement de l'Empire Romain fous Auguftule , cet Empire tut rétabli par Charlemagne , qui conquit une grande partie de \ Al- lemagne ; mais ion Empire ayant été afloibli par les partages , & plus encore par la foiblcile de fa poftérité , il s'en forma quantité de louverainetés. Se les Rois de Germanie s'approprièrent enfin le titre impérial , du- quel ils (ont demeurés en pollellion. L'Empire à' Al- lemagne n'a rien de commun niavec l'Empire Romain , ni avec l'Empire d'Occident tous les Rois de France. Ce ne font ni les mêmes pays ni les mêmes gouvcrne- mens. C'eft im Empire particulier dont le commence- ment doitfe prendre à ConradI, duc deFranconie,élu parles leigneurs Allemands pour (uccéderàLouis IV , dernier Empereur de lamailon de Charlemagne. U Allemagne eft une République dont l'Empereur eft le Chef, & dont les membres font les trois Col- lèges de l'Empire. Le Collège des Electeurs , le Col- lège des Princes tant eccléliaftiques que féculiers , & le Collège des villes impériales. La louveraineté de \ Allemagne ne rélide point dans l'Empereur , mais dans les Etats ou allemblées générales AAllemagne , de l'Empire , qu'on nomme Diètes , ou Journées Im- périales. Dans la vie de Charlemagne compofèe par Eginard, il eft dit que le Lcck léparoit la Bavière des Allemands. Walatridus Strabo, qui écrivoir tous Louis le Débonnaire , dit dans la préface de la vie de S. Galle , qu'il a trouvé que l'Auteur de la vie de ce Saint z\p- pelleHonventl' Allemagne Altimannia 3 Hautcmajmie. ALL Il ajoute qu'il n'a trouvé ce nom nulle part ailleurs ; qu'il croit qu'il a été forgé par les Modernes à caufe de fa lituation élevée, parce qu'une partie de\ Alle- magne eft entre les Alpes Pennines, èc le rivage méri- dional du Danube. ALLEMAND, ANDE. f. m. c\: f. Ce mot eft le nom du du peuple qui a occupé la vieille Germanie , cui ha- bitoitlc long des rives duRhin,du Danube, de l'Elbe & de l'Oder. Allemannus , Germanus. Le mot Alle- mand, Allemannus , ne fe trouve point, comme j'ai dit, avant Caracalia. Quelques Auteurs ont tiré ce nom du Lac Léman, à Lacu Ze/7z«/zo, aujourd'hui le Lac de Genève; d'autres d'un Heuve nommé Almon , aujourd'hui yïVrm///. Aiais la plus commune opinion, & qui paroît certaine , eft qu'il vient de deux mots allemands jàont l'un edall ^ qui lignifie tout ^ & l'au- tre man j qui iîgnifie homme. Dès le III^ ficcle Ahnius Quadratus , qui écrivoit tous les Philippes, diloit , au rapport d'Agathias, que dans la langue des Allemands c'ctoit-là le iens de leur nom ; cependant^on ne con- vient pas de la railon qui le fit domiei;à'ces peuples, & l'on varie fur cela, félon que l'on virie fur l'origine de ce peuple. Quelques-uns ont prétendu , qu'on avoir appelle les Germains Allemands j c'ell-à-dire , Tout homme y de gar ^ ôi man ^ plane virum , entièrement homme; parce qu'ils étoient très- belhqueux ; qu'ils n'avoient rien que d'homme & de maie ; que tout eu eux étoit homme, mâle, viril. Feu d'Auteurs fgnt de ce (entiment , qui ne paro'it pas vrai. Cluvier, dajrsle III" Liv. de (on Ancienne Germanie, prétend qjic les Allemands n' étoient ^AS Germains, mais Gaulois d'o- rigine. Tacite dit au Liv. des mœurs des Germions 3 ch. 2p , que des Gaulois avoient palfé le Rhin , &' s'é- toient établis au-delà de ce ficuve Si du Dar.uBe, Se y avoient étendu leurs conquêtes : ce lont là, ielon Clu- vier , les ptemiets Allemands, qui furent ainfi appelés , parce que c'étoit un mélange de diftcrenres Nations gauloifes. D'autres veulent que les Gaulois n'aient point été les vr.us Allemands , mais un aifemblage de ditTérens peuples venus de differens endroits , du nord, ou de l'orient de la Germanie. M. Sperlinger , favanc Danois, dans une Diflertation où il a prétendu mon- trer que nous venons du Nord, auffi-bicn queprelque tous les peuples de l'Europe ^ foutientque le fcpten- trion a été peuplé d'abord ; que c'eft la première de- meure des Celtes; que ces peuples mulripherent en fî grande quantité dans ce pays , qu'on les appela All- man jqin ne lignifie pas allemblagedediticrens peuples mais grande &: ncmbreule nation; comme ilparoit par les autres compotes lemblables du nom ail. Car , dit ce lavant D.rnois,iz/A7/fignifie grande & univerfelle fuc- cellion , magna & univerfa hinreditas , Se alting _, Ju- gement grand Se général. Tout cela peut être vrai , lans que \es Allemands, ni les Gaulois toient venus du Nord; Se l'on a pu appeler les Celtes des Gaules, la. grande & univerfelle nation ■, parce qu'en effet ils mul- tiplièrent extrêmement ,& peuplcrenr beaucoup de pays, en Efpagne , en Italie, dans l'Albion, i?c en Ger- manie. Sous Clovis , \cs Allemands qui n'avoient pas encore donné leur nom à toute cette grande étendue de pays aujourd'hui h peuplée & li féconde en vail- lans gutrriers , faifoient un peuple à part , qui habi- toient la plus grande partie des terres lituees entre le Mein , le Rhin & le Danube. P. Daniel. Allemand , félon Chrétien Juncker , ne fignifie autre chofe qu'un habitant du tleuve Almon, aujourd'hui Altmuhljqiû coule entre la Soual->€ , la Franconie «Se la Bavière. Le mot Allemand eft venu en ufage dans la langue, en ces phrafcs proverbiales: Vous me prenez bien pour un Allem.and; c'eft-à-dire, pour une dupe , pour un homme t]ui ne connoit pas le prix des choies , pour un brutal, pour un ivrogne. Ainli Sarralm a dit , Plu- lis, la pliipait des amans lont Aes Allemands, de tant pleurer , 6'c'. On dit aullî, une querelle à^ Allemand ; c'eft-à-dire , une querelle faite fans fujet, & de gaieté de cœur. Je n'entends non plus cela que le haut^//e- mand; c'eft-à-dire, que c'eft une chofe qui n'eft point intelligible. Ce mot eu langage de pays, fignifie Tout homme ; 2^8 ALL defoite que ce peuple a été appelé ainfi, à caufe qu'il étoit compofé de pliifieurs nations , comme témoigne i\gathia5, de même que les anciens habitans du même pays, avoienc été appelés zuueio'is Germains j parce qu'ils vivoient entre eux en paix,.lans haine, ni jalou- fie. ALLEMANDE, f. f. Terme de Danfe. Sahatio gcrma- nica. ^.fT Cette danfe nous eft venue d'Allemagne 6c de SullFe où elle eft fort en ufrge. L'air doit en être gai , & fe bat à deux temps. Danfer une Allemande. Allemande, f. f. Pièce deMufique qui eft grave, &_de pleine mefure, qu'on joue à quatre temps lents lur les inftrumens , & particulièrement fur le luth , le tuorbe , l'orgue, & le clavecin. Elle commence par une croche horsde nieiure. Les Mullciens s'en fervent peu aujourd'hui. ALLENDORF. Ville d'Allemagne. Allendorfium. Elle eft dans le Landgraviat de Helle-Caftel tur la rivière de Werre. Les lalines d'y^V/cWt/or/rendent ce licucon- fidérable , & lui ont donné Ion nom qui lîgnitie Vil- lage aufeL ALLENEE. i. î. Pour haleine , refpiration. Gloff. fur Cl. Marot. Tout d'une aliénée , d'un Icul trait d'ha- leine , fans ^reprendre haleine. Cl. Marot. Voye-:{ AlenÉe. ALLENSTEiN. Nom d'une ville de Warmie , dans la Prullc ïoyo.{Q. Allenjleinum. Elle eft fur la rivière d'Alla, dont elle prend le nom, au-dellus de la ville de Got- ftad.'' ALLER. V. n. Se tranfporter d'un lieu à un autre , foit patrlon propre mouvement , ioit par le lecours dune voiture. Ire y pergere , vadere , proficifci. Allons à l'é- glïfe , au fermon. Il eft allé en voyage. Il eft plus sûr d'aller par terre que par mer. Ce verbe aller eil le leul irrégulier de la première conjugaifon. Il le conjugue ainli^ry; vais^ on je vasj tu vas j il va. Nous allons j •vou$alle^y ils vont. Il a à l'imparfait /^zZ/ow; au pré- térit , je jus , j'ai été, je fuis allé : au imin j'irai. Dans ie fubjonétif , il a que j'aille , pour le prêtent : j' trois, j'allafje, pour l'imparfait: que je fois allé , que j'aie été, pour le prétérit : je ferais allé , je j ujfe allé, j'au- rais été, pour le plus que parfait: je ferai allé, j'au- rai été , pour le futur. Dans l'impératil: on dit va , qu'il nille , alle^ , qu'ils aillent. Il feroit trop long de rapporter ici les diverfes oc- callons où il fe faut fervir tantôt de l'un , & tantôt de l'autre des prétérits de ce verbe. On peut conlulter pour s'en inftruire tous ceux qui ont fait de nouvelles remar- ques !ur la langue Françoife. On dira (eulement, que quand on veut exprimer que quelqu'un eft en chemin pouraZ/tf/'en quelque lieu , ou qu'il eft dans ce lieu là, il faut dire qu'il ejl allé : mais û l'on veut exprimer qu'il eft de- retour , il faut dire , il a été. Il ejl allé à Rome \ pour dire, il eft à Rome , ou en voyage pour y aller. Il a été à Rome , pour dire , il en eft de retour , ou il en eft parti. Il faut dire encore pour parler régu- lièrement : il -alla trouver fon ami-, & non pas il fut trouver Ion ami. On dit, le courier ell: allé de Paris à Rome en dix jours ; & il eft venu de Rome à Paris en huit jours. Il eft bon de remarquer cette différence. Ménag. ^3° Il faut encore obferver qu'on met uns après l'impé- ratif va, quand il eft luivi de la particule j. Ainfi l'on dit vas-y , pour éviter l'hiatus que cauferoit la rencon- tre des deux voyelles. Cependant s'il (e trouve un verbe après la particule y , on ne met point À' s après va. Tes affaires vont mal {va y mettre cfldre. §Cr Autrefois le verbe aller fe joignoit avec les gérondifs des verbes-, foit en vers, foit en profe, deforte que tous deux ne lignificient que la même chofe que le géron- dih Ainli l'on diloit qu'un ruiileau va ferpentant. Cet homme va difant par-tout. Il les «//oirchallant comme des troupeaux de moutons. Ces façons de parler ne font plus que du difcours familier. On dit qu'un homme s'en va mourant ^ pour dire, qu'il eft fur le point de mourir. fS" Aller , exprime quelquefois le mouvement de cer- taines chofes vers quelque endroit. Toutes les rivières ALL vont à la mer. Les nuages vont de l'orient au couchaur. Tendere , dejerri, moveri. tfZr Aller au combat , c'eft s'avancer pour combattre. Aller à l'ennemi , s'avancer pour le charger : ce qui pa- roît fuppofer que les deux armées font en prélence. Al- ler au feu , en termes de guerre , s'expoler à elfuyer le feu des ennemis. On dit iamihèrement d'un homme brave, qui s'y expole de bonne grâce, quil va au feu comme à la noce. ffT Aller aux opinions , aux avis , c'eft les recueillir. Suffragia cogère. Aller au conleil , confultcr , deman- der confeil. Confulere. Aller au devin , tonluker le devin. •03° Aller à quelqu'un , quand il s'agit de chofes qui font de fa compétence , de la juridiction, qui dépen- dent de l'on autorité, c'eft s'adrelier à lui. Il tant aller à l'Evêque pour obtenir des diipenles. Il faut aller au. Roi pour telle choie. 03" Aller , le dit aullî en parlant de la manière dont on fe meut. Aller vite , aller bon tiam. Pleniore gradu inccdere. Aller lentemerit , à pas de tortue. Tefiudineo gradu. Aller devant. Anteire. Aller après. Sukfequi. §3" Aller Z-owrrai/Zj avancer beaucoup en peu de temps, fe dit au propre & au figuré , d un homme par exem- ple qui fait fortune en peu de temps , d un auteur qui compofe aifément , qui met peu de temps à corapolcr un ouvrage , d'un orateur qui prononce un dilcouis fort vite : alors il eft du ftyle familier. ifT On dit aufll qu'un homme va a pied. Incedit pedes. Aller à cheval. Equitare , equo vehi. Aller en chaife. Gejlatoriâ fellâ vehi. En carrolfe. Rhedâ. En litière. Leciicâ , &c. ifT En termes de Manège, on dit en parlant des allures d'un cheval , aller le pas , l'amble , le trot , le galop , &c. AJturco, gradarius , Jolutarius ,fuccuffator equus. Voyez ces mots. ifT Aller étroit ,cc^ s'approcher du centre du A-Iané- ge. Aller large, s'en c\o'ie,ncï. Aller par furpri/e. iylf' Allek par furprife , c'eft le lervir des aides, de façon qu'on lurprend le cheval au lieu de ravertir.,-^//£/-à toutes jambes, à toute bride, c'eft poullerle cheval auili vite qu'il peut aller. ÇCF On dit d'un cheval, qui boîte, qu'il va à trois jam- bes -, & de celui qui fait une incUnaticn de tête à cha- que pas, qu'il va de l'oreille. |!3° En termes d'Efcrime , aller à l'épée , c'eft faire des mouvemens trop précipités avec fon épée pour trouver celle de Ion advcrlairc. L'elcrimeur qui va à l'épée y en voulant parer un coup , en découvre un autre. ffT Aller, joint avec les infinitifs des verbes , feit quel- quefois à marquer qu'on le met en mouvement pour f-iire une chofe , quelquefois qu'une choie eft lur le point d'être faite. Dans la première acception on dit , nous allons nous promener. Allons travailler , allons étudier. Dans la leconde , un tel va partir. Ce malade va mourir. Le jour va finir. 03° Aller, en parlant de certaines chofes artificielles , fert à marquer leur mouvement &: leur etlet. On fait aller un moulin. Une montre va bien ou mal. Cette pendule va huit jours. Ce rellort ne va pas. 1/3° Aller, en parlant du temps, eft lynonyme des'écou- 1er. Effluere. Rien ne va plus vue que le temps. Il fert aullî à marquer la durée du temps qu'on emploie à faire quelque chofe. Son dilcours n'ira qu'a une heure. Cet ouvrier va lentement. Cet ouvrage eft allé fort vite. §3° ALLERjlervanta marquer l'étendue de certaines cho- fes. Cette montagne va julqu'aux nues. La forêt va jui- qu'à tel endroit. Sa robe va julqu'à terre. 03° Aller, lervant à marquer la manière dont une chofe eft figurée. Cette pyramide va en pointe. Dejinit in. Une allée qui va en pente. Declivis. Un chemin qui va en tournant. Tortuofus. 0Cr Aller , fervant à marquer où conduit , où aboutit un chemin. Ce chemin va à la ville. Ducit. 03° Aller, en matière décomptes, de iupputations, eft fynonyme de monter ou le monter. Sa dépenle ira^\us loin qu'on ne l'.ivoit cru. Major erit. Les nouvelles le- vées vont à plus de vingt mille hommes. ifT Aller, eft aulll employé, tant au propre qu'au fi- ALL guié , pour marquer le progrès en bien ou efi mal, des perlonnes ëc des cliofes. Il n y a qu'un clprir pcnctranC qui puilîe aller jal'que-lL Pcnlngcre. On dit d un hom- me , qu'il ira loin dans les fcienccs , dans les aits. Pro- greffiis fucere. Une chot'e va de mal en pis. In jiejus ruere. La lanté va de mieux en mieux. Une maiton va en décadence. Je n'eulle jamais cru que le luxe >l". 8. Ce qui a donné lieu à l'alliage , eft i °. le mélange des métaux , qui ne viennent pas des mines en leur en- tière pureté. 2". L'épargne de ladépenle qu'il faudroit faire pour les affiner. 3". La nécelîité de les rendre plus durs par quelque portion d'autre métal. 4°. La fonte des monnoies étrangères qui lont alliées. 5". Les frais de la fabrication qui font pris iur la monnoie. 6°. Le droit des Princes pour leur leigncuriage. Alliage, fe dit en Arithmétique du mélange de plu- lieurs choies enlemble de divers prix , ou de diftérente valeur. Par la règle d'alliage on luppute , ou le ptix commun de ce mélange de chofes de différente valeur ; ou combien il laut de chacune de ces choies pour en compoier un mélange iur un certain pied , afin de les réduire à un certain prix, ou à un certain nombre. Alliage, fe ditauffiau figuré pour toute forte de mé- lange & d'union. Conjunclio. Les élémens font des êtres fimples qui nailfent du çïemieï alliage des prin- cipes. RoH. Il n'y a guère de vertu fi pure qu'il n'y entre quelque alliage. ALLIAIRE. f. f. Aliuiria. Plante qu'on appelle autre- ment Herbe des Aulx,ik dans quelque-s endroits aillet^ tous noms qu'on lui donne parce qu'étant écrafée , elle rend une odeur d'ail. Elle poulie plulieurs tiges à la hauteur d'un pied & demi , menues , un peu velues. Ses feuilles lent au commencement rondes , comme celles du lierre-terreftic, enfuice elles deviennent un peu longues , & dentelées tout à l'entour. Ses fleurs naiflent aux Icmmités , blanches, petites, de quatre feuilles , & de lilamens jaunâtres ; il leur fuccède de petites gonfles longuettes, anguleufes, contenant des fcmences cbloneues , menues , noires. Sa racine eft lon- gue, menue , dure , blanche , l'entant l'ail. Cette plante croit le long des haies. Lorfque les vaches en mangent, leur lait & le beurre qu'on en fait a un goût d'ail , de mcmequeles œufs des poules qui en ont mangé. C'eft une clpèce de Julienne , ou hefperis. Qaclques-uns 1 appellent, Befperis alliumredolens. On s'en fertdaiîs les fauces , & dans les ragoûts. Elle eft bonne aufli pour faire uriner, contre le venin , contre les vieilles toux, & lur-tcut contre la gangrène. ALLIANCE. 1. f. Liailon , union qui fe forme entie deux perfonnes , ou deux familles , par le moyen d'un manage. AJJînicas , Affinitads conjunclio. Il y a plulieurs alliances contractées entre ces deux maifons. L'hcureufe alliance de la France & de l'Ef- pagne. L'alliance eft une caufe de récufation. Les Romains blàmoient les alliances baffes dans les Princes : elles choquoient leur amitié , dit Tacite. De Roch. La loi des douze Tables défendoit les- alUances entre les peiionnes inégales de biens & de condition. Id. Les mariages étoient défendus en Por- tugal entre les hommes qui n'avoient jamais fait la gutire , & les filles des nobles. Ld. Ce mot vient d'adligatio. Huet. Alliance, fe dit figurément en chofes fpirituelles & morales , pour affinité fpirituelle. Il le contracte une alliance fpirituelle au Baptême entre le parrain & la marr.aine , le père & la mère du baptifé. La plupart des bourgeois s'appellent compère & coufin , & il n'y a rien de plus ordinaire entr'eux que ces noms d'alliance. Cail. Voy. affinité. Alliance, le dit aulïï des unions des ligues, des trai- tés qui fe font entre des Souverains & des Etats » pour le joindre d'intérêt dans une défenfe commune» Fcedus. La triple alliance de la Hclbnde avec la Suède & l'Angleterre a été fort famcufe. Ainli on. dit , Jurer alliance avec quelqu'un. Ablanc. Rece- voir quelqu'un en fon alliance. Id. Rompre , quitter l'a/Zia/zce de quelqu'un. Arn. C'eft en ce fens qu'on dit , L'alliance de Dieu avec les hommes , ou avec fon peuple. L'Arche à alliance chez les Juifs étoit le coffre où croient renfermées les Tables de la loi , qui contcnoient les principaux articles de cette alliance. tfT On dit l'ancienne & la nouvelle alliance , l'ancien & le nouveau Teftament. L'alliance du Seigneur avec la «ace d'Abraham. Cçttç alliance dura depuù ALL la vocarion d'Abraham jufqua la venue du Meflîe. La nouvelle alliance ; celle que le Seigneur a faite avec tous les hommes par JÉsus-Christ. cette al- liance dure depuis la venue du Alelîîe , & durera jufqu'à la coiilommation des fiècles. Ces deux a//za/z- ces contiennent éminemment toutes les autres. ALLIANCE , fe dit fîgurément pour Union, mélange de plufieurs chofes. Societas j commcrcium. Faire al- liance des maximes de l'Evangile avec celles du monde. Pasc. Il faut que l'art vienne au fecours de la nature , parce que c'cft leur parfaite alliance qui fait la fouvcraine perfedion. Boil. ^'alliance monftrueufe que vous faites de la fainteté avec les crimes les plus déteftables , eft une preuve que vous n'avez nulle idée de la piété. Nicol. Les alliances fermes & durables lont appelées des alliances de felj, parce que le lel eft incorruptible , ou bien que le lel eft le fymbole de la fagelFe , qui fait préfumer qu'elles ont été faites avec mure délibération. ^fT On appelle aulli alliance j l'amieau de mariage. C'eft une bague faite d'un fil d'or & d'un fil d'ar- gent entrelacés , ou une bague d'une feule matière, montée de deux pierres de différentes couleurs. Sponfalium annulas. Les femmes mariées portent une alliance au doigt. $3°ALLIAR-/ER1S. C'eft ainfi qu'on appelle en Alchi- mie, le cuivre des Philofophes, c'eft- à -dire, de ceux qui rravaillent au grand œuvre. ALLiBAWN. Contrée de l'Écoile feptentrionale. Ca- ledonia , Albania. C'eft le pays des anciens Calé- doniens , qui comprend aujourd'hui les Comtés de Rcir, de Loquebar, & d'Athol. ^^ ALLIEMÊNT. f. m. Nom que les ouvriers qui ie fervent de la grue ou dune autre machine à élever des fardeaux , donnent au nœud qu'ils font à la corde qui doit enlever la pièce. %fT ALLIER. V. a. Mêler , incorporer enfemble plu- lîeurs métaux par la fufion. Dans ce fens il eft auftl réciproque Metalla commifcere. On allie l'or \k. l'argent. L'or &c le fer ne s'allient point enfem- ble pour fe mêler , non pas même pour fe fonder , fi ce n'eftpar le moyen du cuivre. L'étain fondu avec l'or s'allie tellement , qu'on ne le peut léparcr , ëc il gâte toute une fonte. Ce mot vient à'alUgare. Ailier , le dit figurément enMorale ; pour dire, joindre une famille à une autre par quelque mariage \ & alors il le dit avec le pronom perionnel. Inire a^nitatem. Cette mailon s'eft alliée plufieurs fois avec des Prin- ces. S'allier en bon lieu , à une bonne famille , ou avec une bonne famille. Allier, lignifie aulîî , en parlant d'Etats & de Souve- rains , fe confédérer, le liguer pour les intérêts com- muns. Fœ^z/j icere 3 fancire. Les Suiftes le lont tou- jours alliés avec la France. C'eft l'intérêt de leurs Etats qui allient les Princes. Allier ,1e dit figurément pour Mcier, joindre enfemble. Jungere j conjungere yfociare. Vous allie-^ les loix humaines avec les divines. Pasc. Avec le pronom perionnel , il le dit pour s'allocier , le joindre. La ■ miléricorde & la vérité s'allieront heureulement. PoRT-R. ALLIÉ, EE. part. pair. &adj. ^^«ij, conjuncîus ^ fo- ciatus , fœderatus , dans le fens de leurs verbes. Allié , eft aulli fubftantif. Confédéré. Socius fœdera- tus. Les Rois ont grand foin de prendre les intérêts de leurs alliés. Il a fait rendre les places priles fur les allLes. Ailîfter , lecourir les alliés. Cette Répu- blique cil: notre alliée. C"^ On le dit encore fubftantivement , en parlant de ceux qui font joints par quelque degré d'affinité. Affinis. C'eft mon allié. Nous ne fommes pas pa- rens -, nous ne fommes qu'alliés. ALLIER, f. m. Ce mot n'eft que de deux fyllabes. Filet tendu fur deux bâtons , propre à prendre des cailles & des perdrix. On l'appelle aulîi TrimalUer , parce qu'il eft frit de trois doubles de mailles. Retc tri- plici hamulo confcnum. Les ailiers font détendus par les Ordonnances, Tomt, I, ALL 24^ Ces mots viennent du latin alligare :, lier. ALLIER. 1. m. Vieux mot , qui fignifioit autrefois cer- tains oileaux qui vivent Je rapine , comme on l'a dit au mot AlÉrion , efpcce d'oilêau de proie. ALLIER, f. m. Rivière. Elaver. L'Allier fort de la montagne de Losève , la plus haute du Gévaudan , traverle l'Auvergne & le Bourbonnois , & fc jette dans la Loire au-delfus de Nevers , à un endroit appelé pour cela Le Bec A' Allier. Os Elaveris. Allier eft un nom formé par corruption , du nom latin Elaver , qui le trouve dans Célar. Pour le Bec à! Al- lier, quelques Auteurs veulent que ce foit une cor- ruption de /iz^cca Elaveris _, la bouche à' Allier. Peut- être aulh at-on appelé cet cndroit-la Bec, rcfirunzy àcaule de la pointe de terre c|ui frit le confluent des deux rivières. ALLIGATION. f. f. Quelques Arithméticiens ont ap- pelé Règle à'alligation , ce que d'autres nomment Règle d'alliage. ALLIGATOR, f. m, C'eft le nom d'un animal de l'A- mérique , que l'on voit principalement à la Jamaï- que. L'Auteur de l'Etat pivlent des îles du Roi d'An- gleterre , dans l'Amérique , dit qu'il y a peu de bêtes nuilibles dans cette île, excepté ['Alligator. Il y en a de I j & 20 pieds de long. Ils le tiennent en em- bulcade dans les rivières & les étangs où les autres bctes viennent boire. Ils relfcmblent à une pièce de bois fec & immobile , qu'on croit pouvoir approcher lans rien craindre: ils ont quatre pieds avec Icfquels ils marchent , & ils nagent ik le remuent prompte- ment , quoiqu'ils ne le tournent qu'avec difficulté. Ils lont armés lur le dos & fur les ffancs d'écaillés impénétrables , & on ne les peut percer que par les yeux & par le ventre ; ils pondent fur le fable des œufs de la groffeur de ceux des Poules-d'Inde , qu'ils laif- fent éclore au lolcil. Ils attaquent rarement les hom- mes-, leur giaiffe eft un baume louverain contre les douleurs des os & des jointures -, ils ont des tefti- cules de mule , dont l'odeur eft li forte , qu'elle les fait découvrir & fuir par les autres animaux. Tout cela reffemble fi bien au Crocodile , que c'en pour- roit bien être un, dont cet Auteur parle fous le nom à'Aliic^ator. îfT ALLINGUES. f. f. pi. Pieux que l'on enfonce dans une rivière flottable environ à une toife& demie de la berge , pour faire entrer le bois qui vient à flot , afin de le tirer plus commodément , & l'empiler fur la berge. ALLIOTH. Terme d'Aftronomic. C'eft le nom d'une étoile de la queue de la grande Ourle , dont l'obler- vation efl d'un grand uiage lur mer. Elle fert aufîi à connoître la hauteur du pôle. Oblervez quand \'Al- lioth pafl'e le méridien fous le pôle : prenez alors la hauteur de l'étoile polaire avec un quart de cercle, iSc de la hauteur trouvée , retranchez 1°. z j' , qui eft la diltance du pôle à l'étoile polaire , ce qui refte eft la hauteur du pôle. Harr. ALLOBROGEi f. m. Allohrox. C'eft ainfi qu'on ap- peloit autrefois un ancien peuple de la Gaule Nar- bonnoile , peuple puiff ant , dit Polybe , Liv. XXX. Ch. jo. qui les appelle en grec , aulli -bien que Pto- lomée , àAAs'/?fA«; (Sj difent qu'il fignifie une na- tion qui habite un pays coupé de montagnes ik de vallées. Etienne Barlet a cru que ce nom étoit com- polé d'aAAo! & de AynTO!,& qu'ils le prirent par vanité; pour dire , qu'ils étoient autres que des hommes mortels. Ils croyoient , ajoute-t-il , que le foleil eft l'image corporelle de Dieu invilible , &: ils l'ado- roient par cette railon. Les Chaldéens nommoienr Dieu Alla , & les Allemands Brux , ou Brox , toute médaille où eft gravée une tête. D'Alla 8c de Brox , a été compcfé^/Zo^roA.-. Ce font des rêveries. Cho- rier a grande railon d'en juger ainfi. Un ancien Scho- liafte de Juvénal dit , qu'en gaulois broga fignifie champ i terre i lignifie haut ; deiorte ^.y'^^/- /o/ro^e lignifie celui qui habite un pays élevé, mon- tagneux , des montagnes , un montagnard nom qui convient tièi-bien aux J.'/oho'jes , puisqu'ils occu- poient depuis Genè/e juiqu'au Rhône , toute la Sa- voie ô< le Dauphiné , pays plein de hautes monta- gnes. Ftobmée dit que Vienne étoit la capitale des AUobroges. D'autres dérivent ce nom du grec --^' '"< , qui hgnifie maniai , belliqueux , de Af.s, Mars , ^ du gaulois Brig , qui lignifie nation , peuple. Geofroy de Viterbe , Secrétaire des Empereurs Con- rad III, Frédéric 1,& Henri IV, dans roniième liè-le, tire ce nom de celui dune rivière nommée Zi..'/ro,7«j fur les bords de laquelle les AUobroges , félon lui , habitèrent d abord. Borel dit qu'il vient A' al 5c de brava j parce que les AUobroges étoient un peuple •de Gallia bracata : bailleurs il dit qu'il vient d'^/j zout , lo , hhut j & brigi ou Irug 3 pont , ou tour , donjon , montagne , comme s'il y XJQjïtberg. J. Pi- card , dans fa Ccltopédie , Liv. 111, pag. 1 3 6, a penfi cjue ce nom ctoit grec , "^» ti^'» «aak. x, t« ^f-w , c'eft-à-dire, de «aa»;, autre & zCn' fourdre 3 être en mouvement , quod aliis , atque aliis rcbus movean r«r, parce qu ils étoient remuans ,& qu'ils aimoient le changement. Il prétend que c'eft à cela qu'Ho- race fait allufion , Epod. XVI. Novifque rébus infi- delis Allobrox. Mais on peut dire contre ces étymo- logies , que dans les premiers temps , les lieux n'ont point donné le nom aux hommes , mais plutôt les hommes aux heux. C'eft un principe dont il ne faut guères s'écarter dans cette matière ; outre qu'il n'eft Ïias sur que les AUobroges aient habité d'abord es rivages de la Lobraga. Un nom grec pour les Gaulois , ou la compofition d un mot grec tk d un nom celte , ou gaulois , ne revient pas davantage , & A'AAo«f<;if s'écrit par un ioM. Ilparoitque M. Bochard a été le plus heureux. Céfu- , Liv. I, Ch. 6. Ciceron , dans fon Oraifon pour Fonteius , Strabon , Liv. IV. Tite-Live , Liv. I. de la Décade IIL Tacite , Liv. I. Hift. Ch. 66. Polybe , Liv. XXX. 50. M. Valois, No- tit. Gai. fur Vienne , parlent des AUobroges. Les Anciens font mention du Sénat & du peuple des AUobroges. Aujourd'hui par AUobroges , nous n'en- tendons que les Savoyards \ Si de là eft venu que dans leftyle comique & familier, il eft pris pour groflîer, ruftre , ou homme qui a le fens de travers. C'eft un franc AUobrogé. Traiter quelqu'un à'Allobroge. AcAD. Fr. Il parle françois comme un Allobroge. Cette mauicre de parler n'eft pas nouvelle , & nous trouvons dans Juvén.al , Sat. VII, v. 214, qu'un cer- tain Rhéteur gaulois , nommé Pufus , & qui eut de la réputation , traitoit Cicéron à'Allobroge par mé- pris. Voye\ le II,Livre del'^i/Zoire de Dauphiné de Chorier. 'ALLOBROGIE. f i. Bcgnum , ou. Ditio Allobrogum. Chorier prétend que le Royaume de Bourgogne a porté ce nom. Voici Tes preuves & les paroles. Gon- lad , Abbé d'Uiperg , écrivant que ceux qui étoient autrefois appelés AUobroges font prélentement nom- més Bourguï'-ynons j dit que ce que nous appelons aujourd'hui Z>a«^iAmtr , a été nommé autrefois i?oi/r- pogne. L'Auteur des Actes du Martyr S. Alban , pu- bliés par Canifius , donne de même à Sigifmond, fils de Gondebaud , le titre de Roi très - Chrétien des AUobroges. Guntherus , parlant à l'Empereur Fré- déric I, dit aulîî Allobrogum P^egna , pour la Bour- gogne. D'où il conclut: peut-on nier que le Dauphiné ou pays des Allobro ^es , n'ait été la principale province de cet État , puifqu'à caufe d'elle tout le royaume de Bourgogne a été autrefois le coyaume àss AUobroges? ALL ALLOBROGÏQUE. adj. m. & f. Allohrogicus. Qui appartient , ou qui a rapport aux AUobroges. On donne le titre A'AUobrogique à Q. Fabius Maximus , pour avoir vaincu les AUobroges, Pline , Liv. VII , Ch. 50. ALLOCATION, f f Terme de compte , quife ditlorf qu'on approuve , & cju'on alloue un article , & qu'on le palfe en compte. Computationis approbatio.^ Il y a la moitié des articles de ce compte qu'on dilpute, dont on ne fauroit obtenir l'allocation. Ce mot vient du latin alloco. ALLOCUTION, f. f. Harangue que les Généraux & les Empereurs Romains faifoient à leurs troupes. Al- locutio. Le don de haranguer étoit d un bien plus grand ufage chez les anciens que parmi nous. Les Empereurs Romains s'en font fau honneur lur leurs médailles. Ils donncient le nom A' Allocution aux harangues militaires qu'ils faifoient a la tcte des trou- pes , & la légende ordinaire des médailles frappées a ce fujec , eft Allocutio. M. l'Abbé Tilladet donna en 170J une Hiftoire chronologique de ces allocu- tions marquées fur les médailles des Empereurs Ro- mains. La première eft de Caligula. Ce Prince y eft repréfentc debout en habit long fur une tribune , d'où il ha- rangue l'armée , dont on n'a repréfentc que quatre fùldats , ayant le cafque en tcte & leurs boucliei'S en main , comme tout prêts à partir peur une ex- pédition. Dans l'exergue on Ht : Aeloc. cch. c'eft- à-dire , Adlocvtïo cohortium. La féconde eft de Né- ron , au revers de laquelle on trouve à peu près le même type «Se la même légende : Adlocut. coH. La troiiième eft de Galba , reprélenté en habit de guerre avec le mot leul Adlocutio à l'exergue. La qua- trième eft de Nerva , repréfenté en habit long , fur une tribune près d'un temple. Derrière l'Empereur deux autres figures d hommes aulîi en habit long , & dans l'exergue Adlocvtïo. Avg. Trajan eft le cinquième , Adrien le iixième, qui nous fournit plu- lieurs types A' allocutions. En voici deux linguhères. On voit derrière l'Empereur le Préfet du Prétoire , & dans l'exergue lur l'une : Adlocvtïo coh, Pr^etor. & fur l'autre , coh. Pr^etor. fins Adlocutio. Dix autres médailles d'Adrien , le repréfentent haran- guant en habit de guerre , & plus ordinairement même à cheval , & pour légende : Exercitvs Bri- tannicvs , Capi'aeocicvs , DiAcicvs , Germa- Nicvs jHisPANicvs , Mavretanicvs , M^SIACVS , NoRicvSjRH^;Ticus,SYRiAcvs.Onentrûuveenfuitc dans AL Aurèle , dans Luce Vère , dans Commode. Mais dans celui-ci la légende eft: Fides exercitvs p. M. TR. p. XI. Imp. 'V'II. cos. V. pp. Scptime Sé- vère , Caracalla , Géra ont le même type & de fcm- blables légendes. Macrin , pm. tr. p. Sévère Alexan- dre , Adlocvtïo avg. cos. pp. Gordien le père, les deux Phihppe père & fils , que quelques- unes de leurs médailles nous reprélentent tous deux enfem- ble debout fur une tribune haranguant leurs troupes. Une médaille de moyen bronze très - rare reprékiite Valéucn iSc Gallien en regard : Concordia Avgvs- TORVM. Au revers ces deux Princes debout fur une tribune , ayant derrière eux Jfe Préfet du Pré- toire : Adlocvtïo Avgvstor. Pofthum. a trois ty- pes diffiérens à' allocutions , (ans le mot Adlocvtïo, mais avec Exercitvs Avg. Exeb.citvs isc. Exer- citvs VAc. Tacite , Adlocvtïo Avg. Frobus , Adlocvtïo militvm. Numérien &Carin Ion frère, Adlocvtïo Avg. Enfin le dernier dont nous ayons une allocution eft Maxence. L'inkription eft Adlo- cvtïo Avg. & dans l'exergue , Rep. Voyez \'HiJi., de l'Acad. des Injcr. T. I. p. 2^0. Allocution, feditaullî de la médaille qui repréfentc une allocution. Voilà une belle allocution , & bien confervée. Toutes les allocutions (ont eftimées. Plus les revers ont de figures , plus ils font à eftimer , par- ticulièrement quand ils marquent quelqu'adlion mé- morable. Par exemple , la médaille de Trajan , Begna adjîgnata , ou il paroit trois Rois au pied d'un théâtre , fur lequel on voit l'Empereur qui leur A L L «îonne le cîiiuume. Le CongiAÏre de Ncivi a cinq ' ligiii-es : Congiar, P. IL Une dllociuion de Trajau, où il y a (ept fijjures. Une d'Addcn au peuple , où il y en a liuit ians légende. Une aune aux ioldats , où il y en a dix. Une médaille de Fauftine , Pyill^e FavstiniaN/€ , où li y en a douze ou aeize. Une Allocution de Probus qui a douze figuies. Vota pu- hlica de Commode , où il y en a dix. Science des Médailles. ALLODIAL. adj. Qui eft en franc-alleu, exempt de toute charge & redevance. Immums j Liber, En latin barbare, allodiaiis. Cet héritage elt allodial : il ne paye point de lods & ventes, & n'eft (lijet a aucunes redev.ances. I.QS iowàs alloduiux ne reconnoi lient aucun lupérieur en féodalité. Propriétaires t<>: podelîeurs d'héritages al- lodlaux. Allodud eil: oppofe a féodal. 'ALLODIALITÊ. f. f. Immunhas. Qualité de ce qui eft allodial , iianc alleu , indépendance d une terre , ou d'un héritage. Louis XIII, par une Déclaration du 4 Décembre 1641 , otdvjnna que toutes perfonnes nobles & roturières , propiictaires & polFeilcurs d héritages allcdiaux , & Hanc-Bourgage , & franche Buurgecile , qui n'ont juftice, fullent & dcmcurallent confirmées, & leurs ruccelfeurs à perpétuité , a leur allodlaiite ; le tout en payant chacun d'eux les lommes auxquelles il^ feroient modérément taxés. Tessereau. ALLOISE. f. f. Charge , Dignité ou Juridicliion d'Alloué. On trouve dans \ Hlftoirc de Bretagne j Tom. il. p. 108 y. que le Duc François donna au 'Dvc de Rays Amiral de France, & à fes héritiers, privilège de con- gié & de menée a fe délivrer à (es généraux plaids de Nantes , au quint jour d'iceux , l.ms que eux, leurs Ofticiers & Sujets, &c. loient tenus obéir a L^7/o{/l' de Nantes. ^ALLOGNE. Foxcr Aiogne. i;^ ALLONGE , ALLONGEMENT , ALLONGER. /^oveç Alonge, Alongement, Alonger. ALLOUER. V. a. Approuver quelque point, ou article, palfer une dépenlé employée dans un compte. ^Pfo tare. Cet articleaétéa//o/^e api è> qu'on cnareprétenté la quittance. Palquier dit que ce mot vient de los , ancien mot François, qui lignifie louange 3 ou appro^ batlon. Et en efl'et , il vient du mot elaudare, qui li- gnifie approuver 3 félon Nicod. D'autres le dérivent de allocare j difant qu'il vient de locum dure : d'autres de locare , conducere; ce qui convient aux compagnons artilans, qu'on appelle Alloués. Allou ER , le dit quel ;,uefois dans les converfations. Cette propolition cil trop hardie , c'cft un article qui ne pal- lera pas , qui ne vous fera point alloué. Il s'en faut beau coup cu'on ne vous alloue tout ce que vous dites. Cela efl: mauvais , mcmc en converfrtion. ALlOUÉ, ÉE. part. Approhatus. Allou É. adj. pris 1 ubftantivement. Se dit chez les artifans, des Compagnons qui ont fait le temps de leur appren- tiffage , & (Ui s'engagent encore pour quelque temps à fervir les Maîtres. Locatus , Conduclus. Les Compa- gnons font ceux c>ui fervent a la journée , & les alloués, ceux qui ont promis de fervir pendant quelque temps. Alloué. C'eft auiii un garçon qui s'engage pourun temps chez un iV;a.rre, fans avoir fait d apprcntillage. Il y peut apprendie la profelîîon ; mais cela ne lui donne pas droit de pan'enir a la Maitrile. Autrefois alloué s'cft dit du Lieutenant-Général du Sénéchal, & particulièrement en Bretagne. Judexfuhfi- diarlus.Une réformation des Ordonnances de l'Flôtel du uDuc de Bretagne , faite le premier Avril 141 y , porte Alloués, ou Baillifs. L'y^//o//e de Rennes , &c. Foye^ ÏHlJlolrc de Bretagne du P. Lobincau , T. IL p. ç r 6. Alloué fe dit auill de celui qui agit au nom de quel- qu'un : on l'appelle aujourd hui Procureur ; on le trouve en ce fens dans les vieux titres , lui, ou fes alloe\. ALLOUTNEUR. Petite ville de l'île de Céilan. Allut- neura. Elle elt dans le royaume de Candy, fur la ri- vière de Mauwillagougue , que les Cartes nomment Tranqullemale , ou Vlntana, entre l'embouchure de cette rivière & la ville de Candy. Au relie il eft à re- marquer que tous ces noms (ont peu connus dans Je pays. ALL 24^ Aî.LOUVÏ, ÎÉ. adj. Qui a une grande faim , telle quê celle d'un loup , qui eft difficile à ralfalier. Famehcusy. Les jeunes gens qui lortent d une maladie font allou- vls ; ils veulent manger par excès. Ce mot vient de ioup^ de lupus. Il eft bas , & ne fe dit que par les nourrices de Paris. Cet eniant eft tout allouvl. ALLOUYSE. f f. Charge , dignité d'Alloué. Judlcls Sub- .Jidlarïi dïonltas , munus , Magijlratus. Hijl- de Bre- tagne , 'tom. II. p. II 99. Inftitution pour M. Raoul Paftourel de VAllouyfe de Nantes. On a dit aufli Al^ loi Je. ALLOL Foyei Aloi. ALLOYAGE. L m. Foye^ Aloyase, ALLOYÉ. p'oyei AloyÉ. ALLOYER. Foye- Aloyer. ALLUCHER. v". a. 'Vieux içot. Allumeti, Luxure eft un péché que gloutonle alluché * Etji le j ait flamber plus fec que feche buche% ALLUCHON. f m. Le bout d un hérilTon, qui eft lînê efpèce de dent , ou de pointe , qui entre dans les lu- fcaux, ou la lanterne des moulins, & autres macliiines qui fe meuvent par roues & pignons. ALLUCZN. f. m. Foye\ Aman, montagne» ALLUMELLE. Foye-^ Alumelle. ALLUMER. V. a. Produire de la lumière en mettant le feu à quelque matière combuftible, capable de donner de la clarté. Accendere. ^//z/werunHambeau. Allumer la lanterne. Allumer la chandelle, des bougies. On le dit aullI du feu qu'on attife , & qu'on fouffle fmvplement pour avoir de la chaleur. Ignem fufcltare. Il eft aulîi réciproque. En foufflant le feU il s'allume. Le feu d'une forge s'allume davantage en y jetant quel- ques gouttes d'eau. Allumer, fe dit figurément en Morale des paUîons, & & lignifie, enflammer , exciter, Lncendere , Inflamma- re. Son excule au lieu d'adoucir fon maître, a. allumé la colère. Ce n'eft pas peu pour vous d avoir a/////72e le coeur d'un homme aulli troid que je fuis. Voit. La loi de Dieu excite, & allume en nous Ion .amour de plus en plus. Port-R. Les efforts qu'on fait pour fe déli- vrer de l'amour, ne lervent bien louvent qu'a \'allumer>, La Bru y. Ma flamme par Hector fut jadis allumée : Avec lui dans la tombe elle s'eji renjcrmée. Rac. II y a des boutcfeux qlii allument des féditicns , deS guerres. On dir, qu une violente paillon allume les hu- meurs i pour «lire , qu'elle les fait fermenter, & les met daas une dilpolition prochaine à la fièvre. Acad. Fr» Il eft aulfi réciproque au figuré. Si la guerre vient à s'allumer, La bile s'allume. On dit aUlli en débauche , allumer la lampe ; pour dire , veifer du vm dans un verre à quelqu un pour l'obliger à boire. ALLUMÉ, LE. part. Allumé , en termes de Bl.afon , fe dit des yeux , quand ils font d'un autre émail que le corps de l'animal. Ku- brls oculis. Robert I, Duc de Bar , portoit d'azur à deux bars, ou barbeaux d'or, dentés & aZ/wm/j- d'.irgent. Allumé , le dit aulîl de la tlamme d'un bûcher, d'un tlam- beau, & d'un b.iton qui eft brûlant. Saint François de Paule portoit d'or au phœnix de gueules , fur un buchef allumé de même. ^fT On le dit aufli des yeux qui font d'un autre émail qutf le corps de l'animal. ALLUMETTE, f. f. Petit fétu de bois fec , ou de rofeat* trempé d.ins du foufre , qui fert à allumer la chandelle. Sulphuratum. On dit du mauvais bois à brûler , qu'il brûle comme des allumettes. Ces mots viennent de la prépofition ad. Se de lumens, lumière , qui vient de lucere , luire. ALLUMEUR, f. m. Celui qui allume le feu , les bougies, les chandelles, (S-c. Ceux qui ne fortent point de deiruâ le théâtre , & ceux qui n'y montent jamais ; les premiers perfonnages, & les allumeurs de chandelles ■■, tout cela fera égal a la fin de la Comédie. Bus s Y. ALLURE, f. f. La manière de marcher, démarche j façon 24^ ALM d'aller. Inceffus y ïngrejfus. On comioît bien des gens à leur allure. Allure , fe dit du train , de la façon d'aller du cheval. Gradus. Ce cheval a \ allure froide ; pour dire, qu'il ne levé pas allez le genou , ni la jambe , & qu'il raie le tapis. Ce barbe a de belles allures; pour dire, qu'il a la marche belle. Il n'y a pcrfonne qui puille pari:aice- ment drelfer un cheval , qu'il ne fâche exaélrement tou- tes les allures naturelles , & les adions des jambes. Newcast. Les allures naturelles font le pas , ou petit trot, le trot, l'amble , le galop. Si le cheval continue à falfifier fon allure y donnez lui de l'éperon dans la volte. Id. ^ Allures de Cerf. Ce font les endroits par où il palle. Cervi VIA, Allures , fe dit auflî au figuré , en parlant de la conduite, & des intrigues de quelqu'un. Agendï ratio , ConfiMy Arces. J'ai bien reconnu à les allures qu'il briguoit le- crétement cet emploi. Il fe prend ordinairement en mauvaife part. Un homme qui a àts allures yVtni dire, un homme qui voit mauvaife compagnie , ou qui a quelque mauvais commerce qu'il cherche à cacher. En ce fens il eft du ftyle 1-amilier. Ce mot a la mcme étymologie que fon verbe aller. ALLUSA. Foyei Allath. ALLUSION, f. f. Terme de Rhétorique. ffT C'eft une jîgure par laquelle on fait fentir le rapport que des cho- fes ou des perfonnes ont entre elles. Si c'eif un iîmple jeu de paroles , elle efl: toujours froide &: inlipide. An- nomïnatïoy Lufus in verhis. L'affectation des allufions eft extrêmement vicieule en France. Et même fans af- fedation , elles palfcnt pour froides , à moins qu'elles ne foient fort heureufes. Mais on peu élégamment faire allufion à quelque apophthegme, à quelque liil- toife, à quelque coutume, lorfqu'on dit quelque choie qui y a du rapport , & qu'on veut faire entendre au ledeur , ou à l'auditeur , qu'on y a penlé en l'écrivant. Keï aherius ex altéra notatio. ALLUVION. f. f. Accroilfement de terrain qui fe fait le long des rivages de la mer , ou des grandes rivières, par les terres que les eaux y apportent, eu qu'elles lail- lent à découvert lorfqu'elles fe retirent, & qu'elles pren- nent leur cours d'un autre côté. Alluvio. Le Droit Ro- main met l'(z//avio/z entre les moyens légitimes d'acqué- rir par le droit des gens. Il dehnit Yalluvion j un ac- croiiïl'ment lent &: caché -, parce qu'il faut que cela ar- rive prefqu'imperceptiblcment. Car liun débordement fubit de la livière détachoit une portion confidérable d'un fonds pour le joindre à un héritage voifin , en ce cas cette portion n'elt point cenfée acquife par le droit À'alluvLony ik le premier propriétaire la peut reclamer. Les alluvLons ont éloigné Aiguës-mortes de la mer, où il y avoir un port du temps de Saint Louis. Cette île s'eft faite par alluvion ; le Seigneur voifin prétend qu'elle eft à lui par droit Yalluvion. Ce mot vient du XmnalluOy baigner. ^\LLYRE. f. m. Illydius. Voyez Alire. ALM. ALMA. Rivière de la prefqu'île de la petite Tartatie. Aima. Elle fe nomme aufti Baciefarey , & prend ces deux noms de deux villes qu'elle arrofe. Samion l'ap- pelle aiilli Krabara. $Cr ALMAÇ AREN. Petite ville d'Efpagne , au royaume de Murcie, fur le rivage de la merjàfixUeuesdeCar- thagène. ALMACHARANA , ou ALMACHARAMA. Ville de i'Arabie-Heureufe.y^/OTJC,'i(7ra«tz , Almacharama. Elle eft dans la principauté de Moca, entre les villes d'Aden & de Saada. On juge que c'eft l'ancienne Saphar. ALMADE. Ville de l'Eftramadure Portugaife. Almada. Elle eft à l'embouchure du Tage , vis-à-vis de Lis- bonne. ALMADIE. f. f. Terme de Marine. Ce font de petites barques de- quatre bralfes de long, faites fouvent d'é- corce de bois, dont ufcnt les lauvages de la côte d'A- frique. CymbuU. C'eft aulli un vailleau des Indes, long de 80 pieds , & large de fix ou lept , qui reft'emble à ALM une navette, à la réferve de fon derrière , qui eftcarré,- Foyei Almodia. ALMAGESTE. f. m. Terme qui (e dit d'un livre fameux compofé par Ptclémée , où il a recueilli un grand nom- bre de problèmes des Anciens , fervant à la Géométrie & à l'Aftionomie. Almagejle Ptolem&ï. Il eft intitulé en grec , •^yiA'^ y.i;ir/, j Ce dernier mot joint avec l'ar- ticle arabe al , lui a fait donner le nom d^ Almagejle par les Arabes , quand il fut traduit par l'ordre de Mai- mon, Cahfe de Babylone , vers l'an Soc. Almagejlhi eft le nom arabe ; & nous en avons fiit Almagejle. Le Père Jean-Baptifte Riccioli a fait aiilii une Aftronomie réformée , qu'il appelle Almagejle nouveau , où il a compilé toutes les oblcrvations des Aftronomes anciens & modernes , & en a conféré les hypothèfes. ALMAGRO. Ville de la Manche , contrée de la Caftille nouvelle, en Elpagne. Almagrum. Elle eft au levant de Ciudad-Réal. ALMAGUER & ALMAGRO. Ville du royaume de Po- payo , dans l'Amérique méridionale. Almagrum ^ Al- magra. Elle eft fur une montagne , d'où Icrt la rivière de Cauca. %fr ALMALIG. Ville d'Afie , dans le Turqueftan. Les Géographes Arabes lui donnent 102 d. 30 m. de long. &44d. de lat. fept. ALMANACH. f. m. Calendrier ou table où font écrits les jours , & les fêtes de l'année, le cours de la lune,les éclip- fes , les fignes du zodiaque dans leiquels le foleil entre, &: des pronolfics lur la diverfe dilpohtion de l'air. Ephe^ meris y Lunarïum motuum Ephemerïs y Calendarium. Cardan a fait un Traité defupplemento Almanach. Ce mot eft arabe , compolé de l'article al y & de mana yC^\ fignifie compter. Nicod. C'eft aullî l'opinion de Saumaife dans fes prolégomènes lur Solin. Covar- ruvias dit, que félon quelques-uns , ce mot vient de manach , qui fignifie , félon eiLX , Calendrier. Il ajoute que Diego Durréa alîure que la terminaifon arabe de ce mot eft manaquehu y du verbe necaba y qui lignifie , prédire l'avenir. Cependant il ioutient que ces deux lentimens ne reviennent qu'à une même chofe. Car 1 hcbreu manach lignifie nombrer y Jupputer. Or tout le monde lait que les Almanachs ne confiftent qu'en lupputations Aftronomiques. Scaliger dit qu'il a été fait de l'article al y & deM-i'v , mot grec,qui lignifie woij. Scaliger, lur le Culex de Virgile, prétend que les Ara- bes l'ont pris du grec fit-^aMs , qui fignifie cours des mois, en prépclant leur article al y comme alambic , alma- gefte, alchimie. D'autres croient que ce mot vient des Egyptiens , long-temps avant les Arabes. Du Cange. Ménage dit que les Arabes l'ont fait diiPeifanfalmakay qui lignifie, la période de la lune. M. Chaffclain, dans fes Noces lur le Martyrologe, au i. Janvier, dit qu'il vient du mot hébraïque manha j ( il falloir dire rhinhha ) avec l'article al des Arabes. Manha y ajoute-t-il, i\^m~ ^e, préjent y ou don. Et le lavant Golius, en fes Notes fur les Elémens Aftronomiques d'Alfragan , dit , que prefque dans tout l'Orient, les fujets font des prélens aux Rois au commencement de l'année , & entre autres les Aftrologues , qui leur donnent les éphémérides de l'année qui commence ; d'où , dit-il, ces éphémérides ont été nommées Almanha , c'eft-à-dire , Etrennes. Cornélius Kiliam croit que le mot Almanach eft un mot Allemand , ik que Almanach eft comme 11 l'on ditoit almaen acht y Omnium lunarum totius anni cpn- Jlderatio y Conjîdération de toutes les lunes de l'année.. \J Almanach du Palais eft celui où font marqués les jours où le Parlement ne s'aflemble pas. Fori epheme- rïs y Calendarium. Almanach hiftorial, eft un journ'ii où on marque quelques hiftoires mémorables au jour où elles lont autrefois arrivées. Fajli. On appelle or- dinairement Alm.anach de l'Oblervatoire, le petit livre intitulé , ConnoiJJance des temps y qui paroît tous les ans, (Se qui contient plufieurs fiipputations Aftronomi- ques : on l'attribuoit à Meftieursde lObfervatcirc, ou de l'Académie des Sciences , quoique M. le Févre ou M. Lieutaud , ou quelque autre particulier en fût feul l'Auteur, & que les autres n'y eutîent d'autre part que d'y avoir fourni quelques mémoires, fans garantir tout le refte. En i 703 , on a doimc une nouvelle forme à cet A I, M ouvrage, "Meflscurs de l'Acadcmie des Sciences y ont eu plus de paix qu'aupaiavaiit ; c'cft uai" leur ordre & Tous leur diredticii , que M. Lieutaud a iaïc les calculs Aftronomiques , cV y a ajouté pkiiicurs mémoires d: remarques très-curieufeSjquel'Acudémie lui a fournis. Par une Ordonnance de Charles IX, aux Etats d Or- léans en 1^60, an. 16, il elt détendu à tous Imprimeurs &: Libraires, d'imprimer, ou cxpoler en vente aucuns Almanachs &: pronoilications , qu auparavant ils n'aient été viiités par l'Archevêque ou Evcque , ou ceux qu'il commettra; (!<>: il cft ordonné qu'il loit procède par les Juges cxtraordinnirement, & par punition corporelle , contre celui qui aura fait &: expoié leidits Almanachs^ Henri m confirma cette Ordonnance aux Etats de Blois en I J79 , art. 5 G. Il veut qu'ils loient approuvés par des certificats fignés de la main des Archevêques ou Evèques, & qu'il y ait aulli permiliion du Roi ou des Juges ordinaires. Louis XIII confirma ces C'rdonnan.ces le zo Janvier 1628 , & fait détenles à toutes perfonnes de faire ni compoler aucuns .'^/wj/ZiTc/îJ & prédictions hors les termes de l'Aftrologie licite ; même d y com- prendre les prédictions concernant les états & perfon lies , les affaires publiques & particulières , {oit en ter- mes exprès, ou couverts (Se généraux -, ni autres quel conques , & d y employer & niettre autre chofc que Jes lunaifons , écliples & di\ ertes difpohtions & tcm- péramens de l'air , dk derèglemens d'icelui. De la ÂIarre. On dit proverbialement, je ne prendrai pas de vos Almanachs ; pour dire, je ne prendrai pas votre con- leillur 1 avenir; vos prédictions ne lont pas sures, j'ai beau dire la vérité, en ne prend 1 \wiè<.cn\ç.sAlmanacks. Aelanc. On appelle un faifeur è( Almanachs , celui qui s'amuie a faire des prédidtions en l'air; qui le m.le de prédire des chofes qui peuvent n arriver jamais. Faire des Almanachs, c'efl: faire de pareils pronoUics. On dit aulli d une perionne qui fe relient de quel -,ue infirmité à tous les changemens de temps , que Ion corps elf un Almanach. ALMANDINE,cuALABANDINF.f.f.rierreprécieufe. Alahandica gemma. C'eft une eipece de rubis beau- coup plus tendre , &: plus Icger ^,ue le rubis oriental , & qui tire plus fur la Cv^ulcui du grenat , que lut celle du vrai rubis. Elle ell; pourtant au nombre des pierres les plus eftimées , quoiqu elle cède au vrai rubis. Ce mot vient AAlahanda , ville de Carie, d'où 1 line dit qu'on l'apporte. t^ ALMANSA. Petite ville de la nouvelle Caftille, fur les frontières du ro) aume de Valence, remarquable par la bataille qui s'y d, nna entre l'armée du Roi d'Elpa- gne , commandée par le Duc de Barwik , & celle des Alliés , commandée par le Lord GalL Wai &: le Marquis de las Minas. JVLMANZA. LaSierra d'^//77,3/2:j^.'VoyezSmGE.Lamon- tagne des Singes. ALMAQDE. I. m. &' nom d'homme. Almachius. Saint Almaqucj ippele Tf/tfWiZi^'ttf parThéodoret , lut mal lacré par les gladiateurs, eu par le peUj le , lori ;ue ce Saint tachoit de le renier des Ipettacles des jeux fécu- laires qu'Honorius avoir permis aux Gentils de Home. Honorius , touché de la génércute rélolution de ce Saint, lupprima entièrement ces Ipeclacles, >.\: fit met- tre Almaque au nombre des martyrs. C'eft peut être dans la vue de cet heureux luccès, & de cette vizfoire de l'Eglife lur le Paganilme , que Théodoret a donné à ce faint Martyr le nom de Telémaque , qui veut dire finducomhar.Win'ftu.x. faite aullî que par une altération de nom, qui n ell pas fans exemple, celui que les Grées appeloient Télcmaque^an été nommé àz^UK Almaque par les Latins. Baili. Le P. Puinart croit aulîî, après Baronius &Bollandus, que Almaque ell le ni'î'me que le Telémaque de Théodoret , Hijl. Eccl. Liv. V. ch. 6. Chaftelain elt d'un lentiment contraire. Il veut , avec Galéiinius , qu'il ait louiTert fous Dioclétien. 'Voyez les Notes lur le Martyrologe au premier jour de Janvier. 'Wake , Proteftaut Anglois , dans un Livre écrit contre la vie de S. Ignace par le P. Bouhours, &: intitulé , ZJc- VEnthouJlafme , a' donné dans des imaginations qui iont voir le peu de coiinoi0ance qu'il a des anciens roa- ALM i47 inifcrits. Il prétend que quelque Moine ignorant du 7 ou 8^ liè-cle, voyant au haut du calendrier, J. Aima- nachum écrit par abréviation , félon la coutume de ce tutips-là , S. Almanachum _, prit ce mot peu uiitc aLrs, pour le nom de quelque isaint , lui donna une termi- nailon en usy&c\ç. plaça après la fête de la Circonci- non. Mais cette taullé conjedure n'eft pas difticile à rétuter. i''. Il iie lamojt taire voir un léul manufcrit , quelque ancien qu il puille être, foit de calendrier, foit de martvioluge , qui art pour titre le mot à: Almana- chum. 2*^. On ne tiuuve pas que ce mot ait jamais été en ufage dans la langue latine. 5°. Quand ce mot auroit ete en ulage , ce n'eut pas été au titre du premier an- vier qu on 1 auroit mis , mais au titre du 2 5 Décembre, qui eftle jour où commencent les plus anciens Marty- rologes. Chastel. J oyei encote M. de Tillemont » Bift. des Emp. T. V. p. 80 j, 806. ALMARAZ. Ville de l'Eltramadure , en Efpagne. Aima- rajium. Elle eft fur le Tage , entre Placentio & Tru- xillo. ALMATH , ou ALMON. Ville de la Terre-Sainte. /!l- math j Almon. Le premier nom fe trouve au premier Tarai. VI. 60. & le fécond dans Jcfué, XXI. 8. Adri- chomius en lait deux villes ; mais en comparant ces deux endroits de l'Ecriture, on voit que ce n'en eft qu'une. Elle étoit dans la tribu de Benjamin , & fut don- née aux Lévites. ALMAZ. Ville de la balfe Hongrie. AUfca , Almaïa. Elle eft lur le Danube, vis-à vis de Coloez. Quel jUes Géo- graphes la prennent pour 1 ancienne Amatia , Anama- tïa j Anamafcia , que d'autres placent à Mahacz , &C d'autres à Cinq-Eglifes. ALMAZAN. Ville de la vieille Caftille , en Efpagne, Almaianum. Elle eft lur le Douro, entre Soria^ Sir gucnça. ALME. Petite rivière d'Allemagne. Alrra , Ali^o. Elle a la L iirce dans le Duché de Wtftphalie , entre dans 1 E- vêché de Paderborn, & fe joint a la Lippe, pièû de Pa- derborn. AL>,1ÉDINA. rove|ELMÉDiNE. ALaIÉLOO. Bourg conlidérable de l'O-wcnlfel , l'une des Provinces-Unies. Il eft dans la contrée de Twente» A/meloa. ALMENDRALÉJO. Bourg de l'Eftramadure d'Efpagne, au midi de Mérida. Almendrale^ium. ALMLNE. 1. t. Poids de deux livres, dent on fe feitpour peler le frtran dans plul'ieurs endroits du continent des Indes O/tientales. ALMÉRIE. Nom de lieu. Almerïa. Il y a AlmJrie y en Efpagne , lur la côte du royaume de Grenade , à fix lieues du cap de Gâte. /^//Tzehf j dansl'Améri-,ue fep- tentrionale, cft une ville de l'Audience du i\iexique, dans la province de Tlalcala , fur le golfe du Mcai -,ue où elle a un bonport. Les Américains l'a^-pt lient A'iîoM/^tz; c eft le nom de la rivière vcifine. ALMLRIN. Bl urg de l'i ftramadute de Portugal. Aime rinum. Il eft lur le Tage , vis-a-vis de la ville de San- tarein. C^ ALMEYDA. Ville de Portugal , dans la province de Tra los montes , à deux lieues de la frontière de Caf- tille , à fix de Ciudad Rodrigo. ALAiICAlMTARATS.f. m. pl.VojKt^^AtMucANTARA. ALMISSA. Petite ville de Dalmatie. Almïnïum yPe^un- t'tum. Elle cft lut la Cettina , vis-à-vis de l'Je de BralTa. ALMISTA. Montagne qui fait un cap de l'Je de Chic. Arvlfius mons. Voyez Mai^voisie. C'eft la même, chofe. ALMODAVAR DEL CAMPO. Villedela nouvelle Caf- tille, en Elpagnc. Alm.odavarïa campefirls. Elle eft à quelques lieues au midi de Ciudad-Réal. ALMODIA. 1. f. Cymha. Elpèce de barque, ou chalou- pe, dont les Nègres , lujets & efclaves des Portugais, fe fervent dans les Indes Orientales. Les Alm^odias font fort larges par en haut &c très-étroites dequille,laquelle eft 11 grande en quelques unes , que quoiqu'elles ne f ient laites que d'une leulc pièce, elles nelaillentpas d être auiîi longues que les bords même, comme celles de Goa. Celles qui font les plus étroites de bord , lonc faites de plulleurs ais coufus avec du cuir, & gaudroR- 248 ALM nésjdontl'on appelle les plus grandes , Coches ; ôc elles danfenc h rbit fui; l'eau, qu'il lemble qu'elles doivent len- verfei' à tous momens ; mais.les Ncgi'css'y tiennent fort allures, quelque chargées qu'ells-; toient, & quelque tempête qu'il talle. Wicquefort. Amb. de Figuer. Le plus grand nombre- des Auteurs dilent Almadie.Noytz ce mot. ALMOHADE. f. m. C'efcle nom de la quatrième race des Rois de Maroc & de Fez. Le premier des Almoha- des fut un Maître d'école nommé Abdalla^qm trouva le moyen de monter fur le trône vers le milieu du XIP fiécle : ce fut au commencement du XIIF lîècle pen- dant les diirenfions des dix Almohaies j fils de Mo- hammed-Euazir , que les Gouverneurs des provinces fe révoltèrent & formèrent les royaumes de Grenade , de Trémuen , de Tunis , de Tripoli , &c. D'Herbel. ALMON. Voye^ Almath. ALMON. f. m. Petite rivière qui coule dans la vallée ap- pelée Ege'rie j près du Cirque de Caracalla , hors la porte Capene de Rome , & qui va fe perdre dans le Tibre. Almo. Sa lource écoit en grande vénération , parce que les eaux étant minérales , guérilfoicnt la gale des animaux. Les Prêtres de Cybèle tous les ans au h- xième Jour avant les kalendes d'Avril , avoient coutume de laver dans cette rivière la ftatue de la DéelFe , Ion charriotjles lions qui y étoient attelés , «?>: les lactés cou- teaux de Phrygie, qui (ervoient aux (acrifices dans l'en- droit où cette rivière baigne la voie Appia. Ov'id. Fajl. 4. s sj. On la nomme aujourd'hui Acqua d'Accia. PiTiscus , Lex. ALMONACID. Bourg de la nouvelle Caftille, enEfpa- pagne. ALmonacida, Recipolis nova. Il n'eft qu'à quel- ■ eues lieues de Tolède. Almonacïd a été bâti des ruines de l'ancienne Récipolis , qui n'en étoit pas éloignée. ALMONDAURY. Village du Comté d'Yorck, en An- gleterre. Almondaurïuni. Il cil; à trois heues au midi du bourg d'Halifax. On voit près àî Almondaury les ruines de l'ancienne ville Camhodunum ^Campodunum^ Camulodunum. ALMONDE. f. f. Mefure de Portugal , qui fert à mefurer les huiles. Chaque almonde efl: compolée de douze canadors , & le canador eft lemblable à la mingle ou bouteille d'Amfterdam. On ditauilî, Almude. ALMOR AVIDE, f. lu. Nom de peuple. LesAlmoravtdes habitent dans l'Afrique vers .le mont Atlas. Les Almo- nivides s'e mparerent du royaimie de Fez , après avoir chaire les Zénétes, l'an de Jésus-Christ idji , & y régnèrent cent ans ou environ, jufqu'aux Almohades. ALNIOUCHIQUOIS, OISE. f.m. & i. Almucluquius , a. C'cft une nation de la Nouvelle France, dans rAmé- rique leptcntrionale, au midi de Québeck. ALMOUMÉNIN. f. m. Terme Arabe, qui lignifie Prince ou Commandant des Croyans. Almumeninus ,PiJlar- chus. Les lucceireurs de Mahomet prirent le titre de Califes , c'cft-à-dire , Vicaires du Prophète ou à'Al- mouménins , Princes ou Commandans des Croyans. De Vertot , Hijl. de Malte , L. I. p. 11. ^ ALMOUT , ou ALAMOUT. Ville de la Province de Gliilan, en Aile, avec un Château. Elle a été la prin- cit)ale retraite des Bathéniens. ALMOXARISFASGO. f. m. On nomme ainfi dans quel- ques ports de l'Amérique Elpagnole, particulièrement à Buenos- Ayres , un droit de deux & demi pour cent de la véritable valeur des peaux de taureaux , qui le payent au Roi d'Efpagne , pour la fortie des cuirs qui s'embarquent fur les vaiiFeaux d'Europe. ALMSTAD. Ville de Suède. Almjîadium. Elle eft dans la province de Smalande, aux confins de celle de Bleking, entre Herlunda & Elleholm. ALMUCANTARAT , ou ALMICANTARAT. f. m. Terme d'Albonomie. Ce font des cercles parallèles à l'horizon, qu'on s'imagine palFer par tous les degrés du méridien. Les méridiens palVent par tous les degrés de l'équateur, & les Alniucamarats pall'ent par tous les degrés du méridien de chaque lieu. Tous \csAlmucan- tarats font parallèles à l'horizon , & ont les même pôles, favoir le Zénith & le Nadir. Les Almucantarats font à l'égard des Azimuths& de l'horizon , ce que les cer- cles qu'on appelle 'îwr.'zXzmzwx. parallèles ^ font à l'égard ALO des méridiens & de l'équateur. Meflîeurs Furetière & Corneille écrivent Almucantara ^ & le dernier avertit qu'il n'y a que quelques-uns qui difent au pluriel Al- mucantarats. Ce lont ceux qui lavent l'Arabe, & qui expriment la manière dont ce mot eft écrit en cette langue. M. d'Herbelot, qui écrit le mot Arabe Almo- cantharat _, comme il faut l'écrire , dit cependant Al- mucantarats au pluriel, quand il explique en François, ce que c'eft. Ils iervent à montrer la hauteur du loleil & des aftres , &: lont décrits en plulieurs quadrans ëc fur l'Aftrolabe. Ce mot eft tiré de l'Arabe Almocan- tharat. ALMUDAVAR. Village du royaume d'Arragon, en Ef- pagne. Almudavarïa. Il eft au nord-oueft d'Huefca. C'eft l'ancienne Burtina , ou Bortina des llergètes. ALMUDE. f. m. Mefure portugaife des choies liquides. Almudes jy is. Car il n'y a point de melure Romaine qui réponde à celui-ci ; ainfi il faut latiniler fou nom, dit le P, Bulteau dans fon Diéfionnaire portugais. Al- mude eft un mot compofé de l'article des Arabes al, & du mot latin Modius ; comme li \ almude étoit le modïus vïnï des Romains , qui , lelon Budc , étoit un grand vafe de vin. V.' almude portugaife contient douze canadas ou quarante-huit quartilhos , oclo & quadra- ginta quadrantes. ALMUGÉE. Terme d'Aftrologie. Deux planètes font dans leur almugée ^ lorfqu'elles le regardent du même alpedt que leurs domiciles. Arpiter & le Soleil lont dans leur almugée , lorfqu'ils fe regardent de trine, parce que le lion & le fagittaire, qui font leurs maifons, fe regar- dent aullî de trine. ALMUNÉCAR. Ville d'Efpagne. Almunecara. Elle eft dans le royaume de Grenade , au midi de la ville de Grenade , lur la côte , où elle a un port & une citadelle. Quelques-uns la prennent pour l'ancienne Mcnoba, mais lans preuves luffilantes. ALMUNHA. Village d'Arragon, au royaume d'Efpagne. Almunïa. Il eft entre Sarragoife & Calatayud, lur la rivière du Xalo. Quelques Géographes prennent Al- munha pour l'ancienne Nenobriga^ ville des Celti- bériens , que d'autres mettent à Ricla , & d'autres à Rota , village voifin de Ricla. A L N. ALNE. 1. f. Rivière d'Angleterre. Alaunns j Halxnus. Elle eft dans le comté de Northumberland, pafle à Alnewick, tk le jette dans la mer d'Allemagne. ALNEWICK, ou ALEN\X^ICK. Petite ville d'Angle- tetre. Alninvïum. Elle eft lur la rivière d'Aine, dans le comté de Northumberland. Guillaume le lion. Roi d'Ecolfe, fut battu & lait prilonnierà la journée d'^- lenwick 3 en 1 175. |Cr ALNEY. île d'Angleterre , dans le comté de Glo- cofter , formé par les branches de la Saverne , près de Glocefter, dans l'état près de la grande Bretagne. On lé nomme aullî The elght. Ce fut là qu'après] plufieurs batailles très-langlantes, le Roi Edmon, fumommé Cote de fer^ fe battit en duel avec Canut, Roi de Danemark, pour la Couronne d'Angleterre, en pré- fence des deux armées. Edmond ayant eu l'avantage, embralfa généreufement Canut , & confentit de par- tager le Royaume avec lui. La partie méridionale jichuc à Edmond , & la feptentrionale à Canut. Après la mort d'Edmond, Canut s'empara de tout le royaume, &c fut le premier des trois Rois Danois , qui ont régné en Angleterre. Ce duel royal fe fit l'an 1016. ALNIL, ou ANNIE, /^qycj Indigo. ALO,. ALOA.f pi. Fêtes que célébroientles laboureurs d'Athè- nes, en l'honneur de Certes & de Bacchus, après la récolte des fruits. Ce mot eft grec , «A»a , d'à'Aas, qui lignifie l'Aire d'une grange. . ALOE. f f. Vieux mot qui fignifie allouette. On difoit aullî autrefois , Alloué j pour fignificr la même choie. Plutôt ALO Plutofl pajfdns que le vol d'une alouë. Ce mot fe trouve dans Villon. ALOÉ. Vieux mot, qui veut dite, loué, laudatus. Et des loern les aloezi R. de la Rose. ALOÈS. f. m. Aloè. Nom d'un genre de plante dont les fleurs font des tuyaux découpes prot-ondément en lix parties, & dont les fiuits naillent ou du piftil, ou de la partie poftérieure de la fleur, & font longs, comme cylindriques , divifés en trois loges remplies de Icmen - ces aplaties & prelque demi-circulaires, polées les unes fur les autres. Tournefort. Diolcoride, Flme, & tous les anciens Naturaliftes , n'avoient la connoil- fance que d'un Aloès j que nous nommons Aloès commun , Aloe vul^aris ; plante commune en Sicile , & qu'on cultive dans plulieurs jardins. Sa racine cil un pivot oblique , garni par intervalles de quelques fibres chevelues , plein de lue , blanchâtre en dehors , & dun goiit un peu amer. Elle donne à fon collet plulieurs feuilles dilpolees en rond , & dont les plus longues ont environ un pied & demi. Elles s'embrallcnt par leur bafe, & (ont charnues, d'un vert gai qui pàUt par la fuite , remplies d'un lue glaireux & tant foit peu amer , terminées en pointe, & garnies fur leurs bords de pe- tits piquans courbes, dont les pointes regardent le haut des feuilles. D'entre ces feuilles s'élève une tia,c bran- chue , haute de deux à trois pieds, & garnie de pkt- fieurs fleurs jaunes, ramalfées en épi. Le piftil de ces ^ fleurs devient un fruit oblong , divitc en trois luges , qui contiennent des lemenccs aplaties & brunes. Le (uc qui coule des racines de cette plante & de les teuiL les coupées, étant delféché au foleii, fe réduit en une fubftance rélîneule lerablable à l'Aloès luccotrin. F. Columna l'a éprouvé a Naples. Les voyages trcquens qu'on a feits depuis quelques années , en Aiie , en Alri- que & en Amérique , ont donné heu a la découverte de plus de quarante efpèces d' Aloè s inconnues àl'anti- quité. Il eff vrai que dans ce nombre il n'y ena peut- être pas douze dont on puilfe tirer un fuc amer & piirgacif, & que les autres el].éces ont des ulagcs tout dirierens ; les unes fournilfant une liqueur vineuie par le moyen de la fermentation, d'autres contenant dans la lubilance charnue de leurs feuilles , des hlamcns blancs & termes , dont on fait dans les Indes plulieurs ouvrages. Il ell; faux que Y Aloès ne fleurit que tous les cent ans, & il n'efi: pas vrai qu'il fille du biuit lorfqu'il fleurit. Ce conte a été fait à plailit a l'occafion des Aloès d'Amérique. Aloe Amciican.i , ou Aloc jolïo in oblongum aculeum aheuntc. C. B. Pin. Celui qu'on cultive en Catalogne , lertpour border des haies ; c'eft à caufe de la hlalle qu'on tire de les feuilles, (S: dont les Catalanes font des guippures, à l'exemple des Indiens, qui en font des cordages , des toiles & des hamacs. Cette plante a fi racine vivace, longue , noueule comme celle du roleau. De ces nœuds par- tent de petits rejetons qui fervent à multiplier l'el- pèce. Le collet de ces racines elT; formé par plulieurs feuilles , fort épailfes & comme triangulaires à leur bafe, charnues, d'une couleur cendrée , ou de vert-de- mer, d un goût d'herbe, longues à proportion de leur âge, les plus longues ayant environ cinq pieds , ter- minées par un aiguillon dur & noir , & garnies fur leurs bords d'épines crochues , noirâtres , dont la pointe regarde le bas des feuilles. Lorfque cette plante ell parvenue à une grolfeur luffifante, elle poulie d'entre fes feuilles une tige verdàtre, fort haute, branchue , & garnie de quelques petites feuilles : chaque bran- che eft terminée d'un bouquet de fleurs jaunes à éta- mines & à lommets , de même couleur: la partie po(- térieure de ces fleurs efl un embryon de fruit oblong , Verdàtre ; triangulaire , cannelé , & divifé en trois loges , qui renferment des Icmcnces aplaties. On voit rare- ment fleurir l'Aloès d' Amérique dans les pays froids: on a eu cependant cette fatisfoclion ail Jardin Royal en 1665 tk. 1664, ik on ne s'apperçut pas d'aucun bruit. Quelques voyageurs rapportent que fes fleurs Tome li ALO 249 contiennent une Lqueur mielleufe très-agréable. On peut joindre à ces deux efpèces que nous venons de dé- crire , une troilième qui commence à devenir com- mune dans les jardins, & qu'on appelle ^/oèj /7«- roquet , à caufe que les feuilles font d'un beau vert panaché de blancs c'eft lAloe AJhcana ., humilis y folïis ex alho & viridi variegaùs. Commcl. Cette plante efl: balle , vivace , & poulie au collet de fes racines quelques feuilles longues de huit pouces au plus, fort épailles , charnues, triangulaires, terminées en pointe, rudes lur leurs bords, appUquées les unes fur les autres & panachées d'un vert de perroquet , & d'un blanc qui jaunit un peu en fe palfant. D'entre fes feuilles séleve une tige ronde , rachee, longue d'un pied ^Sc demi au plus , & garnie à fon extrémité de quelques Heurs couleur de ponceau,longues d'un pouce, & découpées profondément en lix parties. Toutes ces trois efpèces craignent le froid. AtoÈs, vient du mot grec a'aov,, qui fignifie du/e/&la mer^^ apparemment a caufe qu on trouve l'Aloès fur les côtes maritimes : par la même raiion on le nomme Joubarbe de mer , fcmper vivum marinum j c'eft-à- dire, plante grallè du bord de la mer. On l'appelle aulfi Peiroquetj à caufe de la couleur des les feuilles ^ qu on compare à celle des ailes du perroquet. ALOË , ou ALOÈS. f. f. Aloe. Suc épailîi d'une plante grafiè qu'on nomme Aloès , &non pas de l'arbre qui donne le bois A' Aloès. On difl:ingue crdinairemenc trois fortes d'extrait d'Aloè^ 1 un qu'on nomme fuc- coirinj parce qu'on nous l'apporte de Succotra, efl le plus pur , le plus tranfparent , & d'un beau jaune , îoiiquil efl: écralé. L'autre s'appclkhepaàque jhcauie de fa couleur de foie ■■, il ell rclineux, d'une odeur qui tient de la myrrhe ; & fa couleur ell jaune lorfqu'il ell mis en jrbudre : il nous vient de la Chine. Four le troihème , comme il eft le plus impur, le plus noir, & qu'il ne s'femploie prefqiie que peur les chevaux , il a garde le nom de caballin, & on s'en fervoit autrefois dans les Indes Orientales pour goudronner les vaifléaux au lieu de poix. L'Aloè qu on nomme lucide j Aloe lucida j paroit ne diftcrer du luccotrin & de l'héna- tique , que parce qu il le ronv. t en morceaux tranfpa- rens comme les rélînes bien pures Uc bien delf-chées. Nous ayons encore un Aloe qui eft d'une odeur très-vineùfe , qui eft renfermée dans de . grolles calle- bafles, & qui fe prépare dans lîle Barbade. On a crii mafà-ptopos que ces différences ne dépendoient que- du plus ou du moins de purification ; car on ne voit pas que par des diflolutions réitérées l'hépatique de- vienne luccotrin , ou que le caballin fe change en hé- patique. D'ailleurs on remarque que parmi les efpèces de plaritcs d^ Aloès j qui ont un fuc amer, il y en a dont le lue approche par fon odeur de l'^/oéfuceo- trin, d autres du cabalhn. La manière de faire l'extrait d'.-^/ot'j- eft ailee,puilquiln'ya qu'à faire delfécherle lue qui coule de les feuilles coupées. L'Aloè eft très- amer , purgatif, bon pour tuer les vers ; extérieurement appliqué en lubftance, ou en teinture , il réfille à la pourriture , à la gangrène & à la carie. Meilleurs de l'Académie des Sciences, comme on le verra ci-après, appellent Aloès le fuc , auflî-bieu que la plante d'où on le tire. L'Aloès eft un fuc con- cret tiré dune plante de même nom : on ne fait pas bien certainement ,ni de quelles parties delà plante, ni de quelle manière il eft tiré. Il faut qu'il foit ptir , tr.anlparent , amer, d'une odeur forte. Acad. des Se. 1708, p. 3-4. Hijl. L'Aloès eft rangé parmi les purga- tifs moyens. Parlesanalylesd'extradlionque M. Boul- duc a employées, il paroît que l'Aloès luccotrin con- tient près de la moitié moins de réfine ou de matière fulfureule, ik: environ un tiers plus de matière laline, que l hépatique. Pour le caballin, il eft fi impur, &a tant de terre, par rapport à la petite quantité de (es foufies & de fes fels , qu'il ne mérite pas qu'on en tienne compte. La différenre proportion des principes de l'Aloès luccotrin & de l'hépatique, pou^roit bien être la caille de leurs différentes propriétés. Comme la partie réfineule de l'Aloès j à la différence des au- tres purgatifs , n'cft qti'un peu eu point purgative, le îi z ) o A L 0 fuccotrin, qui a moins de cette léfine, a toujours été préféré a l'hépatique pour lulage intérieur-, & au contraire l'hépatique qui en a davantage , l'emporte fur le fuccotrin pour l'ufage extérieur , pour nettoyer des plaies, refermer des coupures récentes , &c. Les féls de l'Aloès font très-adifs:ils corrodent les extré- mités des veines où les fibres font plus délicates; & de-là viennent les flux-de-fang & les hémorragies. Il eft donc important que la partie (a!ine de ce remède, qui a befoin d'être réprimée par larélineufe, n'en loir point féparée. Acad. des Se. au même endroit. L'é- lixir de propriété , les grains de vie & les pillules gour- mandes font des préparations A'Aioès. VAloès hépa- tique s'appelle ainfi , parce qu'on a cru qu'il conve- noit particulièrement au foie , en latin Hepar. Acad. DES Se. Il nous vient de l'île Bourbon un extrait de fuc à!Aloès, que Flacour a connu , qui eft très bon , ôc auquel il ne manque qu'un peu plus de propreté dans la manière de ie tirer ; & quand les habitans de la Colonie en feront inftruits , il ne cédera en rien aux meilleurs extraits de cette plante, qui nous viennent d'Afrique. La conlommation de cettedrogue eft grande dans la Pharmacie, &pour les remèdes des chevaux, & pour la préparation des cuirs dorés. Et bien loin de dépérir loriqu'elle eft lurannée, elle acquiert une bonté qui fe connoît par (on odeur puante , par (a tranfpa- rence & par fa couleur dorée. De Jus si eu , Mém. ma- nufcrït. On donne encore le nom à'Aloès à un bois pefmt, fort réhneux, dont les morceaux font remplis de vei- nes noires & toutes rélineufes , de diftérentes gro^- feurs & figures , bruns & tirant fur le noir, d'un goût amer & d'une odeur douce & très-agréable , lur-tout lorfqu'on les met au feu , où ils fondent comme de la poix. Les Portugais nous l'apportoient de Calecut,de Sumatra & de Malaca \ mais il eft devenu très-rare depuis que les Japonois apportèrent en France une groft'e quantité de deux lortes de bois rélineux odo- riférans, qu'on vend aujourd'hui chez nos droguiftes pour vrais bois à'A/oès : Xilo Alo'és , L'ignum Alo'es. L'un de ces deux bois , appelé plus ordinairement bois d'Aloès j approche aftez de l'ancien ; mais il eft en de plus petits morceaux, (emblables à des bois pour- ris & vermoulus , dune couleur tannée , moins réfi- neux & d'une cdeurplus douce, plus fade & d'ungoût moins amer. L'autre eft nommée CaLimhou , peut- être par corruption , au lieu de Calambac ^ nom lyno- nyme du bois à'Aloès- Celui-ci eft en grolle bûche , pefuite , brune , paroiirant fort réfmeux , fort compacte & fans vermoulure, d'une odeur plus forte&d'un goût plus amer que le précédent. On fiiit avec ce dernier des meubles précieux. Il y a encore d'autres bois de diftérentes couleurs , auxquels on donne le nom de bois d'Aloès j à caiife qu'ilsfont réfineux,& qu'ils exhalentuneodeurdouce étant brûlés. Mais VAgallockum eft-il diftérent du lignum Aloes? Faut-il beaucoup compter fur les def- criptions de l'arbre du Xilo Aloes rapportées par les Auteurs? ne font-elles point fondées fur des oui-dire î & connoiirons-nous bien les diftérences de bois à^A- Incs qu'ils ont établies î Si on en croit Rumphius , HoUandois établi à Amboine, c'eft un arbre dont le fuc laiteux fait perdre la vue, fi par malheur il vient à toucher les yeux. Ephcm. d'Allcm. ann. ^ dec T i j p. JQ. Voye-^ (wiVAloès Louis Barthema , dans fon Iti- néraire J chap.jo. Hernandez, Muntingius, Comme- lin, & Daléchamp , Tom. II 3 LlV. XVI ^ ch. 2S. ALOÉTIQUES. f. & adj. m. pi. Aloedaria. Médecines compotées & cathartiques , ainfi appelées de Yaloes qui en eft l'ingrédient principal. ALOGE. f. m. Nom de Secle. Théodore de Byfance , corroyeur de fon métier , ayant apoftalié pendant la perfécurion de l'Empereur Sévère, dit, pour fe défen- dre des reproches qu'on lui laifoit : ce n'eft point Dieu que j'ai renié , mais un homme ; parce que Jésus- Christ n'étoir qn'un pur homme. Ceux qui le fui- virent furent nommés! en grec «aw-.oi , Aloges ,»î,/é; Verbe , & figm- fie fans Verbe, parce qu'ils nioientque Jlsus-Christ tût le Verbe éternel. ALOGNE. f. m. Terme de marine. Cordage qui fert aux pontons. Un alo^ne a trente cinq toiles de long,vingt- deux fils par cordon, un pouce de diamètre , & pele cent livres. ALOI. f. m. Certain degré de bonté , lequel réfulte du mélange de pluiieurs métaux qui ont quelque confor- mité entr'eux; ou Titre légitime desmonnoies, &des ouvrages d'or & d'argent luivant les édits du Prince. légitima matefiA numeraru confiatura. h'oi: doit être travaillé à un certain carat pour être àchon a loi. Le titre de l'argenr doit être de tant de deniers de fin , au- trement il eft de mauvais «7/0/. Ce mot eft compolé de loi y qu'on dit auftî en même lens , qui eft fait lelon l'Edit & la Loi. Aloi , fe dit figurément de la valeur & bonté de toute autre chofe. Cette drogue n'eft pas de bon aloi, elle eft falfifiée , elle n'a pas la qualité requile. Adulteri- num pharmacum. Cette railon eft de mauvais aloi ^ elle ne paflera jamais. Adulterina j nonproba ratio. Pour moi je n envierais que quelque folitude ^ Qui me fît fabriquer des vers de bon aloi , Et chanter dignement les vertus de mon Roi. Sanlec. On dit aulli , qu'un homme eft de bas aloi ; pour dire , qu'ileft de balle naillance, d'une profefllon vile, ou_ qu'il eft méprilable par lui-même. ALOÏDE. f. m. Terme de Mythologie. Fils d'Alœus. Aloides. On donna ce nom à Othus & Ephialte , qui palloient pour fils du géant Alœus, & d'Iphimédie fa femme, quoiqu'ils fuftent fils de Neptune & d'Iphi- médie. Alœus les éle\a comme les cnfans ; ils croif- loient de neuf pouces tous les mois. Alœus , que fon grand :.%ç. empêcha d'aller à la guerre des géans, les y envoya. Ils y périrent, car Apollon & Diane les per- cèrent à coups de Hèches. ALOIERE. 1. h Allovcrium , Marfupium. Vieux mot, qui lignifie une Gibecière. Riche ceinture , & aloière , Que chacun appelle gibecière j Piom. Dudit. ALOIGNE. f. m. Terme de Marine. /^'byeijBouÉE. Au- trefois ce mot ie diloitpouri^e/ai j retardement. Mora. Dont le dirai-je fans aloignc. ALOIGNER. Ce verbe autrefois fe difoit pour alonger. BOREL. Ce fut el mois de May que le temps j'aloigna. R. DE GUYOT DE NanTEUIL. ALOÏSE , ou ALUÏSE. f. m. Nom d'homme. Alo'ijlus. ^/t){/è-Thomas-R aymond de I-Iarrach,Chevaher de la Toilon d'or, Conleiller d'Etat, Grand-Ecuyer hérédi- taire de la haute & baiFe Autriche , & Maréchal Pro- vincial. Ga-:ç. IJ21. p. 33 !. Le 23 Août 1722, M. ^//^i/ê-Sébaftien Mocénigo fut élu Doge de Venilc. Journal de Verdun. Ce met cit Irahcn : en Fran- çois , c'eft Louis ; témoin Aloijlus Gon^aga j le B. Louis de Gonzague. Puilque nous avons un mot Fran- çois , pourquoi ne s'en pas lervir , & ne pas dire Louis- Sébaftien-Klocénigo. |CT ALOMANCIE. f. f. du grec «a^ M & ^«""'« ' divi-- nation. Efpècede divination qui le faifoit par le moyen du lel. Oublier de mettre du fel lur la table , ou ren- verfer une falière, &c. étoit le préiagc d'un grand mal- heur. ALOMATON. Forterefle de la Turquie en Europe. So- phœniumj IMichxHum. Elle eft en Thrace, aujourd'hui Remanie , lur le détroit de Conftantinople, à l'entrée de la mer Noire. On l'appelle aulfi Caflel nuovo d'Eu- ropa J Chûtcauncuf d'Europe , & il tft vis-à-vis d'un ALO autre , nommé Caftelnuovo d'JJla j Cliàrcauncurd'A- (îc. Il y avoit à Alomaton une Ei^lite bâtie pAi Conl- tantin", fous Tinvocation de l'i^rchansc b'aiiit Michel. De-là vient le nom de Michxlïiim en latin. Aniurat la fit démolir pour bâtir Alomatcv. îtrr ALONDKOAL , LANDROA , ou LANDROEL. Petite ville de Portugal , dans la province d'Alcntejo, fur une colline, à huit heucs d'Elvas , & à trois de Xe- rumena. ^ ALONGE, mieux qu'ALLONGE. f. f. Pièce qu'on ajoute a quelque choie , à un habit , à un meuble , & pour l'alongcr. Additamcntum. Cette jupe étoit trop courte , il a fallu mettre une alorii^e par en bas. On a mis des alonges à ces guides , pour mener les chevaux du traiii de devant, qui lont a la volée. Alonge. Terme de Marine. Pièce ou membre d'un vai(- leau, qui lett àalonger un autre niembie. On appelle Alonge première , celle qu'on empâte avec la varan- gue , & avec le genou de fond. Alonge féconde , celle qui s'élève au-dellus de la première, avec le bout du genou de ford. Alonge de revers , celle qui cft plus proche du plar-bord , qui termine la hauteur du côté queue. ALOPH. f. m. Nom d'homme. Eliphlus. S. Ehphile , que le vulgaire nomme S.Aloph en divers endroits , &c S. Eloph en d'autres, étoit de la ville de ToulcnLor- , raine , & de l'une des meilleures familles de la première Belgique. Bail. ALORS. Adverbe qui veut dire , en ce temps-là. Tùm _, Tune. Vaugelas dit dans (es Remarques , que cet ad- verbe ne doit pas ctrefuivi imanédiatement d'un que : quand vous aurez accompli votre promelfe, alors je verrai ce que j'aurai à faire. Cela eft vrai, cependant il falloir s'exprimer d'une manière plus précile; car il eft conftant qu'on dit tcrt bien , ce fut alors que cette excellente mère commença à triompher de joie. Il faut donc dire qu'alorjque ne vaut rien , quand on l'em- ploie pour la conjonction lorfque. Ainfipour bien par- ler on doit dire , je fus bien fâché lorfque j'eus tait cela •, & non pas alorfque j'eus tait cela. Ce qui néanmoins ne fe doit entendre que de la profe j car on dit tou- jours en profe alors , 8c non pas lors ; lorfque , & non pas alorfque • mais de bons Poètes difent quelquefois en vers alorfque , comme l'a remarque le P. Mourgues , au Heu de lorfque j cS: lors pour alors j telon qu'ils ont befoin, ou qu'ils ont trop d'une fyllabe. Lors pour alors ne le dit plus même en pocfîe. Mais alorfque pour lorfque :, el^ une des licences qui ont fou- vent, fur-tout dans la pocfie fublime , plus de grâce & &C de noblelfe que les mots dont on fe fert ordinaire- ment. Restau T. Aveugle' par fon \èlej il te défobéit y ■ ■ Et penfe te venger j alors qu'i/ te trahit. Volt. Alors , fignifîe auffi^ en ce cas-là. Si on me fait une telle objedion, iz/orj je répondrai. Alors comme alors. Proverbe qui figniiîe , félon les diverfcs conjonétures où l'on fe trouve. Si une telle chof e arrive , alors comme alors ; c'eft-a-dire , nous ver- rons alors quel parti nous prendrons. ALOSE, f f. Sorte de poiflon de mer qui remente ordi- nairement .au printemps dans ks rivières où elle devient graffe & de bon goût. Alaufa , alofa. On fait grand trafic d'œufs à'alofe dans les Indes, où l'on en voit plu- fieurs grands navires tout chargés. Quelques-uns déri- vent ce iTiot du grec «aj qui fignilie/^/; parce que \'a- lofe aime tant le tel , qu'elle fuit les bateaux qui en font chargés. ALOSER , & ALOUSER. Ce mot fe difoit autrefois pour louer. Laudare. Voyez le Roman d'Artus. Il fe difcit auffi pour acquérir los y ou renom. Famamparare. Voyez Perceval & le Roman de la Rofe. ALOST. Alojlum. Ville des Pays-bas , fur la rivière de Dcnre, capitale de la Flandre Impériale. Quelques Au- teurs prétendent que la ville à'AloJl fut bâtie au V^ fiècle par les Goths. Elle tut prife & démantelée par les François en 1667. Elle eft aétuellement à la Maifon d'Autriche. Le Comté à'AloJl , Aloflanus comïtatus^ eft prefque renfermé entre l'Efcaut, la Denre oir Tenre. La race des Comtes A'Alof finit en 1 1 6 j. ALOTA. Alota. Autrefois ville , aujourd'hui village de l'île de Corfe , dans la partie occidentale de l'île , près du golfe & à l'orient de la ville d'Ajazzo. ALOTIES. adi. f. pris fubftantivement. Alot'ia. Fctes cé- lébrées en l'honneur de Minerve parles Arcadiens, qui dans une bataille qu'ils livrèrent aux Lacédémoniens , firent un nombre prodigieux de prifonniers , que les Grecs appellent «awIoi , d'où cette fête a pris fon nom. Paufanias , in Arcad. ALOUCF^I. f m. C'eft ainii que les Epiciers & les Dro- guiftes de Paris appellent itne gommp de bonne odeur que leshabitans de Madagaf car nomment ZireOTa/7c/^irj. ^lle coule du tronc de la cannelle blanche. ALOUETTE, f. f. Petit oifeau gris, bon à manger, & qui A L P chante agréablement. Alauda. Il couve trois fois l'an- née, en Mai, en Juillet, & en Août. Il élevé fes petits en moins de quinze jours, & vit 9 à 10 ans. Olxna. Il y a de devix fortes à' alouettes , l'une huppée , ou crètée, qui a fur la tête une crête de plume comme le paon. On l'appelle en latni alauda crijiata , galerita , caffita^ & en françois Cochevis. L'autre forte qui s'appelle fim- plement alouette , eft le premier oifeau qui annonce l'été : il y a une efpèce d'alouettes qu'on appelle à Pa- ris mauviettes. Voyez ce mot. Autour de cet amas de viandes entajfées Régnait un long cordon «^'alouettes prejfées. Bon. On prend des alowcttes au miroir, au lacet, & à la ridée. On les appelle en grec xopvAaAiV. Ménage dérive ce mot de alaudetta i diminutif de alauda : c'efl un mot que les Romains ont pris de l'ancien Gaulois, lorfque Jules Céfar leva des foldats dans les Gaules, qui s'ap- pelèrent alouettes à caufe de la figure de leur cafque, rcffemblant à des alouettes huppées , comme dit Sué- tone. Ainii il n'eft pas vrai que cet oifeau ait été nom- mé alauda , à caufe de la légèreté & de l'agitation de fes ailes. Alauda ab infigni alarum agitatione , comme quelques-uns le prétendent. On trouve quelquefois dans la balle latinité Acrcdula. Adclin , Evêquc de Séez , dans le livre des miracles de Sainte Opportune; dit : Vidit aviculam nomine Acredulam , quam vulgus vo- cavit Alaudam ; ce qui montre qu'alauda étoit encore au IX*^ fîècle le nom commun en France. Alouette de mer. Oifeau qui reircmble à l'alouette de terre, fmon qu'il eft un peu plus gros ,& qu'il a le dos plus brun , & le ventre plus blanc. On appelle communément des terres fabloneufes , des terres à alouettes. On dit proverbialement d'un fainéant, qu'il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties dans le bec. On dit auffi , les alouettes ne tombent pas plus rôties dans ce pays , qu'ici ; pour dire , qu'on n'y eft pas mieux. On dit, fi leCieltomboitjily auroitbien des alouettes prifes, à ceux qui craigaent des accidens qui n'arrive- ront jamais. ALOURDI?... v. a. C'eft faire un bruit capable d'incom- moder la tcte , & de la rendre lourde. On a dit aufïl alourder. Ohtundere. Le bruit des cloches , & des car- roffes qui paflent par cette rue, eft cap.ible d'alourdir les gens. P.egnieradir des Poètes importuns récitateurs, qu'ils alourdent de vers, d'alégrelle vous privent. Ce mot eft vieux , & n'eft guère en ufage qu'au participe, en ccnverfation feulement. ALOURDI, lE.jDart. Obtufus. ALOYAGE. f. m. Sorte d alhage dont fe fervent les Po- tiers d'étain. ALOYAU, f. m. Pièce de bœuf qu'on coupe le long des vertèbres au haut bout du dos de cet animal. Bubula cofta. On dit un aloyau de la première , de la fécon- de , de la troifième pièce. Quand il n'y a de la chair que d'iin côté , on l'appelle une charbonnée. L'aloyau fe nnange ordinairement, ou rôti, ou mariné, ou mis en ragoût. ALO YER. V. a. Terme de Monnoie. Donner à l'or &r à l'ar- gent l'aloi requis & ordonné par les loix. f]C? Les grands Vocabuliftes difent, le titre voulu parles Ordonnances. Légitima materiâ nummum afficere. * ALOYÉ, ÉE. part. & adj. Qui a le degré de pureté, ou d'aloi , c'eft-à-dire, d'alliage ordonné par la loi. Ad k' gem exaciusj Légitima materiâ conjlans. A L P. ALPAGE, f. m. Foye^ Alpen. ALPAGNE. f. m. Animal à laine , fort femblable aux ilaiiias &: aux vigognes, excepté qu'il a les jambes plus courtes & le muHe plus ramaffé. Les habitans du Pérou les mettent au nombre des bctes de charge , & leur font porter jufqu'a cent livres pefant. De leur laine ils font des étofîes , des cordes , des f acs ; de leurs os des inf- ALP mimens pour les TilTerans ; & mettant même leur fiente à profit, ils s'en lervent à faite du ku. ALPAM. f. m. Plante des Indes , dont le tronc oui fe di- vile en deux ou trois tiges , elt couvert d'une ecorce de couleur verte & cendrée, fans odeur, & d'un goîital- tringent. Ses branches font d'un bois blanchâtre; elles font partagées par des nœuds ; elles ont une moelle verte : fa racine ell: rouge , compofée d'un grand nombre de fibres capillaires qui s'étendent en tout fens. Les feuilles font de figure oblongue , étroites , & terminées en pointe très-aiguë , d'un vert foncé en-dellous , mai^ d'un vert pale en-deifus : elles ont un grand nombre de côtes , & font entrelacées d"im grand nombre de fibres ik de veines , è-c. Leur odeur n'eil pas délagréable. El- les font un peu acres au goût. Les fleurs, qui font d'une couleur de pourpre foncé & (ans odeur , croilfent (ur des pédicules foibles & ronds , &c. &c ont dans le mi- lieu trois étamines rouges Se oblongues qui ie croilent l'une l'autre. Aux fleurs fuccedent des côtes pointues, rondes , & pleines d'une pulpe charnue , fans aucune femence, au moins qu'on puifle appercevoir. l'CT ALPANET. f. m. Foye^ Alphanet. ALPARGATES. C m. pi. Mot Efpagnol, qui fignifie des Souliers de corde. ALPEN, & ALPAGE, f. m. Qui fignifie un lieu qui n'eft point labouré , ëc qui ne fert que de pâturage. Cno- RiER, HiJI. de Dauphiné , C. i . p. pj. Si ce mot cil en ufage , ce n'ell qu'en Dauphiné. ALPES, i. f. pi. Hautes montagnes qui féparent l'Italie de la France, de la Suilfe & de l'Allemagne , & qui com- mençant à la côte de la mer de Gènes, vont en demi- cercle finir à la mer Adriatique , ou golfe de 'Venile. Les Alpes ont eu dJfférens furnoms en diiférens en- droits. Les Alpes lA:\ûûme.s, Alpes Maritirrix y CM L'n- tore£, font celles qui s'étendent depuis la cote de Gè- nes , jufqu'au mont 'Vifo , eu à la iource du Pô. Les Alpes Cottiennes, Alpes Cottian^j ou CoaLtj depuis le mont Vifo jufqu'au mont Ceniz, ainfl nommées de Cottus , ou Cottius , qui régna dans ces montagnes. Les Alpes Grecques , Alpes Gra'iA , depuis le mont Ceniz jufqu'au mont S. Bernard. Les Alpes Apenni'.ies, Alpes Apennins j Pennïn&y P,& Phavori- -nus o'Aviia. On trouve même SafTiot dans Lycophron : Ilacius Ion Commentateur l'entend des Alpes. Cluviera traité fort au long des ^.^ej dans Ion Italie ancicnnCjhv. i , ch. 5 c^v Jcfias Simlcr en a fait un traité exprès, intitulé De Alpibus. Voyez auffi Gaudenrius UemlxDeAmiq. Gallor.Cifalp.Liv.IÎI.C. v. & fuiv. ALPETTEN. Ville de Suilfe. Alterprettum. EWc qH fur le Rhin, dans le Rhintal, àquek^ues lieues d'Appenfcl. ALPHA, f. m. C'eft le nom de la première lettre des Grecs. Ce nom eft originairement hébreu, & vient du verbe i^^i^^Alaph , qui lignifie Apprendre, d'où s'eft formé ".llV!;?, qui lignifie le chef, le premier d'une troupe , celui qui la conduit. C'eft dans ce fens que les Hébreux ont appelé leur première lettre Aleph. Les autres peuples lui ont donné le même ncm. Les Chaldéens la nomment Alpha ; les Syriens Olaph; les Arabes Eliph , Se les Grecs Alpha. Parce que l'alpha eft la première lettre, on a dit figu- rément aipha , p' ur dire premier. C'eft ainlique Jé- sus-Christ dit dar.s l'Apocalyple XXII. 13. Fgo/um alpha & o;mga , primus & novijjimus , princtpium & finis. Je fuis l'alpha , & l'oméga , le premier & le dernier, le commencement & la fin. Bouh. C'eft ainlî que fur des médailles de Conftantius, de Magnentius , de Decentius,& de quelques autres Empereurs, nous trouvons le iiTinogrammc de JÉsusChrist, c'eft à-dire, les deux premières lettres di\ nomXoiVot, & à droit a à gauche un '=■'- peur faire alluhon aux paroles de S.Jean, que je viens de rapporter, en dilantdans cette inlcrip- tion XfiVoî, A&ii, Jésvs-Chkist l'alpha & l'oméga, le premier & la dernier, le principe & la fin de toutes chofes : témoignages authentiques que telle étoit la foi des Chrétiens dans nos premiers fièclcs, qu'ils étoient perfoadés que c'eft à JE s us-C hris t que doivent s'appli- quer ces paroles de l'Apocalyple , & par ccnféqueiit qu'il eft le Dieu fouverain; puilqu'il n'y a que le Dieu fouverain de qui on le puille dire fans blalphème. Ou trouve aullî fur les monnoies de nos premiers Rois I'a & l'o. aux côtés de la Croix. Le Blanc , p. 14. rap- porte un tiers de loi d'or d'un des Clovis où cela (c voit. C'eft aulfi dans le fens dont nous parlons , que Martial , Liv. IL Ep. jy. appelle en plailar.tar.t un certain Codrus l'alpka des gens proprement vêtus. Alpha penulaxorum. Les anciens Chrétiens failoient graver un a & un ii fur leurs tombe.aux. Alpha, f. m. C'eft au jeu de la Canette , qu'on appelle à Paris Gohille , le lieu d'où l'on commence à jouer. Alpha. Nom de quelques rivières de Suilfe & de W^cll- phalie, qu'on appelle aulîi Aa. Mat y. 25*4 ^^^ ALPHABET, f. m, Dilpofition par ordre des lettres d'unelangue. Litterarum cUmenta j Litters. Alphabet latin , François , grec. Cetce lettre n eft point dans notre alphabet. Ce mot vient de ce que \ alphabet des Grecs commençoit par alpha , bcta ; noms des deux pre- mières lettres qu'ils avoicnt priies des Hébreux , chez qui elles s'appellent aleph , beth. Il y a dans Boute- roue, P>.ec]u Cur. des Mcnn. de France:, p. i S7 i ^^^ Alphabet gaulois tiré des légendes de leurs monnoies , dont les caradèrcs l'ont fort diftercns de ceux dont on ufe à préfent. :i'AxPHABET/ra/7foi^,rclon quelqUes-unS , eïl: compoié de 1 3 lettres -, (eîon d'autres.dc i r, A,B, C,D,E,F,G>H, I, J, K, L, M , N, O , P, Q, R, S, T, U, V, X, Y, Z. Gré- goire de Tours raporte que le Roi Ckilperic voulut tranfporrcr dans l'alphabet toutes ie.s lettres doubles des Grecs : &, 9 . x . ? . + , afin de repréfenter par un Icul caractère th^^ph, ch, cf, pf. Cet ulage ne dura qu'autant que fon règne. Paiquier prétend que Y alpha- bet françois eft compoié de i/ lettres parce qu'il y ajoute ces deux lettres doubles, & pour et , tk 9 peur -us : mais ce ne l'ont que des abréviations. M. l'Abbé Dangeau prétend, avec beaucoup plus de tondcment, qiie nous avons 3410ns difterens dans noire langue , éc que conféquemment notre alphabet devroit erre cornpofé de 3 4 cara ;l:cr£s diftérens , en retranchant même nos lettres doubles qui lont x & y, & une lu- perflue , qui eft le q. Rien n'eft plus cxaél ni plus iàvant en fait de Grammaire , que ce que cet illuftre Académicien en a écrit dans les Ejjaïs de Grammaire. Voyez ce que nous en dirons au mot lettre. Le P. Buiiier , dans la Grammaire , a fuivi le lentiment de M. l'Abbé Dangeau, a cela près qu'il n'admet que 14 voyelles , au heu que M. l'Abbé Dangeau en ad- met 15; car il ne diftingue point l'izz^ de l'o, & réduit parla notre alphabet a 33 lettres. Foye^^ au mot LETTRE, au mot CONSONNE , & au mot VOYELLE. Au refte , quoique ces Auteurs aient rai- son , néanmoins le mot alphabet ne le prenant que pour des lettres écrites, ou les caradères dont on écrit les mots d'une langue , il cil: toujours vrai que le nôtre n'a que 12 caractères pour exprimer ces 53 ou 34 fons. Les autres langues n'ont pas toutes le même nombre de lettres dans leur alphabet. L'alphabet hébreu , le chaldéen, le fyrien,lc lamaritain, ont 11 lettres; l'a- rabe 28 ; le perl'an 31-, le turc 3 3 ; le Géorgien 36; le cophte 32; le mofcovite 43 ; le grec 24; le latin 22; le fclavon 27 ; l'allemand, le flamand , l'anglois 26 ; l'efpagnol 27; lltahen 20; les Indiens de Bengale 21 ; les Bramans 19. Les Chinois n'ont point à' alphabet comrae nous , qui contienne les élcmens & comme les principes des paroles. Leurs lettres lont des hiéro- glyphes , & l'on en compte plus de 80000. Le P. Le Comte. On ne doit pas au refte être étonné du petit nombre de lettres qu'il y a dans {'alphabet de la plu- part des langues : on pourroit encore retrancher les lettres doubles , comme inutiles, & ne donner que 24 lettres à un alphabet ; & ces 24 lettres combinées en- tr'elles donncroient un nombre de mots qui pafl'e de beaucoup le nombre des mots des langues que nous connoillons. M. Preftet en a fait la fupputation dans fes nouveaux Elémcns de Mathématiques , & il a trouvé que toutes les combinnilons de 24 lettres priies feules d'abord , & enl'uite deux à deux , trois à trois , iS:ain(î de fuite jul'qu'à vingt-quatre, font le nombre iliivant : i3 9i7242888872;299942 5'ji84934022oo. On peut exprimer ainli par paroles la valeur de ces 3 4 -chiffres, un million trois cent quatre vingt-onze mille milliards de milliards de milliards , Icpt cent vingt- quatre milliards de milliards de milliards , deux cent Duatre-vingt-huit miUions de milliards de milliards, huit cent quatre- vingt-lcpt mille milhards de milliards, deux cent cinquante-deux milliards de milhards,neuf cent quatre-vingt-dix-neuf milhons de milliards, qua- tre cent vingt -cinq mille milhards , cent vingt -huit milliards , quatre cent quatre - vingt - treize milhons , quatre cent deiLx mille deux cens mots , ou coxnbi- , , ALP liai fons de 24 lettres. Sur quoi il faut remarquer que chaque combinaiicn peut taire un mot , lors mêm.e que dans la coiiîbinailon il ne le trouve point de voyelle ■, parce que dans la prononciation on insère inrperceptibleaient notre e muet entre les conlonnes, ou après la leconde , s'il n'y en a que deux de luire à la fin du mot ; lans cela la dernière leroit inutile & ne leroit point entendue. Cn peut remarquer l'ulagc de cet e muet dans la langue allemande & dans la langue arménienne , dont la plupart des mots ont plu- fieurs conlonnes de luire. Il tant ajouter que chaque lettre feule fait un mot -, ce que l'en comprend ailé- menr li cette lettre eft voyelle , puilque a , « , «a , font des mots dans la langue grecque ; a , e ., o ^ en font dans la latine; a, o ,y ^ en font dans la langue françoiie; a, e _, i ■, o , dans l'iralienne ; a^y ^ dans la langue elpagncle \ a j o , dans la langue portugaile -, ij o J dans la langue angloile; 0 dans prcique routes leslangucs,mêmc dans 1 allemande ëc laluédoilc. Une conlonne leule peut auili laite un mot , en mettant après elle , dans la prononciation un e muet. Enfin quand on retrancheroit une grande partie des combi- nailons poÛibles des vingt-quatre lettres, il en reftcroit encore un nombre immenie. Il y a dans la Bibliothèque du Roi un ouvrage arabe intitulé Sephat Alacham y qui comprend plufieurs différentes fortes H alphabets imaginaires, que l'Auteur diftingue en prophétiques, myftiques , philoiophiques , magiques , talilmaniques, &c. d'Herb. m. Lodwick a domié l'elfai èiww Alpha- bet univerlel , que l'on trouve dans les Tranfaélions philoiophiques, T. III. p. 373 &: fuiv. tf^ On donne aulli le nom à' Alphabet à un petit livre imprimé , qui contient les lettres de l'Alphabet 8c les premières leçons qu'on domre aux enfans qui appren- nent à lire. Aheccdarium 3 elcmenta. J'ai acheté un Alphabet pour cet enfant. On dit , Etre encore à l'alphabet ; pour dire , Etu- dier encore le petit lis'ie qu'on domie aux enfans pour apprendre les lettres. Ekmentarius. |Cr On dit d'un homme qui n'a que les premiers commencemens d'une fciencc , qu'il n'en eft encore qu'à l'alphabet ; & d'un homme qui n'a pas les premiers principes d'une choie dont il parle, qu'il tàut le renvoyer à l'alphabet. Acad. Fr. Alphabet, fe ditau.Hfî des ferremens ou poinçons qui lervcnt aux Doreurs , aux Graveurs & autres Ouvriers, pour marquer , graver , ou imprimer les caractères » ou les lettres qui lont lur leurs pointes. Alphabet , en termes de Polygraphie, eft le double dit, chiffre que garde par devers loi chacun des correfpon- dans , qui le doivent écrire fecrètement : c'eft un al- phabet où les lettres ordinaires lont dilpofées par ordre ;. & vis-à-vis 5 ou au-deiFous font les caradtères fecrcts qui y répondent ; les nulles , ou lettres inutiles , cit les autres marques qui lervent à rendre indéchiffrable. On donne lenom d'iz/^'/^û/'er à plulieurs livres. Poftel Imprima un alphabet de douze langues. Plufieurs ont donné des alphabets grecs ou hébreux. L'Alphabet de la France eft un livre de Géographie de France. L'Alpha^ betum Auguftinianum eft une Hiftoire de tous les Monaftères des Auguftins par ordre alphabétique. Alphabet, f. m. Les Marchands , Négocians, Banquiers & Teneurs de livres , appellent ainfi une efpèce de régiftre compofé de 24 feuillets , cotés & marqués chacun en gros caractère d'une des lettres de l'alpha- bet j luivant l'ordre naturel, en commençant par A, & finilFant par Z. » ALPHABÉTIQUE, adj. de t. g. Qui eft félon l'ordre de I l'alphabet. Quod Utterarum fericm , ordinem fervat. Table alphahétique.^^Ow nous fait remarquer que le grand Vocabulaire françois /T^/zfe les mots par ordre alphabétiijuc. Il a cela de commun avec les autres Diétionnaires. ALPH^NIX. f. m. C'eft le fucre d'orge blanc , ou lucre tors , auquel on donne un nom extraordinaire pour le faire valoir. ALPHALTE. P^oyc7^^ Asphalta. C'eft ainfi qu'il faut / dire. ALPHANET. f. m. Oifeau de proie qui s'apprivoife ^ ALP qui vole la perdrix & le lièvre. Tunetanus acàpltcr. Les Grecs lui onr donné ce nom de la première lettre de leur alphabet; mais en France on l'appelle Tunif- Jien j parce qu'il vient de Tunis, en Barbarie , où il ell: fort eilimé. ALPHANO. 'V^illage d'Alentéjo , en Portugal, Alpha- num. Il eft entre Lisbonne & Elvas. On croit que c'eft l'ancienne Fraxinum de la Lulitanie. ALPHARD. f. m. Etoile de la première grandeur , qui s'appelle autrement Cœur de l'hydre. Hyngin l'appelle Alpkard y ôc dit qu'elle n'clt que de la deu.xièmc gran- deur, f^oye^ Coeur de l'Hydre. ALPHiiE. 1. m. Alpheus. Fleuve du Pcloponèfe , au- jourd'hui Orfea. Les Italiens le nomment Carbon. Il arroic l'Arcadie &c l'Achaie , & fe décharge dans la mer Ionienne au delFous de Pife. Les Poètes ont teint <\i\' Alphe'e } conlervant la pallîon qu'il avoit eue pour Aréthnfe, qui fut changée en une fontaine qui cfl en Sicile 5 & porte fon nom , pallelous les flots de la mer fans s'y mêler, & vient joindre fes eaux avec celles de cette fùntaine. Pomponius Mêla Se Fline dilent qu'on retrouve dans la ftntaine d'AréthuIe ce que l'on jette dans le fleuve Alphee. Cette opinion a donné lieu à la fable. ALPHEN , ou ALPEN. Ville ôc citadelle d'Allemagne, que quelques-uns croient être les Cafira Ulpia des An- ciens, que d'autres placent à Clèves. Alphenum^ Al- penum. Elle eft dans le diocèfe de Cologne , près du Rhin,& du duché de Clèves , entre ilhimberk & Santen. Alphen , eft aullî un village de Hollande , que l'on prend pour les alb'ma ou Alhïniana cafira des Anciens. Al- phenitm. Il eft fur le Rhin , entre Leyde & Woerdc. ALPHÉSîBÉE. f. f. Fille de Phlégée , ayant époufé Alc- méon , en reçut pour prclent de noces le fameux col- lier d'Eriphile •■, mais ayant été répudiée , peu de temps après, elle engagea fes frères à venger l'afcont qu'elle recevoir , & fit afiaflîncr fon mari. ALPHÉTA. Terme d'Aftronomie. C'eft une étoile fixe de la leconde grandeur , autrement appelée Lucida Cci/'o/z<«_,luifintede la Couronne. Elle eft dans la Cou- ronne feprentrionale. Sa longitude eft 2 1 7°, 3 8' , fa la- titude 44", '2 3'; ion afcenlion droite 250°, 12'. fCT ALPHIONIA,ou ALPHIUSA. Surnom de Diane, qui lui venoit d'un bois qui lui avoit été conlacré dans le Péloponèfe, à l'embouchure de l'Alphéc. Au lieu de l'un ou l'autre de ces deux mots qu'on trouve dans Strabon, GyraldusSyntag. Deor. aime mieux lire Alphia. fer ALPHITA. Préparation alimentaire , faite de la farine de quelque grain que ce loit , pelé & grillé. ALPHITÉDON. f. LSonknienànfracî'ure. C'eft une cf- pèce de fradture dans laquelle l'os eft écrafé en petites pièces. Ce mot ell grec , «AçiliK^'v, y^z/v^;^ inftar , en manière de farine: de a.KH)t%i , farine. ALPHITOMANCE , ou ALPHITOMANTIE. f. f. C'eft la même chofe qiïAleu romance. Voyez ce mot. Alphitomantie vient A'S.xd/Ati ,farine j & ^«vlua, divi- nation. ALPHONSE. Foyei ALFONSE. ALPHONSIN. f. m. Inftrument de Chirurgie. C'eft une eîpècc de tire-balle, ainfi appelé du nom de Ln in- venteur Alphonle Février, Médecin de Naples. P'oye^ TiRE-BALLE. ALPHONSINE. adj. f. Tables .^//'/^o/z/?«^j. Terme en ulage parmi les Aftionomes. TahuU Alphonfina. Ce font des tables alFronomiques de Ptolomée , corrigées par ordre & par les foins d'Alphonfe X, Roi de Caf- rille, auxquelles ce Prince mit lui même une Préface de fa façon, & publiées louslon nom. Ce Monarque avoit pour cet effet afiemblé à grands frais plufieurs habiles Mathématiciens-Aftronomes. C'eft pour ces raifons qu'on les appelle Tables Alphonflnes. On écrit auftî Alfonjines , comme on écrit Alphonfe & Al- fonfe. Les Tables Alfonjines excèdent d'une heure leize minutes le temps de l'obfervation de l'éclipfe de lune, faite à Rabilonc l'année 566 , de Nabonallar le 27*dumois-Thot, 21 Décembre de l'année Julienne 333 avant l'époque de JÉsusChrist. Acad. des Se. 1705. Mém. p. 23 , 24. Foyei Alfonsine; ALPHOS. {. m. En latin Vïtiligo. Nom qu'on a donné à une maladie cutanée qu'on diftingue en trois ef- pèces , l'alphos proprement dit , le mêlas & la leucé. Ualphos conlifte en taches quelquefois fort larges , quelquefois dillinguées év-parlemées comme par gout- tes, de couleur rouftatre. Il n'occupe que la fuperfi- cie de la peau. Le mêlas eft noirâtre , de couleur de terre d'ombre. Il eft auflî luperficiel. La leucé eft à- peu-près Icmblableà h?//7Aoj;mais elle eft plus blan- châtre & plus profonde. Ces mots lont grecs : à\;s-bos , la Meule & le Brabant. Il contient la ville d'Heulden , celle de AX'^orckum , & I? village à' Aiténa ^ d'où il tire Ion nom. ALTENA>X^. Bourg de labalfe Saxe , en Allemagne, y^/- tenavLum. Il eft dans le Grubenhague, fur rOcker,au midi de Gollar. ALTEN-HOHÊNAW. Bourg du Duché de Bavière, en Allemagne. T'^etus Hahenavia. Il eft fur la rivière d'Inn, au-dclUis de Walferbourg, au couchant du lac Chiem- lee. On prend Aken-hohenaw , ou Œting , pour l'an- cien (Enlponsj nom que l'on donne aulfi aujourd'hui en latin a Infpruck. ALTENOIS , OISE. f. m. & f. Qui eft d'Alténa. Alce- ncnfis. Déjà l'induftrie des y^/rtf/2û/\f encouragée par les fages vires du Roi, commençoit à mettre leur ville au nombre des villes commerçantes &' riches. Volt. Une foible porte de bois, & un folié déjà comblé, étoient le-> (eules difenles des Alténols. Id. ALTERABLE, adj. Qui peut être altéré, qui eft fujet à l'altération , & au changement. Mutabilis. Les métaux ne font pas tous également altérables. ALTÉRANT , ANTE. adj. verb. Qui le dit de tout ce qui peut caufer la foif. Quodfit'un indue it , incend'it. Il n'y a rien de plus altérant que ces fortes de ragoûts. C'eft aullî un terme de Médecine. Rarement voyons- nous tcuilîr en France toutes ces prépaiations chimi- ques de remèdes altérans tant vantés dans les livres des Médecins Hollandois & Allemands. Burlet, Ac. des Sciences. 1700. Mém. p. 1 jp. On dit aulîîlubftantivement, un altérant. L'eau de chaux , pour produire de bons effets dans ces maladies , ( obft.uctions , tumeurs internes ) veut être continuée longtemps , comme tous les autres altérans. Id. p. i j i . Les altérans font des médicamcns qui changent & ré- tabliireiît les folides & les liquides du corps humain dans leur état naturel, lans aucune évacuation lenlible. Ce mot vient du latin altcrare , changer, rendre tout autre. Col. de Villars. ALTÉR ATIF , IVE. adj. Terme de Chimie. Qui altère , qui apporte quelque changement aux choies. Vïni ha- bens ïmmutandï. Remèdes altératifs. ALTÉP ATIF. f. m. Remède altératif. L'eau de chaux eft un des meilleurs altératifs qu'il y ait dans la nature. Burlet. Acad. d. S. 1700. Mcm.p. /ir^.Ondicaulîi, altérant. ALTÉR ATION. f. f. ft? Changement accidentel & par- tial d'un corps , qui ne va pas jufqu'a lui faire prendre une nouvelle dénom nationjaccuiluioncu la perte de certaines qualités qui ne font pas eirentielles à la nature Tome I. ALT 2J7 d'un corps. C'cft en cela que l'altération eft diftinguce de la gcneration & de la couw^ùon. Alteratio j, immu- tatio. Selon les Philolophes modernes , il n'y a point ^altération fans mouvement local. Il y a de \ altéra- tion dans un corps, Icrlqu'il arrive quelque dérange- ment, ou quelque changement notable dans la hgure des parties lenlibles, ou ir;lenlibles , dont il eft ccra- polé. RoH. L'altération peut être cenfée un mouve- ment , aulFi-bien qu'un changement. Bern. tfT Altération , en Médecine , le prend pour le chan- gement d'une choie de bien en mal. Les excès caufenc de \ altération dans la lanré. Dans l'ufage ordinaire il fe prend dans le même fens. On le dit tigurément dans le mâne fens. Caufer de ï altération dans l'amitié, du refroidiffement. Caufer de Y altération dans les cfprits, y exciter la colère, l'in- dignation, la haine, 6"«:. Il parut une grande altération lur Ion vifage-, pour dire, émotion. Altération, fignifie aullî , corruption, changement. CorruptiOj déprava tio. Cette faulfe interprétation eft caulée per l'altération du texte. Altération, en parlant des monnoies, fignifie, la fal- iificationdes monnoies par l'excès de l'alhage. |î3°C'eft aullî la diminution d'une pièce en la rognant, en la li- mant, regtavant dans la tranche , ou en emportant quel- que partie de la luperficie avec des cauftiques. L'alté- ration des monnoies eft un crime capital. (fT En Jardinage on entend par altération ^ ime efpèce de cellation de fève dans un végétal. Altération, lignihe aullî, la loif caufée parla féche- relfe du golîcr , & de la bouche , faute de faUve pour l'humeCcer. Sitis. La fièvre caule une grande altération. Quand on a marché , quand on s'eft échaufté, on fcnc de l'altération. Ces mots viennent du latin alterare , Changer. ALTERCAT, ou ALTERCAS. f. m. ou ALTERCA- TION, f. f. Débat , conteftation entre deux ou plu- fieurs perfonnes. Altercatio. Ils n'ont pas de querelle formée ; mais il y a toujours quelque petite alterca- tion entre eux. Altercat tVis'ïcwk:, altercation eft un peu plus ufité, mais paroit être du ftyle du Palais. Du Cange dit que ce mot vient A'altercari , qui fignifioit fimplement s'entretenir enfcmble^ Se altercatio j dia~ logue. ALTERDOCHAON. Bourg de l'Alentéjo, province de Portugal. Altéra Cahonis. Il eft lur la rivière d'Avis, à l'occident de Portalègre. Quelques Géographes croient que c'eft l'ancienne Abelterim , Abelteri ^ Abel- terio j Abelitrio d'Antonin , que d'autres placent au village d'.Erra. (XF ALTÉRER, v. a. Terme de Phyfique. Caufer dans ur corps un mouvement accidentel & partial qui ne va pas jufqu'à le rendre méconnoiilable. Alterare j Mu- tare. Altérer les qualités des choies. Le feu altère toutes chofes. Le foleil altère les couleurs. Un accident altère fouvent l'organe de la vue. fiCF Altérer, dans l'ufige ordinaire, fignifie fimple- ment changer l'état d'une choie de bien en mal. p^i- tiare ^ Depravare. C'eft ainfi que l'on dit , que la fièvre altère le fang , les humeurs. Les exercices trop violens altèrent la fanté. L'ulage trop fréquent de cer- tains remèdes altère le tempérament. |CF On le dit de même dans un lens figuré. Altérer l'a- mitié , c'eft caufer du refroidiftement dans l'amitié. Vo\er Refroidis-sement. Altérer le lens des écri- tures , c'eft les prendre dans un fens différent de celui qui eft reçu pour le véritable. Senfum pervertere , in alienum fenfum detorquere. Les hérétiques ont altéré & falfifié plufieurs endroits de l'Écriture, pour léduirc les peuples. Port. R. Altérer un diicours , c'eft le rapporter autrement qu'il n'a été prononcé. Altérer la vérité. La flatterie ne peut point anéantir la vérité qu'elle altère ou qu'elle fupprime. C'eft la déguifer , l'affoiblir. f3° On dit aullî figurément Altérer les elprits , exciter de l'émotion dans les efprits. Animas commovere. Emotion qui paroît fur le vifage. Quel fujet inconnu yous trouble & vous altère? Bon. 2î8 ALT TIltÉrer. , /ignifie auiîî, caiifer de la foif en deflechant les humeurs qui fourniilent la falive. Sitim accendere, gionere _, efficere. La chafle altère les chiens & les ve- neurs. Ces mets trop falés m'ont bien altéré. Les mé- -decines altèrent beaucoup. On dit aullî , Altérer les monnoies; pour dire, les falfifier par un faux alliage. 1)3° Altérer, eft aullî réciproque, & s'applique à toutes les chofcs phyiiqucs ou morales dans lefquelles il le fait quelque changement de bien en mal. Corrumpi , depravari , vitiari. Ce vin commence à s'altérer. Les Lonnes coutumes s'altèrent avec le temps. Acad. Fr. Fbj-eij Altération. lALTÉREjEE, part. lia toutes les fignifïcations de fon verbe , en latin comme en hançois. On le dit fur-tout au figuré : Un grand Prince efl: toujours tz/reVe de gloire. Cnpidus gloriif. Les Tyrans étoient altérés du iang des Martyrs ; c'eft-à-dire , ai- moient à répandre le Iang. Sitiens fanguinis. On dit d'un homme âpre au gain , que c'eft un altéré ; ik alors il eft: pris îubftantivement. Exprellîon populaire. ^CF En termes de jardinage , une terre eft altérée, c^a:inà elle eft fort (éche. Un arbre eft altéré quand fes feuilles fe fanent. ALTEIiES, f. f. plur. Inquiétudes d'efprit , paflîonsvéhé- mentes. Sollicitudo , anxietas , vehemens anïmi com- motio iperturbatio. L'approche de l'ennemi a mis tout le royaume en de grandes altères. Ce mot a vieilli , •& n'cft plus en ulagc. Il a lignifié auflî autrefois En- thoufialme , fureur prophétique. Ce mot vient par corruption , à' artères 3 parce que la grande émotion caule un violent battement des artères. ;fCr ALTERNATIF , IVE. adj. qui fouftle ou qui agit tour-à-tour , l'un après l'autre. Alternas j Alternans. Ce mot , dans la propre lignification , s'applique à deux choies qui agilTent continuellement l'une après l'autre. C'eft ainli qu'on dit que le mouvement de di- latation & de contradtion du cœur lont des niouve- mens alternatifs. Voyez Diastole & Systole. fCFCe mot le dit aulîi des offices qui font exercés par deux titulaires qui entrent en exercice 1 un après l'au- tre. Il y a plufieurs offices alternatifs & plufieurs char- ges alternatives. ^fT On dit de même de deux Officiers généraux qui commandent chacun leur jour , qu'ils ont un com- mandement alternatif. ' ffS" En Logique, on appelle Propofition alternative celle qui contient deux parties oppofées , dont il faut nécef- fairement en admettre une. Il faut payer ou déguer- pir. Il faut le loumettre au joug du Seigneur ou au joug du monde. Il eft impolîible de fervir en même temps deux maîtres -, il faut opter. ■|Cr ALTERNATION. vieux f. f. Adtion de faire quel- que chofe tour-à-tour. Alternatio. Ch. eft. Diét. ^CF On dit aullî Alternation , pour exprimer le change- ment d'ordre qu'on peut donner à plufieurs chofes, en les plaçant fuccellivement les unes auprès des au- tres , ou les unes après les autres. Ainfi trois lettres peuvent fubir une alternation de fix façons différentes. ffT ALTERNATIVE, f. f. C'eft le féminin de ladjcdiif Alternatif ^ns fubftantivement. Option entre deux cho- fes, entre deux propolîtions. Alterutrum. Prendre l': alors la femme de ces mcmes côtés eft appelée bafe alterne. Harr. |C? Rai- fon alterne. Dans une propofition l'antécédent d une raifon étant à fon conléquent , comme l'antécédent d'une autre eft à fon conféquent , il y aura encore proportion , en difant que l'antécédent eft a l'antécé- dent , comme le conféquent eft au conféquent. Ainfi (\ h: c::c: a yCn alternant, c'eft- à-dire , en comparant l'antécédent à l'antécédent , & le conféquent au con- féquent, on aura b: c:: d: a. ALTERNÉ, ÉE. adj. En termes deBlafon,fe dit delà fîtuation des quartiers ou des fiy,ures , qui le répon- dent en alternative, comme dans l'écartelé, le premier & quatrième quartier font alternés, & ils font d'or- dinaire de même nature , & pareillement le fécond & le troifième. On dit de même du Lofangé , fufelé tk. échiqueté , de points équipoUés , &c. ^3" ALTERNER. V. n. Faire quelque chofe tour-à-tour. Altsrnare. Ch. eft. Dicl:. Il fe dit en parlant des Offi- ciers , des Magiftrats qui exercent un oflice , une charge tour-à-tour , alternativement. ifTW fîgnifie auflî avoir la préféance alternativement dan» les diètes de l'Empire. Les Evêques de Wiitzbouigôc de Vorms alternent. Introd. à l'hift. de Puffend. ALTESSE, f. f. Titre d'honneur qu'on donne àdifïerens Princes, en parlant ou en écrivant. Celjitudo. Cen'eft qu'un peu avant l'année 1630 jque les petits Princes d'Italie ont été traités à'AlteJfe. En ce temps-là il n'y avoit que le Duc d'Orléans à qui l'on donnoit ce titre. Enfuite ( 1 65 1 ) il fe fit donner celui A'Alteffe Royale^ pour fe diftinguer des autres Princes. Le Prince de Condé arbora ï'Altefjé Séréniffime ^ lailfant X Altejfe fimple aux Princes naturalifés. Ménage. Ce fut par l'ordre du Cardinal de Richelieu , que rAmbafîadeur Charnaffe traita Frédéric - Henri , Prince d'Orange, à' Altejfe 3 en 1 63 7 , au heu du titre ^X' Excellence qu'on lui donnoit,LeDucdeSavoie,àcaufede fes prétentions fur le royaume de Chypre , prend aulfi le titre A'Al- teffe Royale. Les Eleâreurs prennent celui ^'Altejfe Electorale. Balzac appeloit Jof eph Scaliger , fon Al~ teffe de Vérone , en le raillant fur fa prétention de Principauté. Avant Charles-Quint, &même quelque temps après on ne donnoit que le titre éiAltcffe au Roi d'Efpagne. Vicq. A l'égard du Grand Seigneur, ou le Turc , on l'appelle Sa Hauteffe. Les Ducs de Sa- voie n'ont pris le titre d'Alteff'e Royale j que pour fe mettre au-deflus des Ducs de Florence , qui s'étoienc fait appeler Grands-Ducs. Mais depuis le Grand-Duc a pris aulfi la qualité à'AltefJc Royale , afin de s'éga- ler au Duc de Savoie. Altesse, f. f. terme de Flcurifte. Œillet d'un violet brun , fur un blanc, qui paioit d'abord carné , mais qui dans la fuite devient un blanc de lait. Sa plante eft déhcate , & Ion vert pale. Il vient large, 6: porte de gros panaches fort détachés. Il a été élevé à Com- piegne. ALTH. Foyei ALUTA. ALT ALTH-'EA, r. f. Plante qu'on appelle autrement Gui- mauve. Âlthca. Voyez Guimauve. ALTHAY. Voyei Altay. ALTHEBÉGIUM. f. m. Nom arabe qu'Aviccne donne à uneccitainc rumeur icmblable à celles qui lurvien- nent dans la cachexie, &: qui proviennent de l'état mor- bifîque du foie ,& de lamauvaifedifpofition du corps. Ces tumeurs rclfemblent encore à celles qui paroilfcnt lur les yeux & le vilage des perfonnes qui ont trop dormi. La tympaiiitc eft une maladie de même elpcce. DicT. DE James. ALTHÉE. f. f. Fille d'Agénor, de la race deDeucalion, époula (Enéc , R.oi des Etoliens , &i fut mcre de Mé- léagre. ALTIER , ÈRE. adj. Prononcez 1er. Qui marque de la fierté , qui commande avec hauteur. Supcrbus yfcrox , arrogans. Cet homme a la mine altiere , l'elprit ul- tier. Ne peut-on fléchir cette humeur ahïere & hau- taine? Son ame alclerc Se fuperbe eut beaucoup de peine à le foumettre. Lucile le premier Vengea l'humble vertu de la richeffe altiere. Boil. La colère ejl fuperbe ^ & veut des mots altiers. Id. Ce mot vient du latin altus. ALTLMiiTRlE. 1. f. C'eft la première partie de la Géo- métrie pratique, qui enleigne à mefurcr des hauteurs, foit accellibles , loit inacceilibles , comme une mon- tagne , ou une tour , Altimetria. Ce mot eft tiré A' al- tus , haut j profondj &de fiirfîa , metiorj en tmncois , je mefure. ALTIN. f. m. Monnoie de compte de Mofcovie. Il vaut trois copecs , à quinze deniers de France le copcc. f^oye^ Rouble. Altin. Royaume de la grande Tartaiie. Altinum regnum j ou Ahinïacum. Il eft entre les fources de l'Cm & de rirtia, & s'étend depuis le 102^ degré de longitude , jufqu'au io7^,&; depuis le j6^ de latitude, jufqu'au <5o^. La ville èi Altin qui lui donne Ion nom, Altinum ■, en eft la capitale. Le lac à' Altin j autrefois le lac de Kitay , oudeCa- rentia. Altinus , ou Kitaius , ou Carentiacus lacus , eft dans le Royaume A' Altin. La rivière de Kitta s'y décharge du côté du midi , & l'Obi du côté du nord. ALTINCAR. f. m. Elpèce de (el dont on fe fert pour purifier & léparer les métaux de leur mine. ALTINO,ou ALT1NO DESTRUTTO. Ville détruite par Attila, &: dont il ne refte plus qu'une tour & des raafuLes. Altinum. Elle eft dans la Marche Trévilane , province de l'Etat de Venile, (ur la rivière de Picva- lella, au-delfous de Trévigny. |Cr ALTKIRCH. B^urg ou petite ville de l'Allemagne Francoile, dans le Sundyaw. C'eft le lieu où réfidc rofticial de 1 Evéque de B.ile peur la partie de ce dio- cèle qui eft lous lobeilfance du R.oi de France. C'eft auiîî le chet-licu d'un Bailliage. ALTiVIUL. f, m. Rivière d'Allemagne. Allemaunus ,Al- monus. Elle a fa fource en Franconie , arrofe Fa- penheim & Aichftet, traverfe un bout de la Bavière , & fe jette dans le Danube , au bourg de Kilheim , au- deflous d'Ingolftad. ALTOBOSCO , qui fignifie , Bois haut. Altobofcum. Bcurgde laNatolie ,en Afie, entreEphète & Smyrne. Quelques Auteurs le prennent pour l'ancienne Colo- phon. Le lac à'Altohofco eft un lac voilui de la ville dont on vient de parler. Il eft près de l'embouchure du ChiaiSjdans l'Arcliipcl. C'eft l'ancienne Solenufïa pa- lus. ALTOFFEN. Village de la balfe Fîongrie , fitué au-def- fus de Bude,fur le Danube. Buda vêtus, Sicamhria. C'étoit autrefois une ville bâtie par les !^icambres,quc l'Empereur Valentinien y avoit placés , Se détruite en- fuite par Attila. ALTOM. f. m. On appelle ainfi dans plufieurs états du Grand-Seigneur, particulièrement en Hongrie, ce que les Européens appellent communément un Séquin. On Tome L ALV 25'9 ne donne cependant guère ce nom aux féquins frap- pés au coin du Monarque Turc. ALTOMOiNTE. C'eft-à-due,Zc7/i^we montagne. Bourg du royaume de Naples. Alto montium , Balbia ^ ou Babià. Il eft fur une colline au pied de l'Apennin , près de la rivière de Grondo, dans la Calabre intérieure, au nord de la ville de Saint-Marc, Akomonte fournit de la manne & du criftal. ALTORF, ou ALDORF. Petite ville de Franconie , en Allemagne. Altorfia. Elle eft dans le territoire de Nu- remberg, auquel elle appartient. L'Uni verfité à'Altorf fut fondée le 29 Juin 1/79. Altorf , ou Aldorf , eft encore un gros bourg de SuilFe , près du lac de Lucerne, dans le canton d'Uri dont il eft le lieu principal. ALTRESSI. Vieux mot, qui vcm Aine, De même que, Aujfl. BOREL. ALTKINGF4AN. Bourg ou petite ville d'Angleterre. Al- tinganum. Il clf dans le comté de Chefter , aux con- fins de celui de Lancaftre , fur la rivière de Ringay. ALTRIP. Village d'Allemagne , autrefois confiderable. Altaripa. Il eft dans le diocèfe de Spire, fur le RKin , un peu au dellus 4e Manhemi. ALTS AX,cu iu-nplementSAX. Ville de Suille. Altfaxium. Elle eft dans le Rhinthal, à quelques lieues d'AppenzeL ALTSOL. Ville du comté de Biftricz, dans la haute Hon- grie. Altifolium. Elle eft fur leGran,à quelques lieues de Ncwi^l, ou Biftricz. \CT ALTSTETTEN. Pente ville de SmlFe, dans le haut Rhinthal, chef-lieu d'une des cinq communautés de cctre vallée. ALTZEY, ou ALTZEIM, Ville ancienne du Palatinat du Rhin, en Allemagne, Alt^eia. Elle eft au nord de Mayence, Il y a encore Alt^eim au Rhin j c'eft-à-dire , Alt- :5;e^ ce mot. Il y a auffi des Alumières dans les provinces d'Yotck & de Lancaftre , en An- gleterre, & en Suède. Les Alumières de Civita-'Vec- chia font celles qui fournirent le meilleur alun. ALUMINEUX, EUSE. adj. Qui eft de nature d'alun,qui tient de l'alun. Alumincfus y Aluminatus. Des terres alumineufes , des eaux alumineufes. ALUN. 1. m. Alumen. Sel minéral d'an goût acide , & qui laille dans la bouche une douceur accompagnée d'une âpreté ou aftriélion conildérable. f.Q" Comme cette pierre eft pleine de bitume & de foufre , elle s'en- flamme ailément. EUe eft mêlée avec une bafe argil- leufe , qui forme des prifmes triangulaires. L'alun le durcit à la chaleur, & le dilfout auïroid & dans l'eau. On peut établir , avec les anciens Naturaliftes, deux fortes èlalun : l'un naturel , & l'autre artificiel. Le na- turel fe trouve furtout au fond & aux environs des inines d'argent. Ce font des efpèces de plâtras blancs , légers & poreux , chargés de filamens argentés & 1 erres. On le fervoit autrefois de cet alun en Italie , fous le nom à' alun de plume, Alum^en plumaceum & fcijjllc. Diofcoiide nous en a laiffé une bonne defcription. Cet alun vient de la Laponie & de l'île de Malte. On le nomme quelquefois Trichites , parce qu'il forme une cfpèce de chevelure foutenue d'une terre brune. Il en vient encore d'Egvpte & des îles de Sardaigne. Celui qu'on appelle y? {//F/fj parce qu'il eft facile à divifer, eft de couleur blanche, & vient de l'île de Milo dans l'Archipel. Touinefort , dans fon voyage du levant , parle des cavernes d'où on le tire. L'artificiel fe pré- pare de plufieurs manières , fuivant les matières dont on eft obligé de fe lervir. En Itahe , près de Civita- Vecchia , en un lieu nommé la Toffa , on tire d'une montagne des pierres dures, lefquelles étant callées , calcinées, & expcf ces cnfuite à l'humidité de l'air, fe réduifent en une chaux ou terre qu'on fait lelliver comme les vieux plâtras dont on veut extraire le fal- pètrc. Le refte de la manipulation eft femblable à cclje léz ALU du falpètie ; & la manière dont on l'employoit du temps de Matchiole, s'obferve encoïc aujouLd'hui. Cet alun fe nomme alun de Rome , Alumen Roma- num. Alun de roche , Alumem rupeum j parce qu'on le tire de la pierre. Il eft de couleur de chair ou rou- geâtre , à cauie que 1 eau dans laquelle les tels étoient en dillolution , s'eft trouvée chargée d'une lie rouge ' qui venoit de la pierre calcinée, & qui s'eft unie aux lels dans leur criftalliiation. A la Solfarerra, prcsPouz- zol ,dans le royaume de Naples , onramalîe en été une fuie fine , qui ié forme l'ur la lurface de la terre au haut du Volcan. Cette fuie dilloute , évaporée tk crii- rallifée, donne un alun blanc & tranlparent. En An- gleterre, dans la province d'Yorck & de Lancaftre , on prépare l'alun avec une elpcce de pyrites de cou- leur d'ardoii'e ; on le fait calciner aulii-tôt qu'on l'a tiré de fa minière, enluite infufer & bouillir avec la lellîve des cendres des plantes marines. La matière étant repo(ée,ilfe précipite une lubftance laline, lur laquelle on verle une bonne quantité d'urine qui achevé la précipitation des matières teneufes , ôc lulrureules. La liqueur qui refte étant trantvafée & en repos , donne des criftaiix blancs & (alins , qu'on lave dans l'eau , & qu'on fait refondre pour les réduire engrolles malfes propres à remplir des tonneaux. Cet alun ie nomme alun de roche, alun de glace. Alumen com- mune , alumen glaciale j à cauf e que (es fragmens re(- femblent à des morceaux de criftal de roche, h' alun de Suède fe fait avec un minéral, qui contient beau- coup de foufre& de vitriol , qu'on ne peut emporter que par la calcination , ou par des diftillations. La ma- tière qui refte dans les vailfeaux de fer dont on s'eil fervi pour tirer tout le loutre de ce minéral , fe réduit, étant expofée à l'air pendant quelques années , en une cendre bleue , qu'on lellîve & qu'on fait criftalliler. Ce que les Anciens appeloient alun liquide , ne pa- roît qu'un alun rélous en liqueur: il y a des eaux mi- nérales qui tiennent de Y alun. Si on ajoute du cuivre ou du fer à l'alun^ on fera du vitriol. L'tz/a/z luccha- rin, oit ia.cchznn y A lumen /acckarinum^ eft une com- pofition d'alun , d'eau-rofe , & de blancs d'œufs. A l'égard des autres elpèces d'alun dont les Anciens ont parlé , on ne les connoît plus , & peut-être n'ont elles que des variétés peu conlidérables. On ne doit point mettre au nombre des fortes d'alun, ce qu'on nommé alun catin , alumen catinum. Voyez Soude-, ni l'alun fcaïole. f^oye^ Plâtre. Et l'on doit bien diftinguer Valun de plume d'avec l'amiante ou asbefte. P^oye^ Amiante. ^fT Tournetort dit que pour le diftinguer de l'amiante avec lequel on le confond fouvent^ il n'y a qu'à le mettre lur la langue pour lavoir s'il a le goût de l'a- lun : l'amiante au contraire eft infipide. Le mot alum vient du mot grec «a? , qui fignifieyè/; il peut aulîl venir de lumen -, à caule qu'il donne de l'éclat aux couleurs. On ne fauroit guère teindre ni en- luminer lans alun ; car c'elt le principal des lels miné- raux dont on le fert dans la teinture ; & c'eft comme un lien entre l'étofte & la couleur -, de même que les huiles gluantes & les eaux gommées font un lien à l'é- gard de la peinture Se de l'enluminure. L'alun difpofe les étoffes à recevoir la couleur , & à leur donner la vi- vacité, comme on voitàla cochenille & à la graine d'é- carlate , dans lefquelles on mêle aullî quelque acide & même de l'eau forte , pour donner de la vivacité à leur couleur rouge, & leur ôter le violet. L'alun fait les effets par la ftipticité , ou vertu aftringente qui lie la matière délicate des couleurs , & empêche qu'elles ne s'évaporent. L'alun empêche que le papier qui en eft trempé ne boive. Tout alun dillous dans l'eau qui vient à fe coaguler, prend la figure pyramidale, ou le tétraè- dre compolé de quatre triangles fort égaux. Les anciens Médecins & les plus modernes conviennent alfez fur la vertu & l'ulage de l'alun , tel qu'on vient de le décrire. Il eft aftringent , bon pour arrêter les hémor- ragies & les pertes ; l'alun calciné eft employé pour ronger les chairs baveufes des ulcères. Ramufio, dans fon Recueil de navigations & de voyages , fol. 2j 6. parle d'un alun appelé en Europe, ^/z^« d' Alexandrie ^ ALY !<. qui s'apporte de l'Ile d'Ormus , dans la mer Rouge. ALUNER. V. a. Terme relatif à l'opération du Teintu- rier. Faire tremper dans l'alun, ou dans un bain d'alun. Alumïni immerger e. Toutes les étoffes qu'on veut tein- dre en cramoili, doivent être fortement alunées. Aluner du papier pour 1 empêcher de boire. ALUNÉ , ÉE. part. ALUS. Lieu du pays des Madianites. Alus. Il étoit dans le défert. Le dixième campement des Ilraélites, après leur fortie d'Egypte , fut à Alus. ALUYNE. FoyeiA-Lvmi. ALY. îCT ALY. Petite ville de la Géorgie , fituée entre des mon,- tagnes, à neuf lieues de Gory. ALYNE. Lac d'Irlande. Alïneus lacus. Il eft dans le le Comté de Létrmi, en Connacie , au nord de la ville de Létrim. ALYPUM. f. m. La plante que nous connoilfons aujour- d'hui fous le nom d'Alypum , eft fort différente de celle que Diofcoride a décrite fous le même nom , com- me tous ceux qui ont écrit après lui en demeurent d'ac- cord. Jean Bauhin lui a cependant conlcrvé ce nom. Gafpard Bauliin , dans le Pinax , la nomme ThymeUa folus acutis capitula Juccifa j feu Alypum Monpellen- fium. Claufius la décrit fous le nom d'HypogloJfum Valentïnum , & IvL Tournefort la place dans la VI* Section de les Inftitutions , au genre de Glohularia j lous le nom de Glohularia frudcofa _, riiyrti folio tri- dendato : mais elle eft d'un caraéfère tout-à-fait diffé- rent de celui de ThymeUa & de Glohularia ,con\n\& on le pourra voir par la delcription luivaute. f^oye^ Globulaire. ■ L' Alypum eft un arbufte qui s'élève à la hauteur d'en- viron une coudée. Sa racine , qui eft revêtue d'une écorce noirâtre , eft longue d'environ quatre ou cinq pouces , & de près d'un pouce de diamètre à fon collet. Elle poulfe trois ou quatre greffes fibres. Ses branches qui font couvertes d'une petite pellicule d'un rouge brun, font déliées & calFantes. Ses feuilles qui font rangées fans ordre , tantôt par petits bouquets , tantôt Icules , ou accompagnées d'une autre petite dans leurs aillelles, font de différentes figures-, les unes rcffemblent allez aux feuilles de myrte ; les autres s'élargillent vers la fommité , & forment trois pointes en trident; les antres n'en forment qu'une feule ; les plus grandes ont environ un pouce de longueur , fur trois ou quatre pouces de largeur -, elles lont épailfes & d'un vert fort éclatant. Chaque branche ne foutient ordinairement qu'une Heur ; il s'y en trouve quelquefois deux, mais rarement. Ses fleurs lont d'un très-beau violet, & ont environ un pouce de diamètre. Elles font compolées de deux fleurons, du fond delquels s'élèvent quatre petites étainines blan- ches , chargées d'un petit fornmet noirâtre. Elles fe ter- minent en trois pointes , &: n'ont qu'environ trois lignes de long, fur une ligne de large. Chaque demi-fleuron porte lur un embryon , qui lorfque la Heur eft paffée , devient une femence garnie d'une cfpèce d'aigrette. Toute la fleur eft loutenue par im calice compofé de feuilles dilpolées en écailles, chacune delquelles n'a que deux ou trois lignes de long , lur une ligne de large. Cette plante purge violemment. Des Empyriques & des Charlatans l'emploient contre les maladies véné- riennes, &■ d'autres dans les purgations , à la place du féné ; mais il fetoit à louhaiter que leur avarice ne les exposât pas aux fâcheufes fuites que la violence de ce remède produit ordinairement , & que le nom de Fru- tex terrihilis leur devroit laire appréhender. Alypum, eft un nom grec compofé de 1'« privatif, & de AivVn , douleur ,zow'\\Ti{:[\ l'alvpum. ne cauloit point de douleur. Eft-ce par antiphraie qu'on lui a donné ce nom î ALYSSON. f. m. Nom que les anciens Botaniftesavoient donné indifféremment à plufieurs plames , qui font cependant chacune d'un genre particuUer. Les Moder- nes ont attaché ce mot à un feul genre de plantes , dont les fleurs font en croix, 8c dont le piftil devient ALZ an fruit arrondi , compofé de deux panneaux appli- qués parallèlement fur une cloifon mitoyenne qui di- vife ce Frait en deux loges remplies de iemences me- nues. TouRNEFORT. il y a plulieurs clpcces compri- fes Tous ce genre ; ce terme A'Ahffon n'cil: pas han- çoisi les Grecs l'avoient attribué a des plantes qu'ils croyoient bonnes contre les morfures des chiens en- ragés. L'alysson de Diofcorïdc j eft une efpcce d'un autre genre de plante, qu'on appelle hulbonjc. Lunaria. Sa racine eft dure , blanche , (""^"/•P'V"', t^u homme qui porte une verge, une baguette, ou comme nous dirions , un Huiflicr à verge. Dciorte que ^'Aly- tarque -, comme le témoigne encore l'Etymologiftc, z attirantes. Blandïrï _, adularï ^ affentari. Il n'y a que les enfms Lx\o\wè^\\.ommt.Amarandus,Ama- ranchus. S. Amarand, autrement appelé Amaranthe , eft célèbre parmi les Martyrs qui ont honoré l'Eglife des Gaules. Baill. AMARAInTE , ou Amaranthe. ( L'Académie écrit Amaranthe. ) 1. f. Amarantus , ou Amaramhus. Plante annuelle qu'on nomme autrement Pajfe -velours , oc Fleur d'amour, & que l'on cultive dans les jardins , à cauie des belles variétés de fes fleurs , qui iont tantôt couleur de feu, tantôt cramoifi, tantôt pourpre , tan- tôt jaune doré ou jaune pâle, &c quelquefois blanches ou argentées, difpotées en épi dans la plupart des el- pèces , dans d'autres en panicule ou crête de Coq. Chaque fleur eft compofée de pluheurs pétales difpo- lées en rond autour du piftil , qui devient une coque membraneufe , arondie , qui s'ouvre tranfverlalement en deux ^ & qui renferme quelques fcmenccs menues , arondies , tantôt blanches , tantôt carnées , & le plus fouvcnt noires; fes feuilles font oblongues, pointues, vertes , & quelquefois teintes d'un rouge brun. On nomme Amarante tricolor une efpèce qui eft remar- quable par des taches rouges , jaunes & vertes , qui font alfez également répandues (ur fes feuilles. Ses fleurs qui font verdàtres, naiflent par paquets dans les aillelles des feuilles. En latin, amarantus , qui vient du Grec à^ap«vT05 , qui eft compolé de 1'« privatif , & de ^«f»' m , qui fignifie flétrir. C'eft pourquoi Ménage & le P. Tachard ont raifon de dire qu'il faut écrire amarante Se ama- rantus fans h. Ce mot fignifie une fleur qui ne fe flé- trit point: en effet les épis de la plupatt de ces efpè- ces ne perdent pas en fe féchant toute la vivacité de leurs couleurs-, on diroit fouventque ce font des mor- ceaux de panne ou de velours; & c'eft aufli de-là que kur vient le nom de Pajfe-vehurs j qnc les Fleuriftes Tome I. 2^7 leur ont donné. L'Amarante & l'immortelle font deux: genres de plantes bien diftcrens ; & on ne doit point les confondre. On dit ['Amarante à crête de Coq. Amarante. Couleur d'Amarante , ou Amarante ■ car il eft aulîl adjeélifen ce fens. Un tafetas amarante , comme un tafetas cramoiii. On le dit des étoftes de couleur d'amarante. \J Amarante eil le fymbole de l'immortalité chez les Poètes. Ta louange dans mes vers 2>'Amaiante couronnée , N'aura Ja fin terminée Qu'en celle de l'Univers. Les Amarantes veulent être femées & élevées fur une couche modérément chaude , avec les cloches de verre , au commencement d'Avril. Quand elles au- ront deux pouces de haut, & quatre ou cinq feuilles, il faut leur donner de l'air , en élevant les cloches fur des fourchettes. Lorfque les nuits feront chaudes, on ôtera entièrement les cloches , & on les mettra le ma- tin fur les fourchettes. Tout cela fe fait durant un mois ou fix femaines. Quand les Amarantes font fortes , Se le temps doux , c'eft-à-dire, environ la fin de Mai, ou le commencement de Juin , on les tranfplante où l'on veut avec leur motte , en temps de pluie, s'il fe peut. C'efl ainfi qu'il faut les gouverner, quand on veut les avoir de bonne heure, c'eft-à-dire, au mois de Juillet. Si l'on ne veut les avoir qu'au mois d'Août, il faut les f cmcr en pleine terre bien amendée , & c mpuf ee d'un tiers de fable, mis dans des pots au commencement d-c Mai. Chom. Les Perfans z^^z]!iQ.nt\: Amarante yRoftan- ajru^ j la lumière des jardins , à caufe de fa couleur de pourpre. D'Herb. AMARANTE. Efpèce d'Ordre de Chevalerie inftitué eri Suède par la Reine Chriftine, en 1655 , après une fête quife fait touslesans en Suède, & quis'appeloitB^^/r- Jchaft ; c'eft-à-dire, divertiffement de l'Hôtellerie , & qui confifloit en repas , en bals , en mafcarades , & autres divertiffemens femblables, qui duroient depuis le foir jufqu'au matin. La Reine, qui trouva ce nom trop bas , le changea en celui de Fête des Dieux j parce que chacun rcpréfentoit quelque Divinité, félon que le fort en décidoit. La Reine prit le nom d'Ama- rante ; c'eft-à-dire , immortel :, Se fe mêla parmi la jeune noblefle, qui, habillée en Nymphes & enPaf'- teurs, fervoit les Dieux à table. A la fin de la fête, la Reine changea tout à coup d habit , & ordonna que celui qu'elle quirtoit , Se qui étoit tout couvert de diamans , fut mis en pièces & donné aux maf'qucs ; & en mémoire d'une fête fl galante, elle inftitua une ef- pèce de Chevalerie nommée en Suédois Gefclchafft. Tous ceux qui avoient été de cette fctc , y furent ad- mis; c'eft à-dire, feize Seigneurs & autant de Dames, fans compter la Reine. Elle leur donna pour marquç le Chifre d'Amarante , compofé d'un double A , l'un. droit & l'autre renverfé , & entrelacé 1 un dans 1 autre, «Se enfermé dans une couronne de laurier, avec ces mots Italiens, û'o/c(?/2c//j/7ze/7?orit7j qui flgni- nent , le fouvemr en eft agréable. Ashmcle Anglois , dans fon traité de l'Ordre de la jarretière , parle de celui de l'Amarante j mais peu exactement , & fe trompe dans l'époque de fon origine , qu'il place à l'an 164J, au lieu de 1653. F^oye^ Bernard Jultinia- ni , dans fon Hiftoire Itahenne des Ordres Militaires, Ch. Ss, ç. AMARANTE, f. m. Nom propre. Foye:^ Amarand. AMARANTE./, f Terme de Fleurifle." Tuhpe qui a un fond blanc, fur lequel s'étendent des panaches ama- rantes. On appelle auffi Amarante j la teinture qui imite la couleur de cette fleur. Amaranti color. Amarante, eft aulli un nom que les Poètes donnent à leurs maîtrefles dans les vers qu'ils leur adrefTent. AMARANTE, f m. Peuple ancien de la Colchide qui ' habitoit une montagne de même nom. Amaranti. Le Kfont Amarante. Mons Amaranti us. Amarante. Petite ville de Portugal. ^OTi7ra/2f/!z^j. Elle eft dans l'Entie Domo &i MJnho,près de la province z6i AM A . de Tra-los-Mcntes , fur le Lamégo , entre Braca & Lamégo. AMARANTINE. f. f. Terme de Flcurifte. Sorte d'ané- mone dont les grandes 1-euillcs lont d'un rouge bla- fard: c'eft encore, en rermcs de Flcurilte, une tulipe panachée de pourpre, fur du blanc, & la peluche d'une amarante brune , fur laquelle vient quelquefois une houppe ou Hoquet incarnadin. Morin. AMARiLLIS. f. f. Nom de femme. En termes de Fleu- rifte, c'eft une efpèce des œillets piquetés. L'Amaril- /ijj l'Agréable, la belle Amynte, & l'Etoile du jour , font quatre piquetés à peu près de même (orte, &ne différent que par leur couleur &leur feuillage j mais non pas en largeur, ni en grolleur. C'eft auiîi une Tu- lipe qui a trois couleurs, rofe sèche, pourpre foncé & blanc. AMARINER. v.a. Terme de Marine. Csft envoyer dans un navire pris, des ofHciers , des foldats & des ma- telots à la place de ceux qui y étoient , &c qu'on a faits prifonniers. J'eus une peine infinie à emarinercts deux vailfeaux. Du GuÉ Trouin. Le troifième fe rendit à la fin. Se nous les amarin âme s tous trois d'une fa- çon à le défendre, s'il en étoitbefoin. In. Je chargeai le Chevalier de Nelmond & mon frère, d'achever d'a- manner le vailfeau pris. Id. AMARITUME &c AMARITUDE. f. f. Ce mot n'eft plus d'ufige, il veut dire Amertume. Borel. AMARMOCHDI. Ville du Zenguebar , en Afrique. Amarmocheium. Elle cft dans le royaume de Mé- linde , à la fource de Quilimanco. AMARQUE. f. f Autrement , Bouée , ou balife. Mar- que , fignal , loit par un tonneau flottant , f cit par un mât élevé , pour avertir les vailfeaux qui font route , de s'éloigner pour ne pas échouer, & pour éviter les bancs , ou les rochers. Sïgnum. AMARRAGE, f. m. Terme de Marine. C'eft l'ancrage , ou le mouillage des vailleaux. La fcience d'un Pilote ert de bien faire fes amarrages. AncorA jaclus , ap- pulfus j c'eft-à-dire , d'ancrer en bon lieu. fCT C'eft aulll l'attache des agrès avec des cordages. Faire un amarrage , pour exprimer qu'on attache , ou qu'on arrête. quelque chofe. (^n appelle ligne û'ammarragc , une petite corde goudronnée. Toutes fortes de cor- dages font propres à cet ulage. Amarrage, fîgnifîe auftî l'endroit où deux groffcs cor- des, ou la même mife en double ,eft liée par unepc- petite. Nodus jf v'mculum. iÇT AMARF-lE.f". f. Terme de Marine. Cordage fervant à attacher un vaifleau , ou diverfes chofes dans le vail- fcau. Les amarres d'im vaillcau. Retenir le canon avec des amarres. Punis nautricus , rudcns. On lie un cable avec des amarres. On dit qu'un vaiftcau a toutes fes amarres dehors , pour dire, qu'il aniouillc toutes les ancres. §3" Amarre-de-eout. Cable ou grelin qui eft au-de- vant du vaifleau avec fon ancre. (J^ Amarre. Commandement à un matelot de ne plus tirer une manœuvre , mais de la tourner ou atta- cher à un endroit défigné. Amarre Jirihord , amarre has bord , pour commander de lier ou attacher une manœuvre à droite ou à gauche. AMARRER, v. a. Terme de Marine. C'eft lier ou atta- cher fortement avec une amarre, un cordage, foit un vaifleau , foitquelqu'une de fes parties, ou de les agrès. Budeme j fiuie nautïco lïgare navïm. Dans la pèche des perles , chaque plongeur perte un grand rets en forme de f ac , fufpendu à Ion cou par un long cordage ., dont l'extrémité eft amarrée fur le bord de la barque. V. Le C. Ce mot vient éîamarr mot bas breton, qui lignifie lien. I^Amarrer , a les mêmes lignifications fur les rivières , C'eft toujours attacher parle moyen d'un cable-, mais fermer c^ plus ufité. Lesvoituriers par eau entendent par amarrer } s'approcher de terre. AMARRE , EE. part. Ligatus. AMARRES, en Architeéf ure , font deux morceaux de bois qui ont imc ouverture dans le milieu, pour y faire palfer le bout d'un moulinet. Chclonla. On les appelle hoches o\\ boites ; & les Charpentiers de Vzïhjouières. A M A AMARUMAIA. Rivière de l'Amérique méridionale. Amarumaia. Elle a fa fource près de Cut'co , dans le Pérou; elle entre dans le pays des Amazones, & va fe joindre au fleuve de ce nom, un peu au-delfousdes Fîamagues ou Homagues. AMAS. f. m. Multitude de chofes, foit de même nature, foit d'mre nature différente , affemblées en un même heu. Acerv us , cumulus. Il faut faire un grand amas de matériaux avant que de commencer à bâtir. L'allu- vion le fait par un grand amas de gravier, de hmon , qui s'arrête en quelque lieu. Colluvics. L'amas de mauvaifes humeurs dans le corps cauf e les abf ces , les maladies. Colleclio. Que fert à un avare \amas de t;uit de richeftes qu'il faut qu'il quitte î La plus grande par- tie de la Philofophie humaine n'eft qu'un amas à'ohi- curités, d'incertitudes, ou même de faulletés. Nicol. La vie n'eft qu'un amas de craintes, de douleurs, de travaux, de foucis , de peines. M. Desh. Tout ce pompeux amas d'exprejfwns frivoles. Sont d'un dcclamateur amoureux de paroles. BoiL. Ce long amas d' ai eux (jue vous diffame'^ tous , Sont autant de témoins qui parlent contre vous. Id. Un long amas d'honneurs rendThefée excufable. Rac. Il fe dit aulfi des perfonnes. Colleclio. Ce Prince fait un grand amas de troupes, de foldats, pour faire la guerre. AMASEE. Ville du Pont. Amajia , en grec p^iJ.acUa.^ Elle étoit dans le nord du Pont, comme le témoigne Strabon dans le XIP livre de fa Géograpliie. Il eff d'au- tant plus croyable , qu'il étoit à^Amafée j comme le dit Etienne deByfance, &■ comme Strabon lui-même l'infmue à l'endroit que l'on vient de citer , en l'ap- pelant notre ville. Il dit quec'étoit une des meilleures villes du Pont & des plus peuplées. Gélafe deCyzique, dans fon Hiftoire du Concile de Nicée , Z. /j C. 1 0 , dit qu'elle fut minée par Licinius , comme toutes les autres villes du Pont. Ce fut dans cette perlécution que faint Balilcj Evcque A'Am.aféc , fouftrit le mar=- tyre. dans le Concile de Calcédoine , Acl. /.,Euf ébe , Evêque ^ Ame fée , dans la traducfion latine eft dit , Amafîs. civitatis Metropolitan^ ; mais dans le grec il y a feulement , f^ iJ.aai hls . AMASÉEN, ENNE. f m. cSrf.Quieftd'Amafée.^ma- feus , ûj um. Strabon le Géographe, Philofophe Stoï- cien , étcit Ame fe en. On dif oitaulîi , Amaféote , Am.a- feotis. l'oye^ Etienne de Bysance. AM ASEMENS. f m. pi. Terme de quelques Coutumes. Edifices j batimens, maifons. AMASEN. Ville de la Nigritie,en Afrique. Amafenum. Elle elf dansle défertj fur le lac de Botno , i! Mach. XII, 2s. AMATHUS , ou AMATHONTE. Amathus. Ville de Chypre, où Vénus étoit honorée. ^CFElley avoir un luperbe temple où l'on lacrihoit d'abord les étrangers Iur les autels. Cette cruauté irrita tellement la Déelfe, qu'elle changea tous les habitans en taureaux, afin qu'ils lervillcnt eux-mêmes de victimes dans fes lacti- fices. Elle ôta même toute pudeur à leurs femmes, pour les punir du mépris qu'elles avoient témoigné pour fes myftères , cnforte qu'elles fe proftituoient au premier venu. Quelques-uns croient que c'eft aujour- d'hui Limifio. AMATHYSTE. Foy^î Améthiste. AMATIQUE. Ville autrement nommée Saint Thomas de Cajlille. Am.atiqua j Fanum Sancli ThomA CaJIel- lani. Elle eft dans la province des Honduras , dans l'Amérique méridionale, à quelques heues de la mer du Nord. AMATIR. v. a. Terme d'Orfévrc. C'eft rendre mat, ôter le poli , lailfer l'or ou l'argent fans le polir, ou le bru- nir. Aurum impoli tum reddere. Amatir le dit propre- ment de l'or : à l'égard de l'argent , on dk plus foii- vent blanchir. ^AMATI,IE. part. AMATITUE. Rivière de la nouvelle Efpagnc, dans l'A- mérique leptentrionale. Arjatitucus. Elle arrofe la pro- vince de Soconulco, iSj le jette dans la mer du Sud, entre la rivière de Colalte , & celle de Quicatian. AM ATO , ou LAM ATO. Rivière de la Calabre ultérieure, au royaume de N.aples. Amatius , Lametus. Elle fore de l'Apennin , baigne la ville de Nicaftre , & le dé- charge dans le golfe de Sainte-Euphémie , un peu au midi du bourg de ce nom. AMATRE. 1. m. Nom d'homme qui s'cftfait par corrup- tion à^ Amator , latin. T^oyc-^ Amateur. Saint Ama- tre , connut par révélation que la fin étoit proche, «Si que Germain devoir lui luccéder. Fleury. AKIATRICE. Ville del'Abruzze ultérieure, au royaume de Naplcs. Amatricium , Amatrice , Amatric£. Elle eft à la lource du Tronto, peu éloignée d'Aquila. AMATZQUITL. f m. Plante dont la fubftance eft lé- gère comme celle du figuier. Ses feuilles reiremblent à celles du citronnier, mais elles lont velues & plus pointues. Son huit eft aulîi gros qu'une noix , divifé en graines blanches de la même figure que celles de la hgue. Cette plante croît dans les pays chauds , comme à Chietla. L'écorce de la racine en décoc- tion, eft extrêmement lalutaire dans les maladies fé- briles. AMAURI. f m. Nom d'homme. Amalaricus , Amal- ricus. Ce mot nous eft venu des Goths, qui difoient Amalaric , comme je l'ai dit ailleurs. Nous en avons fait Amalric : puis changeant al en au _, comme il arrive fouvcnt , nous avons dit Amauric, & enfin Amau- ri. Et en effet on dit Amalaric , ou Amauri^ Roi des Vihgoths au VI* fiècle. Amauric,o\x Amauri , eft donc en liançois la même choie qu Amalric en langage go- thique. Mont-fort \' Amauri. Un Profelfeur de l'Uni- verfiré de Paris , nommé Amauri , natif de Béne , au diocèfe de Chartres , après avoir enfcigné la logique 270 AMA Se les arts libéraux avec réputation , fe crut en état de palfer à la théologie. Il aimoit les opinions qui frap- pent pat leur llngularité & leur nouveauté. Il forma une lecte alFez rellemblante à celle des Albigeois. H ne fut pourtant attaqué juridiquement pendant la vie que {ur une propohtion , dans laquelle il enleignoit que tout Chrétien, pour être lauvé,doitfe croueaulli fermement membre de Jesus-Christ , qu'il cft obligé decroire que JÉsus-Cnais eft né&a opéré pourlui le myftère de la rédemption. Ce nouvel atticle de foi fouleva tous les doéleurs de Paris , contre la doétrine A'Amauri. Us le condamnèrent dans une airemblée (o- lennelle , tenue en 1104. La lentence en fut confirmée à Rome , & Amaurï <;n mourut de chagrin. On le trouva après fa mort coupable de bien d'autres er- reurs , que (es dilciples lemerent. Voyc-i; VHiftoire de rÈglifc G allie, L. XXIX. Voyez encore Ayme- RIC. AMAUROSE. f. f. Terme de Médecine. C'efl: une pri- vation entière de la vue, qui arrive lans qu'il y ait au- cun vice ienlible dans les yeux. Oculorum ohfcuruas. tlle eft caufée par l'obftruélion des nerfs optiques. Ce mot vient du grec a/*avpM fommet ou éminence en manière de (ourcil ; parce que la tête du levier eft taillée en rond comme un fourcil, pour s'adapter à la cavité de l'ailfelle. AMBIA-MONARDI. C'eft un bitume liquide , jaune , dont l'odeur approche de celle du Tacamahaca : il Tome I. A MB 275 coule dune fontaine fituée aux environs de la mer des Indes: U eftrefolutif , adoucilfant: il guérit les dartres. AMBIAM. Royaume d'Abiffinie, en Aini^UQ. Ambia- mum. Il ne le trouve point fur la carte d'Afrique de M. De Lille. D'autres le placent entre le Nil des An- ciens , & une rivière qui lortant du lac de Zaflan , va fe joindre au Nil , fous le troifième degré de latitude nord, & lui domient pour capitale une ville de même nom , qu'ils mettent fous le fécond degré 50 minutes de latitude leptentrionale. Le royaume &c la ville font imaginaires. AMBIANCATIVA. Royaume de l'Abiffinie. Ambian- cativa. On le place dans les cartes , entre le Nil des Anciens, le Niger, la Nubie , & le royaume de Dam- béa, ts: on lui donne une ville de même nom pour ca- pitale. Cela a de la peine à s'accorder avec nos cartes les plus récentes; & M. De Lille n'a point mis ce royau- me dans fa carte. Aulîî n'exifte-t-il pas. AMBIANOIS. Foyei Amienois. AMBIANT, ANTE. adj. Ambiens. Qui environne, qui entoure, qui enveloppe. Il n'y a guère que lesFhy- ficiens qui le fervent dt ce terme , mais il leur eft d'une grande utUitépour exphquer des choies qu'ils auroient peine à laire entendre clairement fans de longues pé- riphrales. On a cru long temps que les vapeurs qui s'é- lèvent dans l'air étant formées en petites bulles remplies d'un air plus lubtil, devenoient plus légères que l'air ambiant , ce cjui les failoit monter; mais on eft revenu de cette opinion. Dts Aguilieus. ifT On l'emploie aullî fubftantivement. Tout corps fait effort pour agir au dehors, & agiroit notablement, fi les efforts contraires des ambians ne l'en empcchoienr. Leibnitzs , Lettre à M. PelilFon, imprimée dans fon Traité delà Tolérance des Religions, p. ôj. AMBIBARE. f. m. & f. Ancien peuple des Gaules. Foye:^ Ambie. Ambibarus , a. Quelques-uns difent Ambibarius ; mais toutes les éditions anciennes que j'ai vues ont Ambibarus. AMBIDEXTRE, adj. de t. g. Qui fe fert également de fes deux mains , de la gauche aulli-bien que de la droite. Ambidexter. Sinijlrâ perinde utens acdextrâ. Hippo- crate en fes Aphoriimes , dit que cela n'arrive jamais aux femmes. C'eft une erreur. Du Cange dit qu'on a aullî ap- pelé ambidextre ^Aam un fens métaphorique , un Juge, un Expert, un Solhciteur, celui qui prend à droite & à gauche ; qui reçoit des préfcns de l'une & de l'autre des parties. Ce mot eft tiré du latin ambidexter, qui fignifie la même chofe. AMBIE. Bourg de Normandie. Ambia. On croit que ce nom vient des anciens Ambibariens, Ambibarii dans Célar, peuples qui habitoient dans ce qui fait aujour- d'hui le diocèle d'Avranches. C'eft le lentimcnt de Vigenère, qui met Ambie près du mont Saint Michel. Il eft entre Avranches & Coutanccs. Célar dans la guerre des Gaules, L. Fil y met Ambie , ou les Am- bibares, au nombre des Armoriques. AMBIERLE. Bourg du Forez, en Ytancc. Amberta. Il eft lur les confins du Bourbonnois , au nord-oueft de Roanne. Ç3" AMBIGU, UE. adj. Ambiguus. Ce mot, difent les VocabuhfteSjdéfigne au propre , cequi eftoblcur, équi- voque , douteux, qui peut avoir un double iens. Pour- quoi tous ces prétendus lynonymes 'i Le mot ambigu. s'applique proprement aux choies tellement fuicepti- blés de diverfcs interprétations, qu'il eft très-diflîcilc, quelquefois même impollîble de démêler au jufte la penfée précife de l'auteur, ou de celui qui parle. Foye-^ les autres mots & ambiguïté. Parler en termes ambi- gus. Les réponfes des Oracles des Anciens éioï^nt am- biguës. Le fens de ce palfage eft fort ambigu. Signes ambigus. Preuves ambiguës. Ambigu, f. m. eft une collation mêlée, & où l'on fer: la viande & le fruit enlemble ; en forte qu'on doute fi c'eft une fimple collation, ou un fouper. Cœna du- bia, Dubi& epuU. fCT On nous fervit un magnifique ambigu. ifT On le dit figurément d'un mélange de chofes oppo- fées. C'eft un ambigu de précieule & de coquette, que Mra 274 A MB icLir perfonne. Moi. Cette femme eft un ambigu de prude & de coquette. Ambigu. Terme de jeu. C'eft le nom d'un jeu de cartes qui le joue avec le jeu entier, dont on a ôté toutes les figures. On le joue depuis deux joueurs julqu'à (îx ; mais il eftplus agréable & plus récréatif à cinq ou lix qu'à deux. On le nomme Y ambigu j parce qu'il efl; compote de pluficurs autres jeux. AMBIGUÏTE, f. f. Oblcurité de paroles, qiii frit qu'on a de la peine à démêler au juite la penfée de quel- qu'un. Ambiguitas. Il faut que les termes des loix & des édits ibient clairs , & ians ambiguïté. Un cœur droit & iincère s'explique tans détour, & Ians ambi- guïté. S. EvR. ^3" Ambiguïté. Équivoque, double fens, dans une fi- gnification lynonyme. L'Ambiguité yd'izM. l'Abbe Gi- rard, a un fcns général, fufceptible de diverfes inter- prétations i ce qui fait qu'on a de la peine à démêler la penfée précife de l'Auteur, & qu'il cft même quel- quefois impolfible de la démêler au jufte. Le double fens a deux fignifications naturelles & convenables , par l'une defquelles il fe préfente littéralement pour être compris de tout le monde, & par l'autre il fait une fine allufion, pour n'être entendu que de certaines per- fonnes. L'Equivoque à deux fens , f un naturel qui pa- roît être celui qu'on veut faire entendre Se qui eft ef- fedivcment entendu de ceux qui écoutent \ l'au- tre détourné, qui n'eft entendu que de la perfonne qui parle , & qu'on ne foupçonne pas même pouvoir être celui qu'elle veut faire entendre. |Cr Ces trois façons de parler, (ont dans l'occafion des fubterfuges, pour cacher fa véritable penfée. Mais on fe feit de l'équivoque pour tromper; de l'ambiguïté :, pour ne pas trop inftruire; & du double fens ^ pour inftruire avec précaution. Vambiguité eft peut-être plus fcuvent l'eifet d'une confufion d'idées , que d'un dellein prémédité de ne point éclairer ceux qui écou- tent. On ne doit en faire ufage que dans les occafions où il eft dangéïeux de trop inftruire. AMBIGUMENT. adv. D'une riianière ambiguë. Am- biguë. Ce criminel répond toujours ambigument. Un habile négociateur lait parler ambigument , Se d'une manière enveloppée, pour faire valoir, ou pour di- minuer dans la fuite la force des mots, félon fes inté- rêts. La Bru y. Ces mots viennent d'ambo^ deux, & ago , je poulie. Et l'on appelle ambigu Se ambiguïté, ce qui tient l'cfprit en lulpens, qui le divileçà ;cès à nous agrandir. Ambitio. L'amour propre fe portant vers les dignités avec une paillon qui cho- que la raifon & la juftice, fe nomiTie ambition. Abad. Ambitio. L'ambition cAun defir ardent de fur- palfer les autres en mérite & en gloire. Cail. L'ambi- tion eft une paillon turbulente qui bouleverle tout , Se qui lert de luppliceà ceux- mêmes qui en font tour- mentés. Du R. Il y a aulli une honnête , une noble , une louable ambition, qui fait arriver aux honneurs par le chemin de la vertu. L'ambition d'Alexandre a ruiné toute l'Alie. Quoi! s'écria S. Canut, lorfque les Danois s'olhirent à chalîerlon frère, &àle mettre fur le trc>ne, quoi! mon ambition déloleroit ma patrie î Ah! C'eft Dieu qui dilpole des couronnes, je ne la méritois pas , puilqu'il ne me l'a p.as donnée. Ab. de Chois Y. Il y a des gens qui ne renoncent à l'ambition que par parelle , & pour s'épargner les mouvement , Se les agitations qui en lont inléparables. S. Evr. L'am- bition fait tout entreprendre pour acquérir l'eftime des hommes ; & par-là il n'y a point de vertu II utile que cectc toile paillon. Du R. L'ambition., p.arce qu'elle eft trop contraire au repos , n'eft ni une paillon générale , ni une pallion délicicule. Fonten. Lelage fe guérit de l'ambition , par l'ambition même. La Bruy, Depuis que l'ambition s'eft emparée d'un cœur , elle lui donne plus de défit d'acquérir la gloire , que de force pour la lupportei. Le Gend. ^.Zt L'ambition eft vice, ou vertu, lelon le choix des moyens par lef quels les am- bitieux vont à leur but. |fIF Ce mot quand il eft feul, fe prend ordinairement en mauvaile part j Se ne peut être pris dans un fens fa- vorable, que quand il eft joint à quelque épithète qui le modifie, ou quand ce qui précède , ou ce qui fuit le détourne de fa fignification ordinaire. C'eft ainfi qu'on dit une louable ambition , une noble ambition. Un bon Prince n'a d'autre ambition que de rendre ics fujers heureux. #3=- AMBITIONNER, v. a. rechercher avec emprefle- ment , avec ardeur. Ambire. Ambitionner les honneurs , les premières places , les dignités. Vaugelas n'approuve point ce mot. Tous ceux qui font profellion de par- ler & d'écrire purement , l'ont toujours condamné. Tous les efforts qu'on a faits pour l'introduire, ont, dit-il, été inutiles , Se il n'y a pas d'.ippafence qu'il s'établifle jamais. Il eft i\ mauvais , ajoute t-il , que même il ne vaut rien au participe, & que ceux qui rejettent le verbe , rejettent aulli ambitionné. Il ne déplaît pas moins au P. Bouhours. Ménage le trouve beau, & dit qu'il neicroit point difticultcde s'en fervirdans le ftyle fubli* me. "Vaugelas paroît avoir jugé ce mot trop rigourcu- fcmeiît. Il y a des ocealions où il ne figure pas itwI. j Ou dit txcs-h'icn , ambitionneriez honneurs, &c. A M B |Kr On s'en fert aufîî par exagération dans les formules de civilité. La gloire de vous lervir , cil la choie que y ambitionne le plus. T. Corn. On appcloit proprement ambitiojl chez les Romains, ceux qui briguoient les charges. Ils alloient tout alen- tour de l'allemblée, pour mendier les furtrages. Am- bihant , c'eft-à-dire , Ihant circùm cornida. Ani j en an- cien latin lîgnifîoit, Circùm , Alentour. AMBITIONNÉ, ÉE. part. Recherché avec ardeur. Cu- picus , Quiejltus amhitiosè. Servir (on pays ell: un hon- neur ambitionné de tout le monde. T. Corn. La belle gloire eft ambitionnée de tous les honnêtes gens. I^MBLE. f. m. Train, ou certaine allure de cheval , lorf- que les deux jambes du même côté le meuvent en- femble & que les deux autres le meuvent après. Af- turconis mollis alterna criirum expiicatu glomeratio. Tolutariigradus; Afiurconis incejjhs ; Tolutarius in- cejfus. C'eft: la première allure des poulains quand ils ne font pas allez forts pout trotter. Pour leurentretenir cette allure, on leur met des entraves, &:on leur attache des bouchons de foin auteur des paturons des jambes de derrière. Cette allure cil bannie des manèges, où l'on ne veut que le pas, le trot, lïL'le galop. Lahaquenéeell: un cheval qui va l'amble. On appelle un cheval franc d'amble j quand il V3.ïamble j lorlqu'on le mené en main feulement avec le licou , quand il fe met de lui- même à Vamble. On dit d'un cheval , qu'il va l'am- ble comme une poule dinde , lorlqu'ila fes allures froi- des. On dit aulfi au pluriel les grands ambles. On a. dit ambleure en vieux Gaulois , du latin ambula- tura. Vegéce dit , que l'amble efl: un petit pas de cheval fort Vite, qui plaît à celui qui le monte , qui ne s'en- ieigne point pal art, mais qui vient plutôt naturelle- ment. On dit proverbialement, mettre quelqu'un aux^w- hles , ou à l'amble ; pour dire , le rangera Ion devoir. Ménage dérive ce mot de ambulare j qu'on trouve chez les Auteurs latins en la même fignification. Ni- cod le dérive du grec «V^aiJïw, qui lignifie tarder _, rompre j, parce que l'amble eft un train rompu. Les La- tins ont appelé un cheval A' amble , ou h aquenée , am- bulator equus ; Sènéque, tolutarius ; Pline, ajlurco ; d'autres , gradarius y Sec. Quelques-uns appellent Faujffe jambe de devant , un amble dans la vitelFe du galop , ou les deux adions du trot & de l'amble dans lavitelle du galop. Newc. Il y a pluiicurs chevaux , qui bien qu'ils ne puillent que trotter , étant prelfés au manège , vont fouvent un amble confus , par fois un amble très- parfait. Id. AMBLÉ j EE. part. Vieux mot. Surpris, enlevé. Poéfies du Roi de Navarre. AMBLER. V. n. Aller l'amble. Tolutim incedere j Af- turconis more incedere. H y a plulieurs chevaux bien forts, qui amblent étant preilés au manège ; mais le plus (ouvent , c'eft par foiblelle , ou naturelle , ou de laUîrudc. Newc. Il vieillit. AMBLESINDE. Village du comté de Wcftmorland , en Angleterre. Amblcfinda. Il eft lur le lac de Wynau- dermeer, entre les villes de Kindal&dc Kefwick. On croit que c'eft l'Ancienne Amblioglana des Brigantes. Cambden dit Amboglana old ruines at Cambec in Cum- berland, c'eft-à-dire , Amboglana j vieilles ruines à Cambeck dans le Cumberland; mais il voudroit pou- voir hre dans l'ancienne notice de l'Ile Britannique Camboglana ,c'cii-3i-éà\:c , Campiripa , au lieu à' Am- boglana; & alors il prendroitCambogl.ana pour Cam- beck , parce que Cambeck eft fur un rullFeau. AMBLETEUSE. Amblctofa. Port de mer dans la Picar- die , à deux lieues de Boulogne. fCF Ce fut à Amble- teufe c[nc Jacques II, Roi d'Angleterre, après l'entrée du Prince d'Oiangl & des troupes Hollandoifes dans fes états , fuyant la perlécution de fes lujcts révoltés contre lui , aborda dans une barque de pêcheur le 4 Janvier 1689, accompagné du Duc de Barwick & de quelques domeftiques. AMBLEVE. Rivière des Pays-Bas. Amblavia. Elle coule dans le duché de Luxembourg & dans l'évêché de Liège, (Se fe joint à l'Ourte entre Liège >Sc Dutbuy. Tome L A MB 277 AMBLEUR. f. m. OflScicr de la grande & de la petite écurie du Roi. AMBLOYER. Vieux v. a. Adoucir , attirer par duucesv paroles. AMBLYGONE. f. m. Terme de Géométrie. Angle ob- tus , eu qui a plus de 90 degrés. Ambligonium. Il eft aullî adj. Un triangle amblygone^ qui a un angle plus grand que le droit. Ce mur fait en cet endroit un coude qui el\ amblygonej, ou cbtufangle. Ce mot eft grec , compolé d'a/x/5Av't, obtus, & de >Mn'a, anflc. AMBLYOPIE. f. f. Terme de Mèdecine.^'Maladie des yeux, qui le dit d'ime hèbètation eu èbiouilîèmenc continuel de la vue, (ans apparence que l'œil foit au- cunement offenf è. Amblyopia. Ce mot eft compofé du grec «(■'■/îAvt, hebes yohiVLS, & de '^ yi-^î^, oculus ^ œil. AMBOHITSMENE. f. m. & f. Nom de peuples & de montagnes. Ambohitfmenius , a,um. Les Ambohitfme- ^ nés font dans la partie orientale de l'île de Madagaf- car. Ils habitent de fort hautes montagnes , auxquelles ils donnent leur nom. Ambohitfmen'u montes. AMBOINE. Amboina. Maty écrit AMBONE-, maislu- frge eft décrire & de prononcer Amboine. Le P. Bou- hours écrit même 'p:iïuny Amboyne ^ félon l'ancienne manière , qui met fouvent m\y où il ne faut qu'un /. Amboine eft une petite ile des Indes , découverte par les Portugais en i jrj. Les Hollandois les en ont chaf- fés , & y ont trois fortercires , Viclcria -, Iliton , Se Low. L'île A' Amboine eft éloignée de Malaca d'envi- ron 250 lieues ; elle en a 50 de circuit à peu près. BouH. L'Amboine n'a qu'environ 16 grandes lieues de circuit. Maty. AMBOINES. Amboina. Les Amboines foi:t quelques pe- tites lies autour d'Amboine, &: auxquelles elle donne Ion nom. Les Amboines prcduifent luie grande quan- tité de doux de girolle. Maty. L'Aïchvpclà.' Amboine. Amboina Archipelagus.CeO: la partie de l'Archipel des Moluques , qui eft auteur À' Amboine. Maty. . AMBOISE. Am.bafla j Ambacia.Vïlle de France dans la Tour.aine,furla Loire. Charles VIll naquit à Amboife en 1470 , Se y mourut en 1498. La conjuration A' Amboife eft fameufe dans les troubles des Calvi- niftes de France , qui voulurent en i j6o fe faifir de François II , de Catherine de Mèdicis , &: des Princes de Guile qui étoient \ Amboife ; mais les conjurés fu- rent tous paftes au fil de l'épée à Amboife , où ils s'é- toient rendus pour exécuter leur crime. Les Edits d! Am- boife ^ font trois Edits portés à Amboife en Février & Mars I J59, hu les affaires de la Religion. C'eft dans le château A' Amboife que Louis XI inftitua l'Ordre des Chevaliers de 5. Michel le premier Août de l'an 1469. AMBOISE, eft au 11 1 le nom d'une famille illuftre de France, qui a pollcdé la feigncurie d'^^w/'oi/è. Geor(;e d' Amboife. Nom d'une grolle cloche delà cathédrale de Rouen , dont le Cardinal de ce nom lut parain. AMBON. f. m. Ambo , Analogium. C'eft une tribune , qui étoit autrefois dans les égliies , & lur laquelle cm montoit pour lire ou chanter certaines parties de l'of- fice divin, & pour prêcher au peuple. Il y avoir des degrés pour y monter. Après la leâture de l'épître , le chantre montoit lur l'ambon avec Ion livre , nommé Graduel eu Antiphonier , Se chanfoit le répons que nous nommons Graduel ^ àcauledes degrés Ael'am.- bon ; & Répons, à caufe que le chœur répond au chantre. Fleury. Le diacre montoit fcul fur l'ambon. Se lifoit , tourné vers le midi. Id. Il eft dit dans le pre- mier livre des miracles de S. Othmar, c. 4, que l'E- vêque ordonna à l'Archiprêtre de monter fur l'ambon , Se de faire le (ermon au peuple à fa place. Et Odilon, moine du X^ iiècle, auteur du livre de la Trandaticn des Reliques de S. Sébafticn & de S. Grégoire , dit que l'Evêque monta fur l'ambon pour prêcher au peu- ple. Voyez Annales Francor. ad an. Soo , l'HiJloire Tripartite , Liv. X, Ch. 4. Socratc , L. VI , Ch. y. Prudence , hymn. 4 , de S. Hippol. v. 2 1 y. Les Ara- bes appellent l'a/Tibon^ Mambart ajoutant une m 3.\\ J\ 1 m i j. ^-|6 AMB commencement , félon leur courume. De-là vient qu'au Ch. XXIII de S. Matthieu , v. i , ou la Vulgate a tra- duit Super cathcdram Moyjîsy Tur la chaire de Moyle ; l'arabe à\t,fur le mambar de Moyfe- Les Latins l'ont appelé quelquefois Analogïum j parce que c'elt-là qu'on lit. Car les Grecs récens entendent autre choie {3ar analogïum ; c'eft chez eux le pupitre , ou coulîîn , iur lequel on appuie le livre. On montoit à \amhon de deux côtés; c'cft pour cela que quelques Auteurs , comme Balde & Durand, ont cru que ce nom étoit tiré de ambo y qui fignifie deux. L'Evangile le liioit tout haut de Vambon ; l'Epitre te liioit un degré plus bas , comme il paroît par l'Ordre Romain. Les Empe- reurs étoientaulïï couronnés Iur \'ambon. Voyez Theo- phaneSi p. 40 s , 41 S ^ 41 g ,426 ^ 431. Saumaife croit que ce nom a été donné à cette tribune , parce qu'elle étoit ronde, de même que les Grecs ont appelé a/j-fia-ic , le ventre d'une bouteille, parce qu'il eft rond, ik qu'ils dilent «^(ï'Ç, pour lignifier une marmite. Il vient à' dioL^oLim ,afcendo j je monte , d'où en retran- chant un a fe fait a,/?a/,M -, & parce que n j qui efl: une lettre palatiale , ne peut foutenir une lettre labiale , telle qu'eft b j félon les judicieul'es remarques de M. l'Abbé Dangeau , qui le vérifient dans toutes les langues , cette n s'eft changée en m^ & Ton dit a^- ^ai'vM, je monte, d'où s'eft formé «|u/Hm» , ambo. fer AMBOSIANGULO. f. m. Dans la rivière de Coan- za , au royaume d'Angola , on trouve une elpcce de monftre aquatique , que les Nègres nomment Ambo- Jiangulo & Pejiangonï , les Portugais Peij-^er iV/ow/erj & les Pilotes François Sirène. Il y en a de mâles & de femelles. Ils ont huit pieds de long & quatre pieds de large , les bras courts , & les doigts de la mainlongs : mais quoique leurs doigts foient divilés comme les nôtres en trois articulations, ils ne fauroient fermer tout-à- fait la main. Ces monftres ont la tête & les yeux ova- les, le front élevé, le nez plat & la bouche grande; mais ils n'ont ni oreilles, ni menton. On leur tend des pièges, &lorlquils y tombent, on les tue à coups de dards, malgré les cris lugubres qu'ils poullent, allez fcmblables à ceux des hommes. Leurs entrailles & leur chair ont l'odeur, le goût & la figure de celles d'un pourceau. Le lard en eft fort épais & n'a pas beaucoup de maigre. |C? AMBOSîNE. Province d'Afrique au royaume de Bénin , ayant au Levant le Camarones, &au couchant la rivière qu'on appelle Rio del rei. AMBOTE. Bourg de Pologne. Ambota. Il eft dans la Sa- mogitie fur la rivière de Wirwica, un peu au-delFus de Ion confinent avec le Wetz. fCF AMBOUCHOIR. f. m. Nom que les Botiers don- nent au moule Iur lequel ils font la tige d'une botte. AMBOULE. La vallée à'Amboule. Vallts ambula. Nom d'une contrée de file de Madagafcar. Elle eft près de la côte orientale ^ de la côte méridionale de file, & s'étend le long de la rivière Manaupani , au nord du pays de Carcanofii, AMBOURNAY. Bourg du Bugey, en France. Ambro- niacum. Il y a une abbaye de l'ordre de Saint Benoît. Il eft près de la rivière de Drin, & de la ville de Bourg en Brelfe. AMBOUTIR, ou EMBOUTIR. Terme d'Orfèvres, qui fe dit quand ils rendent quelque pièce d'argent ou d'au- tre métal convexe d'un côté , & concave de l'autre: ce qui fe fait eir la travaillant lut une petite machine qu'on appelle Etampe ; & la pièce ainli forgée s'ap- pelle Amboutie. Convexum facere j reddere. ■ifTCe terme convient dans le même lens au Chaudronnier, au Ferblantier, & à la plupart des autres ouvriers qui emploient des métaux ou des matières flexibles, quand il eft queftion de leur donner de la profondeur. C'eft aullî un terme de Plombier, qui fignifie revê- tir un ornement d'architecture , ou de fculpture , de tables de plomb blanchi , qui foient minces Se qui n'empêchent pas que le profil ne fe conlerve. Foje^ Amboutir. ?;:? AMBO UTI,IE. part. AMBOUTISSOIR. f. m. Outil de Serrurier, qui lert à former la tête des gros doux qui ont la figure d'un AMB champignon. Inducenda j oiifacienda convexltatls Inf- trumentum. %fT On le dit encore d'un outil d'Eperonnier , fervant à faire prendre la forme convenable aux pièces de fer qui doivent former les fonceaux. AMBRACAN. f. m. Voyc^ Ambara. C'eft la même choie. AMBRACIE. Ancienne ville de l'Epire. Ambracïa. Ce nom , dit Etienne de Bilance, s'écrivoit aufti parun^ ^ Ampracia. C'étoit une ville de la Thefprotie, qui avoit pris fon nom d'Ambrax, fils de Thefprote, Se petits-fils de Lycaon, ou bien à! Ambracie ^ fille d'Au- gée. Elle étoit iur le golfe auquel elle donnoit fon nom, & qu'on appelle aujourd'hui le Golfe d'A- ria. Pyrrhus avoir tait ton téjour à Ambracie , au rap- port de Plutarque. Quand le Conlul Fulvius Nobilior s'en rendit maître l'an de Rome 563 , on y trouva uit très-grand nombre de raretés, tur-tout en ftatues & en tableaux. La bataille d'Atlium te donna dans le golfe à' Ambracie. AMBRACIEN, ENNE , AMBRACIOTE. f. m. & f. Habitant, citoyen d' Ambracie. Ambracïenfis , Ambra- ciotes J ou Ampraciotes , Ambracius j a ^ um. Les mé- dailles fur lelquelles on lit AMBP , font des médailles d'Ambracie. AMBRAQUE. Ancienne petite ville de l'Epire^ peu éloi- gnée d'Ambracie. Ambracus. Voyc\ Etienne de By- tance. AMBRE, f. m. Autrement Karabé , ou Carabe , ou Suc- cin. Succinum y Lyncurium , Eleclrum ,CryJoleclrum , Karabé. Il y a eu julqu'ici bien des Icntimens difté- rens Iur l'ambre. Selon Pline , c'eft une rétine qui dé- coule des pins, ou des lapins; & félon d'autres, elle vient des peupliers, & c'elt ce qui lui a fait donner par les Anciens le nom de Succinum. La fable dit que c'eft la matière des larmes des tœurs de Phaëton. L'on a crii que c'étoit une concrétion des larmes d'un oileau, ou l'urine d'un animal qui s'appelle Lynx. D'autres ont dit qu'il venoit d'un lac appelé Céphijide , voifin de la mer Atlantique ; : blanc. AMBRISL Rivière du Congo. Ambrifius. Elle naît dans la province du Pemba, ou Pembo, près du bourg de Lemba, traverfe la province de Bamba , ik le décharge dans la mer du Congo. AMBROIS. f. m. Nom d'homme. Ambrofius. Ambroife, que le vulgaire appelle plus ordinairement Saint Am- brais, fut fait Evêquc de Cahots vers l'an 7/2. Baill. Il y a des endroits où ce Saint eft appelé Ambroife, & il n'y a que le bas peuple qui dife Ambrois, AMBROISE. f. m. Ambrofius. Il y a S. Ambroife , Ar- chevêque de Milan au IV^iiècle, & S. Ambroife Evê- que de Cahors au VIII^ fiècle. Saint Ambrois e au bois , en italien, Alnemo. Ordre rehgieux, fous la règle de S. Auguftin, confirmé par Eugène IV en 1431. Les Religieux de S. Ambroife ^ al nemo portent l'image de S. Ambrofe ,%ï2.\éc fur une petite plaque, & gardent l'office ambrolîen. Il n'y en a qu'en Italie , & prelque que dans le Milanez. Ils ont pris leur nom de leur Eglife de Milan , qui s'appelle S. Ambroife au bois , on al nemo. On appelle en Berry les Chanoines réguhers de S. Auguftin, les Pères de S. Ambroife , parce que l'églife de leur «bbaye à Bourges eft dédiée à S. Ambroife de Cahors. Saint A MB Saint Ambroise eft encore une petite ville du Marqui- lat de Saluces. Ambroise. f. f. La Fontaine a employé ce mot pour li- gnifier ambrofu , ou quelque choie de délicieux , d'exquis. Jeanne , dit le premier , A le corps net comme un petit denier ^ Ma foi c'ejl bâme. Et Tiennette ejl ambroife , Dit fon époux Mais ce font des payfans qui parlent, ^" naif- fent lur des épis à l'extrémité de les branches, comme l'abfmthe, mais elles (ont ftérilcs. Ses fruits le trou- vent au-dellous des Heurs dans -des endroits féparés: ce font autant de petites maHes à plulieurs hices ; ils renferment une lemence noire lemblable au pépin du raiim. Cette plante croît lur le bord de la mer en Tof- cane. fer Ambrgsie , ou Thé du Mexique. Chenopodium, Am- hrofloides Mexicanum. Plante étrangère qui fe cultive dans les jardins. Elle a palle pour le vrai Thé. Ambrgsie, eft auHi une préparation de médicamens qui font agréables à prendre, & dont l'opération ne caufe ■ point d'incommodité. Ils (ont compolés en faveur des Seigneurs v!: de laare avec ce corps un animal rail'onnable, ou un homme. Il s'enfuit de-la qu'elle cft immonelle, qu'elle eft clfentielle a l'homme Â' la plus noble partie , qu'elle cft de la nature la forme J"ns ÎT-: 3 ~\bVi , Adonaï Melech Neemam j les Rabbinsne prennent à leur ordinaire que la première lettre de cha-» cun de ces trois mots , & que ces trois lettres jointes enfemble , font les lettres du mot,]D!>?, amen. Il eft: vrai que les Auteurs cabaliftes, par une de leurs ma- nières de trouver les (ens cachés, & qu'ils appellent Notaricon, laquelle conhfte à prendre une lettre pour un mot entier, fontde]ûb«j amen, inSJ "Vnijniî -, & qu'un de leurs Rabbins nommé Chanina , donne cette explication dans laGemare, ou Glo(e du Traité Sanédrin -, mais il n'eft pas vrai que ce foit là l'éty- mologie du mot amen, ]05î, comme quelqu'un l'a prétendu. Ce mot étoit dans la langue hébraïque, & en u(age avant que la cabale fût inventée , & qu'il y eût des cabaliftes au monde, comme il paroît évidem- ment par le Deutéronome, Chap. XXVII, v. ij & (uivans. Sa véritable origine eft le verbe ^IDX , aman , qui au pailif IDbîJ, (ignifie, ctre vrai , fidèle , ferme , confiant. Délaie nomli;s?,qui lignifie proprementrt'- rité ; enfuite on en a fait une e(pècc d'adverbe affir- matif, qui quand il eft mis après quelque chofe, à \x fin dune phrale , ou propolition, lignifie, Que cela foit ainfi ; que ce foit là la vérité : je le veux , je le fouhaite,j'y confens. C'eft ainfi qu'à l'endroit du Deu- téronome que j'ai cité , Moyfe ordonne que les Lé- vites difent à tout le ^tu^\t. Maudit foit l'homme qui fera une idole , ce qui cfi une chofe abominable au. Seigneur ■) un ouvrage de la main de l'homme ; & que tout le monde reponde amen ■ c'eft-à-dire, oui, qu'il foit maudit , nous le voulons , nous y confentons , ainfi foit- il. Mais quand il eft au commencement d une phrale, comme en pludeurs endroits du nou- veau Teftament , il lignifie véritablement , certaine- ment. Matth. V, 18, 26, &c. Amen dicovobis,c'eQ::i- dire, en vérité, certainement , Je vous dis , ou comme traduit alfez bien XL Simon, je vous a(fure. Quand il (e double , ou qu'on le repète , qu'on le dit deux fois de fuite, comme a toujours fait S, Jean , il a U force Je fupcrlarif, felo le génie de la langue liébraï- qiie ëc de les filles, la (vriaque , & la chaldaVque -, de- loicc que amen amen dU'o voh'is , lignine très-certal- nemtnt ,ie vous dis. Les Evàngéliltes ont coniervé dans le gi"ec le mor hébreu «V"'», amen. S^ Luc l'exprime néanmoins quelquefois par aAz&tr«, véritahlemem ^oii \-ài , certainement ; comme on le peut voir en com- parant Matth. XVI, 28 avec Luc. IX, 27. Match. XXIV, 47 avec Luc XII, 44. Marc XII, 43 avec Luc XXI, ?. Matt. XXIII, 56 avec Luc XI, ;i. Ce qui prouve l'explication que nous venons d'en donner. Il paro'it encore par ce que nous venons de dire, que Rochefprt fe trempe , quand il dit qu'amen eft un terme a^abe , qui lignifie , la fin de quelque choie ; ëc que c'eft ce que les Latins ont exprimé par ces mots , ExplicLt j finis. On voit les différentes fig:iifications du mot amen dans ces vers , rapportés par M. Du Cange. f^'erum , verc j, fiât , amen tria dénotât ifta , Si verum nomen , adv erhium fit tibi verè. Amen, amen, verè duo Junt adverbia verè. Amen /TO j fiât ^ tibi verbum deficiens efi. Ce mot Amen a palfé dans prcfque toutes les lan- gues lans aucuit chatigcmcnt , q_uand il veut dire , Amfi. fioit-il. On le trouve dans les Liturgies, les verfions de la Bible , & les prières de toutes les nations. Il n'en elf pas de même quand il veut dire Certaine- ment, en vérité. Les Abilllns appellent jAnien , le Sa- crement de l'Euchariftie ; apparemment parce que , fé- lon un ancien ufage , dont nous trouvons des veîliges dans les Pères, lortqu'on leur donne l'Euchariftie, ils répondent amen. En cette occafion, amen eif employé pour affirmer que l'on croie qu'une choie ell ainli. Il eft dit dans le Miffcl de Paris , que le communiant , après avoir enteixlu ces mots, Corpus Domini, doit répondre amen y pour marquer im adle de foi : 3c en ce lens, il lignine, cela cit vrai , je crois que cela eft ainli. S. Ambroile l'a entendu dans ce lens. Les Ma- hométans dilent aufli, amin , à la fin de leurs prières, de même qu'en témoignant !e déhr de voir arriver ce qu'ils louhaitent. Quand on nous interrompt, quand on prévient ce que nous allions dire , ou qu'on nous fait une diffi- culté que nous allions prévenir, on dit, vous n'at- tendez pas julqu'à amen ; ou bien , attendez juf- qu'à amen , c'eft à-dire , jufqu'à la fin , julqu'au bout, & je vous iatisicrai, je dirai ce que vous de- mandez. Amen , fe dit poUr une marque de conlenrement , d'ac- quiefcement, d'approbation. M. deTurennea bien en- vie de revenir , >!<<: de mettre l'armée dans les quar- tiers dhiver; tous les officiers dilent i7/ne«. Mad. SÉv. On. dit proverbialement, il à\t amen à tout; pour dire, il approuve tciu. Tout cela n'efl: que du llylc familier. AMENAGE, f. m. Terme populaire qui fignifie tantôt l'attion d'amener , ik tantôt le lalaire que l'on donne à celui qui a eu la peine d'amener. Adveclio , Sub- vecïio. h'amenage des marchandifes ne fe peut faire par charroi dans les pays de m'.inragnes. J'ai tant pavé pour l'aménage de chaque muid de vin par terre , & tant par bateau. C!3" AMENAGEMENT, f. m. Terme d'exploitation & de commerce de bois. C'clt laétion de le débiter pour AM E différi ;rens ulages. AMÉNAGER, v, a. Terme d'exploitation & de com- merce de bois. Aménager nn arbre , c'ell le débiter luit en bois de charpente, loit en bois deltinés à d'autres ulages. AMENCE.f. f. Vieux mot, qui veut dire , folie. Amen- tia. Il vient de ce mot latin. AMENDABLE. adj. m. & f. Qui mérite d'être con- damné à l'amende. Mulclandus. Cette Communauté eft amendahle. On dit aufli parmi les Artilans, qu'un ouvrage eft amendable y c^-xnài on en peut corriger la défecluoflté. Il ne f.. fait point de confifcation des ou- 287 vrages amendables ; on ordonne feulement qu'ils fe- ront amendés. AMENDE, f. f. Peine pécuniaire impofée parles Juges, pour quelque crime, quelqu'infratirion de la loi , ou mauvaife procédure. Âluléla. L'amende ordinaire du fol appel eft de 11 livres : celle des appels comme d'a- bus c\: en plulicurs autres cas, eft de 25 écus. Il faut conf igner luie amende de cent écus envers le Roi , & de /o écus pour la partie , avant que d'obtenir une requête civile. Par l'ordonnance de 1667, une omif- lîon de compte par un comptable, emporte une amende ou peine du quadruple. Cela eft défendu fous peine d! amende. L'amende du fol appel cM' amende à laquelle eft condamné l'appelant, quand la fentence dont eft appel eft confirmée. Celui qui eft fimplement con- damné à une amende pécuniaire , n'encourt point in- famie. Les amendes impolées au criminel, pour tenir lieu de dédommagement à la partie civile , font appe- lées dès réparations civiles. Une amende pécuniaire ejt payable par corps. Entre les droits feigneuriaux il y a des cens emportant profit, laifines, & amendas. Il y a des receveurs des amendes. Ce mot vient du latin emendatio. Dans tous les temps, & chez toutes les nations, l'amende a été une peine que l'on a mile en ufage. Chez les Cyréniens, les Juges prononçoient des amen- des j ëc déclaroient infâmes ceux qui y étoient cou- damnés. Les Grecs obligeoient les parties à dépofcr une lomme dans le Prytanéc , afin que celui qui leroit condamné, perdu la fomme dépolée. Les Romains ob- fervoient la même chof e , Se la conlignation fc failoit en- tre les mains des Pontifes. Les Ein :ereurs Gratien , Va- lentinien cH:Théodolc, introduifirent les amc.idescon- tre les folles appellations. En France nos R is ont fait publier dans tous les temps des ordonnances fur les amendes. L! amende pour récufations déclarées inadmif- lîbles eft de deux cens livres aux Cours fupéricures : de cent livres aux Requêtes de l'Hôtel & du Palais; de cinquante hvres aux Préiidiaux, Bailliages & Séné- chauffées, & de trente-cinq livres aux Châtellenies, Prévôtés, Vicomtes royales, Eleéliions & Juftices des feigneurs, tant duchés-pairies, qu'autres qui relFortif- lent nuement aux Cours tupérieure". Dans les appella- tions comme d'abus, celui qui eft condamné, pave une amende de loixante & quinze livres envers le Roi , & de la moitié envers la partie. Il n'y a que les magiftrats qui puiffent condamner à l'amende. Les Juges Ecclé- liaftiques ne peuvent condAmnei: 2il' amende , fins pro- noncer qu'elle fera employée à quelque œuvre pie. On ne remet point l'amende à caule de la pauvreté , mais on accorde une lurféance. On appelle A mcnde- honorable , une peine afïliâive qui emporte note d infamie , quand on eft condamné d'aller nu en chemife, la torche au poing, & la corde au cou, devant une églife , ou dans un auditoire , de- mander pardon à Dieu, au Roi & à Juftice, de quel- que méchante lù.ion.Mulcla honoraria. On dit au Pa- lais, que cette amende eft faite cum fi.guris. Les Ro- mains ont compris quelquefois le banniflement fous le nom ô^ amende. Mais ils n'ont point connu ce genre de peine que nous appelons Amende-honorable. tfT L' Amende-honorable , qu'on appelle Sèche, moin- dre que la précédente , n'en diflere qu'en ce que le coupable eft conduit par le Geôlier , & qu'il n'a pas la corde au cou. Onappelle encore plus particulièrement, faire amen- de-honorable à quelqu'un , quand on eft condamné à venir en Juftice, ou en prélence des perlonnes choi- lies par la perlonnc oftenfée , délavouer les injures qu'on lui a dites , ou les mauvais traitemens qu'on lui a faits , lui en demander pardon, «?c lui en donner acle. Amendes couxuMiâREs, font celles qui font taxées par la loi & par la coutume du pays. Elles font différentes des amendes arbitraires , qui le taxent par le Juge. L'amende fimple , ou de gage , eft de lept fous fix de- niers dans les coutumes. La grolfe amende eft de 60 fous. L'amende de tôt entrée , eft. celle qui eft due au fei^ gneur, en quelques lieux, par celui qui s'eft mis en 288 A M E pofrefîlon d'un licritage , fans en être vctu ou enfaifiné par le leigneur. On dit proverbialement, c'eft la coutume de Loris, où le battu paie l'amende j lorfqu'on blâme, ou que l'on condamne celui qui a raiion. f^oye^ l'origine de ce proverbe à Coutume. On dit ironiquement à un homme qui ne fait que faire, va-t-en battre leprcvôr tu gagneras double amende. Ce mot , félon quelques-uns , vient â'emendare ^ parce que l'amende ei\ une peine qui corrige le cou- pable : félon d'autres on a appelé l'amende de ce nom , parce que par elle le coupable expie & efface fa faute. Reus extra mendum j id eji _, extra culpam ponitur. AMENDEMENT, f. m. Changement par lequel on de- vient meilleur, tant à l'égard de l'ame que du corps. Emendatio , Corrcclio. Dieu veut l'amendement du pécheur, & non pas ia perte. Ce malade cil toujours ■de même , il n'y a point ^amendement. Ce mot, dans l'article 184 de la coutume de Pa- lis, fignifie correction & réformation: ainlî , quand il cft dit dans l'art. 184 de cette coutume, fans qu'on puiffe demander l'amendement j, il feut entendre que i'une des parties ne peut demander qu'il loit jugé au- trement que fur le rapport , ou qu'il loit corrigé & réformé. Elle peut cependant demander qu il loit pro- cédé à un autre rapport , ce que les Juges accordent fouvent ; mais en ce cas , Coquille , Quejî. 300^ tient qu'il doit être fait aux frais de la partie requérante , fauf à les répéter en détînitifl Amendement , fignifie auilî , engrais , qu'on met fur des terres, comme marne, fumier, cendres, £"c. Sterco- ratiû. h' amendement eft un lecoms qu on donne aux terres niées , pour les obhger de produire quelque chofe de plus beau en prenant une nouvelle lubftance , Se de nouveaux lels ; & cet amendement eft ce que jious appelons /tt/Tzierj de quelque nature qu'il puille erre. Ces terres (ont ft maigres, qu'elles ont grand be- foin ^amendement. Le leul bon endroit à mettre les amendemens eft vers la fuperficie. Le fumier le plus mal placé pour les tranchées , eft celui qui fe met dans le fond. La Quint. AMENDER, v. a. Terme de Palais. Condamner à l'a- mende. Mulclâ afficere. La Cour prononce fouvent, débouté de Ion appel, & l'amendera , c'eft-à-dire, il payera l'amende du fol appel, qui eft de 75 livres. Amender. Corriger , rendre meilleur. Emendare , Cor- rigere. Il n'y a que Dieu qui puifte nous amender. On dit aulîi , amender une befogne ; pour dire , en corriger les défauts. On dit encore , il n'amendera pas fon mar- ché à plaider \ pour dire , qu'il ne le rendra pas meil- leur par ion opiniâtreté. Amender , fe dit particulièrement des terres , & fignifie , les engrailfer , les améliorer en y mettant du fumier , de la marne, & autres amendemens. Stercorare. Tou- tes fortes de fumiers pourris, de quelque animal que ce foit , font bons pour amender les terres employées en plantes potagères. Celui du mouton a plus de fel que tous les autres , ainli il n'en faut pas mettre en II grande quantité. Il en eft à peu près de même de ce- lui de poules & de pigeons; mais je ne conlcille guère d'en employer, à caille des pucerons dont ils font tou- jours pleins. La Quint. Ce mot vient du latin emendare. Nicod. La Quin- tinie & Liger écrivent amender & amendement par un a. C'eft une faure ; il vient â'emendare. |C? Amender, v. n. Devenir en meilleur état, fe mieux porter. Ce malade n'a point amendé malgré tous les remèdes. Convalefcere , recreari ex morbo. Amender, v. n. lignifie aullî , diminuer de prix. Le blé amende quand l'argent n'eft pas commun, toutes les marcliandiles amendent. En ce fens ramender eft plus en ufage. Amende. Terme de Coutume, fignifie auflî, profiter, tirer quelque avantage de quelque chofe. Emolumen- tum confequi. Cet héritier n'a rien amendé de certe fuccelîîon , il y avoir trop de dettes. Amender, eft aulïï réciproque, &z fignifie, fe corriger, fe rendra meilleur. Cvrrigij emendari. Les Juifs fu- AME rent exhortés à s'amender pour fe rendre dignes du royaume des cieux. Je ne fens qu'une très-foible réfo- lution de va' amender. God. On dit proverbialement, mal vit qui ne s'amende ; pour dire, que c'eft frire un mauvais uiagc de la vie de ne fe point corriger. Jamais cheval , ni mauvais hom- me, n'amenda pour aller à Rome ; ou bien , bon cheval & méchant homme , n'amende point pour aller à Rome. AMENDÉ, ÉE. part. AMENDOLARA. Nom de lieu. Amygdalla. C'eft le nom moderne d'une Ancienne ville de Calabre, nom- luée autrefois Peripolium. C'étoit une ville des Lo- cres, appelés Epii^éphyriens. Quelques-uns prétendent que ce fut la pxitrie de Praxirèle , fameux ftatuaire du temps de Pompée , & premier inventeur des miroirs d'argent , que d'autres prérendent avoir été de Péripo- lis , aujourd'hui Pagiapoli. AMENE, adj. m. & f. Vieux mot. Agréable. Amœnus. ClMarot. AMENER. V. a. Mener, faire venir a l'endroit où l'on eft. Adducere , deducere. Les Ambaftadeurs ont été amenés , tk conduits à l'audience du Roi. Xerxès amena en Grèce un million d hommes. On a amené du (è- cours. Les marchands amènent du blé , des beftiaux aux marchés. Il a amené la marchandile par terre, par bateau, par mulets, par charroi. Il faudra amener du canon pour le rendre' maître de ce château. Advehere. Il a amené Ion Avocat à l'audience. (CT On dit proverbialement , quel bon vent , quel fujet vous amené ; pour dire, vous bit venir ici? Et on dit , par indignation, qui m'a amené cet étourdi, cet impertinent î CCT Amener, fignifie quelquefois fimplement tirer à foi. Amener vm bateau à bord, le faire venir. Les Forçats amènent les rames à eux, SfT Quelquefois il fignifie entraîner ^ mener par force, Trahére. Un fergent amené un prifonnier pieds oc poings liés. T^o'dà donc le triomphe où /'étais amenée. Mol-même à votre char je me fuis enchaînée. Racine. tfT Amener, fe dit dans un fens figuré, en parlant des inventions nouvelles , des modes , des iifages , pour introduire, mettre en vogue. Ce lont les coquettes & les petits maîtres qui amènent les modes. Ce Méde- cin amena l'ufage du quinquina. Les Italiens ont amené en France l'ufure , la maltôte. Inducere ^ ad- ducere. §3" Amener, fe dit dans le même fens, pour porter, déterminer quelqu'un à faire , ou à croire quelque choie. Adducere allquem ut agat j credat. Je l'ai amené où je voulois. Pour amener les aunes à votre fentiment , il fuit les ménager avec une fouplelle érudiée , dont on ne fente point l'artifice. Bell. 1 ffT En matière de Littérature , principalement en par- lant des pièces dramatiques, on dit qu'un épifode, qu'un incident eft bien amené ■ pour dire, qu'il eft ménagé, préparé avec arr, ik placé à propos. Un épi- fode produit un agréable effet dans la Tragédie, quand il eft bien amené ^ & qu'il y a quelque chofe qui pré- cède, & qui y prépare l'efprit. Cette reconnoilfance eft bien amenée. tfT En matière de conteftation , on dit qu'une preuve eft amenée de loin ; pour dire , qu'elle n'eftpas naturelle , qu'elle n'a pas de rapport, de liaifon avec l'objet de la conteftation. Allenus. Amener, le dit aulFi des chofes qui fe fuivent les unes les autres ordinairement , ou même des caulcs natu- relles. L'aurore amené le loleil. Ce vent nous amè- nera de la pluie, du beau temps, la pefte. Laprife de cette place nous amènera la paix. 03°" Un malheur en amené un autre. Mais enfin , l'indigence amenant la hajfejfe , Le Parnajfe oublia fa première noble£e. BoiL. Amener, fe dit aulïï dans les jeux de hafard , des dés , ,, ou AME ou des cartes. Ces dés font pipés , ils amènent toujours gros jeu. Amener raBe , amener chance. Lorlqu'en jetant les dés , il vient gros jeu , rarie , chance. Je n'avois qu'un coup contre moi, je l'ai amené. Il a amené fa carte la première , il a bit un vilain coupe gorge. Amener, en termes de Marine, fignifie, abailler les voi- les & les pavillons : & en ce fens il vient à' amena j qui eil un mot bas-breton, lignifiant la même chofe , éc fe dit quand le plus fort oblige le plus foible de venir à lui , d'approcher de fon bord pour le recon- noître , le vihter, & même le prendre, le confifquer, s'il y a lieu. Acadere. On dit aulli, amener \zs voi- les, ou mettre bas ; pour dire , les bailler : ccfl un fîgne de loumiilîon, ou qu'on le rend. Amener {.^s\\\i- iiicrs ou les perroquets , c'eft abailler ces fortes de voiles. Sur la Méditerranée on dit Mayner. On dit auffi , amener une terre, un vailFeau; pour dire, s'en approcher, ou le trouver vis-à-vis. Aceedere. AMENE, EE. part. Il a les fignifications de fon verbe. En termes de Marine , lorlqu un hunier n'eft pas aulïï hllfé qu'il pourroit l'être, on dit qu'il eft amené. Amené , eft auflî quelquefois /ubftantif: & on dit en ter- mes de Juridiction Êccléfiaftique , un amené \.3.\\% fcan- dale ; pour dire , un ordre d'amener un homme devant le Juge , lans bruit, fans lui laire affront. On a défendu les amenés fans fcandale. IJO" AMÉNITÉ, f f. Agrément. Amœnltas. Il fe dit par- ticulièrement d'un lieu, d'une fituationagtéable,d'un air doux & tempéré. L'aménité d'un lieu. L'aménité de l'air. Acad. Fr. Il eft aulli très-ufité parlant du ftyle. Hérodote , dont les écrits ont paru aux yeux des anciens fi remplis d'élégance &; d'aménités. M. Char- TENTiER. On l'emploie aulli figurément. Il y a de i'a- ménité. Il n'a nulle aménité da.ns l'humeur. Acad. Fr. Il porta à la Cour toute l'aménité ik délicatelfe de fon efprit. HuET , en parlant de M. Patrix. Ce mot fe trouve Amis Montaigne. Edit. de Rouen 1641 , p. 78 S ; & dans Ch. Eft. Dta. AMENRIR. V. a. Vieux terme de Coutume , qui veut dire, diminuer, eftropier. On dit aujourd'hui amoin- drir pour amenrir, qu'on difoit autrefois. Alinuere , imminuere , truncare y deeurtare. On difoit aulli amen- rijfement poin diminution. AMENTHÈS. f. m. C'étoit chez les Egyptiens, la même chofe qu' Adès chez les Grecs , c'ell-à-dire , un heu fouterrain , ou dans le centre de la terre , où toutes les âmes fe rendoient. Il fignifie , celui qui reçoit & qui donne , parce qu'on fuppofoit que ce goufre qui re- . cevoit les âmes , les rendoit de même , & qu'au f br- tit de-là, elles alloient habiter de nouveaux corps. AMENUISEMENT. C m. Ce mot fe trouve dans Po- niey , & dans Pafquier , & lignifie l'aélion d'amenui- fer. Extenuatio. Il n'eft pas fort en ufage. Mais il eft nécelîairc & ne peut être remplacé. AMENUISER, v. a. Rendre plus menu. Tenuare , ex- tenuare , minuere. §3°" On le dit généralement de toutes les parties d'un corps qu'on diminue de volume. Ame- nuifcr une planche , lui ôter fon épailleur. Allégir a une fignification plus étendue. Il fe dit des groffes pièces comme des petites : amenuifer ne le dit que de ces dernières. On namenuife pas un arbre , on \'al- légit. On allégit un corps confidérable , en le dimi- nuant fur toutes les faces ; on Vamenuifc en le dimi- nuant davantage par une feule face. AMENUISÉ, ÉE. part. Tenuatusy extenuatus. AMER , ÈRE. adj. LV fe prononce. Qui a une faveur très-rude & défagréable à la langue , tel que le fiel des animaux , l'aloès , l'abfinthe. Amarus j acerbus. i^ C'eft la féconde des fept faveurs primitives. Un corps amercA compof é de molécules iirégulières , cou- vertes d'inégalités & mal cuites. On dit avoir la bouche amère ; pour dire, fentir un goût amer à la bouche. Le mot amer vient du latin amarus , qui eft dérivé de l'hébreu -na , marar , être amer , & mO, mara ^ amer _, amertume. ^(fT Amer , fe dit figurément en Morale , pour marquer la qualiré des choies, de défigne une impreffion vive, forte , défagréable. Une douleur amère , c'elVà-dite , Tome L AME 289 vive cV profonde. Des larmes amères , qu'une telle douleur fait couler. Plaintes ameres , reproches amers ^ raillerie amère. Plaintes aigres , reproches durs , rail- lerie piquante. ifT On le dit dans le même lens pour douloureux. Il eft bien amer à un père de voir les enfans révoltés contre lui. Amer. f. m. L'amer & le doux font des qualités con- traires. On dit, prendre les amers ; pour dire, prendre des bouillons faits d'heibes amères. Acad. Fr. |KJ" Les amers augmentent le relfort des fibres relâchées des organes de la digeftion , corrigent le f ang &C les hu- meurs. Amer, fignifie aulîî le fiel des animaux. Fel. L'amer de bœuf eft propre à ôter les taches des habits. On ne fauroit manger de cette carpe , on en a crevé Vamer. AMERADE. f m. Ameras , adis. C'eft un terme de di- gnité , & le nom d'un Officier chez les Sarrazins. Les Amerades étoient ce que lont en Europe les Gouver- neurs de province. Ce mot eft la même choie qu'E- mir, & vient du même verbe ^DSJ amar , dire, com- mander, t AMÈREMENT, adv. D'une manière amère, il ne fe dit qu'au figuré pour douloureufement. Acerbe. Sainr Pierre pleura amèrement la faute. Alexandre voyant le corps de Darius, pleura amèrem.ent. Vaug. ^ AMERGO, ou MERCO. Ville d'Afrique, en Bar- barie , au Royaume de Fez , dans la province de Habat , à trois heues de Beni-Tudi. Elle étoit autrefois conli- dérable. Ce n'eft plus qu'une grande habitation , peU' plée de Tilferans. AMÉRICAIN, AINE. adj. & f. Habitant de l'Améri- que , qui eft d'Amérique , qui appartient à l'Améri- que. Grotius & Hornius ont fait des livres de l'ori- gine des n.rtions Américaines , dans leiquels ils mon- trent que les Américains font des habitans de l'ancien monde, qui ont pénétré jufque-là , ou par mer, ou peut-être par terre. Grotius croit que les Américains du nord lont venus deNorwégeparle Groenland; que ceux du Jucatan lont des Ethiopiens -, que ceux du Pérou lont partis de l'Inde & de la Chine; que ceux qui lont au midi jufqu'au détroit de Magellan, y lont pailés de l'Orient par les terres Auftrales. Outre cela fi de la Norwége on a pu palfer dans le nord de l'A- mérique on l'a pu aulli de la Tartarie ; & il y a d'au- tant plus d'apparence à cela, que l'on allure que la lan- gue des Américains du nord a beaucoup de rapport à la langue tartare. Hornbeck, qui examine la même matière dans la VIII & la IX Dllfertation de la con- fervation des Indiens & des Gentils , dit , que l'on trouve des preuves manifeftes que les peuples du Mexi- que, du Pérou & du Brélil, lont originairement Scy- thes & Tartares. Pour les îles de l'Amérique , il ne doute point que la plupart n'aient été peuplées par les Phéniciens & les Cartaginois. Il ne doute pas non plus , que dans le temps que les Saxons envahirent & ravagèrent la grande Bretagne, & que les Sarrafins s'em- parèrent de l'Elpagne, plufieurs Bretons & Elpagnols fuyans les cruautés de leurs vainqueurs , ne f e foient jetés chacun de leur côré dans l'Amérique. Enfin , il eft très-croyable que l'aventute d'Alonfo Sanchcz eft arrivée à plufieurs autres, & que bien des navires, ou Européens, ou Africains, ont été jetés par la tem- pête, ou emportés par les courans fur les côtes d'A- mérique , &: n'en font pas revenus comme lui. Voy. le P. de Acofta , Jéfuite , Liv. I de l'Hifloirc des In des , chap. 16& fui v. Il cm\i(\\xt\: des Empereurs pour conlerver leurs cendres , & empêcher qu'elles ne le mclallent avec cel- les des bois & autres matières combuftibles , dont on formoit leurs bûchers. Mais les Hiftoriens des Empe- reurs n'ont jamais Tait mention de ces toiles , quoiqu'ils décrivent exadement la cérémonie qu'on oblervoit en brûlant ces corps , ik les moyens qu'on avoit de ramal- fer les cendres des morts, enlorte qu'il eft inutile d'a- voif recours aux toiles à' amiante : d'ailleurs on trouve dans plulicurs urnes lepulcrales , des charbons mêlés parmi les cendres , ce qui fait alfez voir que les An- ciens n'étoient pas toujours iî loigneux à ne ramafler que les leules cendres du mort. De cette erreur on eft tombé dans une autre , en s'imaginant qu'on employoit l'amiante à taire des mèches perpétuelles aux lampes fépulcrales. Perlonne cependant n'y en a jamais obter- vé. Il eft vrai qu'on le lert à prélcnt de mèches d'al- befte pour des lampes , auxquelles on ne veut guère toucher-, car l'amiante ne le conlumant pas , on n'eft pas obligé de tirer la mèche qui en eft faite. On dit qu'autrefois on a vendu des morceaux d'amiante jpoiu du bois de la vraie Croix de Notre Seigneur; & le pu blic s'y lailloit ailément tromper, parce qu'on alîuroit que la meilleure preuve pour reconnoltre ce bois pré- cieux étoit de le mettre au feu , d'où il devoir lortir entier. Il y a dans le Racolta d'opufc. T. IX , p. jS i , une Diirertation lur X amiante , par Ivl. le Marquis Ubertin Landi de Plail'ance, Capitaine des Gardes de la Du- chelle douairière de Parme. Les Latins appellent 1';?- miante Amiantus , ex eo quod incontaminatus èfiam- mis e.Yt'ijrj parce qu'il lort du feu lans en être endom- magé. Les Grecs le nomment ^afas-it , c'eft-à-dire , inex- tinguible , parce qu'il le conferve dans le feu lans s'y conlumer. Pline l'appelle , Lin vif , Linum vivum, Cœ- lius Uhodiginus , Lin de Carpajia , Linum Carpafium, de Carpalie, ville de Chvpre, au feptcncrion de lile. Sclin le nomnie Carkafum. Pauianias Canjlia , parce qu'il s'en tiroir dans le voifinage de Cariflo ^ chiitçau fur la mer Euboïque. Zoroaftres lui donna le nom' de Bojlrichites , comme rellemblant aux frilures clés cheveux des femmes. Albert le Grand le deligne par les molsMcuflus lapis jk caule de la vilcolité dclle- chée, oêrplmot: Icjutus j Ixutus lapis. En grec ■';'<, vifcum. Paul Vénitien, dans Ion voyage, lui donne le nom de Salamandra- Langius dans les Epïtres , plu- ma Salamandra , plume de Salamandre. D'autres Au- teurs, en grand nombre , l'appellent Lin des Indes ^ Linum Indum , parce qu'on l'apportoit des Indes. V amiante a deux propriétés merveilleules, l'une eft qu'il réhfte au feu , (^ l'autre qu'on le peut filer & en faire de la toile. M. Landi prouve la première de ces propriétés par un grand nombre de palîages d'Auteurs eccléluartiques&protanes, anciens & mordernes. Quel- ques-uns prétendent que le lumignon des lampes fé- pulcrales étoit d'amiante , & Damale rapporte dans la vie de S. Silveftre Pape , que l'Empereur Conftantin avoit rélolu de f;iire faire des lumignons d'amiante aux lampes de Ion baptiftèrc à Rome , afin qu'elles ne s'éteigni lient jamais; bien entendu que l'on y fournif- loit de 1 huile quand il en étoit bcloin. Louis Vives alTure dtms.fes Scholres fur S. Auguftin, que lui & Pierre Garcias Ion compagnon d'études, ont vu à Paris plulicurs lampes , donc les lumignons ne fe confumoiciit AMI 29? jamais; & Aldrovandus prétend que Ci on réduifoit k pierre d'amiante en huile , qu'on la dépurât bien de toute humidité étrangère , & que par le moyen de la dillillation on lépailsît , il prétend , dis-je , qu'on en feroit une huile qui brûleroit toujours lans dé- faillir. Quant à l'autre propriéré, Pline dit qu'il a vu dans des lalles à manger, des n?ippesd'amiante j que l'on net- toyoit de leurs taches, quand elles étoient fales, en les jetant au feu , d'où elles lortoient incomparablement plus propres & plus blanches , que fi on les avoit la- vées. Il dit encore que l'on mettoit les corps des Rois que l'on brûloir après leur mort dans des tuniques à'a- miante j pour féparer leurs cendres de celles du bû- cher. Hiéroclès dit le même des Brachmanes, & Pau- ianias des Athéniens. M. Landi prétend que l'art de travaillerr^w;a«rei& d'en ourdir de latoile, étoit connu du temps d'Homère, ik que les grands métiers que l'on voyoit, félon Madame Dacier, taillés dans la pierre , fur lefquels les Nymphes travailloient à des étoffes de pourpre qui étoient la merveille des yeux ; que ces métiers , dis-jc, étoient de longues trames de pierre ; c'eft-à-dire, d'amiante^dont les Nay ades failoient des étoftes de pourpre d'une beauté merveilleufe ; & il eft cerrain que le mot îrt'i ,dont fe lert Homère , h' gnilîe également & la toile , & le métier lur lequel on travaille , Ôc par conléquent îr»'/ Aietoi , peut aullî-bien défigner des toiles de pierre j, que des métiers de pierre. Homère d< Hélîode prennent iVo's pour la toile , & peut-être paroitra-t-il difticile à quelques gens, de con- cevoir un métier de tillerant qui loir de pierre, ou taillé dans la pierre , comme traduit Madame Dacier. Quoiqu'il en foit , M. le Marquis Landi prend ces mots pour des trames d'amiante , ce qui n'eft pas dit- hcile à concevoir, vu la propriété de l'amiante dont nous parlons. De plus, Homère ajoute ©"{rjuaicftcrôai. Si ces étoffes que fiabriquoient ces Nymphes, euftent été des étoffes ordinaires , y auroit-il eu lieu de s'écrier ainlî ; au lieu que li c'étoient de longues pièces de toile de pierre, il y avoit allurément plus lujet de dire, chofe admirable à voir. Le Salvini qui a traduit Homère en vers itahens, a entendu & tourné cet endroit dans le même lens que M. Landi. Enfin un monument anti- c]ue , trouvé en 1 701 près de la grande porte de Ro- me , appelée autrefois Porta Navia j ne laiffe aucun lieu de douter que l'on ne fit autrefois de la toile d'a- miante. C'eft une urne funèbre ornée en dehors de bas reliefs très-éltgans, daiis lai]uelle il y avoit des cen- dres avec un crâne & des os brûlés , enveloppés dans un linge d'amiante , d'une grandeur étonnante. Il a neuf palmes romains de long , lur lept de large ; ce qui, lelon ce que nous avons dit au mot Palme , revient à cinq pieds lept pouces, dix lignes & demie pour la lon- gueur, & à quatre pieds, onze pouces, neuf lignes 8c demie, c'eft-à-dire, à deux lignes & demie près, cinq pieds pour la largeur. Ce monument précieux fe con- lerve dans la Bibliothèque du Vatican, où Clément XI le fit mettre. Enfin Majclli , dans les Notes fur la Metallotheca de Mercati , prétend qu'en macérant l'a- miante dans l'eau , & le broyant enfuite , on en peut faire du papier à écrire. M. Landi recherche enfuite ce que c'eft que l'a- miante. Le plus grand nombre des Auteurs le pren- nent pour une pierre. M. Landi croit qu'il eft du règne des végétaitx. C'eft une petite plante qui végète, qui croîr, qui pculîc des branches, & qui eft compofée de perits filamens , droits, blancs , brillans, criftalins, qui le féparent ailément , qui pouffent & germent d'une petite racine de la figure d'une noix. Elle fe trouve dans les mines d'alun, & elle eft couverte d'exhalaifons bitumineules; Ion tronc, les branches, &: les feuilles lont comme piquetées, ou tachetées de petites lames d'argent. C'eft de-là qu'eft venue l'erreur de ceux qui ont pris l'amiante pour de la plume d'alun, pour de l'alun Iciffile , & pour une pierre incruftée d'une ma- tière pierreufe , brillante. M. Landi trouve des parti- ons de Ion opinion. Phne, dit il, a peut-êrre voulu marquer que l'amiante étoit lui arbufte, quand il l'a nomme nn Lin vivant , Linum vivaw.-C'eft peut-être l'herbe de Pomet, qui fe trouve dans les Pyrénées, 294 AiMï qui fe divife en pluficurs petits poils femblables au lin, & qui ne btûle point au feu. Àlais li l'amiante eft d'une fubftance ligneufe, com- ment réiifte-til au feu; On répond à cette objection 1°. pat l'exemple de la Salamandre. Laillantcet exem- ple douteux ou fabuleux , on dit que l'amiante eft une lublfance ligneutc, mais dépouillée de nitre , de bi- ■Tume, de foufre, de toute forte de matière combufti- ble , & dont les porcs font impénétrables aux corpul- cules ignés , parce qu'ils iont d'une configuration dif- férente de celle de ces corpulcules. On ajoute l'exem- ple de l'herbe de Pomct,& de bois trouvés en terre, tels que M. Valilnieri en a dans Ion cabinet, lelquels ne louffrent aucune altération du feu. Enfin , comme il y a des inflammables a ditférens degrés , quelques-uns qui prennent feu très vite , d'autres qui le prennent plus lententement, & d autres enfin qui ne le pren- nent qu'avec beaucoup de peine, & qui brûlent très- difficilement, la nature a pu poulFer cette difpoiîtion ou cette qualité , julqu'à en former qui ne prilfent point du tout feu , & qui fulfent incombuilibles. Telles font les recherches de cet illuftre Auteur. L'amiante f c trouvoit au promontoire Carnée. 'Du Loir. Voye^ AuiktiT-e. & Asbejle , fignifient un corps incorabufti- ble. Ce qu'on nomme Lin ïncombujlible j n'eft autre • chofe que l'amiante ^ quoique Phne les ait diftingués, ik qu'il traite de tous les deux féparément. L'amiante excite la démangeaifon : il étoit cependant recommandé anciennement pour les maladies de la peau , &: fur-tout pour la galle : peut-être étoit-ce l'alun de plume ; car on a confondu à prêtent ces deux matières , qui font néanmoins bien diftérentes. Ce mot Amiante efl:grec , ik vient d' «^''«'••^•s compofé de 1'« privatif , & de /j^idm , polluo , &c fignifie, qui ne fe gâte , ne f e cor- rompt point. AMICAL, adj. Qui a de l'amitié ou qui en fait paroître. Ce mot eft nouveau & n'a rien qui le puiile faire re- jeter. Cette demoilelle fe tournoit fouvent de mon côté d'un air amical & familier. Mariveaux. AIVUCALEMENT. adv. En ami , avec amitié, avec ou- verture de cœur. Cet adverbe eft plus ufité que fon zdjeâif amica/. On dit, vivre amicalement ^ cauler amicalement j &c. Cette bonne veuve nous fît atreoir amicalement j fe mit devant nous , & là nous accabla , f i cela fe peut dire, d'un déluge de confiance & de récits. Ma- riveaux. En l'état où je fuis d'hermite à Salonique _, Mon plus flatteur délaffement Efl de moralifer, mais avec enjoument , Sans fuivre à pas comptés un ordre didaclique ; Et d'écrire amicalement. D'un ton badin & véridique, A qui m'aime Jlncèrement. Des Roches. AMICT, Quelques-uns. écrivent , &: tous prononcent AMIT. f. m. Linge béni, de figure carrée, que les ec- cléfialliqucs mettent fur la tête , quand ils fe doivent revêtir d'une aube. Amiculum facrum. Amiclus. Il le porte par les Prêtres , Diacres , Sou-diacres & Acolytes , quand ils fervent à l'autel, C'eft le premier des fix or- nemens qui font communs à l'Evêque & au Prêtre. Il défigne la chafteté, parce qu'il couvre le cœur, & il ferre le cou , afin que le menfonge ne vienne point à la bouche, comme prétend Bruno, qui a écrit des or- nemens épifcopaux. L'Amicl fe mettoit auuefois fur la tête , comme nous avons dit. C'eft pourquoi Clo- pinel en décrivant les exorcifmes, tels qu'on les prati- quoit de fon temps , dit : Où font-ils qui faims Apoftoles D'aubes vêtus , t/'amiéts coeffés , Qui ne font ceints fors que d'efloles y Et par le cou prent li malfaits ? On le met encore quelquefois fur la tête , mais com- munément on le rabat fur le cou. AMI Ce mot vient de Amiclus , qui, chez les Romains, fe difoit d'un vêtement qu'on mettoit fur la tête , & qui couvroit tout le corps , d'où eft venu aulîi le mot à'aumujfe. On l'a auili appelé en latin fuperhume- raie. ÇCF AMID. Amifus. Ville de Turquie , dans la Nato- lie, & dans la province de Bolli, par les 54 d. zo' de long. & par les 40 d. 30' de lat. à 14 lieues de Tocat, & à 1 6 d' Amafie. fer AMIDA. Foyei Amed. Amida. f'. m. Amida^ a. Dieu du Japon. Les Japonois croient qu'en prononçant feulement fon nom , ils fe- ront heureux. Us le peignent dans un lieu délicieux , planté de rofiers, & lui couronnent la tête deiayonsi ils lui donnent auih une elpèce de chapelet à la main. Il y a une figure de ce Dieu dans le cabinet du Col- lège Romain des Jéfuites. Le P. Kirker l'a fait graver dans fon Muf&um collegii Rom. & dans fa China il- luftrata , p. ijS , mais différente de ce que nous ve- nons de dire, car il eft accroupi j il a un bonnet à la chinoife fur la tête, un collet fur les épaules, & un plaftron pardevant qui lui pend au cou, tous deux écaillés : de chaque cc»té de la tête , il lui pend une chaînette à quatre anneaux: il tient un chapelet à la main. Ce heu de délices où ils placent Amida. j eft apparemment le paradis qu'ils attendent après leur mort , & qu'ils appellent Gocurac. La mythologie Japo- noifé met le paradis d' Amida à l'orient, Ik les Bonzes fe tournent de ce côté là quand ils prient. Ils difent {cuvent, Nanut Amida i but j, c'eft-à-dire , heureux Amida ., fauve^-nous. Ils ont aullî des efpèces de cha- pelets fur lefquels il difent cette prière , ou quelques autres, & portent de petites figures d'.-^OTia'i:? pendues au cou. On l'appelle OmytOj îk plus communément Amida. AMIDON, f. m. C'eft une pâte qui fe fait avec des re- coupes de froment, ou pour le mieux avec le plus beau grain , qu'on mouille & remouille cinq fois par jour, & autant la nuit, pour le lailler bien fermen- ter ; puis on le bralle dans beaucoup d'eau , comme on fait l'orge quand on fait la bière. Amylum. On ôtc le fon qui nage fur l'eau avec un crible, ou un écu- moir. La farine mêlée avec l'eau tombe au fond comme du -caillé ; on verfe l'eau par inclinaif on , & ce qui refte au fond eft \ amidon ^ qu'on met fur des tables lécher au foleil. L'empois f e fait avec de \ amidon. Phne dit que ce font les habitans de l'île de Chio qui ont inventé l'amidon , & que le meilleur vient de-là. Diolcoride dérive ce mot du grec à'^vAoy , comme qui diroit farine faite fans meule, f^^oye'^ le Diction. (EcoN. Amidon de racine. Outre l'amidon qui fe fait avec les recoupes du froment, l'on a découvert dans le com- mencement du XVllI liècle, la racine d'une plante dont on en peut taire de très-bon, & qui eft propre aux mêmes ufagcé que l'ancien amidon. La plante a pret- quc autant de noms qu'il y a de différens endroits en Fiance où elle fe trouve. Les plus communs font, l'A- rum j l'Epilettc j le Cheux à la ferpente , l'herbe à Prêtre, les Pied de Veau, le Tarus , l^Sara , l'A- ron , Barba-Aron , Sic. Les lieux où elle abonde le plus, font les bois, les haies, les lieux marécageux & fombres , & prefque toutes les terres incultes. Amidon, dans l'exemple tuivant, étant joint avec Par- fumeurs de Cour, eft employé métaphoriquement pour louange f:iulLTe,vamcomplimcnT.Laudatiofuti/is. Joilet oifif de fon talent futile, N'en attende^ rien de bon & d'utile ; Séduit fur-tout & gâté chaque jour Par /'amidon des Parfumeurs de Cour. Rousseau , Ep. VII. AMIDONNER, v. a. Mettre de l'amidon, de la poudre- S amidonner 3 fe poudrer. Qu'a s'ajufler du haut jufques en bas ^ Iris pour paroître jolie Paffe les trois quarts de fa vie. Cela ne me furprcnd pas. AMî Mais qu'un abbé tous les jours j'amidonne Ec qu'à pas comptés ce poupin ^ Sur la pointe de l'efcarpin^ Marche toujours droit comme un pin ^ C'efi là ce qui m'étonne. AMIDONNIER. f. m. Ouvrier qui faircu qui vend l'a- midon. Amyli artijfx. L'AMIE, ou AGATHE PERRUCHOT. Tulipe qui eft giis de liiî & bl.inc par mêmes panaches. Morin. AMIENNOii , OISE. adj. & f. Ambianus. Fline joint les Ainienois aux Bellovacues. Celar, LlV. Il j ch. ^ , compte les Amienois p)armi les Belges , & les place entre les Cambréliens , ou Nerviens , & les Bellova- qucs. Pline dit au LiVi V^ ch, ^2 , que les Amienois étoient de ceux qui conquirent laGalatieenAiie. Soliu le dit auili ch. ^j . Il y a dans le Code Théodoiien , Liv. VIII , des reicripts de Valentinien , de Valens & de Gratien, aux Anûénois. Les Amienois tout les habitans à' Amiens. AMIENOIS. 1. m. Ambianenjis ager ^ ou pagus. Con- trée de France , partie de la Picardie, entre la Norman- die, l'île de France , le Santerre , l'Artois, le Ponthieu &■ le V'imeu. Il tire Ion nom d Amiens la capitale. De laMorlière, dans les Antiquitcs d'Amiens, p. / tf j prétend que \' Amienois comprenoit autrefois tout ce qui eft enue la Somme & l'Elcaut. Le même Auteur die communément Ambianois j quelquefois Amia- nois j ou Anibianïen. Il faut toujours dire Amienois. AMIENS, l. m. Ambianum. Samarobriva Amhianorum , Samarohriva , Sommonobria. Ville ancienne deFrance, capitale de Picardie , lur la Somme. Elle a été nommée Ambianum , ah amhiantibus aquis , à caule des eaux qui l'environnent. Antonin Pie, & M. Auréle rétabli- rent Amiens. Il y a une médaille de Magnence que Ton croit être d'Amiens , parce qu'au revers on y voit le monograme de Jésus-Christ avec ces mots: Sa- Lus D. D. NN. AUG. ET cAE. Et dans l'exetgue , Amb. c'ell-à-dire , Ambianum. Les Efpagnols Prirent Amiens par ftratagème en IJ97. Henri IV la reprit par force peu de temps après, & y fît bâtir une citadelle. Amiens a un Evcque luf- fragant de Reims. Sa longitude eft Z5°,2ô', & fa la- titude 49° 5 o',La Mcrliére a écrit les Antiquités d'A- miens. Cette ville, félon M. Calîîni , eft à 19°, 49', 35", de longitude, &: 49", 55', 46" de latitude. AMIERTES. 1. f. pi. Toiles de coton qui viennent des Indes. AMiEUX. Nom d'un lieu delà paroiffe de Chambre au diocèl'e de Lyon. C'eftay4'/Kie//.v que fut batie vers l'an 1633 la première Camaldule qu'il y ait eu en France. Vo\c:( le P. Héliot , T. V. r. 2j6. AMIGDALE.7%e- AMYGDALE. AMiGNARDER. v. a. CarelFer avec tendrelle une per- fonne qu'en aime. Blandiri j blanditiis permulcere , delinire. C'elt la même choie qu'amignoter. Il eft dan- gereux de trop amignarderies enfans. Ce mot ne le dit que parmi le petit peuple. AMIGNARDÉ,ÉE. part. AMIGNOTER. v. a. Flatter, careircr quelqu'un, & par- ticulièrement un enfant. On amignote les enf^ans en leur donnant des confitures. On gâte les enfans à force de les am ignorer. Ce mot n'eft pas plus en ufage que le précédent. AMiGNOT£,ÉE. part. 0^ A-MI-LA. Terme de Muflque , par lequel on défi- gne la iwte la. Cet air eft en a-mi-la. Prendre \'a-mà-la de l'Opéra, d'un concert, &c, icr AMIMÉTOBIE. f, f. Nom que Marc-Antoine & Cléopatre donnèrent à la fociété des plaifirs qu'ils lie- rent enfemble à Alexandrie. Ce mot eft conipolé du grec àfM_:^vro! J inimitable 3 & de f-'" , vie. En efiet la vie que menoicnt Antoine & Cléopatre , étoit telle, qu'il étoit impoiîible de l'imiter , à caule des dépenfes ef- froyables qu'elle entrainoir. C'écoit un aflemblage de tout ce qu'on peut imaginer de luxe , une fuite conti- nuelle de jeux , de fêtes & de délices où ils emplovoicnt 4çs tréiors immenfes. Mgr. qui cite Plutar. in Anton. AMI 2.9^ C;^" AMINA. Nom de ville. Vincent le Blanc nomme aind une ville d'Afrique en Ethiopie , à neuf milles d'Albiar. AMINCIR. V. a. Rendre mii:ce. Minuere, Gracilem fa- cere. Amincir une pièce de bois. A quoi fert donc d'a- mincir il extraordinairement l'cntredeux des fenêtres ? Le Blanc. r? AMINCI, IE.p.art. AMINÉE. Vin d'Aminée. Pinum Amin&um. Ce vin, fé- lon Pline , mérite la préférence fur tous les autres , par la force de les efprits , & la vigueur qu'il acquiert en viciUiIlant. Nat. Hijl. Liv. XI F. c. 2. Columelle pré- tend que les vins aminéens font les plus anciens que l'on connoifle Suivant Macrobe, le vin de Falerne étoit autrefois appelé Vin Aminéen ; il lembleroit ce- pendant que le vin de Faleme devroit être du cru d'un canton particulier , & celui d^ Aminée le produit du railm qu'on avoir tranlplanté en Italie. Ce qui prouve que le vin aminéen n'étoit point du cru d'un canton particulier , mais le produit d'une efpèce particuhère de railin , c'eft que Galien fait mention du vin di Ami- née qui croilfoit dans le royaume de Naples , dans la Sicile , & dans la Tofcane. Virgile diftingue le vin dîA- minée de celui de Falerne , dans le fécond livre des Géorgiques , où il dit , Ammines. vites j & ix)n pas , Aminex, vites. AMINEE. 1. m. Petite rivière du royaume de Tunis , en Afrique. Aminelia. Elle eft dans la partie orientale de ce royaume. AMINEUR. f m. Men/l^r. Terme de Gabelles. Nom qu'on donne dans les Greniers à lel à de certaines gens qui font prépolées pour melurer le fel dont on fait la diftribution au peuple. Par l'article 17 de la déclaration du Roi du 1 9 Mai 1 7 1 1 , il eft porté : «'Voulons que les Amineurs de chaque Grenier loient nommés pour la vidte & confrontation des échantillons de faux fel trou- vé chez les particuliers , lans que \e{.d^iis A m.ineur s puif- fent être reprochés par les parties». Par Arrêt du Confeil du 3 Décembre 1712 , il eft dit que lorfqu'il y aura conteftation fur la qualité des iels de capture , les Of- ficiers Icront tenus de nomma: pour tiers experts un Mefureur ou Amineur du Grenier, &: leur faitdéfenfes d'en nommer d'autres. AMINTAS. 1. m. On nomme Fojfé d'Amintas un ban- dage qu'on fait pour le nez. Galien l'appelle ainfi du nom de fon Auteur. Il eft lemblable à celui qu'on nom- me (Eil double j excepté qu'il ne couvre pas les yeux ; mais il ne convient point à la frasflure du nez pour la- quelle il a été inventé -, il enfonceroit plutôt les os rom- pus , que de les maintenir dans leur place. Col. de Villars. AMINTE. L f. Nom de femme chez les Poètes. En ter- mes cie 1 Icutifte, la belle Aminte ell: un œillet piqueté de menthe, (Se de la même grolIeur& largeur quel'A- marillis , dont il ne diffère que par fa couleur & fa feuille. AMIRAL,- f. m. Grand Officier de la Couronne qui com- mande en chef les Armées navales d'un Etat. Maris Prajecius. ThalaJJïarcus j ou ArchitalaJJïus. Rei ma- ritime _, ou clajjiaru magijler , Regia clajjïs Pr^tor^ Imperator : quelques-uns ont dit Neptunus Galliarumj Ik Duumvir cL'jJiarius. Ce dernier ne fe peut dire du Ctàud-Amiral qui eft feul , mais feulement quand il y a un Amiral du Ponant , & un du Levant ; de même qu'a Rome, des Duumvirsde la Flotte, l'un comman- doit dans la mer de Tofcane, Duumvir maris inferi , & l'autre dans la mer Adriatique , & étoit Duumir maris fuperi. Il y a eu autrefois un Amiral du Ponant , & un Amiral du Levant. L'Amiral d'Arragon , d'An- gleterre, l'Amiral de Hollande, \' Amiral de Zélande , ne font que des commilllons. En Efpagne on dit \'A- mirante ; mais l'Amiral n'eft là que le fécond Officier, qui a un Général d'Armée au-delfus de lui. L'Amiral en Fiance porte pour marque extérieure de la dignité, deux ancres d'or paifées en fautoir derrière fon écu. Il a droit de donner les congés tant en guerre qu'en mar- chandilc. Il a le dixième des prifes fûtes en mer >.S: fur les grèves, >.^ celui des rançons & des repréfiilles , le tiers de ce qu'on tire de la mer, 09 qu'elle rejette , le 29^ AMÎ droit d'ancrage , tonnes & balifes. V Amiral n'a point de féance au Parlement, fuivant l'Arrêt rendu à la ré- ception de l'Jmiral as Chatillon en 1551. Après qu'il eut prcté le ferment ordinaire , le Premier-Préluïent Gilles le Maiftre lui dit , que comme Amiral il n'avoit point de féance au Parlement , mais que comme Gou- verneur de l'Ile de France il l'avoir , & que comme tel il pourroit prendre place. Les anciens Amiraux n'a- voient point de Jurididion contentieule : elle apparte- noit à leurs Lieutenans ou Ofliciers de robe longue. Mais en l'an 1626, le Cardinal de Richelieu, en le tai- fant donner le titre de Grand-Maitre & de Surinten- dant du commerce & de la navigation , au lieu de la charge à' Amiral qui tut alors lupprimée , le lit at- tribuer l'autorité de décidera de juger fouverainement de toutes les queftions de la Marine, même des priles & du bris des vailleaux; delorte que les Juges de l'A- mirauté n'ont plus en cette matière que la Imiple inl- trudlion. Le jugement s'en fait aujourdhui au Confeil de la Marine , compofé de Confeillers d'Etat. Quand l'Armée efl: licenciée , le vaifleau où aura été la perionne du Roi, avec toutes les armes & munitions, appartien- nent à l'Amiral Le premier Amiral en France fut En- ■guerrand de Coully en 1184, félon Jean le Ferron, en Ion Traité des Amiraux. Il en compte 5 3 jufqu'à l'A- miral de Chatillon ; mais Du TiUet dit que le premier fut Amaury, Vicomte de Narbonne. La Popeliniere a auilî fait un Livre intitulé \' Amiral. C'eft le Duc de Penthièvre qui eft aujourd'hui ( mil fept cent foixante- , .x\e\i() Amiral de France. Il fut pourvu de cette charge en 1734. Il y a eu quelquefois en France autant d'A- miraux que de régions maritimes. On fait mention fur- tout de trois, l'Amiral d'Aquitaine, l'Amiral de Bre- tagne, & l'Amiral de Normandie, qui fut depuis ap- pelé Amiral de France : cette dii^incl:ion eft venue de ce que ces provinces étoient polledées par différens Souverains. La charge d'Amiral a été rétablie par le Roi en 1669, avec le titre de grand Officier de la Cou- ronne. Le Roi alors fe rélerva le choix Se la provifion de tous les Officiers de guerre & de finance de la Ma- rine , & accorda à M. l'Amiral que toute la juftice de l'Amirauté fe rendroit en fon nom ; qu'il pourvoiroit de plein droit aux offices des Sièges des Amirautés ; qu'il jouiroitdes droits des amendes, confîlcations, du droit du dixième fur toutes les priles , du droit d'ancrage comme les Amiraux en ont joui, du droit de congé fur Tous les vailleaux qui partent des ports du royaume. ^oyei fur la charge d'Amiral ^, fes droits , fes fondions, &c. l'Ordonnance de François I de 1 545 , celles de Louis XIV , du premier Février 1650, du mois de Novembre 1669 , du mois d'Août 1681 , & c'ell à cette dernière qu'il s'en faut tenir dans les chofes en quoi elle eil dif- férente des autres. Ce mot vient du grec^A/^vf»?, qui {is,m(ie falure j ou faline ., comme qui diroit. Maître des Jalines 3 ou de la mer, qu'on appelle en htm falum. Nicod. Les Grecs nommoient les Capitaines de mer Almiraux. Covar- ruvias dit que félon Léon d'Afrique ce mot eft Arabe, & qu'il lignifie Capitaine général de l'Armée. D'autres ditent que ce mot vient de l'Ahicain Amirasj qui li- gnifie Prince. Nébrilfenlis dit qu'en arabe ce mot figni- fie Roi. D'autres Auteurs tiennent que ce mot vient du grec «A/in , qui fignifie eaufalée , & deafX" ,Princeps. D'autres difcnt que ce mot vient du grec H-^f'o.fX'! ,c[m fignifie , celui qui commande lur dix mille hommes. D autres le dérivent de Emir, ou Amir j qui fignifie Seigneur en arabe, & de «ajos , qui fignifie Marinus. On trouve fouvent f/wir dans Zonaras , Cedrenus , Nicé- tas, &.' les autres Grecs du même fiècle, pour fignifier un Chef qui commairde aux autres. C'eft pourquoi quelques-uns prétendent que la dignité , aulli bien que le nom, eft venue d'Orient. En effet on ne trouve l'é- tablillcment de la charge d'Amiral, que fous le règne de Philippe en 1284, lequel avoir fuivi le Roi S. Louis en Afrique , t\- dans la guerre contre les Sarrafins. Pasq. Néanmoins dans l'Empire de Conftantinople, l'Amiral n'étoit pas le premier Officier fur mer. C'étoit le Dux magnusjGtànd Duc , ou Grand Chef, Grand Général, qui avoic fous lui l'Amiral , Amiraiius j le premier AMI Comte , Protocomes j &c. C'eft mal-à-propos que quel- ques-uns l'écrivent avec un d. Il ne faut pas non plus l'écrire avec un / , comme fait Rochefort Almiral. Quand même il viendroit de l'arabe , ôk: que al leroit l'article, ou quand il viendroit du grec «a;, il ne fau- droit point y mettre de /; l'utage ne le veutpoint. Du Cange dit que chez les Sarralms le nom de Amir 2. été donné à des Juges, Prévôts, Conluls, Capitaines, Vi- cerois & Gouverneurs de provinces, aulîi-bicn qu'aux Généraux de leurs Flores i & que les Siciliens ont été les premiers , enfuite les Génois , qui ont appelé Ami- raux les Généraux de leurs Armées navales. Je trouve en effet dans la vie de S. Pierre Thomafius,^i/OTirjrz/j Jerufalem , pour le Gouverneur de Jerulaleni pour le Soudan d'Egypte : fur quoi Bollandus remarque, 7". //. p. 1002. qu'on a appelé Amirdus , Emir, le Chef du Confeil , ou , comme il parle , du Sénat des Sar- rafins. Amiral, fe dit aulîi du principal vaiffeau , que monte l'Amiral. Navis pr&toria. Il porte le pavillon carré au grand mât , & quatre fanaux en poupe. On appelle aulîî Amiral, le principal vaiffeau d'une Flore, quelque pe- tite qu'elle foit. Quand deux navires de guerre de fem- blable bannière fe rencontrent dans un même porr, le premier arrivé a les prérogatives & la qualité d'Amiral : celui qui arrive après, quoique plus grand & plus fort, ne fera que Vice-Amiral. Il en eft de même des Ter- reneuviers , dont le premier arrivé prend la qualité à^A- miral, & la retient pendant tout le temps de la pêche. Il porte le pavillon au grand mât, donne les ordres, & aiîigne les places pour pêcher à ceux qui font arrivés . après lui , & règle leurs conrcftations. Le mot d'Amiral Ce difoit autrefois de ceux qui cora- mandoienr dans les provinces, aulli bien que lur la mer. On dit aulîI des Amiraux de Galèies. Monftrelet fait mention d'un Amiral des Arbalétriers. Amiral , ou Grand Amiral. 1. m. C'eft la quatrième digniré de l'Ordre de Malte, après le Grand-Maitre. Il eft le chef & le pilier de la langue d'Italie dont il eft toujours rire. En l'abfence du Maréchal il commande fur mer aux foldats & matelots. Il nomme le prud'hom- me & l'écrivain de l'Arlenal; & lorfqu'il demande le Généralat des galères , le Grand-Maitre eft obligé de le propofer au Confeil, qui l'admet ou le refufe', félon qu'il le juge à propos. L'Abbé de Vertot. Les Iles de I'Amiral , InfuU TalaJJlarchica , font des lies de la mer de Zanguebar, auleptentiiondecelle de Madagafcar, & au levant du royaume de Mélinde. Il y a encore près de la nouvelle Zemble une île de l'Amiral. AMIRAL , ALE. adj. Qui appartient à l'Amiral. Vaif- feau amiral. Pavillon amiral. Galère amirale. Pr£- torius. Amiral-tromp. f. m. Terme de Fleurifte. Ce nom, qui eft celui d'un Amiral d'Angleterre, fameux dans le XVII^ fiècle, a été donné à une efpèce d'œillet. C'efl: un violet fur un fond blanc, qui vient de Lille : la fleur eft large. Amiral de frise, f m. Terme de Fleuiifte,efpèce d'œillet piqueté. Ce nom Amiral, entérines de Fleuriftes , entie en- core dans les noms de plufieurs tulipes que voici. Ami- ral d' Angleterre , a rouge brun, colombin vif & blanc. Amiral caJielUn eft colombin , rouge pâle & blanc. Amiral chrétien, colombin pâle, mêlé d'un colombin obfcur & blanc d'entrée : elle eft printanière. Amiral de Brijffîére , rouge brun , colombin , & blanc d'entrée. Amiral de Delf , rofe rouge & blanc. Amiral fray ^ gris lavande, minime brûlé & blanc. Amiral de France^ pourpre obfcur , colombin clair (^: blanc non d'entrée. Amiral fournier, triftamen rouge &: jaune blanchiffant. Amiral d'hevertejpoutprc obicur, violet clair & blanc d'entrée , prinranièrc. Amiral d'Hollande , rouge & blanc. Amiral de Mars, rouge de fang & blanc. Ami- ral Poncet , fleur de \m , colombin îk blanc d'entrée. Amiral Trivermon, couleur de rofe, colombin & blanc non d'entrée. Amiral Vallier , orange , couleur de rofe, citron & blanc iAe. Amiral Villier s , pourpre, colom- bin ^ A M î biii, & blanc d'entrée. Amlraldc Fefnesj ronge trille, ro(e ik chamois blanchillanr. ir^;- AMIRAL & VICE-AMIKAL. Terme de Concliy- liologie. M. D'Are.enville donne ce nom à deux coquil- lages de la claile des univalves. AMIRALE. (. f. Galère que monte l'Amiral des Ga- lères. Trïrcnûs pruorta. lis lui firent prcleni de \A- mirale qu'ils avoienc remontée par la rivière. Ablanc, AMIRALE. r. i, L'époule de l'Amiral. Madame \Amï- rale. AMIRANTE. (". m. C'cll: le nom d'un grand Officier en Elpagne. V A mirante ^'à.zn Eljpagne ce que l'Ami- ral eft en France. On peut apprendre ce que c'cft que VAmirante en Efpagne, par ces paroles d'AlfonfeLX, Roi de CaftiUe. Almïranic es dicho j el que es cah- dïllo de todos los que van en los navios para fa\er guerra fobre mdr. AMIRAUTE, f, f. Charge d'Amiral. Maris prxfeclura. V Amirauté ^ été polK^dée par MM. de Chàtillon , de Monrmorenci, & de Brczé, &c. Amirauté, eil: aulii une juflice qui s'exerce à la Table de Marbre lous le nom & l'autorité de l'Amiral, & qui connoîr des ditfércns qui arrivent fur les mers qui touchent le pays, les terres &c les leigneuries delacou- ronne de France; en un mot , qui juge en première inftance de tout ce qui regarde les marchandiles , la pêche, & les divers ports du royaume. Rci maritims. tribunal. Voyez la-delfus les ordonnances & les mé- moires de Pierre Miraumont. Il y en a une à Paris , & en la plupart des grands ports de mer du royaume. Les Gliicicrsdc '^ Amirauté : Jouet dans (a Bibliothèque des Arrêts. Amortissement , fignifie aulH.extindfion, rachat. Va- morti[l'ement d'une rente te fait en rembourtant le (oit principal. Penjionis annuA abolitio. Amortissement, lignifie auiîî , adoucilfement d'une douleur, d'une inflammation. Extinclio y rejîinclio , reprejfw i hehetatïo. Les Médecins laignent pour pro- curer \ amortiljement de l'ardeur de la fièvre. Si cet emplâtre ne guérit pas , il caule du moins Xamortif- fement de la douleur, dans ce tens il eft peu ulité. AiMORTissEMENT. Terme d'Architedture. C'eft la même chofe que Couronnement; & c eft ce qui finit & ter- mine quelque ouvrage au haut d'un bâtiment , ou d'une mcnuilerie, ou dune corniche , comme quel- que vate, ou quelque figure , & généralement tout ce qui tait faillie, ou ornement en cet endroit-là. ^crore- rion. Les ouvriers appellent Chapiteau^ amorti [jementy ou le couronnement d un miroir , d'un tableau , &c. Tous ces mots viennent de mors , mort , qui eft la fin, cN. le tcime de toutes choies , & dont par méta- phore l'on a tiré ces mots, qui fignifientjCw ik terme • car amortir n'eft proprement autre choie que mettre à fin , faire finir , tcrmiiier. AMOS. f m. C'eft le troilième des petits Prophètes, qui prophétila tous le lègne d'Ofias, Roi de Juda , & de Jéroboam , deuxième Roi d'Ifrael. Il prédit la captivité des Itraélites , ik les malheurs des ennemis du peuple de Dieu. Le Sacrificateur Amatîas le fie mouiir. AMOSA. 'Ville de la terre promife, dans la tribu de Benjamin. Amofa. AMOVIBILITÉ, t. f qualité de ce qui eft amovible. Def- titutionis,abrogationismeritum. Amovibilité des Cha- pelains pour caufe d'abfence tans congé. Eronod.' Mémoire pour le Chapitre de S. Germain l'Auxer- rois. Dans les Eglifes cathédrales ou collégiales du. royaume, où il y a des béncfices atfedlés aux Chaiv très ou Vicaires Choriftes, ces fortes de Bénéficiers peuvent être dcftitués pourcaute d'abfence fans congé & permiliion. Les ulages & les règlemens de ces Egli- fes conviennent tous en ce point clfentiel & décifif , que pour la deftitution de ces Bénéficiers , elles ne: font point alfujetties aux délais & aux formalités pret^ dites par le Droit & les taints Canons pour la priva- tion des bénéfices ordinaires. In. Ces Sentences con- firment Yamovibu'ite dclciiL', chapelles dans le cas d'ab- fence fans congé. In. AMOVIBLE, adj. de t. g. Mobiiis y qui potefi ex officia amoveri. Ternie eccleliaftiquc j qui fe dit de celui qu'on établit en quelque charge ou emploi , parcom- million, ou pour un temps le ulemcnt, & qui peut être révoqué ik deftitué , quand il plaît au Supérieur. Les Vicaires des Paroiires n'ont pas une charge ou un bé- néfice en titre , ils font amovibles ad nutum , toutes fois & quantes il plaît aux Curés. Tous les Obédien- ciers ou Religieux qu'on envoie delfervir un béné- fice, font amovibles. Ce mot vient du verbe latin amovere y qui fe dit pourfignifier, citer d'un lieu , d'une place , d'un porte, d'une charge que fon occupoit. On en a formé le mot barbare amobilis y d'où s'eft fait amobile , 8i entuite amovible... Qui amoveri poteft. 0Cr AMOUL. Ville de Perte. Foye^ Amol. AMOUN. Foye^. Ammon. AMOUQUE.'t". m. Terme de Relation. C'eft le nom des Gouverneurs, ou Pafteursdes Chréiiensde S. Tho- mas dans les Indes. Pidfeclus , ou PaJIor Chrijliano- rum S. Thom£. Ce nom eft Indien. 0Cr AMOUR, f autrefois fém. aujourd'hui mafculin au fingulier , Sx. féminin au pluriel , en Poëfie Amor, Sentiment par lequel le cœur fe porte vers ce qui lui paroît aimable, & en fait l'objet de fes afFeéfions & de fes défirs. Amour en général fignifie toute affec- tion qui a ton principe dans la nature, & qui entraîne le cœur, pour ainfi dire malgré lui , vers l'objet aimé. C'eft enfin Une complaifance dans cet objet : telles que font la tendreflc des amans , celle des époux , l'amoUt filial j & plus encore le paternel. "9 _^o4 AM O L'ufage a déterminé ce terme à fignifier plus paiti- ' '««.lièiement la forte fympathie que conçoivent des perlonnes d'un fexe pour celles de l'autre. Les fens en ibrment le nœud. C'efl: une pallîon inquiète & tu- .multueule. Il ne peut tnblîftcr lans un mouvement •contiuel , aullî bien que le feu. Il s'éteint dès qu'il celFe d'efpérer ou de craindre. VJmour eft une en- TJe cachée & délicate, de polFéder ce que l'on aime, DE LA ROCHEF. On ne peut long-temps cacher l'^OToz/r où il eft, "TO le feindre où il n'eft pas. Id. V Amour eft l'eniant idu loilir. Comme un de nos Auteurs a dit qu'il en eft ■de V Amour comme de la petite vérole , oui eft' bien moins dangéreule quand on eft jeune que dans un •âj;e plus avancé. • Il n'y a point d'Amour fans eftime : car nous ne pouvons nous défendre de trouver du prix aux choies qui nous plaifent, & notre cœur en groftit le mérite. Si les attraits qui nous charment, font plus dimprcl- fion £ur les lens que lur l'ame , ce n'eft point de l'A- mour., c'eft un appétit corporel. Il eft du véritable Amour comme de l'apparition des elprits; tout le inonde en parle, peu de gens en ont vu. dh la Ro- CHEF. |CF Amour, Galanterie , fynonymes. L'Amour dît M. l'Abbé Girard, eft plus vif que la galanterie : il a pour objet la perlonnc : fait qu'on cherche à lui plaire dans la vue de la poftéder , «S: qu'on l'aime au lant pour elle-même que pour loi : il/s'empare brul- tjuement du cœur, & doit (a naillance a fin je ne lais quoi d'indéfiniftable, qui enframe les (entimens i^c arrache l'elfime avant tout examen & lans aucune in- formation. La galanterie eft une paftîon plus volup- tueule que l'amour: elle a pour objet le (exe; lait qu'on noue des intrigues dans le deftein de jouir, & qu'on aime plus pour la propre latisfaétion que pour celle de fa maître lie ; elle attaque moins le ca^ur que les fens; doit plus au tempérament & à la complc- • xion qu'au pouvoir de la beauté , dont elle déiucle pourtant le détail , & en obferve le mérite avec des yeux plus connoifleurs ou moins prévenus que ceux de l'amour. ^C? L'un a le pouvoir de rendre agréables à nos yeux les perfonnes qui plaiient à celle que nous aimons pourvu qu'elles ne loient pas du nombre de celles qui peuvent exciter notre jalouhe. L'autre nous engage à ménager toutes les perfonnes qui lont capables de fervir ou de nuire à nos delfeins, jufqu'à notre rival même, fi nous voyons jour à pouvoir en tiier avan- tage. fJCF Le premier ne lailfe pas la liberté du choix : il commande d'abord en maître , & règne enluite en tyran, jufqu'à ce que fes chaînes loient ulées par la longueur du temps , ou qu'elles foient brilées par l'ertort d'une railon puiiîante , ou par le caprice d'un dépit foutenu. fC? La féconde permet quelquefois qu'une autre paf- fion décide de la préférence : la raifon & l'intérêt lui fervent fouvent de frein ; & elle s'accommode ailé- ment à notre iituation & à nos affaires. §3" l'Amour nous attache uniquement à une perfonne, & lui livre notre cœur fans aucune réferve ; en forte qu'elle le remplit entièrement, & qu'il ne nous relie que de l'indiftérencc pour toutes les autres , quelque beauté & quelque mérite qu'elles aient. La galante- rie nous entraîne généralement vers toutes les per- fonnes qui ont de la beauté ou de l'agrément, nous unit à celles qui répondent à nos emprelïemens &: à nos dclus ; de façon cependant qu'il nous rcfte encore du goût pour les autres. ^(3' Il femble qne-l'amour fe plaife dans les difHcultés: bien loin que les obftacles l'atFoibliirent , ils ne fer- vent d'ordinaire qu'à l'augmenter : on en fait toujours une de fes plus léricufes occupations. Pour la galan- lanterie , elle ne veut qu'abréger les formalités : le facile l'emporte fouvent chez elle fur le difficile : elle ne fert quelquefois que d'amufcment. C'cft pcut-ttre pour cette raifon qu'il fe trouve dans l'homme un fond plus inépuifable pour la galanterie que pour A MO \ amour : car il eft rare de voir un premier amour fuivi d'un fécond; & je doute qu'on ait jamais poulfé jufqu'à un troifièmc : il en coûte trop au* cœur pour faire fouvent de pareilles dépenfes : mais les galante- ries font quelquefois fans nombre , & fe fuccèdent jufqu'à ce que l'âge vienne en tarir la lource. ÇCF»ll y a toujours de la bonne foi en amour; mais il eft gênant & capricieux ; on le regarde aujourd'hui comme une maladie ou comme foiblefte d'efprit. Il en- tre quelquefois un peu de friponnerie dans la galan- terie ; mais elle et1: libre & enjouée ; c'cft le goût de notre fièclc. C^IF l'Amour grave dans l'imagination, l'idée flatteufe d'un bonheur éternel, dans l'entière &c conftante pof- fellîon de l'objet qu'on aime : la galanterie ne manqué pas d'y peindre l'image agréable d'un plailirhnguher , dans la jouillance de l'objet qu'on pourfuit : mais ni l'un ni l'autre ne peint alors d'après nature ; & l'expé- rience fait voir que leurs couleurs, quoique gracieu- fes , font fouvent trompeufes. Toute la diftérence qu'il y a , c'eft que l'amour étant plus férieux , on eft plus piqué de l'infidélité de fon pinceau ; & que le f ouvenir des peines qu'il a données, fert , en les voyant fi mal récompenfées, à nous dégoûter entièrement de lui ; au lieu que la galanterie étant plus badine , on efl: moins fenfible à la tricherie de fes peintures; & la , vanité qu'on a d'être venu à bout de fes projets, con- lole de n'avoir pas trouvé le plaifir qu'on s'étoit fi- |Cr En Amour , c'eft le cœur qui goûte principale- ment le plaifir : l'efprit y fert en efclave fans fe regar- der lui-même ; & la fatisfaétion des fens y contribue moins à la douceur de la jouiffance qu'un certain con- tentement dans l'intérieur de l'ame , que produit la douce idée d'être en polfellion de ce qu'on aime , & d'avoir les plus fenfîbles preuves d'un tendre retour. Ln galanterie 3 le cœur moins vivement frappé de l'objet; l'efprit plus libre pour fe repher fur lui-mê- me, & les fens plus attentifs à fe fatisfaire, y parta- gent le plaifir avec plus d'égahté; la jouilFance y eft plus agréable par la volupté que par la déhcatelle des fentimcns. ifT Lorfqu'on eft trop tourmenté par les caprices de l'amour, on ttavaille à fe détacher, & l'on devient indifférent. Quand on eft trop fatigué par les exercices de la galanterie , on prend le parti de fe repofef , & l'on devient lobre. tfT L'excès fait dégénérer l'amour en jaloufi^, & la galanterie en libertinage. Dans le premier cas , on eft fujet à fe troubler la cervelle. Dans le fécond, on elf en danger de perdre la fanté. §3° l'Amour ne meftîed pas aux filles ; mais la galan- terie ne leur convient nullement, parce que le monde ne leur permet que de s'attacher & non de fe fatif- fairc. Il n'en eft pas ainfl à l'égard des femmes ; on leur pafle la galanterie ; mais \ amour leur donne du ridicule. Il eft à fa place qu'un jeune cœur fe laiffe prendre d'une belle paftion ; le fpeélateur naturellement touché , s'intéreffe affez volontiers à ce fpeélacle, & par conféquentn'y trouve point à blâmer. Au lieu qu'un cœur fournis au joug du mariage, qui cherche encore à f e livrer à une paifion auifi tyrannique qu'aveugle , lui paroit faire un écart digne de cenfurc ou de rifée. C'eif peut-être par cette raifon qu'une fille peut, avec l'amour le plus fort , fe conferver encore la tendre amitié de ceux de fes amis qui fe bornent aux f entimens que produifent l'eftime & le relpect; & qu'il eft bien difficile qu'une femme mariée , qui s'avife d'aimer quelqu'un de ce tendre & parfait amour , n'éloigne fes autres amis, ou qu'elle ne perde beaucoup de • l'eftime & de l'attachement qu'ils avoicnt pour elle. Cela vient de ce que , dans la première circonftance , l'Amour ^diAt toujours fon ton, i?c jamais ne prend celui de la fuTiple amitié ; ainfi les amis ne perdant rien de ce qui leur eft dû , ne font point, alarmés de ce qu'on donne à l'amant : mais dans la féconde cir- conftance l'amour parle & fe conduit fur l'un ou l'au- tre ton; l'amant fait l'ami; de façon que les autres, • s'ils ne font écartés , fcntent du moins diminuer la confiance , A M O confiance, vokiir changer les nianicrcs , & ont leur par: de 1 indi&ïence univcifeiie qui naît de ce nouvel at- tachement; ce qui fuitit pour leur donner de juiles alarmes ■■, de plus leur amitié eft délicate , noble & fondée fur reitimc , plus ils font touchés de Ce voir èter ce qu'ils mérirer.r , pour être accordé le plus lou- vcnt àun étourdi , que l'amour peint comme iage aux yeux d'une tolie. ^CT On a dit que Yr.mour étoit propre àconferver les bonnes qualités du cœur , mais qu'il pouvoir gâter l'elprit ; & que la galanterie éroit propre à former l'elprit, mais qu'elle pouvoir gâterie cœur. L'ulage du monde juftihe cet axiome en ce qui regarde l'elprit ; \' amour \m ôtant & la liberté & le difcernement, au lieu que la galanterie en fait jouer les rellbrrs. Pour le cœur, c'eft toujours le caradière perionnel qui en dé- cide. Ces deux paillons s'y conforment dans les divers fujets qui en font atteints; & fi l'une .avoit du déla- vantagc à cet égard, ce leroit fins doute l'am.our^ parce qu'étant plus violent que la galanterie ^ il ex- cite plus de vip.dication contre ceux qui le barrent , ou qui lui occailonnent du mécontentement; & qu'é- tant aullî plus perionnel, il fait agir avec plus d'in- difterence envers tous ceux qui n'en font point l'ob- jet ou qui ne le flattent pas. La preuve en eft dans l'expérience. On voit ailez ordinairement une femme galante carefler fon mari de bonne grâce & ménager fes amis ; au lieu que ceux-ci deviennent inlipides, & le mari un objet d'averlion aune femme priledans les filets de ï amour. On voit aullî plus de choix dans la galanterie -^ c'eft toujours ou la figure , ou l'elprit, ou l'intérêt , ou les ferviccs , ou la commodiré du commerce qui déterminent. Mais dans \'a- mour toutes ces chofes manquent quelquefois à l'ob- jet auquel on s'attache ; tk les liens font alors com- me des miracles, dont la caule eft également invifi- ble & impénétrable, i^ Les anciens plaçoient le liège de X'Jmour dans le foie, comme nous dans le cœur. Le P. le Moine, dans fa Dijjenation/ur le Poème Héroïque , a donné des règles pour les amours que l'on fait entrer dans un Pcëme. Il veur i". Qu'on le ren- ferme dans les épilodes , lans leur permettre pour quoi que ce foit , d entrer dans l'adion principale. 2". Les amours qui entrent dans le Poëme , doivent être des am.ours de héros & dhero'ines, & non pas des am.ours de coquets & de coquettes. 3°. Qu'il n'y ait rien que de bienféant : de modcfte. L'amour , fait faire des choies bien extraordinaires. En 1226, le Comte de Champagne devint amoureux de Blanche de Caftille mère de S. Louis. Pour elle, il perdit Montcrcau Faut-Yone , Nogent & plulieurs autres pla- ces; enluite de quoi il le rerira à Provins , pour frire des vers & des chanfons amoureufes. Me\cray. De P.ocHsr. |kT On dit d'une femme laide , que c'eft un remède d'.z- mour. ^fT On dit qu'un jeune homme fait \ amour à une fille , qunndil la recherche en mariage; &enmauvai(epart, qu'il s'eft marié par amour , c'eft à-dire , délavantagcu- femenr , (5c par l'emportement d'inie aveugle paillon. ^Cr On dit iair.ilicrcment à une femme , va' amour. En ce cas amour eft féminin. ifT On dit proverbialement ,tout par amour , & rien de force. Et pour V amour de Dieu, c'eft-à dire, dans la feule vue de plaire a Dieu ; & dans le difcours fami- lier, peur dhe.Jlzns aucun intérêt. On dit au'fi pour Vam.our Az quelqu'un, par la confidération , par l'af- feétion qu'on a pour lui. Caufâ , gratia alicujus. ^fT Amours, fe dit au pluriel, pour fignifier l'objet qu'on aime avec palîion. Etre avec fes amours , quit- ter fes am.ours. Dans ce fens on dit proverbialement , qu'il n'y a point de belles prifons , ni de laides amours. 1;^ On dit cncoïcjroides mains ;, chaudes amours ; pour dire, que la fraîcheur des mains marque d'ordinaire un rempérr.mciit chaud. I^CTAmours , (e dit encore au pluriel, Àmores^àe. tout ce qu'on aime avec palîion. Les livres, les tableaux font fes amours. Tom^e I, A MO 30) Le mot d'amour étant joint avec divers termes, précèdes des particules, de^ du -, des j leçoit divas fens, lelon les divers termes avec lefquels il fe jojnt. Quel- quefois la particule de j, dont il ell fuivi , feit à mar- quer de quelle nature eft l'amour dont on parle ; & en ce (ens, on dit amour de bienveillance, &c. Souvent ces particules lervent à marquer l'objet vers lequel l'amour fe porte. Ainfi on dit , l'amour de Dieu , &c. Enfin ces mêmes particules fervent auffi à marquer le lujet dans lequel l'amour redde. Ainli on dit l amour des percfi, l'amour des peuples, 6r. Acad. Fr. L'awo.7/- des peuples n'eft jamais une preuve équi- voque des vertus des Rois. Quand les Rois (ont ai- més, ils méritent de l'être. L'amour qu'on a pour eux , eft l'enfant de l'^wo/^r-propre ; il ell; intéreiïe, oc n'eft point aveugle. Mongin. On demande s'il faut dire Divin amour j ou Amour divin. L'un & l'autre font bons ; mais dans une apof- trophe que l'on fcroit à l'amour divin , divin amour paroit mieux. L'amour divin, ou \ amour de Dieu , eft celui qui a Dieu pour objet. Il eft ou naturel, ou fur- naturel. L'amour de Dieu naturel eft celui par lequel on aime Dieu comme Auteur de la nature, & parles feules iorccs de la nature ; l'amour de Dieu lurnatu- rel , eft celui par lequel en aime Dieu com.me Au:cur de la grâce , & par le fcccurs de la grâce. L'amour de Dieu eft amour pur , quand on aime Dieu pour fes perfoélions infinies l;'.ns rapport à nous. On l'appelle aulli amour de charité. L' amour de Dieu intéreiïe, oa l'rtOTo^^/d'cfpérance, eft celui par lequel on aime Dieu, comme bon p.ir rapport à nous , à caufe des biens qu'il nous a faits , & de ceux que nous en attendons. L'acte d'amour pur eft irès-parfait & très-méritoire; mais l'état d'amour pur , c'eft- à-dire , un état où l'on n'agiroit jamais que par amour pur, ne le peut ad- mettre en cette vie, même dans les âmes les plus fain- tes , parce qu'il excluroit l'cfpérance & les autres ver- tus. Amour de complaitancc , c'eft l'amour pur. Amour de bienveillance, eft celui par lequel on fouhaite da bien à l'objet aimé ; à Dieu, par exemple, que Ion faine nom loit connu & béni , qu'il ne foit point oflenfé. AmMur de reconnoillance, c'eft \ amour c^q l'on porte pour les biens que l'on a reçus de l'objet aimé, ou que l'on en cfpère. y^moar aifectif , amour c^tOiii ^ amour appréciatif. Voye\ ces épithètes en leur place. Le pre- mier & le plus grand précepte du décalogue, eft ce- lui de Xam.our de Dieu. :^ Amour-propre. Sut amor y philautia. Forte affec- tion que la pure nature nous infpire pour nous-mêiiies. Rien de fi impétueux que les delus , rien de fi caché que les delleins, rien de fi habile que (a conduite. RocHEF. L'amour-propre eif le plus grand de tous les Hatteurs. Id. Dieu ne commande point détouftcr ab- folument l'amour propre ; au contraire l'amour de. nous- mêmes eftrenfermé dansle préceptedeJÉsus-CnRisT, d'aimer notre prochain comme nous-mêmes. L'amour- propre cnne eftentiellement dans l'exercice des vertus, (^' une bonne aélion n'eif qu'une manière de s'aimer, plus noble que les autres. Abad. Dieu intérelfe \'a- mour-prcpre par fes promclTes & par les menaces ; ik. bien loin de le condamner, il en tire des motifs pour nous porter à la fandfification. Id. L' amour-propre n^- hit fes intérêts à force d'être intérelfe. S. Evr. \]n amour défintérelle eft une chimère : on n'aime que pour l'amour de foi-même. M. Scud. L'amour-propre nourrit avec complailance une idée de nos perfedtions, qui eft comme fon idole , ne pouvant loutfrir ce qui choque cette idée, comme le mépris & les injures, Hc recherchant au contraire avec palîîon tout ce qui la flatte & la grollit, comme l'eftime &lcs louanges. Abad. L'amour-prop'e eif la fource en nous de tous les au- tres : lui feul allume , éteint & change nos défirs. Corn. Z 'amour propre afouvent des routes inégales: S'il fait votre dérèiilemcm 3 Il efl auffi le fondement De toutes les vertus morales. As d'Hally. {iC? Quelques Ecrivains ont diftingué X'am.our-propre de ^o6 AMO \ amour de nous-mêmes- Avec l'amour de nous-mêmes , difent-ils , on cheiche hors de foi Ion bonheur ; on s'aime hors de foi davantage , que dans fon cxiftencc propre: on n'eft poinc foi-même Ion objet. L'amour- propre au contraire furbordonne tout à fes commodi- tés & à fon bien être : il eit à lui-même fon objet é\; fa fin ; de forte qu'au lieu que les pallions qui vien- nent àcV amour de nous-mêmes , nous donnent aux cho- fes, V amour-propre v eut que les chofes fe donnent à nou s, & fe fait le centre de tout. Quoiqu'il en foie , que cette diftindion foit fondée, ou no\-\,\' amour de nous- mêmes ne peut pêcher qu'en excès, en direction. Son dérèglement confifte en ce que nous nous aimons trop , ou en ce que nous nous aimons mal , ou dans l'un & l'autre de ces défauts joints enlemble. fer L'amour de nous-mêmes ne pêche point en excès, puifqu'il eftpermis de s'aimer tant qu'on veut , quand on s'aime bien. En effet , s'aimer (oi-mcme, c'eft dclîrerfon bien , craindre fon mal , chercher Ion bonheur. S'il ar- rivequ'ondéfîretrop, qu'on craigne trop, qu'on s'attache à ion plaifir , ou à ce qu'on regarde comme fon bon- heur, avec trop d'ardeur : alors l'excès vient du déhaut / qui eft dans l'objet de nos patfions , & non pas de la trop grande mefure de Vam.our de nous-mêmes ; piiif- quc nous pouvons, & nous devons même défuer fans bornes la fouveraine félicité , craindre lans bornes la fouverainc misère , & qu'il y auroit même du dérègle- ment à n'avoir que des défirs bornés pour un bien infini. 0CJ" Cette infatiable avidité du cœur de l'honime étoit nécelfaire , afin qu'il fe trouvât par-la dilpolé à cher- cher Dieu. Soit qu'on le regarde comme ton louverain bien , foit qu'on fe le repréfente comme un être infini- ment parfait; toujours eft il certain que l'^j/no^r qu'on a pour lui ne doit pas être hmité_-, & c'eft à fin que l'homme fût capable en quelque iorte de la pollelHon de ce bien infini , que le créateur a mis_ une efpèce d'infinité dans fes connoilTlinces & dans les adions. Si cette mfinité n'eft pas dans l'ade , elle eft dans la dif- pofuion du cœur naturellement inlatiable. ^Cr Si nous nous aimions nous-mêmes par raifon , l'a- mour de nous-mêmes pcurroit être dans notre cœur dans une mefure limitée , car nous ne trouvons point une infinité de raifons dans notre efprit pour nous ai- mer : mais nous nous aimons par fentiment , & il n'eft • pas concevable que nous puiûîons fentir quelque plai- fir & quelque joie , fans amier nécelTairement ce /oi- même qui en eft le fujet -, comme il y a une variété infinie & une infinité de degrés ditférens dans la joie que nous pouvons goûter , il n'y a point de melure dans le déhr du bonheur , dans lequel cette joie entre eirentiellement , ni par conféquent dans \ amour de nous-mêmes i qui eft le principe de ce défir. §Cr La mefure de \: amour de foi-même , & ces défirs qui font comme infinis , font les feuls Uens qui attachent l'homme à Dieu, puifque des défirs modérés ne peu- vent lier le cœur de l'homme qu'avec des créatures, & que ce n'eft point Dieu qu'on aime , mais un fan- tôme qu'on fe forme à la place de Dieu, quand on l'aime médiocrement. §3" C'eft donc une folie d'opppofcr X amour de nous- mêmes à l'araour divin , quand celui là eft bien réglé. Car qu'eft-ce que s'aimer foi-même comme il faut? C'eft aimer Dieu. Et qu'eft-ce qu'aimer Dieu î C'eft s'aimer foi-même comme il faut. L'amour de Dieu eft le bon fens de l'amour de nous-mêmes , c'en eft l'clprit & la perfedion. Quand l'amour de nous-mêmes . le tourne vers d'autres objets, il ne mérite pas d'être appelé amour: il eft plus dangereux que la plus cruelle haine. Mais quand l'amour de nous-mêmes le tourne vers Dieu , il fe confond avec l'amour divin. ÇCF Prenons pour exemple les bienheureux, qui fins doute ne s'aiment point trop , ni trop peu, puilqu'ils font dans un état de perfedion. Je demande , dit Aba- die, s'ils peuvent aimer Dieu fins bornes, fuis fentir la joie de poirelHon; &: je demande enfuite fi l'on peut fentir de la joie fans s'aimer foi-même, à proportion du fentiment qu'on en a. ^fT II paroît donc que le mal n'eft pas en ce que ncus AMO nous aimons trop, puifque nous pouvons nous aimer tant que nous voudrons , quand nous nous aimeroîis par rapport au fouvcrain bien ; mais que le dérègle- ment conlifte en ce que nous nous aimons mal , c'elt- à-dire, par rapport à de faux objets. \J amour de nous- mêmes eft innocent en loi : il eft corrompu , quand il le tourne vers les créatures, & faint quand il fe tourne vers Dieu. f'Cr L'Amour-propre eft le principe général de toutes nos aftedions & de tous nos mouvemens. Si nous dé- firons, h nous craignons, fi nous elpérons, c'eft tou- jours pour l'amour de nous-mêmes. A la vérité l'affec- tion que nous avons pour les autres fait quelquefois naître nos défirs, nos craintes 8c nos elpérances; mais le principe de cette atfedion eft l'amour de nous-mê- mes. Confidérez bien toutes les fources de nos ami- tiés , & vous trouverez qu'elles le réduifent à l'inté- rêt, la reconnoillance, la proximité, la fympatliie & une convenance drlicate que la vertu a avec l'amour de nous-mêmes , qui fait que nous croyons l'aimer pour elle-même, quoique nous l'aimions, en effet, pour l'amour de nous ; ik que tout cela le réduit à l'amour de nous-mêmes. ifT Amour conjugal. Amor conjugum , conjugalis , ou conjugïalïs. L'amour conjugal a été repréfente par Alciat en (es emblèmes, par deux corneilles, dont l'a- mitié eft inléparable, ôc pendant la vie & à la mort, félon Elien,Z. ^ jC. p.HiJl. de Roch. S. Chryloftôme dit que le cœur eft le iymbole de l'amour conjugal. Il meurt par la moindre divifion des parties. fK? Les caraclièies de l'amçur conjugal ne font point équivoques. Un mari a joui : la jouilîance eft la pierre de touche de l'amour. Le véritable y puife de nouveaux feux; mais le frivole s'y éteint. Ce n'eft que pour les hbertms & les hommes déraifonnablcs , que le mariage devient le tombeau de l'amour. Je veux que l'amour (oit plutôt la fuite que le motif du ma- riage. Je veux un am.our produit par la raifon , un amour où nous falîions entrer la connoillance & le goût de nos devoirs. 0Cr Je ne crois pas qu'il foit plus difficile de continuer à être heureux dans le mariage, que de le devenir par le lecours des précaïuions qui doivent le précéder. Il eft vïai que rien n'eft plus faint ni plus rare que d'ai- mer fa femme : mais fi le plailu" eft conforme à la loi , il en eft plus pur; & s'il eft rare, il en eft plus exquis. On peut même ajouter, fans craindre la raillerie, que le plailîr d'aimer fa femme eft lans contredit le plus flatteur de tous lesplaifu's. L'amour propre même trou- ve fon compte à refpeder toujours le choix qu'il a fait. IkJ" Amour paternel & filial. Nous aimons nos en- fans , parce qu'ils font nos enfans. S'ils étoient les en- fans d'un autre, ils nous feroient indifférens. Ce n'efl donc pas eux que nous aimons , mais la proximité qui nous lie avec eux. Il eft bien vrai que les enfans n'aiment pas tant leurs percs, que les pères aiment leurs enfans, quoique ces deux aftedions paroiffent fondées fur la même raifon de proximité ; mais cette différence vient d'ailleurs. Les enfans fe voient mou- rir dans la perfonne de leurs pères , & les pères au contraire , fe voient revivre dans la perfonne de leurs enfans. Or la nature nous infpire l'amour de la vie & la haine de la mort. ÇCT D'ailleurs, les pères voyant dans leurs enfuis d'au- tres eux-mêmes foumis &: dépendans , ils le félicitent de les avoir mis au monde. Ils les confidèrent avec plaifir, parce qu'ils les confidèrent comme leur ou- vrage. Ils font ravis d'avoir des dioits facrés & invio- lables fur eux. C'eft là leur magiftraturc, leur royauté, leur empire. Mais le même orgueil qui fait que les pères aiment la f upériorité, fait haïraux enfans la dépen- dance. Rien ne nous accable tant qu'un bienfait, quand il eft trop grand , parce qu'il nous alfujettit trop. Nous le regardons comme une chaîne délicate, mais forte, qui lie notre cœur & qui contraint notre liberté. C'eft le myftère caché dans la maxime con- nue : le fang ne remonte jamais. Amour du prochain. L'arr.our que nous avons peur A M O nous-mcmes , eft la mcfurc Se la règle de celui que nous devons avoir pour notre prochain. S'aimer loi- même , c'eft dcfuer fon bien , craindre (on mal , re- chercher fon bonheur. L'iZ/7zo//r du prochain nous im- pofe les mêm.c devoirs par rapport aux autres. C'elt de tous les fentimens le plus juile, &en même temps celui qui tourne le plus à notre profit. ^Cf" Non-feulement la proximité eit une fource d'ami- tié; mais encore nos afietlions varient lelon le degré de la proximité que nous avons avec les pertonnes qui en (ont l'objet. La qualité d'hommes que nous por- tons, fait cette bienveillance générale que nous appe- lons humanité. Homo fum , humanï à me nihil alie- num puto. Il eft certain que , s'il n'y avoir que deux perfonnesau m.onde, elles s'aimcroient avec tendrellc: mais cette proximité générale le confondant avec ce nombre infini de relations difiérentes que nous avons les uns avec les autres, il arrive auilî que cette aftec- tion naturelle qu'elle avoit fait naître , le perd dans la foule à<:s pallions que tant d'autres objets produilent dans notre cœur. Nous ne voyons point dans notre prochain la qualité d'homme par laquelle il nous ref- femble , pendant que nous voyons en lui un rival , un envieux, un homme ennemi de notre profpérité, comme nous le lommes de la lienne \ un orgueilleux qui n'ertime que lui-mcme , un homme qui par les bonnes quahtés attire l'eftime & l'attention des autres, & nous jette dans l'oubli & dans l'oblcurité, ou qui par les pallions eft occupé à nous tendre des pièges , & à entreprendre lur ce qui nous appartient. Mais quand la mort l'a dépouille de ces relations odieufes , nous trouvons en lui cette proximité générale qui nous le faifoit aimer , nous fouvenant qu'il étoit homme , feulement quand il a celfé de l'être. f>CF La proximité de la nation s'aftoiblit dans le même pays par le nombre de ceux qui la partagent ; mais elle fe fait fentir quand deux ou trois perlonnes ori- ginaires d'un même pays le rencontrent dans un cli- mat étranger. Alors V amour de nous-mêmes j qui a befoin d'appui (ÏC de conlolation , & qui en trouve dans ceux qu'un pareil intérêt & une lemblable pro- ximité doit mettre dans la même dilpolition, ne man- que jamais de faire une attention perpétuelle à cette proximité , iî un fort motif pris de Ion intérêt ne l'en empêche. /^oj'f^ Amitie,Reconnoissanc£,Interét. Abad.^ ^3" A l'égatd du prochain , ce feroit allez pour nous mouvoir , que l'équité naturelle ■-, mais nous croyons être quitte des devoirs de l'équité , quand nous ne faifons point de mal. Sur ce principe , le prochain fe- roit mal (ecouru. fO" Cette grande règle de traiter les autres comme nous voudrions en être traités nous-mêmes, eft la règle de tous les hommes : il ne faut pour cela qu'un efprit de juftice. Notre intérêt d'ailleurs y eft attaché. fil? Amour. On dit en parlant des animaux, qu'ils font en amour; pour dire, qu'ils font en chaleur. Une biche, une cliienne en amour. ^fT En Fauconnerie , on dit voler A' amour , en parlant des oileaux qu'on laiJTe voler en hberté , afin qu'ils lou- tiennent les chiens. Dans les arts libéraux, travailler un ouvrage avec foin, le rechercher, le finir, c'eft ce qu'on appelle peindre, deilmer, graver avec amour. Felibien a dit, en parlant des portraits : non-feulement il faut les del- liner favamment, mais les peindre avec beaucoup de foin & à'amour. On dit aulîî peindre en amour. fCFOn dit encore qu'une toile a de l'amour , pour dire, qu'elle a un petit duvet qui la rend propre à recevoir la colle & à s'attacher fortement à la couleur. Amour , en Mythologie , fe prend encore pour la Divi- nité fabuleule des Païens , qu'ils s'imaginoient préli- der à {'amour. Ils difoient que l'amour exerçoit fon empire fur tout le monde , & qu'il inlpiroit aux deux fexes une inclination mutuelle. C'étoit l'ame de la nature par qui tout agit , tout refpire , tout le renou- velle &: le perpétue. On a travefti l'amour en Dieu pour excufer le vice. Port-R. L'^^oareft tout nu. Les flambeaux de \ Amour, les flèches de \ Amour , Tome I. A MO J07 le bandeau de l'Amour. V Amour eft aveugle. On re- prélente l'Amour comme un enfant , parce qu'il n'eft jamais fage , & qu'au contraire il eft toujours badin tv' indifcret. S. EvR. On lui donnoit plufieurs frères, cs: c'eft en ce lens qu'on dit , pour dcfigner tous les petits agrémens qui nailfent de la beauté , les jeux , les ris , les amours , & les grâces. Gratis j vénères y lepores. Venus eft la mère des Amours. Les amours ne le prelfent plus guère autour d'elle, & je ne vou- drois point clfuyer la honte de porter les derniers en- cens lur un autel qui tombe en ruine. Le Ch. d'H. Je veux des grâces qui rient, & des amours qui folâ- trent, le. Poire d'Amour. Efpèce de poire qui fe noimne autre- ment poire de livre. T^oye:; Livre. Pomme d'Amour. C'eft le fruit d'une efpèce de morel- le ; les feuilles de la plante qui le porte , font grandes &C découpées en plufieurs fegmens & d'un vert pâle. Sa tige le divile en plufieurs branches qui poulfent d'en- tre les feuilles des fleurs monopétales au nombre de dix à douze enfemble , jaunes & découpées en cinq parties. A ces fleurs fuccède un fruit gros comme une cerife , vert au commencement , & jaune lorfqu'il eft mûr, qui renferme dans une pulpe fucculente plu- fieurs lemences aplaties , blanchâtres. Frères de l'Amour. Une feéle de fanatiques née en Hollande vers l'an i J90, prit le nom de Frères de l'A- mour. Elle pafta vers le même temps en Angleterre , où Henri Nicolas de Liège fit paroitre plufieurs livres pleins de rêveries i!^ des blafphèmes de fa fecfe. En- tre autres l'Evangile du Royaume , les Sentences Do- minicales, la Prophétie de l'efprit ^ amour, la PubU- cation de la paix fur la terre. Amour, ou Amur. Grande rivière de Taitarie , en Afie. Amura. Elle a fa fource dans la Province de Dauria , près du lac Baycal , fous le 1 1 ;7 degré de longitude. Elle fépare cette province du pays des Mongous , & après un long cours peu connu jufqu'ici , le jette dans l'Océan oriental fous le jj degré de latitude, & le i;2. de longitude. Le P. d'Avril, Jéfuite , l'appelle Yamour dans les 'Voyages. Le P. Gaubil «Se M. de Lille l'appellent Amour. D'autres écrivent Amoer. Il faut prononcer en notre langue Amour. Le P. Gaubil, dans les Oblervations publiées en 1629,3 Paris, par le P. E. Soucier , Jéfuite , dit qu'elle fe nomme aullî Onon. Selon cet habile Millionnaire _, la fource de rOnon eft à 107°, i', 50" du méridien de Paris , c'eft-à-dire, à 127", i', 30" de longitude, en fuppo- fant Paris au 20'' degré de longitude, & elle a 45°, 25' de latitude. Et le fleuve ce jette dans un lac au 154°, 41.' > 50" de longitude, c\' à 48", jo' de latitu- de. Samlon appelle ce fleuve Ghamas. f^oyer les Cartes de M. Witfen & de M. de Lille. AMOURACHER. Qui ne le dit qu'avec le pronom per- fonnel , & en mauvaile part , de ceux qui s'engagent en de folles amours. Infano alicujus amore capi. Cette femme s'cft amourachée de Ion valer. Il n'eft guère que du ftyle familier. AMOURACHÉ , ÉE. part. :53"AMOURETTE. f. f. Diminutif. Amour depuramu- fcment, & d'ordinaire lans une forte paillon. Amatïo. Cet homme a toujours quelque amourette. Se ma- rier par amourette , c'eft fe marier par amour. Ce qui le dit ordinairement en mauvaile part , en parlant d'un mariage inégal & qui n'eft pas approuvé. Dans les cuifines on appelle amourettes la moelle qui fe trouve dans les reins du veau ou du mouton. AMOUREUSEMENT, adv. D'une manière amoureufc. Amanter. Cet amant \.ç.2fixèi6iiamoureufementî-xmû- trelfe. Et en matière de piété, & en parlant d'un amour faint , il rcgardoit amoureufement Ion crucifix , & le baignoit de fes larmes. AMOUREUX, EUSE. adj. m. & f. qui a de la palîîon pour quelque perfonne. Amator , amatrix. Les ten- dres lentimens nalifent en foule dans un homme am.ou- reux. Les airs pallîonnés paroillcnt avec ménagement dans les manières d'un amant. M, l'Abbé Girard. Syn. Foye^ Amant, Qqii Jo8 AMP A M P Je pars plus amoureux que je ne fus jamais. Kacin. Sie'roit-il bien à mes écries , D'ennuyer les races futures Des ridicules aventures D'un amouieux en cheveux gris. Malherbe. Je haïs ces vains Auteurs , qui fous defens rjjfis , S'érigent :, pour nmer , en amoureux tranfis. On dit , en termes de comédie , Faire les rôles d'u'- moureux , c'eft-à-dire , faire les rôles d'amans. On dit auffi Amoureux parmi les Marins , pour dire, Jmi. Travaillons, mes amoureux, dit un Capitaine , en commandant la manœuvre aux matelots ; c'cft à-dire , mes amis. Amoureux. Signifie auflî qui marque de l'amour, qui infpire de l'amour , ou tend à en infpirer. Amatorius. Regards amoureux. Dcius amoureux. Vers, & billets tendres & amoureux. Faveurs amoureufes. Secrets amoureux. Tranlports amoureux. Les amans s'occupent de mille riens amoureux , pour eux feuls importans. Fonten. On dit poétiquement, l'empire amoureux. Les lois de l'amour confidéré comme divi- nité fiabulcufe , Se l'étendue de cette domination. Cet adjcdifilgnifie aulîî ardent pour les plailus de l'a- mour. Il efl: d'un tempérament amoureux , d'une com- plexion amoureufe. Les Médecins appellent les deux mulcles obliques de l'œil, amoureux, circulaires & rotateurs, parce que leur mouvement marque de la tendrelfe ou de la pat fion. Amoureux fe dit auflî pour fignifier. Qui a une grande paillon pour quelque choie. Erre amoureux de la gloire. Il eft amoureux de la peinture. Acad. Fr. §CFEn termes de peinture, pinceau amoureux, dont la touche eft moelleufe, douce , légère & délicate. Amoureux j eft quelquefois employé fubftantivement , mais parmi le peuple feulement , où l'on du mon amoureux pour mon amant. ^ZF Les Vocabuliftes le contentent de nous dire que ces deux mots lont fy nony- mes, fans avertir que l'un eft pour les honnêtes gens, & l'autre pour le bas peuple. Le Diâ:. de l'Acad. n'a- voir pas fait la remarque. On dit proverbialement d'un homme qui aime en tous lieux , qu'il eft amoureux de toutes les femmes qu'il voit , que c'eil l'amoureux des onze mille Vier- ges ; & de celui qui n'aime point du tout , qu'il eft amoureux comme un chardon. AMOUS. Fove^ AMMON. le? AMOUYE. Ville, lamcmcqu'Amol-Gihcn. Foyei ce mot. A M P. ÇCTAMPARLIER & AVANT-PARLIER, f. m. vieux mots qui lîgnifîoient Avocat , dérivés rous deux de parlier qui fîgnihoit la même chofe. On diloit aulli amparlerie , 1. t. miniftcre d'Avocat. AMPASTELER. v. a. Terme de teinture. Donner aux laines & aux draps le bleu de paftel. Voy. Gueder. AMPÂTRE. f. m. & f. Nom de peqple. Ampater ou Ampatrus. Les Ampatrcs habitent (ur la cure méri- dionale de l'ance aux Galions, & celle de Carem- boule, dans l'île de Madagalcar, Le pays qu'ils habi- tent portent le même nom. DCTAMPAZA. Pays maiirime d'Afrique , voifin de ceux de Sian& de Chelier. LeRoi d'Ampazacft Mahoniétan «t, dij- cours. AMPHIBRANCHIES. f. f. & pi. Ce font les cfpaces qui lont autour des glandes & des gencives, qui humeéfent la trachée artère & l'eftomac. Harris. Ce mot vient d'aVçi' , autour j & /S/^aTx'» , qui fe prend quelquefois comme Hp'^x" , pour le golier , la gorge. AMPHIBRAQUE. fubf. m. Terme ie Poëne latine & grecque : c'cll le nom d'un pied de trois lyllabes , dont la première & la dernière font brèves , & celle du milieu eft longue , comme amare. Amphibrachus ' ou amphibrachis. Ce mot vient d'aV?'' , circùm , tout autour, &: de ^!"^yyi ,h'-e\is ,bref.Ct^co.\\i\\\Q fi l'on diloitque ce pied elt bref tout autour, &; long dans le milieu. AMPHÎCLÉE. Ville de la Phocide. Elle ell ainfi appel- lée dans Etienne , & Ophitce dans Hérodote. Il y avoit un temple, ou l'on ne voyoit aucune llatue ou peinture. Il étoit cependant conlacré à Bacchusj qui y faifoit l'office de Médecin, en découvrant les re- mèdes propres à guérir les maladies, foit en fonge, foit par le minillère de les Prêtres, qu'il inlpiroit, & à qui il failiiit même prédire l'avenir , comme le pu- blioicnt les Amphicléens. PauJ. in Phoc. AMPHICTYON. f. m. Membre du corps , ou airem- hlée des amphiciyons. Amphiclyon. Les amphiclions ttoicnt les déjjutés des villes &: des peuples de la Grè- ce, qui leprélentoient la nation, avec un plein pou- voir de concerter, de réfoudre, & d'ordonner ce qui leur parciffoit convenir aux avantages de la caule AMP 309 commune. C'étoit à peu près ce que l'on appelle en Hollande les États-Généraux, eu plutôt ce que l'on nomme en Allemagne la Diète de l'Empire. Amphïc~ tyones. Il y avoit pluheurs lortes à' Amphiciyons. Les plus anciens inllitués par Amphitlyon , troilîcme Roi d'Athènes, à d^llein de lier plus étroitement les Grecs, tîx: d'en former un corps , dont l'union imprimât du rclpcd: & de la terreur aux Barbares , s'alfcmbloient deux fois l'année aux Thermopyles près le temple de Cércs, bâti au milieu d'une grande plaine près du Hcuve Alope. Tourreil. C'ell de cet Amphiciycn leur inllituteur, que ceux-ci, & de ceux-ci que les autres enfuite prirent leur nom. Paulanias , dans l'énu- mciMtion des dix peuples qui compoleia l'allemblée, des Amphiciyons , ne compte que les Ioniens , les Dolopes, les Thellahcns, les/Enianes, lesMagnctes^ les Maléens , les Phthiotes , les Doriens , les Phocéens ôc les Locriens, voifins delaPhocide. Il ne parle point des Achécns, des Éléens, des Aigiens , des Nlellé- niens, desEcliens, ni de beaucoup d'autres. Tourr. On trouve encore le nom des peuples admis dans cette allemblée dans l'Oraifon d'^tlchine , de falfu legatione. On appeloit ville Amphicîyonide , celle qui avoit droit de nommer des Amphidyons ; toute la Grèce relevoit de ce tribunal , 6c il décernoit toutes les récompenfes & les peines. Les nouveaux Amphic- iyons qu'Acrifius inflitua lur le modèle des premiers, s'alfembloicnt aulll deux lois l'année dans le temple de Delphes , & avoient une inlpeélion particulière fur ce temple. Les uns & les autres s'appeloient indillinclement A'/fpiKTMïst , nvAafo'joai , i'if>ii;Abloient tantôt aux Thermopiles , & tantôt à Delphes. iO- AMPHICTIONICUM CONCILIUM. Alfcm- blée. Diète générale des Etats de la Grèce. Amphiclio- nict Leges. Les Ordonnances de ces affemblées. Ordre amphiélyonique. rc?AMPHICTYONIDE ,adj. AMPHICTYONIE,f f. AMPHICTYONIQUE, adj. /'tryq l'article précé- dent. AMPHIDÉE. C m. Ampnydxum. Terme d'Anatomie. Dans quelques Auteurs , c'ell la partie lupérieure de l'orifice de la m.itrice. Harris. AMPHIDROMIE. f. f Fête du Paganifme. Amphidro- mia. On la cclcbroit le cinquième jour après la naii- lance d'un enfant. C'étoit une réjouiflance qui le tcr- minoit par un feflin , où le père convoquoit la fa- mille &: fes amis. Il femble qu'il faudroit dire Am- phiJromies , pluriel; car ce nom efl purement grec. ù(?;, autour. Se iJ.cLKi>i.s, long ; parce que les extrémités de ce pied lont lon- gues. IP" AMPHIMALLE. Jmphimallum. f. m. Habit velu Ats deux côtés , à l'ulage des Romains dans la fai- fon froide. Cétoit un habit, ou un manteau, ou une couverture , qui avoit du poil delTus & delîous. C'eft: tout ce qu'on en fiit. AMPHINOME. Î.L Une des cinquantes Néréides, fé- lon Homère. fCF AMPHIPHON. f. m. Sorte de gâteau qu'on fri- foit en l'honneur de Diane , autour duquel on met- toit de petits Hambcaux. ■'AMPHIPOLES. f. m. Archontes ou Magiftrats de Syra- cufe. Amphipoks. Ils furent étabhs par Timoléon en la iQC)^ olympiade, après qu'il eut chaifé Denys le Tyran. Ils ont gourverné Syracule pendant plus de 300 ans. Diodoie de Sicile allure qu'ils fublîftoient encore de ion temps. AMPHIPOLIS. Ville de l'ancienne Macédoine. Amphï- polïs. Elle étoit fur les confins de la Thrace , & lou- vent on l'attribue à la Thrace. La rivière de Strimon l'entouroit. Elle étoit fur la côte du golfe Strimoni- que , entre Phihppes & Apollonic. Ayant pris le che- min par Amphipolis & par Apollonie , ils arrivèrent à Thelfalonique. Bouh. On l'a nommée Chrilopolis, & les Neuf Voies. Aujourd'hui on l'appelle Amphl- poli & Chryfopoli. Les Turcs la nomment Emboli. 'AMPHIPROSTYLE. f.m .Temple desAnciens,qui avoit quatre colonnes à la face de devant , & quatre a celle de derrière. Amphiprojlylus. Il vient du grec «ftipi' , de côté & d'autre , '='/0' , devant , & ruAos, colonne. AMPHIPTÈRE. f. m. Serpent ou dragon qui a deux ailes, & qui cltfouvent lepréfenté dans les armoiries. Amphïptera. Ce mot vient du grec ài"tpw , deux , & •srlifa , aile. AMPHISBÈNE. f. m. Serpent à deux tctes , qui mord par la tête & par la queue. Amphïsbena. On dit qu'il s'en trouve dans les délerts de Lybie , & il eft le fymbole de la trahiton. Le Giiphon & le Phénix , dit Thomas Brown , n'exiftent point dans la nature , non plus que \Am- phïsbènc y efpèce de (erpent qu'on prétend avoir deux têtes, une à chaque extrémité, & cela fur ce fondement unique qu'il marche en avant & en ar- rière. JouRN. DES Sav. Juin ijss- On voit dans unephiole remplie d'elprit de vin le Serpent ^w/?/^//^ hène , ou le douhle-marcheut , reptile rond, fort, ve- nimeux , qui rampe & qui ie replie. Sa tête & fa queue ibnt difficiles à diilinguer, étant faites l'une comme l'autre. Merc. FcV 1736. Quelques-uns mettent X Amphishène au rang des lézards. Âërius dit que la Scytala & ï Amphishène font fcmblables ; que ces animaux ne vont point en dimi- nuant , & font auiîî gros d'un bout que de l'autre , deforte qu'il eft difficile de connoître où eft leur tête. \J Amphishène va en avant & en arrière; ce qui le diftingue de l'autre. Leurs piqûres , quoique veni- meufes, ne font point mortelles; mais lont comme celles des guêpes. On l'appelle autrement Ennoye , ou Enny : en latin C&ciUa & Amphishcna , qui vient de «V?-', & de /3« vu , je marche , comme fer- pcnt marchant de deux côtés , car on lui attribue deux têtes: &: ce qui a donné occafion à cela, c'eft que fa figure eft toute lemblable à celle des vers de terre, dans lelquels il eft fort difficile de diftinguer la tête d'avec la queue. Il y a des Icclopendres qui font aulli de ce genre. Voyez Scolopendre. On s'en lert dans le Blalon , & quelquefois on le conlond avec cmphijlère , quoi- cj^u'il en foit fort diftcrcnt. Quand on ouvrit le tom- AMP beau de Chilpéric à Tournay , on y trouva des abeil- les , & des figures de lerpens Amphishènes ou à deux têtes. \J Amphishène , avec ce mot ,mordet utrinque , eft la devile d'un latyrique , qui déchire les autres par les dilcours 8c par les écrits. AMPHISCIEN. adj. Terme d'Aftroncmie & de Géogra- phie. Amphifcii. On nomme ainli les peuples qui ha- bitent la zone torride , parce qu'ils ont l'ombre tan- tôt d'un côté , ik tantôt de l'autie , tantôt au fepten- trion, & tantôt au midi. Ce mot vient du grec a/^tR'' , & de '«'a , ombre. AMPHISMELE. f m. Amphifmela. Terme d'Anato- mifte,. C'eft un inftrument dont on fefert dans la dillec- tion des os.^Harris. AMPHITHÉÂTRE, f. m. Bâtiment fpacieux, rond ou ovale , dont l'arène étoit de divers rangs & fiéges , dilpofés par degrés, avec des portiques au-dedans &c au-dehors. Amphitheatrum. Chez les anciens il étoit deftiné à donner des fpeftacles au peuple, comme les combats des gladiateurs , ou des bêtes féroces. Le théâtre étoit conftrait en forme de demi- cercle plus la quatrième partie du diamètre. Et \ amphithéâtre étoit un double théâtre , ou deux théâtres joints en- femblc. Ainll l'axe de \ amphithéâtre avoit de long un diamètre & demi. /''by.Philand, ch. 2. L. V. de Vi- tiuve.Albert,L.VIII. ch. %.& les Antiquités de Nîmes,, par J. Poldo, ch. 24. On voit encore des Amphithéâ- tres à Rome & à Nimes,&:c. V Amphithéâtre de Vef- lien, appelle /d Co/z/ètf^celuide Vérone enItalie,(ontles plui célèbres de l' Antiquité. Phne rapporte que Curion drella un Amphithéâtre qui tournoit lur de gros pi- vots de fer; deforte que du même Amphithéâtre on pou. voiten faire, quand k'it vouloir deux théâtres différens, furlelquelsonreprelcntoit des pièces différentes, f^oy. Jufte-Lipfe dans leTraité qu'il a fait Ac\' Amphithéâtre. Thom. Demfter, Antiq. rom. Liv. V. ch. j. Ant. Fri- ilus, de Arte Gymn. Liv. III. ch. 4. Amphithéâtre de Comédie , en France, fe dit d'un lieu élevé vis-à-vis du théâtre , d'où l'on voit com- modément la comédie : il eft au-dclfous des loges, & plus haut que le parterre. On appelle aulîi Amphithéâtre , des échafauds élevés par degrés, qu'on drelle dans les lieux où on doit faire de grandes cérémonies, afin d'y ménager de la place pour plus de Ipeéfateurs. ffT Aux Écoles de Médecine & de Chirurgie, on ap- pelle amphithéâtre un bâtiment dont l'intérieur eft de même diftribué en plulleurs rangs de lièges élevés les uns au-dellus des autres , afin que les fpectatcurs qui s'y placent, puilfent voir & entendre le démonf- trateur. On dit aullî d'une colhne qui s'élève doucement, & en rond, qu'elle s'élève, qu'elle le courbe en am- phithéâtre. §3° Amphithéâtre de gason , Vertugadin. Terme de jardinage. C'eft une décoration de gazon, pour régu- lariler un coteau ou une montagne qu'on n'a pas delfein de couper & de foutenir par des terralfes. On y pratique des eftrades, des gradins & des plein- pieds qui vont inlenliblemcnt dans les parties les plus élevées. Ce mot vient d'^Vf' » autour , &c i'îa.rpai , thea- trum j lequel vient de >(»'»/-"" > contempler : pour dire , qu'un amphithéâtre eft un lieu d'où l'on peut voir de tous côtés. §Cr AMPHITHÈTE. f. m. Amphithctum.. Grand vafe à boire, dont les Anciens fe fervoient en débauche; d'où vient le proverbe , ex amphuheto bihifli. \'q\xs n'avez pas mal bû. AMPHITRITE. f f. Amphitrite. DéelFe des anciens Grecs & Romains, fille de Nérée & de Doris, félon Héfiode, Theog. v. 243. femme de Neptune, là mê- me , V. 930. Claud. de Rapt. Proferp. v. 103. C'eft pour cela que les Poètes la font DéelTe de la mer , & qu'en poëfie on prend quelquefois Amphitrite , comme Neptune, peur la mer; comme dans Ovide, Métam. Liv. I. v. 1 3. Catul. Arg. Ep. 65. v. j.&Dion. Pereg. v. 53 .Elle eut de Neptune unfils iiomméTriton. A M P Héfiod. Thcog. V. 950. Ce niot lemble venir d'^Vç,', circù/TZj &: ■^f-0<' ,nro ^ parce que la nier environnant la terre, la ronge tout aucoiui ou bien d'cV?', & de ■^f('^,qm iignifie épouvanter, parce que la mer épou- vante. Ceft l'opinion d'Hélychius, de rEtymologiftc, & de Tzct^ès , ou du Scholiafte d'Héiîcde. Awphi- aitc eft repréfentee lur des médailles de Corintlie devant Neptune. Elle tient un petit enfant, qu'elle préfcnte à ce Dieu -, & Paulanias dit qu'il y avoit à Corinthe une Itatue à'Amphitrite, eians le temple de Neptune. Faill. Colon. T. p. ici. M. Spanheim, p. 2J5. de la dern. édit. prétend qu'elle eft Icuvent re- préfentee comme une Syrène; c'eft-à-dire , tout le haut du corps jufqu'à la ceinture femblable à une femme, & pour le bas au lieu de deux jambes deux queues de poiflon. Jaloufe de l'éclat de ces honneurs nouveaux ^ Amphirrite fe cache au plus profond des eaux. R. AMPHITRYON, f. m. Ce mot, qui eft le ncm d'un Roi de Mycènes & de Thèbes , eft devenu françois d'une manière proverbiale, pour exprimer celui qui donne à manger, ou qui paye pour pluûeurs une certaine dépente. C'eft Molière qui, lans y penfer, a été 1 auteur de ce mot : car depuis qu'il a fait dire à Soiie que le véritable Amphïtrlon eft celui chez qui l'on dme , on demande , qui cft-ce qui eft 1'^^/«- f'hïtryon? Ou bien on dit : c'ell: M. un tel qui eft Amphitryon j pour dire, que c'eft lui qui traite ou qui paye. AMPHORE, f. f. Sorte de mefure des chofes liquides, qui étoit en ulage chez les Romains. Amphoru.Cha. que amphore tenoittroisbr-itïeaux. Les vaifteaux qu'il étoit permis à chaque i-énatcur d avoir au nombre de deux, pour fon ulage particulier, furent réglés du temps de la Répubhque à 500 amphores j & par Au- gufte a lODo amphores. De la Aîar. Amphore. C'eft la plus grande melure dont on fe (ervc à Venife pour les liquides. L'amphore contient qua- tre bigots, le bigot quatre cartes, la carte quatre Hl- chaufteras. fer AMPHONTES. f. m. Efpèce de combat poétique qui fe faifoit dans l'ile d'yEgine,oùron donnoit un bœuf pourrécompenle au poète qui avoit fait de meilleurs vers Dithyrambiques en l'honneur de Bachus.Mor. qui cite Natal. Comes. L. y. c. 4. AMPIGLIONÉ. Empulum. Ce font les ruines de l'an- cien Etnpulum y ville d'Italie. Elles font dans la Cam- pagne de Rome, près de Caftello-Sant-Angclo, aune lieue de Tivoli. AMPLE, adj. m. & f. Qui eft grand, étendu, au-delà de la melure la plus ordinaire. Amplus. ils fe font battus dans une ample & vafte campagne. Ce bâti- ment n'eft pas alfez ample pour loger le train du maî- tre. Ce pourpoint, ces manches lont trop amples ^ trop larges. Ample fe dit figurément, par rapport à l'étendue & à la durée des choies. Le pouvoir qu'on donne à des Plé- jiipotentiaires ne lauroit être trop am^ple. Cette bui^ contient des privilèges fort amples. Une ample ma- tière. Ample récit. Ample repas. AMPLEMENT, adv. D'une manière ample. Fuse la- te'que , ample. Il a amplement répondu à toutes les objections qu'on lui a faites. Nous parlerons plus am- plement de cette attaire une autre fois. Nous dmlmes t amplement. «\MPLEUR. 1. f. Etendue de ce qui eft ample. Ce mot n'eft d'ulage qu'en parlant des habits & des meubles. Les robes des femmes ont plus A' ampleur qu'elles n'en avoient avant l'invention des paniers. Ce manteau a trop à'ampleur. Ce rideau n'a pas alfez d'ampleur. AMPLIATEUR. f. m. Terme peu en ulage, pour figni- her celui qui étend ou qui augmente. Les féconds chefs ne peuvent être confidcrés que comme les Am- pliateurs du premier étabhlfement des Phocéens. Merc. Ocloh. 175 1. fCTAMPLIATlF, IVE. adj. Qui augmente, qui ajoute. AMP 311 Amplïans j amplïficans. On ne le dit guère que des lettres ou bulles apoftoliques qui ajoutent aux précé- dentes. Bref ampliatïf. Bulle amplïatïve. AMPLIATION. r. f. Terme de Chancellerie romaine, fynonyme d'augmentation. ^idonner une idée générale , eft un accroille- ment de paroles , que l'on peut tirer de tcuteslescir- conftances particulières des choies tk . des plus marchandes. Mais c eft une tache pour une ville ti célèbre, dit un Auteur, imprimé à la Ebye en 1698, que d'être le récepracle de t^ mes les religions. Sa longitude eft lôd , 54 ,^ & fi latitude y.i , 50'. Cette ville, félon Hot- tenlius,cft a ii°, 44', 3 5" de longitude, & 52°, zi', 45" de latitud?. Amflerdam tut pris en \ 578 , par Guil- laume de Nallau aprè5un long liège. Amfterdamçonc d or au pal de gueule, chargé de trois lautoirs d'argent. Le P. Meneftner remarque très-bien que ce pal lignifie la chauirée d'Amftel , & les trois fautoirs marquent les levées & les digues. Par une concelîion de l'Em- pereur Maximilien, de l'an 1490, ces armes font tim- brées d'une couronne impériale. NOUVELLE AMSTERDAM. Novum Amftelodamum. C'eft une ville de l'Amérique feptentrionale , à l'em- bouchure du fleuve du Nord, dans le nouveau Pays- Bas. Il y a encore cinq iles auxquelles on a donné le noiti èî Amflerdam. L'une eft dans la mer glaciale, près des côtes du Spitsberg. Une autre dans l'Atie, entre les iles du Japon & Fonnole. Une troitième dans la mer pacifique , entre l'île Salomon &: les côtes du Pérou. La quatrième eft dans l'océan Indien , entre la nouvelle Hollande au levant , & lile de Madagafcar au cou- chant. Enfin, la cinquième' eft dans l'Atie, près de la côte orientale de l'île de Ccilan. Les Hollandois y ont un fort, qu'ils nomment Amjlerdam. AMSTRUTTER, ou ANSTRUTTER. Ville d'EcolFe. Amfiruttera , Anflruttera. Elle eft dans la province deFire, fur le golfe de Forth ou d'Edimbourg. Elle eft féparée en deux par une petite rivière qui y pafle ; ce qui fait comme deux villes , dont l'une s'appelle Eafl Amiftrutter , c'eft- à-dire, l'^/7z/?rarrer oriental ; & l'autre Wefi Amftrutter , \ Amfrutter occidental, A M T. AMTHAR. Ancienne ville de h Terre-Sainte Amthar, Rr 3 T 4 A M U Elle étoit dans la tribu de Zabulon, dans la partie qui confinoit à celle de Nephthali. A M U. AMU. Lac du Zagatay. Amus. Il fort de ce lac une pe- tite rivière de même nom, qui, jointe à une autre nommée apparament Ab'ia , forme la rivière d'A- biamu , ou Gchun, & Giéhun. AMUCE. f. f. Qui s'ell dit autrefois pour Aumuire,& qui fe trouve dans 1 atle de la fondation du chapitre deLamballe, fait l'an 145 J, par Jean, duc de Bre- tagne , qui veut que les chanoines qu'il appelle Cha- pelains, yôit'«r (S* demeurent au chœur de ladue églifc en furplïs y amuces en hiver ^ 5c dans le comique. Il s'applique à mule bagatelles; c'eft ptur lui Ui.c j trite amujctte. Les poupées (ont des amu- fettes d'entans. Crepundia. AMUSEUR, f. m. Qui amufe, qui trompe par fes dé- lais, ou par fes fauiresprcmeires. Fruflrator. Défiez- vous de cet homme là , c'efl: un amufcur ^ qui ne donne que des paroles. Il le dir peu , Se jamais hors du ffyle familier. AMUSOIR. f. m. ou AMUSOIRE. f. f. Ils ne font que dans le ftyle bas. Ils fignificnt des chofcs qui amu- fent. À AMUY. Ville de l'Inde, au-delà du Gi\.n%ç. Amura :> Amuyum. Cette ville eft dans les cartes de Samfon , près du bord occidental du lac de Chiamay , aux confins du royaume de Kauduana, parrie du Mogoliftan: mais dans celles de M. De Lille, le lac eft appelé CAjû/;.'(7i.i1 n'eft point dans le Mogoliftan , mais aux confins de l'Yunan , province de la Chine , & l'on n'y trouve ni le royaume de Kauduana , ni la ville à'Amuy. A M Y. AMYANTE. f. f. Pierre inccmbufliblc , laquelle étant Tome I. AN 3 T 5^ bouillie dans une lefcive faite avec de l'indigo , au- trement de la gueldc , perd les parties qui la itndent aride, & après avoir ete battue kus le maneau, de- vient li louplc , qu'on la peigne, on la file , on 1 our- dit , de on en fait de la toile , qui le nettoie quand on la jette dans le feu. Amiantus. Poye-^ Amiante. AMYCLi^E, ou AMYCLES. Une des cent villes des Lacédémoniens. ^^w)'f/«5 tuv iiui tTi^'f^"' Ti'risAi'jf" »'^' , &c. C'cft-à-dire, ce nombre d'années étant incroyalle ^ quelques-uns tachent, ou entre- prennent de dire ; paroles qui montrent évidem- ment ce que j'ai remarqué. Un Auteur récent a écrit que Vairon avoir dit de tous les peuples de la terre' ce que ces auteurs ditoicnt des Egyptiens , & il ajoute que Ladance l'en reprend avec lui et. Je ne lais en quels endroits de Vairon ou deLaciance,ilavû cela. Ce que je tais, c'eft c^ue Ladance, Liv. II. Divin. Infi. c. I ^ j où il rapporte le tentiir.ent de Varron, ne le fait parler que des leuls Egyptiens; mais laint Augullin, Liv. XV. De Cn/'it. Dei. ch. 14. montre que les années des Patriarches , marquées dans l'E- criture , font l'emLiabies aux nôtres , & qu'une des nô- tres n'en vaut pas d'x des leurs ; & quoiqu'il n'attri- bue ce lentiment à perlonne , il lemble cependant que quelqu'un l'avait t'cutenu , puilque ce Saint le réfute. Au reife, il ne parle point de tous les peuples de la terre ; mais teulement des Patriarches des Hébreux. Les Romains commer-çoient leur année aux calen- des de Janvier. Romulus peu verié dansl'Aftronomie, abrégea V année ç.\\ 10 mois , qui s'achevoicnt en 304 jours. Numa Pompilius coriigca la confuticn qu'ap- portoit cette conftitutionirréguhêrc àcV c.ntiée ,Si com- potales mois de Janvier &Féviier, des jours qunnan- quoient 'zVannée Az Romulus, &: les plaça devant le mois de Mars , que Romulus avoir mis le premier: en le confacrant au Dieu Aiars ton père. Enfin, Jules- Célar , pour donner une lorme certaines Vannée, la régla par le cours annuel du loleil : & peur trouver place aux jours dont Vannée tolaire furpatîoit V'^nnéc lunaire de Numa, qui étoit de 35J jours , il les dif- tribuaturles mois qui en avoienrle moins. k\\\l\V an- née lut fixée à 36J jours & fix heures. Vannée chré- tienne eft conftituéelelon la réformariondeJules-Cé- tar. Cependant, parce que Vannée , qui àcaule de lui a été appelée Julienne , étoit plus longue de quel- que minutes que l'année tolaire aftronomique , cette eireur prefque imperceptible, répétée plulieurs fois , devint contidérahle ; entorte que depuis la correétion de Céfar, elle formoit 10 jours , & que par-là les équi- noxes avoient prefque remoi:té au commencement des mois. Le Pape Grégoire XIII, pour remédiera ce dé- rangement des temps, qui s'augmentoittous les ans y convoqua les phis habiles Aftronomes; xicmc année y pendant la- quelle les Juifs lailloient repofer les terres , félon la loi de Moyfe. Annus Sabbathi. Lan du Jubilé étoic la ^çf année. Coramc elle étoit la feptiènie annéefab- hanque y les Juifs la célébroient avec beaucoup de folemnité. Année de prohation y eft celle du noviciat des religieux, d.rns laquelle on les éprouve , pour favoir s'ils pour- ront iupporter les auitérités de la règle. Annus proLa- tionis. On appelle année d'exercice , celle où l'on exerce aétuellcment une charge, qiie pluheurs oiHcicrs ont droit d exercer l'un après l'autre. On appelle bonne année y une année abondante en blé, en vin, &c. Année cllmaclerique. C'eft celle qui dajis la vie de cha- que homme revient de 7 en 7 ans j ou de 9 en 9. f^oyei ClimactÉrique. En Jurifprudence on dit , que Vannée commencée eft tenue pour complète. A Rome , on appelle V Année Sainte , celle où on fait l'ouverture du grand Jubilé. Annus JubiUi. Van- née fainte commence le jour de Nocl au temps de Vêpres, où le tait l'ouverture de la Porte-Sainte. Les années faintcs le célébroient autrefois tous les cent ans. Clément VI les réduifit à 50 ans , Urbain VI à 3 3 ans , & Paul II à 25 ans , comme elles font encore aujourd'hui. Ces réduétions fe font faites afin que chaque homme pût une fois en fa vie profiter des grâces de Vannée fainte. Celles dont on a mémoire , font Vannée fainte célébrée par Boniface VIII en 1 3 00. \J année fainte célébrée par Clément VI en 13JO. Vannée fainte célébrée par Boniface IX l'an 1 3 90. Vannée fainte célébrée par le même Pape l'an 1400. Vannée fainte célihixe par Martin III l'an 1423. Van- née fainte remile à l'an 50, Se célébrée par Nicolas V • l'an 1450. Vannée fainte fixée à 2j ans par Paul II & célébrée par Sixte IV l'an 1475. Vannée fainte célébrée par Alexandre VI l'an ijoo. Vannée fainte célébrée par Clément VII l'an IJ25. Vannée fainte délignée par Paul III, & célébrée par Jules III l'an 1 5 50. Vannée fainte ious Grégoire XIII l'an 1575. Vannée fainte flus Clément VIII en 1600. Vannée fainte fous Urbain VIII l'an 1625-. Vannée fainte fous Inno- cent X en 1 6 jo , fous Clément X l'an 1 67 f , fous In- nocent XII l'an 1700 , fnus Benoit XIII l'an 1725. P'oyei l'i^iitoire des années falntes , par le P. Alfani, Domiiiicnin, àNaplcs, 1725-. La grande année des Platoniciens , eft une révolu- tic n de trente-fix mille ans y après laquelle ils préten- dent que les planètes & les étoiles le retrouveront au même point , & dans le même ordre , ou dans leur piemière difpofition. 3i8 AN Ciiez les Romains , le commencement &: la fin de l'année ctoicnt conlacics à Janus , ëc c'eit pour cela qu'on lui donnoic deux viiages , dit S. Fauftin , dans un Sermon imprimé par le P. Chifflet, & Bolkndus , Tom. I, pag. i & 5. Les premiers Chrétiens n'avoient point d'autre épo- que pour compter les années , que celle des Romains cm des Païens. C'ell Dcnys le Petit, qui en jij éta- î->iit l'ère chrétienne , & commença à compter de la Jiaillance de Jesus-Christ , qu'il fixa à la 45 année Julienne. Eusèbe l'a pourtant placée à \'an 45 Julien, &z y)jij du monde. En France l'on ne commença à compter par les années de la naiirance de Jesus- Christ que dans le VIII ficelé , & le Pape Eugène IV en 1 45 1 , a été le premier qui ait employé dans les Bul- ies l'année de l'incarnation , h l'on en croit quelques "Auteurs; mais le P. Papebroeh, dans les JcîaSancl. du mois de Mai , Tom. IV , pag. 1 5 , a montré que longtemps avant Eugène , d'autres fouverains Pontites l'avoient marquée. Il rapporte une bulle de Palchal , datée de l'an 1 1 14 de l'incarnation de notre Seigneur, & il remarque que cette manière de dater étoit très- ordinaire à ce Pape , & à Urbain II Ion prédécelFeur; que cependant ils ne l'oblcrvoientpas toujours ; qu'Ho- norius II , dans fa Lettre 7 , 8c Innocent II , dans les 3 , 9, 12, 3 1 , & les fix (uivantes , marquent l'année de l'in- carnation -, qu'on la trouve aulll dans la 5 & 6 de Lu- cius II , dans la 9 , 10, 66 , 70, 71 , 71 d'Eugène III, dans la iz d'Anaftale IV, les 30, 58 , 39 d'Adrien IV, dans la jz , & d'ancres encore d'Alexandre III, \'dans la j d'Urbain III ; que depuis ce temps-là on n'en trouve aucune dans la colleci:ion des Conciles jufqu'a Eugène IV, qui marque l'année de l'incarnation: mais on la trouve fouvent dans Wading , in Regejlo , fous Grégoire IX , & fes fuccelfeurs , depuis 1234 jufqu en 1269. Après quoi on trouve peu d'acles iolennels fignés de plufieurs Cardinaux dans un confiftoire , e^' expédiés par le Vicc-Chancehcr de lEgliIe romaine, qui aient cette d ite. Dans ce petit nombre , le dernier e(l de Clément V , figné de quinze Cardinaux en date de r.in 1343- Depuis ce temps on ne la trouve plus jufiu'en 1431 fous Eugène IV, auquel temps, à la repréfcntation de Blondus de Forli, fecrétaire du Con filVoire , on commença , non pas ablolument à dater , mais à dater conftamment &; toujours les Bulles &lcb refc: its des Papes de l'année de l'incarnation ; mais dès le Pape Jean Xill , au X'^ fiècle & depuis , on la trou- ve quelquefois dcUis des aéles moins Iolennels. L'Année françoif; commençoit du temps des Méro- vingiens , le jour de la revue des troupes , qui fe fai- foit tous les ans le premier jour de Mars. Elle com- mençoit d'ordinaire à Noël fous le règne des Carlovin- giens , «Se fous les Capétiens à Pâque ; ainfi cela varioit entre le 22 Mars, Se le 2j d'Avril. L'Année eccléilal- tique commença encore àPàque. Ce n'eft que depuis l'année 1^64, & en exécution de l'Ordonnance de Charles IX de 1563 , appelée communément l'Edu de BouJJîllon , que l'année a commencé au premier Janvier , au lieu qu'elle ne commençoit auparavant qu'à Pâque. Le Parlement ne s'y efl conformé qu'en 1566. On dit que c'cft le Chancelier de l'Hôpital qui fut auteur de l'Edit dont on vient de parler. On a tou- jours depuis fuivi ce ftyle en France , quoique cet article 39 de l'Ordonnance de RoulLillon en Dauphiné, n'ait jamais été enregiftré au Parlement. En Allemagne , en Italie , en Chypre , &:c. on a aufli commencé l'année à la Nativité. En Iflande on la commençoit de môme j fi l'on en croit Olaiis Vor- mius , FaJI. Danic. Liv. Ij eh. 1 2 ; mais Sucnon, ZZ. Caftr: ch. 7 , dit que c'étoit à la Circoncilion. Les Pilans & les Florentins ; ceux de Trêves j &c. l'ont commencée à la fête de l'Incarnation ou Annoncia- tion. En Angleterre , l'Année civile ( par exemple , pour les aétes du Parlement) ne commence que le 25 de Mars. Stow , Analifte Anglois , remarque que Guil- laume le Conquérant ayant été facré le jour de Noël , ce jour devint le premier jour de l'année pour les Hif- toriens, quoique dans les affaires civiles on retînt l'an- AN cienne façon de compter , qui comm.ençoit l'année au 2 j de A lars. Depuis ce Prince , les Diplômes des Rois ne marquent plus que l'année du règne , &: les autres ac- tes n'en marquent prcfque point. Les Juïis , comme prelque toutes les nations de l'Orient, avoient une année civile, qui commençoit à la nouvelle lune de Septembre-, & une année ecclé- liaftique , ou lactée qui commençoit à la nouvelle lune de Mars. Eusèbe dit que les annéts des Egyptiens ne furent d'abord que de 5 60 jours , enfuite de 3 6 j , & par con- féquent toujours déleclueutcs. Le P. Kirker prétend qu'outre cette année lolaire , il y avoit en Egypte quelques Nomes ou Cantons , qui n'avoient qu une année lunaire; qu'il y en eut même dans des temps plus reculés , qui prirent la révolution de la lune , c'eft à-dire le mois pour une année ; que d'autres trouvant cette année trop courte , la firent de deux mois, quelques-uns de trois, iSc enfin de quatre. Voyez /'Œdip. u¥,gypt. Tom. II j, pag. 2S2 ^ & le Cardinal Noris, de tpoch. Syro-Mac. pag. 206. Les Macédociens établis en Syrie commençoient l'année en automne , & le premier mois étoit celui qu'il appeloient IDïus j dont le premier jour , qui étoit aulîî le premier jour de \an , répondoit au 24 de Septembre. Ainfi le commencement de l'année Syro-Macédoine tomboit à peu-près à l'équinoxe d'au- tomne. F'oyei le Cardinal Noris au même endroit , pag. 14. Les Mahométans la commencent au moment que le lolcil entre dans le ligne d'Ariès ; les Perles au mois Fcrnandin, qui répond au mois de Juin ; (S: les Gen- tils de 1 Inde la commencent au premier jour de Mars. Les Aliatiques ne comptent point comme en Europe Vannée par le cours que fait le foleil , mais par celui de la lune, qui contient, lelon eux, 354 jours, qui font douze lunes ; de forte que tous les trois ans ils comptent treize lunes pour leur biOexte, & croient par ce moyen les égaler aux années lolaires. Marin. Les Arméniens (en Perfeen 1619. ) célèbrent le jour de la nailTirnce de notre Seigneur, lelon le calcul du vieuv calendrier, le 3 Janvier du nouveau ftyle. Wicî^^. M Amb. de Fig. I Le P. d'Acofta, Jéfuite, dans fon Hijloire des In- des y Liv. FI. ch. 2. rapporte que les Mexicains com- mencent \ année au 2 3 Février , lelon notre calcul , lorlque les Icuillcs commencent à reverdir; qu'ils di- vifcnt leur année en 18 mois de 20 jours chacun, ce qui fait 3 60 jours ; que les j qui reftent pour accom- plir \ aimée , ils ne les donnent à aucun mois , mais qu'ils les comptent léparément ; que toute affaire celle pendant ces cinq jours, mêmes les iacrifices; qu'on ne s'afiemble point aux temples, & qu'ils ne s'occupent qu'à fe vifiter les uns les autres ; qu'ils appellent ces cinq joarslcs jours fainéans ■ qu'ils ont des femaines de 13 jours; qu'ils ont aulll des lemainesd'i7«/ZÉ'ej-com- polces auilî de 1 3 années ; qu'une révolution de quatre de ces lemaines d'années j c'eft-à-dire , de 52 ans , fait leur' fiècle. Nous pourrons dire le refte aux mots Calendrier ,_ Mois _, Semaine. Antoine de Sollis dit la même chofe dans fon Hijloire du Mexique, Liv. III. ch. IJ. Dom Francifco Alvarès rapporte quelque chofe de fcmblable des Abiilîns dans fon Voyage d'Ethiopie. Il dit qu'ils commencent leur annéele 16 Août, jour de la Décollation de S. Jean ; que l'année eft de 12 mois , & les mois de 30 jours; qu'après ces 12 mois il refte j jours, & les années billextiles 6 , qu'ils nomment P^- gomen , c'eft à dire , fin de l'année. Ludolf , Liv. III. ch. 6. §. çy. dit qu'ils commencent l'année le premier jour de Septembre. Du refte, il convient avec Alvarès, dans le Calendrier Ethiopien, qu'il nous a donné dans Ion (econd Tome,/'. sS g. Il met le premier jour de \ année au 29 d'Aoïit. /'bje:^ aullî Kirker, Ze.v. Copt. Le P. d'Acofta, au ch. 3. du hvre que j'ai cité, dit, que les Peuples du Pérou règlent encore mieux leur année j parce qu'ils ont égard aux lunes. Ils donneur à leur année 3 6^ jours comme nous , & le partagent AN aufll-bieii que nous en 1 2. lunes , ou mois , dans lef- quelsils lépartilîent les jouis qui leftent. Avant la con- quête des Etpagnols fut les collines qui entourent Cuzco, _qui etoit la capitale de l'Empire &: le lancluaire de la religion, ils avoient élevé douze pilieis de bois, dil- polés de forte , &: en telle diftance , que chaque pilier inarquât l'endroit où le loleil le levoit, & où il (e cou- choit chaque mois. Ils appeloient ces ^'i^cvs fuccanga^, «Scmarquoient deilus les fêtes de chaque mois, & les temps des lemences, de la récolte, &c. Chaque mois avoit fon nom propre & les fêtes particulières. Ils com- mençoient autrefois \ année comme nous au mois de Janvier-, mais un de leurs Incas, qu'ils nomment A?/^ chacuto , c'eft-à-dire , Réformateur du temps ^ plaça le commencement Aç.\' année dans le mois de Décembre, apparemment pour commencer Vannée au temps que le loleil part du dernier point du Capricorne , qui cil: le Tropique qu'ils voient. Quelques-uns prétendent que les Pérouans & les Mexicains avoient des années bilîextiles-, mais le P. d'Acofta dit qu'on n'a rien de cer- tain fur cela. Les Pérouans n'avoient point de fe- maines. Les Brames de l'Inde commencent Vannée avec la nouvelle lune qui tombe en Avril , auquel jour ils cé- lèbrent une tête qu'ils nomment Samwat faradi Pau- duga • c'eft-à-dire , la fête du pre/nier jour de l'an. Ceux du Guzarate commencent leur année le 18 de Mars. Les Chinois «Se la plupart des Indiens ax_ec la première lune en Mars -, & alors ils fe réjornlfent auffi, & font de grands feftins. Les Brames ont 1 2 mois en l'année j ik une année de treize mois , après le cours de trois ans ; ils joignent entre deux, comme nous , un jour au mois de Février après le cours de quatre ans. Ils ont iept jours, qui tirent leur nom des planètes, comme parmi les Latins. Ils ont aulfi un fiècle de foixante««j; & après qu'ils lont achevés , ils recommencent de nou- veau. Ceux de la Chine, & les autres Indiens , ont aulîl une année de 1 5 mois, comme les Bramines , ou Brachmanes. ^ov^ï Abraham Roger, de la vie & des mœurs des Bramines. Le Portugais Barbofa dit, que les habitans de Cale- Cut commencent Vannée au mois d'Avril ; qu'ils ont \ année lunaire; qu'ils divifent leurs mois lelon les li- gnes -, & qu'il y en a de 10 , de 30 & de 5 1 jours. Les Grecs commencent à compter les années du monde par le premier de Septembre. A Rome il y a deux manières de compter Vannée : l'une commence à Noël, à caule de la Nativité de Notre Seigneur; les Notaires ufent de cette date, &: dilent,^ Natïvïtate : ëi l'autre au mois de Mars, à caule de l'Incarnation ; & c'eftainli que les bulles font datées,/^««o/«crtr/?arie/2ij. Année Persienne. Gohus, dans fes notes lur Alfergan , eft entré dans un grand détail lur la forme ancienne & nouvelle de Vannée Pcr/îenne , laquelle aétéluiviede la plupart des Auteurs Orientaux. Elle étoit de 565 jours, 5 heures, 49', 31"; ce qui diffère à peine de Vannée Grégorienne , que les Européens ou Occiden- taux fe font avilés de rechercher plus de joo ans après les Aliatiques. Mais Vannée dont les Auteurs qui ont écrit en Arabe ou Perlan, ont tait ulage dans Iciu's Ta- bles aftronomiques , eft iemblable aux années Egyp- tiennes , lefquelles font toutes égales, étant de 36/ jours fans intercalation. Instit. Astron. p. 60 0. Nos anciens Hiftoriens François ont compté les an- nées du jour de la mort de S. Martin , qui arriva en 401 ou 402. C'eft l'époque de Grégoire de Tours. Les Coptes & les Abilîlns ont une ère , dont les an- nées commencent au temps de la perlécution de Dio- clétien , comme l'a remarqué Kirker , Prodr. Copt. ch. 2. & Bollandus, T. I. p. S7^- ^ qu'ils appellent les années de grâce & de miléricorde pallées depuis la mort des Martyrs. Les Turcs appellent Vannée du ferpent. Vannée du loup-cervier, ou du léopard , Vannée du porc. Vannée du lièvre, &c. les années ditférentes d'un cycle parti- culier qu'ils ont dans leur calendrier , aulïï-bien que les Orientaux. Vannée de l'hégire eft Vannée de l'ère dontfe fervent tous les Mahométans , & qui commence , félon eux , ANA 319 le premier jour de la lune de Moharrem, la f férié, ou lelon nos Chronologiftcs, la 6^ qui répond au 1 5 Juil- let, prenant le commencement de cette lune depuis le iclcil couché du même jour de Van 611 de Jesus- ChrIST. /'"oytZ HÉGIRE. A la Chine les trois premiers jours de Vannée fe partent dans tout l'Empire en réjouilfances. On s'ha- bille magnifiquement, onfe vifite, on fait des prétcns à tous les amis, & aux perfonnes qu'on a quelque in- térêt de ménager. Le jeu, les feftins, les comédies, oc- cupent tout le monde. P. Le Comte. Année , le dit de quelques livres qui contiennent des exercices de piété pour tous les mois , toutes les ie- maines , & tous les jours de Vannée. L'année Chré- tienne du P. Suftren , V Année Chrétienne de M. Le Tourneux. Le P. Croifet, Jéfuite , a donné à Lyon une Année Chrétienne en 11 volumes in-\i. autant que de mois, & quatre volumes pour les Fêtes mobiles ik les Myftères. Vannée du Clirétien par le P. Giitfet, Jé- fuite, contient 18 vol. ïn-ii. Ce mot vient du lazmannus^ qui vient de laprépo- fition an , qui anciennement 1 e prenoit pour chxhm. Vannéexiz^ qu'une certaine révolution de jours. Quel- ques-uns le font venir du grec '"vof. Il femble de plus au P. Pezron , que Ennus j vieux mot , le même que Anmis -, eft pris du henn des Celtes, qui lignifie l'it'z^A: &: ancien • parce que Vannée vieilht toujours en s'a- vancant. A N A. ANA. f m. Les livres en ana. Ce mot ne fignifie rien, & n'ell qu'une terminailon latine de noms adjeclrifs neutres pluriels; mais parce que depuis quelque temps on a formé de ces fortes d'adjeètifs latins des titres à des livres , même François , qui lont des Recueils de penfées détachées de Contes, de traits d'Hiftoires; on appelle ces livres des livres en ana^ ou hmplcmcnt des ana: ainli l'on dit, tous ces livres en ana 3 ou tous ces ana me déplaifent fort. Les livres en ana font fouvent dire aux gens des chofes auxquelles ils n'ont jamais penlé , ou qu'ils devroient n'avoir jamais dites. M. Wolnus a fxit l'Hiftoire des livres en ana dans fa Pré- face des Cafauhoniana. Il y dit que ti ces fortes de ti- tres font nouveaux, la choie eft fort ancienne ; que les livres de Xcnophon des dits & faits de Socrate , & les Dialogues de Platon , font des Socratiana ; que les Apophthegmes des Philolophes recueillis par Diogène La'êrce , les Sentences de Pythagore, celles d'Epictète , les ouvrages d'Athénée , de Stobée , & de plulîcuis autres, font des livres en ana. La Gemare même des Hébreux , pluiieurs livres orientaux , dont la Bibho- thèque orientale de d'Herbelot eft pleine , font encore de ce genre , félon M. W^olhus. Les Scaligeriana font le premier livre qui ait paru avec un titre en ana. Ils ont été faits fur les papiers de Vallant Se de Verthunicn , qui , à ce que l'on prétend , les avoien trecueillis de la bouche de Scaliger, auquel ils étoient attachés. La première édition fut faite à la Hâve en 1666 lur les papiers de Vaflant, qui les avoit donnés à M. Pithcu. La féconde à Groningue en 1 669 , fur ceux de Verthunien , que M. Sigone , Dodleur en Droit de Poitiers , avoit recouvrés ; & ce fut Tan- negui le Fevre qui en eut foin. Enfuite vinrent les Per- roniana j, les Thuana , les Naud^ana^ les Patïnianj, les Sorkeriana-, les Menagiana^ les Anti-Menagianaj les Fureterianaj les Chevritana y &cc. julqu'aux Arle- quiniana , les plus fades de tous les ana. Les Mena- giana palTent pour être les meilleurs & les mieux choi- lîs. Les Chevrétana font des traités r.ompofés par AL Chevreau ; les Cafauhoniana , des remarques écrites & lailîées par Cafaubon. Wolfius y a ajouté des notes. Burcard Gotthelfius Struvius , dans fes Supplementa ad nothiam rei Utteraru j ch. 7. donne une lifte de tous les ana. A s'en tenir à la première idée qu'on a des ana^, ils devroient n'être recueillis que des entretiens , de cela même fuflît prefque pour les décrier; puilque tous les défauts qu'on reproche à la langue doivent s'y rencon- trer ; légèreté , précipitation , manque d'exaditude , 3ZO ANA inutilités , médifances , & fouvent calomnies. La plume eft plus ciiconfpede; & par conféquent les lettres lont airtant préférables à tous ces ana, que ce qui eftpenlé l'ert à ce qui cft jeté au hazard & fans réflexion. Ana , A'.a , Prépofition grecque fort en ulage dans les or- donnances des Médecins. On en a donne 1 explication fous la lettre A., où je renvoie le Lecteur. Les Enthou- fiaftes fe fervent encore du mot ana pour lignifier ef~ prit- & Caftelli nous apprend que c'eft le nom d'une certaine idole. ^Ct An A , ou An AH. Ville d'Aile , dans un lieu fort agréa- ble, fur les bords de l'Euphrate, C'eft le rendez-vous de tous les brigands qui rendent ce pays fi dangereux. ANAB. Ancienne ville de la Terre promite. Anah. Au temps de S. Jérôme ce n'étoit plus qu'un bourg. Il la place fur les confins d'Eleiuhéropolis ; Adrichomius l'en éloigne de huit lieues au midi. Anab étoit tur une montagne. ANABAPTlSME.f. m.Anabaptifmus. Héréfie , ou fede des Anabaptiftes. VAnab^iptifme s'eft inleniiblcmenr glilFédans toute l'Allemagne, hormis dans l'Autriche, & dans les Etats de Bavière. Il s'eft répandu dans la Bohême , en Saxe , dans les villes Anleatiqiicj , dans les Etats de Brunfwick , enDannemarck , en Hollande, en Angleterre & en Ecolîe. Jovet. Luther approuva l'expolîtion de foi des Frères de Bohème, à l'exception de l'article de l'Euchariftie , & de celui de {'Anabap- t'ifme. DupiN. Anabaptiste, f. m. Anabaptijla. C'eft un nom qu'on a donné à certains hérétiques qui prétendent qu'on ne doit pas baptiler les cnfans avant l'âge de railon , ou qu'à cet âge il faut les rebaptifer, parce qu'ils louticn- nent qu'il faut être en état de rendre railon de fa toi , pour recevoir validement le baptême. Ce mot vient du grec «'•■«, qui fîgnifie denuo j une féconde fois ^ & qui dans la compofition des mots lignifie réitération ■ é< de Bailifca, je baptife^ verbe dérivé de BaTlsj , mergOj je plonge dans l'eau. Il y a eu des Anabaptiftes dans la primitive Eglite , c'eft-à-dire , des Hérétiques qui baptitoientune féconde fois. Tels étoient les Novatiens, les Cataphryges, les Donatiilcs. Il y eut même au troilicme lièclc des Pré- lats Cathohques en Alie & en Afrique , qui prctendj- rent, que le baptême des Hérétiques n'étoit pas valide, & qu'il falloit rcbaptiter ceux d'entr'eux qui fe couver tilloient. Ceux de Cilicie , de Cappadoce , ùc Galatie, & de quelques provinces voilines , dans un Concile qu'ils tinrent à Icône , ayant a leur tête Firmilien •, & ceux d'Afrique, dans deux Conciles de Carthage, où préfida S. Cyprien , le déclarèrent ainfi ; mais le Pape Etienne I s'oppota à cette erreur, ik. elle n'eut pas de fuite. Ces anciens Rebaj titans ne lont pas communé- ment appelés ^-^/?a/f't7»/-{/?ej. Au Xli*^ iKcle lesPétrobu- ficns, les Vaudois, les Albigeois, errcient au'll dans ce point , comme il paroit par S. Bernard , Ep. 24. & Serrr. 66. tur le Cantique, & par les écrits du véné- rable Pierre. Mais ceux qu'on appelle proprement Ana- baptiftes j font une fe6te de Proteftans du XVFfiècle, ainfi nommés pour la raiton que l'on a dite. Cette tecte a fait beaucoup de bruit & de ravages en Allemagne dans le XVF ticcle, iur-tout en Welt- phalie. Ils loutiennent qu'on ne duir point baptiter les petits enfans : qu'il n'eft point permis de jurer , ni de porter les armes \ qu'un vrai Chrétien ne^ peut être Magiftrat , 6'c. On ne tait pas bien quel eil l'Auteur des Anc.haptftes. Quoique Luther te toit tort déclaré contre ces fanatiques , ileft cependant certain que quel que fuit leur Chef, il eft forti de ton école , & que lui-même y a donné occafion , toit en atrurant qu'il faut une foi aCl:uelle pour le baptême , foit en écrivant, dit-on, aux Vaudois , qu'il vaut mieux ne pas conférer le baptême , que de le donner aux enfans. Quelques Auteurs en accufent Carloftad , & d'autres Zuingle. Cochlius dit que c'eft Balthazar Pacimont;'nus qui commença à l'enteigncr en 1 527 , difant l'avoir puifée dans les ouvrages de Luther : dans la lliirc il fut brûlé à Vienne en Autriche. Mezorius dit qucccfutPclargu<; l'an 1512 , &■ qu'il eut pour compagnons Bodcftefr. , Carloftad, MeLuichthon, Wcftenberg, Quiccou,Di- A N A dyme, More, £'r. Enfin , on en fait plus communé- ment les Auteurs Thomas Muncer de Zwickau, ville de Mifnie , & Nicolas Storch de S talberg en Saxe , tous deux difciples de Luther, dont ils te téparerent, parce qu'ils ne trouvoient pas fa doclrine allez parfaite. S'ils ne tout pas les inventeurs de cette pernicieule doéfri- ne, c'eft eux au moins qui ont commencé , & qui ont le plus contribué à l'étabhr , & à la répandre dans le monde. Sleidan parle de la faction des Anabaptiftes en plu- tieurs endroits de tes Commentaires hiftoriques. Luther avoit lî fort prêché la liberté évangélique , que les paytans de Suève &d"S environs s'attroupèrent, & te liguèrent contre les puillances eccléfiafbiques , fous pré- texte de défendre la dodrine évangélique , &: de fe- cùuer le joug de leur tervitude : Obducla causa quafi & Evangelii doclrinam tueri , &fervitutemabfe pro- fligare vellent. Voyez Sleidan à la fin de ton IV^ Liv. Il ne fut pas po/hble d'arrêter leur fureur par d'autre voie , que par celle des armes. Ils oppotoient à Luther la propre doclirine : ils ditoient qu'ayant été faits libres par le fang de Jesus-Christ , c'étoit une choie in- digne du nom Chrétien , qu'on les eût regardés jutqu'a- lors comme des lerfs : Quod hue ufqucftnt hahiti vclut conditione fervi. Le même Sleidan , dans ton Liv. V^, rapporte les exhortations que Luther faifoit aux Ana- baptiftes y pour' leur faire mettre les armes bas ; mais toutes les prédications furent inutiles. Ils pubUoicnt par-tout qu'ils n'avoient pris les armes , que parce qu'ils s'y croyoient obhgés par un commandement de Dieu. Cet Héréiîarque vovant que tes longues harangues étoient inutiles, publia un Livre , où il convioit tout le monde a prendie les armes contre ces tcélérats , qui abutoient ainlî de la parole de Dieu. Il fut obligé d'en écrire un lecond pour iuftiner la conduite , qui paFoif- toit cruelle à bien des gens. Ces Anabaptiftes étant au ncir.brc de quarante mille détoloient tcus les heux par où ils pairoient. Muncer qui étoit leur chef, prétendit que Luther n'avoit en- core fait que la moitié du chemin pour ce qui étoil_ de la réformarion,c?c qu'il falloit joindre les révélations'' divines à l'Ecriture Sainte : Ex rcvclationibus divinis judicandum eJJ'e dicebat , & ex Bib/iis 3 Muncerus. Contuirez Sleidan au commencement de fon Liv. V^. En effet , ces Enthoulîaftes ne croient pas que le feul texte de l'Ecriture lufHle pour établir la vérité de la religion Chrétienne, ils ont recours aux révélations. Cet Kiftorien fait encore mieux connoitre au com- mencement du X^ Livre de fes Coir.mentaires hifto- riques , les excès où les Anabaptiftes portèrent cette liberté évangélique, qui avoit été prêchée par Luther. Jean de Leyde, fameux fanatique qui le déclara leur kci , ne marchoit point en public qu'il ne fût accom- pagné d'un certain nombre de grands O théiers ■■, deux jeunes gens à cheval marchoient immédiatement après lui, dont l'un , qui étoir à la droite , portoit la cou- ronne, & l'autre portoit une épée toute nue. Mais les Anabaptftes d'aujourd'hui , quoiqu'ils loient Fanati- ques & Illuminés , lont tort éloignés de ces excès de fureur où étoient leurs premiers maîtres, qui vouloicnt établir tur la terr; le nouveau règne de J. C. par la force des armes ; ils condamnent au contraire les guerres qui font entre les Chrétiens, & ils ne loutfrent point qu'aucun parmi eux poiTe les armes. Calvin a écrit contre les Anabaptiftes un ouvrage qui te trouve parmi tes oputcules. C'n y voit qu'il cft fort embarralle à leur répondre fur le baptême des en- fans, qu'ils rejettent comme s'il eût été contraire aces paroles de Jesus-Christ , au ch. \G. de S. Matth. v. _ 16. Celui qui croira y & fera bcptije ^ fera fauve. Com- me il n'y a que les adultes qui toiei.t capables de croire, les Anabaptiftes infércient de-là qu'on ne devoit point baptiter les enfans, puitqu'on ne hr aucun paftagedans tout le nouveau Teftament pour appuyer clairement leur baptême. Calvin , & même tous les autres Pro- teftans, fe trouvent fort embarraHés à répondre à cet argument des Anabaptiftes. Ils font obligés de recçu- rir à la tradition avec les Cathohques. Et en effet en voit que le baptême des enfans croit en ufage dès les premiers i ANA premiers ficclcs de l'Eglife. Cela paroîc évidemment par l'Auteur des Queftions attribuées à S. Juftin, p. ^6. parOngène, Liv. V. lur le ch. 6. de l'Epitre aux Ro- mains, qui dit, que c'eft là une tradition apcftolique ; par un Concile d'Afrique , où S. Cyprien rapporte, £pij^. ad Fidum j qu'il fut décidé d'un conlentcmcnt unanime de tous les Evêques , fans en excepter un Icul, qu'il falloit baptil'er les enfans immédiatement après leur nailfance, & ne point attendre i par le Con- cile de Milève , Can. i. le Concile d'Autun , Can. 1 8. lelécond Concile de Mâcon, Can. 3 , le Concile de Girone fous Hormifdas ; le Concile de Londres en 1237, Can. 3 ■■, le Concile de Vienne lous Clément V , le Concile de Trente , Sell". VII , Can. 1 1 & 1 5 , Sell". V , Can. 4 , par les Papes Siricius , Ep. ad Himcr. Inno- cent I, dans fon épître au Concile de Milève ; Clé- ment V, defummâ Trinit. &fiJe Cath. Innocent III , Extra. C. Majores de bapt. par S. Irénée Liv. II , ch. 39. S. Cyprien dans la lettre que j'ai citée •■, l'Auteur du Livre de la Hiérarchie Eccléf. attribué à S. De- nys, au dernier ch. S. Auguftin Ep. 10 à S. Jérôme , où il dit que ce ne fut point un nouveau décret que celui de S. Cyprien , qu'il ne fit que conterver la foi de l'Eglife; le même Saint , dans le Sermon 10 De verb. Dom. Liv. III. De peccator. mer. ch. 1 , 26. Liv. IV. De Bapt. ch. 2^. S. Amb. Liv, De Myfdco Pafch. ch. j. S. Jérôme Dial. 3 , contre les Pelag. l'Auteur du Liv. delaVocat. des Genr. ch. 6. S.Grégoire Liv. I,Ep. ij,&c. De plus, les CathoHques tirent encore de l'Ecri- ture même des argumens très-forts contre les Anabap- tïfies ; car en premier lieu ileft certain que lesenlans font capables du Royaume des Cieux , & qu'ils peu vent être fauves : JÉsus-Christ l'alfure en S^ Marc X, 14, & en S. Luc XVIII, 16. Il les faitapprocher,lcs bénit. Cependant Jésus-Christ dit en S. Jean III, j , qu'on ne peut entrer dans le Royaume de Dieu, qu'on ne foitbaptifé. Il faut donc que les cnlans qui peuvent y entrer, puillent être baptiiés. \^ç.% Anabaptifies ré- pondent, que ceux dont Jésus-Christ parle étoient déjà grands , puifqu'ils pouvoicnt venir à lui ; qu'ainfi ils étoient capables de taire un aùtc de foi. Mais cela ell manifefternent contraire à l'Ecriture, qui en S. Mat- thieu , &C en S. Marc , les appelle ^'^i^-a. , & en S. Luc f^p <^- qui iigni- iîe, je me retire a l'écart 3 par oppofition aux Céno- bites , qui vivent en commun. Léo Allatius, au Liv. III, chap. 8 , de Conf.Ecclef. Occid, & Orient 3 & après lui de Moni dans l'on HijL des Religions du Levant j parlent allez au long des Anachorètes Grecs. Ce font, difent-ils , des moines qui ne pouvant travailler ni fupporter les autres charges du Monaftère , veulent vivre dans le repos de la fo- litude. Ils achètent une cellule hors du Monaftère avec un petit fonds dont ils puifï'ent vivre ; & ils n'y vont qu'aux jours de Fêtes pour aflifter à l'Office , après lequel ils retournent à leurs cellules , où ils s'em- ploient à leurs affaires , n'ayant aucunes heures arrê- tées pour la prière. Il f e trouve néanmoins de ces Ana- chorètes qui font hors de leurs Monaftères avec le confentement de leur Abbé , pour mener une vie plus retirée , & pour s'appliquer davantage à la méditatior Le monailère leur envoie une-fois ou deux le moisdi quoi fe nourrir , parce qu'ils ne pofsèdent ni fonds ni vignes. Mais ceux qui ne veulent point dépendre de l'Abbé , louent quelque vigne voifîne de leur cellule ,; dont ils mangent le railin ; il y en a qui vivent de fi gués; d'autres vivent de cerifcs, ou de quelques fruits femblables : ils sèment des fèves dans la frif on. L'on en voit de plus qui gagnent leur vie à copier des li vres. On donne à ces Anachorètes le nom d'AJcètes & àErmites. iffL Dandini , parlant dans fon Voyage du Mont-Liban^ des religieux Maronites, dit au chap. 25 , que c'eft uii relie des anciens Ermites , qui vivoient féparés des hommes, &c habitoient les déferts de la Svrie &c de la Paleftine. Ils font retirés dans les endroits les plus cachés des montagnes , éloignés de tout commerce , & fous de grands rochers. Us vivent de ce que la terre produit d'elle-même, ne mangent jamais de chair, même lorfqu'ils font malades & en danger de mou- rir; & pour ce qui eft du vin, ils n'en boivent que très-rarement. Il faut conf ulter Caiîîen fur ces anciens Anachorètes. Il y a aulîî dans l'Occident des Anachorètes. Pierre Damien , qui étoit de l'Ordre des Ermites , en fait fouvent l'éloge , comme étant les plus parfaits d'entre les Moines, Il n'a aucune eftime pour les Moines Cé- nobites 3 c'eft-à-dire , ceux qui vivent en communauté. Il les regarde comme des Moines qui font bien éloi- gnés de la perfeéfion de la vie monaftique. Nous le» aimons, dit-il, comme l'on aime des ânes, ou des cerfs , parce qu'ils font utiles pour le travail. Petr, Dam. Lib. VI. Epifi. 12. Saint Benoît, quia été le principal Auteur des Moi- nes qui font dans l'Occident, a aullî eu dans fon Or- dre des Anachorètes.W eft permis parlesConftitutions de cet Ofdre , de quitter h Communauté pour vivre I ANA Anachorhc , ou Solitaire; ce qui s'appcloit deClauf- trenfi ficrï Anachorctam ; c'eft-à-dire , d'homme de cloître devenir Anachorète. Voici la dclcription que Jérôme Acofla fait de ces Anachorètes de lOrdre de S. Benoit , dans Ton Hiftoïre de l'origine & du progrès des revenus eccléjlajliques 3 pag. s 2. Ces Anachorè- tes , qui s'ctoJent retires du monaftcre avec la pcrmil- fion de leur Abbé, alloicnt habiter quelques lieux du voiliuage, & ils n'étoient pas h lolitaires , qu'ils ne fuirent vilités (cuvent par le peuple , qui venoit le re- commander à leurs prières. On leur faiioit de grandes aumônes , parce qu'ils étoient eftimés plus iaints que les autres. Us recevoient toutes lortes de donations , foit en fonds de terre , loit en meubles. Quand ils étoient enrichis dans un lieu, ils alloienten un autre, où le peuple leur faiioit les mêmes charités. Le bien qu'ils acqueroicnt par ce moyen leur appartenoit ; & avant de m.ouiir ils en dilpoloient en faveur du mo- naftère d'où ils étoient loitis. Acofta n'a rien avancé touchant ces Anachorètes, & les biens qu'ils acquéroient pour leurs monaftcres , qui ne foit appuyé iur les Cartulaires des abbayes: Se eu eftet il produit la formule de la donation, qui elt conçue en ces termes dans le célèbre Cartulaire de Cafe- vre, qu'on trouve préfentement dans la Bibliothèque du Roi : Moi IV. Prêtre & Moine d'un tel monaftèrc, qui fuis forti avec la permijjlon de l'Ahhé, pour me- ner une vie plus retirée , je donne à mon Abbé N. pour h repos de mon ame, tous les biens que je pof- sède j & que j'ai acquis avec fa permiJTton. L'acte de la donation contcnoit un dénombrement des biens, terres & égliles que ces lolitaires laiiroient à leurs monaftères \ & ils donnoient en même temps les aèles des donations particulières , qu'on gardoit dans les ar- chives avec les autres écritures. ANACinOSTE. f. t. Etoffe de laine croifée. Dict. de l'Orthogr. /''oyc:^ Anacoste. ANACHRONISME, f". m. Erreur qu'on fait dans la fup- putation des temps. Erratum contra temporum ratio- nem. Anachronifmus. Les Poètes font fujets à faire des anachronifmes , &cela eft permis dans unpocme épique. Ce mot vient du grec avax/"»"^^"»'* •> qui vient de x/"'"» tempus , temps , &c de la prépofition « «', qui dans la compoiuion lignifie fursùm , fuprà , re- trorsùm. Ainfi anachronifme n'ell; pas en général une erreur dans la fupputation des temps , mais en parti- - cuUer l'erreur que l'on commet dans la chronologie, en remontant un événement, en le plaçant plutôt qu'il n eft véritablement arrivé , comme a fait Virgile, qui place Didon en Afrique au temps d'Enée, quoiqu'elle n'y loit venue que trois cens ans après la prife de Troie. Parachronilme , au contraire , eft la fliute que l'on fait en plaçant un événement plus tard qu'il ne doit être placé. (CJ" Quoique dans l'ulage ordinaire on ne filïe point cette diftinélion, elle n'en eft pas moins réelle. ANACLASTIQUE. f. f. Partie de l'optique qui confi- dère la vilîon qui le fait parréfradtion: ava^^Aanx, On l'aopelle auill Dioptrique. Vovez ce mot. ANAcLASTIQUES , ou RÉFRACTOIRES. f. f. pi. Ce font de? courbes apparentes qui reluirent dun fond opaque, vu à travers un milieu réfringent. Mém. de l'Acad. des Se. 174O. p. 2. ANACLÉTÈRES. f. pi. Anacktcria. Fête folennclle, inftituée en l'honneur des Rois & des Princes, lorf- qu'ils prcnoicnt le gouvernement de leur Etat, & qu'on le déclaroit a leurs peuples , afin qu'ils les rcconnullent pour Rois. J'oye^i Polyee. Ce mot vient d'a'«,& de KaAt'u, voco ■, j'appelle, parce que durant \ts Ana- clétères on alloit faluer le Prince, & on l'appeloit du nom de fa nouvelle dignité. ANACOLLÉMATES. f. m. pi. Anacollemata. Remèdes qu'on applique fur le front pour arrêter les fluxions qui tombent Iur les yeux. Ce mot eft grec, «'axoAAv^ara , glutinamenta , remèdes coUans , propres à arrêter ce qui coule. Ces fortes de topiques appartiennent aux frontaux. ANACOLUPPA. f. f. Plante dont il eft parlé dans VHor- fjs Malaharicus. Le tue de cette plante, avec un peu Toftiz L ANA 5 1 j de poivre , palFe pour un remède fouverain dans l'é- pilepfie, & pour le leul antidote qu'il y ait contre la moriure du Cobra-Capella. |XF ANACOLUTHE, i. f. Anacoluthum. Terme de Grammaire. Figure, elpèce d'clhple, par laquelle on fous-entend le corrélatif d'un mot exprimé. Comme quand on met en latin, tantàm fans quantum : ou en françois quand on dit , il eft où vous allez, au lieikde dire , là , dans le lieu où vous allez. ANACONTI. f. m. Arbre de l'île de Madagafcar. Ses feuilles rellemblent à celles d'un poirier. Il porte un fruit long, d'où l'on tire un lue propre à faire cailler le lait. ANACOSTE, ou ANACHOSTE. f. f. Efpèce d'étcfte de laine croifée, très-raie, fabriquée en manière de ferge de Caen , mais moins couverte de poil , &z de meilleure laine. Elle fe fait à Leyde, en Hollande, à Bruges & à Arlcot, dans les Pays- bas Autrichiens; à Ypres, & aux environs dans la Flandre françoile. Cette étoffe a une aune de large , ainli que lesfergesde Caen, & vingt aunes ou environ de long. Il s'en fabrique à Beauvais , en France. ANACREONTIQUE. ad>. m. & f. Terme de Pocfie grecque & latine: qui eft inventé par Anacréon, qui eft à la manière, dans le goiit d' Anacréon. Anacreon- ticus. Anacréon, Poëte de Teios, qui vivoit plus de quatre cens ans avant Jésus-Christ , fut célèbre par la délicateire de fon clprit , &i par le tour fin , mais aifé & naturel de les poëlies. Il nous refte de lui des odes qu'il ne faut lire qu'avec précaution, à caufe des fcntimens de galanterie dont elles font pleines. Elles font pour la plupatt compofées en vers de (ept lyllabes,ou plutôt de trois pieds & demi , fpcndées ik ïambes, ou quelquefois anapeftes. C'eft cette forte de mefure qu'on appelle vers anacréontique. Une ode anacréon- tique eft une ode compolee de ces vers , ou dans le goût d'Anacréon. M. de la Motte a donné ce titre à pluficurs odes qu'il a imitées de ce Poëte Grec ; & Mademoifelle de Malcrais de la Vigne , ou plutôt M. Des Forges Mail- lart, a nommé Poëhe anacréontique , un dizain im- primé à la page i-'5 de les pocfies. Six autres petites pièces font intitulées de même, page 192 , 206, 210. M. de la Motte avertit , que dans les odes anacréon- ri^z^ci il parle, toujours pour un autre, & qu'il ne frit qu'y jouer le perfonnage d'un Auteur, dont il envie- roit beaucoup plus le tour & les exprelîicns , que les fentimens.. AN ACTE. 17 m. Terme de Mythologie. Anax , Rex. Ce mot eft grec. Se lignifie. Roi. Les Grecs le don- noient à des Rois qui s'étoient diftingués par de bel- les acT:ions , & qu'ils mettoient pour cela au nombre des Dieux. ffJ' Ce nom , dit Moréri , étoit commun à trois anciens Dieux prétendus, qu'on dif oit nés à Athènes, de Jupi- ter, l'un des premiers Rois du pays, & de Proferpinc. Cicéron les nomme Tritopatreus , Euhuleus , Dio- nyjius j & dit qu'ils furent aullî connus fous le nom de Diofcurcs , qui leur fut commun avec d'autres Dieux. Quelques-uns les confondent avec les Cure- tés, d'autres avec les Cabires. Ils avoicnt à Athènes un temple nommé Anacée, où l'on célébroit en leur honneur une fête de même nom. On doit s'en tenir à cequcditCiceron. On a eu tort de dire que Caftor & Pollux étoient les Anacies qui avoient un temple à Athènes. |CIF AN ACTES, étoit encore unnom d'horareur donné aux fils Se aux frères des Rois de Chypre. Comme les Rois n'étoient occupés que de leurs plaifirs , les Anaclcs prenoient le foin du gouvernement. C'étoit à euxque les Gergines rendoient compte tous les jours de ce qui fe palfoit. Us faifoient enfuite informer de la vérité de ces dénonciations par les Promalanges, Se jugeoient fur leur rapport. Leurs femmes s'appeloienr Anajfes, Se fe faifoient fervir par des femmes nommées Cola- cydes , inftruites à leur épargner toutes fortes de fa- tiE,ues & de foins. ANÂCTÉES. f. f. pi. Fêtes en l'iionneur des Anaéles. ANACUJE. f. m. & f. Nom propre de peuple, Anacu- S s ij .32.4 AN A jus y a. Les Arme uj es font dans le Bréfil , -dans l'Amé- liquc méridionale^ près le gouvernement de Sérc- gipe. f -•?■ ANADIPLOSE. f. £ Anadiplofis. Terme de gram maire. Figure qui fe fait lorfqu'unc propoLuion com- mence par le même mot par lequel la prupoiition pré- cédente finit. Comme dans Virgile, /'> Tytinis Or- fheus, Orpheus ïnfylvls ^ &c. Aida fe focïam , tï- iTiidtfquc fuperv enit j^gle j^gle Naïadum pulcher- rima. tf^Cc mot efl compcfé des mots grecs «.là, rétro j év' i-m\ia , dupUcio. Redoublement du même mot. ANADROME. f. m. De <''f !/*<», ancien verbe grec , qui (lénifie, couler. Ce mot , dans le lens d'Hippocrate , fîgnifie le tranfoort des matières morbifiques qui cau- lent les douleurs , des parties inférieures du corps hu- mains , aux fupérieures. Cet accident efl: toujours re- gardé comme un mauvais préfage , parce que les hu- meurs acres ne iauroient faire autant de mal lorfqu'ellcs le jettent furies extrémités, que iur les vilcères. 4tr ANADYOMÈNE. Nom d un tableau de Venus for- tant des eaux, peint par Apelle,&qu'Augufl;e fit pla- cer dans le temple de Célar ion père adoptif. Ce mut eft grec à.itt.Sva;M-/i , cjui Je levé , ou qui lorc en le levant. AN.£MASE. f f Terme de Médecine. Défaut de fang, inaladie qui vient d'unmanque delang.^/z^wzjj^j. Quel- ques-uns ont dit AtiAnûe j mais mal. Voye\ ce mot. AN/£i\iIE. £ f. Terme de Médecine. Manquement de lang. AiutmafiS. Cette maladie , qu'on appelle Anx, mie j ei\ une des plus négligées par les Médecins , & celle cependant qui demande le plus d'attention. Jour- nal DES S, 1712. p. 15. Il faut hre fur cela l'hitro- ducllo in Medicinam praciiccm de M. Michel Albert , !Mcdecin de Hal. On y trouvera tous les remèdes qu'il convient d'employer pour réparer le fang qui manque. Ce mot vient du grec a/^a, fang, avec l'alpha pri- vatif. Soit que ce foit M. Albert, ou le Journalifte qui a tiré ce mot du grec, on y a lait deux fautes: la pre- mière clt d'écrire fl«e'/;7^e j au lieu à' annmie.qyCiMd.vx , comme il paroît pat l'étymologie. La féconde eft d'à- v^oir dit anémie. Il falloir dire anxmafe ; car on n'a ja- mais dit en grec , & l'on ne peut nullement dire , fé- lon l'analogie, c^idifiia, pour fignifier, défaut de fang. les Grecs ont appelé cette maladie avai/^arif, & les Fran- çois doivent faire amnafe d'a»a',«a3-if , comme protafe de 7r/>oTaTit & bafe,Az /SaVit , emphafe jde iwças-K ,é'c. AN.xTIS. £ £ An^u'is. Terme de Mythologie. Déefle honorée dans l'Orient. Selon Strabon.^iv. V. les Ly- diens l'adoroient. Hérodote & Paulanias difent la mê- me choie : mais Strabon dit qu'elle étoit lut tout ho- norée par les Arméniens. Les gens les plus diftingués de la nation coniacroient leurs filles à ion lervice , & les proftituoient pubhqucment à fon honneur. Après quoi ils les marioient ; & c'étoit à qui les auroit pout femmes. Dans la fête & les facrifices qu'ils lui failoient, ils s'enivroient tous , hommes & femmes , julqu'à perdre tout fentiment; parce que Cyrus, di- Ibient- ils, ayant fait iemblant de luir & d'abandon- ner ion camp où il lailfoit beaucoup de vin, ceux qui célébroient les fèces à'Anatis j qu'on appeloit Sa- cr& ,y étant entrés s'enivrèrent, & furent tous tués par Cyrus. Foye^ Strabon, Liv. XI. & XlL Plin. Liv. XXXiiî. ch. 4, & Hermolaiis fur cet endroit de Pline. La première Ifatue d'or iolide qui ait jamais été faite, avant même qu'on en fit de bronze qui fulfent foli- des , eif celle du temple d'Anatis , au rapport de Pline à l'endroit que j'ai cité. On écrit mx^. Anaïtis &c Anetis. tfT ANASE. Foyer Ante. ANAGALLIS. 1. f. Plante qu'on appelle aulTi Mouron. AnaaaUis. Voyez Mouron. 0Cr AN AG ARSKOY.Ville de la Tartarie Mofcovitc,dans la Province de Dauria , prefque au midi de la partie orientale du lac Baykal. Baudrand & Corneille après Maty, écrivent Anagarskaye^ mais mal, félon la Mar- tinière. ter ANAGIRIS, Foyei Bois-Puant. ce? ANAGLYPHE , ou ANAGLYPTE. £ m. Les An- ■ ANA ciens nommoient Anaglypha ou Anaglypta j des ou- vrages cilelés, taillés ou relevés en boilc , qui ontdes figures de relief. AN AGNIE. Ville de l'Etat de l'Egliie , en Italie. Ana- gnïa. Elle ell: l'ur une montagne dans la Campagne de Rome. Nous difons en Irançois Anagnïe , ôc non pas Anagni. ANAGNOSTE. £ m. Ledeur. C'eft le nom que les Ro- mains donnoient à celui de leurs elclaves qui faiioit la le6lure pendant leurs repas. Anagnojîes. L'Empe- reur Claude mit les Anagnofes fort en crédit. Il en avoit toujours qui liloient quelques livres lérieux. Les Seigneurs , à fon exemple , vouloient avoir des Ana- gnofes j les particuliers même en eurent auiîi. Ce mot vient d'A%a>ïtar>i!, qui lignifie Ztfle/^rj celui à qui ap- partient la tondtion de hre. Moréri parle des Ana- gnofes. ANAGOGIE. £ £ Anagoge. Elévation de l'efprit aux chofes céleltes & éternelles-, peniée, exphcation par laquelle on élevé l'eiprit à la confidération de ces cho- ies. Il y a des Commentaires de l'Ecriture, des dii- cours entiers, qui iont des anagogies perpétuelles. Ce n'eil: point là le iens natutel de ce paifage de l'Ecri- ture , c'eft une anagogie. Uanagogie doit être fondée iur le fens littéral. ANAGOGIES. £ f. pi. Fête qui fe célébroit par les ha- bitans d'Eryx,aujoutd'huiTrapano, en Sicile, à l'hon- neur de Vénus, comme ii elle tût partie pour aller en Libye,& dans laquelle on la prioit de retourner. A%a, a}.«, fîgnifie retour en grec. ANAGOGIQUE.^ adj. m. & £ Myftérieux, qui élève l'eiprit aux choies céleftes iSc divines de la vie futute & éternelle, dont jouilfcnt les Saints dans le ciel; carie terme anagogique n'emporte pas iculementune élévation à la connoiifance des choies céleiles & di- vines, mais des choies céleftes & divines de la vie future , de celles qui fe palfent & fe palleront dans l'éternité entre Dieu & les Saints. Ce mot ne fe dix guère que par rapport aux fens difîérens de l'Ecriture. Le iens littéral ell le fens naturel, & le premier. Le fens myftérieux eft fondé iur le lens naturel , & fe tire du iens naturel par analogie ou comparaiion , par fimilitude , ou rellemblance d'une chofe à l'aurre_> &c fe divife en plulieurs efpèces. Car iî les choies myftérieufes ou cachées que l'on tire par analogie & par reifemblance du fens littéral, regardent l'Egliie & les myftères de notre religion, c'eft le iens allégorique: quand elles ont rapport aux mœurs, c'eft le iens rro- pologique \ & quand elles regardent la vie future ou l'éternité , c'eft le fens anagogique. Anagogicus. Voyez au mot Sens. Les Interprètes de la Bible y trouvent des iens myftiques, anagogiquesj tropologiques , ëc autres. Ce mot vient du grec , à,a-)Ky„' , qui fîgnifie enlèvement j foulèvement ; & qui eft formé de la pré- poiition cïa',qui dans la compolition iignifie fouvent fursùm , au-deffus j en-haut j & de a>«>»' , duclio , conduite , oui vient de^î», duco , je conduis. Ce iens conduit, élève l'ame à la connoiirance des choies iu- périeures & céleftes, ANAGRAMMATISER.v.a.Faire l'anagramme d'un nom. Anagramma fcrihere , fingere. Le Poëte Daurat paf- foit pour un iî grand devin en matière d'anagrammes,* que des perionnes illuftres lui donnèrent leur nom à anagrammatifer. Bail. On dit que Rabelais , pour le venger de Calvin qui avoir anagrammatifé ion nom , trouva Jan Cul dans le nom de Calvin. S. Evr. Une des plus heureules anagrammes, ell: celle qui fut faite fur le nom du meutrier de Henri III. Roi de France. Il s'appeloit Frère Jacques Clément , L'anagtamme , ians rien changer eft, c'efl l'enfer qui m'a créé. En voici encore d'autres fort heureufes pour le iens, & peur le rapport des lettres, Zo^/j de Boucherat. L'a- nagramme eft , eft la bouche du Roi. M. de Boucherat étoit Chancelier de France, lorique l'anagramme lut faite. Ces paroles, efl vir qui adefl , font l'anagram- * me de celles-ci , que Pilate dit à Jésus - Christ, quid eft véritas ? Cette anagramme eft peut-être la plus belle qui ait jamais été faite , parce que les mots, qui font comme la matière de l'anagramme font une A N A queftion j ou une intciTogarion ; & les mot? de l'ana- gramme, qui {ont compolés des mêmes Ictcies , (ont la réponie ia plus juite & la plus vraie qu'on pût faire à la queftion , dans les circonitances où elle fut faite. • C'Cr ANAGRAMMATISÉ, ÉE. part. ANAGRAMMATISTE. C m. Qui a coutume de faire des anagrammes. Scnptor anagrummatum. Ces mots viennent du grec àva^y^a^", qui lignifie, écrire à rebours. ANAGRAMME, f. f. Tranfpolîtion de lettres de quelque nonij dont on fait tant de combinailons , qu'a la hn on y trouve quelque autre mot i\: un autre lens. Anagram- ma j Anagrammanfmus. Par exemple , \ anagramme de Galenus , c'eft Angélus ; de Logica , c'ell Caligo ; Lorraine , c'elT: Alérion: c'eîî: pour cela que la Maifon de Lorraine a pris desAlérions dans les armes. Calvin, dans le titre de Ion /;7/?ir//ricV2 j imprimé à Strasbourg l'nu i5'39, le donna le nom d'Alcuin , qui cil: l'ana- gramme de celui de Calvin, le voulant faire honneur du nom de ce ("avant homme, dont Charlcmagnc fe fervit h utilement pour faire relieurir de Ion temps la dodtrine & les belles-lettres en France. P. Dan. Tom. III. pag. é6S. Lycophron qui écrivoit fous Ptolomee Philadelphe Roi d'Egypte, environ 280 ans avant JE- sus-Christ , excella non-leulement dans la poëlîe, mais encore dans l'art de faire des anagrammes , au rapport de Canteurus, dans fes Prolégomènes fur Lycophron, où il en rapporte deux alfez heureufes dcl.i façon de ce Poète. La première (ur le nom du Rf^i Ptolomee , Tinxiuai-K , dont il failoit a-sr» ^sAi'i-ot , ds miel ; comme pour dire que ce Prince étoit tout de miel ; c'eif-a-dire plein de douceur & de bonté : la fé- conde €(l lur le nom de la Reine Arfinoé , en grec A'pr/ïo'n , dont il avoir fait i"<"'ii"f''i , violette de Juno/i. Les Cabaliftes auifi chez les Juifs font perpétuellement des anagrammes. La troiiième partie de leur arx , qu'ils appellent mion , themura ,c'e(t - à - dire , cha^i- gement, n'eft autre chofe que l'art de faire àcs ama- grammes , ou de trouver dans un nom, des lens ca- chés & myftérieux, en produifant d'autres noms &: d'autres phrales , par le changement, la tranlpolition , & la ditiérente combinailon des lettres du même mot. Ainlî de ri3 , qui (ont les lettres du nom de Noc, ils font jn, qui lignifie ^nkt' ;de niu^DjieMelîiejils font rtDC;"' , qui veut dire il fc réjouira. Ainli nous ne foiiv mes point les premiers qui aient fait des anagrammes. Nous ne lavons point que les Latins en aient fait. Ils ont eu cependant quelqu'idée de la première efpcce àîanagramme dont nous allons parler, comme il paroit par Aulugellej Liv. XIL chap. 6. Les anagrammes le font en deux manières ; car 1°. quelques-mics conlilfent feulement à divifer un mot en piulieurs mors. Ainfi l'cuigme du Dieu Ter- minus qu Aulugelle rapporte à l'endroit que j'ai citéjcfi; fondée lur Vanagramme Terminus. Ainfi dans ce vers , que les entans dans leurs jeux inno- cens fe propofenr quelquefois à expliquer , Furfur edit pannum, pancm quoque fuftineamus ; cour qu'il y ait du fens, il faut As fuftineamus en faire trois mots, fus,tinea ^mus. La féconde efpèce ^'anagrammes eft de celles où l'on renverle ^ & Ion dilpofe autrement les lettres. Telles font celles que nous avons rapportées ci-delfusi & encore /?o/«rtj Ma- ro 3 mora , c.mor: Julius , Livius ■ Corpus j porcus j procus , fpurco. Les mtïW^wics anagram.mes ioniccX- les dans leiquelles il ne faut ni changer ni fuppléer de lettres , comme dans celles que nous avons rapportées. Quelquefois on fe donne la liberté d'en changer quelqu'une. Par exemple, dans celle qu'on fit fur Marie Stuart pendant (a prifon j Maria Scuarca , yirtus armata , il faut changer un a en v. Colleter a dit contre les faifeurs à' Anagrammes : Et fur le Parnaffe nous tenons , Que tous ces renverfeurs de noms Ont la cervelle renverfée. A N A j 1 5" ! C'eft Daurat, qui (ous le règne de Charles IX. s'a- viia le premier de ùiïc des anagrammcs.lïpïétcndok qu'il en avoit trouvé le plan dans le Poc'te Lycophron. Il mit les anagrammes tellement en vogue , que tout le monde sen mcloit. L'Abbé Catelan a encore en- chéri lur cela, k en Géométrie on procède ana- ly tiquement ; on remonte julqu'aux principes. ffJ\ ANAMALLU. f m. ArbrilTcau kgumineux du Bré- lil. Il a des épines dont les naturels du pays le lervent pour fe percer les oreilles. ANAMELECH. f m. Nom d'un des Dieux des Sama- ritains, lur-tcut de ceux qui étcient venus de Séphar- va'i'm , cù il étoit adoré avec Adramelech. On biiiloit des enfans en 1 honneur 6^ Adramelech j (Se à'Anam.e- lech y IV^ Liv. des Rois , XVII. 3 1 . Selden prétend que c'eft le mcme que Moloch. S\nt. r. cli. 6. DCr ANAMNETIQUES. adj." Mcdicamens propres à fortifier eu à réparer la mémcire. f,C? ANAMORPHOSE, f f. Terme de Peinture & de Perfpeélive. Se dit d'une projedion monftrucufe, ou d'une repréfentation défigurée de quelque image, qui eft laite Iur un plan ou Iur une lurfacc courbe , & c,ui néanmoins , à un certain point de vue , paroît régulière & laite avec de juftes proportions. On appelle ainli , dit l'Acad. un tableau qui vu d'une certaine diftance , repréfente certains objets , & repréfente toute autre chofe , vu d'une autre diftance. ANANAS, f m. Ananas , Nux pinea Indica. Plante qu'on cultive dans les Indes à caufc de la bonté de fes fruits. Ses racines lont noirâtres , menues , fibrcufes , ANA braiîchucs , & ramalTées à leui coller , d'où partent quel- ques feuilles dirpolces en rond , de la figure & de la confiftance de celles du rofeau, longues d'un ou de deux pieds , larges de deux pouces , pliées en gouttière, pointues par leur bout , dentelées lur leurs bords , de telle forte qu'elles en deviennent comme épineules , tantôt lavées d'un peu de pourpre , tantôt toutes tein- tes d'un vert pâle. Du milieu de ces feuilles s'cleve une tige , haute plus ou moins , le plus fouvent de deux pieds , & epaiife d'un pouce , garnie de feuil- les pareilles à celles du bas , mais plus courtes , & terminées par un fruit qu'on nomme Ananas. Il eft très -petit d'abord, & les feuilles qui le couron- nent, lontteirites d'une lî vive couleur de feu, qu'on diroit que c'eft un bouton de rôle prclqu'épanoui ; mais peu à peu il grolîit ; & (es fleurs placées fur des cmbryonSjOU tubercules charnus, augmentent fa beauté par leur couleur bleue; ce qui fait un mélange de rouge & de bleu clurmant. Chaque fleur eft un tuyau d'une ieule pièce, long d'un demi pouce, découpé en trois parties; le tubercule qui le foutient, eft charnu, fuc- culent,& renferme plulieurs lemences aplaties, rouf^ sâtres , plus petites que des lentilles , & enveloppées par une membrane. Le fruit de \ ananas eft compoié de plufieurs de ces tubercules , unis & ramafles très- crroitement enfemble. Il eft le plus fouvent jaunâtre, & gros comme- un petit melon , & c'eft \ ananas or- dinaire. Quelquefois il eft plus petit Hc plus arrondi , ^ on l'appelle la Pomme de rdnecte : quelquefois il eft fort gros, pyramidal, jaune, &on le nonw^c Ana- nas en pain de lucre. On cultive encore dans les îles Antilles une autre efpèce è!ananas j qui fe diftingue ailcment du précédent par fes feuilles, qui ne font point rudes & épineufes fur les bords. On appelle cette dernière efpèce l'Ananas pitte. Il fiut encore remar- quer que les feuilles qui couronnent le fruit , perdent , à melure que le fruit grolîît , la belle couleur rouge qu'elles avoient d'abord , & que peu à peu elles de- viennent vertes. Ce fruit a une odeur & un goût fi agréable , qu'on le regarde comme le plus excellent fruit des Indes. On le croit fi peu mallaifant , qu'on en fait manger aux malades ; on en confit une grande quantité qu'on tranlporte en Europe. Dapper dit que les ananas viennent auifi très-bien à la côte d'Afrique, & qu'on a grand foin de les cultiver-, mais qu'il n'elî pas lain d'en manger beaucoup , parce qu'ils lont trop chauds. Il n'y a prefque point de voyageur qui n'en ait parlé. Voyez-en la defcription dans le Didlionnaire des Drogues de Lémery ,pag. 4.1 & 42. Voyez-en aulfi la figure dans la première planche à la fin du mcmeDiét. fig. 1 0 y&c dans le iecond Tome du Spedtacle de la Nature, p. 21 r & 2f2jOÙ l'on rapporte ce fait fingu- lier. Il y a quelques années que le Roi donna à M. le Normand , Direéteur du Porager de Verlailles , deux aillerons d'ananas , Se lui en recommanda la culture, quoiqu'ils fuifent prelque deiléchés & fans racine. Le cœur en étoit bon : ils reprirent. Le fruit qui en provint,ne put parvenir à la maturité. Mais deux œilletons lauvés de la pourriture & rilqués de nou- veau, donnèrent en 1733 deuxiruits d'une beauté qui attira bien des curieux. L'aifiduité de Li culture , & un automne favorable les amené. -at à une parfaite ma- turité. Le Roi lui-même fit l'eifai d'un de ces fruits le 28 Décembre , & le trouva très-bon. Toutes les per- lonnes à qui Sa Majefté jugea à propos d'envoyer une portion de ces fruits pour confulter les différens goûts, trouvèrent unanimement ces ananas très-mûrs , d'une chair douce & extrêmement tondante , relevée par une pointe d'acide , ëc accompagnée d'un parfurw aulfi agréable que celui de la fraile. \J ananas l'emporte à mon goût lur tous les autres fruits. Il eft, dit-on , fié- vreux,quandonenmange beaucoup. Abbé de Choisy. \J ananas vient originairement du Bréfil : c'eft fon pays natal. On a tranfplanté l'ananas dans le Mexique, où il produit d'exceUens fruits , dans les Antilles, dans l'île deCayenne,dans les Indes Orientales, à laChine, dans l'île de Ceylan, dans plufieurs contrées d'Afri- que, comme euGuinée , au Cap de Bonne Efpérauce : ANA 3Z7 & même en Europe, dans quelques jardins de Hollan- de & d'Allemagne, & dans le Jardin du Roi, à Paris, où on l'a cultivé avec luccès. Aujourd'hui on le cultive dans toutes nos ferres chaudes. Paul Amman , dans k defcription du jardin de Bohus , a confondu l'ananas avec une plante nommée Anona. C'eft une faute. Une faut pas non plus la confondre avec la. banane. Ces plantes produifent des fruits très-différens. Il y a des ananas domeftiques , il y en a de fauva- ges. L'ananas à chair blanche eft ovale ik des plus gros. Il a julqu'àdix pouces de diamètre, & feize de hauteur. La peau en eft jaunâtre. Son odeur approche de celle du coing , quoique plus agréable. La faveur n'y répond pas , & le fuc de ce fruit blelfe les dents , & fait faigner les gencives. L'ananas à chair jaune eil: de figure conique , très-gros , & lemblable aux pom- mes de pin. Il l'emporte fur le précédent pour le goût ; mais il tire auifi du fang des gencives , fi l'on en nîange avec excès. Le petit ananas à chair dorée & de figure ovale, eft le meilleur de tous. Il a l'odeur & la faveur de la pomme de reinette, avec cette différence, qu'il fond dans la bouche comme la pêche. Il y a cinq différentes elpèces d'ananas fauvages , qui s'accordent toutes en ce point , qu'elles font abfolument dépourvues de cette touffe de feuilles qui couronne l'ananas domeftique. Les fleurs de l'ananas nailfent fur le fruit; «lies ont trois feuilles d'un bleu foncé , garnies d'étamines &z d'un piftil. Le fruit dépouillé de les feuilles qui le cou- vrent, à peu près comme un artichaud , eft de figure conique; il a dans fon milieu une efpèce de noyau li- gneux, ou de cœur, qui le traverfe de bas en haut, & qui paroît n'être qu'un alongement de la tige. Ce noyau eft environné d'une pulpe fucculente , partagée en plu- fieurs cellules, & enveloppée d'une chair plus ferme, qui en eft comme l'écorce , ôi. dans laquelle font ren- fermées les graines. Le lue de l'ananas palfe pour un excellent cordial , propre à réparer les forces dans les indifpofitions qui viennent d'épuifement. On doit s'en abftenir dans les fièvres, dont il augmente l'ardeur, & particuhèrement dans celles qui accompagnent les plaies & les ulcères. L'ananas eft un puillant diurétique ; ainfi il doit être donné avec iiiénagcment dans toutes les occafions où il y auroit à craindre qu'il ne chariât trop fur les, reins & fur leurs dépendances. Le meilleur moyen de le cor- riger en pareil cas, eft de le tenir quelque temps en digeftion au bain-marie. Cette vertu diurétique réfide auifi dans les feuilles, qui purgent les eaux des hydro- piques. On tire de l'ananas par la diftillation , un ef- prit ardenr qui renferme routes les propriétés de ce fruit, mais dont on ne fe doit fervir qu'avec beaucoup de précaution. La manière la plus ordinaire de préparer ce fruit , eft de le couper par tranches , qu'on arrofe de vin d'Ef pa- gne, où on les laiffe tremper pendant quelque temps, & qu'on alTaif onne de f iicre & de cannelle. Au défaut de vin, on les fait macérer dans l'eau, pour en corriger l'âcreté. L'ananas fe pourrit ailément. Pour le conf er- ver , on le réduit en confitures ou lèches ou liquides. On en prépare aulfi une forte de vin que Rochefort ëc Pomey comparent à la Malvoifie. l'Ananas encore vert eft pernicieux; il agace les dents , il excorie la langue , le palais &c le gofier ; il fait avorter les femmes grofles. L'ananas j quoique mûr, eft con- traire aux tempéramens bilieux , aux fébricitans , & à ceux qui font malades de quelque inflammation. Il ex- cite le crachement de fang , fur tout aux phtifiques , aux- quels parconféquent il ne convient pas : il cauf'e la dyf- fenterie. Voyez Mick. Frid. Lochneri Commentatio de Ananasâjjîve Nuce pinea Indica. Le Cohbri s'attache à l'ananas j & en tire les m.a- tériaux dont il conftruit fon nid. Ananas , f. m. fe prend quelquefois pour le fruit de la plante d'ananas. Cet ananas n'agace point les dents. Voyez l'HiJloire naturelle des Antilles de M. Lonvil- 1ers de Poincy , Chap. X. art. 6. & celle du P. du Ter- tre, Traité III. ch. 1. Se l'Amhajfade de la Compagnie des Indes Hollandoife à la Chine. Part. II. pag. 91. ? z8 ANA ANANIE. Ville de la tribu de Benjamin au temps d'Ef- di'3s. Anania, AN ANTHOCYCLE. f. m. Vaillant appelle cette plante Couronne effleurée. Ce mot eft compolé de !'«■ priva- tif, de u.hos , fieur :, &de xu'xaoî , cercle ; parce que la fleur de ce genre eft bordée ou couronnée d un ou de plufieurs fangs circulaires d'ovaires deftitués de fleu- rons. fer ANAPAVOMÉNÉ. f. f. Nom d'une fontaine de Dodone, dans la Moloilie, province d'Epire, en Grèce. Pline parle ainli de cette fontaine fingulière. Il y a au Temple de Jupiter à Dodone , une fontaine dont l'eau eft fi froide , qu'elle éteint d'abord les flambeaux allu- més : elle les allume néanmoins , li on les rapproche lorfqu'ils font éteints. On voit lamême fontaine prefque tarie lur le midi ; & c'eft pour cela qu'on lui a donné \znom à' Anapavoméné 3 à\\ e,ïQC a\aTravmt'<>i quicejffe. Etle croit enuiite peu à-peu julqu'à minuit , & recom- mence à diminuer , lans qu'on puifle (avoir quelle peut ctre la caufe de ce changement. Il eft bien plus difficile d'expliquer comment les mêmes eaux peuvent ^ éteindre i!'anasj canard, -^'^ , pied , & (pvAAo/ , feuille. lANAPPES. Bourg de la Flandre Walone. Anapium. Il eft iur la rivière de Marque, une lieue au-deiuis de la ville de Lille. AN APUY A. Pays de l'Amérique méridionale. Anapuya. C'eft une partie du gouvernement de Venezuela, fi- tuée vers les fourccs de la rivière de Buria ou Barique- cem. Cette province ne fe trouve point fur les cartes modernes. ANARCHIE, f. f. Etat qui n'a point de Chef véritable , ou plutôt qui n'en a point du tout, & où chacun vit à fa fantaifie, fans aucun refped pour les lois , & fans aucune forme de gouvernement. Natio carens Prin- cipe, Anarchia. Perfonne Xïaïxnt^ Anarchie , que ceux qui font impunément leurs affaires dans le défordre , & dans la confufioH. Il eft impoflible que les particu- ANA hers confervent leur vie & leurs biens . quand 1 Etat eft en Anarchie. Le Gend. La démocratie pure dégé- nère louvent zwAnarch'ie. AN AP.CHIQUE. adj. Qui eft fans gouvernement, & dans l'Anarchie. Anarchon _, qui caret Principe. Un Etat anarchique devient bientôt la proie de les ennemis. Ce mot vient de l'a privatif, & deàfx»' ^principauté. ANARGYRE. Qui eft fans argent , qui ne prend point d argent. Ce mot eft grec, &: compoié de 1'« privatif, & d'4 '^"f «« > argent. Anarayre eft une épithète que l'on donne à S. Côme & à S. Damien, parce qu'ils ne pre- noient point d'argent de leurs malades. Chast. ANASARQUE. f. f. Terme de Médeciiie. Efpèce d'hy- dropifie dans laquelle l'eau eft répandue dans toutes les chairs, t; «'.a.' «ra'f xa. Le malade lut attaqué d'ime ana- farque & d'une diarrhée qu'on eut beaucoup de peine à guérir. Dh la Roche , Mém. Lit. de la Gr. Br. Un pauvre payfan d'environ vingt ans , tut attaqué d'une anafarque , qui ayant commencé aux jambes, monta aux cuilfes , & enfin jufqu'au fcrotum. On perça cette partie à deux diverfes fois , & l'on en fit lortir quatre pintes d'eau. Après la féconde évacuation , les cuillcs devinrent plus molles. Au bout de trois ou quatre jours, l'Auteur ayant appeiçu une mortification a la racine du fcrotum , il la fit fuppurer ; & après en avoir tire la matière corrompue, ce jeune homme fut parfaitement guéri. Ie. Un homme de loixante ans tut attaqué d'a- bord d'un hydrocèle , & enluite d'une anafarque aux cuifles & aux jam.bes. Enfin , les eaux s'écoulèrent à la cheville du pied ; & quoiqu'il ne tût pas polfible de guérir f ulcère , le malade ne lailCa pas de vivre encore deux ans ; & même il ne mourut point de cette ma- ladie. Id. Cette hydropifie eft appelée autrement ^^j^^ inter- cus , Leucophlegmatia. C'eil une tumeui ou enflure ordémateule de toute Ihabitude du corps, qui retient rimpreflion du doigt, & qui eft accompagnée de lan- gueur, de pâleur, de difliculté de retpirer, & d'autres lymptômes qui dénotent la cachexie. Elle eft caufée par une lymphe qui léjourne dans les cellules du corps graiilcux. Anafarca eft un mot grec compofé de «va', inter^dc^fï , ><«', caro ; comme li l'on difoir, eau en- tre les chairs; parce qu'il icmble que la chair en loit imbibée, ou qu'elle eft entre la chair & la peau; ce qui lait qu'on nomme auiïî cette maladie Aqua inter cutem j ou Aqua intercus j eau entre la peau , à caufe c]ue l'eau eft dans le corps adipeux , entre la peau & la chair, & que la peau même en paroît abreuvée. ^KF ANASSES. f. f. Fovt'^aumotANACTE. (fC? ANASTAMIA. Ville aflcz confidérable du Japon , dans le voifinage de celle de Sarunga , fur la côte mé- ridionale de Niphon. On y fait un grand commerce de toutes lottes de bois. ifr ANASTASE. f. f. Terme de Médecine. Tranfport des humeurs qu'on a détournées d'une partie fur une autre. ANASTOMATIQUE.adj.^/2ç/?o;72ûncttjj vim hahens aperiendi. Terme de Médecine, qui fe dit des remèdes qui ont la force d'ouvrir , & de dilater les orifices des vailfeaux , Ik qui par ce moyen font que le fang cir- cule plus ailément. ANASTOMOSE, f. f. Terme d'Anatomie. Jondrion de deux vailfeaux qui • fait par leurs extrémités ; §3° em- bouchure d'un autre vaiflcau , d'une Yç^mç. dans une autre veine, d'une artère dans une artère , ou d'une ar- tère dans une veine, dent la communication devient réciproque. Anafiomofis. La circulation du fang dans les fœtus le fait par les anaflonuJes de la veine cave avec la veine pulmonaire , & de l'artère pulmonaire avec l'aorte. Ce mot eft grec, & fignifie la rencontre de deux bouches , qui donnent la communication à deux valifeaux. JJ vient du verbe 'van^ ^ , qui figni- fie , j'ouvre, je débouche. George Frédéric Francus de Frankenau , Médecin à Copenhague, imprima en 170J un ouvrage ample & favant , intitulé , Anaftomojls retecla. Anastomose, fe dit, ou s'cft dit autrefois, de l'ouver- ture dune veine , qui caufe un crachement de fang. /''ore^ Celje, Liv. IV. c. 4. iJCF &z de même de l'ou- vertujc AN À veiture de l'orifice des autres vaiiTeaux qui ne peuvent retenir les liqueurs qu'ils contiennent. S'ANAbTOMOSER. v. récip. Ternie d'Anatomie & de Médecine, qui le dit des vallfeaux du corps animal , & lîgnifîe , le joindre par les extrémités , s'emboucher , s'aboucher l'un dans l'autre , ou l'un avec l'autre. Jiin^ïy conjun^i, copu/^ri. Tomes les ramifications d'artères, qui font répandues danslalubllance du cœur , (ont ac- compagnées d'autant de ramifications de veines qui sanajiomofcnt ik. s'abouchent enfemble. Journ. des Sav. 1717- F- -V7- ANASTOAiOTIQUE. f. m. Médicament qui ouvr; par l'on acrimonie les orifices des vaiffeaux , & en tait lortir le lans;. Quodvenarum oftiaaperïcndï vim habit. 03" ANASTROPHE. f. £ Vice de^ conftrudriun, dans lequel on tombe par des inverlions contre l'uiage. Vïtïum invcrjionis :, dit Quintilien. ANATAHAN. Nom d'une des îles Mariannes, nom- mée par les Efpagnols , Saint Joachlm. Anatahanum , Joachimonefus. Sa latitude eft à 17°, 20'. Elle a vingt lieues de tour. Elle eft diftante de trente heues de Sa'i'pan. Elle eft pleine de montagnes. On l'appelle aulîi * l'île de Saint Joachïm. Moralez , Jéf. ANATE,ou ATTOLE. f. f. Sorte de teinture rouge qui le trouve aux Indes Orientale;. Elle le lait d'ime Heur rouge qui croit lur des arbrilleaux de lept ou huit pieds de haut. On la jette, comme l'indigo, dans des cuves ou des citernes faites exprès-, avec cette ditFe- rence, qu'on n'emploie que la fleur, qu'on etfeuillc- ccftnme on fait les rolç^ ; & iGrlqiiclle eft pourrie, &c qu'a force de l'agiter, elle eft réduite à une lubl- tance épaille & liquide , on la laille fécher au loleil, & on en forme des rouleaux ou tourtereaux. ANATHÉMATISER. v. a. Excommunier, retrancher a'6fpa, à.' anathème écnt avec lin e long, a.a5ii«a. PoUux , dans fcn Lexicon , l'écrit de cette dernière minière, & il dit qu'il lîgnihe peur l'or- dinaire les dons qui étoient dédies aux Dieux-, ffT Les prélens qu'on lulpend dans les temples, loit à l'occa- lion d'un vœu , foit des dépouilles des ennemis. Hé- lychius confirme cette interprétation dans fon Diétion- naire, où il explique le mot èC anathème par celui d'or- nemens , parce que ces dons éroient comme des orne- mens dans les temples. Saumaiie appuie dans les exer- citations lur Pline, cette diftindion du mot èi ana- thème écrit différemment j mais Bcze la rejette dans fon Commentaire lur le ch. 9 de l'Epitre aux Ro- mains, V. 3 , où S. Paul Ibuhaite d'être anathème pour les hcres. De ciuelaue manière qu'on écrive ce mot, il a diftcrentes lignifications. Il le prend en bonne part, 6z en mauvaile part. A l'égard du mot ^anathème dans ce palfage de- S. Paul,_ou il eft écrit avec un e bref, il fe prend en mau'.'ai(e part. On eft cependant fort partagé fur l'ex- phcation des paroles del'Apctre , pour favoir en quel lens il louhaite è!étre anathème. Meilleurs de Port- Royal ont traduit : J'eujfe défîré devenir moi-mèmz anathème, 6- être feparé de JÉSUS-Christ pour mes frères. Ils ont conletvé le mot d'anathème , &C l'ont en même temps expUquépar celui d'être feparé, conformément aux Commentateurs Grecs , qui lui ont donné ce lens , à caule de la particule ='■»' qui eft dans le grec , auquel répond le latin de notre 'Vulgate, où il y a à Chrifio. M. Simon a traduit ce même paf- lage de Saint Paul de cette manière \ je fouhaiterois d'être anathème à caufe de JÉSUS-Ch RlST pourmes Frères. Il remarque en même temps dans la note, que dans toute l'écriture , quand ce mot fe prend en mauvaile part , il ne lignifie autre chofe, qu'être dévoué, être traité comme un fcélérat , être extermùné. Eu elfet, S. Jérôme a fuivi ce lens-là. A l'égard de la prépolition grecque a'cr»,& de la latine à j M. Simon ajoute qu'on la doit prendre en ce lieu-ci pon\: prop- ter , parce qu'elle a quelquefois cette lignification dans la langue hébraïque. Cet hébra'ifme , qui n'a point été connu à S. Chryfoftome & aux autres Commen- tateurs Grecs, apporte un grand éclairciirement aux paroles de S. Paul. Voyey;^ lur \ anathème , Baronius àl'ande JÉsus-Christ 57, n. \G^. M. de Laubef- pine , Liv. Il de l'es Obferv. ch. 4 ; le P. Petau dans les notes fur Julien , ch. 13 , 14, ij, 16. Saumaiie fur Sohn ; Filcfac lur Vincent de Leriias, Linden- broch , (St. ANATHOTH. Ville Lévitique de la tribu de Benjamin. Anathoth. Jérémie étoit de la ville d'Anathoth. Les paroles de Jérémie, fils d'Helcias, l'un des Prêtres qui demeuroient à Anathoth, dans la terre de Benjamin. Jcrem. L T. ANATIFÈRE. adj. m. & f. Terme de Lithologie. Con- que anatifère. Ce mot vient des deux latins anas , ca- nard , & de /e/rfj porter j c'eft à-dire, coquille qui porte un canard. Tt 5 ?o AN A ANATOCISME. f. m. Anatoc'ifnms , Ufurarum rcnoya- tio j ufurarum ufur a j Fœnoris fœntis. Converhoii des intérc-cs en principal. C'eftun contrat iifuraiie Jorl- qiie des intcrecs d'un principal , on en a fait un contrat de conftitution -, ou bien lorlque l'on joint les intérêts au principal, & que dans un même billet, ou autre ade, on comprend les intérêts avec le principal. Il neft point d ulure plus défendue, ni plus criante que VarLdtocifme, parce qu'il n'en ell point qui ruine plus sûrement & plus vite les familles, h'anatocifme cil défendu févérement dans le Droit Romain Liv. VIII , God. de ufurls. Il eft aulîî très-expreirément dcfer.du en France. L'Ordonnance du Roi, donnée à Saint Ger- main au mois de Mars 1 679 , parle ainfi, Tit. VI , art. 2. Les Négûcïans & Marchands 3 (j* aucun autre , ne ■pourront prendre l'intérêt d'intérêt fous quelque pré- texte que ce fait. Et encore , Défendons aux Négo- cians & Marchands ^ & à tous autres j, de comprendre l'intérêt avec le principal dans les lettres ou billets de chan^je, ou autres actes. M. Domat a remarqué à ce lu- jet, Liv. III des Lois CiviL Tit. I, n. 10, qu'il faut prendre garde de ne pas confondre avec les intérêts des deniers , les revenus d'une autre nature , comme le prix d un bail à ferme , les loyers d'une mailon , & les autres Icmblables. Car ces lortes de revenus font , dit-il , différens des intérêts , en ce que les intérêts ne lontpas un revenu naturel, & ne font de la part du débiteur, qu'une peine que la loi lui impole pour (on retardement , is: de la part du créancier un dédom- magement de la perte qu'il loufFre de n'être pas payé ; au lieu que le prix des fruits ik des loyers, eft un re- venu naturel, qui de la part du débiteur eft la valeur d'une jouidance dont il a profité , & de la part du créancier un bien effectif, qui en fes mains lait un capital comme fes autres biens. Ainlî , conclut - il , le débiteur d'un bail à ferme , ou des loyers d'une maifon, en doit juftement les intérêts depuis la de- mande. C'cft ce que l'on entend quand on dit que Vanatocifine ell toléré pour les fermages. Il ajoute dans les notes : les rentes conftituées à prix d'argent font d'une autre nature qu'un loyer, ou le prix d'un bail. Car ces rentes ne lont pas des fruits d'im fonds, & n'ont pour principal qu'une tomme de deniers qui a fait le prix de l'acquilition de la rente. Ainfi les arrérages de ces rentes ne peuvent jamais produire d'mtctêts , ni s'accumuler avec le principal, pour fa4rc un capital , dont le débiteur puille devoir de nouveaux intérêts. Cependant l'anatocfyie ei\a.u- Jourd'hui toléré pour les arrérages des rentes foncières ; & on l'exige après avoir obtenu une fentence pour cela. Quant aux Mineurs , il dit au v. 1 3 , que la règle qui défend les intérêts des intérêts n'empêche pas qu'ils lie puiffcnt exiger légitimement de leurs tuteurs non- feulement les intérêts des lommes provenues des in- térêts , que les débiteurs du mineur ont payés au tuteur, mais même les intérêts des intérêts des fommes que le tu- teur lui-même pourroit devoir en Ion nom; car, dit- il, tous ces intérêts entre les mains des tuteurs lont des capitaux, dont leur charge les oblige de faire iin em- ploi. Il en apporte la railon, Liv. II, Tit. i ,_{ed. 5 , V. 24, dans fes notes. Si le tuteur, dit-il, le trouve débiteur en l'on nom envers fon mineur, il lera tenu de comprendre dans le fonds qui proviendra des re- venus, les intérêts de ce qu'il devra lui même. Car il a dû en faire le payement , & il en eft de même à Ion égard que s'il les avoir reçus d'un autre débiteur. J femetipfo exigere eum oportuit. lege j â j Û.deNeg. gif. Ainfi dans ces cas X'anatocïfne n'cft p.is dé- fendu. Ce mot eft grec, & Cicéron s'en eft fervi en latin; il vient d'^^-»" , prépofition qui dans la compolîtion fignihe , répétition , rénovation, duplication, &de Toxo(,qui veut dire nfure. Ainfi anatocifine eft, ulure de l'ulure, intérêt de l'intérêt. ANATOILE. f. f. Nom de femme , Anatolia. Sainte Atiatoile , que nos Auteurs modernes nomment vulgairement Sainte Anatolie 3 & que l'on trouve aulll nommée Callijlhène , étoit Romaine de nail- lauce. Baill. AN A ANATOLE, f. m. AnantoUus. Nom d'homme, qui (î- gnifie , qui fe lève ou qui eji levé 3 d'a.£^TiÀ\u, quel- ques Auteurs de Dictionnaires dilent Anatole ; mais l'ulage le plus commun , pour ne pas dire générai, eft de conterver en François le mot latin. Anatolius 3 Patriarche de Conftantinople au V^ lîècle , fut fort op- poié au Pape S. Léon. ANATOLICO. Bourg de Grèce, fitué dans le Defpo- tat. Anatolicum. il eft à l'entrée du golfe de Lépante, & au couchant de la ville de Lépante, bâti dans les la- gunes, ou marais, à peu près comme Veniie. ANATOLIE. Anatolia. Nom que les Grecs ont donné à l'Alîe mineure. A'.aToAn dans leur langue fignihe , le- vant 3 orient. L'Alie mineure eft a l'e rient de la Grèce, c'eft de- là que lui vient ce nom. Les Turcs pronon- cent Anadoli. Quelques-uns difent Natolic par cor- ruption ; car le vulgaire entendant \Anatolic 3 a cru que la étoit l'article, & Natolie le nom entier, au lieu que \ A eft du nom, & que celui de l'article eft mangé, comme dans \ Angleterre. C'eft ainlî que quel- ques-uns dilent la Pouille , au lieu de l'Apouille , àA- pulia. Dès l'an 1050 Cultumife s'étoit lait reconnoi- tre pour Souverain de la plus grande partie de l'/Jïe miiieure , ou de VA/iatolie 3 & il avoir établi le fiégc de la domination à Jornium. Dï. VertoTj IJiJl. de Malte. Anatolie. f. f. Nom propre. Voye:^ Anatoile. CsT ANATOMIE. L f. C'eft amll qu'on appelle la dif- leclion du corps, ou de quelque partie du corgs d'un animal, de même que l'art de dilféquer le corps hu- main, ou celui d'un animal, pour connoitte par ce moyen la lituation , la forme , les fondions des par- tics qui le compolent. Anatome 3 di(jêclio 3 confec- tio 3 Ars dijfecandi corpora. Ceux qui ont écrit de 1'^- natomie chez les Anciens lont , Hipocrate, Démo- crite, Ariftote, Eraliftrate, Gahen, Avicenne, Héro- phile, & plulieurs autres, qui en avoient parfaite- ment connu la néceffité , & qui la regardoient comme la plus importante partie de la Médecine, fans laquelle il nétoit pas polîîble de connoître l'ulage des parties du corps humain , ni par conféquent les caufes des ma- ladies. Cependant elle avoit été entièrement abandon- née pendant plulîcurs fiècles , & ce n'a été que dans le leizième qu'elle a commencé à le rétablir. La dilîçc- tion du corps humain a paffé pour un facrilège jul- cu'à François I, Pouvoir une conhiltation que ht laire l'Empereur Charles V, auxTlièologiens de Salamanque, pour lavoir li en conlcience on pouvoir dilléquer un corps pour en ccnnoitre la ftructure. Le Gendre. V'elale, Médecin Flamand, mort en \$(>-\-, eft le pre- mier qui ait débrouillé ce qu'on appelle Anatcmic. Id. Ceux qui y ont le plus contribué lont, Carpus, Jacques Sylvius, Chailes Etienne, \'elale,Fernel, Co- luinbus, Fallope , Euftathius , Fabrice d' Aquapendentc, Paré, Du Laurens, Cailerius , Gafpar Bauhin , Flotman , Riûian, ct. NLiis ceux qui lont venus depuis, i'cnc beaucoup pcrfeclicnnée , & l'ont enrichie d'un grand nombre de belles découvertes, Afclius découvrit les veines ladécs en 1622. Le célèbre Flarvée publia Ion admirable découverte de la circulation du lang, en 1628, que le P. l'abcr, Jéluite, avoit cependant en- Icignée avant lui. Fecquet découvrit le léfervoir du chyle, $<. les conduits thorachiques en 1 6 j i . Olaiis Rud- bek. Suédois, & Thomas Bartholin, trouvèrent les vailfeaux lymphatiques en \6^o &<. 16 fi. Warthon trouva en 16^5 les conduits fdivaires inléiicurs. Stc- non découvrit les conduits lalivaires fupérieurs , ceux du palais, des narines & des yeux en 1661. Il tra- vailla auilî lur les muicles, & iur d'autics parties avec beaucoup de luccès. Wirlungus, en 1642 , découvrit le conduit du pancréas. Wihis, qui eft venu depuis, a donné l'Anatomie du cerveau ik des nerfs , d'une ma- nière beaucoup plus cxade qu'on n'avoit fait av.aiit lui; il avoit pourtant omis plulieurs choies conhdérables , qui ont été depuis remarquées par VieulTcns, célèbre Médecin de AÎontpellier, & qui a aulîI compofé un excellent trrtité du cerveau & des nerfs. Gliffona traité ciii foie ; Wharton, des gLmdes; Graaf, du lue pan- créaù-^ue , & des parties de la généiatiou , tant de» ANA hommes que des femmes ; Lower , du mouvement du cœuf i Thrufton , de la leipiradon ; Peyer , des glandes des iiiteftins ■■, Drclincourt, de la conception des œufs des femmes, du placenta, des membranes du fœtus , Q-c. Malpighi, cjui cil mort premier Médecin du Pape Innocent XII , en 1 694 , eft un de ceux à qui on eft le plus obligé, par un grand nombre de nouvelles dé- couvertes qu il a raitcs 1 ur les poumons , liu' le cerveau , fur le toie, fur la rare, iur les reins, lur les glandes & iur les vaiileaux lymphatiques. Il a hiit auiii u.ic excellente Anatomie des plantes , & de trcs-b^llcs ob- fervations lur la génération, fur les œufs, (ur les vers à foie , & fur plulieurs autres choies qui regardait l'Hiftoite naturelle. Grew a aiilïî lait une Anacon-.le des plantes. Alanget & le Clerc, deux Médecins de Genève, ont fait une Bibliothèque Anatomique, qui eft un recueil de toutes les nouvelles découvertes hiites dans cet art. Ce mot vient du grec aiaTc/-»' , Jecîion. Anatomie en cire. L'invention en eft due à M. Gaë- rano Giulio Zumbo, de Syracule, qui apporta à l'A- cadémie des Sciences en 1701, une tête d'une cer- taine compolitioii de cire, qui rcprcfcntoit parfaite- ment une tcte préparée pour une demonftration ana- tomique. Ac AD. DES Se. 1701. Hijt. p. JJ. iCr On dit dans le même fens, faire Y Anatomie d'Uiie plante, la dilîéquer , afin de connoitre de quelles par- ties elle eft cumpolee. Anatoi^iie , le dit aulli figurémcnt , de la difcufi:on exaéte , de l'examen particulier qui fe fait de queLaie choie, de quelque dilcours , de quelque aftaire. Cir- cumfpeclio , accurata conjideratio. J'ai examiné cette doctrine, j'en ai fait \' anatomie. On a fait \' anatomie de cet ouvrage dramatique. Il faut un peu fas'cir faire V anatomie du cœur. Vall. Cet Auteur charge trop les defcriptions , s'appelantit fur les détails ■■, il fait une anatomie. La Bruy. Ou dit proverbialement, qu'une perfonne eft deve- nue une vraie Anatomie ,\oiic[\i'c\\s. elt devenue II mai- gre par une longue maladie , qu'on la prendroit pour un Iquelette. ANATOMIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l'ana- tomic. Anatomicus. Dilcours, dillcétion anatomique. On appelle Théâtre anatomique ^ un lieu deftiné pour y faire des anatomies. ANATOMIQUEMENT. adv. D'une manière anatomi- que. Pour un Hiftorien , vous décrivez c,es blellures trop anatomiquement. Acad. Fr. ANATOMISER. v. a. Faire ranatcmie. Injïdere cor- pora , dijfccare. Il fe dit tant au propre qu'au figuré , d'un corps , d'une affaire , d'un ouvrage dont on exa- mine en détail toutes les pzmcs. Anatomijeruncorps, un lerpent, un livre. f^ous dont l'éloquence hardie j Sait compiler la tragédie 3 Et dans Jes ouvrages divers ^ Anatomiler les beaux vers. Divert. de Seaux. ANATOMISÉ , É_E. part. ANATOMISTE. f. m. Qui eft habile en anatomie, qui en a la Icience, qui railonne lur chacune des parties , dont il fait la diileéfion. Anatomicus. Ces mots lont tirés du grec i'a.Tiu.ia , diJJ'eco j je coupe. ANATORIE. Ville- de Grèce. Anatoria. C'eft l'ancienne Tonasra. Elle eft dans l'Achaïe , fur le Heuve Afopo ou Afopus , à quelques heues au midi de Négrepont. CK? ANATRON. f. m. On le nomme aulfi Natron & Halinatron. Elpèce de kl naturel , qui eft le Icul al- cali minéral. Le natron n'eft point une loude blanche, ou un lel blanc tiré du nitre. Cclel eft dittérent duni- rre. Son goût eft amer, Se la hgure eft faite en piliers à quatre côtés. Linna:us en diftingue quatre fortes. ifJ' L'anatron des murs : Aj>hronatron, ou Aphronitron, ou écume de cuivre , le trouve dans les vieux murs voûtés, en morceaux de différente grandeur & de li- gure irrégulicre. Ç3* L'anatron des fontaines eft aigrelet & purgatif, tel Tome. I. ANC ^^î que l'Epfoa d'Angleterre , le Seidlitz de Bohème , & l'Union de Suède. ifS" L'anatron plein de fparh le voit en plufîeurs endroits de l'Allemagne, & lert a orner les grottes des jardins. Ce lont la plupart des criftaux à quatre faces. §3" L'anatron du marbre de nature calcaire eft dans les roches de pierres à chaux. (fT II y a un anatron artiticiel , nommé Anatram facli- tiurn, compclé de dix parties de lalpétre , quatre de chaux vive, avec du lel commun, de l'alun de roche, & un peu de vitriol chllous dans du vin. Quand cet anatron eft évaporé , il devient du lalpctre propre à mcttie en tulion les métaux, comme le borax. ANAVINGA. 1. m. Arbre d'une grandeur moyenne, qui crc.t dans le Malabar , aux Indes Orientales , particu- lièrement aux environs deCochin. Il eft toujours vert, è'c loa fruit ou la graine eft mûr en Août. Le fuc de ce nuit ou de cette graine , pris en boilfon, excite la lueur, eft bon dans les maladies qui ont de la mali- gnité, & tient le ventre hbre. On fait de la décodioii des feuilles de l'aibre dans de l'eau, un bain falutaire pour ceux qui ont des douleurs dans les articulations. (CF ANAXAGORE. Nom d un ancien Philofophe né à Clazomène , & qui cnfeigna la Philafophie à Athènes. J^oye\ fa doclrrine au mot HomÉomÉrie. ANAXAKETE. f. f. Nom d'une Nymphe. Anaxarete. Elle fut aimée d'Iphis, Prince de Chypre , qui défef- péré de ne pouvoir plus lui plaire , le pendit a la porte. Vénus , pour la punir de cet excès de cruauté , la mé- tamorphofa en rccher. fCT ANAXIM ANDRE. Nom d'un ancien Philofophe , dilciple de Thaïes. Il in\cnta, dit-on, la Sphère, en- leigna la Géograpliie , & l'art de faire des Horloges. ANAZARBE. Ana^arbus. Ville de Cihcie , fur le Pyra- me , avec Archevêché. Ana\arhe étoit Métropole de la leconde Cilicie. Elle s'appela depuis Diocéfarée j Céfarée Augujîe , &c JuflinianopoUs jCnWionnzMï Aç. Céiar, d'Augufte , Se de Juftinien. Elle s'appelle au- jourd'hui/^xtzAj ou Acfarij ou Acferai , o\\ Ain-[arba. Cette ville avoit ptis le nom de l'on Fondateur Ana- :[arbe3 ou bien d'une montagne voifine qui portoit ce nom. Quiconque écrit de l'antiquité , du toujours Se doit toujours dire Ana^arbe. ANAZARBÉEN, ENNE. adj. m. & f. Qui eft d'Aiia- zarbe. Ana^arbeus , Ana~arbcnjis. Alclépiade , Au- teur de plulieurs volumes, que nous n'avons plus , & entrautres dun livre lur les Heuves, étoit d'Anazarbe, Si s'appelle Afclépiade i'Ana'^arbéen. Foye-^ Etienne de Byiance au mot Ana~arbe. Le célèbre Diofcoride, le chef des Botaniftes , S< le Poète Oppien , étoient Anararbécns. ANAZÈ. 1. m. Arbre de lile de Madagafcar. Sa tige s'é- lève en diminuant en forme de pyramide. Son fruit ren- ferme une moelle blanche. (}ii ne lui connoit aucunes propriétés médicinales. ANAZZO. Tour ^Ana^^^o. C'eft une tour qui lublifte au milieu des ruines de l'ancienne Egnatia j & non pas Gnatia , ville autrefois de la Peucétie, en Italie. Elle eft aujourd hui dans la Terre de Bari ,au royaume de Naples, entre Bari Se Blindes. Nicod dit^3azo. L'E- vcché di! Ana\-:[0 a été transféré à Montpoli. A N B. ANBAR. Ville très- ancienne d'Afie. Anbafa. Samfon écrit Embar. L'Euphrate paile au milieu d^Anbar, Se le coupe en deux parties, dont l'une, qui eft fut la ri- \'ière orientale de ce fleuve , eft dans le Diarbeck, (Se l'autre , qui eft fur la rive occidentale , eft dansl'Y- rack Arabique. ANBATUM. 1. m. Plante d'Angleterre qui fleurit fur la fin du mois d'Avril, Se au commencement de Mai. On la trouve dans les haies. ANBOUTOU. f. m. Petite plante cie l'ile de Madagaf- car. On la mâche. Elle eft corroborative , & un peu fliptique. ANC. îfJ- ANC A , ou ANC A MEGAREB. C'eft à-dire, oc(;i- Ttij j ? 2 ANC dent. Nom que les Arabes donnent à unoifcau extraor- dinaire , qui cA, dilent-ils, li gros & lî grand, qu'il pond des œufs auili gros que des montagnes. Ils ailurent qu'il prend des cléphans aulH facilement qu'un épervier prend des moineaux, ou qu'un chat prend des louris ; que lorfquil fe met à vokr, fes ailes font autant de bruit & de fracas quim torrent impétueux; qu'il vit mille ans , & qu'il s'accouple avec fa femelle à l'âge de cinq cens ans : que l'on a vu autrefois cet oifeau parmi les hom- mes; mais qu'ayant enlevé un jour une nouvelle ma- riée avec fes bralléiets & tous fes atours de noces, le Prophète Handala , îils de Saphuane , célèbre en fon temps, en fut fi indigné, qu'il maudit cet oifeau; & Dieu ayant égard à fon imprécation & à la prière , relé- gua Toifeau Anca Megareb dans une île inaccelfible aux hommes, où il n'y a que des éléphans, des rino- ceros , des bufles , des tigres & d'autres bêtes féroces. On voit alFez que c'eft-la un oileau fabuleux, & un conte arabe , qui peut être fondé fur ce qu'on a vu en Egypte un oifeau de même nom , qui elf une etpèce d'aigle beaucoup plus gros & plus fort que les autres aiales. Mor. ANCAMARE, ANOAMARE. f. m. &f. Peuple de l'A- mérique méridionale. Ancamarus , a. Anoamarus , a. Les Ancamares habitent le pays des Amazonesautour de la rivière de Cayane, vers l'endroit où elle le mêle à celle des Amazones. ANÇAN. f. m. Lieu de la Chine. Anr^ana. Il eft fur la côte de Quantong , province de la Chine , à l'orient de Sélie. Il faut écrire & prononcer ^/2Ct7/2. C'eftainfi qu'écrivent les relations venues de la Chine & du Tonldn, & non pas Ancam.^Ces relations ne parlent que de la ville A'Ancan , port de mer , & ne difent rien de l'île A'Ancan. Savoir fi Ançan efl: dans une ile à laquelle elle donne (on nom , ou dont elle prend le fien , c'eft ce qu'elles ne nous donnent point à entendre. Voyf[ la relation du martyre de quarte Jéfuites , im- primée dans le XXIV^ Recueil des Lettres édifiantes & curieufes, pag.çz. Enfin, après bien des mouvemens qu'on fe donna, en trouva dans la petite ville d'Ancan un Maître de Barque, qui s'oftrit de mener les Million- naires au Tonkin. Ib. pag. i o^. Le Cliinois fe rendit à Ancan , où il eut bientôt loué une barque fur la- quelle les MilLionnaiics s'embarquèrent le lo de Mars de l'année ij^^GAb. p. i oç. iÇT ANCARANO. Petite ville de l'Etat Eccléfiaftique , en Italie, dans la Marche d'Ancone, fur une rivière, à lîx milles d'Alcoli. ANCARIE. f. f. Ancaria. Terme de Mythologie. Déelfe du Paganifme qui étoit adorée à Alculum , ville de l'A- pouiîle. C'eft Tertullien qui nous l'apprend , dans (on Apolog. ch. 24. On y lifoit, Mfculanorum Ancariam. Turnébe, Adv. Liv. XFIII. c. 24. a lu Afculano- rum j& Pamélius l'a fuivi. Quelques-uns de nos Dic- tionnaires écrivent Ancharie ; Rhodigin l'a fait aulîî ; mais toutes les éditions de Tertullien portent Anca- riam. ANCASTER. Prononcez Ancaftre. Village d'Angleterre , Ancaflera. Ou le prend pour l'ancienne Croco-calana des Coritains. Il eft dans le Comté de Lincoln, près de la ville de ce nom. ANCAUSE. Lieu du Comté de Comminges, dans les monts Pyrénées. Voye\ le Dict. de James au mot Thermm, y au fujet des eaux à'Ancaufe. ANCE , ou ANSE. Petite ville de France. Affa-Paulini , Anfa. Elle ell dans leLyonnois, fur la Saône, à quel- ques lieues au-delfus de Lyon. Elle eft à l'endroit où étoit Antïum y camp d'Augufte, & c'eft probablement de-là qu'on a formé fon nom , en donnant au t le ion du c. Quoiqu'il en foit , on y voit encore les reftes du prétoire de l'Empereur , Ik les murailles du camp. La grande Anse , la petite Anse. Ce font deux gol- fes de l'île de S. Domingue, qu'on nomme auflî le grand & le petit Goave. La grande Anfe cil: fur la côte occi- dentale de l'île , &; la petite Anfe iur la ieptentrionale. On donne aullI les mêmes noms à deux Colonies Fran- çoiles qui font fur ces golfes. Les François fe fervent peu du mot de Goave. ANCÉE. f. m. Fils de Neptune ^ d'Aftipalée , fille de ANC Phœnix , fut un des Argonautes : on le fait fils de Nep- tune , parce qu'il écoit un très-bon pilote. ANCELLE. f. f. Ancilla. C'eft un vieux mot qui figni- fioit autrefois Servante. l\ eil: formé du nom latin. Il femble par la Thaumalîière , Hiji. de Berry j Liv. II. ch. 2p , que les Religieufes de l'Annonciade, fondées par Jeanne Reine de France, femme de Louis XII, ap- pellent leur Supérieure Ancellc ; car voici comme il parle à l'endroit que j'ai marqué: pour l'entretien des mcK Ancelle j, & Religieules, leur bienheureuie Fon- datrice leur délaifta le lieu de Mazières , &c. Si prient Dieu^ & fa tres-douce Ancelle. ANCENIS. Petite ville de France. Ancenïjîum. Elle eft en Bretagne, fur la Loire, entre Nantes & Angers. Dans la branche de Charoft, Maifon de Béthune, on porte le titre de Duc d'Ancenis. ANCESSORIE. f. f. Vieux mot, qui veut dire ancien- neté. BoREL. ANCESSORS. f. m. pL Vieux mot. Ancêtres, par fyn- cope du latin antecejfores. Pour remembrer des Anccilors Les faits , & les dits & les morts. ANCÊTRES, f. m. plur. Aïeuls, prédécefteurs; ceux de qui l'on defcend enligne droite , le père eS: la mère non compris. Majores , Patres. Si vous vivez dans la mollelle & dans l'oiliveté, la gloire de vos ancêtres n'empêchera pas qu'on ne vous meprife. Bell. L'entête- ment de ceux qui veulent paiLer pour gens de qualité , fait qu'on va déterrer leurs ancêtres qu'on laillcroit pourriren repos fans cela. In. Il marche fur les pas de les ancêtres. Il ne fe dit dans l'utage le plus ordinaire , que des gens de qualité,d'épée,ou de robe. Les autres doi- vent dire mes pères. Ancêtres fameux. Ancêtres glo- rieux. Ancêtres auguftes. Cette aèrion redonne aux Rois vos ancêtres autant de luftre que vous en avez reçu d'eux. Voit. Le nom de ces glorieux anccrrcj vivra à ja- mais dans vos annales. Patr. Tant qu'on fe peut parer de fon propre mérite , on n'emprunte point celui de fes ancêtres. S. Evr. La Princefîe fondoit plutôt fa gran- deur fur les exemples , que fui les titres de fes ancêtres. Flech. On le dit aulll de tous ceux cui nous ont précédé, encore que nous ne foyons pas de leur race , particu- lièrement de ceux d'une même nation. Nos ancêtres etoient plus f âges , &par confequeiit plus heureux que nous. Nos ancêtres nous ont lailîé de beaux exemples. AcAD. Franc. Ménage dérive ce mot de anceffore j ablatif de an- cejfor , qu'on a dit par contraéfion pour anteceffor. On diloit en vieux fiançois ancejjors ^ pour diïe, an- cêtres. Au reftc,le mot d'Ancêtres ne fe dit bien qu'au plu- riel, quoiqu'on le trouve quelquefois employé aufin- gulicr. Or quant à mon ancêtre , il a tire' fa race 3 D'où le glacé Danube eft voifin de la Thrace, RONS. §CF On dit ancêtres des perfonnes dans l'ordre naturel. Un homme & fes ancêtres. On dit prcdéccjfeurs dans l'ordre politique. Un Evêque & fes prédécefjeurs. ANCETTES, ou Cohcs de boulines. Terme de Marine. Nom que l'on donne à des bouts de cordes qui font jointes à la ralingue de la voile, dontlc plus long n'ex- cède pas un pied & demi : leur ufage eft d'y pafFer d'autres cordes que l'on appelle pattes boulines. ANCHE, f. f. Petite languette ou tuvau plat par lequel on donne le vent au haut-bois , ou ballons , à quel- ques tuyaux de l'orgue , & à d'autres infhumens de mufique. Lingula. La plus fimple des anches tù. faite d'un chalumeau ou tuyau de blé avec une petite an- taille ou fente en longueur. Celle de rcfeau fe fait d'une ou de deux pièces aulîî déhées qu'une feuille de papier, qui font tellement jointes enfemble, qu elles ne lailTent qu'une petite fente par où palle lèvent. Cn fait aulîi des anches de haut-bois avec des feuilles de ANC palmiers. Il y ^ d^ins l'oigiie des jeux A'anches faits en forme de dcmi-cylindie, dont la pairie concave ell: cou- verre d une languetre,ou lame de laiton plare, mobile &• tremblante, qu'on appelle ecj^tj/orr^. On la fait entrer dans le noyau du tuyau qu'on perce exprès de lamcme grofleur. Elle fcrt à bailler , eu à hauifer le ton des tuyaux par le moyen d un fîl de ^ef, qui faille même cftet que les chevilles avec le marteau à tendre les cordes , parce qu'on l'ouvre , ou on la ferme par le moyen d'un hl de fer qrt'on nomme rafctte , le mou- vement j le rcff'on , ou le gouvernai/ j lequel lelon qu'il prelle plus ou moins la languette , fait taire au tuyau des ions plus graves , ou plus aigus. On fait les anches des tuyaux d'orgues , de cuivre ou de métal. "L'anche dans les orgues eft appelée régale , quand elle joue ieule & tans être enfermée dans un tuyau. h'anche des haut-bois & des orgues font différentes, en ce que l'anche des haut-bois cif faite de feuilles de palmier , & celles des orgues eft de cuivre. Elles ont cela de commun , que le fon qu'elles rendent eft produit par le mouvement frémillant des deux parties dont elles lont compolées , 6c que l'air tecoue en pallant entre deux. Perraut. > Ce mot vient du grec àfx^" , qui fignifie , fuffocare j parce que l'anche fait une elpèce de fuifocation de voix. Anche, terme de Meunier, fe dit du conduit de boispar où tombe la farine dans la huche d'un moulin. Anche & Ancheau , fe difoient autrefois pour cuve. BOREL. ANCHE, adj. m. Terme de Blafon,qui le dit d'un ci- meterre recourbé. Recurvus. ANCHE, i. f. C'eften Champagne la même chofe que Chanroeleure en Normandie, /^'bjyf^ Champeleure. ANCHEDIVE , ou ANGADIVE. Petite ile de l'o- céan Indien. Ange diva , Angadiva. Elle eft à dix ou douze lieues au midi de Goa , lur la côte du royaume de Décan. ANCKER. V, a. Terme de Mulîquc. Garnir un inftru- ment de les anches. Lïngulïs infirucre. Il y avoit au- trefois à M.acon un nommé Ponthus , qui a été un des plus rares ouvriers de Ion temps , & qui avoit un talent tout particulier , & que je n'ai point remarqué en au- cun autre , pour ancher proprement & délicatement une mufette. Anonyme , Traité de la Mufette ^ P. I. C. 14. ANCHIALE. f. m. Anchialus. Eft-ce , ou n'cft-ce pas le nom d'un Dieu ; Martial donne occalion à ce doute, dans la <)f Epigr. de Ion Liv. XI , où parlant à un Juif, il dit: Ecce negas j jurafque mihi per Templa tonantis. Non credo : jura , verpe , per Anchialum. •>■> Tu nies le fait , & tu jures par les Temples du « Dieu du tonneixe. je ne te crois point : jures par » Anchiak. " 1°. Anchiale eft le nom de deux guerriers dans Ho- mère. Mais ni l'un ni l'autre ne peuvent avoir rapport au fujet dont il s'agit, \l°. Anchiale eft le nom de trois villes dans l'antiquité, & de villes maritimes, lelon la lignification de ce nom , qui eft compolé de ^îX', propè j& ^aî, mare. Il y en avoit une dans l'Epire , une dans la Thrace , & une dans la Ciiicie. Ovide , i Tri/l. appelle la leconde , faille d'Apollon. Aiais il ne s'enfuit pas qu'on l'ait ja- mais prile à témoin de la vérité des faits qu'on avan- çoit, & on ne voit point pourquoi Martial voudroit que fon Juif jurât par cette ville, plutôt que par Ju- piter. Il n'en eft pas de même de Y Anchiale de Ciii- cie. Athénodcre dit qu'elle avoit été bâtie par An- chiale ^, fils de Japheti ce qui pouvoir lui arrirer quel- que relpecl: de la part des Juifs , li cela éroit vrai. Mais Diodore de Sicile, Srrabon, Pline, Clément Alexan- drin, Athénée, dilent que cette ville fut bâtie par Sar- danapale , ao-.x«Ats, parce qu'il a le fiel en la tête, ou AfKaro^uos , pour avoir la gueule fendue comme le loup. ANCHOLIE. f. h Aquilegïa.- Herbe, ou Heur qui fleu- rit au mois de Mai. D'autres écrivent Ancoiies fans h : l'Auteur du Traité de la culture des rieurs écrit ainli avec un h. f^oye^ Ancolie. ANCHUE. f. f. Terme de ALanufadures de lainage , qui fignifie ce que l'on nomme plus communément la Trame d'une étoffe. Le terme d'anchue eft parti- culièrement en uiage parmi les ouvriers de la fayct- terie d'Amiens. Du côté d'Aumale , on dit cnjlurc. Suhtegmen. ANCHYLOPS. f. f. Terme d'OcuUfte. Maladie de l'œil, tumeur ou abcès au grand angle de l'œil. Enchylopia. h' Anchylops eft une tumeur phlegmoncufe , lituee au grand angle de l'œil, prefque toujours au-dcllous de l'union des paupières, qui dégénère en abcès. Il en eft de deux fortes, l'une avec douleur, l'au- tre (ans douleur. Celui qui eft avec douleur eft fou- vent accompagné de fièvre très- violente, qui conti- nue jufqu'à ce que la matière ait trouvé iflue. Van- chylops où il y a peu de douleur eft ordinairement fans fièvre ; l'élévation du grand angle eft petite , la couleur de la peau n'eft même que peu changée. S. Yves. Je ne fais qui a mis ce mot dans notre langue, il ne me paroît pas qu'il fuit fort entendu. Certainemenc Anchylops eft le nom du malade , plutôt que de la maladie , de même t]ue myopf. Et comme on dii ^vto^.'a pour la maladie , on doit aulll dire, àîX'^Aua « , Achylopic, pour lignifier cette maladie. De plus, ce mot ne fcmble pas exprimer la maladie qu'il ligni- fie; car on a prétendu apparamment le compofer d'^^ô- Kt/A«t, courbe^ recourbe y & de îVImji, je vois. Mais qu'eft-ce que voir courbe? Se quel rapport cela a-t il à la maladie qu'on vient de décure,& à une tumeur ou un abcès au grand angle de l'œil? Enfin iltaudroit écrire Aucylops ou Ankilops , Ik non pas Anchylops. Mais ce f eroit trop en demander aux Oculiftes. Quand l'abcès s'ouvre , il prend le nom d'^gilops j & le change fou vent en fiftule lacrymale. Quelques-uns écrivent en grec ùyyJ\L.-\:, Se prétendent qu'il etl cora- ANC pofé de if.o-tpropèi Se de ^'4- > of^/a.fj parce que cette tumeur nait proche le globe de l'œ-il. ANCHYLOSE. Foye^ Ankylose. ANCIEN , ENNE.'adj. Ce qui eft depuis long-temps, ou qui a été autrefois. Antiquus j . veius j verujius. L'andcn Tcftament , l'ancienne Loi. Anciens monu- mcns. Anciens Auteurs. L'ancien Droit. L'ancienne Coutume de Paris, par oppofition a la nouvelle. Nous applaudiifcns à mille erreurs grollicres, feule- ment parce qu'elles font anciennes. Perr. Si les an- ciens Ecrivains revenoient au monde , ils feroient bien étonnés de voir dans leurs livres tant de choies auxquelles ils ne fonii,cient jamais. Bayle. Il eft dune ancienne noblefle, d'une ancienne famille. Ce mot fenible s'être formé à'antiquus ; peut-être à'anciquusy antique, & annus , an , année. Quoiqu'il en foit, Guichard dérive antiquus de l'hcbreu "^vr^ , atak j qui fignifie veterafcere ,fenefccre j devenir vieux. D^F Ancien, fe dit par oppofition à nouveau. Vieux, ancien & antique j dit M. l'Abbé Girard, enchériflent l'un fur l'autre. Antique lur ancien , & ancien lur vieux. Une mode eft vieille quand elle cefle d'être en L'fage. Elle eft ancienne lorfque l'ufage en eft entiè- rement paflé. Elle eft antique lorfqu'il y a déjà long- temps qu'elle eft ancienne. La vicillejje regarde parti- culièrement l'âge. L'ancienneté ell plus propre a l'é- gard de l'origine des familles. L'antiquité convient mieux a ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. On dit : vieilltjje décrépite , a/z- cienncte immémoriale, antiquité reculée. ifT La viei/Zc/Zt; diminue les forces du corps. Se aug- mente les lumières de l'efprit. L'ancienneté fait per- dre aux modes Icuis agrémens, & donne de l'état à la noblefre. L'antiquité faifant périr les preuves de l'hiftoire, en affoiblit la vérité, & fait valoir les mo- numens qui fe conlervent. Quand on dit abfolument, les Anciens , on entend les Grecs & les Romains, PriJ'ci , Veteres. Les An- ciens avoien: accoutumé de brûler les corps. Quand on cite un vieux Auteur dont on a oublié le nom , on fe f ert de cette expreflion : un Ancien a dit une belle parole. Il ne faut pas décider légèrement fur les ouvrages des Anciens. Kacin. Les efprits fe font fort échauffés depuis quelque temps fur la piéfcrence que les uns donnent aux Anciens j >^' les autres aux Mo- dernes. Il ne faut lire les -anciens ni fervilement, ni avec mépris, mais avec un jufle difcernemcnt. Vali.. L'arteclarion de louer les Anciens j eft quelquefois ur.c manière détournée ucur cenlurer les Modernes , Bell. Ancien , le dit aulli de celui qui eft le premier reçu dans un Corps , ou de ceux qui ont paflé par les charges. Frimus dtate , gejio munerc _; ou prior , fi l'on ne parle que de deux perfonnes. Il faut lui céder le pas, c'cft votre ancien. En ce lens le premier de tous s'ap- pelle \ Ancien, ou le Doyen d'une compagnie. On appelle \ ancien échevin ou marguillier , celui qui fait la féconde année. On appelle aulli anciens échevins eu marguilliers, ceux dont le temps eft fait. Il ea faut paffcr par l'avis des ancient Avocats. On dit , les anciens , en parlant des vétérans dans un corps. On dit auiii d'un vieillard , que c'eft un homme fort ancien j qu'il faut lui poiter du refpeél. Senior. On dit l'ancien Évêqne d'une telle ville , lorfqu'il a quitté fon Eglifc , Se qu'il y en a un nouveau à fa place. Cet hû-nme eft ancien dans la robe; il y a vieilli. On du aulh au Palais, le plus ancien en hypothè- que; pour dire, le premier en date. Se qui doit ve- nir le premier en ordre fur le prix d'un héritage. L'Ecriture -Sainte, en parlant de Dieu, l'appelle quelquefois l'Anc'en des jours. Anciens,! e dit aulîi en parlant de l'ancien Peuple de Dieu : c'étoicnt les plus confidérables d'entre ce l'euple , par leur âge Se par leurs mœurs. Primores , Seniores. Moyfe fit allembler les anciens du Peuple , &: leur expola ce que le Seigneur lui avoir commandé. Port- Royal. Il fe dit auilv quelquefois ablolument : vous irez, vous .?>: le% anciens , vers le Roi d'Egypte. Fort- Koyai. ANC Le mot Je Prcshytcrï , qui eft fi (ouvcnr dans Je nouveau Teftanicnt , ik qui comprend également les Prccies & les Eveques, fignifie ancien. Voici ce qu'a remarque làdcllus M. Simon, dans fon fupplément aux Cérémonies des Juifs , imprimé a Paris en i6Si. Ceux qui tenoient les premiers rangs dans les (yna- gogues , étoient ordinairement appelés ïehémin. An- ciens , à l'imitation des 70 Anciens _, que Moyle éta- blit pour être les Juges du Sanédrin. Celui même qui préfidoit au>; autres , prenoit le nom d'Ancien _, étant feulement comme le Doyen des Anciens. Dans les premières allemblées des Chrétiens, ceux qui y te- noient le premier rang, prirent auHile nom de Fresly- teri , Anciens ouPrècrcs. Le Prehdent, ouEvcque, qui était le chef des Anciens , prenoit la qualité d\-;/«- cien ; & ce 11 pour cette rarlon que dans le nouveau Tcftamcnt , le nom A'Evéque eft quelquefois conion- du avec celui Ac Prêrreou Ancien. Ct\i\ qui n'ont pas lu cette origine du nom de Prêtre^ ont cru mal-à-pro- pos qu'il n'y avoir au commencement du Chrilfianilme, aucune différence entre les Evéques & les Prêtres. Pour cette même railon, le conleil des premières alîemblées des Chrétiens étoit appelé Preshyterium , ou conlcil des Anciens. L'Evcque y prélidcit en qua- lité de premier Ancien j & de chef, étant allîs au mi- lieu des zwiïes, Anciens. Les Prêtres ou Anciens qui croient à les côtés, avoient chacun leur chaire de Juge j & c'eft à cauie de cela qu'ils font appelés cf- fe[fores Epifcoporuni par les Pères de l'Eglile. Il ne s'e.xécutoit rien de conlidérable qui n'eût été aupara- vant délibéré dans cette airemblée , où l'Evêque ne compoloit qu'un corps avec les autres Anciens ou Prêtres j parce que la Juridiélion qu'on nomme au- jourd'hui Epifcopale j ne dépendoit point de l'Evêque feul, mais de tous \es Anciens ^ dent l'Evêque étoit le Ptélldent. Anciens, f.m. C'eft le nomqueles Calviniftes autrefois, lorfqu'ils étoient tolérés en France , donnoient à un certain nombre de perfonnes, qui conjointement a\ec les Pafteurs compoloient leurs coniilloires, pour pren dre garde aux intérêts de leur religion , & pour faire obfcrver leur ditcipline. On les choifilfoit d'entre le peuple, (Se on les recevoir publiquement avec quel- que forte de cérémonie. Le nombre des Anciens étoit réglé. Le Roi défendoit aux Anciens des conhftuires ^ de fouffrir aucun Catholique Romain dans leur prê- che./ojyt?^ l'Edit de Louis XIV de 16S0. Anciens, f. m. plu. Terme de Coutume ufité en Lor- raine, pour figniherpro/re. Aliéner les anciens y dil- poler de tes anciens ^ c'eft à-dire , aliéner les propres, dilpofer de fcs propres. ANCIENNEMENT, adv. Autrefois, dans les fiècles palfés. Prifcè , antique , olim. Anciennement on vivoit dans le monde avec plus de franchife. ANCIENNES, f. f. Religieufes qui font depuis long- temps au couvent, & dont on prend les luffrages pour les choies qui regardent le bien de la mai- fon. Il fout ccnlulter les Anciennes fur cette affaire. ANCIENNETÉ, f. f. Ce qui fair qu'une chofe eft an- cienne , le long-temps, la longue durée qu'une choie a lubhftc, ou qu'il y a qu'elle eft pailée , qu'il y a entre elle & nous. Antiquitas , vctufias. Cela eft établi de toute ancienneté. L'ancienneté des maiions eft une marque de leur noblelle. On le dit aulïï de ce qui eft plus ancien, & par priorité de temps; ik en ce lens, c'eft le temps qu'il y a qu'une perfonnc eftreçûedans une charge, ou dans une compagnie , ou qu'elle a droit à quelque chofe , avant que d'autres fuilent entrés dans ces corps , ou eullent ce mêmedroit. Jus antiquitatis. L'ancienneté de fon hypothè-]ue le fera payer devant vous. L'aw- cienneté de la réception le fera monter le premier à la Grand'Chambre. C'eft l'ancienneté qui règle les rangs. ANCILE. f. m. Ancile. C'eft le nom d'un petit bouclier qui tomba, dit-on, du ciel fous Numa Pompilius. En même-temps une voix fe fît entendre, qui dit que Ro- ine feroit la maîtrelfe du monde , tant qu'elle confer- veroit ce bouclier. Ainli ce fut le Palladium de Ro- ANC 33^ me. Denys d'Halycarnaifc, Ladance , Ovide, Faft. Liv. III. V. 57> , rapportent cette table. Les AnciJes fc gardoient dans le temple de Mars , & tous les ans au mois de Mars on les portv^it en proccllîon autour de Rome, & le trentième jour de ce mois on les renfermoit. On diMiiie diftétentes origines a ce nom. Caméra- rius &Muret croient quil eft grec. Se qu'il s'eft for- mé d'à'^xvAot , qui fignifie , courbé. De-lï vient que quel- 'qucs Auteurs qui les tuivent, écrivent ancyle & an- cylia J par un y. Plutarque, dans la vie de Numa , écrit aTKLAiJL, ^ dit que Juba, dans tonHiftoire, vou- loir à toute force que ce mot eût été tiré du grec. Mais les médailles &: les manufcrits condamnent cette or- thographe. Dans Antonin Pie ANTONIUS AUG, Plus P. P. TR. P. COS. II L & au revers IMPERATOR. IL SC. ANCILIA , avec deux an- ci/es. Varon, au Liv. VI. De ling. Lit. dit que ces boucliers étoient appelés ancilla ab anciju , parce qu'ils étoient coupés , ou échancrés des deux côtes, de même que les boucliers des Thraces , qu'on nom- moit pclta. Plutarque, dans la vie de Numa j dit la même chofe de la figure des ancile s ; mais il diffère de Varon , en ce qu'il prétend que ce n'étoit point la figure des pehes , qui étoient toutes rondes & tans échancrures. Ovide, au Liv. III. de fes Pattes , v. 577. temble dire que la figure de \ ancile étoit toute ronde , év' que c'étoit pour cela qu'il étoit appelé ancile ^ comme fi l'on avoit dit ancifum , de am & Citde , coupé tout autour également; detorte, dit ce Po'e'te , qu'on n'y remarque aucun angle de part ni d'autre. Plutarque dit encore après Juba, qii'ancile pourroic bien venir d'i2«co/2 J àjy.ài ^ coude ^ parce qu'on porte ces armes au coude. Une autre étymologie , qui n'eft que de lui Se non pas de Juba , comme les deux au- tres qui font grecques, eft que ce mot vient d'àv.'xais. , qui lignifîe, d'e« /iiZi/rj pour marquer que \' ancile étoir tombé du ciel. Il ajoute encore de ton chef deux ou trois autres étymologies grecques , fi peu vraitembla- bles, que je ne les rapporterai pouit. L'opinion de Varon paroit la plus vraie. Au refte , quoiqu'il ne tût tombé du ciel qu'un ancile j, il y en avoit pourtant douze, parce cjue pour conterver plus sûrement celui- là, Numa par le confeil, dit on, de laNymphe Egéric, en fît taire onze autres tout temblables à celui ci , afin que 11 . quelqii un vouloit entreprendre de l'enlever , comme Ulytle enleva le Palladium, il ne pût diftin- guer ï'ancile véritable des faux anciles- Il inffitua de plus les douze Saliens pour la garde de ces boucliers, M. Béger, rapporte, Tom. II. p. j6o, une médaille d'Augufte, au revers de laquelle il y a deux boucliers, qu'il prétend être des anciles. ANCILLARIOLE. f. m. Mot forgé du latin Ancillario- lus. Il fe trouve dans la Bibliothèque des Gens de Cour, encore y eft-il en itahque : il fignifie, félonie Diétionnaire de Boudot , un homme qui fe plait à caretrcrles tervantes, qui en eft amoureux. Guillaume Colletet avoit époufé trois tervantes. Il étoit Ancil- lariolus. C'eft un mot qui fe trouve dans Martial, Liv, Il , épig. j8. Ancillariolum tua te vocat uxor ^ & ipja Leclicariola ejl : ejlis Alauda pares. Menagiana. Ta femme ., à des porteurs ■, ofantbien s'attacher^ A tort de te nommer un Ancillariole : Alle'^ 3 vivc':^ en paix tous deux fur ma parole : Vous nave\ entre vous rien à vous reprocher. ANCLAM. Ville du duché de Stétin , dans la Pomé- ranie royale. Anclamum. Elle eft fur la rivièie du Pêne, à quelques lieues au midi de Volgaft. (Cr ANCOBER. Rivière d'Afrique, dans la Guinée, fur la côte d'or, environ à 16 lieues de la rivière de Chama. ÇCFAncober, Royaume de la Côte d'Or, en Guinée, auprès de la rivière du même nom. Il y a dans ce pays , des femmes qui ne fe marient jamais, & qui fc dé- vouent à une proftituti'o» publique ; Si ce qu'il y a 33(^ ANC de plus infâme , c'efl: qu'on les inftalle dans ce métier avec des cetenionies que la pudeur ne permet pas de rapporter. ANCOIS. Vieux adverbe. Plutôt. ANCOLIE. f. f. Aquïlegia. On le ferc peu du mot d'^- qullina. Plante dont la racine eft vivace , blanche , douce au goût , branchue , épaiffe à fon collet d'envi- ron un pouce. Ses feuilles font portées par des pédi- cules divifés en trois branches : chacune de ces trois branches eft encore partagée en trois autres plus petites , qui portent à leurs extrémités des feuilles larges d'un pouce environ, obtufes, échancrées le plus fouvent en trois , & crénelées fur leurs bords. Elles font d'abord d'un vert alfez gai , qui brunit enluite , & devient plus foncé en dellus, & beaucoup plus pâle en-deilous. Les tiges qui s'élèvent d'entre ces feuilles , font allez min- ces, quoique roides & fermes, branchues, ?<. hautes de trois à quatre pieds , garnies de quelques feuilles qui diminuent dans leur volume , à mefure qu'elles approchent de l'extrémité des tiges. Ces branches por- tent des fleurs à plulîeurs pétales; dont les unes font roulées en corners, & les autres lont aplaties. La cou- leur de ces fleurs varie beaucoup -, l'arrangement & le nombre des pétales des fleurs de \ Ancolïe y\ç. font pas conftans \ on en trouve dont les fleurs font à cinq rayons en manière d'étoile ; on les a nolnmées An- colïes étcilées , AquUegu Jiellat£. Il y en a auiîi à fleurs plus ou moins doubles. Le piftil de la fleur de l'Ancolie devient un fruit compote de plufiemrs gai- nes ramalfées , longues d'un pouce environ, tk qui renferment de petites femences un peu aplaties , noi- res Ik luilantes. La femence à'Ancolie eft apéritive, bonne pour la jauniife, & antilcorbutique. On ap- pelle l'Ancolid en latin Aquilegia j ab Aqu'da , parce qu'on a comparé les cornets des fleurs de YAncolie aux ferres d'un aigle. On la nommoit autrefois Co- lombïne y à caufe d'une prétendue reifemblance de ces cornets avec le bec d'un pigeon -, mais ce mot n'eft plus guère ufité que chez les Anglois. §CF ANCON. f. m. Mot purement grec , qui , en Ana- tomie, fignifie la courbure du bras en dehors, ou la pointe du bras fur laquelle on s'appuie. Voyez CVBi- TUS Hc AnconÉ. ANÇON. C'cft une forte d'arme ancienne , que Borel prétend être la même choie que la Francifque. ANCONE. Ancon ■, ou Ancona. Ville d'Italie, dans l'an- cien Picenum, que nous appelons aujourd'hui Marche à'Anconc , fur la côte de la mer Adriatique. Elle hu bâtie par les Siciliens. Phne , Liv. III , ch. 1 3 . Trajan y ■ fit conftruire le port , & c'cft à cela que l'on rapporte une médaille 4e cet Empereur , qui porte au revers PoR. AuG. C'eft-à-dire, portus augujîi. Le type eft un port , avec un navire au milieu. Elle a pris fon nom de la figure de fon port ; iUm , en grec , fignilie le coude. Delà vient que dans fes médailles elle a pour iymbole un bras , avec ce mot afk^n. Elle eft voi- fme du promontoire appelé autrefois Crumerum , & aujourd'hui Monte S. Ciriaco :, ou Monu Guafco. Sa longitude eft de 37'^, 16' , & fa latitude 43 d, 48'. An- cone a un évêché. Elle étoit hbre, mais en lyji Clé- ment VII y mit garnifon , pour la défendre des cour- fes des Turcs ; depuis ce tcmps-la , elle eft de l'Etat Eccléfiaftique. lly a à Ancone un bel arc de triomphe de l'Empereur Trajan. La Marche d' Ancone, c'eft-à-dire , le Marquifac à\4n- cone ,Marchia-Anccmtana y^mymcc de l'Etat Ecclé- fiaftique , entre le golfe de Venile au nord , l'Abiuzzc au levant , le duché de Spolète au midi , &: celui d'Ur- bin au couchant. Ancone, eft auftî le nom d'une petite ville de Dauphiné, en France. Acunum y Ancona. Elle eft lur le Rhône , près de Montclimart. Quelques Géographes la pren- nent pour la colonie nommée Acujio , ville des an- ciens Voconticns. ANCONÉ. f. m. Terme d'Anatomie. C'eft le fixième mufcle du coude , ainfi nommé , parce qu'il eft litué derrière le pli du coude , que les Grecs appellent An- con j oTxiJv , & nous l'Olecrâne. Ancondus. h' Ancone eft le plus périt des fix mufclas du coude ; il prend ANC fon origine de la partie inférieure du coude externe de 1 humérus , & va s'inlérer en delcendant entre le cu- bitus (.V le radius, par un tendon , à la partie pofté- ricurc & latérale du coude , trois ou quatre doigts au- dellous de l'olécrâne. Il aide à faire l'extenfion de la- vant-bras. Dionis . C'eft Riolan qui a donné ce nom à ce mufcle, à caufe de falîtuation. Harris.M. Winflow dit toujours ^«co«e. Le grand Ancone. L' Ancone extev- ne-, \' Ancone interne ; le petit Ancone. Ainh , puilque ce mot eft reçu dans notre langue par les plus grands Maîtres de l'art , il ne faut plus le lervir du mot latin Anconitus. ANCONITAN. Phœnix. 1°. C'cft le nom d'une mon- tagne de lAnatolie-, elle eft lur la côte méridionale, vis-à-vis de l'île de Rhodes, z". C'eft unbourgau pied de cette montagne. 3°. C'eft une petite rivière de la même contrée. ANCRAGE, f. m. Lieu propre à jeter l'ancre. Oppor- tunus Ancors. jacienda locus , fiatio. Cette côte eft de bon ancrage. Il lignifie encore ce qui appartient à l'ancre. Ancorarius. Il y a certains Officiers qui ont loin de \ ancrage , comme les Bolmans. Il fignifie aufti un droit qu'on paye en plufieurs lieux, ou au Roi, ou à l'Amiral , pour avoir perraiflîon d'ancrer. Vecligal pro jaclu ancora. Le droit ^'ancrage a auffi appartenu autrefois à quelques Seigneurs particuliers, comme on le voit ^Z'il'Hiftoire de Bretagne 3 T. II , p. 1201. Ce mot vient du latin ancora , qui eft tiré du grec ^W\,f>a. , qui lignifie une ancre. ANCRE, f. f. Terme de Marine. Ancora. Les gens de mer le font fouvent malculin. A peine \'ancre a-til été levé , que le vent eft tombé. Abbé de Choisy. C'eft une grcfle pièce de fer , qui par un bout eft courbée , & forme deux pointes ou pattes , ou cro- chets, ou qui aboutillent de deux côtés en arc,& font femblables à un hameçon. ^fF A l'extrémité de la verge oppofée aux bras , eft un anneau qu'on appelle l'organeau 3 auquel on amarre le cable , & tout au- près de l'organeau, eft une pièce de bois qui croile les bras à angle droit, & qu'on nomme le Jas. Elle leit à arrêter toutes fortes de vaifleaux fur la mer,& fur les rivières, &à les tenir en état dans leur mouillage, lly en a de quatre lortes. La plus grande qu'on nomme maurejje , ne lert jamais que dans le danger , pour empccfier que le navire ne tombe en côte. La féconde lert à tenir le vaillcau à la rade. La troilième eft l'an- cre d'aftourche , que l'on mouille après en avoir mouillé une autre à la partie oppoléc : c'eft pour enfourcher le navire & l'empêcher dé s'éloigner, de le tourmen- ter, ou de chalier lur fon ancre. La quatrième s'ap- pelle ancrea.touer, dont onlefertpour haler un navire, & pour le faire avancer avec le cabeftan, ou virevaux, quand il faut changer de place dans les rades , ou en- trer dans un havre , ou en fortir. On appelle encore Ancre de toue , les ancres qui lervenr à rappeler le vaifFeau à la mer, quand le vent le jette à la côte. Ou appelle Ancre à la veille , celle qui eft prête à être mouillée ; & \' ancre du large j celle qui eft mouillée vers la mer, lorl qu'il y en a une autre mouillée vers la terre , & qu'on nomme Ancre de terre. Les ancres qui lont mouillées à l'oppofite l'une de l'autre , s'ap- pellent Ancres de flot ^ & de jufant : l'une pour te- nir contre le flux, & l'autre contre le reflux de la mer. Le cable dont on fe fert dans cetteoccalion, s'appelle Hanfière. Les parties d'une ancre font l'anneau, la verge, les bras, ou la croifée, & les pattes. L'anneau qu'on appelle Arganeau , ou Organcau ^ eft entor- tillé de certaines cordelettes qu'on nomme Bodinure. Talinguer le cable , c'efl l'ajuftcr dans l'anneau. Les piè- ces de bois qui fortent en faillie à l'avant du vaifleaii pour poler V ancre , s'appellent 5o//tttrj. L'orineftune groflc corde, qui accole les deux bras de l'iîwcre j & aboutit à un liège , ou à un baril qui flotte fur l'eau, & montre l'endroit où eft Vancre. On appelle auflî la tige droite d'une ancre, Stangue, ou Scape. On dit, jeter l'ancre , mouiller l'ancre. Ancoras jacere. Lever l'ancre. Tollere j vellere. Etre à l'ancre. Stare j Con- flftere in ancoris. Donner fond , mettre le vaiffeau fur le f-er, fut (en ancre. On dit c^uzY ancre cUdérapee, ou AN on qu'elle a quitté , loirqu'ctant au fond de l'eau , clic ne nciir plus-à tenc. Capponuer l'anae^ c'ell: crocher à l'onn l'arganeau dci'ancre avec le cappon. Enjaulcr, ou ciijalci um ancre , c'eft attacher deux pièces de bois vcis l'arganeau, pour contrebalancer les pattes de l'ancre dans l'eau, & la taire tomber d'une ma- nière que Tune des pattes s'entourche dans le terrain, & qu'elle morde le fond, afin de loutcnir, & de faci- liter le mouillage. Ces deux pièces de bois s'appellcr.t \c jas 3 \'a:JJl':u eu le lOuct de \\incrc. On du aulli , qu'un vailleau challe lur les ancres ; ou que \\mcrc a chaire , lorlqu'cile laboure le fond , ou lorlqu'il s'é- loigne du lieu où il a mouillé , loit par la violence des coups de mer , loit parce que le fond eft de mauvaile tenue. On dit, gouverner lur \ ancre ^ quand on \ire le vaiireau pour délancrer plus facilanent. Faire venir l'uncrc a pic ; peur dire , venir fur l'endroit oii Vancre efl: mouillée; c'eft Icrlqu'on a retiré le cable, & qu'il n'en reftc plus précilément que p^.ur aller perpendicu- lairement droit à \' ancre. Brider \' ancre , c'eft empê- cher que le fer ne creufe, & n'élargilfe le lable, par le moyen des planches qu'on met à ces pattes , & dont on les enveloppe. Boller l'^j^crt- j c'eft la mettre fur les bc'flcurs, ou bolfoirs. Ily a des peuples dans les Indes, qui le fervent dans la navigation à' ancres de bois. Il eft clair que ce mot vient avancera , qui vient d'aTHi'^ja-^ mais félon le P. Fezron, il a été fermé lur le celtique an.^or. Quelles preuves o^n'angor foit un mot celtique, & qu'il (ignifie ancre? Ancre , ou Tirant , en Architedure cv' en termes de Ser- rurier, c'eft une groife barre, ou pièce de fer droite, ou faite Cii S , ou ayant la figure de deux ancres adof- fées, qui le met aux encoignures des murs , & au bout des poutres, & qui fert à affermir les mur.iilles & à tenir tout le bâtiment plus ferme &: plus lié. On s'en fert aulîî aux cheminées , quand elles font fur les ci'v^upes , pour les garantir de l'ertort des vents. Ancre, eft aufli un terme de Blafon; mais en cet art fes parties y font nommées différemment. Le bois tra- verfanr qui eft au-deflus s'appelle Trabe. Trabes , Tranfverfarius ancors fiipes , ancors, brachia. Le fer droit qui entre dans la trabe, s'appelle Stangue.Sca pus i iruncus ancora. Et le cable eft appelé G amené. Funis ancûrarius, Vancre eft le fymbole de l'clpé- l'ance. Juftin, Liv. XV, ch. 4, &: Appicn, in Syrlacis ., xapportcnt que tous les Séleucides nailloicnt marqués d'une ancre à la cuifTe. M. Spanheim , pag. 404 & 405 de la dernière édition, c'eft-à-dire, celle de Lon- <îres, & d'habiles Antiquaires, ont cru que c'étoit la l'.iiion pour laquelle non-feulement Séleucus 1, mais d'autres encore de fes fuccefleurs ont une ancre fur leurs médailles •■, ik que Séleucus l'avoir gravée fur fon cachet, ainii que le dit Clément Alexandrin, Padai^. Liv. 111} ch. II. Tour les médailles , outre celles clc Séleucus, ily en a d'AntJochus Soter, d'Antiocluis lurncmmé ^01 , Dieu , &de Démétrius Nicanor, qui ont des ancres , ou feules, ou avec d'autres figures. Il eft furprenant que des gens qui fe piquent d'érudi- tion, aient dit: Ancora, marque de la famille des Sé- leucides , que ceux de ce nom apportoicnt en venant au monde-, comme s'ils n'avcient pas entendu ce que fignific ancora , & que tous les Séleucides fe fullent appelés Séleucus , ou qu'il n'y eût eu que ceux qui f c ncmmoient Séleucus qui euffent été marqués d'une ^«crej quoique Juftin , qu'ils citent apparemment fans l'avoir liî , dife que tous ceux de la race de Sé- leucus apportoicnt cette marque en naiffant. Ancre, le prend figurément «Se moralement pour re- cours, refuge , afyle. Rcfugium , a:;ilus. La paroi ffc n'eft que comme une dernière ancre. Patru , Plaid. S. Ancre. Liqueur fervant à écrire. T'oye^ Encre. Ancre. Petite ville de France. Jnckora. Elle eft en Picardie, fur une rivière de même nom, entre Coi- bie & Bapaume. On nomme aullî cette ville , Al- bert. IXT Cette ville avec le titre de Marquifat, fut achetée par Conchini , qui devenu plus puiffant par les gou- vernemens de Peronnc, de Roye&: deMonrdidier, 6L- Tome I, ' • . ANC 337 Jiar routes les dignités qu il r^imit en fi perfonne , de- vint l'objet de l'exécration pu'ohque. Le Marquis ^An- cre y nouveau Séjan , feus un Prince, dont le carac- tère ne reffcmbloit en lien à celui de Tibère, après avoir long-temps bravé la patience de la nation I ran- çoife , eut le dclîin que méritent tous les favoris qUi abulent inlolcmment de la boiîté & de la confiance du Sou\erain. Il fut déchiré par le peuple, ccmme le Séjan de 1-lome. ANCRER. V. n. C'eft jeter l'ancre , mouiller l'ancré , arrêter le vaillau par l'effort de l'ancre. Ancoram ja- cere. 0Cr II faut choifir un bon mouillage pour an- crer. itZT Ancrer, le dit aullî figurément .avec le pronom réciproque, & fignihe s'établir, s'aft'errnir dans une maifon, dans un emploi, dans une ct)ndition. AJh.i- refc :re firmiter ., duabus niti aiicoris. Il s'ejl bien an- cré dans cette rncifon j auprès de ce Prince. Il n'ell que du ftyle familier. Ancrer, v. a. Terme d'Imprimerie cntailL-douce. 7'oy. Encrer. Ancrer, v. a. Terme d Imprimeur en lettres, r'ove^ Encrer. ANCRÉ, EE. part. Les vailfeaux font ancrés Ix quatre cables, ayant des flottes à leurs cables, crain.c des rochers qui font au fond. Denys , P. I. C, ç. Ancre , Ée. Au figuré. Bien établi, bien affjuni. La vanité eil fi ancrée dans le cœur de l'homme, qu'un goujat, un marmiton, un crochetcurfe vante, & veut avoir des admirateurs. M. Paschal. Ancré, au figuré, s'empLie quelquefois abfolumenr, fans y rien ajourer. M. de la Châtre a dit: comine le Cardinal n'étoitpas encore enticrcmcut ancré ^ il fal- lut qu'il cédât à ce coup. Ancré, ée. Terme de Blafon, qui fe dit des croix &:. Eiutoirs , dont les bouts fe di\ ifent en deux , & font tournés comme les pattes dune ancre. Anco- ratus. ANCRIER. royc-{ Encrier. ANCRURE. f. f. Panni rug.f. Terme de Tondeur de draps , qui lignifie , un petit rcndouble ou pli cui fe fait à l'étofte quL l'on toiid , parce qu'elle na pas été bien tendue ou ai-rétée avec les crochets parhik'ies fur la table ou couflin à tondre. Diction. tcoNOA;i.TCJ£. Ctr ANCUAH.ViUe d'Afrique , dans la province d'A- Ipvahat, dans l; quatrième partie du premier climat, félon Edrifi. ANCUD. Pays de l'Amérique méridionale , que l'en nomme aulli AGU ALAY . Ancudia j A^;ual:a. l\ cfl: dans l'impériale , province du Chili. Il a au cou'-hant l'Archipel d'.///;c«^j les Andes au levant, le pays d'O- forno au nord , & les terres Magellaniques au fud. L'Archipel à'Ancudy ou de Chiloe. Ancud,ni.-us , eu Chiloenfis Archipelagus. C'eft une partie de la met Pacifique, ou mer du fud, renfermée entre la côte à'Anci-d, Se file de Chiloe. Elle eft pleine d'des, ce qui lui fait donner le nom à' Archipel. va- ANCULI & ANCUL/E. Dieux & DéelTes des Ef- claves, qu'ils invoquoier.t dans les misères de lafervi- tudes. Antlq. Rom. ANCVOISINAL, ALE. adj. qui fedit en Chirurgied une certaine etpèce de baiuLigc pour les plaies. On peut éviter ce défordre, ou en liant le vaificau quand il eft pofîIble,cu en ie fervant du hMiix^c antvoijlnal , cui eft une efpèce de braver. Duverney , fils, Acad, I jO 2. Mém. p. 20 ). ANCYCOMÉLE. f. m. Inftrument de Chirurgie qu'on appelle yîw^Ê courbe , ou. fonde avec un crochet. Ce mot vient d'K)xvA(it^ crochu ^ikAc /^'f'^f ,/onde. (jZr ANCY-LE-FRANC. Petite ville de France , en Champagne , dans le Comté de Tonnerre , à quatre lieues de la ville de ce nom, à trois de Noyers, ôi à une de Ravières , fur la rivière d'Armançon. ANCYLOBLÉPHARON,ouANKYLOBLÉPKARON. f. m. Maladie des veux , dans laquelle les paupières font jointes cnfemble , ou adhérentes à la corJcndrive ou à la cornée; enforte qu'elles n'ont pas la liberté de le mouvoir, &: ne peuvent découvrir le globe de l'œi!. Vu 3 3 8 AND Ce vice vient ou de naiffance , ou par accident , en conféquence de quelques ulcères , d'une brûlure , d'une callofité des paupières , ou d'un épaillillement de la lymphe qui fort des tuyaux excrétoires placés lur le bord des paupières , ik qui les colle enfemble. Ce mot qui eft tout grec, ell compolé de «>xvAof , courbe'^ con- tracié 3 & de ^A/çap « , paupière, ANCYLOTOME. f. m. Efpècede biftouri courbe , dont on fe Tert pour couper le ligament de la langue. Yj'iy^y^'i , courbe j & de tîV.m , couper. P. Eginéte comprend fous ce terme tor.t inftrument en général courbe & tranchant. ANCYRE, Ville de Galatie , dans l'Afie mineure , ou Anatolie, fituée fur les confins de la grande^ Phrygie ; ce qui fait que quelques Auteurs l'ont mile dans la Phrygie. Pline , Llv. F. ch. j2. en diftingue deux ■■, l'une en Phrygie, & l'autre en Galatie, qu'il dit avoir été une ville des Gaulois TeCtofages. Tite-Live en place encore une autre dans la Macédoine , ou l'Illyrie. La plus célèbre eikj4ncyre de Galatie. C'eft dans les cam- pagnes à'^ncyre que Pompée défit Mithridate , & que Tamerlan vamquit & prit Bajazet en 1402. ou 1405. Libanus, orat. 26. dit qu'elle étoit métropole de la Galatie. Il y a deux conciles ^Ancyre j l'un de l'an 3 14, & l'autre de 3 57. Ancyre , eft un nom grec , aTxJp» , qui fignifie ancre. Si l'on en croit le Géographe Etienne , ce nom lui tut donné des ancres des navires que Ptolomée envoyoit au fecours des Galates, & que Mithridate prit. Ancyre s'appelle aujourd'hui Angouri , Anguri j Angori j & Angar. Elle eft au Turc, & eil un fangiacat, ou petit gouvernement. Sa longitude elt 6i d. 10', la latitude, 4Z d. 5 o'. Il y a encore eu une Ancyre en bicile , dont parle Diodore de Sicile , Lïv. XI F. Se Cluvier dans fon ancienne Sicile, Liv. II. p. 27 s- ANCYROÏDE. f f Terme d'Anatomie. C'eft une émi- nence de l'omoplate en forme de bec, que l'on nomme auiîî Caracoide. Anchoralis 3 & Cornicularis. Har- kis. Ce mot vient d' àrv.i/'pa, ancre , ik iUo! , forme , rellcmblance , parce qu'elle rellemble à un bec d'ancre. ANCZACRICH. Rivière de Volo^ne. Anc^acruus. Elle vient de la balle Podolie , & te jette dans la mer- Noire, non loin d'Ocz.akou. AND. ANDA. f. m. Grand arbre qui croît dans le Bréfil , & dont le bois eft utile à plulieurs choies. Le fruit qu'il porte , rend une huile dont les Sauvages ont accoutu- mé de s'oindre le corps. Ils le lervent de fon écorce quand ils veulent prendre du poilfon. Sa vertu eft telle , que l'eau dans laquelle elle a trempé, endort toutes fortes d'animaux. ANDABATE. f. m. Gladiateur qui combattoit les yeux fenués. Andabats. Quelques-uns prétendent que c'é- toient ceux ^ui fe bandoient les yeux à un jeu qui étoit en ulage parmi les Romains. Tel jadis /'Andabate arme' de Jon poignard Combattoit à l'aveugle j & vainquait au hajard. Sanlec. ANDAGUILAS. f m. Peuple de l'Amérique méridio- nale. Andaguili ou AndaguiU. C'eft un peuple du Pérou , qui habite entre les rivières de Xauna jC d'A- bançay , vers le nord-oueft de Culco. ANDAILLOTS. f m. pi. Terme de Marine. Ce font des .anneaux qui fervent à amarrer la voile qu'on met de beau temps fur le grand étai. ANDAIN. 1. m. Etendue en longueur d'un pré qu'on fauche , fur la largeur de ce qu'un faucheur peut cou- per d'herbe à chaque coup de faux. Nudatus herbu trames fenlfect manu. Il y a tant A'andains dans la largeur de ce pré. La plupart des Meuniers prétendent avoir droit de faucher un andain de pré le long du biez deleurmoulin. Quelques-uns d)fento/iû'a/«, mais abufivement: car cemot vient de andare , aller, parce que V andain le fait en marchant. D'autres dérivent ce mot de antes t antium, qui fignifie , les filions & rangs AND de vignes relTemblans kdesandains de pré. DuCange dit qu'il vient du latin andena , mot de la bafl'e lati- nité , qui lignifie , l'elpace compris entre les jambes d'un homme écarquillées. ANDALOUS , OUSE. L & adj. m. cS: f. Qui eft d'An- daloulie. Andalufius. Les chevaux Andalous lont les chevaux d'Elpagne les plus eftimés pour leur beauté. Maty. |C? ANDALOUS , eft un nom général que les Ecrivains Arabes donnent à l'Elpagne. ANDALOUSIE, f f Andalufia , Fandalicia. Province d'Efpagne qui comprend prefque toute l'ancienne Bé- tique. h'AndalouJle a à l'orient le royaume de Gre- nade ià l'occident la Guadiane, rivière qui la lépare de l'Algarve , province de Portugal ; au midi l'Océan & la Méditerranée i au leptentrion FEllramadoure &c la Caftille neuve. La capitale A' Andaloufie eftSéville. Ce pays eft le plus fertile d'Elpagne; c'eft pour cela qu'on le nomme le grenier ôc la cave du Royaume. L'Andalousie nouvelle , Andalufia nova y eft une province de l'Amérique méridionale, dans la Caftille d'or. Son nom eft Paria j la capitale Comana , ou la nouvelle Cordoue. ANDANAGER, ou AMÉDANAGER. Ville delapref- qu lie de l'Inde , en deçà du Gange , en Afie. Andena- garum , Amenagara. Elle eft dans le Décan , aux con- fins de la province de Balaguate , & a la lource de la Maudoua. AND ANC E. Bourg duVivarais , en France. Andamia. Il eft fur le Rhône , entre les deux bras de la rivière du Cance, ou de Deume, au-delfou' d Anonay. DCT^NDANTE. adj. pris fubl. tcime del*,lufique,qui le met à la tête d un air , pour marquer que cet air doit être joué dun mouvement modéré qui n'eft ni lent ni vite , qui tient le milieu entre l'adagio & l'al- gro. Le diminutif andantino indique un peu plus de gaité dans la mclure, ce qu'il faut bien remarquer. Le diminutif allegretto , lignifiant tout le contraire. ÇCF Andante , s'emploie auiîi fubftantivement en par- lant de l'air même. Jouer un andante. Ce mot ItaUen fignifie allant , qui va. IfT ANDARGE. Rivière de France , dans le Niver- nois , qui a la fource dans les vallées d'Unrian, pafle lous Langy & Aubigny , & fe perd dans l'Arron , près de Verneuil. ANDATE. 1. f. Déelfe de la Victoire, honorée d'un culte particulier chez les anciens peuples de la Grande Bre- tagne. ANDAYE , ou ENDAYE. Bourg de France. Andaya. Il eft en Galcogne, lur la côte de Bilcaye , & n'eft fé- paré de Fontarabie que par la rivière d'Andaye ou de Bidalfe. ANDE. 1. f. En quelques provinces ce mot fe dit pour Belle-mere, marâtre. Noverca. tfJ- ANDEC AN. \^ille d'Ahe , dans le Zagatai , fur les frontières du Turqueftan. On trouve aulîî Andocan & Andokan. §5" ANDECOUD. Ville de l'Afie, dans la Corelfane . près de Balck. L'Hif. Françoile de Timur-bec lui donne 1 00. d. 3 o' de long. & 5 6 d. 3 o' de lat. Dans le même ouvrage elle eft nommée Andcoud. ANDELI. Andelium , Andeliacum , ou plutôt Andile- gum. C'eft le nom de deux lieux de Normandie qu'or» nomme communément les Anddis. Le grand AndeliS eft une petite ^'ille lituée entre deux montagnes fur lej Gambon, à un quart* de lieue de la Seine; & le petil Andeli eft un bourg lur la Seine , à l'embouchure dul Gambon. Le grand Andeli eft la patrie du Pcullîn ,; de Turnèbe, & des deux Corneilles. Il y avoir dan; ce lieu une abbaye célèbre de filles , fondée par fainrej Clotilde , & détruite vers l'an 900, à laquelle afuccédé une collégiale de Chanoines léculiers. Dcm Duplellîs' s'étend fort au long lur l'étymologie à' Andeli dans fa' Defcript. Géogr. & Bift. de la haute Norm. tom. 2 y pag. 21 S ,& fuiv. ANDELLE. 1. f. Boisa brûler , prefque tout de hêtre, plusi court d'un pied que le bois ordinaire , qui prend fon] nom de la 'iw'ihiç, à' Andelle qui Tombe dans la Seine. Andelle. Rivière du pays de Caux,en Normandie. An' I AND . delelus. Elle a (x fource à la Fertc , &: le mêle à la Seine, à uneperirc lieue au-dellus du pont del'arche, & un quait de lieue au-dellous des deux amans. On fait flatter fur cette rivière du bois a brûler que l'on coupe dans la foret de Lions , depuis Nole\al jufqu'à Charleval. On charge ce bois àl'itrc lur de grands ba- teaux pour lui faire remonter la Seine julqu'a Paris. ANDELOT. Petite ville de France. Anidous. Elle cft dans le Ballignv, en Champagne , fur la rivière de Pvcu- gnon, au nord-ell de Chaumon. Il y a des ruines qui inarquent c^Anddot étoit autrefois grand & confidc- rable. ANDELS. Vieux mot qui veut dire , avec eux. Borel. ANDÉMAON ^ prononcez ANDÉMAN , ADLMAN. Ile du golfe de Bengale , en Alie. Andcmana. Elle donne Ion nom à cinq ou fix autres petites îles , qui font entre les côtes du Pégu & l'île de Sumatra. On les appelle les lies à' Andemaon. ANDENES , ou ANÉNAS. île de l'Océan feptentrio- iial. Andcncjls,. Elle eft lur la cote de Norwége, vis- à-vis du gouvernement de Troudhen , entre l'île de Trounne & celle de Sanien. Il y a dans cette ile un bourg de incme nom. ANDÉOL. f. m. Nom d'homme. Andeolus. S. Andéol:, ou S. Andïol ) que quelques provinciaux appellent encore S. Andeux , ôc S. Andueljy eft un des illufties martyrs que fit la petfécution de l'Empereur Scvèie dans les Gaules. Bail. Ande'o/ej difciple de S. Po!y- carpc Evèque de SinymejCnfeignoitla toi dans le pays des Helviens. Ckori£r. ANDERNACH. Ville à' Allemagne. Antenacum ., An[o- nacum , Antunnacum. Elle eft dans le diocèle de Co- logne, aux confins de celui de Trêves, entre les villes de Bonne & de Coblentz. ANDERSCHOU. Bourg de Danncmark. Anderfchovia. Il eft dans la partie méridionale de l'île de Zéelande , & au midi de la ville d'Holbeck. ANDES, f. m. pi. Andes. Anciens Gaulois habitans de l'Anjou. Plulîcurs croient qu'entre les peuples qui fui- virent Ségovèze , il y eut des Bituriges, des Vollces , desTeciolages, des Boïens, des Senonois, des Andes, &:desBellovaciens; c'eft-à-diie,des peuples du Berri , des environs de Toulou(e,& de Carcallonne , du Cap de Buch en Guyenne, de Sens, d'Anjou & de beau- vais. CoRDEMOY. Les Andes , c'eft-à-dire , ceux d'An- gers. La capitale àts Andes éioit Juliomagus , ou A'n- degavi, Angers. Les Andes étoient vcifinsdes Carnu- tes & des Turonois,& du côté de l'occident ils tou- choient l'Océan. P'oye^ Céfar à la fin du II liv. & Liv. III de la Guerre des Gaules. Andes. 1. f. Grande chaîne de montagnes de l'Amérique méridionale. Andes, zkot. On appelle aufti cette chaîne de montagnes la Cordillère, Co/û'i/Zera en Elpagnol, ou la JMontagne de neige , Sierra nivofa. Mans nivofus. Les Andes en général lont fimés du midi au nord , depuis le détroit deAtagcllan,julqu'àla merduNord, dans l'efpace de plus de 60 degrés de latitude de long : en particulier elles luivent la polition de la côte occi- dentale de cette partie de l'Amérique ; depuis le dé- troit de Magellan au midi , julques vis-à-vis d Arica , elles courrent au nord ■■, de là julqu'à la hauteur de Truxillo, elles fe détournent au nord nord-oueft, en- fuite elles reprennent la route du nord julqu'à l'Ifthme de Panama. On leur donne plus de douze cens lieues de long , & julqu'à 1400. Elles léparent le Pérou & le Chili qui leur reftent à l'occident , de tout le tefte de l'Amérique méridionale qui eft à l'orient de ces montagnes. Nos cartes étendent cependant l'un & l'autre de ces royaumes au-delà des ^n^ej, à l'occi- dent. Elles font exceflîvement hautes , enforte qu'elles font toujours couvertes de neige , & que bien avant dans la zone torride, au temps des plus grandes cha- leurs de l'année , on y elfuie des neiges abondantes &: des gelées aifreules-, c'eft ce qu'éprouvèrent en 1754 des millionnaires Jéfuites,qui voyageoient dans celles qui font entre S. Michel du Tucuman 8c Tarija , aux confins du Pérou. Il y a dans ces montagnes une ving- taine de volcans , qui tous lont dans la zone tempérée, aucun dans la zone torride. Ces montagnes font tres-fer- Tome I. AND ^3p J tiles , & habitées par un nombre prodigieux d'Indiens tics-lcroccs , & dont la plupart n'ont pu jufqu'ici être domptés par les Efpagnols. Foyei le XXIV Recueil des Lettres édïf. & cur. p. 26 y & fuiv. ANDEVALLO. Campo AAndevallo. Petit pays de l'An- daloufie, province d'Efpagne. AndevalUnJis ager. Il eft vers les frontières du Portugal , & de l'Eftramadure efpagnole. ANDEUX. Foye-:^ ANDÉOL. ANDIAT'OROQUE. f. m. Lac de l'Amérique fepten- trionale. Andiatorocus. Il eft aux confins de la nou- velle France & de la nouvelle Angleterre. ANDILLY. La Blanche àAndilly. f. f. Efpèce de pèche d'un grand rapport, grolle, ronde, plate , fe colorant au loleil, lans rouge au dedans, lujèteà avoir la chair molle. Il ne faut pas la lailfer trop mûrir. ANDIOL. Fcyei AnT>i 01.. ANDIRA, ou^ANGELIN.f m. C'eft un arbre du Bré- fil, dont le bois eft dur & propre aux batimens ; Ion écorce eft cendrce ; les feuilles relîémblent à celles du laurier & lont plus petites. Il a des boutons noirâ- tres, d'où lortent beaucoup de fleurs ramalfces , odo- rantes , de couleur purpurine & bleue ; fon fruit a la grolîeur & la figure d'un œuf, vert au commencement, & noirciflant peu à peu. Il eft couvert dune écorce dure-, il renferme une amande jaune, d'un gcût amer. On pulvcriie ce noyau, & on en donne dix grains pour les \ers. ANDIRA , ou ANDIRA GUACU. f. m. Efpèce de chau- ve-fouris du Bréfil. Les plus grandes égalent nos pi- geons. Elles ont une excroilfance , ou corps pliantfur le nez, ce qui les fait appeler cornues; leurs ailes font longues de demi pied , de couleur cendrée ; elles ont des oreilles larges, & des dents blanches. Leurs pieds ont chacun cinq doigts armés d'ongles aigus ; elles cou- rent après toutes fortes d animaux ,& elles en fucent le fang fi elles les attrapent. Quelques-unes fe gliftent dans les lits & ouvrent les veines des pieds. La lan- gue & le cœur de ces animaux eft , à ce que l'on croit , un poifon. OCr ANDOKAN, ANDECAN & ANDUGI AN. Ville d'Alîe , dans la province de Tranfoxane , qui eft des dépendances de celle de Ferganah. Quand le nom de Ferganah eft donné à cette province , Andohan en eft la capitale, & c'eft la même que Ferganah pris pour le nom d'une ville. ANDORIA. Le lac à'Andorla., ou Lago falfo. Lac du royaume de Naples. Andoria^ ou Lacus jalfus. Il eft dans la Capitanate , entre les rivières de Candalaro ôc de Coropello , peu éloigné de la mer Adriatique , & plus près encore de la ville de Manfrcdonia. ANDORRE. Bourg de Catalogne, enEfpagne. Andorra. Il eft dans le comté de Cerdagne , au nord d'Urgel. La vallé à' Andorre cft une vallcc voiline très-fertile , à laquelle ce bourg donne Ion nom. Andorrana valiis. y^' DOVER. Bourg du comte de Liant, en Angleterre. Andovera. Il eft fur les confins du comté deWilt,au nord de Winchcfter. ANDOUILLE. f. f. Mets que les Charcutiers préparent avec des boyaux de cochon enfermés dans un autre boyau , qui s'appelle , pour cet efirt , la robe de \an- douUle. Eïlla. Il s'en fait auftl avec de la chair hachée, & allai lonnée d'oignon &: d'épices. Il y a auiîl des an- douillcs de veau. M. Chon-iel donne deux manières de les faire, dans Ion Diciionnaire économique , au mot Andouille. Les andouilks de Troies & de Blois font les plus renommées. ^fT II y a -xviSxàtsandouiUes de Carême que l'on fait avec de la chair de quelques poilfons , comme anguilles , tanches , carpes , morue fraîche , brochets , le tout bien pilé dans un mortier avec des afiaifonnemens convenables , & enfermé dans des peaux d'anguilles. On marine enluiteces andouilles, on les fume; & pour les manger, on les fait cuhe dans du vin blanc avec de fines herbes. Ce mot vient du latin indvjîola, lelon quelques-uns; mais il y a plus d'apparence qu'il vient A'anduiller ,\'\cvl\ mot celtique , ou bas-breton , fignifiant la même chofe. M. Eîuel le fait venir d'edulium. A NDOUiLLES de tabac. Ce font des feuilles de tabac Vuij 340 AND préparées &mifes enfcmble , de manière que pour leur longueur & leur figure , elles ont allez de reiremblance avec les andouilles des Charcutiers , avec cette diffé- rence pourtant , qu'elles iont plus enflées au milieu qu'aux extrémités. Les plus grolîes andouilles de ta- bac ne palfent pas dix livres , &C les plus petites n'en ont pas moins de cinq. ANDOUILLERS. 1" m.ou ANTOlLLlËRS. Cm. Terme de Vénerie. Coraatz cervina. Premiers cors ou ramures du bois de la tcte du cerf joignant la meule , ou che- villes les plus balfes de chaque perche , ou du mer- rain du cerf Les Jurande uïllcrs Iont les féconds cors. ANDOUILLETTE. f f. Petit ragoût que font les cuifi- nicrs avec de la chair de veau hachée & des œufs , qu'ils roulent ordinairement en forme de petite an- douille , & dont ils garnilfent les potages & les pâtés, & dont ils font des entrées de table. Farcimen ovatum. ANDRACHNE. f. m. Eft un arbre femblable à l'arboi- fier. C'eft aullî la plante appelée Portulaca , Pour- pier. ANDRAGIRI. Ville , rivière & royaume dans Suma- tra , lie de l'Océan indien. Andragiri eft lur la rivière À.' Andragiri y 8c capitale du royaume de même nom , qui a fon Roi particulier, quoiqu'il foit très-petit. ANDRAMITI. Ville de Turquie, en Afie. Andrïmitum. Elle eft fur la côte occidentale de l'Anatolie, lur le golfe A'Andramhi j vis-à-vis de l'île de Métehn, Le golfe à'Andramul eft dans l'Archipel , entre l'île de fï'Iételin Se l'Anatolie ou Alie mineure. Sinus Andra- mitinus. On dit aulli Andrimiti , Landrimin^ & San- Dïmïtri j & il paroît que c'eft de ce dernier nom San- Dimitri que les autres ont été faits par corruption. ANDRAPODOCAPÈLE. f. m. C'eft uneefpèce de tra- fiquant dont Galien fait mention en plufieurs endroits. On donnoit jadis ce nom à des gens qui logeoient des jeunes gens, des filles , des eunuques, & d'autres per- fonnes de cette elpèce. Il n'étoit point queftion de dé- bauche dans leur commerce. Ils le faitoient valoir le plus qu'ils pouvoient, en fe chargeant de foigner & d em- beUir le corps de ceux qu'on mettoit entre leurs mains. A'ïtTjjtfïoJ'oxaflriiAiis , d'aïf /="'»•»<''« i efclavc^ ôc xaanAoj , mar- chand. ANDRATOMIE. f. i. Andratomia. Diireûiondu corps humain , comme la Zootomie eft la dilfeélion du corps des bctes. Harris. Anatomie eft le genre , qui lignifie en général toute diirecT:ion , d'hommes , de bétes, de plantes. Andratomic & Zootomie font les clpèces. ifT ANDRE. Les Auteurs du grand Vocabulaire fup- pofent, après M. Corneille, une rivière de ce nom, qui a fa fource à Loroux, en Anjou, & fon embou- chure dans la Loire, à Nantes, après un cours de quinze lieues. S'ils avoient conlulte la carte du Dio- cèfc de Nantes, par le Père de Lambilly, Profefteur d'Hydrographie, ils auroient vîi que Corneille s'eft trompé, & que cette rivière s'appelle l'^rt/re. ANFJRÉ. (. m. Andréas. Nom d'homme. S. André ctdix. difciple de S. Jean-Baptifte ; il fut le premier appelé par JÉsus-Christ à l'apoftolat. Il prêcha aux Scy- thes, aux Sogdiens, aux Thraces, dans l'Epire, dans le Péloponncie , dans l'Acha'i'e, oii il fut crucifié par ordre du Proconful Egée. Les adlcs du martyre de S.André , font une relation du martyre de ce Saint Apôtre, attribuée faulfemcnt aux Prêtres & aux Dia- cres de l'Acha'i'e, & que quelques Critiques croient fuppolée par d'anciens hérétiques. S. André eft le Pa- tron d'Eccife. Le jour de fa fête, la plu part des gentils- hommes , &■ prefquc généralement tout le monde , por- tent une croix de ruban , bleue & blanche au chapeau. Ce mot eft fait du grec Avro(,qui fignifie courageux. Croix deS. ANDRÉ^c'eftunecroix enlautoir, coir.meil celle où ce Saint fut attaché , avoit eu cette figure ; ce que néanmoins l'on ignore. Crux decujTata. S. ANDRÉ pu CHARDON. Ordre Militaire en Eccf- fe , inilitué , à ce que quelques uns croient, par Hun- gus ou Hungo , Foi des Pides , après la vidoire qu'il remporta fur Athelftad.rm. Il lui éroit apparu, dit-on , une croix de S. André, patron de l'EccfTe-, il voulut, à la gloire de ce S. Piotedcur, à qui il devoit cette AND viftoire , que l'on mît dans fes étendarrs une croix de S. André , & il inftitua l'Ordre dont nous parlons , & dont le collier eft d'or , tiilu de fleurs de chardons. De ce collier pend une médaille qui repréfente S. An- dré tenant la croix de la main droite, avec ce mot, I^^emo me impunè lacejjet ; c'eft a-dire , On ne m'at- taquera point impunément. Voilà ce qui fe dit de l'origine de cet Ordre. D'autres prétendent que cet Ordre fur inftitué après la conclulion de la paix , en- tre Charles VII Roi de France, &: le Roi d'Ecoflc. Juftiniani , dans ia féconde édition , remonte plus haut , & veut qu'il ait été inifitué par Acha'ius I Roi d'Ecolfcen 809. Ce Prince gouvernoit les Ecolfois, au même temps que Hugues étoit Roi des Pietés, c'eft- à-dire , au commencement du IX fiècle, après qu'ayant fait alHance avec Chailemagne, il eut pris pour fa devife le Chardon de la Rue, avec ces mots ,Nenw me impunè laceffetj qui eft en effet celle de cet Ordre. Jacques IV le renouvela, ou peut-être l'étabht , & prit S.André pour fon protedeur.il n'y a que d juze Che- valiers, dont le Roi eif le chef Ils portent un cor- don vert, avec une médaille d'or émaillée, fur la- quelle eft d'un côté l'image de S. André , & de l'autre la devile que j'ai dite. Us portent encore fur le juftau- coips,&fur le manteau, au côté gauche , une croix de S. André , cantonnée de feuilles de rue , avec le chardon & la devife au milieu, /ovf:^ Le ivlire, Orig. Ord. Equcjl. Liv. IL ch. i 0. & Juftiniani , ////?. de G il GordiniMUit.&ic. Buchanam, /(/y'T. Scct.Liv. FI & XL & Boéthius Devananus j Liv. X. dans leur Hiftoire d'Ecoire,ne parlent point de cet Ordre. S. André. Ordre militaire établi en 1608 , par Vincent de Gonzague, Luc de Mantoue. Les Chevaliers de S. André s'appellent autrement les Chevaliers du Ré- dempteur. f^Oye^ RÉDEMPTEUR. S. André, Ordre de Chevalerie en Mofcovie. Cet Or- dre mihtaire a été établi depuis peu par le Czar Pierre dit le Grand, au retour des voyages qu'ilafait en Angle- terre, en Allemagne & dans les Pays-Bas. Ce Prince, immédiatement après l'inftitution de cet Ordre , créa quatre Chevaliers. M. Printz , Ambairadeur extraordi- naire du Roi de Frulfe, étoit du nombre. La croix de cet Ordre où eft l'image de S. André 3 eft eiarichie de diamans. S. Aneré. Ville d'Ecofle. AndreapoUs. Elle eft fur la côte orientale de ce Royaume , au 17 degrés z8' de longitude, & au 57 degrés 46' de latitude, fi l'en en croitla dernière éditiond'Hoffman. Les cartes deSam- fon la font beaucoup plus méridionale & plus occi- dentale. Les Ecoffois l'appellent S. Andrews. Elle a une Univerlité & un Archevêché. On place fa fon- dation un peu après le milieu du quatrième fiècle, que S. Reule, ou Regulus Albatus , Moine Grec, apporta au Roi des Pides , des reliques de S. André : ce qui donna le nom à la ville qui fut bâtie près du lieu où il aborda; Se qui devint la capitale du Royau- me. Larr. L'Evéché de cette ville fut fondé par Ken- ^ neth Roi d'Ecoffe , après qu'il eut conquis & réuni à ■ fa couronne le Royaume des Picfes, au milieu du neuvième fiècle :& en 1474 il fut érigé en Archevêché; & Grahan, qui en fut le premier Archevêque, pritle titre de Primat d'Ecofle, qu'il a tranlmis à fes iuccef- feuts. Id. S. André. Terme deFleurifte. C'elf le nom d'une ané- mone. Anémone , à Sanclo Andréa dicia. ANDRÉASBERG. Ville de la Baffe Saxe, en Allemagne. Andredihcrga _, Andredt, mons. Elle eft dans la Princi- pauté de Grubenhagen, proche de celle d'Anhak , en- tre Goflar & Northaufcn. Les mines de fer àAndréaf- herg font fort bonnes.Ce mot fignifie montagne d'André. ANDRES. Ville de l'Anatolie piopve. AndreJIa, Elle eft vers l'Amahe , près d'Ancyre ou Angouri. ANDRI ou ANDRIA. Ville de la terre de Barri au Royau- me de Naplcs. Andria. Elle elf au couchant de Barri. Son terroir eff très -fertile, & l'on y fait de très-belle fa'ience. ANDFilAGUE. f. m. Animal fabuleux, fur lequel les Auteurs des anciens Romans ont monté leurs Héros, au heu de chev.aux. C'clt des montures fabuleufes des 1 AND nnciens Héros de rOricin que nos Romans ont pris Jeuis hippogiites, & Itnïs jîndnargucs , fur lclv,ucls leuis Ciicvaliers ont exécuté des entreprîtes li mer- vcilleules. D>.u^e coups de di(ci[,line t]U en le djune bieaà propos , lont bien plus agréables a Dieu, que deux- mille coups de lance qui tombent iur des g-:ans , lur des lutins, ou des Andnagues. Hijl. de Don (^ui- chou 3 tom. III. c. S. p. j oj. J'ai pour ma part, dit Don Quichotte a Sanclio, deux aventures que je ne donncrois pas pour la bataille de Leuctres & celle de Salamine 5 i^' tu en as deux autres que je ne te confcillc- rois pas de changer pour le ccmbat d'Amadis avec \'An- drlar.^uc , Os: poiu' celui d'Ai-uiiauiSc deGrifun avec le monltrucux Huril.;./'. T^. c. 2Q,p.j^^.j 6j. Le mot A'An- driague^onuoïx. bien être dérive des Egdeh.z des Orien- taux, qui lignitîe en leur langue des Dragons, des Chi mères & des Pégales. D'Herb. Il cft plus vrailembla ble qu il vient du grec , comme Hippogriphe , & qu'ileft compole de «•») , à'ïcff«s ^homme 3 (Scaï« , duco^ ogo. ANDRIEN, ENNE. fubft. & adj. Qui eft d' Andro. Andrïus , a , um. VAndnenne de Térence eft la pre mière Comidie de ce Poète, qui eftainli appeUée,parce que Glycénum qui en hait le principal lujet, étoit, ou plutôt palloit pour cKcAndr:ennc. ANDKIENNE. f. £ Robe a 1 iiûge des Dames Franco!- les. A la repréfcntationquife fit en 1704 de l'Andrien- ne, comédie en vers de Baron, la Demoifclle Dan court qui y jouoit le principal rôle, avoir une robe abartue avec des paremens , .^ue toutes les Dames trou vèrent de h bon goût, qu'elles en firent laire de même, & qu'on nomma dés - lors ^/ic/n'tvz/ztfj. Merc. Dec 1729. ^ ANDRIMACHIDES.Nom d'un peuple d'Afrique. Si roii en croit Alexander ab Alexandre, ces peuples préfentoient leurs filles au Roi , afin qu'il cueillit la fleur de leur viginité , avant qu'elles habitairent avec le mari qui leur etoit deftiné. ANDRINOPLE. f. f. Adrianopolis, Hadrianopolis. Il y a eu plufieurs Villes de ce nom. La plus conlidéra- bleeft une ville deThi ace, furies bordsdel'Hébreoude la Marize. On dir qu'elle a été fondée par Orefte; qu'elle fut aullî nommée Vfcudama ; qu ayant été ruinée par un tremblement de terre , & Hadrien ayant été frappé de folie, rvnaclc répondit , que peur mieux gu.rir il s'emparât de la demeure de quelque lurieux; eu Ha drieii appliqua cette réponie a la ville d'Orcfte; la fit rétablir après lagucril(n,&: lui donna lonnutn. /^^rà?- nopolïs fignifie , Ville d'Hadrien. Elle lut dans la luite métropole, lous le patriarchat de Conftantinoj-le , «î^c elle eut onze iutfiagans. Au;<. urd hui elle eft aux Turcs qui la nomment hnder ou Andernopoiu Sa longitude eft de J5 ,jo', fa latitude 45 , 20'. Il y a eu d'autres Andtinoplcs , une en Pifidie , une en Bithynie, une dans l'Etolie, une dans l'Epire, dont il cft parlé dans le Concile de Calcédoine , Afftion I. Spartien remarque t.u'Hadrien avoir donné Ion nom à plulieurs villes , & il ajoute a celles-ci Car- thage , & une partie d Athènes. ANDRIOT ou ANDBIOTE. f. m. & f. Andrïus, Qui eft d'Andros. Les Andrlotcs f^uhaitent depuis long- temps nous voir établir dans leur île. Les Andriots ne feroit-il pas mieux? Ox\ dit Cypriot & non pas Cy- priore, & les Cypriots. Au refte, quoiqu'on dife An- driot ) &z non pas Andrien , on dit cependant \ An- drienne de Térence, en parlant de la Comédie de ce Polfte , intitulée Andria. ANDRO. Ile de la mer.tgée , ou de l'Archipel. Andros. Elle eft au nord de celle de Négrepont. Cette île n'eft pas grande , mais elle eft fertile. Andro, eft aulîî le nom de la ville capitale de cette île. Andros. La ville à^ Andro a unEvêque futfragant d'A- thènes. Andro. Le golfe A' Andro eft dans l'Archipel, entre celui de ivloate-hanclo , & celui de Saloniki , dans Du Loir , & par conléquent c'eft celui que les cartes appellent Golfe d'Ajomaria,d< les Anciens Toroneusfinus. ANDROGÈONIES. f f. pi. Jeux célébrés tou. les ans à Athènes dans le lieu appelle Céramique, ^«(//v^fo/zid. AND ?4I Ils avoient été hiftitués par Mines, Roi de Ciète,ejt niLinuircdclon fiiiAndixg^e, c ue ■.uel uci/thcijtns & iViegantns avoient mhumaintinent mallacré. hlut. in Thtf. ANDROGYNE. f. m. & f. Hermaphrodite, qui a les deux le.vcs, qui eft m. de : femelle tout ei.tembie. /^/2- drogynus , Hcrmaphrodïtus. Ln grand m mbrc de Rabbins ont cru qu Adam avcit ete créé Ardiogyne ; c'eft a-dire , mâle d un côté, & lémelle de l'autre , cn- forte que c etoit deUA corps, l'un d h. mme &' 1 autre de femme, joints cnlemble par un de kurs côtes, & que Liieu ne fit que les dr^ifer en deux peur fermer Eve. Dans les Dialogues de Maron il y a une fable de VAndrogyne. Il lupp^fe que certains htmmes naif- loient doubles, & avec les deux lexes^ & parce que cette duplicité de tous les membres leur dunncit beau- coup de force &: de vigueur, ils devinrent inklens ju( ,u'a déclarer la guerre aux' Dieux. Jupiter peur ré- primer leur audace, partagea ces ^«t^ro/jv/^cj en deux j enlorre pourtant qu'il eft toujours refté à ces deux moitiés diviLes une lorte palîion de le réunir : Be-là vicnr l'amour entre les deux fexes. Pline, Liv. VII. ch, I. dir qu un certain Calliphanes avoir écrit qu'il y avoir un pénurie AAndrogynes en Afrique, &: qu'A- riftore .ajoute qu ils avoient la mamelle dioite comme un homme, & la gauche comme une femme. C'eft une fable. Ce mot eft grec, a../fi>A>i4'=',ou a'''poA>i4"v ;en latin Clariga~ tio. Naudé le prend dans un fens un peu différent , & pour ce que nous appelons repréfaUles en fait de biens feulement. La vente de fes meubles ( du Cardi- nal Mazarin) a duré, dit-il, plus de fix femaines, & a été faite la première fois par forme de confifcation ; la féconde par androlepfie , ou clarigation , à caufe des dégâts vrais, ou prefuppofés tels, que failoient les troupes du Comte de Grancé en beaucoup de maifons des habitans de cette ville; & il ajoute, Reprélailles ligiufie la même chofe que pignorationes Budso , aut Clarigationes Hcrmolao ; car pour ce mot grec d'an- drokpjie j il vaut autant dire qus pignorandi focejias en latin. 54X AND JLNDROMAQUE, £ m. Aniromacus. Nom propre d'homme. Ce mot ell grec , & fignifie , qui combat les hommes, de 0.-.^.^, iiS^li ^ homme, àc f*y/ ' combat. Andromaque. f. f. Andromachc. Nom de femme. Elle étoit tille d'Oetion, Roi de Cilicie, époufa Hetlor, meie d'Aftianax , célèbre pai- les charmes & par fa tendrelfe pour l'on époux éc pour fon. fils. C'eft aulîî le titre d'une Tragédie de l'illulbe Racine. ANDROMÈDE. Elle étoir fille de Céphée, Roi d'E- thiopie , & de Calîlopée , qui avoir eu la témérité de ie croire plus belle que Ies_ Néréides. ^ On fait comment Andromède j, expofée fur un rocher au bord o'f , hom- me j & «ixam, vaincre i & fignifie, Vidorieux des hom- mes. Quatre Empereurs de Conftantinople ont porté le nom à'Andronic. ^3" C'eft aullî le nom du chef des Androniciens j Hé rétiques du fécond & du troificme fiècle , dont on ne connoît pas trop bien la dodrine. On fait (eulemcnt qu'ils cnl'eignoient que la partie lupérieure de la tem- me étoit l'ouvrage de Dieu , & que 1 inférieure étuit l'œuvre du Diable. ANDROS. Andros. île de l'Archipel. L'île à'Andros eft à vingt lieues de Thermia. Les montagnes y font très hautes ; les vallées fort agréables y font lemces de quantité de maifons de campagne, & de beau., jar- dins, que des ruiffeaux qui y lerpentent entretien nent dans leur continuelle fraîcheur, il y a un bouig ou ville du même nom , qui a un Evcque. Let- tre Ed. ANDROSACE. f. f. Androface vulgaris. Plante annuelle, dont la racine eft menue , fibrcufe , & qui donne à Ion collet quelques feuilles couchées parterre, difpofées en rond , larges de dcmi-pcuce , longues environ de deux pouces, velues, & relevées dans leur longueur de quelques nervures , légèrement crénelées lur leurs bords , & d'un vert pâle. Du milieu de ces feuilles partent des tiges menues, \z plus fouvcnt au nombre de fept à huit, nues , velues , vcrdàttes , hautes de (ept à huit pouces, & couronnées par quelques feuilles, d'entre Icfquelles fortent plufieurs pédicules terminés chacun par un calice alfcz ample, qui renferme une fleur blanche , d'une feule pièce , taillée en forme de foucoupe & découpée en cinq parties , comme fon calice. Le piftil qui s'emboîte avec la fleur , devient une coque ronde, enveloppée en partie par le fond du calice , & s'ouvre de fa pointe à fa bafe en deux , pour lailfer tomber la femence qui eft menue , roulfe &: triangulaire. Toute la plante paroît d'abord au goût *un peu aftringente; mais ellelaiile enfuite un peud'â- creté & d'amertume dans la bouche. Elle croit en Pro- vence. Androsace. fe prenoit autrefois pour une plante marine, que les Botaniftes modernes ont nommée Acetnhu- lum _, à caufe que fes feuilles font des ballîns creux & ronds , femblables , à ce qu'on prétend , à ceux qu'on cmployoit du temps des Romains pour melurer le viriaigre. On l'appelle encore Vmbïlïcus marïnus y nombril marin, parce qu'il rcffemble aux feuilles du cotylédon , ou Umhilïcusveneris. L'Acétabulum croît au fond de la mer fur des coquilles, des pièces de bois, & lur les rochers; il eft un peu diurétique. ANDROS/EMUM. f. m. ou, Toute-Sainte. Androfa- mum. Plante dont les branches font ligneules, fou- pies, rouges, droites & ailées. Ses feuilles font deux à deux par certains intervalles, de couleur d'un vert obf- . çiir par-dellus , blanches par-delfous : elles font fera- ANE blaWes à celles du chèvrefeuille-, mais elles fortent par les nœuds, & ne (ont pas ainfi percées par leur branche. Ses fleurs font jaunes; elles reifemblent à celles de mille-pertuis; mais elles font plus petites. Elles font compofécs de cinq feuilles jaunes, qui font foutenuespar cinq autres feuilles vertes. Son fruit eft une efpèce de baie qui contient plulieurs femences menues. Androfs,mum vient de deux mots grecs , «v^/'of, génitif de a»»'? ,vi:'j '"V" , fanguis j caria plante que les Anciens nommoient Androftmum , rendoit du fuc couleur de lang. iCr ANDROTOMIE. f. f. C'eft la même chofe qu'Aii- diatomie. /^ovf? ce mot. On l'appelle ainh pour la diftinguer de la Zootomie, difleèlion des animaux. ANDUEL. ^oye^ Andéol. ANDUL adv. Vieux mot. Enfemble. ANDUSE. Ville de France. Andufa. Elle eft dans le bas Languedoc , fur le Gardon à'Andufe j à deux lieues d'Alais , & à fix de Nimes. ANDUXAR. Ville d'Efpagne. Anduxaria. Ilurgis nova. Elle eft dans l'Andaluuiie , fur le Guadalquivir, au- dcllusde Cordoue. Il y a aune lieue delà un lieu qu'on appelle Anduxar ilviejo , le vieux Anduxar, ou los Vïllares : ce font les ruines de l'ancienne Iluurgis j ou Ilurgis j détruite parScipion, parce qu'elle avoir fuivi le parti des Carthaginois. Anduxar s'eft agrandi de ces ruines. ANE. ANE. f. m. A/inus. Baudet , animal à quatre pieds & à longues oreilles, qui a de groifes babines, qui eft or- dinairement de poil gris , qui vit environ 50 ans, &C qui eft lent , patient , pareircux , laborieux & ftupide. C'eft une bête de fomme dont fe fervent d'ordinaire les pauvres gens pour porter des choux , du fumier , du plâtre, ù'c. Il y a des ânes domcftiques, &: des ânes fauvages. A Melun, en Bourgogne & en quelques au- tres lieux, il y a une pofte aux ânes. Le braire eft le propre des ânes : un <î/.'e chargé d'or, ne laiffe pas de braire. S. EvR. îl étoit défendu dans les livres de Moy- fe de joindre un bœuf à un âne pour labourer. L'une des bonnes qualités de l'âne _, eft qu'il a l'ouie très-fine, à caufe de la longueur de fes oreilles. De-la eft venue la fable du Roi Midas, à qui les Poètes ont donné des oreilles d'âne , parce qu'il ne fe pafroit rien dans fon royaume , dont il ne fut inftruit. Le nom d'âne y qui pafFe pour une injure , n'a pas toujours été fi odieux. On a quelquefois appelé ainfi des perfonnes robuftes, à caufe de la force de cet animal. Bochart. Homère a comparé Ajax accablé de traits dans la mêlée , à un âne ravageant un blé vert, alTailli à coups de cail- loux par les petits garçons du village. Perr. Un âne , le jouet de tous les animaux ^ Unjiupide animal , fujet à mille maux? BoiL. Car qui pourrait fouffrir un hic fanfaron j Ce n'ejl pas là leur caraclèrc ? La Font. Les ânes étoient la •monture ordinaire des Ifraeli- tes. . . . Pour donner une grande idée de Jaî'r , un des Juges qui gouvernèrent le peuple, l'Ecriture dit qu'il avoit trente fils, montés fur trente ânes , & chefs de trente villes. Il eft dit d'Abdon un autre des Juges, qu'il avoit quarante fils, & trente petits-hls, montés furfoixante-dix ânes. Et dans le Cantique de Débora, les chefs d'Ifraël font décrits montés fur des ânes po- lis & luifans. Mœurs des Ifraëlites. Il y a des ânes en Efpagne, beaucoup plus grands qu'aucun cheval , tic fi furieux , que pcrfonne n'en fauroit approcher pour les panfer, fmon ceux qui en font métier ; & ils braient fî épouvantablement, qu'il n'y^a point de Hon qui falfe plus de bruit. Newcast. ^Jd" Ane , fignifie figurémentun homme qui ne fait rien, & qui par difpotîtion d'efprit , n'eil: pas fulceptible d'inftrudlion. fer On eft âne par difpofition d'efprit, & ignoraait par défaut d'inftrudion. ANE l^ L'Ane a pu s'appliquer à l'étude, mais fon travail a été inutile. §3° L'ignorant ne s'eft pas donné cette peine. A quoi bon parler Icience devant des ânes ? Leurs oreilles ne ionr pas faites pour ce langage. Ce n'ell pas toujours inutilement qu'on en parle de- vant des ignorans. Ils peuvent profiter de ce qu'on dit. Les ânes , pour l'ordinaire ne connollFent , ni ne fentent pas même le mérite de'la tcience. Les ignorans fe le figurent quel quefois tout autre qu'il n'eft. Syn. Fr. Ce mot à' âne vient à!afinus y que quelques-uns tirent du grec «jivk's , Innoxius ; d'autres è! à-t,a.'i.iu , trïjlem cffe. Cet anmial eft mélancolique. Mais le P. Pezron prétend que ce mot eft tiré des Celtes, qui dilent afcn, pour un âne. On appelle pont aux ânes , une difficulté qui arrête ]es ignorans , une chofe fi commune & ii triviale que perlonne ne peut l'ignorer. Quelques-uns font d'avis tout contraire, ^ l'origine de ce proverbe au mot Martin. On appelle un homme qui chante mal , un rojlgnol d'Ar cadie ; c'ell-à-dire , un ignorant : de un gros«/2d' d'Ar- cadicj à caufe qu'en ce pays-là on fit ouvrir un âne qu'on accufoit d'avoir mange la lune, parce que Icn image dilparut dans l'eau où il buvoit au temps d'une Ecliple. On dit aulîi d un grand mangeur , qu'il s'ef- crime bien des armes de Caïn, ou de Samfon, ce li- a-dire , d une mâchoire d'iî«e. On appelle aullile talk, le miroir des ânes. Voyez ci-delîus l'âne de Buridan. Pour moritrer qu'on néglige ordinairement le bien com- mun, pour ne longer qu'a les intérêts partieuhers, on dit: Z'âne de la communauté j Eft toujours le plus mal bâte'. Dans l'Orient on fe fert des ânes, pour faire voyage , aulli-bien que des chevaux i!i: des chameaux, parce que c'eft une voiture fort douce & fort commode. Il y a en Perle & ailleurs des ânes fauvages , qu'on appri voife , & dont on le fert comme des autres. Le Roi de Perle en a dans les écuries, & un jour un EfpagnoUcs voyant richement enharnachés & rangés dans la cour du palais , comme il le piratiquoit dans le pays les jours qu'un Ambalfadeur doit avoir audience , il per- dit la gravité & le mit a rire. Un Officier de la coiu lui en demanda la rai Ion : l'Elpagnol répondit, qu il rioit de voir traiter avec tant de diftinclion des ani maux qu'on traite avec le dernier mépris en Elpagne. Le Perlan répliqua ■■, « C'eft que les ânes font fort com- '•> muns en votre pays , & nous les trairons avec dif tindi on , parce qu'ils font rares dans le nôtre. ANÉANTIR. V. a. Réduire au néant , détruire abfolu ment l'exiftence d'une chofe. Adnïhïlum redïgere ,De 1ère penhùs , Funditùs extinpuere. Les corps naturel changent de forme ; mais ils ne s' anéantirent pas. De grandes villes ont été anéanties par les guéries , par les embrafemens. Le temps anéantit toutes choies. La grandeur romaine s'eft anéantie , il n'en refte plus que l'ombre. Ce mot vient de l'on primitif /2e.?/?r. Il eft op- pofé à créer, du néant faire quelque chofe. Anéantir, fe dit figurément par exagération en parlant de diverfes chofcs. Ce prince :\ anéanti lontes les lois. Il a anéanti pluiîeurs grandes maifons pour en élever d'autres. Ils anéantiJJ'ent la morale chrétienne. Pasc. L'opinion de la deftinée irrévocable va.k anéantir tour le culte de laRéhgion, & à éteindre l'amour des ver- tus. PoRT-R. Il y a des gens qui brillent dans l'adion & dans le mouvement , ëc que le repos obfturcit & anéantit. Bouh. Un torrent de feu l'embraje. L'horrible poids qui l'écràfe Ne le peut anéantir. Anonyme , Ode fur l'Enfer. t^ Anéantir, eft aulh réciproque , ôc fignifie/d diffi- per , fe redtùre à rien. Cet homme avoit amailc de grands biens, «Se mis de grandes charges dans fvmai- ^_ Ion ; mais tout cela s'eft anéanti avec le temps. fCF Au figuré , les paillons s' anéantirent ^ c'elf -a-dire , fe dijfipent, s'éteignent. s'Anéantir,^ en rennes de dévotion , lignifie aulfi, s'hu- milier extrêmement par la connoillance qu'on a de Ion néant. Ex intima fui contemptu propè ad nikHum ANE defceniere 3 Ahficcre fcyfe demlttere. Saint Paul dit que le Seigneur s'eft anéanti lui même en fe failànt homme , &: en prenant la forme d un elclave. C n af- fecte des diftinclicns dans les cgliles mciTies où doit ^'anéantir toute la gloire humaine. Flech. Les Saints s'anéantij^ent continuellement en la prelence de Dieu. NiCOL. ANEANTI, m part. ANhANTISSEMENT. f. m. L'adion de réduire une choie à rien , de dvinuire ablclument lon^exiftcnce. Extinclio. Il n'y a point d'entier anécntlfjement dans la nature : Dieu leul peut faire cette lorte A'anéantif fement. Epicure, qui étoit il peiiuadé de l'anéantf- fement , ne laiiie pas d'être inquiet de ce qui fe palfera après lui. Bayl. Il le dit aulîl figurcmcnt de rabaiircmcnt d'une for- tune élevée , du renverlement, de la dtftmcticnd'un empire, d une monarchie , d'une famille: Cette fa- mille eft tombée dans \ anéantiffemcnt. La chute & lanéantijjcment des trois premières monarchies. AnÉantissemïnt , le dit figurcmcnt en Morale de l'a- baillcment dans lequel on le met devant Dieu, ^'i^m- mus fut contemptus. Uanéai.tijjement de Ici-mémc devant la Majefté divine. Etre dans un continuel anéan- tifement devant Dieu. Cd' ANECDOTE, f. f. Ce mot déligne quelque parti- cularité hiftciique & fecrtte que les Hiftoriens pré- cédens avaient omile ou lupprimée par des railons particulières. Anecdote curieule. La plupart des anec- dotes font fatyri^ues. $Zi' ANECLOTts , au pluriel , défigne le détail de ces lorres de particuiarités, omiles eu lupprimées, & qui peut-être ne devroient point paroitie au jour , parce qu'on y parle bu avec trop de liberté , eu avec trop de fincérité , des moeurs, & de la conduite des perfonnes du premier rang. Anecdota , h erum à princivitus vi- ris clàm ac fecnt'o geilarum hiforia. Procope , l'Hif- torien, a ainli intitulé un livre qu'il a fait contre Jufti- nien éc fa femme Tnéod^ia. C'eft le feul des An- ciens qui nous air lailfé des Anecdotes , & qui ait montré les Princes tels qu'ils étcient dans leur dcm.ef- tique. Varillas a fair les Anecdotes j ou 1 hiftoire le- crête Se la mailon de Médicis. Anecdotes, fe dit auill des ouvra.ges~ des Anciens qui n'ont pas encore été imprimés : ainll M. Muratori a mûxvXc Anecdotes grecques, Anecdota grs.ca y les ou- vrages des Fercs Crées, qu'il a tirés des bibliothè-^ues pour les imprimer la première fois. Le P. Martene a donné le Ehfvurus Anecdotorum novus , infol. f roi, C^ Anecdote, eft aulll employé adjeétivement. L'hif- toire anecdote , eu les anecdotes de Procope. L'hiftoirc anecdote de la Cour de Louis le Grand. Ce mot vient du grec dny.fna. , qui hgnifle , cliofes qui n'ont pas paru , qui ont été tenues leciètes , cjui n'ont pas été données au public. ANiiE. f. f. La charge d'un .ane, ce qu'il porte à chaque voyage. Afni onus. Une ânée de vin, une ânée de fruits. Ce mot n'eft en ufage qu'a la campagne , & dans les provinces. •;CF C'eft aufil une irsefure de grains & de vin dans quel- ques endroits , comme dans le Lyonnois , où l'ânée de vin contient 8o pintes , & l'ânée de grain, fix bi- chets du poids de 50 livres chacun. Anée. Terme dont on le lert en quelques provinces, pour lignifier un arpent de terre , c'elVà-dire , la valeur de cent mefures carrées de celles qui font en ufage dans le pays. Ce mot s'eft formé d'âne , ou à'afnata , que l'on trouve dans la lignification .d'wTzee j comme le P. Pa- pebroch l'a remarqué. Acl. Sancl, April. Tom. II. pag. 260. B. ANEGADA. île d'Amérique. Anegada. C'eft une des Antilles. Elle eft dans la mer du Nord , environ à quinze lieues de celle de Porto-Rico. ANEGRaS. f. m. Mefure de grains dont on fe fcrtàSé- ville & à Cadix , en Elpagne. Quatre anegras font un cahis. f'^oyej Anageos. AN EL^ Vieux f. m. Anneau. ANEM. f. m. Ancienne ville de la Terre-Sainte. Anem. Elle ANE Elle ccoic dans la tribu d'Urachar, Se fat. attribuée aux Lévites. Dans Joluc, XXI. zp , elle cft appelée En- gannim. 0- ANÉMASE & ANÉMIE. Foyei An/Emase & AnClmie. Ip- ANEMOGRAPHIE. f. f. Dcfcriptioii des Vents. ^ncmographiu ; motcompolédu grec yfàd/u,^ décrire , & a.(/xos , vent. \J Anemographie ell: ablolument néccf- laire pour l'intelligence de la Carte marine & pour la navigation. ANÉMOMÈTRE, f. m. Inftrument qui fert à mefurer la force du vent. Machine qui marque continuclle- ment lur le papier, non-leulement les vents qu'il a fait, &: à quelle heure chacun a commencé & fini ■■, mais aulli leurs dirtérentes viteiles ou f-orces relatives. M. d'On- lenbray, de l'Académie des Sciences, lut un Mémoire à la rentrée de l'Académie de l'année 1734, lur la def- cription tk les ulages de cette machine. Pour en avoir une idée , voye'^ le Mémoire & le Mercure de Juin 1734- [ANEMOMETRIE. f. f. L'art de mefurer le vent. Jne- momeaia. Caramuel traite de \Anemométrïc. Ce mot vient d'«»(/*o«, vent., ^/^fV"» mej'urc. (ANÉMONE, f. LAnemone.U anémone ^to^ïciwcntàizz, chez les Fleuriftes , eft une plante qui a fes racines jîoueufes , tubercules, d'où nailîent des feuilles qui font tantôt arrondies , tantôt fendues en trois ou c^uatre leg- mens , & tantôt découpées fort menu. Du milieu de ces feuilles s'élèvent des tiges nues julque vers leur mi- lieu, où (ont attachées trois feuilles, quelquefois qua- tre , qui n'ont point de pédicule , & qui forment par une baie allez large un colet aux tiges qu'elles embral- lent : le haut des tiges foutient une Heur à plulieurs pétales , dont la couleur varie à l'infini; & il n'y a point de couleur bilarre qu'on ne trouve dans \ anémone ; lien n elf plus charmant que le doux mélange des cou- leurs qu'on oblerve dans quelques-unes de ces iicurs. On appelle anémone fimple , celle qui outre ces péta- les colorées donne feulement des étamincs d'un violet obtcur qui environnent le piftil , dont toute la lurhice cil chargée d'une infinité de (emcnces menues, enve- loppées d'une coiffe cotonneule. Anémone double , eft celle qui au lieu d'étamines, n'a que des béquillons qui font cjuelquefois Heurdelilés , (?cqui ne lont autre choie que les étamines de la fleur hmple aplaties & agrandies , leurs lommets étant avortés. Cet amas de béquillons eft nommé la Peluche j & par quelques Fleuriftes la Panne ■ mais comme fouvent toutes les ctamines n'avortent pas, elles forment aullî entre les pétales de la Heur, & la peluche , ce qu'on appelle le cordon de l'anémone ; il eft tantôt compolé de petits lîlamens plats & courts , tantôt grenés ; & on le nomme cordon grené. On dit , le vale & le calice de la Heur , pour exprimer l'épanouiiremcnt de la Heur d'une ané- mone.h^. culotte êînno. anémone 3 c'eftlanaiHance des pétales ou feuilles de la Heur , comme le manteau elf l'extrémité de ces mêmes pétales. On dit, la culotte de cette anémone elt bleu violet , & le manteau tire lur le blanc. La tanne de l'anémone lont les feuilles. Une anémone doit être bien dômée pour être belle , c'eft- à-dire, que fa peluche doit être bien arrangée, faire le dôme , Se couvrir en partie les pétales qui la foutien- iicnt. I'f3' La peluche doit être garnie de béquillons larges & arrondis parle bout, qui ne s'engagent point entre les pérales de la Heur. Le cordon doit un peu le faire voir ik ne point déborder , excéder les premiers béquillons , ni frire le bourlet par Ion épaiHeur. Quand le cordon eft de plulieurs couleurs diftérentes de fa pe- luche, l'anémone en eft plus belle. fCF Béquillon vient du mot bec , à caufe de fa relfcm- blance. On dit un béquillon Heurdelilé , lorlqu'il cil un peu découvert à Ion extrémité. Quand les béquil- lons lont étroits, on appelle l'anémone un chardon. La tige de l'anémone doit être balTc & bien garnie. L'oi- gnon ou hulhe, A' anémone s'cippclle patte. Il y a des anémones de jardin, & des anémones fau- vages -, & l'on en voit quantité de l'une & de l'autre forte, que l'on ne fauroit diftinguer que par la couleur & par la multiplicité de leurs feuilles. Il y en a de rou- [ Tome I, ANE j4^ ges, de blanches , de violettes , de bleues, de pana- chées, &c. Ces couleurs différentes leur ont fait don- ner beaucoup de noms pour les diftinguer. La Calle blanche , eft celle dont la houpe eft incarnate-, la f/tz/z- dre blanche , celle dont la hcupe eft verte ; la Sermo' nette blanche, celle dont lahuupeell cramoili converti le Cayctan colomhïn , cil blanc ; le Salvïan , blanc , marqueté d'incarnat ; le Parificn , incarnat & blanc \ le Galltpol j panaché blanc ; le Turc ou Bi-^antln , couleur de rôle ; le Martelé , celui dont les feuilles lont couleur de paille fouertée de cramoili , & la coupe de même couleur; l\ Merveille de Bretagne , moitié blanc, moitié cramoili. Il y a encore le S. André j le S. Charles j Matedot , l'Albret , le Paffe-Albret , la rouge à peluches , la. violette , la couleur de pécher , la Plamette , la Tricolor , la Chalcédoine ., l'Orbat j h Régale , la Lire , la Perche ôc la Couleur de feu. Il y a deux fortes d'anémones j l'une qui a la feuille de delfous étroite & tranchée comme celle de la co- riandre ; ëc celle de deftus dans le tour de la Heur, lar- ge , quelquefois double , quelquefois fimple. L'autre au contraire a la Heur de deftous large , Se faite conaine celle du perfil , & étroite par en-haut, & eft fans hcu- pe. Les Jardiniers de ce temps appellent celles-ci Ar- gémones. Les anémones nuancées lont rares & precieu- les ; les veloutées lont aulli des belles; les panachées lont préférables aux pures , pourvu qu'elles aient les autres qualités de la beauté. Les ternes font méprifées. •.Il y en a cependant de bizarres Se de brunes qui font très-eftimées ; mais il faut qu'elles (oient luftrées. L'anémone eft médicinale ; elle purge le cerveau , attire les Hegmcs , Sec. Voye\ Matthiole , Se Chcmel, Diclion. écon. Une anémone , avec ce mot, Gloria vento difcuti' tur y dans Ferro; ou celui-ci dans Picinelli , Tenui dif- cutitur aura;, a (ervi de devi(e peur exprimer la fragi- lité de la beauté. Tenui corrumpitur aura (eroit mieux. Et avec ce mot, Brcvis efi ufus , on a marqué la fra- gilité de la vie. Ce mot vient du grec «vfuof, ventus , Se cette Heur s'appelle en grec, i^i^'i» , qui Hgnifie, Herbe du vent y parce qu'elle ne s'épanouit que quand le vent foutfle , à ce que dit Pline ; ou parce qu'elle fe trouve dans des lieux expo(és au vent, ou parce que le vent eft propre à la frire éclore. Hélychius , dans fon Diclionnaire , comprend fous le nom d'anémone routes les Heurs qui (onr de courte durée. Se qui lont facilement abattues & gâtées parle vent. D'autres dilent que cette Heur a été ainli nom- mée , parce que (es (emences lont ailément emportées par le vent. Ovide , dans (es Métamorpho(es , & Ni- cander, cité par le Scholiafte de Théocrite (ur l'Idille 5 , font naître l'anémone du (ang d'Adonis. Tzerzês , fur Lycophron , dit que le (ang d'Adonis tomba lur des anémones , Se que fes Heurs , qui auparavant étoienc blanches, en prirent la couleur rouge. ffT II n'y a pas long-temps que cette Heur eft connue en France. M. Bachelier, fameux Flcurifte, l'apporta des Indes le (îècle dernier. Les anémones fimples peuvent fe planter toute l'an- née; les belles anémones ne fe plantent que depuis le mois de Septembre jufqu'à la fin d'Avril. À moins qu il ne falfe un temps humide, il faut les mettre dans l'eau pendant un jour, avoir de la terre bien préparée, avec de bon terreau bien vieux, & de bon (ablon, le tout bien mêlé. Se (oit en pot, (oit en pleine terre , s'il fait (ec Se qu'il ne gelc point, arrolez les un peu; s'il gelé il faut les couvrir. Se quand le loleil paroit , les décou- vrir; h elles font en pot, il faut mettre les pots en terre jufqu'au bord, & ne les en point tirer , que les anémo- nes ne foicnt prêtes à Heurir. Aux pays froids, où les hivers font longs Se rudes, comme en Picardie Se en Flandre , on replante les anémones en Novembre par un beau jour, le $^ ou 6^ jour de la lune , dans des pots que l'on met dans une lerre expoléc au midi. Quand les pots (ont petits, il faut dépoter les anémo- nes après l'hiver , Se les mettre en pleine terre , bien proprement , fins rompre leur gafon ; leurs Heurs en leront plus belles. En M.ars il faut les arrofer quelque- Xx 4é ANE fois; en Avril fouvent, & de même jnfqu'àce qu'eîles foient en pleine licuv. Alors il iaut les mettre a l'am- bie, &: les garantir de la pluie, afin qu'elles durent plus long temps. Lcsanémones le doivent lever de terre tous les ans auliltôt que le fanage eft fec , prenant loin de ïes nettoyer de la pourriture qui s'y trouve , la coupant jufqu au vif de leurs bulbes. Les bulbes d'anémone te gardent deux ou trois ans en lieu fec fans les replanter. Il y a des Jardiniers qui parmi la terre mettent pour les anémones de la glaize , ou forte terre qui a pdlé un hiver à l'air. Elles y profiteait merveilkufement. Les Perfans appellent les anémones 3 Laleh Defchet & Laleh Gouhi, Tulipe de campagne , & de monta- gne; c'cft à-dire , fauvagc & non cultivée. Les Arabes les noïameiit Se hacùik al Noôman j c'ell-à-dire , Fleurs ■découpées , ou panachées de Noôman ; à caufe que ce fut Noôhian, Roi d'Arabie , qui les tranfporta le pre- mier de la campagne dans fes jardins , & qui en a fait le premier la culture. Ce nell peut-être cependant qu'une allufion du nom de ce Roi avec celui à'ané- mone. D'Herb. Cette allulion a pu fuftlre aux Arabes , pour dire , (ans autres preuves , que ce Prince fut k premier qui cultiva ces Heurs. Voye^ (ur les anémones le Traité de la culture des fleurs ^ P. IL après la Qiiin- tinie, Tom. IL Anémone, chez les Botaniftes, eft un genre de plante , qui comprend non-ieulement les anémones des Fleu- riftes , mais encore plulieurs autres qu'ils ne cultivent fias. On diftingue la renoncule d'avec ['anémone par la lemence , qui dans celle-ci eft enveloppée d'une coiffe cotonneufe , ce qui ne s'oblerve pas dans l'autre. fer ANEMONCÏDE. f. f. ANEMONOÏDES. Quel ques uns delignent par ce nom plulieurs plantes qui ont de la reilemblance ^vec fanémone. ANLMONCSPERMOS. f m. Plante qui a un calice hémitphérique , écailleux. Sa fleur eft radiée , la graine eft garnie de beaucoup de duvet, cotonncuie comme celle de l'anémone. Miller en compte quatre efpèces , & Boerhaave fix. Elles ont été apportées originaire- ment du Cap de Bonne Elpéraricc, en Hollande, par pa renverlé à droite, & d un "X. renverfé à gauche , & d un monograme de Jesus-Christ, avec un A à droite, & un ii a gau- che, que cet Auteur appelle ZaZ-tzri/OT. Les Chapelains la portent au côté droit, & non pas de velours, mais de drap cramoifi. Ils prouvent quatre quartiers. Le troiiième ordre lont les Chevaliers lervans , qui por- tent la Croix rouge , mais coupée & non tleurdeliléc par en haut , &c lans autres lettres que celles du La- barum , qui le voit au centre. Il prétend que S. Léon parle de cet Ordre dans la lettre qu il écrivit l'an 4j6, à l'Empereur Marcien , & au Prince Alexius Angélus Flavius, alors Grand-Maitre de cet Ordre. L'Empe- reur LéonI, lui accorda de grands privilèges en 489. Cet Ordre rendit des lervices lîgnalès, lelun le même Auteur , en 6 1 j , contre des hérétiques qui ravagèrent la Perfe ; cntuite dans les Cioifades de la Terre-Sainte, & contre les Albigeois. Enfin en 1 191 , Ilacius Angélus Flavius Commenus, Empereur de Conftanrinople, le rétablit ; il lalloit dire linftitua. Car que Conftantin l'ait inftitué , ou même qu'en ce temps l'on connût ce que nous appelons des Ordres militaires; c'eft une fable. Michel Paléologue le confirma en 1293 & 1294, & Paul III en 1540 & 154J, aulli-bien que plufieurs de les fuccelfeurs , qui lui ont accordé diftérens privi- lèges, que cet Auteur rapporte. ï^oye-^ le ch. III de la (econde édition, qui eft in-fol. à Venife en 1692. Angéliques. Saint Epiphane& Saint Auguftin font mer>- tion de certains Hérétiques appelés Angéliques , parce qu'ils rendoient aux Anges un culte exceftif & qui tendoit à l'idolâtrie. S. Epiphane néanmoins dit qu'on leur donna ce nom , parce qu'ils croyoient que le monde avoir été créé par les Anges. Angéliques. Nom de Religieufes fondées en Italie par Louile Torelli, Comtelle de Guaftalla , ce qui leur a fait donner le nom de Guajlallines. yoye^ ce mot. Angellca, Cuajlallina monlalls. Angélique, f. f. Inftrument de mufique à cordes, qui eft compofé du luth , & du théorbe. Angélique, f. f. C'étoit le nom d'une danfe des anciens Grecs, qui fe danfoit dans les feftins. Elle étoit ainfl appelée du mot grec àï-.tA»! , Nuntius , Melliigcr , parce que ceux qui la danloient, étoient habillés en MelTagers , comme Pollux nous l'apprend, Liv. IV ^ ch. I ^. /'"oyeij- aulîi Hèfychius au mot àtyiKi^on il faut corriger aT^fAixii', félon la remarque de Meurlîus. Angellca faltatio. Angélique de Bohème. Imperatoria fativa. Injl. R. Herb. Sa racine eft épaifte d'un pouce S< demi , ou de deux pouces , divifèe en quelques branches garnies de libres chevelues ; fon écorce eft brune , ridée. Sa fub- ANG ftance intérieure eft blanche , molle , piquante âu goût, acre, un peu amère & fort aromatique. Ses feuilles font tort amples , & comme compolces de pluileurs petites feuilles rangées lur une côte branchue termi- née par une feule feuille , crénelées lur les bords , molles , vert gai en dclFus.plus pales en dellous , ëc d'une odeur & d un goût un peu forts & ambrés. Ces feuilles font portées par des pédicules branchus_, teints d'un peu de pourpre. La tige qui s'élève d'entre ces pé- dicules eft haute de cinq a fix pieds, creufe , légère , noueufe , branchue , cannelée, rouge à (a naillance , d'un vert pâle & cendré à fon extrémité, & garnie de quelques feuilles beaucoup moindres que celles du bas : elle fe termine en des ombelles de fleurs blanchâ- tres. Ses femcnces font aplaties , prefque ovales , légè- rement rayées l'ur-lc dus , ik. comme bordées par une aile très-mince. Ses feuilles, fes tiges & les (emcnces, ont une odeur fort agréable. On confit les pédicules f|"ï»'f , /lUjëcc. &qui ont la plus grande partie de leur graine entourée de trois tcgu- mens. Angiofperme vient d'''j5 6~iv , valjjcuu ^ & de c'nif/i.a.^femence. A'yfin:77nf{iO! , Le mufle de veau ell Angiofperme. ANGIOTOMIE. f. f. Dilîedion des vaiireaux. De «> - >'^»> > vaïÇfeau , Sc Tt/^i , diU'ecIcon. ANGISCOPE. f. m. /'-'bjveijMicRosccpEjc'efllamcme choie. ANGITOL A. ( La Rocca d' ) c'eft-à-dire , la Roche d'Jn- gitola. Bourg de la Calabre ultérieure , au royaume de Naples. Angitula. Il ell: au nord de la ville de Moii- teleone , fur une rivière aulli nommée Angitula , qui le jette peu après dans le golle de Sainte Euphémie. Angitola ell: la Crïffa des Brutiens. ANGLE. 1. m. Terme de Géométrie. C'eft l'inclinaifon de deux lignes l'une vers l'autre , qui enfin le coupent en lerencuntrantj ticiowxX angle au point de leurinter- lection ; l'ouverture que forment deux lignes ou deux plans qui le rencontrent. Av.gulus. L'angle droit le forme , quand une ligne tombe perpendiculairement fur une autre. Reclus _, normalis. Mais quand elle tombe obliquement, & qu'elle ne s'approche pas beau- coup, elle tonne i\n angle (\n\ s'appelle obtus. Obtu- Jus. Et 11 elle ell fort inclinée, elle forme un angle aigu. Acutus. La grandeur des angles le melure , non par la longueur des lignes qui les font , mais par leurin- clinailon. Un anole recliligne ., eÛ: celui qui le fait par la rencontre de deux lignes droites inclinées lur le même plan. Rcclilineus. Il ell: d'un plus grand utage que les autres. Ainfi quand on dit un angle limplement , cela s'enterid d'un angle rectiligne. Le curviligne cil celui qui le fait de deux lignes courbes. Curvilineus. Angle mixte i ou mixtiligne, ell un angle formé d'une ligne droite & d'une liene courbe. An^ulus mixtus. Angle plan, ell celui qui te fait lur une luperhcie plane. y^«- gulus planus. Celui-ci fe fait en plufieurs manières , qui ont des noms différens chez les anciens Géomè- tres. On appelle , Angle cornu y celui qui le fait d'une ligne droite qui touche ou qui coupe un cercle, ^«^z^- lus cornutus. Angle lunulaire , qui ell: en forme d'un croilfant , qui le fait de deux lignes courbes qui le coupent , dont l'une ell convexe , & l'autre concave. Angulus lunularis. Angle dans un fegment , ell celui qui fe fait par deux lignes droites tirées de deux extré- mités du legment par quelque point de la circonfé- rence. Angulus in fegmento. L'angle d'un legment ell l'angle que fait la circonférence d'un cercle avec une ligne droite. Angulus fegmenn. Angle cijjoïde _, ell l'angle intérieur qui le fait de deux lignes circulaires convexes qui le coupent. Angulus ciJJoidcs.AnglcfJ- troïdcs j qui a la figure d'un iillrc. Angulus fifiroidcs. Pclecoïdc j qui a la figure d'une hache , ou d'une co- gnée , &c. Angulus pelecoïdes. Angle fpheriquc , cil celui qui le frit fur la furface d'un globe par l'inter- feclion de àeuyi^ïiLnÀsccx.c\ei. Angulus fphâiric us. An- gle folide , qui le fait par plus de deux angles pl^ns , qui ne font point dans la même luperficie plane, c\: qci aboutilîenr à un même point. Angulus foUdus. Angle de polition. Angulus pofitionis. Les angles fe melurent par les degrés d'un cercle divilé en 360 de- grés , dont le centre ell dans l'interfeclion de leurs lignes. Ainli on dit, un angle de 60, de 90, de 120 degrés, &c. L'angle le délîgne ordinairement par trois lettres, dont celle du milieu marque le point où les deux lignes fe touchent. Le point 011 les deux hgnes fe coupent , s'appelle point de l'angle. Apex anguli. An- gle au fommet , ell celui qui dl oppolé à la bafed'un triangle. $5" EnPhyfique& enMéchaniquc on appelle (7/?r'ir d'in- cidence , celui que forme la direction d'un corps avec le plan fur lequel il tombe. H cil droit, aigu , obtus. Angulus incidcntia. (fCT Angle de dircclion, celui que forment les lignesde Tome I. ANG ■ 5n deux forces ou puilfances confpiraiVtes , c'ell- à-dire j qui concourent au même effet. ÇCr Angle vifuel. C'eft celui luus lequel l'œil voit 1« deux extrémités d'un objet. fC? Angle de refiexion,deréfraclion.YQyez ces MOXSi M. de Lagny a donné une nouvelle méthode pour melurer les angles. 'Voyez iHiJl. de l'Acad. des Sa, I /^4i & les Mémoires de la même année , p. 241. Il juge cette méthode alfez importante pour en faire une icience nou\elle qu'il nomme Goniometrie. Voyez ce mot. Angle, en termes de Fortifications , fe dit de celui que forment les diverles lignes qui lerventà fortifier. L'an- gle du centre ell formé dans le centre du polygone par deux demi diamètres, qui de-là vont aux deux extré- mités les plus proches du polygone. Angulus ccntri po- lygoni. L'angle du polygone, ell celui qui fe fait à la pointe du ballion par la rencontre des deux baies , ou. des deux côtes du polygone. Angulus polygonus. L'an- gle du flanc, ou de la courtine , ell celui qui a pour lés côtés le flanc , & la courtine, lur laquelle il tombe à plomb ordinairement. Angulus aU & cortinn. L'an- gle flanqué eil la pointe du baftion , ou le concours des deux faces du ballion. Angulus propugnaculi. L'angle flanquant extérieur , on V angle de tenaille , cft celui qui leroit fait des denx faces des ballions , fi elles étoient prolongées. Angulus decuffationis. L'an- gle flanquant intérieur j ell: celui que lait la hgne râ- lante lur Xi. zouiùnz. Angulus dcjenflonis interior. An- gle de l'épaule , ell celui qui ell formé par le flanc & la face du ballion. Angulus humcri. Angle diminué y ell \ angle que fait la face du ballion avec le côté ex- térieur du po'vgone. Angulus imminutus. Angle /ail- lant _, que quelques-uns appellent , Angle vif, ell ce- * lui dont la pointe ell en dehors de la place , ou qui prélente la pointe vers la ca.mpa.s,ne. Angulusprominens.. Angle rentrant , ou Angle mort , autrement ^«^/e de tenaille , ell celui dont la pointe rentre dans le corps de la place , comme ceux des petits forts, qui ont la figure d'une étoile. Angulus recedens. Angle. Terme d'Aflrologie judiciaire, qui le dit de l'af- cendant du milieu du ciel , de l'occident & du bas du ciel, c'efl-a-dire, de la première, de la dixième, delà fcptième & de la quatrième mailon. Les planètes qui font lur la pointe des angles dans une figure de nati- vité , ont toujours beaucoup de force , principalement celles qui lont fur la pointe du milieu du ciel & de l'af- cendant. Angle , terme d'Anatomie, fe dit des coins des yeux , qui font les endroits où la paupière de delfus s'alfem- ble avec celle de delfous. ils lont deux , l'un auprès du nez , nommé le grand angle , ou 1 interne; & l'autre vers les temples, appelé le petit angle , ou l'externe. DiONIS. En Architeélure, ['angle d'un mur, ell le point, où l'encoignure , ou les deux faces , ou fes deux cotés , viennent à s'unir, & à le terminer enlemble. En géné- ral, les ouvriers appellent angles , les pièces d'encoi- gnure qui fervent dans les compartimens. Angle de pa- veur, ell la joncfion de deux revers de pavé, laquelle forme un ruiileau en ligne diagonale dans k angle ren- trant d'une cour. Daviler. On appelle en termes de guerre, les angles d'un bataillon, les foldats qui terminent les rangs & les files, ou qui font fur les ailes d'un corps rangé en bataille ; les coins d'un bataillon : (k on appelle , émcufler les anqles d'un bataillon , quand on retranche les hom- mes qui font aux quatre encoignures, enforte que d'un bataillon carré on en fafle un o6logone, qui prélente par- tout des piques , fans lailfer aucun intervalle vide. Ce mot angle vient du mot latin angulus. |CF ANGLE , ou ANGLES. Anglu. Petite ville de Fran- ce, en Poitou, fur la rivière d'Anglin, fur les confins de la Tcuraine, à neuf lieues de î^oiriers. {'Cr Angle, ou Angles. Petite ville de France, dacis le Languedoc, près de la rivière d'Agout, au diocèle de Cadres , environ à quatre lieues de Saint-Amand de Vakoret. ÇCT Angles , peuples venus du feptentrion de l'Allema- Yy 35'4 ANG gne , ■d'où il pafTa en Angleterre , à laquelle il donna l'on nom. Il fe divifa aifuitc en Angles orientaux, Eajl Angles 3 & occidentaux, Wejlangles. JVNGLÉ. adj. Terme de Blalon, qui le dit d'une croix , ou lautoir, quand il y a des figures mouvantes qui ior- tent de fes angles : comme la Croix de Malte des Fran- çois eft anglée de quatre Heurs-de-lis. Crux cujus ex angulïs lïlia prodeunt. !ANGLEN. Contrée du duché de Slef-wick, dans la balFe Allemagne. Anglïa. H eft entre la ville d€ SleiVick , celle de Fleusbourg , & la mer Baltique. Ce font les iiabirans de ce pays qui conquirent au V^ fiècle la par- tie méridionale de l'île Britannique, & lui donnèrent leur nom. fO° ANGLER. V. a. En termes d'Orfévrc en tabatières. C'eft former exadtement les moulures dans les plus petits angles du contour, à l'aide du marteau & d'un cifelct gravé en creux de la même manière que la mou- lure en relief, ou gravé en relief de la même manière que la moulure en oreux. Cet ouvrier angle bien une tabatière, ip" ANGLE, ÉE, part. ANGLESEY. île de la mer d'Irlande. Mona, L'île d'^«- glcfey eft fur la côte du comté de Caërnarvan , dans la principauté de Galles , Se n'en eft {épatée que par un petit détroit , qu'on appelle le Détroit de Menay. Les anciens Bretons appeloient cette île Mon ; les An- glo-Saxons s'en étant r-endus maîtres , lui donnèrent le nom à'Anglefey. ANGLET. f. m" Terme d'Architeditu-e, Petite cavité feuillée en angle droit , comme font celles qui féparerit les bolfages , ou pierres de refend. ANGLETERRE, f. f. Anglia. Nom de la partie méri- dionale de l'île de la grande Bretagne, depuis les côtes de la Manche julqu'au mont Chériot, & aux rivière? de Solwai & deTwede qui la léparent de l'Ecoife. Les Anglois la nomment Engleland ^ qui eft la même chofe qu'en François Angleterre ■, c'eft-à-dire, terre des An- glois. Elle a pris ce nom des Saxons-Anglois , qui la conquirent au V* fiècle. Avant cela on avoit appelé Angleterre i Engleland , Anglia , le pays que polfé- doient ces Anglois , le Holftein & le Jutland ; & quel- ' ques Auteurs prétendent qu'il tut ainfi nommé du mot allemand, ou teutonique, Eng , qui fignifie Angulusy angle , coin , ou Anguftïs. y lieu étroit ou (erré , & de landy terre, parce que ce pays étoit très-étroit. Ils veu- lent encore que \ Angleterre air été appelée du même nom à caufe du peu de largeur de l'île \ mais cela ne paroîc pas vraifemblable j car les Saxons durent s'y trou- ver fort au large , en comparailon de cette Angleterre, dont les Danois les avoient chalfés : ainii il eft plus pro- bable qu'on appela la Bretagne Angleterre y^zxzQ qu'elle étoit devenue la terre des Anglois, Ce fut Egbert , pre- mier Roi Saxon , qui monta fur le trône en 80 1 , qui lui donna le nom à^ Angleterre. Il le préféra , dit-on , à celui de Saxe , à caule de l'allufion que S. Grégoire a faite du nom d'Anglois à celui d'Ange , en difant , An- gles ejje Angelicos. Cat en Saxon fw^c/ fignifie ^«^fj & Ens^elfckj Angélique. Quelques Auteurs ont cepen- dant appelé l'Angleterre y la Saxe d'outremer, ou Sa- xonia ultramarina ; la nouvelle Saxe , Saxonia nova. Elle avoit été nommée d'abord Albion , Se puis Bre- tagne , pour les railons que nous avons rapportées en leur place. La capitale eft Londres. Depuis la réunion que la Reine Anne a faite de l'Angleterre Se de l'E- coife en un leul royaume , on ne diftingue plus dans ces royaumes Angleterre j ni Ecolfe , on dit fimple- ment, Grande-Bretagne. Mais les lois du Parlement n'ont point changé notre ufage en France , & nous par- lons encore comme auparavant. L'Angleterre a la for- me d'un triangle dont la bafe eft au midi & la pointe au nord. Elle eft baignée au midi par la mer Britanni- que, ou la Manche^ a l'oricnCjpar la mer d'Allemagne-, & à l'occident par celle d'Irlande ; au nord , par celle d'Ecolfe. L'Andeterre eft un pays fertile, commode , 6c dont l'air eft extrêmement tempéré. Les laines d'An- gleterre font fines & précieules. Les chevaux & les do- gues d'Angleterre font eftimés. On n'y voit point d'â- nes, de mulets, ni de loups, foit qu'onles aitextermi- ANG nés par la chafte , ou en faifant grâce à tous les coupa- bles condamnés à Icxil , s'ils rapportoient une certaine quantité de têtes de loups. L'Angleterre a des mines d'ctain, de plomb , Si de ter. Les Sciences & les Arts y lleuriflent. Cambden croit que l'Angleterre fut au- trefois jointe à la France ; (a raifon eft que la mer eft fort baOe entre Calais & Douvres. L'Angleterre eft une Monarchie , à laquelle les femmes fuccedent au défaut des mâles. Sur un pallage de Corneille Tacite, qui dans la vie d'Agricola fon beau-pere , parle de Voa- dica, femme du Sang roj'al, on prétend que les Anglois n'oiir jamais mis de différence entre les hommes & les femmes, pour ce qui regarde 1 Empire. On dit même que 800 ans avant cette Voadica , qui vivcit Icus l'Em- pereur Claude, la Reine Cordeille avoit gloricufement rempli le trême. Larr. Tout cela lent bien la fable. Ta- cite ne dit pas même que Voadica régnât; mais qu'elle fe mit à la tête de ceux qui le révoltèrent contre les Ro- mains. Quoiqu'il en foit de ces premiers ficelés , depuis long-temps les lois d^ Angleterre appellent les femmes à la fucccftion du royaume au défaut des mâles. L Angleterre a été foumife à cinq peuples différens. D'abord les Bretons, nation Gauloife, ypaircrent, & s'y établirent-, on ne fait pas en quel temps. Il y a fur cela, & fur le nombre des Rois Bretons, mille contes dans les hiftoires anciennes d'^w^/ertrrt'. Il eft étonnant que le nouvel Hiftorien ( Larrey ) ait adopté toutes ces fables. Julcs-Céfar foumit les Bretons aux Romains , dont ils furent tributaires jufques vers l'an 446. Pour fe délivrer de ces maîtres, ils appellerent les Pictes d'E- colfe , qui après avoir challé les Romains, dominèrent dans la Bretagne. Pour chairer les Piéfes, on appela les Saxons, qui au VIIF fiècle fe rendirent maîtres de la Bretagne. Aux Saxons fuccéderent les Danois, que Guillaume le Conquérant fubjugua à fon tour, l'an 1066. Sa poftériré règne encore en Angleterre , qui malgré la conquête des Normands , a toujours con- fcrvé jufqu'ici le nom que les Saxons lui avoient donné. Les principaux Hiftoriens d'Angleterre font Bédé , Guillaume de Malmesbury , Roger Fîoveden, Henri Huiftington, Ethclvard, Indulphc , Jean AlFer, Mat- thieu Paris , Thomas Walfinghan , Thomas Morus , Matthieude Weftminfter , Ranulphe de Chefter, Froif- fard, Polydore Virgile,Cambden,Speed &F-iUiTie. Pour bien connoître ceux qui ont écrit de l'Angleterre, il faut voir l'excellent ouvrage de M. Nicolfon , Evêque de Carliile , intitulé , Jhe English Hijiorical Library • c'cft-à-dirc. Bibliothèque hiftorique d'Angleterre , eu deux volumes, dans letquels il fait le dénombrement & la critique de tous les Auteurs qui ont écrit (nxX An- gleterre. Nous avons en notre langue une HiJIoire d'Angleterre j d'EcoJfe & d'Irlande par Du Chcfne , & une par Du Verdier. Les Révolutions d'Angleterre, par le P. d'Orléans , ouvrage eftimé , même des Pro- teftans , & une HiJIoire générale d'Angleterre _, par Larrey , en quatre volumes in-jolio ; mais il y a tant de fables, tant de paillon, non-feulement dans les ma- tières de religion , mais en tout , & principalement contre la France , qu'elle n'eft pas fupportable. L'hif- toire des derniers règnes n'eft qu'une compilation des Gazettes & des Satyres écrites en Hollande. Nouvelle Angleterre. Anglia nova. C'eftune contrée de l'Amérique méridionale. Elle eft bornée au nord & au couchant par la nouvelle France ; au midi,par la nou- velle Yorck , ou les nouveaux Pays-bas ; ik au levant, par la mer du Nord , ou l'Océan. Les habitans naturels de I3. Nouvelle Angleterre, font les Almouchiquois. La capitale eft Bafton. ffr ANGLEUX , EUSE. adj. Il ne fe dit guère que dts noix dont la fubftance eft tellement enfermée dans de petits angles ou coins , qu'il eft difficile de l'en tirer. Nux lignofa , angulofa. Angleux vient d'angle , S<. fignifie , qui a beaucoup d'angles , de coins & de re- coins. ANGLICAN, ANE. adj. D'Angleterre, qui appartient à l'Angleterre. Il ne fe dit que de la Religion & de l'E- gUfe. En d'autres matières il faut due Anglois , An- k I ANG gloife. La Religion Anglicane, c'eft la prétendue Re- forme introduite par Hemi VIII. Depuis que l'Angle- terre avoir été convertie par le Moine S. Auguftin qui y fut envoyé par S. Grégoire, & qu'il eut challé l'ido- lâtrie , que les Saxons ou Anglois y avoient rappelée , l'Angleterre avoir été Catholique , jufqu'à te flxire tri- butaire du S. Siège. Mais Henri Vill ayant flrit dilïou- dre Ion mariage avec Catherine d'Arr.agon , pourépou- fer Anne de Boulcn , & Roi de ce peuple Anglais j & que par fa conquête ce peuple étant devenu le peuple dominant dans ce pays , ion nom fut donné à tous les autres ^qu'ainfi ce n eft qu'au commencement du îX^ ilccle , que tous ces peuples , tant anciens Bretons que Saxons , portèrent le nom à'Anglois. Berte, fille de Cherebert Roi de Paris, qui avoir époufé Ethelbert Roi de Kent, futcaufe de la conver- fion des Anglais , par la prctedion qu'elle donna à faint Auguftin. Cordem. S. Grégoire écrit à Brunehaut Reine de France: " Vous (avez combien de choies mi- » raculeiifes Dieu a faites pour la converlion des An- '■> glois j & vous devez en avoir bien de la joie , puii- » que vous avez la meilleure part à cet ouvrage. »Id. Pierre Matthieu , dans la vie de Louis XI , Liv. j , dit que le Comte d'Armagnac regardoit la rencontre d'un Anglais comme un mauvais augure. De Roch. Anglois, OISE. adj. Anglus , Anglicus. Ercoubert fut le premier des Rois Anglois ■, qui ordonna par édit dans tout fon royaume , d'abattre les idoles , & d'ob- ferver le jeûne du carême. Fleur. Dreyden eft le meil- leur Poète Anglois qui ait paru julqu'ici. La Critique du théâtre anglois par M. Coullier eft un bon livre. Un livre anglais. Catcn eft une Tragédie angloife. Un vailîeau anglois j la flotte angloife ^ un cheval an- glais ; mais on ne dit point un dogue anglois j il faut dire un dague d'Angleterre. Anglois. 1. m. Créancier fâcheux. Molejlus creditor. La puiftance redoutable des Anglais en France, & les ravages qu'ils y firent pendant les longues guerres entre philippe de Valois, & Edouard III, pour lalucceffion à la couronne, après la mort de Charles le Bel, don- nèrent lieu à cette exprellîon. Le peuple appela An- glais, tout créancier trop dur, & trop preiFant. Ma- rot s'en eft lervi dans ce lens. Pafquier attefte qu'on le difoit encore de Ion temps , & il apporte ces vers adreirés au Roi François I, par Guillaume Crétin. Et aujourd'hui je fais folliciter Tous mes Anglois , /^owr les rejies parfaire 3 Et le payement entier leur fatisf aire. Marot s'en eft fervi dans le même fens. On donne encore le nom A' Anglois à une efpècede pâtillerie qu'on fait avec des prunes fimplement, fans les couper , ni peler. L'ANGLOIS. f. m. La langue que l'on parle en Angle- terre. \J anglois eft compofé d'ancien breton, de latin, de faxon, ou allemand, & de fiançois. Wallis a fait une favante & judicieule Dilfertation fur la langue angloife-, elle lert de préface à fon traité deloquela j & à la Grammaire angloife : la Grammaire de Miége eft plus utile à ceux qui veulent apprendre la langue , celle de Wallis à ceux qui la favent. i'Anglois. Terme de Fleurifte. Naiciire qui jette une petite Heur, un peu plus grande néanmoins que lenar- cille de Narbonne. Il a le godet jaune , & par-tout égal. ^Angloise,!. f. Autre terme de Fleurifte. Tulipe d'un co- lombin rouge «Se blanc. ANGLONA. Ville autrefois épifcopale. Anglona. Il n'en refte qu'une églife & un château dans la Bafili- cate , au royaume de Naples. Elle eft à quelques lieues de Tuffi, où fon évêché a été transféré. ANGLOSAXON, ONE. f. m. Anglafaxo. On fe fert quelquefois de ce nom, pour fignifier les peuples d'Al- lemagne, qui vinreot s'établir dans l'ile Britannique , A N G & les diftiuguer des naturels de l'île, ou Bretons, qui depuis la conquête des Anglois & Saxons , furent auiîî appelés Anglois. Ce mot eft co\x\^oic A' Anglus ^ An- glois , & de Saxo , Saxon ; parce que ces conquérans de la Bretagne étoient partie Anglois ou Angles , en la- tin Angli ^ partie Saxons. ANGLURE. Petite ville de France. ^7?^//^r^. Elle eft en Chanjpagne, fur la rivière d'Aube, au nord de la ville de Troyes. ANGOBERT. f. m. Sorte de poirier & de poire. VAn- gabert eft une poire à cuire , grolfe , & qui fait une compote de belle couleur. Elle a la chair douce & un peu ferme , & fe garde affez avant dans l'hiver. La Quint. £.Cr ANGOISSE, f. f. Angorjitgritudo. Ce mot exprime la douleur prelFante , ik la crainte à la fois. Il n'eft guère d'ulage aujourd'hui. Quel mot lui a-t-on fubfti- tué; Douleur, horreur, peine , afflJi;;l:ion ne font pas des équivalens. Voltaire fur Corn. Ce mot vient du latin angujîia. Icquez feit venir le mot François angoijfe, & l'italien angofcia^ des lan- gues leptentrionales. Il remarque qu'en vieux faxon , anglumian veut dire, faire de la ^ç.\nz ,angere ; ang- fum , trifte, inquiet , trijîis j follicitus ; qu'en alle- mand iz«^y? veut dire, anxiété, angoilFe d'cfprit,£7/;A-ie- tas , animi anpujlia ■ que dans la langue des Cimbres , c'eft-à-dire, dans la langue qu'on parluit dans unepar-^ tie de la balFe Allemagne, angar veut dire , douleur, chagrin, dolar , mceror ] angijjiy angcilFe, anguJlia ; angra , faire de la peine, angere ; angrajî 3 avoir du chagrin , triflari. Poire d'Angoisse , font des poires de mauvais goûc , qui prennent à la gorge , que Ménage dit avoir ainfî été nommées dans un village qui eft en Limolîn du même nom , où elles furent trouvées en l'an 1094./'/- rum anginam premens , pirum angojfiaciim. Poire d'Angoisse, eft auiîl une efpèce de cadenas qui s'ouvre par un relîort, & que les voleurs mettent dans la bouche d'une perlonne pour l'empêcher de crier. On dit aulli au figuré, on lui a bien fait avaler des poires d'AngoiJj'e; pour dire, qu'on lui a dit des cho- ks fâcheufes , qu'on lui a donné de grands déplailirs , caufé de grands chagrins. §3° Angoisse, en Médecine. Sentiment de fuffocation, de palpitation & de triftclle. Accident d'un très-mau- vais prélage, lorfqu il arrive au commencement des fièvres aiguës. Encyc. ANGOISSEES, adj. Ce mot ne fe dit plus ; il fimifioit angaijfeux. On diloit auili angaijferj caufer du chagrin. ANGOISSEUX , EUSE. adj. m. & f. Dur, fâcheux , af- fligeant , qui caufe de l'inquiétude & du chagrin. Ni- cot, MonetjCotgrave. Ce mot eft vieux & hors d'u- fage. Pierre Pithou s'en eft fervi dans la harangue de M. d'Aubray , à qui il fait dire, en parlant au Duc de Mayenne : •' Je tiendrai à partie de grâce fi me faites » promptement mourir, plutôt que melailFer languir " plus long-temps en ces angoifjeufcs misères >» Sat. Mén. t. i j p. i po. ANGOLA. Pays & royaume de la bafle Etliiopie , en Afrique. Angola. Le royaume A' Angola eft borné au nord par celui de Congo , auquel il étoit autrefois fou- rnis : il a au couchant le royaume de Malemba , au midi celui de Mataman , 8c au couchant la mer. jKF Ce font les Européens qui donneur à ce royaume le nom A' Angola. Dans la langue du pays il le nomme Donga j autrefois Ambonde. .^ngola eft le nom du premier fondateur de ce royaume , oui porta les peu- ples à fe foulever contre le Roi de Congo. fCT ANGOLA, f. m. Fcks Angola. On'^ appelle ainfi une efpèce de chats qui vient originairement & An- gola. Ils font plus grands que les nôtres, couverts d'un long poil , la queue longue & grolFe. ANGOLAM. f. m. Arbre tort beau , qui a cent pieds de haut, & douze pieds de grolFeur , & qui croit parmi les rochers , les labiés ik les monragnes de Man- gatti, & autres provinces du Malabar-, il eft toujours vert-, fon fruit eft femblable à celui du cerifier , &il dure très-long-temps. Les habitans du Malabar regai- A N G dent cet rabie comme le fymbole de la royauté , à caufe que Tes Hcuis lont attachées à fcs branches en forme de diadème. Le lue qu'on tire de (a racine par expreilion , tue les vers , purge les humeurs Hegmati- ques & biheufes , & évacue Teau des perfonnes qui {ont attaquées de l'hydrcpifie. On prétend que fa ra- cine réduite en poudre , cil; bonne contre la morlurc des ierpens Se autres betes venimeufes. ANGON. 1. m. Jaculum^ Spiculum. Efpcce de javelot dont fe lervoient les anciens François. L'angon fe dar- doit de loin: le fer de ce javelot reirembloirii une Heur de lis. Le Gendre. Une opinion lur les armes de nos Rois, eft que ce ne lont véritablement ni les lis de ma- rais, ni de jardin, mais le ter de l'agio on , ou javelot des anciens François. La pièce du milieu étoit droite , pointue & tranchante \ les deux autres qui l'accom- pagnoient ctoient renverlées en croillant : une clavette lioit ces pièces , ce qui failoit ce qu'on dit , le pied de la Heur de lis. ïd. IJC? ANGON. Ville allez confîdérable des Indes , dans le royaume de Camboye, alFez près du pavs de Laos. CCr ANGOO, ou ANGOCHE, Royaume d Afrique , fîtué près d'un bras du Cuama. Le Roi eft Mahomé- ran. Ses lujets font un grand commerce en or , en ivoire , en étoffes de foie & de coton, & en grains d'ambre. ANGOTE. Province d'Abyllinie, qui a titre de royaume. Angota; Regnum Angotanum. Elle eft entre les royau- mes de Tigre, de Bagamédri, deBalaguenze, de Xoa, de Fatigar & de Dobas. ANGOULEME. Incullfma j Engdifma , Ecolejîna ^ ^quolcjina , Aquilïmenfis , Ratïaftum. Ville épifco- pale de France, capitale de l'Angoumois , avec le titre de duché. Les deux Hiftoriens d'^n^oa/t-/72tf jCorlieu & Maicliin , l'écrivent toujours par un A. La ville èîAn- gouUme n'a pas toujours été appelée d'un même nom ; car il paroit par lesmonumens & titres anciens , & par les légendes des pièces de monnoie que faifoient battre les Comtes à' Angoulême j qu'elle a été quelque- fois nommée Icolifma ^ Engoiima^ Angolla^ Equa- lïfma , & EngoleJJlma ; d'autres fois Engolma j & Egolcfma,ikzn^nEngolefma,AngoulêrT2e. AIaichin , CoRLiEu. Aufone l'appelle Icnufa , Ep. i j. Mais Hé- lie Vinet , en fon ditcours de la ville à^ Angouléme , allure qu'il doit y avoh le o/ifm a ^&c qu'il l'a ainii trouvé dans les vieux exemplaires d'Aulone écrits à la main. Id. s. Aulone eft le premier Eveque d'AngouL-me. Maichin prétend que ce Saint fut dilciple de S. Mar- tial, qui l'avoir été de JÉsus-Christ , Se qui ayant été envoyé par S. Pierre dans les Gaules , tut Evéque de Limoges. Corlieu, dans ion Hiftoire A'Angouléme ^ ne place l'un & l'autre que fous l'Empereur Déce , tui'.ant en cela le lentiment de Grégoire de Tours. P'oye^ Martial. Angouléme eft une ville très-an- cienne , fitué lur une montagne , dont la Charente baigne le pied , & qui forme une elpèce de longue plaine entre cette rivière , & celle d'Anguienne. L'E- véque d'.'^/?.t'Ci«/'->ne eft luftragant de l'archevêché de Bordeaux. L'i^iftoire àAngoulème a été écrite par Françoisde Corheu : elle eft intitulée. Recueil en forme, d' Hifiolre de ce qui fe trouve par écrit de la ville & des Comtes d' AngouUme. La féconde édition eft aug- mentée par Gabriel de la Charlonie , in-^ , à Ap.':'ou- Ume , i6zc). ANGOUMOIS. f. m. Engolifmenjis ager. Province de France : Angouicme en eft la capitale, & lui a donné la dénomination. Maichin. Corlieu écrit Engoumois. La Charente a fa lource dans lAngoumois _, & en baigne une partie. Armand Maichin a écrit l'HiJloire de Saintonge , Poitou j A unis , Se Angoumois j impri- mée in-fol. à laint Jean d'Angeli, 1 671. Le pays royal d'^«^o/^/7zo/j contient, au rapport de Corlieu, 20 lieues de long , & environ i y à 1 6 de large. Il eft borné à l'o- rient par le Limoufin, parla Saintonge à l'occident, au midi parle Périgord, & le Poitou au feptentri on. Mai- chin. Durant le règne deCharlcmagne, lAngoumois fut uni à la maifcn de Poitou , par le délaillement qu'en fit ce Monarque en faveur d'Abbon ou Albcn, premier Prince du fang, en 778. Id. Bien que VAn- A N G 357 goumois fût originairement une portion & une dépen- dance de l'Aquitaine, néanmoins il n'a jamais reconnu d'autre juridiélion fouveraine que celle du Parlement de Paris. ANGOUMOISIN, INE. f. m. & f. Se adj. Inculifmen- fis. Qui eft de l'Angoumois : Phne , au Llv. ÎV. de fon Hifl. nat. ch. i p , parle de certains peuples d'Aqui- taine, nommés Agejlnatiis , qui étoient proches voi- fins de ceux de Poitou. Ces pcuples-la font indubita- blement les Argoumùiftns 3 & non pas ceux du pays d'Agénois , qui font fort éloignés de la province de Poitou. ALA.icHiN. Corlieu, dans Ion ////Zoire d' An- gouléme j écrit Engoumoijin. ANGOURE DE LIN , en latin Angina Uni. C'eft une efpèce dépithym , qui croît fur la plante dont on fait le lin. Les Epiciers-Droguiftes l'appellent ordinaire- ment Cufcute. Voyez ce mot. ANGOURL Foyei Ancyre. ANGOURIA. f. m. Efpèce de melon d'eau , que les Grecs momment ainli. Les Turcs l'appellent Schamcaouni _, le melon de Damas \ Se les Arabes fegg' a Rhatihkh al hindi, le melon des Indes. D'Herb. ^3' ANGOY. Petit royaume d'Afrique, fur la côte de Congo , au nord dé l'embouchure de Zayre qui le borné au midi & à l'orient. Il a l'Océan au coucliant , & le royaume de Cacondo l'enferme au nord. ANGRA. Ville de 1 ileTercère , l'une des Aqoi:es.Angra. Elle eft lur la côte méridionale de i'ile, où elle a un bon port , une citadelle , Se un évéché. Angra eft la capitale de toutes les Açores. |0" Le mot Angra , dans la langue Portugaile , fignifie une efpèce de petit golfe, dont l'entrée eft plus étroite que le fond. Comme ce font les Portugais qui ont dé- couvert les côtes occidentales Se méridionales de l'A- frique, ils ont donné les noms à quantité de lieux, que nous avons confervé fur nos cartes. Celui àAn^ra eft ■ commun à plufieurs petits golfes dont nous ne parlerons pas ici. îyJ' ANGROIS. f. m. Nom qu'on donne aux petits coins qui lervent à terrer & à arfermir le manche d'un mar- teau avec le marteau même , en les inférant dans le bout du manche , ou entre le manche &: les parois de l'œil du marteau. Encyc. ANGSANA. f.m.Arbre qui croît dans les Indes Orientales, La partie qu'on emploie dans la Médecine , eft une li- queur qui en découle par une incilîon qu'on y fait, Se qui forme , lorfqu'elle eft condenlée , une larme de cou- leur rouge , enveloppée dans une écorce déliée ; c'eft dans cet état qu'on la vend dans les boutiques. On pré- tend que cette gomme eft aftringente , Se qu'elle eft un exccllent remède pour les aphthes. ANGUICHuRE. l. f. Elpèce de baudrier qui fert aux veneurs à porter un cor de chalfe. ANGUIEN , ou ENGUIEN. Angia , Anghia. Petite \'ille des Pays-Bas, entre Mons Se Bruxelles. Les gens du pays écnvcni Enguien. Anguien eft la première ba- ronnic du comté de Hainaut. La baronnie à' Anguien tomba dans la mailon de Bourbon , par le mariage de Marie de Luxembourg , Comtelfe de S. l^aul , Dame à' Anguien , avec François de Bourbon , qui fous le nom de Comte dAnguien, remporta la bataille de Cerifolle en 1 J44. La baronnie d' Anguien étant échue en par- tage à Antoine de Bourbon , Roi de Navarre , Louis de Bourbon, premier Prince de Condé, fon frère, en fie tranlporter le nom à Nogent le Rotrou au Perche, qu'il fit nommer Anguien le François. Henri IV vendit à Charles de Ligne, Comte d'Aremberg, la viWcdAn- guien en Hainaut. Henri de Bourbon , IF du nom , Prince de Condé , ayant échangé Nogent Anguien avec le Duc de Sully , il fit donner le titre de duché di An- guien a la baronnie d'Ilfoudun en Berri , Se enfuite il a été transféré au duché de Montmorenci. Les fils aî- nés des Princes de Condé portent le nom de Duc àî An- guien. Le Grand Condé n'étoit encore que Yi\izd' An- guien y quand il gagna les batailles de Rocroi & de Nortlingue. ANGUILLADE. f. f. Coup de fouet, cS.- le dit par- ticulièrement de ceux qu'on donne avec une peau 3^8 ANG d'anguille. Régnier dit dans fes Satyres : m'eût donné X'anauUlade , Se puis m'eût lailfé là. ANGUiLLADE,afignifîé autrefois, Tromperie , de zz mot étoit venu en ce fens de la farce de Pathdin j parce qu'il promit au marchand de lui faire manger d'une belle anguille, pour avoir fon drap. ANGUILLARA. Perite ville de l'Etat de TEglifc, en Ita- lie. Anguïllara. Elle eft dans le patrimome de Samt Pierre, fur le lac Bracciano, à l'endroit où l'Arone en fort. Anguïllara , eft aufll un bourg de l'Etat de Vende. Il eft dans le Padouan , fur l'Adige , au nord de Ro- vigo.. ANGUILLE, f f. Poiffon de rivière, long & menu, de la figure d'un ferpent , dont la peau eft lî glillante , qu'on ne la peut tenir dans les mains. Elle a la bouche aifez grande , & garnie de petites dents , avec deux na- geoires auprès des ouies. La chair en eft gluante, & vii- (\\xt\i(c.Anguilla. Rond. Les anguilles demeurent dans le fond del'eaUj&ne s'élèvent pasaudellus comme les autres poiflbns. Elles ne. fe pèchent en abondance que dans les inondations , & quand les eaux (ont troubles. On a découvert avec le microfcope , que les anguilles ont la peau écaillée comme les autres poillons. gC? C'eft une ancienne erreur d'arcribuer la naiifance des anguilles à la corruption. Elles frayent comme les au- tres poilFons. Si vous voulez apprendre les différentes manières de manger & d'apprêter ce poilïon , liiez le Grand Vocabulaire. Au refte l'huile & le flegme vil- queux tk groffier dont la chair de \ anguille eft char- gée, en font un aliment peu convenable aux eftomaci délicats. On dit proverbialement, écorcher l'anguille par la queue -, pour dire , commencer une affaire par où il la faut finir. C'eft une anguille de Melun , il crie avant qu'on l'écorche \ pour dire , il a peur lans fujet. Ce ■ proverbe vient de ce qu'un nommé \' Anguille, Bour- geois de Melun , qui repréfcntoit à une Comédie k perfonnage de S. Barthélemi , voyant l'exécuteur le cou tcau à la main qui falloir lemblant de l'écorcher , le mit à faire un grand cri avant qu'il le touchât : ce qu'on trouva fi plaifant , que cela a donné cours au prover- be. On dit auffi , il y a anguille fous roche pour dire, il y a quelque myftère caché fous ce qu'il dit, ou lous ce qu'il fait. Il s'échappe comme une anguille ; pour dire , il difparoît (ans qu'on le puifle retenir , fans qu'on s'en apperçoive. On dit encore, rompre l'anguille au genou , pour fe moquer des gens qui prennent une ma- nière de faire quelque affaire qui n'eft pas propre pour y réulîlr. On difoit autrefois , rompre l'andouille au genou , dans le même lens. Anguille de sable, f. f. Petit poilïon de mer , long comme la main , gros comme le pouce, de couleur bleue fur le dos , & argentine au ventre : (a tète eft me- nue & ronde , fon muleau eft oblong & pointu , fa bou- che eft petite. Il fe trouve dans le fable, fur les rivages de la mer , en Anglererre. Il eft bon à manger. On le nomme anouille de fable j, parce que (a figure appro- che de celle de l'anguille , & qu'il fe cache dans le fa- ble. Les Anglois le nomment Sandil'^ j qui fignifie la même chofe. Anguille. Terme de Manufaélurc d'étoffes de laine. Il fignifie les bourlets ou faux plis qui fe forment aux draps en les foulant , lorfque les foulons ne font pas aifez attentifs à vifiter leurs piles, f-^oye:^ Lizer. Anguille. Une des Ancilles. Ânguis. Certe ileeftàl'eft de celle de Porto Rico, Se au nord de celle de Saint Martin. ANGUILLERSS , ou ANGUILLÉES. f. f. pi. Terme de Marine. Canaux qui régnent à fond de cale à côté de la carlingue, pour conduire les eaux à la pompe. ANGUILLIERE. f f. Anguillarum vivarium. Ce mot fe trouve dans le Théâtre d'Agriculture de De Serres , pour fignificr le lieu où l'on nourrit, ou bien où l'on conferve des anguilles. On dreffcra l'anguillière en un lieu ombreux, ou bourbeux, & l'on y nourrira les an- guilles des entrailles de toutes fortes de poiffons frais &falés, de volailles, levrauts, lapins, & autres bêtes. AN H des pelures de fruits, de figues à demi gâtées, de cor- nes, de glands concaffés, de marc de raiiin , &c. De Serres. ANGUILLOMEUX.adj. Borel dit que ce mot veut dire, cauteleux j Se qu'il vient d' anguis , ferpenc j, comms qui diroit a.y.vAo/*>i1vi!. Ce mot n'eft plus en ulage. fer ANGUINA. /^'byeif Pomme DE merveille. ANGULAIRE, adj. m. & f. Angularis , ou Angulariusy ôc Anculatilis. Qui a un ou plufieurs angles. Un corps angulaire. Figure angulaire. |tcr On appelle pierre angulaire , la première pierre fon- damentale qui fait l'angle d'un bâtiment. C'eft dans ce fens que JÉsus-CHRisxeif: appelé figurément dans l'E- criture , la pierre angulaire. Ce qui eft fondé fur la prophétie. Lapidem quem reprobaverunt ddificantes , hic faclus ejl in caput anguli. Angulaire, adj. Ternie d'Aftrologie judiciaire. 0\\ ap- pelle mailon angulaire , la première, la quatnème, la f eptième , & la dixième. Les maifons angulaires font les plus fortes & les plus puilfantes des douze qui compofent le thème généthUaque , auffi régiflent-elles la vie & les afteclions du corps, les emplois Se les di- gnités , les mariages & les haines publiques , & les biens patrimoniaux. Angulaire, en termes d'Anatomie , fe dit d'un mufcle de l'épaule , qu'on appelle communément Releveur propre, Releveur de tomoplace. Voyez Releveur. ÇC? Angulaire , pris fublfanrivement , fe dit encore d'une artère qui palfe au grand angle de l'œil , & d'une veine qui, de l'angle interne de l'œil , vient aboutir à la jugulaire externe. ÎO' ANGULEUX, EUSE. adj. Fait à angles , dont la furface a plulieurs angles. Angulofus. Un corps angu- leux. Un truir anguleux. ANGURIA. Nom que l'en donne dans le levant aui melons d'eau , tels que ceux de Provence. On les ap pelle aullî Carpoutch. Du Loir, ^. 216. Foye^AK G0UR1A. ANGUS. Province d'Ecoffe. Angufla. Elle a au levani la mer d'Allemagne , au nord les provinces de Mernis Ôc de Marr , au couchant le pays de Perth & de Gourée, & la rivière du Tay la fépare au midi de la province de Fife. ANGUSTICLAVE. f. m. Angujlufclavus. Habillement de dignité chez les Romains, différent du Laticlave ; mais lut cjuoi les Savans font peu d'accord, tant pour la forme, que pour l'érat. Madame Dacier dit aue le Laticlave étoit une longue tunique bordée par-devant d'une ou de deux bandes de pourpre appliquées tout le long du devant de cette tunique , & que les ban- des larges faifoient le laticlave Se les étroires l'anguf- ticlave. ANGUSTIÉ. adj. Refferré, gêné. Arclus , angufius. Jets d'eau dont le diamètre eft angufiié. ^fT II n'eïl: pas fort ufité. L'Acad. & les Grands Vocabuliftes prétendent qu'on ne le dit que d'un chemin. Ne vaudroit-il pas mieux encore lui lubftituer une autre épithète? ANGYSCOPE. Il faut écrire ENGYSCOPE. Foye^^ cç mot, A N H. ANHALT. Anhaltivus Principatus. Principauté d'Alle- magne dans la haute Saxe. Elle eft entre le duché de Saxe , le comré de Mansfeld , le landgraviat de Thu- ringe, & les terres d'Alberftat Se de Magdebourg. La mailon à'Anhalt pafte pour une des plus anciennes de 1 Europe. Anhalt. Anhaltinum vêtus. Château delà principauré à'Anhalt , à laquelle il a donné fon nom. Il eft fur la rivière de Seske ; il eft prefque ruiné. Mat Y. gcr ANHELER. v. n. Dans les Verreries, c'eft entrete- nir le feu dans une chaleur convenable. La journée finie , on n'anhèle plus , Se les marchandifes fe refroi- diifent peu-à-peu. Encyc. ^fT ANHERAGE. f. m. Terme de rivière. Arrhes qu'on donne aux ouvriers pour conduire un nain. ANHIMA. i.m. Jonjlon. Oifeau de proie aquatique, du Brélîl. Il eft plus grand que le cigne ; fa rêre eft groffe comme celle d'un coq, Con bec eft noir, recourbé vers i m ANI le bout , fes yeux de couleur d'or entourés de noir. Il porte fur fa tète une corne plus grolfe que celle d'un veau , blanche comme un os, entourée de plumes très- courtes , blanches ik noires. Son corps ell d'un pied ôc demi ; fes ailes font grandes, & de diftérentes cou- leurs ; fes pieds font chacun de quatre doigts ; fa voix eft forte, &; il paroît crier vihu. Il eft toujours avec ia femelle; le mile eft plus gros de moitié. Sa corne ré- fifte au venin (S: aux lutFocations. IJC? ANHING. Ville de la Chine , la même que Gan- king. l'oyer^ ce mot. 'ANHOLT. Petite ville des Provinces-Unies. Anhohum. Elle eft dans le comté de Zutphen , près de Tévéché de Munfter &: du duché de C lèves , fur l'ancien Ilfel, à l'orient d'Emerik. ANI. ANI jyp dartres , ou autres maladies cutanées , invoquoient les Nymphes , leur faifoient quelques facrifices , frottoienc l'endroit de la peau malade , & palluient le fleuve Anigrus à la nage-, après quoi ils laillbient dans l'eau toute l'impureté, & lortoient entièrement nets & pu- rifiés. ÇCr L' ANIGRUS, étoit un fleuve d'Elide , dans le Pélo- ponnèfe , dont les eauxéroientamères &infcdes. Pau- lanias attribue la caufe de cette infedion à ce que les Centaures bleffés par Hercule allèrent y laver leurs plaies. Ovide en parle fur ce ton-là. Metam. Lïv. / j. Ante hibebantur nunc quas contlngerenolls Fundit Amgros aquas ; poflquam /avare bimembres Vulnera _, clavigeri quafecerat Herculis arcus. 0C? ANI. Ville d'Afie , dans l'Arménie , félon Ulugbeg & Nallir-Eddin qui lui donnent 79 d. long. & 41' de lat. fept. C'eft probablement la même que l'Anikagae de Tavernier, ANIAN. Le détroit à'Anian. Détroit célèbre dans plu- fieurs relations de l'Afîe. Fretum Anianum. On n'en lait point lalituation. Quelques-uns le mettent entie la Terre de ïclfo & la grande Tartarie. Si c'eft là le dc- . troit (XAnianj c'eft celui que M. Delifle appelle Dé- troit de TeJJoi dans la carte d'Afie , dans laquelle il ne marque point de détroit à'Anian. D'autres le placent entre la Terre deïelfo, ou Yéco& l'Amérique fepten- trionale , fous le jy*^ & jS'' degré de latitude , & le ijc^ de longitude, au couchant de la baie de Buttons , ëc du nouveau Dannemarck. D'autres prétendent qu'il eft entre la côte feptentrionale de la Californie , & l'oc- cidentale de l'Amérique leptentrionale , &: la Terre de ïelfo. Plusieurs le regardent aujourd'hui comme ima- ginaire. fCr ANIANE , ou AGNANE , oh S. BENOÎT D'A- NI ANE. Petite ville de France, dans le bas Languedoc , audiocèle de Montpellier, au pied des montagnes , quatre h eues de Lodéve. ANJANVILLE. Bourg près de Pluviers , dans le diocèle d'Orléans. Aniani f^dla. ANJAR. Grand Bourg de Syrie. Anjarum j Anjara. Il eft lur le chemin d'Alexandiette à Alep. ANIAVA , ou AN1"WA. Cap du pays d'Yupi , dans la grande Tartarie. Aniava , Aniva. Ce cap s'avance du feptentrion au midi , vers l'ile des Etats , vis-à-vis le cap de la Croix qui eft dans la Terre de ïcllo. On ne trouve point ce cap dans la carte de M. Dcliile. ANICÉTON. a'.i'hbI.» , i/2vi«ciWe. Epithcte d'un emplâ- tre qu'on attribue à Criton , & auquel on a donné ce nom , à caule qu'il eft un remède infaillible pour les Achores. ^CF ANICHILER. Vieux v. n. qui fîgnifioit anéantir. ANICROCHE, f. f. Terme populaire, qui fignifie em- barras , difficulté. Obex j mora , objlaculum. Cet homme trouve toujours quelque anicroche enfon che- min. Il y a quelque anicroche dans cette affaire. ANIEN. Autrefois on écrivoit ANIAN. f. m. Anianus. Nom propre d'hcmme. Fôyc^ Agnan. ANIER , El E. Celui ou celle qui conduit les ânes. AJi- narius. Il fe dit à Paris dans le (tyle familier de ceux qui fournilfent du lait d'ânclîe. On le dit fîgurément de celui qui traite rudement fes valets, ou ceux qui ont affaire à lui. C'eft un rude ^ ânier. Dans ce fens il eft bas. ANIÈRE. Qui a fignifié autrefois un lieu où l'on éle- voit & nouriifloit des ânes. AJlnaria. De - là tant de villages en France nommés AnièrcCeûï Anières , proche de Bourges, que Calvin commença à dogma- tifcr, pendant qu'il étudioit en Droit dans l'Univer- fîté de Bourges. Naudé a dit proverbialement dans fon Mafcurat , 5' C'eft un veau de dixme qui n'a jamais étudié qu'à " l'école à'Anière ; » pour dire, un ignorant. ANIGRIDES. (. f. pi. Nymphes qui habitoient près du fleuve Anigrus , au Péloponnèfe. Elles avoient un antre cù ceux qui y entroient ayant la peau gâtée par des 1 |f3" ANIKAGAË. Grande ville d'Arménie, dont on ne voit plus que les ruines. Ce mot iïgnifie, en langue Arménienne , la ville d'Ane. Elle fe rrouve la féconde journée de caravane , en allant de Cars à Erivan. ANIL. {. m. C'eft une plante du Bréfil, haure d environ deux ou trois pieds , reflembl^-inte au romarin. Ses feuilles font rondes , alfez épaillcs. Ses fleurs fonr fem- blables à celles des poi^ '■> elles iont fuivies de goufl'es longues & recourb-es, contenant des femences fcm- blables a celles des raves. Toute la plante a un goût amer Se piquanr. Elle eft vulnéraire & déterlive : on la met en poudre fur les plaies pour les mondificr; on en tire l'indigo. Foyer ce mot. ANILC'O. Bourg de la Floride, dans l'Amérique fepten- trionale. Anilco J onis. Il donne fon nom au pays dans lequel il eft iitué. ANILLE. f. f. Terme de Blafon. C'eft une figure en forme de deux crochets adoffés «S: hés enfemble ,dcnt chacun a la figure d'un C, ou àunjïgma grec. Scuri- clatum ucnnque ferrum. il portoit d'azur à une anille d'argent entourée d'une couronne de gueules. Quel- ques uns la confondent mal-à-propos avec celle du fer qui fcutient la meule du mowXm. Anille eft ainfi nom- mée , parce que c'éroit d'abord un fer qui f e mettoit comme un anneau auteur des moyeux pour les forti- fier, on appela 2.nS\Anilles ^, des croix ancrées qui font faites en forme àlanille. Autrefois on appeloit aufli Anille J une potence d'eftropiés des jambes , ou de vieilles: ce qui eft dérivé du mot anus. Subalaris fci- pio. Quelques-uns écrivent ANILLES. ANIM. Ville de la tribu de Juda. Anim. ANIMACHA. Rivière de la'prefqu'ile de l'Inde deçà le Gange. Animacha. Elle fort du royaume de Calecut, & fe décharge dans l'Océan Indien, a quelques lieues de Cranganor. Il y a fur cette rivière une ville de même nom. ANIMADVERSION. f. f. Terme de Palais. Correélion en paroles feulement. Animadverfio , Cajli'yatio. L'al- légation téméraire d'un fliit li faux, mérite Yanimad- verjion de la Cour. Une prudence irrégulière mérite animadv erjlon. Animadversion, fe ditaulli dans le dogmatique , pour lignifier quelques notes, ou obfervations que les Cri- tiques font fur quelques Auteurs. Animadv erfio , Oh- fervatio , comme les Animadverjîons fur Pétrone. Dans ce Ççns animadv erjion eft purement latin. Il faut dire notes , remarques ^ obfervations ^refle.xions ^{m- vaut les cas. ANIMAL, f m. Corps animé quiadu fentiment, & du mouvement. iCT C'eft , dit M. de Bufton , la ma- tière vivante &: organifée, qui fent, agit, fe meut, fe nourrit & fe reproduit. Animal , Animans. Les Phi- lofbphes comprennent l'homme fous le genre d'ani- mal, & le définiflent, a/?i/wa/ raifonnable. Ils y com- prennent aullî les oifeaux, les poiffons, & les infeétes. Tous les êtres en un mot, compofés d'un corps orga- nifé , & d'une ame fenfitive. Il y avoit dans l'arche toutes fortes à! animaux. S. Auguftin rapporte que beaucoup de peifonnes fcrupuleufes étendoient juf- qu'aux animaux la défente de la loi , tu ne tueras point. Ils fe fondoient fur quelques palTàges de l'E- criture , où Dieu à égard aux animaux , comme s'ils avoient quelque principe de raifon. Il dit qu'il l6o ANI redemandera le fangde la v^izinàtzs animaux. Gen. c. 9. Et dans le même endroit , il contracte alliance tant avec Noé , qu'avec tout animal vivant, & toutes les bètes de la terre. C'eft l'orgueil de l'homme qui lui fait croire que tous les animaux ont été créés pour lui, & qu'il a_fur eux un empire defpctique, Mote Vay. Nous avons un pouvoir royal fur les anim.aux ; mais il ne doit pas être tyrannique. Id. Dclcartes a dépouil- lé les animaux de toute intelligence , & les a mis au rang des machines , qui ne font mues que par reflbrts. Le Père Daniel a réfuté l'hypothcle de Dekartcs. Il fait voir que les animaux ne font point deftitués de con- noi(fance,& qu'il cft: impoiîible d'exphquer tous leurs mouvemens , & toutes leurs fcnfations , par les lois de Ja Mécanique. Les animaux j, avec leur leul inftind:, font fouvent plus fages que l'homme avec la tailon. S. EvR. Arifiote, Phne, Sohn & ^than , ont écrit de l'Hiftoire des a/2i/W(:i/.Vj chez les Anciens. Aldrovran- dus,Gefner, Jonfton , en ont écrit plufieurs volumes entre les modernes. C? Les plantes viennent d'une graine qui eft elle-même une plantule qui ne fait quefc développer en nailfant. La première plante de chaque efpcce, fuivant plu- fieurs Phyficiens , a renfermé dans fon fein toutes cel- les qui (ont nées & qui naîtront d'elle, ployer Plante. Tous les animaux viennent de même de germes ou d'œufs renfermés dans les premiers de chaque efpèce qui ne font qu'éclore & le développer. 1^3" Le germe des animaux vivipares, dit M. Dirha- mel , de quelque façon qu'il foit formé , prend ton accroilfcment dans le lein de (a mère , d'où le îeune animal fort pourvu de tous Çzi organes. Au moment de fa nailUrnce il prend, pour ainh dire , une ncu velle laCjOn de vivre. Le fœtus qui recevoir continuel lement de la nourriture de la mère par les vailleaux ombilicaux, qui ne relpiroit point, & dont le fang circuloit par des routes qui fe ferment après la naiilan- ce; ce fœtus devenu enfant, au fortir du fein de fa mère , refpire ; fon fang fuit une nouvelle route par les poumons, où il reçoit les avantages que l'airpeut lui procurer. ^3' Privé du fecours desvaifleaux ombihcaux, il prend fa nourriture par la bouche : néanmoins après cette métamorphole , il n'eft point encore en état de le palier du fecours de fi mère : les dents lui manquent^ & (on eftomac trop délicat ne s'accommoderoit pas d a- limens (olides. Il a beloin de (ucer les mamelles de fa mcre , pour en tirer une efpèce de chyle qui n'exige prelqu'aucune digeftion : peu-à-peu ("es parties fe for- tifient , (on eftomac devient capable de recevoir & de digérer des alimens plus (olides & plus nourriirans : ainil on peut dire qu'il achevé de fe former après (a nailîance. ffT A l'égard des animaux ovipares, voici ce qui ("c palfe. L'œuf eft compo(é d'une coque, du blanc en- veloppé de fa membrane , du jaune enveloppé de la fienne , & du germe renfermé dans une petite veille qui paroît comme une tache ob(curc. ^3" Les poules peuvent pondre (ans le miniftère d'un coq: mais ces œufs, très-bien formés d'ailleurs, ne prodiiifent rien, s'ils n'ont été fécondés par le mâle. Après cette fécondation on n'apperçoit aucune ditîé- rence entre cet oui & celui qui cil infécond. Sans doute qu il y cxiitc un germe capable de devenir pou: let, mais ce poulet n'exifte pas , dit M. Duhamel , au moins' fenllblement. Pour que (on exiftence devienne fenfible , il ne faut qu'un certain degré de chaleur. Que cette chaleur (oit produite aititiciellemenr dans les fours de AL de Réaûmur , ou qu'elle réfulte du corps même de la poule qui couve, cela eft indifte- rent. Cette chaleur qui doit durer tout le tem.ps de l'incubation , agite le blanc & le jaune, divife, atté- nue cette matière. Atténuée, elle coule par le nom- bril dans le corps du petit animal. On apperçoit fur le jaune, vers l'endroit qu'on nomme la cicatricule, de petits points qui palpitent, de petits vailleaux fan- guins : peu-à-peu le poulet fe forme & fe développe . par degrés. Pendant tout le temps de l'incubation il (e nourrit par les vailleaux ombilicaux , aux dépens du ANI jaune de l'œuf qui eft continuellement réparé par le blanc , dont toute la lubftance palle dans le jaune par des vailleaux de communication que le vulgaire prend mal-à-propos pour le germe. Quand la nourriture vient à lui manquer , il ("c remue , il s'agite , il (e dégage des membranes qui le retiennent , il perce la coquille avec fon bec, ou la poule la brile elle-même. Voilà le poullîn éclos , pourvu d'une (u(fi(ante quantité d'a- limens pour pouvoir le pailer de nourriture pendant 36 ou 48 heures. Mais après ce temps là il périroit, (i on ne lui en fournilfoit pas. Mais la mère a loin de lui fournir des ahmens faciles à digérer. Au refte, au moment qu'il fort de fa coquille , iriftant qu'on peut regarder comme celui de (a nailîance, il commence à reipirer , ainli que les animaux vivipares. VoycT^^ fe- mcnces , graines , germinations. ^CT Quelques Philolophes ont attribué la nailTiuice des^ infeétes a la corruption. C'eft une erreur. Si la cor- ruption les fait éclore , c'eft que les œufs y avoient été dépofes. Aulli , (uivant les Obfervations de MM. LeClerc & Redi , fi un corps vient à fe corrompre dans un endroit inacceillble aux mouches, il ne fait naître aucun inlecf e. Les animaux fe divifent en animaux terreftres, animalia terreftria ; aquatiques , aquatica ; oKeaux , volucres ; amphibies , ancipites htfii& ; inleétes , in- fecla. Les animaux terreftres, ou (ont animaux à quatre pieds, quadrupedia ; ou animaux reptiles, reptilia. Ceux qui font à quatre pieds, ou bien ils ont le pied fourchu , comme les bœufs -, ou ils l'onr fo- lide, comme les chevaux-, ou ils l'ont divilé en plu- fieurs doigts, comme les chiens, les loups, les lions. Les autres divillons Acs animaux it trouveront dans les mots d'oi/eau , poijjon j reptile j &c. Diodore de Sicile a donné pour caufe du culte des animaux chez les Egyptiens, la doctrine de la Me- tempfycofe. Voici comment il s'explique en parlant du Dieu Apis. Le principe de ce culte, (elon quelques- uns, eit qu'a la mort d'Oliris fon ame palfa dans le corps d'un taureau nommé Apis; & que depuis ce temps elle eft entrée fuccefiîvement, & s'eft manifeftée dans tous ceux qu'on a fubftitués à la place de celui-là. Mais cette doilrine ne peut pas être l'origine d'un pareil culte. 1°. Cette opinion a été commune chez tous les peuples, & le culte des animaux a été particulier à l'Egypte. 2°. Les anciens Egyptiens n'ont jamais cru que les âmes héroïques ëc démoniques fulfent alfu- jetties à la loi commune de la métempfycofe. Or les an- ciens Egyptiens n'ont dcifié que les âmes héroïques 3c démoniques. 3". Suivant la doCtuine de la métempiy- cofe , on regardoit comme une punition des crimes commis la demeure des âmes dans le corps des ani- maux. Leur prilon ne pouvoir donc jamais devenir un objet d'adoration, mais devoit pliuôt être un objet d'averfion& d'horreur, comme tout feu (outerrain l'é- toit chez les anciens Romains. 4°. Enfin , la doctrine de la métemplycofe eft bien poftéiieure au premier culte des animaux. Elle a été obfervée peur réloudre toute objeélion contre hriovidcnce. EJf ai fur les Hié- roglyph.p.ijo. ^ , , , Le même animal a qui l'on accordoit les honneurs divins dans un endroit de l'Egypte, étcit chargé d'exé- crations dans un autre. A Ariinoé, par exemple, ils adoroicnt le crocodile , parce qu'ils le regardoient comme le fymbole .de la divinité , à caufe qu'il n'a point de langue, & dans d'autres villes on l'avoit en horreur, parce qu'elles en avoient fait un (ymbole de Typhon. EJffaifur les liiérof^lyph. On appelle par injure, animal^ un homme lour- dautj grollier, ftupide. Stupidus , b^rdus , flolidus. Celui qui vous a dit cela eft un animal. Elle aime le plus (ot animal qui jamais eut la forme d'homme. GoM. Dans certaines terres nouvellement découver- tes, à peine font- ce des hommes que les habi- tans, ce (ont des animaux à figure humaine. Fon- TEN. Il n'eft: point nécefiaire d'avertir que ce mot vier.t A' animal y ionwc A'anima ,a.mi: , de qu'il (ignifie, ce qui a une ame. Le P. Pcsron prétend qu'il cft forme ^^ de ' 1 A NI lie {'ancrai des Celtes, qui vient de ane eu ene^ qui, dans cette langue lignifie Ame. Animal , en termes de Blafon , reçoit plulleurs épithètes différentes. Quand les animaux lont reprélentés en leuralîîette naturelle, on les appelle pajjansj animal gradkns. On appelle la brebis, pai[fante_, pafcens ; &C le lion, rampant j erccius. Quand ils font en une autre alîiette, il la taut exprimer, comme debout^ Jians ; couché j firatus ; courant , currcns ; en pied , ereclus in pedes , le cheval le cabrant cft appelé pou- lain gai ^ arreàus ; ou effrayé j forcené j ejferatus ; le loup, ravi(fant j rapiens ; le taureau , furieux jfu- rens ; la Wcovnc, failLinte , falicns ; le chat, effa- ivuchéj ou herijjonnc j pilis horrcntihus ; le bélier & le bouc , /iz/w/zj j exiliens. Ç>}X2X\à l'Ecu en contient au-delà de feize, on dit, qu'ils ^aWifemés^ ou. fans nombre. Animal, ale. adj. Qui appartient ï\' animal. A nimalis' Les Philofophes admettent des efprits naturels , vi- raux & animaux j pour faire toutes les fondions ani- males. Duncan, Iviédecin de Montpellier, a expliqué toutes les fonctions animales par une voie nouvelle & mécanique , après Wilhs Anglois. Les elprits ani- maux ne font autre choie que les parties les plus fub- tiles , & les plus agitées du lang. Si le fang eft lub- til,ily aura beaucoup d'elprits animaux ; & s'il elt . grolîîer, il y en aura peu. Malb. Le vin eft fi fpiri- tueux , que les efprits du vin (ont des efprits animaux tout formés. Id. En Morale on oppole la partie ani- male , qui eft la partie lenfuelle 6c charnelle, à la partie raifonnable ^ qui eft l'intelligence. Leurs con- noillances ne changent point cette manière animale ^ de ne concevoir les chofes que par les (ens. NicoL.Ce font les défiances &: l'incrédulité naturelle de l'homme animal 3 qui vous léparent de nous. Peliss. L'homme animal i c'e(i~k-dne, fenfuely charnel , ne comprend pas ce qui eit de Dieu. Acad. Franc. fjCF En termes d'hiftoire, on appelle règne animal la clalle des animaux. Règne animal j règne végétal , rè- gne minéral. Les animaux j les végétaux & les miné- raux. IJCT En Chimie , huiles animales ^ celles qui ont été tirées des animaux. ANLMALCUL E. f. m. Petit animal , ou animal en petit. Les petits vers qu'on apperçoit dans le fperme par le moyen du microlcope , lont appelés par les Philolo- phes Animalcules. On a commencé à douter fi les ani- malcules du fperme & la poudre des étamines des fleurs contiennent l'organilarion infiniment petite des animaux & des plantes. On ne nie pasl'exiftencede ces animalcules , mais on conhdére que leur quantité eft prodigieule, comparée au petit nombre de fœtus; qu'il eft inconcevable qu'un feul de ces vers s'intro- duife dans l'œuf, à l'excluilon de tous (es (emblables; que les vers (permatiques ne (ont que de petits ani- maux qui vivent dans le fpetme, de même que les vers ronds , plats , alcarides , ik. autres vivent dans le corps humain , qui eft le monde où ils nai(- fent , croiifent & meurent. Bourguet , Lettr. philo- fophiques. Toute la terre eft remplie d'une quantité inépuifi- ble de petits animaux , qui flottent dans l'air que nous relpirons, qui (e jouent dans l'eau que nous buvons, ou qui font attachés auxdifférens objets que nous voyons & que nous touchons. ÇCF ANIMALISTES. f m. pi. rhyficiensquienfeignent que les Embryons (ont non-leulement tout formés, mais déjà vivans dans la (èmence du père qui les lance à millions dans la matrice , & que la mère ne fait que doijner le logement & la nourriture à celui qui eft dcftiné à être vivifié. V^oye'^ Animalcule. ANIMATION, f. f. qui fe dit en Médecine du temps , où l'ame eft unie au corps de l'homme ; union de Tame. Animatio. L'animation du fœtus n'arrive qu'a- près les 40 jours. Il y a un Traité latin du P. Jérôme Florentinius , Homo dubius, five de Baptifmo abor- tivorum , dans lequel il prétend que cette opinion-la Tome I. . ■ A N î :^6l eft tiès-douteufe; d'où il conclut qu'il faut baptifet les avortons en quelque terme qu'ils viennent. ANIMÉ , ou GOA4ME ANIMÉ. Terme de Pharma- cie. C'eft une réime qu'on diftingueen occidentale &C en orientale. La première fe tire parl'incillon d'un ar- bre de la nouvelle Elpagne. Elle eft tninfparente , 8c d'une couleur qui approche de celle de l'encens. On l'apporte en grains, comme l'encens, mais qui font plus gros. Ces grains étant rompus, paroiilent d'un jaune clair , de même que la réluie. Son odeur eft très- douce & très-agréable. Si on la jette dans le feu, elle (e con(umc facilement. La gomme a/^iwe' orientale eft de trois fortes. Il y en a, 1°. Une blanche , 2''. Une noirâtre, qui refTem- ble en quelque manière à la mirrhe , 5°. Une pâle , rélîncu(e tk sèche. Toutes ces e('pèces à' animé fervent pour les parfums , à cauf'e de leur odeur agréable. On l'emploie aulTi extérieurement dans les affections froi- des de la tête & des nerfs \ dans les paralyfies , & dans les catarres. Animé. Efpèce d'armure ancienne. Lorica textilllus la- minis conferta. Voye-^ Corneille. ANIMER. V. ad. Mettre l'ame, le principe de la vie, dans un corps organifé.y^rtiwt77-{^. Y)'\ç.\xanima J'homme d'un louHe de vie. Arn. On dit que le fœtus n'eft pas animé dès le temps de fa formation. Voyc\ au mot Animation. En parlant des Saints , on dit que Dieu les anime de fon efprit -, pour dire, que c'eft lui qui les éclaire, qui les fortifie , qui les tait agir. On dit dans le même (ens que le zèle de Dieu ani- me un Saint homme, qu'un homme eft animé d'un Saint zèle. Animer , fynonyme d'encourager , exciter. Concïtare y incendere. Animer les foldats au combat. Le Général animait le foldat par (on exemple. ((•3" Animer , (ynonyme d'irriter, exciter à la colère. Ir- ritare , ad iracundiam concitare. On a pris plailir aies animer les uns contre les autres. On a animé le père contre le fils. ^]3" Animer, donner dcl'adion, rendre plus vif, plus agillant. Il y a des gens que rien ne peut animer. Il eft difiicilc d'animer le nonchalant. Il va lentement & mollement dans tout ce qu'il iYit. Stimulare ^Jiimulos admovere. {:3" Il y a des gens dont l'efprit ne fe monnc qu'à me- fure qu'on les anime. tfT Animer , dans un (ens figuré, toucher, rendre (en- fible , donner du mouvement. Movere. La Fable dit qu'Orphée animoit les rochers & les arbres. IfT Jepourrois de ma plainte animer une foiiche. Gomb. Ç3° Animer, en parlant des ouvrages d'elprit , c'e(l donner de la force au d;fcours , foit par des traits vifs & brillans, foit par la manière vive dont on le pro- nonce. Vim addere. ^fT Pour entrer dans cette déclamation animée , il faut que les Orateurs entrent en enthouhafme en pronon- çant leurs dilcours , comme ils y font entrés en les com- pofanr. Si l'ame qui a infpiré les penlées , en dicte pareillement la prononciation j le difcours fera ani- mé ^, les tons vrais & variés à l'infini. ffCr On dit à peu près dans le même fens, animer \-x converlation, la rendre plus vive. 'iÇT Animer, en parlant des Peintres & des Sculpteurs , c'eft donner de la force & un air de vie à une figure. Rébus mutis fenfuque carentibus ammam addere. On dit d'un bon Peintre qu'il fait animer (es tableaux, que (es tableaux font ûn.wtf-r ; & d'un Sculpteur, qu'il (ait animer le marbre, que (es figures (ont toutes ani- mées. ^ vfT Animer. Donner un nouvel éclat. La pii-fence d'un hom.me aimé anime le teint d'une jeune fille. îfT On le dit généralement de tout ce qui fait le mou- vement, l'adion, la beauté, le plailir , de quelque 1 chofe que ce foit , qui y répand de l'agrément. Zz 3^2, ANÎ Commence^ aujourd'hui le cours D'une longue fuite d'anne's : Efperei[ en croijffantj d'heureufes.dejlinées ., £t quune belle humeur anime vos beaux jours. Pavii- ^C? LaQuintinie a dit animer lu tene , pour dire, l'é- chauffer , la fercilifer. • IP" Animer un cheval. Terme de Manège. Ceft le ré- veiller quand il ralentit fes mouvemens , par le moyen du fixement , du bruit de la langue , ou de la gaule. Excitare ,xoncitare , admonere. ^Animer , fe dit de l'adion d'un joueur d'inilrument à vent, pour y infpirer l'air : fouHer dans linftrument. Infpirare, animare. Les Anciens fe fervoient d'un moyen afTez plaifamment imaginé pour éviter les gri- maces en jouant de la mulette. On en :ittribue l'in- vention à Marfyas. ils attachoient autour de leur tctc une efpèce de lien de cuir, qui repalïant lur leur bou- che , en prelloit fi fort les lèvres , que quelque effort que fit le joueur en foufflant, il ne pouvoit donner à •fon chalumeau quelevent qui hii croit nécelfaire pour l'animer. Anonyme. Traite' de la Mufctte, p. Le. i. .L'anciie qui donne la vie au chalumeau , 8c celles qui animent le bourdon , font faites de cajmcs. Id. C 12. J^NiMER, fe dit auflî parmi les Maîtres à danfer , en par- lant du pas , & fignifie, prendre un air plus vif, en s'élevant fur la pointe du pied. Allons , anime:^ votre pas. ^fT Animer, s'emploie auffiavecle pronom perfonncl. On dit que le teint d'une jeune fille s'anime quand elle voit la perfonne qu'elle aime. §C? Un cheval s'anime. La converfation s'anime. i^NIMÉ, ÉE. pair. & adj. lia lesfignificationsdu verbe. Animatus j incitatus _, concitatus j inflammatus. Les lerviccs des vrais amis ont quelque chofcd'a/iiwe qui prévient julqu'à nos défirs. S. Evr. Une charité ardente & animée. Ab. de i. tr. Un Chrétien dont la foi cft animée, Id. A quoi bon j d'une mufe au carnage animée , Echauffer ta valeur déjà trop allumée : Boil. Animé d'un regard je puis tout entreprendre. Racin. On dit d'une perfonne morne , pefante & languif- fante, qu'elle n'eft point animée. Minime vividus. Il manque à cette beauté d'être un peu animée. OC? Fi- gure animée. Foye\ Animer. Terme de Peinmre & de Sculpture. LesAlchimiftes fe fervent de ce terme danslatranf- mutation des métaux , lorlque la terre blanche foliée fermente avec l'eau philolcphique ou célefte de fou- fre. On dit que le mercure eft animé , lorfqu'en le mêlant avec un métal parfait, on le réduit à une efpèce ctït-àmc. Dicî. de James. . Animé , en termes de Blafon , fe dit d'un cheval qui eft en adion, & qui montre un défir de combattre. On le dit même de fa tcte feule, i5c c'eil lorfquc l'œil eft de différent émail. Il porte d'or au cheval de fable , animé Ae, gueules. Oculatus mûrie e , minio. ANlMMEY,ou ANIME. Petite ville d'Afrique, dans la Province de Maroc propre , fur la pente d'une montagne du grand Atlas , qu'on nomme aulli Anim- mey, à treize lieues de Maroc, vers le levant. $Cr ANIMOSITÉ. f. f. Mouvement de haine qui a fafource dans le rellentiment d'une injure réelle ou prétendue telle , par lequel on eft porté à nuire à quel- qu'un. Animus infenfus ^ uifejlus. Avoir de Vanimofité contre quelqu'un , agir par ou avec animofité. Ces par- ties plaident avec beaucoup A' animofité. Les Soldats s'a- charnèrent avec tant à'a?iimoJité., que la nuit feule les lépara. ^^ AnimositÉ, dans lesdifputes, ne paroîr défigner ANÎ qu'une certaine chaleur , un feu rjélé de colère. Ani- mofitas. Dilputer avec animofité. Ip" ANIMOVISTES. f. m. pi. Branche des Oviftes. Animaliftes réformés, qui, forcés de reconnoître des œufs, regardent les ovaires ccmmedes hôtelleries, dont chaque œut eft un appartement où vient en paiFant ^u néant à l'être, loger un animal fpcrmatique lans aucune fuite, s'il eft femelle , mais traînant après lui de père en fils, s'il eft mâle, route fa pofterité. Lewen- hoek eif l'aurcur de cette réforme. En cyc. ANINCAT. {. m. Nom d'homme'. Animchadus. Le B. Anincat étoit des Iles Britanniques , d'où il amena plu- fieurs Moines en France , &: en Allemagne. Florent de Vorccftre, mort en 1 1 19 ,\'-?i'g'fi3x Animchadus , en ci- tant Marianus Scotus , dans l'imprimé duquel on a mal n\\s Annuchadus. Chast. 3 g Janvier. ANINGA. f. m. Terme de Botanique. Pifon, dans fbn Livre IV des propriétés des limples, C, 70, donne deux plantes fous le nom d'Aninga. L'une qu'on nomme Aninga-iha , laquelle , comme je crois , eft l'Arum , arbre à feuilles de lagittaire , quoiqu'elle ait les feuilles arrondies, & lemblables à celles de laNym- phxajcar ces feuilles font tantôt plus, tantôt moins poin- tues , ce qui ne peut caufer une ditlérence efTenrielle. L'autre Aninga eft l'Arum à tige & à feuilles de la canne d'Inde. \J Aninga-iha ^ félon Pifon, a une grolLe racine bulbeule , qu'on doit préférer aux feuilles & au fruit dans l'ufage de lamédeciiie, puifqu'outre les prauières qualités froides qu'elle a, elle eft encor-c compcféc de parties renues, propres à emporter les obltrudtions , & eft employée à divers ufages par les Porrugais , & par les Sauvages. On en fait des fomen- tations contre l'inflammation & les obftru étions des reins & des hvpocondres. Enfin , l'huile qu'on tire de \'anin au midi de la Loire; & l'autre, l'Anjou fupérieur, au nord de la même rivière. Ce nom vient du nom du peuple Gaulois nommé Andes j Andegavij ou An- decavi 3 qui habitoit autrefois ce pays. Quelques-uns ont cru que ce nom venoit d'aiguade, c'eft-à-dire , lieu plein d'eau ; parce que l'Anjou eft arrofé d'un grand nombre de rivières , la Loire, la Sarte, le Loir, la Mayenne , la 'Vienne, la Dire , le Tonay , le Larion, l'Eure, la Guinate, & plufieurs autres; & d'un grand nombre de lacs, d'étangs, de ruiireaux& de fontaines. hcComtè à' Anjou fut érigé en Duché par le Roi Jean. Fleuri III avant que de parvenir à la Couronne de Po- logne, Philippe de France , frère unique de Louis XIV. & Philippe V, Roi d'Efpagne, fon petit-fils, ont porté le nom de Duc à' Anjou. ^fT ANJOUAN. Ile , la même qu'Amivam. Foye^ Amivam. §Cr ANIRAN. f. m. Nom d'un Ange ou Génie , qui prélide aux noces , & à tout ce qui arrive le troifiè- me jour de chaque mois lolaire de l'ancien calendrier Perlien, félon l'obtervation fuperfliitieufe des Mages. Ce troihcme jour de chaque mois porte aullî le nom à'Aniran ^ & eft conlacré à ce Génie , dont on célé- broit la fête avec pompe. La religion Mahométane a fupprimé cette cérémonie , que les feiils adorateurs du feu , qu'on appelle aujourd'hui Parfis , gardent en- core fecrétement en quelques endroits. D'FIerb. Bibl. Orient. ANIS. f. m. Anifium , anicetum. Ceft; une plante qui .1 une tige ronde , haute d'une coudée , & fort branchue. Elle porte un bouquet blanc , ayant une odeur de miel, d'où fort une graine femblable à l'ache , qui eft lon- guette, & d'un goût entremêlé de doux, de piquant & d'amer. Cette femence eft chaude , & fcrt à chaf- ANN fer les vents. On en met dans les médecines , & c'cll un des coneclib du Icné. Anis , eft auili une dragée dans laquelle on enferme un grain d'anis. An'ifum faccaro condïtum, \Janls de Ver- dun eft le plus eftime. Anis de la Chine ou de Sibérie, f. m. C'cftune (cmcnce qui a la figure & la groileur de celle de la coloquinte , la couleur tannée &: luitante, l'odeur & le goik lem- blable à celui de Vanis , mais plus fort. Elle naît dans une caplule épailfe & dure, qui a la forme d'une étoile à lept rayons, chacun defquels contient une Icmence. On appelle cette cap(ulc, Fruclus Jlellatus. Elle ell attachée a un arbre qui croît à la Chine : on en ap- porte quelquefois en France, mais elle y eft rare. Les Orientaux ik les Hollandois en mêlent dans leur lorbct & dans leur thé , pour les rendre plus agréables. On apporte aullî de (on bois en Europe, en groifes bûches grisâtres, ayant l'odeur de Vanis, pour quoi on l'ap- pelle bois d'anis. Ses propriétés approchent de celles de la iemence, mais il ifelt employé que parles Ebé- niftes & les Tableciers. Lémeri. Anis aigre, f. m. C'elf une lortc de graine que l'on ap- pelle aulH Cumin. Anis. Montagne du Vélay , dans les Cévennes. Anicius. Dans l'ulagc on ne dit point ce nom feul, on dit , le Mont Ams 3 comme le fviont Cénis , le Mont d'(^r, &c. Le Puy eft lur le Mont Anis , comme autrefois l'ancien KuiJJlum. Pomme d'Anis. Elpèce de poirier, & de pomme, dite autrement , le Fenouiller. Voye^ Fenouillet. ^Cr ANISER. V. a. Mettre de l'anis , une couche d'anis fur quelque chofe. Gâteau anife. Acad. Fr. ^3" ANISÉ , EE. part. Eau anifce. C'eft-à-dire , eau dans laquelle il entre de l'anis. fer ANISETTE. f f. Terme vulgaire, qui lignifie de l'eau, dans la compoiîtion de laquelle il encre de l'a- nis. C'eft la même choie qu'eau d'anis. A N K. ANKER. f m. Mefure des liquides , dont on fe fert à Amfterdam. XJankerz^L la quatrième partie de l'aëm, & contient deux ftekans. Chaque ftekan faitleize min- gles ou mingelles ; chaque mingle eft de deux pintes de Paris : eniorte que \ankcr contient loixante-quatre pintes de cette dernière mefure. UCr ANKING. Ville de la Chine, dans la province de Nankin. On la nomme auiîi Chichen _, & Anhing. Elle n'eft éloignée de Tonglou que de lix lieues. ANKYLOGLOSSE. ( L'Académie écrit Ankiloglojfe). f. m. Ankyloglojfum. Vice du hlet ou ligament de la langue , qui eft trop court de naillance , ou endurci par quelque cicatrice :il caiiie une grande difficulté de par- ler. Ce mot eft ccmpolc du grec, à.yK\.\ù<,refferré , con- tracté, & de >AwVira , langue. P. Eginéte appelle aullî ce mal Ancylion, à-,wi\i<:i. ANKYLOSE. f. f. %Cj- L'Académie UûtAnkilofe. Pri- vation de mouvement dans les articulations. Anhy lo- fs. L'anhylofc eft loiique la liqueur glaireufe , qui lert à faciliter les mouveraens de la jointure, venant à s'épailïïr par Ion abondance , colle les têtes des os avec leurs cavités, & cette union s'appelle Ankylofe , qui eft une maladie des os très-difficile à guérir dans les anciennes luxations. Dionis . Ce mot eft grec, aTKvAKns , qui vient d' àf^vAn , qui hgnifie une dureté, oucalus dans la jointure. Au refte, c'eft mal écrire , que d'é- crire anchylofe , avec M. Dionis, comme fi l'on di- loit en grec ^'T^i'^w'/î , & non pas àrxuAoïfif.Dans ces occafions il faut fe fervir du K. A N N. ANNA. f. f. Anna. Terme de Mythologie. Déefle qui prélidoit aux années, & qui avoit pris de-là fon nom. Quelques-uns prétendent que c'eft la fœur de Didon , dont il eft parlé dans le IV^ Liv. de l'Enéide. On dit qu'après la mort de fa fœur, Hiarbas, Roi des Gétules, s'étant rendu maître de Carchage, elle quitta l'Afri- que , & fe retira chez B.attus, qui regnoit dans l'île de Tome L ANN 36" j Malte ; que Pygmahon étant furvenu quelque temps après avec une Hotte , Battus la pria de fe rcrirer ; qu'elle palFa enjtalie, où Énée la reçut rrjs-bien , mais que la jaloulie de Lavinia , femme d'Énée , l'obligea de s'é- chapper, ik de fe jeter dans le Heuve Numicius, au- jourd'hui Nemi , & que dans la fuite on la déifia. F'oyej Ovide. Fafl. Liv. III, v. ôyj &fuiv. D'au- tres difent que la Décile .^/.'/2t; eft la lune, p.arcc qu'elle frit r.mnée parles révolutions. D'autres, que c'eft Thé- mis , d'autres lo , d'autres celle des Atlantides , qui avoir alaité Jupiter. Foye^ Ovide, à l'endroit cité. Anna. Ville lituée lur l'Euphrate, aux confins de l'Ara- bie heurcufc tv" de l'Arabie déferre ; de-là vient que quelques-uns la placent dans celle-ci, & d'autres dans celle-là. Elle eft partie du côté de la Méfopotamie , Se partie_ du côté de l'Arabie. Anna. 1. m. Petite bête du Pérou , dont il fort une odeur qui infecte les lieux où elle pâlie les nuits. ANNA PERENNA. f f Terme de Mythologie. Déelfe des Romains. Anna Pert;/2;7i7.C'étoit une bonne vieille qui demeuroit lur le mont Aventin , & qui dans la re- traite que fit le peuple Romam fur cette montagne , lui fournitdes vivres. En reconnoilfance de ce fervice, elle fut divinifée. ANNABASSES. i. f. pi. Efpèce de couvertures, ou de pagnes qui fe font à Rouen, & en Hollande. ANNABERG. Bourg de la haute Saxe. Annaberga. Il eft dans la Mifnie, près de la rivière deSchop, aux confins de la Bohème , alfez près de Mariemberg , & au midi de la ville de Meilfon, fur la montagne de Schéneberg. Des mines qui lont dans fon voifmage, & celles de Mariemberg , rendent Annabcrg coiifi- dérable. ANNACIOUS. {les) f m, & f. Peuple de l'Amérique n\tx\6^\onAt. Annaciugus ,a. Les Annacious habitent près du gouvernement de Porto Séguro, dans le Bréfil. ANNAL, ALE. adj. Qui ne dure qu'un an, qui n'eft valable que pendant un an. Annuus ^ annalis. C'eft une commillîon annale. On le dit aullî de tout ce qui revient tous les ans. LJne fête annale. Les Lettres de Chancellerie lont annales , ne valent rien après un an, comme Ccmmitdmus , relief d'appel, & autres: il faut obtenir des lettres de furannation après l'an. Les arrêts pour les tailles font la plupart réputés annaux- '^^ Loi As}^ ALE. Lcx annalis. Les Romains donnoient ce nom à la loi qui marquoit l'âge qu'il falloir avoir pour entrer en Magiftrature. Il falloir 18 ans pour ê'tre Chevalier Romain, & ij pour obtenir le Con- fulat. ANNALES. {. f pi. Hiftoire qui décrit les événemens année par année. Annales. Les annales eccléfialliques de Baronius. Les annales de France. Les annales de Corneille Tacite. On rapporte pluficurs différences entre les annales &c l'hiftoire. Aulugclle,Liv. V,ch. 18, dit, que quel- ques-uns prétendent que l'hiftoire eft proprement le récit des choies auxquelles l'écrivain a aiîifté, qu'il a vues. Il ajoute, que Verrius Flaccus doutoit que cette opinion fût vraie , quoiqu'il avouât qu'elle étoit fon- dée fur l'étymologie & l'origine du nom hiftoire. Car , diloit-il , hiftoire en grec fignifie la connoilfance des choies prélcntes ■■, Se en eff^et , lrtei~, en grec fignifie , voir. Servius , fur le v. 377 du premier Livide 1 £- néide , rapporte cette différence , & appuie fur cette érymologie. Au contraire les annales, dit-il, font ce que l'on n'a point vii de nos temps : ainfi, pourfuir-il, l'ouvrage de Tite-Live eft partie hiftoire, partie an- Tiales. Il lemble que Tacite ait aulîî été de ce fenti- ment ; car il intitule la première partie de fon ou- vrage annales. C'eft qu'il y parle des temps qui l'a- voient précède. Et la (econde partie, où il décrit les affaires de Ion liècle, il l'appelle Hifloire. Aulugelle eft d'un autre lentiment. Il prérend que hiftoire Se anna- les, ne différent que comme le gçnre & l'efpèce. L'hif- toire eft le genre , & c'eft la narration , ou l'expofition des choies palfées. Annales eftlefjèce, & c'eft la mê- me chofe, mais rédigée par ordre des années, de même que Journal , eft la même chofe digérée ielon l'ordre des jours. Le même Auteur rapporte une autre diffé- Z z ij 3x'^4 ANN rence cjue Sempronius Afelio tnettoh entre lliifloire 1 A' les annales. Celles-ci , lelon cec Eciivain, lontune iimple narration de ce qui s'eft tait chaque année. L hiftoire eft un récit , jion-feulement des taits , mais -encore des caules, des motifs, des railons, & de tous ■Jes reilbrts qui ont fait agir. L'Annalifte ne fait que -déduire ces faits , l'Hiftoneu raifonne fur ces faits. Cicéron femble ctre de même avis au Liv. II ^ de Orat. n. /^ j ou du moins ce qu'il dit revient à peu près à cela. La différence qu'il y a , félon lui , entre \ts anna- les & 1 hiftoire, c'eft que les annales ne font hmple- ment que raconter les bits de chaque année, lans au- •cun autre ornement que la brièveté , au lieu que l'hil- toire demande des ornanens. Unam dicendi laudem jutant effe hrcvicatem Non exornatores rc- rum ifedtantùm narratores. La différence que donne Servius n'eft pas d'ufage aujourd'hui. Celle que met Aulugelle entre hiftoire & annales ne luffit pas, il faut joindre celle de Cicéron, 6." d'Afellio. Cependant on appelera fort bien annales toute hiftoire diftinguée par années, fouyent même annales le prend pour toutes fortes d'iiiftoires , ou pour hiftoire en général , tant en latin qu'en françois. C'eft ainJî que l'a pris Flo- rus, Liv. /j ck^. 10. 'Virgile, Enéide /^ r. 3J7 ^ & Cicéron en plulieurs endroits. Cicéron, à l'endroit que j'ai cité , rapporte l'ori- gine des annales z peu près en ces termes : « L'hiftoire n'étoit d'abord que la compofition des annales. Pour en conferver la mémoire, le Grand-Pontife écrivoit ce qui fe paffoit chaque année, & l'expofoit chez lui /ur une tablette , afin que le peuple pût l'aller hre. C'eft ce qu'on appcloit les grandes annales. Cette cou- tume fubfifta jufqu'au pontificat de Pubhus Mucius Scicvola. Il étoit Conful l'an 620, ou 611 de Rome, c'eft-à-dire, 134, ou 155 ans avant JÉsus-Christ. Plufieurs Ecrivains imitèrent cette manière d'écrire J'hiftoire , fans orncmens * & fimplement en racontant les faits. Tels furent Caton , Pidlor , & Pilon. Anti- pater fut le premier qui releva un peu plus fon ftylc , 6c qui donna des ornemens à l'hiftoire. Ce Cœlius Antipater étoit ami de Craffus, & vivoit par confé- quent vers l'an de Rome 630, environ 120 ans avant Jésus-Christ. ^CF Dans le ftyle foutenu , annales &: hiftoire font fyno- nymes. On dit : nous liions dans nos annales. Dans la rigueur, on ne doit pas confondre ces mots , & il lerable que par annales , on doive entendre une (Impie expofition ou narration d'anciens évencmens rédigés année par année. 'ANNALISTE, f. m. Hiftorien qui écrit des annales, ^/z- nalïum fcriptor. Les principaux Annalijles parmi les Grecs font , au rapport de Cicéron, Xh'. II. De Orat, n. fj. Phérécides, Hcllanicus, Anefilas. Il marque qu'il y 'Cn avoir encore un grand nombre d'autres. Parmi les Romains, d'abord les Souverains Pontifes, &enluite Caton, Piclor, & Pifon, comme nous l'a- vons marqué. 'ANNAM, ou ANNAN, ^je? Tonkin. ANNAN. Rivière d'EcolFe. Annandus. Elle a fa fource dans la province de Tuwédale , traverle une partie de celle d'Eskédale, & toute celle d'Annandale, baigne la ville à' Annan , & environ une heue au-deffous , elle fe jette dans le golfe de Solway. 'Annan. Ville capitale de la province d'Aiinandale , en Ecoife. Annandum. 'Voyez l'article précédent. 'ANNANDALE. Province d'EcofTe. Annandïa , ou An- nandi vallis. Elle a l'Eskélade au levant, la Cluydel- dale au nord, la Nithetdale au couchant, & au midi le golfe de Solway, qui la fépare du Cmnberbnd , province d'Angleterre. Elle s'étend le long des deux bords delà rivière d'Annan, qui lui a donné Ion nom. Sa capitale eft la ville d'Annan. ANNA'TE. f. f. Droit que l'on paye au Pape fur tous les bénéfices confiftoriaux , lorfqu'il donne les bulles , ou d'une abbaye, ou d'un évcché. C'eit le revenu d'une année, qui a été taxé félon l'évaluation du revenu du bénéfice, faite au temps du Concordat. Annuum recllgal vacantis beneficii ecclefiaflïcï. On l'appelle communément ///2/z(ZW. Ce droit eft appelé Annuale ANN dans mie charte de Robert, Abbé de S. Viftor de Pa- ns, & Annualïa au pluriel dans le Nécrolcge de la même abbaye. Ce fut Jean XXII, qui introduifit les annates en Fiance. Il prétendoit que le revenu de la première an- née de chaque bénéfice vacant lui appartenoit; de là ce droit fut appelé Annate. Bonitace IiX les confiima à toute fa poftérité par une fentence décrétale. Clé- ment VII ordonna que de tous les bénéfices de France il prendioit la moitié du reveiru pour lui &pour l'en- tretien des Cardinaux. Les Papes ont pris aulli quelque temps tous les huics des abbayes pendant la vacance, & généralement ï'annate de tous les bénéfices vacans en quelque lotte que ce fût , même en régale 8c en patronage lai , julqu'à ce qu'il y ait eu une Ordon- iiance de Charles VI de l'an 1585, qui abrogea cette coutume. Les Rois ëc les Parlemens le font toujours oppolés aux annates j comme à un tribut qui leur.pa- roiiroit odieux. Le Concile de Bdlc même , dans la Seflion XII & XXI , en 143 1 , abolit les annates , ôc ce décret fut inléré dans la Pragmatique Sand:ion , drelfée à Bourges cn prélence de Charles VII. Cepen- dant par le Concordat entre Léon X ik. François I en 1516 , on ne parla point des annates , 8c la Pragma- tique Sauttioniuc lupprimée. Au refte, Foly dore Vir- gile, de Invent. Rer. Livre Vlll , ch. 1 , &c plufieurs autres, croient les annates plus anciennes qu'on n'a dit ci-delFus. Il eft certain que dès le Xll^ fiècle il y eut des Evêques & des Abbés qui par une coutume , ou par -un privilège particulier reccvoientlcs annates des bénéfices dcpendans de leur diccèle , ou de leur abbaye. Ko}c^ la Lettre d'Etienne Abbé de Sainte Geneviève , à l'Archevêque de Reims. Il y cn a en- core des exemples à Beauvais, a Paris , à /*,miens , dans le mtine fiècle. Matthieu Paris, dans ion Hiftoire d'An- gleterre à l'aimée 746 , rapporte , qu'autrefois T Arche- vêque de Cantorbery , par ime concelîion du Pape , jouilloit des annotes de tous les bénéfices qui va-- quoient en Angleterre. Clément V , prédécelleur de Jean XXII, le fit payer les. annates des bénéfices va- cans cn Angleterre pendant deux ans, félon Matthieu de Weftminfter, ôc pendant trois ans, félon Thomas Walfingham ; &: le premier airureque ce tut de tous les bénéfices, cures, 8c même vicariats , 8c julqu'aux plus minces bénéfices: ce qui montre que Polydorc Virgile fe trompe, quand il dit que les Anglois n'ont point payé 'es annates des petits bénéfices. Il paroît encore par le même Matthieu de WeftmirJler , qu'a- vant ce temps-là le Pape acccrdoit aux Evêque: d'An- gleterre , les annates des bénéfices de leur diocèfe. Car Clément V , dit-il, ne les prit que parce qu'il crut qu'un fupéricur pouvoir s'approprier ce qu'il donnoit aux autres. Outre les Auteurs dont j'ai parlé, on peut voir Budé, iiv. P^j de AJje jCard. Gufanus, deCon- cord. Cathol. Liv. II j ch. 40. Nic.de Clcmengis, de annat. non folv. Duaren , Liv. I , de Sacr. Ecclcf. JSIin. ch. û. Par le droit commun , les bénéfices qui ne font pas confiftoriaux, ne lallFent pas d'être fujetsà ïannate ; mais en France on s'en dilpcnfe , en expo- fant dans la lupphque que le bénéfice dont on demande les bulles , n'excède pas la valeur de vingt-quatre du- cats , bien qu'il loit de plus grand revenu; & en France la règle de la Chancellerie , De vero valore expri- mendo j n'a pas lieu , comme dans les pays d'obédience. Il y a des Chapitres qui jouiirent du droit A'annatcs des chanoinies vacantes : ces revenus lontdcftinés pour . la fabrique & les ornemens de l'Eglile. Le Grand-Maitre de Malte retire une annate de toutes les Commaiideries de grâce. Vertot. ANNE. f. m. Nom d'homme. L'un des Grands Prêtres J des Juifs , dont il eft parlé en S. Luc lîl , 2 en S. Jean " XVIII , 1 3 , 24, & aux Ades des Apôtres IV , 6. Jo- fephe l'appelle Ananus ; ôc quelques-uns de nos Dic- tionnaires lui donnent le même nom , ou celui d'Anna • c'eft une faute, l'ulage eft de dire Anne. Sous le pon- tificat d'Anne ôc de Caïphe, la parole du Seigneur fe fit entendre à Jean , fils deZacharie, au delert. Bouh. Ils l'amenèrent d'abord chez Anne , parce qu'il étoit 1 beau-pere de Caïphe, qui étoir Grand Prêtre cette ANN anncc-!à. Port-R. Anne l'inteiTogea touchant Tes dif- ciples ilx: la dodrinc. Royaumomt. Les Magiftrats , les Anciens j ëi les Scribes s'airemblerent le lendemain dans Jerulalem avec Anne , le Grand-Prêtre , te. Simon. Joleplie parle encore de deux autres Ananas, ou Grands-Prctres nommés Anne , dont le premier tut fils & iucccllcur de celui- ci , de la feâe des Sadu- céens. C'clL lui qui fit mourir S. Jaques le Majeur. Le fécond challa les Zélateurs du temple -, mais étant rede- venus les plus forts , par les lecouis qu'ils reçurent des Iduméens , ils mallacrerent ^^/?/2e _, l'an 6- de Jesus- Christ. Il y a encore nnAnanus, oU/V«/2t?jEvèque d'Alexandrie après S. Marc. Tous ceux-ci peuvent être appelés Ananus ; car , comme on en parle peu , l'ufage ne leur a point donné une forme fiançoiie. Pour le premier , il hiut toujours l'appeler Anne. C'efi: ainlî qu'en ont ulé Meilleurs, Godeau dans Ion H'ijloirede l'E^lïfe y & Arnaud d'Andilly , dans fa tradudion de Jolephe. Anne. l. f. Nom de femme. Anna. Anne mère de Sa- muel. Elcana avoir deux femmes , dont l'une s'appe- Xdii Anne , & l'autre Phenenna. Saci. Sainte Anne , mère de la Sainte Vierge. Anne la Prophételfe. En ce temps-la vivoit Anne , qui avoit le don de prophétie , èc qui étoit fille de Phanuël de la Tribu d'Aler. Bouh. Anne Comnène, fille de l'Empereur Alexis Comnène, a écrit l'Hiftoire de Ion père en quinze livres, depuis l'an 1064 julqu'à l'an 1 1 18. Anne de Bretagne, fille & héritière du Duc François, & de Marguerite de Foix , femme de Charles VIII & de Louis XII, apporta la Bretagne à la France , & fut la première qui éleva à la Cour des filles de qualité, qu'on nomma filles de la Reine. Anne d'Autriche, fille aînée de Philippe III, Roi d'Elpagne, femme de Louis XIII, mère de Louis le Grand. Anne , dont la vertu nous ajfifte au befoin , Va ramener le calme après tant de tempêtes ; Et ces princes divins , dont elle a tant de foin ^ De l'aurore au couchant borneront leurs conquêtes. Ce fout les vers que Mezcrai a mis fous le portrait de cette Princelfeau commencemntdeionHiftoire.Nous avons encore une Reine de France nommée Anne. C'eit la femme de Henri I, fille de Jarollas, Roi de Ruiîie. On trouve dans le VIII (îècle proche du Pro- conèie une Eglile dédiée à Sainte Anne. Anne , quoique nom d'une Sainte , s'eft aullî donné quel- quefois à des hommes. ^/;«e j Roi d'Ellangle, ou des Ânglois orientaux , regnoit au commencement du IX fîècle. Iln'eft pas sûr néanmoins que ce lût un Chré- tien ; mais il y a deux Annes de Bourbon Malaufe , & Anne de Montmorenci , Duc, Pair, & Connétable de France, Ions cinq Rois, Louis XII, François I, Henri II, François II & Charles IX, Il fut tué à l'âge de 80 ans à la bataille de Saint Denis. /^««Cj Duc de Joyeufe j fous Henri III , tué à labataille de Courtrai. Pour les hommes, quoique ce nom loit celui de Sainte ./^/z/zcjqu'on leiu" donne au baptême,& non pas celui du Pontife Anna , on diren latin Annas^ & non pas Anna. Ce nom , Anne ^ foit mafcuUn , foit féminin, eft hébreu, & vient dif verbe ]:n, hhanan , qui fignifie gratifier, faire grâce, donner des grâces, faire miféri- corde , être gracieux , erre miféricordieux. De-là vient în , hhan 3 gtace, miléiicorde , d'où fe forme MJn , hhannas y qui lignifie la même chofe, & gracieux, miféricordieux; gracicule , miléricordieifle ; & de là le nom Anne , qui devroit par conféquent s'écrire avec une alpiration forte; mais l'ufage l'a ôtée, aulfi bien qu'en beaucoup d'autres , quoique dans fon ori- gine, c'eft-àdire en hébreu, fans alpiration, il dût avoir des lignifications très-difterentes. SAINTE ANNE. Nom d'un lieu fitué fur la côte de l'Acadic, dans l'Amérique Icptentrionale , & où il y a un havre. Portus y Statio Sancl&jAnns.. Havre de Sainte Anne y lur la côte orientale de l'ile du Cap-Breton. Voyex cette ilc. Ce havre eft beau & • sur. . ANN ^6^ ANNEAU, f m. Bague, corps circulaire qu'on met au doigt. Annulas. Ménage dérive ce mot de anellus , qui le trouve dans Cicéron pour petit anneau. L'anneau cff compofé de trois parties, du jonc, ou anneau pi'o- prement dit , du chatton , ts; de la pierre, f^oye^ M. le Vayer lur la manière de divcrles nations de porter des anneaux y lur -tout des Indiens. Sénèque a déclamé contre la vanité des femmes , qui portoient un ou deux patrimoines à chaque doigt. L'anneau d'un Evêque fait partie des ornemens ponti- ficaux. Les Rois de France, & les Empereurs invelfif- foicnt anciennement les F.vêques & les Archevêques, en leur donnant la crolle & l'anneau. L'anneau eft un gage du mariage Ipirituel de l'Evêque .avec fon Eglile. L'ulage de l'anneau pour les Evcques eit très- ancien. Le IV Concile de Tolède tenu en 653 , en parle au chap. iS , où il ordonne qu'un Evêque dépoté, s'il eft trouvé innocent dans un lecond Concile, ne pourra être rétabli , qu'en recevant des mains d'un Evêque devant l'autel , l'étole appelée Ora- rium y l'anneau y & le bâton, ou la crolfe. Un fer- mon fur S. Valentin, Evêque de Gènes , au commen- ment du IV liècle, lait mention de l'anneau des Eve- ques en ce fiècle; mais ce fermon n'eft que du XIII liècle. Cet ulage de l'anneau pour les Evêques a patfé aux Cardinaux , qui doivent mcme donner je ne lais quelle (omme pour cela., pro jure annuli Cardinala- titii. Les Brefs Apoftoliques lont fcellés de \ anneau du pêcheur. Ce Iceau s'appelle l'Anneau du pécheur ^ parce qu'on luppole que S. Pierre, qui étoit pêcheur, en a ulé le premier; & les Papes s'en fervent après lui. Il n'y a cependant qu'environ 4C0 ans que ce terme eft en ulage. Ce Iceau s'appelle ainii, parce qu'il a l'image de S. Pierre, f^oyc'^ le Hiérolexicon des Macri. Gré- gorius Thololanus. Syntagm. Juris univerf. L. XV~. c. s- V. 24. & feqq. ik. Gérard Von Maftritt, Hijlor. Jur. Ecclef. §. 40 z. Phne, Liv. XXXIII. ch. i. dit, qu'on ignore celui qui a le premier lait un anneau ; que ce que l'on dit de Proraéthée eft une fable , aulfi-bien que l'anneau de Midas. Les premiers chez qui nous trouvons l'u- fage de l'anneau font les Hébreux , Genèfe XXXVIII. 10, où Juda fils de Jacob , donne fon anneau à Tha- mar, pour gage de fa parole. Les Egyptiens, dans le même temps, en uloient auili, Genèfe XLI. Pharaon tire fon ^««e^za de Ion doigt, & le met entre les mains de Jofeph , pour marque de la puilfance qu'il lui donne. Au troihème Liv. des Ro!s,ch. XXI. S.Jcza^ bel cachette de l'anneau du Roi, l'ordre qu'elle en- voie de laire mourir Naboth. Les Chaldéens & les Babyloniens s'en lervcient de même. Foye^ Daniel VI. 17. XIV. 10. Les Perles s'en lervoient aulfi, com- me il paroît par le livre d'Either, ch. VIII. v. 10 , & par Q. Curce , Liv. VI. c. 6. où il dit , qu'Alexandre cachetoit de Ion ancien anneau les lettres qu'il écrivoir en Europe,& celles qu'il envoyoit cnAlîe de l'anneau de Darius. Les Perles dilent que Guiamlchid, quatrième Roi de la première race, introduiht l'ulage de porter des anneaux au doigt, pour cacheter les lettres & les autres aéles néceflaires dans le commerce de la vie. Les Brachmanes fe poLXcntà' anneaux dans Philoftrate, Liv. III. c. 4. Pour les Grecs , Phne croit , Liv. XXXIII. ch. I. qu'au temps de la guerre de Troie, ils n'a- voient point encore l'ulage de l'anneau. Sa railon eft qu'Homère n'en parle point , & que quand il s'agit d'envoyer des lettres , ou de renfermer des habits pré- cieux, & des valcs d'or & d'argent dans des calfettes, on les lie, on noue les liens dans Homère, mais ja- mais on n'imprime la marque de l'anneau. Foyer le VI Livre de l'Iliade , & le VIII de l'Odylfée. Les Sa- bins avoient des anneaux des le temps de Romulus, au rapport deDenys d'Hahcarnalfe,Liv. II. Les Etru- riens en avoient aulfi du temps des Rois de Rome , témoin les anneaux que le vieux Tarquin prit aux Magiftrats d'Etrurie après les avoir vaincus. Ibid. Liv. I, ch. j. Pline croit que cet ulage avoit palîé de Grèce à ces habitans d'ItaUc; & c'eft de l'un ou de l'autre de ^66 ANN • ces peuples qu'il fe tranfmit aux Romains. Il ne s'y introduifit pas cependant d'abord. Pline ne fait lequel des Romains a commencé d'en porter; il alliire que la ftatue de Romulus , qui étoit dans le Capitole , n'en avoit point , ni même aucune autre que celle de Numa, & de Servius Tullius. Celle de Brutus même n'en portoit pas, ni les Tarquins , quoique origmaires de Grèce , d'où Pline croit que cet ulage avoit palïé en Italie. Les anciens Gaulois Se les Bretons, peuple originaire des Gaules, portoicnt des anneaux ; mais les parûlei de Pline , qui le rapporte au mcme chapi- tre , ne nous donnent point à entendre li l'anneau avoit chez CCS peuples d'autre ulage que l'ornement. Les François en portoienr auili , & l'on a trouvé dans le tombeau de Childcric Ion anneau d'or , qui le garde à la Bibliothèque du Roi , & (ur lequel iont ces mots , CHILDIRICl REGIS. Celui de Louis le Débonnaire, rapporté par Chifflet, avoit pour infcripticn , XPE PROTEGE HELDDOVICUM IMPERATOREM. Quant à la matière des anneaux j il y en avoit d'un métal iîmple & d'auties d'un métal mixte , ou d'un double métal. Car quelquefois on doroit le fer &• l'argent , ou bien on enfermoit l'or dans le fer ; comme il paroît par Artémidore , Liv. IL ch. j. Les Romains fe fervirent très-long - temps d'anneaux de fer , & Pline allure à l'endroit que j'ai cité , que Marins n'en porta un d'or qu'à ion troiiième Conlu- lat, l'an de Rome 6jo. Il en eft cependant parlé dans Tite-Live à l'année 45 2 de Rome , à l'occafion du deuil que caufa à Rome le traité honteux de Claudium. C'eil la première fois qu'on l'a trouvé dans l'Hiftoire Romaine , Tite-Live , Liv. IX, ch. 7. Il y en avoit dont Vanneau étoit de fer , & le cachet d'or. Quelques-uns étoient folidcs, & d'autres étoient creux , comme le rapporte Artémidore, Liv. Il, ch. z. Feftus au mot £ dera j, ik AulugeWc , Liv. X, ch. 15. Quelques-uns avoient une pierre précieufe pour cachet, & d'autres n'en avoient point. Ariftor. Phyfic. Livr. III, ch. 9. Jul. PoUux, Liv. VI, ch. 53. v. 7. Artémid. Liv. II, ch. 5. En quelques-uns la pierre étoit gravée , en d'au- tres elle ne l'étoit point, Pline, Livre XXXIII, ch. i. Il y en a eu qui avoient deux pierres, ou même da- vantage : une lettre de l'Empereur 'Valérien en fait foi, auiîi-bien que Trebeliius Poliion,danslavie de Claude le Gothique, ch. 14. Au lieu de pierre précicule le peuple metcoit du verre. Plin. Liv. XXXV , ch. 6. Celles qui étoient gravées en creux s'appeloienr Gem- ms. eclipis. _, & en relief; Gemmiifculpturàprominente. Il y .avoit des anneaux qiri étoient tour d'une pierre précieufe , mais fur-tout pluheurs d'ambre , comme on le peut voir dans Artémidore, Livre II, chapitre cinq, dans Pline , Liv. XXXVII ; & dans le Daclyliotheca de Gorlxus, n. ici. Il y a eu plulieurs manières différences de porter les anneaux. Il paroît par Jérémie XXII , 14 , que chez les Hébreux on les portoit à la main droite. Chez les Romains avant qu'on les ornât de pierres précieules, lorlquc la figure fe gravoit encore fur la matière mê- me de {'anneau i chacun les portoit à fa fantaifle, à quelle main, & à quel doigt il lui plaiioit, Macrob. Liv. VII, ch. 15. Quand on y eut ajouté les pierres, on les porta (ur - rout à la main gauche , & ce fut une delicatelfe excelîîve d'en porter à la droite. Lucien Navig. Tertul. de l'hah'u des f'emm. ch. dern. Pline, Liv. XXXIII. I. Sïlms Ital. Liv. XL Horat. Liv. LL. Sat. Vil. V. 8. Jul. Capitol. ïn Maxim, ch. 6. Il femble par les derniers mots du I. Liv. de Tertul. de cukufem. que du temps de ce Père on n'en portoit encore qu'à la main gauche. Siniftra ver flngulos di- gitos de faccis /Ingulis lud'it. Il n'eut pas oublié la main droite dans un endroit où il ne cherche qu'à exagérer ces fuperfluités , fi on y avoit porté des an^ neaux. Pline dit qu'on les porta d'abord au quatrième doigt, que les ftarues de Numa & de Servius Tullius en étoient des preuves; qu'enfuite on en mit au lé- cond doigt , c'cft-a-dire , à 1 index , puis au petit doigt , & enfin à tous les autres , excepté celui du milieu. Les Crées le portoient auiîl au quatrième doigt de la yxi:ixi\^^\xùic , AuIugeUc y Liv. X, ch. 10. La rai ion i ANN qu'il en rapporte , eit qu'ayant trouvé par l'anatomie, que ce doigt avoit un petit nerf qui alloit dioit au cœur , ils crurent qu'a caufe de la communication qu'il avoit feul avec la plus noble partie de l'homme, il étoit plus honorable. Les Gaulois & les anciens Bre- tons les portoient au doigt du milieu , comme Pline le rapporte , à l'endroit que j'ai cité. D'abord on ne porta qu'un ieul anneau , enluite on en porta à tous les doigts , Mart. Liv. V. Epigr. 63. Tertull. de cul- tu jem. Liv. /• i^ plulieurs même à chaque doigt. Martial , Zh'. XI^Èp. 60. Enfin on en porta un, & quelquefois plulieurs a chaque jointure de doigt jAril- toph. in nubih. Martial. Liv. V. Epigr. 11. Senec.nat. quxfi. Liv. VIL. ch. SI. Quintil. Infiit. Liv. XI. Clé- ment Alex. Pxdag. Liv. III. ch. 1 1. La délicatelfe & le luxe allèrent fi loin en ce genre , qu'on eut des anneaux qui lervoienr par femeftre, pour me iervir du terme de Juvénal , iat. Vil. v. 89. Aurum femef- tre ^ femejlres annuli, les uns pour l'été, & les au- tres pour l'hiver. Ventilât aflivum digitis fudantibus aurum. Il paroît par les derniers mots du premier Li- vre de Tertullien , de l'ornement des femmes , qu'on faifoit des dépenfes excellîves en ce genre; mais iî l'on en croit Lampridius , chap. 3 2 , perlonnene poulfa les choies à un excès fi grand qu'Élagabale, qui ne porta jamais deux fois, ni le mcme anneau , ni la mê- me chaullure. Aujourd'hui on n'en porte qu'au qua- trième & au cinquième doigt, mais plus ordinaire- ment au quatrième, qui s'appelle le doigt Porte-an- neau j ëct\-\\Mm,annularis. Quelques tableaux de 100 & 100 ans en mettent aulli à l'index, c'eità-dire , au iecond doigt. On a aulïi porté des anneaux aux narines, de la même manière que des pendans d'oreille aux oreiîles. Voye:^ S. Jérôme lur le chap. XVI d'Ezéchiel. S. Au- guilin l'allure des Maures, & Bartolin a fait un Livre de Annulis narium j des anneaux des narii^.es. Pierre de Valle & Licet en parlent aulfi, 6i\e premier allure que les Orienraux ont cette mode. Enfin, il n'y a guère de parties du corps humain où la galanterie n'en ait fait mettre, aulll-bien qu'aux doigts de lune & de l'autre main. Les Relarions de l'Inde Orientale alTu- rent que les habitans les portoient ordinairement au nez, aux lèvres , aux joues, & au menton. André Cor- lal en dit autant de toutes les femmes Arabes du port de Calayates. Nous liions à peu près la même chofe dans Ramufio, des Dames de Narfingue vers le levant; & Diodore témoigne au IIl^ Liv. de ia Bibliothèque, que celles d'Ethiopie avaient accoutumé de fe parer les lèvres d'un anneau d'airain. Pour les oreilles , par tout le monde on s'efl plû, hommes & femmes, à y pendre des bagues de prix. Le Vayer. Les Indiens & les Indiennes, ôc entre autres les Guzzerates,ont porté des anneaux aux doigts des pieds. Quant Pierre Alva- rès reçut fa première audience du Roi de Calicut,il le vit tout couvert de pierreries enchâffées dans des pendans d'oreilles, des bracelets Se des anneaux ^ tant aux doigts des mains que des pieds ; iaifant voir iur l'un de les orreils un rubis , & une efcarboucle de très-grand prix. Louis Bartome repréiente un Roi de Pégu , qui ctoit encore plus excelfif en cela , n'ayant aucun des doigts de les pieds qui ne fut chargé d'anneaux garivs de pierreries. Idem. Par rapport àl'ufage, il y avoii trois différentes for- tes d'anneaux chez les Anciens. Il y avoit de:, anneaux qui lervoienr à diftinguer les conditions. Mine alFure à l'endroit que j'ai dcja cité louvent, que dans les com- menceme'ls les Sénateurs même n'avoient point per- milîîon de porter d'anneau d'or, a moins qu'ils n'euf- fent été Amballadcurs chez quelque peuple étranger: encore ne leur étoit-il permis alors de fe iervir del'a;:- neau d'or, qu'on leur donnoit,que dans les adùons pu- bliques; dans leur particulier ils en poitoient un de fer. Ceux qui avoient mérité le triomphe obfervoient la même chofe. Il fut enluite permis aux Sénateurs ôc aux Chevaliers, de porter l'anneau d'or; mais fi l'on en croir Acron fur Horace, L. II. far. VII, v. 53 , ilsne le pouvoicnt faire que le Préteur ne le leur eûr donné. Après cela ce tut ia diftinction des Chevaliers Ro- ANN mains. Pline XXX. 8. Diodore , Liv. XLVIII. Le peu- ple poitoic l'anneau d'argent, &• les elclaves le por- roient de fer. On .-iccordoic cependant l'anneau d'or à des gens du peuple. Voyez Cicéron dans ion troiliè- me diîcours contre Verres, & Liv. X. Ep. 5 1. Macroii be Saturn. Liv. II, chap. 10. Sévère le permit même à tous Icj iàmples foldats. Avant Augufte on ne l'ac- corda jamais qu'à des gens libres : ce Prince lut le pre- mier qui donna Vanneau d'or à des affranchis, Dion, Liv. 48 & f 5. Cet abus alla fi loin , que Tibère fut obligé, au rapport de Pline , Liv. XXXIII. chap. 1 de le corriger par ime Loi qu'il ht l'an de Rome 76;, la neuvième année de fon gouvervemenr. On palHr bien- tôt après par-delfus ce rè2;lement, & le Sénat accorda l'ufage de l'anneau d'or à des affranchis de Claude , de Galba, de Vitellius, de Domitien , & même de parti- culiers, Pline , Liv. VIII. Ep. 6. Tacite, Hift. Liv. L chapitre 15. Suer, dans Galba, chapitre 14. Enfin, la Novelle 6S de Juûinien le permet à tous les affran- chis. Une autre forte à' anneaux lont les anneaux des épouiïûles, ^ nnu/i Jfon/alidij ou les anneaux de no- ces, ou de mariage, ar.nuli géniales , annulï pronubi, annulï nuptiales. Quelques-uns font remonter l'origine de cet ulage julqu'aux Hébreux-, parce que , Excd. XXXV, 22, il eft dit que les hommes & les femmes djonneient leurs celliers, leurs pendans d'oreille , leurs anneaux, leurs bracelets, pour faire les vaies du fandtuaire. D'autres Iputiennent que ces anneaux n'é- toient que pour l'ornement. La vérité eft, que ni l'un ni l'autre n'eftexphqué; & qu'on ne peut conclure de cet endroit 11 ces anneaux avoient été donnes à la cérém.oniedu mariage ou non, & s'ils avoient d'auties ufages que celui de fervir à l'ornement. Il faut dire le mê- me à plus forte raifon du verfet 2i,du ch.III d'I{a!'e,où le Prophète ne parle que d'ornemens. Léon de Modè- ne , P. IV , chap. 3 , dit que les premiers Hébreux ne donnoienr point Panneau nuptial ; que dans la fuite cet ufages'introduifit ; mais qu'il lut rare.Selden, dans fon traité de la femme Hébraïque, Liv. II , ch. 24 , flit , qu ils en donnoient un dans les époufailles , mais qu'il tient lieu d'une pièce de monnoie que l'on don- jioit auparavant , & qu'il doit être du même poids. Les Grecs &les Romains ont pratiqué la même chofc. Les Chrétiens la pratiquent auiil ; & cet ulage eft très- ancien, comme il paroit parTertullien ,dans Ion Traité de l'habillement des femmes; par Grégoire de Tours, dans les vies des Pères \ par Ifidore, De Officiis j Liv. II, ch. i9', & comme Laurentius Pignorius le prouve ^ans fa première &: dix neuvième lettre; par les an- ciennes Liturgies , dans lefquelles on trouve la béné- didlion de l'anneau nuptial ; aulîî-bien que dans l'Or- dre Romain, & dans les plus anciens Rituels. EnMof- covie ce n'eu, point auxépoulailles, c'cft à la cérémo- nie des noces qu'il fe donne. Chez les Grecs le Prêtre bénit deux anneaux ; l'un d'orqu'il donne au mari, & l'autre d'argent , qu'il donne à la femme. Voyez l'Euco- loge , Allatius, le P. Maitene. La troifième forte d'anneaux font ceux qui fervoient à cacheter , /4 nnulijignarorii j Anmdi figillaricii , Cl- rographï y ou Cerographi ; car c'eft ainfi qu'il faut lire dans Catulle, Epigram 2j, & non pas Chirogra- phofque Tkynos : c'eft à Saumaife qu'on doit cette correâion. Catulle donne à ces anneaux fépithcte Tkyni ; & des vers rapportés par Ifidore , difcnr que la lime Thyniènne l'es poli H oit , parce que c'étoit lur- tout en Bithynie qu'on les faifoit, ou qu'on les travail- loit le mieux. On prétend que ces anneaux , & l'u- lage de cacheter, efl: une invention des Lacédémo- niens, qui nonconrens de fermer leurs coffres &i. leurs armoires avec des clefs , y ajoutèrent encore un ca- chet ; qu'à cet effet ils fe lervirent d'abord de bois rongé de vers : don: ils imprimoient les marques fur la cire , eu fur une terre molle ; qu'après cela ils trouvè- rent l'art de graver fur les anneaux <, des figures qui s'imprimaîrent de la même forte. Il eft cependant cer- tain que dès le temps de Moyfe on gravoit non-feule- ment fur l'or &: fur les métaux, mais même fur les pierres précicufes. Foye- Gravure. Mais il ne pa- ANN ^6-j roît pas, comme je l'ai déjà remarque, que \ anneau chez les premiers Hébreux, eut d'autre ufage que les bracelets & les pendants d'oreilles ; c'cft-à-dire, qu'il fervit à autre choie qu'à orner. Dans la fuite l'anneau fervoit à cacheter, ou Icelicr tous les aétes, les con- trats , les diplômes , les lettres. On en voit des exem- ples dans l'Ecriture 5 , Liv. des Rois XXI, S. Efther î'in , 10 ; dans Xénophon Hellen, Liv. I ; dans Quinte-Curce, Liv. FI, chap. 6 ; dans Juftin, Liv. XLIII 3 chap. j? j où l'on apprend encore que ce fut une charge auprès des Empereurs, que d'avoir la garde de l'anneau : le Référendaire failoit autrefois la même foncHon auprès de nos Rois , de même qu'aujourd'hui les Sceaux font entre les mains du Chancelier, ou du Garde des Sceaux. Comme Pharaon avoir donne le lien à Jcfeph, ainfî Alexandre donna le fien en mourant à Perdiccas , pour le déligner Ion luccefleur, (1 nous en croyons Lucien dans les Dialogues. On s'en fervoit encore pour-keller l'entrée de tout ce que l'on vou- loit tenir exaélement fermé. Ainfi dans Daniel, Da- rius f celle de Ion anneau ëc de celui de (es Miniftres, la folle aux lions , chap. FL , i j , & le temple de Bel, chap. XLF , 10, //. On fcelloit de mcme len- treedes mailons, Ariftote, De miracul. aud. l'appar- tement des femmes , Ariftophane dans la fête de Ce- rès; la pierre du Icpulchre, dans S. Matt. XX/^//_, 66, tous les meubles, les coures & les callettes, les bou- teilles de vin, les bcurfes , comme on le voit dans Pline, Liv. XXXIIL, ch. i. Plante Cafin. ecî. IL, Se. 2. Martial , Liv. XL, Epigr. Sç. Tacir. Annal. Liv. LL , ch. 2, &c. /^oye? J A NU s Rutgersius Far. Lecl. Liv. F , ch. j. Solon fit une loi, par laquelle, pour la siircté publique, il défendit à tous faileurs eu mar- chands à anneaux , de garder un modèle d'un anneau qu ils auroient vendu. Aujourdhui on grave fur fon cachet les armes de fa maifon. Chez les Anciens les figures des anneaux n'étoient point héiéditaires , & chacun prenoir celle qu'il lui plaifoit. Numa, avoit défendu par une loi , que l'on y gravât les figures des Dieux. Pythagore dé- fendoit la même choie a les dilciples, Clem. Alex. Strom. Liv. F. L'ulage abrogea la loi de Numa, & les Romains gravèrent lur leurs anneaux , non-feule- ment leurs Dieux , mais encore les Dieux étrangers , &i lur-tout ceux des Egyptiens, ainfi que Pline le rap- porte, Liv. II, ch. j , Liv. XXXIII, ch. j. Ils y gravèrent des hommes, des animaux, des chofes ina- nimées , leurs ay eux , leurs fond ateurs , leurs Capitaines, les Princes, & leurs favoris, £'f. Les Antiquaires feront bien-ailes de trouver ici les figures des anneaux , dont 1 hiftoirenousaconlervélamémoire; cela peut lervir à connoître ceux que l'on voit dans les cabinets. Jules Célar avoit une Vénus (ur fon cachet, Dion, Zir. y? ; le Phi- lolophe Alclepiade une Uranic ; la famille des Maciiens, un Alexandre. Ils y gravoient aulli leurs .ancêtres, ou leurs amis. P. Lentulus Sura avoit Ion aïeul, Ci- ccron. Catilin. ^. Ovide, Trijl. Liv. L , eleg. 6.Sc\- pion le jeune , un Scipion l'Africain; Scipion l'Afri- cain , un Siphax; Sylla , un Jugurtha ; les amis d'Epi- cure, la tête de ce Philolophe. Cic. de fin. Lav. F. L'Empereur Commode, une Amafone, repréfentant Marria, Jul. Capit. dans la vie d' Albin , c. 2. Arifto- mène, un Agathocle, Roi de Sicile, Polyb. Liv. XF. Callicrates, un Ulylfe, Athcn. Liv. FL ; Augull:e,un Alexandre ; plufieurs des fuccelfeurs d'Augufte , un Augufte , Sueton. dans Auguft. c. jo ,Dion. Liv. r/ ; Narcille, une Pallas ; plufieurs Romains, un Séjan ; les Grecs, un Hellen; les Troyens, un Pergame;ceux d'Héraclée , un Hercule ; ceux d'Athènes , un Solon ; ceux d'Alexandrie, un Alexandre; ceux de Séleucie, un Séleucus; ceux de Lacédémone, un Lycurgue; les Cherfonires, un Conftantin ; les Antiochiens, un Me- lèce, leur Evêcue, S. Chryfofl. de laud. Melet. Quel- ques-uns le failoient graver, eux-mêmes fur leur an- neau, Plaut. Pfeudol. Acl. T, Sccn. L. Vanneau d'or de Childeric , trouvé dans fon tombeau, & qui le voir à la Bibliothèque dit Roi , porre le portrait & le nom de ce Prince. Augufte avoit un Sphinx, Plin. Liv, XXXIII, //Mécène, une grenouille, Ib. Pompée, 3(58 ANN un chien Cm la proue d'un naviie; les gens de gueiie en Egypte , un el'carbot , Plutarq. De IJide ; Arcus , Roi de Sparte , qui écrivit à Onias , un aigle tenant un ferpent dans fes terres, Jojepk- Lib. XII , c. j ; Da- rius, Roi dePerfe, un cheval; Sporus, l'enlèvement de Proferpine, Suet. in Nerone^c.^ô. Les Lociiens occidentaux, l'étoile du foir, appelée Hcfpems.Stra- bon:, l'iv. IF ; Phne le jeune, un char tué par qua- tre chevaux; Polycrate, une lyre ; Seleucus, une an- cre , Clem. Alex. P&iag. Liv. III, plufieurs Chré- tiens , le Monograme de JÉsus-Christ , que l'on trouve aullî fur plulîeurs médailles des Empereurs Chré- tiens. Clément Alexandrin exhorte les Chrétiens a n'a- voir lur hms anneaux y qu'une colombe, un poillon, un navire, une lyre, une ancre, ou quelqu'autre figure capable de leur rappeler les myftères de leur rehgion. Il défend abfolument les figures d'idoles, & les nudités; il ne peut même fouffrir que des gens qui ne doivent relpirer que la paix, y fallent graver un arc, ou une cpée ; ni que des gens à qui la tempérance & la lo- briété doivent être chères, y portent des coupes & des ■ vafes à boire. Au refte , il ne permet point de porter A' anneau pour l'ornement, mais feulement pour Icel- 1er les choies qui en ont befoin ; & il {emble , par ce qu'il dit en cet endroit , que c'éroit la femme , plu- tôt que le mari , qui avoir X anneau dans les fa- milles. Anneau de jonc , ou de paille. Richard, Evêque de Sa- lisbery , dans les Conftitutions de l'an IZ17, C. $$ , défend de mettre dans les doigts des femmes des an- neaux de jonc, ou de quelque matière que ce foit, précieufe, ou non, afin d'en abuier plus ailément; & il infinue que la caufe de fa détente elt, qu'il y avoit des gens allez timples pour croire que ce qui te faitoit ainii en badinant , étoit un vrai mariage. Du Breuil , àMXS^QS Antiquités de Paris , Liv. /j dit, qu'on avoir coutume dans la cérémonie des noces, de donner un anneau de jonc, ou de paille, à ceux qui avoient eu un commerce défendu avant leur mariage. Saint Louis prit pour devite au temps de fon ma- riage, un anneau entrelallé d'une guirlande de lis & de marguerites , pour faire allufion à ton nom & à ce- lui de la Reine, ton époute ; & mettant fur le chaton de cet anneau l'image d'un Crucifix, gravée fur un faphir , il l'accompagna de ces mors : Dehors cet anel pourrions avoir amour? Cette devite eftfur l'agraphe du manteau qu'il portoit le jour de tes noces , & on voit cette agraphc au monaltèrc royal de Poid}'. Un homme delprit, dans le départ ou l'éloigncmcnt d'un ami, prit pour devife, un anneau fans diamant, avec ce mot etpagnol , Falta lo mejor. Le meilleur man- que. Nous avons de Licet, un Traité De Annulis Vete- rum ; des anneaux des Anciens. Gorlxus a fait Dac- tyliotheca ; c'elf un Recueil Panneaux. Jean Kir- chman , favant de Lubec, a donné un Traité De An- nulis ; Thomas Barrholin , un Livre De Annulis na- rium. 'Voyez aullI les Macri & M. Du Freine dans leurs Dictionnaires , & Meurtius De luxu Romanorum , ch. J. La Mothe le Vayer, T. II , épitre 3 ; le P. Kir- ker, (Edip. JEg. Liv. XII, bc Latium, p. 69; Beger. Thefuur, Brandch. Tom. I, p. i jo & tuiv. où il y a plufieurs figures d'anciens anneaux , ôc beaucoup de chofes t'ur cela. On dit proverbialement, qu'il ne faut point mettre en fon doigt d'anneau trop étroit , Annulum digne vi ne inferito ; fCT pour marquer qu'il ne faut s'embar- ralier de rien qui puille faire de la peine, & dont on ne puill'e pas fe défaire aitement. §C? Annf.au , fc dit aulfi d'un cercle qui ctt fait d'une matière dure, & qui t'ert à attacher quelque chofe. Les anneaux d'un rideau. L'anneau d'une ancre. On attache les bateaux à de gros anneaux de fer. ^CT Anneau d'une clé. C'cft la partie de la clé que l'on rient dans la main , & qui aide à la faire tourner com- modément dans la ferrure. §5" Dans les arts & métiers on donne le même nom à plufieurs chofes figurées, comme ce qui porte le nom d'anneau. Les anneaux d'une chaîne, 6-t. A N N En termes de Marine ,jlesa/!«ec2&.v des vergues, font des anneaux attachés de diftance en diftance aux deux grandes vergues. Anneaux de tabords, iont des bou- cles de fer d'une médiocre grolfeur, qui tervent à fer- '^mer, & à tailir les mantelets des labords. h' anneau de l'ancre s'appelle aulli Arganeau. En rennes de Blaton, X anneau eft un cercle, dont on meuble les écus. Il eft tantôt uni , tantôt avec un chaton garni de pierres précieutes. Vanneau autrefois étoit le plus tuuvent gravé , & tervoit pour iigner : on l'appeloit Annulas Jîgnatorius , dont il eft parlé au ff. de verb.fign. \J anneau eft le tymbole de la fi- délité : ce qui eil cauie qu'on en donne dans les épou- tailles , & que les Prêtres en portent , pour monrrer qu'ils font époux de leur Eglite. C'éroit aullî le tym- bole de l'ingénuité chez les Romains, quand l'Empe- • reur le donnoit à un Affranchi, comme il paro'itdans le titre de jure aur. ann. Anneau , fe dir par extentlon, des boucles, qui fe font par la frifure des cheveux. Cincinni. Les Anciens te lervoient du màne mot pour fignifier la même choie. Martial, I^v. //j Mp. 66. Unus de toto pcccaverat orle comarum Annulas, incertâ non bencfixus acu. Saumaife fur Solin, p. y6o , prétend néanmoins qu'il ne s'agit pas là , comme ailleurs , d'une fimple boucle de cheveux : mais de tous les cheveux ratfem- blés enfemble tournés en ligne tpirale, & attachés avec la même aiguille avec laquelle on les féparoit. On dit en termes d'Aftronomie , l'anneau de Satur- ne , en parlant de cette planète accompagnée de fes cinq fateliites, & d'une lumière en forme à^ anneau. - On en attribue la découverre à M. HuyghenSi Après M avoir long-temps obiervé cette planète, il apperçut deux bras ou deux pointes qui fortoient du corps de la planète en droite ligne. Il reconnut enfuite que ces deux bras formoient une anfe ; & parce qu'après de continuelles obtérvations , il apperçut toujours la même figure, il en conclut que Saturne étoit environné d'un anneau tolide ik. permanent. Il produitit fon nouveau fyftème de Saturne en 163-9. Le plan de cet anneau n'eft incliné au plan de l'écliptique que de 25 degrés 3 G minutes , félon M. Huyghens. Il paroît quelquefois ovale , & fon grand diamètre eft double du petit, fé- lon l'obtervation de Campani. •Anneau astronomique, Annulus ajlronomicus , eft un petit anneau de métal divifé en degrés, que l'on tient futpendu par un anneau plus petit , pour pren- dre, à l'aide d'une alidade, la hauteur des aftres, & mefurerles lignes accelllbles &inaccelîibles fur la terre. Les machines de l'Obtervatoire de Pékin nous paru- rent d'une forme approchante de nos anneaux aftro- nomiques. P. Le Comte. Anneau universel, eft un cadran univerfel, compofé de deux anneaux perpendiculaires entre eux » donc liuviepréfenre l'équateur qui contient les heures aftro' nomiques , &: l'autre le méridien qui contient les degrés d^ latitude, avec un diamètre commun , qui repré- fente l'axe du monde , & lur lequel Ibnt marqués les lignes du zodiaque , divifés de cinq en cinq , ou de dix en dix; ou bien les mois de l'année, divités aullî de cinq en cinq , ou de dix en dix. §3" Cet an- neau indique l'heure en quelque endroit de la terre que ce foit. Aii.'NïAu fibreux. Terme d'Anatomie. A l'endroit où le cou de la vélîcule du fiel forme le conduit ou canal du fiel, il y a un anneau fd-reiix qui le dilate & fe retrerre comme un fphinélcr, pour lâcher & pour retenir ia bile dans la véficule, & pour empêcher qu'elle ne re- monte d'ûù elle vient. Qcx. anneau fait le même office que le pylore au ventricule. Dionis. Anneau , que l'on nomme auffi Moule. C'eft une forte de grand cercle de fer, ayant deux pieds un pouce de diamètre, fur tîx pieds trois pouces de circonférence, qui l'ert aux Mouleurs de bois à mouler , ou mefu- rcr de*, bois de compte & d'andellc , en y faifaiit . entrer ANN entrer autanr de morceaux ou bûches, qu'il en peut contenu". ANNECI. Ville de Savoie. Annecïum. Elle eft entre Chambciv >;s: Genève , fur le bord du lac (ÏAnnccï. L'Eveque iv le Chapitre de Genève ïowx. leur it-ridence à Anncci. Le lac d'Anneci eft à peu près au miheu du Genevois. ANNÉDOTS. C m. pi. Divinités des Chaldéens, ima- ginées fur l'idée des Anges bons & mauvais, dont il eft parlé dans l'écriture. ANNÉE._ p-'cyci An. Année. 1. m. Aiuuus. Nom d'homme. C'cftle nom des Sénèques qui étoient originairement de Cordoue , en El'pagne, où les Carthaginois avoient long- temps do- miné ; ainfi ce nom pourroit bien être punique , & le même que le nom hcbrcu Anne ; ou bien un langage ' des premiers habitans d'Elpagne, qui viendroit du mê- me nom hébreu. ANNELER. V. a. Frifer les cheveux par anneaux. Ca- pillos crifp^ire , in annulas inflcclere , in cincinnos. On le dit .luiîi d'une cavale qu'on boucle. ANNELÉ, ÉE. p.art. Il ne le dit que des cheveux an- nelés , ou hiles par boucles. Cnfpatus , cincinnatus. !Mais il commence à vieillir. Elle avoir les cheveux annelcs. B. Rab. Beaux cheveux annelésj écueildemafranchife. ANNELET. 1. m. Petit cercle rond pour attacher des ch^lCi L-gcres. Anneilus. \,T II n eft en ulage que coi^.ime terme de Blalon & d'Architecture. Les an- nelets en Blaion , lont iouvent des meubles , dont on charge les écus, parce que c'étoit autrefois une mar- que de nobleire, de grandeur & de juridiction : &: c'eft pour cela que les Prélats recevoient leur invefti ture per baculum & annulum. 'AwNtLtTS, en termes d'Archite(51:ure , font de petits membres carrés , que Ion met au chapiteau dori que, au dclîous du quarr de rond. Annelii. C_ n Icb nomme aulii Filets , ou I.ifle.iux. Annelets fe pren lient auîii quelquefois pour les baguettes , ou petites ^ aftragales. iÀNNELURE. f. f. Frifure de cheveux par boucles, par anneaux. Cincinni. Il i 'eft pas fort ulité. ANNETTE. f. f. Ncm de femme , Hi dimmutif du nom Anne. Anna. Gn ne ie lert de ce mot que dans les chaulons de berger & de bergère , & dans des chan- fons. Dans l'ufage ordinaire , le diminutif eft Nan- nette. ANNEXE, f. f. Ce qui eft uni eu joint, & qui eft dé- pendant, ou fait partie d un autre. Appcndix. i'^ Il fe dit des terres & des domaines attachés à une Sei- gneurie dont ils n'ét;)ient pas mcuvans ou dépendans. C'ell: irn terme de Droit. Les annexes d'une leigneu- rie. Les annexes qu'un teftateur fait de (on vivant a l'héritage qu'il a légué, font compriies dans les legs. Patr. Cette terre eft une annexe de fon fief qu'il peur démembrer. Ïf3' C'n le dit aulh d'un bénéfice, en conféquence de l'union qui en a été faite. Saint Eloi eft une annexe de l'Archevêché de Paris. IJCT On le dit de même d'une Eglife où l'on fait les ' fendions parcilhales , qui relève d'une Cure , & que l'on .ippclle annexe 3 ou Succurfale. L'Eglife de Sainte Marguerite étoit une annexe At Saint Paul. Droit d'Annexé. Jus in tabulas puHicas referendi. Le Parlement d'Aix eft le fcul en France qui jouide du droit d'annexé , qui coniifte dans l'enrcgiilrement des brefs , bulles, difpenfes, jubilés , indulgences, & au- tres femblables relciits qui viennent de Rome ou de la Légation d'Avignon. C'eft Louis de Fcurbin, Doyen & Conltiller, Garde des Sceaux du Parlement, Am- balfadeur pour les Rois Louis XII , & François I, au Concile de Latran , auquel préfidoit Léon X , qui l'ob- tint en 1 5 1 5 , après avoir parlé devant ce Concile. Merc. Gal. ANNEXER. V. a. Joindre, attacher quelque chofe à une :iune.Jdjun!;ere j annecîere.^fT Dans le droit, & même le langage ordinaire , on le dit d'une chofe moins confidérable, jointe &: unie à une plus grande. Tome I, ANN 369 Le Roi a annexél^ charge de Préfident à celle de Lieu- tenant-Général. \\ 3. annexé un tel droit à un tel offi- ce. Il a annexé ccliQ lerre à fon domaine. Cn 2i annexé cetteCureà ce Prieuré. Le Roi Charles VIll en i486, annexa la Provence à laCouronne. Annexé, Ée. part. palf. &: adj. Annexus , adjunclus. ANNIBAL. 1. m. y^«/2/éfl/. Nom d'homme. Ce nom, qui a encore été en ulage en Italie , eft Carthaginois. Le plus célè!»re de ceux qui ont porté ce nom eft Anni- balj Général des Carthaginois , qui, ayant pris, après la mort d'Afdiubal ion beau-frere, le commandement des armées Carthaginoiles, l'an J44de Rome, iio ans avant JÉsus-Christ , âgé lentement de i(> ans, fou- rnit l'Eipagne , paila les Alpes, ik remporta fur les Romains pluiieurs avantages dont il ne fiit pas profiter. Nous trouvons encore quatre ou cinq Carthaginois nommés Annibal. Ainfi on ne peut douter que ce ne ioit un nom Punique. Cela luppoié, il faut qu'il vienne du phénicien njn, hhanna , cm lignifie grace,comme je l'ai dit au mot Anne, & de Vjja, j5.7a/jSeigneur, maî- tre, pollefteur, & il lignifie Seigneur, ou maître de la grâce, c'eft-à-dire, gracieux, plein de grâces. Ce qui confirme ceci , c'eft que nous trouvons que des Hé- breux ont aulll porté ce nom. Il eft parlé dans Jolephe, Liv. XIX. Antiq. ch. 7, d un Juit nommé Annibal -^ 6z de plus la médaille d'Annibalien , dont je parlerai tout à l'heure, écrit ce nom avec une alpiration. Les Grecs ont changé le /de cencmen j-j & dilent A'v./fa'. Volhus s'ert trempé quand il a dit que c'étoient les La- tins qui avoient change le s en /. C'eft tout le contraire, & dans la langue originale il y à un Lamed j Vj'a Baal. ANNIBALIEN. f. m. Annibalianus , Hcnnibaliarus. C'eft le fuintm d un neveu de Conftantin le Grand, fils d'un Delmatius, frère de père du même Empereur. 11 y a une médaille de ce jeur.e Prince dans M. Tuftan, T. 5 , p. joi , laquelle du côté de la t^re a pour inf- cn,tion,fL. CL. hANNIBALIANO REGI : tk au revers, SEC VRIT AS PVBLICA , un fleuve avec Ion urne, qui a un lofeau au côté gauche, & tient de la main droite , ou un rofeau , comme prétend Mézabar- ba , ou plutôt , comme dit Triftan , un long fcepire , fur lequel il s'appuie ;& dans l'exergue, Conob. Conf- tantin Ion oncle l'avoit fait Roi du font. Il y a encore d'autres llannibaliens avant celui-ci. Voye-:^ M. Tril- tan,Tom. III. p. 495. Plufieurs écrivent Hannibal de Hannibalien ^ &: ceYZ3.incment c'eft le mêmei l'ufage latin, qui paroit lur les médailles que j'ai rapportées, & l'étymologie de ces mots, que j'ai donnée au mot Annibal , demandent un //au commencement. Conf- tantius Chlorus eut deux femmes, Hélène & Théo- dora. D'Hclène il eut Conftantin, ik de Théodora, Jules Conftantius & Delmace , (urncmmé Hanniba- lien j que Conftantin Ion frère fit couronner. Celui-ci lailfa deux fils, Jules Delmace , & Claude Hannibalien. Conftantin donna à Delmace le titre de Célar , avec la Thrace , la Macédoine 8c l' Acha'ie ; à Hannibalien j le titre de Roi , avec la Cappadoce , le Pont & l'Armé- nie, Sa réfidence étoit à Céfarée de Cappadoce. Fleur. ANNIBAULD. {.m.Annibaldus.Ccmot,qnenous^vons fait françois, & formé du latin Annibaldus, en chan- geant à l'ordinaire al en au , n'eft autre chofe que le nom d' Annibal , avec une terminaifon latine. Je crois que d'abord on a dit Anmballus , doublant le / j comme dans Hanniballianus , dont je viens de parler ; puis changeant le / en dj Annibaldus , Aïoni- baud. ANNICHILER. v. a. 'Vieux mot , qui veut dire , anéantir. BoRtL. A nnihila'rejExinanire , Funditàs tôl- ière. Ce mot vient des mots nihil ou nihilum , qui fe trouvent écrits dans les manufcrits , nichil 8c nichilum. Mais on peut croire qu'il tire fonétymologie immédiate du verbe ixàYien Annickilare , qui a la même lignifica- cation. f-^oye-:^ Annihiler. Arrière donc , Royne Pentéfilée , Maintenant ejl ta gloire annichilée. Marot. Aaa 370 ANN ANNIHILATION, f. f. Réduftipn d'un corps à rien , I fonretourdanslené.uit. Onle leitfouvent: de ce renne Cil i^hilolophie. La crearion ell impollîble aux ieules forces naturelles; ceft-a-dire, que la naruie ne peut rien tirer du néant ; mais \ annihilation des corps qui font créés , ne lui eft pas moins impollible. \J annihila- tion d'une chofe n'ell qu'une cellation d'adion de la part de Dieu pour la conferver. Du Hamel. Les Car- théiîens prétendent que l'efpace & le corps (ont la mê- me chofe ; ce principe fuppolé , toutes les difficultés qu'on fait fur l'annihilation de l'air d'une chambre, s'évanouillent entièrement. Le Clerc. ANNIHILER- v. a. Anéantir, détruire une chofe comme fi elle n'avoir jamais exifté. Les P.hilofophes le fer- vent de ce terme, principalement dans les queftions du vide. L'efpace & le corps étantla mane choie , Iclon l'hypothcfe desCarthéhens, on ne peut annihiler ces corps qui (ont entre le ciel Hc la terre , fans annihiler l'efpace : & cet efpace ne peut être annihilé 3 fans que le ciel & la terre fe touchent. Le Clerc. P^oye^ Anéantir qui eft plus ufité. ANNILLE. C f. Terme de Blafon. (fT Foye-- Anille. ANNION. Terme de Droit. On appelle Bénéhce à'An- nion j un répit ou délai accordé pour un an , a un dé- biteur, pour la vente de fes meubles , dans le cas où il étoit à craindre qu'ils ne fulfent vendus à vil prix. C'eft un ancien terme de notre droit françois , qui a celfe d'être en ufage. Foye^ Ragueau ,Pirrhus , Imbert, Cujas, &c. 'ANNIVERSAIRE, adj. de t. g. IfT Qui défignece qui le fait tous les ans, le même jour. Anniverfarius. Cé- rémonie , proceffion anniverfairc, La Dédicace d'une tghfe eft une tête anniverfairc. Ce mot vient de an- nus , Se de verto j ce qui fe fait tous les ans , l'an révolu. Il eft aulîî fubft. mafc. ik défigne alors un fervice que l'on tait chaque année à un mort à perpé- tuité. Anniverfarium. On fait encore à Saint-Germain- des-Prés , Xannive' faire de Childebert. "L' anniverfairc & les prières que l'on fait pour une perfonne en odeur de fainteté, ne dérogent point au culte rehgieux que le peuple lui rend, confirmé par des miracles , & ro- léré par les fupérieurs eccléfiaftiques. Foye-^ç fur cela Acla Sanclorum des Jéfuites d'Anvers le 1 1 de Mai , fur faint Walbert, N. XI. & le 5 de Juin pag. 565 , & pag. 8 1 G. N. IV. & les Aaa Sanë. Bened. Sac. II 1. Part. I. Praf. pag. LXXFIII. On fait tous les ans à Rome un anniverfairc pour l'ame de Henri le Grand , dans l'églife de faint Jean de Latran, où les Ambaf- Xadeurs de France & les Cardinaux de la fadliion ne manquent jamais d'alfifter. Cardinal de Retz. Il paroît par Tertullien, dans fon livre De corona Mditis 3 & par Calfien, Coll. i , ch. 19, que dès les premiers liècles de l'Eglife on faifoit des prières anni- verfaires pour les morts. ANNOBLIR , ANNOBLISSEMENT. Foye^ Ano- blir. ANNOBON. île de la mer de Guinée, en Afrique. /^w- nohoni infula. Elle eft au lud-oueft de l'île de Saint Thomas. fJCF Ce nom qui fignitiei-oflne année y\\xi fut donné pat les Portugais qui la découvrirent les pre- miers. %fT ANNOISE. f f. Plante que le peuple appelle Ilcrhe de la S. Jean. Elle pouffe plufieurs tiges hautes de quatre à cinq pieds , & garnies de feuilles qui ap- prochent de celles de l'abfynthe. On l'emploie dans les maladies hyftériques. Acad. Fr. tfT ANNOMINATION. f f Figure de Rhétorique. Alluhon, jeu de mots qui roule furies noms. Elle eft prefque toujours froide & puérile. Annominatio j lufus in verhis. ANNON. î\^yei Hannon. ANNONA. f m. Aibrc de la nouvelle Efpagne. Ses feuil- les reffemblentà celles de l'oranger. Ses fleurs font blan- ches & d'une odeur douce. Il porte un fruit de la grof feur d'une orange ordinaire. ANNONAIRE.adj. f C'eft le nom qu'on donne à des provinces & à des villes d'Iralie , qui étoient obligées de fournir une certaine quantité de vivres par an à la ANN ville de Rome. Savoir quelles étoient ces villes & ces provinces, fi elles dépendoient du Préfet de Rome, Il elles étoient difl:inguées des f uburbicaires , & à quelle diftance elles étuient de la ville de Rome , c'eft de quoi ne conviennent pas nos favans Critiques. On peut voir ce qu'en ont écrit Godefroy , Saumaife , & le P. Sirmond dans les conteftations qu ils ont eues au fujet des villes &: provinces f uburbicaires & annonaires. Ur- ées annonariA. ANNON AY. Ville du Vivarais,en France. Annonsum^ Annoniatum, Elle eft fur la rivière de Deume , au-def- fus de ton continent avec le Rhône. ANNONCE, f h fe dit chez lesReligionaires ou Protel- tans de ce que les Catholiques appellent ban de ma- riage , pubhcation de mariage à faire. Proclamatio y puTlicatioy nuntiatio. Après les fiançailles , les fututs époux vont fe préfenter au Magilfrat , ou à ceux qui font établis pour examiner les mariages , par l'alfemblée ecclélîalliique : car il leur eft hbre de choifîr entre ces deux Tribunaux. Quand on ne trouve rien qui puifte empêcher la célébration du mariage , on permet les annonces. C'eft au temple quelles fe font par trois Dimanches confécutifs, fi l'ordre vient du miniftre : ou par trois jours de marché en place pubhque , en vertu de l'ordre du Magiftrat. C'eft dans le lieu du domicile des parties , ou plutôt dans le lieu ou elles ont demeuré pendant la dernière année, que le doivent faire les publications , où les mœurs, l'état, la condition des contraétans peuvent être connus. Jour. DES Sav. Annonce, eft aulfice qui felitd'un Saint au martyrologe la veille de fa fcte, ou du jour defa mort. Chast. Ce fonr les paroles avec lef quelles on annonce que ce fera le lendemain fa fête. On le dit encore des autres chofes qui te litentou s'annoncent dans le martyrologe: table des lettiesdu martvrologe pour l'annonce du jour de la lu- ne. Chast. Annonce des mobiles, c'eft-à-dire , des fê- tes mobiles. le. §C? Annonce fe dit auffi du comphmentque fait un des Comédiens pour avertir le public qu'un tel jour on jouera relie pièce. Declaratio , monitio. C'eft un tel Comédien qui a fait l'annonce. Ç3° Annonce, dans la feuille périodique qui paroît fous le titre de Petites-Affiches y tignifie la même chofe qu'avis. Voyez Affiches de Paris. §CF ANNONCER, v. a. Nunciare. Ce verbe fignifîe lit- téralement, faire favoir une nouvelle. On eft venu lui annoncer la mort de fon père. Il y a des gens qui feplai- lent à annoncer des choies défagréables. Annoncer la paix, la guerre, le gain d'un procès. fer On le dit dans un fens à peu ptès le même, pour avertir d'une chofe. On annonce au Prône les fêtes de la femaine, les jours de jeûne. Les Comédiens annon- cent la pièce qui doit être donnée au premier Ipedla- cle. Indicere , indicare , deflgnare. fer Quelquefois il eft employé comme fynonyme de publier, manifefter. Pr&dicarc. Seigneur, lescieux an- nonceront vos louanges. Port-R. Dans le ftyle ora- toire on peut bien dire , que le monde enrier eft un temple où la gloire de Dieu eft annoncée fans cetfeavec la plus grande magnificence. Cœlï enarrant gloriam dei j & opéra manuum ejus annunciat firmamen- tum. §3" Dans un ftyle moins relevé il eft employé pour faire connoitre par quelque marque exrérieure. Une grande naiffance , ou une grande fortune , annoncel^ mérite, & le fait plutôt remarquer. La Bru y. En mille écrits fameux lafageffe tracée Fut 3 à. l'aide des vers, aux mortels annoncée. BoiL. Un dévot orguilleux n'admet de fainteté , Qu'en ceux dont les vertus avec art compaffées , Par la démarche & l'air font d'abord annoncées. Id. Annoncer fe dit aulfi des prophéties & des révélations. §Cr Dans cettte acception il eft fynonyme de prédire^ ANN déclarer les évcncnicns futurs. Prsdicere j Prmnun- iiarc. Les Tiophètes ont (j/2/:o/:cf'j Es us-Christ pen- dant pJulicurs iiccles. L'Ar.ge vint annoncer a la iainte Vierge, quelle concevroit un hls. Annoncer le dit encore de lavis que vient donner un domefti^^ue, qu'il y a quelqu'un a' la'poite, ou dans r;mti-chanibre,qui demande à entrer, a voir le mai- rie ou la maitrelle , à leur parler. Nuntiare , montre ^ Jignificare. Les domeftiques annoncent a. leurs maî- tres les gens qui viennent les voir. Il taut être bien fa- milie^poui entrer {ans le faire annoncer. ANNONCÉ, ÉH. paît. ANNONCEUR. 1. m. Qui annonce quelque chofe. Ce mot ne fe dit guère que du Comédien qui fait les annonces des pièces. Hola ho, M. ['Annonceur, un petit mot, s'il vous plaît. Regnard. Cotgravc, qui a mis ce mot dans Ion Diclonnaire , lui donne une ligriitication plus ctcndue , & l'entend généralement de toute perlonne qui annonce quelque choie. fCF bi on peut Lentendre ainlî , au moins il n'cft pas en ufage. ANNONCHALIR, S'ANNONCHALîR. Vieux mot. Perdre courage, tomber dans uiie manière d indolen- ce , de langueur. 1^? Il eft abfclument hors d'ufage. ANNONCIADE. f. f. Ordre Rehgicux inftitué en 1 2 5 1, par iept marchands Florentins, auxquels le joignit peu après i:aint Philippe Béniti ou Bénizi , qui palFe pour le Fondateur. Ordo virorum reiigiojus , ab annun- ciata ViTgini Incarnatione dïclus. On le nomme aufli l'Ordre des Servites , Servïtarum Ordo _, ou des Serviteurs de la Sainte Vierge, Servorum B. Vlr- gïnis. Annonciade , eft aulîl un Ordre de Chevalerie, inftitué en 135;. Mirxus, Ori^tf. Ord. Equejl. L. II ^ ch. ^jdicen 1550, & Bernardû Juftiniani , HiP. di tutti gl. Ord. Milh.ch. («f j dit en 1360, par Amcdée VI, Comte àcSzwoïe. M'ditaris Ordofalutatâ. ab Angelo Vlrglms nomen confecutus. Il fut d abord appelé l'Ordre du Lacs d'amour, à caufe d'un bracelet de cheveux, treftc en lacs d'amour, qu'une femme prélenta au Comte de Savoie. Le collier étcitcompolé deiolesd'cr, émaillées de rouge & de blanc , & jointes par des lacs d'amour, & portoit un S. Maurice , patron de la Sa voie. Amédéc VIII , Duc de Savoie , lequel fut clii Pape par le concile de Bale,lous le nom de Félix V, changea, en 1494, l'Ordre du Lacs d'Amour en celui de \ Annonciade y & fit mettre l'image de la Sainte Vier- ge , en place de S. Maurice ^ & au lieu de Lacs d'A- mour , il fit mettre des cordelières. On y ajouta les pa- roles de la (alutation Angéhque. Voye\ Joicph de Michieii , Thejoro Militar. Andréa Mendo , De Or- din. Mditarih. Soranzo, l'Idea dcl Cavalière : Cara- muel, Theol.Regolar. p. />. Bernardo Jurtiniani,//'///. deir origine de Cavalen , ch. s S. Foranzo , Menenio , Sanfovino, &c. Annonciade. Ordre de Religieufes , fondé à Bourges en 1448, par la bienheureule Jeanne, Reine de France, fille de Le uis XI , & femme de Louis XII , après qu'elle eut cté répudiée de fon c^nlentcmeni par ce Prince, avec la dilpenle d'Alexandre VI. Le premier Couvent de {'Annonciade ell a Bourges , & s'appelle auill {'An- nonciade , du nom de l'Otdre. Il tut achevé d'être bâti en 1 505. Par contrat du i j Novembre de la même an- née, la bienheureule Jeanne donna des biens pour l'en- ircticn des Mère Ancele tV Religieufes; & Louis XII confirma cette donation par Lettres dumoisde Décem- bre luivant. Par Lettres du jour de la Préfentacion de N. Dame 1504, la fondatrice ratifia la première do- r.ation, & en fit d'autres ; & par Ion teftament du 10 Janvier 1504, elle choifit la lépulture dans le chœur des Religieufes de \ Annonciade de B..urges. Ce facré dépôt y tut ;uiqu'eni56i , eue trois foldats huguenots l'en tirèrent, ik la brûlèrent publiquement. Annon- ciades de Lcrabardie. /''ciye:^; Ambrosienne. Les Reli- gieufes de V Annonciade s'appellent aulîî des dix f^er- zus , & non pas des ^0^:5' tr ïertus ,ccmvc\Ç2. écrit de- puis peu un de nos Auteurs ; il fcmblc par le teft.imcnt de la bienheurcufe fondatrice , que ce loit à caufe des dix Vertus, qui éclatent principalement dans les dix Tome I. ANN ^71 myftères de la fainte Vierge, que l'Fglife célèbre dans les dix fctes. / oye\ la 1 haumalière , hïft. ae herri ^ Liv. II. ch. 59-. Voye\ auii. le 1\ Hélyct, T. VIL p. S 39 ^ A^v- Le Fape Alexandre VI conhima la règle de ces Annonciudcs l'a.n 1501. Leur habillement con- firte en une robe grife , un Icapulaire d écarlare, une fi- marrebleue, & un manteau blanc. Id. Les l eligieufes de l Annonciade font habillées de gris , ont un Icapu- lairc rouge, & portent une ctoix dor ou d'argent doré pendue au cou, & un anneau d'or au doîgt. Leur règle , fondée fur l'imitation des vertus de la Sainte Vierge, a été approuvée par Jules II & Léon X. Annonciade. Autre Ordre Religieux de filles, appelées aulîî lesCeleftes, CœleJIes , Cœlefiinx, fondé à Gènes en. 1600 ou 1604, lelon Spond, par une Dame Génoi- fe, veuve, nommée Maric-Vicl:oire Fornari, qui mou- rut en 161 ■;. Le P. Bernardin Zenon, Jéluite , Ion con- felîeur, fit les conftitutions de cet Ordre en 1601. Clé- ment VIII l'appouva tous la règle de S. Auguftin, Se avec le titre A' Annonciade. Clément VIII approuva aulli les conftitutions; Grégoire XV , Clément \ III , en 1631 , & Paul V, les confirmèrent. Leur habille- ment conlifte en une robe blanche , unlcapulaire, une ceinture & un manteau bleu , qui leur a fait donner le furnom de Céleftes, Voyez lur ces deux Ordres la vie de la B. Jeanne , édition d'Attichius , & Flenl- chenius, Acl. Sancl. Féb. T, I. p. 57; , J76 & Mi- raus, Lib. de Ordine Annunciatarum Il y a encore une Confrérie cfe {'Annonciade fon- dée a Rome en 1468, par le Cardinal de Turrecre- mata, pour marier de pauvres filles. Elle a été érigée depuis en Archiconfrérie, & eft devenueli riche, que tous les ans le jour de l'Annonciation elle donne des dots de 60 ecus romains chacune à plus de 400 fil- les, avec un habit de Icrge blanche, &un Horin pour des pantoufles. On ne dit jamais Annonciade fans article , mais tou- jours \ Annonciade avec l'article, C femblable ; Se lignifie , différent , dijjemblable. Ce nom fut donné dans le quatrième fic- elé aux Purs-Ariens , parce qu'ils nioient non-feule- ment la contubftantialité du Verbe -, mais même qu'il fût d'une nature femblable à celle du Père : & on leur donna par oppoluion aux Demi-Ariens , qui nioient à la véritc la contubftantialité du Verbe; mais qui .avouoieiit qu'il éroit fe.mblablc au Père. Les Demi- ANN yincns condamnèrent les Jnomœcns l'an ; ;9 , au con- ciliabule de Sclcucie; & les Anens condamncienc les Dcmi-Ancns dans le concile de Conibntinople , & l'année iuivante dans celui d'Antioche , ôtant le mot li>.>~>!, fembldble , de la formule de Rimiiu , & de celle de Conftantinople; è<. aiîiuantquele Fils de Dieu avoit non-l'eulement une lublhnce, mais même une volonté différente de celle du Père , & c'eft pour cela qu'ils furent nommés A'.».u«iii , Anùinœens j Sozom. liv. IFj, ck. 7j> j & zS. Liv. VI 3 ch. 26. Socrate , Liv. II 3 ch. s ;. Théodoret, Lïv. IF. S. Epiphane , 7/^r. /7 jou jj. ANOMIEN , ENNE. f, m. & f. Anomianus. Baronius à l'an 3J7 & 360 de JÉsus-Christ, appelle les Ano- méens Anomïens , &. confond ces deux noms , fuivant en cela l'ufagc établi par les anciennes verfionsdeSo- zomcne. M. Godeau dit auili Anomicn. D'autres les diftingucnt en dilant qnAiiomien vient de 1'^ priva- tif, &cdc yifix, ioij&: (îgnifie , qui ejlfans loi. C'eft le ientiment des Macri. Il y a du mécompte de pari & d'autre: l'ancien ii-iterprètede Sozoméne aappelc^^/zo- micns , Anomuiiani , ceux que Ion Auteiu' & les an- ciens Hiftoriens appellcnr^/:o/7.'atvzjj Anomœi jCC qui ne convient point à l'crigine de leur nom. Car Ano- mien vientplutôt de «vt/^os, que de a.o'.usut, qui eft ce- pendant la véritable étymclogie du ne m de ces héré- tiques. p''oye\ Anoméen. Les Macri le jugeant ainli, & avec railon , ont cru que Anomien & Anoméen étoient deux noms & deux lecles différentes, quoique ce ne foit que la même chofe. La plus lourde faute eft celle des Centuriatcurs de Magdebourg. Car ces Pro- teftans, qui ne lilcient Sozv^.mène qu'en latin, comme il paroit par ceci , difent. Cent. IV , ch. J , p. 5 90, que S. Epiphane écrit que les Aëtiens furent nommés Ano- mctens , mais que Sozcmène , Liv. VI ^ ch. 4 , les nomme Anomiens. Ciii Sozomcne Latin; ou l'ancien Interprète de cet Auteur , & ils pouvoient encore ajou- ter, Zn. 4,ch.iBiCh. 2S. liv. VI i ch. 2(?j& toutes les fois que cet Auteur en parle. Mais Sozomcne lui- même met f'riJ-'"ai, Anomceorum J AnomŒcns , lur- tout à l'endroit cité. Il eft vrai qu'en quelques autres lieux il y a des éditions qui lifent o'voujmï , mais 1°. ce n'eft pointa l'endroit qu'indiquent les Ccnturiateurs , auquel je ne vois point de variété de leçon. z°. Dans les autres éditions , cette leçon eft toujours corrigée par des manufcrits meilleurs, & ^L de Valois, qui a revu cet Auteur lur les manulcrits , a toujours mis 'a'vo'/xshii, comme 1 origine de ce nom le demande né- cellaircmcnt. Il faut donc dire Anoméens , Se non pas Anomiens. Il eft vrai néanmoins que S. Georges de Nyile dans la vie de S. Ephrcm , appelle les Euno- miens A\o/tti , Anomiens ; mais c'eft une allufion qu'il fait à leur nom , & non peint un nom de fed:e reçu par l'ulage ; & il eft très-différent à^ Anoméen ; car il iîgnifie, Çuicfl fans loi , nom qu'on leur donna par oppofition à celui d'Eunomien , qu'ils prenoient d'Eu- nomius leur chef, & qui fignifie , Qui a de bonnes loix. tfT ANOMIES. f. f. pi. Coquilles foffiles, dont on ne connoît point les analogues vivans. Acad. Fr. ANCN. f. m. Le petit d'un âne. Afellus j Pujlllus ajlni. L'aneffe ne conlerve pas fon lait quajid elle a perdu fon ânon. Les Italiens mangeoient autrefois beaucoup A'ânon , lelcn Galien ; ils en trcuvoicnt la chair fort agréable. Mécénas s'en faiioit lervir dans fes repas les plus magnificues.il l'amit en réputation; on la préfé- roit à celle à\inon fauvage: l'ulage s'en perdit bientôt après fa mort. De la Mar. Voye^ aulîi Pline, Liv, VIII, c. 4^. ANON. f. m. Fruit de l'Amérique, qui a la forme d'une pomme de pin , mais fes écailles ne font pas fi liffées , ni fi relevées que celles de la pomme de pin. Sous une peau mince & femblable à celle d'une poire , il a une chair très-blanche & très- délicate. Il eft très femblable au fruit qu'on appelle Guanahane,m.m il eft plus pe- tit & de meilleur goût. Hifl. des Ind. Liv. VIII j c. I S , de Con^. Fern. d'Oviédo. ANONIS. Vcyei Bugrande, &: ARRÊTt-LCEuf. ANN J7J ANONNER. V. n. Faire un ânon. Afinum edere. Notre ànclle a anonné. ÂNONNER. V. n. Lire ou parler avec peine, & en ré- pétant les lettres , ou en cherchant fes paroles. E«/î- tare. Il ne lavoir pas un mot de la leçon , eu de fon dilcours, il n a tait qu'<2«o/z/2e/- j c'eft-a-due, qu'/?e/rrer. Il eft familier. ANONYME, adj. Qui n'a point de nom, ou qui le ca- che, ^-^«o/zjwi/j. Auteur anonyme , c'eft-à-dire, dont on ne fait pas le nom. Aucior if no tus , i^noti nomi- nis. Onditaulli, un livre anony me ^c^WMiA on ignore le nom de celui qui l'a fair. Deckeius , Avocat de la Chambre Impériale de Spirc,é\: llaccius de Fiambcurg, ont fait un Traité des livres anonymes. Il y a je ne lais quoi d honnête & de modelte dans la timidité d'un Auteur qui fe cache , Se qui fe produit anonyme dans le monde. Bell. L'humilité de ces Auteuts qui le tiennent derrière leur ouvrage anonyme j & qui laiilcnr tomber a terre Jes louanges qu'on leur donne , eft bien rare en ce liècle. S. EvR. Eurcard Gotthelfius Struvius parle des Savans qui ont taché de deviner les Auteurs des écrirs Anonymes , c'eft dans fes fupplé- mens à laconnciffance de la littératurw Il le met quelquefois fubftantivcment. V Anonyme qui a traité cette matière , dit que, &c. Ce mot vient du grec cl,i-,v^ii , qui fignifie , fans nom. ifJ' On appelle auffi anonymes ceux qui n'ont point en- core reçu de nom au baptême. Mais alors on ajoute à ce mot k n m de famille. Anonyme _, de Bourbon. I/Cr ANCNYMOS. C'eft le nom "de pluficurs plantes. |C Anonymos nbcfi foliis. Efpece d'arbrilleau qui nous vient de Virginie & du Canada. (Cr A-bioi-iYMOS frutex Bref lianus , flore Kein , &une troifième qui croit en Allemagne. ANOHDIE. f. f. Tempête de vent de nord , qui s'élève en certains temps (ur les côtes de la nouvelle Efpagnc , & dans les iles du Mexique. Temptftas àfcytencrione proveniens. ANOREXIE, f. f. Terme de Médecine , défaut de faim , dégoût occafionné par dérangement dcftcmac , ou par furabondancc d humeurs. Cili fcflidium. L'anorexie eft proprement un défaut d'appétit. Cependant quel- ques Médecins la diftinguent du dégoût , difant que l'anorexie eft une dilpoiition dans laquelle on n'a au- cun délit pour les alimens; au lieu que le dégoût eft une averfion pour les mêmes alimens qu'on prenoit aurrefois avecplaifir. Ce mot cftccmpofé de l'a pri- vatif, & d'»"ft|", appétit. Col. de villars. ANORMAL, ALE. adj. m. Se f. Contraire aux règles , déréglé. Vieux mot. Abnormisj e. Pour ce qu'il efl de foi ft anormal , Qu'il faut de foi qu'il commence par mal. Marot. Ce mot , à la façon des Grecs, eft compofé d'un « privatif , & de norma , règle. Anormal ,{-\\-\sic^ç^. Anormal, lignifioit autrefois ewo/'we. Gloss. surMa- ROT. ANORMÉ , ÉE , & ANORMAL, adj. Ces motsnefont plus en ufage. Borcl dit qu'ils fignifient, qui eft con- tre la règle commune , Se qu'énorme vient de ces mots. Tu doisfavoir que ces fers animaux Qui en leur vie ontjait ces anormaux. Jean le Maire. ffT ANOSSL Province de l'île de Madagafcar , fituée à 25 d. 18' de lat. & s'étend depuis la province deMa- natengha julqu'à la rivière de Mandrcrei , qui eft au 26* degré. Cette province eft h.ibitée par deux fortes de peuples, des bl.incs & des noirs /'bye^ Anacan- DRIANS. ANOTH , ou ANETH. Une des Sorlingues , iles de la mer Britannique, à l'entrée de celle d'Irlande. Ano- thia. ANOUT, ou ANHOLT. ile de Dannemarck. Alholta. Elle eft dans le Catégat, au nord de celle de Zélande, 576 ANS Certe île eftpente,&: toute environnée debancsdefable. ANQUILLEUSE , f. f. qui fe dit d'une femme qui fi- loute , qui vole chez les Maichands. Furfœmina , mer- xatorihus furripiens quéifub prdtcinclons fervant. On a pendu aujourd'hui un anqudkufc. Les aiiets de la Tournelle emploient ce mot. ANRAMATICO. f. m. Plante de l'île de Madagafcar. Ses feuilles font fort longues. Il porte un fruit qui a la forme d'un vafe couvert. Ses Heurs fe remplillcnt d'eau pendant la pluie i enforte que chacune d'elles en peut ■contenir un feptier. ANS. ANS A. Rivière d'Italie 2^//à. La fource iel'Jnfa eftdans le Frioul. Aquilée ell fur Y An/a j qui de-là va fe jetter dans le golfe de Venife. ANSCAIKE. f. m. Nom d'homme. Anfcarius. S. Anf- caircjcn allemand S. Schaires jtmlc premier Evéquc d'Hambourg. Foyei (mS. Anfcaire M. l'Abbé Fleury dans fon dixième tome de l'HiJioire Ecc/é/ia/Uquc. ANSE. f. f. 15-3°" Oi'' appelle ainli la partie de certains vafes ou ufienlilcs par laquelle on les prend , pour s'en fervirou pour les nuiner. Arija. C'ell de ce mot Latin que lefrançoiss'eft formé. Quelques-uns écnvcntance, c'eft une faute ; l'origine de ce nom demande une .5' j &l'ufage l'approuve. L'anfe d'un panier, d'un aiguière. h'anfe d'une marmite , d'un chaudron. On a vu des Orfèvres au Mexique faire un chaudron avec ion a nj'c mobile tout d'un coup, &: d'une ieule fonte, comme le rapporte Lopez de Gomara. On appelle aullî Vanje d'une cloche , la partie par où elle eft fulpendue dans une groile pièce de buis qu'on appelle Mouton. Anse. tfT En terme de Géographie & de IvLrrine, eu. une eipèce de golte qui n'a pas beaucoup de profondeur. Ç^ Il y a une autre lorte d'anjcj qui ell un enloncement de mer , entre deux promontones. ^CT l'An SE, eft une petite partie de la mer qui forme un enfoncement ou une èchancrure peu con.fi dèrable dans les terres , de lorte que le rivage (oie courbé en forme d'arc. Sinus angujiior. M. Baudrand la définit une efpèce de petit golfe , dont l'entrée eft égale , ou même plus petite que l'enfoncement ^ en quoi elle eft , dit-il , différente de la baye dont l'entrée eft plus large que l'enfoncement. On confond, dit il, lou vent l'ijffyè la baye & le golfe i \'anfe eft plus petite que la baye & le golfe-, mais plus grande que le port. Les Latins n'y ont pas cherché tant de miftère, &r ont employé le mot Jlnus pour tuutes ces lottes d'enfuncemens , & le (ont contentés de les diftinguerparles épitètes, Az^Wj large, angujlus , étroit. En Architeèture on appelle une voûte en aiife de panier, quand elle eftfurbaillée, &quand elle napas Ion plein cintre. Forn'ix in calathï anfam arcuatus. Il y en a de rampantes & de biaifes. C'cft aulli un orne- ment de ferrurerie, compofé de deux enrouUemensop- pofés. 0CF Anses , en Aftronomie. On appelle anfes les par- ties fen.fiblcmcnt éminentes de l'anneau de Saturne , qu'on apperçoit lorique cet anneau commence à s'ou- vrir -, c'eft-à-dire, lorfque la partie antérieure & (a partie poftérieure commencent à fe diftinguer à la vue. Elles ont la forme de deux anfts attachées à cette pla- nète. Encyc. On dit proverbialement de ceux qui mettent les mains fur les hanches pour quereller quelqu'un, ou par fierté, qu'ils font le pot à deux anjcs. Diotam effinoere. Plaute dit, anfatus homo. Les fervantes ap- pellent Vanfe du panier, le profit qu'elles font à fer- rer la mule. On dit, Onprcnd le peuple par les oreil- les comme un pot par les anfcs ; pour dire , qu'on fait accroire au peuple tout ce qu'on veut , qu'il croit tout ce qu'il entend, tout ce qu'on lui dir. Rochefort a dit, toutes nos aètions le prennent à deux anfes _, les uns louent ce que les autres blâment. |p° ANSE. Ville du Lyonnois. Fover Ance. ANSÉATIQUE. Forei Hance. ANSÉDONIA. Bourg dcTofcane, en Italie. JnfLdo- nia^ Anfedonia. U eft dans le Siennois, entre l'état de ANS Gli Prefidii , & le duché de Caftro , fur un petit golfe formé par l'embouchure de la Pefcia , dans la mer de •Tufcane. On voit à /^«yècfo«ia les ruines de l'ancienne Cofa. ANSELME, f. m. Anfdmus. Nom d'homme-. L'églifc de Tournai eut pour premier Evcqiie Anfilmc ^ qui étoit Abbé de S. Vincent de Laon. S. Anfelme , Abbé du Monailère du Bec , fut Archevêque de Cantor- béri. ANSÈNE. Ville d'Egypte, en Afrique. Anfcno. Anglra. Elle eft fur une montagne près du Nil, à vingt lieues au-deifus du Caire. ^fT ANSER. V. a. Chez les Boiirdiers, c'eft garnir une pièce d'une verge de ter courbée en cintre , dont les extrémités s'attachent aux bords de l'ouvrage. ANSETTE. f. f. Petite anfe. Anfula. Les Orfèvres ap pellent anfettes j les anfcs d'une tailè. Ansettes. Terme de Marine, /oyc:): Ancettes. ANSIANACTE. f. m. & f. Nom de peuples. Anfumac- tus y a. Lés Anfianacles habitent la côte occidentale de l'ile de Madagafcar, vis-à-vis lile de Sainte Marie & le cap de Saint André. fCF Flacour , de qui cet ar- ticle eft tiré, écrit Ancianacles , c. p , p. 2 s. iÇT ANSICO. Royaume d'Afrique , borné au levant , félon Pigafet , par la rivière d'Umbre & le Royaume de 'Wangue ; au couchant, par le pays des Amboes , voi- fins ds Lovango; au feptentrion par que^ues déferts de la Nubie; & au midi, par les provinces de Songo & de Sonde, qui font partie du royaume de Congo. ANSIDIANO. f. m. Bourg de Portugal. Anfidianum. Il eft entre Conimbre & Tomar, lurla montagne ^/2- fidiano j anciennement Tapi&us mons. ANSIQUAIN, ou ANSICAIN, AINE. f. m. &f.Nom propre de peuple. Anficanus , a. Les Anjlcains lont un peuple de la balle Ethiopie, qui habitent le pays dont on vient de parler. ^fT Ces peuples fe nuurrii- Icnt, dit -on, de chair humaine, & ont des bou- cheries publiques, où au lieu de bœuf & de mouton, font expolés en vente des membres d h; mmes. Lefo- Icil qu'ils reprélentent lous la figure d unh^mme , & la lune fous celle d'une femme, (ont leurs divinités (ouveraines. Ils adorent outre ces deux allies une in- finité d'idoles. Chacun à la fienne. Le Roi d'Anfico commande à treize royaumes , & palFe pour le plus puilîant Prince de l'Ahique. On le nomme le Grand Alacoco. ANSLO.f.m. ANSLOYE.Capitale de laNorvège,que l'on nomme encore Opfio & Chrijlianjîad. Anjloga^ Chrif- [iandj Chrijlianopolls. Elle eft dans la province d'Ag- gerhus, au fond du golte à'AnJloj Se n'eft féparéedu château d'Aggerhus que par une petite rivière. Chrif- tien IV, Roi de Dannemarck, l'ayant fait rétabUr après un incendie , elle prit le nom de Chrijlianjiad. ANSPACH, ou ONSPACH. Pays appelé autrement Onolf^hach. Onoldinus , Onfpachenjls pagus. Il eft dans la Franconie , en Allemagne, & a titre de Mar- graviat. Il eft borné au nord par l'évêché de Wurter- bourg, par celui de Bamberg au couchant, au fud par les comtés d'Holacg & de (Eting, & l'Evêché d'Ailchtet , & au levant par le palatinat de Bavière & le territoire de Nuremberg. ^3" La capitale de cette Souveraineté , en latin OnoU dina c\i Anfpachium , porte le même nom. Elle cil à cinq milles d'Allemagne de Nuremberg. Le château qui cil alfez beau , eft la réiidence ordinaire des Mar- graves de Brandebourg , de la maifon d'Aji(p-ach, ANSPECT. f. m. Terme de Marine. C'eft un levier. Veclis. ANSPESSADE. f. m. Bas Officier d'Infanterie qui eft au-dellous du Caporal, qui eft pourtant au nombre des hautes payes. Il y a quatre ou cinq Anjpeffades par compagnie. Les Anfpejjùdes (ont exempts de fatlion. Ce mot vient de l'italien lar.ca fpc-:çjada j eu /unes rompue. C'étoit autrefois un gendarme ou cavalier démonté , qui n'ayant plus mcvcn de fervir dans la gendarmerie , demandoit une place honorable dans l'infanterie , où on le faifoit fervir avec quelque dif- tindion de paye, ou de (ervice,au deiîus des fiinples fantallinsi laiais au deffous des Officiers. ANSTASIE. ANT ANSTAISE. f. m. Nom d'homme. Anaftafius. S. Anf- ta'ife tut Evcque de Sens au dixième liccle. M. Châ- telain met Anajlafe dans la tradudion du Martyro- loge, & Anafiaifc dans les notes, 7 Janvier, p, izi. ANT. ANTA. f. m. Animal du Paraguay. Il eft femblible à uii âne, à cela près , qu'il a les oreilles fort petites \ il a une trompe d'une palme de long, qu'il alonge&: qu'il retire comme l'eicphant, & dont il lemblc qu'il le fert à relpirer. Il a a chaque pied de devant & de der- rière trois ongles. Les gens de guerre font de la peau des efpèces de calques qui lont a l'épreuve des Hèches, & quelquefois même des coups de feu ; leur chair eft fort bonne , & lemblable à celle de la vache. Le jour ils broutent l'herbe, & la nuit ils mangent du limon falé i & dans certains parages on en voit une très-grande quantité. Les challeurs le rendent la nuit dans les en- droits où il y a du limon; & quand il les Icntent en approcher , ils découvrent tout d'un coup un flambeau allumé qui les éblouit , & donne par-là lieu de les ruer. Ce jeu continue toute la nuit ; le lendemain matin ils fuivent les piftes , & trouvent ces animaux morts à quelques pas de l'endroit. La corne ou les on gles de cet animal, principalement celle du pied gau- che de devant, lont louveraines contre le venin ; & l'expérience a fait obferver fouvent, que quand il fe lent atteint de la mort, il fe jette lur ce pied gauche, & en applique l'ongle lur fon cœur. C'eft ce qu'en rap- porte le P. Antonio Ruiz, Jétuitc, dans fa Conquijla efpiruual de Paraguay. Il y a auffi des Anta dans le Breill. ■XfT ANTAGONISME, f. m. Adtion d'un mufcle dans un fens oppolé à celle d'un autre mulcle qui ell appelé fon Antagonijle. i.fT ANTAGONISTE, f. m. Adverfarius. Ce terme fi- gnifioit chez les anciens ennemi fous les armes & en bataille. Aujourd'hui il n'eft plus en ufage que pour exprimer celui qui ert oppolé à un autre dans quel- que fentiment , dans quelque opinion , dans des dil- putes littéraires. Vous avez dans ce leigneur un dan- gereux antagonijle. Cardan avoir un redoutable an- tagonijle dans la perlonne de Scaliger. Il le contrarioit en tout. ^T II faut remarquer que ce terme eft quelquefois ab- folu & quelquefois relatif. Ainll un répondant qui tâche de réloudre les objedtions qu'on lui propole , a des antagomftes j mais on ne peut pas dire qu'il loit \' antagonijle des perfonnes qui dilputent contre lui. Deux partis qui foutiennent des opinions oppofées , lont réciproquement antagonijles. On appelle en Anatomie mulcles antagonijles , ceux qui ont des fondions contraires , comme le re- leveur & l'abailleur des yeux ; ils les font mou- voir l'un en haut , & l'autre en bas. ^fT L'abdudteur ik l'addudeur, le fléchilleur & l'extenfeur. /'bycrces mots. On les appelle antagonjles , parce qu'ils lem- blent fe combattre. Ce mot vient du grec àmyanX'/^c^' , contra luclorj Je combats contre quelqu'un. ifT Ce mot eft adj. & f. Les mufcles antagonijles tiennent à la même partie, & tirent l'un contre l'au- tre. Chaque mulcle à fon antagonijle. ANTALE. 1. m. Antalium , tuhulus , marinus. Petit coquillage dont parle Rondel. Il eft fait en tuyau, long environ d'un pouce & demi , gros par un bout comme une grolfe plume , & par l'autre comme une plume menue, ayant de petites lignes creules , droi- tes, qui vont d'un bout à l'autre, de couleur blan- che , ou blanche verdâtre. Il fe trouve fur les ro- chers & au fond de la mer. Il renferme un petit vermiireau marin ; il contient un peu de fel volatil & fixe , très-peu d'huile , & beaucoup de terre. Il eft alkali, réfolutif, dclîîcatif. Dict. de James. l! y a encore une efpèce A'antale compofé de plu- fieuis petits tuyaux joints enlcmblc. Les tarifs des en- trées de France de l'année 1664, nomment ïantale^ Lapis entdlis. ANTAMBA. f. m. Bête féroce de l'Ile de Madagafcar. Tçme I, ANT 577 Elle re(rembleàun léopard. Elle habite dans les mon- tagnes , d'où elle ne delcend que pour déchirer les hom- mes & les animaux qu'elle rencontre. ANT AN. f. m. L'année précédente. Annus fuperior. Il n'eft en ulage qu'en ces phrafes: des neiges à'antan. Une figue à'antan. Ce mot vient de ante annum. Ni- coD. Il eft tout-à tait bas & populaire. ANTANACLASE. f. f. Amanaclajis. Terme & figure de Rhétorique. C'eft la répétition du même mot, mais pris en diftérens fens. Ce mot eft grec , & fignifie pro- prement répercullîon, de «•'i'', (ïc «laxAau, repercutio. . Quintilien a ufé de ce mot. gCF ANTANAGOGE. f. f. Mot formé du grec i>V, contre & avajt^ii, réjailhlfement. Antanagoge. C'eft une figure de Rhétorique , qui conlifte à rétorquer une railon contre celui qui s'en itn. Récrimination. Voye:{ ce niot- ANTANAIRE. adj. m. Tetme de Fauconnerie, qui fe dit de l'oifeau qui a le pennagede l'année précédente, fans qu'il ait mué , comme qui ditoit , pennage d'an- tan. Prioris anni pennis amicius. ANTARCTIQUE, adj. Terme d'Aftronomie. C'eft Té- pithète du pôle méridional , qui eft oppofé au pôle ardique, ou leptentrional. Polus antarclicus , polus aujlrinus. Les étoiles voilines du pôle antarctique ne paroilfent jamais lur notre horizon. On a découvert pluheurs conftcUations nouvelles vers le pôle antarc- tique. Ce mot vient de ài'iî , contre , &i «pxToV , ourfe ^ parce que c'eft le pôle oppolé à celui quenous voyons , qui s'appelle arclique à caufe que l'ourfe , en grec apKTOf , en eft la conftellation la plus proche. ANTARES. Nom que les Aftronomes donnent au cœur du fcorpion, l'un des douze lignes du zodiaque. Cor ftorpionis. C'eft une étoile fixe de la première gran- deur. Sa longitude eft de 245'^. ij', & fa latitude 4d. 27'. Harris. Nous avons déterminé le lieu de la lune , par la conjonction avec antares , ou le cœur du fcorpion. P. Le Cgmte. ANTATOQUE. m. & f. Peuple qu'on nomme auffi Antajlovais. Antatoquus , a. C'eft un peuple de la nouvelle Yorck, dans l'Amérique leptentrionale. ANTAVARE. f. m. c\- f. Peuple d'Afrique. Antavar^ is^ ou Antavarus 3 a, um. Les Ant avares font vers la côte orientale de l'île de Madagafcar , le long de la ri- vière Mananzaray. ANTE. ^ojeç Ente. Autrefois ce mot ante fe difoit pour tante , amita. Ce mot vient à'antiqua j félon Borel. Qui fut frère de fa belle ante. Patelin. Voir fa belle ante, ce dit-on. Coquillard. Ante. f. f Rivière de Normandie. Anta. L'Ante pnlTe à Falaile , ik le jette dans la Dive, un peu au dellous du bourg de Saint-Pierre. Ante, eft encore une ville de Guinée, en Afrique, qu'on appelle autrement, Takoray. Anta , Takoraium. Elle eft fur la côte d'Or , où elle a un bon port à quelques lieues du cap des Trois Pointes. §CF AnTi-A.MRVï.o. Ante-Ambulonesfervi. Onappeloit ainll chez les Romains , les cfclavcs qui alloient con- duire leurs maîtres, pour leur laire faire place, pour écarter la foule. ANTECANIS. f. m. Terme d'Aftronomie. C'eft la mê- me choie que Procyon , ou le petit chien , ou ca- nicule. ANTÉCÉDEMMENT. adv. Terme dogmatique, qui ne fe dit qu'en Théologie, quand on parle de l'ordre des décrets de Dieu. Il y a des Théologiens qui pré- tendent que Dieu prédeftine à la gloire antécédem- ment aux mérites ; c'eft-à-dire , que la prédcftination à la gloire précède la prévilion des mérites. Il cil op- polé à confaucmment. i^ ANTECEDENT, adj. Antecedens. Qui eft aupa- ravant, qui précède dans l'ordre des temps. Ainli l'on dit, les conciles antécédsns , des jugemens ante- cedens ; pour dire , précédens. On s'en fert auilî en Théologie : lî la volonté eft portée au bien par une néceffité antécédents , la liberté n'ell plus qu'une chi- Bbb 378 ANT mère, puifque la volonté ne peut plus choifir. Le P. Pechamps. Un décret antécédent , eft un décret de Dieu, qui précède un autre décret, ou une action de la créature , ou la prévifion de cette attion. La prédei- tination à la grâce le fait par un décret , ou ell un dé- cret antécédent aux mérites , ou à la prévilion des mé- rites j ceft un vticle de foi \ mais il n'cll: pas de foi que la prédellinaricn à la gloire foit un décret iz/2re- ceWe/zr a la prévilion des mérites. Bien des Théologiens foutiennent le contraire. De même , volonté antécé- dente ell une volonté qui précède en Dieu une autre volonté, ou quelque connoillance ou pré vilîon. Dieu par volonté lîncere, m;us antécédente., veut lauver tous les hommes i c'eft-à-dire, que la volonté lîncere, que Dieu a de lauver tous les hommes, précède, & ne fuppole point encore en lui laconnoiirancede leurs mérites ou démérites , de leurs vertus ou de leurs cri- mes. Elle fcroit injulle par rapport à tous ceux qu'il prévoiroit devoir mourir dans le crime. Au relie, ces termes ne s'entendent par rapport à Dieu , que d'un or- dre de nature , & non point d'un ordre de luccefllon & de temps : l'infinie perfeétion de la nature de Dieu fait qu'il voit & prévoit toutenmcme temps, & qu'il veut de même , & non point fucceilivement l'un après l'autre , comme nous -, mais cela n'empêche pas que Dieu ne veuille l'un à caule de l'autre , qu'il n'ait pas une telle volonté a caule d'une telle connoillance , ou prévifion ; ou qu'au contraire indépendamment d'une telle connoillance, ou prévilion, il veuille telle choie, comme li cette prévilion n'étoit point encore en lui. C'eft-là l'ordre de nature , ainli que les Théologiens l'appellent , & le lens dans lequel il faut prendre le terme à'antécédent quand on parle de Dieu. Antécédent, f. m. En termes de Grammaire, le dit des noms & des pronoms, quand ils précèdent & régil- lent le relatif qui. Ainll dans ces deux phrales , Dieu qui peut tout : celui qui vous a dit telle chofe , Dieu , ôc celui, font les antécédens , Se, qui eft le relatif. AcAD. Fr. §CT Antécédent , en termes de Logique. Ceft la pre- mière propolition de cette forte d'argument qu'on ap- pelle Ènthymème , qui ccnlîfte dans une propolîtion dont on tire une conléqucnce. V antécédent eft la pro- polîtion dont l'autre eft tirée. Antecedens , ou prier propojitio enthymemathis. Nous devons aimer ce qui . peut nous rendre heureux. Donc nous devons aimer la vertu. Nous devons aimer ce qui peut nous rendre heu- reux , eft {'antécédent, f^oye^ EnthymÈme. Antécédent , en termes de Mathématique, fe dit du premier des deux termes d'une ccmparailcn de nom- bre par oppofition à confequent , qui eft le fécond. ifJ' Dans cette propolitiun par exemple, a : b : : c : d. a eft {'antécédent de la première railon, c {'antécé- dent j de la leconde. b &c d font les deux confé- quens. ANTECESSEUR.f.m. Profeireur, ouLeéleurdeDroit dans une Univerfité. Antecejfor. ^ZT On donnoit au- trefois ce nom à ceux qui précédoient les autres dans quelque fcience. Juftinien l'appliqua particulièrement à ceux qui enleignoient le Droit. Il eft encore uiîté dans nos Ecoles de Droit , où les Profelleurs pren- nent le titre d'AnteceJfores. Il vient du latin ante- cedere. ANTECHRIST, f. m. (lejnefe prononce point). Tyran qui doit régner fur la terre, loiique le monde touchera à fa fin. Antichrifius. L'Ecriture nous apprend que l'Antechrifl doit établir fon trône dominant à Baby- lone. Boss.Tous les Pères, lans en excepter un feul, ont cru que ÏAntechriJl feroit un feul homme \ qu'à la vérité , il .auroit plulîeurs précurfeursi mais ils con- viennent que {'homme de péché , {ejlls de perdition, ou ce qui eft la mcme choie, ÏAntechriJl, viendra à la fin du monde, pour faire la dernière épreuve des élus, & l'exemple le plus éclatant delà vengeance de Dieu avant le jugement prochain. Les Proteftans ap- pliquent faulfcment à l'Eghfe Romaine, & au Pape, qui en eft le Chef , tous les traits & tous les caraétè- res que l'Apocalypfe a attachés à {'Antechrijl. Ainfi, ielon eux, ÏAntechriJl feroit plutôt un corps d'Eghfe ANT corrompue , &c une longue fuite de Papes perfécu- teurs, qu'un homme particulier. Id. Ce qui ne peut s'accorder ni avec l'Ecriture, ni avec les Pères. Ce tut dans le Synode de Gap, tenu en 1603 , qu'ils remuè- rent cette queftion ; il y fut rélolu d'inlérer un article dans leur confelhon de foi , par lequel le Pape étoit déclaré ÏAntechriJl. Le Pape Clément VIII en fut pi- qué au vif; ik. Henri IV le trouva ortenlé de ce que les réformés l'avoient par-là déclaré un luppôt de ÏAi.- techriCt. Benoit. Grotius a foutenu que Caligula étoit l'y^wrec^ri/?. Malvenda, Dominicain Efpagnol, a fait un gros & lavant ouvrage de ï Antechrijl , de Antï- chrijlo , qui comprend 15 livres en deux tomes. Dans le premier livre il rapporte les lentimens des Pères fur ï Antechrijl : dans le lecond il traite du temps qu'il paroîtra,& il montre que tous les Pères ont enleigné que ce ne feroit qu'à la fin du monde, & que ceux qui ont cru qu'il alloit paroître de leur temps croyoient en même temps être à la fin du monde. Dans le 5^, il traite de fon origine , & montre qu'il fera Juif, Sc de la Tribu de Dan , à ce qu'il prétend, fondé 1°. fur le lentiment unanime des Pères, donr il rapporte les autorités; 2°. lur la Gen. XLIX, 17, où Jacob mou- rant , dit de Dan : Dan ejl unferpent dans le chemin , un cerajle dans le /entier, &c. 3". fur JéréiTiic VIII, 16, où il prédit, que les armées de Dan dévoreront la terre, &c. & 4°. enfin lur ce que Sean Jean, dans le ch. VII de l'Apocalypfe , failant l'énumérarion des Tribus d'Ilracl, ne parle poinr de celle de Dan. Dans le 4*^, & le f, il parle des figues de ÏAniechriJl ; dans le 6^, de fon règne &: de les guerres ; dans le 7', de fcs vices -, dans le 8^, de fa doétrine & de fes mira- cles ; «Scdans le 9*^, de les perlécutions; dans les autres, de la venue d'Ehe & d'Enoch, de la convcrfion des Juifs, du règne de JÉsus-Christ -, & enfin de la mort de ÏAntechnJl après trois ans & demi de règne, & de ce qui la luivra. On appelle figurément Antechrijls , les perfécu- teurs de l'églile &c de la laine doéfrine. Eccleji£ vexa- tor. Il viendra des Antechrifts , qui tâcheront de fé- duire les fidèles. On dit auill, en badinant, des enfans acariârrcs, que ce font de petits lutins , des antechrifts. Exprellion populaire. Ce mot vient de àïl/, & de x?'^'^, ffT Ainlî dans fa propre fignification, il fignifie fimplement un en- nemi du Chriji, unhommequinieque Jésus-Christ loit venu , & qu'il foit le Meftie promis. IfF ANTECIENS. Foyei Antoeciens. ANTE-EFANGELIUM. f. m. Terme particulier au diocèlé d'Angers. Ceft une antienne que le Diacre entonne à l'autel , avant que de partir pour aller chan- ter l'Evangile. Ceft ordinairement l'antienne de Bc- nediclus. ANTENALE. f. m. Efpèce d'oifeau de mer , que l'on trouve vers le cap de Bonne-Elpérance. Les antena- les ont fous les plumes un duvet lemblable à une laine très-fine , dont l'on le fert comme d'un remède fouve- rain contre la foiblelfe & l'indigcftion de l'eftomac, pour l'échauffer , & pour le fortifier. Wicqe. Amb. de Figue. ANTENNE, f. f. VERGUE, ou VERGHE. Terme de Marine. Ceft la pièce de bois lulpendue à une pou- lie, qui croife le mat à angles droits, à laquelle la voile eft attachée. Antenna. Antenne fe dit lur la Mé- diterranée , & Vergue ou Verghe fur l'Océan. La grande antenne ou vergue. Ce mot vient de la pré- polîtion anti. Les antennes ne fervent qu'à poullerle navire en avant. Antennes de beille , font des antennes qui font en rc- ferve en cas que celles qui fervent, fe rompent ou s'u- fent. Antennes f. pi. Terme d'Hiftoire Naturelle. Ce font des efpèces de cornes mobiles , que quelques infeéîes portent fur la tête. Cornu. Les antennes des papillons font deux elpèces de cornes qu'ils portent fur la tête, mais qui différent cependant des vraies cornes , en ce que celles-là font mobiles fut leuts bafes, qu'elles ont ANT dans toute leur longueur quelquefois jufqu'à quarante- cinq articulations qui leur permettent de fe courber, de le contourner , de s'incliner en divers lens. Il y a des antennes à malle ou à boutons, ainh nom- mées à caule de la figure de leurs têtes-, celles en mal- fue plus courtes communément que les précédentes, iont appellées , Antennes pritmatiques. Antennes à lîlets coniques»?,: graines, parce qu'elles ne font qu'une luite de plulieurs grains rangés les uns au bout des autres, àc. RÉ au mur. Antennes fe dit des cornes des abeilles. Une parties des cornes ou antennes j dont la longueur eft léparée en deux également par un ar- ticle , change , la partie la plus éloignée de la tête • étant la première, enluite la plus prochaine. Maral- X)i,Mem. del'Acad. des Se. [■ji2ip. ^ 1 6. 'ANTÉPÉNULTIÉjME. ad). c\: f. m. c^' f. Terme de Grammaire. C'efl la troificme fyllabc d'un mot en commençant à compter par la dernière ; ce qui pré- cède immédiatement la pénultième. \J antépénultième lyllabe d'un mot, ou fubftantivement, \ antépénultiè- me. Tertius ah extremo , Antepenultimus. Les Grecs mettent des accens aigus (ur V antépénultième. Un daclyle a Ion antépénultième longue. On le dit aufîl en matière de rang. Cet écolier eft X antépénultième de la leconde décurie. C'eft \ antépénultième vers du fé- cond livre de ce poëme. 'ANTEPHIALTIQUE. adj. Terme de Médecine. Bpi- thète qui déligne des remèdes qui font bons contre l'in- cube ou cauchemar. Antephialticus. D'aMô & îÇ'aA- lii's , \ incube , ou cauchemar. fer ANTÉPRÉDICAMENS. f. m. pi. Anteprœdica- menta. On appelle ainh en Logique certaines qucftions préliminaires qu'Ariftote a placées avant les piédica- mens , pour lervir d'éclaircillemens à la matière des pré- dicamensts: des catégories. Queftions frivoles & ridi- cules, dont illeroit bon d'oublier julquau nom. ANTÉQUERA. Ville du Royaume de Grenade, en Efpa- gne. Anticaria. Elle eft (ur le penchant d'une colline , près d'une rivière & d'un lac auxquels elle donne fon nom. Quelques Géographes prennent antéquera pour l'ancienne Sengilia, Le lac àAnteauera , Anticarius lacus. La rivière à' antéquera. Leslalines , les bains ou . \z^^?i\xyiôï Antéquera. La Nouvelle ^/;re<7«era eft une ville de l'Amérique feptentrionale. Anticaria nova. Elle eft dans l'Au- dience du Mexique , & de la province de Guaxaca , mais différente de la ville de Guaxaca, ANTER. Voye^ Ent£R. ANTERIEUR, EURE.adj. Ce qui eft devant, eu égard au temps. Frior , antiquior j anterior. Antérieur en hypothèque. On ne peut penfer , (ans frémir , que Dieu , par un décret antérieur , ait rétolu de rendre prefque tous les hommes malheureux. S. Evr. Antérieur. Ce qui eft devant, eu égard au licuouàla iiiuàiion. Anterior 3 antiquus, Ainii on dit la partie ij/z- térieure de la tête. 'ANTÉRIEUREMENT, adv. Auparavant. Priij^ antè. Il a été colloque en ordre antérieurement à vous. ANTÉRIORITÉ, f. f. Priorité de temps. Temporis an- tecejjio. Il n'eft guère d'uiage qu'au palais , où l'on dit antériorité de date , antériorité d'hypothèque. Tous ces mots viennent du latin anterior y qui eft formé de la prépohtion antè , devant. ANTÉROS. f. m. Anteros. Ce nom eft grec, 8c vient de à, 11, contre y Se "ft^s , amour ^ & lignifie Contre- amour j, non pas dans le fcns d'oppolition & de con- trariété -, mais dans le lens de retour, ou d'amour mu- tuel & réciproque : Antéros étoitune divinité païenne , fils de Mars & de 'Venus. Cicéron en parle, Liv. III de nat. Deor. & Paulanias, Z. /_,/>. 2ç. Les Poètes , pour marquer que le retour fait croître l'amour, ont feint que Venus voyant que Cupidon ne croilloit Ïioint, rcftoit toujours enfant, coniulta Thémis , qui ui répondit qu'il falloit lui donner un frère, dont l'a- mour réciproque le fit croître ; ce qui arriva après qu'elle eut eu de Mars Antéros. Ainfi cupidon étoit le dieu de l'amour , ,5^ Anteros, le dieu du retour. Il parok pourtant qu'au moins à Athènes , Antéros étoit regardé comme le génie,ou le dieu vengeur d'un amour mépriié. Tome. I. ANT 5 75> Antes. f. m. Pilaftres que les Anciens mcttoient au coin des murs des temples , ou au coin des édifices. Antxi Les antes y ou pilaftres , lortenr du mur, &; ont une laillie d'une huitième partie de leur front , quand il n'y a point d'ornement lur lemur qui aitplus de laillie. La laillie du pilaftre doit égaler celle des oinemens* ANTESCIEN. 1. m. pi. Terme de Géographie, ^'oyer ci-après Antiscien. ANTESSA. Ville de l'île de Mételin ou Lcsbos , dans l'Archipel. Anti£'a. Elle eft (ur la côte feptentrionale de l'île. Autrefois elle étoit dans une ile féparée de celle de Mételin, mais les (ables ont comblé le canal qui étoit entre deux , Se les ont jointes. ANTESTATURE. f. f. Terme de fortification. C'eft une . traverle , ou petit retranchement tait avec des palif- fades , ou des lacs à terre, dont on fe couvre à la hâte pour conlerver , ou dilputer le refte d'un terrain i dont l'ennemi a gagné quelque partie. Ce mot vient de antè Jl arc , être devant. ANTEVORTE , ou ANTEVERTE. f. f. Antevorta. Déelfe adorée chez les RomainSjConjointement avec la Iceur ou compagne PoJlverte,oVipoJlvorte.QQ\\ç.-<é\ pré- lîdoit aux choies iw^xx'iç.s.Antevorte préhdoit aux chofcs paftées. Elles étoient les compagnes de la Providence. Antevorte étoit aullî appelée Prorfa, & Porrima ; c'é- toient les mêmes que les Caimentes. On les invoquoic toutes deux dans les accouchemens , pour les prier de faire enlorte que l'enfant vînt au monde de manière que la tête fe préientât la première , afin que la mère eût moins à fouffiir. Farro apud A.Gellium y l. 1 6. c. lô.Ovid. Fajl. l. T. ANTHÉDONE._ Ville de la Livadie, en Grèce. Anthe- don. Elle eft fur la côte du golfe de Négrepont , entre les villes de Négrepont & de Tolandi. ffT ANTHELIENS. Terme de Mythologie. AntheliL Etoient parmi les Athéniens des Dieux dont les ftatues étoient placées debout devant leurs portes , conti- nuellement expofées à l'air. D'où leur vint ce nom t)EOi' aï5ïiAEo/. ANTHÉLIX. Terme d'Anatomie. Le circuit extérieur de l'oreille fe nomme Hélix ; l'intérieur qui lui eft op- polé. Anthélix. DiONis. ANTHELMINTHiQUE. adj. de t. g. Anthelminthi- eus. Terme de Médecine par lequel on défigne les re- mèdes contre les vers , qui les lont mourir en les dé- truilant , en les iuftoquant. Tels font le Semen con- tra y la tanéfie , la corallinc , la racine de fougère & tous les amers ; \'aquila alba y & les autres prépara- tions de mercure. Ceux qui les fuffoquent , font les huiles d'amandes douces , de noix , de noifettes , de femences froides & autres. Ce mot eft compofé de avl'', contre ; î^/j-Ik , lumbricus y ver. Col de Vil- LARS. tÇT II eft aullî (ubftantif. Les anthelmintiques font des remèdes ou médicamens contre les vers. Anthelmin- tica y orum. Ifc? ANTHEMIS. C'eft le nom de la camomille. ANTHÉR A. 1. f. Terme de Pharmacie. Le jaune qui eft au milieu de la rofe. Elle eft aftringente. ANTHÉRAS. f. m. Médicament compolé , auquel on a donné ce nom à caule de la couleur vive & rougeâ- trc. Sescompohtions font différentes. A'(6»^a, d'^vhs , Jleur. Il n'eft plus en ulage. ANTHESPHORIES. f* f. pi. Terme de Mythologie. Ce nom eft grec , eompolé de à. tôt , Jleur , & Çi'fu , je porte. Fête que l'on célébroit en Sicile en l'honneur de Profeipine , Se qui s'appeloit ainli , parce que cette Déeffe fut enlevée parPluton , lorlqu'elle cueilloit des fleurs dans la campagne j c'eft ce que rapporte Ovide, Met. Liv. VyV. sçi. Claudien , Zii'. Il y de Rapt. Profcrp. V. 1 22 y &c. Il fcmble qucles Anthefphories foicnt la nicme choie que le fiorifertum des Latins. Cependant Feftus ne rapporte point cette fête à Pro- Icrpine, & il dit qu'on la nomme ainfi , parce qu'on porte ce jour- là des épis au temple. ANTHESTÉRIES. f. f. pi. Amhcfiena. C'eft le nom d'une fête que célébroient les Athéniens en 1 honneur de Bacchus , Quelques-uns dilent qu'elle prenoit Ion nom du mois Athelléricn dans lequel on la célébroit. •^ Bbbi] 380 ANT D'autres prétendent que ce n'étoit point une fcte pat- ticulière , mais que toutes les fêtes de Bacchus s'appc- loient Anihejténcs. C'eft le fentiment d'Apollodore cité par le Scholiafte d' Ariftophajte. Quelques-uns pro- noncent & écrivent Amhijlerïes: c'eft une faute. Il eft plus naturel de dériver le mot à'JntheJiér'us d'avSoi , fiorj, fleur , parce que l'on portoit alors des couronnes de fleurs à Bacchus. Les Anthejlérïes duroient trois Jours, l'onzième , le douzième & le treizième du mois; chacun de ces jours avoit un nom , qui avoit rapport à ce qu'on faifoit ce jour là. Le premierjour delà fête, ou l'onzième du mois , s'appeloit ^1601, /a ; c'eft-à- dire, ouverture de tonneaux: ce jour-la on ouvroit les tonneaux, & on goûtoitle vin. Le lecond jour de la fcte , & le douzième du mois , s'appeloit x'«s congïï. Je congius; c'étoit unemefurequi contenoit le poids de dix livres, nous dirions les bouteilles ; ce jour-là on buvoit le vin qu'on avoit préparé la veille. Le troi- fièmejourdc la fête, ou le treizième du mois, s'appe- loit x^Tf" , les marmites; ce jour-là on faifoit cuire dans des marmites toutes fortes de légumes, auxquels on ne touclioit point , parce qu'ils étoient offerts à Mer- cure, ^^oye^ Meurfius, dans fon Livre intitulé, Gr^e- cia feriata. ANTHESTÉRION. f. m. Mois de l'année grecque , qui revenoit à la hn de Février , & au commencement de Mars, félon Néapohs, commentateur des Fajles d'O- vide, pag. S 6. C'étoit un mois creux , ou de 19 jours, le fixième de l'année. Oppien explique Mars par An- theflérion. Il eft difficile dedécider auquel de nos mois il avoit rapport. Potcérus dit qu'il répondoità la fin de notre mois de Novembre &:au commencement de Décembre. ANTHIA.l". f. A'\6/a, Efpèce de poilfon , fuivant Ap- pien, Ariftote , Rondelet, & Aldrovandi , qui en don- nent tous une dcfcription différente. Kiramides recom- mande le fiel de ce poifton , qu' Aldrovandi prétend être bon contre les exanthèmes & eftloicfcences de la peau , & fa graifle contre les tumeurs & les ablcès. Rondelet en diftingue quatre efpèces , le barbier, le capelan, & l'anthia oul'anthias; la quatrième cftcelle qu'Oppian appelle l^a^aU, parce qu'il a bonne viic. ANTHILL. Bourg du comté de Bedfort , en Angleterre. Antilia. Il eft au midi de la ville de Bedfort. ANTHIOS, ANTINOÉ. Ville ancienne de laThébaïde. AntiiwpoUs , Antinous , Hadrianopolis. La lituation de cette ville eft inconnue. Etienne de Bylance , Au- relius Victor , Ammien Marcellin, faint Jérôme, Liv. II j contre Jovinien, Origène contre Celle, & Pho- tius, en parlent: ils difent qu'elle étoit dans la Thé- baïde; mais ils ne nous apprennent point en quelle partie de la Thébaïde elle étoit fituée. Ptolomée , Liv, IV 3 ch. j-, la met dans le Nome Antinoïte , Ptolémée dit qu'elle en étoit la métropole , & lui donne 62°, 6' de longitude, & 28", 10' de latitude. Bertius dit que c'eft VAnthios d'aujourd'hui , & la place fur le bord oriental du Nil. Ce qu'il y a de cer- tain, c'eft qu'elle s'appeloit d'abord Bafa, ou Béfa, du nom d'un Dieu des Egyptiens , qui y étoit honoré. Dans la fuite , l'Empereur Adrien l'orna , l'embellit , & lui donna le nom d'Antinoiis fon favoii. Les Egyp- tiens lui conferverent cependant long-temps encore après fon ancien nom de Befa , & quelques-uns joi- gnant ces deux noms, l'appelèrent Béfantinoils, comme l'écrit Photius ; on la nomma aulïi Hadrianopolis , du nom d'^c/nc'/z _, qui l'avoit fait conftruire & embelhr. CCr ANTHOCEROS. Plante à fleur monopétale reffcm- blante à uiie corne qui s'entrouvre jufqu'au centre en deux parties. Il y a au milieu une étamine chargée de poulîîère. Cette fleur eft ftérile. Les fruits font des cap- Iules qu'on trouve tantôt fur des efpèces qui ont des fleurs , tantôt lur d'autres qui n'en ont point. Chacune de ces capfules contient une , deux , trois ou quatre femences. Encyc. ANTHOLOGE. f. m. C'eft le nom d'un livre eccléfiaf- tiquc qui eft en ulage chez les Grecs.' Ils le nomment en leur langue av6oA«o.«ï , Antho!ogion ; &c c'eft ce que nous appelons en Isxm florilegium , & par un fembla- h\e. mot nous difons en noue langue Fleurs des Saints. ANT En effet , c'eft un recueil des principaux offices qui (ont en ulage dans l'Eglile grecque. Il contient les of- fices de JÉsus-Christ , de la Sainte Vierge & des plus célèbres Saints. On y trouve de plus certains of- fices communs des Prophètes , des Apôtres, des Mar- tyrs, des Pontifes, des Confeflcurs. Léo Allatius,qui a parlé de ce livre dans fa première diirertation Jur les livres eccléjiajliques des Grecs , dit qu'il n'a été compofé que par un mctit de gain , Liber lucri causa excogitatus. La railon qu'il en apporte , c'eft qu'à la réferve de quelque^ nouveautés qu'on a ajoutées , il ne contient rien qui ne le trouve dans les Menées & dans les autics livres eccléfiaftiques des Grecs. Quoi- que cet ouvrage fût peu de choie dans les commence;», mens , c'eft aujourd'hui un aflez gros livre , qui s'eft augmenté peu à peu lelon la fantaifie de ceux qui ont pris foin de le publier. Il eft prélentement intitulé : Anthologe de toute l'année, qui contient quelques au- tres offices ne'cejfaires , & des explications qui n'c~ toient point dans les Antkologes précédens. Outre cet Anthologe , qui eft àl'ufage des EgUfes grecques , Antoine Arcudius en a pubhé un nouveau fous le titre At Nouvel Anthologe , ou Florilège , qui a été imprimé à Rome /«-4" en i J98. Le defleind' Ar- cudius étoit de mettre en abrégé l'ancien Anthologe que les prêtres & les moines Grecs qui dévoient réci- ter le bréviaire ne pouvoient porter dans leurs voya- ges, parce qu'il eft trop gros. Il entreprit cet ouvrage par l'ordre du Cardinal Sand:orius , proted:eur des Grecs, afin que ceux qui ne peuvent pas réciter l'of- fice dans le chœur, pulîent par ce moyen fatisfaire à leur devoir.' Mais li on excepte quelques moines Grecs d'Italie qui s'en fervent , parce qu'ils n'en ont point de meilleur ni de plus commode^ il a été re- jeté généralement comme un ouvrage inutile. Alla- tius condamne Arcudius, qu'il accule d'avoir changé ce qui étoit ancien, & d'avoir ajouté plufieurs choies nouvelles; d'avoir fait plufieurs mélanges ridicules, & qui ne pouvoient être du goût des Grecs, fur-tout de ceux qui ont quelque littérature. ANTHOLOGIE. 1. f. Anthologia. On a donné ce nom à un Recueil d'épigrammes de divers Poètes Grecs. Ce mot vient du Grec c^^iti ^Jlcur, ôc ^h^ijerc cueille. Le fameux vers grec de \ Anthologie à la louange d'Homère étoit au bas d'une ftatue d'Apollon. M. Det- préaux, e^i^r. ^ p , l'a traduit , ou pour mieux dire , paiaphialé dans un dizain. A-lais cette traduètion, au ientiment des connoilleurs , eft néghgée & languif- fante. En voici une Par M. le Préfident Bouhier, qui eft bien noble & bien plus concile. liluppole , ccmmc il y a beaucoup d'apparence , qu'Apollon , dans la fta- tue , avoit la main lur l'Iliade & l'Odyllée. Mortels , apprene-^ ce myjière : Ces deux poèmes Ji vantés , Sont vraiment de la main d'Homère j Mais c'ejl moi qui les ai dictés. CtCr ANTHON. Cafirum Amhonis. Petit lieu fur une hauteur , au midi du Rhône , dans le Viennois , en Dau- phiné, à cinq lieues de Lyon, lur les frontières de la Breffc. Corneille a tort d'en faire une ville qu'il place dans la principauté de Dombes. ANTHORA. Terme de Botanique. Aconitum faluti- ferum , ou Anthora. Efpèce d'aconit à fleurs jaunes. Ses feuilles font finement découpées , & les racines font de petits navets bruns , fort acres & employés dans les orviétans , & les autres ccmpofitions aléx'i- pharmaques. On a cru tauflcment que cette plante étoit le confiepoilon de la plante appelée Thora. An- thora quaji ami Thora. Il eft faux que ces deux plan- tes croilfcnt toujours l'une auprès de l'autre. Les Ca- tha'iens l'appellent Mabcrdin. Les Arabes & les Per- fans lui ont donné le nom de Geduar & Zeduar ^ d'où c'eft formé celui des boutiques Zedoaria. Mais il faut remarquer que notre ^edoaria n'eft pas vérita- ble, ni celle dont nous parlons; mais une plante diffé- rente que les Arabes appellent ^uruirJad. c'Herb. ANT ANTHOXA. Gafp. Bauhin. Efpècc d^conit; fa tige eft haute d'un pied & demi , anguleule, ferme , garnie de beaucoup de feuilles rondes , découpées en laniè- res & leiremblantes au pied d'alouette , d'un goût amer. Ses fleurs naiflent au haut de fa tige en manière d'épi ; chacune d'elles rcpréfente une tète couverte d'un heaume de couleur de jaune pâle. Sa racine elt compofée de deux navettes de la figure des olives , de couleur brune ou jaunâtre, blanches en dedans , d'un goût amer. Cetteplante croit fur les montagnes , comme les Alpes. Sa racine ell bonne contre la rage &lamor- fure des bctes venimeufes , & eft le contrepoilon du napel ou de l'aconit. ANTHRACITE, f. f. ou SCHISTUS. f. m. Pierre fa- cile à couper. C'cft une efpèce de talc, de couleur fa- tranée & îuiiante , dont les veines imitent le peigne. ANTHRACOSE. f. ï.Antrhacofis.lzxmfi de Médecine, & d'Oculifte. Maladie de l'œil. C'ell un ulcère dans l'œil, qui eit corrofif & couvert d'écaillés , a\ ec une enflure générale , principalement des parties qui font autour de l'œil. Ce mot eft grec, «.SfaVuK/f , & lignifie Une inflammation en forme de charbon: ai6p«c, ligni- fie charbon. ANTHRAX, f. m. Terme de Médecine. Anthrax, car- ho , carhunculus , pruna. C'efl: une tumeur entourée de plulieurs boutons' ardens, & loit aigres, qui caufe des douleurs fort aiguës ^ & quand il s'étend, il brûle les chairs, & les fait tomber par morceaux quand il eft pourri , & laille un ulcère après loi, comme lî elles avoient été brûlées avec un ier. Harrls d'après Blan- chard. |C? ANTHROPOGRAPHIE, f. f. En Anatomie , def- cription de l'homme : mot corapolé du grec a-s-fujsmtj homme , & îf^çw, j'écris. ANTHROPOLOGIE, f. f. Difcouvs fur l'homme ou fur le corps humain j terme d' Anatomie compoic d'»»^/^- ««f, homme j & de Myit , difcours. La fcience qui nous conduit à la connoiflance de l'homme , s'appelle Anthropologie. Dionis. V Anthropologie ^nii: en gé- néral a deux parties , dont l'une traite de l'àme de l'homme, &c l'autre de fon corps. At^THiiovohOGi-E.Anthropologia.Tcn-ncAe Théologie , qui fe dit de la manière de parler de la Ginte Ecritu- re, lorlqu'elle parle de Dieu comme des hommes, en lui attribuant des yeux , des mains , &c. des ientimens de douleur, de compaflion, &c. Ainfi c'eft une figure par laquelle l'Ecriture tainte attribue à Dieu des ac- tions Se des aftecliions humaii^es : tout cela par An- thropologie, & marque feulement l'eftet, ou la chofe que Dieu fait , comme s'il avoit les fentimens qu'ont les hommes, ou un corps comme les hommes. V An- thropologie eft nécellaire en parlant deDieu , pour faire comprendre au peuple bien des chofes qu'il ne com- prendroit point ians cela. Ce mot eft grec, compofé d'à^V^»^»? , homme , & deAo>ii«j difcours. ANTHROPOM ANTIE. f f. Anthropomamia. C'eft une efpèce de divination •■, elle le fait par l'inlpeélion des entrailles d'un enfant ou d'un homme mort. Ce mot vient d'àï^fKiïot , homme , &C de iJ-a.: ils prétcndoient être fondés fur un grand nombre de pailages de l'Ecriture \ ik cntr'autres (ur celui du commencement de la Ge- uèfe, où il eft dit , que Dieu fit l'homme à fon image. S. Epiphané rétute au long ces Sectaires , qui étoicnt la plupart des Moines ignorans, dans l'héréfie des Au- diens, dont le chef étoit un certain Audius. C'eft de leur erreur que leur venoit leiu nom , qui eft grec , formé d' i'.^f «»=! , homme, & de ^'p?-' , forme. Voyez S. Epiphané , Haref. yo , ScS. Aug. H^tr. fO. Cette héréhe étoit fi groillère , qu'elle ne dura pas long- temps ; cependant au dixième fiècle il parue encore quelques Anthropomorphites. ANTHROPOPATHIE.f.f, Figure, ou exprdlion, dif- ANT 381 cours par lequel on attiibue à Dieu ce qui ne convient qu'a 1 homme. L'Anthropopathie eft à peu-près la même chofe que lAnthropologie. Cependant , a proprement parler , elle en devroit difterei; , comme l'elpèce du genre ■■, enforte qu'Anthropologie le dit de tout difcours dans lequel on attribue à Dieu ce qui convient à l'hom- me , loit ientimens, (bit parties du corps, &c. Et que i'Anthropopathie fe dit feulement des paillons , fenfa- tions ou Ientimens humains attribués à Dieu -, mais dans l'ulage on coniond ces deux mots qu'on devroit dif- tinguer. Anthropopathie vient à\i ^[:cc àiefu-srof , homme , 3c irdh! , Jentiment, pajjîon. ANTHROPOPHAGE, adj. de t. g. & f. Qui mange les hommes, qui vit de chair humaine. Peuple ^^wr/ira/^o- phage. \\ eft aufii lubftanrif. Anthropophagus. Quel- ques-uns font remonter l'origine des Anthropophages julqu'au déluge , & attribuent aux Géans le premier- exemple de la barbare coutume de fe repaître de chair humaine. On prétend que la terre de Chanaan même étoit habitée par des hommes de taille gigantefque , & d un naturel h farouche, que les cadavres humains étoient leur nourriture ordinaire. LesHiftojriens parlent des Scythes & des Sauromates qui faifoient de ces hor- ribles repas. Voye\ Pline , Liv. IV. c. 12. Le même Auteur trouve encore des Anthropophages dans l'E- thiopie \ & Juvénal fait un etfroyable récit de la vora- cité de certains peuples d'Egypte , qui , à la manière des tigres , déchiroient entre leurs dents des corps en- core tout tunians. Tire Live rapporte qu'Annibal fal- loir manger de la chair humaine a les foldats , pour les rendre plus fiers & plus intrépides dans le combat. La pairie auftrale de l'Afrique eft la demeure la plus fa- meule des Anthropophages. Il y en a eu dans la Ca- frerie & dans le Zanguebar. Velputius raconte qu'il a vu ces hommes nus aulli-bien que les femmes , man- ger indiftéremment la chair les uns des autres ; le fils rongcanr avidement le cadavre du peve, & tirant gloire d'avoir dévoré un plus grand nombre d'hommes. Les Caraïbes, & les Cannibales de l'Amérique , ont encore (urpalfé les autres en férocité. On en a vu qui arra- choicnt de jeunes entans du lein de leurs mères, parce qu'ils trouvoient cette chair tendre & nouvelle & beaucoup plus ragoûtante. Petit. Les Millionnai- res vont prêcher l'Evangile jufque chez les Anthro- pophages. Apparemment que la nature a pétri les na- tions anthropophages de la même pâte , dont elle a formé les tigres & les lions. S. Evr. ïfT Ce mot n'eft qu'une épithète qui marque la barbarie de ces peuples , & non pas le nom d'aucune nation particulière, quoiqu'im l'ait donné à quelques-unes , faute de lavoir le véritable. Dans les premiers liècles de l'Eglife, les Païens ac- cufoient les Chrétiens d'être Anthropophages , comme il paroît par Tatien , par TertuUicn dans Ion Apologé- tique, chap. 7 j & par Salvien , de provid. Liv. ïf. Ils diloient que dans leurs myftèies les Chrétiens tuoient un entant, puis le mangeoient. Cette calom- nie étoit fondée iur ce qu'ils avoient oui dire du frcri- fice de l'Euchariftic &: de la Communion : preuve évi- dente que dans CCS temps li voilins des Apôtres, l'E- glife enleignoit iur cela ce que l'Eglile Romaine en- feigne encore aujourd hui. Ce mot eft grec , & vient de ça'^a, je mange , 8c d'à'''^''P'p« , in- diffe'rent. On donna ce nom dans le XVr liècle aux Luthériens rigides, qui défapprouvoientlajuridiélion cpilcopale, & les cérémonies de l'Eglife, &qui étoient oppofés aux Luthériens mitigés , nommés Adiapno- rifles. ANTIAPOPLECTIQUES, f m. pi. Terme de Méde- cine. Antiapopleciica , orum. Remèdes contre l'apo- plexie. Tels font l'eau de mélilfe compolée, l'eau im- périale, le vin émétique , l'efprit volatil de vipères , le Ici ammoniac , &c. aMi', en grec, fignifie contre. Ilfe joint à pluhcursnoms de remèdes, pour exprimer leur vertu fpécifique. Ce mot eft auffi adjedif Remède , n\é6^\c:imcniantiapopleclique. ANTIARTHRITIOUÈS. f ' m. pi. Remèdes contre la goutte D'a,i;,&àpe^/TK, /d^o^rre.Ileftaulîîadjeaif Remède, médicament antiarthritique. ANTIASTHMATIQUES, f m. pi. Remèdes contre l'afthme. Tels font les Heurs de foufre, celles de ben- join, le foufre lavé , le baume de foufre anifé, la vé- ronique en titane , l'hydromel , le firop de nicotia- ne , &c. Ce mot eft aiilîî adjedlif Col. de Villars ANTIBACCHIQUE, adj. &c L m.VmnoncczAntibac- quique. Antihacchius. Terme de Poëfie latine. Ce n'eft ANT pas un vers , comme dit M. Harris , mais un pied de trois lyllabcs , les deux premières longues & la troifième brève, comme cantare , virtute : il eft ainli nomme , parce qu'il eft contraire au Bacchique , dont la première eft brève & les deux autres longues . egejlas. Hephef- tion l'appelle Palimbacchius j Vitttonen au contraire dit , que \ antibacchique eft compoié d'une brève & deux longues , comme lacunas ; l'on voit qu'il appelle Antihacchius ce que les autres appellent Bacchius. PoRT-R. La méthode de Port-Royal écrit Bacquique ik Antibacquique , au lieu de Bacchiaue & Antihac- chique j luivant en cela la prononciation irançoile , & méprilant l'analogie de la racine d'où ce mot eft tiré. ANTIBES. Ville maritime de France. AntipoUs. Elle eft fur la côte de Provence. Amibes eft fortifiée & a une bonne citadelle, & un port fort sûr. Elle eft aux con- fins du comté de Nice. Cette ville eft à 24", 59', 18" de longitude, & 45 "5 34', i2"de latitude. Delà Hire. Table AJlr.^ ifT Le nom françois eft corrompu du grec Antipolis , qui eft celui que les anciens MarleiUois , Colonie Grec- que, donnèrent à cette ville dont ils furent les fonda- teurs. V3° ANTIPOLIS. Ville fituée à l'oppofite d'une autre. Cette autre cil Nice que les mêmes peuples fondèrent aulîl. ANTI-CABINET, f m. Grande pièce entre le lalon & le cabinet, appelée communément Salle d'ajj emblée. Antecedens conclave. ANTICACHECTIQUES, f m. pi. Remèdes qui cor- rigent la cachexie. D' avli' , courre j & de'««;te?''a > la ca- chexie. U eft aulîi adje<5lif. Remède ou médicament anticachechque. ANTICAUCASE. y^Tzric-awc^yàj. Montagne deSéleucie, dont parle Strabon , ainfi appelée d'a»'î''j contre y Se Caucafus.,CMic2Ce,nom d'une montagne fameufeau nord du Pont-Euxin , comme qui diroit, oppolé au Caucafe. ANTICAUSOTIQUE. adj. Terme de Médecine. Epi- thète des remèdes contre le caufus , ou. fièvre ardente. D'àïTi' , & de Kaùo-os , une fièvre ardente. Il eft aulH fub- ftantif. Faire ulage des anticaufotiques. ANTICHAMBRE. L £ Chambre qui eft auparavant la chambre du maître , ou la principale chambre d'un ap- partement , où s'arrêtent les domeftiques de, ceux qui le viennent voir. Procœton. Dans un hôtel cette pièce mené à une deuxième Antichambre ou Salle d'ajfem- blée y où lesperlonnes au-delfus du commun attendent le maître. On l'a lailfé attendre une heure dans V anti- chambre avant que de parler au maître. ANTICHRÈSE. f f. Terme de Droit. Convention par laquelle celui qui emprunte de l'argenr, donne en gage un héritage à f on créancier , à la charge qu'il en jouifte, & que les fruits lui apparriennent pour l'intérêt de Ion argenr julqu'à ce qu'il en loit payé. Antichrefis. Cette padf ion étoit permile par le Droit Romain , qui ne défend pas les ulures. Cette eipèce de contrat s'ap- peloit autrefois Mort-gage en France , à la différence du limple engagement , qui n'emportoit point gain des fruits , & qui à caulc de cela s'appeloit vif-gage. Selon Du Moulin , dans ion Traité des ulures , Vantichrèfe eft prohibée en France , excepté en quelques provin- ces , où ces conrrats pignoratifs font regardés comme des conrrats de vente a faculté perpétuelle de rachat. En 1 164, Alexandre III défendit aux Clercs dans uu Concile de Tours de prêter à uiure , & ordonna que les fruits des héritages donnés en antichréfe feroient imputés fur le principal. Six ans après le même Pape , fit une decrétale , par laquelle il étendit aux Laïcs la défenfe porrée par le Concile de Tours , ainfi l'a/zri- cAr^yè fut défendue à toutes fortes de perfonnes. Voye'^ Loiieau , de la diftinàion des ufures j & Du Moulin , Traité des ufures , queft. 3 5. ANTICHRÉTIEN , ENNE. adj. m, & f Oppofé à la doétrine du Chriftianifme. Antichriflianus , Chrifiiandi doclrinx. adverfarius. L'Apocalyple ne parle point d'une Eglife Chrétienne corrompue, ni d'un empire fpirituel anti-chrétien i donc S. Jean annonçoit la ruine, Boss, A NT Les Piotcftans accufent l'Eglife Carholique d'ctie de- venue antichrctïenne. Ils Te tourmentent beaucoup & fort inutilement pour trouver le commencement de cet empire antichrétun , que les uns fixent en un teinps, & les autres en un autre. Jofeph Méde & Jurieu fe (ont fur-tout fort occupés de ces extravagantes rêveries. Voyci M. Boiluct, Variât. Llv. XIII. Pourquoi dif- férer jufqu'à laint Léon le commencement de cet em- pire Lindchrétien ? Montrez-moi que du temps de ce faint Pape on ait plus fiit pour les Saints? &c. Bossuet. Mais , dit-on , la principale raifon pourquoi Dieu ne veut pas compter la nailiance de l'antichriftianifme dès Jes années 360, 393 , & 430 , encore que la nouvelle idolâtrie, que l'on veut être le caradère de l'antichril- tianilme y fût établie, c'eftqu'ily avoit un quatrième caractère de la nailiance de cet empire amichrétien , qui n'étoit pas encore arrivé Doélrine admirable , &c. Id. Pourquoi demeurer en fi beau chemin î Olez dire ce que vous penlez. Commencez par taint Balile & par (aint Grégoire de Nazianze le règne de l'idolâ- trie antichrétienne , &c les blalphèmes de la bête coîi- tre l'Eternel, &: contre tout ce qui habite dans le Ciel. Tournez en blafphèmes contre Dieu &<. contre les Saints, ce qu'on a dit dès lors de la gloire que Dieu donnoit à fes lerviteurs dans (on Eglifc. Saint Baille n'eft pas meilleur que faint Léon , ni l'Eglite plus privilégiée à la fin du quatrième liècle, que jo ans après dans le milieu du cinquième. Mais je vois la réponie que vous me faites dans votre ccrur: c'eft qu'à commencer par laint Baille , tout leroit fini il y a long-temps ; & dé- menti par l'événement, vous ne poirrriez plus amuler les peuples d'une vaine attente. Id. ANTICHRISTIANISME, f m. La dodrine , le règne de l'Antcchrift. Religion contraire au Chriftianilme. AntLchrijlïanifmus , Adversùs chriftianam Religionem rebeliio. \J Antichrijlïanifme doit être une apoftafie , une abjuration de l'Eglife Chrétienne. Voye\ Anti- cHRârrEN. Ces mots viennent d'à»»', contra ^Ik Chrif- tianifmus. ANTICHTHONE. f m. &: f Antïchthones. Terme de Géographie. Qui habite une terre oppof ée à celle qu'ha- bite un autre. Ce mot cft grec , formé de à/u' , contre , &dc -/j"" 1 terre. Nous entendons aujourd'hui par^/2- tïchtkonc la même chofe que par Antipodes; c'elt-à- dire, ceux qui habitent la partie de la terre qui nous cft diamétralement oppofée. Les Anciens doimoient à ce nom un autre (ens. Pomponius Mêla parle des An- tïchthones y Liv. I. c. f , mais il n'entend pas par-là les deux hémifphères fupérieur & inférieur , puilqu'on ne connoilloit pas l'inférieur de fon temps, comme l'a remarqué Vofïius ; mais feulement les deux parties fep- tentrionale & méridionale de notre hémifphère, qui font f épatées par la zone torride ; enlorte que les peu- ples que Pomponius Mêla nomme. Aritichthones ^{ont ceux que les Géographes nomment communément Pe'riœciens. Il fiut écrire Antichthone , Si non pas Antichtone. 4pT ANTICIPANT, adj. Terme de Médecine. On ap- pelle accès anticipant, celui qui vient avant le temps auquel a commencé le précédent. Prœcurrens. ANTICIPATION, f m. Adion par laquelle on anticipe. |G" Adion de prévenir , d'agir avant le teinps , de pren- dre les devans, ou dans une affaire , ou avec une per- fonne. Anticipatio. Je me fervirai contre lui de la voie A' anticipation. J'ai plufieurs moyens à' anticipation. Anticipation en termes de Chancellerie, ledit des let- tres qu'on fait fceller afin de faire allîgner un appelant pour faire juger un appel par lui interjeté , quand il eft négligent de le relever. fCT Dans les procédures qui font faites en conféqucnce -, l'intimé s'appelle antici- pant, & l'appelant anticipé. Anticipation , fignifîe aulfi , ufurpation faite fur les biens ou fur les droits d'autrui. Ufurpatio , Occupatio rei aliéna.. C'eft une anticipation lur mes droits , fur ma terre. Acad. Fr. Anticipation, eft aulfi une figure de Rhétorique, par laquelle l'Orateur réfute par avance les chofes qui lui peuvent être objedées. Quintilien l'appelle anthypo- phora. ANT jSj Par Anticipation. Façon de parler adverb. Par avan- ce. In antecejjum. Il s'en eft emparé par anticipation. Acad. Fr. ANTICIPER, v. a. Faire une chofe avant le temps, prévenir, devancer. Il ne fe dit que du temps, & par elhple, des choies dont on prévient le temps. Antlci- parcj pr£venlre. Cette dette n'étoit pas encore échue, il a û/znti/ieTe payement. lia annci/^e le jour, le mo- ment. Anticiper, fignifie aulîi, empiéter, ufurper. Invadere y occupare rem alienam. Mon voifin anticipe fur mon héritage. Vous anticipe^ lur les fondions de ma char- ge. Anticiper furies droits d'autrui. Le Mait. En ce fens il eft neutre. Anticiper, en termes de Palais, c'eft faire aflîgner de- vant un Juge fupérieur, un appelant qui a interjeté un appel, & qui néghge de relever fon appel. Provo- catorl , ou provocatloni antevertere. ANTICIPE, EE, part. On dit en termes de Palais , l'an- ticitsant , & l'anticipé 3 comme on dit l'appelant & l'intimé. Ante occupans , ante occupatus. Voye^ An- ticipation. Anticipé, Ée. adj. Qui vient avant le temps. Antici- patus. Il n'y a point de peuple qui n'ait une connoif- fance de Dieu anticipée j & même fans étude. L'cf- pérance eft une joie anticipée. M. Scud. ^fJ" On dit de même douleur anticipée , en parlant de celle qu'on relient dans la vue d'un mal qui n'eft pas encore ar- rivée. Tourvllle en fa témérité N'a que ce qu'il a mérité Par fa valeur anticipée. Qu'efpéroit-lljde bonne fol , La vlclolre étant occupée Devant Namur auprès du Roi? i^NTICCEUR. f m. Maladie de cheval. C'eft une ru- meur qui fe forme à fa poitrine vis-à-vis du cœur. On l'appelle aullî avant-cœur. ANTI-CONSTITUTIONNAIRE. adj. c^c f Mot en ulage pour lignifier quelqu'un qui eft oppofé à la Bulle,, ou Conftitution Unigenitus. /^oye:^ Jansé- niste. ANTI-CONVULSIONISTE. adj. & f Celui qui dans le parti janfénifte eft contraire aux convuUions, que d'autres admettent comme (urnaturelles. Celui qui prétend qu'il n'y a rien que de naturel , ou même que de la fourberie , ou qui prétend qu'elles lent des opé- ration? du Démon. Anticonvuljionifla. Voyez Con- A'ULsioN, CoNVULsioNisTE & le mot Paris. ANTICOSTI.ou ANTISCOTI. île qu'on nomme aulîî X île de l' AJfomptlon. Antlcojia , Antifcotla , A(J'ump- tionls Infula. Elle eft dans le golfe de Saint-Laurent , en la nouvelle France, entre l'ile de Terre-Neuve, & la côte du Canada propre. Voye^ Île de l'Assomp- TION. ANTICOUR, f f Première cour, qui eft fuivie d'une autre. Area vejlihulum. Prlorarea. Dans les belles mai- fons de campagne il y a des anticours. On dit ordi- nairement avant-cour. ANTICYRE. Anticyra. île où il croilToit d'excellent hellébore. Anticyre étoit dans le golfe appelé autre- fois Maliacus, aujourd'hui Golje de Zenon. Comme l'hellébore eft propre à purger le cer\'eau, on difoit proverbialement d'un homme dont la tête n'étoit pas bien réglée, qu'il devoir faire un voyage à Anticyre. Navlget Antlcyram. Voyez Horace , Llv. II. Sat. III , V. 72 j & 164. Ovide, De PoutOj Llv. IV, v. .r.,', Perfe, Sat. IV, v. 16. Le Géographe Etienne dit, que \ Anticyre célèbre pour fon hellébore eft une ville , mais c'eft une île de l'Archipel, entre celle de Négre- pont, & les côtes de Thellalie. Voye\ Phne , Llv. XXV, ch. j. Et Horace & Ovide que j'ai cités ne peuvent guère s'entendre que d'une ile. Il y a cependant eu une ville de Phocide, nommée , Anticyre, dans le golfe de Corinthe, à 10 milles de Celphe, au 48*^. degré 4 minutes de longitude, & 3 ^^. degré ; minutes de latitude. Pline eu parle , Liv. 384 ANT IFi ck. j , mais ce n'eft point cette ville qui fut cé- lèbre per rhcileboie qu'elle produifoit. ^ ANTIDACTYLE, f. m. Nom donné par quelques- uns à un dacl:)le renverfé, à un pied compolé de deux brèves fuivies d'une longue. Populurn elt un an- tidaclylc. ANTIDATE, f. f. Date faulfe, & antérieure à la vraie date d'un aâe. Date qui précède le temps auquel l'ade eft palfé. Dus annquLor perperàm adfaiptus. L'anci- dace çïi un crime moins confidérable dans les ides fous lignacure privée, que dans les contrats pallés par- devant Notaires. Les antidates font importantes dans les contrats, parce qu'elles emportent la priorité d'hy- pothèque. Ce mot antidate vient de ces deux mots latins , antè data. Men. ou du grec avl»' , contre ^ &: du latin , data : contre-date. ANTIDATER, v. a. Mettre une date antérieure. Dater d'un jour qui précède celui où l'on palfe quelque ade. Diem antiquiorem falsb fcribere. Antidater une . procuratiouv ANTIDATÉ, ÉE. part. Daté fauirement 8c antérieure- ment. Falsâ diei adfcriptionemunitus ,Jîgnatus. Cette pièce eft antidatée. Ce mot vient à'anti j & de date 3 qui vient de dare. ANTIDÉMONIAQUE, adj. 3c f. m. f. Antid^monia- cus. Qui ncgat ejfe Ddmones. Hérétique , ou impie , qui nie l'cxiftence des Démons, ou qu'il y ait des Dé- mons. Voye-[ Sanderus. ANTIDIAPHORISTE.f. m.&f. /^oye^ Antxadiapho- RisTE. C'cft la même chofe dans l'ufage, parce qu'on retranche \'a pour rendre la prononciation plus douce i mais dans la vérité , & à la rigueur , c'eft tout le con- traire. Car antiadiaphorifie j lignifie , qui eft oppolé aux indifférens. Lt antidiaphorifie j, celui qui eil op- pofé à ceux qui veulent de la diftérence.-Dans un ou- vrage dogmatique & d'érudition , je ne voudrois ja- mais dire (\\x' antiadiaphorijlc j laiilant l'autre tout au plus pour la converlation ; s'il eft vrai cependant qu'on le dife , comme quelques Didionnaires le mar- quent. ANTIDICOMARIANITES. Anciens hérétiques quipré- tendoient que la Sainte Vierge avoit eu plufieurs cn- fans de S. Jofeph, & qu'elle n'étoit pas demeurée Vierge. S. Epiphane a parlé fort au long de ces héré- tiques qui vivoient de fon temps, karef. j8. Il rap- porte Ihiftoire de S. Jofeph , & il explique en même temps ce qu'on doit entendre dans le nouveau Tefta- mcnt par les Frères de Notre Seigneur ; & comme il a quelques fenrimens là-dclTus qui méritent d'être éclair- cis , il faut confulter S. Jérôme contre Jovinien j «.\' le Cardinal Baronius dans l'Apparat de fes annales. Les Antidlcomarïanites étoient difciples d'Helvidius , & de Jovinien , qui parurent à peu près en même temps à Rome vers la lin du IV^ ficcle. Voye-:^ Baro- nius & Sponde à l'an 581. M. Godeau a dit- Antidi- comarianifles. ANTIDORE. f. m. Antidorum. Terme de Liturgie. Uan- tidore , chez les Grecs, eft un pain que l'on bénit, (?c qu'on diftribue au lieu de l'Euchariftie à ceux qui n'ont pas pu communier pour quelques railons par- ticulières. L'antidore eft le pain, dont on coupe un morceau pour le confacrer. Ce mot vient de i^'^i!,proy loco , vice ^ au lieu , à la place, ôc de S^p'i, donunij don. CezK étvmologie marque que l'antidore le donne au lieu de l'Eucha- riftie , qui eft le don par excellence. ANTIDOTAIRE. f. m. Terme de Médecine. Antldota- • rium. C'eft un nom que plufieurs Médecins ont mis pour titre aux recueils qu'ils ont fait d'un grand nom- bre de remèdes compolés , i!^ qui ont été inventés par de célèbres Médecins. Les Aporhicaires tiennent beau- coup de ces compoiîtions toutes prêtes dans leurs bou- tiques , pour les employer, lorfque les Médecins les leur ordonnent. Il y a V Antidotaire de Wec^kcr , de • Du Rcnou, & c'eft ce qu'on appelle autrement, dif- pcnfaire. ^ifJ- ANTIDOTE, f. m. Terme de Médecine. Contrc- poifon. remède qu'ond prend pour fe garantir de l'ef- ANT fet du poifon , Se généralement pour détruire le Ve- nin des maladies , qui provient d'une autre caufe que de la piqûre des animaux venimeux, comme de la contagion de l'air , de la corruption des humeurs. Antidatas , antidotum. Cet antidote fortifie le cœur, & le défend contre le venin & l'air infedé. En ce Icns il lignifie la même que alexipharmaque , Se alexitère. Ce terme fe dit aulîi de quelques compoiîtions mol- les, faites de diveiles poudres, de pulpes, de liqueurs de fucre, de miel, réduites en une conliftance épailfe. On les appelle indiftéremment, contedions, éleclu.ai- res mous , opiates , ou antidotes. Certaine teirime dans Aufone , voulant empoilonner Ion mari , lui donna tant de ditlérentes drogues pour l'empoilonner plus sûrement, qu'en le lervant d'antidote les unes aux au- tres, elles le lauverent. Mascur. Ces mots viennent de ««1'' , contre j & de UStnixai ^qui fignifie , je donne. Antidote , ce qu'on donne contre le poifon , foit pour remède , foit pour préfervatif. ANTIDOTER. v. .i. Mêler, alfaifonncr d'.intidotes.^/ pergercy condire , mïfccre. Ce mot eft forgé en ftyle burlefque & familier. ANTIDOTE, ÉE. part. & adj. Le célèbre Rouffeau a dit en parlant d'Horace: Desfots Auteurs berne les vers ineptes ; Nous injlruifant par gracieux préceptes j Et par fermons de joie antidotes. Ce font des difcours égayés, mêlés, affaifonnés de propos agréables. Am&nïtate , gaudio ^ hilarïtate^ le- poribus conditi. ANTIDYSSENTERIQUES. f. m. pL Remèdes contre la dyifenterie. Tels font l'ipécacuanha, la rhubarbe, le rapontic , le corail préparé , le luccin , le bol d'Ar- ménie , la terre figillée , la terre douce de vitriol , le ris , la gelée de corne de cerf, la teinture de rôles de Provins, la grande confonde, la conferve de cynorrohodcn, le lîrop magiftral , carthartique , aftringcnt, le lauda- num, le duilcordium, lediacode , le hrop de karabé. Col. de Villars. %çT II eftauiîladj. Médicament, remède antidyjfenterîque. ANTIE. adj. m. & f. Ce mot n'eft plus ufité j il fignifîoit ancien , ancienne. Zi communs de Paris , celle cité antie. Sont ordonné chacun en fa Conetablie. R. de S. ANTIENNE, f. f Paroles qui dans le fervice de l'E- glife fe chantent alternativement par deux chœurs. Antiphon , Carmen incentivum. Ce mot seft dit d'a- bord tant des Pleaumes que des Hymnes. S. Ignace, difciple des Apôtres, a été félon Socratc , le premier auteur de cette manière de chanter chez les Grecs -, & S. Ambroife chez les Latins. Thécdoret l'attribue à Dio- dore &àFlavien. Elle pallir en France du temps de S. Grégoire, i?«:fe periedionna IcusChaile Magne. Am,a- larius Fortunatus a écrit de l'ordre des Antiennes ^ De Antiphonarum ordine. Maintenant ce mot fe prend en une plus étroite lignification , & le dit de quelques traits tirés des Pleaumes, ou de l'Ecriture, qui con- viennent au myftère de la Fête qu'on célèbre. Dans les Fêtes doubles on les répète devant & après les Pfeaumes, dans les fimplcs on les dit feulement après , félon les diftércns Bréviaires. On appelle aulFi Antienne , ce qu'on chante à l'in- tro'i'te , aux invitatoires, aux proceftions. On le dit aulli des motets que plufieurs choriftes viennent chanter alternativement à la melfe, & à vêpres , avant l'évan- gile , ou l'hymne. Ce mot vient de à,1içma.^ qui fignifie, chant alter- natif. Antienne , fe dit auffi d'une petite ptière qui fe fait à Dieu , ou aux Saints , qui précède une orailon. Les aveugles gagnent leur vie en difant l'Antisnr.s Se rOraiion du Saint dont on fait la Fête chaque jour. IJCF On dit*figurément annoncer une bonne , une mau- vaife antienne à quelqu'un ■, pour dire, une bonne , une A N T ttne mauvaifc nouvelle. Exprclîîon du (lyle fami- lier. ANTIÉPILEPTIQUES. f. m. pi. Remèdes contre l'épi- leplie. Tels font le gui de chêne, celui de coudrier, la racine de la grande valériane lauvage , le pied d'élan , le cr.lne humam , le cinnabre naturel , artificiel , celui d'antimoine, &c. Col de Villars. ICT Ce mot eft auiîl adjectif. Remède, médicament an- [itpileptique ; dont on le fert contre l'épilepiîe. ANTIFLBRILES. f. m. pi. Epithète des remèdes propres contre la fièvre. Il eft aulîi adjedif. Remède, médi- cament antifébrile. ANTIFELLO. Petite ville de l'Anatolie, ou Aiîe mi- neure. Andphdlus. Elle eft entre les villes de Patera & de Goranto , lut la côte. ANTIFFE. f. f. Terme d'Argot , qui eft un langage par- ticulier que le font les gueux ou les voleurs. Et lur Je grand tnmard aller battre \antiffe : c'eft-à-dire , battre l'eftrade fur le grand chemin. Poème de Car- touche. lANTIGÉOMETRE. f. m. On donne ce nom à ceux qui ont mal parle des Mathémathiques en général , & de la Géométrie en particulier , ou qui ont loutenu qu'el- les avoient des défauts, & que leurs principes pou- voient être attaqués. MM. Huet , Agrippa , La Mothe le Vayer, & en dernier lieu M. Cartaut pallent pour Antii^éomètres. ANTIGOA. île de la mer du nord, dans l'Amérique. Antigoa. C'eft une des Antilles, fituée entre la Barba- de, la Guadaloupe & la Déhrée. ANTIGOC A. Ville de la Turquie d'Europe. Antigonia. Elle eft en Macédoine , au nord-oueft de Salonique. Pinct prétend qu'on la nomme aujourd'hui Céjo^na. ANTIGONIE. f. f. C'eft le nom de pluheurs villes , l'une en Epire, l'autre en Macédoine, une troilième en Arcadie , une quatrième en Bithynie , & une cin- quième en Syrie , proche d'Antioche. ANTIGONIES. f. f. pi. Eft le nom d'une fête inftituée à l'honneur d'Ancigonus ; Plutarque , qui nous l'ap- prend , ne nous dit point en l'honneur duquel des An- tigonus elle fe célébroit. ANTIGORIUM. f m. On appelle ainfi l'azur, ou gros émail, dont le lerventles Faïanciers pour peindre leur faïance. ex? ANTIHECTIQUE, adj. Terme de Médecine. Re- mède ou médicament qu'on emploie contre la fièvre heélique. Il eft auiîl fubftantif. Faire ufage des anti- hectiques , tels que la pulmonaire, lecétérach, lerof- folis, les fleurs de Tuftîlage, le ris , les jujubes, les dattes, les figues , les raifins de Corinthe, la gelée de corne de cerf, &c. ANTI- HECTIQUE de la Poterie. Ceft une prépara- tion chimique qui fe fait ainfi : on prend de l'anti- moine deux parties , de la limaille de ter une partie , dunitre, du tartre blanc, chacun une partie & demie-, on rougit la limaille de fer dans un creulet qui foit feulement plein du quart, & cela a teu violent, puis on met l'antimoine , & on fond le tout -, lorfqu'il eft clair, on jette dedans une cuillerée du mélange de nitre & de tartre -, on couvre le creufet, & les fu- mées étant celfées, on en met encore autant, fiifant comme la première fois , & continuant ainh jufqu'a ce qu'on ait mis tout le mélange. Puis on donne grand feu : étant en bon flux, on jette dans le cornet lelon l'ait; fi le régule n'eft pas étoile, on refond, & on le purifie avec du nitre & du tartre. On le rend étoile du premier coup, li au lieu du nitre & du tartre, on fe fert de cendies gravelées. Enfuite on prend deux onces de ce régule, quatre onces d'étain d'Angleterre , & on les fond; étant fondus on les jette dans le cor- net , puis on les met en poudre : on y ajoute trois fors autant de nitre très-pur-, qu'on fulmine par cueil- lerées félon l'art , laiflant palfer les fumées à chaque projection, & lorfqu'il fera fondu, on le lailfe trois heures en fonte lur un feu modéré , de crainte que la matière ne retourne en régule. Après ces trois heures on la jette dans un mortier de marbre , puis on la pulvérife , & on l'édulcore avec de l'eau chaude ; on Tome L ANT 38^ filtre , &r on sèche la poudre ; on y joint fon double poids de nitre: on fulmine comme ci-dellus ; ce qui le réitère encore une fois -, puis on édukore, & on sèche. Ladole eft depuis un demi fcrupule julqu'à un. Si l'on ne met que trois onces d'étain , & un gros d'or^ le remède fera beaucoup plus efficace. Ce remède a été nommé Anti-hcrtique , parce que fi l'on en prend leize grains, un fcrupule de fel am- moniac ; qu'on les mêle & qu'on les donne dans du lirop de lierre terreftre, c'eil: un puiilant remède con- tre la fièvre hettique. On partage cette doie en deux, on en prend une le matin , & l'autre le loir, &c l'on continue. ANTIHYDROPIQUES. f. m. pi. & adj. Remèdes con- tre l'hydropifie. Tels font le jalap & la réfine , le mé- choacan , le gomme gutte , le fuc d'iris, le vin d'alke- kenge,l'élatérium, les cloportes, l'efprit de lel, 6t. Col. DE Villars. ^fT II eft aufti adjedif. Remède, mé- dicament antihydropique. ANTIHYPOCHONDRIAQUES. f. m. pi. On ditauflî anthypochondriaques. Remèdes contre la maladie hy- pochondriaque. Tels lont l'élébore noir , la Icolo- pendre, l'hépatique, les capillaires , le lafran de Mars apéritif^ le tartre vitriolé , 1 extrait panchimagogue, les fleurs de lel ammoniac chalybées, le lel fédatif, &c. Col. de Villars. D'i^^t! , contre j &c. C-^tyJifpio.^ les hypochondres. (fT II eft aullî adjeétif. Remède, mé- dicament antihypochondriaque ; c'eft-à-dire , dont on le lert contre la mélancolie hypochondriaque. ANTIHYSTÉRIQUES, f. m. pi. Remèdes contre la paillon hyftcrique & contre les vapeurs. On les ap- pelle aufîi Hyflériques y lans y joindre la prépolîrion avTi' , Tels lont le caftoreum , le camphre , ^ajj'a fceti- da ^ l'huile de fuccin, &c. On ditaulii anthyficriques. D'à''-.', contre , & i^rtfa, \ utérus. Ileft aufti adjeCtif. Remède antihyftériques. ANTIJOACHIMITES. L'Archevêque d'Aquerufe étoit le chef des Antijoachimites ^ & il pourluivoit impi- toyablement les Joachimites. f^ie de l'Abbé Joachnr . Les Antijoachimites avoient beau décrier la mc- moire du célèbre Abbé , elle le loutenoit toujours avec honneur. ANTILEPSE. f. f. Foye^ Prolepse, C'eft la même choie. ANTILIBAN, f. m. Antilibanus. Montagne de Syrie ', ou de Phénicie, ainfi .appelée de la particule grecque avTi', contre j & du nom du Liban, montagne fameufe de Syrie , parce qu'elle eft à l'oppolite du Liban. L'An- tiliban eft au midi , & le Liban au leptentrion. Entre deux s'étend une grande plaine, qu'on nomme Abelli- nas j à ce que dit Poftel , autrelois Siria Ccele. Ces montagnes commencent à la mer méditerranée , & s'é- tendent en long vers l'orient. UAntiliban eft foit éten- du, & il a pluheurs vallées très fertiles. Il eft habité prefque tout pat les Drufes. Phne, Zii'. f^. ch. 20 , le fait égal au Liban. Dans l'Ecriture on appelle l'un (S: l'aurre Liban ; mais quand on les diftingue, le Liban retient fon nom , &: \Antiliban s'appelle Hermon. ANTILLES. C'eft un nom qu'on donne aux petites îles de l'Archipel de l'Amérique , à caule qu'elles font au- devant de Cuba, Jamaïca , Se autres grandes îles voi- fines. AntilU. Ainfi elles font dans la mer du Nord , placées entre les deux Amériques , méridionale & fep- tentrionale. On les appelle aufli, les îles Caraïbes , eu Caribes , &C Caribanes j ou Cannibales , du nom de leurs anciens habitans : quelques-uns même les nom- ment Camercanes. On les diftingue en deux parties. Celles qui regardent le levant , & qui s'étendent du feptentrion au miii , s'appellent Iles de Barlovento y ou îles du vent. Et celles qui regardent l'Amérique nié- ridionale , & s'étendent du levant au couchant , îles de Sottovento j îles qui font lous le vent. Chriftophe Colomb les découvrit en 149}. Les Européens n'ont commencé à s'y établir qu'en 1615. Le P. du Tertre , Jacobin, a fait une fort belle Hiftoire des Antii/es en trois volumes i«-4°. Il en parut une à Rotterdam eu 16 ç8 , accompagnée d'un vocabulaire Caraïbe par Lon- villers de Poincy. /^oye:j encore Acofta , Hiji.desind, C ce 38^ ANT Liv.III. ch. /J-. Liufchot , Amer. ch. 4. Rochefort , Hiji. Nacur. des AnûUes y Se Baudrand. ANTILOGARITHME. 1". m. Teime de Mathématique. ^ Jnnlogar'uhmus. C'eft le complément du lo-anthme, d'un llnus, d'une tangente, ou d'une lécante , ou la différence de ce logaiithme à 90 degires. ANTILOGIE. f. £ Contradiclion dans un difcouis entre deux mots, ou deux pallages d un Auteur. Jnulooia, (ontradiclio , rcfragaao. Tirinus a fait un grand indice des anulogics apparentes de la Bible , des palfages qui femblent (c contredire, & qu'il a conciliés & expliques dans les Commentaires qu il a laits (ur la Bible, lin Maltais de l'Oratoire d'Italie , nommé Dominique Ma- grlusj en a auOî donné un, où il ne fait que rapporter ce qui fe trouve dans les principaux Commentateurs. Le ConcUldtor de R. Manalfe Ben-Ilraël eft encore quelque chofe de fcmblable. Ce mot vient d' «»T.A»>/a , contradiction. ifj- ANTILOPE, f. m. Même chofe que Gazelle. f^oye^ ce mot. ANTiLUTHERIEN , ENNE. f. m. &: f S>c adj. Jnùlu- therianus, Antilutheranus. On donne ce nom à tous les Protelïans qui s'étant léparés de l'Eglife avec Lu- ther, ou à fon exemple, ont abandonné les opinions , & ont fait des fettes différentes. Ainfi les Zuingliens, les Calviniifes, les Anabaptiftes , les Anglicans, lont Antiluthériens. On pourroit le dire aulîî adjedit. Une dotlrine Antiluthérienne , les dogmes Antilutheriens. Les fecfes Antiluthériennes. ANTI-MAZARINIQUE. adj. Qui eft écrit contre le Car-' dinalMazarin. On n"a rien imprimé à Pans depuis qua- tre mois , de meilleur que le Courrier du temps : ce font huit cahiers Anti-ma^ariniques qui font fort bons. Guy Patin. ANTIMÉLANCOLIQUES. f m. pL Remèdes contre la mélancolie Ti , contre, 8c »o^o! , loi. ANTINOMIE, f. f. Contradidion réelle ou apparente entre deux lois. Antinomia , Contrarietas. L'embarras des Jurifconlultes eft de concilier les antinomies. IJCr Antinomie , fe prend quelquefois pour oppolîtion à toute loi , comme on le voit par l'art, fuivant. Ce mot vient d'««Ti', contra, & de "'/*»«, lex, loi. ANTINOMIEN , ENNE. f. m. cV f. Antinomus. Nom de fede du XVI^ liècle , parmi les Proteftans. Les An- tinomiens ne diloient pas que les bonnes œuvres fulTent pernicicufesou inutiles, mais ils foutenoient que l'hom- me n'y étoit point obhgé , dit Sanderus, Héir. 1 SS ,8c qu'il n'y a point de loi ni de précepte de pratiquer les Ceci} 388 ANT bonnes œuvres qui font dans la loi divine. C'efl: delà que vient le nom , qui figiiifie , contraire à la loi , en- nemi de la loi. P^iri ^contre , ",«« , loi- ANTINOUS. r. m. Nom dun homme qui a été mis au nombre des Dieux. L'Empereur Adrien en fit pendant ia vie l'objet de les infâmes amours, & après fa mort il n'épargna rien pour le déifier. Temples, fêtes, jeux, oracles, tout fut mis en ufage pour confacrer & éter- nifer le culte de ce nouveau Dieu. On mit (a ftatue dans tous les collèges, on frappa quantité de mé- dailles à fa gloire , enfin on en vint julqu'à l'adora- tion. J\NTiNoiis. f. m. C'eftlenom d'une conftellation fepten- trionale. Elle efl: près de l'Aigle. ANTIO. Foye^ Anzo. ANTIOCHE. Antiochia. Nom deplufieurs villes. Etien- ne en marque jufqu'à dix, & d'autres douze; Euftache quatorze. Appion dit que le feul Séleucus Nicanor donna le nom de fon père Antiochus à feize villes; car ce nom efl: venu à toutes ces villes du nom de quelque Antiochus , comme nous Talions voir. Oi- télius prétend en avoir trouvé encore davantage. Antioche, furnommée la Grande, ell: la plus fameufe; elle fut bâtie par Séleucus I,roi dcSyrie,aprcs la bataille d'Ipfus, vers l'an 500 avant JÉsus-CHR.rsT : il lui donna le nom d'Antiochus (on perc. S. Jean Chrifùl- rôme & Dion louent beaucoup Antioche. Ammien Marcellin l'appelle la capitale de l'Orient. L'ère A' An- tioche efl: fameufe dans la chronologie , j^ra Antio- chena. Evagrius & d'autres la luivent; elle commence, félon quelques Auteurs , la dernière année de l'Olym- piade 182 , de Rome 70J, 49 ansavant JÉsus-Christ. D'autres diftinguent trois ères èi Antioche , qu'ils pré- tendent qu'elle a marquées fur ces médailles. La pre- mière , qui eft la même que celle des Grecs ou des Sé- Icucidcs, commence 3 11 ans avant JÉsus-Chrit-, ils y rapportent une médaille qui a d'un côté une tête de upiter , & de l'autre un Jupiter allis,, ave« ces mots , ANTioxEaN MHTPonoAEP.s HKS. Antiochenjîum Me- tropolccs anno 22S. C'eftlaleule médaille qu'ils pro- duilcnt, pour prouver qu'^/2ricic/!t; a luivi cette ère ; mais d'autres la croient frappée en des temps bien pof- térieurs. La féconde ère à! Antioche ^ félon l'Auteur dont je parle, commence à l'année de la bataille de Pharf de ; & la troiiicme depuis la bataille d'Acl:ium , loriqu'après la mort d'Antoine , Auguile eut le gou- vernement des provinces de l'Orient. C'efl à Antioche que les dilciples de JÉsus-Christ commencèrent à s'appeler Chrétiens. Antioche a été le premier fiége de l'Apcue Saint Pierre, & a titre de Patriarchat , que les conciles de Nicée, d'Ephèle & de Calcédoine lui ont confervé. Les Chrétiens croilés fe rendirent \\-\A- nes à.' Antioche en 1098 , & elle fut la capitale de la principauté d'^/zrioc/iej qui fubiifta jufqu'en 1208, que le Sultan d'Egypte reprit cette ville: elle s'appelle aujourd'hui Antachia, par corruption de fon ancien nom. Elle eft a 12 lieues de la mer , au 68 degré 10 minutes de longitude , & au ;6 degré 20 minutes de latitude , fur l'Oronte. Pour diflinguer cette ville des autres qu'il y avoir du même nom en Syrie, on l'appel- lo'it Antiochia Epidaphnes , aViox'"''' Aa(;i»>if, félon Pline , Liv. V , ch. 2 1 , & lur les médailles , & entre au- tres fur une du cabinet du Roi,ANTioxinN ton ni'os AA*NHN -, c'cll-à-dire , Antioche Jîtuée proche du Daphné i cependant un nouveau Critique a prétendu que cette Antioche proche du Daphné n'eft: point la ville même à' Antioche j mais un fauxbourg d'Antio- che.Mciïs Pline eit formel fur cela, Liv. V, Ch. XX, Deinde Promontorium Syriâ, Antiochit, ; intus ipfa Antiochia libéra , Epidaphnes cognominata^ Oronte amne dividitur. Voilà Antioche elle-même, furnom- mce Epidaphnes ; Se c'efl: affurément Antioche même, au miheu de laquelle palloir l'Oronte; ce n'étoit pas feulement un de fes fauxbourgs que ce Heuve divi- foiten deux. De plus, le lieu appelé Daphné n'étoit pas un lieu voifm du fauxbourg d' Antioche , c'étoit le Fauxbourg même dAnuoche , comme nous le pour- rons dire en fon lieu. Quant Séleucus eut bâti Antio- che ,il y tr^nfportales habitans d'Antigonie, bâtie peu ANT de temps auparavant par Antigonus; c'efl: ce qui a fai^ dire à quelques Auteurs, qn Antioche avoir été com- mencée par Antigonus, & achevée par Séleucus. Il ne faut pas toujouts traduire en notre langue le mot latin Antiochia , quand il s'agit de la Syrie , par le nom dAntioche j ville dont nous venons de parler, La province dont cette ville étoit capitale, s'appeloitaullî Antiochia y on Syria Antiochia. f'oye^ Mêla, Liv. II, 12. Pline V, 12. Il eft vrai qu'on lit dans les édi- tions ordinaires de Pline, au Liv, V, Ch. 20. SyrÎA Antiochena ; mais à l'endroit que j'ai cité, Liv. V, 12, on lit abiolumeni Se limplement Antiochia dans tou- tes les éditiuns ; dans les endroits même où il y a An- tiochena dans les éditions, les anciens manulcrits ont Antiochia; ainh Saumaile a eu tort de le rctracler, & d'accufer Pline & Mêla d'une erreur grollière. C'eft lui-même qui s'eft trompé fur Solin, page 890, comme le monrre Volfius dans fes Obfervations lur le Chapitre XI du Livre I de Mêla. Antioche. 'Ville épifcopale de Mélopotamie , bâtie en- core par Séleucus I , & appelée du nom de fon père. Elle s'appeloit znivzvaçmNiJîhe. Antioche, Ville d'Alîe mineure, capitale de Pifidie, à 92 milles d'Ephèle, à 61 degrés, 20 mir.utes de longi- tude , & 5 9 degrés , 5 6 minutes de latitude. Les Turcs l'appellent aujourd'hui Verfaegeli. Nos cartes ce- pendant la diftinguent de Verfaegeli j & l'en éloi- gnent de vingt lieues à l'Occident. Elle a eu un Archevêque foumis au Patriarchat de Confi:anti- nople. Antioche de Cilicic, fur les confins de la Pifidie & de la Pamphilie, à 62 degrés, 30 minutes de longitude, & 38 degrés, 30 minutes de latitude; aujourd'hui /^/2- tiocheta , petite Antioche. Elle a un Evêque lufrra- gant de Séleucie. On la nomme quelquetois Antio- che fur le Tragus , Heuve qui l'arroloit. Il y a encore une Antioche dans laMargiane, bâtie par Alexandre , & nommée d'abord Alexandrie. Elle Fut ruinée par les barbares. Antiochus fils de Séleucus la rétablit, & l'appella Antioche ^ Antiochia. Vïu\e y Livre V, Chapitre 16. Il ne dit point fi c'eft Antio- chus, fils de Séleucus Nicanor, ou Antiochus III, fils de Séleucus Callinicus. De nouvelles cartes l'appel- lent Indion. Une autre Antioche étoit proche du mont Taurus, ville épifcopale de Commagène, qui retient encore fon nom, fi l'on en croit BcUon; fa longitude eft 68 degrés , 40 minutes, & la latitude 50 degrés, 10 mi- nutes. Une autre étoit fur le Méandre dans la Carie, ayant un Evêque fulFragant de Stauropolis, Les Turcs la nomment T'cc/^itz/z, Strabon, Liv, XIII, Bcllon,Liv. I, C. IOJ-. Ilya une médaille de Gordien dont le revers a pour infcriptionANTioXEmN MEANAPOK,'Vail- lant, p. 149, une autre de Trajan Dèce, ih. p. 180. Nous trouvons encore fur des médailles ANTioxEiîN raw nP02 kaaaipoh'!o'« 1"»»«» , Annoche proche d'Hippus. Hippus eft une montagne de Bithv nie dans Pline, Liv. V , Chapitre 35. M. Vaillant, dans les mé- dailles grecques des Empereurs, met néanmoins cette Ancioche dans la Cœlélyrie. Enfin, dans M. Auréle ANTIOKLIA IEP02 KAl AKTAOS FlPOS-APO.s, Antïochs fur le Sure ; c'eft, dit M. Vaillant, p. 49, un Heuve de Cilicie. Pline met aullî un Sarus dans la Cappado- ce, Liv. VI , Ch. 3. Il y aaulîi une Antioche dans l'Amérique méridio- nale, dans le royaume dePapaya,à 15 heues de S. Foy, à 12 heues à l'occident du fleuve Cauca , 60 lieues au nord de Papaya , & à jo de Cartha- gène. ANTIOCHETTA. Ville de l'Anatolie ,ou Afie mineure. Antiochïa fuper Tragum , Antiochïa parva. Elle ell fur la côte méridionale, vis-à-vis l'île de Chypre. Antiochetta eft un diminutif à'antiochia , Antio- che. ANTIOCHIEN , ENNE. f. m. & f. Habitant, citoyen ^ hwiioôîvt. Ant'wchenus ^ a y /^w. Les Traducteurs de Genève & ceux de Louvain le lont lervi de ce mot : mais nos derniers Traducteurs, Mons , Bonheurs, Sacy , ne leniploient point, ils difent citoyen d'Antio- che , habitant d Antioche, prolcly te d' Antioche. Ainll il doit palier pour n'être point, ou n'être plus en ufage. ANilOPIA. Ville ancienne de la Terre-Sainte, nommée dans lEcriture Alor. /^oye^ Asor. ANTIPACHSU. Petite île de la mer de Grèce. Antïpa- A-/^j, c'eft à- dire, vis-à-vis Pachlu. En effet, elle eft fur la côte de l'Epire , près de l'ile de Paxu , entre Corfa & Céphalonie. ANTIPAPE, f. m. Concurrent du Pape, chef de parti , qui a fait Ichilme dans l'Eglile Catholique , pour le mettre a la place de celui qui eft légitimement élu. Pfeudo-Pontifex y Pontlfex non legitimus. Les Anti- papes font caufe de grands fcandales dans l'Eglile. On compte 28 Antipapes. Novatieiï dans le troihcme fiècle tut le premier-, & Amédée, Duc de Savoye , dans le XV liccle a été le dernier fous le nom de Fé/ix r. ANTIPARALLÈLE, adj. m. & f. Terme de Géométrie, qui fe dit des baies d'un angle qui en a deux, lelquel- les ne font pas parallèles entre elles. Antiparallelus^ a, um. Lorfqu'un même angle a deux baies , qui n'étant point parallèles , forment avec fes côtés des angles égaux, l'un d'un côté, l'autre de l'autre, telles baies font dites antiparallèles ; & ces bafes peuvent être antiparallèles } fuivant trois dilpofitions. Duc de Bourg, Elém. de Géom. L. VU. Les baies d'un tel angle font antiparallèles , ou en fe croifant ou en fe touchant par une de leurs extrémités , ou en ne le tou- chant point , mais étant léparées l'une de l'autre. Les bafes antiparallèles donnent des côtés de leurs angles réciproques aux côtés partiaux qu'elles forment. P'oye:^ l'ouvrage cité, ^ ANTIPARALYTIQUES. (. m. pi. Remèdes contre la paralylîe. Tels font l'onguent de ftyrax , le martiatum avec l'huile diftillée de romarin , l'elprit de vin camphré , les émétiques , les fudorifiques , &c. Il eft aulîi adj. ^ ANTIPARASTASE. f f Antiparajlaf.s. Figure de Rhétorique, qui confifte en ce que l'accufé ap- porte des raifons pour prouver qu'il devroit plutôt être loué que blâmé, s'il étoit vrai qu'il eût fait ce qu'on lui oppofe. Boudot. Diét. ANTIPAROS. île de l'Archipel. Antiparoa. Cette île cftainfi appelée, parce qu'elle eft vis-à-vis de l'île de Paros. Il y a dans l'Antiparos une des plus belles grot- tes du monde , qui eft toute revêruc de congélations admirables. Du bas de cette grotte s'élèvent fur une efpè- ce de crête des piliers de marbres cyhndriques , dont le plus haut à plus de fix pieds fur un pied de diamètre: il ANT 389 eft arondi à fa pointe, 8c prefque d'égale épailTeur. On en voit quelques petits qui font comme des cornes naillanres; Se allez près de-là il en rcfte la moitié d'un, quia été calïe en travers. Se qui repréfente allez bien le tronc d'un arbre coupé. Foye^ Tour- nef. A Cad. iy0 2. Mem. p. 21 ç , qui prétend que ce lont des pierres qui le lont ainli formées par végéta- tion. ANTIPASTE. f m. Terme de Profodie. C'eft un pied compolé de deux aurres pieds; favoir d'un ïambe & d'un chorée : aulîi ïantipajie eft compolé de deux longues entre deux brèves , comme le mot fecun- dare. ANTIPATHES. f m. Efpèce de corail , dont parle Diof- coride. Il eft dir qu'il eft noir & fait en manière d'ar- bre, mais plus branchu. Se ayant les mêmes propriétés que le corail. Dicx. des Arts. ANTIPATHIE, f f Inimitié naturelle, qualités con- traires cjui le rencontrent dans certains corps, enforte qu'ils Icmblent fe fuir réciproquement. Antipathia , Repugnantia j Odium. On remarque certc antipa- thie entre la vigne Se l'ormeau : il n'y a point de plus grande antipathie que celle qui eft entre la falaman- dre Se la tortue. Ce mot eft compofé des mots grecs a>Ti' , contre j Se ^aO»! , pajjîon. Antipathie , fe dit aulîî d un lentiment naturel d'oppo- fition que les hommes ont les uns pour les autres , fans Injet ou par des caules Iccrètes Se inconnues. Cet homme ne m'a jamais rien lait , cependant j'ai une an- tipathie infuportable pour lui. C'eft quelque chofe d'érrange que l'antipathie Se l'aveilion nacurclle que certaines perfonnes ont les unes pour les autres: on fe hait lans lavoir pourquoi. S. Evr, ifs" Antipathie, haine j averjlon , répugnance. Le mot d'haine s'applique plus ordinairement aux per- lonnes. Les mots d'averjîon Se d'antipathie convien- nent à tout également. On ne fe fert de celui de ré- pugnance qu'à l'égard des aftions, c'eft à-dire, lorf- qu'il s'agit de faire quelque choie. iyT La haine eft plus volontaire. Se paroît jeter fes ra- cines dans la paillon ou dans le rellentimentd un cœur irrité. §^ L'averjîon Se l'antipathie paroiffent avoir leur fourCe dans le tempéramment ou dans le goût naturel. Mais l'averjîon a des caules plus connues : l'antipathie en a de plus fecrètes. La répugnance eft moins durable j c'eft un lentiment palfager caulé par la peine ou par le dégoût de ce qu'on eft obligé de fiire. Syn.Fr. (fT On a delà haine pour le vice, de l'averjîon pour ce qui eft nuilible , de l'antipathie pour ce qui porte au crime , & de la répugnance pour les fauHes dé- marches , ou pour ce qui peut doimer atteinte à la ré- putation. tfT Rien ne dépend moins de nous que l'antipathie : tout ce que nous pouvons faire, c'eft de la dilLmu- 1er. Elle fait qu'on ne peut fouffrir certaines gejis , «Se nous en rend la compagnie latiganre. £C/" La différence du temperamenr, la fingularité de l'humeur. Se le je ne lai quoi d'un air qui déplaît, produilent \ antipathie : elle dure jufqu'à ce que les relforts fecrets du lang & de la nature ayent fait un alfez grand changement dans le goût , pour qu'il foie univerfel ou entièrement fournis à la railcn. Antipathie, le dit fig. de l'averlion &: de la répugnance que l'on a pour quelque chofe. Avoir de ï antipathie pour la mulique. |K?* Antipathie, terme de Peinture, qui délîgne l'op- polition qui le trouve entte certaines couleurs, /^oytç Ennemi , terme de Peinture. fp^ ANTIPATHIQUE, adj. de t. g.Oppofé, contraire, qui vient de l'antipathie. Repugnans , contrarius, El- prits antipathiques. Ces deux perfonnes ont des hu- meurs antipathiques. Qualités antipathiques, cou- leurs antipathiques. ANTIPATRIDE.^ Ville de la Paleftine. Antipatris. Elle eft lur la côte, au nord de Joppé ou Jata. Elle éroit à 16 milles au midi de Céfaréc. F'oye:( Jo- sÉPHE , au feizième Livre des Antiquités Judaï- ques ,Ch.j&L.I de la guerre des Juifs ,Ch.^, EUe 39^ ANT ie ftommoit d'abord Chabazzaba ou Chapharbaza. Hé- | rode h, bitit l'an 470 j de la période Julienne , dix ans avant la naiilance de Jésus -Christ & k nomma Antipatride en l'honneur d'Antiparer fon père. Du ■ temps de S. Jérôme cen'étoit qu'un bourg nommé ^z- J'iis ou JJfur. ANTIPÉRISTALTIQIJE. adj. Terme de Médecine , qui fe dit d'un mouvement des boyaux. Le mouve- ment périftaltique des inteftins ie iait par la contrac- tion de leurstibres du haut en bas, comme le mouve- ment amipérijîalique arrive par leur contradion de bas en haut. Dion i s. Ce mot grec , compofé d'««Ti' contre > «v'' autour, -& s-aAî-ixn j qui lignifie , ce qui a la force de ccmpri- mcr , de s-saam, dans le Icns de comprimer. Ce mou- vement eft contraire au périllaltique, c'eft-a-dire, à celui qui comprime les boyaux, non pas que ]!anti~ pénjiak'njut ne les comprime, mais il le fait d'une mnnière différente. 'ANTlPEKISTASE.f. f. Terme Didadique. Adion de deux qualités contraires , dontlunc par (on oppofition excite la vigueur de l'autre. Le froid, ie chaud, le fec, 'J'humide. A nùp enfla fis. La moyenne région de lair eft froide en été, & les foudres s'y forment par antï- périflafe _, par le combat du iroid & du chaud. Ccft par anûpénflafe que la chaux s'allume en y Jetant de l'eau. Les Fhilofophes modernes fe mo- ' quent de Vantipérijlafe ôc de tous les effets qu'on Jui attribue. Ce mot vient du grec «ïTurt/iro^.ai , qui fîgnifie uridique , circumohjlfto. ANTIPESTILENTIEL , ELLE , adj. m. & f. qui cft contraire à la pefte , qui prévient ou guérit la peftc. Alcxilocmus j a , um. Le Perc Maurice de Toulon , Capucin, dans Ion Capucin charuablc ^, ik. le Perc André-François de Tournon , dans l'abrégé qu'il a fait de ce livre en 1710, traitent de la compofition du parfum antipeftiUntiel , .ï*c de la manière de s'en ïervir pour purifier les iiiaifons. Journ. des S. 1724. p. 120. ICr ANTIPHLOGISTIQUES. f. m. pi. Terme de Mé- decine , par lequel on défigne les remèdes propres à diminuer l'effervefccnce du lang, cauiée par (a dil- polition inflammatoire. Voye\ Ph logis tique. fer il eit auHi adj. Remède antiphloçiflique. ANTIPHONE. f. m. Antïphonum. Terme de Liturgie. ' V Anùphone j dans l'office de l'Eghle grecque , confifte en plulîcurs verfets d'un Fieaume, à chacun delquels ■ on répond par une antienne. Ce mot vient d' ^'t. ,& de v"»"', J' oye\ l'Fucologe, avec les notesdu P. Goar, .& l'Ordre de l'office des Grecs, au fécond tome des actes des Saints du mois de Juin. ANTIPHONIER, f. m. ou ANTIPHONAIRE. Anti- phonarïum , ou Antiphonarïus. Livre qui a pris fon jiom du mot greca»Ti?Mv>i, .^«rie/zwe. Ceft un grand li- vre où tout l'office de l'Eglife avec les antiennes , eft noté , à l'exception des melfes qui font dans un autre livie que l'on appelle Graduel , 3c où on trouve tout ce qui règle le chant des matines, des laudes, & des autres heures. Ce livre fe met lur le grand pulpitre, ou lutrin , & eft écrit en gros caradfères avec les notes du pleiivchant. Saint Grégoire le Grand en lut l'Au- teur, comme dit Jean le Diacre en fa vie. Du temps de Jean le Diacre , 300 ans après S. Grégoire , on gardoit encore à faint Jean de Latran l'original de fon Ann- phonier. Id. ANTIFHRASE. f. f. Terme de Grammaire. Contre vé- rité, figure ironique, par laquelle en difant une chofe on entend tout le contraire. Anciphrcjîs. Ce mot vient d'a'ïTi' , & de V!-^<"' , qui vient de tp^if" , je parle. C'eft une erreur allez commune de faire conlifter X'antiphrafc dans un (eul mot, comme quand on dit que le mot de Parque eft une antiphrafe ^ parce que les Parques n'épargnent peifonne. Parcm. , quia ncmini parcunt. S. Jérôme, dans fon épine à Biparius contre Vigilance , dit que l'on doit plutôt appeler Dormitan- tius par une anûphrafc , que Fi^ilantius , parce qu'il s'oppofoit aux veilles que les Chrétiens faifoient lur les tombeaux des Martyrs. Sandius, dans fa Mi- ANT iierve,p. 431., condamne cette antïphrafe y qui ne tombe que fur un mot, parce que phrafls ne lignifie pas un leul mot, mais une partie d un difcours, ora- tionem aut loquendi modum. Ce n'eft pas que ce fa- vant Grammairien ni^^ abfolumcnt qu'il y ait de véri- tables iz/z/^/'/^^?/^^.; 4nais il prétend que Vantiphraft eft une elpèce d ironie, loiiqu'on exprime par une né- gative ce qui a au ctre exprimé affirmativement: An~ tiphrafis eft ironiA qu(zdiimjorma,cum dicimusnegando id quod dihuit atjumari : comme quand on dit. Une me déplaît pas-:: il ne difputepas mal, au lieu de , il me plaît, dd:fput^ bien. 'i'^'-J' Sandius auroit encore mieux fait de ne pas iuppoier que X antiphrafe doit être ex- primée par une négative. Car fi en voyant une femme laide , je dis , voila une jolie femm.e. Si en montrant un hipon , je dis, voila un honnête- homme i ce font de vraies antiphrajcs ,o\i contre-vérités. On doit donc placer Yantiphrafe entre les figures qui regardent les lenttiic£s &i non entre celles qui regardent les mots,«o/z intcrfimras verborum ,Jed fententiarum. Cela étant, Eraluie ne parle pas en bon Grammairien , quand il donne pcur exemple de ces cmiphrafes , dans fa remarque lur la lettre de S. Jérôme, le mot de ^d/- lunt , guerre ,^:iic\z que la guerre n'a rien de beau» bellum j quod nihil habeat belli. ANTIPHTHISIQUES. f. m. PI. Terme de Médedne. Remèdes contre la phtlrilie. 'D'àirl , contre , & cf.eiV«, la phthijle , ou confomption. Il eft aulîi adjedif. Re- mède antiphthijique. C^- ANTIPHISIQUE. adj. de t. g. Terme qui fignifie dans le fens propre & littéral, ce qui eft contre na- ture. Alienus , abhorens à naturâ. Du grec avr.' , con- tre, & '!)^^<"i, nature. Amour antiphyfique. Voyez les Epigrammes de Rousseau. ANTIPODAGRIQUES. f. m. pi. Terme de Médedne. Remède contre la goutte , principalement contre la podagre, d'où ils ont pris leur ne m. Tels font le cha- m.rdrys, le lait , la teinture d'antimoine, l'urine ap- pliquée extéiieuremcnt, le baume ancdynde Batéus, éc. Il eft aufli adjedif. Remède antipodagrique. ANTIPODAL. adj. m. Qui eft antipode. Le méridien antipodal. Anonyme, dans les Aléni. de Tre'v. ANTIPODE, f m. Terme relatif, qui fe dit des habi- tans de la terre , diamétralement oppolés les uns aux autres. Antipodes , qui adverfa nobis urgent vcfligia. Ils font fous des cercles parallèles, également éloignés de 1 équatcur, & (ous différentes moitiés du même mé- ridien. Ils (ont de part ik d'autres en pareille fituation ; ils ont le même degré de froid & de chaleur ; la même longueur de jours &; de nuits: mais ils ont en même temps toutes choies diredement contraires , parce qu'ils lont féparés du diamètre entier de la terre. §3° De- lorte que , pendant qu'un lieu a l'été , les antipodes ont 1 hiver ■, ôc quand il compte midi , les antipodes comp- tent minuit. Flufieurs Anciens , & entre autres Lac- tance &: S. Auguftin, (e font mocqués de ceux qui croyoient les antipodes. Si l'on en croit Aventin, Bo- ni lace. Archevêque de Mayence, & Légat du Pape Zacharie , déclara hérétique l'Evêque Virgilius , pour avoir fcutcnu qu'il y avoit des antipodes. Mais on ne convient pas entièrement de ce fait. Quelques-uns rapportent cette hiftoire d'une autre manière. S. Au- gufttn ne pouvoir comprendre que des hommes ou des arbres lullenc pendans en l'air, comme il conce- vcit qu'ils dévoient être fous l'autre hémifphère. Ce fut Platon , qui le premier eut quelque idée des antipodes. Comme il concevoir la terre d'une figure ronde, il comprit aulli qu'il lalloit qu'ily eût des an- tipodes, &c en imagina le nom. Quelques-uns ont cru que l'Amérique n'ayant point été inconnue à ce Phi- lofophe, qui l'a décrite tous le nom d'Atlantide dans fon Timée, il lui avoit été aifé de conclure qu'il y avoit des antipodes. Mais d'autres foutiennent que ce qu'il dit de l'Atlantide eftune fable. Quoi qu'il en foie» on ne peut plus douter cu'il n'y ait des antipodes. SébaftienCanoen i ji9,julqu'en ijzij François Drack Anglois en 1580, &c Obvier de Nord Hollandois en 1601, & plufieurs François depuis quelques année» on: fait le tour du, monde. Les obfervations & les dé- i ANT couvertes que l'on a faites dans ces voyages , Se dans d'autres femblables, ne lailFcnt plus aucun doute lut les antipodes ; & l'on tient par exemple , que l'île Bor- néo, une des îles de la Sonde, eft antipode au royau- me des Amazones , dans l'Amérique ; & le Rio de la Plata, à la muraille qui fépare la Chine de la Tartaric. Les Chrétiens, au relie, ne lont m les premiers, ni les leuls qui ont traite de fable, ce qu'on dit des an- tipodes ; Lucrèce l'avoir fait avant eux à la fin de Ion premier Z/v. v. i o , 63 & fuiv. On peut voir en- core Plurarque, Lib. de facie in otbe luns, ; &i PDne qui réfute ce Icntiment, Liv. II , chap. 6j. Bien plus, un habile homme, dans une dillertation inférée dans les Mémoires de Trévoux 1 708 , Janv. rjo -, Se Février, p. 2ppj, prétend qu'Aventin & es Hérétiques , qui , à Ion exemple , & par l'intérêt qu'ils auroient de montrer que l'Eglile le trompe dans fes décilîons, ou juge de choies qui ne lont point de fa compétence, fe trompent eux-mêmes grolîîèrement furie lait du Pape Zacharic, aulli-bien quelurle fen- timent de S. Augullin, par rapport aux antipodes. Car nous n'avons d'Auteurs contemporains , ou an- ciens, qui parlent de la condamnation de Virgile par le Pape Zacharie, qu'une lettre de Zacharie lui-même à S. Bonifice, où il dit: Quant àfa perverfe doclruie ( de Virgile) s'il eji prouvé qu'il Joutienne qu'il y a un autre monde ^ & d'autres hommes fous la terre y un autre foleil , & une autre lune ^ chajfe^-le de l'E- glife dans un Concile , après l'avoir dépouillé du Sa- cerdoce. Nous avons aufji écrit au Duc de Bavière de nous l'envoyer j afin de l'examiner nous-mêmes ^ & le juger félon les Canons. Nous avons écrit a Vir- gile 3 6" à Sidonius des lettres menaçantes ^ & nous vous croirons plus qu'eux. Voilà tout ce que nous fournit l'Hiftoirc du temps fur ce fait. Or i", le Pape Zacharie ne parle point d'héréhe , mais feulement de lulpenle èk de dégrada- tion. 1°. Cette peine n'ell que comminatoire, &; il n'y eut jamais de déclaration. Le Pape veut qu'il loit con- damné par un concile provincial, ôc veut le condam- ner lui-mêmême , fi inventus fuerit erroneus , li on le trouve coupable de quelque erreur. Il n'étoit donc pas fur qu'il en fût coupable. Boniface , qui avoir donné contre Virgile ces avis au Pape,étoit brouillé avec cet Abbé depuis quelque temps. Il avoit pu le taire avant que la choie fût entièrement éclaircie , ou être trompé par d'autres. Ce qui eft conftant par la luire de l'Hil- toire, c'eft que Virgile n'alla pointa Rome le juftifier; on ne tiouve pas même que S. Boniface l'ait examine juridiquement, & ait poulTé plus loin cette atlaire : ce qui fait croire qu il lut détrompé, & que ce que Virgile difoit , n'intérelFoit point la foi \ qu'ainfi l'E- glile n'a point délapprouvé qu'on (outint qu'il y avoit des antipodes. Bunitace &i Virgile vécurent depuis en bonne intelligence. Pépin eftima & conhdéra Virgile , & le fit Evcque de Saltzbourg vers l'an 764, Il gou- verna laintement Ion évêché, mourut en odeur de fainteté en 780, & lut canonifé par Grégoire IX, qui ne l'eût jamais tait , s'il avoit été condamné par Zacharie , comme hérétique, 3". Dans la lettre de Zacharie il n'elt point parlé A' Antipodes. Ce que ce Pape veut que l'on condamne , c'eft de dire qu'il y a. un autre monde , d'autres hommes y un autre foleil , une au- tre lune. Ce ne font pas là fimplementdesùwr/^'Oû'tj. 4°. Quand l'Eglile auroit condamné Virgile, pour avoir foutcnu au Vlli^ fièclc qu'il y avoit des antipodes ^ elle n'auroit rien fait que de très-r.iifonnable , rien qui fut contraire à ce que la navigation nous a frit découvrir dans ces derniers remps : çai: aux dcmonftra- tions que tournilloit la Mathématique , pour prouver que la terre étoit ronde , les Phyli.iensajoutoicnt leurs conjeétures , ik diloient que la mer failoi" deux cer- cles autour de la terre , qui la pr xtageoient er. quatre, que la vafte étendue de cet océan, & les chale irs brû- lantes de la zone tonide , empêchoient qu'il ne pût y avoir aucune communication entre ces quatre oar- ties de la terre-, qu'ainfi les hommes n'étoient peint de même elpèce, & n'a voient point la même origine. C'écoic là ce qu'ils appeloieiit antipodes j & non pas ANT ^91 feulement des gens qui habitent la partie de la terre diamétralement oppolee a la nôtre. Cutre cela, le ter- me A' antipodes emportoit encore tout le rcfte que j'ai dit. Voila dans quel fens on eût condamné le fenti- ment de ceux qui uenncnt des antipodes ; condam- nation qui n'aurcit rieii de contraire aux nouvelles dé- couvertes; icns que l'oncontlamneroit encore aujour- d'hui , puilqu'il eft de toi que i)ieu a tait defcendre d'un fui homme tous les hommes qui habitent fur la terre j Aiit, XVII, z6 , qu'ils oiir Cous part a l'on pé- ché, qu'ils ont tous été rachetés par Jesus-Christ. Quanr aux lentimens des Chrétiens furies antipo- des ^ quelques-uns, pour ne point admettre les confé- quences des Phytîciens, nioient tout, & jufqu'aux démonrtrations des Mathématiciens. C'eft le parti que prend Laîftance, Infiit. Liv. III ; ch. 24. D'autres s'en renoient à révoquer en doute les conjedures des Phyliciens. C'eft ce que fait S. Auguftm, Liv. XVI de la cité de Dieu, ch. ç. Après s'être propofé la queftion s'il y a des nations de Cyclopes, de Pyg- mées, d'aunes quieuftentles pieds tournés en arrière, ëc tout ce que les Anciens avoient dit d'extraordinaire en ce genre, & avoir répondu que, ou bien tout cela n'eft point , ou fi cela eft , ce ne font pomt des hom- mes , ou 11 ce lont des hommes , ils delcendent d'A- dam comme tous les autres ; il vient à la queftion des antipodes } i.\' demande fi la partie inférieure de la terre y qui eft oppofee à celle que nous habitons , eft habitée par des antipodes. Il ne doute point que la terre ne fût ronde , & qu'une partie de cette terre ne lût diamétralement oppolée à la nôtre ; il demande Iculement 11 elle eft effectivement habitée. C'eft là toute la queftion-, & lorfqu'il traite de fable ce qu'on diloit des antipodes , il n'y a qu'a luivre la penlée, pour le perluader qu'il ne dit rien que de fort judi- cieux. Il remarque 1°. Que ceux qui ralluroient , n'a- voient aucune hiftoire qui leur eût appris ce fait. 2°. Que leur principe, la terre eft ronde, peur être vrai , lans qu'on en puille conclure que fa partie in- térieure loit habitée; qu'elle cil peut-être couverte d'eaux, 6c que ce n'eft qu une vafte mer ; que quand elle ne leroit point cnlevelie dans la mer, mais habi- table , il ne s'enluivroit pas qu'elle fût effectivement hab:tée ; que d y mettre des antipodes tels qu'on les figuroit, & qui a.uroient une autre origine que nous, comme le vcuioient les Anciens, puifqu'ils croyoicnc qu'il étoit impoftible de palfer de notre habitation dans celle des antipodes , ce leroit contredire l'Ecri- ture , qui nous apprend que tous les hommes fonc dclcendus d'un leul père. Tel eft le fentiment du Critique dont nous parlons. Louis Vivez a dit en deux mots quelque chofe de femblable , dans fes no- tes lur S. Auguftin, faifant entendre que ce Pcre n'a pas dit ablolument qu'il n'y avoit point d'antipodes ; mais Iculement qu'il n'y en avoit point , luppolc qu il n'y eût point de pallage de notre monde dans le leur. Ce mot antipode vient de «v^; , contre j & de »«, ttSii , pi^d. On le dit figurément de l'incompatibilité , de l'élbi- gncment & de l'averfion qu'on a pour une chofe, ou pour une pcrlonne. On dit d'un homme qui a des ïcntimens dirc«ltement oppolés à la railon , que c'eft l'antipode du bon lens. Elle eft l'antipode des pru- des. Bens. Ce dilcours inlpiroit à mon efprit des idées enchanterelfcs, qui plaçoient Janfénius à \'anti~ pode de S. Augullin. On dit aulli en proverbe, qu'on voudioit qu'un homme fût aux antipodes ; pour dire, qu'il fiit bien loin. 0CJ" Antipodes. Ifidore fait mention d'un peuple dans la Lybie, ainfi nommé parce qu'on luppofoit eu ils avoient les pieds retountés, c'eft-à-dire, les talons de- vant & les doigts derrière. Ils avoient , dit-on , huit doiiits aux pieds. ANTIPROSTATE. f m. Terme d'Anatomie. Proftatc inférieur. Antiprojiata , proftata inferior. Un peu après le commencement du tiflu Ipongicux de l'ure- tère , on trouve deux lacunes de l'uretère plus confi- 392^ ANT dérables que les autres, & les canaux qui y répondent | très-longs. Ces lacunes ôc ces canaux mènent à deux corps glanduleux, iitués aux deux côtés de la convexité du tilFu fpongieux de l'uretère, près du bulbe. Ils lont chacun de la grolfeur d'un noyau de cerife, mais oblongs & aplatis , & ils fonr tout-à-fait couverts des mufcles appelés accélérateurs. On nomme ces deux corps communément projïates inférieurs^ _, ou anti- profiates. Mais fi on examine bien leur fituation, on les trouvera plus bas que les vraies proftates. Il le trouve encore un troifième corps lemblable , lîtué plus anté- rieurement. WiNSLOW. ANTIPTOSt. f. f. Figure de Grammaire, par laquelle on met un cas pour un autre. Amiptofis. Ce mot vient du grec «'T' , pro j6: itIm,?!! , cafus. ^CFIl eft allez difficile de deviner ce que les Grammai- riens entendent par-là. Une figure qui condfteroit à mettre un cas pour un autre, feroit un monftre dans le difcours , & renverferoit tous les principes de la conftrucT:ion. Ceux qui donnent pour exemple de \'an- tiptofe y ce vers de Virgile , Urbem quam flatuis , vef- tra eft , ne raifonnent pas mieux; puifque, dans cette conftrudtion , il n'y a pas un mot qui ne foit au cas oii il doit être. Peut-être n'a t on donné le nom èian- tiptofe qu'à des fautes de copiftes , qu'on auroit mieux fait de corriger , ou à des manières de parler dont on n'a pas lenti les rapports. ANTIPURITAIN, AINE. f. m. S>c f. Antipuritanus , a. Nom qui fe donne à toutes les lectes de la Grande- Bretagne , qui ne lont pas Puritaines , qui font oppo- fées aux Puritains. ANTIPYIQUES. f. m. pi. Terme de Médecine. Médi- camens que l'on emploie pourlupprimer, ou du moins f?our diminuer la fuppuration. D'a»T ', & -avoi , vus. Tels lont en général les apéricits, les délayans, les légers évacuans, les altérans, & en particulier les fleurs de foufie , la racine de domtevenin, (S'c. Il eft auiîî adjec- tif. Remède antypyique. ANTIPYRÉNÉES. Nom d'une branche des Pyrénées. Antipyrendius mons j Antipyrenai montes. Les Pyré- nées vers l'orient & aux confins du RoulîiUon , le lé- parent en deux bras qui embrairent cette province , & qui la féparent d'un côté de la Catalogne , ôc de l'autre du Languedoc: celui qui la léparc de la Cata- logne , font les vrais Pyrénées ; celui qui la lépare du Languedoc , font les Antipyrénées , ainti nommés , parce qu'ils font oppolés à l'autre bras, & vis-à-vis les vrais Pyrénées. ANTIPYRÉTIQUES, f. m. pi. Terme de Médecine. Remèdes contre les fièvres ; c'eft la même chofe que fébrifuges. Il eft aulîi adjecliif. Remède antipyré- tique. ANTIPYROTIQUES. f. m. pi. Terme de Médecine. Remèdes contre la brûlure. Tels font l'efprit de vin, l'eau de la Reine de Hongrie , l'onguent populeum , l'huile d'œufs, le miel, & autres appliqués extérieu- rement. D'avTi', contre y 3c ■^^ fortuit , cauftique brûlant. Col. de Villars. Il eft aullI adjeûif. Remède anti- pyrotique. ANTIQUAILLE, f. f. Terme de mépris , qui fe dit des pièces antiques , ou vieux meubles qui font de peu de valeur. Viles vetuftatis reliquia. {CT Amalfer des an- quailles. Tous ces meubles là font des antiquailles. ANTIQUAIRE, f. m. Homme qui a recherché & étu- dié les monumens qui nous reftent de l'antiquité; qui eft verfé dans la connoilFance des monumens anti- ques , tels que font les monnoies , les ftatues , les li- vres , les médailles , & généralement toutes les piè- ces curieufes qui nous peuvent donner quelque con- noilfance de l'antiquité. Antiquarius , antiquitatisftu- diofus , NL Peyrefc , Provençal , a été un des plus fa- vans Adtiquaires de fon temps. On donnoit aufli anciennement ce nom à ceux qui faifoient des fcholies ou des notes fur les Auteurs , à caufe de la connoillànce qu'ils avoient de l'antiquité tk de l'origine des chofes. Ils écrivoient ordinairement leurs notes à la marge des livres. Il y avoir aufli ancienneineni dans les villes les plus ANT confidérables de la Grèce & de l'Italie , des perfonncs de diftinâion nommées Antiquaires , dont la charge étoit de faire voir aux étrangers ce qu'il y avoir de curieux, & de leur expliquer les inlcnprions ancien- nes , & tout ce qui conccrnoit ce genre d'érudition. Cette inftitution eft une des plus belles qui aient ja- mais été faites , &c qui mériteroit bien d'être rencuvel- lée. Paulanias appelle ces Antiquaires fSyiTvnas , les Siciliens les appeloient iV/)^^?^ 0^05. Il y avoit une au- tre forte d'Antiquaires, qui s'attachoient à la rechei- che des vieux mots , dont ils atfedoient de le lervir , au mépris de ceux qui étoient en ulage de leurs temps. Enfin , les Antiquaires étoient autrefois ce que nous appelons Copiftes. Calligraphi Librariij ceuxquiiiani- crivoient les vieux livres. On les appeloit aulli Li- braires : ils tranlcrivoient en beaux caractères , ou du moins lilibles , ce qui avoit été écrit en notes. FtEURY. Le Code Théodofien, S. Auguftin, S. 44 Deverbis Dom. Calliodore, /^i/?. Tripart. Liv.II , ch. 1 6 , le prennent en ce lens. /'^oyeij Rofweid, Vit.Patr.p, I 0 i^ , Scies Acla Sanclor. O. B. Praf. S ., i. Pr&f. N. CXI F, p. LIX, & fuiv. ècf&c. III, p. I. Pr^f. XXVIII. &c fuiv. (S'C. ANTIQUARIAT. f. m. On prononce Anticariat.Con- noillance des antiquités , Icience dont l'objet eft d'é- tudier & de déchiffrer de vieux titres & des monumens des anciens temps. Les vieux manulcrits , les vieilles images , infcriptions , ftatues, médailles , les fceaux , les cachets ; & généralement tout ce qui peut donner connoillànce des coutumes de l'antiquité , eft du ref- fort de l'antiquariat. MM. Peyrelc, Spon, Patin, &c. ontété très-favans dans l'antiquariat. Jamais la Iciencc de l'antiquariat n'avoit été cultivée comme elle l'eft prélentement. M. Bayle , Projet d'un Diclionnairc Critique. M. Spon tut bien aile d'apprendre au public que l'on le tromperoit fort, 11 l'on croyoit que l'étude de l'antiquariat tût la principale affaire. Il éprouvoit que cette opinion lui faifoit grand tort , eu égard à la prarique de la Médecine. Dicx. de Bayle. Art. Mar- cus Pompilius Andronicus , rem. A. Vous n'ignorez rien de ce qui regarde l'antiquariat. Merc. Septemb. I J22. ANTIQUE, adj. m. & f. Qui eft fait il y a long-temps, & à l'ancienne mode. Ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. On le dit par oppo- lînonà moderne. Voye^ Ancien. Antiquus. Bâtiment antique. Inlcription antique. Un bâdment n'eft appelé antique , que lorlqu'il a été conftruit par les anciens Architectes , c'eft-à-dire, du temps que les Arts étoient dans leur plus grande perfeétion chez les Grecs & chez les Romains. Tout ce qui a été bâti par les Modernes, & depuis le rérablilfement des Arts , ne s'appelle point antique ; on dit leulement d'un bâtiment conftruit fé- lon l'ancienne architedlure , qu'il a un air antique j qu'il eft d'un goût antique , de l'architeélure antique^ qu'il a la manière antique. C'eft ainli que parlent les maîtres , pour fi£.nifier ce qui eft travaillé dans la cor- rection & le bon goût de l'antique. Voyez la Préface de Daviler. Toui. de même dans les médailles , on ap- pelle Antiques, celles qui ne fonr point faulles , ni con- trefaites , mais qui ont été eftedivement frappées par les Grecs & pa:' les Romains. A quoi il faut ajouter, les Lois antiques ; ce qui ne le dit que de ces Lois qui ont été recueillies tous le titre de Code des Lois an- tiques, en un leul volume, qui comprend les lois des Vihgoths, les lois des Bourguignons , la loi Salique , qui étoit celle -Hes Francs , &c. Les mots, & les phrafes de la vieille cpur , lont comme ces habits antiques y dont on ne fe fé;rt que dans les malcarades & dans les balets. Bouh. Les\Stuarts tenoient depuis plufieurs fiè- cles le fceptre d'Èfoife , &• dcfcendoicnt de ces Rois antiques , dont l'drigine le cache fi avant dans l'obf- curité aes prcmiersj temps. Cet homme de bonne foi antiqie,a lu joindre la politeile du temps, à la bonne foi de nos pères. Fléch. Elles rrouverent ces manières bien bourgeoiles, & le lenriment que j'ai là-dellus bien 'fitique, pour un dé'-enleut des modernes. Perr. Dans les plus beaux bas reliefs antiques, on y remarque des défauts de jugement. Felib. |Cr Ce mot ANT fj^ Ce mot appliqué aux perfonncs avancées en âge, ne fe dic guère qu'en raillant. Ilell un peu antique. Cette femme a l'air antique ; c'eft une beauté antique. Une médaille , ou quelque autre antique , avec ce mot, Majus erit poji f^cula nomcn , ell une deviic qui a été faite pour marquer que la gloire des Héros & des grands hommes augmente avec le temps. Ce mot Antique s'eil fait du latin Antiquus , que Guichard dérive alfez vraifemblablement de l'hébreu pny' atuk , quifignifie, devenir vieux, devenir ou être ancien. Antique, en termes de Blafon , fe dit des couronnes à pointes de rayons , des coiffures anciennes , grecques & romaines, desvêtemens, bâtimens, ou niches go- tliiques. Tcte couronnée à l'antique, Tcte coittce à l'antique. Antique, f. f. Se dit des ouvrages de Peinture , Sculp- ture , & Architecture , qui ont été faits du temps des Grecs & Romains , depuis Alexandre le Grand , juf- qu'à l'Empereur Phocas , & à la déiolation des Bar- bares. Antiquum fignum. Cette ftatue n'eft pas d'un Sculpteur moderne, c'elf une antique. On dit aulîi antique j d'une médaille , ou de quel- qtie autre curiolité que ce loit. Vêtus numifma. La iaJle des antiques du Louvre. Encelens on le ditleu- lement des llatues. Il y a des choies antiques , que l'on nomme antiques modernes ; comme les Egliles an- ciennes ,& autres bâtimens gothiques, pour les diilin- guer de ceux des Grecs & des Romains. Il y a des Pein- tres qui le lont entièrement attachés à \ antique pour les draperies. FÉlib. Quand ce mot le dit en général pour ce qui cil an- tique,il cil malculin, comme tous les adjectifs deve- nus lubllantifs. Le moderne de l'antique , c'eil /c'j & Hon pas /a j qu'il faut lous-entendre. Dans cette maifon magnifique , Où le beau moderne & /'antique Sont fi parfaits ^ que l'œil furpris Ne fiait auquel donner le prix. De Malezieu. Antique, f. h Terme en ufage dans la Faculté de Théo- logie de Paris. On donne ce nom a l'argument que pro- pôle un Bachelier aux tentatives, immcdiatemcnr après que le Prelident a fini d'argumenter. Quand la thcle fe foutient en Sorbonne , c'eft un Bachelier de la maifon de Navarre en licence qui le propolc \ ik quand c'elt à Navarre , c'eft un Bachelier de Sorbonne. On a donné ce nom à cet argument, parce que leBachelier,avant que de commencer l'argument, dit ces paroles, Pro/irer an- Tiquam necefiitudinem , ïriter regiam vefiramfiocieta- tem & pauperem noflram domum. A l'antique, adverbe. A la vieille mode. y^wri^ttOOTo/'^j ritu. Il s cft foit peindre habillé à l'antique. Ce bufte de femme eft coitïe à l'antique. ANTIQUER. Terme de Relieur. C'eft enjoliver la tran- che d'un petit livre de figures de diverles couleurs , avec un fer chaud. Exteriorcm libri foUorum incifiu- ram, jecluram , adornare. Antiquer lur tranche. Cet ufage n'a plus lieu, & la tranche de nos hvres eft unie. ANTIQUE, ÉE. part. Foye-:^ le verbe. ANTIQUÉRA. C'eft la même choie c^vC Antéquéra. Voyez ce mot. §Cr ANTIQUITÉ, f f Terme qui s'applique à ce qui a été dans des temps fort éloignés de ceux où nous vivons. Antiquitas. C'eft dans ce teiis qu'on dit les héros de \ antiquité. L'antiquité des temps. L'antiquité faifrnt périr les preuves de l'Hiftoire, en affoiblit la vérité, & fait valoir les monumens qui le confervent. tfT Le DicT. DE l'Acad. Fr. dit , uile maifon illuftre par fa noblelfe & par ion antiquité. Le mot ancienneté eft plus propre à l'égard de l'origine des familles. Mai- fon illuftre par (on ancienneté. Monumens relpectables par leur antiquité, ^3" C'eft quelquefois un terme colleélif par lequel on défigne tous ceux qui ont vécu dans les hècles fort éloignés du nôtre. V antiquité cmy on .. .\l ne s'eft rien fait de mieux dans toute l'antiquité. Il ne faut pas fe fier aux exagérations de la glorieufe antiquité. S. Eva. Tome I, ANT 39J Antiquité , fe ditaulU des monumens qui nous reftcnc des Anciens. Voilà une belle antiquité : mais en ce lens il eft ordinairement employé au pluriel. Les antiquités de Rome , de la Grèce. Jolephe a écrit des antiquités judaïques. Le grand ouvrage de l'Antiquité expliquée & repréfientée en figures p3.i: le R. P. Dom Bernard de Montlaucon , a déjà été imprimé deux fois en dix vo- lumes injolio j Paris 1719 & lyiz. Il épargnera la ledure d'un grand nombre de livres fatiguans ik en- nuyeux. Les figures formées iur tous les monumens qui nous reftent de l'antiquité , font le fondement de cet ouvrage , & portent, par le fccours des yeux & de l'i- magination, la lumière à l'efprit fur une infinité d'an- ciens ulages. On trouve dans ce Recueil non-feulement ce qui eft dans les grands corps à' Antiquités grecques &c romaines, mais encore ce que leurs Auteurs n'ont point inléré dans leurs vaftes compilations Le Sup- plément en cinq volumes in-folio, Paris 1724, eft fait avec le même choix & la même exaditude. Méthode- pour étudier l'Hift, Le pubhc eft prévenu que la pre- mière édition de l'Antiquité vdiui mieux que la lecon- de. Mais la leconde vaut au moins autant que la pre- mière : elle eft plus correcfe, àt les planches ont été- fort bien retouchées Il n'y a eu qu'une édition du Supplément. ANTIRRHÉTIQUE. adj. m. & f. & f. m. Terme Dog- matique. Contradidtcire , fait pour combattre , pour réfuter. Antirrheticus , a , um. Un ouvrage antirrhé- tique, Nicéphore avoir fait trois antirrhétiques contre le concile tenu à Conftantinople fous Conftantin Co- pronyme. Plulieurs Savans ont donné à leurs ouvrages le titre A' Antirrhétiques, Le P. Sirmond fit deux An- tirrhétiques dans la dilpute qu'il eut avec Pctrus Au- relius. Ce mot eft grec , & vient à'in' , contra, & pt'u, dico. ANTIRRHINUM. f m. Antirrhinum. Vlmze.LWcpoxte. une fleur rouge. Sa tige eft femblable à celle de l'Ana- gallis,aulîi-bienquelcs teuilles. Diolcoride dit qu'elle embellit ceux qui s'en frottent. Cette plante eft appelée en françois , Mufie de veau. ANTI-SALLE, f i. Proœcus , Antoœcus. Pièce d'appar- tement, lieu qu'on tiouve avant la lalle. Une grande anti-fialle , une belle antifialle. ANTISATYRE, f f Réponlé à une Satyre , ou Satyre oppolée à une autre. Ce terme neftpas utité; mais M. Fléchier s'en eft fervi. M. Perrault, dit-il, m'a envoyé fon Apologie du mariage , &: je fais qu'il y a beaucoup d'autres Antifiat\rcs. ANTISCES. Terme d'Aftrologie judiciaire. Antificlus. Les antifices lont deux points du ciel également éloi- gnés des tropiques. Le taureau & le lion lont deux li- gnes antifices. ANTISCIEN. f m. Terme de Géographie. Hétérofci en, qui a les ombres oppolées. Antificius. Ce mot fe dit des peuples des zones tempérées , & en général des peuples &c des pays qui font de part & d'autre au delà des tropiques; & on les zppzllç. A ntificien s , parce qu'à midi leurs ombres ont des diredions oppolées, celle des peuples qui font au-delà du tropique du capricor- ne , portant au fud -, 1^' celle des peuples qui font au- dcla du tropique du cancer , comme nous en Europe , fe tournant vers le nord. Les peuples du nord ^oniAn- tificiens à ceux du midi , parce qu'à midi les uns ont leur ombre vers le pôle boréal, & les autres vers le méridional. Ce mot vient de à.Ti', contre. Se de »x/a , umbra, om- bre. ANTISCORBUTIQUE, adj. de t. g. Contraire aufcor- bur, qui guérit le Icorbut. ^tlF Epithcte que l'on donne aux médicamens auxquels on attribue la propriété de prévenir ou de guérir le icorbut. Antificorhuticus , a , um. Il eft certain que par une providence particulière du Créateur , chaque région produit les plantes propre? à guérir les maux des peuples qui l'habitent. Dans les pays leptentrionaux &: marécageux , où le fcorbur eft Il ordinaire , pillulent de tous côtés des plantes anti- ficorbutiques , telles que laficaria,la ménianthe,lacar- Ddd 5 94 A NT damine , le cieffon , la cochléaria , &c. Journ. des SaV. p, 2Çi. |C? Il ell aulli lubUantif. Ce malade fait ulage des an- tijcorbutiques. ANTISCOTl. royei Anticosti. ANTISCRIPTURAIRE. (. m. &c f. Coiiciaire à l'Ecri- ture. Amifcripturanus. Nom de fede. Foye-^ Anti- nome. Ce mot cft partie grec & partie latin, a»T.', contra j &c fcripturaj écriture. ANTISPASE. f. f. Anafp.iF.s. Terme de Médecine. Ré- vullion, retour d'humeurs , cours qu'on leur fait pren- dre vers la partie oppolée a celle lur laquelle elles le jetoient. On s'en lert à l'égard des humeurs qui lont déjà en mouvement, pour les jeter (ur u)ie partie op- polée; car une humeur qui eft di;ja fixée dans une par- tie y ne peut point être évacuée par révuljion, mais par dérivation , à caufe qu'on ne peut l'attirer que vers les parties vc>ilmes. D'a.T/, contre, & irna», tirer. ANTISPASMODIQUES, ANTISPASMATIQUES, eu ANTISPASMIQUES.f. nr. pi. Terme de Médecine. Remèdes contre les convulfions. Tels (ont la thériaque, les tels volatils, le kl lédatif , l'eau impériale , l'elprit de fuccin, la liqueur de corne de cerf luccinée , les pa- régoriques, les narcotiques. Ce mot vient du grec <^'i' , contre , Se tr3aV,«a , convuljlon. Col. de Villars. Il eft aullî adj. Remède antifpafmodique. ANTISP ASTIQUE, adj. Epithète générale des remèdes qui opèrent par révullion. §CF II eft aufî fubftantif. Les antlfpajlïques opèrent par révullion, c'eft a dire, en détournant les humeurs fur des parties ditFérentes de celles où elles s'étoient fixées. ANTISPODE. f. m. Faux fpode que les Médecins met- tent en ulage à la place du vrai Ipodium , qui eft dif- ficile à recouvrer. / 'tn^:j dans le Dictionnaire des Arts la manière dont Diolcoride faifoitles médicamens iup- plétifs, que l'on appelle Antifpodes. Voyez aulli Sr ode. IfT ANTISTICHON. f.m. C'eft ainfi qu'on a appelé le changement d'une lettre en une autre. c>//ij par exem- ple , pour illi. ANTISTROPHE, f. f. Amijlrophe , alterna converfio. figure grammaticale , qui le dit quand de deux ter- mes ou choies conjointes & dépendantes l'une de l'au- tre , on fait la converfion , ou le lenverfement réci- proque: comme le ferviteur du maître, & le ma-tre du ler\ircur. Cette derniè.e pliraie eft une antijiropke. Antistropiih. |,:3° Terme de poclie chez les Grecs. C'eft ainli qu'on appeloit une des ftances des chœurs dans les poclies dramatiques, h' Antijlrophe étoit une des trois parties de l'ode, dont les deux autres lencm- ramtnX. Jirophe \k fpode. La flrophe & \ amijlrophe contenoient toujours le même nombre de vers , tous, de mcme melure , <5i: pouvoient conléquemment être chantées lur le même air. L'épode comprenoitdes vers plus longs ik plus courts- Le chœur chanroic la ftrophc en fe tournant adroite du côté des lped:ateurs,&; \an- ■tifirophe étoit la ftance luivaute que ce même chœur chantoir en fe tournant à gauche. Le mot à'iintijiro- phe n'eft pas connu dans notre poëfie françoile. Ce mot vient d'âïTi , cowrrcj & de ^r'^i'^ , flrophe , . qui vient de s-fEspu , je tourne. ANTITACTE f. m. & f. Antitaclicus y Antitacla. Nom de fccte \ Hérétiques fortis des Gnoftiques. Les Anti- tacles avouoient que le Dieu Créateur de l'univers étoit bon & jufte; mais ils loutenoient qu'une de les créatures avoir créé la nature du mal, & nous y avoir engagés pour nous oppol'er au Dieu eréateiit j & qu'il falloir nous oppofer à cet Auteur du mal pour venger Dieu. C'eft de là que leur vient leur nom , formé du grec ^ 'ilaTTU^ qui lîgnific oppofer, être contraire .-de- forte c[\xe^Ant'uacle\À%nAz, celui qui eftoppolé,quieft contraire. Clément Alexandrin parle des Antitacies , Strom. Liv. lîl. & c'eft de lui que nous tirons ceci. . S. Auguftin en parle aulfi , hxref. iS. ANTITAURUS. Chaîne de moiitagnes de l'AnatoIie. Antitaurus. C'eft une branche du mont Taurus \ elle s'en fépare à la fource du Cidne , & s'avance vers le pord eft jvïfqu'àl'Eupbïate. Ces^nontagnesontau cou- ANT chant les Bcglierbegiicks de Caramanie & de Sivrar , & au levant celui de Marafch. On les appelle Anti- taurus, parce qu'elles lontoppofées au ment Taurus, qui eft fitué de 1 oueft à l'eft, & lépare le Beglierbe- glich de Maralch de celui de Chypre, & diure partie de celui d'Alep. On dit que les habitans de ces mon- tagnes les appellent B.okan-Taur. Aurefte, il faut dire le Mont 1 auras , 6i \' Antitaurus , Ôi non point Taur & Antitaur. ANTlTHEES. t. m. pi. C'étoientde mauvais génies ,dit Arnobe, qui invocuoient les Magiciens, !k qui n'é-- toient propres qu'a taire du mal. Ainobe eft le leul qui en ait parlé. ANTITHLNAR. f. m. Terme d'Anatomie. C'eft un pe- tit muiclc ccmpole , placé obliquement lous les o$ du métatarle. il eft attaché pcftcrituîemeni à la par- tie inférieure du Iccond , du troilicmc & du quatrième os du métatarle près de leurs baies , au ligament voilai du premier & du iecond de ces os , aux ligamens voi- lins des os du tarte , & entîn aune aponévrore latérale du mulcle , qu on appelle communcmenr Hxpothe- nar. Toutes ces portions le concentrent , & s'attachent au côté externe de l'os féfamo'i'de cxreme , & a la par- tie voiline de la première phalange du pouce. WiNS- Low. Il prend ion origine de 1 os du métatarle , qui loutient le petit orteil, & palfant obli...utment lur les autres os , va sinlérer par un tort tendon a la partie interne du premier os du pouce , qui tire en dehors vers les autres orteils. Dionis, Il eft nommé Anthitè- nar y parce qu'il eft l'antagonifte de ladduéteur , qui le nomme Thenar. Le pouce de la main a aulIl foa Antithenar, qui a de même fon adducteur. Le muf- cle antithenar s'appelle autreir.ent le demi-ojjeux da pouce , le demi-Lnterojjcux du pouce. ANTITHESE, f. f. Figure de Rhétorique , qui confiftc dans l'oppclition des penlces ou des mets. A ntithef s, Contentio. Grand dans le petit , petit dans le grand- Ceux qui font des antithèfes en forçant les mots , imitent ceux qui font de taulfes fenêtres pour la ly- raétrie. Pasc. S. Auguftin, Salvian,& plulieurs au- tres Ecrivains , ont fort aimé les antithefes. Aujour- d'hui les antithèjes font fort décriées. Delmarêts fait dire à Ion Pce'te des Viiîonnaires : » Fuis j'aimai \an- » tithèfe au tortir de l'école. Jettez-vous lur les inju- " res, & prelque toujours lur les antithefes , vous " êtes appelé à es ftyle , il latTt que chacun fuive là ■>■> vocation. Racine. Si on ne bannit pas ablolument Vantithèfe dcsdilceurs, au moins ne doit-on la per- mettre que dans des dikours d'appareil. Antithèse, eft aulli une figure de Grammaire, par la- quelle on change une letrre pour en iubftituer une autre : comme on dit olli pour ///;. ÇCF C'eft ce qu'on appelle ant'iflichon. M. du Mariais rapporte cette figure au métaplafme. Foyc':^ ce mot. Ce mot vient du grec dni'^i^is c'eft -à -dire, cp- pofîtion. ANTITHETIQUE. adj.Quiti-entde l'antithèle. Le ftyle de S. Auguftin eft i7«/if;7eri^:<(?. Le ftyle antithétique ç^ aujourd'hui fort décrié-, cependant quand lesantithèles font bien juftes & à propos, elles jouent agréablement dans un dikcurs. Le ftyle antithétique à\\ P. d'Orléans a les agrémens que je lui patfe volontiers. La Cha- pelle. ga ANTITRAGUES. f m. Terme d'Anatomie. Par- tie de l'crcillc externe oppolée au tragues. ANTITRlNiTAIUE, f m. 6c f, Antitrinitarius , SS. Trinitatis hoflis. Hérérique, qui nie la Sainte Trinité, qui enfeigne qu'il n'y a, point trois pcrloni-Krs en Dieu. Ainh les difciples de Paul de Samofare , les Photi- niens , qui ne croicienc point la diftinclion des per-» fonnes en Dieu, les Ariens, qui nioientla divinité du Verbe; les Macédoniens, qui nioicnt celle du S. Ef- prit , étoient tous de vrais Antitrinitaires. On dit plus particulièremenr ce mot des Sociniens, qu'on appelle aulli Unitaires. La Bibliothèque des Antitrinitaires , Bihliotheca Antitrinitariorum , eft un ouvrage pof thume de Chriftophe Sandius, Antitrinitaire lui mê- me, dans lequel, en luivant l'ordre des temps, il fait une lifte de tous les Auteuîs Sociniens, ofU Anthri' • ANT n'ititlres modernes, donne un petit abrégé de leur vie, itoine & Cilles j qui fonr apparemment les noms de celui qui le premier a dccL.u»cit ce golie. ANTONIA. Château dei'ancienne jérufalem. ^/?ro/2i(2. C'étoit une grande ôc grofle tour catree, qui s'appe- loit Buris. Chacun de fes côtés etoit d une demi-flade, & fa hauteur de jo coudées, c'eft-à-dire deSj pieds & demi, à peu de chofe prèi. Elle étoit au nord du temple, dit Jof'ephe , de Bello Jud. L. I. C. S. § 4. Ail- leurs il femble la mettre fur le côté occidental du temple. Les Princes Afmonéens y avoient un palais , auquel elle étoit jointe , & qu'elle commandoit. De- là vient que Jofephe l'appelle quelquefois Palais Royal. Elle étoit entre le temple & la colline Bézefa , donc elle étoit féparée par un foflé qu'on y avoir pratiqué. Elle avoit une t jur fur chacun de fes angles. Trois de ces tours étoientdela même hîiuteur que fy^/zro/zia; la quatrième avoir 20 coud.es , ou 34 pieds de plus. Fiérode le Grand orna (!k embellit ce château, & àThon- neur d Antoine, qui dominoit alors en Orient, lui djnna le nom d' Antonia. Les Romains s'en rendirent mairies ,&y mirent garnifon. L'Empereur Claudeor- donna à Fadus d y garder les ornemens du Grand Prê- tre, & on ne les en tiruitque les jours que le Pontife s'en devoit fcrvir. ANTONIN. f. m. Antoninus. Nom d'homme. Anto- nin Pie; Marc Auréle Antonin , (urnommé le 1 hilofo- phe; ^«fowiffCaracalla; Antonin Elagabale, font des Empereurs Romains. Saint Antonin, Archevêque de Florence, y naquit en 1389 , iSc mourut le 2 Mai eu I4T9- ANTONINS , ou ANTONISTES Antonini. Religieux de Saint Antoine ; Chanoines réguliers de Saint Auguftin de la Congrégarion de S. Antoine de \'ien- nois. Us ont une robe noire avec un manteau de même couleur, ayant fur cette robe Si fur ce manteau une marque bleue , en forme dune lettre grecque, qu'on noiTiine T ,Sc qu'ils appellent la croix de S. An- toine. Ils portent à l'églile l'aumulle & le furplis. Le Chef-lieu de leur Ordre eft en Dauphiné, & l'on croit qu ils ontéré établis dans l'onzième fiècle. Le mot d'An- tonins Se d'AntoniJles n'eft pas d'ufage à Paris.Ondit, les Religieux de S. Antoine. Il y a auffi des Religieux Antonins dans l'Ethiopie. ANTONOMASE. Lm.AntonomaJIa. Figure de Fhéto- rique , par laquelle on fe fert d'un nom appellatif au lieu d un nom propre , comme , le Philofophe , pour dire, Ariftote; l'Orateur, pour dire, Cicéron; l'Apô- rre, pour dire, 5. Paul; Louis le Jufte, pour dire , Louis XIlJ j Lcui.s le Graijd , poiu' dire , Lcuis XîV. ANT Ce mot vient d'àvTi' , qui fignific pour j &■ d' 'v<»//a , nom. ANTOR A. f. £ Plante. Sa tige eft ronde , il en fort des feuilles minces & découpées. Sa cime eft chargée de rieurs purpurines. C'eft un prélervatif- contre les venins. ifS" ANTOXA. f. f. Plante alexitère & cordiale. Sa ra- cine eft bonne contre la morlurc des bêtes veni- meufes. ^ ANTRAIN. Petite Ville de France , dans la Haute- Bretagne, lur la rivière de Cjclnon, entre Dol &: Fougères, à huit lieues de Rennes. ANTRAVlDA.ViUe de la UoiU.Antravida. Elleeftdans le Belvédère , iur la côte du golfe de Clarence , au feptentrion de Caftel-Tornèle. ANTRE, f. m. Grande caverne, ou creux louterrain qui s'v eft trouvé naturellement. Antrum. U antre de la Sibylle de Cumes. L'antre de Trophonius. Il y a un antre au pays du Alexiquc qui tegnc fous terre plus de deux cens lieues. yoye\ Herrhra. L'antre de Corcos en Cilicie étoit fameux autrctois. Pompo- nius Wéla en fait une delcription magnifique dans Ion premier Liv. chap. XIII. §Cr Les premiers hommes fe logèrent dans des antres ou grottes, avant qu'ils enflent inventé les haches & autres inftrumens de fer , qui ont facilité la conilruc- tion des charpentes. Ils imitèrent enluite ces grottes naturelles par un tas de pierres qu'ils aflemblerent; en- fin à force de réHexions , & par un etf'ct de l'expé- rience , ils inventèrent la maçomierie ,que l'architecture acheva de perfedtionner. Lorfquun znKcfauvage, éclaire' d'un faux jour y Faifûit de nos aïeuls le plus riche J^jour , Et cachait fous le frais de fon ombre champêtre Les hommes 6' les Dieux ^ le bétail & fon maître. Perr. Ce mot vient du grec , ««-ry^o, ^ qui figiiifie la même chofe. 'êéHT'KX^A. Antrimum. Il y a en France Antrim^ dans le Nivernois, près de Douzy. Il y a en Irlande Antrim, ville ou bourg près du lac de Néaug , auquel il donne (on nom. Le comté à'Antrim , Antrimcnfis comita- tus , eft une contrée de l'Ultonic , en Irlande, qui a au midi le comté de Downe ; au levant, celui de Lon- dondery , dont le lac de Néaiig & la rivière de Banne le réparent. 11 a l'océan Calédonien au nord , & la mer d'Irlande au couchant. C'eft la ville ou le bourg &An- trim qui lui donne fon nom. ANTRISQUE.f. \\\.Antrifcus. Plante dont parlent Phne, les Bauhins, Gefner & plufieurs autres. Elle eft haute d'environ deux pieds , rameute & velue. Sa tige eft d'un vert brun, rougeâtre, velue , mocilcule. Ses feuil- les reftemblent à celles du perfîl ou de la ciguë, d'un goût prefque infipide. Ses fleurs font en ombelle au bout de fes branches , compofées chacune de cinq feuilles blanches. Sa femcnce eft menue , longuette , noire , d'un goût aromatique , f emblable à celle du cerfeuil, mais plus petite. Sa racine eft fimple , li- gneufe, blanche, aromatique, de goût de panais; elle croît dans les haies. Elle contient du Ici eifentiel , de l'huile, beaucoup de flegme. Elle eft apéritive, mais peu uficée en Médecine. ANTRODOCO. Bourg du Royaume de Naples , en Ita- lie. Interocrea , interocrium. Il efl dans l'Abruzze ulté- rieure , fur le Velino , entre les villes d'Aquila &c. de Riéti. M AT Y. ANTROPOLOGIE. ANTROPOMANTIE ANTROPOiMORPHl . TE. V ANTROPOPATHIE ANTROPOPHAGE. ANTROPOPHAGIE ^ /'Anth J iAnth ^ JAnth \f^oye-^{ TE. ' ÎAnth Anthropologie, ropomantie. ropomorphi- TE. ROPOPATHIE. f ANTHROPOPHAGE. ^ Anthropophagie. Tous ces griots viennent d' avepra^of , Peur écrire cor- reftement &: exadcment , il fiut mettre un h ; ik tous les habiles gens n'y manquent point. Cependant ANV 35^7 co*imc le plus grand nombre ne fâchant point le grec, ne voient pas la caufe de cet A , il faut convenir que lufage de les écrire fans h eft très-commun ; ôc que d'habiles gens même fe laiflenf fouvent entraîner par le torrent ; pirincipalement quand ces mots font d'im ufage ordinaire & familier. gcr ANTRUSTIONS. f m. pi. Volontaires qui chez les Germains, iuivoient les Princes dans leurs cntreprifes. /^ojc-ç Leudes. A NU. ÇCT ANI^. Il y avoir deux villes de ce nom dans la Paleftine,rune dans la Tribu de Zabulon. Elle eff nom- mée A'oa dans la Vulgate, iVe^i/z &: Nehah dans d'au- tres verflons. L'autre fur la route de Naploafe à Je- rufalem , dans la Tribu d'Ephraïm , lur les frontières de celle de Benjamin. ANUBIS. t. m. Anubis. Ancien Dieu des Egyptiens. 0\\ trouve fa figure lur plufieurs médailles latines i entre autres fur une de la jeune Fauftine, rapportée par Triftan , T. I , p. 6 y s ^ ëc fur une de Julien l'A- poflat , gravée dans le fécond Tome de M. Béger , p. iS 4. Ce Dieu y paroit avec une tête de chien fur un corps d'homme vctu de Ihabit de guerre des Em- pereurs, c'cft-à-dire, avec la cuiraffe, la cotte d'ar- mes , le paludamcntum fur le tout , i^c la chauffyre jufqu'a mi-jambe. Dans Triftan, au heu de cuiraife & de cotte d'armes , il ne paroit avoir qu une tunique. Il a toujours à la main droite un tithe Egyptien , lik' à la gauche un caducée. Ces Antiquaires prétendent que dans l'une de ces médailles, c'elf Marc Autéle; qui exigeoit un tribut de tous ceux qui pafloient l'Efcaut ; qu'à ceux 398 . ANU qui k l'efufoient, il leur coupoit la main clioiceft& la jetoitdansknviète. Ils toutiennent que cela Ce con- firme par les aimes à'^nvers , qui font un château Se trois mains. C'eft uiie fable. D'autres dilent qu"^«r- werpen fîgnifie une levée avuncee , & que c ell 1 an- cienne porte triangulaire de la ville avancée lur 1 El- caur qui lui a donné fon nom ; que c'eft aulli cette porte qui fe voit dans Tes armes \ & que pour les mains ce font des armes parlantes, ajoutées à caule du mot hamd, qui iîgnifie main. Chiliet, dans Ion Natale folum legum S a lie arum ^ p. i o ç ^, penche à croire que ÏAnhunerho dont ces lois parlent, cil An- vers. Il voudroit cependant bien pouvoir olianger une lettre , &: lire Auhunerho. Il croit cependant , lans rien changer, en pouvoir tirer le nom Â' Anvers. Car, dit-il, repa, ou verpa:, font la même chofe en gau- lois qu'en latin ri/?^, c'eft-à-dire, rive 3 rivage. ^hmj\ un lieu où les vaiflcaux venoient aborder, a dû , le- ion lui, s'appeler Anderepus , tk Andwerpus, ou An- c/ower/i/jj comme on trouve en effet qu'Anvers s'ap- pelle dans les anciens Diplômes , »' , formé de l'a priv. & de »f ", o.yji7i/ j parce qu il en fortoit des vapeurs maligne', , qui en éîoigncient tous les oiieaux, & failoient mcu- rir ceux quipaHoientpar-delIus. Les Poëtes feignoici.i quec'étoit un lac des enfers. Virgile , Lucrèce &C la u dien l'appellent Averne ,- il y a un lac de 1 Epuc nommé aulfi A orne. Il y a encore d autres lieux du même nom; & fur- tout une ville de la Baclriane qu'Alexandre le Grand prit. Quinte-Curce , liv. VIII ,cti. 2. AORTE. 1. f. Aorta. Terme d'Anatomie. C'ell le nom qu'on donne à la grande artère qui (ort du ventricuL- gauche du cœur,pour portei le lang dans tout le corps. Ce mot vient du grec d>{\n , où il lignifie un vail- feaUjUii coffre. Voye^ Artère. A O S. AOSTE, AOUSTE & CSTE. Nom de quelques lieux. Aofie :,o\x Aoufte ,Augufia, ou Auguftum ^ autrefois petite ville , maintenant village du Dauphiné , fur les confins de la Savoie. Aofi , ou Aoufie , Au(iujla,:m\:\:z village de Dauphiné, fur la Dromc. Aojle j ou Aoulh , ville dans les États de Savoie,lur la Doria ,ou Docre, Augufla Pr&torïa , Augujta Selajforum. On prétend que l'Empereur Augufte en eft le fondateur, &c qu'il y envoya une Colonie romaine. Elle eft capitale d'un duché de même nom , & a un Evcque fuffragant de l^ArchevcqucdeTarentaile. On y voit un arcde triom- phe érigé pour Augufte, un colilce , & pluiieurs au- tres monumens de l'antiquité. La vallée d'AoJIe, au- trement le val A'AoJle j ou d' Aoufie , Va//is Auguf- tana , eft une vallée de Savoie , dans laquelle eft fituée la ville dont nous venons de parler. Le duché d' .^ofie , ou d' Aoufte , Ducatus Augujlanus , partie du duché de Savoie, qui comprend la vallée d'Aeufie lifcllx au- A O U 3 5? 9 très, toutes enfermées dans les Alpes. Il prend fon nom de ia v'iWcd' A oup.e , qui en eft la capitale. S. An- lelme. Archevêque de Caatotbéri , etoit de la ville àAouJle. A O U. AOU. f. m. Aygulphus , Agiulphus , Aiulphus. Nom d un 5. Evècue de Bourges vers le commencement du neuvième iiècle. Ce nom s'eit formé par corruption du latin en piu'ieurs manières; car on dit S. Aou^ ou bien S. ^a^ou S. Hou , ou S. Aioul , eu S.Ayeul. Théo- dulphe d'Orléans donne de grands éloges a S. Aou^ Sc le titre de Patriarche. B.'V.ll. iz Mai. AOU ARA. 1. m. C'elf un fruit c.ui croit au Sénégal, en Afrique >.^ aux îles de l'Amérique , & dont parle C. Biron dans les Curïoftés de h nature & de l'art. Il cft gros comme un œuf de poule. U naît avec pluiicuts au- tres en forme de bouquet enferme dans une grcf e goulle attachée à un grand arbre épineux, qui eft une elpèce de Palmier. Quand les fiuits font en maxurité, la goulle le cieve & fait paroitre ce bouquet, qui fait plaihr à la vue; car les fruits étant mûrs, font dure couleur dorée. Les Indiens en mangent. Ces fruits ren- ferment un noyau gros ccmmc: celui de la pèche, & trè.-Qur. Il renferme une amande blanche qui a d'abord un goiit fort agréable , mais à la fin en y trouve une pe- nte pointe un peu forte , & qui approche du trorna- gc de Sallenagc. On tire une huile de cette amande qui a la conliftance du beurre , d'un jaune doré , & d'une odeur d'Iris fort agrcable. Les Africains en man- gent fur le pain comme du beurre. Cette huile s'ap- pelle Huile de Palme. AOURNER. v. a. Orner, embellir , ajufter. Ado-^nare. Il étoit encore en ulage dans le liccle pailé. Rabelais tait dire a Panocrates: Vous jure;, maître Jean. C'eft, ré- pond l'autre , pour avurr.er mon langage. AOUSTE. .^ovt^Aos TE. AOUSTERELLE. f. f. Ce mot fe difoit autrefois : on dit aujourd hui Sauterelle dans le même ttns. Je te remplirai d hommes Cv^mmc d'aOL'f.erclles. Bible His- TO'^. ACUT. f. m. Angujlus , Mer fis fextilis. C'eft le hui- tième mois de Vannée , (c\.-i\ notre façon de comp- ter , qui commence Êk Janvier ; mais il étoit le îî- xiL-me , tclcn les Romains , qui lappcL-ient pour cette raiton Sextilis. Son nom fut changé en Augufius eii faveur de Céfar Augufte. Cet Empereur étant re- tourné des Gaules l'an 746 de Rome, travailla à régler le Calendrier. Ce fut à cette occafion qu il fit donner fon nom au mois d'Août. Tillemont. D'autres dilent que ce fur parce que dans ce mois la cet Empereur fut fait premièrement Conful, & qu'il remporta de gran- des viétoires. Les Turcs même ont pris ce nom des Calendriers grecs , ou latins , Se l'appellent quelque- fois Agofios. Ce mot Août n'a qu'une fyliabe , Ik on prononce Oùt. On dit , la Mi-Ùùt , en parlant de la Fête de l'Alfomption de la Vierge , du quinzième du mois d'Août. AoiJT, lignifie aulli la récolte, la moiiron des blés, & autres grains , quoiqu'on la falle en pluficurs heu\ dès le mois de Juillet. Tempus meJJJs. Ce fermier a ftit marché pour faire Con août. On eft dans la torce de laoât; c'eft-à-dire , dans le grand travail de la recolle. Faire l'août. On dit auifi figurément , qu'un homme fait fon aoûtj quand il eft dans une faifon ou dans une affaire où il gagne beaucoup. Cet homme a bien fait ton août dans cette commillion. Les Fermiers des entrées font leur août dans les mois de Novembre, Décembre ôc Jan- vier. On dit proverbialement, en ^ozJf & en Vendanges, il n'y a ni fctcs ni dimanches. Août. f. m. Nom d homme. Augufius. Augufte , que nous appelons vulgairement S. Août , étoix de la maifon de^S. Défiré, Evêque de Bourges. Baill. AOÛTER . v. a. Faire mûrir. Coquere. il n'y a pas eu alTcz de chaud cet été pour aoûîer les fruits. Il ne fe dit guère qu'au participe. 400 APA AOÛTÉ, ÉE. part. & adj. Coclus ,maturus , fe dit des fruits mûris par le mois d'Août , & pavticulicremcnt des citrouilles, lorfqii'clks ont pris leur croillaiice , & qu'elles n'augmentent plus. 0\\ le dit en général du fi ait & des branches d'arbres qui (ont bien noirrries pendant l'été , qui ceiîent de pouilér , & qui s'endur- cilîcnt. Cette branche eft bien aoutce; pour dire , qu'elle a acquis dans l'automne allez de conliftancejpour fup- porter les geJées de l'hiver: ce qui arrive lorfque cette branche ayant pris tout l'accroillement qui lui convient pour cette annce, s'endurcit à la fin de ce mois, & pixnd une couleur qui lui eft propre-, au lieu que, lorlque lécorce en paroit verdâtre & velue , on dit, cette bran- che n'eft pas allez aoùtée. Liger. AOÛTERON. f. m. MoilFonneur , celui qui travailler la récolte. Mcffor. On prononce oùuron. Il n'elt d'ulage que dans les campagnes. APA. Apache, f. m. & f. Peuple du nouveau Mexique, dans l'Amérique Icptentrionale. Apachus. Les Apachcs oc- cupent un grand pays très-tertile, & le divilent en qua- tre nations. Les Apaches Vaqueras , qui lont aux con- fins de la Floride & du Canada; les Apaches de Pe- TÏllo , qui font au couchant de ceux-ci vers la mer Ver- meille ; les Apaches de XïLi y au leptentrion des deux précédens , vers l'endroit où la rivière del Norte lort du grand lac ; &C les Apaches de Navalo , plus au nord. M. de Lille ne diftingue peint tous ces Apaches dans fa Carte de l'Amérique, & les renferme entre la Loui- ilane à l'orient, & le Mexique à l'occident , fans mai- qucr leur étendue du (ud au nord. ffT APACTIR. Vieux mot. Faire pivûc. APADNO , ou APHADNO. Nom qui fe trouve dans Daniel, XI. ^jj &dont quelques Auteurs, à l'exem- ple de Porphyre, font un nom propre de ville , mais fans raifon. C'eft un nom appellatit , dont la fignihca- tion n'eft pas certaine: on peut voir fur cela les Com- mentateurs du Prophète. i-:'s npos Aïifl. Ou AiiAMEiiN TiiN IIP02 ASin. Apamée fur le fleuvc ^.vi.Mj-d'où le Cardinal Noris conclut qu'elle eftlurune colline agréable, qui s'élève au milieu d'une plaine bor- dée de plufîeurs autres collines , tk extrêmement fer- tile. La ville eft prefque toute entoutée de l'Oronte. Cette lituation fait que c'eft une des villes de Syrie des plus peuplées. Sa longirude eft 70^,0'. Sa latitude 3 4,A , 45'. L'ère A' Apamée eft celle des Séleucides. Apa- \\ mée s'elï dit aulîi du territoire d^ Apamée de Syrie. ' Judith, APA Jnclith, II!. i^.Apamia3 Apamcne. Il étoit dans la Cœ- lélyïie. Bochard, Phaleg. Liv. IL ch. 2 , lemaïque quepref- que toutes les Apamées font entourées d'eau , & il en tire une preuve pour l'ctymologie de ce nom, qu'il fait venir de l'hcbreu r|£jS , entourer y ik. □''D , eau- Jonas II , 6. DVJ ^J1££N , Circumdederunt me aqu.t. Il efl: plus probable que c'eft un nom de femme donné à ces villes, comme nous l'avoiis dit. Pamiers , ville de France en Languedoc , s'appelle auilî A pâmée , en latin , Apamia ou ApamU. APANAGE , autrefois APENNAGE. f. m. Terres que les Souverains donnent à leurs puînés pour leur partage, lelquels font reveriibles à la Couronne , faute d'entans mâles dans la branche à laquelle ces terres ont été données , &c. Vfuarïa bonorum attrïhutïo ■ Frucîuaria pr&d'ù ajjîgnatio ■ e regiajlirpe natis ajjîgnatxin ufum terra, ne regnum dividatur ■ vulgb apanagïum. Sous les Rois de la première &càç. la féconde race, le droit d'aîneile, ni les apanages, n'étoient point connus. Clo- vis partagea les ctats entre les quatre enfans ; & Louis le Dcbomiaire fit la même choie (ous la féconde race. Mais on reconnut bientôt l'inconvénient de ces par- tages, & l'on s'attacha au droit d'aîneile, qui donne laprélérence à l'ainé feul pour la luccelîion à la Cou- ronne. Les cadets eurent , pour leur partage ou des duchés,ou quelque portion du royaume en fouveraineté; à laréfervedela foi& hommage, & à condition de la révcriîon au défaut d'entans mâles. Cela ell arrivé à l'égard de la première & de la féconde branche royale des Ducs de Bourgogne. Enfin , pour ne point démem- brer le" royaume, & pourabaiiler les cadets, l'on s'eft contenté de leur donner des apanages; c'eft-à-dire,le domaine utile,&: le revenu annuel; la fouveraineté de- meurant toujours au Roi. Le Duché d'Orléans eft \'a- panage des leconds fils de France. Les terres données en apanage font reveriibles à la Couronne à perpétuité au défaut d'enfans mâles, au moins depuis Philippe Augultc; car julqu'àlui les filles avoient fuccédé aux apanages. Nicod & Ménage dérivent ce mot de panis , qui (c prend fouvent pour toute lorte d'alimens & de lubfif- rance , vu que plulicurs le (ont lervis de panagium , pour dire , apanage. Du Cange dit qu'il vient de apa- nare , apanamentum &c apanagïum , mots de la balle latinité , qui fignifient une penfion ou un revenu an- nuel qu'on donne à des cadets , pour leur entre- tien & pour leurs alimens , au lieu de la portion qu'ils ont en une Seigneurie qui ne fe doit point partager. Cette étymologie retombe dans la première; car apparemment apanare , apanamentum , ik apanagium , ont été faits de panis. D'autres , com- me Hofman & Monet, le dérivent d'un vieux mot celtique eu allemand, qui veut dire, eA'Ci'i/re _, forclore de quelque droit : ce qui arrive à ceux qui ont des apanages , qui (ont exclus de la luccelîion paternelle. Antoine Loilel,cité par Ménage, croit que apanager vouloit dire autrefois, donner des pennes ou plumes, 6c des moyens aux jeunes Seigneurs qu'on chaffoit du lit & de la maifon de leurs pères , pour aller faire for- tune ailleurs, loir par guerre, loit par mariage. Paul Emile remarque que les apanages n'ont été connus en France que depuis les voyages d'outremer. Quoiqu'il en foitde l'origine Acs apanages, les rois de France ont toujours donné à leurs frères des fonds pour leur entretien, & ces fonds le lont nommés dans la fuite apanages. D'abord ils les donnoient pour les héritiers mâles & femelles. Le Roi Jean commença à ne les donner que pour les mâles. Philippe III régla les apanages à dix mille hvres ; Philippe IV à vingt mille; Charles IX les fit monter julqu'à cent mille; & le Roi Louis XIII commença par cent mille livres , & fit une augmentation de cent autres mille livres. Le Roi a mis celui de Monfieurà deux cent mille livres, fans les grolfes peniions qu'il lui donnoit pour l'entre- tien de fa maifon. Charles IX donna à les frères, pour leur vie feulement , pouvoir de nommer à tous les offices des Préiîdiaux , des Aides, (S-c. Louis XIII & Louis XIV ont donné à leurs frères le pouvoir de nom- Toms I» APA 401 mer à tous les bénéfices confiftoriaux , excepté les évc- chés. L'Abeï deDangeau. L'apanage de feu M. le Duc de Bcrri avoir été réglé comme celui de feuMon- fieur, frère du Roi, Foye^ Chopin, de Domanlo , Conférence des Ordonnances , rit. 2, liv. 12. Décla- ration du mois de Mars 1661 , pour l'augmentation de \' apanage de Monfieur , frère unique du Roi , Journal des Audiences ,T. I, Uv. 3, ch. 73. Dupuis , Traité des Droits du Roi, p. 2Ç4. Faélums de M. Hulïon, Avocat. Apanage, fignific en quelques coutumes la portion qui eft donnée à un des enfans pour tout patrimoine , pour toute prétention à la fuccelîion. Apanage , le dit aullî figurément des chofes qui font des luipes & des dépendances d'une autre. Appendix. Les infirmités font des apanages de la vieillelle. N'oublions jamais , mon cher frère y Que la douleur £■ la misère , Du corps mortel que nous avons j Et de la terre ou nous vivons , ■ Sont /^appanage néceffaire. M. Descart. Quelques-uns écrivent appanage ; & d'autres' écrl- voient, il y a 60 ans ou davantage, appennagc. Achil- les de Harki de Chanvalon a mis fous le portrait de la Reine-Mere , au commencement de fa traduction de Tacite. Ce que l'Efpagne a de beauté Se raffemble dans ce vifagc : Anne l' eut pour /on appanage, Auffi-bien que' la chafieté. APANAGER. v. a. Donner en apanage, y^rm^a^oa/î^^rio fundo, jure h&reditatis arcere ; e regiâjlirpc natis af- fignare in ufum terras ; fundum fruendum dare , ne regnum dividatur. Un Prince a été apanage d'une telle feigneurie.Dansles coutumes on appelle aullî , apana- ^tr une fille, ou un fils, quand on les établit parnia- riage , en leur donnant certains héritages ou fommes de deniers, moyennant quoi ils renoncent à toutes fucccf- fions paternelles & maternelles. Mais ce mot eft ditabu- fivemcnt ; car pour parler correctement il faut dire aparager. Dans quelques coutumes on trouve apaner pour apanager. Apanager , plus ordinairement «;'a;2i7^//?tf. f. m. Prince qui jouit d'un apanage. Piinceps cui ajfignatdt funt in ufum terra, adempto jure dividendi regni. Les Apa- nagijles jouilfent de tous les droits honorifiques , à meilleur titre que les Engagiftes. APANTA. Province de la terre-ferme , dans l'Amérique méridionale. Apanta. Elle eft entré le lac de Parima, & la rivière des Amazones. APANTHROPIE. f f. Averlion peur la fociété & la compagnie deshohimes; c'eft unlymptôme dclamé- lancholie. Ce mot. eft grec , ^Ta.i^^K-jia.-^ il vient du verbe cina^-^a , je détourne j & de atûftoatj, homme. Col. de Villars. APARAGER. v. a. Comparer. Conferfe , comparare. On nes'enfert plus. Voye\ Apanager. ?fT Toujours de l'humeur ou de la mauvaife foi chez les Auteurs du grand Vocabulaire. Voye-^ l'erreur du Dictionnaire de Trévoux ,àii.£nt-ï\s, qui, après avoir dit que ce verbe Jignifie comparer , ce qui eft ajfe^ analogue à fon vrai fens , ajoute, qu'on ne s'en fert plus , & renvoie à apanager , comme fi ce dernier verbe devait fuppléer l'autre. Oui fans doute , ce verbe doit fuppléer l'autre , non pas dans le fens qu'on explique , mais dans celui dont on parle au mot apanager , & pour lequel on renvoie à cet article. ICJ" Aparager, Emparager, fignifie encore , marier quelqu'un noblement & fans dérogeance. Voye-^ au mot parage , les différentes acceptions qu'on lui donne. APARENTÉ, ÉE. adj. Voye-{ Apparenté. APARIA. Nom propre d'une province de l'Amérique m.éridionale. Aparia. C'eft une partie du pays des Amazones , entre la rivière de ce nom (?c celle de Poto- mayo, à l'orie^it du pays de Canela. Ë ce 40Z APA APARISSABLEMENT. adv. C'eft un vieux mor, qui vouloir dire Manijejlcmenc. Borel. APARITOIRE. f. i. Panctarla. Herbe qu'on appelle plus communément Pariétaire. APARLIER. Autrefois on diioit aparlïerj pour apa- reiller. Bor.el. A-P ARTE. f. m. Seorfim. Terme emprunté du latin , af- fecté à la Poëiîc Dramatique. Il fe dit de ce qu'un Ac- teur dit à part, & comme avec foi-mcme, pour l'inl- trucl:ion de les auditeurs , en découvrant quelques cir- conftances elfentielles, lor! qu'il feint de n'être point en- tendu des autres Adeius. Il y a des critiques iévères qui condamnent tcusles a-partc. En effet ils pèchent con- tre l'exacte vraifcmblance. Néanmoins ils (ont excula- bles , pourvu qu'ils loient courts , par la néceffité qu'on a d'en uler , pour inltruire le fpe6tateur de certaines choies qu'il ne peut autrement connoître. Il ne prend point A' s au pluriel. APARTEMENT. Woyei Appartement. APAS. (. m. C'eft ainfî que Wicquefort appelle le pain des Perles, dans la Traduction de l'AmbalFade de D. Garcias de Silva Figueroa. Panis Perfarum, ou Pcr- Jlcus. Il y avoir à l'entrée de la même cour quelques autres alcôves deftinces pour quelques regrattiers , qui vendoient leur apas , c'eft à-dire , leur pain ordinaire. Wicquefort. APATHIE, f.f. Terme de Philofophie. Impaflîbilité, imperturbabilité , infeniibilité morale , confiance , fermeté d'aine, qui empêche qu'on ne lente les mou- vemens &c le tumulte des pallions, état de l'ame qui n'eft troublée par aucune pziiion. y^pachia^ affecluum yacatio , vacuuas. Les Stoïciens le piquoient d'une entière apathie , julqu'à n'être point fenlibles à la dou- leur. Ils vouloient que l'ame de leur Sage fût dans une affiette calme & paihble, & toujours au-deifus des dilgraces humaines. Qui ne lait que l'apathie des Stoïciens étoit l'abolition & le retranchement de toute palîîonî L'impeccancedesPelagienseft, lelonSaint Jé- rôme , l'apathie des Stoïciens. Dans les premiers liè- cles del'Eglile les Chrétiens le fervirent aullîde ce mot apathie , pour exprimer le mépris des choies humai- nes , & la mortification parfaite des pallions que l'E- vangile enleigne. C'eft pour cela que ce mot eft très- commun chez les Spirituels d'entre les Grecs; & S. Clément d'Alexandrie le mit fort en vogue, afin d'at- tirer les Philolophes qui atpiroient à cette lublime vertu. Callicn appelle l'apathie des parfaits contemplatifs , leur immobile & continuelle tranquillité. Le Quiétii- me eft une efpècc d'apathie mafquée des apparences de la dévotion. APATHIQUE, adj. Qui eft infenfible fur tout, qui n'.ai- me rien, que rien ne peut toucher ni émouvoir. Huma- norum affecluum expcrs. Ce mot, & celui qui le précède, viennent du grec, c'eft-à-dire , de a\a'3iia , formé de 1'« privatif, & de "«'"X." j jefouffrc j dont l'aorifte fécond eft tVaaiv, d'où fe fait ^ra^i'î paffion : ils ne font d'ulage dans la langue françoife que lorlqu'il s'agit de la morale , & que l'on traite dogmatiquement des pallions. APATiCHER.Ce mor, félon Borel, fignifioit autrefois aller manger. Et délibéra de foi apacicher à la garnifon plus prochaine. Juvenal des Ursins. Il n'eft plus dans la langue. APATURIES. f. f. pLFcteque les Athéniens célébroient a Ihonneur de Bacchus. Apaturia. Il vient du mot grec àT,ci.T-A , fraude. On raconte qu'elle fut inftituée en mémoire d'une victoire fraudnlcnle, que Mclan- thus. Roi d'Athènes remporta fur Xanthus, Roi de Beotie, dans un combat fmgulicr dont ils ccoient con- venus, fur un diifércnt pour les limites de leurs états. C'eft pour cela que Budée traduit & appelle cette fête, Fefium deceptionis , la Fête de la tromperie. C'eft le Schcliafte d'Ariftophane qui en rapporte l'origine dans fcs notes fur la comédie des Acliarnaniennes , ik fin celle de la paix. Suidas, qui le copie, ajoute que la fête durcit quatre jours ; & Harpocration le confirme. Hérodote, Liv. I, parle aullî des ^;j<7r//n>j. Le premier jour des ^/-ar^rif .fjccux de la même tribu le traitoient, APE & cela s'appcloit Aopia. Le lecond jour qui s'appeloic A'ïct'ppoTKjonraifcit des lacrifices à Jupiter &àMinervc. Letroifième,quilencmmoit kw/)'(.~t/!, on recevoir dans les tribus les jeunes garçons & les jeunes filles qui étoient en âge. Le quatrième le nommoit L'w./îcfa. L'Auteur de l'Etymologique donne à cette fetcune autre étymologie que celle qu'on a rapportée ci-dellus. Il dit que le troi- lième jour les jeunes Athéniens n'étoient reçus dans les tribus qu'après que leurs pères avoient juré qu'ils étoient véritablement leurs enfans. Ainfi parce que jufque-là, ils étoient en quelque lorrecenlés être lans pères, à^alopts^ Apatores ^ c'eft de- là que cette fcte,lelon cet Au- teur , fut appelée Apaturics. Xénophon au con- traire , Hellen j L. I. dit que les parens & les alhés s'af- lembloient pour cette cérémonie, & le joignoient aux pères des jeunes gens qu'on recevoir dans les tribus; que c'eft de cette alîemblée que la fête a pris fon nom ; que dans A'ua'iJpia. , Apaturies ^ 1'« loin d'être priva- tif, cftconjonCnt, & hgnifiela même choie que t>î, enfemble ^ comme dans kab^o!, qui lignifie î.atAtxTf»! , & a"xt/T/f , qui eft la même choie que S/^iMiTu , lecli conjors. On prétend qu'il y avoit auili des Apaturies à l'hon- neur de Jupircr & de Pallas. C'eft une erreur fondée lur les lacrihccs qui le failoient le lecond jour , comme nous l'avons dit, . 1 2. 6' Meurf. de Fer. Grac. F' n- APE. APECHEME. f. m.Termede Chirurgie.Fradturedu crâne dans la partie oppofée au coup , ou hors de fa poitée. C'eft un mot grec : A^t^x"!^'^ , en latin refonantia , en françois contrecoup. I^oyc^ ce mot. Col de Vil- l.ARS. APEDEUTE. f. m. Ignorant par défaut d'inftruétion, Ignarus.Cz mot, formé du grec a-jai/svlo!, a été mis en françois par Rabelais, qui parle del'de des Apedef- tes. Hors le ftj le de Rabelais il n'eft pas permis de fe fervir de ces lortes de termes. On dit aujourd'hui apé- dcute. Quiconque a aujourd'hui un peu de goût pour la ledure , a ailément l'elprit enrichi de plulleurs bel- les connoillances ; au lieu qu'auparavant ce n'étoit que par une étude pénible,& par un travail dégoûtant, qu'on pouvoit parvenir à n'être pas tout-à-fait illettré. De-là vient qu'autant qu'on le failoit gloire autrefois de n'a- voir aucunes lettres , autant il eft honteux aujourd'hui d'être tout-à-fait apédeute : parce qu'il eft très-ailé d'ac- ' quérir quelque lavoir , i.S:quc l'ignorance marque nécef- fairement , ou un entendement lourd Se pareireiLx , ou un cfprit léger , ou une éducation néghgéc, .... Otjcrvaticn fur les écrits modernes. Il le forme une cabale ^cpcdciites :, qui ne pouvant leréloudrc à U]ie érude allîdue de plufieurs années, ont entrepris de le || faire un mérite de leur incapacité, de ridiculiler l'éru- dition , <^' de traiter la Icience de pédanterie Huetiana. De l'a privarif , & de ^oiJ'îi''» , erudio. APÉDEUTISME. f. m. Ignorance des lerrres, qui vient du défaut d'inftruCtion. Faut-il donc priver le (ublic des nouvelles lumières que l'on aura acquifes par une pé- nétration fingulière >. Non,ce feroir inrroduire Xapédcu- tijme dans le monde lerrré-, & il n'y eft déjà que rrop inrroduir. Mém. de Trév. Mars 17 3 S- Le myllère de Sainre Barbe , dont on voit la reprélentation dans l'hif- roirc de la Comédie, fair voir l'apédeutifme prelque incroyable de nos bons pères du XV Cicçlc. Ibid. AJars APELLÉE. f. m. Nom d'un mois des anciens Gïçc$. Apel- APE Uus. Chez les Macédoniens le mois Apelîée était le der- nier mois de l'Auromne. Chez les Syro-Maccdoniens c'étoit le premier mois d'hiveij&chez les Tyriens le le- cond. l^oyei Fabricius dans ton Menologïum ^ & les Auteurs qu'il cicc. Le quatorze de Décembre, ou Apellee y on prit dans Celaréc des fidèles qui alloient en Cilicie, pour fecourir les Confeireurs condamnés aux mines. Fleury. APELLITE. f. m. Apeliua. Nom de fcdtc. Les Ape/lites ctoient des hérétiques difciples d'un Apelle, qui la- voit été lui même de Marcion , & qui s'éleva vers l'an I45 ou 146 : voye^ S. Epiphane , /^-«r. 44. S. Auguftin H£r. 2j. Tertul. de Pr/fcrip. cli. ^0 & 31. Euleb. Hift. Eccl. Liv. V , ch. 13. Baron, à l'an 146. Voyez Marcionites. !AP£NBOURG.Gros bourg de la vieille Marche de Bran- debourg en Allemagne. Apenhurgum, Il eft entre la viik de Gardeleben & celle de Soltvedel. |]^ Les meilleures cartes n'en font qu'une petite bourgade. APENDKE. V. n. 'Vieux mot. Dépendre. ^fT APENÉ. r. m. Char attelé de deux ou quatre mu- lets 5 mis en ulage dans les Jeux Olympiques par les Eléens , qui s'en dégoûtèrent bientôt. APENNIN. 1. m. Apenninus. C'eft une des plus célèbres montagnes de l'Europe. On peut regarder Yapennin comme une branche des Alpes. Il s'en (épare aux con- fins du comté de Nice, & des terres de Gènes, traverie & partage en deux toute l'Italie jufqu'aux confins de laBafilicate, où il le divile en deux branches, qui abcutillent toutes deux à la met Ionienne -, la branche leptentrionale , en traverlant les provinces de Barri &: d'Otrante ; & la méridionale, en paiFant par laBahli- cate & les deux Calabres. Dansfon cours il prend difté- rens noms en diftérens endroits, mais trop peu célèbres pour les rapporter ici. Strabondivife le mont Apennin en deux branches •, mais la féconde eft le mont nommé vukur j qui ne s'étend pas loin. L'endroit où l'Apen- nin touche les Alpes maritimes eft près de Savone. En ce lieu /'Apennin au-dejfus des nuages Va porter f on orgueil^ braver les orages y Elève jufquau Ciel le front de /es rochers • Voie toute l'Hefpérie , é' commande aux deux mers ■ Defcsfiancsfpacicux il enfante des ondes , Quijont au gredes deux les campagnes fécondes , Ç^ui traînent l' abondance y & qui j ont en tous lieux L'ornement de la terre & le charme des yeux. BrÉb. U Apennin n'eft pas cependant fi haut que les Alpes. Jadis cette montagne alongeam fes confins Uniffoit la Sicile avecque les Latins : Puis des flot s conjures les cruelles approches y S'ouvrirent an pajjage au travers de fes roches y Et le Sicilien détaché du Latin y Pelore garde encor le refie t/'Apennin. BrÉbeuf. Ifidore, Grig. Liv. 14, ch. «f.Servius fur le X Livre de l'Enéide y v. i s i & Paul Diacre, dans VHifloire des Lombards y Liv. 2 y ch. iS y tirent \c noxn Apen- nin de Alpes Pieninxy Alpes Carthaginoifes , & pré- tendent que ces montagnes ont été ainfi appelées, parce que c'eft par-la quAnnibal & les Carthaginois entrèrent en Italie. Mais il taut félon la remarque de Cluvier, ne connoitre point l'Italie, & n'avoir point lu l'Hjftoire romaine, pour parler ainfi. Les Alpes car- ihaginoiles, Paninut Alpes y ainfi appelées parce que ce tut par-là quAnnibal s'ouvrit un palfage en Italie, font celles qu'on appelle aujourd'hui le Mont Saint- Bernard y comme nous l'avons dit au mot ALPES. On pouiToit dériver le mot ^/7tv2«/« du mot celtique Pd/Zj qui fignifie le lommet d'une mont.agne , & qui avec l'article Ha j n , fe prononceroit Hapen y d'où fe fe- iroit tait apenninus. On trouve dans la vie de S. Calo- cer Alpes TufciA _, les Alpes de Tofcane , Acla SS. April. T. II y p. S26& s 27. Si la leçon eft bonne, & qu'il ne faille pas dire Alpes CottiA y comme porte une autre vie du même Saint , il faut dire que c'eft \' Apennin qu'on appelle ainfi. APENRADE. Ville du Duché de Slefwick , dans la Jutlainde. Apenroa. Elle a un bon porc fur la mer Tome I. APE 40 J Baltique , entre la ville deFleusbourg & celle de Ha- derkhleben. APENS. adj. m. C^des ex comparatis infidïis facia. Vieux mot , qui ne fe dit qu'en cette phrafe : c'eft un guet apens ; pour dire , un allallinat concerté & déli- bère , tait en guettant Ion ennemi, en choififtant le temps èc le lieu tavoiables pour le lurprendre. Vcy. Appens er. Un amoureux dit aulli, en le plaignant des yeux d'une belle , qu'elle l'a alfalliné, & que c'eft un guet apens. ftyle des précieuf es ridicules. Les ignorans écri- vent guet à pend. APEPSIE. f LDjgeftionabohe. Ce mot eft grec «V^.'a, compoféd'apriv. &de a.iii-{'i coclion ydigefiion. Col deVillars. APERCEVABLE. adj. m. & f. Qui peut être .apperçu, Quod ûhfervari y quud animadverti pctejL Les petites parties des corps naturels ne font aperccvables qu'avec le microlcope. APERCEVOIR. V. a. T aperçai y ou.]' aperçois y ]' aperçus y j'ai aperçu y ] apercevrai.Hécouynt àç.\om. Commen- cer a VOU-. Ammadvertere y obfervare. Les pilotes re ; doublent leurs foins, quand ils aperçoivent la terre. Je vous ai aperçu ik diftingué dans laVoule. Les Barba- res \ apercevant n'oferent approcher. Aelanc. On aperçoit y on découvre tous les jours de nouveaux af- tres dans le ciel avec les lunettes. Ménage dérive ce mot du \?iimperciperey ou adpercipere. Apercevoir lignifie auilî, remarquer quelque chofepnr le moyen de quelque attention, rétlexicn ou examen, ■& fe dit louvent avec le pronom perfonnel., •^ti've/re/f dcprehcndcre. Cm s'aperçoit d'une erreur de calcul, quand on compte une féconde fois. On ne s'aperçoit pas d'abord qu'un argument eft captieux. L'amour-pro- pre empêche qu'on ne s'aperçoive de fes défauts. Combien de gens meurent lans s'apercevoir de leur ridicule ? B^ll. Cette pente eft infenfible,on ne s'aper- çoit pas qu'on defcend. |t.r Apercevoir & voir, confidérés dans une fignifi- cation lynonime. Les objets qui ont quelque durée, ou qui le montrent, font vus, dit M. lAbbé Girard! Ceux qui fuient, ou qui fe cachent, font aperçus. On voit dans un vifagela régularité des traits, ëc'lon y aperçoit les mouven'iens de l'ame. §3* Une' complailance vue de tout le monde en explique quelquefois moins qu'un coup d'œil aperçu. f^ L'amour qui le fait voir tombe dans' le ridicule aux yeux du fpeétateur : celui qui le lailfc feulement apercevoir y fait fur le théâtre du monde une fcène anmfante pour ceux à qui plait le jeu des pallions. IJ-^Les novices Scies fortes en amour ignoreiu, les avan- tages du myftère , & font voir ce qu'elles ont intérêt de cacher. Les plus fines , quelqu'attention qu'elles aient, ont bien de la peine à empêcher qu'on ne s'aperçoive de ce qui fe palfe au fond de leur ca:ur. APERÇU, UE , p.art. Animadverfus y ohfirvatus. Il aies fignifications de (on verbe. APERCHER. V. a. Terme d'Oifeleur. Remarquer l'en- droit où un oileau le retire pour y palier la nuit. On dit, j'ai aperché nn merle. APÉRITIF, IVE. adj. Terme de Médecine, qui fe dit des remèdes qui ouvrent les pores, & citent l'oblhuc- tion des palHigcs des humeurs. Aperiejis y apcritivus y ohjlrucios corporis meatus apencndi vim habens. Clyf- tcre apéritif & laxatif. Les cinq racines apéritives qu'on ordonne louvent , font celles d'ache , d'afper- ges, de perfil, de fenouil, de brufcus , & celles de câpres , darrête-bœuf, d'iringion. ÇCF Ce terme eft aulîî employé fubftantivement. On fait ufage des apéritifs dans les cas ou les obftiuc- tions font la caufe ou l'effet de la maladie. Ce mot vient du verbe aperire y ouvrir. APERT. V. imperfonnel. Patet, confiât y liquet. Terme .de Palais , qui n'eft en ufage qu'en cette phrafe : c'eft un fait dont il apert par telle pièce. Dans les lettres de Chancellerie le Roi dit toujours , s'il vous apcrt. APERTEMENT. Vieux adv. Clairement. A perte y clare y manifefte. On voit apertcment qu'un tel effet vient d'une telle caufe. Eee ij 404 APH Ce mot ne ferok pas un bel effet dans un difcours poli. îl doit s'écriic avec un fcul p , venant du latin apenè j qui lignifie la même choie. Mais Maiot l'c- ciit avec deux p. APERTISE. f. £ Ce motcft en ufage en bafTe-Norman- diCj où l'on dit, pour le mocquer d'un conlcil ridi- cule, ou d'une imagination lotte : voilà une belle aper- tife. D'adpcrina j fait de pcritus. Ménage. Il étoit françois du temps de Louis XI, lorfqu'on publia les cent Nouvelles nouvelles , dans la derniète delquelles fe voit l'exemple fuivant : les peies Se les mcres pie- noient grand plailîr à voir leurs enfans jouer ik ftirc fouplelïes & apenifts Les vieux Ditlionnaiies expliquent apenifes par agilité. fer APÉTALE, adj. de t. g. Terme de Botanique, qui fe dit des fleurs qui font fans pétales. Jpecalus. Voy. aux mots Fleur & Pétale. APETISSEMENT. f. m. Diminution. Diminutio, hn- tnïnutïo. Vapetiffemcnt qui paroît dans les objets éloi- gnés, eft une efpèce de phénomène. Perr. Ce mot fe trouve dans une déclaration de François I, du 17 Décembre 1 541 , pour fignifier quelque efpèce de tri- but. Car il dit que les prédécefïeurs ont atfranclii les Secrétaires du Roi , de toutes entrées, iljues, barra- ges, choquets, apecijjcmens j & autres fublîdes, tri- buts, & impofîtions quelconques. Tessereau. APETISSER. v. a. Rendre plus petit. Alinuercj immi- nuere. yfF ApetUfer un manteau ; c'eft le rendre plus court, rapetiffer vaudroit mieux. Jperijfdr un tas de blé ; mauvaif e façon de parler des Vocabuliftes , c'eft le diminuer. 1^ Apetisser, efl aulTi neutre. Les jours apctijfent ^ deviennent plus courts. Decrefcunt dies. §Cr II eft aulîi réciproque. Cette étoffe s'apedjfe à l'eau. APETISSE, EE. part. Minutus , imnnnutus. APÉTÔU. f m. & f Peuple de l'Amérique méridionale. Apeculm. Les Apecous font dans le Brélil, près du gouvernement de Porto Séguro. A-PEU-PRÈS. adv. Prefque tout. Penè , ferme totum. Je vous rapporte à-peu-près la fubltance de la haran- gue. Vaug. A-peu-prÈs. adv. Prcfquc. Ferè j penè , ferme. Me voilà à-peu-près di\x\iïmcQit3^u\ que j'étois. %Cr APEX, f m. Bonnet à l'ufage des Flamines & des Saliens. Pour qu'il tînt bien fur leur tête , ils l'atta- choient fous leur menton avec deux cordons. APH. fC? APHACE. Aphacuj lieu dans la Paleftine , entre Byblos & Heliopolis, où il y avoir un temple de Vé- nus Aphacitides, en l'honneur de laquelle tous ceux qui y allaient, s'abandonnoient à toutes fortes delaf- civetés, parce que Vénus y avoir embraflé Adonis. Cette infâme luperftition vient peut-être de ce que le mot aphaca dans la langue Syriaque , & conléquem- ment dans celle des Phéniciens, fignifie embraf- Jement. APHACITE. adj. f. Surnom de Vénus. Voyc-:^ l'arti- cle précédent. Près du temple de cette DéefTe , étoit un lac femblable à une citerne. Ceux qui venoient conlulter l'oracle àQ.Vcn\is Aphacite , jettoient dans le lac leurs préfens; il n'importoit de quelle efpèce ils fuffent : s'ils étoient agréables à la Décile, ils alloient au fond, fi elle les rejettoit, ils furnageoicnt , fût-ce de l'or ou de l'argent. APHARA. Ville de la Tribu de Benjamin, dans la Terre- Sainte. Aphara. Adrichomius la place près d'Almath, vers le nord. APHEA. f f. Terme de Mythologie. Divinité adorée par Eginètes & par les Cretois. Pindare a faie une Ode en l'honneur de cette Déelfe , qui avoit un temple dans l'île de Crérc. C'eft la même que Diane. APHEC. Ville de laTrihu d'Afer, dans la Galilée, pro- vince de la Terre-Sainte. Aphec. Aphec, eft auflî le nom d'une ville de la Tribu d'IfTa- char. Aphec.Som les Chananéens, elle étoit capitale d'un royaume. Elle fe nomme auffi Apheca, fém. • - APH API îECA , eft encore le nom d'une ville de la Tribu de Juda. Apheca. On dit qu'elle le nommoit aulîi Afeca. APf4ÉLIE. f. m. Terme d'Aftronomie. tfT C'eft le point de l'orbire d'une planète où elle fe trouve dans la plus grande diftance du folcil , le point diamétralement oppolé au périhélie. Aphelium fumjna alfis. {fC? Les aftres qui tournent autour du loleil , ne font pas toujours également éloignés de lui. Ils lont.dans leur aphélie , lorfqu'ils font dans leur plus grande dif- tance-, ils font dans leur périhéhe, lorfqu'ils font dans leur plus petite diftance du loleil; & ils lont dans leur diftance moyenne, lorlqu'ils font aulïï éloignés de leur aphélie, que de leur périhélie. 0C? M. Halloi a donné une méthode géométrique pour trouver les aphélies des planètes. C^r Suivant les obfervations , la plus grande diftance , de la terre au foleil eft de 20976^- rayons ^nef- tres. lîCJ" Sa plus petite ditliance de 2027^-". §Cr Et fa diflance moyenne de 20626. fCJ* Un rayon terreftre contient environ 1433 lieues. fer Aphélie, eft aalîi adj. de t. g. La teire eft aphé- lie, lorfqu'elle efi: dans le point de luu orbire le plus éloigné du loleil. Mars aphélie. Ce mot vient de "■ ' , & de s -^"^ , foleil. APHÉRÈSE, f. f Aph^^refs, ahjajfio. Terme de Gram- maire. Retranchement , figure par laquelle on retran- che quelque choie au commencement d'un mot: comme conïa j peur cicohïa •■, temnere , pour contem- nere. L'on a dit au ccmpiciiccment du mot ; car fi le retranchement fe laifuit au n.ilitu, ou à la fin, ce ne feroit plus une aphérèfe , mais une fyncope, ou une apocope. APHESIENS. 1. m. pi. ou adj. pris fubftantivement. Terme de Mythologie. Surnom qu'on djnnoit quel- quefois à Cartor & Pollux , qu'on croyoit préfider aux barrières, d'uù l'on partoit dans les jeux publics. D'aipvt/^i , emïtco. APHÉTE. Terme d'AftroIogie. Aphète eft la planète qui donne la vie. ;p= APHIOM CARASAR. Ville de la Natolie, dans la province de Germian, près de la rivière du Mindre; on croit que c'eft l'ancienne . Hiérapolis , près du Méandre. APHONIE, f f. Terme de Médecine. Extindion de voix qui arrive aux malades par le vice des organes defti- nés à cette fondion. Ce mot eft grec , atpuna , compofé d'à privatif, & de çmvi' , voix. Çol de Villars. APHORISME, f m. Maxime , ou règle générale , prin- cipe dune fcience, propofition qui renferme en peu de mots une maxime générale. Aphor'sfmus. Il ne le dit guère qu'en Médecine & en Jurisprudence. Les aphor'ifmes d'Hippocrate. Des aphorifmcs politiques. Des aphorifmes de Droit. Aphorisme, fe dit quelquefois fîgurément de ce qu'on regarde comme un principe certain. Je tiens cela pour un aphorïfme. Ce mot vient dugrecaip»p'»A»'f , qui fignifie la même choie, d'aipip/Ço) ^ feparo yfelioo y jefépare, jechoifisi c'eft-à-dire. Sentences choifies, f épatées. APHORISTIQUE. adj, m. & f. Terme de Médecine, Aphorïfiïcus , a , um. Qui appartient à l'Aphorifme, qui a la forme d'aphorifme. ( >n auroit été au-devant de ces abus, fi l'on avoit retenu en Médecine la ma- nière d'écrire d'Hippocrate, dont le ftyle aphoriflï-^ que j fimple ik concis , n'a rien de luperflu. Journ. DES S. APHOSIATIN. Port de la Romélie , dans la Turquie d'Europe. Ephefiorum porcus. Il eft fur la côte de la Mer-Noire , à quelques lieues au nord de Conf- tanrinople. ^fJ- APHRACTE. f m. Aphraclus. Nom Grec que les Anciens donnoient à une efpèce de barque ou de brigantin , fans pont , & lans tillac. APHRODISÉE. Foye:^ Apodosia. APHRODISIADE. V. f. Aphrodijtas. Nom d'un templp de Vénus, d'une Île qui paroîr avoir été la même que \ Aphrodijîe de la mer perlique, & de plufîeurs APH villes. Etienne compte jufqu'à douze aphrodijîades. La ville de Carie qu'on nomme aujourd'hui par cor- ■ ruption, Apodifia, ou, félon d'autres, Ahodifia^ le nommoit autrefois Aphrodtfuis. Elle eft au f8^ d. 40m. de longitude, &C au 38'-'. d. 10 ui. de latitude, & a eu un Evéque. APHRODISIE. Aphrodifia. île de la mer ptrfique. Aphrodisie. Aphrodifium. 'Ville d'Afrique, proche d'A- drumcte; & d'une autre de Chypre au nord, à neut milles de Salamine ; & d'une ville d'Eipagnc , qui donnoit aulîî fon nom au promontoire fur lequel elle étoit lituée. APHRODISIES. f. f. pi. Fêtes de Venus établies dans la plupart des villes grecques. A'9fiJ'.f-ji^ , fruit j peut-être à caufe que cette Décile prélîdoit à la génération. Selon Strabon , /. i^, ces fêtes étoient célébrées par les habitans de l'ancienne Ôc de la nouvelle Pa- phos , qui étoient éloignées de foixante ftades. Athénée , liv. i^ ^nons apprend qu'à Corinthe les honnêtes femmes Se les Courtifanes célébroient fé- paremenr les jphrudifies. Eralme dans (es Adages, re- marque que Corinthe abondait en filles de joie, prétendent que c'eft une faute de dire aphthardo- cite , & qu'il faut dire aphtartodocite. Et en effet , Eulfathius , Auteur de la vie de S. Eutychius P. C. là même p. jj^'j B. dit aphtartodocitas ; & l'on reprend Lipoman & Surius d'avoir imprimé aphthar- docitas. APHTE, f. m. Aphta j Laclucimen. Terme de Méde- cine. Les aphtes font certains ulcères qui nailfent dans la iurface intérieure de la bouche , &: qui ont quelque choie de chaud. Les aphtes ne font pas des ulcères profonds : ils fe forment en quelque partie que ce loit de la bouche, dans le palais, aux gencives, aux côtés, à la racine de la langue. Lesenfans, fur-tout ceux qui font à la mammelle, font fort fujets zlmx aphtes , lorl- que,le lait de la nourrice efl: corrompu, ou que l'ef- tomac de l'enfant ne le peut digérer; alors les vapeurs acres du lait aigri & corrompu, qui s'élèvent, exulcè- rent facilement les parties molles & délicates. Quand les aphtes viennent dans un âge patfait, ils font cau- fés par des humeurs tenues, féreufes, & acres, qui regorgent dans tout \z corps , & oui font portées à la bouche. Il y a des apthes blancs ; il y en a aullî de rouges , de livides & de noirâtres : les blancs & les rouges font les moins dangereux & les plus faciles à guérir ; les livides & les noirâtres font fouvent mor- tels. Un liniment de miel rolat, & d'huile de vitriol mêlés. enlemblc, eft un bon remède pour les aphte Voyez Jéel ,fecl.j y l. 2. Lazare Rivière, obferv. Jea Hartmanus, Foreftus, Degori. (fT APH"yE. f. f. Aphya. C'eft le nom que les anciens donnoient à un petit poilfon blanc , fort commun. C'eft pour cela que Cicéron pour exprimer la populace , Iç menu peuple, ie fert du jnot aphya populi. API. API. Sorte de pomme. Malum apiolum. Elle eft petite, ik. colorée d'un rouge aftez vif. On la conférvc long- temps. Elle commence d'être bonne du moment qu'elle n'a plus rien de verd, ni auprès de la queue, ni auprès de l'œil , ce qui arrive allez fouvent dès le mois de Décembie. lîCJ" On la mange avec fa peau qui eft très-fine. Sa chair eft délicate & parfumée : elle vient fur un arbre qui charge beaucoup Se donne fon fruit par bouquets. Il faut à ce pommier une terre gralle lans humidité. On dit d'un homme qui a les joues rouges , que c'eft un vilàge de pomme à Api. Api eft aulfi une efpèce d'ache que l'on fait blanchir Apium. IÇT A PIC. Être à pic y mettre à pic : c'eft lorfque le cable de l'ancre d'un vailfeau eft bien roidi , & que le navire fe trouve prefque perpendiculairement fur fon ancre , au moment qu'on la levé. On dit aulli apicjuer , pour être à pic. Voyez ce mot. APICE, Petite vill*: dy royaume de Naples, Apicium. Elle eft dans la principauté ultérieure au nord de Bé- névent,fur la rivière calore. APIÉTRIR. V. n. & récip. Dccrefcere y vilefcere. Tenne de Marchands , qui difent que leur marchandife apie- trit y ou s'apiétrit y lorfqu'elle le gâte & fe corrompt , parce que la mode s'en paffe, ou parce qu'elle perd de fa qualité. Ce mot vient Ac piètre y qui lignifie, de mauvaife condition , méprifable. ICT APIETRI,IE. part. ÂPINEL. f. m. C'eft une racine qui naît dans quelques lies de l'Amérique. Les iauvages la nomment Yaba- s. Jean j^o6 A PL cani j &: les François, Racine apinel , du nom d'an capitaine de cavalerie qui l'apporta le premier en Eu- rope. Elle a une fi grande vertu contre les (erpens , quiUuffit, pour les tuer, de leur en prclenter un morctau dans la gueule, au bout_ d'un bâton. Cette même racine , fi utile à la coniervation des hom- mes , feroit aulîî utile à leur propagation , li la pro- pagation avoic beioin de ces tecoius , que l'on n'em- ploie guère dans les vues férieufes de la nature. Hijl. de l'Acad.Roviil. an. 1724. APIOS. r. m, Àpïos. Plante de l'île de Candie. Ses ti- ges font fort menues , & rougeâtres. Elle porte des rieurs comme celle de la rue. Il leur fuccéde un petit fruit qui fc divite en trois loges , dont chacune ren- ferme une fimence oblongue. Sa racine ell un violent purgatit. APIQUER. V. n. Terme de Marine. Imminere anchora. On dit que le cable apique ; c'eft-à-dire , que le vaif- feau appgroche de l'ancre qui eft mouillée , & que le cable commence à fe roidir, & à être perpendiculaire , ou à pic. $Cr Apiquer une vergue, c'eft perei;_fur un côté de (a balancine , & filer' de l'autre , afin d'élever un de fes bouts le plus haut polFible. Dans ce lens il eft adif. APIS. f. m. Apis. Nom d'une Divinité Egyptienne. C'é- toit un bœuf que l'on nourriiroit dans un temple qui étoit dans le Delta. Strabon dit qu'il avoit le front blanc, avec quelques parties du corps, & le refte noir. Hérodote dit, Liv. III, ch. 2S, qu'il avoit fur le dos l'image d'un aigle; que la figure blanche qu'il avoit au front étoit carrée ; ik. que du refte il étoit tout noir ; qu'il avoit un efcarbot à la langue ; & que les crins de la queue étoient .f.^Aat ^ c'eft-à-dire , dou- bles, ou de deux couleurs, ou de deux fortes. Phne , Liv. III, ch. 46 , dit, qu'il avoit la figure d'un croif- fant au côté -, & en eftc't , nous lui voyons cette mar- que dans une médaille d'Hadrien, rapportée parTril- tan, T. I , pag. s 1 4- Ammien Marcellin en dit au- tant. Apparemment il n'eft décrit diftéremmenr que parce que ce aétoit pas toujours le même bœuf; car un des principaux points du culte A' Apis étoir de ne le lallfer pas vivre long-temps. Après qu'on l'avoit tué ou lui faifoit des obsèques magnifiques, & on gardoit un grand deuil jufqu'à ce que les prêtres en eulfent trouvé un autre. Les Egyptiens ditoient qu'il étoit conçu du feu du ciel. Cambyle le moqua des Egyp- tiens , fit tuer tous ceux qui célébroient la fête à'A- pis , fouetter fes prêtres, ik le blelfa lui-même à la cuiffe; le pauvre Apis en mourut quelque temps après. Selon le P. Kirker, latium,p. 106. Apis &Sérapis (ont la même choie. P..de S. Julien, Antiq- de Bourg, p. 22s prétend qvCApis a été honoré en Gaule , & que c'eft delà que viennent les noms des Buteaux & des Vi- teaux, Bv'ï fiiii , le Bœuf Dieu. Cicéron , De Nat. Deor. Liv. I, n. S s- Tacite, Liv. IF, Hijl. c. IV. Luc.Zii'. FUI ,v. 470, L. IX, 160. Eusèbe,Z. // de la Prc'p. Macrob. L. I , Saturn. c. 21 . S. Aug. De Civit. L. XFIII, /. Kirker, (Edip.u^gypt. T. III, p. 2Sj, parlent de ce Dieu Apis. Apis eft aullî le nom d'un Roi d'Egypte, & de quelques autres Rois des Argiens, de Sinopc , & de Sicyone. A P L. fc? APLAIGNER. v. a. Terme de Manufrdure de lai- nage.-paire paroître les poils de la laine lur une étofte, par le moyen des chardons. Aplaigner un drap , c'eft proprement le lainer. Fdlc-s carduis attollerc , eri- gere. (fF On appelle aplaigneur , l'ouvrier qui donne cette façon au drap. fCT On dit en quelques endroits aplaner & aplaneur. Opifex villis erigendis prœjixus. APLANIR, v.a. Rendre plan, uni & de niveau. Ce qui étoit inégal. /Equare , Complanare , Co£quare. On a ^ aplani ce terrain, qui étoit inégal &: raboteux, poury faire un jardin. Il faut envoyer des pionniers pour APL aplanir les chemins , quand la groflê artillerie mar- che. Aplanir fe dit figurément en chofes morales. Lever les difficultés , les empêchemens qui le rencontrent dans une l'aine. ExpUcare , aperire. Les Anc'iens nous ont aplani le chemin pour pénétrer dans les fciences. Il ne ieroit jamais parvenu à cette dignité , lî la faveur ne lui en eût aplani le chemin. La grandeur de leur courage leur aplanijj'oit toutes lortes de difficultés. Ablanc. Aplanir le dit aulîI avec le pronom perfonnel. Dans le propre, c'eft devenir plus uni. ^quari , complanari, codquari. Et dans le figure, c'eft devenir plus aifé, plus facile à entreprendre , à exécuter. ExpLmari, enodari , explicari. Du côté que les montagnes com- mencent 'diS aplanir. Toutes ces difficultés s aplaniront d'abord. APLANI, lE. part. JEquatus, explanatus. APLANISSEMENT. f. m. Adion de celui qui aplanir. Réduction d'un terrain inégal à un plan uni. Exâqua- tio. L' aplanijfem en t d'un parterre, \' aplanijjement des allées d'un jardin. ifT Quoiquele verbe foit employé au figuré, l'ufagen'a pas adopté le (ubftantif dans le même lens. Si Tondit i2/7/aA2ir une difficulté, pourquoi ne dit-on pas Tt/^/iz- nijfement d'une difficulté ? L'ulage fait tout; mais il y a de la bizarrerie. APLANISSEUR. f. m. Ouvrier qui donne une féconde préparation aux draps après leur première tonture. Qui pannorum villos carduis iterum attollit. tfT APLATIR.v.a.Rendreplat,fansrienôter.C'eil: altérer la forme d'un corps, lelon quelqu'une de fes dimen- fions, en forte que cette dimenlîon en foit rendue moindre. Si onaplatit un globe par un de les pôles, la ligne qui ira de ce pôle à l'autre, deviendra plus courte. On aplatit ce qui eft trop relevé. On aplatit les métaux à coups de marteau. Ce mot vient du grec ^AaTiTa,qui hgnifie, un es- pace plat , une place publique. Aplatir fe dit auilî avec le prononf^lwfonnel , & figni- fie, devenir plat. Planumfieri, tumorem j>onere. Les joues s'aplatijfent par la maigreur. Le leiii de cette femme s'eft aplati. APLATI, lE. part. APLATISSEMENT, f. m. L'adion d'aplatir,ou l'eff'et qui elt produit dans un corps par le olioc ou l'imprellion d'un autre. Le mouvement des doigts fuffitpour l'apla- tijjement d'une boule de cire. Il faut un coup de mar- teau pour l'aplatijffement d'une balle de plomb. ^APLATISSOIRES.f.f. pL Nom que l'on donne à des parties de moulins qui fervent à aplatir & étendre les barres de fer, pour être fondues de la même chaude dans les grandes fonderies, ou d'un autre chaude, dans les petites fonderies. Encycl. APLÉBY. Petite ville du comté de Weftmorland en An- gleterre. Ahallaha, ahellaba. Elle eft fur la rivière d'E- dcn au midi de Carlile. APLESTER. v. a. Terme de Marine. C'eft déplier ou étendre les voiles pour recevoir le vent, & fe préparer à partir. Explicare. On ne s'en (ert plus. APLETS. 1. m. pi. Rets ou filets dont on fe fert pour la pêche du hareng. APLOMB. {. m. Ligne perpendiculaire à l'horifon. Per- pendiculum.Cç mur tient bien Ion aplomb , eft bien droit; celui-là fait ventre, il a perdu ion aplomb. En ce lens a ne fait point une particule , & on ne le fépare point de plomb. Dira t-il que ces arcs dou- bleaux de 40 , jo ou 60 pieds de diamètre qui étoient déjà en voûte , puillent , en fuivant la rondeur de la tour qu'ils portoient , & en fe détournant ainli de \a- plomb ; (outenir un fi prodigieux fardeau. Cordem. §CJ" Aplomb fe dit auiîi adverbialement, pour dire dans une direction verticale & perpendiculaire à l'horifon. Perpendiculariter , lineâ ad perpendiculum direclâ. Ce mur n'eft pas d'aplomd. Le foleil darde aplomb fes rayons. On en fait ordinairement deux mots. Ce mur eft , n'eft pas à plomb. 'Voyez Plomb des ou- vriers. APLOME. f. f. Aplcma , atis. Terme de Liturgie. L'j^/o- APO me eftuiic des nappes qu'on met fui l'autel dansI'Eglifc grecque. APLOMER. Vieux mot qui vouloit dire endormir , fé- lon Borcl, & que l'on trouve dans Pathelin&: dans Ni- cod. Je iius tout aploméj, c'elV à-dire, je luis tout ap- pélanti. Ménage. iCT AFLUSTRE. i. m. C'eft, difent les Vocabuliftes, le nom que les anciens donnoienc à un ornement qu'ils plaçoient a la partie la plus élevée des poupes. C'ellle mot latin Irancite. 53"C'eil proprement une petite pièce d'étoffe qui pend du haut des mats. Aplufire , is , aplufira j orum _, aplujhïa i um. Voyez Triamme^ terme ai Marine. A P N. APNÉE, r. f. Jjinœa, <«. Terme de Médecine. Etat dans lequel la relpiration paroit lupprimée; c'eft-à-dire, quelle ell lî petite, fi rare & li tardive, qu'il femblc que les malades ne refpirent plus, & (oient (ans vie , comme il arrive quelquefois dans la paillon hyltcrique, la fyncope , l'apoplexie , la léthargie. Ce mot e(t grec , auïoia : il vient d'à privatif , & de ««fw , je refpire. Col de Villars. Heraclite , dans Galien , Zh'. / de diffic.fpir. (e ferr de cette exprcllîonen parlant de la refpiration des malades qui (ont près de tomber en fyncope , & dont les extrémités (ont refroidies , laquelle efl fi foible , h difficile & fi lente , qu'elle paroir en quelque (orce éteinte. APO. APOBOMIES. f. f. pi. /4pobomia. Fête chez les Grecs , où l'on ne facrifioit point (ur l'autel, mais à terre & fur le pavé. C'eft ce que le nom fignifie ; des mots «a:»»' , loin, & ^'Hf^'i , autel. APOCALYPSE, f. f. Apocalypfis. Terme grec , qui fi- gnifie révélation. Il s'applique particulièrement au der- nier Livre du Nouveau Teftament. Il contient les ré- vélations de S. Jean (ur plulieurs myftères. Il écrivit fon apocalypfe dans 1 île de Pathmos où il étoit relégué: on ne convient pas li c'ctoit (ous le règne , & pendant la perfécution de l'Empereur Domitien. C'eft le livre du nouveau Teftament (ur lequel les fcntimens des Peres,& le témoignage de l'Egliie ont le plus long-temps varié. S. Jérôme rapporte que les Eglifes grecques doutoient de la canonicité de \ Apocalypfe. S. Balile , & S. Gré- goire de Nazianze, la rejetoient; &le concile deLao-' dicée n'en fait point mention dans le Canon des Ecritures. Quelques uns même l'ont attribue à 1 héré- tique Cérinthus : & d autres à un autre Jean , difciple de S. Jean. Denys d'Alexandrie trouvoit que \ Apoca- lypfe étoit écrite en mauvais grec, & il y avoir remar- qué des (oléci(mes,& des barbarilmes." Je crois pour •> tant , di(oit-il , que \' Apocalypfe contient un Icns » caché & miftérieux, & j'admire ce que je ne (au- » rois comprendre , plutôt que de-lc condamner. » S. Juftin , S. Ircnée, & S. Auguftin, n'ont point douté qu'elle ne fût canonique. Le troilième concile de Car- rhage en 397, l'a mile dans le Canon des Livres fa- ciès i & depuis , les Eghles d'Orient & d'Occident la lifent (ous le nom de l'Apctre S. Jean. S. Jérôme , dans une de (es Epines qu'il écrit à Dar- danus , parle de Y Apocalypfe comme d'un Livre qui n'étoit point reçu communément des Eglifès grecques de fon temps -, mais le Cardinal Baronius prouve dans fes Annales , que cette penfée de S. Jérôme ne peut pas être vraie dans toute fon étendue, puifque S. Epi- phane qui vivoit en ce temps-là , a défendu l'autorité àt\' Apocalypfe contre les hérétiques Alogiens, &:con- tre les Theodoticns. Ces Alogiens, qui l'attribuoient àCérinthe, dcmandoient de quelle utilité pouvoitctre ceuc Apocalypfe , où il cft parle des fept Anges & des fept trompettes. Ils tournoient en ridicule ce qui y cft dit des fept trompettes ■■, mais S. Epiphane les accule en cela, ou de malice, ou d'ignorance , par les paro- les de S. Paul , qui a fait mention de ces trompettes daiiîfa première E pitre aux Corinthiens , ck. j f j 2 ^ APO 407 où il dit, que la trompette formera , & que les morts refufciteront au fon de cette trompette. Ces Alogiens traitoient de ridicules plufiturs autres choies qui (ont dans \'ApocalypJe; &" entre autres ce qui y eft rapporté touchant les quatre Anges fiés fur lEuphrate; mais pour repondre aux objeftions de ces hérétiques , il (ulfit de remarquer en général . que ce Livre n'eft pas une fimple hiftoire , mais une prophé- tie , & qu'ainil il n'eft pas (urprenant que l Auteur (e (oit exprimé a la manière des Irophètes, dont le (tyle eft ordmaiiement figuré. Les Alogiens avoient donc tort de s'inlcrire en (aux centre \ Apocalypfe , à caufc des expreffions qui leur paroifloient extraordinaiiesi Ce qu'ils oppofoient de plus apparent centre l'auto- rité de ce Livre étoit ces paroles du chap. 2, ^ i j. Ecrivez^ à l'Ange de l'Eglifc de Thyatire : Il n'y avoir alors , diloient-ils , aucune Eglile Chrétienne dans Thyatire. S. Epiphane, qui (uppofe avec eux qu'il n'y avoir en effet aucune églile alors en ceheu-la,efi: obligé d'avoir recours à l'efprit prophétique , comme (1 S. Jean avoit prévu ce qui y devoir arriver dans la (uirc des tems. Il y ade l'apparence que quand S. Epi- phane écrivoit contre les Alogiens , on n'avoit point de catalogue des Evêques de cette Eglile , ou d'autres acies d'où l'on pût comioitrc qu'elle fût ui.ie Eglile fondée des le temps des Apôtres ; c'eft pourquoi Gro- tius a répondu (agement à cette objection , qu'il n'y avoit à la vérité aucune égliiè des Gentils dans Thya- tire , lorfque S. Jean écrivoit fon Apocalypfe ; mais qu'il y en avoit une des Juifs , comme il y en avoit aullî une femblable dans Theffalonique avant que S. Paul y prêchât. Il y a aullî eu des Ecrivains orthodoxes qui ont re- jeté \ Apocalypfe , comme un Livre qui autorifoit les rêveries de Cérinrhe Touchant le règne charnel de Jé- sus-Christ (urlarerre. Denys , Evcque d'Alexandrie, écrivit deux Livres intitules , Des Promenés j où il combattit fortement les explications d'un Lvêque d'E- gypte appelé Nepos 3 qui donnoit un (cns tout -à-fait Juif aux promenés que Dieu a (aites aux hommes dans l'Ecriture. Voye-^ le mot Millénaires. Conlultez Eu- sèbe , Hif. Ecclef Liv. FIT, ch. 24. Quoique Denys d Alexandrie reconnût {'Apocalypfe pour un Livre divin, il prétendoit qu'il étoit d'un au- tre Jean , que de S. Jean l'Evangélifte , ce qu'il pré- tendoit prouver par la diverfité du ftyle ; mais il n'y a lien de plus foible que les raitons qu'on tire de cette diverfité du ftyle. Il eft vrai que dans la plupart des exemplaires grecs, foit imprimés, (oit manulcrits, on ht à la tcte de ce Livre le nom de Jean le Théologien : mais ceux qui ont mis ce titre ont voulu défigncr, par cette exprellion l'Apôtre S. Jean, que les Pères grecs nomment le Théologien par excellence, pour le dîï^ tinguer des autres EvangéUftes. Eralme a été cenfuré par les Théologiens de Pa- ris , peur avoir avancé, qu'on avoit doute long-temps de l'autorité de l' ApocalypCc , non-feulementparmi les hérétiques , triais même parmi les orthodoxes , qui doutoient du nom de l'Auteur , bien qu'ils le recufenz comme un Livre divin. Cetre propofition fut ccnfurée par les Dodeurs , qui dirent qu'on connolifoir mani- feftement par l'ufage de l'Egliie ik par les définitions des conciles, que l'Apôtre S. Jean étoit l'auteur de {'A- pocalypfe. Il y a eu plufieurs Livres qui ont été pubUés fous le titre à' Apocalypfe. Sozomène rapporte , que dans les Eglifes de la Paleftine on hfoit une Apocahpfc de S. Pierre. Il parleaulîi d'une ^/7oca/> /yl'deS.Paul , que lesCophtesle vantent d'avoir encore aujourd hui. Eusèbe dir aufîî quelque choie de ces deux Apoca- lypfes. S. Epiphane parle d'une Apocalypfe à! hàzm. \ Nicéphore d'une Apocalypfeè^YAàxSi.%. Grarien ^^f «» , xi/'tHî , comme fi on vouloit dire que cette herbe éloi- gne les chiens. Il y en a une autre efpèce qui a fes fleurs comme le muguet, & fes feuilles fcmblables à celles de la toute-faine, h'apocyn s'appelle encore cy- nanchon, cynomeron, 3c cynocr-amie, mort aux chiens. F f f 4ÎO APO Il jette des branches , longues pliantes, & très-diffici- les à rompre. Ses feuilles reHemblent a celles du lierre; mais elles ont l'odeur plus forte , & font remplies d'un fuc qui approche du miel. Son fruit efl: couvert d'une colfc lemblable à celle des fèves ; il ell de la lon- guenr du doigt , a la forme d'une gaîne , & renferme une lemence petite , dure & noire. Ses feuilles étant mêlées avec de la farine , & réduites en forme de pain, tuent les chiens, les loups, les renards & les panthères qui en mangent , & leur cauient , lelon Diol- coridc , fur le champ une paralyfie vers les lombes. Se- lon Pline , la femence prife dans du vin , guérit la p!eu- rélie & routes les douleurs de côté , de quelque eipèce qu'elles loient. Dict. de James. APODACRYTIQUES. f. m. pi. Remèdes qui excitent d'abord les larmes, & enluite qui les arrêtent. Tels font les collyres compofés d'eau de pécule de rofes , de plantin, d'euphraife, de vitriol, de tmhie,&c. Ce moteft grec, "WoifaK/vTiKa ; il eft dérivé de "«mi^axpi/'w , lacrymas effundo ^ je verle des larmes ■■, parce que ces remèdes les excitent d'abord par leur acrimonie, en- luite ils les delféchent en relFerrantles vailFeaux excré- toires. Col de Villars. %Çj' H efl: aulli adjedif. Remède , médicament apoda- cryûqus. APODES, f. m. pi. Eipèce d'oifeaux qui ont les pieds forts courts. Ils rellcmblent beaucoup aux hirondelles. Comme ils ne peuvent faire ulage de leurs pieds qui font trop courts, ils lont prefque toujours en l'air. Ils font leurs nids dans les rochers ; ils volent lur les mers. Pline cité par James. aVuTxj, d'à privatif , & ■»v's , pied. APODICTIQUE. adj. Terme de Logique , qui fe dit d'un argument démonftratif & convaincant. Demonf- trativus. tfTAPODIXIS. Terme diacdique , fignifie démonf- tration , preuve évidente. Pétrone appelle un ligne de langueur, de foibleile, apodixis defuncioria. Nous pourrions appeler ainfi un billet d'enterrement. Ce mot vient du grec aws/f/xn/^/j qui fignifie , /«, ou la'a, terre. ïÇT Apogée fe dit particuhèrement de la lune, parce que cette planète tourne véritablement autour de la terre. APOGRAPHE. f. m. Apographum. C'eft une copie de quelque livre ou écrit; d'un original. ApographeeUop- polé a autographe, comme copie à original : ce mot vient d'aCTo , à y ou. ab y dey & de y i">-(ervé depuis. F'oyej Tite-Live, Liv. XXF, & Seb. Cor- radus, dans fes nores iurle Brutus de Cicéron, n. jS. Apollinairï. r. m. Nom propre d'homme. Apolllna- rius. APOLLINARISTES. ApolRnarïJla. Nom d'anciens Sec- taires, dont S. Epiphane a parlé foft au long dans Ihé- rélie des Dimœritcs-, ils ne croyoient point que JÉsus- Christ eut pris de la Sainte Vierge une véritable chair. Apollinaris de Laodicée, qui étoit leur chef, avoir feint je ne lais quelle chair, qu'il prétcndoit être de toute éternité, comme le remarque Saint Grégoire de Nazianze , Orat. 46. Il diftinguoit Tame de Jésus- Christ j de ce qu'on appelle en grec »-'5, entende- ment , & par cette diftind:ion,ilétablinoit que JE s us- Christ avoit pris une .ame (ans Ion entendement, & que le Verbe luppléoir à ce défaut ; quelques-uns mê- me d'entre eux nioient que Jésus-Christ eut eu une ame. Ils croyoient que les âmes des hommes étcient fer- mées par d'autres âmes , aulîî-bienque les corps. Thco- doret remarque qu'Apollinaire confondoit les per- fonnes de la Sainte Trinité, & qu'il donnoit dans les erreurs de Sabellius. S. Baiile lui reproche aufli d'a- voir abandonné le fcns littéral en expliquant la Sainte Ecriture , pouc ne s'attacher qu'au lens allégorique. L'hérélie àis ApoUinarïJles j qui étoit pleine de (ub- rilité tut condaBinée dan.s un fynode d'Alexandrie , fous Saint Athanafe , l'an de Jesus-Christ 361, & enïuite à Rome pai* le Pape Damale , dans un concile , l'an 575, Les leclatcurs d'Apollinaire ne s'accordoient pas tous entre eux, & ne foutenoient pas les mêmes erreurs; ce qui donna lieu à différentes hérélîes , tou - tes tirées des écrits & des erreurs d'Appollinaire : les plus conlidérables font l'hérélie des Polemiens , feéla- teurs de Polémius, & celle des Antidicomari;mites. APOLLINE, L f. ApoUonïa. Nom d'une Sainte Vjcrge , qui fouffrit le martyre tous Philippe. Quelques Dic- tionnaires difenr Apolline :, eu Apollonïe y comme li l'un & l'autre étoit également bon. Us fe fervent mê- me du dernier plutôt que du premier dans leurs dif- cours. Cela eft contre luiage. On dit toujours Sainte Apolline , & jamais Sainte Apollonïe , ii ce n'cll en Auvergne; car Ivl. l'Abbé Chaitelain, dans lonMart)- rologe au 9 févri'er , remarque que dans cette pro- vince on prononce Sainte Apollonïe y & non pas Sainte Apolline , comme on dit ailleurs. Le Martyrologe ro- main dit qu'elle louffrit tous Dcce , mais ces mots , Jous Dèce j, ajoutés dans le nouveau Martyrologe ro- main, àl'éloge qu'Uluard , après Addon,faitde cette Sainte , font contraires à ce qu'en dit S. Dcnys d'Ale- xandrie, dans (a lettre à Fabius d'Antioche rapportce p.arEusèbe, Liv. 6 , ch. ^4, où onlir, qu'un an en- tier avant que Dèce commençât à periécuter l'Egliie, cette Sainte fut martyrilée à Alexandrie dans une émeute populaire, Philippe étant pour lors Empereur, ëc non pas Dèce. Dans les bas fiècles on a inventé des aâ:es de Sainte ApoUine^v^m n'ont aucun rapport àce que S. Der.ys d'Alexandrie dit d'elle , excepté l'arrache- ment des dents. Le Jéfuite Bollandus , qui les a don- nés lur un manuicritd'Utrecht, les qualifie d'apocrv- phes. Comme l'Auteur de ces aéles fait tuer Sainte Apolline d'un coup d'épée à Rome , lous Julien l'A- pollat, ils ont trompé Gréven, Canilîus, & Ferrarius , en leur failaut diftinguer mal-à-propos deux Saintes Apollines. APOLLON, f. m. Apollo. Nom d'un Dieu, fils de Ju- piter & de Latone. Son nom eft grec, & vient, félon Platon, awi' T« liiaAAf/ï ras a:xTi'va! , dc cc qu'il dardc les rayons. D'autres prétendent qu'il vient d'a'SnAAv'ïîa/, perdre 3 détruire. Ainfi Apollon fignifie un deflrucleur un exterminateur ; parce qu'avec (es dards if avoit la réputation de tout perdre. Apollon avoit bien des fonc- tions dans le Paganifme. i". U étoit le foleil.C'eftpour cela qu'au rapport de Cicéron, de nat. deor. libr. 2. Chryfippe dérivoit fon nom de r« privatif, & -stoaa"', ! Tome I. APO 411 plujlcursy parce qu'il n'y a qu'un foleil. Héfychius donne cette étymologie, & les Syriens l'appellcnr , dit-on , nin , hhadad , qui fignifie un y c'eft Macrobe qui le dit, Saturn ^ Liv. i j ch. 21 & 2j. Il dit en- core au même endroit, qu'il eft appelé par les Egyp- tiens iïorajj qu'on peur tirer de l'hébreu nis, or ^ qui fignifie lumière. U étoit aullî le Dieu & l' inventeur de la Médecine, & de l'arr de la divination; aullI pref- que tous les oracles lui étoient attribués. On lui attri- bue aullî l'invention de l'arc. Peut-être n'eft-ce qu'une alluhon aux rayons du foleil. Il étoit encore le Dieu de la Mufique , de la Pocfie , i^- de la Rhétorique , prt-iîdoitaux beaux Arts , tk. étoit le chef des Mules. Ou peignoit toujours ^/'ci//o/7 jeune &c fans barbe, &avec de grands cheveux. Le cololfe de Rhodes étoit une fi- gure à' Apollon. La tête eft repréfentée couronnée de rayons lur les médailles de Rhodes , avec une rôle au revers, &: le mot riOAias. On dit qull prit le luth à Mercure; czx. Apollon n'en eft point l'inventeur; Ho- mère en fait l'honneur à Mercure, dans 1 hymne qu'il a compofce à fa louange. Cependant Poly dore Virgile fait Apollon inventeur de la lyre & de la faite, Liv. i. ch. s. La cigale, le coq, l'épervier, l'ohve, & le laurier , lui étoient tonlacrés. . Cicéron , de net. deor. lih. 2 ,c. (j, diftingue qua- tre ApoUons. Le premier & le plus ancien, fut le gar- dien d'Athènes; le fécond fut fils d'une Corybante ,& naquit cnCrète; letroilième de Jupiter Se de Latone. Eusèbe prétend que celui-ci eft le plus ancien. Le qua- trième né en Arcardie,donna des loix aux Arcadiens, & ils l'appellcrent à caule de cela Nomius ^ ou légifta- tcur. Apollon a eu bien des furnoms & des épithètes. Apol- lon Acéiien, A ceji us y parce qu'il étoit Dieu de la Mé- decine, d'«xf',"a, J medeor ; il eut aullî à Rome le lurncm de Médecin, Medicus ; Adiaque , Acliacus y parce qu'il était honoré à Adtium; Alexicaque, qui chalfelemal; à caule qu'il préfidoit à la Médecine ; Cœlifpex y qui regarde du haut du ciel, parce qu'il étoit le foleil; Capitoiin , Capitolinus ; Chochéen , Chocétus ; C^larien oudeClaros, Clarius ; Délien, ou deDélos , Delius , Deliacus ; Delphique , Delphicus; de Didyme , Didym&us ; Hcbdomagète , Hebdomage- tes y parce qu'il étoit venu au monde le (epticmejour du mois, d'où vient que ce jour lui étoit conlacré; ou parce qu'il ércit \cnu au monde le leptiéme mois, comme prétend le Scohafte de Callimacue; Héliopo- litain , Eclicpoiitanus ; Hyperboréen, Byperhoreus ; Milélicn ; Milcjîus ; Palatin, eu du mont Palatin à Rome, PiUatlnus ; Parcctonien , Paratoniusy P tous y Scrpedonius y Sojlanusy 1 hujlanicus ; ces noms lui furent donnés des lieux où il étoit honoré; Daphnaus de Dapliné, à caule d'une fonraine de ce ncm qui rendit des oracles, ou du laurier , en grec -faip»!, qui lui éroit ccnfacié ; l'^oxfj/ynf , qui remédie ; A^ifl fixait! , qui tourne mal , parce qu'on lui racontoit les mauvais fonges qu'on avoit eus, afin qu'il les dé- tournât; 1 fi^a-'r.jM , à caule des ftatues qu'il avoit or- dinairement dans les portiques ;i'n'«,i'''.'^"' S<.?<.iyy'oAyèj comme on le voit d.ms la Liturgie du Cardinal Bona , & autres Auteurs Liturgiques. APOLYTIQUE. 1. m. Terme de Liturgie. Vapolyt'ujue dans l'Eglile grecque eft ce qui termine l'Office divin, ou les parties confidérablcs de l'office divin. Uapoly- tique conhfte en certains verfets qui changent félon les temps, apolyticum , Se en grec aOToAVTiVuï. Ce mot vient d'as^^ , &: de ai;u , folvo. "Voyez le P. Goar dans fes Notes fur l'Eucologe, l'ordre de l'Office divin chez les Grecs , au commencement du fécond Tome des kScts des Saints du mois de Juin, le Typi- Gue de S. Sabas. APOMÉCOMIiTRIE. fubf. m. Apcmecometria. C'eft l'art qui enfcigne à mefurer ladiltancc des objets éloi- gnés. ^ APOMÉLI Boifton douce , faite avec des rayons de miel délayés & bouillis dans de l'eau, a'wc^îa/. Voye-^ la manière de la préparer dans le Ditfionnaire de" Ja- mes. ' ♦ APON. Fontaine près de Padoue , laquelle , fi on en veut croire Claudien , rendoit la parole aux muets & gué- riftoit toutes les maladies : près de-ià étoit un oracle de Géryon. iç3- APONEVROGRAPHIE & APONEVROLOGIE. Terme d'Anatomie. Partie de l'Anatomie , dans la- quelle on donne la defcription des aponévrofes. Apo- nevrographia , aponevrologia. APONEVROSE, f. f. Terme d'Anatomie. C'eft un nom qu'on donne aux exttémités nerveuf es des mulcles , & qui en font partie. .'^/'onei/ro/Tj. «.^iiyd-fmtris , Tendones. ffJ" C'eft proprement l'expanfion membrancule d'un tendon ; un tillu de filets tendineux qui environne les mufcles dans différentes parties ducorps. La fubftance de l'aponévrofe , ou du tendon , eft moyenne entre la fubftance de la chair , ou du mufcle , & celle du nerf j L'aponévrofe commence à unmulcle ik finira un nerf, il y en a dont la fubftance eft plus molle , ôz approche plus de celle de la chair , & d'autres dont la (ubftance eft plus ferme , plus dure , & plus lemblable à celle d'un nerf. Ce mot vient d'à^i , & li^f" , qui fignifie en grec un nerf. APONEVROTIQUE. adj. m. &f Qui appartient à une aponevrofe. Aponevroticus, a, um. Nlembrane ^z/^o- ncvrotique. En termes d'Anatomie il fe dit lubftanti- vemcnt du mufcle du fafcia lata. L'aponevrotique eft un petit mufcle longuet , placé fur le devant de la hanche , un peu obliquement de haut en bas. Il eft attaché en h.iut au côté externe de l'épine intérieure de l'os des ilcs , enttc les attaches du ntoyen fellicr».^ A PO âa coiuiuief. De-là il defcend un peU obliquement en aidcre par l'es fibres charnues, qui tonnent un corps long d'environ cinq travers de doigt, large de deux, & fort aplati. Ce corps de nnil'cles efl placé entre deux la- mes de l'aponevrofe, ou bandage large, qu'on nom- me fafcia Liita , Se s'y attache par des fibres tcndineu- {cs très-courtes, qui le perdent dans l'aponevrofe, vers l'endroit où elle eft adhérente au grand trochan- ter & au tendon du grand feiîier. Ainfi il ne faut pas regarder le fafcia lata , ou bande large comme une expendon tendineufe du mulcle. Winslow. ^ APOPHASE. f. f. Apophafis. Figure de Rhétorique, Jorfciu'on fe fait à loi-mcme une interrogation jc qu'on y répond. APOPHLEGMATISME,ouAPOFLEGMATISME. f. m. Apofhkgmattfmus. Terme de Médecine. Ce (ont des médicamens qu'on mâche pour attirer quantité de flegmes du cerveau. Le peuple les appelle majlica- toires j ou machicatoires. Le tabac eft un excellent apofiegmatifme j mais il gâte les dents , & les rend jaune* & noires : la fauge a prefque autant de vertu pour faire (ortir les humeurs luperllues, & elle ne gâte . pas tant les dents. Ce mot eft grec, & vient d'aï?»' , & <}>A(T/^a. lAPOPfiORÈTE. f. m. Jpophoreta. C'eft un mot dont on eft obligé de fe lerviren traduifant Martial, quia intitulé de ce nom quelques livres de les Epigram- mts : il fignifie des dons & préiens qui le faifoient pendant les Saturnales, ou en certaines lolennités,ou pour quelques brigues. Selon les Jéfuites d'Anvers, AcI. SS. April. T. Il, 7/2. A, ce (ont proprement de petits préiens, que l'on envoyoit de table à les amis. Cela parolt par Suétone dans Caligula, ch. jj, &par S. Ambroife, dans fon Exhortation a la virginité. C'é- toit aux Saturnales ; & ce n'étoit qu'aux hommes qu'on les envoyoit. Dans ce fens c'étoit à-peu-prcs ce que nous appelons étrennes. Suétone , dans Vefpafien , char. I Q ,n. 4, remarque comme une chofe extraor- dinaire , que ce Prince en envoyoit aulll aux femmes -aux Calendes de Mars. Symmache , Ep. 11, S 0 , ap- pelle encore apophortte les préiens que ceux qui avoicnt donné des jeux- envoyoient cnluite à leurs amis. On J'a ditauilî du vailleau plat, ou des corbeilles où l'on portoit ces préiens. M. Béger-, Tom. III, pag.424, a donne la figure d'un inftiument rond , qui a une queue, &c qui eft plat & (ans profondeur, qu'il pré- tend être un apophorhe , ou, comme il écrit, apo~ pherète. Dans des liccles poftérieurs on trouve ce mot pour fignifier les chalfes , ou vafes dans lelquelles on portoit les rehquesdcs Saints. Il y en a plulieurs exem- ples dans les anciennes vies des Saints. Ce mot eft dérivé par Ilidore à fercndo, mais il vient plutôt du grec «•»«' , & E. f. f. Perfra&io. Terme de Chirurgie. Efpèce de lracT:ure avec léparation &c détachement de quelque el quille ou pièce de l'os. Ce mot eft grec , ecTtjfifz:.!!!! , Pcrfraclio j fracl:ure entière : on appelle aulîi cette fracl:ure , Apocope. fer APOTOME. f. m. Terme d'Algèbre. C'eftladitfé- rence des quantités incjmmcnlurables ; 1 excès dune ligne donnée lur une autre ligne qui lui eft incommen lurable , de la diagonale , par exemple , lur le côté du carré. Apotome. Voyez les El'Ém. d'Euc. L.X. Apotome, en termes de Muhque,eftla partie qui leftc d'un ton entier, quand on en ôte le demi-ton majeur. Apotomia , difciJJ'.o. La proportion en nombre de 1'^? potome eft de 1048, à 2187. ^^^ Grecs ont cru que le ton majeur ne pouvoit être divilé en deux parties égales, & ils ont appelé la première partie a%iTCf.>i' , & l'autre \iu-f^a , luivant Pythagore & Platon, Les An- ciens ont appcli Apotome le demi-ton imparfait. Quelques uns divilcnt encore l' apotome en majeur (Se en mineur. ^ Ce mot vient du grec tijcrf'-.» » , abfcindo. APOTRE, f. m. Envoyé , difciple de Jésus-Christ , qui a eu million pour prêcher Ion Evangile par tout le monde, & pour le porter à toutes les nations de la terre. Apofiolus. Le lymbole des Apôtres. S. Pierre eft le premier des douze Apôtres, i). Paul eft appelé par excellence \ Apôtre des Gentils , parce que c'eft celui qui a fait le plus de converlions parmi eux, fon miniftèrc leur ayant été paiticuliàement deftiné, comme celui de \ Apôtre Saint Pie^.e aux Juifs. On donne quelque marque diftincHve à tous les Apôtres. h S. Pierre des clefs; à S. Paul une épée ; à S. André une croix en fautoir;à S. Jacques le Mineur un bâ- ton de fculoiT; à S. Jean un calice , d'où s'envole un lerpent ailé ; à S. Barthélemiun couteau; à S. Phihppe un long bâton , dont le bout d'en haut a la forme de croix; à S. Thcmas une lance ; à S. Matthieu une hache; à S. Matthias un coignée; à S. Jacques le Ma- jeur un bourdon &: une calebace ; à S. Simon une fcie ; à S. Thadée une malfue. Le mot d'Apôtre 3 dans fon origine, ne fignific au- tre choie que délégué, ou envoyé ; on le trouve dans Hérodote en ce lens, qui eft lefens naturel de ce mot. Il eft appliqué dans le Nouveau Teftamcnt à diveiies fortes d'envoyés, premièrement aux douze difciples de Tome. I. APO 419 JÉsus-CiîRiST , qui font appelés Apôtres par excel- lence. C'eft en ce lens-là que quelques faux prédica- teurs de l'Evangile contefterent à S. Paul fa qualité d'Apôtre j parce qu'il n'y avoir que ceux qui avoient ctétémoins desaérionsde JÉsus-Christ, qui pulfent prendre cette qualité. Pour répondre à ces faux doc- teurs , qui avoicnt Icduit les Eghles de Galatie, il commença par ces mots la lettre qu'il leur écrivit , Paul Apôtre , non de la part des hommes, ni par au- cun homme ; mais par J Ésus-Christ & Dieu fon pcre. Il voulut leur taire connoître que la million ve- noit immédiatement de Dieu, & qu'il étoit par confé- qucnt véritablement Apôtre. En lecond lieu, le nom d! Apôtre fe prend pour de fimples envoyés des Eglifes ; comme quand S. Paul die au ch. 16, de Ion Epitre aux Rom. v. 7 Salue^ An- dronicus & Junia mes parens , & qui ont été avec moi^ le/quels ont un grand nom parmi les Apôtres. En troiiîème lieu, on donnoit le nom 1^ Apôtres \ ceux que les Egliles envoyoient porter des aumônes aux fidèles des autres Eglites : ce qui avoir été pris des ulages des Synagogues , qui appeloient Apôtres ces envoyés. C'eft en ce lens-là que Saint Paul, écii- vant aux Philippiens, dit au chapitre lecond de fa lettre, qu'Epaphrodite leur a Icrvi d'Apôtre & de Miniftre pour l'alîifter dans les befoins. ApÔtrl eft aulIi celui qui a le premier planté la foi en quelque endroit. S. Denis de Cotinthe eft l'Apôtre de la France. S. François Xavier eft l'Apôtre des Indes. On donna encore au commencement de l'Eglife le nom d'Apôtres à d'autres que les douze que jÉsus- Christ choilit. Ainli S. Paul, Rom. XI I , ch. /j dit qu'Andronicus & Junia lont confidérables entre les Apôtres. Quelques-uns croient qu'on appeloit ainfi ceux qui avoient annoncé l'évangile les premiers en quelque lieu. '-.CT Les Evcqucs ont été appelés autrefois Apôtres 8c ApoJIoles. Depuis ce nom a été donné au Papefeul, enlorte que nos écrivains françois l'.appeloient Apof- tole , comme l'a remarqué M. Bignon dans fes notes fur les, formules de Marculphe , pag, 2;i , édit. de Paris /«-4°. 1666. S. Paul eft auill appelé fimplement & abfolument l'Apôtre. Les Prédicateurs lur-tout en ufent louvent ainli. Je lais que l'^/7dfre& les Saints ont gémi devant Dieu, de trouver dans eux l'ennemi le plus dangereux de leur lalut. Chemin. Voilà un excellent moyen de le conferver en grâce, &, fi j'ofe le dire, de s'y con- firmer ; afpirer toujours à un nouveau degré de cha- rité , lelon le conleil de l'Apôtre. Id. Loin de cette chaire cet art, qui loue vainement les hommes par les aétions de leurs ancêtres , & qui s'arrête à des gé- néalogies Ians fin , comme parle lApôtre , plus pro- pres à latisfiiie une vaine curiolité, qu'à édifier une foi folide. Flech. A^'oirdéjala mortà les côtés, mou- rir,, comme dit l'^^/^roV/ej à chaque moment, & nes'em- prelfer pas d'arriver à la fainteté par la voie courte & abrégée d'une vie fervente, il n'y a , ou qu'une ftupi- dité groflière , ou qu'une infidélité au moins commen- cée, qui puiile aller julques-la. Bourdal. Quelque- fois on dit, le grand Apôtre. Cette réponfe , pour appliquer ici la parole du grand Apôtre, c'eft la ré- pcnle de la mort. Bourdal. Cette expreftïon au refte eft très-ancienne, & ne nous eft pas particulière. Nous l'avons prile des Pères Grecs & Latins, qui en ufent très-fouvent. C'eft aullî en ce fens qu'on appeloit à Conftantinople le Dccleur de l'Apôtre une des digni- tés de l'Egliie de cette ville , dont la charge , ou la fondion, ctoit d'expliquer au peuple les Epitres de S. Paul. On appelle auffi en termes de Liturgie , &: même dans l'ufage ordinaire, les Epîtres de S. Paul du nom d' Apôtre. S. Grégoire, dans fon commentaire, dit, D einde fcquitur Apojlolus , puis luit \ Apôtre, c'eft- à-dire, f Epitre qui eft tirée des Epîtres de S. Paul, Lire \ Apôtre , c'eft lire les Epîtres de S. Paul. Ce nom, chez les Grecs , lignifie aulîî dans le même '^zw^^ & en termes de Liturgie , un livre d'Eghle qui contient les Gggij 420 APO Epîtres de YApôcre ^ c elVà-diic de S. Paul , félon l'or- dre qu'ils les liteiit d.i.ns leurs EglUes pendant le cours de lannce. Us en on: un qui contient les Evangiles ; qu'ils appellent h'ua»îAici , Evangile. Celui dont nous parlons apparamment ne contenoit d'abord que les Epî- tres de S. Paul , & pour cela fut nommé \' Apôtre. Depuis long-temps i\ renferme auilî les adtes des Apô- tres y les Epitres canoniques , & l'Apocalyplc. Il elt aulïï nommé acles des Apôtres , npaçazdViAos, parce que c'eft le premier livre qui s'y trouve. Le nom (^Aputre a été auiîi en ufage dans l'Eglife latine au même fens , & il fc trouve dans S. Gré- goire, comme on l'a dit, dansHincmar , & dans Ih- dore. S. Augirlfin, Sermon ij6 , al lo ^ de ver h. Apojlol. Le concile de Tolède, can. 4 ; le concile de Carthage, & les anciens Sacramentaires donnent le nom à' Apôtre aux Epures de S. Paul. L'on avoir aulli des livres anciens qui contenoient les Evangiles, ou les Epitres, félon l'ordre qu'on les liloir à la mcfle pendant l'année. Il y en a un fort beair & fort ancien à l'abbaye de Chclles , qui contient tous les Evangiles de l'année lelon la Vui£,ate. Apôtres , chez les Juiis, étoient anciennement certains Officiers qu'ils cnvuyoient dans les provinces ; pour veiller à l'obfervation de la loi , pour lever l'argent qu'on donnoit, loit pour les réparations du temple, loit pour payer le tribut aux Empereurs , comme il paroit par la lettre de l'Empereur Julien aux Juifs , citée au mot Apostole. Le Code Theodolien, Liv. XIV. De Jiid&is i les appelle Apofioli, qui ad exigen- dum aurum atquc argentum à P atrlarcha certo tem- {lore diriguntur. Voyez aulli la loi 18. Ihid. Les Juifs es nommoient ^irTiVa; Schelihkin , c'eft- à-dire , en- voyés. Ils étoient inférieurs aux Officiers de la Syna- gogue nommés Patriarches , qui les envoyoient com- me des Commillaircs dans toute l'étendue de leur diftrid: , & ils avoient jurididtion de Légats ou d'En- voyés. Quelques Auteurs ont remarqué que S. Paul l'avoir été , & que c'efl à cela qu'il fait alludon au commencement de fon Epître aux Galates, comme s'il eût die: Paul, non plus Apôtre de la Synagogue, & envoyé par elle, pour maintenir & avancer la loi mo- faïque; mais maintenant Apôtre Hc Envoyé d« Jésus- Christ, 6'c. S. Jérôme, fans dire que S. Paul l'ait été, croit au moins qu'il fiit alluiion à ces Apôtres de la Synagogue. S. Epiphane, lier. 30 , parle de ces Apôtres des luifs, iî: plus déliées. Son tuyau eft comme celui du jonc.J Cette racine a une faveur aromatique. Les Efpagnolsj en font une poudre qu'ils prennent avec du vin pour] la gravelle. Elle excite l'urine; elle appaile les douleurs] de la poitrine , & guérit les afteciions de la matrice. APOZÈME. /^tiye?- AposÈme. APP. APPAISEMENT. Voye^ Apaisement. APPAISER. Voyci Apaiser. ÇCr APPANAGE & APPANAGER. Voye-^ Apanagb & Apanager. APPARAT, f. m. Eclat ou pompe qui accompagne cer- AP p tàiiîcs aftions ou certains difcours. Jpparatus, àppa ratio. Ce Bachelier a foiircnu les thèîesavec grand .7/'- />u7jf.CctOraCciu- a Irarangiiéavec apparat. Cet Avo- cat a plaidé une cnute d'apparat, il aime une chofe d'apparat 3 d'éclat & de bririt. Ablanc. Tout Texte- lieur & tout l'apparat de la gloire qui environne les Conquérans , ne valent pas les douceurs de l'amour. M. ScuD. fCJ" Il le prend tr^-s f'ouvenc en mauvaile part pourodcntation.Ilneditjilne l-'ait rien qu'avec t XZT APPAREILLAGE. On dit d'un vailfeau qu'il à fait ou manqué Ion appareillage. P'oye-:^ Appareiller. APPAREILLER, v. act. Allortir , joindre à une chofe: une autre chofe qui lui foit pareille^ Parem pari ad- ]ungere. On a de la peine à apparcUlet- deschevaUx , des bœuts , pour les mettre au carolfe, ou fous un même joug. Il fam appareiller cqs gants , ces fouliers , ces pilfolcts , ces tableaux. Appareiller. Terme de Bonnetier. Apprêter. Appa- reiller des bas. Il eft défendu dutcr de cardes de fer pour apprêter & appareiller les bas , les bonnets, £'c. Appareiller, v. n. Eft aullî un terme de Marine , qui fîgnifiej difpofer toutes chofes, botrcr fes ancres, tendre les voiles, & mettre les manœuvres en état de lortir du port, & de faire route. Omnia ad navit^an- dum comparare. Voilà un bon vent qui s'élève, il faut vite appareiller. Apperciller lignifie aulli, déployer les voiles, mettre la voile au vent. C3" Ce verbe conhdéré comme terme de Marine eft tou- jours neutre ; ce mot vienne d'apparoir. f^oye-^ Apert, AFPAROÎTRE , on écrit Apparoitre. APPAROÎTRE. V. n. %Cr Devenir vifible , d'invifible le rendre vïiihle.apparere. /^qye:^ Apparition. Dieu a louvenr apparu aux Patriarches &; àplulieurs Saints, lous divcries formes. Jésus-Christ a apparu a deux Difciples fou^ la forme d'un pèlerin. Le Saint Efprit apparut fous la forme d'une colombe au baptême de Notre-Seigneur. Il y a quantité delpeéfres & defan- tômes ; qui apparoijj'ent en fonge. {CFDans ce fens il eft auffi imperfonnel. Il lui apparue un fpedre. Apparoitre fe dit auffi enfermes de Pratique, & alors il eft imperfonnel, & lignifie , Sembler , être évident, être conftant , être nianifcfte. Fideri, Conftare. Il ne nous apparou point au procès , qu'il ait donné pou- voir ni confentement de vendre fa maifon , d'occuper pour lui. Vous n'avez point de quittance par où il apparoijfe que vous ayez payé. Il apparou bien du crime, mais non pas de la pénitence. Mez. On l'em- ploie auffi quelquefois dans l'ulage ordinaire. Il m'ap- paroit que vous êtes là, & que je vous parle. Mol. Pour dire, je crois, il me lemble, je m'imagine que vous êtes là. On dit auffi en termes de Négociations , faire appa- paroître à^ fon pouvoir, pour dire, le notifier, le commuiriquer. Demonftrare j notum facere. Apparoitre fe met auffi avec le pronom per(onnel,& lignifie , fe faire voir , fe montrer. Videndum fe pr&~ bere , exhibere. Une de mes ftatues s' apparou à eux toutes les nuits. Ablanc. Le Seigneur s'apparut à Moylc dans une flamme de feu qui fortoit du buillon. PoRT-R. Il lui étoit a/Y^ara en fonge. Flech. APPARU, UE, part. APPARONNÉ,EÉ, adj. Terme de jaugeage dont on ie lert à Bordeaux. On appelle une barrique jaugée & apparonnee, celle qui a été jaugée & marquée par les Officiers-jaugeurs. On le dit .ruiÏÏdes Vailleaux. iCr APPARTEMENT. C m. Logement compofé de plu- ficurs pièces ou chambres de fuite dans une maiion. yEdium pars, adificii menibrum. Gr.and , bel apparte- ment. Appartement d'hiver & d'été. Il y a dans cette mailon plufieurs appartemens très-commodes. Appar- tement A' tvi'n^^nx., A' eTh?.s. On a aufll donné le nom è! appartement aux fêtes ou divertiffiemens accompagnés de mulique , danfc, jeu que le Roi donne quelquefois à toute fa Cour dans les appartemens de Vetlailles. Il y aura demain appartement à Verlailles. Dans unfalon du firmament , Ou les Dieux ajjcmblés rt;/2oie«r appartement. On vit entrer le Dieu Mercure, Qui d' un marchand forain avait pris la figure. Le Moine. Appartement. Il fe prend auflî quelquefois pour étage'. Il eft logé au premier, au fécond appartement. Ce mot vient de partimentum ; du verbe partior^ je partage , je divile. APPARTENANCE, f.f. dépendance , ce qui .appartient à une chofe,cequien dépend. Quod pertinetad^&c. Accejfio. Ce mouhn eft une des appartenances d'une telle terre. On a cédé au Roi un tel bailliage avectou tes ics appartenances & dépendances, lans autre (pé- cificarion. Ce village eft une appartenance de cette j Châtellenie. ' Ce mot n'eft ufité qu'en ces fortes de phrafes. Il vient du vcxht pertinere. APPARTENANT , ante. adj. Qui eft à quelqu'un eu en propriété , ou en jouiflance , ou par une légitime chaige APP prétention. Quod ad jus dorr.ïnï pertinet. Les biens cppancnans al'églife, à la couronne font inaliéna- bles. Ce pié eft appartenant à une celle leigneuiie , il en dépend. Ce droit eft appartenant à une telle charge. Ce mot n eft guère ulitc qu'en ces forces d'oc- calions. IJCr .APPARTENIR, v. n. Il fe conjugue comme tenir , &-rignilîectrede droit à quelqu'un, loit que celui a qui eft lachofejla polTede ou ne la polledc pas. Pertinere. Vous retenez des biens qui m'tZjr/'t;/r/e««e«/'. La juftice eft une vertu qui rend à chacun ce qui lui appartient. Cet homme a ulurpé cous les biens qui appartiennent à cette iucceilîon. Par le droit ccmmun les dîmes appartiennent :in Curé. Ce fou d'Athènes qui s'étoic mis dans la fancailîe que cous les vaifîeaux qui abor- doient auport de Pytée, \m appartenaient , étoitaulîî heureux que s'il en avoir été en effet le maître. On dit aulli qu'une choie appartient à quelqu'un en ulufruit , quand il en a la jouilFance ; qu'elle lui appartient en propre , quand il en a le fonds ; qu'elle lui appartient en feigneurie, quand il en a la mou- vance j ladired:e,&nonpaslcdoniaineutile. ifT Etre parent. Il appartenait à d'honnêtes gens. Acad. Fr. Il a l'honneur d'appartenir à des gens très-qualifiés. tfT 11 lignifie encore être attaché à quelqu'un comme domeftique ou autrement. Je ne lavois pas que ce la- quais vous appartint. Ce Seigneur eft bienfaifant, il fait la fortune de tous les gens qui lui' appartien- nent. ifJ" Il lignifie encore avoir une relation nécelfaire ou de convenance. Cette queftion appartient à la philo- fophie. Cela appartient à la grammaire. Acad. Fr. La connoiirance de telle affaire appartient à tel juge ou telle juridicfion. (fS" Appartenir, pris imperfonnellemcnt , fe prend dans des acceptions peu différentes les unes des au- tres ; & fïgnifie , il convient , il eft de droit, de devoir ou de bienleance. Decet , nquum ejl. Il vous appar- tient bien de faire le Docfeur. Il n'appartient qu'au maître d'enfeigner. Il appartient di un nomme lage de commander à fes pallions. Il ne vous appartient pas d'en uf'er avec tant d'autorité; pour dire, que cela n'eft ni juife ni raifonnable. Il n'appartient qu'à un Célar de lutter avec un petit elquif contre l'orage violent d'une mer agitée. S. EvR. pour dire , qu'il n'y a que Cciar qui ofe encreprendre cela. Retire- tai , caquin , vas paurrir loin d'ici ^ Une ^''appartient ^'tzj de m' approcher ainjî. Patru. En termes de Pratique , on dit , ainfî qu'il appartien- dra ; pour dire, félon qu'il fera trouvé jufte, conve- nable, 6c. A tous ceux qu'il appartiendra , pour dire, à tous ceux qui y auront intérêt, ou qui voudront en prendre connoiirance. ^fT APPAS. f. m. pi. Ce terme, dans fon acception la plus générale , eft d'ufage à l'égard de la beauté & des agremens du fexe, & a l'égard de tout ce qui plaît. Les appas d une belle femme. Les appas de la vo- lupté. Illecehrii. Si l'on en croit les Vocabuliftes , ce mot déligne la puilîance qui entraîne , & qui s'exerce par la beauté , par leplaifir&: par la volupté. Ils n'ont pas lenti la valeui du mot appas. Les appasnons enga- gent : ce font les charmes qui nous entraînent. Les appas ^ dans une femme , font un je ne fais quoi qui nous engage , une chofe qui fait imprellion fur notre cœur, bi. qui eff prefque toujours l'eftet de ces grâces cultivées qui font le travail entendu de l'art de plaire. Voyons comment l'ingénieux Auteur des fynonymes François marque les nuances délicates qui diftinguent les mots appas , attrais & charmes. Il me femblc, dit- il , qu'il y a quelque chofe qui tient plus de l'art dans les appas ; quelque chofe de plus naturel dans les ^r- traits ; quelque chofe de plus fort & de plus extraor- dinaire dans les charmes. ç3° Les attrais fe font fuivre ; les appas nous engagent; les charmes nous entraînent. §3° Le cœur n'eft guère ferme contre les attraits d'une Tome I, APP 4zy jolie femme; il a bien de la peine à fe défendre des attraits d'une coquette, & il lui eft impoilible de ré- filler aux charmes d'une beauté bicnfailante. C^? Les femmes font toujours redevables de leurs attraits & de leurs charmes à l'heureule conformation de leurs traits; mais elles prennent quelquefois leurs appas iut leur toilette. 1,^ Les attraits viennent de ces grâces ordinaires que la nature diftribue aux femmes , avec plus ou moins de largeile aux unes qu aux autres , & qui fonc 1 apa- nage commun du fexe. Les appas viennent de ces grâ- ces cultivées que forme un hdèle miroir , con.iulcé ' avec actencion, & qui fonc le cravail encendu de l'art de plaire. Les charmes viennent de ces grâces linguliè- res que la nature donne, comme unpréfent rare à pré- cieux, & qui font des biens particuhers & perfonnels. t/3° Des défauts qu'en n'avoit pas d'abord remarqués , qu'on ne s'attendoit pas à trouver , diminuent beaucoup les attraits. Les appas s'evanouiftent dès que l'artifice s'en montre. Les charmes n'ont plus d'effet, lorfque le temps & l'habitude les ont rendus trop familiers , ou en ont ufé le goût. §3° C'eft ordinairement par les brillans attraits de la beauté que le cœur felaitfe attaquer; cnfuite les ap- pas j étalés à propos , achèvent de le foumettre à l'em- pire de l'amour ; mais s'il ne trouve des charmes fe- crets , la chaîne n'eft pas de li .nguc durée. C^ Ces mots ne font pas feulement d ufage à l'égard de la beauté & des agrémcns du fexe, ils le font en- core à l'égard de tout ce qui plaie. Alors ceux d'at- traits ôc de charmes ne s'appliquent qu'aux chofcs qui font ou qu'on fuppofe être aimables en elles-mêmes & par leur mérite : au lieu que celui d'appas s'applique quelquefois a des.chofes qui font, & qir'on avoue même ha'illables , mais qu'on aime malgré ce qu'elles fonr,ou auxquelles les refîorts fecrets du tempéra- ment nous contraignent de livrer nos acl:ions , Il la raif on ne détend notre cœur ? ifZr La vertu a des attraits que les plus vicieux ne peu- vent s'empêcher de fentir. Les biens de ce monde ont des appas qui font que la cupidité triomphe fouvent du devoir. Le plailîr a des charmes qui le font recher- cher par-tout, dans la vie retirée comme dans le grand monde , par le Philofophecomme par le libertin , dans l'école même de la mortification comme dans celle de la volupté: c'eft toujours lui qui fait le goûtiS: qui dé- cide du choix. (îCT On dit de gr.inds attraits j de puilfans appas j & d'invincibles charmes. L'honneur a de grands attraits pour les belles âmes. La fortune a de puillans appas pour tout le monde. La gloire a des charmes invinci- bles pouf les cœurs ambitieux. f-CJ" Les plus grands attraits fe trouvent toujours dans l'objef de lapallion dominante. Lesappas les pluspuif- fans ne font pas toujours ceux qui font étalés avec le plus d'oftentation. Les charmes ne deviennent vé- ritablement invincibles que par la folidité du mérite^ la force du goûr. CCr APPASSARA. f m. raye- Abacher. |j3° APPAT. {. m. Mot qu'on dérive de paftus , pâtutc. Au propre , on le dit généralement de tous les moyens dont on fe fert pour furprendre les animaux foit à la pêche, foit à lachafle. A la pêche, c'eft la mangeaille qu'on met à l'hameçon pour attirer l^: prendre lespoil- fons. A la challe, c'eft celle qu'on mec à des pièges pour actirer des bêces à quatre pieds & des cifeaux. Efca pifcibus j avihus illiciendis. Le falpêtre , la mo- rue, le fel font un excellent appât pour attirer les pi- geons. Les vers , les petits poilfons, certaines pâtes pré- parées, font de bons ^/^^pcrj pour prendre des poillons. •§3° Ce même mot employé au figuré, fignifie ce qui at- tire , qui engage à Laire quelque chofe. L'intérêt eft un grand appât pour un avare. Le jeu eft un grand appât pour la jcuneffe. I^C?" Appât , s'eftdit autrefois pourfignifier la pâtéequ'on donne à la volaille pour l'engraiilcr. Lfeafaginandis avihus. APPATARO. Montagne de Hongrie, appelée autrement Tarc::al & Erufcka. Appatarus mans j ancienue- ^ Hhb 4Z^ APP ment Almus. Elle eft piès de Sirmium dans l'Erdavo- APP me. APPÀTELER. V. a. Donner de la pâtée ou autres ali- mens aux oifeaux, aux animaux , aux enfans, & aux hommes mêmes, quand ils font paralytiques , ou li vieux, qu'ils ne peuvent manger leuls. Efcam in os ingcrere. Ce mot ell plus vieux que celui d'appâter dans la même lignification. Jppikelerwcuz encore dire, félon Borcl , fane bonne chère. APPÂTELÉ , ÉE. part. APPÂTER. V. a. Mettre un appât ou une amorce à un hameçon, ou à un piège, pour attraper du poillon , ^ du gibier, ou des bêtes nuilibles. Inefcare , cjcâ allï- ccre. Appâter, (îgnifie auffi, donnera des oifeaux certaines pâtes pour les engraill'er. Les chapons du Mans s'en- graillent bientôt quand on a foin de les appâter. Ce mot eft bien moins ufité à Paris qu'en province , en ce fens , on dit au lieu & appâter , donner de la pâ- tée. M. de Vahncourt a dit dans la fable du Rolîîgnol en cage , La fille du log'is le vient tous les matins Appâter de fcs propres mains. Appâter, fe dit par extenfion , du foin que prennent les femmes de faire manger les petits enfans. Cet en- fant ne peut manger tout leul ; il faut avoir loin de l'appâter. On dit aulfi en badinant d'un vieillard gout- teux , ou de quelqu'un qui ne peut pas le lervir de les mains, qu'il faut l'appâter. APPAUMÉ , ÉE. adj. terme de Blafon , fe dit d'unEcu chaigé d'une main étendue, & qui montre la paume. Manus expenja volam ojlendens. Sur quoi quelques Blafonneurs ont dit en proverbe , « Je te donnerai les » armoiries de Varroquier ; » pour dire , je te donne- rai un foufïlet , à caule que les armes font une main appauwee. APPAUVRIR. V. a. Rendre pauvre. Pauperem facerc , affèrre efejlatem alicui. Les procès ont appauvri ce gentilhomme. Il n'y a guère d'état qu'une guerre un peu longue n'appauvri^je. Le grand nombre d'enfans fl;î;7t?:^vrir les familles, /^oy^ij Pauvre iSc Appauvris- sement. Appauvrir, fe dit aufîî au figuré des langues & des ouvrages d'etprit. ^/'/'lîttvn/' une langue , c'eftla rendre moins abondante ou moins exprellive par le retran- chement de quelques mots ou de quelques façons de parier. Jejunam linguam facere. La -délicateire ou- trée des Critiques appauvrit tous les jours la Lingue ; parce qu'au lieu de l'enricliir, on en retranche les vieux iTiots qui font bons &; /ignificatifs. Souvent trop d'a- bondance appauvrit la matière. Boil. Appauvrir ,citaulli quelquefois neutre, & réciproque , èc hgnifie , devenir pauvre. Pauperem , inopem fieri. Ce pays appauvrit tous les jours. Il faut bien que les uns s' appauvrirent 3 tandis que les autres s'enrichilfent. Au figuré les langues vivantes s'enrichillent (!:!>: s'ap- pauvrijjhit lelon la différence des temps & des ef- prits. i''Appauvrire/2 effets s'enrichir d'efpe'rance. De s. Mart. On dit proverbialement, donner poui- Dieu , n'ap- pauvrit homme. APPAUVRI , lE. part, palT. Pauperfaclus ^ redaSus ad egejlatem. Les Médecins difent , un fmg appauvri d'efprits , fanguis effcctus , d'un (ang qui a perdu pref- que tout ce qu'il avoit de volatil APPAUVRISSEMENT, f m. Perte de biens , état d'in- digence où l'on tombe par la diminution des choies nécelïaircs à la vie. Prolapjlo ad inopiam. L'appau- vri jfement àç. cette himillc eft venu par les banquerou- tes, par l'incurlion des ennemis. Il fe dit figuiément de l'état d'une langue qui devient moins abondante en mots, en exprelllons. Ce qui frit l'appauvrijfement d'une langue , c'eft que l'ufrge en fupprime des termes & des expreffions fans y rien fub- ftituer. APPEAU, f. m. Vieux mot de pratique qui fignifioit autrefois, Appel. Un Juge à' Appeaux _, eft un Juge lupérieur. Il y a encore un grefte qu'on appelle , le le Grefte des Appeaux. Noyez Appel. Appeau , eft aufti un fiftlet d'Oifeleur , avec lequel il appelle les oilcaux en conttetailant le fon de leur voix. Illex. Il y a des appeaux pour toutes lottes d'a- nimaux. Les appeaux dont on ule pour appeler les oifeaux , les cerfs , les renards , &c. ne font autre chof e que des anches femblables à celles de l'orgue, qui ont diftérens effets, félon les petites boëtes qui les enfer- ment. Appeau, eft aulîî en terme d'Oifeleur , un oifeau qui fait venir les autres par fon chant , & qui les engage à donner dans les divers pièges c^u'on leur tend, ^vij illex. Appelant eft plus en ufage (\\\'aj>peau en ce fens. Appeau , cil encore un terme de grotle Horlogerie, & c'eft une manière de petite cloche qui fert à fon- ner les quarts & les demi- heures. Tintinnahulum. Appeau en ce fens n'eft ulité que parmi les gens de métier : les autres fe fervent ordinairement du mot de timbre. Appeau. Sorte d'étain en feuille qui vient de Hol- lande. APPEL, f m. Recours à un Juge fupérieur , pour faire réparer le grief d'une f entence qu'on prétend mal ren- due par un Juge inférieur. Adte judiciaire par lequel une caule jugée par un tribunal inférieur eft portée à un fupérieur. Appellatio , Provocatio aàfuperiorem Judiccm. Paul Emile & Budée ont remarqué qu'an- ciennement en France, IcsBaillifs »3c les Sénéchaux ju- geoient en dernier rellort. A\ant que le Parlement eût été établi fédentaire par Philippe le Bel, il ne s'alfem- bloit qu'une ou deux fois l'an , &: ne tenoit que peu de jours. Ainfi il ne connoilfoit pas proprement des caufes à'appel. il jugeoit feulement en première inf- tance les caufes majeures, où il s'agilfoit des comtés, ou duchés , ou du domaine de la couronne : c'é- toit fa juritdidlion primitive & ordinaire. On ne trouve point d'arrêts rendus en ce tems-là fur des ap- pels de Baillifs ou Sénéchaux. Il eft vrai qu'il y avoir appel des Comtes & Ducs, les premiers Gouverneurs de province, &c que cet ij^ye/ teflortifloit devant le Roi , ou devantle Maire du Palais , qui étoitle Giand- Duc de France. Mais pour s'épargner la fatigue d'exa- miner tant de procès , les Rois de la féconde race dé- léguèrent des commiftaires, qu'ils envoycient dans les provinces pour prononcer fur les appels des f'entences rendues par les Juges inférieurs. Ces commillaires s'appeloient Af///? Z^owiwzci. Cette coutume déjuger les appels par des commillaires délégués , s'obferve encore en Angleterre. Mais en France les Ducs & Comtes , fous la troiflème race , s'étant érigés en fei- gneurs , & prefque en fouverains , ne voulurent plus louftrir ni les appels , m ces commi flaires , d<. ils ufur-. perent la fouveraineté de la Juftice. Cependant les Rois reprenant peu à peu leur première autorité , at- tribuèrent aux Baillifs ou aux Sénéchaux la juridic- tion des cas royaux , & la connoiflance des caufes à'appel , du territoire des Comtes ; en forte que ces Juges ordinaires faifoient la fonôtion des commiffai- res délégués pour juger les appellations j & fuccé- derent aux Mijfi Dominici. A la vérité,. de peur que les Baillifs ou Sénéchaux n'abufallent de leur pouvoir , & afin de les tenir en bride, il fut permis aux parti- culiers de porter plainte au roi contre le Juge même: ces plaintes étoient appelées communément Àeçz^erej; & ces requêtes étoient rapportées par des Maîtres des requêtes. Si la requête étoit par eux jugée admifîîble , le Roi faifoit ajourner le Juge , & intimer la partie pour défendre le jugement. Mais en ce cas la plainte ne devoit pas confifter en limples moyens d'a/'^e/ j il fiUoit attaquer le Juge même , dont on ne pouvoir point appeler fous de fimples griefs réfultant du pro- cès. Dans la fuite on a confondu les plaintes & les appels ; & fur-tout depuis que le Parlemenr a étéfixé 6z réduit en juridiction ordinaire, pour accroître fon APP potivoir , &.' pour dépouiller les Baillifs & les Séné- chaux du droir de prononcer en dernier relFcrt , il a converti les plaintes en appellations. On voit en- core quelques veftiges de cette ancienne pratique dans le fl:)'le des arrêts du Parlement ; car lorlqu'il callc !a leiitence, il prononce, "Que ce dont eft appela, été " mis au ncant; » parce qu'en luppolant que le jugement àonZQÎk appel iàiunc ientence,il n'auroit point eu droit de la révoquer, ou de la réformer, parce qu'elle étoit rendue en dernier rellort. C'eft pourquoi il la met au néant , i^' la déclare nulle, comme reprélentant le lloi , à qui autrefois les plaintes étoientadreirées, pour an- nuler le jugement des Baillifs ou Sénéchaux qui avoieiit malveiié. De-là clf venue encore la coutume de les condamner en l'amende quand leur jugement étoit callci cequieii prclcntement aboli. Les lentencesiur l'appel ne lont plus examinées que par les griefs ti- rés du tond du procès , & le Juge n'eft point retpon- iable d'avoir mal jugé, pourvu qu'on ne lui puille im- puter au>;une fraude perlonnelle. Lois. Un adfe A' ap- pel ell une lunple déclaration de l'appel qu'on inter- jette. Rehef d'appel^ efb une lettre de Chancellerie qu'on obtient pour faire alîigner fa partie lur Yappel qu'on a interjette. On peut aulli relever Ion appel par une requête lur laquelle on obtient un arrêt , qui dé- clare que l'appel eft tenu pour bien relevé, jîppel de deni de Juftice , eft la voie de le pourvoir devant un Juge iupéneur , quand l'inférieur retuie de juger un procès. L'appel c^mme de Juge incompétent , quand un Juge na pas pouvoir de juger en telle matière, ou entre telles perlonnes. i'Appel de DENI DE RENVOI ell Un appel qui s'inter- jette d'ruie lentence eu ordonnance rendue par un Juge incompétent , au préjudice du renvoi , qui lui avoir été demandé. Appel à mimma , eftlorlqu'en matière criminelle, où il échet peine aftliétive , le Procureur du Roi appelle au Parlement, eftimant que la peine eft trop légère , par rapport au crime. /ppEL EN ADHÉP^ANT cft cclui que l'on joint aux ap- pellations antérieiuement interjettées : ôc l'on le lert aulli de ce terme dans les appellations incidentes. Appel d'une taxe de dépens eft celui qui clf inter jette de la taxe qui a étc faite des dépens. Appel verbal. P'oye:i[ Appellation verbale. Appel incident , ou Appellation incidente eft celle qui s'interjette pendant le cours dun procès ou d'une inftance. Dict. de FerriÉres. Appel comme d'abus , c'eft l'appel qui s'interjette en cour laïque des lenrences & des jugemens rendus par i'Evécfue, ou par Ion Oflicial. Quand les Officiaux te contiennent dans les bornes de leur juridiétion , le. appels qu'on interjette de leurs jugemens, s'appellent appellations à Vorduiaïrc^ &:. on les relève devant le^ Archevêques, enfuite de\ant les Primats, d<(: enfin de vant le Pape j qui d^^lèguc des commidaires ïn parti bus, defquels il y a encore appel au PapCj jufqu'icc qu'il y ait trois ientences conformes. Après quoi les appels ne lont plus reçus en juridicHon eccléllalh- que. Mais quand ils ont jugé contre les libertés & pri- vilèges de l'tclife gallicane •, ou quand ils entrepren lient lur la Juftice téculière, contre les faints Décrets & Canons reçus en France , Concordats j Édits , & Arrêts, on appelle comme d'aiusaa Parlement. L'ap- pel comme d'abus cft toujours reçu , quand il y auroit trois Ientences conformes auiquelles on au- roit acquielcé; alors le miniftcre de MM. les Gens du Roi , comme les plus intérelfés à la manutention du bon ordre, eft néceiraire, parce que le fait des parti- culiers ne peut préjudicicr au droit public. Le Prélident le Maître &: Pafcuier ont écrit de ces ap- pellations ; & depuis Févrct , Avocat à Dijon , en a fait uii ample volume. On tient que l'appel comme d'abus a été in-i-enté par Pierre de Cugniéres, Avocat- Général du Parlement, que l'on connoît à Paris fous le nom de Ma:tre Pierre de Cugnct , par un abus du peuple, cui a mal prononcé fon nom. Juger ncncbilant l'cppel, fc dit des fentences qui s'e- xécutent par prcviilon j &: iaiis avoir égard a Vcp- Tomc /. A APP 417 pel de l'une des parties; cela fe fait dans les ma- rières provifoircs , & quand il y a du péril dans le tctardemcnr. Mais le Juge ne peut pas ordonner que la lentence fera exécurée nonobftant l'appel , quand le grief n'eft pas réparable en définitive. Juger ians appel, c'eft juger prélidialcment , 6c en dernier rcllorr. Juger à la charge de l'appel ^ c'elt juger à l'ordinaire. Le Juge à quo , c'eft celui qui a donné la lentence , de l'examen de laquelle il s'a- git : & le Juge d'appel , ou ad quem , c'eft celui qui i'annulle ou qui la confirme. Un appel défert , c'cfl celui qu'on a manqué de relever dans les trois mois. L'appel eft un remède de droit. L'amende or- dinaire du fol appel eff de douze livres. Caufes & moyens d'appel , c'eft ainli qu'on intitule les écritures qu'on fournit lur l'appel , quand la caufe eft appoin- tée enCourfouveraine. On appelle aulîi, CauCc d'ap- pel, une Caufe pendante à l'audience. L'appel d'une caufe le dit , quand les parties ou leurs procureurs font appelés à laudicnce pour plaider. A l'afpel de la caule, l'avocat a tait une remontrance, laul de Samolate , condamné & dépofé au fécond concile d'A.ntioche en 272. ne voulut point céder la mai- Ion épifcopale à Dcmnus , qui avoir été élu en fa place , & il eut recours à l'aurorité de l'Empereur contre la dcciiion du concile ; en cela il donna le pre- mier exemple de tes appels , qui mettent aujour- d hui l'Égliie Lus la paiftance des Rois Se des Ma- giftrats. GoD. Les Donatii^LCS condamnés dans un con- cile tenu a Rome en 313. en appelèrent de même à l'Empereur, qui en fut fcandahle, ccnrme d'une .au- dace de fureur enragée qui les portoit à l'appel, ainfî qu il k pratiquoit dans les caufes des Gentils. Ce .font fes termes. Id. Ils appelèrent encore du concile d'Arles l'année luivaute. Id. Et ce font là les premiers exemples des appels de la Juftice cccléliaftique à la Juftice fécuiière. Appvl cft aulli le cartel, ou le défi qu'on fait à quel- qu un pour te battre en ducL Provocatio ad Jingu- lare ccrtamen. C'eft maintenant un crime capital de faire un appel. AppELcft audi le lignai qui tefaitpour la montre ou revue des troupes , ou des ouvriers, lort(.;u'on veut connoi- tre ceux qui font préfens , ou lortqu'il les faut payer. Appellatio , Nominatio. il le dit de la vifite que le lergent de temaine fait des chambrées, appelant chaque toldat par ton nom, pour s'airàrer s'il y cft. Le tergent de femaine doit faiietous les jours lïoisap- pels ; le premier de grand matin , le fécond avant la fermeture des portes, qui eft l'heure du fouper des toldats, & le troificme après la retraite battue. Il doitles faire chambrée p.irchambrée , appelant , ton contrôle à la main les loldats les uns après les autres par leurs noms les obligeant à répondre eux-mêmes. Eombelles. Il n'é- toit pas à l'appel , il a été piqué , ou rayé du rôle. Pour recevoir fes rentes à l'Hôtel de Ville , il faut être à \ appel, finon on eft remis à un autre jour. JCF Appel, dans l'art militaire , fe die encore d'un lignai qui fe fait avec le tambour ou la trompette, pour al- fémblerles foldats. Battre l'appel ^ Jignum., clajficum. cancre. ^fJ" Appel, en termes de chatTe. Manière de fonner du cor pour animer les chiens. Appel , en termes d'cfcrime , eft une feinte ou un temps fiux qui te fait hors de la meture j à delî'eia d'obliger l'ennemi d'attaquer la partie que l'on dé- couvre , & pour tromper celui qui ne connôit pas la mefure , & qui poufte à tous temps. AsgreJJlo fimu- lata. L'appell'c peut pratiquer du pied, du corps , & de l'épée, par chacun de ces mouvemens en particulier , & par tous à la fois, en un, en deux , ou en trois temps j, toit par-deffus, toit par dellous, en dehors , ou en dedans ; en engageant , ou en dégageant l'épée , enforre qu'on pratique tous les mouvemens contraires à ceux de fon ennemi. APPELLANT j ante. adj. Terme de Palais , le dit de ceux qui vont à une Juftice tupérieure fe pjaindre- d'une fcntence qui leur porte préjudice. Il eft touvcnt employé fubftautivemeiit. Il eft oppofé à intimé, qui H h h ij 4^3 APP eft celui qui défend le jugement. Il eft appelant de ccctc fcntence ; appdlanz comme de Juge incompé- tant ; appelant comme d'abus. On dit provcibialcmcnt, qu'Un homme a un vifage d'appelant,^ quand ilrclè.xde quelque maladie, ou qu.uid il a louftert quelque grande perte , ou a'dliction qui lui a beaucoup changé le vilage. Appelant. On donne eommmunément ce nom à ceux qui ont appelé de la Conlbtution Unigenitus au lu- tur concile. Appelant, terme de challe fe dit de ces oileaux qui fervent pour appeler les autres , & les hrire venir dans les filets. Avis illex. On dit auili appeau qui eit moins uiité. {CT APPELER. V. a. i' appelle ^ tu appelle , il appelle , nous appelons , vous appelé^ j ils appellent ,]' appe- lais. J'ai appelé. J'appellerai. Nous luivons cette or- thographe par déférence pour l'Acadcmic. Plulicurs mettent deux //partout. Appeler , c'cft dire le nL.m d'une choie ou d'une perlonne. Appellare , nomi- nare. Comment appelez-vous cet homme ? Je ne lais comment on appelle cette plante. Vous \'appellere\ comme il vous plaira. ^fT Appeler lignifie aullî défîgncr une perfonne ou une choie 5 par une qualité bonne ou mauvaile. On ne doit pas c^pc/er char' table, celui qui prête avec intérêt. Cet homme eft lincère, il appelle toutes les choies par leur nom. Que de pleurs vont couler! De quel nom Ja douleur me va-t-elle appeler? Racin. ^^ Dans ces deux acceptions, appeler eft aufTi réci- proque. Comment vous appelé-^ vous? je vî^ appelle Louis. Cela s'appelle fohe en bon françois. Nomi- nari , nuncupari. ^Zr Appeler lignifie quelquefois fimplement, fur- nommer^&i le dit principalement deslurnoms qu'on donne aux perlonnes illuftres. Alexandre qu'on ap- pelle le Grand. Denys appelé le Tyran. Ç3" Appeler & nommer, ont une idée commune; ils en ont aulîi une qui leur eft; propre. On nomme pour diftinguer dans le dilcouis. On appelle pour faire venir dans le befoin. Syn. Fr. Le Seigneur ap- pela tous les animaux , «S: les nomma devant Adam , pour l'inftruire de leurs noms. Tel eft lelens du texte hébreu. Il ne faut pas toujours nommer les chofespar leurs noms , ni appeler toutes lortes de gens à Ion le- cours. fcCT Appeler ( terme de m.aître d'école ( nommer les lettres d'un mot, afin de le hre & de le prononcer. Ap- pellare litteras , enunciare litterarum elementa. U eft peu en ulage. On dit épeler. 5pCr Appeler , prononcer à haute voix les noms de ceux qui doivent fe trouver à certaine heure pour quelque choie, à quelque montre, à quelque re- cette. Ce foldat ne s'eft point trouvé à la montre quand on l'a appelé. Ce rentier n'a point répondu quand on l'a appelé. Il ne recevra rien aujour- d'hui. %fT On dit à peu-près dans le même fens , ( en terme de Palais) z.ppeler une caule , lire tout haut le nom des parties pour qu'elles viennent plaider. Citation qui fe fait à l'audi-ince , lorlque la caule doit être plaidée. Caufas agendas citare. On vient d'appeler votre caufe. La caufe lera appelée à tour de rôle. ÇCT Appeler fignifîcaulîî citer en jugement , en témoi- gnage. Appellare, vocare in jus. On a mis fur la re- quête , foit partie appellée. On l'a alîigné, appelle en témoignage. ifT Appeler, fe pourvoir devant un juge fupcrieur, quand on prétend qu'on a été mal jugé par un juge inférieur; réclamer Ion fecours i5c fon autorité, pour réparer l'injuftice qu'on prétend avoir été faite. Pro- ' vocare ad fuperiorem judicem, ad fuperius tribu- nal. $3" ArrELER. d'une fentence. /^/yr/fr comme d'abus. APP Appeler covaxut de juge incompétent. Fbye^ Appel. Dans cette acception li eft neutre. §CF On dit encore au Palais , appeler en adhérant ^ quand on appelle d une féconde lentence rendue par le même Juge en exécution de la première , au préju- dice de l'inftancc pendante devant le Juge iupcrieur. |Cr Ondit figurénient, quand on reclame coiitre quelque propolition ou lentence que quelqu un a avancé , qu'on en appelle. Appellare ah ahqud re ,fententiâ. Quand on eft condamné par les autres, il ne faut point en ap- peler fièrement devant loi-même. b. Evr. i^ Appeler, le fervir de la voix , ou de quelque figne pour faire venir quelqu'un , cbhger quelqu'un à s'ap- procher. Vocare , evocare. Appeler fes domefùa^ues. Ne ^ou\2i.nx.\' appeler de la voix, il \ appelait encore de la main. ^C?" Appeler , fe dit aufïï du cri dont les animaux fe fervent pour faire venir à eux ceux de leur elpècc. Le mâle appelle la femelle. La poule appelle les pouilins. §3° Appeler, fe dit pareillement de toutes les choies dont le fon fcrt de ligne pour qu'on le trouve en quel- que heu. Les cloches appellent àl'Eglifc. La trompette appelle au combat. fer Appeler en duel. Défier , provoquer à un combat Imgulier. Provocare adjingulare certamen. Autrefois les braves tiroient vanité de s'appeler en duel pour la moindre chofc. Mais les Ordonnances de Louis XIV ont réprimé cette barbarie. §3° Appeler , faire l'appel , en termes de guerre, c'eft une des batteries du tambour. 03° Appeler, invoquer. Invocare , implarare. Appeler Dieu à fon aide , implorer Ion alîiftance. 03" Appeler, mander .faire venir. Appelerzu Confeil, dans le propre , c'cft y mander. On a tenu un grand confeil , où tous les Princes ont été appelés. Figuré- ment, c'eft écouter , conjulter , déférer. En tous les myftcrcs de la religion, h nous ne voulons nous trom- per , il ne faut point appeler notre imagination ai» conleil. Audire , in conjilium adhihere. (fT Appeler , fe dit encore pour faite monter, faire paj-» venir à quelque chofe de grand. Evehere, Quoi! vous à qui Néron doit le jour qu'il refpire. Qui l'ave\ appelé de Jt loin à l'empire. Racine. §3" Appeler , fe dit figurément de tout ce qui excite , qui oblige de le trouver en quelque endroit , pour quelque choie que ce puille être. J'irai où l'honneur m'appelle. Mes affaires m'appellent ailleurs. §3° Appeler, le dit encore des inlpirations que Dieu nous envoie, & des marques , foit intérieures , foit exté- rieures, par lelqucllcs il nous fait connoître quelle eft la volonté. Incitare ,Jiimulare. Il ne faut point rélif- ter quand Dieu nous appelle. Dieu appela S. Paul à l'apoftulat. |CF II le dit par cxtcnlîon du penchant que l'on a pour un état, plutôt que pout un autre. Cet homme n'jau- cune dilpofuion pour la guerre; il n'étoit point appelé à ce méticr-là. Acad. Fr. 1^ On dit proverbialement d'un homme qui eft libre en paroles, ou qui eft trop franc , qu'ûappelle les cho' , fes par leur nom. I/CJ" On dit ptoverbialement & figurément d'un homme qui s'en va lorfqu'on veut le retenir , qu'il eft comme le chien de Jean de Nivelle , qui s'enfuit quand on \ appelle. Cela s'appelle , pour cela veut dire , cela li- gnifie , n'ert bon tout au plus que dans le dilcours fa- milier. On dit en termes de chafte, qu'un chien appelle en faux, quand il aboie, & clatit où les perdrix ont été, & à la rencontre du frai des perdrix. Appelé, iE. part. A la Chine, la quaUté d^ Appelé à la Cour par 1 Empereur , eft aulîî conlidérable que celle d'un Envoyé. P. Le Comte. tfT Appelé , le dit en pailant du miftère de la Prédefti- nation , luivant l'exprellion de l'Ecriture ; beaucoup d'appelés, peu d'Elus. Multivocati j pauci verb eleSi. Voyez Prédestination. Appelé , rapporta. Pour entendre ces termes , U fauî ■ APP obfcrvcr que quand une caule du lôle ell: appelée. Il l'Avucatdcla parue adverlene le piclentepas poui plaider, l'Avocat piclent demande dehiur s'il eil appe- lant, ou congé , s'il cil inilituc. Sur cela le Piclidcnt ditj fû.iies-hdfp£/cr&.rjpporti:r j ce que l'Avocat ou Procureur doit taire par un huilîler,auquel il donne un mémoire pour cet elîet. %fT Après quoi il appelle le détaillant à la barre de la Cour, & revient taire (on rapport, lur lequel le dctaut le prononce. C'ell cet appel (^ le rapport de Ihuiiricr, qu'on noniine cppcl- U y rav porte. APPELLATIF, adj. f^ Terme de Grammaire. AppeA- ladvus. Nom appeilatit eft un nom commun don- né à pluticurs êtres particuliers , a caule des qua- lités comnuir.es , par lelquels ils te rellemblcnt. Il elt oppoié au nom propre. ffT 11 y en a de deux fortes, ceux qui conviennent à tous les individus de ditlercntes elpèces. Arbre con- vient a tou^ les noyers, pêchers, pruniers, poiriers , &c. Ces noms appellacijs (ont des noms de genic : les autres ne conviennent qu'aux individus d'une ei- pèce comme noyer, poirier, puinier, àc. Ce (ont des noms d'etpèce. APPELLATION. C. f. Plainte qu'on fait devant un Juge lupericur d'uiic (entencc ou ord-.^nnance qu'on pré- tend mal rendue par un Jui;e inférieur. Appellaûo. C'eft pre(que la même cho(c c^'appcl. Néanmoins ces mots s'einpl„>ient diliéiemnient. Ln général, l'ap- pel ne le die gu.-re qu'au iir.|^ulicr , (!^ appellation {c dit au fingulier & au pluriel : comme la Cour a mis {'appelLitLon au néant , ce qui n'eft pas permis aux Juges inférieurs ; tk c'eft une voie moyenne de prononcer entre le bien & le mal jugé, que le Parle- ment s'eft rélervé-, & même Palquier remarque que cela ne tut permis aux Enquêtes que le 8 Janvier 1421. On dit aulii , nonobftant oppcfitions ou appellations quelconques. Le IIC^ Canon du concile de Sardiquc , tenu en 3 47 -, approuve les appellations au Pape. Il y a quelques pluales particulières où on (e (ert (eule- ment du mot A' appel : comme Juge A'appdj relief à'appeJj toi appel j en cas d'appel. On a joint cet in- cident à l'appel. Autrefois en France, de quelque Juge que ce fut, on ne pouvoit appeler ^\.i'^.u Roi. Si l'appd étok bien fondé, Icjugcétoit re(pon(ablc des dommages , frais & intérêts. Si l'appel étoit mal fondé , l'appelant étoit condamné à l'amende, s'il ctoitNoblei autouet, s'il ne l'étoit pas. Le Gendre. Aptellation verbale ell l'appel qui s'interjette des (entences prononcées à l'Audience ; & elle ditfcre de l'appel des (entences données par écrit (ur production des parties : ce qui s'appelle procès. Appellatio voce prolatâ.Cc Procureur a conclu (ur l'appel, joint les appellations verbales. Appellation omijfio média, ne fc fait ordinairement qu'en matière criminelle. En matière criminelle l'ap- pel de tous JugC5, même des juges Seigneuriaux, qui rellortillcni immédiatement à un autre Juge intérieur, \a,rec}à au Parlement , omi[fo medio , (ans palfer par les Juridiélions intermédiaires. Il en eft de même de cer- taines a^'^tZ/jr/o/zj en matière civile, qui (ont portées au Parlement, omijjb medio, comme en appellation de déni de renvoi & d'incompétence , &c. Dict. de Ferrie R.ES. ^CT On dit aulîî appellation des lettres, pour dire l'ac- tion d'cpeler. Il n'eft guère d'ufage. APPELLES, (".m. Terme de Fleurifte. Bel œillet, violet brun (ur un fond blanc , qui porte très bien (es feuilles. Il vieirt de la graine recueillie de l'orfeline. Sa plante eft délicate , il poite neammoins une tleur allez large. Il lui faut laitier tiois boutons fur le montant. Cult. DES Fleurs. APPENDICE, f m. Terme dogmatique , qui fe dit d'une choie qui eft dépendante, ou comme une fuite nécellaiie d une autre. Appendix. La milère «is: les douleurs font les appendices de la vie. Dans ce fens il eft pu icment latin. On le dit plus ordinairement des annotations , ou traités qu'on met après quelques ouvrages , qui en contien- APP 419 nent quelques explications , ou quelques fuites ou dépendances. Ce n'eft pas allez d'avoir lu ce chapitre , il taut voir l'appendice qui eft au bout. C'eft comme lupplcinent. Appendice , en termes de Médecine, le dit d'une partie qui eft en quelque taçon dctachcc d'une autre partie , à laquelle cependant elle c(t adhérente ou continue. Il va des jjP/JdWificejmembranculesde diverfes tigures dans la plupart des parties intérieures du corps. Le cœcum a une appendice en forme d'un ver oblong , laite de la jonction des trofs ligamens dacolon. Elle eft plus grande aux enfans nouveaux nés, qu'à ceux qui font avances en âge, ce qui cmbarafle extrême- ment les Anatomiftes à fe déterminer lur (on u(age. DioNis , qui, comme l'on voit, fait appendice fémi- nin. Le colon, au défaut du méfentère, eft arrofé par pjuiieurs petites appendices graifl'eufcs. Id. ifT Prc(que tous nos Dictionnaires fran^ois font le mot appendice du genre mafculin. Le Diél. de l'Acad, Fr. en parlant de l'appendice vermiculaire, remarque que ce mot eft féminin au pluriel. J'aimerois beaucoup mieux le faire du genre féminin tant en littérature qu'en anatomie, au (îngulicr & au pluriel. Cet ufagc même paroit plus général. APPENDRE. V. a. ïappens, j'appendis, j'ai appendu > i'appendrai. Pendre , attacher quelque chofe dans un égli(c, ou dans un temple. Appcndere. Il appendit à Neptune les dépouilles des ennemis. Ablanc. Vous voyez un homme qui a appendu les chaînes au tem- ple de la liberté. Saraz. Il ne fe dit guère que des choies que l'on o(Fre,que l'on con(acie dans une égliie , dans un temple, en (igné de rcconnoiilance. APPENDU , UE. part. Appcnfus. Qui pend , qui eft attaché dans quelque égh("e, ou dans quelque temple. Les dépouilles appendues de nos ennemis difeiit allez quelle a été notre viéloire. APl'ENS. Foyei Apens. APPENSER. V. n. Vieuxmot hors d'ufage qui fignifîoit faire quelque choie après y avoir bien pcnfe. Rem ali- quam confulto ac deliberato animo facere. Il ne nous en refte que fon dérivé. Guet apens , ce qui fe fait d'un propos délibéré. f-^oye\ Apens. APPENTIS. (. m. Petit bâtiment appuyé contre un plus élevé , ik dont le toit n'a de pente que d'un côté. Ap- pendi.x Adificïi. On fait des appentis à la campagne pour mettre à couvert les charrettes & charrues. C'eft une elpcce d'angar. l'Appentis, chez les Charpentiets , fc nomme, comble à potence , ik eft ccmpofé d'une demi-ferme , qui condfte en un tirant porté fur les murs, lequel eft af- (emblé , un poinçon , une force , une contrefîche pareil- lement alfemblce dans le corps de la force & du poin- çon. Columen, culmen. Du Cangc dérive ce mot de pentitium. APPENZEL. Abbatis cella. Gros bourg de Suilfe, fur Li rivière de Sinter, à quatrclieucsdc la ville de S. GaL Ce mot fut ("oimé par corruption du latin Abbatis cella j le cellier , ou plutôt la cellule de l'Abbé. Il fur ainlî appelé , parce qu'il dépendoit de l'Abbé de S. Gai , & que c'étoit une mailon de campagne de cet Abbé. Appen^cl fe racheta de la (ouvcraineté de cet Abbé en 1408. Le canton à'Appen:^el,AbbatifcellenJîspagus ; c'eft un des cantons luiflcs , ou l'une des treize républiques qui forment la république générale des Suilles. Il prend (on nom du bourg A'Appen:;el , qui en eft le principal lieu. Il a au nord l'Aboaye de S. Gai , au couchant le comté de Toggemberg , au midi le comté de Sargans , au levant le Khintal. On le divife en deux parties , l'intérieure &: l'extérieure. Le Canton éîAppeni^elncû. entré que le dernier dans la confédération des Suilfcs en 1515. APPERCEVABLE. Foye^ Apercevable. APPERCEVOIR. Foyei Apercevoir. APPERT. Foye:; Apert. APPERTEMËNT. Foyei Apertement. gCF APPESANTIR, v. a. Rendre moins propre pour le mouvement j pour l'aClion. Aggravare , prdgravare. La 430 APP vieilleire, roifivcté, hmolzdâe appefantijfent^ccov^. Hcbctarc corpus. _^Cr Dans un fens figuré , en parlant de refprit & de fcs fonctions, c'eft le rendre moins vif, lui oter une par- tie de Ion feu, de la vivacité. Fires mjringere , acïcm hebctarc. L'âge appefandt l'efprit. Les nécellkés de la vie préfente appefantijj'cnc rcfpLit , quelque aftif & ■pénétrant qu il foit. INicol. ^fT On le dit encore dans un lens figuré, en parlant de la colère de Dieu Ik. des châtimcns que fa judice in- flige Mxx pécheurs. Diea appejantït quelquefois (on bras , la main fur les coupables. 'SJS' Il cft aulH réciproque. Dans le fens propre , c'eft de- venir plus pcfint. Ingrave fccre , gravarL Le corps s'ap- ■ pefaniït avec l'âge, & par l'oifiveté. On dit que la main d'un Chinugien , d un Artifte sappcfantic ^ pour dire qu'elle devient moins légère , moins propre au tra\'ail. Les paupières commencent à s'appefantir j pour dire que l'envie de dormir fait fermer les yeux, So'mno gravantur oculï. $fF Au iiguré , l'elprit s'appefancit avec le corps. La main de Dieu s'appefantit fur les coupables. Bailer la main de Dieu loilqu'elle s appefandt lurnous, c'cll le moyen de la trouver plus légère. ^3" On le dit aulll d un Auteur qui fait un long & cn- nuyaix détail des chofes indifférentes & minutieulcs. Cet Auteur charge trop fes defcriptions , & 'Sappefan- tit (ur les détails. fer APPESANTI, lE. part. Il a les fignifications de fon verbe. Appejanti par les années. Gravis annïs. Yeux appefamïs par le iommeil. Somno gravati y nacames ocuii. Apptfand par l'oifiveté. Odo languefcens. Ef- prit appefand. Hehetatus. Ces mots viennent àç pondus ^ poids. APPESANTISSEMENT. f. m. v. L'état d'une perfonne appefantie, (oit de corps , foit d'efprit, par l'âge , pai la maladie , par le (ommeil, &'c. Il ell dans un grand appefandjfement. Appcfantilfement d'elprit. Acad. F. APPÉTENCE, i. f. Terme dogmatique, pour exprimei l'adkion d'appéter ou de tendre. L'apps'tencc des corps à leur centre. Il n'a guère d'"ufage qu en Fhifiquc. APPÉTER. V. a. Terme dogmatique. C'3" Defirer par inftind: , par inclination naturelle , indépendamment delà railgn. Etre naturellement porté à quelque chofe appetere. Les corps graves appéiem le centre. L'inl tinét naturel des animaux fait qu'ils n' appâtent qui. les choies qui leur font propres. Les Médecins d'fent L'eftomac appéte cet aliment , il appéte certain ra goûti pour dire , il déjîrc. Ce mot ell fort peu en ufage, excepté dans les matières phyliqucs. Le c de la ieconde fyllabc le prononce fermé. La plus grand' part appéte grand avoir ^ La moindre part fcuhaite grand favoir. Marot. Appéte . ée. part. Appeduus. APPÉTIBILITÉ. f. f. Terme de Philofophie. Défir par inftiné!-. , par inclination naturelle , indépendamment de la railon. Vous voulez peut-être favoir , dit Pan- crace à Sganarelle, fi l'elFence du bien eil mife dans VappétihiUtéj ou dans la convenance. Molière. A/iî- riage jorcé jSc. ^. |;X? C'eft un vieux mot fynonyme d'appc'tence ■, dont l'ufage cil aullî très-borné. 'APPÉTISSANT , ANTE. adj. Qui réveille l'appétit. Appetentiam j aviditatem fui excitans. Les ragoûts , les grillades , /ont des mets fort appe'tiffans. Appétissant, ante, fe ditaulliau figuré, & fignine, qui plait aux yeux , & fait naître des defirs. IIUclIvo- fus. Que vos dents font amoureufes , & vos lèvres appétiffantes ! Mol. ?,fF Une jeune fille avec de la fraîcheur & de l'embonpoint efl fort appctiffante. Appétissant, ante, ell aulfi un gérondifdu verbe appetiilcr, dans le fens, devenir petit. L'on ne doit point mettre d'accent fur le premier e j parce qu'il cft muet. Ainfi il faut prononcer comme s'il y avoir ap- dffant. Il fignifie, qui s'appetiffe , qui devient plus petit. Quod minuitur , contrahuur j deçrcfcit. Saint Ainand a dit dun fionLage: APP Pourquoi toujours j'appctiiruit De lune devient-il croijjant ? APPETISSEMENT. Foyei Apetissement. APPETISSER. /'oycr Apetisser. APPETIT, f. m. Paillon de l'âme qui nous porte à dé- lirer quelque chofe -, faculté interne ,par laquelle l'âme ell émue èi al^eélée en vue d'un bien quelle louhaite , & d'un mal qu'elle appréhende. Pars animi qu£ ap- pétit us habet. hc^ appétits charnels, lenluels. Volup- tates. En Philofophie on n'admet que di:ux appétits ; le concupif cible , qui nous porte a fouhaiter & a cher- cher le bien , vis concupij'cendi ; de l'irafcible , qui nous porte à craindre & a éviter le mal, irafcendi. Le Sage commande a les appétits déréglés. Cupiditates animi compriinit. ifT A cette diflinttion de l'école , on en fubflitue une autre plus utile entre Wippetit fenfitif & l'appétit rai- fonnable. L'appétit fenlitit efl la partie inférieure de la faculté appetitive de l'âme. Cet appétit naît de l'idée contufe que l'âme acquiert par la voie des fens. Je bois du vin que mon goût trouve bon-, & le retour de cette idée que mon goût m'a donné , me fait naître l'envie d en boire de nouveau. C'eft à ce gciuc âi appétit que fe bornent la plupart des hommes ■■, par- ce qu'il y en a peu qui s'élèvent au-deflus de la région des idées conlufes. C'eft la lource de toutes les paf- fions. ^'fF l'Appétit raifonnahlc , efl la pattie fupérieure de la faculté appetitive de l'ame , iSc elle conflitue lavo- , lonté proprement dite. Cet appétit eAl'incïmaùonAe l'âme vers un objet à caufe du bien qu'elle rcconnoît dillintlement y être. Le motif ou la raifon fuftilante de cet appétit J, eft la repréfcntation diflinéte du bien attaché a un objet. Appétit, le dit plus particuhèrement de la faim, du défir de manger. gCF Appétits corporels. Défirs qu'ex- citent en nous les befoins du corps, tels que l'envie démanger , de boire, &c. Quand le corps eft preflé par la faim , la f oif , &'c, Cibi appetentia j aviditas. Ce malade a perdu l'appétit j il a un appétit déréglé. Les falines excitent l'appétit. On dit, chercher fcs ^^* petits, pnendie les appétits, pour dire , choilirles vian- des, les ragoûts pour Icfquels on a le plus d'appétit. Acad. Fr. On appelle populairement certaines vian- des , del' Appétit , comme les harengs faurcts, l'écha- lotte , les raves , 6'f. Le mot d'appétit , pour dire , ha- reng faur, n'eft guère en ufage que parmi le menu, peuple de Paris. Les Traiteurs donnent aufli ce nom à, de petites herbes fines , dont on aflailonne les falades , & ditfércns ragoûts; ces herbes font le cerfeuil, la ci- boulette, &c. Pain dérobé réveille /'appétit: A tout pécheur la loi qui l'interdit Eft un attrait , eft. une rocamhole. D'aller vers là , de revenir ici , Eft-il permis? Quand on leveut ainjî^ On s'enfoucie autant que d'une obole ■ Mais que la loi dife , Je le défends , Nous y courons , & notre cœur y vole. Du CERCEAtr. On dit adverbialement & populairement , à l'appé- tit d'une telle fommé cette affaire a manqué ; c'eft-à- dire, pour avoir voulu épargner quelque chofe, pouc ne l'avoir pas ioxitme. Huj us rei gratia, causa. Appétit , fe dit proveibialemenr en ces phrafes. Cet homme a toujours bon appétit. %CF C'cfl un cadet de haut appétit 3 pour dire, qu'il trouve tout bon; &au figuré , qu'il a beaucoup d'avidité pour le bien, C'eft un appétit de femme groire ; c'eft-cà-dire, un appétit bifarrc, ou d'une perfonne dégoûtée. Changement de corbillon donne (7^/7t''fir de pain- bénit. Vous avez l'ap- pétit ouvert de bon matin; pour dire , vous defirez trop tôt une chofe. Il n'eft fauce que d'appétit : pour dire, que la faim fiit trouver bon tout ce que l'on mange, ou que l'appétit eft la meilleure fauce qucl'ori puill'e avoir. On dit aulH , qu'en mangeant l'appcdt APP vient, pour dire, que plus on en a, i^ plus on en veut avoir. Ce proverbe vienr d'Amiot , Evcque d' Auxene , qui ayant dit d'abord au Roi Henri III , que (on ambi- tion etoit bornée , : qu'il ("e contentoit d'un petit bé- néfice, qu'on luidoana alors, nelaillapas de deman- der l'évcché d'Auxerrc. Et comme le Roi lui lepro- cha que cela étoit contre fes premiers fentimens , il répendit: Shc,l'ûppent\iem en mangeant-, ce quia été dit depuis en toutes lorres d'occafions. Il cli: de- meuré fur Ion appc'cu ; pour dire, iln'cft pas pleine- ment latisfait, ralialié. APPETITION. f. £ C'eft la même chofe q\ïappé[:t,en tant qu'il fignifie une pallîon de l'amc. Les appeùtions tout des pallions qui nous font deluer ou craiftdre cer- taines choies. La connoilfance de ce qu'il nous faut faire ou ne pas faire, ne luffitpas : il taut encore que les défîrs foient bien réglés ; c'eft ce qui engage notre Auteur (M. Gundling (à traiter des appétïtions ou pallions hiumaines. Hiftoire iucérairc de l'Europe , Tom. V. Mal ijij. p. ^ISSEMENT, f. m. Approbation marquée paC des battemcns de mains, par acclamation ou de quelque manière que ce luit. Plaufus , applaufus. Chercher , donner _, recevoir des applaudillemens. Les Tragé- dies de Corneille ont eu un applaudï[fement uni- vcrlel. Le Prince a fait fcn entrée avec de grands ^7/7- plaudiffemens. Cette valeur indifcrère , emportée, qui cherche le danger pour le danger même, n'a pour but que les applaifdiffemens dts hommes. Bell. Le fage ne fe rcpait point des applaudiffemenj du vulaiaire. APPLAUDISSEUR. f. m. Qui applaudir. Ce motcft^lou- veau. Les ouvrages dignes de mépris trouvent enfin de nombreux applaudijjeurs , qui peu à peu fe font familiarilesavec le médiocre & le mauvais. La tragédie d'Abcnlaïd, par M. l'Abbé le Blanc j a eu un fuc- cès qui fait en quelque forte autant d'honneur aux AppLiudïJfeurs qu'à l'Auteur mcme. Olfcrv. fur les écr. n:od. ffT APPLERY rover apleby. APPLEDCRE , ville d'Anglcrerre. Appledora. Elle eft dans le comté de Kent, fur la rivière de Rhoten, au nord du château de Khyr. APPLÉGÉ, ÉE. adj. Terme de Dioir. Dénoncement ap- plégé , eft un dénoncement pour lequel on donne plege, ou caution. Accufation appéglée. Voyez les Cou- tumes d'Anjou & du Maine, & le ftyle de Tomaine. Une perfonne bien applégce , eft une perlonnc bien cautionnée. APPLÉGEMENT. f. m. Terme de Coutume. Adion,ou aéte, par lequel on donne plege ou caution. Satifda- ê tïo.lnjîrumentumfatifdationis. Voyez l'ancienne Cou- tume d'Anjou. Au premier livre des Etablillcmens de France , les applégemcns ôc contïn-ci^plégcmens font exphqués de cette manière: Si aucun* hom vient à fou Seigneur, ioit Gentilhommeou Courumiets, pourquoi li Sires ait vocrie en fa rerre , & il die : Sire, un riches hom eft venus à moi d'une méfon , ou de pré , ou de vignes , ou de terre, ou de cens, ou d'autres chof'es , & m'a delfaili de nouvelle dclFeifine , que j'ai explaitié au fccu & veu , au fcrvage de Seigneur , en jufques à ores , qu'il m'en a delfaili à tort ik a force , dont je vous pri que vous pregniez la chofe en votre main. Li Sire li doir répondre : Li feré-je fe vous nierez plaiges à pourluivre le plet, à ce que s'il vous a delTaifi à tort & î^fforce, Il comme vous avez dir. Et fe il ne met plei- ges, li Sires n'a mie à dciFailir l'aurre; Se fe il dit: Je vous en mettre volontier bons pleiges, il doir donc les plciges prendre bons & lufHlans, félon ce que la que- relle lera grande; & quand il aura pris bons plciges, il doit l'autre partie mander par certains mefages , 8c li doit dire que cil a mis bons plciges , & que il l'a def^ faih à tort & à force , & de telle chofe , & la nom- mera l'en, je vuel lavoir fe vous mettrez pleiges au deftcndre la; cV le il dift: Je ni mettre ja pleiges, l'en doit l'autre Liiller en la faifine pour les pleiges que il a inins; & ce cil dift: Je i mettre bons pleiges au deffen- dre , que il ni a riens eu , & que ce eft ma droiture, la Juftice li doit mettre jour aus deux parties , &: tenir la choie en la main, jufques cà tant que le quicx que foie ait gaignié la faiiine par droit, Applégement de REFUS DE plÉge. Terme de la vieille pratique du Palais. C'eft fe plaindre au Juge lupéiieur de ce que l'inférieur n'a pas voulu ordonner la main- levée en donnant caution. (fT On entend par applégement , dit Perrière, les corn- plainres qui font intentées pour acquérir ou pour re- couvrer une polTellion. A-^^z APP §3° Le crir\xrt-(jpplé^ement , elt la défenfe du défen- deur, qui le plaint du double qui lui eft fait. ffr Ces mots ne font pluj; d'ufage au Palais , mais fe trouvent encore dans plulieurs de nos Coutumes. APPLÉGER. V. a. Vieux terme de Coutume. Apple'ger àc cautionner un marche, c eft àornicc plége ^ ou cau- tion d'un marché que l'on fait. Ragueau. APPLICABLE, adj. m. & f Ce qu'on deftine , ce qu'on doit appliquer a quelque choie. Avpllcanius ^ addï- cenius. Dans les dcfcnies des Lettres de Chancellerie, on mer toujours, à peine d'amende applicable un tiers à nous, un tiers à lexpolant , & un tiers à l'Hôrel- Dieu. Il faut blanchir & préparer une bordure, avant que l'or foit applicable delfus. Dans un fcns figuré on dit qu'un pailage eft ou n'eft pas applicable au lujet dont il s'agit. 'APPLICATION, f. f. Acèion par laquelle on applique une chofe fur une autre. Applicatio. Application d'un emplâtre. Enfeigner , apprendre l'application de l'ap- pareil. Application d'un remède lurla partie malade. Application , fe dit au figuré. Se fi^iifie , attention de l'efprit à conlidérer un objet auquel il s'attache. Ac- tentio j intentio. Il travaille avec une extrême appli- cation. La poëlîe demande une grande application d'efprit. God. On remarque que ceux qui s'appliquent aux mots & aux embelliilemens , conçoivent les choies moins fortement , parce que leur efprit n'étant pas ca- pable de cette double application ^ ce premier foin af- foiblit la vivacité de leurs penfées. Port-R. Ces el prits profonds , dont la conduite eft le fruit d'une ap- plication chagrine ou laboricuie, laillent lire fur leur vifage l'importance de leurs projets. Les Afiatique^, fuyoient le travail, jufqu'àl'ii^^/ic^riow un peu tendue au dilcours. Perr. Nous ne confidérons qu'avec dé- goût , & fans beaucoup à' application j les idées abl- traites de l'entendement. Maleb. L'application conti- nuelle des Savans à la lecture, les rend diftraits, & les enfonce en eux-mêmes. Bell. Application , fe dit aulli de l'adaptation d'un pafCrge, d'une maxime à un lujet. Accommodatio , traducïio- "L'application de l'Apologue me femble dangereufe. Voit. Cette application me paroît jufte. Application, fignifie aulfi la deftination d'une chofe à fon ulage. ^ddiclio, defiinatio. On fait l'application des lommes ffargent qu'il a laillées par (on teftament. ij^" On dit aulli application d'une Icience à une autre , ufage que l'on hait des principes de l'une pour perfec- tionner l'amtie. Application de l'algèbre à la géométrie, de la géométrie a la phylique. l'Application des mérites de JÉsus-Christ , eft un terme dogmatique, qui lignifie, l'aétion, ou l'acte par lequel Jésus-Christ nous donne, nous cède , nous tranfporte fon droit aux biens qu'il a mérités par fa très fainte vie , & par (a mort & pallîon. C'cft l'appli- cation des mérites de Jesus-Christ , qui nous rend dignes de l'héritage célefte. L'application des mérites de JÉsus-Christ , demande en nous de grandes dif- pofitions. Ce font celles qu'il faut apporter aux Sacie- mens, & que le Concile de Trente explique dans la VP Seffion. IJS" APPLIQUE, f. f. Terme qui défigne une chofe qu'on applique à d'autres dans certains ouvrages. Or d'appli- que. Pièces d'applique. |C? En Orfèvrerie, on appelle pièces d'applique ^ tout ce qui s'aftemble par charnières , couUlfes , goupilles , vis, ecroues, agraftes, cliquets, crampons, boucles, clous ou rivures. Applique, fignifie aulîî l'art par lequel on appHque , on enchâlFe quelque choie lur une autre : comme dans les ouvrages de rapport & de marqueterie , de damafqui- nure. Fermiculatum , tejfellatum opus. APPLIQUEE, adj. f. pris fubftantivement. Terme de Géométrie. On foufentend%/ze. Quelques Géomètres appellent Appliquées , ce que l'on appelle plus com- munément Ordonnées. Ce font des lignes parallèles entr'elles, tirées à tous les points du diamètre d'une courbe, & terminées de part & d'autre par la courbe, ou, comme on le prend plus ordinairement , terminées APP d'un coté par la courbe, &c de l'autre par le diamètre au- quel elles font apphquées. APPLIQUER, v. a. Polcr, mettre une chofe fur une au- tre , enlorte qu'elle y loit adhérente. Admovere j ap- ponere. Il y a plulieurs manières d'appliquer ; comme celle d'attacher avec des Uens , appliquer un homme au carcan , à la queftion -, ou avec quelque matière gluante, appliquer une affiche à une porte , une emplatie fur une plaie, de l'or (ur une bordure; ou avec des che- villes & feriemens , appliquer des moulures lur une menuilcrie ; ou avec de iîmples filets , appliquer une broderie fur un habit, &c. Appliquer , fe dit aulli de ce qui fe fait par un fimple attachement palFager. Appliquer des ventoutes , des fanglues, des cautères. Cucurbitas imponerc , aptare y admovere. Appliquer un louftlet, un coup de pied , des coups de bâton. Colaphum , calcem , fujlem im- pingere. Cette dernière exprelîîon eft tamihère. Appliquer , fe dit aulli en parlant de la deftination d'une chofe à certains ulages ; §3" de l'emploi d'une chofe à l'égard d'une autre. Addicere , dejlinare. Il a appli- qué cette luccelîion à payer les dettes. On applique les amendes aux pauvres, aux prilonniers. Un tel Bénéfi- cier a appliqué aux réparations de Ion Bénéfice l'argent de fes bois. fC? Appliquer , fe dit aulîî au figuré , en parlant de l'ef- prit , apportei une grande attention à quelque chofe. Appliquer fon elprit, ou s'appliquer à la Poëfie , aux Aiathématiques. Se tradcre. §C? On dit ablolumenr d'un homme qu'il Rapplique • pour dire, qu'il s'attache fortement à quelque chofe. Il le dit encore figurément de l'adaption d'un pallage, d'une maxime , & que l'on fait convenir à quelque lujet. Accommodare. Et dans ce lens il s'emploie auiîî _ au réciproque. On peut appliquer tel apologue : tel ■ apologue peut s'appliquer ., & cet homme s'applique bien des chofes qui ne lui conviennent point. Un avare ne s'applique jamais ce qu'on dit en général contre l'a- varice. ^Cr Dans cette acception il fignifie s'attribuer, ou pren- dre pour loi , ou s'approprier. S'appliquer les louanges qu'on donne aux autres. S'appliquer le bien que les autres font. S'appliquer Une chofe qui a été donnée pour les autres. Appliquer, fe dit aulTi en matière de piété , & fignifie, donner , procurer, conrérer. Conferre y impertire. Les Sacremens de la nouvelle Alliance lont des inftrumens du Saint Eiprit , qui icrvent à nous appliquer la grâce. Boss. C'eft aulli par les Sacremens que Jésus-Christ nous applique les mérites, c'eft-à-dire , qu'il nous com- munique (es droits , qu'il nous (ait particirans des mé- rites infinis qu'il a acquis , & du droit qu'il a comme Homme-Dieu, en vertu de fesmcrires, de fes actions ^' de fes fouftrances , aux biens furnaturels de la grâce & de la gloire. Appliquer, s'emploie aulli fouvent avec le pronom per- fonnel , i^- fur-tout parmi les Chirurgiens , & lignifie , le poier , fe mettre. Imponi , accommodari j admovcri. Les bandes &: les comprcires s appliquent mieux étant mouillées. Appliquer, en Aftrologie, fe dit lorfqu'une planète plus légère , ou d'un mouvement plus violent , va à une au- tre plus tardive, ou à (on afpect. La Lune applique à la conjonction de Saturne , îorlqu'elle cil: au premier degré d'Ariès, & Saturne au fixième. APPLIQUÉ, ÉE. part. On appelle abfolument , un hom- me appliqué y celui qui eft fort attaché à l'étude d'une (cience , à une profeilîon , à une chofe dont il fait fa principale occupation. APPLIS. Terme de Coutume. En Brefle , on nomme Ap- plis J les outils que le propriétaire fournit à (on mé- tayer lorlqu'il entre dans fa terre. APPOINT. (. m. Menue monnoie que l'on donne ou que l'on ajoute pour achever une (omme que l'on ne peut faire en groifes pièces. Pour faire cent francs , il faut quatre louis de 24 hvres, un écu de 5 hvres, &un ap- point de 20 fols en monnoie. ffT Appoint, terme de Banque. C'eft la fomme qui fait la folde d'un compte ou le montant d'un article. APPOINTEMENT APP /PPOINTEMEIn^T. f. m. Gages , penfion qu'un grand Seigneur donne pour retenir d'honnctcs gens à (on 1er- vice. Idonea ad \icium cuhumque prxjidia à Principe attrïhuta j ajjiynata. Dans cerre acception , ce mot n'eft employé qu'au pluriel. Le Roi donne de grands appoincemens aux Ofticiers qui le fervent. Il y a cette différence entre gages, & appoïntemcns , que les gages font certains & ordinaires , attribués aux Oificiers par Edits & Patentes , & le payent par les Tréloriers ordi- naires ; au lieu que les appointemens lont des penfions, ou gratifications annuelles que le Roi accorde par bre- vet pour un temps incertain , Po;îT de fac , ou des pièces. C'eftla remitc faite au GretiC d'une Cour lupérieure , en conLéqucnce de Ion ordonnance, des pièces d'un procès inftruit par des Juges infïrieurs dont la juridiction rellortit à cette Cour. L'ade que délivre le Greffier, s'appelle Âcle d'Apport. Appgrt, dans la coutume de Rheims, fignific tous les iiicns, meubles & immeubles; que la femme con- tractant mariage apporte à (on mari : plus tous les biens qui lui (ont avenus par (ucccllîon depuis le ma- riage contracté: enfin les dons de noces que le futur époux ou les parens donnent à la future époute avant la célébration &iolennité des époulailles. Ragueau. En Auvergne , apports (ont des rentes , des revenus. Apport e(t relatif à la choie qui produit des fruits, 3c peut être au(li à celui qui doit ; au heu que le re- venu eftrelatif à celui qui retire du profit d'une chofe , ou à celui à qui il eft du. Id. APPORTAGE. f. m. Peine c^' lalaire de celui qui apporte quelque fardeau. Aveciionis j conveclionis pretium^ merces. fCTIl vous en coiirera l'apportage de vos fa- gots. Terme udté (ur les ports. APPORTER, v. a. Prendre une choie dans un lieu pour la mettre dans un .-viitie. fCT Porter une chofe d'un . lieu plus ou moins éloigné , .au lieu où eft la perlonne qui parle , ou dont on parle. A (ferre j apport are. Ap- porte^ ici ce paquet. Apporte{-moï cette bouteille. T Pt^iter, dit, M. l'Abbé Girard, n'a précil'ément rap- port qu'au fardeau. Appo'-ter venknnc l'idcc du far- deau <:<>: celle du lieu où l'on le porte. Tranfporter à non-feulement rapport au fardeau & au lieu où l'on doit le porter; mais encore à l'endroit d'où on le ptend. Emporter , enchérit par-dclfus toutes ces idées, en y ajoutant une attribution de proptiétc à l'égard de la chofi dont on fi charge. APP ICT Nous faifons porter ce que , par foibleffe ou par bienféancc , nous ne pouvons porter nous mêmes. Nous ordonnons qu'on nous apporte ce que nous (ou- haitons avoir. Nuus failons tranlportcr ce que nous voulons changer de place. Nous permettons à'empor- ter ce que nuus laiilons, ou donnons au:: autres. 0CF Les Crocheteurs portent les fardeaux dont on les charge. Les d<3meftiquesi;/'^orft'«r ce que leurs Maîtres les envoyent chercher. Les Voituriers trarjportent les marchandUes que les Commerçans envoyent d'une Ville dans une autre. Les voleurs emportent ce qu'ils ont pris. Apporter , fe dit aulli des chofes que l'on amène, que l'on conduit. Ce vailleauaa^jporro' des Indes pluiieurs marchandiles. Les Courtiers apportent des lettres. Les torrcns apportent beaucoup de fable & de fange dans les vallées. Apporter, fe dit figurcment en chofes morales, & fi- gnifre, i*^. Venir dire: on nous apporta hier les nou- velles de la perte de la bataille, z". Alléguer: appor- tera-x.-\l fon âge pour excule ? Apporter de mauvail'cs raifons pour fe défendre. Aelanc. Cet Avocat a ap- porté plulieurs lois & autorites pour la defenfe de fa caufe. Il fignifie , j". être la caufe de quelque choie: cette prife apportera de la honte aux vainqueurs. Id. Les dillenrions publiques apportent de grands malheurs. Il faut tacher de regagner dans la vieillelie, par un mérite folide , ce que 1 on perd par le dégoût que l'âge apporte. S. EvR. i;3"Iltignilie aulII employer. Apport erhczvLCOxxp depré- caation , des facilités , des tempéiances dans une af- faire. Adhihere. On dit proverbialement , bien venu celui qui ap- porte , on lous-entend des préjens. On dit d'une femme, qu'elle a tr^^orre beaucoup de bien en mariage , pour dire , qu'elle a eu beaucoup de bien en mariage. Àcad. Fr. APPORTÉ, ÉE. part. APPOSER, v. a. Terme de prati -ue. Appliquer une chofe fur une autre. Apponcrc. Une adjudication (croit rAilIe, il on n'a-zoit appofe des afîichcs aux heux n^'ceiraires. On appofe des fauvesgardes (ur les poires des maifons. Appojer le (ceau, le fcellé. Ohjlgnare. UnCoinmiiriire n'cil point parellcux, quand il faut oppofer va\ f celle en queL,ue lieu. Dans les provinces, ce font les Juges qui appofent eux même le Iccllé. Le Procureur du Roi peut faire appojer le fcellé (ur les biens d une per- fonne morte, pour la confervation des droits des héri- tiers mineurs , ou abfens. Les créanciers d'un débiteur abfent, ou d'un banqueroutier, peuvent faire appofer le (celle chez lui. Pour faire une faifie réelle, il faut appofer des brandons & panonceaux. On dit appofer une condition à un contrat , à un traité, appojer nnc claufe extraordinaire à un contrat, pour dire y mettre , y inférer une condition. Acad. Franc. APPOSÉ, ÉE, part. Appoftus. APPOSITION, f. f Adtion d'appofer une chofe furune autre. ^/y^cj/Trio. Le fcellé fe fait par \ appofition àïxix\. fceau public fur les cottres & ferrures d'une maifon. Confignatio. On ferme les lettres par l'appofîtion d'un cacher. On dit aulli l'Appoftioa d^s affiches tk des écriteaux, £'c. Apposition, ledit auili en Fhyiïque des corps qui pren- nent leur accroillement par la jonction des parties de même efpècc que celles dont ils font compofés. On croit que la plupart des minéraux (eforment par tz^^o- ftion des parties qui fe joignent & s attachent eii- femble. Apposition. Terme de Grammaire. C'eftune figure qui confifte à merrre deux ou plufieurs fubftantifs de fuite au même cas, fans conjonction. Par exemple , Flan- dre, théâtre (anglant où (e palfent tant de (cènes tra- giques, trilte & fatale contrée, trop étroite pour con- tcnit tant d'armées qui te dévorent. Flech. En latin on met fou vent le iwm commun &: le nom propre au même cas; ce qu'on appelle .^^jppo/^rio/z ; Urhs Romay Flavius Sequana. Au lieu qu'en français , l'ordinaire dans ces rencontres eft de mettre le nom propre au gé- A PP ïiitif. La ville de Rome , la rivière de Seine. Gram. gcn. è' riiif. t^Zi' On oblerve avec laifon dans le Diclr. Encyc. que iclon cette définition, ces façons de parler, la toi, l'elpcrance , la charité font truis vertus Théologales ; S. Pierre, S.Matthieu, S. Jean , &c. étoicnt Apôtres, qui ne font que des dcnombremens , feroient des ap- j.yJlnons ; qu'ainlî l'on doit duc que \appofuion con- lîllc à mettre enlcmble (ans conjonction deux noms dont l'un eft un nom propre , & l'autre un nom ap- pcllatit-, cnlortcque ce dernier eft pris adjectivement, comme qualificatif de 1 autre. Flandre , Théâtre fan- glant.... Ciccron, l'Urateur Romain.... Ainfi le rapport d'ideiitité cft la raifon de Vappofition. APi'RAYEi^.y. a. Terme de Coutume. C'eft mettre une terre en pré. Ragueau. APPREBENi-'^EiVlENT. f. m. Terme en ufage parmi les Dames Chanoinelles de Rcmiremont. C'eft la céré- monie de la réception d'une Chanoinelfe , réception qui lui donne droit à une prébende. Foye:^ au mot Barbette. APPRbBENDER. v. a. En ufage à Rémiremont , chez les Chanoinelles de cette abbaye. Recevoir une Cha- noinelle, lui donner une prébende. Prxbdnda donare. APPRÉCIATEUR, f m. Celui qui met le prix légitime aux choies. Aiftïmator. On a ordonné que cette mai- fon feroit eftimée , & mife à prix par des experts & appréciateurs. Les appréciateurs des grains. |,CF Dans l'ulage ordinaire, ce mot le joint toujours à quelque épithcte. Jufte appréciateur du mérite. APPRECIATIF, adj. m. Amour appréciatif ; terme de Théologie. Aimer Dieu àaï\^\\\o\.n appréciatif .tCC^ laimer plus que toute autre choie ; & l'amour appré- ciatif ell un amour de Dieu lur toutes choies. C'eft être prêt de tout faire, de tout perdre, de tout fouf- frir , plutôt que de lui déplaire. Le commandement de Dieu n^us oblige a l'aimer de cet amour appréciatif. APPRECIA nON. f. f. Eftimation de la valeur d'une choie. ^Jiimatio. On ne le dit guère que des grains, denrées, ou choies mobiliaires. On condamne les dé- biteurs à payer les choies dues en eipèce , linon la jufte valeur , iuivant l'appréciation qui en fera faite par experts. APPRECIER, v. a. Eftimcr & mettre un prix à une chofe; en déterminer le prix ou la valeur, Jî./limare j pretium imponere , Jlatuere. On apprécie les grains des redevances ieigneuriales ou lur le prix des trois dernières années , ou iur le pied de ce qu'ils ont valu au jour du marché le plus proche du terme de l'é- chéance , iuivant les extraits qu'on en trouve aux greftes des Juftices des lieux. Apprécier des meubles, un fauteuil, une tapillerie. Ce livre a été apprécié 2^ tant. On dit dans le même lens apprécier le mérite de quelqu'un. APPRÉCIE , ÉE. part jïjlimatus. Prendre les chofes fur le pied qu'elles ont été appréciées. Ces mots viennent d'appretiare. Quelques-uns les font venir de l'italien apre^-^are. APPRÉHENDER, v. a. Terme de Palais, lignifie , pren- dre , làïi\):.Apprehendere i comprehcridere. Un tel fera pris & appréhendé an corps, (Se conftitué priionnier. Appréhender , en termes de Palais , lignifie aulll ac- cepter. Adiré h&reditatem j ou apprehendere ^ capef- cere. Appréhender une iucceflion, la prendre & l'ac- cepter. Une iuccellionà laquelle un tuteur a renoncé, peut être appréhendée par ion pupille , quand il eft parvenu à fa majorité. On peut inftituer pluheurs hé- ritieis avec iubordination les uns aux autres , afin que Il les premiers nommés ne veulent ou ne peuvent pas appréhender lu iuccelîion, elle puille être recueillie par les derniers , chacun iuivant l'ordre & le degré dans lequel il eft inftitué. APPRÉHENDER. v.a. Craindre, avoir pem. Metuere ^ vereri, reformidare. Ce mot le conftruit de pluficurs maniè'res. i". Il veut tous les noms qui iuivent à l'ac- cufatif , ainfi que tous les autres verbes adifs : un brave homme ne doit point appréhender la mort. On Aon appréhender la pauvreté, comme quelque choie d'aftreux. Il appréhendoic une paix fourrée. i°. Il veut Tome I. APP 45y quelquefois la particule de &: le verbe qnl fuit à l'in- finitif: on doit fur toutes choies appréhender d'of- fenierDieu. Les mondains &: les voluptueux £7rrre7î(r/2- j,Ui à antre. APRiiS-LÎNÉ. Ce font deux mots, dont le premier eft une prépofition, & le fécond un nom lubftantif. On 'dit également rt^;t'5 le dîner. Ils fignifientle tcmpsqui fuit immédiatement le dîner. A prandio , pofl prendu tempus-^Je 'tas hemé vendredi après-dîné. Voit. APRÈS»DÎNfiiE. f. f. La féconde partie du jour quel on compte depuis m.idi , qui eft 1 heure ordinaire du dî- ner. Pomeridianum tempus. Vaprès-dînée ceux qui ne challent point,ont la promenade dans les jardins des maifons voifincs. L'Ab. Genest, ZJiverf. de Sceaux. D'Adam nous fommes tous enfans , La preuve en ejl connue , Et que tous nos premiers parens Ont mené la charrue : Mais las de cultiver enfin y Leur terre labourée. L'un a dételé le matin. L'autre /'après- d'inée. On dit en proverbe au Palais , quand la Cour fe lève le matin , elle dort Vaprès-dinéc ; pour dire , .-^u'cUe n'entre point le foir quand elle a été obligée de le le- ver le m.atin pour quelque cérémonie. APRÈS-MIDI. f. f. Le temps qui eft depuis midijufqu'à la nuit. Pomeridianum tempus , For: les Pyrénées , il en fit la troilième Aquitaine , qui fut aufli appelée Novempopulanie , parcequ'elle comprenoit neuf peu- ples. Ammien Marcellin, Liv. XV. Orolîus , Liv. /, c/^. ^. Athicus , Otho Frilingenlis , Liv. VI. Chron. ch. jO. D'autres prétendent que ces divifions ne fe firent point avant le IV"^ liècle ; que julque-là l'Aqui- taine telle qu' Augufte l'avoir augmentée , ne fut qu'une leule province; que Conftantin la divila d'aboid eu deux parties , dont la première étoit tout ce qu'Ati- gufte y avoit ajouté, comprenant quatorze peuples , ce qui futdélormais VAquitaine. La leconde étoit l'an- cienne Aquitaine , qui fut appelée Novempopulanie ; que dans la fuite on divila encore la première partie en deux ; que l'une fut la première Aquitaine j qui avoit Bourges pour métropole , ou capitale ; & l'au- tre la leconde Aquitaine, a. laquelle on donna Bor- deaux pour métropole. Au refte, pcrfonne , que je lâ- che , que le Dictionnaire de Moréri , n'attribue la di- vifion de l'Aquitaine à Augufte : il l'augmenta , il ne la partagea pas. On difpute leulcmcnt li c'eft Hadrien, ou Conftantin, qui ont fait ce partage. Sous Pep'm ,l' Aquitaine a.vo\t Ion ancienne étendue du côté du leptentrion ; c'eft-à-dire , qu'elle alJoit juf- qu'à la Loire. C'eft ce que les monnoies de Pépin frap- pées à Limoges & à Poitiers me font croire. La Chro- nique d' Ademar , /0/. 160 , ôc l'hiftoire des Evcques 6c des Comtes d'Angoulême , fol. 251 , nous apprennent que Pépin fit frapper de la monnoie à fon coin dans les villes d'Angoulême & de Xaintes. Pépin eft ap- pelé lur ces monnoies Rex Aquitaniorum ; Se fur une autre, Rex Eq. c'eft-à-dire, Equkania, ou Equua- niorum. Le Blanc. Bourges étoit la capitale du royau- me è^ Aquitaine y comme le témoigne Adrevalde , qui écrivait lous Charles le Chauve les miracles de S. Be- noit en France. 448 ARA Aujourd hui nous n'appclonsCouvent Aquitaine que la Guyenne àc la Galcognc, cependant pai. lappurtau.x. provmces cccklialliqucs , nous retenons encore lan- cienne divjlion. ïuuc ce qui eft compris entre l'O- céan, la Loire, : enhn Guienne. . ules Célar, dans les Comment, au commencement dupre micrLiv. tkn\z findu j,^. Aiéla, Liv. lll , eh. 2 . 1 Ln. Liv. IV i ch. ij. liiab.n, Liv. IV. Papire Niallon , le P. Monct,Dcj\.arca, Bifi. de Béarn. Louvet,/^//. d'Aquitaine , M. de Tillemonr, Emp. Tom. I, p. i ç . écrivent de \ Aquitaine. Jean B^uehet de Poitiers a fait auili au XVFliè^lc les Annales d •iquitaine ; mais avec peu de critique. Antoine Dadin , dans fes cinq Livresde \ Aquitaine ^ clt lavant , judicieux, critique: Il mérite fort d'être lu , Berum Aquitanicirum , Ii- hri V. Auclore Ant. Dadino Alt.zferra. Tolofd^ in ^. 164S. Il y a une Hiftoire frcrée à^ Aquitaine par le P. B ijole Jéf. une Dillcrtation latine de M. de la Broulle, Confciller au Parlement de Bordeaux, lui la Primatie à^ Aquitaine , qu il prétend appartenir a l'Aichevcque de Bordeaux; & une de M. Catherinot , qui Icutient le droit de l'Archevêque de Bourges. 1^ \J Aquitaine donne ion nom à un grand Prieuré de l'Ordre de Malte qui vaut environ 23000 liv. de rente. ARA. AR. Voye'^ Aroer. Le Cap d'AR A. C'eftle cap le plus méridional de l'A- rabie Heureufe. Ara promontorium^zuueii^ïs Promon- torium Neptunium. Il le forme avec la côte d'Ajanen Afrique , à l'entrée du golte de la mer rouge. Ara. Ville de Médie , que S. Jérôme dit être la même que Rages. Hara. Samlon l'a conlondue avec Chaian , ou Carres dans laMéiopotamie. S'il eût içu Thcbreu , il eût vu que ces noms font fort dilFérens dans cette langue. ARAB. Ville de la Terre-Sainte, ^ra^. Ellectoit dans la Tribu de Juda, au midi , ou du côté de 1 îdumée. ARAB A. Ville de Perfe. Araha. File cft dans le Sigiftan, entre la ville de ce nom & celle de Candahar. On la prend pour 1 ancienne AriaJIe, capitale de la Drangiane, que quelques-uns mettent à Gobinam dans la même province. ARABE f. m. & f. Arahs. Peuple origimire d'Afie, en- tre l'i^gypte ,JaChaldée, la Syrie & la Paleftine. Les Arabes le dilent fils d'Ifmacl. Il y a bien de l'appa- rence qu'en eftet les premiers Arabes font les Ilmaë- lites-, mais que dans la fuite ceux-ci s'étant étendus & s'étant mêlés avec tous leurs voifins, ou les ayant fou- rnis, tous furent appelés du nom commun Arabes , & que des Amalécites, des Madianites, des Ammo- ARA mreSjdesSabeenSjfi-c.il ne le fit qu'un peuple qu'on nomma Arabe. Les A rabes ont été fort connus autrefois fous le nom de Sarralms. Aujourd hui on ne les appelle plu; ainlî. LtsAr^.bes ont de l'elprit, & iont propres auA Iciences lpeculativei(ï<:ablhaites. Les^ri^/f-tjont introduit dans la philolophie 1 exceiîive fubtilité qu'on y remarque: ils nous ont conlervé les ouvrages de quelques Auteurs Grecs, quilsavoient traduits en leur langue, & c'eft par eux que les Chrétiens les ont eus. La, Arabes le lont répandus dans les trois parties de l'ancien monde ; ils ont lait la conquête de cette partie d' Afrique qu'on appelle Barbarie; ils le lont établis en Elpagne, ÔC en ont polltdé une grande partie pendant plulieurs fiècles. Les Wn;^t\îpailent une langue qui ell formée de la langue hebra'i'que; elle eft belle de abondante. Le 1 ère Ange de S. Joleph ditcu elle eft ii téconde, qu'il y a mille noms pour ligniher une épée , quatre-vingts pour le miel , cinq cens pour le lion , ëc deux cens pour le lerpent. ÇZT Cette prétendue p.bondance delà langue eft une vraie lupertluité. Qu'importe d'avoir pluhturs termes peur exprimer lamêmeidée. Cela eft plus propre a latiguer la mémoire, qu'à enrichir ik fa- ciliter 1 art de la parole. Il leroit bien plus avantageux d avoir des termes pour toutes les idées qu'on a à ex- primer. (quelques-uns prétendent que ce nom vient de aiy» Arai' j mot hcbrtû , ln; que ces peuples ont été ainli appclcs, des campagnes incultes ik délertes qu'ils ha- biroicnt ; car naiy > araba^en hébreu, lignifie une cam- pagne induite ik delerte. D'autres le dérivent du même mot h-brcu 2ny , arab j qui dans une autre lignifi- cation le prend pour mêler j confondre ; parce que le Arabes lont un mélan.ge de différentes nations , comme on la dit ci dtllus. D'autres le dérivent de ntp , arab , être oblcur, erre noir; d'où vient que le loir & la noit lont appelés iny , creb j c'eft-a dire , j,oirs J teneirreux ; ik le corbeau dont le plumage eft tout noir, :nl37, oreb. Les Arabes ont donc cté ainfi nommés , diient ils, parce qu'ils lont noirs, ou bafa- nés , haies : c'eft pour cela qu nomjre les appelle i-*,i|«,ê«! , comme sil diloit «ft/."«.«, ou f'f:o qu on nomme Les chevaux arabes ^ font ceux que nous appelons communément Barbes , parce qu ils viennent de Bar- barie; mais ils font véntablcment de race arabe. Leur vitclle eli: fi grande, qu'ils attrapent une autruche à la courte; (5c on les eftime tant pour cela, que, li l'on en croit Marmol ,/zv. / j ch. 2S j on les acheté jufqu'à mille ducats d'or, & qu'on les change contre cent cha- meaux. t-E Golfe des Arabes , eft dans la mer de Barbarie, entre la côte du royaume de B.irca & celle d'Egypte. Arahum Jinus , anciennement Crj çij. Il a pris Ion nom de la Tour des Arabes. La Tour des Arabes. Turrïs A'rabum. Tour & vil- lage d'Egypte litué fur le golfe des Arabes ^ aux con- fins du royaume de Barca. Arabe. 1. m. &f. C^? Pris , non comme nom de peuple, mais comme lignifiant un homme qui exige avec une extrême dureté ce qui lui ell dû. Arabs , Arabis in moremjerus. Quand on a affaire à des iergens , ce (ont des Arabes , qui tirent julqu'au dernier lou. Les hô- teliers de Hollande (ont des Arabi's , qui rançon- nent cruellement leurs hôtes. Cet ufu.cier eH un Arabe envers les débiteurs , il ne leur relâche rien. Endurcis-toi le cœur : /ois Arabe, Co) faire j înjujle 3 violent j fans foi 3 double ^ faujfairc. BoiL. Cette expreffion a été apportée de la Terre-Sainte , oùkles pèlerins croient cruellement traités parles ^ira- bes. ARABESQUE, adj. Qui eft fait à la maniire des A ra- bes. Arabicus. Les curieux vont voir le palais de Gre- nade , à caule des ornemens arabefques qui (ont mi n- veilleux. On appelle Crotefques , Alorefques ôc Ar a- befques , les peintures & ornemens où il n'y a poi nt de (igures humaines; des caractères arabefques , les le t- tres des Arabes. On appelle aulîî Arabefques , en termes de pein- ture, certains rinceaux ou fleurons d'où (ortent des feuillages faits de caprice , & d ime manière qui n'a rien de naturel. On s'en fert d'ordinaire dans des ou- vrages de damafquinurc , & dans quelques ornemens de peinture & de broderie. ARABESSE. f. f. Femme Arabe. Mulier Arabs.hcsA'ra- beff'es des villes, différent de celles de la campagne. Ablanc. Traduci. de Marmol ^ Liv. I , ch. j2 , à ans lequel il décrit leurs habillemens & leurs modes. ARABIE. Arabia. Grande contrée d'Aiie hr.bitée par les Arabes. Elle comprend tout ce qui eft entre l'Egypte, la mer arabique, auttement la mer rouge, & lamerpcu- fique, 1 Euphrate, la Syrie, la Phémcie , & la Pak;f- tine. Elle le divife en trois parties. Ï.'Arabie PÉtrÉe , Arabia Petruez. La mer rouge. Mare rubrum , Eruhrum, ou Enthraum , (elon les Anciens ,eftrOcéan qui (e trouve entre l'Ethiopie & l'Inde. Ainh c'eft la mer rouge , (elon eux, qui entre également dans les deux goltcs , le perlique & \ arabique i & delà vient qu'ils appel- lent indifféremment l'un & l'autre , Mer rouge , té- moin Senèque. Troade, "^ 1 1 , Solin , ch. jS. Pline , liv. VI , ch. 2jj,2^,2S3'k. Liv. V , ch. 11. D'où vient donc qu'on a actribué le nom de Mer rouge au dé- troit arabique en particulier ; Quelques Auteurs croient que c'eft une erreur à laquelle les Septante , & S. Paul Hebr. XI , ip j ont donné occalion ; que comme 011 a vu qu'ils appellent le golfe arabique iVIer rouge , ou a cru , contre ce que nous venons de monrrer , & con- tre l'intention des Septante & de S. Paul, que c'étoit le nom propre & parricuher de cette mer, tk qu'il ne convenoit point à d autres. P'oye^ Mer rouge. Ce dcttoit s'appelle encore mer de la Mecque ^ Meccenfs pelagus. Il a environ 570 lieues de long. Sa plus grande largeur n'eft guère que de 80 lieues. Le golfe arabique eft dangereux à caufe des bancs de fable , des petites lies , & des écueils qu'on y trouve. Il y a deux choies fmgulières dans ce golfe. 1° Une prodigieufe quantité de corail, dont on trouve en plufieurs endroits des forêts entières qui ont quelques milles d étendup, 8c dont les arbres (ont li grands qu ils pouflent leurs cor- nes julquau-dellus de 1 eau. 2". On y voit une très- grande quantité de 1 herbe que les Ethiopiens appellenC \uphi qui eft rouge , & propre à faire une clpèce de teinture de pourpre. Et c'eft vraiicmblablement de cette herbe que ce golfe prit autrefois le nom de mer rouge. i\L\TY ; ou peut-être du corail Se de cette herbe tout enlemble. C'eft aullide-la que les Hébreux 1 ap- pellent i-lia C3i mer de Saph , qu'il faut par conlé- quent traduire, mer pleine de 1 herbe appelée Saph , ëi non pas en général , comme font tous nos Com- mentateurs , mer pleine de rofeaux & d'herbes maré- cageu(es. Arabique. Pierre arabique. Elle re(remble à de l'ivoir© marqueté de taches. Broyée & appliquée en cata- plalme, elle delleche les hémorrho'i'des. Calcinée , c'eft un remède contre les douleurs de dents , fcloii Diofcoride cité par James. Arabique, Arabicus. Titre, nom honorable qui fut donné à l'Empereur Sévère, parce qu'il conquit l'Ara- bie, èk en fit uneprovince romaine. Ses médailles por-. tent L. SEPTIMUS SEVERUS PERTINAX AUG. IMP. VIL & au revers, PARTHIC. AR ABIC. ADIAB. COS II.P. P. c\' d autres, PARTH. ARAB. PALTri. ADIAB. C'eft à-dire , Parthique, Arabique, Adiabé- nique;ou Parthique, Arabique , Parthique, Adiabé- nique. Apparemment parce qu'ilavoit vaincu les Par- thes en Arabie, &dans laDiabène, 6c qu'il leur avcit enlevé ces deux provinces. ARABISER. V. a. Rendre Arabe. Ce mot eft nouveau , & ne peut pas être d'un grand ulage. On artri- bue à un Turc nommé , Al-Fariabi j & parmi noua 4lfar,ibïuî fhUiàx^ÙÏQlxà^i Analytiques d'Ariftote., 47 0 ARA fous le titre arah'ifé d'Anaionhica. Merc. FeV. Tj^j. ARABISME. f. m. Manière de pailet propre des Arabes, ou delà langue arabe, idiome, conftruction, ouphrale qui lui eft propre. Arabïcum idioma. R. Marin pré- tend que \ marque quelquefois un jurement en hé- breu, comme en arabe. Aben-Ezra , qui lavoit parfai- tement bien l'arabe , 6c qui s'en iert fouvent peur in- terpréter l'hébreu, n'a point défapprouvé ce fentiment. Toutefois il ne l'approuve pas non plus , il fe contente de le rapporter-, & pour unaullî zélé partifan des ar^z- bifmes , s'en eft alfez pour nous faire entendre que cette découverte ne lui a pas paru bien lolide. P. Sou c. ARABLE, adj. m. & f. Ce terme n'eft point dans l'ufage ordinaire ; il fe trouve feulement dans quelques tac- tums &c écrits du Palais , & lignifie Labourable. Ara- tilisj e. Ce terrain étoit compote de terres arables. Normand. Il faut abandonner ce terme au Palais. Ce mot vient du latin arabilisj dérivé du verbe cmrè , aro , labourer. ARABOUTEN. f. m. Arbre du Bréfil. Les Brafiliens ont de certains arbres fort gros, qu'ils nomment Arabou- ten. C'eft de cet arbre que l'on tire le bois de Brélîl , (1 connu par fa bonne odeur. De la Neuville. H'ifi. de Port. L. F, p. 6p. Voyez Baisa. ARACADEP. f. m. Sorte de poilfonqui fe pêche dans les mers du Brélîl. Il eft plat , & rend en cuiiant une certaine graille jaunâtre qui lui Icrt de lauce. Sa chair eft fort bonne. ARACAMIRL f. m. Arbrllfeau qui croît au Bréfil , & qui porte un fruit qui mûrit au mois de Mars & de Septembre. Ce fruit a la faveur doiiçâtre du mule, & un peu de celle du fruit de l'arboulier. Lorfqu'il eft confi & gardé , il eft rafraîchilTant,il cftaulîî aftringent, corroboratif, & il fupplée fort bien au défaut de mar- melade de coings , de confeiTe de rofes & autres cho- fes femblables. ARACÉNA. Bourg d'Andaloufie , enEfpagne. Aracena. Il eft à la fource du Tinio , entre Séville & Xerca de Badajos. Aracéna eft, à ce que l'on croit , l'ancienne LAlïa des Turdétans,dans l'Elpagnc Bétiquc. ARAC-GELARAN. petit pays du Chufiftan , province • de Perfe. C'eft la Mclitene des Anciens. MeUJene. ARACH. Ville ancienne, bàrie par Nemrod. ARACHIDNA , ou plutôt ARACHIDNOÏDE. f. f. Terme de Botanique. Arachldno'idcs Americana j Ara- chidna quadrifolm , villofa , flore luceo. Plante de l'A- mérique , que le P. du Tertre, dans fon II volume de l'Hiftoire des lies de l'Amérique ,/>. i ^i , appelle vif- tache j & le P. Labat, dans fon voyage des îles de l'A- mérique , p. s 0 , appelle tnanoln. La racine de cette plante eft blanche, droite & longue de plus d'un de- mi-pied, piquant en fond , accompagnée vers le milieu de plulîcurs fibres traçantes , & quelque peu cheve- lues, de différentes longueurs; car il y en a quelques- unes qui n'ont que deux ou trois pouces de long, & il s'en trouve qui en ont bien quatre ou cinq , & même quelquefois davantage. Elle eft épailfe en I( n collet d'environ fix ou fept lignes, & en diminuant inlenfi- blement, elle va finirp ar une pointe très-déliée. Cette racine poulie pluUeurs tiges de huit à dix pouces de long, tout-.àfait couchées lur terre; il n'y a que celle du milieu qui foit tant foit peu relevée. Toutes ces ti- ges font rougeàtres, velues, carrées & noUeules, di- \ilées en quelques branches. Les feuilles dont elles fbntgarnies,ont un demi- pouce de long fur un pouce de large. Elles font atta- chées immédiatement & fans pédicules à des queues de près d'un pouce & demi lukaux. Lalupeibe ^ruch/id rut li uunce de cette dilgiace, qu eiie s'en pendit de deltlp<..ir , <5c Mi- nerve la niL-tani^rphola eu araignée. ARACH^ bNA, ou AKALHIuiNUÏDE. f. f. C'cft une des quatre plantes leginniiieules , qui , telon Rai , por- tent truu dans la terre lîv' hors de la terre. Acje^ Arachidna. ARAC'HIDNCÏDE.adj. Fris fubftantivement. Arachid- noidc. Terme dAnat^nne , qui le dit dune tunique dwliie eomme une t^ile d araignée, qui enveloppe le crillallin. Un 1 appelle autli CnJuilloLde. |i3" C'eft encore le nom de la membrane fine , mince & cranlj- arentc qui enveloppe toute la iubftance du cer- veau, la moelle alongee , (Se la moelle de l'épine. Ce mot vient au grec "fX''", araignée j toile d'a- raignee y & eVos, Jorme ; parce que cette tuni4ue a la forme de toile d'araignée, bile s'appelle aulli Lnjlûl- loide i elle eft dia^^hane, afin que les images des ob- jets y parciilcnt c^mme dans un miroir. Lionis. Ce? AkACK. I. m. Voyc-{ Arak. ARACLÉA , ou PÉRlNiHO. Ville de la Turquie , en Europe, h cracha 3 Perinthus , Mygdonid. tUe ell dans la Remanie , lur la mer de Niarmara , entre la ville de Selivree & celle de i udiftj. C'ctoit autrefois une ville du Bofphvie, qui tut d abord nommée Pé- rintho , (k enluite Hé acide. Llleavoit un amphithéâ- tre fameux, qui pailapour une des Icpt merveilles du moride. Nous avons encore beaucoup de médailles de cette ville avec Imicripticn ni-PiN©ifiN. f>"ov. Non- MIUj. Tab, XXVI y & les médailles des villes grec ques, frappées pour les Empereurs, par Vaillant. Ce médailles montrent que cette ville a conlcrvé le nom de Périnthc julque lous Gallien. Il y a néanmoins des médailles de Gordien le Pieux, & mcme de Trajan , fur lefquelles on ht HPAKAti^TAN MATPCnCAlTAN Si elles lont de cette ville , elles piL-uvent qu'elle avoir dès ce tenips-la le nom à'Heraclee. Au relie il £iut dire HéracUe ou Pénnthe j quand il s'agit de l'antiquité, &/^rac/e'i?j quand onparlede ces temps ci. ARACLIOTE. f. m. & f. Qui eft d Araclea. Heraclco- tes. ARACOUA, ou ARACHOUA. Bomg de la Livadie , en Grèce. Aracova , autrefois Amhnyus. Ville lituée au pied du mont Parnaile, dans la Ihocide. ARACUJE, ou ARACUITE & ARAGLITE. f. m. & f. Nom de peuple. Aracuïtus , a. Les Ardci.jes ^ eu Aracuïtes lont un peuple du Brélil , dans l'Améri- que méridionale. Ils habitent un pays voilin du gou- vernement de Fernambouc, ou Pernambouc. ARAD. Ville des Chananéens, & le lîege d un de leurs Rois. Arad. Elle étoit au midi de la tribu de Juda , près de la mer morte. Les Ilraclitesladetiuilirent. ARADA. Lieu de l'Arabie défeite. Arada. Ce lieu fut le vingt & unième campement des Ilraëlites , après leur f^rtie d Egvpte. ARADIEN, ENNE. f. m. & f. Qui eft d'Aradus. Ara- dius y a , um. Il y a beaucoup de médailles des Ara- diens avec des époques de l'ère des Séleueides. Voyei^ Strabcn (ur ce peuple. ARADUS. Nom de lieu. Aradus. Il y en a trois de ce nom dans l'Antiquité. Le premier étoit une île dePhé- nicie. Cette île étoit petite, & toute entière occupée par une ville de même nom , & fi peuplée , dit Mêla , qu il étoit permis d'y bâtir iur la mailon d'un autre. Pline dit qu'elle étoit féparéc du continent par un ca- nal de mer de cinquante coudées. On y conduifoit l'eau douce d'uae fontaine , par un canal de cuir , ccmme celui des pompes , dont on le lert aujourd hui à Paris dans les incendies. Le (econd lieu , nommé Aradus j étoit une ile de la mer rouge , dont les habitans le difoient une Co- lonie de Tyr , & à' Aradus en Phénicie. Le troilième étoit une ville de Crète , dont parle l'Auteur du premier Livre des Machabées, C XF y f. 23. On peut en ajouter un quatrième d'après Ptolémée, qui place dans le golfe perfiqut une ile de ce nom. ARÉOMÈTRE, f. m. Voyei Aréomètre. Tome I. ARA 45« I AR^OSTILE. f. m. Terme d'Architedure.C'eft un édi- fice dont les colonnes font exiraordinairement cloi- gnees. Il eft oppofe au Pycncft}le, dont les colonnes lont par trop pielltes. Ar&cjide vieiit d'a^a»!, rare • & rtA»', colonne. Voyez Areostyle. ARAGNE. L t. Vieux niot; qui fignihe araignée y 8c qui peut encore être employé dans lapoelie naïve ou maiotique. ARAGON. Aragonia. Royaume d'Efpagne , cui a ail nord les Lyrcnces, laCafhllcau couchant, \alenceaa midi, la Navarre au nord-cueil, la Catakgne au le- vant. QueL.ues uns croient qu'il a pris Ion ne m d une petite iivièie qui l'arrole, & qui le nomme Aragcn. C'etf le lentiment du P. d'Orléans, b autres penfcnt que c eft une corruption de Tarracone, qui donnoit Ion nom a tout ce pays qu on appeloit Taraconer.Jîs Hijpania. C'tft le lentimeiit d'niitonius Nebrixa, &c de Vafaus. D'autres , au rapport de Valla , dilentquil s'eft fait du nom des Antngons , peuples qui habi- toient ce pays anciennement. Enfin , dauties veulent qu'il y ait eu dans cette paitied'EIpagne un autel d her- cule auprèi du.^uel le celcbroient des jeux en l'hon- neur de ce Dieu , Ik que de ara y autel , (S; agorwles y jeux, Cenib.its, s'tft tait Aragon. L Aragon z étc par- tie du i\.)aume de Caftille. En 1035, les fils de Man- che III partagèrent lés états ; Ferdinand fur Rci de Caftille, &: Evamir eut i Aragcn. Quel, ues uns pré- tendent néanmoins que dès le IX^ li.cle 1 ^n-^0/2 tut fes Roispatticuhers, dv^nt Abarca tut le prtmitr en 89S. En 1479 , l Aragon tut réuni aux royaumes de Caftille &: de Léon, par le mariage de Eerdmandd'^- ragon avec Ilabelle de Caftille. Aragon. Ara^omus. i\ivière d Efp.igne oui a C\ fouree dans les Pyrénées, parcourt un coin de l'Aragon j après quoi il entre dans la Navarre, où il fe jette dans 1 tbre. ffC; AKAGONNET. Port de Gafcogne , fur les fron- tières d Elpagne , allez fréquente , pour aller a Sarra- g^fle. Ai.AGONOT, OTE, eu ARAGONOIS . OISE. C. m. & f. C'eft un nom que l'on donne quelquefois aux Côtéreaux, ou Erabai.çois. Foye^ ces mots. ARAIGNEE. I. f. QueL,ues-uns"^dilent Arignée y mais trèsmaL Petit inleClc venimeux, qui avec fes pieds fait un merveilleux tillu de filets pourfe fufpendreen l'air, & prendre de pentes mouches dont ilfenourrit. Ara ne a. M. Bon, Premier Préfident de la Chambre des Comptes de Montpellier, ôc Alfocié honoraire de la Société royale des Sciences, a fait une dilfertation fur les rtraiçA/tffjj dans laquelle il en donne ladefcription. La nature a divile cet inieôl:e en deux parties. La pre- mière eft couverte d'un rct, ou écaille dure rcmphe de poils : elle comprend la tête & la poitrine , à la- quelle huit jambes lont attachées, toutes bien articu- lées en lix endroits : elles ont encore deux autres jam- bes , qu'on peut appeler leurs bras , & deux pinces armées de deux ongles crochus , attachées par des arti- culations à l'extrémité de la tête : c'eft avec ces pinces, qu'elles tuent les infedles qu'elles veulent manger , leur bouche étant immédiatement au-delfous. Elles ont aulli deux petits ongles au bout de chaque jambe, & quelque choie de Ipongieux entre deux : ce qui leur fert lans doute pour marcher avec plus de facilité fur les corps polis. La féconde partie du corps de cet in- leéte n'eft attachée à la première que par un petit fil, & n'eft couverte que d'une peau alfez mince , fur la- quelle il y a des poils de plufieurs "cculeurs, elle con- tient le dos, le ventre , les parties de la génération, & l'anus. Autour de l'anus il y a cinq mamelons , qu'on prend d'abord pour autant de fihères , par où le fil doit fe mouvoir ; car il eft certain que toutes les araignées filent par l'ar.u';. M. Bon a trouvé eue ces mamelons étoient mulculeux , & garnis d'un fphinc- ter. Il en a remarqué deux autres un peu en dedans , du miheu delquels foitent véritablement plufieurs fils en alfez grande quantité, tantôt plus, tantôt moins. Les Araignées s'en fervent lorfqu elles veulent paftec d'un lieu à un autre. Martin Lifter, membre de 1% Lllij 4,^ 2. AR.A Société royale de Loiuires , dans un Traité de drane'is , dit encore quelques autres particularités des parties m- «rnes de ccsmlectes ; mais il avoue que leur petitelle l'a empêché d'y rien découvrir de certain. Il ne donne donc ceci que pour des conjeduresi & dit que l'utérus n'cft cou-ipofé que dune cellule dans celles qui font tous leurs œufs en une feule fui_s;& de deux ou plu- fieurs dans celles qui ne les dépofent qu'à plulieurstois ; que la conformation des inteilins n'eft pas la mcmc dans toutes les efpcces, puifque les excrémens de quelques-unes font liquides & durs aux autres, quoi- qu'elles vivent toutes également de mouches. Il y a différentes cfpèces d'araignées. M. Bon les ré- duit en général en deux : celles qui ont les jambes longues iSc celles qui les ont courtes, A l'égard de leurs différences particulières, on les di!Hnguc_, dir-il ^ par la couleur; car il y en a de noires, de brunes, de jaunes, de vertes, de blanches, & quelques-unes de toutes ces couleurs mêlées enfemble. On les diftinguc encore par le nombre & l'arrangement de leurs yeux; les unes en ayant fix , les autres huit & les autres dix, rangés différemment fur le iommet de la tetc. Lifter ne convient point de ce fait. Il en reconnoît qui ont huit yeux ôc d'autre^ qui n'en ont que deux;ce font- là, félon lui, les deux efpcces générales. Peut-être y en a-t-il qui ont (ix yeux, mais il en doute. Il diftin- gue encore la première efpèce en deux, dont les unes font celles qui prennent des mouches par le iiioyeudes toiles qu'elles font; &: il en trouve encorelous cette efpèce 28 ou 30 différentes fortes, qui lont diftm- guécs, ou par leurs couleurs , ou par la figure de leurs corps , ou par la forme de leurs toiles, ou par la ma- nière dont elles font leurs œufs. Les autres iont celles qui i:r«quenr ic: m ruches â découvert, 6c fans leur tendre des embûches avec des filets ; qui Iont, i". les araignées loups , qui font de quatre fortes. z°. Les araignées qui ont la forme d'un Cancre ,„ dont le prupre eft d'avoir les pieds de derrière très - courts , & qui ne font que de deux loites 3°. Les araignées phalan.ges, quil range en quatre clalfes. Pour la féconde efpèce générale , qui Iont celles qui ont deux yeux, il la lubdivile en quatre etpèces fubakcrnes , qui ne difrérent que par leurs couleurs & !k leurs crêtes. M. Bon croit que les araignées font androgynes , ayant toujours trouvé les marc^ues du mâle dans celles qui font des œufs. Lifter eft d'un fen- timent contraire. Il y reconnoît deux fexes; il dit qu'elles s'accouplent, mais que le maie & la femelle Jie vivent enfemble que dans ce temps là ; qu'elles ne couvent point leurs œufs; qu'ordinairement les petits ne font eclos que vingt-un jours après qu'elles ont mis bas leurs œufs; que cependant celles qui ne font leurs œufs qu'au mois de Septembre n'ont des petits qu'au coiTuncncement du Printemps, ou même un peu plus tard. Toutes les araignées filent par l'anus. Elles le re- muent avec beaucoup de facihte en tous fcns,àcaulc à.::k roit velue. Elles ont les jambes plus courtes, ront plus fortes, plus méchantes & vivent plus que les autres. Quand on les a priles, elles le déten- dent ik mordent l'inllrument dont on les a priles: ce que ne iont point les autres. Quand on lui a percé le ventre, elle vie quelqueiois plus de vingt-quatre heu- res , au lieu eue les autres meurent (ur le champ. Au lieu ;lc iaiie , celle-ci ne fait que tirer des fils de l'cpt à huit pouces de long, qui fortent de fon nid. comme des rayons , & font attachés au mur autour du trou qu'elle habite. L'infeéfequi marche lur ce mur, t' Proi/i^T. ch.SB- On appelle la Vive , Dragon ou Araignée de mer. Vitruve, Liv.IX, dit qu'Eudoxe Aftrologue invenra un cadran fur la lîgure d'une loWcà' araignée : & en effet le cadran équinoxial fe peut faire en forme d'une toile à' araignée , dont on voit des exemples dans la Gnomonique de Clavius. Araignée fe dit aullî de la fimple toile , & des fils que iontlcs araignées. Aranea tela. Les maifons des pau- vres font pleines A' araignées. Ainli Maynard a dit dans une épigramme aux Mufes, Et ceft pour vous avoir peignées En Demoif elles du Marais , Que mon coffre ejl plein ^.\raignées. Maynard a pris cette penfée & cette expreffion de Ca- tulle i .... Nam tu'i Catulli Plenus facculus ejl aranearum , pour dire, qu'il cft pauvre, qu'il n'y a point d'argent dans fa bourle , dans fon coffre. On dit d'une toile fort fine, qu'elle cft claire comme une toile d'araignée. On dit auilî des doigts d'arai- gnée , pour dire , des doigts longs & maigres. Un An- cien difoit,que les lois étoient des toiles d'araignées: elles arrêtent les mouches, ik les frelons les rompent. fJCTM. Bon , dontonaparlcau commencement de cet article , a tiré des araignées une foie, dont il eft par- venu à faire des bas ik autres ouvrages aulli forts , & prefque aulîl beaux que les ouvrages faits avec la loie ordinaire. l^oye:( au mot Soie. Araignée , en terme de guerre , fe dit du travail d'un Ingénieur, lorfqu'ayant delfein de faire une mine, & que rencontrant quelque obftacle qui l'empêche de la faire dans le lieu dcftiné , il eft contraint de s'écarter par plufieurs rameaux, branches ou canaux, qui finil- lent tous par de petits fourneaux. On fait jouer tous ces fourneaux a la fois, par le moyen des traînées de poudre qui y portent le teu. Araignée, en terme d'Aftronomie , eft le nom qu'on donne àladernicre platine de l'Aftrolabe, qui eft percée à jour, où font marquées les étoiles fixes, & qu'on pote fur toutes les autres , quand on veut faire quelque opé- ration. Araignées , en terme de Marine , font des poulies parti- culières par où viennent palfer des cordages appelés marticles, qui ont plufieurs branches & filets repré- fentant une toile d'araignée. fiCF Elles ie réunifient en même tems lur l'étai. Il y a à l'avant de chaque hune , une araignée qui empêche la voile de frotter contre la hune. Araignée, forte de filet qu'on tend pour prendre les oifeaux de proie , avec le duc. Araignée le dit encore d'un crochet de fer à plufieurs branches qu'on arrache à une corde , pour tirer d'un puits des fceaux qui (e font détachés de la chaîne. On ne dit plus en Anjou, comme du tems de Ménage, Irentaigne ; mais Iraigne. I Araignée. TermedeConchyliologie.Nomd'un coquil- I lagc de mer de la famille des Uiiivalves. Araneus con- ARA 4j; cha y Aranea. Il y a \ araignée mâle , & \ araignée fe- melle. Une petite araignée m.de. Gersaint. Ce mot vient du gteca>ttx»«, que quelques-uns font venir d' «/>«;«, oséxi^nAe , rare , délié yfubtil. Il n'y a rien de plus délicat que les toiles d'araignées. Il eft bien plus vraifemblable que ce mot vient de.l'hé- breu ^"is, arag • non pas quecemocfignifiedanscerte langue araignée, comme on la dit, & fait dire à Bo- charr rrcs-mal à propos dans le Morcri , où l'on n'a pas entendu le Diétiétionnaire d'Hofman que l'ontradui- loit; mais parce que ce verbe fignifie texen , faire un tillii, faire de la toile, qui fe dit en Is. LIX. j . del ^z- raignée , Q;}\e David de Pomis définit un infeéle qui fait de la toile , iis ailiia/ , pour prendre des mouches aux fcnêrres , fe fervanr deux fois de Jns , & pour marquer l'aétion, d" pour marquer l'ouvrage de cet ani- mal , qu'un autre Rabin , appelé Menahhem , nomme njnïl ,aruga la toile de l'araignée. Ainfi il faut dire que le Jt ou G hébreu s'eft changé en grec en x de même que fouvent le X grec (échange en G latin, comme en ?c«-V'5'''«>i , Galbanum; Mix" , linge ; àjx", ango &c. qu'enluite d'aV"X"i . on a fait en latin aranea, comme lana^ de aî-x'", en retranchant le z , comme le prétendent plulieurs Grammairiens. C'eft-là ce que dit Bochart , Hieroz, Ziv. IT y ch. 2^ ^p 6a S. /^jje^ auilî le P. ThomalTîn dans fon Glolfaire. ARAINS. f m. pi. Armoifins, ou taffetas rayés & à car- reaux, qui viennent des Iiides. Foye^^ Ar.moisin des Indes. ARAIRES, adj. pris fubftanti vemCnt. Terme de Coutume. En Brelfcon zppeWe ar.ii.res les inftrumens de l'agricul- ture. Agricultur& injirumenciu Ce mot vient du mot lati/i arare y labou'«i", qui s'eft torméd'a^o», qui vient, fcion Gnichard , d'aV°='-<", qui s'étoit tait, à ce qu'il croit , de l'hébreu a;in , hharafch : d' arare s'eft forme Ararium , & delà Araires. ARAISNIER. V. a.'Vieuxmot. Arrêrer, toucher quelqu'un, lui parler. Poe fies du Roi de Navarre. ARAK ou ARACK. f m. Efpèce d'eau-de-vie que font les Tarcares Tungutes, fujets du grand Duc de Mofco- vie. Cette eau-dc-vie fe fait avec du lait de cavallc qu'on laiffe aigrir , & qu'eniuice on diftile à deux ou trois repriles enrre der.x pots de terre bien bouchés , d'où la liqueur fort par un périt tuyau de bois. Cette eau-de-vie cft très-forte t-L enivre plus que celle du vin. Ceft la même liqueur que celle qu'onappelle tafia en Amérique. ARALIA. f. f. Efpèce d'Angélique. Ses fleurs ont plu- fieurs feuilles; fes feuilles font dilpolées en forme de rofes. Elles font nues, croiffentàla lommité de l'o- vaire -, quand la fleu r eft palfée, le calice devient un fruit globuleux, doux, fucculent & plein de (emences ob- longues. On compte quatre fortes d'Aralia. ARAÙASTRUM. f. m. Ceft une efpèce de plante dont la Heur eft parfaite, régulière , à plufieurs feuilles , &c hermaphrodite, pofée fur l'ovaire qui cft furmonté d'un calice découpé en plufieurs parties, qui fe change en une loge, dans laquelle on trouve pour l'ordinaire deux femences plares & demi-circulaires, qui repré- fenient une efpèce de cœur. La tige qui eft feule , fe termine en une ombelle, dont chaque pointe ne porte qu'une fleur. Sur le milieu de la tige s'élèvent plufieurs pédicules , de l'extrémité defquelles fortenr plufieurs feuilles femblables à des rayons , ou à une main ou- verte. ARAM. Pays que les Septante ont pris pour la Méfopo- tamie. Aram. Balec, Roi desMoabites, avoit tait ve- nirBalaain d'Aram,^onv fairedes imprécations contre les Ilraëlitcs. On prend aufTi ce nom pourlaSyrie, d'où vient que la langue fvriaque s'appelle la hn^ue aramique. f^CT Ce nom fut donné à la Syrie, à caufe à! Aram , cinquième fils de Sem , dont les defcendans peuplèrent la Syrie, & furent nommés Araméens. Voyei{ G en. ch. 10. V. 22. Aram eft encore le nom d'une ville de la demi tribu de Manaffé , d'au delà du Jourdain. Aram. ARAMA. Ceft la ville appelée autrement Jérimoth. Voyez ce mot. C'cft aulli le nom d'une ville forte àa ^^6 ARA la tribu de NepKthali, aux confins de la tribu d'Afer. ARAMBER. v. a. Terme de Manne. C'eft accrcchei- un bâtiment poui venir a l'abordage. Manum ferream^ ou uncum ferr^eum in naVim injicere. ARAMBÉ,EE. part. ARAME. f. m. Terme de Relation. C 'eft ainfi que les Pcrf es appellent les palais de leurs Rois, que les Turcs appàkntSéi^il Paladum :,£des j domus Régis Perfa- Tum. Bafdica,£desregia apuâPerfas. VJramej ou Sérail eft au milieu , ôc comme au centre du jardin. WicQF. Jmly. de Fig. ARAMÉENS. Foye^ ARAM. ARAMIE. f. f. Ce vieux mot tiroir fa fignificarion A'A- ramir; & parce qu'^rawirfignifioit, s'engagera faire preuve de quelque choie dans un combat , Aramie vouloit dire , guerre j guerre ouverte , belium j bellum indiclum. Mes Pépin ne l'aceva mie. Enjidemoral'z'iixcàt. Mouskes cité par Du Cange. Borel croit o;a' Aramie veur dire furie j & pour le prouver , il cite ces paroles rirées d un manulcrit de Merlin : Oncqucs ne vites tournay par lî grande ara- mie. AR AMIQUE.adj. de t. g. Synonyme de Syriaque. Ara- ms.us , Syriacus , a, um. La langue aramique eft la langue fyriaque. Le langage aramique j une grammaire aramique. Ce mot vient d'^raTO, qui dans l'Ecriture eft pris pouv la Syrie & les Syriens. ^RAMIR. V. Ce moi n'eil plas en ufage depuis fort long-temps -, il vouloît due autrefois , promettre de faire preuve de quelque chofe y ou en (e battant en duel ou autrement, oufimplement promettre , s'engager. Pour biau néant s'eji arami D'avoir mandé trop de perfonnes. Guiart. $3° AR AMONT. Petite ville de France y dans le Lan- guedocj au dioccte d'Ulez,près du Rhône , généra- lité de MontpeUier. ARAM. {la mer d' ) C'eft la même chofe que la mer de Zanguebar. Les ilesd'ARAN jOU d'ARÉNjOu d'ARRON. Ilesfi- tuées fur la cote occidentale d Irlande,, Aranidi. infuU. Les unes s'appcUenr South- Aran , iles àîAran méridio- nales; i!à-r , de mcme que S. Jé^iômea mis Aram.'cn Ifai'e Chap. XXXVll. v. 38 où les Septante ont traduit a A'ffA.iuai. Ararat. Montagne proche la ville d'Erivan-, c'eft la plus haute , dit-on , de cette contrée , excédant la hau- teur du Caucaie Se du Taurus. C'eft lur fon fommet que l'Arche de Noé s'arrêta, lorfque les eaux du dé- luge cemmencerent à fe rcrirer. S. Jérôme , dans les Commentaires fur Ifaïe , prétend que le pays d' Ararat eft une campagne très-fertile, arrclée del'Aiaxej&que l'Arche de Noé ne s'arrêta pas iur des monragnes d'Ar- ménie j qui furent appelées Ararat; mais iur les hau- tes cimes du mont Taurus ^ qui dominant iur les cam- pagnes du pays Ararat, Voyez auili les Notes du P. Lu- bin fur le Martyrologe. Au refte, il faut écme Ararat ians/^à la^fin. C'eft un a en hébreu. iJn jour qu'il étoit ( Sennachérib ) au temple de Nefroch ion Dieu , & qu'il l'adoroit, Adtamelech & Sarafar les enfanslc percèrent de leurs épées, & s'enfuirent à la terre d'A' rarat. Saci, Jean Struis Hollandois a fait une relation du mont Ararat. Il dit qu'étant efclave à Erivan , il monta juiqu'au haut en 1670. pour donner quelques remèdes à un hermite italien qui y demeuroit , & qui étoit malade. Il fut fept jours à monter , faiiant cinq lieues par jour. Quand il fut à la région de l'air oùfe forment les pluies, les nuages & les neiges, il penia mourir de froid; en avançant il trouva un air beaucoup plus tempéré. L'hermite malade ralfura que depuis vingt ans qu'il étoit là ^ il n'avoit ienti ni chaleur, ni froid, ni vent, ni vu tomber de pluie. Il voulut lui periuader que l'Arche de Noé étoit encore rou;e en- tière iur cette montagne , que la température de l'aie l'avoit confei"vée jufqu'ici ; qu'il étoit entré dedans :il lui fie même préfenc d'une croix de bois, qu'il lui dit 1 être ARA être f.îitc d'un morceau de cette Arche. On voit alfez combien tout cela elHabuleux. Voyez ce que Tourne- 1-oitiiir de cette montagne, t. 2. p. 147. ARAS, /oveç ARRAS. ARASE, r. f. Pierres plus hautes ou plus baffes que les autres corps d'aiiiie , pour parvenir à une certaine hau- teur. Telle eft celle d'un cous de plinthe j ou celles des cimailes d'un entablement. APv,\SEMENT. f. m. (O" Terme de maçonnerie & de menuiferie, qui le dit des pièces égales en hauteur j unies & (ans laillic. f^oye^ Araser. ARASER. V. a. En Architecl:ure, c'eft mettre des pierres , ou élever des murailles a une même hauteur , &c con- duire horizontalement les ailîtes. Lapides ad eamdcm abtitudïnem hon-:^ontï refpondentem ^ ad lïbellam col- locare , ordinare. On arafe un mur qui eft d'inégale hauteur eu difFcrcns endroits. En menuiferie , c'eft mettre des pannaux , des pièces de bois de niveau , qui aienr un.e égale faillie , qui ne débordent pas plus lune que l'autre. Ainlî ou dit, une porte arafic ,(\m eft unie j & également épaiffe. ARASE, ÉE. part. Ad llhelLim coUocatus , ordinatus. ifT ARASSE. Ville maritime d'Italie, dans l'état de Gè- nes, & dans l'Évèché d'Albengue, à un mille de San- toglia. Elle eft commerçante îk fort peuplée. ARATE, f. m. Poids de Portugal, qui eft auili en ufage à Goa & dans le Brédl. On le nomme allez louvcnt Arobe , qui eft le nom qu'il a en Elpagne. UArate , ou Arobe portugaife eft de beaucoup plus forte que V Arobe efpagnole; celle-ci ne pefant que vingt-cinq livres, & celle là trente deux \ ce qui revient, poids de Paris , à près de vingt-neuf livres -, celle de Lisbonne & celle de Madrid j leulement à vingt-trois & un quart, ARATEES. f. f. pi. Terme de Mythologie. Fêtes célé- brées en l'honneur d'Aratus , célèbre Capitaine, qui combattit long-temps pour la liberté de la Grèce con- tre les Tyrans j & qui mérita de la patrie des monu- mens héroïques, félon Plutarque. 'ARATICUPANA. f. m. Arbre du Brefilde la grandeur d un oranger. Il porte un fruit odorant. Se d'un goût agréable. Il eft dangereux d'en manger fouvent. ARAVA. Foyq Arva. ARAUCAIN, AINE. f. m. & f. Habitant de la vallée d'Arauco. Araucanus a. Les Araucams font une na- tion très-féroce J fort ennemie des Efpagnols. Ils font dans le Chili , fous le 5 7 «Se 3 8^ dcgrc de latitude. Ce font les plus belliqueux & les plus braves des peu- ples du Chili. Ils lont fort adonnés à l'ivrognerie. Ils ont des mœurs différentes de tous leurs voiiîns , ont un grand nombre de magiciens p.a,rini eux , ont un chef, & tous lui des Caciques. Les principaux de la nation s'appellent Ulmans. Les armes qu'il leur a plu de fe choilîr dès l'enfance, lont celles dont ils fe lervent toute leur vie , afin d'exceller dans le maniement de ces armes, periliadés que la vie de l'homme ne luiKt pas pour bien apprendre à fe fervir de pluheurs fortes d'armes. Quand il y aquelque lujetde guerre, il s'af- iemblent pour examiner en commun s'il eft de leur intérêt de faire la guerre. Ils le régalent pendant trois jours , & délibèrent dans leurs feftins. Après quoi il n'eft pas permis de rien changer à ce qui a été ainfi arrêté. Leur coutume de choiilr le chef de la guerre j étoit de mettre iur les épaules des principaux de la nation , une grande & grulfe pièce de bois. Celui qui la portoit le plus loin, étoit leur Général. Les fré- quentes guerres qu'ils ont avec les Efpagnols , leur ont formé grand nombre de bons guerriers , & d'excellcns Capiraines. Voyez Hijt. Svc. JeJ] L. XXIII. C. 24. Del Techo , Hifi. Parag. L. L C. 17. L. IIL C. 14. i;- ARAUCO. Fortereire du Chili, dans l'Amérique 'méri- dionale. Araucum. Il eft entre la ville de la Conception & 1 Impérial. Il eft fur une colline dans une vallée à laquelle il donne fon nom. C'eft la meilleure des for- terelïes du pays. Elle eft au 36*=. degré delatitude auf- rrale, & peu éloignée de la côte.. La vallée d'ARAuco. Araucaria vallïs. Vallée du Chili , près de celle qu'on appelle Furcna vallïs. On Tome I, ARB 4^7 y voit le château de Saint Ildefoiife, & la fortercirè à'Arauco qui lui donne fon nom. Elle s'étend en-iron vingt lieues en carré. Voyez le P. Del Techo dans fon H'^fi. du Paraguay, L. I. C. z. L. IIL C. If. L. IF. C. iS. ARAVL Rivière de l'Amérique méridionale. Aravus. Elle eft dans le Bréfil, & fe jette dans la mer vis-à-vis de file de Tamaraca. ARAVIDA. Village de l'Eftramadure de Portugal. Ara- vida. Il eft entre la ville de Leira & la côte de la mer. Quelques Géographes le prennent pour l'ancienne Ara- brig , ville de la Lufitanie; mais d'autres mettent cette ville à Callégo , village près de Leira , & d'autres à Caftanheira, village fitueé fur le Tage, entre Lisbonne (k Sautarein. ARAW. Petite ville du canton de Berne , en Suiffe. Ara- vium. Elle eft (Ur une petite colline , dont la rivière d'Aar baigne le pied. ARAXAL Rivière du Bréfil , dans l'Amérique méridio- nale. Araxaïus. Elle coule dans le gouvernement de Paraita, & le joint à la rivière de Mongegauha. ARAXE. Araxes. Fleuve d'Arménie , dont Euftathius dit que le nom vient du verbe àpa^Tui , parce qu'il rompt & emporte tout dans fes débordémens. Aullî emporta-t-il les ponts qu'Alexandre , & avant lui Xerxès , y avoir voulu conftruire. Peut-être aulH a-t-il été ainli nommé j parce que , comme dit Mêla , Liv. III. Ch. i.il (e brife avec violence contre les rochers qu'il rencontre dans fon lit. Mais quelle apparence qu'un nom en ufage avant l'empire des Grecs en Afie , foit grec ? Autant vaudroit-il peut-être le tirer de u.'m,/-a- capi, qui lignifie bouillonner, parce qu'en (e brifant contre ces rochers il bouillonne. Les anciens parlent de la lource & du cours de ce fleuve fi diftéremment, qu'il faut néceffairement qu'il y eik pluheurs Heuves de ce nom. Certainement ce- lui qu'Hérodote décrit fous le nom i^Araxe, Liv. VI, eft l'Oxus. Voyez les Notes de Volîius fur Mêla , p. 244. Il ne doute point que l'Oxus avant la con- quête d'Alexandre ne s'appelât Araxe. Les Perfes ap- pellent \ Araxe , Arall , difent quelques Ecrivains } mais l'Auteur de l'Ambaftade de D. Garcias de Silva Figuéroa en Perfe , dit qu'ils l'appellent Cradamïr. ARB. ip- ARBALESTRILLE. f. f. Inftiument qui fert à prendre en mer la hauteur des aftus. Acad. Fr. Elle n'eft prefque plus en uiage. Voye^ Arbalète j ter- me de marine. ARBALÈTE, f. f. Arcus fcapo inftruclus , Balijla. Plu- heurs dilent arbalètre, mais mal, l'ufage étant en- tièrement pour arbalète. C'eft une lorte d arme qui n'eft pas à ieu. Elle eft compolée d'un arc d'acier,mon- té fur un f ik de bois , qu'on appelle monture , d une corde &, d'une fourchette. On la bande avec effort pair le lecours d'un fer propre à cet ufage. Elle fert à tirer des balles , & de gros traits appelés matras ; & alors on la nomme Arbalète-à- jalet. Il eft défendu aux eccléfuftiques de tirer de l'arc , ou de l'arbalète^. Thiers j Traité des Jeux. Les Anciens avoient aullî de grolles machines à jeter des traits , qu'on appe- loit arbalètes , ou balijhs. On dit proverbialement d'une chofe qui va vite & droit, qu'elle va comme un trait d'arbalète; & d'une chofe qui n'eft pas éloignée > qu'il n'y a qu'un trair d'arbalère. Ce mot vient de arcubaiijîa. MÉnag. Ou plutôt à'ArbaliJla , qui s'eft dit pour arcubalifia. Arbalifia. fe trouve dans la vie du B. Charles le bon , Comte de Flandre : fur quoi Henfchénius dit Arbalijlis , quaji arcubaliftis huic Gallica vox Arbalète,^rctt.f infiruclus fcapo, feu balifld. Acla. Sancl. Mart. Tom. I. p. 204. Borel le dérive à! arcus , & de ^kaa», puis il revienrà l'autre étymologic tirée èC arcus & de balifta; elle eft en cftet plus naturelle & plus jufte. On tient que l'in- vention de \ arbalète & de la fronde eft due aux Phé- niciens , quoique Vègèce donne cette dernière à ceux de Majorque, M mm 4^8 ARB ArsalÈte, fedit auiîl de l'aftragale , qxii eiï le premier os du tarie , & qu'un appelle Os de \' arbalète. Arbalète , renne de Marine , ou ArbakfinLle,cu. Bâ- ton de Jacob , el't un inftrument dont on fe feit iur mer peur prendre les hauteurs. Il eit compofé de deux bâtons ou règles de bois , ou de cuivre , qui le mettent à angles droirs , & qui ont des divilions lur les bords. La croilce s'appelle marteau , ou trav zrfier ; &c le mon- tant la Jïècke. Le marteau eft mobile iur la Hcche , & .a des pinnulcs à les extrémités. C'étoit autrefois un quart de cercle gradué , & attaché par le milieu à une règle : ainli il avoit la figure d'une arbalète, dont il a pris fon ncm. On l'appelle auilI Croix géométrique , & f^erge d'or. On l'appelle aulli quelquefois Radio- métre , ou Rayon JJlronomiquc y ou fîmplement Flè- ■chc. Il y aauiîi un 'm\!ii:umiintnon\n\e Demi-arbalète , qui n'a qu'un des bras du marteau j dont ont parlé quelques Routiers HoUandois. Il y en a quelques-uns au contraire qui ont trois marteaux. |Cr ARBALÈTE ; cheval en arbalete.Celt un cheval atta- ché fcul à une voiture devantles deux chevaux duTimon. Arbalète. Elpèce de piège dont on fe (ert pom- pren- dre des loirs. ARBALÉTER. v. a. Il y en a qui difent arbalétrer, mais mal. C'eft un terme d'Architeûurej qui lignifie , ap- puyer avec des arbalétriers , ou petites forces, Cante- riis minoribus aliquid fulcirc. ARBALETES, f. f. pi. qu'on nomme autrement four- ches. Ce font des ficelles qui fervent à monter le mé- tier des Férandiniers faifeurs de gaze de loie. Chaque arbalète tient cinq lifettes-, enlorte qu'il y a cinq fois moins d'arbalètes que de hlettes. Les ouvriers ditent arhalêtres. ARBALÉTRIER, f. m. Quelques-uns difent Arhalé- tiers. Homme armé d'arbalète, comme il y en avoit plufieurs autrefois. Sagittarïus , Jaculator j Balijla- rlus j Albalifta , Alabafiarius , Arculalifiarius. ffF II y avoit en France un Grand-Maître des arbalé- tiers. C'étoit le premier Officier de l'armée, aprè,. le Connétable. Depuis l'invention des armes à feu , il s'eft appelé le Grand-Maure de l'artillerie. Quelques- ims difent funplement Martre des Arbalétriers. Le Galois de la Baume , Maître des Arbalétriers de France. LoBiNEAU. Hijî. de Bret. Les Arquebufiers s'appellent aullI du nom d'Arbalétriers , dans leurs Lettres de Maîtrife •, parce que c'étoient eux qui hrifuient autre- fois les arbalètes. Le concile général de Latran tenu en i!59. fit un canon contre les Arbalétriers & Ar- chers, leur défendant d'exercer leiu- art contre les Chré- tiens & les Catholiques. Mais il ne paroit pas que cette défenfe ait jamais été oblervée. Fleury. On appelle auiîl par ironie Arbalétriers , ceux qui font les braves, lur -tout en amour, & qui promettent de faire des chofes au-dellus de leurs forces , comme on dit un chaud Lancier. Cet homme a beau le vanter, c'eft un méchant Arbalétrier; c'eft-à-dire , il n'eftpas d'une complexion forte & vigoureufe. On appelle figurément. Arbalétriers , ou Carabins 3 des gens qui viennent dans quelque allemblée tirer leur coup , & puis difparoiirent, pour faire quelque propofition ou enchère qui obhge à de nouvelles pro- cédures ou délibérations. ArbalÉti^iers , eir termes de Charpenterie , lont des pièces de bois qui lont au-deilus de la ferme , & qui fe joignent au haut du pom(^on. Canterii minores. Ou plutôt ce font plufieurs pièces de bois qui fervent à la charpente d'un bâtiment ; & quifontappuyées par un bout l'une contre l'autre en forme d'arc,portant de l'au- tre bout fur une poutre mile en bas en forme de corde, avec une quatrième mile au milieu en forme de fiè- chej & c'eft peur cela qu'on les appelle arbalétriers , ou lelon quelques-uns arbalétiers. On les appelle auOi j Petites^ forces , & ils forment la petite ferme qui eft au-dellus de la grande. ARBALLTRIÉRE , d'une galère, f. f. Terme de marine. C'eft le pofte où combattent les foldats, ordinairc- nicne derrière une pavcfadc. ARBALÉTRILLE, f. f. Terme de Marine, royei Ar- EALESTRiLLE !k. ArbalÈt£s. Terme de Marine. il RB tp'_ ARB AN. Ville de F, ance , au Bugey , fur les frontières Bourgogne. L'A.uteur du Dciicmbrement de la ac France écrit Arhent, & n'en fait qu'une bourgade, fer ARBARINE. Petite rivière de France, dans le Bugey , difent les Vocabuliftcs après Corneille. Le vrai nom eft Alberiney &; non pas Arbarine. ^ARBATTES. Vi-lle de laPalcftine, dans la Galilée. Elle fut prife & ruinée pat Simon Machabée. /. /. c. J. V. s I. ARBÉ ou RAB. Ile des "Vénitiens. Arba , Arbum. Elle eft dans le golfe de Venife, fur la côte de laMorlaquie, entre lesiles de Végia&de Pago. Arbe , ville capitale de cette île. Arba. C'eft le fiége d'ua Evèché, lurtragant de Zara. ARBECA. village de Catalogne en Efpagne. Arbeca. Il eft entre Lérida & Tarragone. On croit que c'eft l'an- cienne ville Urbicusy UrbeacA, Urbicum desCeltibères. ARBÉE , lubll. dont quelques-uns lont un nom de ville, qu'ils difent être la même qu'Hébron. Ils le trompent. Hébron ne s'appeloit point ^r^e'e tout court, mais la villed'Arbéc y c'eft-à-dire, la ville des quatre. Arbée n'eft donc point un nom de ville; c'eft un nom numé- ral, qui fignifie quatre. Hébron fous les Chananeens s'appela Cariath- Arbée _, la ville des quatre, frJF à caufe que quatre des plus illuftres Patriarches y furent en- terrés -, lavoir, Adam , Abraham , îfaac & Jacob : d'au " très difent, parce que quatre des plus illuftres matrones y ont leurfépulture; lavoir, Eve , Saia,"Rebccca & Liah. Mais, dit D. Calmer ^ on ne peut faire aucun fond lur ces traditions Rabbiniques. ARBELES, ou ARBELLES. f. m. pi. Ville de la tribu de Ncphthali, dans la Galilée fupérieure. Son territoire s'appeloit de même. Arbela. Il ne faut pas la ccnfon- dre avec la luivante. Are-Éles. Arbela. "Ville dAfie, que l'on place au 8./ degré de longitude, & au 34^ ou 3;^ degré 52 m. de latitude. Cette ville n'eft fameufe que par la grande bataille qu'Alexandre gagna courre Darius, & qui le mit en poUellîon de l'empire d'Afie. On la place furie Lycus. Quelques-uns tirent ce nom d'un certain Arbé- lus , fils d'Athomonéus. D'autres le dérivent de Tij7 , Ai.'j ville, & du nom de Bélus, comme qui diroit la ville du Dieu Bélus. §0"Ce n'eft point kArbéleSy mais auprès du village de Gangamelcs que Darius perdit la bataille & l'empiie. Mais les Macédoniens , voyant que ce village étoit peu connu, au lieu qu' Arbé/es étoit une ville fort confidé- rable , aimèrent mieux dire que cette bataille s'étoit donnée auprès de cette dernière ville. Les Hiftoricns le dirent après eux. L'erreur, refutée tant de fois , le maintic;-.t encore aujourdhui, & l'on dit toujours la journée d'Arbéles. ARBEN. Ancien bourg fitué fur le lac de Confiance. Arbetma. ffF ARBENGIAN. Petite ville d'Afie, dans la Tar- tarie, au Zagatai , dans la vallée qu'on appelle la Sogde deSamarcand ARBERG. ;^o>e-AARBERG. ARBI. Ville ou peuplade de la Terre- Sainte. Arki. Adri- chomius place ce lieu dans la tribu de Benjamin. Arbi. Petit pays de l'Amérique méridionale. Arbia. Il eft près des Andes , entre le Popayan & la nouvelle Grenade. ARBIA. Petite rivière d'Italie. Arhiuy Aima. Elle a fa lource dans le Florentin, palFe dans le Siennois, & va le mêler à l'Ombrone, vis-à-vis du bourg de Buon- conveno. ARBILLON. f. m. Affumemum corii. Onfe lertenDau- phiné de ce mot, pour figniher une pièce de cuir rc- coulue à la lemelle d'un loulier. Il vient d'àffivw , qui étoit une lortedefouhcrs chez les Grecs. Chorier, Hill. de Daupk. T.I.p. 100. A.RBITRAGE. 1. m. 1^? Jugement porté par un tiers, qui n'eft point établi par la loi, mais choifi volontai- rement par les parties , auquel elle donne pouvoir par un compromis de juger leurs difFérens. Arburium y Arbitratus. Ces plaideurs fe font mis en arbitrage. Cet Avocat eft fort employé dans les arbitrages. Se fou- , mettre , s'en tenir à \ arbitrage. AKB Arbitrage , en matière de change, veut dire une com- binaifon ou aUcniblage que l'on t^ait de plulîeurs chan- ges, peut connoitre queJlc place cft plus avantagcule pout tirer & remettre. ÇCr ARBITHAIKE. adj. de t. g. formé du latin arhitrlum. Choix, volonté. Ainii ce mot lignifie littéralement ce qui dépend de la volonté de chaque perlonne. Arhi- trarïus. L'Hglife n'a point prononcé là-deflus; cela eft arbitraire. L'agrément clt arbitraire Se dépendant du goiît& de l'opinion, la Bru y. On le dit pareillement de ce qui n'eft point fixé par le droit ni par la loi, mais qui dépend uniquementde la volonté des particuliers. C'cft ainlI qu'on dit peine arbitraire , amende arbitraire. L'amende pour un tel délit eft arbitraire , &c dépend des Juges. C'ell une er- reur de croire qu'en France les peines des crimes loient arbitraires. Il y a des l ix arbitraires ^ qui ne (ont ni juftesniinjuftcs parleur nature, èî.: qui dépendent de l'infHtution des h-,.mmes. Launay. On aopelle pou- voir arbitraire ^ un pouvoir ablolu qui n'a pour règle que la volonté du Souverain. Dans ce (ens , on le dit toujours en mauvaife part. Arbitraire , fe dit aulli à l'égard de Dieu , quand on examine julqu'où il peur porter le pouvoir ablolu qu'il a fur les créatures. Il eft dangereux d'allcgucr , que Dieu agit à l'égard des hommes par des loin arbitrai- res j 6c en vertu de Ion pouvoir ablolu de Créateur. PORT-R. iP" ARBITRAIREMENT, adv. D'une façon arbitraire. Arbitrario i arbitratu fuo , ad arbitrium. Agir, gou- verner arbitrairement. On le dit en mauvaife part d'un pouvoir ablolu, qui ne connoit point de loi, qui agit delpotiquemenr. Un bon Prince ne doit point gouver- ner arbitrairement. Arbitral, ALE. adj. fe dit d'un jugement, ou d'une fentence prononcée par des Arbitres. Judicium arbitra- rium ifententia arbitriaria ; arbitralis judicatio. Sen- tence arbitrale. Ja^emein arbitra/. Arbitrari j arbi- trare. Nul ne luifavoit gré ; /'arbitrale /t'«re/?c^j Toujours félon leur compte inclinait la balancée La Font. ^RBITRALEMENT, adv. qui ne fe dit qu'en cette phrale : c'eft une affaire jugée arbitra/ement }Cci\-:i- dire , par des Arbitres. Per arbitras. Affaire vidée ar- kitralement. Arbitrata qusjlio. ARBLIRATEUR. f. m. Terme de Droit. Arbitrator.On appelle A rbitrateursj, ou amiables Compoliteurs, les Arbitres à qui on donne pouvoir de le relâcher de la rigueur du droit, déterminer un dirterent à l'amiable. Ce mot le mettoit autrefois après celui d'Arbitre. On en a cité un exemple à l'article Apatfanteur. En voici un autre , tiré d'une ancienne traduclion des Mé- tamorphofes d'Ovide, lous le nom du Grand Olympe, in-i6. Pans 1549. c'eftàla fin du feuilletiez. " Jupi- 3' ter, pour ce qu'il eft jufte Juge , droiélurier & (ou- "verain, lut eftably par commun conlentement (des trois 5> Déelles) 4rbitre y Arbitrateur S<.M'mii\AcCoi'\\poi\iQu'i » cntre-elles , pour en cognoiftre & dilcurer julques en 3> dirtïnitive ; mais point n'en voulut accepter la charge , s>ains s'en excula, dilant qu'il ne vouloit encourir la " malle grâce de l'une partie ne de l'autre » Il faut oblerver une différence entre les Arbitres & les Arbitrateurs ou amiables Compofitcurs; en ce que les Arbitres (ont tenus dans l'inftiuclion &' le Juge- ment de garder les formalités de Juftice & l'ordre de droit : c'eft pourijuoi l'Ordonnance de 1 667. tit. 3 1 . art. 2. porte : Que les Arbitres leront tenus, en jugeant les difterens , de condamner indéfiniment aux dé- pens celui qui fuccombcra. Néanmoins, le même ar- ticle permet aux parties de mettre dans les compromis la claufe portant piuvoir aux Arbitres de remettre les dépens, de les modérera liquider. Mais les Arbitra- teurs & amiables Compofiteurs accordent les diffé- rens de ceux qui le font rapportés à leur jugement, fommairement & fans s'arrêter aux règles de Droit, I ni aux formalités de Juftice. Ferriére, tom. 2. de la \ Tome. I, ARB 479 Science des Notaires y in-^o. lyii.p. rojj. lo^jj.. Bornier a fait la même oblervation. It> Il y avuit à Rome un portique à cinq colonnes, conlacré a Jupiter Arbitratcur. ARBITRATION. f. f. Terme de Juiifprudence. Liqui- dation faite en gros ians entrer dans le détail. A-jli- matioi ARBITRE, f. m. Puiffance que la volonté a de choifir, de le déterminer a une choie plutôt qu'à l'autre. On joint toujours à ce mot l'épithète de franc ou de libre. Dieu a donne aux hommes \z\.n jranc arbitre y leur libre arbitre. Arbitrium j libéra volontas. De bons Auteurs aiment mieux libre arbitre que franc arbitre. Il eft plus ulité. Ménage préféroit libéral arbitre à libre arbitre. lUetait venir de libérale qu'on adirpour liberum dans la balle latinité. Libéral arbitre qu'on difoit autrefois ne fe dit plus que parmi le peuple. En \oulant accorder la grâce avec le libre arbitre , il bkffr 1 honneur de celle-là, & Hatta l'orgueil de celui- ci. G CD. Le libre arbitre eft une faculté de la railon & de l'entendement, parce que la raifon eft conhdérée comme un arbitre j ou comme uir Juge qui examine , qui conlulte, qui délibère, &qui enfin décide ce qu'il faut choilir. Blrn. Pour détruire le Pélagianilme, l'on s'eft jeté dans les extrémités oppolées en ruinant le jranc arbitre, & rétabliffant la fatalité inftexible des Sto'i'ciens. Boss. S. Jurtin, dans la première apologie, prouve le libre arbitre par le bl.ime & la louange , par le changement des mœurs en bien ou en mal-, parce qu'il n'y auroitni vice, ni vertu, & que le bien ik le mal ne leroient que dans l'opinion des hommes. Ce qui eft, dit-il, la louveraine impiété. Si. la louveraine injuftice, comme la droite railon le montre. Fleury. J"oy f[ Liberté. Arbitre , eft aufti un Juge nommé par le Magiftrat, ou choill volontaiiement parles parties, auquel elles don- nent pouvoir par un compromis déjuger de leur diffé- rent. Arbiter. Les Arbitres compromilfaires doivent juger à la rigueur, aufti-bien que les autres Juges. En Provence on envoie les païens qui plaident pour être jugés en première inftance par-devant des Arbitres, Chez les Romains on pouvoit fe foumettre à l'arbi- trage d'une leule perlonne, mais ordinairement on en choililloit pluiicurs , Se prclque toujours en nombre impair. Quand ils étoient en nombre pair, & qu'ils ne s'accordoient pas, ils ne pouvoient prendre eux-mêmes un tiers, il falloir que les parties en conviniFent, ou que le Prêteur en nommât un dofHce. Il n'étoit pas permis de convenir d'Arbitres dans les afïlrires où le public avoir intérêt, comme les crimes, les mariages, les queftions d'Etat. On ne pouvoit appeler d une len- tcncc arbitrale, parce que l'eftet d'un appel eft de luf- pcndre l'autorité d unf juridicfion , Se non pas d'une convention. Enfin, larbitrage finifîoit par la mort de l'un des Arbitres, ou de l'une des parties. En France nous avens trois (ortes A' Arbitres ; favoir, ceux qui en vertu du compromis font obligés de luivre la ri- gueur du droit, ceux à qui les parties donnent pouvoir de le relâcher de cette rigueur, & ceux par devant lef- quels on eft renvoyé par le Juge. On ne peut choilir A' Arbitres pour les chofes qui concernenr l'Etat, ou le Pubhc, mais bien pour les choies qui en réfultent: ainh on ne peut pas luivre l'avis des Arbitres pour raifon de crimes , mais on le peut pour des réparations civiles. Toutes fortes de perfonnes peuvent être Arbi- tres, excepté, 1°. Ceux qui font morts civilemenrau monde , ou qui leur lont comparés. 1°. Ceux qui lont infâmes. 5°. Ceux qui font mineurs de vingt-un ans. 4°. Les Juges par devant lefquels étoit pendant le diffé- rent, pour lequel on a compromis. A l'égard des fem- mes, on peut le foumettre à leur jugement, lequel, quoiqu'il ne foit d'aucune autorité , a pourtant l'effet de faire condamner celui qui n'y veut pas déférer, à payer la peine portée par le compromis : cependant il y a un arrcr contraire , rapporté par M. le Preftre, cent. 3 , chap. 32. On peut appeler de la fentence des Ar- bitres , quand même on auroit ftipulé qu'on ne pouna appeler ; parce que fî cette convention avoir lieu , il ieroic libre à des particuliers de donner une autorité M m m i j 4<^< ARB fouveraiiic à d'autres <{u'k ceux que le Roi a choi- fis pour jugcc à fa place, ^^o) ei Rcburte fur les Or- ou bien la pré- pofant Comme on fait de j" fortes è: arbres. Cette defcriptioneft prife d'Acofta & de Linlcot. Onpcutla comparer avec celle delà plante nommée manjapumeran _, dans le premier volume de l'Hortus Malabericus. Arbre DE vie. Arbor vua^ ou Thuya Theophrafli. C. B. Pin. Arbre qui a été apporté de Canada en F rance , & qui fut préfenté à François I. ^ Il cft ainfi nommé , parce qu'il cft toujours vert , & qu'il rend une odeur douce & agréable. On le nomme aulîî Cèdre améri- cain j ou arbre toujours vert. Cet arbre 3 quoique ARB 'étranger, s'eft multiplié aifément en Europe-, fes bran- ches prennent facilement lacinc, & en n'a pas beau- coup de peine a 1 wlever. Il devient d une moyenne grandeur en France; fon tronc cirdicit, noueux, rwètu d'une ecorce a-peu- près fembiablc c celle du cyprès, remplie dune matière rflineulc. Il eft allez btanchu ; fes branches s'crendent horizontalement, & fur leurs côtés elles font divifées en d'autres plus petites bran- ches en manière dalles. Ces petites branches font cou- vertes décailles menues , aplaties, pofées les unes fur les autres , toujours \ ertes , bennes dans l'hiver ; car pour lors elles rcullilfent; mais au printemps elles re- prennent leur verdure. Entre ces petites feuilles font placées des petites velhes remplies d ur.e liqueur onc- tueufe, réfmeuie, &: dune forte odcurde drogue. Ces feuilles, quoique dcllcchées,ne perdent prefque ja- iTiais leur odeur. A l'extrémité de quelques-unes de ces petites branches nailîent des petits boutons qui de- viennent des fruits long'^ de demi-pouce environ, com- pofés de quelques écailles , entre lefquelles on trouve des femences cblongues , bordées d'une aile membra- neule, ou feuillet déhé. On aj Lifte cet arbre dans les jardins , S-z on lui donne , comme à l'if, telle figure que I on veut. On.fait cas de fon huile tirée par la diftillation , pour foulager les goutteux. Arbre de Diane, /^oj'if:^ Diane. Arbre de Mars, f^oye^ Mars. Arbre a enivrer. C 'cft. le nom que l'on donne dans le Pérou à l'arbre qui produit le quinquina , dont on fe fert pour la guérilon des fièvres; parce qu'outre cette qualité fébrilugc , Icn écorce a encore celle d'enivrer les poilfons plus lurement, que la drogue qu'on ap- pelle en Europe Coque de levant. IJCF Arbre, en termes de Charpenterie & d'Architec- ture , eft une grofle pièce de bois , qui eft la principale d'une machine, ik qui la loutieiit. Ùcr're du mouhn eft celui que la roue tait tourner , pour mouvoir les meules , foit par le ru, foit par le venr. Arbor molen- dinarïa. On l'appelle arbre tournant. fpT L'Arbre d'un navire , eft le grand mat qu'en ap- pelle arbre mejire fur la méditertai.ée. Arhor nautica. §CF L'Arbre d'une grue y eft la principale pièce de bois qui la foutient, qu'on nomme aulli la. fièche. ce? Arbre, en termes d'Eîcrlogtue & de Mécanique, eft ce qu'on appelle dans les montres , les horloges ÔC autres machine^ qui tournent , l'axe ou l'ellîeu des roues qui portent le pignon ou ce qui les fait mouvoir. Axis. Arbre , en termes de Momioyage , fignifie la machine qu'on appelle vulgairement une jument j qui contient tout enlemble le degrollî & le laminoir , une groffc pièce de bois pofée perpendiculairement, fur le haut de laquelle cft la grande roue a dents qui donne le mouvement aux lanternes & aux héullons. On nomme pareillement parmi les ouvriers des mon- noies, l'arbre du ccupoir, une pièce de fer pofée per- pendiculairement, dont le bout d'en haut, qui eft vis- à-vis , fe tourne avec une manivelle , pour la taire baif- fer ou lever, & qui à fon autre bout porte lecoupoir, c'eft-à-dire , un emporte-pièce d'acier bien acéré , pour débirer les lames de métal en flaons convenables aux cfpèces qu'on veut marquer. Arbre, en termes de Tourneur, eft un mandrin com- pote de plufieurs pièces de cuivre , de fer & de bois , dont on le fert , foit pour tourner en l'air , foit pour faire des vis auxouvragcs de tour, foitpour tourner en ovale,, ou en d'autres figures irrégulières. Arbre , che:^ les Fitriers. Les Vitriers appellent les ar- bres d'un tire plomb, les axes ou effieux qui font tour- ner les rouleaux d'acier, entre lef quels on palfe la lame de plomb , pour l'aplatir & canneler au f ortir de la lingotièrc. Arbre, cke:[ les Tireurs d'or^ eft uneefpècc de cabef- tan, dont le treuil, qui eft pofé perpendiculairement, a huit ou dix pieds de haut. Deux barres ou leviers de \'ingt-quatre pieds de long, le traverfent en croi.'c , & lervent à le tourner. C'eff fur cet arbre que fe roule le cable. Voyei^ Argue. Arbrï ARB Arbre de Pressoir, en termes de Mécanique , eft de deux fortes, félon deux difFéientes efpèces de preifoir. Dans la pren-iièie, c cfl un tronc à'arbry équaiii , quia plus de la longueur de la mai du prelloir, & qui dé- borde par les deux bouts : il eft engagé entre deux mon- tans ou jambages de chaque côté , qui l'aiînjettiirent, pour qu'il n.c puilfe s'écarter ni à droite ni à gauche. Dans fon milieu il cil percé d'un trou qui reçoit une vis, qui le haulfeiSc lebailfe parle moyen d'un écrou. Quand i'arère eft haulfé , on dilpofe dellous -ïc au mi- lieu de la mai le raifin, que l'on entalle en malTe car- rée que l'on appelle mure. On met iur ce marc des planches épaiiles ,& l'on en couvre tout , enforte qu'elles • débordent même plus que le marc , fur lequel on a mis deux ou trois grands bâtons de la grofleur du bras pour foutenir ces planches débordantes ; on charge ces plan- ches de folives équarries mifes alternativement en carré les unes Iur les autres , & l'on en met ainiî juiqu'à ce qu'elles touchent l'arfre du preifoir élevé , comme nous avons diti alors , à l'aide d une roue, au milieu de la- quelle eft lécrou, on abailfc i'arère qui en prcllantle railin fur la mai, exprime tout le jus qu il contient. L'autre efpèce à'arhre de preifoir eft un grand & gros tronc à'arhre équarri en poutre , qui par ion gros bouc porte l'ur la mai du preifoir, & de chaque côté de la mai eft enclavé entre deux montans qui l'alfujettiflent. A l'autre bout il porte un écrou, & par le moyen de la vis il le haulfe & fe baifie ; quand il eft haulfe , l'au- tre bout s'abaille entre les deux montans, qui le tien- nent, & alors on met deiruscebout abaillé des piè- ces de bois , qui l'empcchent de s'élever , puis par le lecours de la vis on abaille l'autre bout ; l'arbre 3 en s'abailfant, prefle le marc& en exprime le vin. §CJ" Il y a quantité d'autres machines pour les différens métiers où cette pièce fe rencontre lous le nom d'ar- bre ; mais comme elle a par-tout la même fondtion , les fortes à' arbres dont on vient de parler, luftîront pour faire connoître cette fonélion. ^RBRE , fe dit figurément en Logique de l'ordre & de la fuite naturelle des genres , des efpèces & des individus. On l'appelle \ arbre de Porphyre , du nom du Philo- fophe Porphyre , qui en eft l'inventeur. Dans l'arbre de Porphyre on defcend ainfî du premier genre jufqu'aux individus: être,fubftance,corps,vivant,animal,homme, pierre. Cette fuite le met fur le tronc d une figure d'ar- bre ; & fur les branches de l'arbre en ligne collatérale fe trouvent les divilions de chacun de ces genres ou efpèces. C'eft ce qui fait qu'on l'appelle arbrs. §CF On l'appelle autrement,eVAe//f desprédicamens. Scala pra- dicamentalis. D'autres Philofophcs forment cet arbre différem- ment. Pourchot , par exemple , met d'abord l'ctrc , puis la fubftance ■■, enfuite il defcend ainli : la iubf- tance eft efprit ou corps; l'efprit eft incréé ou créé , l'efprit créé j eft dcftiné au corps , ou ne l'eft pas ; le corps eft animé ou inanimé , le corps animé a la force de marcher, ou ne l'a pas \ s'il a la force de marcher, il eft ou raifonnable ou irraifonnable. Cela eft un peu défeétueux. Qui nous a dit qu'il n'y a pas des animaux irraifonnables , qui avec une ame fenlitive , n'ont pas la force de marcher ; Les huîtres & autres coquillages attachés à des rochers marchent-ils? §3" Arbre, fe dit aullî figurément d'une figure tracée en forme à'arhre , d'où l'on voit lortir , comme d'un tronc , diverfes branches de conlanguinité , de parenté. Arbre généalogique. On a drelfé l'arbre généalogique de la maifon de France. Graduum cognationis fcbema ^ Arhor confan<^innïtatis ; Coonatlonum flemmata. On a appelle en pocfie arbre fourchu , un lai , un virelai , à caufe des petits vers intercalaires qui étoient au milieu des grands , qui faifoient une efpèce de fourche. Arbre , en termes de Blafon, s'appelle ////Fcj quand fcn tronc eft d'un autre émail que fes branches. On doit auffi Ipécifier en blafonnant quand il eft lec , ou avec fes feuilles. On dit figurément & proverbialement , qu'il fc faut Tome I. ARC 4(f^ tenir au gros de l'arbre ; pour dire , au parti jufte & folide, & qui eft le plus forr. Quand il s'agit de la foi , cela veut dire, qu'il faut s'en tenir aux decifions de l'Eglifc, qui lontles règles de notre foi. ARBRISSEAU, f. m. Frutex. Plante ligneufe , de moin- dre taille que l'arbre, laquelle, outre la principale tige de les brandies , produit très- fcuvcnt de la même ra- cine plulleurs pieds confidérables, tels font le troène, la filaria, &c. Les arbres & les arbrijfeaux Y>o\x[ïcm en automne des boutons dans les ailfelles des feuilles. Ces bcutonsfoîit comme autant de petits aufs qui fc dé- veloppant dans le printems , s'épanouilfent en feuilles & en ficurs. Cette diftcrence , jointe à la grandeur, fait qu'on diftingxie aifément les arbrijfeaux des fous^ arbrijfeaux. ARBRISSEL. f. m, Foye^ Albresec. ARBROATK. Bcurg du nord de l'EcolTe. Arbroathum. Il eftfiula côte de la province d'Angus, au midi de la ville de Montrofe. ARBROIE. f f. Vieux mot. Boccage. PoéC. du Roi de Nav. ARBROT. f m. Terme d'Oifeleur. On dit , prendre les oifeaux à l'i^r/ror j c'eft- à-dire, à une efpèce de petit arbre garni de gluaux. ARBUSTE , ou SOUS-ARBRISSEAU, f m. Sufrutex, On donne ce nom aux plantes ligneufes , ou petits buiftbns moindres que les arbn(feaux. On met dcs^zr- bujles dans un parterre. ARC. ARC. f. m. Arme courbée en demi-cercle, fervant à ti- rer des Hèches. Arme faite d'un morceau de bois, de corne, ou d'autre matière qui fait reilort, lequel étant courbé lorrement par le moyen dune corde attachée à fes bouts , fait partir une Hèche avec grand effort en le remettant en fon état naturel , eu du moins en fe redreftant avec violence. Arcus. Le mot à'arc eft dit ab arcendo 3 quod arceat hojles , parce qu'il écarte les ennemis. Les cornes à'wnarc ^ font les extrémirés où la corde eft attachée peur le bander. Cornua. L'arc eft la première & la plus générale de toutes les armes: car on a trouvé que les peuples les plus barbares , les plus éloignés, & qui avoient le moins de communication avec les autres hommes , s'enfervoienr. On s'en fert en- core dans plulîeurs endfoits de l'Afie , de l'Afrique & de l'Amérique. Bander , débander un arc. Tirer de l'arc. Les anciens attribuoient l'invention de l'arc & de la flèche à Appollon. Chez les Mogols , l'arc eft le fymbole de la royauté, & la flèche le fymbole de l'ambalfadeur, ou d'un Vice- Roi. D'Herb. C'eft Louis XI qui commença, en 1481 , à abolir en France l'ufage de l'arc & de la flèche, pour introduire les armes des Suilfes , c'eft-à-dire, la hallebarde, la pique, & les larges épées. On dit, un arc d'ivoire, d'ébène , é'c. Arcus ebore, ehenoïnjlruclus ; pour dire, un arc garni d'ébène, d'i- voire -, car on ne fait point d'<;rc d'ivoire , d'ébène , ni de bois durs , à caufe qu'ils ne font point de ref- iort. Varc a fourni plufieurs devifes. Voici les mots : mi ripofo no es flaque\a , mot efpagnol, qui fignifie, mon repos n'efl point langueur. Stringendo mi fcio- gUo , mot italien, qui veut dire, en ferrant mes liens je me délie , je me mets en plus grande liberté. Pie- gatoji lega j autre mot italien de Lucarini , ilfe lie quand il efi plié. Et Pcr ferir alcrui tcrfe fe Jlejjo ^ pour frapper un autre il le courbe , il fe gêne. Arc-a-Jalet. Sorte de petite arbalète propre à jetée de petite balles. Arcus fcapo injlruclus & emittendis globulis comparatus. Arc, fignifie en Géomérie, im trait de compas qui fe meut fur un centre , &r qui n'achève pas un demi cercle; ou une partie de la circonférence d'un cercle, moindre que la moitié. La bafe ou la ligne qui en joint les deux extrémités s'appe'le la corde , Se laper- jendiculaire élevée au milieu de cette ligne, s'appelle a flèche. Tous les angles font mefurés par des arcs* ■ Nnii C j,66 ARC ARC Pour favoîrleur grandeur, il faut décrire un arc , dont le centre toic en leui; pointe. On appelle aulli arc en Aftonomie, une portion d'un cercle, qui fait partie d'un cercle divilé en 360 parties: & on dit, un arc de 60, de 90, & de lio degrés. Varc diurne du foleil elf le cercle parallcie à l'cquateur, que le foleil décrit fur l'horizon j c'eif-a- dire, depuis fon lever julqu'à Ion coucher. Son arc nocturne eft un pareil cercle qu'il décrit tous Ihori- zon. L'élévation du pôle iemelurepar unijrcprislurlc méridien. Varc de progrelîion, ou de direction, cil \'arc du zodiaque , que la planète terablc parcourir lorfque fon mouvement fe fait fclonlaluite des lignes. h'arc de rétrogradation , eft l'arc du zodiaque que la planète parcourt en rétrogradant , & loriqu elle le meut , contre l'ordre des lignes. L'arc tle ftation première ^ elt X'arc que la planète parcourt dans le premier dcmi- cercle de fon épicycle, pendant qu'elle eit Itation- naire. L'arc de ftation féconde, eft Y arc que la pla- nète parcourt dans l'autre demi-cercle de fon épicycle, pendant qu'ell(^aroît ftationnaire. Dans les Ivlémoi- res de l'Acadéi-nie des Sciences 1710, p. 200. M. de la Hire donne une méthode générale pour la divi- lion des c^rcs de cercle , ou des angles en autant de parties égales que l'on voudra. kv.z , fe dit aulli généralement de toutes les chofes qui le font en ligne courbe. En cet endroit le rivage te courbe en arc pour fornier un gclte, ou une anie. Cette rivière, ce chemin, la muraille de ce port , ie forment en arc , & font un giand détour. Arc, fe dit aullI dans les batimens, des voûtes & trom- pes courbées en rond. Arc en plein cintre , eft celui qui forme un demi-cercle parfait. Arcus ïnteger. Arc en anfe de panier ^ eft un arc lurbaiffé. Arcus dimi- nutus j delumbatus. Arc en talus , eft un arc percé en talus dans un mur. Arcus fuhcuneatus. Arc biais ^ on de côté, eft un arc dont les piédroits ne font pas d e- querre. Arcus ccrnpcfitus. Arc en décharge, eft un arc fait pour loulager une platebande, ou un poitrail, &: dont les retombées portent lut les fommiers. Ar- cus epiflylia jtijlinens. Arc rampant, eft un arc in- cliné dans un mur à plomb. Arcus incidens muro ad perpendiculurn erecîo. On appelle arcs ■, ou arceaux, les voûtes des portes ou des fenêtres qui ne (ont pas carrées. Cette voûte fait un trop grand arc. Il faut bander des arcs , quand on fait des fondemens dans une carrière vidée , pour foutcnir les conftruélions qu'on fait delfus. Blondel enleigne le moyen de trou- ver les joints de toutes fortes d'arcs rampans : ce qui eft inféré dans les Mémoires de l'Académie des Sciences. Arc de triomphe , ou triomphal. C'eft une conf- truclion de charpente qu'on fait lur quelques portes, ou palfagcs, avec divers ornemens dans les entrées 'd'un Roi, eu d'un vainqueur. Arcus trïumphalis. On en fait aulîî de pierre magnifiquement décorés d'ar- chiteclurc ou de Iculpture , pour conlerver la mémoire des grandes aclicns a la poftcrité, par plulieurs inicrip- tions & bas-reliefs qu'on y taille. L'arc de Conftantin. L'arc du Roi , Louis XIV. On appelle arc de catroire, !a pièce de fer courbée en arc qui joint la Hèche ou les brancards au train de devant : ce qui donne au cairofle la facihté de tour- ner en plus petit eipace. ^3" Arc de l'Éperon. Terme de Marine. C'eft en lon- gueur la diftance qu'il y a du bout de l'éperon à l'a- vant du vailfeau, par-dellus l'éperon. On dit figurément en termes de l'Ecriture, que Dieu a bandé fon arc , préparé fon arc ; pour dire , qu'il menace les hommes dans fa colère. Ç, Les Païens mcttoicnt entre les mains de Cupidon un arc & des Hèches , pour lignifier figure ment qu'il blelloit les coeurs en leur donnant de l'amour. On appelle figurément les fourcils d'une belle brune , des arcs d'ébènc. 0'^\ dit proverbialement & figurément , qu'il faut avoir plufieuis cordes_ à fon arc ; pour dire , avoir plufieurs moyens de fortir d'une affaire, d'en venir à bout. Maiot a dit proveibialement: Débander /'arc ne guérit point la plaie. (f3' Pour dire, que quand on a fait un mal, on ne le répare pas en ie mettant en état de n'en plus faire. Ce proverbe vient de René d'Anjou, Roi de Sicile, qui après la mort d'Iiabeau de Lorraine (a femme ar- rivée en 14J3 , pour montrer c|u'il l'aimeroit tcujouts nonobllant la mort, prit ce vers pour l'âme de fa de- vile , dont le corps étoit un arc a la tutque qui avoit la corde rompue. # Arc des loyaux amans , étoit une fidion , dont il eft fait mention dans l'Amadis , d'un arc ou d'une voûte qui ) éccit dans le palais enchanté d'Apcllidon, où il paroif- foit une grande ftatue de cuivre , tenant un cors en main, qui rendoit un fon mélodieux quand les amans fidèles palloient par-delFous, & qui jettoit du feu &: de la tumee avec un bruit effroyable quand ils étoienc infidèles. Arc- BOUT ANS. ( on ne prononce point le c ) Grandes arcades appuyées fur des murs folides, qu'on fait pour foutcnir les voûtes élevées des églifes , ou des autres batimens. Anterides ,. Enfmaca. i^' On dit mieux arc-hutant. Ce mot eft ftançois, & eft formé à' arc 6c de buc*r. Encvc. fjZt On appelle quelquefois arc-houtant une maffe de ma- çonnerie, un pilier, un éperon fervant à contre-tcnir un mur de tetralîe ou autre. Mais le mot à'arc-hou- tant ne convient qu'a un corps qui s'élève & s'incline en portion de cercle contre le corps qu'il foutient. On appelle aulîi arc-boutans d'un carroffe, les pièces de ter qui lont des deux côtés des moutons pour les loutenir, parce qu'ils portent tout le faix du carrotïe. La barre qui ferme les portes cochères s'appelle auiïï arc'boutant , ou pied de bickc. Arc-bouïans. f. m. Terme de Marine. Efpèce de pe- tits mats de zj à 30 pieds de longueur, ferrés parle bout d'un ter a trois pointes , & long de 6 à 8 pou- ces. Ils fervent à tenir les écoutes des bonnettes en état , ou à repoutrer un vaifleau s'il venoit à l'abor- dage. On appelle figurément arc-houtant , appui, les prin- cipaux détenteurs d'un parti , d une doctrine. Pr&Ji- dia j propugnacula. Les Pères de l'Eglif e ont été les arcs-boutans de la religion. Ce grand Capitaine eft le principal arc boutant , le meilleur appui de l'Etat. Ce factieux étoit \'arc-boutant de la ligue. F'a, Démon, va de Claude échauffer les tranfports 3 Que ce ferme arc-boutant, cette plume -zélée Soutienne confiamment la fccle défolée. Le Noble TeneliÉre. sfT Arc-bouter. v. a. ( le c ne fe prononce point ). appuyer unarc-boutar.t. Fulcire. Voy. Arc-boutant, Arc-bouter au miur. IfT ARC-BOUTÉ , ÉE. part. Arc-rampant. C'eft en Architeilure une ligne courbe, dont les deux extrémités prîtes aux appuis de leurs nailFances , qu'on appelle impcjles , ne font pas de ni- veau , & dont les diamètres conjugués ne font pas à l'équerre, c'eif-à-diie , dont l'aplomb de la clef eft obli- que à la ligne de rampe des importes. Telles font les arcades que l'on fait tous les rampes des cfcaliers &c des terrafles en defcente ; ce qui fait que ces fortes égares ne peuvent jainais être d'une feule portion de cercle , mais de quelque autre feciion conique ou de fpinale. Frezier. Arc de cloître. Terme d'Architeduic. 'Voûte compo- fée de deux, trois, quatre ou plulieurs portions de berceaux , qui fe rencontrent en angle rentrant dans leur concavité , enforte que leurs côtés forment le contour de la voûte en polygone. Telles font , pat exemple, les petites voûtes, ou chapiteaux de guéri- tes à pans. Si les betceaux cylindriques fe rencontrent en angle rentrant fur leur convexité, ou ce oui eft I4 même choie, en angle failhnt fur la concavité, la, la voûte changetûit de nom , elle s'appeleroit yçûli d'arrctc. 1d. ARC Aa.cs DOtJBLHAUx. Tcime d'Aixhitetfturc. Tranfvoluti anus. Dira-t-il que ces arcs doublc^ux j pcut-cne de 40, jo ou 60 pieds de diamètre, qui étoient déjà en vuûte, pullenr, en luivanc la rondeur de la tour qu'ils porcoient, & en fe détournant aiufi de l'apkmb, loutenir -un fi prodigieux fardeau J Cordem. Varc doublcau efl une arcade en faillie fur la dcële d'une voijte , qu'elle traverf e à angle droit , def orte qu'elle lui fait en cci endroit une clpèce de doubliàe , loit pour la renforcer, foit pour cacher quelque ar- rête de rencontre , comme aux voûtes gothiques , eu pour faire une liaifon d'un pilaftre , ou d'une per- che à fon oppofée. FrÉzizr. Voye\ encore Ogive, ou AUGIVE. Un arc droit en Architedture , eft celui dont la corde eft perpendiculaire au joint du ht d'une voûte, lorf- que ce joint ell droit , ou à fa tangente au point de rencontre , lorlqu'il eft courbe ; c'eft ainli que l'entend le P. Deran, qui confond \arc droit avec le biveau. Mais, pour, mieux expliquer ce mot, l'iîrc droit pro- prement die , eft la feclion d'une voûte , perpendi- culairement à Ion axe & à fes côtés , ou aux tan- gentes à fes côtés. D'où il fuit, 1°. Qu'il n'y a point ^arc droit proprement dit aux voûtes coniques , parce qu'un plan ne peut être perpendiculaire à leurs axes & à leurs côtés qui font convergens : 2°. Qu'il y a des arcs droits aux voûtes fphériques, parce que leurs tangentes font parallèles à leurs diamètres: 3°. Qu'il • /y a aullî des arcs droits dans les annulaires & dans les vis, où les tangentes font perpendiculaires à leur diamètre, parce que la tangente du côté eft parallèle a celle de leur axe courbe dans la fcttion perpendicu- laire à cette tangente. FrÉzier. Arc-en-ciel. Irïs , arcus cœlejlis. C'eft un tiilu dephi- fieurs couleurs dilpofées en arc ^ bande, ou écharpc , qui patoitdans une nuée pluvieufe: ce qui arrive lorf- que le foleilnell pas beaucoup élevé fur l'horizon, dans la partie du ciel qui hu eft oppofée. On l'appelle autrement Iris. Il a au pluriel arc-en-ciels. Les Amé- ricains adoroient Yarc-en ciel j au rapport d'Acofta. L'arc-en-ciel ne paroit qu'avant ou après la pluie. On voit quelquefois un double ou triple arc-enciel ; mais les deux derniers font plus imparfaits , moins vivement colorés, & de moindre étendue. iCT Les couleurs font renverfées dans les deux arcs. Celles de Varc principal , ccft-a-dire, celui qui eft intérieur, en prenant du dedans en dehors , font dans l'ordre fuivant ; violet, indigo, bleu, vert, jaune, orangé, rouge. Elles font arrangées au contraire dans l'arc extérieur, ou fécond arc ^ rouge orangé ; & ont la même apparence dans les jets deau des fontaines , dans les bouteilles pleines d'eau, &c dans les verres prifmatiques ou triangulai- res , qui s'appellent auiîi Iris. On prétend que l'arc- en-ciel n'cft qu'un effet de la réfraétion des rayons du foleil, laquelle fe fait au travers des gouttes fphéri- ques d'eau dont l'air eft rempli , & qui font tout-à- fait tranfparentes. Roh. Tous les Philofophes con- viennent que le foleil éclairant d'un côté , & de l'au- tre la nue compofée de gouttes d'eau en forme de rofée , eft la caule de \ arc-en-ciel. Ceux qui tien- nent pour les atomes , difcnt que les r^ayons du fo- leil frappant les angles de toutes les particules dont la nue eft compofée , ils font réHéchis & ren- voyés de tous côtés à l'œil. Mais à l'égard du nom- bre de ces angles, & de la manière dont les rayons font réfléchis , ils répondent que telle eft la nature des rayons du foleil , & des corpufcules aqueux ré- pandus dans l'air, qu'une telle varictéde couleurs foit produite par une telle fituation. Bern. Les raifons : en font fort bien expliquées par M. Defcartes. La lune forme auffi quelquefois un arc-en-ciel. Il eft blanc , ou du moins fes couleurs font li foibles qu'elles paroif- fent blanches. Ariftote dit, qu'on ne l'avoit point re- marqué a.'txaX. lui , & qu'on ne l'apperçoit qu'à la pleine lune. Le Dodeur Salomon Braun a obfervé un arc-en-ciel lunaire, le quatrième jour après la pleine lune d'Odobre en 1 67 1 . Dans les nouvelles de la républi- que des lettres, il eft parlé d'un arc-en-cicl qui parut à Maftùcht en 1684, qui confiftoit en des nuages Tomi I. ARC .467 droits $c perpendiculaires comme de longues colonnes qui étaient tianlparentcs, & avoient une difpolition de couleurs toute contraire aux ordres de ce météore.- Mentzclius dit , qu'il a vu des c.rc-en-clds tout blancs en plein jour. M. Mariote, dans fon quatrième elîai de Phyfique, dit, que ces arc-en ciels fans cou- leurs fe ferment dans les brouillards , comme les au- tres fe forment dans la pluie, & ilalîure en avoir vu par diveribs fois, tant le marin après le lever du fo- leil, que la nuit à la lune. Enfin , il attribue ce défaut de couleurs à la petitefte des vapeurs imperceptibles qui compofent les brouillards. Voye^ Aristote , Descartes , Gassendi, Régis, Rohault , de la Chambre, 6r. dans leurs Traités des météores. M. de la Chambre écrit toujours arcanciel, pour* arc-en-ciel , comme lî ce mot n'étoit pas compofc de ces trois-ci , arc en ciel ; c'cft-à-dire , arc qui eft, ou qui paroit dans le ciel. Catherine de Médicis avoir pour devife un arc-en- ciel, avec cet hémiftiche grec *fi2 *lpli hae taah- Nhn, elle apporte la lumière & la férénité. Arc-en-ciel , au figuré , eft en termes de l'Ecriture, un figne d'alliance entre Dieu & les hommes, par lequel il leur a promis de ne leur plus envoyer le déluge. Arcus jaderis. Arc. Varc , ou Lar. Petite rivière de Provence. Arcus Luris j Larius. Elle a fa fource près de Fourrières , palle à Aix, ëc fe décharge dans la mer de Martigue, à Berrc. Arc , eft auflî le nom d'une rivière de Savoie. Arcus. Elle fort du Mont Cénis au feptentrion , vers les confins du duché d'Aoufte. Elle traverfe le Comté de Morienne & la Chambre, ik fe jette dans l'Isère , à quelque heues au-delfous de Montmélian. Elle foimc par fon cours un arc , qui probablement lui a donné fon nom. §CJ" Arc-en-Barois. Petite ville de France, en Bour- gogne, fur la petite rivière d'Anjou, à quatorze heueî de Dijon, & à cinq lieues & demie de Langres. ?fT Arc ( Jeanne d' ). P'oye:^ Pucelle d'Orléans» Vaucouleurs, DoM-Rt.MI. ARCACHON. Golfe de la mer de Gafcognc. Sinus Ar- caffouius. Il eft entre l'embouchure de la Garonne & ' celle de l'Adour , au couchant de Bordeaux. C'eft dans les villages qui font autour de ce ballin , que fe fait le plus grand négoce du bray , qui f e tire des lan- des de Bordeaux. Le Cap d'Arcachon. Promontorium ArcaJJomum. Il eft près du gohe de même nom. ARCADE, f'. f. Voûte courbée en arc. Fornix. ïfT On le dit généralement de toutes les couvertures en arc. Les arcades d'un bâtiment. Les arcades de la place royale. Les arcades d'un berceau. Une arcade feinte, eft un enfoncement cintré de certaine profondeur , qui fe fait dans un mur , ou pour répondre à une arcade percée, qui lui eft oppo- fée , ou parallèle , ou feulement pour la décoration d un mur orbe. |!CJ" Arcade en jardinage , fe dit d'une paliffade for- mant une grande ouverture cintrée par le haut, qui peut être percée juf qu'en bas, ou êtie arrêtée fur une banquette de charmille. ^fT Arcade, en ferrurerie , eft dans les balcons ou ram- pes d'efcalicr, la partie qui forme un fer à cheval, & qui leur fait donner le nom de rampes en arcade ^ ou de balcons en arcade. Arcade. Terme de Talonnier. C'eft le delTous d"Un talon de bois coupé en arc. Arcade de talon bien faite. Arcade. Terme de Lunettier. C'eft la partie de la. châlfe de la lunette où l'on met le nez. Cette ar- cade me ferre trop le nez , elle eft trop petite. §3" Arcade en Anatomie. Ce mot s'applique de même aux parties figurées en arc. Arcade fourciUicre. C'elf Je contour formé par l'orbite. Arcade, f. m. Nom d'homme. Arcadius. Arcade , fils I aîné de Théodcfe le Grand , naquit en Efpagnc, veïif N n n ij 468 ARC Tan 577, deFlaccile, & reçut le titre d'Augufte le 16 ou le 10 Janvier 3S5. Tiilem. On dit aaili louvent Arcadius. Les médailles à'Arcadius ne lont point ra- res, h ce n'eft en grand bronze. fiCr ARC ADES. (les) Membres d'une Académie de Ro- me, foye^f AncADiEN. fO' ARCADI. Cniivent de l'île de Candie , à douze milles deReriiro, 11 lemble que ce mon.artère , le plus beau & le plus riche de tous ceux de l'^le, ait retenu le nom de 1 ^nacnnsjrcudia. On compte dans ce xVio- naftère prèi de 100 Rcli^veux , 6c environ zoo alacam pagne , occupes a faue vaiou' les fermes. |Cr La cave eft un des plus beaux endroits du Monal- tcre. Le meilleur vin eft marr,ué au nom du hupérieur, & perlunne n'okroi.r y toucher lans la permiùion. Il bénit cette cave tous les ans aprJs les vendanges, en récitantloraifonluivante^iraprimi-edans le rituelgrec. ftCr " Seigneur Dieu , qui aimez les hommes , jetez les » yeux fur ce vin & fur ceux qui le boirunt, béni liez » nos muids, comme vous bénites le puits de Jac.Ai , » la pifcine de Siloé, & la boillon de vos laints Apô- » très. Seigneur qui voulûtes bien vous trouver aux »> noces de Cana , où par le changement de leau en " vin , vous manifeftates votre gloire à vosdikiples , s» envoyez préientement votre Saint tiprit tut ce vin, >» & béniircz-le en votre nom. Ainhloit-il. LaMart. ARCADIE. Arcddia. Ancienne province du Péloponèfc au milieu des terres , entourée de l'Achaïe propre au feptentrion , de lElide au couchant, de la Melfénie au midi, de l'Argie au levant, & de la Laconic, partie au levant, partie au midi. \JArcadie avec la Laccnie s'appellent aujourd'hui Zaadix dulcis. Elle croit en Syrie. Un la trempe dans l'eau peur la faire fermenter, ô on en tue une elpèce de miel fcit doux , qui lert à faire plus de cinquante icrtes de confitures a la manière du Levant, & que l'on a a ii bon marché , que pour un fou un homme à de quoi dmcr. C eft un lecours pour les pauvres. APvCALU. Principauté de Tartarie. Arcoluonus Princi- patiis. Witlen place la principauté AAicùlu au midi du défert ie Xamo , dans un grand coude que fait la rivière de Hoamko, à l'endroit où commence la mu- raille de la Chine , fous le izi^ degré de longitude, & le 41^ de latitude. Dans la Carte de la Chine, faite par les Jciuites Mathcmaticiens de l'Empereur de la Chine, ce grand coude du Hoamko , qui renferme le com- mencement de la grande muraille, eft entre le jô**, 10' de latitude, &le 37^, 45' environ, &lous le 120^ degré de longitude : l'on n'y voit point de principauté à'Arcalu. ARCAM. f. m. Serpent noir &' blanc qui fe trouve dans le Turqueftan, dont le venin eft le plus dangereux, & le plus mortel de touslespoilons. d'Herb. i;'3=- ARCAN, ouCHARGAN. Petite ville de la Tar- tarie déferre ,en Alie , lur la rivière deCalîima, dans le pays de Cafra. ARCANE. Petite ville de l'Anatolie propre. Arcana. Elle eft lur la côte de la Ivicr-noire , entre la ville de Sinope ôc le cap Pilello. Quelques Auteurs la prennent pour la villenomméeanciennementyi?/o/2zreic/!05 j ou^^oni murus , que d'autres avec plus de railon mettent à BoUi. §Cr ARCANE. f. m. Mot emprunté du latin par les Al- chimiftes , pour exprimer quelqu'unes de leurs opéra- tions myftérieufes. Les propriétés de ces arcanes font de changer , fortifier , renouveler nos corps. C'eft la vraie fontaine de Jouvence. ^^^ On dcnneaulîîce nom à certaines préparations chi- miques. C'eft ainfi qu'on appelle arcane corallin j le précipité rouge adouci par l'elprit de vin. ARCANGE. Voye-z Archange. ARCANGELET. 1. m. Foye^ Arc-a-jalet. C'eft Li même chofe. ARCANGI. f. m. Ternie de Relation. Nom qu'on donne à des loldats Turcs qui n'ont point de paye , & qui fervent feulement pour être exempts d'impôts, & avec elpérance d'obtenir quelque place , quand il en va- quera. Arcangi fignifie Gafteur. Le Turc s'en fert pour ruiner le pays de Ion ennemi en temps de guerre ; & en temps de paix ils font fur les frontières , lailant con- tinuellement des courtes fur les terres des Princes voi- fins. Ils vont tous à pied, & n'ont que ce qu'ils peu- vent prendre fur l'ennemi. Voy. du Lev. par D. G, Avant que l'armée s'avance fur les terres de l'ennemi , les Turcs ont accoutumé d'envoyer quinze ou vingt mille ^rt'd/z^ij pour faire le dégâr ,& ruiner Ion pays. Le Pelletier , dans fa Traducfion de i'hiftoire de la guerre de Chypre , les appelle Arcanges. ARCANI. 'Ville de la Mingrélie, en Afie. Arcana^ Se an- ciennement, à ce que l'on croit. Ah/arum^ Ahfarus y Apforrus , ville de la Colchide.y^/ri7/;i eft à l'embou- chure dune rivière de même nom dans la Mer-noire. • ARCANNE. f. f. Eft un minéral , ou efpèce de craie rouge , ainfi appelée, à caufe que les Charpentiers tei- gnent leurs cordeaux avec cette craie , pour marquer leurs bois. Ruhrica fahrilis. On en fait quelquefois avec de l'ocre brûlée. 03=ARCANSON, ou ARCANÇON. f m. Efpèce de •■ poix réfine, qui fe fait avec le Galipot cuit julqu a ce qu'il foit prefque brûlé. OCT ARCANUM D UPLICATUM, comme cui diroit double arcane , ou remède fecret compclé de deu.\. ARC Nom donné à un fel moyen qu'on nomme ordinaire- ment/d/c/e duobus. Voyez Sel. {-? AKCANUM JOnS. Amalgame fait de parties égales d'étain & de mercure pulvénté &: digéré avec de l'efprit de vin. L utatje intk;rieur des préparations de tain ell dangereux. ^ AKC-BOUTER. /o\e^ au mot Arc. ifT AKCAIUI SERVL On nommoit ainfi chez les Romains les Elclaves qui gardoient la caille des mar- chands & des banquiers. ARCAS. Ancienne ville de l'Efpagne Tarragonoifc. Ar~ cobrïga , Arcabriga. Arcas avoir autrefois un Eveque : ce n'eft plus qu un bourg de la Caftille nouvelle , à quelques lieues de Cuença , où Ion eveché a étc trans- féré. ARCASSE. f. f. Terme de Marine. C'eft le derrière du gaillard, autrement appelée , Culajje de navire. Navis poftica pars. Il le dit de tout le bordage de.la pouppe, dont la largeur eft déterminée par une pièce de bois qui la traverle , qu'on appelle barre d'arcajj'e j auue- ment hj/e de hourdi. Arcasse , lignifie aulli le mouffle d'une poulie, le corps eu pièce de bois qui enferme le rouet. Jrocklea ^ re- chamus. Les cordes qui le tiennent bandé & lulpendu, s'appellent étropes. ARCA^SOUL , ou ARCASSOUT. f. m. Drogue médi- cinale qui le trouve dans le Royaume de la Chine. lier ARC DE TRIOMPHE. Foye^ au mot Arc. |Cr AUC-DOUBLEAU. Foye^ au mot Arc. ARCAUNE. 1. f. Minéral ou lorte de craie rouge. ARCE. Ancienne ville de la terre de Chanaan. Arce j Arace, On dit qu elle tire Ion nom d'Arat' > Princepsy à^fiAtt , Angélus. ARCHANGEL, ou S. MICHEL L'ARCHANGE. Ar- changelopolis , Fanum S. Michaelis Archangeli. 'Ville de Mofcovie , dans la province de Dwina , fur la ri- vière de même nom , environ à huit lieues de fon em- bouchure dans la mer blanche. Archangel eu. célèbre par Ion commerce. Les Tianfaélions philoloplriques déterminent la latitude à! Archange l^i 64 degré 30'. ARCHANGELIQUE. f. f. Archangelica. Nom que So- lel & Dodcne ont donné à une Angélique, iurlaqucUs 470 Arc ces deux Auteurs ne s'accordent pas. Foye^ Angé- lique. ArchangÉliq.ue. Lamium. Plante dontlecafque eft en- tier & concave , la barbe divifée en deux parties , & faireen cœur , le calice divifé en cinq legmcns , & cb- Icng comme un tube , & la lemence triangulaire. Boe- rhaave en compte dix-lept elpèces. Il y a l'archarif^e- lique rouge, &" Varchangclique blanche, l^oye'^ Or- tie BLANCHE. ARCHARAGE,ouARCAIRAGE,ouARQUAIRAGE. fi m. Droit par lequel on eit obligé de faire un loldat , ou un archer au Seigneur. Ce mot vient à' archer. Bo- REL. M.ais il n'ell: plus enufage, depuis qu'il n'y a plus ■ d'archers dans les troupes ; & il ne fe trouve plus que ' dans des vieux titres. ARCHARD. f m. Fruits verts qu'on met confire dans le vinaigre. Ils font tous extrêmement eflimés dans tou- tes les Indes orientales. Les meilleurs viemient de Pciic. ARCHE, f. £ L'efpace qui eft entre les deux piles d un pont couvert d'une voûte en arcade. Fornix. On le dit aulli d'un pont de bois , quoiqu'il foit (eulemcnt couvert d'un plancher (outenu fur des pieux. Lamai trelfe arche eft celle du milieu qui eft la plus large , & où l'eau eft la plus profonde , qui eft deftinée au palfage des bateaux. Fornix primar'uts. Il y a des ponts en Orient qui ont jufqu'à 500 arches. Arche , eft la même choie qu'arcade , c'eft-à-dire , une voûte de peu de profondeur en portion de berceau ; mais le mot à' arche ne le dit que des ponts. On appelle une arche eri plein ceintre jCeWcqm eft formée d'un parfait demi-cercle. Fornix integer. Arche elliptique > celle dont le trait eft un demi-ovale, ou une ellipfe. Fornix compojltus. Arche fnrbai(fée ^ccWc qui a moins de m.ontée , & dont la courbure n'eft pas fort remarquable. Fornix diminutus. Arche extradof- fee j celle dont les vouftoirs font égaux en longueur , & parallèles à la doiiellc, & ne font point liailcn avec les alfifes des reins. La plupart des ponts antiques font ainfi conftruits. Arche d'aOemblage j le dit de tout cintre de charpente bombe, & tracé d'une portion de cercle pour taire un pont d'une leul arche. Arche , le dit aulli d'un coftre carré & plus long que large , qui s'ouvre par-deirus,& dont ie couvercle ou louverture eft égaleà toute la grandeur du coftre. ^rc<7. Ce mot vient du latin , en afpirant , ou amolilfant le c; bien que le P. Pezron prétende qu'il a été pris des Celtes, qui difent arch pour marquer la même chofc. Arche, en termes de l'Ecriture , c'eil levaifleau que fit Noé au temps du Déluge , pour y retirer les hommes que Dieu en voulut lauver, & les animaux, pour en conferver lefpèce. Arca. L'Arche de Noé avoir 300 coudées de long, ;o de large, &30 de hauteur, & fa ienêtre étcit d'une coudée. Noé fut cent ans à laconf- truire , depuisl'an 1 557 du monde , julqu'ad déluge , qui arriva l'an 1 656. C'eft le fentimpnt le plus com- mun. ( 'rigène, Liv. ly^ contra Celf. S. Aug. De Civ. L ci , L, XV, Cap. 2^3 8c contra Faujl. Lib. XII , C. ; cV _, & dans les queftions fur la Gen. V , & XXIII. S. Grégoire, Nom. K^in E:(ech.\\upc\:x.,Lih. IV , in Gen. XX, le tiennent, & ils font fuivis par Salien , Torniel , & Sponde fon abréviateur. Voye-^ ces Au- teurs a l'an du monde IJ57. Jean Pelletier de Rouen fuit aulTi ce lentiment , dans fa Dilfertation de l'Ar- che de Noé, imprimée à Rouen en 1 700. Il le prouve même par l'Ecriture , comme d'autres Auteurs l'ont fait avant lui. 'Voici comment il s'y prend, C. 5. On lit dans lelixième ch. de la Gencfe,que Dieu fe voy.int obhgé de punir les hommes à caufe de leur mahce , en avoir différé l'exécution pendant cent vingt ans , apparemment pour leur donner lieu de fe repentir & d'appailer fa colère , Eruntque dies illius centum vi- gimiannorum. Dans le vingtième v. du même ch. il paroit que Noé eut trois enfans, Scm , Cham & Ja- phet. Dans le 3 1^ v, du cmquième ch. on voit que ce Patriarche avoir joo ans quand il les engendra ( c'eft- à-dire , quand il engendra le premier. ) Dans le treizième V. du VF. ch. on rcmaïque que Dieu avoir averti Noé du delfein qu'il avoit de perdre les hommes. Dans le X 4^ V. du même ch. qu'il lui avoit commandé de bâ- AKC tir une arche. Dans le 2 z' du même ch. que ce Patriar- che avoit exécuté tout ce qu'il lui avoir ordonné ; & enfin dans le fixièmc v. du ieptième ch. il eft marqué que Noé avoit 600 ans quand le dtluge airi'-'a. Or puif- que l'indulgence pour le repentjr.precéda de 1 10 ans le déluge, qui arriva l'an 600 de Noé j il en ïéfulte que Noé avoit 480 ans , lorfqu'cllc fut accordée. Ce Pa- triarche avoit 50Q ans quand il eut les -enfans. L'Ecri- ture lemble dire que ce fut dans ce' même temps que Dieu lui rcvéla la rélolutionqu'ilavoitprifé de perdre les hommes, qu'il lui ordonna de Aire 4.me étrche : Se elle remarque qu'il exécuta tout ce qu'il lui avoit or- donné. D'où l'on peut conclure que; l'arche avoit été 100 ans à bâtir ; car Noé avoit dcsc ans quand il y en- tra. Le faux Bérofe dit que Noé commeiiça à bâtir l'ar- che 78 ans avant le déluge. Sa lomon Jarchi veut qu'elle ait été izo ans à bâtir i & Tanchuma , dans les petits chapirres de R. Eliézer , qu'elle n'ait été qu f 1 ans. L'Ecriture femble fivoriler l'opinion du lecond de ces Auteurs; mais celles du premier & du dernier fe trou- vent ians appui. Le P. Fournier, dans ion Hydrogra- phie, luit 1 opinion commune des Pères; mais il croit qu'il n'y eut d'uuvriers pour y travailler que Noé & les trois fils , & il apporte l'exemple d'Archias de Co- rinthe , qui bâtit le navire de Hiéron de Sy racufe en un an, aidé de 300 Charpentiers; car il n'eft pas plus dif- ficile , dit-il , que trois perfonnes aient bâti un navire en ccnr ans , que 3 00 en aient bâti un en un an. Le pre- mier des trois enfans de Noé ne naquit que lorfqu'il commença ^ihanr l'arche j Si les autres enfuite. Ainiî ils ne furent pas fitcit en état de rendre (etvice à leur père. De plus , il fallut peur ce prodigieux bâtiment un très-giand nombre de gros arbres, qui demandoient un très-grand nombre d'ouvriers pour les manier ("cu- lement, bien loin que trois ou quatre perlonneseufleiît pu les mettre en œuvre. L'Ecriture dit que Noé la conf- truiht, de ne parle que de lui; mais c'eft qu'en hé- breu comme en françois , bâtir & conftruife fe difent égalemenr, & de celui qui met en œuvre, & des ou- vriers qui travaillent. L'Ecriture, Gen. VI, 14, appelle le bois dont l'Arche fut bâti lUV "iSJt , etfe , gopher. Les Septante ont traduit ces deux mots parÇi-Aa ^i^pJ.- jo.a , des bois équarris. Onkélos & Jonathan ont rendu ço//ztT par ^y--\'X^ iKedros -, du Cèdre. Philoii de Biblos fa tourné de même ; S. Jérôme dans la Vul- gate , par ligna Uvigata , du bois aplani jiabotté , poli ; & ailleurs , ligna bitmninata ; c'eft à-dire , en- duits de bitume , poiffés , goudronnés ; les anciens Rab- bins , par du bois de cèdre , aulîî-bicn qu'Onkélos ; Kimhi, du bois propre à flotter; Vatable, du bois lé- ger qui flotte fur l'eau fans s'y corrompre ; Trémellius & Junius , f eiptce de cèdre que les Grecs appcloient K(fia7os , il refte xi/^a'jo , très-approchant de gopher 3 dont il prétend que cupre[jus , cyprès, eft dérivé. Bochart confirme ce lentiment dans fon Pha- leg. I, 4. Quelques-uns ont traduit du buis ; mais cet ar- bre etf trop petit & trop pelant pour que cette opinion loit vraie. D'autres en gcnéial des bois incorruptibles ; d'autres du fapin; Caftalio , du térebinthe. Pelletier préfère le fentiment de ceux qui' difent que l'arche etoit de Cèdre. 1°. Parce que cet arbre eft incorrup- tible, & que fans cela l'arche ayant été cent ans à bâ- tir,unepartie eûtété pourrie. 2°. Parce que le cèdre eft commun en Afîe , & qu'Hérodote & Théophrafte di- fent que les Rois d'Egypte & de Syrie faifbient conl- truire des flottes de cèdre faute de fapin. 3°. La tra- dition de tout l'Orient, qui a cru que l'arche s'eftcon- fervée & fe confervemême encore fur le montArarat; & il cite fur cela S. Auguffin , Bérofe dans Jofephe , Jntiq. Liv. I , ch. /. Abydène, Ailîrien, dans Eusèbe, Pr^p. Ev. Lib. IX j c. 12. Nicolas de Damas dans Jo- fephe, Antiq. Liv. /j ch. r. Théophile d'Antioche , Saint Ifidore , Or/^. Lib XÎV 3 cap. ,? j & JeanStruys, dont nousavons rapporté les rêveries au mot Ararat , & Haytcn dans fon Hiffoire Orientale. Il y avoit trois étages dans \«.rchci Gen. VI, i(>. ARC Jofephe , Pliilon & pluficurs Commentateurs la divi- fcnz en quatre ecagts , clv^nt le plus bas ctoit delhné au Icil, & à recevoir les imnijudii^es de larche. Cans chacun de ces étages il y avoir dirf:>;iens c^jm^^artimens léparés par des cloilons, ^ delbnes poui uiirJ-rer.res elpèces d'animaux, ou pour les t'ourrages ôc niu;n- tions nôcelT-îiies. Drexéiius en d.ftmgue 500, le P. tûurnier 533, l'Anonyme, Auteur des quclïions iur la Gencle, 400. Buteo, Temporanus, Arias ivîonta- nus , i-i^ftus , & un grand numbre d autres , en met- tent autant qu'il y av^it de diftérentes efpèces d'ani- mauw Pelletier n'en met que ji, c elt a dire, 36 pour les oilcaUA,& il appelle ceux ci volières, ; 3 6quil nomme et ihles _, pour tous les autres animaux. Il croit que les autres multiplioient trop le nombre ; car Il on divile 3 00 , 3 3 3 & 400 par 8 perlonnes qui étoicnt dans 1 arche 3 cha ]ue perlonne auroit eu tous les jours 37, 41 ou jo ctaoles ou volières a nettoyer, ou à fournir de pro/iiions, ce qui lui paroit iniowiîible. Ce- pendant h avec les cellules on ne multiplie pas les ani- maux , cette railon ne paroit pas bien torce ; car il n'eft pas plus difficile , & peut-jtre moins ditHcile d'avoir loin d un certain nombre d'animaux dans 400 ou 3 00 lo- ges, que d avoir loin du même nombre dansyz loges. Quoi qu'il en (oit , il tn.uve que 36 de ces loges dans chaque étage, 18 de chaque côte iuihlcnt. Il donne a celles du lecond ^tage , dans lel ,uelles il place les animaux teircltres , i 5 c^udJes t. de long , 1 7 de large & 3 de hauteur, c'eft à dire, Iclon lui , plus de i8 pieds ik demi de long , plus de 1 3 \' demi de haut , melure de Paris. Au tr^ilieme étage il place les 36 vo- lières de mc-me , 18 de chaque côté, & leur donne à chacune 4 coudées | de long, 6 de large, & 4 de hauteur, c'eft-a-dire, plus de 24 pieds de long, plus de 9 pieds Se demi de large, & plus de 6 pieds lïc demie de haut. Il tr^u^'e encore de quoi placer un grand rélervoir d eau , & tous les magafins nécelFai les , & pr.iU .e par la non feulement qu il n'y a rien d'incroyable dans ce que 1 écriture nous rapporte de l'arche ëc du d.luge, mais même que rien n'efl: plus croyable, & plus lenliblement vrai. Sue lius dit que l\:rcTe en (a Lngueur & largeur occupoit plus d un demi arpent. Cunjus Se un Géomètre nommé Buteo, ont au.ii lu iputé les dimenlions de Y arche , afin de mon- tier quelle pouv'oit contenir tout ce qu'il étoit nécel- laire d'y enterraer. Voye^ encore Pererius Jeluite, dans les Jommentaircs Iur la Genèle , Arias Mon- tanus, dans ton Apparat de la Bible de Philippe II. Le P. Kirlver, Jéluite, a lait auill un Traite de \\ir- che intitulé Arca Noé 3 où il explique audi les dimen- lions de \ arche , la hauteur Se la divilion qu'on y peut faire de diftérentes etables , magalins tk autres lieux iieccirrires -, il montre comment tous les animaux, dont il ell parle dans la Genèle, ch. 7 purent tenir très-commodcment , avec les vivres & fourrages qui leur étoient nécelfaircs pour un an. On dit hgurément des Hérétiques princeps j & «j-'V"'» duco. ARCHELET. f. m. Petit arc. Borel. C'eft comme l'on voit, un diminutif d'arc , & d'archet. ARCHELET. Petit archet dont les Orfèvres, Horlogers & Serruriers fe fervent pour les ouvra ges de tour les plus légers. 'Archelet. C'eft auftî, en termes de Pêcheurs, une bran- che de faule phée en rond, qui s'attache avec de la li- gnette autour de l'ouverture du verveux pour l'avaler ; c'eft- à-dire , pour le tenir ouvert. ARCHER, f. m. Celui qui porte un arc , & qui en tire. Saqittarius. C'étoit autrefois une efpèce de milice dont on fe fervoit à la guerre. Maintenant elle n'cft plus en ufage qu'en Orient, & chez les peuples barbares. Les Turcs ont encore des compagnies à' archers dans leurs troupes. Il y a des bourgeois en plufieurs villes qui s'exercent à tirer de l'arc, & du moufquet,&de qui on peut dire : il y avoit tant à! archers qui dilputoient le prix , & tant de moulquetaires. Ce mot vient à'Arcuarius ^ ou plutcit de arquis , que l'on a ditdans la balfe latinité. Onitouvc arquices pour des gens armés d'arcs, ou portans des arcs , dans les aétes de S. Marcel rapportés par BoUandus , Tom. II 3 p. 14. On trouve auilî Archerius dans S. Anto- nin. Varron a dit que ce mot d'arcAerfignifioit ancien- nement un brigand. M. Sarafin , dans fa Dillertation fur les Echecs , lui donne la même fignification ; les Ju- rilconfultes entrent dans lemêmefentimcnt. I. Nec diu Cod. de pœn. Autrefois on diloit archier pour archer. Et fans les bons archiers du bon pays Anglois. Chron. de Bert. du Guesc, Nos Auteurs qui ont traité de la Nobleffe difent, que les archers de la garde du Roi étoient nobles. Les archers de la garde du P. de Savoye , font regardés comme tels. Deroch. Voyc'^ au mot Arme , quelles étoient les armes des archers en 1424. On appeloit autrefois Francs-Archers , des gens de guerre qui étoient exempts des impôts. Le Franc -Archer de Bagnolet. C'eft Charles VII qui forma cette milice va^s l'an 1448. Chaque village de fon royaume s'en- gagea à lui équiper, ou à lui entretenir un archer , qui , à condition de marcher en campagne , quand l'ordre en viendroit, étoit affranchi de toutes tailles & fubfides ; & c'eft à caufe de cet affranchllfcment que ces foldats furent appelés Francs-Archers. P. Dan. Louis XI caiîa les Francs-Archers en 1 481 , & fit ve- ARC nir en France un grand nombre de Suiftes à leur pla- ce. ÎD. Archer, fe dit aujourd'hui plus particulièrement de ceux qui accompagnent les Prévôts pour les captures, ou pour exécuter quelque ordre de juftice ou de po- lice , quoiqu'ils ne portent que des hallebardes ou des carabines. Tribuni capitalis fatellites. Les archers du" grand Prévôt de l'Hôtel, du Prévôt des ALarchands. Pratoris urbani fatellites. Les archers de la ville , ar- chers du guet. Figiles. Archers des pauvres. On appelle ainli une forte de foldats à pied , qui ont ordre de prendre les pauvres qui mendient dans Paris, & de les mener aux hôpi- taux. Satellites cogendis pauperibus pr&poflti. Le peuple les appelle par moquerie , les archers de l'é- cuelle. Il y a des provinces où ils font appelés chaffe- coquins ; parce qu'ils ont principalement ordre de chafter hors des villes policées, tout ce qu'ils rencon- trent de coureurs Se de coquins mendians. ARCHÈRE. f f. Femme qui fe fert de l'arc & de la Hcche , armée d'un arc pour aller à la chafle où à la guerre. Nous trouvons dans un parc de palmiers entouré j Près d'un tigre mourant ^ un chaffeur déchiré j I à même une fuperbe 6' cruelle panthère Lutoit contre une jeune & courageufe Archère. P. Le Moine. Mais le coup merveilleux qui l' A'tchhzc fauva j Au veuvage 3 aux regrets j aux pleurs la réferva» Idem. §3" Ce mot peut paffer dans les vers du P. le Moine. ARCHEROT. 1. m. Vieux mot qui [\2,m(\.o\i, petit ar- cher. Jaculator. Les Poètes donnoient autrefois cettç épithètc à Cupidon. Du Barras en parle ainfi: Qui d'un nain , d'un bâtard, d'un Atcherot fans ycuxj, Font non un Dieutelet j mais le maijlre des Dieux» ARCHES. T^oyer^i Charleville. ARCHET, f. m. Terme de Luthier, Petit arc garni de crins de cheval au lieu de corde, & qui fert à tirer le fon des violons, violes, poches , & autres fembla- bles inftrumens de mufique , en le partant légèrement fur les cordes. Pleclrum. Il eft compolé de trois piè- ces , dont la première eft: le bâton ou le brin qui foutient le crin. La {cconde eft compofée de 80 ou 100 brins de crin de cheval, ou deloie, & enfin d'une demi-roue qu'on appelle la hauffe , qui fert à entrete- nir les filets dans une tenlion convenable. Archet , eft aufti un petit arc d'ofier, ou cerceau qu'on met au-dcllus des berceaux des cnfans pour loure- nir une couverture .lu-deffus de leur tête. Vimen ar- cuatum. |fcj° Archet, fe dit aullî des chaffis courbés en arc, fous lefquels on fait fuer les malades. C'eft pourquoi on dit figurément qu'un homme apafté fous l'archet , lorlqu'ila pallé parle grand remède, qu'il a été obligé de fuer. Archet , fe dit auilî de l'outil qui fert aux ouvriers qui travaillent fur le bois & fur les métaux , comme Tourneurs, Serruriers, Orfèvres, &c. qui leur Icrt à tourner, ou à percer leurs ouvrages. H tft compolé d'une verge de fer , ou de baleine , qui fait rellort, & qui le bande par le moyen d'une corde qu'on tortille autour de la befogne pour la faire mouvoir en rond. On l'appelle aufti Arcon. Les Tourneurs en bois appellent l'archet de tour , la perche qui pend du plancher au-dcilus de leur tête , à laquelle eft attachée la corde qui fait tourner l'ouvrage. , Archet. Terme de Fondeur de caraûères. C'eft. uB morceau de fil de ter fiilant relfort, ou plutôt d'a- cier , plié en arc , qui eft attaché au-dellous des moules , dans Iclquelles ils fondent les moules d'im- primerie. Archet , eft auilî un terme de Maçon. Et par-là on en- ' tend ARC tend une petite fcie faite (ciilcmcnt d'un fil de lai- ton, de laquelle on fe fcit pcurldcr toutes lortes de pierres dures. ARCHÉTYFE. f. m. ( prononcez arquaype. ) Terme didactique. Original , patron iur Icc ucl on fait un ouvrage. Archetypus. Les l'hilolop lies parlent de ïnr- ckecype du monde, tel qu'il étoit dans lidce de Dieu avant ia création. î}3°C'c11 lidée lut laquelle i/icu a créé le monde. Ce mot ell pur grec , & n'a d'ufage en françois, que quand il s'agit de Théologie eu de Philolo- phie. En la Cour des Monncies , on appelle archétype j l'étalon primitif & ginéral des poids ik meluresqui y eft gardé , fur lequel on étalonne les autres. Il cil ainli appelé par Bouteroue. ARCHEVÊCHÉ, f. m. Terme de Géographie. Jrchie- pifcopatus. C'eft une certaine étendue de paySj pro- vince, ou diocèfe qui eft feus la juridiétion Ipirituelle d'un Prélat, qui a des luftiagans fous lui. VArchevc- aue de Paris n a que quatre luiîragans. Il y a en France dix-huit Jrchevéches. I. Aix , qui a pour fuuragans Apt, Riez, Fréjus, Gap, Ciftcron. II, Albi, fous le- quel font Rodez, Calhes , Cahors, Vabres. III, Ar- les, dont les lutFragans lent Marleille, S. Paul-trois- Châteaux, Toulon, Orange. IV, Auch, fous lequel font les évéchés dAcqs, de Leitoure , de Commin- ges , de Couferans , d'Âne , de Bazas , de Tarbes , d'O- léron, de Lelcar , ik. de Bayonne. V, Befançon, qui n'a que le Bellay peur lutlragant. VI, Bordeaux, dont les futfragans iont Agen, Angoulême , Poitiers, Péri- gueux, Condom, Sarlat, la Rochelle, & Luçon. VII, Bourges, qui a fous lui Clermont, Limoges, le Puy , Tulles , &c Saint-Fleur. VIII , Cambray , d'où dépen- dent Arras & Saint-Omer. IX , Embrun, dont la pro- vince comprend Digne , Gralfe , Vence , G lande ve , & Sénez. X, Lyon : les luftiagans font Autun, Lan- gres , Màcon , Châlons Iur Saône , Dijon ik S. Claude. XI, Narbonne, qui a pour luftiagans Beziers, Agde, Carcallonne, Nilmes, Montpellier, Lodève, Uzès, S. Pons, Aleth , Alais , Perpignan. XII, Paris, dont \çs E vèques luftiagans Iont ceux de Chartres, de Meaux , d'Orléans & de Blois. XIII, Reims, quia Soillons, Chalons Iur Marne, Laon, Senlis, Beau vais, Amiens, Noyon !k Boulogne. XIV, Rouen, d'où dépendent Bayeux, Avranches, Evreux, Séez, Liiieux , Coutan- ces. XV, Sens, dont les luftiagans lontTroyes, Au- xerre, Nevers, Mets, Toul & Verdun. XVI. Ton- loufc, qui a fous lui Montauban, Mirepoix, Lavaur, Rieux, Lombez , S. Papoul, Pamiers. X\QI, Tours, dont les fuftlagans font le Mans, Angers, Rennes, Nantes, Quimper, Vannes , Léon, Tréguier ^ S. Brieux, S. Malo , Dol. XVllI , Vienne : luftiagans , Greno- ble, Viviers, Valence, & Die. Archevêché, fignifie, le logis, le palais de l'Archevê- que. Il eft logé à l'archevêché. Archïépïfcopale pala- tïum. Archevêché , fe dit auffi de la dignité d'Archevêque. Dlgnitas Archïep'ifcopalis. De Ion revenu. Archlc- pifcopalis reditus j proventus. Il a obtenu un ar- chevêché. Son archevêché vaut tant de revenu. ARCHEVEQUE. 1. m. Prélat métiopoiitain , qui a un certain nombre d'Evêques pour fuSi^agans. Archïepif- copus. \J Archevêque de Lyon eft Primat des Gaules : celui de Bourges, d'Aquitaine. Au concile d'Orléans, tenu en jii, les Evêques lignèrent lelon l'ordre de leur réception, quoique quelques-uns prillent le titre de métropolitains, qui ne donnoit aucune préémi- nence. On ne connoUfoit point encore la dignité ai Archevêque. Elle a été reconnue fort tard dans l'Oc- cident. En Orient, on ne trouve point la qualité àArche- vêque avant le concile d'Ephcfe, tenu en ^ii. An- DOQUE, Hi/l. de Lang. p. pj. S. Athanafe eft le pre- mier qui ait employé le titre (X Archevêque , en le don- nant à Alexandre Ion prédéccireur. S. Grégoire de Nazianze le donna aulîî à S. Athanafe : mais ce n'é- toit qu'un titre d'honneur, fans avoir égard à leur Ju- ridiction. On l'attribua particulièrement aux Evêques Tome I, ARC 47J de Conftantinople , & de Jérufalem. Dans la fuite les Grecs donnèrent le nom d'Archevêque aux Evcques des grandes villes, bien qu ils n'eullcnt aucun fuftia- gant dans leur diocèle. Le Mécropohtain étoit le chef de la province, - que de citer quelque autorité ; il n'en manquoit pas^ puifque cette erreur ne lui eft pas particulière. Alais il a eu tort de le tromper : & en citant les garans , il n'enferoit pas moins dans l'erreur. Cependant, lî l'on veut des autorités , que les Vocabuliftes lilcnt Orte- lins; ils verront que cet Auteur, ik bien d'autres, ne font qu'un leul mot , ôc conféquemment qu'un même lieu , d' Archi ik Ahiroth qui fe trouvent de fuite dans Joiué. Archiataroth. tfT Au refte Archi étoit une ville de la Paleftine, dans la Tribu de Manalfé , au-delà du Jourdain : & Aia- roth étoit un nom commun , non à deux villes , com- me le dilent les Voc.ibuhftes, mais à trois, /ojif^ Ataroth. ARCHICAMÉRIER,ouARCHICHAMBELLAN.fm, Archicamerarius. Officier de l'Empire. On appelle eu OoO 474 ARC Allemagne Jrchkhamhellan j celui que ncus a'^pe- loiis en '^i-MiccCliainhclLin. zfJ' Mais il n'a pas les mêmes toncticns que le Chambellan chez nous , & la dignité n'ell:, à proprement parler, qu'un titre d'honneur. L'hlecteur de Brandebourg eft Archïcomener né de TEmpirei &: par la dilpclltion de la Bulle d'or, dans les marches, ou procelhons mrpériales, il porre le Icep- tre de l'Empereur , & marche au côté gauche du Duc de Saxe. En d'autres cérémonies il eft à cheval, comme les autres Electeurs; & porte à la main un bailln avec tin' e'ilui-main; & deicendant de cheval il donne à laver à l'Empereur, ou au Roi des Romains. Dans l'é- , îedion de l'Empereiir, il donne fa voix le fixièiiie.. ^^' Les Vicaires , ou feus-Officiers de \ Archlcaméner , lont - les Princes de Hohenzollern , qui lent auffi de la mai- fonde Brandebourg. ' Voye\ Imhoff , Notitia proce-, ■ rum Ifnperïï , Lïb. II ., cap. S. lymmus enuckatus , ±ib'. Ili cap. /0. De Prade, HÏft.d'Alkmagne , 2 , - - i>. c. 4. ARCHICHANCELIER. f. m. Archicancdlarïus. Hin- , mar appelle /ï'wwiij Canccllarius , grand Chancelier, celui qui préficloit à. tous les Chanceliers, ou Notai- res, coriime on difoit autrefois ;c'eft- à-dire, à tous les Sectétaires de la cour, ou du palais. Cette charge a étc fm--tout en ufage en France, fous les deux premières 'races ,' & enfuitè foiis les Empereurs de Germanie. Comme ils eurent trois Etats , la Germanie, l'Itahe,) & le royaume d'Arles, ils eurent aufh trois ^Vc/zi-i 'chanceliers : à< c'cft delà que font venus les trois , ArchkhanceRers qu'il y a encore en Allemagne i car l'Archevêque de Aiaycnce cft Archlchancelier de l'Em- : pire en Allemagne -, l'Archevêque de Trêves l'efl: du rovaume d'Arles; & celui de Cologne l'efl: d'Italie. Bernard de Mailinckroth, dans un livre intitulé. De 'ArchïcancdlarÏLs Impeni Romani, c"eft-à-due, des Arc'hkhanccliers de l'Empire Romain , pag. ^ j & fuiv. a montré que ces trois Archevêques étoient Ar- chkhancclkrs avant que d'être Eleéleurs ; & Brower dans fes Annales de Trêves , Liv. XVI, en rapporte l'origine au temps d'Othon le Grand, aulh-bicn que Knipping dans fa nouvelle Méthode du Droit pubhc, Liv. II i chap. 6 , Ik du Cange après eux. - '-■ Il y a encore d autres Archkkanceliers que ces trois là. L'Archevêque de Vienne, en Dauphiné, étcit Ar-- cA/cW/zCe/ierdu royaume de Bourgogne, & Frédéric!, le confirma dans cette dignité par un diplôme de l'an 1 1 j-7. L'Abbe de Fulde étoit aullî autrefois Archkhance- Uerdc l'Empire. Il y a un diplôme de Charles IV, de l'année 1558, qui confirme cet Abbé & les lucceileurs daii^ cette dignité ; & dès le temps de l'Empereur Lothaire, Berthos Abbé de Fulde, prit cette quahté, comme l'ayant reçue de les prédécelîeurs. AL Archon, dans fon Hijl. EccleJ. de la Chapelle des Bois de France, dit que le nom d'Archichancelier celfa vers le commencement delatroilième race. Voje-^ le Glol- faire de du Cange , ÏOrbis Politicus d'Hornius , & 'ImhofF, Liv. II, c. 3 & 4. ARCHICHANTRE. f. m. Celui qui efl: au-delfus des chaiirrës, qui cft comme le chef des Chantres : il y a quelques éghfcs où il y a un Archichantre , Archi- cantor. "ARCHICHAPÈLAIN. f. m. Archicapellanus. C'eft le "'•■nom que l'oiï donnoit autrefois au grand Aumô- nier de France. On l'appcloit aufli quelquefois Cha- pelain abfalument, & fignifioit par excellence & par antonomafe, le grand Chapelain du Palais, dit Rouil- lard , dans fon livre intitulé , le Grand- Aumônier de France. C'eft au grand Aumônier, comme Archicha- pelain , d'avoir la furintendance du chœur, pour ce qui cft du chant , de la mufique , ou pfalmodie , & di- reftion du fervice divin qui doit être c-rlébre devhnt le Roi, des côtés duquel il cft inféparablé. RouirtARD. La charge de l'Archichapelain avoir beaucoup d'affi- ■ nité avec celle du grand Chancelier; on trouvé même des Prélats qui Ciiinent'miïffcïcmmem Archichapelain , ou Archichancelier. Ce qui fait croire à quelques Sa- vans, qUe lous la première & la féconde race de nos Rois c'étoit la même chcfe. Le II concile de Châlons, çn 815, can. 4.}, le leur défcijdit. StraboU dit qu'ils ARC connqiiroient des affaires des clercs. .Ç'ét^qÏ!: à eux à donner la bénédiction à la table du Roi. M. de Lau- riére dans les Notes fur K agneau, remarque que le mot capella lignihcit au temps de la balle latinité, non-feulement une chapelle, mais aulîl le heu où l'on ex'pédioit les lettres du Roi, d'où il eft arrivé que le Chancelier a été appelé Archichapclain. M. Archon, dans fon Etjloire hccléf. de la Lhapelle des liais de France, dit que les grands noms à' Archichapclain 3c d'Archichancelier, & les autres fcmblablei, cellerent dêtre en ufage au commencement delatroilième race. On vit cependant revivre ce titre à' Archichapclain, comme l'a remarqué le même Auteur, ll.us Henri I, en la perfonne de Baudouin, qui étoit en mcme tçmps Chancelier, ik qui lut enfuite Evêque de Ncyon; ARCHICONFRATERNITÉ, ARCHICONFRÉRIE. f. f. Société de perionnes pieules, qui s'ur.ilîent pour quelque dellein pieux. Archiconjraternitas. Ce mot vient d'Itahe,oùil y adeces^rc/jico«/7t;rer/2/r«.Telle eft \ Archiconjraternué de la Doctrine Chrétienne à Rome , fur laquelle voye\ le P. HÉlyot, Hiji. des Ordres Relig. T. IV , p. 2ç6 & fuiv. Ce mot ne fe dit qu'en parlant de ces fociétés d Italie. L'Archicon- fratcrnité du Gonialon eft la plus ancienne. Elle fut érigée en 1264. Id. T. VÎII. UArchiconjrérie du S. Crucifix , établie à Rome dans l'églile de S. Marcel , a pour protecteur un Cardinal, h' Archiconfrerie des Stigmates a un Préféra la tête, qui eft ordinairement un Prélat. L' Archiconfraternite' de Notre-Lame de Mont-Carmel à Rome. Foye^ le P. FiÉlyot, T. I, p. s S 4. Le Primicier de l'Archiconfrérie des Pèlerins. V Archiconfraternite de la mort eft aulli en grande ef- timc. Le principal emploi des confrères eft de donner la lépulture aux perionnes que l'on trouve morre; dans les rues de Rome & à la campagne, y ayant toujours des confrères qui font députés pour les aller chercher , & les conduire à leuréghle, oùilsdifent peur eux l'of- fice des morts. Ils enterrent aulîi gratuitement les pau- vres de la paroille. ARCHICONSUL. f. m. C'eft le nom ou le titre que l'on donne au chef ou préfident dé l'Académie de laCiufca à Florence. Archiconful. ce? ARCHIDAPIFER. f. m. Grand Maître d'hôtel. C'eft le nom d'un des grands Officiers de l'Empire. Cette charge eft diftinguée de celle de Grand Maure de l'hô- tel de la mailon de l'Empereur , qui eft la première de la cour, /^qy^:^ Archi-Ecuyer tranchant. ARCHIDIACONAT. f m. Archidtaconatus. Oft'cede l'Archidiacre. Il y a plufieurs Archidiaconats dans les chapirres des églifes cathédrales. ARCHIDIACONÉ. f. m. Certaine partie d'un diocèfe qui eft fujète à la vifite d'un Archidiacre. Diœcefeos pars Archidiaconi vijïtationi fubjecla. Il y a tant de ParoilT'es dans cet Archidiacone. ARCHIDIACRE. 1. m. Supérieur ecclélîaftique qui a droit de vifite lur les Cures d'une certaine partie d'un diocèle. Archidiaconus. Le grand Archidiacre de Paris eft celui qui a le premier Archidiacone. V Archidiacre étoit autrefois le premier & le plus ancien des Diacres. On ne le connoilloit point avant le Concile de Nicée. • Sa fonétion eft devenue depuis une dignité qui a été J mêmepréférée à celle des Prêtres. C'étoit le premier Mi- 1 niftrede l'Evêque pour toutes les fonélions extérieures, particulièrement pour l'adminiltration du temporel. Il avoir loin de l'ordre , de la décence de l'Office di- vin, &: de l'ornement des Eglifes. Il avoir la direction des pauvres , & veilloir à la corrcétion des mœurs : c'eft pourquoi on l'appeloir la main & l'œd de l'Evê- que. Ce pouvoir mit bientôt ï Archidiacre au-delfus des Prêtres, qui n'avoient que des fonétions fpiri- tuclles. Il n'avoit pourtant aucune Jurididlrion fur eux jufqu'au hxième liècle; mais il devint bientôt leur fupéricur , même de l'Archiprêtre. Après le dixième fiècle , les Archidiacres furent regardés comme ayant Juridiètion de leur chef , avec pouvoir même de dé- léguer des Juges. Dans laluite,pour atfoiblir leur puilLmce, on les multiplia; lur-tout dans les diocèfes' de plus grande étendue. Celui qui avoir fon diftriél dans la ville cpilcopale, prit la qualité de Grand- Ar~ ARC chidiacre. VztVKY. Il avoir aulfi la garde du tréfor de réglil'e, &: jurididion comme les (Jfliciaux. Il lailoit la vifite dans les paioilles du diocèle où l'Evcque l'en- voyoit : (k c'cft maintcnanr la feule fonction qui lui refte. Il n'a qu'une jurididlion mcmenranee, & pal- faecre, & un droit de correftion légère, en haitant la viute. On a tranlporté àl'Ofticial toute la Jurididion contentieule. En tant qu'archidiacre j il ne peut plus exercer la Iond:ion de Juge de l'Evcque. Il eft vrai qu'en cerrains diocèles, Y archidiacre , loit par titre, l'oit par pollelîion immémoriale , s'eft coniervé le droit d'avoir un Officiai, appariteurs, ou autres marques de jurididion. Mais hors ces cas, fa jurididion eftref freinte à des caules légères. Chez les Grecs , l'Archi- diacre doit hre lEvangile ,ou nommer quelqu'un qui le life , lorlque 1 Evcque officie. L'Archidiacre eft aullî appelé quelquefois, Archilevite. Voyez les Mémoires du Clergé , Tom. 2. & 3. & de la Gueiîîére , Tom. 5. Il y a un ancien proverbe , qui , pour déiigner un homme bien crotte , dit , qu'il ell crotté en Archidia- cre, parce que les Archidiacres failoient alors leurs viiltcs à pied , en toutes faifons. ARCHIDIOCÉSAIN. adj. m. Qui dépend du diocèfe d'un Archevêque , qui appartient à un archevêché. Ar- chidicecefanus. Ce mot ne le doit dire que de certaines choies auxquelles la coutume l'a attaché , & non gé- néralement & communément de toutes. Dans la con- grégation des Barthelemites , un prélident Archidiocé- fain doit veiller lur tout l'archevêché. P. Hélyot. T. FUI. p. 12.6. ARCHIDONA. Petite ville del'Andaloufie, enEfpagne. Archidona. Elle eft lur la Frontière du royaume de Grenade , entre la ville d'Anduxar & celle de Malgue , ou Malaga. Archidona , eft encore un bourg du Pérou dans l'Amé- rique méridionale. H eft dans le quartier de los Qui- xos ,' près de Quito & de Paramores. ARCHIURUIDE, f m. Le chef des Druydes, ou Prêtres Gaulois. Princcps Druydarum. Voye-^ Druide. ARCHIDUC. 1. m. Archidux. Celui qui a une qualité, une prééminence & une autorité qui l'élevé au-delfus àcs autres Ducs, h' Archiduc d'Auftrafie , eft un titre fort ancien , & en ulage dès le temps de Dagoberr. Il y a eu aullI des Archiducs de Lorraine & de Brabant. L'Autriche fut érigée en Marquilat par Othon , ou Henri I, & en Duché par Frédéric I ,en 1 1 56. Mais on ne fait pas trop bien ni en quel temps ,ni pourquoi on lui donna le titre d'Archiduché. On prétend que Fré- déric III. eft le premier qui a pris la qualité à' Archi- duc d'Autriche. Foye:^ Du Cange. D'autres difent que MaximiUen I donna l'an 14^9 , à l'Autriche ,1e titre à'Archiduché , auquel il attribua de beaux privi- lèges , dont les principaux font , que les Archiducs feront fenfés avoir reçu l'inveftiture de leurs états , lorft^u'ils l'auront demandée trois fois; qu'ils ne pour- ront être deftitués de leurs terres par l'Empereur, ni par les états de l'Empire; qu'ils exerceront la juftice dans leurs terres lans appel ; qu'ils leront Conieillers nés de l'Empereur; qu'on ne réglera aucune affaire de l'Empire fans leur participation; & enfin qu'ils pour- ront créer des Comtes , des Barons, & des Gentils- hommes dans tout l'Empire. Le premier Prince de la mailon d'Autriche, qui paroît avoir pris le titre à' Ar- chiduc, eft MaximiUen en 1519 , aïeul de Charles- Quint. ARCHIDUCHÉ. f. f. Terre qui eft érigée fous ce titre, & qui donne à celui qui la poftéde , un rang ou qua- lité au-delfus des autres Ducs. Archiducatus. Ce titre a été inventé pour donner à la mailon d'Autriche, qui en a joui jufqu'à prélent, une prééminence fur les au- tres mailons ducales de l'Empire. La création de ce titre eft de l'an 1455 , comme il paroît par le diplôme de Frédéric III, daté de la même année. ARCHIDUCHESSE, f. f. ?fT On donne ce nom à la femme d'un Archiduc, ou à une Princelle qui eft re- vêtue de cette dignité par elle-même, par la naif- fance. Archïduceffa. VArchiducheffe d'Autriche. Les Archiduchejfes filles de l'Empereur. A&cHiDucHEssE. f. f, Tctinç dc Fleuïiftç, Efpèce d'wilec ARC 47^ violet fur un blanc paflable , fort rond, de médiocre largeur, élevé à Lille. ARCHIE. 1, f. Vieux mot. Voûte, ou trait d'arc. ARCHIECHANSON. f m, Archipincerna. Officier de l'Empire. Grand Echanfon de l'empire. Le Roi de Bo- hême eft Archiechanfon de l'empire. Il a pour Vicaire l'Echanlon héréditaire de Limpurg. Sa fondion eft de prélènter à l'Empereur la première coupe , quand il tient la cour impériale. Il n'exerce point cette fondion avec la couronne royale , à moins qu'il ne le veuille lui-même. Il la fait après que tous les autres Eledcurs ont rempli les leurs : cependant dans les procellîons , ou marches Iblennelles , il fuit immédiatement l'Em- pereur; & dans les léances, il eft à Ion côté droit après les Eledeurs de Mayence & de Cologne. Dans l'élec- tion de l'Empereur il donne fa voix le troifième : mais il n'a point de part aux capitulations , ni aux autres af- lemblées des Eledeurs._/'DVfr Imhoff. Notitiaimp. Proc. Lib. III , s- ARCHI-ECUYER TRANCHANT, ou Archi-A^aître d'Hôtel, Grand-Maitre d'Hôtel. Archidapifer.OBidet de lEmpire. C'eft l'Eledeur de Bavière qui a cette charge depuis l'an 1625 , que Ferdinand II le fit Elec- teur; ce qui fut confirmé en 1648 par la paix d'Ofna- brug. Le Palatin du Rhin a prétendu que cette charge étoit une annexe de Ion Palatinat , & non pas de l'Eledorat ; mais il s'en eft défifté. ^oyej Imhoff , Not. Imp. Proc. Lib II ^, c. 6. ARCHIÉPISCOPAL , ALE. adj. (Prononcez Arkiépif- copaL ) Qui appartient a l'Archevêque , qui regarde l'Archevêque. Archiepifcopalis. Le palais Archiépif- copal. Mitre Archiépifcopale. Jurididion Archiepif- copale. Ce mot vient de deux mots grecs «f^ot ('«iVxtaaf. qui fignifient. Prince & Evêque. ARCHIÉPISCOPAT. f m. ( Prononcez Arhiépifcopat ) Archiepifcopatus. C'eft la dignité de l'Archevêque ; mais comme ce mot eft un peu vieux , on fe fcrt or- dinairement de celui d'Archevêché. On le dit du temps qu'un Archevêque a occupé un fiége archiépifcopal. M. l'Archevêque deNoailles mourut après 5 4 ans A'Ar- chiépifcopat. ARCHIÉRARQUE. f m. Archierarcus. Chef de la Hié- rarchie , chefde l'Eglilè. C'eft un nom que l'on a donné quelquefois au Pape, comme au chefde l'Eglilè. Fri- dcgode , qui écrivoit en vers la vie de S. Wilfride dans le dixième iiècle , l'appelle ainii. §3" ARCHIER. 1. m. Vieux mot qu'on difoit autrefois pour Archer. J^oyei ce mot. ARCHIERE. Ce mot eft hors d'ufage; il fignifie , Car- quois ou Bandoulière. Borel. Ja nel hefajfe pour /'archière. Ne pour l'arc 3 ne pour le brandon. R. de la Rose. Archière, félon la Colombière, fignifie auffi , le flanc ou le trou des murailles , parlefqudles onjetoitaune- fois des flèches. ARCFIIEUNUQUE. f. m. Archieunucus. C'eft-à-dire , chef des eunuques. U Archieunuque étoit un des prin- cipaux officiers de la cour de Ccnftantinople fous les Empereurs Grecs. Il eft parlé de \'Ar<:hieunuque dans les Auteurs qui ont écrit l'Hiftoire Byfantinc. ARCHIGALLE. f. m. C'étoit le chef des Galles ou le Grand-Prêtre de Cibèle. Archigallus. On le prenoit ordinairement dans une famille confidérable. Il por- toit un habit dc femme ; fa tunique &fon manteau lui delcendoientjulqu'aux talons: à fon cou étoit un grand collier qui venoit iurfapoitrinc,& d'où pendoient deux têtes d'Atvs, fans barbe, avec le bonnet phngien. §3= ARCHIGRELIN. f.m. Terme de corderie.' Cordage commis trois hois , ô\: compofé de plulieurs grehns. En- CYC. ARCHI-IMPRIMEUR. f. m. Eftun titre qu'a porté Chrif- tophle Plantin , Imprimeur à Anvers , que le roi Phi- lippe II lui donna de Ion propre mouvement. Archi- lihrarius , Architypographus. ARCHIjyPAN , ou ARCHIZUPAN. Voyei Jupan. ^ ARCHik4yff-^-j ^'}'^\ ArchUiVUa. Voyez Archidia, Oooij 4^6 ARC CRE : c'eft le même ; il n'y a que le dernier qui loir en iilage en François, & même en latin. ARCHILOQLIEN. adj. ArchUoquius.TQxmt dePocTie. On s.'^piAXc V Cl j archiloquiens , des vers donc Archi- loque ell; l'inventeur; ils ont lept pieds, dont les qua- tre premiers ionc ordinairement dacliles, & quelque- fois Ipondées , les trois derniers font trochées. Par exemple , Solvuur acris hyems gratà vice veris & Favonl, Horace, iiv. L Cd. ^. On appelle auffi ces vers Daclïliens j à caufe des quatre dactyles qu'ils ont au commenccmenv. On mcle ordinairement des vers ïambes de iix pieds moins une fyllabe , alternativement avec les vers archiLoquiens , comme a tait Horace dans l'Ode que nous avons citée, Foye^ la nouvelle Méthode , la Préface du P. Jou- vency fur Horace, & Delpautère. ^ ARCHILUTH.f. m. Sorte de grand luth à deux jeux, quiales cordes étendues comme celles du théor- be. Les Italiens s'en fervent pour l'accompagnement. Encyc. ARCHIMAGE. f. m. Chef de la Religion établie chez les anciens Pertes par Zoroaftre chef des Mages. Archi- maous. Zoroaftre qui vivoit fous Darius jlïls d'Hyl- tafpes , établit à Baieh , ville de la Eadlriane , le pre- mier temple de (a tedte, & voulut y faire la rélidence en qualité d' Arckimage, ou de chef luprcme de la re- ligion, ayant par tout l'empire des Pertes, pour Icipi- rituel , la même autorité qu'avoit le Roi pour le tem- porel. Après que les Mahométans curent ravagé la Perte dan^'letepticmetiècle, l'y^rcAiw^joe te retira dans leKerman, fur les b^rds de l'Océan méridional vers les Indes , où tes tuccelfeurs ont fait jutqu'ici leur ; réiidence. Les Mages tout appelés par les Pcrtans , G jures, c'e(i-k-dkc y Injidè/es. VoyezGAURE. Ils font fort méprifés en l'erfe. v^uelquesGaures rétugics au>. Indes y tout établis prèi de Surate, /'oye^ l'Hilloirc de l'ancien Tclfament par Prideaux. ■|t? ARCHIMANDRITAT. f. m. Bénéfice quepolfede un ArchuTiandrite. \J Archimandruat de Meiîîne ell d'un revenu conhdérable. ARCHIMANiJKlTE. Archimandrha. Mot grec , qui lignifie. Supérieur d un monaffère , ik ce que nousap- peLns Ahhé. Covariuvias , dans ton Dictionnaire Lt- pagnol, dit a^u Archimandrite efl la même choie que Chef du troupeau : enforte que telon cette lignifica- tion générale, ilpourroit s'étendre àtouslestupérieur.'j eccléliaftiques. Et en effet , on a donné quelquefois ce nom a des Archevêques , même chez les Latins. On le trouve en ce tcns dans la vie de S. Sévère Evêque de ÎRavenne. 'Voyez ^c?û Sanct. Fehr. T. I ,p. S^&z S w Mais il ne fignifie proprement chez les Grecs, où il ell fort commun , que le chef d'une Abbaye. Macri a re- marqué dans fon Hierolexicon ^ que cette dignité te conterve encore*ujourd hui à Mellîne dans uncéglife de chanoines, où ilyavcitauparavantdesmoinesGrecs de l'ordre de S. Balile , & qui a été érigée en commande par les Rois d'Et'pagne. Quoique ce mot toit Grec , M. Simon, dansfes notes fur le voyage du Mont Li- ban,^. ,' rp , croit qu'il vient originairement de la langue fy riaque , au moins pour ce qui eft de mandritc. Il prétend que Mandra j qui fignifie dans le grec une étahkj ou lieu où l'on enferme des bêtes , & par mé- taphore un monaftcre, tire fon origine de dour^, qui fi- gnifie en chaldéen & en fyriac , demeurer j habiter ; d'où l'on a fait médar ^ demeure , habitation ; & c'cll de-là que les Grecs ont formé leur mandra, qui figni- fie métaphoriquement un monafitre, & mandrites dans la même langue fignifie , fclon la même mérhaph( )re , , un moine. Les Arabes fc fervent aulîl de ce mot, qu'ils ont pris des Syriens; enforte que mandrite n'elî autre- , chofe chez ces nations , qu'un folitaire qui demeure dans fa petite cellule ; Qc celui qui étoit le chef de ces moines, prenoit la qualité à' Archimandrite , c'eft- à- dire , de chef & de maître des folitaires. On a ditaulli en grec Apx'^»»''^" , d'où l'on a formé Archimandri- . cijfa, comme de Abbas on a iùtAbbatiJfa , Abbe{fe. ARC ARCHIMARÉCHAL. f m. Archbr.arefchallus. Oilicief de l'Empire , Grand Maréchal de l'Empire. L'Archi- maréchal de l'Empire eft l'Eleèlrcur de Saxe. En cette qualité il marche immédiatement devant f Empereur, & perte 1 épée de l'Empereur nue. Dans les dictes fo- lennelles de l'Empire, on met devant l'hôtel ci\clles te tiennent un monceau d'avoine aulli haut que le poi- trail eu la telle de Ion cheval, & tenant en main une baguette d'argent &C une mciure de me me mctal , il remplit celle-ci d'avoine , & la donne au premier cfti- cier qui le prélente; il plante ton bâton d argent dans ravoine,&fe retire. Foye^^ilyivioYf ,Not. împ. Froc. Lib. Il,c. J. ARCHIMIME. f m. Archimimus.CQmGt\\QriX. du grec «/»:''> & i^''H-"\ Mime, qui vient de ,"',a£tfia/ , j'imite. Archimime eft la même choie que Archibouft'on , Maî- tre bouffon. Les Archimimes étoient chez les Romains des gens qui contrcfailoient les manières , les gcftes , la parole des perlonnes mortes & vivantes. Les Ar- chimimes ne turent d'abord employés que lut le thé.v tre;on les admit enluitedans les l'cluns,& enfin dans les funérailles, où ils march^iicnt après le cercueil,, contrefailant celui que l'on conduiioit au bûcher. Sué- tone rapporte qu'aux obiéques de Velpaficn , Y Archi- mime Vzwoxx , qui le contrefailoit , ayant demandé à ceux qui avoicnt loin de la cérémonie, ccmbien elle coîiteroit , & ceux-ci luiayant répondu , cent mille let- terces:" Donnez-moi, dit-jl, centlefterces, &ietez-moi )' dans le Tibre. " Il vouloir marquer l'avarice du Prince mort. Calaubon croit aulîi que ce fut un Archimime que celui qui tous Tibère voyant palier un mort , le chargea d'aller direà Augufte, qu'on ne donnoit poinc encore les legs qu il avoit faits au peuple. Tibère l'ayant fait venir, lui fit payer les legs d Augufte, & l'envoya au fupplice , en lui ordonnant d'aller dire à Augufte qu'on payoit tes legs. Ces Archimimes prenoient des malques dans les funérailles-, & Licet dans fon ouvrage des Lampes des Anciens , Liv. VI , ch.j 8c S , expli- quant une lampe , où il v a un malque la bouche béante , prétend que c'eft un malque A' Archimime. Baudoiiia en a fait auilî graver pluficurs dans ton livre , De Cal- ceo, ch. 6. M. de Tillemont a évité de à^nt Archimime j il dit Comédien. Dans les funérailles de Vefpafien,lc Comédien qui le repréfentoit , &c. HiJI. des Emp, T. II , p. ^2. ARCHiMlNlSTRE. f. m. Premier miniftre d'un.Piince, ou d un Etat. Primus Adminifier. Charles le Chauva ayant déjà déclaré Bofon fon Vice -Roi en Italie , tous le titre de Duc , il le fit encore fon premicf Ivîiniftre, tous celui èï Archiminijlre , compofé du grec «fX"', & du latin minifter. Chorier , p. 6Sj. Ce terme au rctfe n'eft point en ulage , il faut dire , pre- mier Miniftre. Les Cardinaux de Richeheu & Maza- riiîont été premiers Miniftres, & non Archiminijlres. Si l'on difoit aujourd'hui Archiminijlre , ce feroit en mauvaite part. ARCHlMONASTÈRE.f. m. Monaftère chef d'Ordre on de Congrégation. Archimonajlerium. François deGon- zague a appelé le monaftère de Long-Champs Archi- monajlère , comme ayant été chef de pluficurs autres. P. Helyot, t. VII, p. 20 2. On donne aullîcenciu à quelques monaftères célèbres pour les diftinguer. Les monartèresde Cluny, deSavigny , & quelques autres, font appelés Archimonajlères dans quelques chartes, ARCHINOBLES. adj. Très-noble. « Sache , mon ami , » que les comédiennes (oninohles , archinobles , par " les alliances qu'elles contraéfent avec les grands fei- gneurs. Le Sage. Il eft du ftyle familier. ARCHINOTAIRE. f m. C'eft-à-dire , Chef des No- taires, ou Secrétaires du Roi. Archinotarius. Ce nom, aullî-bicn que celui d'^rc^/c^<7^f/i7i;z j s'eft donné au- trefois aux Chanceliers de France. ARCHIPARAPHOiNlSTE. f. f. Grand Chantre d'une églifc. A'f x'ïfpafMviriît , quafï primus Acclamator. On dit , Prdcentor. ^fT Grand Chantre. C'eft le mot en ufage aujourd'hui. ARCHIPEL, ou ARCHIPÉLAGE. Ç.m.Archipelagus , j¥,giium mare. Terme de Géographie. Etendue de mec entrecoupée par un très-grand nombre d'îles. Les An- ARC ciens n'ont gUcies connu que \' Archipel des Grecs , où font les îles de la mer Egce , entre i'Alie, la Macé- doine & la Grèce , que les Turcs appellent mer blan- che j pour l'oppofcr au Ponr-Eu;;in , qu'ils appellent mer noire , Se que les matelots François nomment ia Forêt des Larrons _, parce que ces ries lont la retraite des Pirates. Depuis , les Géographes ont appelé YArchipélage de S. Lazare , le grand nombre d'îles qui font aux In- des, vers les côtes de Malabar Ik de Aialaca. Enluire on a découvert l'Archipélage du Mexique -, l'Archi- pélage des Maldives , où il y a plus de douze cens lies , divilées en treize provinces ou gouvernemens , qu'on appelle lur les lieux , Atollons : \ Archipélage des Philippines , où on dit qu'il y a onze mille îles , dont les principales obéiirent au Roi d'EIpagnc. Il y a encore \Archipelage des Moluques , des Célèbes , des Amboines, des Papous, del Moro, des Larrons , qui eft le même que celui de S. Lazare, de Chilvc, & de la nouvelle Yorck. Ces deux derniers, aulli- bien que celui du Mexique, lont de l'Amérique , les autres de l'Alîe. Maty. Quelques Didrionnaires écri- vent Archipéldgue , au lieu àCArchipelage , ni l'un ni l'autre n'eft de l'ulage ordinaire ; on dit Archipel. Le mot à'archipéltzge vient par corruption de ^gco^ pclu^^us ; c'eft-à-dire, la mer Egée, qu'on a dit auiii par corruption de A'>/oi£Aa;o( , ou mer Sainte , qui eft le nom que les Grecs ont donné originairement à ccrrc nier, à caufe des iles Cyclades, pour lefquelles ih avoient une grande vénération. ^3" Mais (ans tant rafîner lur l'Etymologie de ce nom , quia été inconnu aux anciens, ne feroit-il pas plus naturel de dire, que des Grecs dont les navigations le bornoient aux des de la mer Egée, lui auroient donné le nom à^ Archipel y ou àl Archimer, parce que c'étoit lapins importante de toutes à leur égard ; Ajoutez à cela que prelque toutes les îles dont cette mer eft par^ femée,ontété regardées de tout temps comme des dé- pendances de la Grèce. ARCHIPÈRE. f. m, Archipater. Ce titre s'eft quelque- fois donné à un Archevêque ■■, mais il n'eil: point en ulage en françois. ARCHIPÉRACITE , ou ARCHIPHÉRACITE. f m. Archiperacita, ArchipheracïtayScripturA Explanator. C'eille nom d'unOmcierdansles Académies des Juifs. \J Archipheracite n'étoit pas le même que le chef de la fynagogue appelé Archijynagoous , comme l'a écrit Grotius, & comme le d lient quelques Dictionnaires . qui l'ont copié : il étoit le premier ou le chef de ceux qui avoient la charge de hre & d'expliquer, de pro- feller dans les écoles. C'eit de-la que vient le nom à! Archipheracite , compote du mot grec «fx» , qui marque le chef, & du mot hébreu ou chaldéen.pis , phérak j qui entre autres lignifications a celle de di- vifer y partager ; d'où le forme plî;, pherck y qui fi- gnihe une divijlon, parcage , chapitre d un livre. Il a celle rfe réfoudre y dans le fens que nous difons réfou- dre une difficulté. De ces lignifications, le nom p"i£ , phereky a pris celle de rélolution, dans le fens que nous dilons rélolution d'une difficulté, réiolutionduncasde confcicnce, celle de Doélrine , l'adion d'enleigncr, de profelfer, ou comme l'on dit en quelques corps, de lire dans une école publique. Ainfi le Pirke akoth, & les Piikc de R. Eliézer, ne (ont point les leélures . tx''iP''ince ^ on Maure, & Tt'xloï , qui lignifie un ouvrier, h'architecle eft le maî- tre de ceux qui travaillent au bâtiment : c'eft lui qui conduit l'ouvrage. Architecte, le dit aulîi d'un Entrepreneur de bâtimens a forfait , & qui les doit rendre parfoits , tic la clef à la main & les eaux dehors. Rcdemptor. On dit aulîî ironiquement, c'eft un grand archi- tccle de fourbes, en parlant d'un trompeur. ÇCF On dit de Dieu qu'il eft le louverain architecle du monde ; pout dire , Créateur. CCr.ARCHITECTONIQUE.adj. Se dit en Phyfique de ce qui donne a une choie , une forme régulière , convenable à la nature de cette choie, & à l'objet à laquelle elle eft dcftinée. Encyc. ARCHITECTONOGRAPHE. f. m. formé des mots grecs dont on vient de parler , & du mot >?«>« , je décris. Celui qui fait la delcription de quelques bâ- iimens. Dicx. et t'O^iegg^H^. A R C ARCHITECTONOGRAPHIE. f. f. Ce mot eft grec , & lignifie, la delcription des bâtimens, des temples, des arcs de triomphe, des théâtres, des pyramides, des obélilques , des bains, des aqueducs, des ports, des machines de guerre anciennes. Architeclonogra- phia. Palladio, Piétro, Bellori, &Sandrat de Nurem- berg ont traité de V Architcclonographie. ARCHITECTURE, f. f. En général, c'eft l'art de bâ- tir. §CrOnendiftingue ordinairement de trois elpèces. La civile , qu'on appelle architeclure j tout court ; la militaire , & la navale. Architeclura. X^ architeclure civile eft la fcience de bâtir pour la nécelllté des particuliers, ou pour l'ornement des villes. L'art de bâtir eft un des premiers arts que les hommes aient mis en pratique. La néceÛité de le mettre à couvert des injures de l'air, a d'abord fait inventer \architec- ture. Les Romains apprirent des Grecs l'excellence de Vjrchiteclure. Avant cela leurs édifices n'avoient rien de recommandable que leur lolidité, & leur grandeur, parce qu'ils ne connoiiroient que l'Ordre Tolcan. Mais la bonne Architeclure le trouva dans imétat floriirant lous Augufte. La magnificence de ce Prince fit écla- ter tout ce que cet art a de plus excellent ; & il fit élever un grand nombre de beaux édifices dans tous les lieux de fon empire. Tibère n'eut pas le même goût, & négligea tort la culnire des beaux arts. Néron, parmi la foule ertroyable de tes vices, eut une grande paf- tîon pour les bâtimens ; mais le luxe & la diflolurion y eurent plus de part qu'une véritable magnificence. ApoUodore excella dans \' architeclure [ousT'[:x]zn, Se mérita la tlrveur de cet Empereur. Ce fut lui qui éleva la tameute colonne de Trajan, qui tubiifte encore au- jourd'hui. Dans la fuite \ architeclure déchut de beaur coup de la perfettion où on l'avoit vue. Les foins & la magnificence d'Alexandre Sévère la toutinrent quel- que temps : mais elle fuivit la décadence de l'Empire Romain , & retomba dans une corruption d'où elle n'a été tirée que douze llècles après. Les ravages des Vifigoths, dans le V tîècle, abohrent les plus beaux monumens de l'antiquité. Dans les llècles fui vans, Y ar- chitecture devint tî grolîîère , que l'on n'avoir aucune intelligence du delTcin , qui en fait toute la beauté. On ne penfoit qu'à faire de tolides bâtimens. Charlcma- gne n'oublia rien pour relever V architeclure. Les Fran- çois s'employèrent à cet art avec un fuccès extraordi- naire, aullî-tôt que Hugues Capet fut monté fur le trône. Son fils Robert le cultiva de même ; & enfin autant que l'ancienne architeclure gothique fut pé- tante & grolîîère, autant la moderne palfa dans on excès de délicatelfe. Les Architedes du XIIP ou XIV^ liècle, qui avoient quelque connoitrirnce delà Sculp- ture , tembloient ne faire confifter la perfedlion que dans la délicatefie & la multitude des omemens qu'ils entairoient avec beaucoup d'art 8c de foin, quoique touvent d'une manière capricieufe. FÉlib. L'architec- ture antique eft la plus excellente par l'harmonie de tes proportions, &par larichcile de lesorneit^ns; elle a tublifté chez les Romains jufqu'à la décadence de l'Empire , & elle a tuccédé à la gothique depuis le liècle palFé. \J architeclure qu'on appelle ancienne , eft ditïérente de l'antique ; c'eft la grecque moderne. Les bâtimens faits fur cette architeÙure , tî commune en- core aujourd'hui en Orient , font pefans , & mal éclairés. l'Architecture militaire, eft celle qui regarde la sû- reté des places, qui enleigne à fortifier les villes, les palTa- geSjles ports de mer à les défendre par de tolides conf- truétions , ^fT de l'infulte des ennemis , de l'effort de la bombe, du boulet, &c. C'eft ce genre de conftruc- tion qu'on n'p^cWe fortification. Voyez ce mot. IfJ' l'Architecture navale, eft l'art de conftruire des vaiireaux ôc des bâtimens flottans , aintî que des ports , jetées , magafinslur le rivage de la mer , ou fur fes bords, f-^oye^ Marine. sCT II y a aiilli une Architeclure hydraulique, celle qui enfeigne à bâtir dans l'eau , dans un terrain aquatique. Vitruve donne bien plus d'étendueàcetart; illedivife même en trois parties. La première eft l'édification y qui eft i'aïc de bâtir donc ou vient de parler. La fc- ARC çpnde eft h fjnomonujue :, qui cil l'.iit de repréfenter les IphcL-cs, & les mouvcmens ctlellcs par Ic.v inltiumcns, comme aftrolabes & hoiloges. Et la tioilièmc cil la 7nechanique 3 qui tqiite des. machines, & de laugmea- tation des forces mouvantes, comme grues, pompes, «Se de prefque tous les outils des arrilans, AR-Chitecture, le dit aulii de là manière de bâtir, Se àci ornemcns qu'on y emploie. Archïteclonïcum opus. On dilHngue cinq ordres à'architcSure j le Tolcan, le Dorique, l'Ionique, le Coiintliien , le Compok-ou le Compohte. Le Tofcan & le Compolite tout des or- dres latins : les autres font grecs. I hiibert de Lorme y a voulu ajouter le François ; mais il n'a pas été (uivi. h'jrchueclure gothique , ou moderne , cft une archi- teclure folide, grolîière, Hins bon goût dans les orne- mcns bifarres. Les Goths l'ont apportée du Nord , & l'ont introduite dans le reite de 1 Europe. La plupart de nos égliies cathédrales font bâties ielon \.ordrc go- ^ thique. h'arch'ueclure morifque avoit auiîi peu de def- lein que la gothique. Il relie encore quelques-uns de ces fortes d'cdifices en Elpagne, que les îviaures y ont conftruits pendant qu ils en étoient les maures. ; Il ne nous e(l point reft^ d'Auteurs Grecs qui aient: écrit de Varchiteclure. Agatharcus Athénien eftle pre-' mier qui en ait écrit; après lui Demociire , Archi- méde, Theophrafte. De Roch. Entre les latins, Iline le jeune eft l'écrivain qui a le mieux parle de l'archi- tecîure j Scilhntparoitre allez de connoillance dans cet art. On n'a que le kul Vitruve qui toit entier, quoi- que Végéce écrive que de Ion lemps on comptoit jul- quà 700 Architectes à Rome. Vitruve , qui vivoit ■fous Augulle, a été commenté par Philander & Da- niel Barbaro, & traduit en plufieurs langues, te fur- tout en hancois par \L Perrault, Médecin. Les Mo- dernes font Léon Baptilte Albert , ,Serlio , du Cer- ceau, André FalUo, Cataneo , Vignoles, Vmcenzo Scamozzi , Boeder , Durerus , Potfi , Philbert de Lorme , Bulau, Blondcl, Daviler & plulieurs autres moins hi- meux, rapportés dans Yarchiteclure. de Savot. Le lieur Chantelou a iait le parallèle de X'architccîure antique avec la moderne : Errard, Marolois, de 'Villehitac , & plulieurs autres ont écrit de \ architecture militaire. Le îieur Dallîer a écrit de Varchiteclure navale ; Ion livre inj^°. ell imprimé a Paris en 1670. Louis Savot a fait Varchiteclure h'ançoile des bàtiraens réimprimée par M. Blondel avec des Notes en 1676. M. de Cordemoy a fait uii Traité de toute i'arckiteclure , & des réponfes à M. Frczier, Ingénieur, qui l'a attaqué. En Angle- terre, Ch.illophe Walea écrit tur Varchiteclure j aullî- bien que Evclm, Paralel of Architecture ^ dont il faut prendre la dernière édition de iyo6,in-fol. à Londres. Architecture, le dit aullî de la partie d'un bâtiment qui ell excellente , & quelquefois de tout l'ouvrage. La fontaine des laints Innocens, à Paris, ell un beau morceau d'architecture. Le frontilpice du Louvre ell un rare morceau d'architecture. Architecture, lignifie aulIl une moulure, dansle mau- vais jargon des ouvriers, quiapalle depuis peu aux Ai- chitecles. Ainli on lit dans le devis imprimé pour la conllruClion des bâtimens du Roi à Paris, une corni- che avec les architectures ; pour dire, avec les mou- lures. Frezier. On appelle Architecture en perfpective, celle dont les membres font de différens modèles & mefures , & diminuent à railon de leurs diftances pour en faire pa- roitre à la vue 1 ordonnance plus grande ou plus éloi- gnée qu'elle ne l'cll en effet. On appelle Architecture feinte , celle qui eft étalilie lu: un bâti de charpente légère, & faite de toile peinte lur des châlîîs par trin- gles , enforte que les corps , les colonnes , les pilallres , & autres laiUies paroilfent de relief. Feu M. l'Abbé Régnier des Marais a dit figurément ArchitcpLure , pour fignifier la dilpolition & l'arran- gement des parties de l'Univers. Je regarde en gros toute la nature. J'en ohferve l'ordre & /'Architecture .• Je cherche à /avoir quels fecrets refforts font mouyoïrjljujic un ft yajlc corps. ARC 479 ARCHITIS. f. f. Terme de Alythologie. Nom eu fur- nom de Vénus chez les Atlyriens, «iv; enluitc cht^ les Phéniciens. Macrob. Saturn. L. I.c. 11. bcaliger croie qu il faut lire Dercitis, & que c'ell la même que Dcr- ceto 6t. Atergatis. ARCHITRAVt.f. f. Quelques Aixhitecles le fjnt maf- culin : mais , maigre leur autorité , il faut donner a ce mot le genre féminin. 1 artie de 1 entablement qui eft au dellous de la hile , ik au-dtllus du chapiteau. O eft une grclle pièce de bois qui lait la première partie ds rentablcmcnt , &: qui porte lur la colonne , Epify- lium. On 1 appelé 3.i\S\ fahlière , ou la Maitrelle pou- tre. C'ell la même choie que \epifiyle des Grecs. VJ Ar- chitrave eft difterente félon les divers ordres d archi- tecture. Au Tolcan, elle n'a qu une bande ceuronnte d un filet; deux lace^ au Dorique (k au Ccmpchte, & trois à l'Ionique i^ au Corinthien. Les Architectes appellent architrave mutilé , celui dont la laillie eft retranchée, (k qui eft anale avec la fiile, pour rece- voir uneinlciiption : Ik architrave coufc, celui qui eft inrerromjTU dans une décoration pour tacihter l'exhaut- lement des croilces , 1 entablement étant d une grande hauteur. Je ne puis m'empécher de rire, quand j'en- tends nos Architectes s'enlicr de ces grands mots de pi- lallres, «îv d'architrave , ik que je trcuve que ce lont les chttives pièces de la perte de ma cuifine. Mont. Ce mot vient de trabs , qui lignifie poutre , parmi les Latins ,& d' «f^»' , mot grec , qui veut dire ici prin- cipal\ c'ell comme li l'on diluit la principale poutre. Les Maçons prononcent arquitrave. C3'_ ARCHITRAVE ou epyple. C'eft en marine une pièce de bois mile fur des colonnes au litu d'arca- des, qui ell la première & la principale, & qui lou- tient les autres. Architraa'E , ÉE. adj. Corniche architrave'e. C'eft en termes d'Archireéture, une corniche dont on a luppri- mé la partie qui le ncmme la Frile. mf ARCHITHESOKIER. i. m. Quelques-uns écrivent AR^ CHITHRÉSORiER. Archuhcfauranus, magnus qui fc trou^ e en la même fignification dans Hélychius Ik Suidas. ARCHIVIOLE. Ê f. Termede Mufique, qui le dit d'une elpèce de clavecin fur lequel on a appliqué un jeu de viole par le moyen d une roue tournante avec la ma- nivelle , pareille à celle des vielles. L'ArchivioIe fait un bel effet pour fourenir les concerts d'inftrumens. Cet inftmmcnt n'efl: prefque d'aucun ufage aujourd hui. ARCHIVISTE, f. m. Celui qui garde les Archives. Ta- bulario prepojitus. Archivisme. C'eft aulTî un Auteur qui s'emploie à fouiller dans les Archives , pour déchiffrer les titres. Digne raifonnement d'un Auteur Archivifie. MÉm. de Trévoux. ÇCr ARCHIVOLEUR, ARCHIFILOU. f. m. Archifur. C'ctoit chez les Egyptiens le chef ou capitaine des voleurs. Celui qui vouloir s'enrôler dans cette troupe, tlcuinoit fon nom au capitaine , en lui promettant d ap- porter avec la plus grande fidélité tout ce qu'il auroit dérobé, afin que celui qui auroit perdu quelque choie, pût écrire lur le champ au capitaine , en lui marquant le lieu , l'heure & le jour auquel il avoir perdu ce qu il chercîioit : ce qui lui ctoit reftitué lur le champ , à condir.on que le voleur auroir pour la peine la qua- trième partie de la chofe perdue & retiou\ée. Diod. de Sicile cité par MoR. ARCHIVOLTE. Terme d'Architecture, f. f. fuivant l'A- cadémie Erançoife. Arc contourné. C'eft le bandeau orné de moulures qui règne à la tête des vouffoirs d'une arcade , ik dont les extrémités portent fur les importes. Elle eft différente Iclonles divers ordres d'Archirecture. Elle n'a qu'une limplc face au Tofcan; deux faces couronnées au Dorique, &i à l'Ionique, >3v; les mêmes ARC moulures que l'architrave dans le Corinthien, & le Compofite. Archivolte retournée ,c\\. celle dont le ban- deau ne finit pas, mais retournant lur l'impofte fe joint à un autre bandeau. VArchivolte rufiique , eft celle dont les moulures Iont interrompues par une clef, & des bûllages limples, ou ruftiques, eaforte que de deux VGulfoirs lun eft en bolfage. ARCHOIER. Vieux mot qui fignifie, tirer de l'arc. Se qui félon Borel le trouve dans Pcrccval. ARCHONTAT. f. m. Prononcez Arcontat. C'eft \\ charge d'Archonte. Magifiratus Athenienfis. C'eft aullî le temps pendant lequel un magiftrat d'Athènes . gouvernoit. ARCHONTE, f. m. Prononcez Arconte. Magiftrat d'A- thènes. Ce mot vientdu grec A'fxav, qui fignifie , ce- lui qui gouverne. Après que les Athéniens eurent aboli la Monarchie , ils créèrent àcs Archontes ,(\u.ï étoient obligés de rendre compte de leur gouvernement. Ai' chômes. Il y en eut d'annuels & de perpétuels. Mé- don , fils de Codrus , fut le premier de ceux-ci , & Créon fut le premier de ceux la. Boss. Ccdrus, Roi d'Athènes , dans la guerre contre les Héraclides , s'ê- tant dévoué pour le falut de Ion peuple , fes enfans Médon & Nilée dilputerent le royaume entre eux. Les Athéniens en prirent occalicn d'abolir la royauté. A la place des Rois , ils créèrent tous le nom àAr- chontes des gouverneurs perpétuels. Médon , fils de Codius , exerça le premier cette charge , que les def- cendans poHéderent une longue fuite d'années. La magirtrature perpétuelle parut encore à ce peuple libre, une image trop vive de la royauté , dent il vculcir anéantir julqu'a l'ombre même. Ainli de perpétuelle qu'étoit la charge à! Archonte , il en réduilit premiè- rement l'adminiftration à dix ans, puis à un-, en vue de rellaifir plus louvent l'autoiité , qu'il ne transféroic qu'à regret à les magiftrats. Tourreil. Il y eut 15. Archontes ^Qï^éiMois en 316 ans, depuis Médon jut qu'à Alcmcon. Il y eut lept Archontes décennaux-, dont le premier s'appela Charobas , ik le dernier Erix. Créon le premier des Archontes annuels , hit élu la 2^ ou la 3' année de la 14* Olympiade. Id. Cicéron , Z. /. De finibus i rend en latin le mot à' Archontes par celui de PrAtor, Préteur. Pline, Liv. XXXIII. ch. 7 le traduit Magifiratus. Idem. Sous les Empereurs Romains, pluficurs villes Grec- ques ont eu deux Archontes pour premiers Magiftrats , qui étcient la même choie que les Duumvirs dans ks Colonies , & dans les Municipes. Archonte, eft un nom dont les Grecs fe fervent pour exprimer pluficurs dignités de l'Eglile & de l'Empire. Les Evêques font quelquefois appelés Archontes. Pluficurs Hiftoriens appellent ^rcAowrejlesSeigncurs de la Cour des Empereurs Grecs, /^oyc^ Guillaume DE Tyr , Pachymère , NicÉTAs , Anne Com- nÉne, &c. Archokte de l'Alage, étoit un Officier qui comman- doit une Compagnie de Cavalerie deftinée à la garde de l'Empereur. Voye\ Codin, ch. 2. n. ^2. Archonte des Antjmenses , eft un Officier eccléfiaf- tique , qui fait .approcher de la fainte table ceux qui doivent communier. Codin. Archonte des Archontes. C'étoit comme un Gou- verneur général, qu'on peut comparer aux Béglierbeys des Turcs, qui ont fous eux des Sangiacs ; ou à nos Gouverneurs de province, qui ont lous eux des Lieute- nans généraux & des Licutenans de Roi. /'ovc^Leun- CLÀvius , Cantacuzéne , SiMÉON Logothéte , le continuateur de Théophane, &c. Le grand Archonte, étoit comme le premier des Of- ficiers de 1 Empereur: Obfeqido Palatino praerat y dit I M. du Cange. Archonte des Églises , eft celui qui a l'Intendance fui-' les Églifes , & même , lelon quelques uns , lur les Mo- naftères. Voye\ Cobin , ch.. i . n. 2 y. Il eft parlé d'un Archonte des Monafières en plufieursoccafions, com- me s'ilécoit dldingué de \Archon te des Eglifcs.VoycT. Codin, c^. r. n. ^.Cantacuzéne , NicÉtas ,&c. Archonte de l'Evangile, c'eft parmi les Ofliiciers de l'Eglifc « AR ARC l'Eglife grecque , celui qui garde le livre des évangiles, pour s'en lervir aux lainrs mylKres. Codin. Archonte des contaces eft toujours de l'ordre & du nombre des lecteurs. Varchonte des concjccs ctoi: dclHné à garder les contaces , ou livres d'églifcs, & à en avoir loin. f^oje:( Arcudius , l Eucologe , c-f. Archonte DES murs jC'etoitl'Oiticier qui avoir loin des murs de la ville. Cantacuzéne , Siméon Logothcte , le continuateur de Théophane en parlent. Archonte du tulde , c'ctoic un Oliicier de guerre qui avoir loin des bagages de l'Armée. L'Empereur Léon en parle dans les Tacliiques. Archonte des luiMiÈreSjOU des hommes, (twï çi^'laiï) Oliicier ecclélîallique qui éroit charge du loin de ceux qui devoicnr bientôt recevoir le baptême, f^oy. Codin, ch. I. n. 26. Archonte de l'oreévrerie ,( rZ xp»^»x"'^ ) le nom leul de cet Officier fair connoitre en quoi confiftoit l'exer- cice de la charge. foye~^ Léon le Grammairien. ARCHONTlQLiE. L m. & f. Archonncus. Nom de iecTie hérétique qui s'éleva vers la fin du (econd liccle. Les Archomiques fuient ainfi nommes du mot grec A"f xoTTSf , dont on fe lert pour exprimer la hiérarchie des Anges, que nous appelons Ffincipautcs ; parce qu'ils enfcignoient que c ctoient ces Principautés qui avoient créé le monde.Les y^rcAo^ri^aej rejetoient tous les lacre- mens; ilsnioientlarélurredrion desmorts,6'c. Godeau. C'étoit une branche des Valentmiens. Ils s'abandon- noicnt à toutes lortes d'impuretés. / oye:^ S. Epiph. hér. 40. S. Aug. her. 20. Théodorer & Baronius à l'an 175. Les Archomiques avoient des livres particu- liers , qu'ils nommoient les Révélations des Prophè- tes. Fleury. iVRCHURE. f. f. Terme de Menuifier, qui fe dit des pièces de menuiferie qui lont au devant des meules d'un moulin , & qui, quand il les faut rebattre , le dé- montent. Ces archures lontaufli garnies de leurs cou- verlcauN. ARCIS. Ville de France. Arciaca. Elle eft en Champa- gne , lur la rivière d'Aube, au nord de Troyes. ARCILT. f. m. Terme de Coutume. C'cftune redevance ou un droit que les Abbés laïques en Béarn, les Chapitres & les autres Eccléiîaftiques qui ont acquis des dixmes, ou par achat , ou par donation , payent aux Evêques. De LauriÉre fur Ragueau. ARCKEG. Lac d'Ecoile. Arcus. Il eft dans la province de Loquebar , près de celle de Alurray , & un peu à l'oc- cident d'un autre lac nommé Co^h. ARCKLO , ARECKLO , ou ARCKLOW. Ville de la Lagénie , en Irlande. Arkeloa. Elle eft lur la côte du comté de \'icklo , au midi de la ville de ce nom , & à l'embouchure du Doro. ^Zr ARCO ( r ). f. m. Terme de Fonderie. Parties de cuivre répandues dans les cendres d'une fonderie , & qu'on retire , en criblant ces cendres , (?>: en Jes faifant palier fucceirivement dans diftércns ramis. ARCO. Petite ville de l'Evêché de Trente , en Allema- gne. Arcus. Elle eft fut la rivière de Sarca , quelques lieues au-delfus de 1 endroit où elle entre dans le lac de Garde. ARCOB. Nom d'une ville de la Terre-Sainte, & d'une contrée à laquelle cette ville donnoit ion nom. Arcoh. Elle étoit autrefois dans le royaume de Balan , au delà du Jourdain. Elle tut donnée à la demi-tribu de Ma- naflé , qui refta a l'orient du Jourdain. Elle avoir à l'occident le petit lac de Mérom , a l'orient la terre de Hus , & au nord la Trachoniride. ^RCOII^. Vieux mot qui fe diloit des chofes qui flc- chilloient. Borel. In arcum fiecii , ou curvari. Ce mot vient d'arc. ARÇON, f. m. Terme de SeUier. SclU equeflris arcus. C'eft une efpèce ^arc compolé de deux pièces de bois qui loutiennent une felle de cheval , & qui lui don- nent (a torme. Il y aun<7rcc>/2 de devant, &i\\.\\arcon ■ de derrière. Lesparries de l'izrco/; font, le pommeau ou ! petite poignée de cuivre qui eft élevée au-devant de la telle. Le gatrot eft la petite arcade qui eft un peu élevée au-dclTus du garrot du cheval. 1 es mamelles font l'endroit où aboutit le garrot , & les pointes font | Tome I. ^ 481 au bas de Varçon. Il y a des arçons mobiles pour les telles à tous chevaux , qui changent l'ouverture de la telle. Varçon de derrière porte le troutleqiiin. Les ar- çons doivent être ncrvés & ferrés, §CF c*ft-à dire, couverts de nerts de bœuts battus (5c réduits en filatle, puis collescout autour des arçons pouï les rendreplus forts. Le chet d'œuvre des Selliers etliun arcon à corps, qu'on failoit autrefois pour les Gendarmes , dont le troullequin alloit jutqu'au milieu du dos. On appelle Pijloiets (/"tzrcti/z , ceux qu'on porte or- dinairement à ['arcon de la fclle. On dit encore , il portoit toujours un tel livre à Var- çon de la telle ; pour dire , il l'^fcit toujours avec lui. Dans les Tournois & combats de lance, on dit qu'un Cavalier a lair perdre à un autre les arçons , qu'il lui fait vuider les arçons ^ C^3° pour dire qu'il l'a detar- çonné , ou renverté de cheval. Excutere ex equo , è fdlà. ^fT Dans un tens tiguré, erre ferme dans fes arçons y lur fes ûrcfi^jjC'eif être terme dans fon opinion, dans tes prin- cipes. Er perdre les arçons, être embarratlé , déconcerté. Faire perdre les arçons à quelqu'un , l'embarratler, le déconcerter. Arçon. Terme de Chapelier. Inftrument fait en ar- chet de violon qui etl: long de cinq ou tix pieds , qui n'a qu'une corde & dont on fe lert pour arçonnet la laine. Arçon, fe ditoit encore autrefois pour archet. Si porte /'arçon & la lyre. ARÇONNER. v. a. Terme de Chapelier. Faire voler la laine avec larçon , la diviter, la Icparcr pour la met- tre en état d être employée. ifT ARÇONNÉ, ÉE. part. Poil arçonne. Laine ar- connée. ARÇONNEUR. f. m. Ouvrier qui arçonne la laine, le poil, & autres matières, après avoir été cardées, pour être employées à divers utages j & particulièrement dans la Chapellerie. Les Cardeurs de Paris lont aulli appelés par leurs Statuts , Maîtres Arconneurs. ARCOS. Ville d'Anda!oulie,en Etpagne. Arcus, Arcen- Jium Colonia. Elle eft tur la ri\ ière de Guadalette , au- delHis de Xérès de la Frontera. Arcos , eft encore une autre ville d'Efpagne , tituée dans la vieille Catl:ille, vers les confins de la nouvelle , & de lArragon, lur la rivière de Xalon , au-dctlus de Mé- dina-Cœli. Arcus. Il y a aulîi en Portugal, Arcos de l'Eftramadure, ou du Val de Vez. Arcus. » ARCOT. f. m. Excrément de cuivre jaune dont on fait le potin en le mêlant avec du plomb. ARCOUS. 1. m. Nom d'homme. Arcontius. Saint Ar- cous n'a point été connu de Bollandus, ni par du Sauf- fai. Il fe trouve dans le Martyrologe de Viviers. Il y a un Prieuré du nom de S. Arcous tur la rivière d'Ai- lier. Chast. ARCTIQUE, adj. m. Terme d'Aftronomie , arclicus y horeus , feptentrionalis. C'eft l'épithète que l'on donne au pôle qui eft élevé fur notre horizon; ainfi nommé, à caute des étoiles de la petite Ourté, nommée axTit en grec, parce que la dernière étoile de ta queue iTiar- que le pôle feptentiional, lequel n'en eft éloigné que de deux degrés. Le pôle arcîique , polus arcticus. On appelle aullî arcîique tout ce qui eft du côté du pôle arcîique , tout ce qui eft teptentrional. L'hé- inifphère arctique eft la moirié de la fphère , qui a pour pôle ou pour centre le pôle arcîique. Le cercle arcîique eft le cercle polaire feptentiional , éloigné de 25 degrés, 29 minutes du pôle arcîique , Se lelon M. LiarriSj 23 degrés, 30 minutes. Les terres arciiques , terra arclica , on feptentrionale s , font des terres in- connues, limées au feptentrion de l'Europe & de l'A- mérique vers le pôle arcîique. Elles comprennent la nouvelle Zemble , la nouvelle Irlande, le Spitsberg au nord de l'Europe; le vieux «Se le nouveau Groenland, les lies de Cumberland & Ralegh , le nouveau Nort- Wales , le nouveau Danem.arck, & la rerre de Jetïo au nord de l'Amérique. Ppp 4Sz ARC ^RCTITUDE. f. f.Terme dontfeferçM. d'Hérîcourt dans (on Anaiyle des Dcciétales, pour lignifier érrécillcmcnt des parues génitales de la temme, qui la rend inhabile à la combnimation 4^ mariage. Ar-claûo. Ge terme vient du verbe aràare, qui lignine prelîcr , étrécir ; mais les Canonises & les Médecins y dcniif nt une ex- plication plus étendue. Ils appellent aulîi-bieu arcli- tudc de la femme , lorll;ue les deux lèvres de la ma- trice le trou, eut attachées, que lorfquil le trouve une membrane trop épaille qui empêche 1 introduition dans le vagin. L'arciitudc eft un moyen pour iaire diiloudre un mariage -, mais cet empêchement ne devient diri- ment, que lorfq^ ne peut être corrigé par les Mé- decins & Chirurgiens. C'eft ainli que s'en explique le Pape Alexandre VA. Cap. de Frig.& Malej. Voyez Fe- VRET , t. IL p. 00- M. d'Héiicourtle lert du mota;r- titude pour marquer l'étrécillement des parties d'une fille ou d'une Femme. Si une femme , ayant été lépa- rée de ion mari à caulc de ïarcîitude qui la rendoit inhaDile a conl'ommer le mariage, en époule un autre qui conlomme le mariage avec elle, doit-elle retour- ner avec fon premier mari ; Innocent III, qui examiiie cette qucftion, reconnoit qu'elle eft très-difficile .à dé- cider, i^v.- a croit qu'elle eft obhgée d'y retourner , parce qu'une femme qui a pu confommer le mariage avec un homme, a pu naturellemchtleconlommer avec un autre. Cûp. FrateTnitctis extra defrlgidis & maleficia- tis- Cepcn.dai:t il y a des arclitudts relpeétives, & telle fille peut perdre la virginité avec un homme, qui ne la perdroit point avec mi autre , fans employer des moyens trop dangereux. Dans un cas pareil, qui eft très-rare, luivantles Anatomiftes , le premier mariage feroit nul, & il faudroit déclarer le kcond valable. Anahfe des Décràales , p. 1 37 ^ col. 2 , à la fuite des LoLX Fcclef. de France de la troïfieme édu'ion. ARCTIUM. f. m. Fiante dont la tige eft longue & molle. Sa graine eft de la grolleur du cumin. Ses teuilles Ion'' comme celles du bouillon, un peu plus rondes &: plus velues. La décoétion de la racine avec du vin eft bonne pour les rétentions d'urine ; pour apailer le mal de dents , &c. tfT ARCTOPHILAX. Terme d'Aftronomie, fynonyme de Bouvier. ^J° ARCTURUS. f. m. Terme d'Aftronomie , emprunté du latin. Ce mot lignifie la queue de l'ourfe , & clt ccm pofé dàfXTor, ourfe , & de ip<^, queue. Arclure eft le nom d'une étoile de laconftellation nommée Arcio- phylax ; c'eft-à dire, garde de l'ourfe. Elle le levé le premier jour de Septembre^ & fe retire le 15 de Mai. Elle eft df la première grandeur. Sa longitude eft 199 . 39'. la latitude ■•; i-^. 2'. Ion alcenfion droite 210'. 13'. la déclinallon 20!. jS'. Harris. §Cr ARCUATION. f. f. Terme d'Anatomie dont quel- ques Chirurgiens le fervent pour exprimer la courbure ^ des os, comme il arrive aux enfans quife nouent, ar- .. cuatio. ARCUDIA. 'Ville de Barbarie, en Afrique. Arcudia. Elle eft dans le royaume de Tripoli , vers la frontière de celui de Earca, lur le golfe de la S'iàïc. Arcudia eft un des lieux où l'on met l'ancienne ville nommée Phi- len'i vïcus , ou Philenorum Ara, que l'on place auftî à Naima ou Taimi , bourg furie même golfe, un peu à l'occident à' Arcudia. On conjecture aullî qu'^-^rc^- dia pourroit être l'ancienne Antomala ■, que quelques Géographes aiment mieux placer à Zanagra, bourg du voifinage à.' Arcudia. ARCUEIL. Bourg de l'île de France. Arcus Jullani. Il eft a une lieue a peu près au midi de Paris On voit en pkihcurs endroits, nwaz Arceuil & Paris, les reftcsd'un aqueduc de cailloutage, que l'on prétend avoir été lait par Julien l'Apoftat, pour conduire les eaux dans Ion palais près de Paris qui eft aujourd'hui l'Hôtel de Clu- gni , dans les derrières duquel , qui donnent fur la rue de Ja Harpe , on voit encore un morceau de bâtiment allez entier, que l'on prétend avoir été les bains de ce Prince. On croit fort vrailcmblablement que c'eft de - là ofiArcueil a pris fon nom. Le fuperbe aque- duc qui s'y voit aujourd'hui , a été conftruit par ARD Ivîarie de Médicis, & on voit encore auprès les ruines de l'ancien. ARCUER. V. a. & ARCUÉ.part. On dit ciu'une choie eft arcueé , lorlqu'elle eft courbée en arc. (;CF arcuare y in arcum inflectere. Arcuation le dit quelquefois. Le Verbe & le participe ne lont pas en ulage. On diroir courber, plier en arc. IÇT ARCUL^EAVES. Nom que les Romains donnoient à certains oileaux qui ett^ient de mauvais prelage par leur vol, ou par la manière de prendre Icurn^uriicure. Us empêchoient qu'on ne format aucune entrcpiile : ce qui les ht nommer ArcuLt, quia accrbant ne quid fier et. Mor. antj q. Rom. Scaliger prétend qu il faut dire arciva aves ; arc iv us , quiicpLuile , qui empcclie. $Cr ARCULÉ. l. m. Arculus. L'ieu qui prelidjit aux coffres ou aux callettes , ainli nomme d arca ou arcula , ccftre , ou cairettc. On imploroit le lecours de cette divinité contre les voleurs. Mais Ln autorité etoit ba- lancée par une autre divinité nommée Faverne , lavo- rableaux voleurs. Ainli il y avoit combat entre ces deux divinités. Si Arcule étoit le plus f^rt , le Cuf- fre n'étoit pas volé. Si Laverne avoit le deftus, le cof- fre étoit pris. Idée ridicule que l'on s'etoit tormce des Dieux. ARD. ARD ACHER. Ville autrefois, aujourd'hui village delà baife Aurriche, en Allemagne. Aredate. Il cil fur le Danube, environ a deux lieues du confluent de lEns. Ccr ARDAGH. Petite ville d Irlande , dans la province de Leinfter, au Comté de Longtott. ARDAING. Nom d homme. Ardagnus. On compte S. Ardaing pour 13*^ Abbé de S. 1 hilbert de Tour- nus. Ce fut a S. Ardaing que S. Henri, l'.an 101/, fit prélent de la couronne impériale , dont le Pape Benoit VIII l'avoit couronné. Chast. // Fév. ARDALIDES.l. f. pi. ou plutôt ad j. pris lubftamivement. Ardaiides. Surnom des Mules , ptis d'Ardalus , fils de Vulcain, qui honoroit fort ces Déciles. ■ CCr ARDANAT. Ville des Indes, aux environs de l'ile de Diu, dans la terre ferme , au-delà du fleuve Indus. ARDART,ou ARDFEART. f. m. Ville la Momonie , en Irlande. Ardatum, Ardforta. Elle eft dans le ccmté de Kcrry, fur une petite baie qui eft entre celle deDin- gle & l'embouchure du Shannon. ARDASSES. f f. pi. ou adj. Pris fubft. Terme de commer- ce. Ce lont les plus groftières de toutes les foies de Perle, & comme le rebut de chaque elpèce. On dit en ce lens des Lcgis , des Houlfets , des Choufs & des Poy.as rtrc/i^Z/cjj peur marquer les moindres de cesqua- tre lortes de foies perliennes. ARDASSiNES. adj. f. pi. Fris fubft. Terme de com- merce. Les ardaffines qu'on nomme en France abla- ques _, font de très-belles loies de Perfe, qui ne cèdent guère pour la finefleaux fouibaftis. ARDBRY. Port du royaume de Barca , en Afrique. Il eft près de la ville de Btrnicho. C'eft l'ancien Bryorum portus. ARDEBIL. Ville de Perfe. ArdeVda , Ardevïla. Elle eft dans l'Adirbeitzan. On y voit les tombeaux de plu- fieurs Rois de Perfe. ARDÉE , ou ARDRES. Petite rivière de Normandie , en France. Ardurus , Ardea. Elle coule dans l'Avran- chin , & le décharge dans le petit golfe de Cambelaine , à deux lieues au midi d Avranches. ARDLE. Ville capitale des Rutules , & plus ancienne que Rome. Ardea. C'eft aujourd'hni un bourg de la Campagne de Roiric , près delà rivière de Numico , à cinq lieues à l'orient d'Oftie. la- ARDELION. f. m. Ardclio. Homme qui fait le bon valet, & qui a plus de paroles quedefFet.il eft fami- lier. A CAD. Fr. ARDEMMENT, adv. Avec ardeur, avec paillon, d'une manière chaude ik vive. Il ne le dit que figurément. Ardcnter y vehementer , acriter. Kw\zx ardemment. Combattre ardemment. On ne fouhaite jamais ardem- ment ce qu'on ne louhaite que par raifon. Fochef. 0Cr ARDEN. Ce mot a été emplové par les anciens Gau- lois & par les Bretons , pourfignifierune/oref. M.Huet ARD dit que de l'^incien mot gaulois arddn , qui fignifioit forêcj s'cft fait le nom àardctnedin ardcyne. Abbaye voiline de Cacn. Car c'cft l'opinion commune que Cacn étoit autrefois environne de torcts,& li l'on exa- mine bien l'ancien état des lieux de l'Europe Celtique, on trouvera qu'ils font eu ont été des torcts. ARDEN. Contrée de ^yùt^.Ardeiui regio , autrefois Pt:/- myrcne , Palm\rcn& folitudines. Elle elT; dans le Bé- glierbeglic de Tripoli, aux confins de l'Arabie dclerte 6c de la pétrée. La ville de Fayd ou Tornoz en eft la capitale. , Arden, eft auffi le nom d'une forêt du comté de Bar- wick, en Angleterre. Arduenna fyha. Elle eft à qua- tre milles au couchant de la ville de Barwick. ARDENBOLiRG , RODENBOURG. Ville de Flandre. Ardenburgum , Rodenburgum. Elle eft à une lieue de l'Ecluie , du côté de Gand. ARDENNE. La fortt A' Ai derme ^ ou les Ardennes. Ar- duenajylvaj oaArdenna. C'eft le nom d'une grande forêt , qui occupe tout le duché de Luxembourg , la partie méridionale de l'évêché de Liège , & du comté de Hainaut , ik la leptentrionale de la Champagne. Celar dit que la forêt d'Ardenne étoit la plus grande des Gaules ; que commençant vers le Rliin elle palFoit au milieu du pays de Trêves , & pénétroit ju(qu'aux quartier de Reims & des Ncrviens ; & qu'elle occu- poir plus de 500 milles en longueur. Foye:ç Célar au Llv. Vy & au Ziv. VI de Ces Comment. %fT ARDENT , ENTE. ad). Qui eft en feu , pénétré par le ku. Ardens. Fournaife ardente. Brafier ardent. Fer ardent. La torche ardente à la main. ^CT Ardent , lîgnilie aulîi, qui hrùle. On dit en ce fens que le loleil eft ardent j qu'il fait une chaleur ardente. Miroir ardent. ^3" Ce mot vient de l'ancien verbe arder qui n'eft plus en ufage. ^CT Chaud, Brûlant, Ardent , Enflammé, Em- brasé dans une fignification (ynonyme. Un objet eft dit ch-iud, tant qu'oii en peut lupporter le toucher fans doulcui : brûlant ^ quand on ne peut plus le tou- cher fan" reirentir de la douleur : ardent ^ lorfqu'il eft en feu, & qu ■ les parues ignées dont il eft pénétré fe font fentir audehors: enfianuiié , lorfque le feu dont il eft pénétré s'eft rendu icnlible aux yeux au-delà de fafurfacé: emhrafé , lorfque le feu a celle de s'élan cer au-delà de fa lurface, & qu'il en parolt (eulement pénétré dans toute la lubftance. ^3* Chapelle ARDENTE. On appelle ainfi certaines cha- pelles où l'on brûle de l'huile ou de la cire. Plus com- munément, c'cft le luminaire nombreux qui brûle au- tour du cercueil ou de la reprélentation d'un corps mort. |tT Fièvre ardente, en Médecine , fehrïs ardens. Fièvre très-vive & brûlante. Miroir Ardent , c'eft un miroir concave , fphérique , ou parabolique , qui ramalfe tous les rayons du foleil en un point, qu'on appelle /ojer, où la chaleur de- vient (1 grande , qu'elle brûle. Spéculum quod adver- fumfoiùs radïis accendïtur. Q\\ a. vu de li bons mi- roirs ardens , qu'ils fondoient & calcinoient les mé- taux en deux minutes. Foye'iç Miroir. Ardent , fe dit figurément en Morale, de tout ce qui fe fait avec chaleur, avec paftion, avec véhémence. Ar- dens , fervens 3 acer. Une dévotion ardente. Un zèle ardent. L'amour des gens qui font profellion de la fa- geife , eft d'autant plus ardent , qu'il ne fe diffipe par aucunes marques extérieures. Vill. Difpute ardente. foif ardente. Combien de fois , fenjlble à rej ardens déjlrs ^ M'eft-il en ta préfence échappé de foupirs ? Ç^ Ardent, appliqué aux perlonnes, déiignc celui qui fe porte avec chaleur &■ véhémence à quelque choie. On dit qu'un homme eft ardent a la chalFe , à l'étude , au combat, à la difpute. C'eft un homme ardent & âpre au gain. Lucri cupidine fervens. ^fT On le dit auftl des hommes & des animaux pour délîgner une très-grande adivité. On dit qu'un homme Tome L ARD 48 j eft extrêmement ardent. Valentinien étoit naturelle- ment ardent } &c alloit à (es fins fans beaucoup de mé- nagement FlÉch. Un cheval trop ardent. Un chien trop ardent. îpT En fait de littérature , il annonce une très-grande vivacité. Le ityle de l'Hiftorien doit être moins ardent , & plus tempéré que celui de l'Orateur. Vall. §Cr Ardent , en parlant des couleurs, lignifie la cou- leurrouil'e. Rujus , poil ardent. Ce cheval a le poil ardent, c'eft-à-dire roux , tirant lur la couleur de feu. En termes de Marine , on dit qu'un vailFeau eft ar- dent ^ lorlqu'il approche aifément du vent , lorlqu'il fc range au vent malgré les voiles d'avant & Ion gouver- nail j 6c qu'il a beaucoup de dilpolition à venir au vent. Navis quit, naturâ fuâ vento fit proxima. fCT Ardent , en termes de Blafon , le dit d'un chat- bon, d'un flambeau allumé. Candens , ace en/us. flC/" Chambre ardente. Foye^ Chambre. i^CF En termes de Chimie , on appelle elprits ardens j ceux qui étant tirés , par la diftillation d'un végétal fermenté , peuvent prendre feu & brûler. Tels font l'ef- prit de vin, l'eau-de-vie. ARDENT, l. m. Eft un certain météore , ou feu-follet , formé de quelques exhalailons gratfes , qui s'élèvent & s'enHammcnt dans les lieux marécageux. Ignés nocle errantes. Les paylans ditent que ce iont des enfans mort-nés, ou de faux bournoyeurs, & en conçoivent des terreurs paniques & ridicules. On les appelle en di- vers lieux, Fnyrolles , Flammerolles j t tamharts on Follets. Les Anciens , quand ils en voyoient deux en- lemblcj les appeloient Cafior & Pollux, & ils leste- noient pour un heureux prélage. Quand il n'en paroil- foit qu'un, ils \tnommoicnx. Hélène j, & le préiage en étoit funefte , lelon le témoignage de Pline. On appelle aulli ardens , certains malades d'une fièvre ardente, qu'on nomme aulU FeuJ'acre. C'étoit une efpèce d'éréfipèle , §Cr accompagné d'une fièvre qui les brûloir. C'eft delà qu'eft venu le titre de Sainte Geneviève des ardens , parce que ce fut, dit-on, par l'interceiFion de cette Sainte , que celFa cette maladie qui avoit fait de ii grands ravages vers l'an 1 1 50. La même maladie épidémique, ou une toute femblable , courut encore en France l'an 1374, Se fut nommé le mal des Ardens. ARDENS. f. m. pi. Ardentes. C'eft le nom des Acadé- miciens de Naples. Ce nom leur vient de leur devife, qui eft un autel lur lequel eft un bûcher, & iurle bû- cher un taureau en pièces pour être brûlé en hclocaufte ; & le feu du ciel delccnd pour l'embrafer -, le mot eft OYK A AAO0E.V ^Ce n efi quc dc-là ; c'eft-à-dire , ce n'eft que du ciel que vient le feu qui nous embraie. §3" ARDER. V. a. Vieux mot, lynonyme de brûler, en ufage feulement dans cette phrafe populaire d'impré- cation. Le feu Saint Antoine vous aide. /'o)': mordicant au goût, C'ck'V Argemon de Diolcoride. Il y a d'autres efpèces de pavot qu'on appelle de ce même nom. Quelques- unes ont les rieurs jaunes. Elle rieurit en Juin. Çfj- ARGENCES. Bourg de France, dans la baffe Nor- mandie, Diocèle de Bayeux, à trois ou quatre heues de Ca'èn. ARGENDAL. Petite ville du Palatinat du Rhin, en Al- lemagne. Argendalia. Elle eft entre Simmeren & Bac- carach. ARGENS. Rivière de Provence , en France. Argcnteus fluvius ; ainli nommée à caufe de la pureté de fes eaux. Elle a trois fourccs aux environs de Saint-Maximin & de Barjols. Elle va par Arcs & le Muy porter fes eaux dans la Méditerranée, entre le petit golfe de GrimauJ & celui de Napoule. ARGENT, f. m. Métal qui tient le fécond rang entre les Qqq 490 A R G métanx, qui-eft fou blanc, le pins dur & le plus pré- cieux après l'or. Jrgencum. \.'ar^cnt au {orrir des mi- nes s'aftine avec le mercure , ou le vif-argenr. M. Hom- i>erg, dans IHift. cic l'Acad. des Sciences, an. 1709 , dir , c,ue le métal parfait n'tfi: que du mercure très- pur, dont les petites boules ont été percées peu à peu de toutes parts par la matière de la lumière ; que les trous qu'elle y a taits , font entièrement pleins de cette matière ■■, que ces pettuis lorit fi menus , que la matière de la lumière qui s'y eftintroduitc , y eft rcftée attachée par Ion gluten naturel; que les extrémités des pcrtuis d'une petite boule de mcrctire , touclunt les extrémités de pluhcurs autres boules de mercure, les attachent enrcmble par la partie de la lumière qui ("e trouve aux extrémités des permis , qui (e touchent immédiate- ment. Il conclut de-là, que l'or & l'argent ne diftérent que par le plus ou le moins des parties de la matière de la lumière , qui a pénétré plus ou moins profondé- ment, & en plus grande ou plus petite quantité, les parties du mercure -, d'où il s'eniuit que l'argent peut , avec le temps , devenir or. Ce qu'il confirme par des expériences tur \ argent , dont il a tiré de l'or ; & parce que dans les mines il le trouve quelquefois un or paie, qui par quelques fontes le perledliionne S<. vient en couleur. Ce tyfteme n'a pas fait fortune. On a remar- qué qu'on a tiré de l'argent des terres qui avoient été jetées à quartier , lorfqu on avoir firit les ouvertures, & les puirs des mines, 6c qu'il s'y en étoirforméde nou- veau depuis ce temps-là. §CF Les plus fameux Chi- milfcs alFurent que l'argent efl compofé de mercure, de loufre & de (el. Ils ail urei>t encore qu'il y a beaucoup moins de particules falines ,&beauccfup plus de pores dans l'argenr que dans l'or; auill ces deux métaux ditfé- rentdls fpécifiquement entr'eux. Il y adel'jr.cewnnon- aïoyé , & non monnoyé. \J argent fin eft au titre de 1 1 deniers , chacun de 24 grains ; chaque grain fe di'. ile en demi , en quarts , & en huitièmes , 6't". Les Orfèvres , par l'Ordonnance , ne peuvent tra- vailler èi argent c^2.\x titre d'onze deniers, douze grains ; & en ouvrage*; moulés, ils ont quatre grains de remède pour marc. Cet arguent ainfi travaillé s'appelle Argent le Boij qui efl de 12 grains, ou d'une maille, ou obole moindre que l'argent fin, qui eft à 12 deniers. Argent le Bol ou du Roi, parce que nos Rois n'ayant aucune mine d'or ni d argent en France, ont accordé quelque profit aux étrangers qui en apportcroient , en leur payant l'argent qui étoit a onze deniers i 2 grains , ccnime s'il eût été à 12 deniers; ce qui fe voit par un extrait du regilfre de la Chambre des Comptes coté , Nojlcr , fol. 20 s . Argent le Roi , efi & doit être à une maille i/'argent fin. C(?r argent fin J/Z à / 2 den. d' aloy ^ £■ /'ar- gent le Roi ,à II den. obole. Et fi l'en dit telle mon- naie eft à S den. c/'argent le Roi, Jî prend l'en /'argent le Roi à 12 den. & le fin à 12 den. obole , & vaut chacun denier 24 grains & 12 grains obole ou maille ; ainfi ont porté chacun denier d'aloy «/'argent fin , un grain en argent le Roi. Si comme qui dirait , cette monnaie efi à 4 den. «/''argent fin , c'efi-à dire , qu'il eft à 4 den. 4 grains d'argent le Roi , & ainfi des au- tres. BoizARD. Les gros tournois de Saint Louis étoicnt à 1 2 deniers à' argent le Roi. Argent trait, eft de l'argent pafTé parla filière , dont on fair des cordons n\\\\. Argentum rafile, impalitum. Il y a auilî argent filé. Argent um duclum infiamina. Argent tifïïi, textile, t ex tum. Ar- gent en feuille. In tenues duclum laminas , Bracleas, Bracleolas. Argent battu. Malleatum. Argent en maffe ou en billon. Infeâum. Argent en coquille pour pein- dre ou argenter. Mollitum \ dilutum , liquatum. Argent ""^ ^" P'"^' P^'" ^''^^^ ^'^ départ, pour argenter , «Sec. Maceratum. Argent bas, c'eft celui qui n'eft pas au titre requis. 7i/7?o defeSum pondère. Argent de coupelle , c'eft l'argent le plus fin qui a pale par la coupelle, ou l'examen du feu. Se qui eft ordinairement en grenaille. Argentum purgatum , uf tidatum. On éprouve \ argent à la languette , avant que tle ie contrcmarquer du poinçon de la ville. Cette ARG épreuve fe fait par le feu fur un morceau de l'ouvrage qu'on y lai'ie exprès, qui eft hors d'œuvre. Argent en eain , c'eft en termes de Monnaie de \ar- gent entièrement fondu dans le creufer. Et de l'argent en pâte , c'eft quand il efl prêt à fondre dans le creul'et. Argent faux , c eff du cuivre rouge argenté Se tiré à la filière, Boizard, Traité des Monnaies , P. I. 2S , décrit la manière dont on le tire. i'Argent en coquille, eft faiî des rognures des feuil- les, ou des feuilles mêmes A'argent\^^x.in. On s'en ferc à peindre & à argenter quelques ouvrages. Argent fin fumé , c'eft de l'argent fin, foit trait, foit filé, foit battu Se efcaché , que l'on met long temps prendre couleur à la fumée , afin de le vendre peur de l'argent fin doré. Argent tenant or. Quand l'or eft au delFous de dix- fept karats, & qu'il eft alhé fur le blanc, il perd Ion nom & fa qualité d'or , Se n'eft plus <\\}i argent te- nant or. Argent de cendrée. C'eft cette poudre A'argcnt qui fe trouve attachée aux plaques de cuivre qu'on a miics dans l'eau forte, qui a fervi à l'afiinage de l'or, après qu'elle a été mêlée d une certaine porrion d eau de fon- taine. L'argent de cendrée eft eftimé a douze deniers, qui eft le titre de l'argent le plus fin. Argent de permission. On nomme ainfi dans la plu- part des villes des Pays-Bas Fr.ançois ou Autrichiens , ce qu'on nomme £lkms Argent de change. Cet argent eft différent de l'argent courant ; Se les cent fiorins de permiiîîon , y valent cent huir florins Se un tiers courans. Argent , fe dit de toute forte de monnoie d'or , dar~ gent , ou de quelque métal que ce foit, fervantau tra- fic & à faire des payemens. Acad. Fr. Pccunia, nummi. On a payé cette terre argent comptant. Les Banquiers ont tout leur bien en argent. Se a intérêt. On eft comp- table quand on a manie l'argent du Roi; pour dire , les revei us de l'Erat. Cette dot a été payée argent bas ou argent fcc , c'eft- àdire , argent comptant, & en bonne monnaie. On dit autîi de tous les meubles & effets qui ne portent point de profit ni de revenu , que c'eif de l'argent mort. Cn appelle Argent mignon, un argent de léferve. Se que l'on peur employer comme l'on veut , en dépenfes fupeiHues , fans toucher à ion argent ordinaire. Acad. Fr. Autrefois chacun gardoit fon argent en mafFe, & ne le faifoit convertir cn mon- noie que félon le bef'oin: c'eft pourquoi jufqu'au règne de Philippe le Bel , rien n'eft plus fréquent que les amendes de livres ou de marcs d'or ou d'argent. On appelle plus particulièrement argent , on arpent blanc , la monnoie qui eft faite eftcctivement d'argent. Il a fait ce payement tout en argent, il n'y avoir que des écus blancs. La monnoie d'argent a été en ufage dès les premiers temps parmi les Hébreux, comme il paroît par la Genèfe, XXIII, i;, lô, &c. Elle l'é- toit dans le même temps en Egypte Se dans la teiTe de Chanaan. C'eft Lyfandre qui l'introduifit à Sparte vers la cf Olympiade , & l'an de Rome 3 3 o. On n'en frappa à Rome que 5 ans avant la première guerre Punique , l'an jSj de Rome. Argent , s'emploie aulîî quelquefois pour fignifier l'in- rérct & Je bien des parriculiers, & en général tout ce en quoi conhftent les biens & les richeftes des hcnii- mes. Il y a des gens à qui l'argent tient heu de tout: c'eft leur idole. La plêipart des femmes aiment encore plus l'argent que leurs amans. L'argent eft un bon fer- viteur, & un médràï^tmMiïe.Penfces ingénicufes des Anciens & Modernes , in-i 2r ijoj. p. 14^. Ce mot de B.acon, Graiid Chancelier d'Angleterre, Se un des plus grands génies de fbn fiècle , fi tant eft qu il foie de lui , eft excellent. M. De la Monnoie, tam. 4 de fion édition du Menagiana , p. i f i. Horace a dit, Liv. I. Ep. i o.v. ^j Çj ^S. Imperat aut fervit colleaa vecunia cuique ; Tortum digna fequi potiàs quàm ducere funcm. N'eft-ce point ce qui a donné lieu à cette belle Sen- tence ? ou n'a-t-on point appliqué à \ argent ce qui a été dir de Caligula, Necfervum meliorem ullum ,nec ARG Reter'wr&m iominum {làffc? Su et. in ejns vira , c. ro. Eft il quelque talent que l'arijcn!: ne lui donne î BoiL. Pour dire, manque t-on d'efprit, de lavoir, de Jiobleilc, quand en a beaucoup de biens i Z'argent, /'argent, dlc-on ,Jlins hâtoiu ejlftcrïh : La vertu fans /"argent efi un meuble Inutile. Z'argent en honnete-homme érige un fcelcrat. Z'argent feul au Palais peut faire un Mapiflrat. BoiL. On appelle de l'argent en barre , une marchandife de bon débit , dent on fait de l'argent quand on veut. On appelle un bourreau d'argent j un mauvais ména- ger, qui le prodigue. (3n dit, qu'un homme eft tout couùi d'argent ; pour dire, qu'il eft fort riche. Faire de l'argent j c'ell vendre quelque chofe pour avoir de l'argent. Il fait argent de tout, Arglnt , fe dit quelquefois de la couleur blanche & éclatante -, mais c'eft feulement en Pcëhe. Ainli les Poètes dilcnt , que la lune paroît fur un char d'argent. Ârgenteus. Qu'un clair ruilfeau roule (es Hots d'i^'- gent lur les caillcux. Les Iviufes ont quitté les fleurs de leur montagne , & \\7rgent de leur onde. Main. Quel- ques Poètes ont employé ce mot d'(zr,'7t-n^abIolument, pour lignifier une eau belle , claire & nette. Elles conduifent leur argent Sur un lu d'arènes dorées. GoD. i'Argent , en termes de Blafon, fignific le blanc , & fe reprélente par un ecu tout uni fans aucunes hachures. Il eft le lymbole de la juftice, de la pureté, de l'inno- cence, de la chafteté, de l'humilité, de la beauté, de la victoire, delà félicité, Sx. Il portoit d'argent à trois pals de gueules. i'Ar&ent, en termes de Chimie, s'appelle Lune, »?c fouftre diveiics préparations. On tire une teinture d'ar- gent ou de lune , quand on le tait dilloudre en grenail- les ou petites lames dans de l'elprit de nitre, & qu c-n verle cette diirolution dans un autre vailîcau , où l'on a mis de 1 eau lalée. Par ce moyen l'argent le précipite aullitût en poudre très-blar.che , qu'on lave plulieurs fois avec de l'eau de tontaine. On met cette poudic dans un matras -, on verlc deflus du lel volatil d'urine, & de l'elprit de vin rectifié : on laiffe digérer cette ma- tière à quelque chaleur douce lefpacc'dc quinze jours, pendant lelquels 1 efprit de vin fe colore d'un beau bleu célefte, & on l'emploie à plulieurs remèdes. On l'ap- pelle auiîî. Lune potable. On le convertit encore en criftaux , qu'on appelle Vitriol de lune , par le même clprjt de nitre. La lune cauflique j autrement Pierr<. infernale j eft de l'argent diffous en eau forte , qu'on laille criftiiifer. Argent, fe dit proverbialement en ces phrafes , argent comptant porte médecine. Ses promelles ne font pas dtl'argent. Jouer bon jeu bon argent ; pour dire, fé- rieufemeiT- tK: lovalement. On dit d'un homme cré- dule , qu'il prend tout ce qu'on lui dit pour argent comptant. Le terme vaut \ argent , quand on menace d'une chofe qui ne doit arriver de ijiig-temps. C'eft de l'argent en barre; pour diic, que ce que l'on donne eft snr, & vaut autant que de l'argent. On dit, qu'un homme veut avoir le drap & l'argent : pour dire, que c'eft un Arabe , oui veut profiter de deux côtés. On dit ' des gens à leur aife & qui n'ont rien à faire , qu'ils peu- venr bien fe divertir , qu'ils ont le temps & l'argent. On dit aullî , que l'argent elt le nerf de la guerre. Point d'argent , point de SuifTcs; pour dire, qu'on ne donne rien pour rien. Qui a de l'argent a des pirouettes. On dit aulTî pour louer quelqu'un , qu'il vaut beau- coup d'ar^-'ent ; qu'il vaut trop d'argent ; qu'il ne prend point d'argent de tout ce qu'il dit ; pour dire , qu'il dit facilement & agréablement toutes chofcs. On dit au jeu , argent fous corde-, pour dire , jouer argent comptant : ce qui vient de ce que , quand on joue à la paume, les joueurs mettent ordinairement l'argent qu'ils jouent fous la corde du jeu de paume. Tout Tome /. ARG 491 cela eft bel & bon , mais l'argent vaut mieux. Il eft chargé d'argent comme un crapaud de plumes ; peur dire, qu'il manque d'argent ; & qu'un homme met de bon argent contre du mauvais, lorf qu'il fait bien des. frais pour plaider contre un infolvable. J'en ai promis , le fait ejl tout confiant : De le mer je ferois grand fcrupule ; Promis des vers y bons Ou mauvais s'entend j, Tout de nouveau je les promets d'autant. J^ôire J s'il faut , vous en ferai cédule ; Mais que cela foit de /'argent comptant , Nenni j Damon ; ne foye^ fi crédule. Argent , félon Rochefort , vient du mot hébreu aga- rach, qui lignifie toute forte de monnoie. Mais i°. il falL-it dire agurath , &c non pas agarach. i°. Argent vient d'argentum, qui vient du grec àfyvf>d la droite & vraie manière de produire la Pierre Phi-' lofophale , ou /«yè/ argentiiâque & aurifique. Ce mot vient A' argent um , argent, Scfacio , je fais. ARGENTIN , INE. adj. Qui a le fon clair & aigu , com- me le fon de l'argent. Argenteus. Une voix argentine. Ce timbre a un Ion argentin. Les cloches dans les airs, de leurs voix argentines , Appeloient à grand bruit les Chantres à Matines. BoiL. Il fe prend aulîî, fur tout enPoëfie , pour quelque choie de blanc & d'approchant de la couleur de l'ar- gent. Source argentine. God. Flots argentins. Mais ta liqueur argentine , Offre à nos yeux plus d'appas j Quand du haut de la colline Elle defcend à grands pas. Boutard. ARGENTIN, f. m. Terme de Mythologie. Argentinus. Dieu des Pa'iens. C'étoit lui qui préiîdoit à la monnoie d'argent \ il étoit fils d'^Iculon , qui préfidoit à la mon- noie de cuivre. Cela veut dire que l'uiage de la mon- noie d'argent n'étoit venu qu'après celle de cuivre. S. Auguftin parle de ces Dieux, L. IF. de Civ. Deij c. 21. Je m'étonne , dit ce Père , qu'on n'ait pas fait auifi un Dieu Aurin, fils du Dieu Argentin ; car la mon- noie d'or a iuivi aullî celle d'.argent. ARGENTINA. Bourg du royaume de Naples. Argen- tinum. Il eft dans laCalabre citérieure, entre Cofenze & S. Marco. ARGENTINE, f. f. C'eft une plante qui eft ainfi appelée, parce que ies feuilles font comme argentées. Argen- tina. Cette plante eft à préfent rangée ibus le genre des Pentaphylloïdes. Sa racine eft menue , brune extérieu- rement, quelquefois fibreule , traçante & aftringente au goût. Elle donne plufieurs feuilles découpées juiqu'à fa côte en plufieurs fegmens longs, étroits, profondé- tnenc dentelés j entre celles-ci font placées de plus AïïG petites , nîtcndiesiSc crénelées fur leurs bords. On peut comparer ces feuilles à celles de laigremoine. hllcs font cependant plus molles iS: argentées des deux côtés. Il le trouve des pieds dont les feuilles fon.t d'un veir gai. Les tiges qui lortent de la racine, s'étendent çà& là , & prennent racine comme les brandies du f-raiiier. Des aillclles des feuilles s'élève un pédicule le plus fou- vent nu , velu , grêle, long de trois ou quatre pouces, & qui porte à fon extrémité une Heur jaune à cinq pé- tales foutenus par un calice velu , découpé en dix parties. Le calice, après que les pétales de la Heur (ont tombés , fert d'enveloppe à un amas de (emences me- nues i-amalFces en tête. Le vulgaire la nomme Hcr/^e aux oies 3 Anfenna hcrba , loit parce qu'on prétend que les oies mangent cette herbe, ou l'oit parce qu'elle croît au bord des rivières tk des endroits aquatiques fréquentés par ces oifeaux. Chomel, Dicl. Economi- que ^ l'appelle :\.\iG\Agrimoincfauvage. L' argentine eft tort aftringentc. On la dit bonne pour apaifcr les maux de dents. Son eau diilillée ell: merveilleule pour faire pafFer les roulFeurs du vilage , & pour les cre- vaffes ; & fa graine eft très-bonne contre le Hux de fang, & contre les cours de ventre. .Argentine, Argentina. C'eft le nom ancien de Straf- bourg. Quoiqu'en françois Argentine ne foit point en ufage , mais qu'on diie toujours Strasbourg , M. l'Abbé Régnier s'en Icrvit dans une lettre badme où il décrit Xon voyage de Munick. Pajfons vue vers Argentine, , Strasbourg y vulgairement parlant. Mon cheval eji rétif & lent : O! l'impertinente machine. ARGENTO. Rivière de la Turquie, en Europe. Ululeus. Elle coule dans l'Albanie , &i le décharge dans le golfe de Venilc, entre Durazzo & l'embouchure du Drin. ARGENTON. Ville de Berry , en France. Argentoma gum. Elle eft fur la Creufe , près du Limoulm , & ai nord de Limoges. ARGENTOR. Rivière de France. Argentoria. Elle fe forme de deux petites rivières, dont 1 une s'appelle Argent, Se l'autre Or. Elles ont leur lource dans le Poitou, vers le bourg de Champagne-Mouton. Delà elle entre dans l'Angoumois, & va le mêler à la Cha- rente, au-delfus de la Tourdouére. f;cj- ARGENTURE, f. f. L'art d'appliquer des feuilles d'argent lut quelque corps. ^PT Ce mot lignihe aulH les feuilles même appli- quées. $3" ARGENZ. Rivièr^de France, en Gafcogne , qui fe décharge dansl'Adour, au-dellous de la ville d'Aire. Il ne faut pas la confondre avec l'argenz de Provence. ARGEVAN , ou ARGHEVAN. ^oyei Arbor Jud^ : c'eft la même chofe. ARGIAN , ou ARRÉGIAN. Ville du Chufiftan , en Perfe. Arregia. Elle eft (ur la rivière du Sirt_, près du golfe de Balfora ; elle eft capitale d'une contrée qui porte Ion nom. ARGI-BASSL f m. Terme de Relation. C'eft l'un des quatre premiers Ofticiers qui (ervent à la bouche du Grand-Seigneur. Sa charge eft de prendre garde que tous ceux qui font deftinés pour le Icrvice de La bou- che , foient à leur devoir. Il a de paye par jour quatorze fultaninSj bouche en cour, & deux robes tous les ans; l'une de drap d'or, & l'autre de loie. A. D. S. M. ARGIE. Argia. Pays du Péloponnèfe , le même qui s'ap- pelle ArgoUde. ARGIEN, ENNE. adj. Qui eft de l'ArgoUde, ou de la viOe d'Argos. Argivus. On dit aulîî au pluriel, les Ar- giens , & alors ce mot eftlubftantif, comme les autres noms de peuples. Les Argiens étoient des peuples du Péloponnèfe, ainfi nommés à caule d'Argos , leur capitale. Leur pre- mier Roi s'appeloit Inachus , que divers Chronologif- tes font contemporain de Moyic; Danaiis vint enluite d'Egypte & s'empara de ce royaume. Tourr. Quand Xerxcs vint en Grèce, les Argiens s'opiniàtrerent à de- nieurer neutres \ parce qu'il leur £c dire par un héiauc. ARG 49 au nous defcendons de Perses , hls de Perfée , petit-fils d'Â- crilîus, un de vos Rois; nous nous reconnoilïons donc originaires d'Argos , &c. Id. ARGILE. Province de l'Ecûile méridionale. Agarthelia y Argalia. Elle a au nord le Loquabyr & le Broad-Al- bcin, au couchant la province de Lorne , au levant celle de Leunos , & au midi la mer d'Irlande. On la divile en quatre petites parties , \ Argile propre , la Knapdale , la Co wélie , & laprefqu'ile de Cantyr. \J Ar- gile a eu autrefois les Rois. On doit écrire Argyle. ^fT Argile, ou Argille. f. f. Argilla. Terre qui a la propriété de prendre corps avec l'eau , & de le dur- cir dans le feu. C'eft une terre tenace , gralle & onc- tueule au toucher, pelante , grile , rougeâtre , jaune eu verte, ik très-ftérilc. Elle eft à peu-près la même que la terre glaile. On la nomme ordinairement terre à po- tier , parce qu'on s'en lert pour faire des vallFeaux de terre , & terre à louions , lorfque ces derniers ouvriers l'emploient. On en fait des tuiles, des briques. ^fT Linnœus diftingue neuf efpèces à! Argile. 0Cr Argilla calcarea • qui devient roulle lorfqu'elle bout dans l'eau forte. §Cr Argilla JiJJllis ; c'eft la terre à foulons. fC? Argilla tcjjelataj c'eft la terre à potier. ifT Argilla c&rulefcens j terre bleue qui le vitrifie & de- vient rougeâtre. CCF" Argilla nivea ; blanche & couleur de chair. C.C3" Argilla incarnata ; de même couleur. ^fT Argilla ore liqucfcens j ce lont les bols &C les terres l^gillees. tfT Argilla mixta arenacea ; c'eft l' Argille rouge. fer Argilla arenacea & fahulofa ; c'eft la terre nommée terra adamica. Voyez Adamique. §;? Argile, le prend quelquefois en général pour terre, matière. La nature n'a point formé Demofthène , ni Homère d'une Argile plus fine «Se mieux préparée que nos Orateurs & nos Poètes modernes. Font. // ohferve étonné , que de la même argile , Dont notre feu mortel fait un vafe fragile ^ Le feu j de la nature inimitable agent , Forme comme il lui plaît , de l'or ou de l'argent. Perrault. Adorateurs d'un bien fragile y Dupes d'un cœur ambitieux , Jufques à quand un peu c/'argile Charmera- t-ilvQS foihles y eux ? Le P. Cleric, Dans le Rec. de verschoijlsy impr. par le P. Bouhours, Ce mot argile vient du grec à'f;iA\ compofé d'àfj«f ^ Argus, &.' ; par LiUciqucs auties lavans ecii- vains ; mais cemme il y a tu i^lulieuis Ai.gus, il cil diUicjlc de lavoir ie.^ucl a coali.Uit ce vailîcau. quel- ques uns ont cm que ce navire a pris loiinom du mut Argos i qui lignifie vue, enli^rte cfl.'Ar^o ncft'aurie chjl'e quun navire /t'^eT. Diod.:re de Sicile &C ier\ius conhiment ce rentiment. Quidam, ditServius, fur la quatrième cgloi,ue de Virgile, Ar^o a cckruuce dic- lain vulunt. ti en etret, Homère appelle K»/va« apjït, les chiens qui iont bons ccu.curs. JU aunes ont cru que ce na/ire tiroir Ijn ne m de la ville d Aigos où il a été b-tri. Il y a une jUacrième opinion cui cfl rai portée P'"^ Cicèron daiis la première TiifLULUie, où il cite ces deux vers dun ancien Pol'te lacni: .Ar^o, quia Arg'ivï in ea dclecîivi'i f' ecii, petebant pellem tnaurâtam arictis. CePoctea vt ulu dire que cevaiireau futair/i nom- mé des Argives, cell a-dire, des Grecs qui le monte rent. Uvide , dans liipitre de i;yplip)le a jaijn, ap pelle /^r^.o un navire lacré:^S (rcn;/» conjcendis in argo. Peut être rut il ainii appelé, parce que Iv iner^'e en avoir d nné linvcnti>,n, & quelle avoit aidé elle mcnie a le conftiuire. Il le peut taire auiii qu on lan numméyr.'av , parce qu'il avoit a la pr^ue une pièc; de bois qui parLit & qui rendoit des oracles. 1 lu fleurs anciens Autcuis ont tait mrntion de cette picc. de bjis qui a.oit été prile de la foret lacrct de r^* d.-ne. Jalon ayant achevé heureulemeritl u cntre,-iilc conlacra le navire Argo à Neptune en 1 ilthme d Corinthe ; & enfin ce même navire tut tranlpoité ai ciel , & mis au njmbre des aft.es. Four ce qui eft d la forme de ce vailfeau, cétuit un \'aiirtauloi g, Itu; blable à nos galères. Le Schcliafte d'AppoILniu rtma ué qu'on difbit que c'âiit le premier iia i.i long qui ait été bâti. Plme a obfervé la mrme ch 11 Liv. j , ch. (â , a] rès 1 hiloflephanus, _jui allure .-,u Jafon fut le premier qui alla lui mer avec un nau. lonj^ '• 'Longâ nave Jc7fonem prur.um navigrjje , p/ii lojlephanus auclor ejf. Far un navire long, les Grci. entendent un naviie de guerre, (Se par un va^lleau ixnd ils entendent un vailleau marchand , huit hommes , ARG 49) font tourner le pivot en rond; le cable roule autour a mciure qu il tire les tenailles , ls; que le lingot s'a- Lnge en pallant par les pcrtuis ; tk pour laciliter ce paluge, on hôte le lingot de cire neuve, & cela s ap- pelle cirer à l argue, l^uand on a fait palîét le lingot par quelque peituis , cn; doré, on le porte a \ar uc ■ on ly hrit palier par environ 40 pertuis de la filière jui^u'a ce quil luit réduit a la groilcur d une plume a ccrue , puis on le rapporte chez le Tueur d'or pour le d.gioliir , qui eft en m.inière d'argué que deux hommes toiu tourner, & on y fait palfer le lingot par enviion zo pertuis de la fihère , appelés ras j, juf_^u à ce qu il loiî réduit a la grolleur d un Irerret de lacet , & c'eft ce qui i appelle c^f^Tcî///r. Boizard. Sa Ma- jefte a ordonna le 10' jour de Septembre 1685? , que le Jeimier du droit de marque fur 1 or & 1 argent, fera tenu de le iervirdans largue de Lyon de poids éch.ii- tillcs fur la i-natieie du poids de marc étant au greffe de la Aïonnoie de Lyon, lans en pouvoir tenir d'au- tres, à peine de 1000 hvies d amende. Les métaux s alongent ik s'étendent tellement par le moyen de l'ar- gue j qu un hngot d argent d jrc qui n'a que deux pieds de long ùc trois pouces quatre lignes de circonférence, pr.^duit un hi d or de la longueur d un millicn qua- tre-vingi-lei'ze mille lept ceiit quatre pieds ; defoite que ce til par 1 ait du tirage s'alonge plus de cinq cent quarante trois ir.ille fois quil n etoit auparava.it: aiuii h ce hl éioit attaché par un b^ut, cS: s'il avoit allez de conliftance pour être tendu , on pcurroit le conduire jui^ua une diftauce de foixautc l;j3iTllî. Argyrite. f. m. C'eft le nom qu'on a donné aux Mar- caflites d'argent , c'eft-à-dire , aux pierres minérales , dans lefquelies on trouve de l'argent. Argyrite j ou Argyritis. 1^ ARGYROCOME. adj. Épithète par Laquelle quel- ques-uns défignent une efpèce de comète de couleur argentine , plus brillanre que les autres , & dont l'éclat eft capable d'éblouir les yeux de ceux qui la regardent. ARGYRODAMAS. f. m. Efpèce de talc , de la couleur de l'argent, quiréfifteau feu le plus violent. D'-^pV"» argent , ik de J'a./j.du , domter. ARGYROGONIE. f. f. Terme de Philofophie hermé- tique. C'eft le fel argentifique , ou la Pierre Philofo- phale. Argyrogonia. Ce mot vient à'^f^^p^^ , argent , ôc de >i'«'a , qui ne fe trouve que dans la compofition, ôi lignifie génération. Tellement que ce nom eft mal donné. ARI donné , Sz devroic lignifier proprement la prodiiclion , la génération Je l'aigcnc, i^ non pa> la caule de cette génération, ou le tel argentifique. Mais l'Auteur de la droite &: viaie nianicie de produire la Pierre PhiL:^ la hn de i'Jrgyropée Se de la Chrylopéc , c'eft-a-dire , de .l'art de l'argent & de lor , eft de produire 1 argent S< l'or. Traité Philos, de la triple préparation de l'or & de 1 argent. Ce mot vient d' ^"f ri/fof , argent j & de soiia je fais. A R H. ^ ARHENK Ville d'Afic, dans le Tocareftan , fur le Gehou, à loz '. de long. &: à 57 de lat. ARHUS, eu ARHUSEN. Ville du ^utland fcptentno- nal. Arhufa. Elle eft lur la mer Baltique , où elle a un port. La province ou lediocèle A'Arhus eft une partie du Jutland feptentrional. Arhufienjîs d'!œc''Jîs. Elle a le dij^èie d Alborg au nord , celui de Wiborg au conchant , celui de Kypen du mcmc côté & au midi & le Catégat , ou le Schager-Rack au levant. Arhus en eft la cajjitale. ARI. f^ZT ARÎA , alnï effigie , folio laniato major. Cette plante croit dans les bois , lur les montagnes , entre les rochers. Elle Heurit en Avril. On lui attribue la propriété d apailer la toux , & de faciliter l'expectora- tion. ARIADNE, eu ARL^NE. Terme de Mythologie. EUe était la tille de Minos,Roi de Crète, &de Paiiphaé. Elle djnna a Thélee le fecret de le tirer du labyrin- the, & le l'ui/it julqu'à l'île deNaxos ,oùThcleela- bandonna. Bacchus l'époufa enluite, & lui donna une couronne de lept étoiles , qui depuis fut mile dans le cieli Hc ceft la conftellation de la Couronne. Elle lut tuée par Diane pour n'avoir point gardé la virginité. Héfiode dit que Jupiter la rendit immortelle. ARIADNÉES. f. f. pi. A'f.aAua. Double fête célébrée dans rile de Naxos en l'honneur des deux femmes , toutes deux nommées Ariadne. L'une pairoit pour être gaie & enjouée \ d'où vient que dans les" lolennités dont elle étoit l'objet, onmettoiten ulage la mulique, & tout ce qui peut infpirer la joie. L'autre au con- traire paftoit pour trifte & chagrine : c'étoit la fille de Minos , Roi de Crète , que le perfide Théfée avoir abandonnée lur le rivage dans l'île de Naxos, où Bac- chus l'époufa. L'appareil de cette féconde fcte n'inl- piroitque la triftelîe ik le deuil. Pour conferver la mé- moire de la douleur qu'avoir relfentie Ariadne prête d'accoucher , lorlque Théfée fe fépara d'elle , un jeune homme couché imitoit les cris d une femme en tra- vail, &c feignoit d'en éprouver les douleurs. On dit que ce fut Théléequiinftitua cette ridicule coutume , comme une fatisfaclion due à fa maitrelFe après Ion infidélité. Plutarque , i/2 2"/eU ^Jlnlfier ,Uvus jà.piripà,lamain gauche. Voyez Suicerus. ARISTOCRATIE, i. f. Elpèce de gouvernement politi- que qui eft entre les mains des principaux de l'Etat , foit à caule de leur noblelfe , foit à caufe de leur ca- pacité ik de leur probité. Ariflocratia. Ainfi par quel- que endroit qu'on les conlidère , ils palfent toujours pour les plus excellens de la République. Les anciens Auteurs qui ont écrit de la politique , préfèrent \A- rijlocratïe à tout autre gouvernement. La Répubhquc de Venile eft une Arïfiocratie. fkJ" L'Oligarchie où l'adminiftration eft confiée à un pe- tit nombre de perfonnes , & comme concentrée dans une ou deux qui dominent lut les autres , eft une ef- pèce à' Arïfiocratie vitiée. ARISTOCRATIQUE, adj. Qui appartient à l'Arifto- cratie. Arifiocraticus. Les HoUandois s'imaginent vivre fous un gouvernement Arifiocratique. État Arifiocra- tique. Lois Arfiocratiques. ARISTOCRATIQUEMENT.adv. Ariftocraticè. D'une manière Ariftocratique. Ablanc, Ces mots viennent d'a/Tos, optimus 3 ôc de y.pa.Tia , impero , je commande. ARISTO-DÉMOCRATIE. Eft un gouvernement où la noblelfe & le peuple ont conjointement l'autorité , comme dans la province de Hollande. Arifio-demo- cratia. ARISTO-DÉMOCRATIQUE. adj. m. ^ f. Qui appar- tient à l'Arifto-démocratie, qui a la forme de l'Arifto- démocratie. Arfio democratïcus. Après que les Ro- mains eurent donné à leur Etat la forme de Ré- publique Arïfio- démocratique y les troubles civils , & les guerres étrangères qui font inféparables de ces grandes révolutions , attirèrent bientôt la difette chez eux. De la Mare. Ces mots (ont compofés d'àV""'^ > optimus , i^i^-" , populus j & xf axt'M , impero. ARISTOLOCHE, f f. On difoit autrefois Ariftolochie. Arifiolochia. Plante qui a pris fon nom ou d:Ariftolo- chus qui l'employa le premier, comme le rapporte Ci- céron , ou de les propiiètés. On lui a donné ce nom d'afirot, très-bon , ôc ko^Jm , enfantement , accouche- ment ; parce que c'eft un bon remède pour procurer les vidanges aux femmes nouvellement accouchées. Il y a qu.ttre efpèces d'Arfio:oche employées en Mé- decine; favoir, la ronde, la longue, la rampante Se la ARI menue. VArifioloche ronde, Arifiolochia rotunda^e^ ainlî dite à cauie de les racines qui font en truffes de dirtérentes grolfeurs, jaunes en dedans , & de couleur de buis , d'un goût acre très-amer , & d'une odeur de drogue. De ces racines partent plulieurs tiges, ou far- mtns menus, carres, foibles , longs d'un pied ou deux, & rarement branchus , garnis de feuilles alternes , tail- lées en forme de cœur , d un pouce de largeur, fur un & demi environ de longueur , molles, vertes , pales , chargées de quelques veines qui parcourent prefque toute leur lurface , & loutenues par une queue fort courte , qui le plus fouvent ne paile pas deux hgnes. Des aillelles de chaque feuille naillent une ou deux Heurs qui (ont portées lur des pédicules longs environ de demi-pouce ; ce font des tuyaux d'un jaune verdâtre en dehors , plus jaunes en dedans , terminés par une lan- guette d'un rouge brun. Le calice qui lupportoit la fleur devient un huit rond, divilé en hx loges, dans lefquel- les (ont contenues plulieurs femences plates , larges , noirâtres , pofées les unes iur les autres. LArifioloche ronde eft commune en Languedoc , en Elpagne & en Italie. Sa racine eft lur-tout d'ufage pour facihter les accouchemens , pour provoquer les mois & la fortie de l'arrière-faix, 6: on s'en fert extérieurement dans les teintures vulnéraires , & dans les eaux compofées con- tre la gangrène. L'Aristoloche longue , Arifiolochia longa , diffère de la ronde, 1°. Par (es racines qui font longues quelque- fois d'un pied , & épaifles d'un pouce & demi : 2". Par les tiges le plus fouvent branchues : 3°. Par les feuilles qui font loutenues par des pédicules longs environ de demi pouce , & 4". Par l'es fruirs moins ronds. VA- rifioloche longue croît en Languedoc. On emploie fa racine dans des opiats & dans des teintures pour les afthmatiques, pour provoquer les mois , en décodion dans des lavemens pour faciliter les vidanges , & la iortie de l'arrière-faix. L'Aristoloche rampante ,2.^^t\cQ. improprement ^ri/^ taloche clématite, Arfiolochia clématites , le fait ai- fément diftinguer, 1°, Par fes racines , qui tracent & fe plongent quelquefois forr avant en terre , enforte qu'un (eul pied eft capable d'occuper un elpace de rer- rain conlidérable. Elles lont menues comme des plu- mes à écrire, quelquefois plus grolfes, jaunâtres, d'une odeur lorte , & d'un goût très-amer. 2°. Par fes tiges qui (ont rondes & droites , couchées , & longues de deux pieds environ. 5°. Par les feuilles deux ou trois fois plus grandes que celles de VArifioloche ronde , quelquefois fort amples , toujours plus pâles & d'ui> vert tirant fur le jaune pâle. 4". Par (es fleurs, qui lont plulieurs en nombre dans l'aiflelle de chaque (euille, & qui font d'un jaune pâle. j". Par (es fruits beaucoup plus gros que dans les autres efpèces. Cette Arifioloche eft très-commune dans les vignes : elle y eft même nui- fible , parce qu'elle donne au raidn & au vin un goût déiagréable. On la nomme en Languedoc Poterne i dans le Lyonnois Rattelon. Sa racine eft (ubftituée dans quelques dilpenfaires à celle de VArifioloche me- nue , qu'on a nommée la Pifiolochie j Arfiolochia Piftolochici dicla j Arifiolochia Polyrrhifos j & que nous nommons Arfioloche menue , à caule que fes racines (onr des paquets de plufieursperites fibres d'une ligne d'épailleur , longues d'un demi-pied , jaunâtres- en dedans, d'un goût & d'une odeur tout-à-(ait ap- prochante de V Arfioloche longue. Ses tiges font beau- coup plus menues que celles des précédentes elpèces: elles n'ont guère qu'une demi-ligne , & font longues de cinq pouces environ, branchues quelquefois , & gar- nies de feuilles prelque moitié plus petites que celles de VArifioloche longue , d'un vert plus brun , &: un peu ondées dans leur conrour. Ses fleurs relfemblent à cel- les de V Arifioloche longue , mais elles (ont petites à proportion , le fruit de même. Cette dernière efpèce le trouve en Languedoc , en Provence , & dans le haut Dauphiné. On demande fes racines dans la compofi- tion de la théiiaque, & (ouvent on y met des racines demélilfa, qui leur relfemblent à l'extérieur, mais qui n'en ont pas le goût , &c qui (e vendent pour telles. VA^ ' rifiobche s'appcloit autrefois la Sarrafine, ARI On appelle improprement Arlflolocke creufe , pe- rite Anjloloche ronde, les racines de deux elpèces de fumeterre, nommée Fumana rudice cavâ& non carà. Quoique ces racines aient beaucoup d'amertume , & qu'elles conviennent par leurs cGuleurs a.ec i'AnJio- loche ronde ordinaire , on doit ce^^endant diltinguer ces deux racines , & ne les pas contondre. 1 armi les Arijlolochîs i on range encore deux à trois f; rtes de ra- cines menues , brunes ts: tîbrcules , dont l'odeur cft très-f-orte & très aromati.;ue, & c^u'onn^us apporte de Virginie luus le nom de l^ipcrïnc de Vuginie. Pluke- net dillingue tort bien ces trois variétés, «.S: en donne des figures dans Ion Photographia. On fe (erc de ces racines contre la nurlure des Ijctes venimeutes , dans les fièvres malignes & la petite vérole. Sa venu alexi- pharma :^ue lui a tait donner le nom de Vïyerme. Outre ces clpèces, il y en a pluiieurs autres décou vertes dans le ilcant &: en Améri.jue ■■, mais elles ne lont pas empLyees. Le F. Flumicr connut en Améri- que cette plante a la racine , qui efl amère , & c'eft par- la, autant que par fes Heurs, qu il la dilliingua de la Contrahierva , dont Nard, Ant. Kech. parle dans Ion VlIILnre i ch. / J'_, & qu h crut avoir trouvée la pre- mière fois qu'il découvrit XAr^fioloche longue de 1 A- mérique, qu'il décrit ainli ^iî^^. çr & Ç2. Sa racine a plus dun pied de long, & près d un pouce d'épail- feur: elle el't entoncée droite dans la terre , & finit par quelques (uus-divilions : Ion écorce eft grolle & noire en dehors, & toute découpée en long par de longues fentes; le dedans eft jaunâtre, ik d un goût fort amer : les tiges qu'elle poulie iont menues , hlles , rondes, (^ rampent fort avant lur les haies: elles lont entrecou- pées de pluiieurs nœuds , a chacun dclqutls il y a une teuille taillée prel,,ue comme un fer achevai, dont les deux bjuts font émoullés ; ces ttuiUes ont un peu plus d'un pouce détendue ; & leur pédicule a environ un demi p^^uce de long: elles lont lilles, membraneutes, dun beau vert par dcilus, un peu pales par-dellous , & chargées en long de deux ou trois nervures qui par- tent d'une petite côte qui eft unalongement du pédi cule. Les Heurs lont prel^ue de la même figure que celles de nos Arlftoloches , mais beauconp plus élar- gies dans leurs ouvertures, a ant aulfi la langue poin tue, & plus étendue: elles lont jaunes pales, & vei- nccs de rouge brun. Le fruit eft gros comme un œui- de pigeon, ayant une pointe ém^ulfée vers le bout den h.u: il eft di Vile en lix angles arrondis, dont le dos eft furchargé d une arête ronde & élevée : il eft aulH divifc en dedans en hx cellules pleines de temences noires , plates, f^rt minces, arrondies par un bout i:<>: pointues f.ir l'autre , rangées de plat les unes lur les autres. Je lai \'ue en Heur en Novembre & en Décembre, &en fruit en Février & Mars. P. Plu m. Il l'appelle AriJIo- ^c^ï longue, nu intante, à teuillcs en fer de cheval. ARliT. .1 FiANz-ÏON. f. m. C'eft le nom d un emplâtre émoIliLiit, compote de quatre livres de poix, de deux livres à'apochyma , d une livre de cire, d'une once d'o- popanax, rt/i- ART TOT àen qui difpute avec chaleur , pourfavoir s'il faut dire la foime i u la figu.e d un cha, eau. ^ Ai-:li.Tvv'l i^LlbinE. f. m. Locuine d Ariftotc «Se de fes paitilans, qui a été en vogue dans les écoles jui.jU au temps de Lelcartes. ARITi:,N\ ÏDE. f, t. //nrir^zoj.Termed'Anatomie. C'eft le troilième des cartilages du laryuA , ainll appelc , paice quilielîemble au bec d une aiguière , il eft [.lace dans le tiro'-'de, ik eft 1 urei;U par lani.uUaire : il rermc 11 partie pcftérieure du larynx. Dionis. ARITtNUÏDIEiNf. f. lî). M. Dodard, Acad. des Scien- ces, ijoo. Menu p, 26 S , ikc. é.cûx. Ant £no: dieu. Terme d'Anat^iTiie , qui fc dit d une paire des muicles fermeurs du larynx. La première paire des ferm^urs lont les petits Aritenoidiens , nommés Ariariténoï- diens , à caulc qu'ils prennent leur origine de la partie poftcrieure & infcricure de l'AriténoVde , Et toutes ces opérations font fi aifées , qu'on n'a ja- mais befoin de rien elfayer ni deviner, comme il faut fiire dans la diviiion ordinaire. On n'a pas beloin non plus de rien apprendre par cœur, comme il laut faire dans le calcul ordinaire, où il faut lavoir, par exem- ple , que 6 & 7 pris enlemble font 1 3 , & que j mul- tiplié par trois donne i 5 , iuivant la table d'une fois un eft un , qu'on appelle Pythagorique.Ma^is ici tout cela fe trouve & le prouve de (ource , comme l'on voit dans les exemples précédens louï les lignes J) Cependant il ne faut point introduire cette ma- nière de compter à la place de la pratique ordinaire par dix : car outre qu'on eft accoutumé a celle ci , on n'y a pas befoin de chercher ce qu'on a déjà appris par cœur. Ainfi la pratique par dix ell plus abrégée, &les nombres y (ont moins longs. Et li l'on éti;it accourumé à aller par douze & par leize , il y auroit encore plus d'avantage: mais le calcul par deux, c'eft-a dire, par o 8c par 1 , en récompenfe de la longueur, eft le pius fondamental pour latcience, & d.nne de nouvelles lumières qui fe trouvent utiles. enluitc, même p.,ur la pratiques des nombre, & lur-toutpour laGérrmétne, dont la raifon eft que les nombres étant réduits aux ■ plus limples principes , comme o & 1 , il paroit ^ar- ■ tout un ordre merveilleux, farcxenii-le, dans la table, même des nombres on voit en chaque colonne réyicr des périodes qui recommencent toujcurs. Dans la pre- mière colonne c'eft o i , dans la leconde c'eft 0011, dans la troilième 0000 1 1 1 1 , dans la quatiicme coco, ooooiiiiiiii, ik ainfi de luite. Et l'on a mis de pe- tits zéros dans la table , pour remplir le vide au com- mencement de la colonne, &pour mieux mar.|Uer ces périodes. On a mené aulli des lignes dans la table , qui marquent que ce que ces lignes renferment , revient toujours lous elles. Il le trouve encore que les ncm- bres carrés, cubiques .Se d'autres puillances, item \çs nombres triangulaires , pyramidaux , & autres nombies /- figurés , ont auilî de iembl.ibles périodes ; de lorte qu'on en peut écrire les tables tout de fuite tans calculer. Or une prolixité dans le commencement, qui donne cn- luite le moyen d'épargner le calcul , & daller à l'in- fini par règle , eft infiniment avantagcule. Lhibnitz , Mem. de l'Acad. des Se. 170^. M. Leibnitz a fait remarquer que l'on va plus loin dans la fcience des nombres par une arithmétique , qui ne compte que jufqu'à deux, que par notre arithmétique qui compte julqu'à dix. M. Pellicana fait un traité intitulé, Anth- meticus perfeclus j qui tria numerare nejcit yfeu arith- metica duaHs^ Sec. à Prague. Les Indiens font allez vcrlés dans l'arithmétique ; mais ce n'eft que dans ce qui regarde la pratique. Us apprennent l'art de compter dès leurs plus tendre jeu- nellei ôc fans fe fervir de la plume, ils font par la feule force de l'imagination toutes fortes décomptes- fur leurs doigts. Je crois pourtant qu'ils ont quelque méthode mécanique qui leur fcrt de règle pour cette méthode de calculer. Lettres Édifiantes. Les Chinois n'emploient point le zéro dans leur arith- métique. Ils n'en pratiquent guère les règles par le cal- cul; mais ils fe fervent d'uninfttument coinpolé d'une petite planche d'un pied & demi de long , fur le tra- vers de laquelle ils palfent Arlunum. Elle eft au midi de Bal- toigne. Un prétend que ce nom vieilt à'Ara-luna j ou A ra- luna, autel de la lune, & que les habitans de Trêves y avoient érigé un autel à la lune , qu'ils y venoient adorer. ARM. ARMA. 'Ville du royaume de Popay an, dans T Amérique méridionale. Arma. Elle eft furie bord de la Cauca, encre les villes de Cali & de Sanca-Fé d'Antiochia. Arma eft capitale d'une petite province qui porte ion nom. ARMADABATH , AMADABAT, HARIMEDAVAT. 'Ville du Mogoliftan. Armadahacha j Amadahara , Harlmédevata. Elle eft capitale du royaume de Gu- zarate, à dix-huit lieues de la ville (!<>: du golfe deCam- baye. Quelques Géographes croient quec'eitfancienne Barbari. ARMADELLE ou ARMADILLE. Tatu ou Tatou. Ani- mal quadrupède , du Brélîl , gros comiue un chat. Il a le mufeau de cochon, la queue d'un lézard, les pieds d'un héiillon. Il eft armé d'un haleretà écailles diues, dans lequel il fe retire coiunie les tortues, d'où lesEl- pagnols l'ont appelé Armadïllo ; c'eft-à-dice , armé de toutes pièces. Il féjourne dans les cavernes , ou dans les eaux comme amphibie. Le P. du Tertre, Hijîoire des Antilles, Tr. VI yC. /j §. / j écrit Armatiddle. Celui qu'il décrit, eft diftcrent de celui qu'a décrit Ro- chcfort. Ce Pereclit que celui de cet Auteur étoit ce- lui du Brélll. Rochefort, dit-il, le fait trop gros; il ne lui donne que trois bandes, ou trois cercles qui l'en- vironnent, bien qu il en ait dix. Il lui met cinq ongles à chaque pied, quoiqu'iln'en ait que quatre. La queue qu'il lui donne, eft trop courte ; elle eft plus longue que fon corps, & toute divifée par nœuds , & par cercles d'écaillés •■, les épaules & les hanches font couvertes d'une écaille, qui defcend jufqu'à la lortie des pattes. Cette écaille cfî grife , & toute fcmée de petites taches blanches , comme des lantiiles. Tcut lemihcu du corps entre ces deux écailles eft: environné de dix bandes d'é- cailles dures , larges d'un pouce, & tout traverfé de pointes ou rayons aigus. Toutes ces bandes font jointes l'une à l'autre , & aux deux écailles, par un cuir mcié de tendons nerveux, qui lui lailfent le mouvement fort libre, enforte qu^l le plie , fe tourne, & fe met en boule quand il lui plaït. Il a deux rangs de dents tranchantes dans la gueule. Ces écailles tiennent de l'os & du cartillage,mais les moindres dragées les per- cent ; & s'il y en a qui réliftent auk coups de leu , comme le dit Rochefort , ce n'eftpas dans les Iles. Cet animal tcrrit comme le lapin , & ne paroît point pendant un tiers de l'année. Il vit de patates, de cannes 4e lucre , de fruits , de poules &c de poulets. Quand les chiens l'atteignent , il retire its quatre pattes Ik. fa tcte dans fon ventre, & fe met en boule. Il n'y a point de main allez forte pour ouvrir cette boule. Il laut le mettre auprès du feu pour lui faire montrer le nez. Quand il rencontre un homme en (on chemin, il fuit devant lui. Si l'homme s'arrête , il fouit en terre, eflayant de temps en temps fî le trou efl afl'cz grand pourfe cacher. Lorf- qu'on voit qu'il entre plus qu'à demi-corps, il fliut frap- per des mains & courir fur lui : il le fourre incontinent dedans, (Je fe laiife prendre parla queue fans aucune ré- fiftance. Sa chair eft blanche , grofl'e , tendre , délicate , & bien meilleure eue celle du cochon de lait: on en Elit rôtir de tout entiers : on en met dans le potage ; on en fait des hachis , des pâtés, &c. Ximénès écrit que les lames ou bandes qui l'envi- ronnent, étant luifes en poudre fubtile , &prifesplu- lîeurs fois le poids d'un écu dans une déccétion de fauge , provoquent la fueur , & font un fouverain re- mède contre la vérole ; que le dernier os qui joint A R M la queue au corps , mis en poudre & en maffe , avec un peu de vinaigre rofat , guérit la furdité, en mettant gros comme la tête d'une épingle de cette mafte avec du coton dans l'oreille. De Rochefort a mal entendu cet Auteur, quand il a dit qu'il falloit mettre un petit os de la queue dans l'oreille avec du coton i car cet os eft vingt fois plus grand que le trou de l'oreille. Quelques uns lui donnent aufli la vertu du diâamne de Crète, qui attire les épines, eu fers de flèches des plaies. P. Du Tertre. Il eft faux , fuivant le P. Labat, que cet animal ne puifte vivre que dans la Grenade \ que quand on le tranfporte , fitôt qu'il vient devant l'île de S. Vincent, les forces lui manquent , & qull meurt, ou avant que d'arriver à laMartinique, ou eu y delcendant à terre. Le P. Labat a relevé dans fes ■Voyages , tom. II ,p- 3^7 3 cette erreur du P. Du Ter- tre. 11 fait la delcription d'un Armadelle , qu'il dit avoir vu bien vivant", & bien mangeant au fort S. Pierre de la Martinique en 1704. ARMADILLE. f. f Sorte de frégate légère , dont fe fer- vent les Elpagncls dans les Lidcs Uccidentalcs. Oa le dit aulîi de la flotte que le Roi d'Eipagne entretient dans ce pays-la , fC? pour la garde de la nouvelle Ef- pagne , & pour empêcher le commerce des étrangers dans fes poireflîons. Il y a une Armadille à Carthagène, & une à Callao. ARMAGH', ou ARMAGHI. Ville de l'Ultonie, en Ir- lande. Armacha , Ardïmacha. Elle eft prelque ruinée. Cette ville a iéance & voix au Parlement d'Irlande. Elle eft dans le comté à'Arma^h. Son Archevêque eft Primat de toute l'Irlande. UlTerius , dont nous avons une chronologie des Annales de l'ancien Teftament, & d'autres ouvrages , étoit Achevêque à'Armagh. Qui eft à'Armaoh , Armachanus , a, um. Le comté d'ARi.iAGH eft une province de l'Ultonie, en Irlande. Comïtatus Armachanus. lia celui de Downe au levant, celui de Lénoch au midi, le lac de Neaug au nord, & les comtés de Montaglian & de Tirone au* couchant. ARMAGNAC. Armemacevjls Comïtatus. Contrée de la Gafcogne occidentale , avec titre de Comté , que quelques-uns appellent Armanïcus Tracliis, On pré- tend que ce font les peuples de l'Armagnac que Célat appelle Aremaricos. ÇfT ARMANCE. Rivière de France, en Champagne, dans l'Éleélicn de S. Florentin. Elle a fa fcurce près de Chaource , ëc fe perd dans l'Armanfon , ou Ar- mançon. ARiMAND. f. m. Nom propre d'homiue. Armandus. Armand, Cardinal, Duc de Richelieu, a été un des plus grands hommes que la France ait jamais eus. Daphnis 3 Mm^^nà nejl plus : Armand qui des neuf fœurs Aimajl conjîamment les céU'Jîes douceurs j Qui combla de bienfaits ces filles de mémoire j Qui les combla d'honneurs, qui les combla de gloire. Daphnis , Armand ejl mon. Ménage. Armand, f. m. Terme de Manège. C'eft une efpèce dé bouillie, eu de remède pour un cheval malade, qu'on lui fait entrer dans le gofier pour lui donner de l'appétit &: des forces. ARMANSON. Rivière de France. Armenfio. Elle fort du duché de Bourgogne , près, de Semeur : elle palfe en Champagne , & baigne Tonnerre , ik fe perd dans l'Yonne au-deirus de Joigny. ARMARIER. f. m. Nom d'un Officier dans quelques Abbayes. Arm.arius. L'Armaricr de l'Abbaye de S. Vidfor de Marfeille a deux Prieurés. P, FîÉlyot , T. V. p. 16). Il y avoir auilî à Clugni un Armaricr qvii confervoir dans une armoire, dani le cloître , les livres à Tufagc de l'églife. Id. p. j po. Ce dernier exemple montre quel étoit l'office de \' Armtvier , & d'où vient ce mot , favoir , à'armorium y armoire. ARMARINTF.f f C'.?cA/yjj os , ou libanotij Cachryo- phoros. Plante ombeliiférc , vi\rce. Sa racine eftaffcz groffe, longue, branchue, laitculc, & blanche en de- dans, acre au goût. Elle poufTe plulieurs feuilles, qui fe ' A R M ie dccotipent en plufieui-s lanicies, à peii-prcs comme celles de la queue de pourceau, mais plus charnues , d'un veic plus brun : d'entre les teuilles s'élève une tit,e haute de trois ou quatre pieds, garnie de feuilles pa- reilles à celles du bas, fî ce n'eft que les découpures, ou lanières , font plus longues & plus étroites. Cette tige ell cannelée en dehors, fongueule en dedans, & ie dis'ife en quelques branches terminées par des om- belles de Heurs jaunes , auxquelles lucccde un fruit compole de deux fcir.ences un peu plates , (cmblablcs à des grains d orge. Elles (..nt couvertes d'une matière rpongieufe, lille & ovale daiis quelques efpèces, can- nelées dans quelques autres. La dccoclion de ces fruits iert à teindre les cheveux en jaune doré. ARMATEU R. 1. m. Pirata j eu. le commandant de quel- que vaillcau armé en guerre, pour courir lur les vail- fcaux du pani contraire. C'eli une elpèce de pirate ; mais qui a pourtant une conimiliîon , ou pouvoir de faire un armements On comprend fous ce nom ceux qui (ont intérellis à cet armement, qui arment à leurs frais ce vaillcau , pour aller en courte ; ëc par exten- fîon on le dit du vadleau même. On lappclle aulîî Caprcj avec cette diftérence, que câpre ne le dit que d'un très-petit bâtiment deiriné à aller en courfe ; &: armateur (e dit des plus grands bâtimens cortaircs, ; pleines , mais brifées du bâton, qui autrefois , pour exprimer mieux la brifure , portoit de biais lur les lys. Monet. Dans l'ancienne coutume de Normandie, on trouve que les armes pleines d'un chevalier ou de celui qui pollé- doit un fîef de haubert , étoit le cheval , le haubert , l'écu, l'épée, & le heaume : & pour celui qui n'é- toit point chevalier , ou qui n'avoir point de tief de haubert, c'étoit le roucin , le gamboifon,le chapel & la lance. Armes chargées , tout celles qui (ont pures & pleines , ^ auxquelles on a ajouté de nouvelles pièces pour marque d'honneur, & en vue de quelque belle acbion. Infignia adjecilone dijlincla. Il y a aulfl des armes parties , partlta. Ecartelées , Quadripar- tita. Coupées y Tranfversè bipartita^ &c. expliquées à leur ordre. Armes faujjes ., font celles qui ne tout pas ielon les règles du blafon. comme lorfqu'on met métal lur métal , & couleur lur couleur. Aduhenna , adulterlnum y fpurium, improhum, vitiofum , infolens fcutum tefi'erarium. Les armes ieroient hiulles en France, qui auroient au champ, ou au blalon, autres méraux, pannes, couleurs, que les coutumiers de cette nation, ou bien li les matériaux Alarmes étoient autrement alhés &compofés entre eux que ne porte notre ulage. Les cas privilégiés exemptent de faulleté les armes de certains grands perfomrages compolées de métal lur métal, couleur lur couleur, es pièces notables de l'écu. Monet. On les appelle auili des armes à en- querre. Injignia de quitus inquirendum. Aimes vraies , légitimes , pures. Gentilis /cuti fymholum genui- num j germcnnm , legitimum. Les armes les plus fim pies & les moins diverhfîées font les plus nettes &; les plus nobles. C'ell: par cette railon que Garcias Xi menés, premier Roi de Navarre, ik fes luccelleur> portèrent quelques fiècles, de gueules fimplement fan, aucune lîgure; & la mailon d'Albrct , illue de ces Rois, coiitinua les mêmes armes julqu'à Charles VI, qui les leur écartela de lemé de France. Monet. On appelle armes parlantes j celles où il y a quel ques figures qui font allulion avec le nom de la fa- mille, l'ocalia injignia, teffera eponym£ y loquences ^ paronyme y loquaces , Jynonyms. Comme De la Tour d'Auvergne , qui a une tour ; de Créqui , qui a un créquier , de la mailon de Prado en Elpagne, qui a pour champ un pré ; de la maifon de Mailli , qui a des maillets. La plupart des Auteurs tiennent que ce font les plus nobles & les plus légitimes, comme il fe prouve par une infinité d'exemples rapportes par les Pères de Varenne Ôc Menellrier. Mais elles lont moins nobles quand elles tiennent du Rébus de Pi- cardie, comme il y en a plulieurs ; c'eft-à-dire , Icrf- qu'il y a une multiplicité de pièces qui compolent le nom de celui qui les porte ; parce que les anciens Seigneurs croyoicnt que leurs noms étoient alfez illuf- tres pour le faire couLioitre par eux-mêmes , au lieu de les expliquer par une multiplicité_de figures & de blafons. Guillot Lymare Charbonnier, portoit de fa- ble à la coquille de pourpre , avec cette devile. De charbon chevance ; c'eft-à-dire , bien, richelTe, Ex carbone res y ou opes. ArjMEs a enquerre , lont celles où il y a quelque choie qui eft contre les règles ordinaires du blalon , & qui donne curiofité de s'enquérir pourquoi on les a faites ainli. TefferA , o\xfymbol& y o\xfcutari& imagines poftu- latitÏA y ou pojlulatoridt. , extraordinarii nexùs me- tallici fymholum y fcutarium ■ inufitatéL commijjionis pigmentaria tejfera , fcutaria. Godefroy de Bouillon porta d'argent à la grande croix potencée d'or : ce fu- rent des armes à enquerre y qui lui furent données pat les Seigneurs François qui l'accompagnoient, pour Tome I. ARM J07 marque de fa valeur incomparable à la conquête dtl royaume de Jétulalcm, & pour donner fujet de la coiv noître à ceux qui s'enquerroient de la nouveauté de ces armes. Monet. Les armes de la mailon de Montmo- renci lurent auili des armes à enquerre : jufqu'à Mat- thieu II , céroit une grande croix d'argent dans un champ d'or. Elles étoient fondées lur la prérogative de cette illuftre lamille, qui eft d'avoir donné à la Gaule les premiers Chevaliers chrétiens. Armes d'une pièce d'un tenant de blafon ; ce font celles qui ne lont point parties ni en long, ni en large, unius pagina y unius & continentïs plaguU y haud in- tercifi laterculi fcutarium hierogh phicufn. Akmes parties y armes tiercées y armes éeartelées y ar- mes coupées y taillées y armes tranchées. Voyez ces mots en leur place ; & en général Armoiries. Armes, ou Armoiries diffamées, ou déchargées. Ce font des armes auxquelles on à retranché quel- choie, pour marque de honte Se par punition. Tel- les furent celles de Jc'in d'Avénes , qui en préfence de faint Louis , avoit injurié fa merc Marguerire , Comtelfe de Flandre. Il fut condamné à porter le lion de fes armes morné, c'eft-à-dire, fans ongles & lans langue. Le Cap dfs Armes, capo delli armi. C^p du royaume de Naples, en Italie. Leucopatra y regium ou armû~ rum promontorium. Il eft fur la côte méridionale de la Calabre Ultérieure , précilément au point qui re- garde la Sicile. I;3° Nombre confidérable de troupes d'infanterie & de cavalerie jointes enfcmble fous la conduite d'un général, pour agir contre l'ennemi. ARMÉE. 1. f. Ce qui regarde l'armée de terre. Exerci- tus y copiai. Peur \ armée de mer, ou navale , c'ell une certaine quantité de vaiffeaux de guerre , équipés 6c montés par un certain nombre de troupes comman- dées par un amiral , aidé de pluheurs officiers qui font lous lui. Claffis. l'Cr Quand le nombre des vailîéaux ne palle pas douze ou quinze, on dit une efcadre. Le mot de riotte convient mieux à un certain nombre de vailleaux réunis pour naviger enfemble. Armée com- polée de vieilles troupes. Vetcranorum cxercitus. Ar- m.ée compofée de gens ramallés à la hâte & frns choix, Tmnultuarius y colleclitius exercitus. Armée rangée en bataille. Acies injlrucla. La tête, la queue. Pri" mum y extremum agmen. Les ailes. AU y cornua. Le corps de \ armée. Acies. Lever, mettre fur pied une armée. Entretenir, faire lublifter une armée. V armée marche, l'i7r/72ee avance , l'armée campe. Faire la revue dune armée. Commander une armée. Défaire une ar- mée. Recueillir, rallemhlerlesdébris dune armée. Cette armée h tioniV.mve , & qui avoit été levée avec tant de frais, lut entièrement dclaite.L'drwf if navale étoit belle en apparence, mais dénuée de foldats & de matelots. L'état de l'armée y c'eft l'état des dépenfes qui fe doi- vent faire, tant pour lever une armée y que pour l'en- tretenir de lolde, de vivres & de munitions. On tient que l'armée que Xerxès mena en Grèce , étoit de onze cent mille hommes. Nos armées ne paffent pas, pour l'ordinaire, vingt mille hommes, diloitunLacédémo- nien ; mais à nous voir dans la mcjée,à compter les morts de nos ennemis , on diroit que nous fommes tou- jours plus de cent mille hommes. 1/3" On appelle armée royale y une armée nombreufo qui marche avec un train d'artillerie. ÇCT Armée du siège, celle qui eft occupée à faire un liége. IJCF Armée d'observation , la partie d'une armée qui couvre un fiége , & s'oppofe aux ennemis pendant que l'autre attaque la place. ÇCF Armée du secours ,cellequi marche pourfecourir une ville alîîégée. IJCT Dans l'écriture. Dieu eft appelé le Dieu des ar- mées. Les armées de France, fous les cnfans de Clovis, étoient compofés de divers corps de troupes que four nilfoieHt chaque province, à peu près comme nous voyons aujourd'hui les armées de- l'Empire , compcv fées des troupes des cercles, qui fournilTent chacun leur contingent. P. Dan. Les armées étoient autrefois Sssij jo8 ARM compofées des vafTaiix des Seigneurs, qui faitoient plus de deux cent mille hommes. Quaiid chacune de ces troupes avoir fervi vingt-cinq, trente, quarante jours, félon l'ulage du pays , ou félon les devoirs du fier , les Seigneurs les ramenoient chez eux. Le Gendre. Le gros des armées françoifes fous les Mérovingiens , n é- toit que.de 1 infanterie. Sous Pépin & lous Chaile- magne il y avoir dans les armecs_ un nombre à peu près égal de gens-d'armes, & de fantafiinsi mais de- puis que dans la décadence de la iTiaifon Carlovin- gienne, les fiefs furent devenus héréditaires dans les familles, les armccs de la nation n'étoicntprelque que de cavalerie. Id. Armée, fe dit aulll figurément d'une multitude. Multi- tude. J'avois priétroisperfcnnesàd'mer, ils font venus une armée. Exprellion familière. f\RMELINE. f i. Peau qiu vient de Laponie, & qui eft très-fine & très -blanche, & fort propre à faire de belles fourrures. |p° ARMEMENT. (. m. Corps confidérable de troupes, fourni de toutes fortes de provifions, (oit pour le 1er- vice de terre , foitpour le (ervice de mer. Le Roi fait un grand armement ; il augmente le nombre de les trou- pes , de fait de grands amas de munitions de guerre ik de bouche. Armement par terre. Armement tur mer, ou naval. Armement par mer Se par terre. Apparatus helli. Bellï comparatïo. Armement , fe dit aulîî de l'équipement des vaiifeaux de guerre, de la dillribution ou embarquement des troupes qui doivent monter chaque vailfeau. Clajfis inflrucllo. On le dit aulîî de l'équipage même. Na- vales copi£. Tout l'armement fe révolta contre le ca- pitaine. L'état à'armement cil la lifte de tous les offi- ciers qui doivent fervir -, ou de tous les agrès & ap- paraux que l'on juge néceilaires. Armement , fe dit aulîî des vaiifeaux marchands, que l'on équipe pour les voyages de long cours. ÇCT Armement , fe dit aullî des frais néceffaires pour équiper un vailleau. Cet armement a tant coûte ; & même du temps de l'armement. L'armement ne durera que quatre mois. ^fT Dans une table on a employé le mot d'armement pour arme. Arma. Amour voulant lever un régiment ^ Battait la caiffe autour defes domaines : Soins & foupirs étaient f es capitaines ^ Flèthes & dards étaient fan armement. Ces mots viennent à' arma , qui fignifie armes. fp- ARMENCE. Vallée^de Suiffe, au pays de Valais, du côté gauche du rhône. Le lieu principal eft Ar- mence ^ qui donne le nom à la vallée. ARMÉNIE. Armenïa. Grand pays de l'Afie , entre la Syrie, l'Afie mineure, ou Anatolie, la Mélopotamie & la Géorgie. Elle fe divife en grande & en petite Ar- ménie. La grande Arménie étoit autrefois bornée au midi par les monts Taurus & Niphates , qui la fépa- roient de la Mcf'opotamie & de la Syrie ; au levant par les monts Cafpiens & la mer Cafpienne ; par la livière de Kur, ou de Cyrus, avec les monts appelés Mofchiques au feptentrion \ au couchant par l'Eu- phrate & une petite patrie de la mer noire, qui la fé- paroient de \ Arménie mineure. La petite Arménie , Arménie mineure, minar Arménia ^ étoit une partie de l'ancienne Cappadoce dans l'Alie mineure. Elle avoir au couchant & au nord le refte de la Cappadoce; au levant de la grande Arménie , l'Euphrate entre deux \ au midi la Cihcie & la Syrie. L'Antitaurus partage ['Arménie mineure en deux. La parrie méri- dionale porte aujourd'hui le nom de Bo-^ochj ^i''-:a.f!ni!t , ou ÎtiAmi xa6afD-it , exfidtion des armes j a.inii ce mot n'eft point ccmpofe de lii_flro y faire revue , mais de lujtro j purger , expier. C'étoir un lacrifice pour expier les armes , pour la prolpérité des armes du peuple Romain. Il le failoit le 14^ des Kalendcs de Novembre, c'eft a-dire , le dix-neuvième d'Oc- tobre. ARMINACHA. Ville de l'Anatohe. Amnnacha. Elle eft dans l'Aladulie , au pied du mont 1 aurus , & beau- coup plus orientale que la ville de Tianée. C'eft, a ce que l'on croit, l'ancienne Cybiftra, ville autrefois épif- copale de la petite Arménie. ARMINIANISME. f. m. Arminianifnuis y Arminiano- rum fecla. C'eft la doctrine d'Arminius , profelfeur dans l'Univerfité de Leyde , «Se des Arminiens, eu de la fecle qui l'a fuivi. Le point principal de cette doc- trine, eft qu'Armi;iius & les Arminiens, trouvant la A R M %\ \ dodrine de Calvin infoutenable fur la grâce & k libre arbitre, revinrent à celle de 1 Eglife, & foutinrcnt qu'il y a une gtâce univerlelle donnée à tous les hcmmes; que 1 homme eft toujours hbie de rejeter, ou de cor- relpondre à la grâce, &c. Lne doctrine li lair.e ne pouvoir plaire aux Calviniiles. Gomar, Proitlfeur en Théologie à Groningue, ccllèjjue d'Arminius, qui tenoit pour la grâce particuhère , donnée aux feuls prcdcftincs, & pour le décret pofitif , tant de répro- bation pour les uns , que d élection pour les autres ; Gcmar, dis-je, s'y oppofa tortement, & le fynode de Dordiecht la condamna. Ces difputes commencèient dès l'an 1609; mais elles n'éclatèrent que deux ans après Elles pallerent de l'école dans le gouvernement, & peu s'en fallut que la république de hollande n'en fut bouleverke. / ovtj Arminien. ARMINIEN, ENNE.^f. m. & f. Nom de fede. Armi- Tiianus y a. C'eft le nom qu'on donne dans la Hollande à un puilfant parti de fectaires qu.' lé font fepaiés des Calvmiftes. Ils tirent leur nom de Jacques Atminius, fameux Profeftèur en Théologie dans V Académie de Leyde. On les nomme aulli Pemontrans y a caufe dune remontrance qu'ils prcfer.terent aux Etats Gé- néraux en i6ii , où ils expofcient les principaux arti- cles de leur croyance. Quoique Arminius eut étudié lûus Bèze, Si qu'il eût même été chargé de répondre à un hvrequi avoir été ^lubhé en Hollande contre les fentimens de ceux de Genève, touchant la prédeftina- tion^Sc la réprobation, il ne put fe refcudre à foute- nir la- delfus l'opinion de Calvin. Il embialla la doc- rrine des Pères , & de l'Eglife, qui eft tout-à-fait con- traire à celle de cet héréliaique. Si les Arminiens s'en étoient tenus au fenriment de leur maître , on n'auroit pas eu de quoi les condam- ner comme novateurs, parce qu'ils prétendent avoir de leur côté les plus anciens Pères, c\' ^refque toute la tradition de l'Eghfe ; mais leurs fuccelfeurs, & prin- cipalement Simon Epifcogius, cm poulie les chofcsli loin, *qu ils le lont tort approchés des Socinicns -, & c'eft ce qui donna de grands fujtts de plainte aux Cal- viniftes, qui tie purent cependant les réfuter folide- menr par leurs principes. Car lorfqu'ils ont reproché aux Arminiens , qu'ils rencuveloicnt une ancienne hérélie qui avoir été condamnée dans les Pélagiens , &C dans les demi Pélagiens, ceux ci les ont combattus par les railons qui avoient été oppofées aux Cath , lieues Romains , au commencent de laréformation. L'autorité leule des hommes, difoient les F.emontrans y ne peut lervir de preuve légitiine, que dans la communion de Rome. Ce n'eft pas allez de montrer qu'une opinion a été condamnce, fi l'on ne montre en même temps qu'elle a étéjuftcmcnt condamnée : Nec fans efl damnatam olim Jententiam ejje y nifi damnandam cam y aut jure ^ aut rite dam.natam ejfe conflet. Ils parlent de la forte dans la lettre qu'ils ont fait imprimer à la tête de leur Apologie. Sur ce principe , que les Calviniftcs ne peuvent pas rejeter, les .^rw/wc-/.'^ ont beaucoup diminué le nom- bre de ce qu'on appeloit auparavant les articles fonda- mentaux de la religion. Comme ils ne les trouvoient point tous établis clairement dans les livres facrés, ils le moquèrent des cathéchifmes & des formules de'foi auxquels on vouloit les allujettir. C'eft pourquoi ils furent condamnés dans le fameux fynode de Dordiecht, tenu en I 6 1 8 , où le trouvèrent un grand nombre de Théologiens Calviniftes. M. Simon a parlé au long des Arminiens y de leurs lentimeiis, & de leurs principaux Ecrivains, dans Ion H foire des Commentateurs du nouveau Tefament y ch. J4. L'Auteur d'un petit livre intitulé, de la Religion des Hollandais y imprimé a Paris en 1675 , a exphqué à ' fond la croyance des Arminiens. Voici ce qu'il en dit dans (ù. deuxième lettre: depuis la mott d'Arminius, & du temps de Vorftius, & d'Epifcopius, un tiès-celè- bre dodcur d'entre eux , ils ont adopte plufieiirs erreurs des Sociniens. La plupart même d'entte eux ont quitté l'opinion de leur premier maître fur les points de la pré- deftination & de l'élecfion éternelle. Arminius avoitcn- feigné,queDieuaéIulcshdcles parlaprévilîon de Lut 5 î i ARM jfoi: & Epifcopius cicit que Dieu n'a élu perfonne<îc toute éternitc -, mais qu'il clit les ficlcles dans le temps , lorlqu'ils croient actuellement. Il ne parle qu'en des termes fore douteux & ambigus de la prercicnce de Dieu, laquelle croit la grande fortereile dans laquelle Arminius Te retranchoit. Ces mêmes Arminiens d'au- jourd hui croient que la doctrine de la Trinité des per- sonnes dans une feule cirep-ce , n'eft point niicelfaire au falut i qu'il n'y a dans lEcnture aucun précepte , par lequel il nous foit commandé d adorer le S. Efprit ; que Jesus-Christ n'tfl: pas un Dieu égal au Père; que la foi en Jésus-Christ, par laquelle nous (om- mes fauves , n'a point été condamnée, ni n'a point eu lieu fous la vieille alliance. La plupart évitent avec loin le mot de fatisfaction de JÉsus-Christ. Epifcopius cependant dit, Jésus-Ckrist parla pailion a latisfait jufque-là à Dieu, qu'il la rendu propice à tout le genre humain. Ils prellent avec grand loin la tolérance de toutes les opinions de ceux qui protclfent la religion chrétienne, foutenant que tous les chrétiens s'accordcnc dans les points les plus importans, & comme l'on ap- pelle , elfenùels ô' fondamentaux de la religion ; que jufqu'ici il n'a point été décidé par un jugement in- faillible , qui iont ceux d'entre ts chrétiens qui ont embralfé la religion la plus véritable & la plus con- forme à la parole de Dieu; que pour cet eftet, tous peuvent s'unir pour compofer un Icul & même corps d'Eglife, & qu'ils doivent s'aimer comme hères; que l'on ne doit contraindre perlonne à condamner & a Quitter fes fentimens, ou a approuver & fuivre ceux autiui. bi Arminius revenoit au monde, ajoute l'Auteur de ce petit livre, il ne reconnoitroit allurément pas puui fes difciples laj-lûpart de ceux qui portent fon nom. il y en a cependant qui n'ont rien ajouté a les fentimens , mais les uns & les autres s'accordent tous en ce point , qu'on doit tolérer tous les chrétiens, ou pour ne com pofer tous enfemble qu'une même EglUe , tiu poui permettre à chacuivla liberté de (a religion. Les prin cipaux Ecu\ains de la led;e des Arminiens ^ Iont Ar minius , Epifcopius & Grotius. On y peut ajouter Courcelles, qui a compofé un corps de Théologie, où il a mis en abrégé ce qui fe trouve plus étendu dans les gros Uvtes d'Epifcopius , & y ajoute de Ion fond plufieurs autres chcfes. Les Sociniens néanmoins met- tent ce Courcelles au nombre de leurs Ecrivains. ARMIRO. Armira. Il y a la ville à'Armiro dans l'ile de Candie. Armiro en Grèce , eft dans la Thellalie , au fond du gohe A'Armiro , entre Zéiton & Démétriade. Le GOLFt d'Armiro ou de Vollo. Sinus Amiranus , ou Pelafgicus , ou Demetriacus , eft dans l'Archipel , iur la côte de ThelFalie , entre le golte de Salonique & celui de Zéiton, 6c il prend Ion nom tantôt de la ville à' Armiro y Se tantôt de celle de P^olloj qui font fur fes bords. Armiro , eft encore le nom d'une montagne de Portu- gal. Mons Armirus. Elle eft aux confins de l'Alentéjo & de l'Eftramadure d'Eipagne, près delà ville de Por- talégrc. On croit que c'eft Mierminius des anciens , que d autres prennent pour la Sttella de nos jours , nioi-itagne plus voiline de la mer. Armiro. Rivière de l'île Az Candie. Armirus Elle coule dans le territoire A' Armiro 3 près de Caftel-Malvefi , & le décharge dans la Méditerranée ; près de Puleo Caftro. On la prend pour l'Oaxes des Anciens. 03" Armiros. Sauvages de l'Amérique, qui habitent le long delà rivière de la Plata. Alvaro donna le nom de Vera à la province qu'ils habitent. ARMISTICE, f m. Sufpenfion d'armes pour un petit efpace de temps. InduciA. Les troupes du Roi voyant expirer le terme de \armiftice, fe mirent en état de palfer le Rhin. Les plus prefTImtes folhcitations auprès des Puidanccs qui étoient en guerre, pour les engager à convenir d'un armiftice , & a entrer en négociation.... VArmifiicc a été agréé par toutes les PuilTIinces. Merc. Janv. !7}6. Ce n-.ot eft f^imé de deux mots latins, arma , & fiare^ qui veulent dire étant joints en un, que les ar- ARM mes font en repos , <îc que les expéditions militaucg ceftent. tfT Armistice , fufpenlîon d'armes, trêve. Les 'Vocabu- liftes nous donnent ces trois mots comme parlaiteii.ent lynonymes, puilqu'ils ne les diftinguent par aucunes nuances. Ils délignent tous trois une cellation de tous aéles dholliilites entre deux partis qui iont en gueneimais chacun paroit avoir Ion caraétère particuliei.^'/77i//iice c\: fufpenfion d'armes paroilîént lynonymes, en ce qu ils dclignent une cellation d hoftihté pour un petit eipace de temps ; mais le terme de fujpenfton d'ar- mes eft plus du langage ordinaire ", celui àarmifiice y qui eft pieique tout latin, paroit plus fait peur les fa- vans. Trêve clt une celFation d'actes d hoftilités peur un temps plus long, & cette convention le tait ordi- nairement par écrit. ARMOA. Petite rivière de la Morée. Armoa. Elle eft dans l'Arcadie , & le décharge dans l'Alphée. Quel- ques Géographes croient que c'eft l'Amarynthus des Anciens, rivière du Pcloponnèfe. ARMOGAM. f. m. Terme de Marine, qui lignifie, le beau temps qui eft propre à naviger. Tempus navi- gationi idoneum. Quand le ma.tre perd Ion armogany s'il arrive du dommage au navire, il le doit payer au marchand. ïfl' On ne le dit que Iur la Méditerranée. ARMOIRE, f. f. Meuble de bois, fait en forme de buffet, qui Icrt à lerrer des habits , ou .autres hardes. Armarium. On trc uvc armoris. & armoria dans la plus balle latinité,qui le dit d'un coffre cu.:r/woirejqui étoit dans l'églile proche l'autel. Voyez Acl. Sancl. Jun* T. II y p. j 0 r j C. & J oj; j C. Armoire à tant de tiroirs, de guichets. On lappellc ainli, à caufe i;uon y Icrroit autrefois les armes , & maintenant les tit;es de familles, & mille autres chcfes. C'étciraulîile lieu oùlcsauciens chevaliers tenoient leurs habits de joutes iSc de Wurnois , leurs écus 6c leurs armes. ARfioiRE A vaisselle. C'eft un ouvrage de menui- lerie , qui lerta mettre la vaiilelle & autres choies de cette lïatute, appartenant à la cuifine. ARMOIRIE. f. f. On appelait ainfi autrefois les œillets de Poètes, f'^oye^ (Sillet. ARMOIRIES. C f. pi. M.arques de noblelfe & de di- gnité, compolées régulièiementde certaines figures 3c démaux, données ou autorifées par les Souverains pour la diftinClion des pcrfcnnes iScdes maifons. Inji- gnia gentilnia. Les plus belles armoiries ^ félon l'art, «N: les plus belles à voir, Iont les moins chargées, & celles doijt les figures font frites de fimples traits, comme les paititions &: les pièces honorables. Il n'y a que qua- tre couleurs ik deux émaux, qui entrent dans les ar- moiries, (k? Il eft défendu aux roturiers de porter des armoiries timbrées. Faire peindre les armoiries. On le fert plus ordinairement du mot armes quand on peut éviter l'équivoque des armes ordinaires. Blalonner des armes. Quelles Iont vos armes ? Ce mot vient A' armure j à caufe qu'on peignoit au- trefois fur les écus , les cafques & les cottes d'armes des Chevaliers , les marques qu'ils avoient prifes pour * le diftinguer les uns des autres , tant à la guerre , que dans les tournois. Les Savans ne font pas d'accord fur l'origine des ar- moiries. Favin prétend qu'elles ont été dès le commen- cement du monde; Ségoin, du temps des enfans de Noé; d'autres, du temps d'Oluis; ce qui eft appuyé par quelques palFages de Dicdore de Sicile; d'autres, du temps des Hébreux, parce qu'on a donné des armes à Moyle, à Jofué, aux douze tribus, à Efther,à Da- vid, à Judith, &c. d'autres, aux temps héro'i'ques , Sc fous l'empire des AlFyriens, desMédes è^' des Perlans, s'appuyant Iur Fhiloftiate , Xénophon &; Quint-Curce. Quelques-uns prétendent qu'Aléxandte régla les ar- moiries & l'ulage du hlaion. LeP.Monet veut qu'elles aient commencé fous l'empire d'Augufte; d'autres, pen- dant les inondations des Goths ; & d autres, lous l'em- pire de Charleiii.agne. Chorier,dans fonF//?. û'wZ'i?^/- phiné , T. /j /•. çj , remarque que les Tires étoient les boucliers des Gaulois , qui les couvrcient cntièie- ment ; que chaque foldat y faifoit peindre quek ne marque qui lui étgit propre , & par la vue de laquelle A R M il pouvoir ctre reconnu enrre Tes compagnons ; il cire fur cela Pauf.inias qui le dircn.cfter; donde poitrine, Tome I. ARN 5'i5r autrement dite péripneumonie , lorfqu'il y a du fang dans les crachats. Il ajoute que la dofe eft une pincée ou deux dans de l'eau bouillante , & que linfulîon s'en doit faire comme on fait à celle du thé. ARNO. Rivière d'Italie. Arnus. Elle a fa fcurce dans l'Apeimin, coule dans la Tof cane, palle à Florence & à I lie , (!<: te jette dans la Méditerranée au-dctî"cus de Pile. ARNGDE. f. m. Nom que les Grecs donnoient à ceux qui alloicnt dans les feftins & dans les aflemblées réci- ter des vers d'Homère. Ils portoient à la main une bran- che de laïu'ier. ' Ce nom vient du grec A'pïo'f , qui fîgnifie un agneau ^ qu'on leur donnoit d'ordinaire pour lécompcnfe , ik. w Laboureur ,(\m vient d'aV°"j/e laboure ; apparemment parce que la Sicile étant abondance en blc , & fon plus grand commerce fe faifant en blé, le principal lervice que l'on tiroir de ces gens , étoit le labourage. AROUAISE. Village d'Artois, avec une Abbaye. Arou- Jîa.W eft près de Bapaume. La Congrégation d'^ro/^ai/ê eft une Congrégation de Chanoines réguliers. Arouaife fervoit de retraite aux voleurs ■■, mais environ l'an 1090, il fut (anâiihé pour la demeure de trois laints Hermites : lavoir , Heldemar de Tournai , Conon ou Conrad , qui fut depuis Cardinal , & Roger d'Arras , qui bâti- rent en ce lieu une cellule ou oratoire qu'ils dédièrent en l'honneur de la fainte Trinité & de faint Nicolas. Lambert, Evéque d'Arras, confirma cet etabhlfement par les lettres du 2. i Octobre 1097, adrelfées à Conon. C'eft ce qui fait que plufieurs ne mettent le commen- cement de cette Congrégation qu'en cette année; mais il paroit par ces mêmes lettres qu'Heldemar étoit déjà mort, & il eft marqué comme premier Prévôt établi par Conon en 1090, dans le catalogue des Abbés de cette Abbaye , donné par MXL de Sainte-Marthe , qui ont aulfi rapporté fon épitaphe , où il eft qualifié Fon- dateur de cette abbaye ^ qui fut gouvernée par des ARP p7 prévôts juftiu'au temps de faint Bernard ; que Ger- vais qui étoit le troiiième prévôt , & qui avoit fuc- ccde en 1124 a Richer , prit la qualité d'Abbé , qui a aulli été donnéeà fes f uccelfeurs. Sous le gouvernement de ce Gervais , Arouaife devint chef de 18 monaf- tères : mais il y a long-temps que cette congrégation n'exifte plus , bc le dernier chapitre général le tint en 1470. Ces Chanoines étoient habillés de blanc, &, au rapport du Cardinal de Vitry , ils croient auftères , ne mangeoient point de viande , ne portoient point de linge, & gardoient un étroit iilence. P. HÉlyot , T. H , p. I 0 6 , I oj. (CT AROUANS. Ile de l'Amérique méridionale , l'une de celles qui forment les bouches de la grande riviè- res des Amazones. AROVAQDE. f. m. & f. Peuple. Arovacus , a , um. Les Arovaques font un peuple de la Caribane , dans l'Amérique méridionale, qui habite près de la rivière d'Eflckébe , aux frontières de Paria en terre- ferme. AROUCA. Village de la province de Beiraj en Portu- gal. Arouca. Il eft fur la rivière de Païva , entre Vi- feu &: Porto. Quelques Géographes croient que c'eft l'ancienne Araducla ; d'autres la placent à Ardofa , bourg de l'eftramadure de Portugal. AROUE. 1. m. Poids dont on fe ferr dans le Pérou , le Chily , & autres royaumes & provinces de l'Améri- que , qui font de la domination cfpagnole. L'aroue , qui n'eft autre choie que Varobe d'Efpagne , pèle 25 livres , poids de France. AROUGHCUIVL f. m. Animal de la Virginie. Il rellem- ble au caftor , excepté qu'il vit lur ics arbres à la ma- nière des écureuils. Sa peau lert à faire des foururcs. AROURE. f. f. Melure de terre des anciens Egyptiens , qui contenoit environ les deux tiers de notre aroent. Hérodote parle de cerraines rroupes des Egyptiens , nommées Calafirles , qui étoient au nombre de 150000, & qui lervoient tour à tour dans les gardes du Roi. Il leur donnoit à chacun d'eux , pour s'en- tretenitj douze aroures de terre. Richard Cumberland dit que chaque aroure faifoit un carré parfait , dont chaque côté étoit de ico coudées de long. Le même Auteur croit que Séfoftris , qui partagea l'Egypte en 3 6 nomes , fut auffi l'inventeur des aroures. On dit aullI Arure. Voyez ce mot, AROUSSES. f. f. Vefces fauvages. Arachus. Ce mot eft vieux , Si. hors d'ufage. AROW. Foyei ARAW. AROY. Rivière de l'Amérique méridionale. Aroifus' Elle fort du lac Caiîipe, dans la province de Paria , & fe joint à la rivière de ce nom. ARP ARPA, ou ARPHA. Divinité, dont il eft fouvent parlé dans la vie de S. Potin , qui Ibutfrit le martyre l'an de Jefus-Chrift 1 66 , ou 1 68 , fous Antonin Pie. Voye:^ Bollandus, T. I , p. 7S4 , & fuiv. au 15. Jaiw. C'eft , félon la remarque de ce Père, une de ces pe- tites Divinités appelées DU minorum gentïum , de laquelle nous ne favons rien , non plus que de beaucoup d'autres de la même efpece. Elle fe trouve cependant jointe dans cette vie à Jupiter, à Ariana& à Minerve. ARP/EMIN, ou plutôt ARPEMIN, ou ARPA ÉMINL f. m. Terme de Relation. C'eft un OfKcjer des écu- ries du Grand-Seigneur. C'eft lui qui a foin de faire les provilîons néceffaires pour les chevaux. Il donne tous les jours autant de paille, de foin, d'orge, qu'il en faut pour chaque cheval , & c'eft en petite quan- tité ; aufli demeurent-ils plus de huit heures au filet par jour , ce qui fait qu'ils s'en portent mieux , & qu'ils font plus propres à fervir ; car ils font des traites de trente lieues fans débrider. A. D. S. M. ARPAGE. f. m. Arpagus. C'eft dans les anciennes inf- criptions un enfant mort au berceau. C'étoir l'ufage parmi les Romains de ne poiht faire de funérailles pour les enfans qui mouroient au berceau ; l'on ne brûloir point leurs corps , & l'on ne leur dreffoit ni tombeau , ni épitaphe , ce qui a fait dire à JuvénaL yîS ARP Terra clauduur infans Vcl mïnor iL'ne ropL On biûla dans la fuite les corps des enfans qui avoient vécu 40 jouis , & à qui il avoir poulie quel- ques dents. Ces morrs étoient appelés des rapts. Le aiiot Jrpa.oi lignifie la même chofe en grec , & Eulb- thius nous apprend que c'étoit la coutume des Grecs aux funérailles des enfans , de ne les célébrer ni de nuit , ni au grand jour, mais au lever de l'aurore , avant que le loleil parùf , ce qu'ils appeloient le rapt du jour i H'/j.ipa! àf-BccMai. Menestr. Hijï. de Lyon j P' S7- AKPAIA. Village du royaume de Naples. Harpodium Hupinum. C'eft l'ancien Caudlum , ville des Hir~ picns , qui donnoit Ion nom aux Fourches Caudi- nes , Furcit Caudlnét. y appelés aujourd hui Décroît d'Arpaïa. Ce village eft dans la Principauté Ulté- xieuie , au voifinage de la Terre de Labour , entre Avelle & Sainte-Agathe. Le détroit à'Arpaïa, Fau- ces, Arpaïan£ , anciennement Fourches Caudincs , font deux padages ou cols extrêmement étroits de la vallée de Gardano. ARPAILLEUR. f m. C'elt un nom qu'on donne à ceux qui vont chercher l'or iur les bords des rivières , qui roulent des paillettes d'or , & parmi des mottes de terre. tfT ARPAJON. Petite ville de l'île de Fiance , fur la rivière d'Orge , à une lieue de Montihery |CJ" ARPAJGU. ( quelques-uns écrivent Arpajon ) Petite ville de Fiance , en Auvergne, Election d'Au- lillac , avec titre de Duché. ARPANLIC , ou ARPALIC. f m. Etat accordé en Turquie à un Officier dépolé , ou qui a fini le temps de la commilîion , accordé , dis-je , pour le faire fub fifter. Status y conditïo ïnferïor ad vïtam fuftentan- dam datus , a. Lorfque les gouverneurs de provii,- ces ont achevé le temps de leur ccmmiiîîon , s'ils ne font pas élevés à une charge plus coniîdérable ou iemblabie , on leur donne le pouvoir de difpofei de certains emplois , dont ils retirent de quoi fubli fter, en attendant une meilleure fortune. Cela s'ap- pelle un Arpanllc. Lorlque le Muphti eft dépofé, on le gratifie d un arpanlic , c'eft-a-dire, du pouvoir dt dilpoler de quelques emplois de judicature , en de certaines provinces, dont il a la lui- intendance, pour pouvoir fubfifter avec honneur. A. D. S. AL ^fr ARPEGGIO, ARPLGE, & ARPEGEMENT.f.m. Terme de Mufique. Manière de frapper fuccelllve- ment & rapidement tous les Ions d'un accord , au lieu de les frapper tous à la fois. tf3' ARPEGER, v. n. Faire des arpegemens." Faire entendre iucceilîvement Ik rapidement les divers fons d'un accord. Ce mot vient de arpa à caufc que c'eft du jeu de la harpe qu'on a tiré l'idée A'arpegement. CCr ARPEGE, LE. part. ter ARPEMIN. J'oyei Arp^min. ARPENT, f m. Certaine melure de la furface des ter- res , qui eft diftérente félon les diverfes provinces , & qui eft ordinairement de cent perches carrées , c'eft- à-dire de dix perches de longueur & autant de lar- geur Jugerum. L'arpent contient environ un fetier de lemence. L'arpent de Paris a cent perches , & la perche vingt -deux pieds , qui font deux mille deux cens pieds en carré. Au perche , la perche eft de vingt- quatre pieds , & le pied eft de treize pouces. L'.irpent de Poitou eft de quatre-vingts pas de chaque côté. L'ar- pent de Montargis a cent cordes , & chaque corde a vingt pieds. L'arpent de Clermont en Beauvailîs a cent verges, & chaque verges vingt- fix pieds. L'ar- pent ou le journal en Brcragne a vingt cordes en lon- gueur , & quatre en largeur , chaque corde de vingt- quatre pieds. Dans le duché de Bourgogne Varpent de bois eft dequatre cent quarante perches, .?c le journal de rerrc, de vigne, ou de pré, de trois cent foixante. Ce mot vient, félon Scaliger, de arïpennïs , ou de arpendlum , ou arvipendium y qui étoit une mefure à: Arpenteur. Aripamis fe trouve aulli pour arpent , ARP Aci. Sanct. Jun. T. I , p. l'Sç. B. & ailleurs. Pon- tanus, après Columella, dit que c'eft un ancien mot gaulois dont ute Reginon dans fon Hiftoire , d^^rivé de aert _, & de pandit y mots danois , lignifiant une terre bornée. Du Cange dit qu'il vient de arapennis, dérivé ab arando y ou plutôt de ard , ou erd y terre ■> & pand y on pend y qui hgnifie carré. C'eft la re- marque des Jciuites d'Anvers , Acla Sancl. Apr. T. III y p. y 2. E. fur les Diplômes de Louis le jeune, dans lelqucis on tiouve Agnpennum & Arpennum , pour arpent y & non pas erpan , comme ces Auteurs écrivent ■■, on trouve encore Arpenna , a , dans un acte de l'an loji. Acl. Sancl. Ma'iiy T. V y p. s 9- On trouve aulh Arpennus ôc Arpentum. Voyez la nou- velle HiJl. de Ère t. T. II y p. 121 & 2ç^. Ifaac Pontanus , dans les Origines Francicit y Lih. VI. c. j^y eft de même fentiment , à cela près qu'il pré- tend que pand lignifie , ce qui a des limites , ce qui eft borné. On dit par hyperbole d'un homme qui a le nez , le vifage trop longs , ou mal proportionnés , qu'il a un nez , un vilage d'un arpent , Sec. ARPENTAGE, f. m. Mefurage des terres par arpent. Agrorum menfio , dimenfio y metatio. On a iait voir par \ arpentage de cette torct , qu'elle contenoit tant d arpens. Quand {'arpentage n'eft point déclaré par le contrat y il doit être fait luivant la coutume des lieux où les biens lent lunés , &: non luivant la cou- tume du lieu où le contrat eft pallé. Arpent AGE, eft aulli IJCT l'art de mefurer les terrains, c'eft-à-dire, d'en prendre les dimcnlions, de les écrire ou tracer Iur une carte , 6c d'en trouver l'aire. L'ar- pentage y proprement dit, eft l'art de lever un plan, & le calcul du toiié. Agros metiendi y metandi ars , G eomatica difciplina. ARPENTER, v. a. Melurer des terres pour favoir com- bien elles ont d'arpens. Metiri y metari. Arpenter, lignifie figurément, marcher beaucoup, ou marcher vite. Difcurrere pcr y &c. Ce lolliciteur ar- pente tout Paris prelque tcus les jours. Mais cela ne le dit guère que dans le ftyle familier. Courir les monts , arpenter les campagnes. S, Amand. Arpenté , É£. part. ARPENTEUR, f. m. Officier qui a ferment en juftice, ik qui eft commis pour faire l'arpentage des terres. Decempedator y finitor , agrimenfor y Geomaticus. Les inftrumens , la troulfe , les Hèches , la chaîne d'un Arpenteur,. Les Arpenteurs ne font reçus qu'a- près intormation de vie & mœurs , & après avoir donné une caution de mille livres par l'ordonnance. C'étoit autrefois au Grand Arpenteur de France à inftitucr des Arpenteurs : mais Henri II , par une ordonnance de IJJ4 érigea lix Arpenteurs en cha- que Bailliage , ou Sénéchaullée de Bretagne , pour exercer leur charge icus le G/tJ/zt/ Arpenteur. Cette or- donnance leur donne le pouvoir de melurer , d'arpenter bois, huilions , forêts , garennes , terres , eaux îles, de mettre des bornes iN: de taire des partagesimais le Grand Arpenteur , qu'on appeloit Grand-Maître y fe mct- toit en poilellion de ne donner des commillions qu'à ceux des Arpenteurs qui lui donnoient de l'argent , ce qui rendoit leurs offices inutiles. En l'année 1 666 , le Roi lui fit détenfe de plus délivrer de commillions; en 1668 ion office tut lupprimé, & l'année luivante il fut ordonné par arrêt, que ceux qui avoient des commillions du Grand Arpenteur , prendroient des provifions de Sa Majefté,en payant certaine foinme. En 16^0, le Roi, par un édit du- mois de Novem- bre, a fupprimé tous les anciens offices A: Arpen- teurs _, & a créé des Experts-Prifeurs & Arpenteurs- Jurés , pour faire un même corps avec les .furés-Ex- perts créés aux mois de Mai & de Juillet de la même année pour faire les arpentages , mefurages &: pri- fées des terres , vignes , prés , bois , pâtis , com- munes, & toutes les autres fondions attribuées aux Arpenteurs créés par leséditsde i f 54 & i J7J. Il y a encore des Arpenteurs dans chacune des Maîtiifes des Eaux & Forêts , créés par un édit de réSji. Eulîn, l'cdic AilO àe i 690 a créé féparément dix Arpenteurs poui- la ville , Prévôté & Vicomte de Paris. ARPI-iAD. Nom d'une ville royale , ou d'un petit royaume voiliii de la Terre-Sainte , du coté du lep- tentrion. Arphad. ARPi. Nom des ruines d'une ancienne ville de la Pouillc Daunienne , que l'on nommoit Arpi 3 Arcyrippa j & Ar^us Hippium. On trouve ces débris dans la Ca- pitanate , province du royaume de Naples , entre Lu- cera & Mantrédonia. ARPINO. Ancienne ville des Volfques. Arpinum. C'cft aujourd hui un bourg du royaume de Naples. Il eft dans la Terre de Labour , au voillnage de la Cam- pagne de Rome, entre Aquino &: Sora. Qui cft à^Ar- pïno j Arpinas , ans. Arpino fut la patrie de Ma- rius tk de Cicéron. A R Q. ARQUA. Bourg de iTtat de Venife. Arqua. Il efl; dans le Padouan , à quelques lieues au midi de Paduue. Pétrarque vécut long-temps à Arqua , &' y mourut. Arqua, ou Arquata , efl: un autre bourg d'Italie. Arenatum. Il eft du duché de Milan , & dans le ter- ritoire de Tortone , entre Tortone & Gènes. Prt"^ à' Arquata , (ur la rivière de Scrivia , étoit la Lihur na, ou le L'ihurnum des Anciens. Quelques-uns néan- moins le mettent à Villa-Barna , village du Torton nois. ARQUATA , eft encore un bourg de l'Etat de l'Eglife Arquatum. Il eft dans la Marche d'Ancone , près de l'Abruzze Ultérieure & de la rivière de Tronto, au- dellus d'Afcoli. ARQUE, EE. adj. Courbé en arc , en cintre. On dit, qu'un cheval a les jambes arquées , & qu'une pou- tre efl: arquée. ?;C? Arcuatus , in arcum fle^us , cur- vatus. L'ufage de ce mot n'efl: pas fort étendu, f'oye^ Arquer. ARQUEBUSADE. f. f. Coup darquebufe. Ferrer fi- . Jiulit icius j em'Jfio. Il a elluié cinq ou fix arquebu- Jades fans être blelIé. ifJ' On appelle eau A'arquehufade , une eau compo- fée de plulieurs plantes vulnéraires, diftiUées avec le vin blanc , dont on ie fert contre les coups de feu. C'eft: ce qu'on appelle ordinairement eau vulnéraire. ARQUEBUSE, f. f. Arme à feu de la longueur d'un fulil , ou d'un moulquet , &c qui (e bande d'ordi- naire avec un roiiet. Sclopetus j ferrea fiftula. C'efl: la -plus ancienne des armes à feu, montée fur un fût ou long bâton. Elle a , ielon Hanzelet , quarante ca- libres de long , & tire une once &: fept huitièmes de plomb , avec autant de poudre. On ne s'en fert plus aujourd hui. ^fT On appelle arquebufe rayée , celle dont le canon eft rayé par dedans. 1^ Et arquebufe à croc , une forte d'arquebufc dont le canon efl; fi gros & fi pcfmt , qu'on ne s'en Icrt guère que pour tirer de derrière les murailles d'une place , en l'appuyant quelque part pour tirer. Elle le charge comme le canon, & l'on y met le tcu avec une mèche. La piemière fois qu'on a vu des arque- bufe s ^ ce fut dans l'armée impériale de -Bourbon, qui Chafla Bonnivet de l'état de Milan. Elles étoientli mal- fives & Il pelantes, qu'il halloit deux hommes pour les porter, & on k's tiroir appuyées lur des fourchettes , & chargées de pierres rondes. 'Vendenefle , frère de la Palice , & Bayart , à qui Bonnivet avoit abandonné le loin de la retraite , en furent blelfés & en moururent. On donne le nom de jeu de l' Arquebufe à l'exer- cice de plulieurs jeunes gens aflemblés en de cer- tains jours , pour voir à qui tirera le mieux de \ ar- quebufe. ^C? On donne un prix à celui qui approche le plus près du but. On continue de les appeler Arquebufers , compagnies d'arquebuliers, quoiqu'ils ne fe lervent . plus à'arquebufes pour s'exercer à tirer , mais de fufils. .Arqueeuse a vent. Sorte de machine pneumatique: A R Q y 1 9 c'cfl: une arquebufe qu'on charge avec du vent com- prime, ëc qui nelailiepas défaire un fort grand eftct. Les arquebufes à vent ont été inventées par un bour- geois de Lilicux, nommé Marin ^ qui en piéfenta une au Roi Henri IV , quoique quelques - uns cruient que cette invention foit diie à quelques ouvriers de hollande. Al. Blondel la montre dans fon Art de jeter les bombes , &L l'on en voit la figure & la conf- jrudion dans le livre des Elémens de l'Artillerie de Rivaut. Ce mot vient de l'italien arcobvfw ^ ou arco abufoy ainfi dit de arco , qui lignifie un arc :, ëc Azbufo, un trou, a caule du trou par où on met le leu à la pou- dre dont on charge les arquebufes , qui ont fuccédé aux arcs des Anciens. Ménage. D'autres croient qu'il vient de arqueraux , qui lont des infl:rumens de guerre pour jeter des pierres , dont Froiirart fait mention ; & prétendent qu'on difoit autrefois acquebufe. . ^ Une arquebufe J avec ce mot , vis abdita j peut être la devile, ou d un traître , ou d'une perfonne mo- defte, ou d un Prince ouminiftre, qui fait reullu les projets par le fecret. Varquebufe avec ces mots , & manus ù mens j marque les entrepriles, où il fautpen- fer & agir pour rcuflir. ARQUEBUSER. v. a. C'eft tirer (ur quelqu'un un coup d'arquebufe. Sclopetum difplodere , jerream glandem emittere. Il fut arquebufe en palTant dans une foret. Ce mot eft un peu vieux. L'ufage l'admet pourtant encore , pour fignifier le (upplice des foldats ou ofti- ciers qu'on lait ntcurir en tirant lur eux des coups d'ar- quebule. On mande d'Ulm , que le 28 Avril 17^8 , le Conleil fcuvcrain de la ville, avoit prononcé la lentence contre j\L HarsdolTar, & que le 50 ce bour- guemeftre avoit été arquebufe dans la cour de la prifon. Merc. Mai:, 1738. ■^"O- ARQUEBUSE, ÉE. part. ÀRQUEBUSERIE. f. f. C'eft le métier d'Arquebufier. Fingendu fflulx. ferreu artificium. ARQUEBUSIER, f. m. Qui porte & tire de l'arquebufe. Miles fclopeto armatus ., fclopetahus. Il y avoit en cet endroit une compagnie d'arquebufers à cheval , qui firent un grand cftet. On appelle auflî arquebufer , l'ouvrier qui fait des arquebules, des fufils, & autres armes à feu. Sclope- torum J j errearum fîflularum Faber. lïCF Arquebusier & Armurier, ne font p^oint fynony- mes , quoique dans l'ulage on confonde ordinairement ces deux mots, l'oye^ Armurier. ilfj' On appelle aulli arquebufers, ces compagnies de bourgeois qui s'allemblent pour s'exercer à tirer de l'arquebule. f^Zt ARQUER, v. n. Se courber en arc. Arcuari, in ar cum flecli , curvari j finuari. On le dit des poutres , ëc autres pièces de charpenterie qui lont courbées, ou naturellement , ou parce qu'elles loutiennent un grand poids. On le dit particulièrement de la quille d'un vaif- feau , quand elle le dénient , & perd (a figure ordi- naire par quelque violeur efi:ort , loit en mettant le vailîeau à l'eau , foit lorfqu'il échoue. On dit au manège, qu'un cheval a les jambes ar- quées J quand il a les genoux courbés en arc ; ce qui arrive aux chevaux qui ont les jambes ruinées. Crura arcuata. ^fr On le dit auili avec le pronom perfonnel. Cette pou- tre arque ou s'arque déjà. Ce vailfeau s'arque. ARQUERAGE.l. m. Vieux mot. Droit ancien pat lequel on étoit tenu de faire un loldar au Seigneur , comme qui diroit Archerage. On dit auflî Archarage & Ar^- chairase. Ce mot paroît venir d'arche. ARQUES. Ville du pays de Caux , fondée fur un terri- toire, qui portoit anciennement le nom de Afdans , ou Hûfdans. Arca. On croit que le château qui a donné nailTimce à la ville, fut bâti vers l'.in 745 ou 749 par Pépin le Bref. Il étoit foutenu (ur de très-belles arca- des taillées dans le roc; & c'cft de ces arcades-lâ mcmc que le château & la ville ont tiré leur nom. Defcript. Géogr. & Hifl. de la Haute Norm. T. I^pag- tir. Ar- ques , près de Dieppe , fur la rivière A' Arques. La journée A' Arques j ou la bataille A' Arque s ^ eft une yzo ARR bataille donnée en ce lieu par Henri iV, au Duc de Mayenne , ç^iii y hic dctait , quoiqu'il y eût plus de trente mille hommes avec lui , Se que Hemi n'en eut pas la moitié, La rivière d'Arqués , eft une petite rivière de Nor- mandie , qui fe jette dans la Manche, près de Dieppe. Arquas , ou Arc, cH tnccrc un bourg du duché de Bar, en France, ^rcû. Il ell près de la ÎVieule : c'eft à ce quon dit, la patrie de la Pucelle d'Orléans, qui s'ap- pela pour cela Jeanne d'Arc. D'autres ditent Jeanne DarCj Joanna Darda. $CF Quoique la Pucelle portât le nom de Jeanne d' Ar- ques, ou ^Arc y elle n'étoit point de ce lieu là, ni de Vaucouleurs qui en eft éloigné. Sa véritable patrie étoit Dam-P.emy , village alors, aujourd hui petite ville ou bourg qui en a pris le (urnom de Dam-Kemy- la-Pucelle. La Pucelle étoit une Paylanne ■■, on a cm qu'elle portoit le nom de fon village. Le Commandant de Vaucouleurs l'envoya au Roi : delà on a cru qu'elle étoit de Vaucouleurs. Mais dansTaûe d'anobliilement de la Pucelle & de la famille , oh. il éroit important que fon ncmfut écrit exaCT:emcnt»x)n \ii J canne Day, Se non pas Jeanne d'Arc 3 ou ^^'^rques. Une preuve convaincante que Dam-Rany , eu IJomp-Remy étoit fa patrie , c'eil: qu'en faveur de la Pucelle , aulli-tôt après le iacre de Charles VII, en 1429, il fut exempté de toutes tailles, aides , lubvention : privilège con- firmée en 1459 par le même Prince, & en 1610 par Louis XIIL Ce n'eft pas qu'il n'y ait Arc , eu Arques en Barrois ; m.ris ce lieu n'ell ni auprès de Vaucou- leurs, ni la patrie de la Pucelle. Koye-^ Longuerue , Daniel, àc. iO- ARQUET. f m. Terme d'ourdllfagc. Petit fil de fer attaché le long de la brochette ou du p linticcile qui retient les tuyaux dans les époulins ou efpolins, où il forme une elpèce de rcllort. Encyc. ARQUICO, ou ERCOCCO. Ville de l'Ethiopie fupé- ùçux:c. Arquicum , Erquicum , Adalis , Adulicum. Elle eft (ur la côte d'Abex , près de l'île de Macua. Le Golfe d'Arquico, Sinus adullus 3 eft la partie de la mer rouge , qui s'étendoit depuis le détroit de Ba- belmandel julqu'à la ville ^Arquïco. ARQUOI. I. m. Vieux mot. Parure, ajuftement. Quand ils voyent ces pucelettes . Eu admene^ & en arquoi. ARR. ARR. Fovei Aar. ARRACAN. f m. Ville de l'Inde, de-là le Gange. Arra- c£num. Elle eft fur la rivière de Martaban ou Chabe- ris , à quinze lieues du goUe de Bengale. Elle eft ca- pitale du royaume d'Arracan. Ce royaume a le golfe de Bengale au couchant, celui de Tipoura au nord , ceux de Canarane Se de Brama au levant, & celui du Pégu au midi. ARRACHEMENT, f. m. Adion de la perfonne qui arrache quelque choie , de quelque nature qu'elle foir. Avuljlo 3 evulfiù. Arrachement de dents. Arrache- ment de clous. Ce mot le dit peu. Arrachement , eft auilî un terme d'Architeélure. On appelle les arrachemens d'une voûte, les endroits par où elle commence à fe former en cintre -, ce qui eft au-delfus de l'impofte. On le dit aulli des pierres qu'on arrache d'un mur, poury en mettre d'autres en faillie, qui puillent Icrvir de haifon avec un mur qu'on veut y joindre. Arrache-persil, f. m. On nomme ainfi fur la rivière de Loire, les mariniers qui tirent les équipesou trains de bateaux qui la remontent jufqu'à Roanne. On lesnom- me communément des Halleurs. On appelle auilî par injure ces gens qui remontent des bateaux avec une corde attachée au cou, & qui font obligés de fe cour- ber julqu'à terre , des arrache- perfd. D'ARR ACHE-PIED. adv. D'une manière continue, conf- tante , opiniâtre. Continuo. Un Bafque fait volontiers dix lieues à'arrache-picd'îzn^ fe repofer. Cet homme eft fi ftudieux, qu'il tiavaille tous les matins lix heu- ARR rcs d' arrache-pied (zns intermiftion. Cela n'eft bon que dans le ftyle bas & lamiher. Lorlque quelqu un tra- vaille avec tant d'alfiduité , qu'en dit de lui , qu'il travaille d' arrache-pied , on veut dire par la ce que les latins expriment par lahor improbus 3 ajjiduus. ARRACHER, v. a. Déraciner un arbre, une plante, la tirer avec force. Avellere3 eyellere 3 revellere 3 divel~ 1ère. Les Mahométans ont fait arracher la plupart des vignes de l'Alie. On donne des terres en Canada à ceux qui veulent les défricher, en arracher \cs arbres & les racines. Il faut arracher les mauvaifes herbes d un jardin. Ménage dérive ce vnoi de ahradic are 3 latin-, les au- tres de auj'reijjen 3 mot allemand , qui fignifie la même chofe. Arracher, fe dit auffi de tout ce qu'on tire avec ef- fort, qu'on été avec force ou violence du lieu où il eft attaché , loit qu'il ait des racines , ou non. Les haran- gèies qui fe batteni , s'arrachent les cheveux , s'arra- chent les yeux. On arrache la langue aux blafphéma- tcurs , les mamelles aux homicides des Rois. Ce Mé- decin lui a fait arracher une loupe. Il a fallu arra- cher fon enfant du ventre pour l'accoucher. On dit en ce iens, arracher hs dents. Arracher les clous, les gonds d'une porte. Arracher un cahier d'un livre. Arracher les plumes d un oileau. Arracher, fignifie dans le fens figuré, détacher, fépa- rer, éloigner. On ne peut arracher ce jeune homme d'auprès de la maîrrcfle. On ne le peut arracher de l'étude, du jeu, du cabaret. On ne le lauroit arra- cher de Paris. Il fut arrache de fa patrie. Je l'ai arra- ché à les délices. C^^^ Arracher de l'argent de quelqu'un. C'eft en tirer avec peine de celui à qui on a droit d'en demander. On ne (auroit arracher de l'argent de cet homme-là. On arrache ce qu'on peut d'un mauvais payeur. Arracher, fe dit encore figurément de tout ce qu'on ne peut obtenir qu'avec beaucoup de peine & de tra- vail. Extcrqucrc. C'eft un homme fort ferré Se fort dilcret,il lui faut izrracAer les paroles ïuns après l'au- tre. La queftion a été inventée pour arracher la vérité par la force des tourmens. On dit aufli, arracher un fecret à quelqu'un. Ablanc. Pour dire, obliger, ou forcer quelqu'un à révéler une chofe qu'il ne vouloic pas dire. Vous feul 3 vous m'ave^ arrachée. A cette ote'ijjance où j'étais attachée. Rac Les vraies louanges ne font pas celles qui s'offrerit à nous ; ce (ont celles que nous arrachons. Fonten. Combien de gens font des aumônes, que l'importu- nité des pauvres arrache de leur main, .Se non pas de leur cœurî Fléch. Les hommes ne foutfrent point qu'on leur arrache leurs lentimens fans rélîftance. ' Arn. s. Hilaire arrache le confentement , & enlève l'efprit par la force de fes expreffions. Du Pin, L'ejîime & le refpecl font de juftes tribus 3 Qu'aux plus fiers ennemis arrachent les vertus. Corn. 05* Arracher , fe dit dans le même fens, des idées, des opinions auxquelles ont eft attaché. On ne pourra jamais lui arracher cette opinion de l'efprit, delà tête; c'eft- à-dire, on ne pourra jamais l'en détacher entière- ment, la lui faire perdre. Peux-tu de mes malheurs m'arracher la mémoire \ S. EvR. Eradere penitàs corde3 ex animo. Heureufe 3 Jî tu peux m'en croire par avance 3 Et fi dès aujourd'hui faifiant quelques efforts 1 Un fientïment fi falutaire 7"arrache des plaifirs qui ne dureront guère y Pour t' épargner mille remords. Pavill. ^CJ" Dans cette acception il s'emploie auiîî avec le pro- nom, s'arracher à les plaifirs. A^RACHERyà vie» fignifie, être pauvre, travailler pont vivre. arr vivre. JEi^rè vitam lahorando fujlentare. C'eil tin homme qui en arrache par-tout où il peut. Il arra- chera pied ou aile de cette affaire. Il cft du dilcouis fcUnilier. ij^' Arracher le jarre. Terme de Chapelier. Voyet{^ ArRACHEUSE. j|« Arracher , fe dit plfiferbialement & figurcmcnt en ces phiafes. Il vaut mieux lailFer Ion enfant mor\eux, que de lui arracher le nez \ pour dire , fourtrir un petit mal pour en éviter un plus grand. On dit aulH, lorl- <5u'on a emprunté, ou qu'on attrape de 1 argent à un avare , qu'on lui a arrache une dent. Arraché, ÉE. part. Avulfus , revulfus. On dit en termes de Blalon , que la tête, ou quelque autre mem- bre d'un animal , ou d'un oileau , (ont arrachés , quand ils ne lont pas coupés net , & quand il y a du poil , ou des lambeaux & filamens fanglans , ou non , qui font juger que ces pièces ont été arrachées. On dit aullî , que des arbres lont arrachés quand ils montrent leurs racines. iARRACHEUR.f. m. Quinefe dit guère que de ceux qui arrachent les dents , ou les cors des pieds. Avulfor. Un arracheur de dents ne s'occupe pas feulement à arracher les dents , mais aulïï à nettoyer, & à buriner celles qui lont mal-propres & cariées ; & même à en jremettre d autres en place de celles qu'on s ell: fait ar- racher, ou qui font tombées d'elles-mêmes. Il a pour toutes ces diverfes opérations pluiieurs lortes d'inftru- mens qu'on nomme \ç. déchauffoir ■, le burin ^ la. feuille de Jauge ■, la langue de ferpent j la rugine aiguë , la Tugine plate. Je triangle:, Xz. fonde , &c. On dit proverbialement , il eft menteur comme un arracheur de dents , parce que ces lortes de gens vantent avec une confiance extrême leurs remèdes, & leur adrelîe. /RRACHEUSES, ou ÉPLUCHEUSES. f. f. pi. Nom que les Chapeliers donnent à certaines femmes qu'ils ont chez eux, dont l'emploi eft d'éplucher ou arra- cher le jarre qui le trouve dans les peaux de caf- tors. ARRACHIS. f. m. Terme des Eaux & Forets , qui fe dit de l'enlèvement du plant des arbres. Tenerarum plantarum evul/io. Les arrachis font défendus par l'or- donsiance. ^Cr ARRACIFES. En latin, iw/ù/tz rup'ium. C'eft , dit Baudrand , une des iles de Salmnon , ou des Larrons , dans la mer pacifique, vers les terres auftrales & les îles Philippines. lARRADES. f. m. Petite ville ou bourg de Barbarie, en Afrique. Arradium , Quina. Elle cft dans le royapme de Tunis , entre la ville Hamametha & les ruines de l'ancieriBe Carthagc. ARRAGEOIS. Foye:^ Arras, tP" ARRAGIAN. voye^ Argian. ARRAGON. Voyei Aragon. ARRAJOL AS.. Village de Portugal. Calantica. Il eft dans l'Alentéjo, à deux ou trois lieues au nord d'E- vora. ARRAISONNER. Entretenir, parler avec quelqu'un. Colloqui y confahulari. Vieux mot qui n'eft plus d'u- fagc , & qui n'éroit pas même fort commun dans nos anciens livres. Arraifonner , c'eft comme li l'on difoit, raifonner d^une choie avec quelqu'un , la dilcuter ; en- tretenir par un ditcours raifoniié. C'elt dans ce feus qu'il fe trouve dans Villon. Daignant toujours que trop /'arraifonner De ce propos j plus d'ennui ne m'apporte. Villon. /c /'arraifonnc , elle plaint & regrette. Marot. On voit que ce verbe gouverne le nom de la per- , fonne à l'accufatif , & le nom de la chbfc à l'ablatif, J ou avec la prépofition de. Arraisonner, v. n. qui ne fe dit qu'avec le pronom per- lonnel. Entrer en propos avec quelqu'un , lui vouloir faire entendre raifon. Alloqui aliquem , cum aliquo habere fermonem. Il eft fouvcnt inutile de %arraifon^ Tome L ARR yzi ner avec un pay^rn, un ftupide , qui ne conçoit pas ce qu'on lui dit. Il faut commander aux valets ,' &noii pas s'arraifonner avec eux , ni leur dire les railbns qu'où a -de leur faire faire quelque choie. Ce mot vient du latin ratiocmari, qui fignifie rai- fonner. Mézerai s'en eftfervi , &perfonne après lui. ARRAMBER. v. a. Terme de Marine , qui fignifie , s'accrocher à un vaiftcau avec le grapin , ou autrement. Ferream manum in navim injicere. ARRAMER. v. a. Terme de manufaéture de lainage. Mettre une pièce de drap , ou de ferge fur un rouleau , pour la tirer & l'alonger de force ; d'où il arrive qu'elle raccourcit ou etrécii dans la luitc ; ce qui eft défendu par les ftatuts à tous les drapiers , façonniers & fou- Ions. ARRAMIR. V. a. Vieux mot. Promettre. ^ ARR AN. Province de Perfe, entre la Géorgie, l'Azer» bejan & le Schirwan. ARRANG. f. m. Terme d'Imprimeurs, qui fe dit iro- niquement d'un compagnon qui fait peu d'ouvrage. ARRANGEMENT, f. m. DHpoiition des parties d'un tout dans un certain ordre , compcjhio , difpojitio , or- dinatio. La philolophie moderne fait voir que la di- verfité des couleurs ne dépend que de la fituation, & arrangement àcs parties, qui réfléchilfent diverfement la lumièie. La diverfité des faveurs &: des odeurs vient de divers arrangemens des pores qui les rend diverfe- ment fenfibles. C'eft le diftérent arrangement & ladi- veiie lituationdes parties, qui met de la différence en- tre les corps. Maleb. Dieu n'a-t-il pas pu conftruire une machine , qui par \' arrangement de la matière , imite les elïets de la penfée & du raifonnement ? P. Dan. gCF Ce mot dcfigne auili l'état des chofes qui font arrangées. Arrangement de livres , de vafes. Il y a beaucoup à' arrangement dans cette bibliothèque. gCT Arrangement , fe dit aullî de la difpofition , de l'ordre que l'on met dans un difcours , en mettant cha« que terme à la place qui lui convient. L'arrangement des paroles eft un des principaux ornemensdu difcours. De-Icà réfulte cette efpèce d'harmonie qui flatte l'oreille & produit dans l'âme un fentiment agréable. Le con- traire arrive H les mots font mal arrangés, ne font pas à leur place. Les Anciens ne fe font pas mis fort en peine de l'ordre & de l'arrangement. Perr. Nous de- vons à M. de B.rlzac le bel arrangement àt nos mots , & la belle cadence de nos périodes. Bouh. Euripide eft plus heureux dans l'arrangem.ent de fes paroles , que dans le Icns de fes penfées. Boil. L'élégance qui ne vient que de l'arrangement des mots , & de la ca-» dence des périodes , n'éblouit' que les efprits fuperfi^ ciels. S. EvR. ICF Arrangement, fe dit aulîI des mefures que l'on, prend pour finir une aftaire. Prendre des arrangemens pour payer fes dettes. ARRANGER, v. a. Mettre les chofes en ordre, les pla- cer dans un lieu qui leur cft propre & convenable; leur donner une fituation naturelle & agréable^ les difpofer d'une manière ingénieule & capable de produire un bel effet. Componere y difponere ^collocare , ordinare. Les livres de cette bibliothèque lont i7rrt;//^e'j lelon l'ordre des matières. H faut arranger \ngtnic\iCcvacnt les mots dans les difcours. VAuc.Ceque nous prenons pourdes vertus, n'eft louvent qu'un aftemblagc de divers inté- rêts que la fortune ou notre induftrie lavent arranger. RocHEF. Comme j'aime l'ordre, vous me faites plaifit à' arrana er ïn^siàécs. Fonten. IJCr Arranger , fignifie auffi mettre en bon ordre. Ar- ranger les affaires. On le dit auili au réciproque. S'arranger chez foi , pour dire, mettre fes meubles en ordre, rendre fa mai- Ion propre. Acad. Fr. On dit auffi s'ijrrj^^er, pour dire, prendre des arran- gemens, des melures pour finir une affaire, y s'e^ar-> rangé avec les créanciers. ARRANGÉ, LE. part. Compojîtus , ordinatus j collo- catus idifpojitus. Il avoit lesdeffeins toujours arran- gés , ôc trouvoit en loi des relFources toujours prêtes pour les événemens les plus lubits. Le P. de la Rue. Les perfouiiçs ti'op arrangées lie plaifeat point , parcç Vwu yZI ARR qu'elles font toujouis droiccs & contraintes. Bouh. ^fT On dit d'un homme qu'il cft arrangé , pour ligni- fier qu'il a de l'ordre dans famailon , dans (es affaires , dans la conduite, en quoi que ce loir, difent les Vo- cabuliftes. En parlant des affaires & des occupations , ran^éeft le vrai mot; Se réglé:, en parlant des mœurs & de la conduite. Foye:^ ces mots. NARRAS. Cri d'arme des Tlamands. Flamans crie carras , «S- Jngevin , rallie. Vace , furnommé le Clerc de Cacn , dans fon Roman de Normandie. Arras.T. m. Elpcce de perroquet qui fe trouve à la Guadelcupe. Pfntacus. il a Ja tctc, le cou, le ven- tre , & le deffus du dos de couleur de feu , (^ les ailes mêlées de plumes jaunes , d a.:.ur , & de cramcifi. Sa queue eft longue dun pied & demi. Il eft beauccup plus grand que les perroquets ordinaires , & a la grol- feur d'un failan. Il a la tête allez groffe, les yeux vifs, le bec crochu. On en voit qui ont la tête , le dcllus du cou , le dos, de bleu cêlefte tabizé , le ventre, & le dcffous du cou & des ailes de jaune pale , & la queue entièrement louge. Il s'en trcuve qui ont tcm^ le plu- mage mêlé de rouge, de blanc, de bleu , de vert, &: de noir. Ils volent ordinairement par troupes. Le Icn de leur voix eft perçant.Onapprivoile facilement lesar- ras y Se on leur apprend à prononcer quek^ues paroles i mais ils ont la langue trop épaiilc pour le pouvoir taire entendre aulli-bien que les Canidés & les plus petits perroquets, ils font fi ennemis du froid-, qu'on a bien de la peine à leur faire palfer la mer. /'ove:^ Lonvil- XEas , Hi/l. des AntV.l. ch. i f , art. ç , & le P. du Tertre, Traité V ^ ch. i ^ §. i. Arras. Atrcbatum. Ville des Pays-Bas , capitale de l'Ar- tois , fur la Scarpe. Arras eft très bien furtilié , & dé- fendu par une citadelle. Cette ville eft fort ancienne. Quelques Géographes prétendent que c'cft le Feme- tocerna ou Ncmetum des Anciens. D'autres la prennent pour \'Origiacum , ou Rigiacum de Ptolomee , que Cluvier & d'autres placent à Orchies. Les Allemand, l'appellent Atrccht. Arras a un évêque luffiagant de Cambial. La Chronique de Cambrai i<.<^ Arras a été compofée par Baldeiic, & imprimée par Georges Col veneiiusàDouaicn 1615. Balderic avoue qu'on ne (ait ni les fondateurs de ces deux villes , ni le temps au- quel elles ont été'fondées. Ce nom ,^77<\îparoït tormé par corruption du latin Atrehas. Louis XI ayant pri. Arras en 1 477 , & relégué un allez grand nombre des habitans bien avait dans le royaume , mit des Fran- çois a leur place : il v> ulut mcme changer le nom de cette ville, en lui donnant celui de Iranchife , ou de Francie ; & on la voit en ettet ainh nommée alors dans l'Hiftoire & dans les Adfes pubhcs-, mais les Rois, qui font maîtres de tout, ne le iont point de l'ulage en ma ticre de langue : car le nom d' Arras eft toujours de- meuré depuis à cette ville, malgré les Ordonnances de ce Prince. P. Dan. Arras pris par Louis XIII , en 1640, futtfédé a la France par la paix des Pyrénées. Arras a 20°, 17', 45" de longitude, & 50° , 17',}'^''" de latitude. Cassini. M. de la Hirclui donne 20°, 16', 33"delorg.& 50°, 18', 2 5",dansfesTabl. Aftronom. Arras fut érigé en évêché en 1092 , par Urbain II , qui facra lui-mcme Lambert, premier evéque de cette ville. ARHAGFOIS, OISE. f. m. Atrebas. Qui eft d'Arias, natif d' Arras, habitant d'Arias. Les Arrogeais fe ren- dirent à la France en 1640 , après un fiége de deux mois. %fl ARRASE. Foye^ Arase. §3=- ARRASEMENT. Foye^ Arasement. Ip- ARRASER. Fove^ Araser. li-CF ARRASÉ , parr." Foye^ Arasé. AREÂTEL.f m. Nom d'un poids de Portugal. Le Roi d? Formigal a fait publier , touchant les droits d'entrée & de forrie , une nouvelle Ordonnance portant révo- cation du Tarif du 16 Novembre 1720, fuivant le- quel on ne payoit aucun droit de fortie du fucre qu'on tranfportoitdans les pays étrangers , mais feulement deux tcftons par arratel pour droit de poids, &: i jo ARR icis aulîi par arratel de tout le fucre qui fe confoni- moit dans le royaume _'rt peu d argerit , le lailla ailc- mcnt con\aincre pai les ?v!inifl:ics, qu'il n'y avoir raille injulfice a faire payer aux parties l'expéditicnde leurs arrêts. Le Gendre. Arrït du Conleil d'en haut, d'un Parlement, d'une C>-ur lUf^érieuie. Arrct contradidoire. Ln arrêt (ur le qucte. On arrit par turcludon. Un arrêt par appoiiirc rendu du confcntement des parties. Uii arrct fous la cheminée , c'eft un arrêt donne fans qu onaitvu le pro- cès , par la cabale d un petit nombre deConleiilers i u; l'ont rélolu cn le chautrant. Se hors du li^gc. (hi ap- pelle des arrêts en robes rouges, des arrêts qui fe pro- ncnçj-ient autrefois avec cérémonie, 6c avec certaines folennités (ur des queftions dépouillées de circonftan- ces , pour lervir de règle 7i(ftfia, de Herfé, fille de Cccrops , pour qui on faifoit cette fête. ARRHER. V. a.. Donner des arrhes. Arrham dare. Il a peu d'ulage. Les Ordonnances de Police défendent à tous marchands & regrattiers d'aller au -devant des la- boureurs, & marchands torains pour arrher les grains & les marchanddes, ik de les acheter avant que d'être arrivées lur les ports. L'auteur du Traité de- la Police écrit arrer. Arrer des grains , dit il , c'eft acheter des grains en vert , ou lur pied , & avant la récolte. Se getem adhucjlantem emere. |iCF Arrher des marchan- diles , c'eft s'en allurcr en donnant des arrhes. Une Ordonnance de Henri III, de 1577, défend aux marchands d acheter des grains en vert , ni iceux arrer avant la cueillette. Une Ordonnance de Louis le Grand de 1699, à^\\. enarrher , 8c enarrhement^ ou enarrer, enarrement. Racheter en argent, ou permu- ter en autres clpcces la dixme de blé , ou en compo- 1er pour les années futures , le nommoit à Romei^t/iC- rarl ; d'où le mot àî arrer , dont nous nous fervons à peu près dans la même fignification , a pu tirer fon orieine. De la Mar. ARRHÉ,LE. part. |C? ARRHES, f. f. pi. Arrha , arrhabo. Cage en ar- gent, que l'acheteur donne au vendeur, pour fureté du marché qu'il fait avec lui. Quelques-uns pronon- cent , & même écrivent arres. Dans le Ditlionnaire de Droit, la prononciation du mot arrhes eft ainii ARR marquée. On dît toujours, j'ai donné des airs. H falloit au moins écrire des aires. Quoiqu'il en foit , on doit écrire & prononcer arrhes. Les arrhes font un gage qu'on donne pour alfurancc de l'exécution de quelque marché qu'on a fait ver- balement, & qui eft ordinairement une avance d'une partie du prix convenu. Pignus , vas. En droit , qui rompt un marché, perd les arrhes qu'il a données; ou 11 c'eft celui qui les a reçues , il rend les arrhes doubles. Les arrhes font comme un gage que l'acheteur donne au vendeur en argent ou autre choie, loit pour marquer plus lurement que la vente eft faite , ou pour tenir heu de payement de partie du prix, ou pour les dommages & intérêts contre celui qui manquera d'exé- cuter la vente. Ainfi les arry^« ont leur eftet lelon qu'il en a été convenu. Les Lois Civiles. T. L. ifT Arrhes , fe dit figurément de ce qui marque aflu- rance d une chofe , qui en eft le gage. Recevez te petit préfent pour arr/ze^î de ma bonne volonté. Tant de grâ?- ces fpirituelles & 'temporelles font comme les arrhes Si les prémices des biens à venir. Port. R. (py Donner des arrhes au coche, dans le fens propre, c'eft s alfurer d'une place, en payant d'avance une par- tie de ce qui eft diî pour la place. Au figuré, c'eft s'en- gager dans une atfaire , dans une fociété. Il ne peut plus reculer , il a donné des arrhes. ExprelTion fami- lière. Ce mot eft dérivé du latin arrha , qui eft en ufagc dans cette langue, principalement chez les Jprilcon- fultes. Ceux-ci l'ont pris du grec «fV^f^ï, & les Grecs de l'hébreu Arabon, qui lignifie gage, & qui vient de .np , arab , qui veut dire, trafiquer, promettre j donner des ajjurances , Jide jubere. Saint Paul s'eft lervi de ce mot arrhabon dans fon épitre aux Ephéfiens, chap. i , v. 14, où il eft dit, que le Saint-Elprit eft l'arrhe de notre héritage. Mef- lieurs de Port-Royal ont traduit, ejl le gage & les arrhes de notre héritage. Il y a dans la Vulgate , pi- gnus, c'eft-à-dire , gage. Monficur Simon, qui a con- lervé le mot de gage dans la verfion , a ajctité cette notte : il y a dans Te grec arrhe , comme li le Saint- Elprit avoir été donné par avance aux Fidèles en at- tendant qu'ils jouiffcnt de l'héritage qui leur a été promis. ARRIA GORRIAGA. Village de Bifcaie, en Efpagne, C'eft l'ancienne Padura , ville de l'Efpagne Taria- gonoile. ARRIAN A , ou ARRIANE. Bourg de Barbarie , en Afri- que. Arriana , abditana. Il eft près de Tunis. C'é- toit autrefois une ville épilcopale de la Métropole de Carthage. ARRIÈRE, f. m. Terme de Marine. C'eft la poupe d'un vailîcau, la partie qui en tait la queue ou le derrière, & qui eft oppofé à \ avant : c'eft tout l'efpace com- pris entre l'artimon & le gouvernail, tant dans les hauts que dans les bas du bâtiment. Puppis , pars navis pofierior. On dit , palfer à \ arrière d'un vallFeau , lorfqu'on fe met à la fuite d'un autre vailï'cau qu'on laille palfcr devant. Navem pr&eiintcm Infeqiii. if3' Mettre un vailFeau de l'arrière, c'eft le dépalFer & le lailfer der- rière foi. On dit, avoir vent arrière; pour dire, pren- dre le vent par poupe -, ik alors arrière eft une ana- nièie d'adjeètif. Secundo uti vento. Le vailleau qui porte vent arrière ne va pas fi vite , que lorlqu'il eft porté d'un vent de quartier , ou qu'il fait vent largue. ÇfT Arriére, adv. Qui fe joint avec la particule en, 8c' lignifie , en reculant, à reculons. Aller en arrière. Demeurer en arrière. Ponè , retrorsùm , rétro. C'eft l'oppolé &en avant. (fT En Arrière , fignifie encore en retard, en demeure. On dit qu'un fermier eft en arrière , lorlqu'il n'a pas payé au terme où il devoir payer. Il eft en arrière d'une année , d'un , de deux termes. I^CT On dit figurément & familièrement d'une affaire, qu'elle ne va ni en avant , ni en arrière ; pour dire,, qu'elle eft toujours dans le même état. AHR ^ZF Et mettre une cliofc en arrière j l'oublier, ne plus s'en occuper. ARRiïRt, elt Ciuelquefois une prépofition oui régie le génitif, & qui lert à témoigner l'avcrlion qu'on a de j quelque choie, ^pagc. Comme, arrière de moi , pro- phancsi pour dire, éloignez-vous, prophanes. il ii- gnifie auiiî quelquefois, en cachette. Il a fait cela en arrière de moi ; mais tout cela eft vieux. Arrière, gouverne au!n airezfouventl'acculatif, &:on remploie pour marquer l'indignation qu'on a pour une choie , & pour faire connoitre qu'on n'en veut pas en- tendre parler. Arrière toutes ces vaines cv mipertmentes penfées. Arrière déformais tous ces conicils timides. GoMB. Dans ce lens il s'ell dit autrefois pour rejeter quelque chofe, la blâmer, l'interdire, & lignihoit ce ;r quelque choie de pollérieur, qui elt derrière, comme on le verra dans les mots luivans. ARrJERE-BAN. (. m. En tant que ce mot diffère de ban, il lignifie la convocation des arrières valfaux du Roi, ou des valîaux médiats. Edicium principis ad hei licamunera Nobiiuatem clientelarem, veltrjnflatitios clientes, convocantis. On a vnzvAclchMiiU.l arrière- ban, f^oye'^ Ban. Ce mot figniiie auilî la Nobleffe même que le Roi mande pour lervir en corps dans les armées ; on dit , convoquer ï arrière-ban. l^epuis Fiançois I, il n'tll: refli au Prévôt de Paris du commandement des ar- mes , que la convocation & la conduite de Varrière- ban.-Dh la Marre. Il y a i jo ans , qu'on difoit aullI rièrc'ban j pour arrière-b.in. Le m.01 à\irr.ère'ban y lignifie, lelon quelques-uns, lin ban réitéré, c'eft-à dire une nouvelle fcmonce ou convocation que le Roi avoit droit de faire de les val- faux , qui avoient déjà accompli le temps de leur fer- vice , mais qu'un befoin preirant de l'état obligeoit à y retourner. P. Daniel. Ménage dit qu'on dérive ordinairement ce mot de lia- ribc'nnum, ou heribannum, qui vient de 1 allemand hare, ou hère , qui fignifioit ar/Tze'e j dans la première & fécon- de race de nos Rois; & ban , appel , convocation y ov\ fc- monce, d'ûù on a fai i d'abord Herehan, & par corruption arrière-ban, qui étoit un appel des vailaux pcnir aller à l'armée M. de Cafeneuve prétend qu'il eft compcfé de ces deux mots, arrière &z ban. Le ban ell la con- vocation des valfaux qui tiennent des fiefs rclevans im- médiatement du Ri« , e«Àw, qui lignifient, l'un mâle ^ l'autre /e/72f//e ; de 6^At/c j papilla , mamms. apex. §Ct AKSE'URE. f. f Vieux mot fynonyme de briilurc. ftCJ" ARSI. part, de l'ancien verbre ardre , brûler , du latin ardcre. Ménage. ARSICHAN. Foye^ Arsingan. ARSID. ï'oye\ Antipatride. ARSIN. {. m. Vieux terme de Coutume, qui fignifie en Picardie & en Flandre , une exécution de julticc , par laquelle on met le feu à la maifon de celui qui a commis quelque crime dans une ville ■■, par cxem pie qui a tué ou blelfe quelque bourgeois Ragueau. On appelle dans queL]ues Coutumes arflni _, ou arfcï\ , des bois brûlés par accident , ou parce qu'on y a mis le feu malicieufcment. Id. ARSINE. Rivière de la Laponie molcovite. A\(înus. Elle fe jette dans l'Océan ieptentrional , à l'orient de la rivière de Colao. ARSINGAN. f. f. Ville de l'Anatolie. y^r/T/?^^ Elle eft dans le Beglerbeglic de Maralc, près de l'Euphra te , entre Siwas &c Erzéron , dans la contrée qu'on nomme Aladulïe. C'eft l'ancienne Théodufiopolïs , ou A-T^ïrïs. ARSINOÉ. 1. f. Nom de plufieurs villes anciennes. Arjlnoc. Il y en avoir une lur la côte occidentale de l'île de Chypre , entre le vieux & le nouveau Pa- phos. Une autre fur la côte orientale de la même ile , près de Salamine. Une autre lur la côte feptcn- trionale de la même île , du côté de l'occident. Etienne de Lulignan en met une quatrième dans la même ile au milieu des terres. C'elt aujourd'hui un bourg que les Cypriots appellent Arzes. Les anciens ne parlent point de celles-ci. Arsinoé , eft encore une ville maritime de Cilicie : c'eft aujourd'hui un bourg nommé Draganti. La ville de Suez en Egypte , au bout de la mer rouge, a aulîî porté le nom A'ArJînos , comme celui de Cléopatride. D'autres cependant prétendent que cette Arjînoé n'eft pas Suez, mais Azirut , petite ville à quinze milles ou environ cinq lieues de Suez , du côté du midi. Arsinoé , étoit encore une ville épifcopale de la Cyré- na'i'que , & plufieurs autres villes ont porté auflî le même nom en Syrie, en Cilicie, dans l'AnatolieiSc ail- leurs. Ce nom avoir été doniié à quelques-unes de ces villes par Arjînoé , Reine d'Egypte , fœur & femme de Ptolémce Philadelphe , & les autres l'a- voient pris ou ^ Arfinoé , femme de Ptolémée Au- létès , ou ai Arjînoé , femme d'Agas , Roi de Cy- rene , ou de quelqu'autre PrinccHe de même nom. ■^fF ARSIS. 1. f. Terme de Profcdie. Elévation de la voix quand on conuTience à lire mi vers. Ce mot vient du ART nî grec a r" , tollo , j'eleve. Cette élévation eft fuivic de 1 abaiil'cnient de la voix, & c'eft ce qui s'appelle Thejis j e.ff/j , remïjjio. En déclamant le premier hémiflichc d un vers , on lent qu'on élevé d abuid la voix,(i & c'eft leur parfaite alliance qui fait la fouveraine perfeètion. Boil. Les laides, ou les vieilles, emploient l'art au défaut de la nature pour paroître belles ; c'eft-à-dire , le fard & les orne- nemens. La parure des laides irrite une maligne cu- riofité qui fait démêler ce qui eft de l'an , ou de la rature. Tour ce ^ue prête /'art à tes beautés fanées , Ne te ramène point tes premières années. Corn. ^RT,fe dit aulfi de toutes les manières & inventions dont on fe fert pour déguifer les choies , ou peur les. em- bellir, ou pour réulfir dans (es delfcins. Cette per- l'cniie a l'art de plaire, de fe faire aimer, de s'infi- ART nuer dans le monde , & de faire fort une. Il faut avoir beaucoup d'art & d'adrelle , pour la cajoler , Ablanc. 11 y a de l'art en tout ce que cet homme fait , il e(b compa(ré ju(qu'à l'aft'ectation. Quelque profonds que foient les Grands de la cour , & quelque art qu'ils aient pour paroître ce qu'ils ne font pas , ôc peur ne pas pa- roître ce qu'ils (ont , ils ne peuvent cacher leur mali- gnité, La Bruy. Laraifon l'emporte toujours fur l'arc ik fur l'adreftè. S. EvR. Un amant ne fauroit fe dégui- fer avec tant d'art ^ qu'on ne s'apperçoive de fes fein- tes,&que(atendrellene lui échappe malgré lui. Corn.'- Les larmes font le fort des femmes,&leurplus grand izrf pour tromper les hommes. S. Evr. L'art n'eft jamais dans un plus haut degré de perfedion , que lorlqu'il reifemble (i tort à la nature , qu'on le prend pour la nature même ; au contraire la nature ne réuifit jamais mieux que quand l'a?'t eft caché. Bon. N'efi-ce pas l'homme enfin dont l'iLit audacieux y Dans le tour d'un compas fut mefurer les deux ? Idem. Art , fe dit auftî en parlant de ce qui eft compofé , & conduit avec railonncment , en faifant une jufte application des principes ik des préceptes d'un certain art. Cette pièce de théâtre eft conduite avec grand art. Ce Poëte entend bien l'art poétique. Un bon Orateur doit cacher fon art. La nature ne (e laiifc point con- duire au hafard , & n'eft point abfolument ennemie de l'art & des règles. Bon. Soye^fimple avec art , Sublime fans orgueil ^ agréable fans fard. Id. Joigne':^ vos agrémens aux règles de notre art ; (Quiconque plaît fans luune plaît que par hafard. îfT Art , fe prend quelquefois pour prudence , fagc conduite , adrelïe avec laquelle on le conduit. Ce Prince a trouvé l'art de bien gouverner. Le Matelot troublé ^ que fon art abandone ^ Croit voir dans chaque flot la mort qui l' environne. Boii,. Le grand Art. On appelle le grand art par excellence ,' l'art de tranlmuer les métaux , \art de faire de l'or , autrement la Chrifopée, Le grand ijrr s'appelle encore l'art Lullifte , la pierre philofophale j la poudre depro- jeciion , la fcience Hermétique. Le grand art a encore d'autres noms que lui donnent les prétendus Adeptes-, mais ceux qui le regardent comme illuloire , le nom- ment l'arr de travailler vainement pendant toute fa vie, & d'aller enfin mourir à l'hôpital. ART ANGÉLIQUE , ou ART DES ESPRITS. ArsAn- gelica. Moyen fuperltitieux d'apprendre tout ce que l'on veut lavoir par le moyen d'un Ange , ou plutôt d'un Démon. Voye\ Cardan , L. XVI , de Rerum variet. Se Thiers , Traité des fuperfiitions. ART NOTOIRE. Ars notoria. Manière fuperftitieufe d'acquérir leslciences parinfudon, en pratiquant cer- tains jeûnes, & faiiant certaines cérémonies , que les fourbes qui profelfent cet art , ont inventées. Voye:^ DhLKiOyDifquif Mag. P. II. Ceux qui font profellion dtl' art notoire alfurent que ce fut par ce moyen que Salomon acquit en une nuit toutes (es grandes connoif- fances. L'art notoire eft une curiofité aiminelle , 5? un pacte tacite avec le Démon , comme l'a montré Delrio , Difquif. Mag. P. II. La Sorboni^e condamna, en ijio, Vart notoire commz (uperftitieux, ART DE S. ANSELJtlE. Moyens (uperftitieux de guérir les plaies en touchant (eulement aux lir.ges qui ont été appliqués fur ces plaies. Delrio, dans lesDifquifi- tions magiques , dit , que quelques (oldats Italiens, qui font ce métier, en attribuent l'invention 'a.S.Anfel/ne; mais il alfure que c'eft une fuperftition inventée par Anfelme de Parme , fameux Magicien : aind c'eft de-là que lui vient Ion nom. ART DE S. PAUL. Autre art fuperftitieux , ou plutôt ART eCpccc d' jrrnotoire , ainli appelé, parce que ceux ciii le piaciquentjdilent qu'il huenlcignc pat: S. Paul 3.pti:s fon laviiremenr au rioiljcuie Ciel. |Cr ART MNÉMONIQUE. Science des moyens qui peuvent lervir pour peiicclioiiner la mémoire. Ces moyens font, ou des remèdes phylîques, que l'on croit propres à fortifier la malle du cenxau; ou de certaines figures ou Ichematiimes , qui font qu'une chofo le grave mieux dans la mémoire ; ou des mots techniques, qui rappellent facilement ce qu'on a appris ; ou enfin un certain arrangement logique des idces , en les pla- çant chacune de façon qu'elles fe luivent dans un ordre naturel. ^ ART POÉTIQUE. Fbyeç Poëtique. CCr ART MILITAIRE. Foyci Militaire. §3;- ART, ou ART A. Village de Suilîe, for le bord mé- ridional du lac de Zug, dtins le canton de Sewitz. §C? ARTA. Ville de Grèce, de la Turquie en Europe, dans la balle Albanie , & non pas dans la haute , comme le dit Corneille. QuelqucsHias l'ont prile pour l'Am- braccia des Latins ; mais ils le trompent. Foye^ M. Spon, Voyage du Levant. Maty écrit Larta. C'eftunc faute. ARTABE. f. f. Anahd. C'elt une ancienne mefore des Egyptiens, qui lelon Ihdorc, Orig. L. XFI. C. 2 f , contenoit 72 letiers. Papias , Fannius , S. Jérôme for Ifaïe, C. F,&c for Daniel, C. XL Palladius, c.76, & un manutcrit de la vie de S. Jean l'Aumônier que le P. Rolwcid avoit vu , diloient qu'elle contenoit trois bûilFcaux & un tiers de boilîeau. Quelques Au- teurs prétendent que c'étoit une m-jlure des Perles , parce que l'Auteur de la Vulgate s'en ell lervi dans Daniel, XI F., Jj&c qu'elle fut ainh appelce à'Ana- ia^e , fils de Pharacides, Général des Armées Perfanes, ou à'Arcabane , jîls d'Hiftalpe , & oncle paternel de Xerxès. Elle étoit, ajoutent-ils avec Hérodote, L. I , plus grande que \p Médimne attique de trois Chœnix. Mais on ne lait précifément ce qu'elle contenoit , & les Auteurs varient fort lur cela. Suidas dit que c'ctoit une melure des Médes, Ôc qu'elle étoit égale au Mé- dimne d'Athènes, qui contenoit lix boilFeaux romains. Hélychius & S. Epiphane dilent la même choie. Le Scholiafte d'Ariftophane dit que c'étoit une melure des Perles & des Egyptiens. Le P. Kirker (\; le P. Rolweid, Fita Patr. p. i 0 1 4 , après un Auteur grec cité par Agricola, dilent que c'étoit une melure d'Egypte qui contenoit cinq boilleaux, & que le boiireau d'Egypte, comme celui d'Italie , contenoit huit Chœnix. Pour accorder tous ces lentimens, le P. Kirker diftingue trois Artabes i l'une qui contenoit un Médimne attique , & fïx Chœnix; une autre qui ne contenoit qu'un Chœ- nix ; & une troilième qui étoit de cinq boilleaux. J^oye^ le P. Rofwcid à l'endroit cité, & le P. Kirker, dans fon Prodr. Copt. Le mot Artabe ell: un nom Perfan & Eg)'ptien , folon le Scholiafte d'Ariftophane. ARTAMÉNE. 1. m. Terme de Fleurifte. Efpèce d'crillet. C'eft un violet brun lur un fin blanc , gagné de l'orfo- , line. Il vient petit ; fa plante eft robufte , & les mar- cottes vigoureules. Traité des El. ARTANA. Bourg d'Efpagne. Onana. Il cftdans le rovau- me de Navarre, à cinq lieues de Pampelune. ARTEIL. 1. m. Terme d'Anatomie , qui le dit de tous les doigts du pied. Pedis di^itus. Le pouce, ou le gros .arteil, n'a que deux os; les quatre autres doigts, ou arteils , en ont chacun trois. On dit aujourd'hui ortcïl Voyez ce mot. Ce mot vient ^artkulus. ARTEMISIES. f. f. pi. Fêtes en l'honneur de Diane , que les Grecs nommoient Artemis , Anemïjïa. On célébroit ces fêtes en plulieurs endroits de la Grèce , fur-tout à Delphes. ARTÉMISIUS. 1. m. Nom d'un mois des anciens Grecs. Artemis. C'étoit le feptième mois de l'année chez les Macédoniens , en Afie , à Ephèle , à Pergame, 6' t. chez les Syro-Macédoniens , les Tyriens, les Sidonicns, les Lyciens. Chez les Lacédémoniens &: les Corcvréens c'étoit le fécond de l'année , & il répondoit à peu-près au mois de Février. Chez les autres peuples fulnom- ART j?!» mes , il répondoit au mois de Mai , de Juin , ou de Juillet, lelon qu'ils commençoient l'année. Foy . Dod- WEL, Z)e Cyc/. Gr&c. & Rom. Dijj\ FUI. ARTÉMON. f. m. Terme de Mécanique. Troifième inoufle, qui cfl au bas de la machine appelée do/v/^ /j.7/?Cj laquelle 1ère à élever les fardeaux, ^rre/wo/z. ARTÉMONIENS. f. m. pi. Nom que l'on donna .aux dikiples de 1 héréfiarque Artémon , qui s'éleva fur la fin du troilième fiècle , & qui , en niant la divinité de JÉsus-Christ , loutenoit qu'il n'avoit eu que de lé- gers avantages lur les Prophètes. fer ARTEN AY. Petite ville de France , dans la Beaulfe, à fix lieues d'Orléans , fur le chemin de Paris. ARTENNA. f. m. Nom d'un oifeau aquatique , qui a le pied comme le canard, qu'on appeloit autrefois Z'io- medca, parce qu'on le trouvoit dans les îles Diomé- déennes,quenous appelons aujourd'hui Tremui, Dict. DE James. ARTER. Vieux verbe. Arrêter. ARTÈRE, f. f. Terme d'Anatomie. C'efl: un canal élaf- tique du corps de l'animal, deftiné à recevoir le fang des ventricules du cœur, & à le diftribuer dans toutes les parties du corps , pour y entretenir la vie &: la cha- leur, & pour y porter la nourriture nécelfiire, d'où il eft enluite rep;is par les veines pour être reporté au cœur. Arteria. Les artères Se tous leurs rameaux font autant de cœurs prolongés qui lecondent l'action du premier. Acad. 1701. Hiji. p. ?o. Une dilatation ex- traordinaire d'artère s'appelle Anévrifme. Les artères font compolées de quatre membranes dures & Hexibles, qui font tiffues de fibres longues & annulaires , & de quelques branches de nerfs. Quelques-uns admettent cinq membranes; d'autres n'en admettent que deux. Il y a deux artères ^ la pulmonaire, qui porte le fang du ventricule droit du cœur dans le poumon, & que les Anciens appeloient veine'arte'rieufe ; & l'artère aorte, ou la grande artère , qui le porte du ventricule gauche dans toutes les parties du corps. Ces artères ont a leurs orifices de petites peaux, ou membranes qu'on nomme Falvules femi-lunaires ^owjîmoides ^ qui laillent bien lortir le lang des deux ventricules; mais elles empê- chent qu'il n'y revienne par le même endroit. Il n'v a que les veines qui le rapportent dans le cœur de toutes les parties où les artères l'avoient diflribué. On diffin- gue les artères des veines , en ce que les artères font plusépailfes, & qu'elles ontun battement continuel. Ce battement conlifte en deux mouvemens; celui de dilata- tion, ou de diaftule ; i\; celui de contraction, ou de fyf- tolc. Leca-ur a deux lemblables mouvcmens, mais ils fe font en Aqs temps diftérens ; c'eft-à dire , que lorfque le cœur le rellerre , les artères it dilatent; & lorlque le cœur le dilate , les artères fe rcirerrent. La di- latation des artères vient du lang , qui y entre avec force , &: la contraétion \icnt de la propre force, par laquelle le langpalle dans les veines. L'jr- tère aorte lortant du ventricule gauche du cœur le di- vile en deux gros troncs , le lupérieur ik l'inférieur. Le- lupéiieur , qui porte le lang à la tête, & aux autres parties fupérieures , fe divife en trois br.anches; la pre- mière eft la louclavicre droite, d'où \ iennent là caro- tide , la N'ertcbrale , la cervicale , l'axillaire du côté droit, &c. La leconde eft la carotide gauche. La troilième eft la foucl.avière gauche, qui produit la cervicale, la ver- tébrale, l'axillaire, &c. du côté gauche. De l'artère aorte inférieure , qui porte le fang aux parties inférieu- res, fortent la bronchiale, les intercoftales , la médiaf- tine, les phréniqiies , la cœliaque , les mélentériques, les rénales, les Ipermatiques , les iliaques, les hypo- gaftriques, la honteule , la crurale , 6c. Artère , fedit auiîîdu conduit qui va de la bouche aux poumons , qu'on appelle Apxe-artère , ou Trachée-i7r- rère. Spiritùs femita. Voyez TrachÉe-artÈre. ARTÉRIAQUE. adj. m. ^: f. Terme de Médecine. Ar- terïacus ,a, um. Les anciens Médecins nommoient ar- térïaques y les remèdes qu'ils ordonnoient pour l'en- rouement, & la diminution ou perte de la voix , & tous ceux qu'ils ordonnoient pour l'augmenter i?c la fortifier , en faveur des Crieurs publics , des Coiriédicns & des 5?é ART 'Orateurs, qui avoieiit fouveiit alors à parler dans des aflcmblces du peuple, en place publique , même en plein champ. Or ces Médecins comproienc tous que la voix étoit le fou de l'âpre artère, caries plus anciens Médecins ne connoiiroi<;nt point d'autre art-èri: ; ik c'eft pour cela qu'ils appeloient ces remèdes arUriaques. DoDAKT, Acad. des Se. lyoo. Mém. p. 26 g. ARTÉRIEL , ELLE, adj. Qui appartient à Tartère. Sang ancrïcL Le canal arurlcl du iœtus Ictt à décharger les poumons. DuvHRNEY, Acad. i épQ.Mém^pag. 2S4. Voyez Artérieux qui fait. ARTÉRIEUX , EUSE. adj. Qui appartient à l'artère. 5^«- guïs ancrias pcrmeans. Sang arcéricux 3 qui ell plein cfcfprits. Il elt mieux de dite fang artériel Autrefois on difoit aiterial , mais ce mot n'eft plus en ulage. Les Anciens appeloient le tuyau qui porte le fang du ven- tricule droit du cœur dans le poumon , veine arté- rieufe. C3n l'appelle à préfent l'artère pulmonaire , parce que c'eft une véritable attère , & qu'elle le dif- ttibue dans le poumon. IP^ ARTERIOGRAPHIE. Foye^ ArtÉrioiogie. ARTÉRIOLE. f. f. Terme d'Anatomie. Petite artère , artère capillaire. Aneriola , Arteria capillaris. Lorfque l'air s'échappe de l'eau qu'un poiffon a refpiréc , il va fc joindre au fang dans toutes les petites artér'wks des ouies. Acad. 1701. Hlfi. p. 4S. Parce qu'il y a peu d'air dans beaucoup d'eau , le nombre des artèrioles où il fe fubdivife , a dû ctre plus grand dans les ouïes des poilFons que dans les poumons vélîculaires des au très animaux. Ib. p. 4c. Après que le fang des artério- les àe.% ouies s'eft chargé d'air, il paile par la loi de la circulation dans toutes les petites veines qui leur ré- pondent. Ib. Un retardement de circulation dans les artères comme dans les artèrioles. Ib. §Cr ARTÈRIOLOGIE. f. f. Partie de la Médecine & de l'Anatomie qui traite des artères. Arteriolo^ia. ifT ARTÉRIO-PITUITEUX. adj. Nom donné par Ruyfch à certains vailleaux , qui rampent luivant la longueur des narines, tk. font de longues aréoles réti- culaires. ÀRTÉRIOTOMIE. f. f. TermedeChirurgie. C'eft l'ou- verture d'une artère qu'on tait avec la lancette. Fe/icf incijio. Cette opération ne ie pratique qu'aux temples, &: derrièie les oreilles, où on peut ailément fermer les artères , à caufe du crâne qui eft par deflous , qui fcrt de point d appui pour les comprimer \ ce qui ierou très- difficile ailleurs. ARTÉSIEN, ENNE. f. m. & f. Atrebas, Atrehatenfis. Peuple de l'Artois , habitans de l'Artois. Alexandre de Parme oppofa à ces lettres de l'Archiduc Matthias, des lettres du Roi Philippe II aux Artèficns, qu'il leur en- voya tout à propos. Du Ryer. Quand il s'agit des an- ciens Artéjlens j on dit les Atrébates. Les Atréhates , ou ceux d'Arias , envoyèrent ijooo hommes contre Célat. CORDEMOY. ffT ARTEZ. "Village de France, en Languedoc, fur le Tarn. Pluheuts en ont fait un Bourg. ARTHENAY. Bourg de Beauce , province de France. Arthenttum. Il eft a lix lieues au nord d'Orléans. ARTHÉTIQUE , ou ARTHRITIQUE, f. f. Plante mé- dicinale pour les maux articulaires, f^oye:^ Articu- laire & Vette. ARTHRITIQUE, adj. Articularis , e. On appelle Ma.- hidïcs arthritiques , celles qui attaquent les jointures, & qui tiennent de la goutte , en latin arthritis. Ses prin- cipales efpèces font la chiragre , qui attaque les mains; la podagre, qui vient aux pieds; la gonacre , qui le jette fur les genoux , la Iciatique , Ifchias ,qmocc\x^c la hanche. Arthritique eft formé du grec «pflfiTK, qui lignihe , maladie des articles j Ik qui vient de a^hp»^ jointure. tp3' On donne aulli le nom d'arthritiques aux médica- mens qu'on emploie contre ces maladies. Eau arthri- tique. Pilules arthritiques. (^ ARTHRODIE. Ay/c? Artroijie. ARTHY. Bourg de la Lagénie , province d'Irlande. Ar- thia. Il eft dans le compté de Kildare , entre le vjille de ce nom & celle de Caterlagh. IP" ARTIBONITE, ou HATTIBONITE. La plus lon- ART gue & la plus large rivière de l'île efpagnole. Elle prend fa fource dans les montagnes de Cibao, & fe décharge à la côte occidentale de i'ile entre Saint Marc & les Goi:iaives. ARTICHAUD, ou ARTICHAUT: on écrivoit autre- fois Artichault. 1. m. L'Académie a décidé pour arti- chaut ^ & au plur. artichauds. Carduus fativus ,fco- lïmus j cïnara. Ce mot fe prend tantôt pour le fruit d'une plante qui reiremble aux chardons , tantôt pour la plante même. Sa racine eft un pivot long d'un pied environ , couveit d'une écorce noirâtre , & garni de quelques fibres chevelues. Son collet qui le divile quel- quefois en pluiieurs œilletons , jette des feuilles lon- gues d'un pied ou deux , entières. Celles qui naiffenc enfuite font plus longues , découpées en pluiieurs feg- mens , qui (ont encore recoupés en des lanières étroi- tes, terminées dans quelqtics elpèces par un aiguillon roide, fin, & très-piquant. Ses feuilles font, pourl'or-' dinaire, couvertes d'un coton très-fin & blanchâtre. Là tige qui s'élève d'entre les feuilles eft ordinairement haute de deux à trois pieds , branchue quelquefois , &c terminée par une grofte tète en forme de pomme de pin, dont la baie eft ordinairement large de trois pou- ces. Cette tête eft compoléede plufieurs écailles poin-- tues appliquées les unes lur les autres , épailles à leur origine, charnues, &: bonnes à manger. Le milieu de cette tête eft rempli d une infinité de Hcurons bleus portés fur des embryons de graines, qni lont féparés les uns des autres par un poil court & blanchâtre , dont toute la couche du calice efthériffée. On diftmgueles artichauts en ceux qu'on cultive , & en lauvages. De ceux qu'on cultive, il y en a pluiieurs variés pat rap- port aux têtes, qui lont plus ou moins épineules , plus ou moins giuiles, rcuges ou vetdatres, & par rapport aux côtes des feuilles , qui font plus ou muins ten- dres, 6c que 1 on mange. On lie les feuilles d'artichauts y ëc on les environne de terre pour les faire blanchir , & les rendre tendres & propres à être apprêtées & mangées. On eftimc fut-tout l'elpèce qui nous vient d'Elpagne , qu'on appelle communément Cardon d'Ef- pagne j cinara fpincja eu] us pediculi ejîtantur : les autres efpèces de cardes d'artichautsnc font pas li ten- dres. On mange , lur-tout en hiver , ces fortes de car- des, quon fait cuire dans de l'eau, & qu'on allaifonnc eiiluite avec du jus, delà grailfe, eu du beurre, du poivre, du Ici, & un peu de vinaigre. Pour les têtes d'artichauts , on les mange crues, avec du poivre & du lel. En Languedoc & en Italie , on les fait cuire lut les charbons , & on y met un peu d'huile, du poi~ vrc &c du Ici , après les avoir nettoyés de cette bourre qui occupe le milieu de ces têtes. Ordinairement on les fait cuire à l'eau , & on les mange à la faulle blanche. L'artichaut demande à être bien fumé ; on croit même que Ion ncm latin vient de ce qu'on met quelquefois des cendres parmi le fumier dont on veut garnir fes pieds pour en augmenter la fécondité. On Cemci'arti- chaut. On voit dans prelque toutes les faifons à Paris des têtes d'artichaut. Lorlque leurs fleurs commencent à paroître, elles ne font plus li bonnes à manger , & leur chair eft remplie de pluiieurs fibres tiès-dures. Ce qu'on nomme en Languedoc la cardonnette^ eft une clpèce d'artichaut qui croit le long des chemins. Ses feuilles font plus petites, plus découpées & plus pi- quantes que celles de \ artichaut c\i\û\é. On ramalFe les fleurs de la cardonnette^ & on les fait lécher à l'ombre, pour s'en lervir à cailler le lait à la place de prclure. On appelle improprement dans quelques en- droits du royaume arr icA«zz/r lauvagc , la grande jou- barbe. Les artichauts (emxàti^Wentpzï: le moyen des œille- tons que chaque pied poufle d'ordinaire tous les ans au printemps autour de la vieille racine, & qu'il faut ôterdès qu'ils font allez forts , enfortc qu'on n'en laiiîc ■ à chaque pied que les trois meilleurs & les plus éloi- gnés. Pour les planter on fait communément de pe- tites folFes creufeS d un demi pied , éloignées de trois pieds l'une de l'autre, & remplies de terreau. On fait deux rangs drcirés au cordeau dans chaque plan- che, qui doitçtte large de quatre bons pieds , & fé- parce ART pnrée de la planche vcifine par un fenticr d'un bon pied. Ces {■oiics l^iit à demi pied du bord de la plan- che , & en échivjUier entrellcs. On mec deux aille- tons en ligne droite dans chaque clpace d'environ neuf à dix pouces. Il Faut renouveler les artichauts cc^usles trois ans au moins, leur couper les tcuilles a l'encrée de l'hiver , Ik. les couvrir de ^jrand fumier pendant tout le froid jutqu'à la hn de Mars. Il laut pour lors les découvrir & lesœilletonner, il lesœillerons ionr allez forts , ou attcndie i^u'ils le kicnt devenus au bL.ur d'environ trois lemaines, ou un mois. Chom. Artichaut à la poivrade ; c'eft un artichaut en état d'être r-nangé cru , avec du fel & du poivre. Artichauts frits. Artichauts h'icallés. Artichauts confits. Ceux-ci font des culs (\! artichauts qu'on met , après les avuu" fait bouillir allez pour ôter le foin, dans une laumure compolée d'eau bien falée , ou moitié eau & muitié vinaigre , & lur laquelle on met deux doigts d'huile , ou du beurre , qui ne (oit guère chaud. On mange auUi les cardes ^artichauts , apprêtées de cette mamèie. Chomel, Diclionnaire Economique. Les artichauts font apéritifs & cordiaux; ils lèvent les obftiuctions ; ils nourrilfent beaucoup -, ils puri- fient la nialfe du fang. Lemery. Les artichauts crus font venteux , & le digèrent difficilement. Au con- traire, les (zrf/cAiZi^rj- cuits fe digèrent facilement, & ne caulent aucun mau/ais effet. Les artichauts con- tiennent beaucoup d huile & de Ici elFenticl. Lts arti- chauts conviennent aux vieillards , & a ceux qui font d'un tempérament flegmatique & mélancolique. ^3" ARTICLE. f. vn.Articulus,À'n-ninvnûâie.urtus, mem- bre. Dans le lens propre on entend ^xî article les join- tures des os du corps des animaux , unies de ditfé- rentcs manières , & lelon les divers mcuvemcns qui leur font propres. Ce mot eft fynonyme à articulation. On appelle aullî articles les chofcs uicmes qui lont jointes. Chaque partie dont un doigt eft compolé , eft un article. Mais en ce lens article n'eft pas li ulitc que jointure. §Cr Par métaphore & par cxtenfion , on a donné divers fens à ce mot. ^CT En Peinture , comme en anatomie , article fignifie les jointures ou articulations dti corps. ^CJ" Article , lignifie encore en Peinture un très petit contour que l'on appelle aulli temps. Ces articles ne font pas allez prononcés, pour dire, delîinés d'une ma- nière bien marquée. '' Article , lignifie aulîî une petite partie , ou divi- iîon d'un difcours, d'un écrit, d un mémoire. Ccput. Saint Thomas divile la (omme enplulitursqueftions, & chaque queftion en plulieurs articles. Ce compte contient plulieurs articles en chaque chapitre de re- cette & de dépenfe. Ce mémoire de hais contenoit deux cens articles. Il faut accoler enlemble ces trois articles. Article, fe dit aulTi des claufes Se conventions des Traités & des Jugemens lur lel^jUcls il le lait des conteftations , & des délibérations. On eft déjà con- venu de tant d'articles du Traité de paix , des arti- cles de la capitulation. On a déjà jugé trois articles de ce procès. On a donné des articles de mariage ; ëc on dit ablolument , figner des articles ; pour due, ligner un contrat de mariage. On peut faire interro- ger fa partie fur faits & articles qu'on lui lignifie. Article de foi. C'eft une vérité qu'on eft obligé de croire , parce qu elle eft révélée de Dieu , & recon- nue telle par l'Eglilc. Les articles controverfés font ceux qui lont combattus par les hérétirucs. Article, fignifie auiUune chofe pa»Ticulière. On lui a donné un habit , &: il demande encore un maïucnii; c'eft un autre article. fCF C'eft une chofe toute dif- férente : tout fon bien confifte en un article j en une mailon. l'Article de la mort , eft l'agonie , le temps en on eft près de mourir. Cet homme a t ut cor.fclfé à l'article de la mort. N'attendez pas a vous repentir à l'article de la mort. Article , en termes d'Arithmétinne , c'- ft dix, &: tmt autre nombre qui peut être diviféxndix, comme lo. Tome I. Art 5r37 30, 40. On appelle aullî quelquefois ces r.cnbics. Décades j Si quelquefois Nomh es ronds. Karris. Article , en teiiv.cs de Grammaire , eft une paiticule. qui précède ordinairement les lu ins api.ellatits. Ces paititules lont le pour le malculm , <^- ia peur le fémi- nin dans le lingulier, (k les pour le mafcuhn & pt ur le féminin dans le pluriel. Les Latins nont peint d'ar- ticle. Mais les Grecs , ^c preli.,ue toutes les lar,gaes vivantes ont inventé ces particules^ ou cniclcs ptur* dv.tciniiner la lignification vague des ncms ccn.Ujuns McJJire , Monfeigneur y Maître , Saint J, Sainte , Dieu. Mais d les noms pro- pres ne font pas regardés comme propres, mais comme pouvant convenir à plufieurs objets , alors ils reçoi- vent l'article défini. Exemple , le Dieu des miféricor- des , le Socrate d'Athènes, le mercredi - Saint , la. Flandrc-Francoife. On met aulli l'article défini avec les noms propres lorfqu'ils leMir ari pluriel , ô»: qu'ils expriment toute une efpèce d'objets Icmblables, comme les Demofihènes , les Cicérons , &c. Les noms pro- pres de provinces , ou de royaumes , excepté quel- ques-uns , qui tirent leur nom de leur capitale , comme Faïence , èc ceux de quelques îles, comme Candie ^ qui piennent l'article défini au premiet cas ; ils le gar- dent aulîi aux autres, lorlque les mots avec quoi ils font joints, ne fignifient point à l'égard de ces lieux là demeure, venue, ou /o/r/'ei ainfi en dit, la politeffe de la France , mais il faut dire , partir de France , lorric d'Allemarne. On met l'article indéfini du génitif aux noms de provinces , ou de rovaumes , quand us fervent à diftinguer un nom lubftantil- cni les précè- de i comme Roi de France j vin de Chiwpqcne , gouverneur de Picardie. L'article indéfini le met avec les noms de nombre abfolu , un, d tu x 3 Sic. pourvu qu'ils ne fe rapportent pas eux - mêmes à un^ j 3 3 ART ïiom déterminé 5c défini ; car alors on met ['arâcle daini ; ainfi quoiqu'on dite , à un loldac , de deux Piiii&fophes , on doit dire aux dou~t: Apôtres , &c. L'adverbe beaucoup veut un anicle ind-fini; mais il faut un article défini avec l'adverbe bien pris pour beaucoup. Exemple, beaucoup dt peine ^ à'argem, •&C. bien de la peine , bien de l'argent j &:c. On met l'article indéfini devant un nom pris en un temps indéfini , & régi au génitif par un nom , ou par un verbe, comme ulcr de finejje ^ vivre d'ind::]- itie , joueur de luth , ôzc. Mais les verbes qui mar- quent quelque mouvement du corps lur un inlîru- ment matériel, veulent après eux l'article défini ; par exemple , Frapper de l'épée j jouer du luth , les Ingénieurs qui ont celui de faire faire les ponts fur les rivières, & de tracer les batteries & autres ouvrages que l'on tait d'ordinaire dans les ficges; 6", les Connétables qui onc l'ordre, au défaut des Ingénieurs, de tracer les batte- ries & fournir les canoniers de poudre , balles , lanter- nes, & généralement de tout ce qui efl nécellaire puuï • charger l'artillerie; 7°, les Capitaines ou gardes desma- gafins , qui tiennent regiffre de toutes les munitions qu'ils reçoivent & qu'ils tirent de leurs ipagafins; S°, les Gentilshommes d'artillerie qui omh charge de garder les pièces, & d'empccher qu'elles ne loient gâtées: ils hâtent les canoniers , pour faire tirer les coups fuivanc la diligence requife ; 9°, les Canoniers qui mettent le feu, &: chargent l'artillerie; 10°, les Valets d'i7m//e;vVj qui apportent Se préparent tout ce qu'il faut pour char- ger l'izrri/Zt^rie & faire leur plate-forme; 11", les Mi- neurs , qui ont un Commandant qui s'appelle Capitaine des Mineurs , qui leur donne la façon de faire toutes for- tes de fourneaux, & de bien conduire les mines; 1 2°,les Ingénieurs qui chargent les bombes, grenades, pots à feu; 13", les Pétardiers, qui chargent les pétards, & qui les appliquent aux porres pour les ronipre Se don- ner palîage; 14°, les Pionniers, qui remplillentleschcT mins & fortifient les batteries d'un folfe. Quant au rcfte des Officiers d'artillerie j ce font les Aumôniers , le Pré- vôt & le Chirurgien. De la Fontaine. §0° Artillerie, fe prend quelquefois pour le corps des Officiers qui fervent à l'artillerie. Toute l'artillerie fe plaignoir. Être de l artillerie y dans l'artillerie. Notre artillerie foutfrit beaucoup dans telle occallon. Artillerie, f". f. On appelle un canon une pièce d'artil- lerie. On battit la place avec cent pièces d'artillerie. AcAD. Fr. Artillerie, f. f. Royal-artillerie eft le nom d'un régi- ment françois. C'eft ce régiment à qui eft confié l'ar- tillerie : il eftadfuellement de cinq bataillons, compo- fés de foldats tous fantaflins, canoniers , bombardiers , travailleurs, ouvriers en fer, en pierre & en bois. Cha- que bataillon eft de huit compagnies de cent hommes chacune. C'eft le premier régiment qu'on ait armé de bayonettes outre l'épée. Le régiment des Bombardiers lui a éré incorporé. ARTILLEUR , ou NETTOYEUR D'ARMES, f. m. Un leul particulier a le titre d'artilleur Se de nettoyeur d'armes. Il a été établi dans le duché d'Orléans.Le Grand- Maître le nomme au Roi , qui lui donne des provifions. 542. ART Il a quelques S^ges, qui fe paient par l'ordinaire d'Or- Jeans ; ëc'd jouit de quelques exemptions & privilèges, ik d'un logement. Cette charge tombe dans le calutl du grand-Maitrc de l'ariilleiie. 0Cr Artilleur, f. m. Celui qui fert dans rartillerie , à l'artillerie , dit l'Académie Françoile , Officier quelcon- que attaché au corps de l'artillerie. Ce mot, quoique nouveau, eft luffilamment établi. On le dit aulli des Auteurs qui ont écrit fur l'artillerie. ARTILLEUX. EUSE. adj. Vreux mot. Fin, rufé, arti- ficieux. Elle eft hardie & artilleufe, Ec trop en ire ftudieufe. ARTILLIER. f.m. Ouvrier qui travaille à l'artillerie; com- me fondeur, canonier. Il y atruis izm/AeAj qui manient le canon. ARTImON. f. m. Terme de Marine. C'eft le mât d'un na- vire, qui cille plus pris vers lapoupe, &i qui porte or- dinairement une voile latine. Acatium , vélum pof- tenus. On l'appelle autrement mât de foule, ou le mât de l'arrière , ou de la poupe. La vergue d'artimon cil toujours couchée de biais fur le mât, ëc ne le traverie point à angics droits, comme tous les autres. Le mât d'artimon n'a qu une briiure , ôc ne porte point de per- roquet. Ce mot vient du grec à'f t/^m. , qui ne (e prenoit pour- tant pas en la même lignification que nous le prenons aujourd'hui. C'eft ce que l'on peut voir dans Javole- luis, qui louticnt après Labeon dans la loi Malum -, Dig. deverhorumfignificationc -, qu'artimon n'eftpoir^t une partie intégrante duvailïeau; ce qu'il n'eût pas du s'il l'eût pris pour un mât. On n'entendoit donc autre choie par le mot d' artimon j, qu'une machine ou pou- lie qui iervoit à tirer dans le vailleau, ou à décharger les gros fardeaux, ou à rouler le cable. C'eft ce qu'on appelle aujourd hui le Cabefïan. ARTISAN, f. m. Ouvrier qui travaille aux arts méca- niques , qui luppolent moins d'intelligence , comirke Cordonnier, Serrurier, Menuiiier, Chapelier, en quoi il diffère d'artifte, &c. Artifex j Opifex. Artifan en ce Icns n'a point de régime. On dit , un pauvre artifan , un vil artifan, un habile artifant. On le difoit aulii par extenlion d'un excellent ouvrier dans les arts hbe- raux. Les artijans aulîi-bien que les marchands, cnt leur part aux Sciences. Benoit Baudouin, natif d'A- miens , très-habile Théologien, fils de cordonnier, ibv cordonnier lui-mcmc, dans la boutique de ion père, a fait entre autres orrvrages un lavant Traité, De cal- ceo antiquo & myftico , pour faire honneur à Ion pre- mier métier. Jean-Baptiftc G allô, cordonnier à Florence, nous a donné de beaux ouvrages en la langue , fur-touc des Dialogues à l'imitation de Lucien. 'Volfang Mulcu- lus faifoit le métier de tilleran pour vivre dans les étu- des. M. le Févrc, favant Aftronôme de l'Oblervatoire de Paris , étoit un tiireran à Lilieux. Nicolas Bourdon , Joëte latin, étoit fils d'un forgeron|»&; avoir loufflé à la forge de fon pcre. De Vign. Mar. Artisan, fe dit figurément pour auteur d'une chofe. Cet homme eft \' artifan de fa fortun»; pour dire, qu'il le l'eft procurée à lui-mcrne , qu'il n'en a cbhgation à per- lonne. Il y a quelque chofe de plus doux à être \' arti- fan de la propre grandeur, & à ne devoir rien qu'a loi-même. M. Scud. Il donne du courage à tous les ar- tifans de fa gloire. Balz. Q\^\ artifan de la volupré, Ablanc. On dit aulH, cet homme eft un grand ar- - tijan de fourbes & de calomnies. On dit par cxccl- ■ lence , que l'Auteur de la nature eft un merveilleux , artifan. Artilan de ton fuppUce , N'accufe que ta malice , De l'excès de ton malheur. Aaoti. Odefurl'Enf. ARTISANNE. f. f. Ce mot n'eft pas ufité au propre , il faut dire , femme d'un art fan. On le dit, mais mal, - en- certains lieux. C'eft une bonne artifanne ■ pour . dire , qui ïll à Ion aile, | ART ^CT Artis ANE , fe di au figuré, ik fignifie celle qui fait une choie, qui en cil la caulc. La lagclle eft l'ouvrière l\: \' artifanne de toutes choies. Cost. Ce mot ne me plaît pas plus dans le lens figuré que dans le fcns pro- pre, ik nos Ecrivains ne s'en lervent point. Les Voca- buliftes remarquent que ce mot ne le trouve point dans le DicT. DE l'Acad. Fr. Pauvre railon! Notre langue le trouveroit bien appauvrie , s'il en falloir bannir tous les mots qui ne le trouvent pas dans ce Diciionnaire. ARTISCUS. 1. m. Ce mot qui vient d' afTos , pain, li- gnifie un trochitque d'une matière ou d'une autre , parce que les trochilques ont ordinairement la forme d'un petit pain: mais dans im lens plus reftreint, ar- 'tifci lignifie des trochifques faits de chair de vipère. DicT. DE James. ARTISIEN. f. m. 'Vieux mot. Artifan. ARTISINO, ou ARTICINA. Montagne de Sicile. Ar- ticina. Elle cil: vers le milieu de l'île , dans la vallée de Noto, amvoihnage de celles de Démona & de Ma- zara. Elle eft extrêmement haute. ARTISON, ou ARTLSON, ARTOISON , ARTE. f. m. Petit ver qui s'engendre dans le bois, &: qui le perce avec Ion bec, comme avec un foi et. Blatta , cojfus. ARTISONNÉ, ou ARTUSONNÉ. adj. On le dit du bois où il y a pluficurs petits trous de vers : en quel- ques endroits on dit , Artuifonne , parce qu'on appelle artuis les vers qui le rongent , ou les trous qu'ils y font. §3" ARTISTE, f. m. Celui qui travaille dans un.artoù le génie & la m;iin doivent concourir i celui qui excelle dans les Arts mécaniques qui luppolent de l'intelli- gence. On dit d un bon Cordonnier que c eft un bon artifan; & d un habile Horloger , que c'eft un grand artifte. Artificiofus. Les Peintres , les Sculpteurs , les Architeéles , (St. lont des artiftcs. 'Voyez Arts li- béraux. ICF Quelques-uns de nos Diélionnariftes font du mot artifte un adjcclif qu'ils appliquent également à l'ou- vrier qui travaille avec art, & à la choie qui eft bien travaillée. Cette montre vient d'un lavant artifte. Cette montre eft: fort artifte. Je ne voudrois me fervir de ce mot, comme adjectif, que d'après de bons Ecrivains : & je n'en connois point. |CJ" Le P. le Moine tait du mot artifte un fubftantif fé- minin en appelant les abeilles , les artiftcs filles du ciel. Perlonne ne l'a dit après lui. ifJ" Artiste, fe difoit autrelois plus particulièrement de ceux qui faifoient les opérations chimiques. Il faut être un grand artifte pour préparer les minéraux, afin qu'ils ne loicnt point iiuihbles. Raymond LuUe, Para- celle , Arnaud de Villeneuve, ont été de lavans ar- tiftes. ifT Artiste, fe dit encore aujourd hui de ceux qui en- tendent très-bien la partie pratique d'une Iciencc. On dit d'un Chimifte qui exécute adroitement les procé- dés que d'autres ont inventés, que c'eft un bon artifte. Alors le mot artifte qui eft toujours un éloge dans le premier cas , eft prelque un reproche de ne polléder que la partie lubalterne de la profeilion. Encyc. ÇO" Artiste , le dit aulîî dans les Univeilités de celui qui a étudié les Arts libéraux. On trouve dans la mau- vailc latinité Artifta , Artifte ; pour dire , Doèleur ès- Arts , comme ûfcTrÊ'r//?iZj pour DoOleuren Droit Canon. ifT ARTISTEMENT. adv. Avec art &i induftrie.^m- ficiosè. Cet ouvrage eft fait, travaillé artiftement. Af- jahrè faclus. Ce globe a été travaillé fort artiftement. Pourquoi nier que les bêtes loient des machines, puil- qu'on ne peut douter que Dieu n'ait pu tabriquer un ouvrage aulli artiftement compote? P. Dan. ARTOIS. Atrebates. Pagus Atrebatenfts. L'on trouve fouvent Adartenfts Pagus. Dans la divifion que Louis le Débonnaire fit de fes royaumes entre les fils , il l'ap- pelle Pagus Adcrtcnfis. On trouve Adertifus dans les Capitulaires de Charles le Chauve , & Territorium Adartenfe dans Uluard. Les Modernes l'appellent ^'5'r- tefia. Province des Pavs-bas Catholiques, qui a au le- vant le Cambrefis & le Hainaut, la Flandre au nord , la Picardie au couchant & au midi. \^ Artois eft fer- tile en blés & en pâturages. C'étoit autrefois le pays ART des anciens Âtrel>atcsj dont Icncima fot'mc celui d'^r- rois. U Artois fut icjaic de la couronne par Charles le Chauve, qui le dcuiia peur doC à la hiic Judith, ma- ricc a Baudouin, Ccnicc de I lanHre. Il y lut rcuni par le mariage de Pliilippe Augulte svcc Habeile de i .ai- Jiaut, fille de Baudvicin VI. Ce fut alors que VAriois tut érigé en Comté , & le Roi en fit le Prince Louis ion fils le premier Comte. P. Dam. Par la paix des Py- rénées, l'Artois fut ccdé aux François, à la rélcrve des villes d'Aire & de S. Orner , que la France prit enfuite , &qui lui furent cédées c:ir la paix de Nimégue. ARTOLÂTRE. f. m. .Sj t. Adurattur du pain. Si l'O- rient avoit toujours cru que l'invocaticn pcil^iricurc aux paroles de Jésus-Christ cif cllenticiie à la forme de l'EucharJlfie, au jugement de cette grande Eghle, les Latins leroientdes idclatres ou des artciàtrcs y pui(- qu'ils adorent immédiatement après la prononciation des paroles de Jésus-Christ. Mém. ic Trcv. De àfToî, punis, & AalftKM, religiûsè cola. ARTOLITHOS. f. m. Pierre crcnfe de la nature de l'é- ponge, imitant un pain rond, d'où lui vient fon nom. ARTOiMA&AN. Ile de l'Occan orientai, qu'on appelle aulli Oramagan. Anomagana j Oramagana. C'eil une des lies des Larrons , par laquelle les Efpagnols pren- nent leur route quand ils vont du Mexique aux Phi- lippines. Elle eft prelque au milieu de toutes les autres lies àz% Larrons. ARTOMELL i. m. Catapilafme fait avec du pain é^^: du miel. D'à'fTOî , pain, 6c /f-=A(, miei. ARTONE. Abbaye de France. Arcona. Elle eft dans le territoire de Duxo, au pays d'Auribat, en Gai cogne. ARTONGATE. f. f. Nom de femme , Eartougota , Eortongoda.. Ertongote, que nous appelons vulgaire- ment Sainte Artongate, étoit fille du pieux Ercomberc Roi de Kent. Baill. tir ARTONNE. Petite ville de France, dans la bailc Auvergne , fur la rivière dp Morges. ARTOTYRITE. f. m. & h Artotyrue. Nom de fede. Les Artotyrites étoient une branche des iMontanilles , qui parut au IF ficcle, & infeéla lur tout la Galatie. Les Artotyrites le lervoiciit pourPEuchariftiede pain ou de Iromage, ou peut-être de pain mêlé & pétri avec du iromage. Leur railon étoit , eue les premiers hom- mes avoient ofieit à Dieu , non feulement des fruits de la terre , mais auili de ceux de leurs brebis. C'cft de la, félon la remarque de S. Auguftin, que leur vint leur nom , qui eft grec, & compclé d'ofr« , paiti j & de iijpt! , fromage. Voyez S. Epiphane , hér. ^S , jç. S. Aug. hcr. j ç. Baron, à l'an 175. %fJ ARTRE. Oileau. Voyei^ Martin-pêcheur. ARTROpiE. f. f. Artrodia. Terme d'Anatomie. C'eft une eipèce d'articulation d'os dans laquelle une cavité luperhcielle reçoit une tète plate. L'articulation de la tête de l'os du bras avec la cavité de l'omoplate s'ap- pelle anrodie. AiiTRON. i. m. Terme d'Anatomie. C'eft une jon£tion naturelle d'os , dans laquelle les bouts des deux os s'entre-touchent. Il y en a deux elpèccs, la diarthrole & la fynarthroic. Ce mot oc le précédent viennent du grec «fS^o», cr- ticlc ■ ainh il leroit mieux d'écrire Arihron & Arthro- die j mais l'ufage prévaut . ^ nos Anatomiftcs l'écrivent comme on fait ici. ARTROSE , ou plutôt ARTHROSE, f f Terme d'A- natomie, qui eft grec, ^fV"'^"^ itl'-gr.ihe, articulation. Voyez ce mot. ARTUS. f. m. Nom d'homme. Il y a eu un Roi Anus qui a régné en Angleterre. Il étoit brave & vaillant: il fut tué dans une bataille par les Saxons. C'eit le Roi Artus qui a établi les Chevaliers de la table rende. Quelcues-uns difent ARTUR , & d'autres ARTFîUS, ou ARTHUR. Artus, l. m. Nom d'une île. Arturii infula , Arturias. C'eft une des Sorlingues , iituées au midi de l'Irlande. ARTZBOURG. Bourg de Bavière, en Allemagne. ^Vr:;;- burgum. Il eft fur le Danube au-dcffous d'Ingollfad , & il a une Abbaye. ARTZIBURE. f. m. Nom que les Grecs donnent au premier carême des Arméniens, qui eft de cinq jours. A RU 5'4j & que les Arméniens appellent Surpefcckifi-hax. An- \iburus j Jéjunum dtcrum quinque apud Armcnios. Les Arméniens appellent ce carcme le jeune de S.Ser- giusj, ou des Ninivites 3 ou de Jonas. Le nom d'Art- ^ilure eft une pure calomnie , que les Grecs qui font ennemis irréconciliables des Arméniens , ont inventée. Il n'y a que les Evcques , les Prêtres & les Religieux qui iachent la lignification de ce mot d'An^ilue • le peuple ne iauroit ce qu'on lui voudroit dire , fi en lui parloir du carême d'Art^ilure. Ce mot d'Art^ikureCi- gnifie Précurfeur, ou Avant-coureur j qui annonce une choie prête a arriver. Les Grecs prétendent que c'étoit le nom du chien de Ihcréliarque Sergius, dont les Ar- méniens ont été les dilciplcs, & que ce chien futainii nommé, parce qu'il avoit accoutumé de courir devant cet héréliarque , & avertiiloit par ce moyen que fon maître étoit proche, afin qu'on le vint recevoir. Ce chien le perdit un jour dans un bois, & Sergius s'étant mis en chemin le lendemain à (on ordinaire pour aller au lieu où il l'avoir envoyé, il fut furpris de ce que perlonne r.e venoit au-devant de lui ; mais lâchant qu Art^ilure n'étoit point venu , il le douta que quel- que loup l'avoit mangé dans le bois, ce qui fe trouva vrai. L'aftliétion qu'il en eut fut ii grande , à ce que prétendent les Grecs, qu'il ordonna un jeinie général, qui le devoit renouveler tous les ans durant toute une (emai- ne. Les Arméniens ne regardent cette lable que comme une impofture inventée par les Grecs , à caufe qu'ils obtervent ce jeûne en mémoire de Saint Sergius mar- tyr, qui étoit Grec, & que les Grecs ne veulent point leconnoitre pour tel , dilant qu'un Grec qui s'étoit mis au iervice des Arméniens, ne pouvoir pas être faint, ni avoir remporcé la couronne du martyre , & qu'ainfi ils n'ont inventé la fable du chien de Ihéréfiarque Ser- gius , que pour rendre ce jeiîne odieux. P. Helyot , T. I. p. j 00 & 101. Voyez le Typique des Grecs , le Glolîaire de Meurlius, J. Galp. Suicer. dans fon Tré- for Eccléliaftique , & L. Allatius. De Dominicis & Hehdomadibus Crscorum , Seci. S. A R U. ARU. Petite rivière du comté de SulT'ex, en Angleterre. Elle palle à Arundel, qui en a pris (on nom, & va en- (uite le jeter dans la mer de Bretagne. Aru. Ville de l'île de bnmMïa.. Arus , Arum. Elle eft fin- ie détroit de Malaca , vis-à-vis la ville de ce nom. Aru donne (on nom à un royaume dont elle eft capitale , & à quelques petites lies voidnes. Il y a encore une de d' Aru parmi les Moluques, dans l'Gcean Indien. Elle eft au midi de la Terre des Pa- pous. Elle donne (on nom aux îles dAru, qui. (ont de petites lies autour de celle-ci. ARVA, ARAVA, AKWA , ARCWA. Petite ville de la haute Flongrie. Arva, Arava. Elle ell: (ur une monta- gne au pied du mont Krapacz. C'eft la capitale du comté dArva _, petite province qui a le comté de Tian(- chin au couchant, celui de Lipelcau levant, au mid; le Wan, qui la (épare du comte de Tuto(c, comme les monts Krapacz la (eparent de la Pologne du côté du nord. Il ell; prefque tout dans les montagnes. ARVALE. f m. Arvalis. Celui qui failoit autrefois à Rome les facrifices Ambarvales qui s'ofFroient à Bac- chus & à Cérès pour la proipérité des biens de la terre; c'eft- à-dire , des blés & des vignes. Les Arvales étoient douze, tous gens des plus diftingués de Rome, & s'ap- peloient Frères Arvales , en latin Fratres Arvales , ou \e Collège des Frères Arvales , en latin, CoUegium Fratrum Arvalium. Us furent inftitués par Romulus , qui (e mit lui-même du nombre. La marque de leur dignité étoit une couronne d'épis , liée d'un ruban blanc. Ce fut là, félon Pline, Ziv. x8 , ch. 2 , la pre- mière couronne en uiage à Rome. On dit que les bor- nes des champs étoient auffi deleur rcftort; maisTur- nébe n'en convient pas. Adv. L. XXL C. i. Le nom Arvalc eft latin , dérivé de Afvum , qui fignifie un Champ. Phne les îi^^eWeArvorum Sacerdotes ,Vvhïes des CKamps. Fulgencc , dans fon Lï\ie,De prifco Ser- mone j explique plus diftinélement l'origine de ces AR V 544 Prcties. Il dit qu'Acca Laurentia , ncunice de Romu- lus , avoir coutume de fauc tous les ans un lacnhcc pour les champs-, quelle avoir douze fils qu'elle failoit niatchei: dcs-ant elle dans ce lacnfice ; que l'un des douze étant moït, Romulus en tavcut de la nouirice, promit de prendre la place & le nom de Frère. Il cite fur cela Kutilius Geminus dans les livres Pontifi- caux. Fline indique la mcme choie, en diiant que Ro- mulus inftitua les Prêtres des Champs , à 1 exemple d'Acca Laurentia la nourrice. Il Icmble que l'analogie de la langue demanderoit'que nous dilîîons ^rvai/.\; au pluriel ; mais dans ces mots latins , lur lelquels lulage n'a rien prononcé , nos Auteurs retiennent la forme latine. ARUBOTH. Contrée qui étoit du royaume de Salomon, & où il avoir un gouverneur. Aruhoth. Ce gouverne- ment comprenoit encore Sccho & la terre d'Epher ou d'Orpher. Ainii il faut c\v\ Aruhoth lût une contrée voi- fme de ces deux lieux. S. Jérôme dit que c'étoient les campagnes de Moab , dont la tribu de Ruben fut mile en pollellion. Ce mot eft hébreu , & fignifie embûches, ou cavernes , grottes, ^'ctoix. àôwc (ans doute une con- trée pleine de grottes & d'antres , propre a rendre des embûches, & à ctre une retraite de voleurs. ARVE. Riviè.e de Savoie. Arva. Elle foit de la monta- gne appelée Maudite , 1 une des glaciales, qui (ont tou- jours Couvertes de neige. Elle arrole Cluie & Boncou- ville, & ie décharge dans le Khône, à un lieu appelé la Queue d'Arva, un peu au-dcllous de Genève. On dit que l'on trouvoit autrefois de l'or dans l'Arve. ARUERIS. f. m. Selon la tradition Egyptienne, étoit fils d'Ifis Si d'Ofiris, mais d'une façon fort fmgu hère i car fon père & (a mère , qui avoient été conçus dans le même fein , s'étoient mariés dans le venrre de leur mère, & Ilis, en nailîltnt , étoit déjà groile d'Arueris. Cet Arueris fut, ditllutarque , le modèle de l'Apollon des Grecs. 'AR VERNE , ou ARVERNIEN , ENNE. Foyei Av- VERGNE & Auvergnat. ARVERT. Bcurg de Saintonge, en France. Arverta. il eft près de la côte vis-à-vis de 1 ile d'Oléron , dans la forêt d'Arvert , qui eft une petite pref:,u'ile , formée par la rivière de Savion ou de Seudre , & la Gironne. ARVICITO. Bourg de la Calabre ultérieure , au royaume de Naples. Arvicitum. Ueft (ur la côte orientale, entre le cap de Stilo & la ville de Caifel "Vetere. AliVM. f. m. Plante. Sa tige s'élève peu. Ses feuilles ref- femblent a la lerpentine , dont elle a les propriétés. Sa graine eft aulfi jaune que le (afran. Le R. P. Plumier, dans les Fiantes de l'Amérique, /». ^o & fuir, difdn- gue fix efpèces A' arum. L'Arum montant , à grandes feuilles percées. Arum hederaceum amplis foliis perforatis , s'attache contre le tronc des arbres , de la même façon que nos lierres. Sa tige , qui monte en (crpentant , a un peu plus d'un pouce de grolleur, & paroit comme écaillée, à caule des marques des feuilles qui en font tombées : elle eft un peu ridée ; fon fond eft de couleur de cendre , & les marques des feuilles font vertes & picotées de quan- tité de petits points plus foncés : elle jette de parr & d'autre quantité déracines, qui s'attachent aux troncs des arbres. La plupart de ces racines font fort menues &c courtes : quelques autres font-fort longues, & un peu plus épailles qu'une plume à écrire : elles font roulFes , fort fouples , & fort adhérentes aux troncs des atbres. La fubftance intérieure de cette tige eft fort blanche, charnue , & mêlée de fibres. Elle poulfe des feuilles alternarivement fort proches les unes des au- tres , lui-tout vers le haut , d'environ un pied & demi de longueur, & de neuf à dix pouces de largeur; elles font prelque pointues au bout , & arrondies vers le pé- dicule , qui a environ un pied de long , & qui eft gros comme le petit doigt, cannelé depuis le milieu juf- qu'au bas, mais arrondi dans le relfe , &: un peu tu- méfié dans l'endroit où il s'insère dans la feuille. Ces feuilles font Uires&mcmbraneufes, tendres , d'un vert fort agréable , plus clair par-delfus que par-deftbus. Dans le deifous de la feuille on remarnue pluficurs «ôces obliques & élevées. H y a une grandefeute dam AR V l'efpace compris entre deux de ces côtes, qui relTcmble en quelque façon a une plaie ouverte , &: rebordee en dedans; 6c toute la feuille a quelque apparence d'un malque aÙez v^rotelcue. Il fort du lein des feuilles lu- pciieures une elpèce d enveloppe , qui eft une feuille un peu plus epaiile que les autres , 11 eft à quelques lieues au midi de Bonn. A R Y, ARYE, ou AYMURE, ouGAYMURE.f. m. & f. Nom de peuple. A rus j a. Aymurus ., Gaymurus , a. Les Ar\es , ou Aymures , lont un peuple du Bréfil, qui habite un pays voilin du gouvernement de Porto Se- guio. ARYT/ENOIDE. adj. Terme d'Anatomie. C'eft une épithète que donnent les Médecins à un des cartilages du larynx, qui forme une efpèce d'anche, comme celle des tlutes & des orguec. Elle Icrt a rendre la voix plus aiguë ou plus grave. Scarytdnoidcs .3 canilago fcari- tana. Ce mot vient à! arytana , qui fignifie le bec d'une éguièrc , parce que ce cartilage lui rellcmble. ARYTyENOÏDIEN. adj. Terme d Anatomie,quiledic de deux petits mulcles qu'on nomme Antenoïdiens j parce qu ils prennent leur origine de la partie pofté- rieure du ca.m\:ii^e ary tenoïde j, & s'infèrent oblique- ment au même cartilage pour le relTerrer. Scaritenoides. Ce? On l'emploie aulli lubftantivement. Les Arytenoï- diens. ARYT^NOËPIGLOTTIQUE. adj. m. & f. Terme d'A- natomie , qui le dit de quelques mulcles du larynx. Arytétnoepiglotticus ,a, um. Ce lont des petits fail- ceaux charnus, qui lont chacun attachés par une ex- trémité à la tête d'un des cartilages aritœnoides , 8c par l'autre extrémité au bord voilin de l'épiglotte. WiNSLOW. ÇCF Ce mot eftaulll employé comme fubftantif. m. pi. CCFARYTHMES.f. m. Terme de Médecine. Quelques- uns font ulage de ce mot peur marquer une défaillance de pouls telle qu'il n'eft plus fenlible. Il fignifie pro- prement une irrégularité, ou undctaut de règle & de mouvement convenable dans le pouls. Il eft formé d'à privatif , & de ap\e/*«f , Modulus. Module , mefure. Encyc. Arytmus , qui n'a point de règle , qui ne garde point de mefure. A R Z. ARZÊGAGE. f. m. Bâton ferré par les deux bouts, que portoicnt les Eftradiots , cavaliers albanois , qui 1er- voient en France lous Charles VIII, Hc Louis XII. ARZEL. adj. m. Terme de manège, qui le dit d'un che- val qui a une balzoaie , ou marque blanche au pied de Zzz 54<^ A S derrière du côté droit, ou au pied hors clumontojrcie derrière. On remarque cela à caufe que les âipeifti- tieux croient que ces fortes de dievaux font mailieu- rcux dans les combats. iARZEN. Ville nommée autrement Jr^eo , ou Ar^er & Arfer. Arfenarïa. Elle eit dans Je royaume d'Alger , fur la côte de la province de Teleuiin , à louent d'Oran. ARZENARA. /'ôye^ Argentara. Ce? ARZENGAN , ou ARZINGIAN. Ville d'Afie ,dans la province de Roum , en Syrie. Plufieurs la placent dans l'Arménie. ARZENZA. Rivière de \ k\o-x\\\ç..Genufws , &: félon quelques Géographes , Panyafus ; félon d autres , Spinar^^^ Après avoir arrolé 1 Albanie, elle le jette dans le golfe de Venife , entre Duiazzo & Pirgo. On 1 ap- pelle aullî Chervejlc. 'ARZERUM. C'eft l'Aflyrie propre. 7 'bye^ Assyrie. ARZE5, ARCES. Bourg de lile de Chypre. Ar^us , au- trefois Arfino't , ville Epifcopalc. Il cft dans les terres. ARZILLE. Ville du royaume de Fez, en Aiû^uz.Ar^iUa ^ Zilïa i Zelia. Elle ell: dans la province d'Eiazbat,iur la côte de l'Océan Atlantique , plus au midi que Tanger. ARZUA. Bourg de Portugal. An[ua, Il eft dans la pro vince d'entre Duro & iMinho. Quelj.ues Auteurs veu lent que ce foit l'ancienne Aruduca des Biacares, que d'autres placent à Guihnaranez , dans la même pro- vince. A S, As. Nom purement latin, dont nos Antiquaires fe fer vent fcHvent. As , cjjîs. Ce nom a deux iens. i". Il li gnifie un poids , &c en ce fens Vas romain eft la même chofe que la livre romaine; & il étoit ccmpolé de douze onces. On le diviloit encore en beaucoup d'au- tres parties , que l'on peut voir dans la loi Servum j de h&redih. Inftït. Lih. XIIl. Pandeci. Les principales croient l'once , qui étoit la douzième partie de Vas , Uncia \ /œJi'xaTOï, S extans ;. ""-o», la iiÀième del'a^ _, qui étoit de deux onces-, Ouadrans ^ TElaproï , la qua triènie partie , le quait de \\is , qui contenoit trois on- ces -, Triensj le tiers ou la troilième parrie de l'as , c'é- toit quatre onces ■■, Ouincunx , Tplrti Saiiy.cnt,\ c'étoit cinq onces i le tiers de \as , plus une douzième , ou plus une once. Semis , S',"iffu, le demi-ûjj c'eft a-dire, iix onces ; ieptunx , que les Grecs appclcicnt îi'^iai/ Jw/ixaTo. , C'eft-a-dire, la moitié de \'as , plus la dou zième partie, qui elt une once, c'étoit (epf onces, comp.ie le mot latin le lignilie-, Bes , ion d'Fu'èbe , omet cette dernière elpèce. Sous TuUus Hoftilius on les fit de cuivre, & on les appela as , /ibra j pondo : 420 ans après , la première guerre Punique ayant épuifé l'état & les finances, on en retrancLa un Sextans ^on deux onces , & on ne les fit plus que du poids du Liextansj c'eft à-dire, de dix onces. Dans la luire on ôta encore une once, ëc on les réduillt au Dodrans ^ c'eft aux crois qiurts du premier & véritable as , eu a neui onces. Enfin, par la loi Papirienne jOnen retran- cha encore une once & demie, «l'on les reduifitafept onces & demie , ce qui s appelait feptunx 5c femun- cia ; & l'on croit communément qtie l'as refta à ce point tout le temps de la République , ëc jufqu'a JÉsus-Ch:ust. Ce dernier ^jj s'appelle l'(7jPû^^nd'/z _, parce que ce iut C. Papirms Carbo, qui , 1 an de Rcme j6} , lous le conlular de L. Ccrnélius Scipion, & de C. La^husNépos, étant Tribun du peuple, fit la loi dont nous, avons parlé. Lex Papina. Ainii il y a eu c]uacre as ditiérens pendant le temps de la Republi- que. La marque de \as éroit d un côté une tête de Ja- nus à deux vifages , & de l'autre un bec de navire -, rofrum navis , c'eft a dire, une proue de navire, la- vant d un vailîcau. C'eft ce que nous voyons encore iui I luiieurs as qui nous reftent, & qui le confervent dans plulieurs cabinets d'Antiquaires; bc ce qu'Ovide dit être Janus, le navire qui amena Saturne en Italie , Fajior. Lil. 1 ,v- 2^ 1. Kofcere me dupUci pojfes in imagine ^ dixic. C'eft Janus qui parle, i5<: v. 259& 240, après avoir dit que Saturne challé de les états par Jupiter, vint dans la partie de l'Italie, qui de fon nom lut appelée iStjri/;- tiia 3 &c Latiumj parce qu'il s'y cacha. Latente Deo. Il ajoute: At hona pojleritas puppim fignavit in are , Hofpitis adventum teflificata Dei. As. C'eft à Amftcrdam une des divifions de la livre, poids de marc ; 3 2 aj font un cngel; 10 engels font un loot, & 3 2 loots font la livre. Quoique ce nom as foit latin , il eft d'ufage dans notre langue , & l'on ne peut guère s'en palier. Ce mot n'a point de pluriel dans norre langue; il eft indéclina- ble , comme on peut le voir ci-deilus. Il vient de «ÎV , mut grec du dialecte dorien, que ce peuple di'oitpour «'S un. L'iîjj comme nous l'avons dit, hgnifioit une choie toute entière; c'eft le lentiment de Gronovius, T)e Pecun. vet. Lih. IV ^ c. /7. Budé a écrit cinq livres de r47j&: de fes parties. Voye-{ encore Pline , ^{/Z. nat. Lib. XXXIII , cap. /. Cenahs, Evêque d'Avran- ches. De Pond, ac Mens. rat. Hotman. Antiq. Roman. LU-. IV 3 c. I , S , ç. Alex, ab Alex. Dier. Génial. L.L^ c. I. Thom. Godwin, Anthologia Hijl. Rom. Lih. ILLyfecl. 4^0. T j. Le grand as j, c'eft à dire, le premier qui fut fait d'une livre romaine, ou de douze onces, vaut, félon Fitilcus, 4 deniers & demi, une demi- obole, & la quatrième partie d'une pire. IJCr As. {, m. Terme de Jeu. Il laut prononcer les. Au jeu de dez,il fe dit d'un feul point marqué fur une des laces du dez que l'on joue. Au jeu des cartes, on le dit de celles qui n'ont qu'une leule figure marquée au milieu. Menas teffera. Monas foin luforii. Amener rafie A'as ^ ambelas , C'eft un as de pique. On s'en lert figurément pour marquer le mépris qu'on a pour quel- qu'un. AS, OH ASH. Nom fameux dans les Hiftoires fabuleu- fes du Nord. Asj ou A fa. Selon l'opinion commune, c'étoit un Dieu des peuples feptentrionaux ; mais fé- lon M. Sperlingius, les Aliatiques chalfés par Pompée de leurs pays, fe retirèrent dans le Septentrion. Com- me ils étoient extrêmement polis & délicats , ils mépri- foient les mœurs barbares des feptentrionaux , qui les regardoient avec admirarion, & comme des efpèces de Divinités: & pour marquer quelque chofe de grand, d'excellent, de magnifique, ils fe fervircnt du nom afe., Ix acfcr^ (Se le donnèrent même à leurs Dieux. Cette Dif fercation de M. Sperlingius fe trouve daïis les Nçuyd- ASB tes littcraires de la mer Baltique j l'an i (^99 , au mois de Juin, p. 174. A S A. tfT ASAD-ABAD. Ville , ou gros bourg de Pcrfc, dans rirac- Agcmi , aux frontières du Curdiil:an , à lix ou fept licucs de chemin de Hamadan. ASAN. Ville de la Terre-Sainte. Afan. Elle fut d'abord attribuée à la tribu de Juda, enluite elle fut donnée à celle de Siméon, &: aux Lévites. Il y avoit proche de cette ville un lac qui prenoit (on nom, & s'appcloit le lac à: Afan. ASAPHAT. f. m. C'cft une cCpcce de /erpigo, oud'im- petigOj ou gratclle entre cun- & chair, qui engendre dans les pores des cipèces de vers , qui luirent de lapeau, lorfqu'on la prelie, en forme de longs filets avec une tcte noire. Afj.phatum. Dict. de James. 'ASAPPE , ou comme écrivent M. J'Herbelot & D. C. AZAPE. f. 111. C'eft un nom turc. AfappL Les Turcs appellent Ajappcs j les troupes auxiliaires qu'ils lèvent parmi les Chrétiens de leur domination, & qu'ils ex- polent au premier choc des ennemis-, afin que les ja- niilaires & les Ipahis fondent enluite tout frais fur l'en- nemi déjà fatigué. Foyei HorniusOrhis Pol'uici ^pag. 32. M. d'Herbelot, au mot A\abïflan , dit, A\ahif- tarij les Arappes , les recrues, les nouvelles troupes, dans lelquelles on n'enrôle que des gens libres & non mariés. C'eft un mot arabe habillé à la perfienne. Les Axdppes font comme aventuriers , qui lont lipeucfti- mes, qu'ils fervent quelquefois de pont à la cavalerie pour palier dans les mauvais chemins , & de falcines pour remplir les foliés des places qu'on affiége. La plupart lont encore Turcs naturels. Ils vont tous à pied , & n'ont que ce qu'ils peuvent prendre lur l'ennemi. Voyage du Levant parD. C. Ce nom vient du verbe turc, Sapk, qui fignifie , rang , file , ordre de bataille, d'où le (onwn ajphapk j ranger en bataille. ASARATH. Terme de Botanique. C'eft une plante des Indes prefque lemblable au chanvic. Ses feuilles rel- femblent parfaitement à celles du chanvre. On pile les feuilles & les lemences de cette plante , & l'on en fait une ctpèce de confeâ:ion avec le niufc , & quelques aromates, dont les Perfans & les Indiens le lervent pour s'échauffer le fang, & pour fe donner de l'appé- tit. Quand ils veulent oublier leurs chagrins , & mê- me leurs maux , ils mêlent dans cette confection de l'aréca, qui n'eft point encore mûr, & même de l'o- pium -, & cela les fait dormir fans inquiétude. Cette compofition eft fort eftimée dans toutes les parties de l'AflC. LÉMERY. ASARINE.f. f. Afarina. Plante ainfi appelée par je ne fais quelle relfemblance avec le cabaret, ou Afurum ; autre plante d'un caraci:ère bien diftérent. L'Afarine croit fur les rochers dans les Cévennes, en Languedoc ^ les racines qui lont aiTez menues , cependant vivaces , jet- tent quelques tiges deçà & dc-là, couchées par terre, rampantes, longues d'un demi-pied environ, velues, & garnies de feuilles alternes fcniblables à celles du lierre terreftre , mais plus charnues , & couvertes d'un poil blanchâtre. Ses Heurs, qui nailfentdes aiffcUes des feuilles , rellemblent à celles du mufle de veau : elles font jaunâtres ou pâles. Son fruit approche de celui de la linaire , enforte que X'Afarine ne fe diftingue du mufle de veau que par Ion fruit, & de la linaire par fa fleur, qui n'a point d'éperon. Cette plante n'eft pas ufitée en Médecine, quoique Lobel lui attribue plu- fieurs propriétés. On dit qu'elle eft apéritive & abf- terlive. AS ARUM. f. m. Afarum. Plante. Ses tiges font très-cour- tes. Ses fleurs font en forme de clochettes & odoran- tes. \Jafarum eft toujours vert. Les Médecins s'en ler- vent pour atténuer, pour réfoudre , pour guérir les du- retés du foie & de la rate. Voye\ Assara Bac- CARA, ASB. ^ ASBAMÉEN. Jupita avoit un temple dans la Cap- Tome I, ASC ^47 padoce , auptès de la ville de Tyane, où il étoit adoré lous le nom de Jupiter. Asl'amcen. Voyc-:^ Am. Mar- CELLIN. |Cr 11 y avoit aulli une fontaine de ce nom , confacréc à Jupiter, dont les eaux étoient fatales aux mcchans &C aux parjures. Vo\e-^ Philostrate. Vit. Apollo. |tCr ASBANIQUET. Ville d'Alie, dans la province de la Tranloxane. Longitude >)oK ^q\ latitude fepten- trionale 40 '. ASBESTE. Asbeflinum. Matière incombuftible. On pré- tend que c'eft une efpèce de lin fort dché , & aufli fia que la loie, lequel croit lur les Pyrénées. Les Anciens parlent de certains linceuls dans lelquels ils brûloient les morts , (î^ que le feu ne confumoit point. On peut voir une expérience de Vasbeftc dans les Tranlaélions Philolophiques d'Angleterre , de Juin i68j. C'eft une pierre noirarre qu'on appelle auflî Amiante. Elle fe divile en filamens blancs, qui ont fervi à faire les hn- ceuls dont les Anciens ont parlé. Quelque temps qu'on klaifle dans le feu, elleneleconfuniepas, quoiqu'elle loit en feu comme un charbon allumé. On en trouve dans lile de Négrepont ; & c'cft celle qui eft appe- lée Caryjlius lapis par les Naturaliftes. ASBIN. Royaume d'Afrique, liegnum ashinum. Il eft dans la côte d'Or, en Guinée, & eft très-petit. ASBOURG. Village d'Allemagne. Afciburgium. Il eft dans le comté de Meurs, au levant de la ville de ce nom. ASC. cp- ASCAGNE. Nom propre. Afcanlus, fils d'Enée & de Creule. Il pafla dans le Latium avec fon père, après la ruine de Troie, où il fonda la ville d'Albe. ASCALAPHE. f m. Etoit fils de l'Achéron , félon la fable. ASC ALON. Ajcalon , Afcalo ; en hébreu , ^iVpifN' Ville qui {\2,m'ke appenfio 3 fiatcra y l'adtion de pefer, ou balance i cm bien igràs prophanus j feu prophane, ou infanie , Iclon qu'on le dérivede VpU/' , peler eu de et? , icrh'^ , d'où le forme X\^'^,,ïgnominic , injamie. Ajca- lon étoit une des Satrapies des Philiftins, & parcon- féquent elle étoit de Paleftinc. Cependant Jofcphe, Ant. Liv. V, Ch. s j la met dans l'îdumée fupéricurc. Le Géographe Etienne dit qu'elle fut bâtie par Afca- lus, fils d'Hymenée. C'eft apparemment une fable. L'E-. criture ne nous apprend rien de Ion fondateur. Hégé- fippe l'éloigné de yioftadesdeJérufalem. Azot,Gaza, Afcalon , Geth & Accaron , étoit les cinq villes capi- tales des cinq provinces des Philiftins. "iKci. Ajcalon-xc\x un évêché fuftragant de Jérulalem. On l'appelle aujour- d'hui j'c^/ti/ïi?. Maty. Ascalon, eft repréfentée fur les médailles, fous la figure d'une femme couronnée de tours, appuyée delà main droite lur une halle , & tenant de la gauche le bec ou l'éperon d'un navire , & ayant à droite un autel , & à gauche un pigeon. Voye-^ Triftan, pag. 304 ; Patin, pag. f ji J îk le Cardinal Noris , pag. ^7 /. Diodorc de Sicile dit que Derceto, Déelfe des Philiftins, ayant mis au monde une fille , en eut tant de honte, qu'elle l'expofa dans un lieu délert ; mais que des pigeons la nour- rirent de lait d'abord , puis de fromage qu'ils alloienc prendre dans les mailons des paylans, & qu'ils lui ap- portoient dans leur bec,& lui mettoient dans la bouche. C'eft, lelonle Cardinal Noris, la railon pourquoi y^/^ calon a des pigeons dans fcs médailles. Hérode orna fort Afcalon , parce que c'étoit la patrie. ASCALONITE.f m.& f. Qui eft d' Afcalon, natif ori- ginaire, habitant d'Alcalon. Afcalonita, Afcalonites. Le premier Hérode , furnommé le Grand , fous le rè- gne duquel Jesus-Christ vint au inonde, étoit Af- calonite. AscALONiTE. f. & adj. C'cft le nom ou épithète que l'on donne aux échalottes. On les appelle ainfi à caufe qu'el- les viennent de la ville d'Alcalon, en Judée. ASCANIE. Petite ville d'Allemagne. Afcania. Elle eft dans la principauté d'Anhalt , lur le Wipper , près d'Alcherichen. Afcanie eft fort ancienne , & a titre de comté. Les Comtes à' Afcanie font la tige des Princes d'Anhalt. Zzz'i) 54<^ ASC ASCARIDE, r. m. Ver. C'clT: un nom que les Médecins donnent à un petit vers qui s'attache au fondement , & qui tourmente beaucoup Les /Ifcarides lont des vers ronds & courts , qui le produucnt dans le rec- tum , qui efl: le dernier des gros inteftins; & ils s:i^- çqWqvX Jfc arides 3 d'un terme grec qui fignifie agde 6c rcmuanCj parce que ces petits vers lont dans un mouvement continuel. Les afcarides font de la groi- feur&de la figure d'une grolfe aiguille à coudre. Ce mot vient du grec d^Kafr^a , qui lignifie fauter. Cette iorte de ver ne fait que remuer. Ascarides , cft aulli une cfpècc de petits vers qui s'at- tachent aux plantes, & plutôt à celles qui lont dans des pots qu'aux autres. Pour purger les plantes d\'fcarl- des 3 il faut mettre le pot dans un (ceau , au lond du- quel il y aura de l'eau , enforte que le pot trempe dans l'eau à la hauteur de j ou 6 doigts. Il n'y aura pas été l'efpace d'un quart-d'heure, que ces petits in- îeifles chalîés par l'humidité lortiront. Chom. A SÇ AVOIR. Sorte d'adverbe, ou particule. Nempè , fcdicet. Ce mot a trop vieilli pour s'en ierviï encore. A fa place on dit, /avoir. Voyez Savoir. ASCENDANT , ANTE. adj. Terme de Généalogie, .Se de Jurilprudence. d'AVa, Afie , & d'àp>fi, , commander & avoir le premier rang. De dix pontifes qui étoient dans l'Afie Proconfu- laire , fous les Païens , le Proconful en choilliroit un AS! yji cluque année qu'on nommoit Afîarque. On ne lailfoic pas de donner le nom 6.' Af arques a tous ceux oui l'a- voient été , comme on le voit par le i ç chap. des Actes des Apôtres , où des Af arques empêchent S. Paul d'aller a l'amphithéâtre d'Ephèfe. La Vulgate a traduit Princes d'AJie. La Syrie avcit de mcme les Syriarques , la Phcnicie les Phéniciarques. Saumaile lur Solin , p. Sj de la première édition. ASIATIQUE. Nom de peuple. Habitant de l'Afie. Afa- eicus. Les Afatiques étoient des peuples mous & ef- féminés. C'etoit faire une injure a un homme , & lui dire qu'il étoit débauché , que de dire qu'il avoit été , ou demeuré en Alie. Voyer, Ciccron , pro Mu- ren. n. 12. Pour vaincre des Afatiques , il ne falloir qu'oler les combacrre. Et que n'oloit pas Alexandre î Aullî le hère dOlympias Roi d'Epire, diloit-il dans fon expédition d'Itahe : Je combats ici des hommes , tandis qu ailleurs mon neveu combat des femmes. §3° Asiatique , adj. m. &c f. qui appartient a l'Afie. On le dit particulièrement des mœurs , du luxe, du ftyle. Mœurs afatiques , mœurs ciiéminées. Luxe afatique , luxe excellif. Style afiatique , ftyle mou , diffus, chargé d'omcmens inutiles. Asiatique , eft encore un lurnom honorable donné à queLjUes grands hommes. Pompée dépoli eda Antio- chus lurnommé VAfatique dernier Roi de Syrie Bos- suET. L. Cornélius Scipion, frère de Scipion l'Afri- cain, avant été choifi l'an de Rome ^64 pendant fori conlulat , pour aller faire la guerre à Anticchus Roi de Syrie , & ayant taillé en pièces l'armée de ce Prince proche de Sardes, fut lurnommé \ Afiatique. Voyez "Lite-Live , liv. XXXIX. ch. ^4. On trouve aullî dans des manufcrits Afiagencs , 8c des médailles portent. L. Scip. AsiAG. Asiatique, f. f. Terme de Fleurifte. Anémone dont les grandes feuilles font blanches , mêlées d'incarradin : la pcluchc'>eft de couleur de grenade mclée de blanc. MoR. ASIE. Afa. C'eft une des quatre parties du monde & la plus confidcrable des trois de notre continent. Ses bornes font du côté du midi & du levant , l'Océan oriental, ou l'Océan indien, oriental & Icythique. La mer de Tartarie la baigne au nord. Vers le couchant, les Anciens l'ctendoient julqu'au Nil , & y renfer- moient l'Egypte. Dans des liècles poftérieurs on en a retranché l'Egypte. Elle eft féparée de l'Afrique par la mer-Rouge , & le détroit de Suez ; de l'Europe par la Méditerranée , l'Archipel , la mer de Marmora , la mer-Noire & celle de Zabache , la rivière de Don, le Volga , julqu'a l'endroit où il commence à couler du nord au lud , d'où l'on tire une ligne jufqu'à l'embou- chure de l'Oby. VAfe eft non-feulement la plus grande partie de l'ancien monde , mais encore la première 6c la plus conhdjrable du monde en.rier. C'eft en ^^e que le premier homme a été créé -, c'eft en Afe que Noé for- tit de l'Arche , & que le monde a commencé à le peu- pler. C'eft de VAfe que les hommes fe font répandus dans toutes les autres parties du monde. C'eft en Afe que les Arts c*s -Christ ) commence le nou- veau royaume du Peuple de Dieu , & la piincipauté ^zs Afmonéens j toujours jointe au nouveau lacerdocc. Boss. IP" ASMOUG. Nom d'un Démon , qui , félon la tradi- tion des Mages ou de Zoroaftriens , eft un des princi- paux émilFaires d'Ahermenqui eft leur Prince , & l'au- teur de tout le mai qui eft au monde. d'Hbrbeiot. BïbL Orient, A S N >ASNA. Ville d'Egypte. Afna. C'cft l'ancienne Syène. Elle eft dans le gouvernement de Girgio, iur le bord occidental du^Nil. 'ASNE. Foyei Âne. ASNÉE. Foyei kaiz. ASNERIE. Foye^ Ânerie. ASNESSE. Foy e:^ Kti^ssE. ASNÏER. Foyer, Ânier. AîiNIÈRE. Foyei^ka-ÀKï.. ASNON. Foyei Ânon. ASNONER. Foyei Ânonner. A S O. ASODES , ou félon quelques-uns, Assodes. f. f. ou adj. pris fubiHntivement. Terme de Médecine. Elpèce de fièvre continue, dont le lymptôme eflentiel eft une inquiétude li grande autour du cœur & de l'eftomac , qu'on ne peut demeurer dans une même place. Le ma- lade a des naulées, quelquefois un vomillement aflez confidcrable , &c. Ceslymptômes font appeler cette fiè- vre en latin , Fehris anxiofa _, implacida & jajiidioja. Afodes eft un mot grec à^wJ^m; t«! , fajlidiofus , àt- goûtant , inquiétant. Il vient de asn , faJiLdium , anxietus j dégoût, anxiété. On prononce A£cdès j parce que le * en grec , quoiqu'entre deux voyelles , n'a point la prononciation de notre ç. Col. de Vi- LARS. ASOLA. Ville de l'Etat de Venife. Afola. Elle eft dans 1« Brellin , fur la rivière de Chièle, près duMantouan, dont elle faifoit autrefois partie. ASOLO. Autre ville de l'Etat Vénitien. Afulum, Acelum. Elle eft dans le territoire de Trevigny , Iur une mon- tagne, près de la fource du Muion, entre Padoue Si Feltri. ASOM. Foye-^ Asem. CkF ASONE, félon Corneille ASONO. Rivière d'Ita- lie dans la Marche tl'Ancone, où elle a fa lource dans l'Apennin. Elle le perd dans la mer Adriatique. ASOPA. Bourg de Grèce. AJopa. Il eft dans le duché d'Athènes, à l'entrée Icptentrionale du golfe d'Egine. On la prend pour l'ancienne ville des Grecs, nommée Anaplyftus j ou Anaphlyjlus. -ASOVVL Nom de ville. Foye^ Azach. En France nous dilons Afoph. ASOPO. Rivière de Grèce. Afopus. Elle coule dans la Livadic, i^ le décharge dans le golfe de Négre- - pont. • ASOPUS. Fleuve. Afopus. Il y en avoit pludeurs de ce nom. Un entre autres en Béotie , dont parle du Loir dans Ion Voyage du Levant. Il le met iur le chemin dAulide , à Athènes , fur lequel il trouve un ruifteau , qui eft un bras de V Afopus j puis V Afopus lui-même qui arrofe une vallée. Foye^p. ■? 0 ô. Cet Afopus de Béotie nctoir qu'un bras du Céphife. C'étoit fur le bord de cet ^y^f/^z^j que l'on célébroit les fêtes de Bac- chus. Les Pcctes faifoient cet Afopus fils de Jupiter. Un autre Afopus étoit en Thelfalie , & fe jettoit dans le golfe d'(Éta, près des Thermopyles. Un troifième Afopus étoit en Macédoine , ôc bai- gncit Héraclée. ASP . Le quatrième Afopus étoit un fleuve du Pélopo- nèle, & arroloit le territoire de Sicyone. Il venoit du mont Cœlofte , & le déchargeoit dans le golfe de Corinthe. C'cft celui qu'on nomme aujourd'hui Arhon. Le cinquième Afopus étoit dans l'Afie mineure , Sc baignoit Laodicée avec le Lycus. ASOR , ou HHATSOR. f. m. Nom qui fe donne à plir- heurs Villes dans l'Ecriture. Il fignifie proprement. Atrium y Filld. AsoR. Ville royale des Chananéens, & leur métropole , ou le fiége du plus puilfant de leurs Rois. Elle étoit très-forte. Jofué cependant la prit, & elle fut confu- mée par le feu, & enluite attribuée a la tribu de Neph- thali. Elle n'étoitpas éloignée des frontières delà tribu d'Afer. C'étoit au temps de Jésus-C-hrist , une des villes de la Décapole. On l'appelle Affor , Hafor^ Ha- %or 3 Efer Se Hefer. On prétend que c'eft lAntiopia de nos jours. Il y avoit encore un Afor dans la tribu de Juda. Jo- fué j XF y 2 S- Un autre dans la ttibu de Benjamin, qu'Adrichomius place mal-à-propos dans celle d'E- phraïm. Un autre nommé autrement Hefron. ASP. ASPAIS. f. m. Sc nom d'homme. Afpafius. La mémoire de S. Afpais eft marquée dans un crcs-ancicn Martyro- loge de l'éghfe collégiale de Notre Lame de ;. clun. La principale parciffc de cette ville s'appelle S. Afpais. Ce mots'eft toimé par corruption du latin AjpJfus y qui lignifie , gracieux y aimable y & vient d'^^Ea^o/iai, qui veut dire, aimer y emhrafei y faire des careffes. Au refte, cette corruption eft très- ancienne. On voit, par un titre gardé dans l'Abbaye de S. Picrrede Mclun, que la partie de cette ville qui eft au leptentrion de la Seine , & à laquelle cette parxille donne fon nom , s'appelcit le Bourg S. Afpais y dès le temps de Hugues Capct. Life^ les Notes de M. Chaftclain ,1'=' de Janvier. ASPALATHE, ou ASPALATH. C. m. Terme de Phar- macie. C'eft le bois d'un petit arbre épineux, pcfant & malîif, oléagineux ,un peu acre & amer au goût, de couleur purpurine &: marquetée , alfez odorant. Il ap- proche des qualités , du goût , de l'odeur, de la pelan- teur & de la figure dir bois d aloès. On les lubftituc l'un à l'autre , quand on en a bctoin dans les médi- camens. Les Paitumeurs en ulent pour donner du corps à leurs parlums. Quelques Butaniftes décrivent quatre lortes à'Afpalathe. Le premier eft de couleur de buis , dur, folid'e, pelant, Sc de l'udcurdesroles, d'où vient qu'on l'appelle aulîl bcis de rofc. Le fécond eft rouge de la même couleur cjue l'if, Se d'une odeur très-agréa- ble. Le troifième eft dur, tortu, noueux, de couleur brune au miheu, Sc ailleurs cendrée. Il a une odeur forte , femblable à celle d'un bouc, t.^ un goût défa- gréable. Le quatrième a fon écorce cendrée , Sc le bois eft de couleur de pourpre. Il a une odeur forte , qui frappe l'odorat auftî vite & aufti Rntement que fait le caftor. Il jette des branches en fuime de laimens, & il eft un peu épineux. Foye'^ Bois d'Aloès. Il y a d'autres plantes a qui on donne ce même nom, & qui lont des efpèces d'une plante , qu'on appelle^e- nifia fpartium. ASPARAGE. f. f. Vieux mot. Afpcrge. H vient du latin afparagus. On a dit auliî afpérague. ASP ASIE. f. f. C'cft le nom d'un médicament aftringent dont on fc fert dans les maladies des parties naturelles des femmes, Afpofta. Il ne confiftc qu'à prendre de la laine trempée dans une infulicn de noix de galle verte j & à l'appliquer fur la partie. CafieUi cité par James. ASPE. Nom de lieu. La ville à'Afpe , Afpe vicia y eft une ville du royaume de Valence, en Elpagne. Afpis. Elle eft Iur la rivière d'Elerda , à l'oricnr d'Origuella. Le bourg à' Afpe au même royaume, s'eft lormé des ruines de l'ancienne ville'd'.^^e, qui étoit à deux lieues de- là, de l'autre côté dcl'Elcrda. La vallée à!. Afpe y eft une vallée de France , dans le Béarn. Fallls Afpenjis. Elle eft à l'occident de la val- b ASP lée d'Olfcau , le long de la rivière appelée le Gaved' Af pe. Elle s'tccnd depuis le port de l'yrencgre, pallage des Pyit'nces , julqu'à Olcron. CCT ASPECT. 1". m. Jfpcaus , ccnfpeclus. Ce mot il- gnihe la mtine choie que vue d'un objet. Afpecl fâ- cheux , d^fagréable. A Vafpccl d'une perlonne , on juge louvent de ce qu elle a dans l'ame, ceil-a-dire, en la voyant. A l'afpeci du lupplice la confiance s'évanouit. Je le visi Ton afpccî n'-i.\ oit rien de forouche. Racine. A Vûfpeci agréable de tout ce qui m'environne, je ne puis m'empccher, malgré Virgile, de donner la préfé- rence a l'auionne fur le printemps. L'Abeé Genist , dans Us divenijfemens de Seaux. La dlfcordi , à /'alpeâ: d'un calme qui l'offenfe , Fait Jlff.cr fes fcrpens i s'excite à la vengeance. BoiL. {jfT Aspect , fe dit aufli d'un objet de vue. Ainfi l'on dit qu'une maiton prtiente un bel afpccl , que X'afpccl d'une maitun eft très-agréable, qu'une choie fait un bel afpecl ; pour dire, qu'une choie paraît d'une belle ordonnance. (Je? Aspect, lignifie quelquefois la même choie qu'ex- pohtion. Aspect, le dit aullî de la dcfcription qu'on fait dans des cartes marines, des côtes , & des terres qui lont iur un parage, telles qu'elles fe prélentent à la vue. Il y a de ces cartes dans les Routiers, où lont dépeints tous les afpecls & vue de terres qui lervent à la navigation, & qui aident à la connoiirance des côtes & rivages. Aspect. Terme d'Aftronomie. C'eft la fituation qu'ont les étoiles & les planètes, les unes à l'égard des autres en divcrles parties du Zodiaque. Il y quatre afpecls. C'eft ainli que M. Perrault, dans les Remarques fur Vitruve, croit qu'il faut lire, quoique dans le texte de Vitruve il y ait ad quintum. Le Sextil, quand les aftrcs font éloignés de loixante degrés l'un de l'autre. He.va- gonum. Le Quadratdc nouante. Quadratum. Le Trin de iio.Trigonurn j Triquetrum , Triangulum.Voppo- fition, ou diamétral quand ils font à 1 80 degrés, diame- trum. Kepler ajoute huit nouveaux i7/^ft7j aux anciens ; (avoir, le Demifextil, qui contient un éloignement de 30 degrés i le Decil, qui eft de 56 degrés; l'Oclil, de 4j : le Quintil, de 72 ; le Trédécil , de 108 ; le Sel- quaté, de 15 5; le Biquintil, de 144; & le Quinqunx, de 1 50. Il y a des afpecls favorables , & de mahns af- pecls. Les bons afpecls lont quand les planètes s'entre- voient d'un doux regard; zom\r\Q.\ afpecl Trine, & le Sextil. L't/y^'iV? oppoté , & le Quadrat , menacent de quelque malheur, lelon les Aftrologues. ÇCT Aspect , ou Aspecii. Bourg de France, dans le haut Commingc, avec juftice royale. La Chàtellcnie ^'Af- pecl comprend Alargeert , Ashix , Arbas , Afpecl , Cal- tel- Viague , Elcaich, Elchen, Eftaden ,Ganties, Mau- vefin, Monfgault , Monftracut, Pintis-Inard, Portd, Rovcde & Salaich. ^fT A.SPER. Petit pollFon de rivière, fort coiTimun dans le Rhône, ainfî nommé delà ludell'e de fcs mâchoires & de fes écailles. Il n'a point de dents , mais fes iTiâ- choires font âpres au toucher. Il eft rougeâtre & parf c- mé de taches noires. Encyc. Çcr ASPEREN. Petite ville des Provinces Unies, dans la Hollande , fur la rivière de Linge, aux confins de la Gueldre hollandoife. ASPERGE, f. f. Afparagus. Plante qu'on cultive dans les jardins , quoiqu'on en trouve dans la campagne , où leurs poulies lont bien plus maigres & d'un goût fauvage. Ses racines font compolees de plufieurs hla- mens longs, gros comme de la ficelle, & raiTialfes cn- femble en un collet conlidérable , fort dur , & d'où nailTent plufieurs tiges, que nous appelons afperges , & que l'on mange avant qu'elles pouirent leurs feuilles. Ces tiges deviennent enluite biancluies , hautes de trois pieds , (^ garnies de petites feuilles courtes , très-étroi- tes, tk comme capillaires, longues d'un demi-pouce. Ses fleurs naiftcnt çà & là le long des branches. Elles font blanchâtres , à fix pétales. A ces fleurs luccédent des baies rondes , rouges , groffes comme des pois , & Tome 1. ASP ^ 5- y qui renferment quelques fcmences dures comme de la corne. On croyoit que Wfperg^ fauvage & ^'^fperge du bord de la mer, croient de llmples variétés de \'af- perge cultivée; mais leur culture a fait "voir qu'elles étoient des elpèces différentes , qui ne dégénèrent ja- mais en l'une ou en l'autre. On mange les afperges différemment apprêtées , tantôt à la iaulle blanche , tantôt à la Vinaigrette ou bien en guifc de petits pois. Cette dernière manière fe pratique, Iur tout pour les afperges menues. On em- ploie en Médecine les racines tk les baies del'afpcrge. Ses racines lont très apéritives , diurétiques; mais à la longue elles deviennent dégoûtantes dans les bouil- lons & dans les tilannes , à caule de leur odeur & de leur goût , outre que l'urine en devient prefcue toii.- jours puante. Ses baiesfont très- adouciirantes, &pro- voquent doucement les urines. L'induftrie du jardi- nier peut faire venir des afperges en hiver , par le moyen des rechautfemens du fumier de cheval nou- veau fair. La Quint. Les aj'pcrgcs , pour être bonnes , doivent être vertes, grollès , tendres , & cultivées dans les jardins. Le nom d'afperge ^ vient du latin afparagus , formé du mot grec atsa^aiai. Selon Galien , Liv. II des Alimcns , les Grecs appeloicnt aVwaya^ot , toute forte de jet tendre. C'eft de-là que les afperges _, qui ne font autre choie c]ue des jets tendres, ont pris leur ntm. ASPERGER, v. a. Mot qui n'a guère d'ulage que dans les choies de la Religion. Il lignifie , arrolcr avec de l'eau , ou quelqu'autre liqueur , en la failant tomber' par petites gouttes avec une branche d'arbre , ou un goupillon, ou autre choie propre à cç\^. Afpergcre^inf- pergerc. En quelques lacrihccs , on afpergeoii le peu- ple avec du lang de la vidlime. Dans l'éghfe on af perge le peuple d'eau -bénite. Un Traducteur àcs Pfeaumes a dit, afpcrge:^xno\ d'hyflope, & je ferai mondé. Quel tradudtcur ! ASPERGÉ, EE. p^t.Afpe/fus. ASPERGES, l.m. Goupillon avec lequel on jettedel'cau- bénite. Afpergillum , afperforium. Il faut prononcer le s final. Onditfigurément & populairement, donner de Vafpefgès à quelqu'un ; pour dire , le bien mouiller par plailir. Cemot n'eft pasdu belulage. Il le ditaulli du temps où le fait la cérémonie de jetterde leau bé- nite. On QwcHzY afperges. Il y a Iur les médailles des afperges y ou afperfoirs , fi l'on peut s'exprimer ainfi; c'eft-à-dire, des inftrumens avec lefquels les Pontifes jetoient l'eau luftrale Iur les alliftans. On les voit avec les autres vales pontificaux Iur des médailles de Céfar , d'Augufte,è'c. tklcs Antiquaires, entr'autresFabretti, difent qu'ils étoient de branches d'arbres, deloicsd'a- nimaux , de laurier, ou d olivier. /'o>t'^ Aspersoir. Îf3- ASPERGILLUS. Genre de plante qui ne diH'ere du botrytis & dubyflus, que par rariangcmcnt de fcsfe- mences qui font arrondies ou ovales. Elles lont atta- chées à de longs hlamens qui lont droits & noueux, & qui tiennent , dans de cerraines plantes , à un placenta rond ou arrondi; Iur d'autres elpèces, ils font attachés au fommet de la tige, ou aux rameaux lans aucun pla- centa. Encyc. ASPERGOUTE. f f. Clulîus , dans fa traduâicn fran- çoife de l'Hiftoire des Plantes de Dodiens , ou Dodo- nct ^^'p^cWe. afpergouce menue, ou hoïlée ,\' Afier at- ticus j c&ruleus , vulgaris C. B. autrement Inguinalis y à caufe qu'on la crovoit bonne pour réfoudre les tu- meursdes aines. Cette plante eftcommune en plufieurs endroits du royaume. Ses racines lont fibreules , viva- ces, & jettent quelques tiges ligneules , rondes , un peu velues , hautes d'un pied, branchues vers leurs extré- mités, 'fç ces mots & BAPTÊiME. Aspersion, ie dit au figuré, quand dans les diicours de piété on parle du cœur & de la confcience \ & alors il Signifie, un faint épanchcment , un faint arrolement de la grâce lur l'âme. Avoir le cœur purifié des feuillures de la mauvaiie conlcience pai" une afperjlon intérieure. PoRT-R. ASPERSOIR. 1. m. Goupillon à jetter de l'eau bénite. C'eft un bâton de mctal , ou de bois proprement tour- né , long d'un pied & demi , au bout duquel on at- tache plùlieurs brins de poil, pour prendre l'eau- bé- nite , & pour en fiire alpcrlion. A/perforium. On a aulli appelé {'afperfoir^ Vulpïlïo j parce qu'autrefois on fe iervoit d'une queue de renard pourfaire l'afper- lion. /'ojf^ Asperges. IJCF Les anciens le lervoient de pareils inftrumens garnis de crins de cheval pour s'arroler d'eau lullrale. ASPERULE. f. f. A/perulûj afperugo. Fiante qui poulie pluheurs petites tiges alahauteur d'unpied. Ses feuilles iont lemblables à celles du grateron, mais un peu plus larges & moins rudes , lui peu velues , difpolées au nombre de lix ou lept autour de chaque nœud des ti- ges attachées à des pédicules. Elles forment un petit godet de couleur blanche, découpé ordinairement en quatre parties \ il leur luccéde un fruir lec , qui con- tient deux petites lemences prcfque rondes & collées enfemble. Sa racine eft menue, rilamenreule, & rem- pantc en terre. Cette plante rend une odeur douce & agréable. Elle vient dans des lieux montagneux & dans les bois. Elle fortifie le cœur , levé les obftruttions , excite l'urine , & les mois aux femmes , hâte leur ac- couchement , étant prile en infulion ou en décoéliion, & eft vulnéraire , li on l'applique extérieurement. ASPHALION. f. m. Terme d'Aftronomie. Nom de Nep" tune, à qui les Rhodiens bâtirent un temple dans une île nouvelle qui parut fur mer, & dont ils fe mirent en pollellion. Ce nom \\s,i\Ss , ferme ^Jlable /immobile ^ & repond au Stahilhor des Romains , pour marquer que ce Dieu avoit affermi cette île au dellus de la mer. Il eut plulieurs autres temples dans la Grèce fous ce nom, p.irce que, comme on lui attribuoit le pouvoir d'ébranler la terre , cfn lui donnoi» auliî celui de l'af- fermir lS: de la rendre ftable. ASPHALITE. f f. Afphaiitcs. Terme d'Anatomie. C'eft le nom qu'on donne à la cinquième des vertèbres des ASP^ lombes , parce qu'elle eftconhdéree Comme l'appui & le foutien de toute l'épine des lombes. Ce nom vient de 1'« privatif , & de rçaAAM ,yi^- planter. ASPMALTE. f. m. Bitume , ciment naturel. Afphaltusy Bnumen. #5' On avoit donné ce nom au bitume de Judée , parce qu'on le tire du lac Afphahïte. On le trouve nageant lur la lurface des eaux de ce lac. ^3" En général on appelle ^_/;'Aa/rc' tout bitume lolide, tel que celui qu'on a trouvé en Sulifc au commence- ment de ce lièclc. \1 Afphalte des Grecs eft le bkume des Latins. La tour de Babel fut bâtie par les enfansde Noé avec des briques & de \afphalte qui leur fcrvoit de ciment. L'arche de Noé fut aulh enduite à'afphalte, félon les Septante. Car le texte hébreu appelle diffé- remment la matière dont cet arche fut goudronnée, & celle qui fervit de mortier pour bâtir la tour de Babel-, l'une eftinn , Hhomar , & l'autre "i£3 , Chaphar. Il y a près de Babylone une mine ou carrière de pierre ^af- p halte 3 ctans la vallée de Siddin. La difficulté qu'il y a d'avoir de cette pierre pure , & qui ne foit point mé- langée , eft caule qu'on ne la recherche peint aujour- d'hui. Les Aiiatiques n'en laillent iorrir de leur pays, qu'après l'avoir fondue avec de la poix. La mer-Morte en Judée donne de Yafphalte. Un Profelleur grec , & Docteur en Médecine, nom- mé f/ini d'Hcy nnys -, prétend avoir découvert de Vaf- phaltc au Val Travers , dans le comté de Neufchâtcl, & il a fait lur cela une Dillcrtation imprimée à Paris en lyii , dans laquelle il culeigne la manière d'em- ployer ctt ùfphalte j, tant fur la pierre que furie bois, & les utilités d'une huile que l'on en tire, & rapporte plufieurs expériences qui en ont été faites. Cette huile eft bonne contre les angelures & contre la galle. Elle guérit aulLi le claveau des moutons. A.urefte, il iiLUiàVa: Afphalce :,Sc\\on^:^^Alphake, car ce mot ne peiit venir que du grec , or en grec, c'eft b!t(j)«atds , & non point aAcaATC -, & les Latins , comme Pline, appellent la mer-Morte en Judée, ZtîCttj Afphal- tïtcs j & non pas Alphalthes. Nous ne parlons point du verbe alphalter , ( afphal- ter ) que M. d'Heyrinys a forge , & dont il faut bien le donner de garde de fe fervir. ASPHALTITE , ou ASPHALTIDE. f. m. Afphahkes. Le lac Afphahïte , Lacus Afphaltïtes , c'eft le nom d'un lac de Judée que l'Ecriture appelle mer-Morte _, mare Mortuum. Voyez ce mot a fa place. Quelques Auteurs difentauflî en latin, Afphaltus ,Afphaltis.ic doute qixe ces noms te trouvent dans de bons Auteurs. Celui qui a traduit la vie de S. Théodofe, Abbé, rap- portée par Bollandus, T. I. p. 28 s , Ait A fphalt'idi s lacus. Je voudrois un autre garant. Afphalt'ue eft un mot grec, qui vient de aVç«AT»î, qui lignifie bitume ■ & ce lac a été nommé Afphahïte ^ c'eft- à-dirc, bitu- mineux, parce qu'il eft plein de bitume, qui fe déta- .che de fon fond , & s'élève lur la turface de tes eaux. Les habitans l'appellent ^o/Aa;/ , iXiiJunius. Les Ar.ibes l'appellent Rahheret Lut 3 lac de Lot. Voici ce que le P. Nau dit dans fon J^oyage de la Terre Sainte : Je m'informai auflî de lui ( d un Abbé Grec du Monaf- tère de S. Saba) du bitume que les Auteurs difcnt que l'on y recueille Il me répondit que l'on ne l'y trouvoit point en tout temps ; mais qu'en certaines an- nées ce bitume fembloit fortir comme de dcllous l'eau, ( c'eft probablement des endroits où l'Ecriture dit qu'é- toicnt les puits de bitume , Gen. XIX ^ ) qu'il s'élevoit à la lurface du lac , & s'y alTembloit quelquefois de Li groft'eur d'un navire; qu'il flottoit au gré du vent, qui enfin le poitoit à quelque côte où il s'arrêtoit , & où quelquefois il fe rompoit en di vert es pièces; que les Arabes le ramaftoient avec foin , & que le Balia de Jé- rutalem en avoit fa part, & leur en lailfoit prendre l.i leur; qu'il s'en formoit de cette forte di vertes malles de différentes grofTeurs en divers endroirs. Voye-^ Jo- féphe, Zi/^. V i de bcllo Jud. c. f. Tacite ,Z/'v. F. Hïfi. ç. 6 & 7. Solin, ch. XXXIII. Juftin , Liv. XXXVI, t. i6 i c. ^. Paufirnias, Liv. V. Héfychius explique oi^a/a^-TiTi! ^Afphahïte y par l^vipà. ^ÙAat^^ra. ^mer-Rouge. Bochart , Phaleg , Lib. Ij c. 2 j croit que c'eflà caufe; ASP ■ 5e la couleur du bitume. Peur-c:re nufll qu'HtfycIiius sert trompé, & qu'il a confondu ces deux mots a caule de leur proximité ; ou plutôt parce qu'on appcloit mer- Rouge toutes les mers du côte de l'Arabie , l'Océan , le détroit Arabique, le détroit Perfique, comme nous l'a- vons dit au mot Détroit Arahlque : il a appelé du même nom ce grand lac de l'Arabie, qu'il a regarde comme une partie de la mer-Rouge , &: peut-être comme y ayant la lource & en lortant. Nos Dictionnaires dilcnt Afphdltïde. S'il étoit reçu , nous le dirions aulli , mais n'y ayant point d'ulage lur ce mot, itous croyons qu'il faut iuivrc le grec & le latin , & dire Afphaltïti. ASPHAR. Lac de la Terre-Sainte. Afphar, Il étoit dans la tribu de Juda , entre Gabaa & Janoé , près du dé- fcrt dcThecua; %T c'cTt apparemment la même choie que le lac Alphaltite. Il elt dit dans le premier Livre des Machabécs , que Jonathas & Simon le retirèrent dans le délcrt de Thccua , près du lac à'Afpkar. Or on ne connoit point d'autre lac aux environs de Thecua que celui qui cil nommé Afphalt'ue. Les Vocabuliftcs prononcent hardiment que c'eft le même lac. Leurs dé- cilions font quelquefois halardées. ASPHODELE , ou ASFODÉLE. f. f Afphodelus. On diloit autrefois asfrodille. Plante dont les racines lont en bottes, c'eft-à-dire, compofées de plufieurs navets ramalles à leur collet en une botte , d'où partent plu- lieurs feuilles vertes, longues, étroites, pointues, & .pliées en une goutière , triangulaires, ik. d'entre lel- quelles s'élève une tige ronde, lilfe , nue, quelquefois branchue, haute de quatre à cinq pieds, ^ terminée par un épi de lieurs blanches , rayées extérieurement par des lignes purpurines , découpées en lix parties; le piftil , qui occupe le milieu de la Heur , devient un fruit vert, arrondi , gros comme une moyenne noilette , divilé en trois loges , qui renterment chacune plulieurs feiinences triangulaires. Elle croit communément en Languedoc; on la trouve aulli dans d'autres provinces du royaume. Ses racines , quoique délagréables & acres j ont cependant fervi de nourriture à des peuples entiers ; & dans des années de dilette on en a fait du pain; on les mangeoit aulli du côte de Bordeaux com- me des navets. On plantoit anciennement Vasfodéle auprès des tombeaux , afin que les mancs du cadavre pullent trouver de quoi le nourrir. Porphyre dit dans une de les épigrammes pour infcription lur un tom- beau : Au dehors je fuis muni de mauve & t/'asfodéle, & au dedans de moi je ne renferme qu'un cadavre. Il y a une efpèce à'asfodéle qu'on cultive dans les jardins à caule de la Heur. Afphodelus luteus. |CF C'ell un genre de plante à fleur en lis , compolée d'une Icule pièce, découpée en llx parties, qu'on appelle Lis af- pliodèlc. ASPHYXIE, f. f. Terme de Médecine. C'efl: une priva- tion lubite du pouls, de la relpiration, du lentiment, & du mouvement , ou un abattement conlidérable &: lubit de toutes les forces du corps & de lelprit , en- forte qu'on relie" comme 11 on étoit mort. Vafphyxie elt le dernier degré de la lyncope. Ce mot cli grec , ccVçv|/a^ privation de pouls dans toutes les artères. Il vient d'» privatif, &c de (^ , Jl- » Inlo : d'autres de fa figure ronde, qui s'appelle en grec «(TTK, un bouclier , parce que ce ferpent le met ordi- nairement en rond , principalement quand on l'atta- que; ce qui reprélente la figuie circulaire du bouclier. Sa tetc, qu'il élève du milieu de ce cercle, reprélente ce que les Romains appcloient ombo dans leur bou- j clier. ifT Quelques-uns prétendent qu'il elt ainiî nom- ASP 5'5'7 mé , à caufe que fa peau eft rade. Afpls ah afperitate cutis. Matthiole diftingue trois cfpèces A'afpics ^ dont 1 un elt nommé Ptyasj parce qu'il jette Ion venin au loin comme s'il crachoir : le Iccond Chcrfeen , qui a pris i^on nom de ce qu il le nourrit loin de la mer: le troi- fième Chéi'-donien y parce qu'il elt noir fur le dos, & blanc fous le ventre, comme les hirondelles. Les nlus grands afpics lont ceux qui le nourrillent fur la terre. Il y en a quelquefois de cinq coudées de long, i!; un peu plus court que la vipère. Il a la tête moins aplatie ; il n'a point les dents mobiles comme la vipère. Son cou elt allez mince. Ce ferpent eft marqué de taches noirâtres lur un fcr.ds de couleur roulsâtre. Se dans certain temps les taches dilparoilfent. Notre afpic mord & déchire la peau par la morlure : mais on a éprouvé qu'elle n'eit point vcnimeule , au moins en n'a rellcnti aucun fymptôme de venin , après s'être fait mordre par un de ces lerpens , au point de rendre du lang par la plaie. Encyc. liCF On indique plulieurs remèdes contre la piqûre de l'afpic. Le meilleur eft de n'avoir point de peur. Aspic , fe dit figurément d'un médilant , & d'une mé- ditante. Malcdicus. C'eft une langue d'iTy/'/'cj c'eit un Aspic ^ eft aulli une ancienne pièce d'artillerie i qui elt une demie coulcuvrine bâtarde du calibre de douze livres. Aspic , eft aulli une plante, qui cil une efpèce de lavan- de , qui a une Heur bleue , & ujie odeur & un goût fort. Pfeudonardus. L'afpic a quantité de branches dures comme du bois, ïk comme celles du romarin : les feuilles lont longuettes , étroites , épailles , iv eu grand nombre , plus fortes, plus larges, ik plus blan- ches que celles de la lavande. A la cime des branches naillent les fleurs en épis de couleur rouge", avec un long pied carre liv" mince. L'afpic naît de lui même fur des collines lèches & pierreules, & expotees au loleil, particulièrement en Languedoc. Il fleurit au mois de Juin & de Jinllec. Il eft apéritifs digcltif Ses fleurs fortifient l'eltomac, délopilent la rate , ô'c. Cho.m. On en fait une huile qu'on nomme l'huile d'afpic , qui prend feu ailement, & qu'il eft impollîble déteindre, dont les Peintres fe fervent. L'huile à' afpic elt une huile ellentielle de la lavan- de. Lorfque la plante eft en fleur , é'c que les épis font prefque lecs , on les met dans un grand alambic avec . beaucoup d'eau. Après quelques jours de macération , on diltille le tout. Il lort avec l'huile une eau qui elt de couleur jaunâtre ambrée. 'Voila la bonne \\\.ù\tàafpicy telle qu'elle doit être lans altération. On choilit l'cpi de cette plante préférablement à toute autre partie , parce que c'eft celle qui contient le plus d'huile ellen- tielle. On fophiftique &: on mélange , on gâte 1 huile À' afpic par le mélange de l'elprit de vin & d'aunes m- grédiens qui l'altèrent. P^oyc::^ M. Geoffroy , Altm. de l' Acad. des Se. i j i s , p. 2^ 6 & fuiv. où il enleigne les moyens d'avoir de bonne huile à' afpic. L'huile à' af- pic lert au vernis & à l'émail. Tout cela n'eIt point exact. Afnic eft un terme im- propre de Botanique , qui fe dit par corruption pour Spic. On appelle ainlI la lavande a feuilles larges. La- vandula latifolia, ou T/^ia?. Voyez Lavande. On dit yj8 ASP encore tics-improprcment huile à.\ifp'ic ; pciu" parler coiTectcment , on doit ccrire &: dire Ihuile dclpic, oLcumfpLct. On crie a Montpellier en certains temps ^oiis lencaiderpiCjlesrcmmitesHcuries & dellcchées de la lavande à feuilles larges, ou grande lavande. Aspic d'outremer. Ce n'tll: pas un épi qui naille à la cime du nard, mais c'cll: la racine qui a la figure d'un épi. Cet épi cft de cculeur de Fer, d'un goût amer , & d'une odeur qui n'ell pas dclagrcable. Il croit dans les montagnes de l'Inde. Il eft aftringenr, abfterlif, apéri- tif & tortihant. Chom. ASPIDiSQUE. f. m. Jfpid'ifcus. Signifie proprement un petit bouclier , ou (es orncmens extérieurs : mais on donne ce nom par métaphore au fphinder de l'anus , auquel il fert en quelque forte d'anneau , comme nous l'apprend Cœlius Aurelianus , cité par James. ASPIDO. f. m. Rivière de la Marche d'Ancpne , dans l'Etat de TEglife, en ItaHe. Afpis. Elle fe joint au A!u- fonc vis-à-vis de Lauréte , & f e décharge avec cette ri- vière dans le golfe de Venile. ASPIRANT, ANTE. ad;. Qui afpire à quelque choie , qui veut y parvenir. Afphdns j coinendcns ad. Il n'cll guère d'ufage au propre. Aspirant , fc dit auili au fubftantif , de tous ceux qui pourluivent leur réception en quelques degrés oumai- trilcs. Candidatus. C'cft un aj'pïrant au docl:orat; un ajpirant à la maitnle. L'Ordonnance veut que les af- plrans à la maîtrife des Corps des Marchands, foient interrogés fur les parties doubles & fmiples. Afpïrant Apothicaire. Voye\ Apothicaire. Aspirant , ante. adj. Vocahs fpirïtu afpero data. Terme de Grammaire j qui le dit de certaines lettres qu'on afpire , & dont la prononciation cfl plus forte que celle des autres. Si on ne falloir point \h afpïrantc dans le mot de Héros , on feroit une facheule équi- voque. Vaug. Rem. Aspirante, f. i.Q^u& afplrat ,contendu. C'eft parmi les Religieutes , une fille qui ayant fliit Ion noviciat, af- pire à erre reçue , & à faire lolennellement les vaux que ion Ordre exige. C'eft aulîî une tille qui après avoir achevé fon ap- prentilfage , afpire à être reçue maitrefle , & f e pré- fente pour cet effet aux Jurées de (on métier, pour faire le chef-d'œuvre qu'elles lui donneront , lelon leurs ftatuts. En termes de Méchanique, on appelle une Pompe afpirante , celle qui élève l'eau julqu'à 52 pieds , iaiis autre compreiîîon que celle qui fe fait parla pelanrcur d« l'air extérieur, & dont on attribuoit autrefois l'ertet à la crainte du vide. Anthlia. ^^fT On l'appelle afpïrante, parce qu'elle élève l'eau en la tirant, à la diftérence de celle qui l'élève en la pt u(- fant. Dans les pompes afpïrantes , dont le méchanilmc n'efl pas ditl'erent de celui des feringues ordinaires , l'eau doit s'élever julqu'à 3 z pieds. En effet une co- lonne d'eau de 5 2 pieds de hauteur doit être en équi- libre avec une colonne d'air de la hauteut de l'atmof- phère terreftre, parce qu'une colonne d'eau de 51 pieds de hauteur eft en équilibre avec ruie colonne de mer- cure de 29 pouces. ASPIRATION, f. f. Adion de celui qui refpire, c^ qui tire fon haleine, ou l'air extérieur en dedans pour ra- fraîchir fes poumons. Adfpïratio. Il n'eft d'ufage que dans le dogmatique. Les Médecins dilent aullî infpira- tlon , ôc l'oppolent à expiration , qui eft l'action par laquelle on repouire ce même air au-dehors. 5O" Aspiration , le dit aufh en Phyfique & en Hydrait- lique, en parlant des pompes qui fervent à l'élévation des eaux. Ce mot n'eft point iynonymc d'afcenficn , comme ledifentles Vocabuliftcs. Il eftabfolumcnt rela- tif à la manière dont les eaux font élevées. Une pompe • qui agit ^zi afyirjtlcn , par oppofition à celle qui agit par comprejjlcn. Pompe afpirante j, pompe foulante. Aspiration, eft auilI un terme de Grammaire. Vocalïs elat'io fonïor y afper'iar. Il fignifie une prononciation forte qui fe fait en afpirant, & qui le tire du gofier: ce qui fe pratique à l'égard de \'h dans un grand nombre de mots où cette /i eft afpirce. Ain fi on ne doit point prononcer fans afpïratïon ces mots , Harangue , Hache , ASP Hameau, Héros, Hollande, (S-c. Et par conlequcnt la voyelle, quand il s'en trouve une devant , ne le perd point. l'Aspiraticn, que les Grecs appellent Efprit , &c qu'ils marquent lur les voyelles d'une manière différente des lettres, eft cependant une vraie lettre, comme toutes les autres , & une véritable confonne. C'eft un para- doxe de Grammaire , mais qui peur être paradoxe n'en eff pas moins indubitable. Pour le montrer , il faut fup- pofer d'abord que quand nous parlons ici de lettres , nous n'entendons pas les caraclères de l'alphabet , qui font arbitraires , & qui varient (cuvent félonies langues & dans les peu;:les , Se dans le même peuple félon le l'ulage, & même quelquefois félon la fantaifie des par- ticuhers ; les uns , par exemple , écrivent des afpira- tlons j ou lettres afpirées, où les autres n'en mettent point , quoique tous prononcent de la même manière ; comme dans huomo , huominï , mot itahen , qu'on écrit aufli uome j uomïnï. Il en eft: de même en d'autres , comme befte, que nous écrivons avec xanf, ou bête avec un accent circonflexe , i3c' cent autres (emblables. Mais nous pailons des (ons naturels que peuvent for- mer dans l'homme les organes de la parole , c'eft-à- dire, le gofier, la bouche , la langue , le palais , les dents , les lèvres , le nez. Ces (ons font de deux fortes ; les uns (impies, les autres compotes ou modifiés. Les Ions (impies (ont ceux qui (e prononcent par un feul mouvement de l'organe, comme a , e, i yO, u, &c. Les fons compotes lont ces mêmes (ons (impies mo- difiés par un mouvement de l'organe turajouté au mou- vement néceflaire pour prononcer le Ion fimple. Pac exemple, pour prononcer ap ^ il faut que la bouche fafîe deux mouvemens , l'un qu'elle feroit pour pro- noncer \'a tout (cul , & l'autre néceflaire peur expri- mer le p. De mcme dans ir ik oc , &c. ou dans ha y he y biy Sec. Tout Ion , ou tout effet du mouvement articulé de l'organe de la parole , cft donc ou uii fon (impie, ou une modification de (on (impie, qui jointe au Ion limple fait un (on compote. Les fons (impies font ce que nous appelons voyelles ; les modifications, ou modificatifs, font ce que nous appelons confonnes. l'As piR AT ion, eft une tuite,un cftet d un mouvement que fait quelqu'un des organes de la voix ; c'eft donc nécetlài- rement ou un ton fimple , ou une modification des tons fimples , c'cft-à dire, ou une voyelle , ou une confonne. Ce n'eft point une voyelle; car ce n'eft point un fon (im- pie, qui p uifTcfe prononcer feul, c'tft à-dire, qui réfulte d'un mouvement de l'organe , qui tcul Se par lui-même faffe un (on. C'cft donc un modificatif; & en effet il en a toutes les quahtés.Car i°,ilréfulte d'un mouvement de l'organe , qui de loi ne produit aucun fon j'I'efpric doux, ou l'cfprit âpre des Grecs , notre h afpirée, aulîi-bien que \h des Allcmans , des Anglois , & des autres peuples, ne fait pas plus àz fon par elle-même que le /^ j le c j le tf , &c. Il en eft de mtme de Valeph, du hheth , du caphj du ain des Hébreux, des Cnal- déens , des Syriens , des Arabes , &c de prefque de tou- tes les langues orienrales. 2°. Au contraire notre k j les etprits des Grecs, & les autres afpirées dont je viens déparier , teprononcentavec toutes les voyelles , com- me ce que nous appelons confonnes ; ces a/pirations modifient les voyelles , ce font des (uites , des effets d'un mouvenieut de l'organe turajouté au mou\'ement néceiraire pour énoncer la voyelle. Pour prononcer ka^ il faut que l'organe falFe deux mouvemens, auiîi-bieii que pour ha j ou ca ^ &c. l'un pour a qui de foi eft un ton , & l'autre qui de foi ne produit aucun f©n , non plus que h ■ m.iis qui ajoute cependant quelque choie à « J qui le modifie de même que A , c ^ d , Sec. Se qui fait que ha n'eft pas timplement a j ni ha ., ni ca , Sec. ni aucun autre (on (impie ou modiiîé. Cela fera donc encore plus vrai , ou du moins le fera plus fentir dans les aj'pirations plus fortes , telles que font celles des langues orientales , n , n , in , in: :i , la, 13, p, i}3 1J7. Car par tout là il y a dans la pronon- ciation deux mouvemens, l'un pour la voyelle. Se l'au- tre turajouté, qui de foi n'a aucun fon , Se qui n'étaiu qu'un mode , ne peut être leul , Se lans lujer , mai> le peut joindre a tous les fons fimples & , les modifier ASP les modifier également tous. Puis donc que c'eft là la notion , la nature , rcllence , 1 emploi des conlonncs, il s enfuit que toutes les alpiices iont de véritables con- ionnes. Qu'on les exprime comme l'on voudra, ou bien comme nous \'k , ainfi que font les Orientaux toutes Itms afpinitions , c'elt-a-dire , par des caractères qui entrent dans le corps du mot écrit . ou bien comme les Grecs font quelques-unes , par un ligne à'aj'pira- tïon , que l'on mette lur la voyelle -, il n'importe , & cela ne change rien à la nature & au fond de la cho- ie. Vafpiranon n'eft pas moins une confonne dans eipu, que dans x^'f", dans tu que dansXi'u, dans o An , que dans Xdas tx. ainli des autres. 3". Une leconde railon pour prouver que ce font des conlonnes , c'eft que les langues orientales qui n'ex- primoicnt point les voyelles , ont cependant toujours exprimé les a/piracions. L'dfpiration s'eft changée k.u- vent en conlonne , & s'eft exprimée par une conlonne. Ainli de i'; on en faityèxj de '■i^^''^ ,Jeptem ^à' îèJ'f^" , Jeptlmus j az-i^-tipi! , vcfpcrus 3 à'i-al^ ,fuper , d'^At, fal j d' «W" îfi^'ps } d' aéiî , «/Siï , Japir, j d'^Tot y fève j de f'f"> fif'o , d'fViiî, vejlis , de I hébreu pi"«, &; Ipuis vin , d' £,«« , vomo , Oc ainfi d'une infinité d'autres. 4". Mais lans iortir de la même langue , Héllode dans le bouclier d'Hercule, v. 501 a dit W'f^v, pour ©«'p"'» ne mettant point de différence entre un © ou un elprit âpre. Tout cck montre évidemment que les aspira- tions font de vraies conlonnes , & que l'on a tort de de prendre dans les langues oriemnles les lettres « , n , M, y, pour des voyelles , ou de due qne la nôtre l'k n'eft point une lettre. Aspiration, le dit figurémenr en Morale, & fignifie , delir de parvenir à quelque fin , mais il n'eft d'ufage que dans les matières de dévotion &c de piété. Il li- gnifie 1 élévation , l'élancement de lame fidèle à Dieu; un mouvement intérieur pouffé au ciel avec véhémen ce , une courte Se fervente prière qui part du fond du cœur. Brèves 6' ardentes ad Deum preces. h'af- piracion au ciel eft un commencement de béatitude. Tout le temps de Ictude le pailoit en afpirations dé- votes. BoucH. ASPIRER. V. a. Attirer l'air par la bouche. Befpirare. Ce mot, qui n'eft d'ulage que dans la Phyhque , eft oppoié à expirer. Aspirer , fe dit auffi en Grammaire, pour marquer une , forte prononciation. Vocalemjpïr'uu afpero ejferre. L'h françoite le doit prononcer en ^fpirant en certains mots feulement j tk alors elle tient lieu de conlonne. Les Grecs marquoient les voyelles qui le doivent af- pirerpaï des elprits âpres. Aspirer, fe dit auffi en Atorale , & fignifie , prétendre à quelque charge , dignité , ou autre chofe qu'on re- garde comme bonne & louhaitable. j4fpirare , con- tendere ad ^ &c. §3° Afplrer à la béatitude éternelle. Jfpïrer aux honneurs , aux richelfes , à un emploi. Je n'afpire qu'à vous plaire. C'ejl au repos d'cfprït qu'il nous faut afpirer. Boa. |CJ" P. Corneille en parlant d'Augufte qui veut renoncer à l'Empire , dit : Et monté fur le faîte ^ il afpire à. défendre. ifT Racine admiroit ce vers, & le faifoit admirer à fes enfans. En effet ce mot afpirer qui d'ordinaire s'em- ploie 2.\zc^ élever y devient une beauté frappante quand on le joint à defcendre. Volt. Aspirer. Ce verbe eft auffi adif en tetmes de Doreur. On dit , que l'or-couleur afpire l'or; pour dire, qu'il l'attire , ou plutôt qu'il le retient. Il' le dit pareille- ment de ce qu'on appelle l'alliette dans la dorure en détrempe. On dit en Maçonnerie, qu'il y a des pierres dures, comme le grais , qui ne font pas propres à bien pren- dre tk. afpirer le mortier; pour dire, que le mortier n'en . peut pas faire une forte liaifon. ^CF C'cft dans ce fens que le P. le Comte en parlant . de la porcelaine de la Chine , die qu'il n'a vu aucun A S S 5" 5*9 vafc de porcelaine dont le rouge fût bien vif. Ce n'eft pas, dit-il, que les Clunois n'en aient de beau; mai peut-être que cette couleur le ternit fur la matière , qui en afpire les parties les plus fubtiles t^c les pliu colorées ; pour dire qu'elle les attire & qu'elle s'en pé- nètre. ■ ASPIRÉ , ÉE. part. ifr ASPLE. 1. m. Dans les Manufidures en foie on donne ce nom à un tambour lemblable à celui d'un dévidoir, fur lequel le filoula^loie tonnent des -éche- vaux , en fe dévidant de dellus les bobines iur ce tam- bour. Encyc. ASPRA. 'Ville de l'Etat de l'Eghfe, en Italie. Afpra , an- ciennement Cufperia j ou Cufperula j ville des Sabins. Afpra eft dans la Terre Sabine , Iur l'Aja , entre Ti- voli & Terni. ASPRE. Ifoye-^ Âpre. ASPRE. 1. m. C'eft une petite monnoie de Turquie ; dont on paye les Janillaires. Il en faut 50 pour en faire un écu de France. Busbck, & Leunclavius, dans les Pandectes de Turquie , en ont parlé amplement. Voy£\ aulll Ricaud , de l'Empire Ottoman. La plu- part des revenus du Grand-Seigneur fe reçoivent en af près 3 qui Iont de petites pièces d'argent, qui valent environ 8 deniers,& qui n'ont d'autre empreinte que le nom du Prince qui les a tait battre ; & parce qu'il s'en trouve grand nombre de taux , il y a de grandes poê- les , dans lelquelles on les remue long temps lur le feu pour les éprouver. Voyage du Ltv. pari). C. Sul- tan Ofman vit un jour un arbre qui lui fembla avoir la forme de l'un de leurs Dervis ; il lui alîigna un af pre de paye tous les jours par aumône, &choifit un homme pour recevoir Vafpre , qui a le loin de l'ar- roler, & de le cultiver pour fon argent. Id. La paye des Janiffaires eft de douze à quinze ajpres par jour. Id. De la Boulaye le Gouz le nomme afpre , ou ac~ chia , & dit qu'il vaut quatre mangoures. Nicolaï , dans fes Pérégrinations Orientales j Llv. III. ch. jf l'eftime 10 deniers tournois. Aspre a été aulll une monnoie du temps de Juftinien. Les Anciens ont appelle aulll monnoie afpre , celle qui étoit nouvelle , &c qui n'étoit pas encore ufée par le frai , & maniment. Nummus afper. Les Grecs modernes ont appelé afpre , la monnoie blanche. Du Can&e , & Scaliger , De Re nummaria , pag. y S. ASPREMENT. Foye^ Âprement. tfT ASPRES. Petite ville de fiance , au haut Dauphis né , dans le Gapencois , à (ept lieues de Sifteron. ASPRESLE. Voye:i ÂprÊle. ASPRELLE. f. m. Afprella. On dit aullî, prcle ou queue de cheval. C'eft le nom que Blancard donne à l'equi- fetum majus j à caule de la 1 udclFe , qui fait que l'on s'en fert pour polir les tables & les builets. ASPRESSE. f. f. Vieux mot. Âpreté. ASPKETE. Foye^ Âpreté. ASPRI, ouASpRO. ;^oye:j AsPROPOTAMo. ASPROPITI. Ville de la Livadie , en Grèce - Chalcos. Elle eft fur le golfe de Lépamc , plus orientale que la ville de Lépante. ASPROPOTAMO. Rivière qu'on nomme autrement Af- pri , Afpro , Pachicolme , Géromlea & Carochi. Af- per fluvius , anciennement archelaus. Elle eft dans la Turquie en Europe. Elle a la lource vers les confins de la Thell'alie, au pied du montPinde, l'un de ceux qu'on appelle aujourd'hui Mezzovo; traverfe une par- tie de l'Epire èv; de la Livadie , & fe jette dans le golfe de Patras , à la ville de Dragumeftro. A S S. |ÏC? ASSA. f. f. Il y a fous ce nom deux efpcces de fuc concret. L'afa duels ( les V ocabuliftes ditent ajjûdu- Its ) ou L7jfa odoruta. C'eft le Benjoin , qu'on appelle aulîî fuccens cyrenaicus. Voyez Benjoin : & 1'^//*^ fœtlda , ainli nommé à caule de fa puanteur. Voyez ce mot. ASSABIN. f. m. Dieu des Ethiopiens. Afabinus. Pline dit, /. r 2 y c. I ç que félon quelques uns, c'étoit Ju- piter. Le cinnamome lui étoic conUcréi & pour obte- 560 ASS îûr la permiflîon de le couper, il falloit offrir au Dieu un faciJtice de quarante-quatre pièces de bétail , bœufs, chèvres & béliers. La coupe le failoit durant le jour, • & lorlqu elle étoit faite , le prêtre qui y avoir allifté , mettoit a part ce qui en devoit revenir au Dieu, en le lervant pour cela d une pique. Solin quien parle, c. j :} dit que ce Dieu etoit le (oleil, & il a raifon. Théophrafte 1 avoit dit avant lui , ////?. P/anc 9 3 S ', mais comme c'étoit le Dieu (uprênie d Ethiopie , les Auteurs Grecs ou romains que Plme avoit vus , lui donnèrent le nom de Jupiter, parce que telle étoit leur prévention pour leur Jupiter, qu'ils vouloient le trou- ver par- tout. Les trois Auteurs cités s'accordent à di- re , que la part réfervée pour le Dieu , ne manquoit pas de brûler d'elle-même; &c Théophrafte ajoute que c'eft un conte. Il fert à taire voir que les Prêtres de ce pays-là, auiîî adroits que ceux de bien d'autres pays, (a- voient tromper les peuples , & faire entendre qu'il ne leur revenoit rien d'une offrande , dont ils faiioient fe- crétement leur profit. On coupoit le cinnamomepour en prendre l'écorce , qui cft ce que nous appelons ca- nellî. ASSABLEMENT. C m. Ce mot fe trouve dans des Or- donnances & Arrêts du Confeil , & lignifie un amas de fable qui forme quelquefois une île. ASSABLER , eu ENSABLER, v. a. Remplir de fable. Arenâ cumulare. La mer avec le temps a ajjahlé le port d'Aigucmortes , où S. Louis s'embarqua autrefois. Le plus grand foin que doit avoir un Ingénieur en bâtif- f ant un port , c'cfi d'empêcher qu'il ne s'ajjahle. La ri- vière de Loire alJahlcioiwtnt les prés qui font fur Les bords , les couvre de fable. Ce mot vient àt fable , owfablin. Nicod , ou du latin fdbulum. AssAELER, avec le pronom perfonnelj fignifîe, demeu- rer lur le fable , s'engraver , 1- ipuer. Alhdere ad are- nam , impingere inarenas. Quand on defcend fur la Loire en été ,ou fur le Volga, on s'affable atout mo- ment. Les grands vaitïeaux qui s'ajj'ablent fur les bancs ,^ y échouent. ASSABLE , ÉE. part. pair.& adj. Rempli de fable ; arrêté fur le fable. Arenâ cumulatus, opercus, allifus in arena. Port affublé. Terres affdblecs. Vaifleau affable'. §3" Ce mot afabler ne fe dit point. On dit ordinaire- ment enfabUr i encore n'eft-il d'ufage que furies ri- vières. ASSADOUX. f. m. C'efl le Benjoin, fO" ASSAFI , ou ASFI. Ville d'Afrique , dans la Mau- ritanie Tingitaue, aujourd'hui nommée Safi. Voyez ce mot. ASSA FCETIDA , ou ASA FŒTIDA. f. f. Ce mot eft latin. On l'appelle Meide du Dï^hls , (lercus DiaboU : apparemment à caule de fon odeur d'ail , qui n'ell pas agréable à tout le monde , quoique dans les Indes Orien- tales on l'emploie dans les ragoûts. Les Maréchaux l'ont mife en grande réputation pour les maladies des chevaux , principalement pour le farcin. Cette drogue eft gommeufe & rélineufe ; elle fe fond fous les doigts comme la cire : fon odeur eft forte , & approche de celle de l'ail, elle eft acre au goût, & fa couleur tire fur le rouffitre. On nous l'apporte des Indes Orien- tales. On en diftingue deux elpèces , l'une qui cft en morceaux purs , & l'autre qui eft en malfe informe , moins pure & grumelée. Cette drogue s'emploie pour les maladies des femmes ; elle eft refolutive , effimée contre la pefte , & elle entre dans plulieurs compoli- tions. On ne fait point de quelle plante elle fort ; &c ce qu'en ont dit la plupart des Auteurs de Pharmacie, aulîî-bien que les Botaniftes, ne font que des conjec- tures , auxquelles ont donné lieu différentes relations de voyageurs peu entendus & peu connoiffeurs. Ceux qui croient , après quelques Anciens , qu'elle fe tire du lafer , ou laferp'nïum , feroient fort embarratrés s'ils étoient obligés d'éclaircir les qucftions & les dif- putes fî fouvent renouvellées parmi les Botaniftes au fujet du viai lafr ik de la gomme des Anciens , ou fuc des Cyréniens , fuccus Cyrena'icus. Il ne fera ja- mais poftîble de concilier les Commentateurs de Diof- coride & de Pline fur cela , tant qu'on n'aura que des ASS conjeclures à avancer. Quelques Modernes affureut qu il y en a beaucoup en Perle, & qu'on la tire de deux fortes de plantes , dont l'une jette beaucoup de farmens , comme le faille aquatique i & 1 autre a les feuilles femblables à celles du titimale. Théophrafte dit que cette plante fuit les lieux cultivés , qu'elle s'y abâtardit , & que les feuilles font de couleur d'or. Cette gomme que les Apothicaires appellent lofer , eft ordinairement fophifliquée: & il étoit autrefois fi diffi- cile d'en recouvrer de la vraie qui venoit de la région Cyrénaïque , que Néron la gardoit en fon tréfor com- me une chyfe précieufe : & Pline témoigne qu'elle étoit fi recherchée de fon temps, qu'on la vendoit au poids de l'argent. On appelle le Benjoin Afa dulcis. ASSAGIR. V. a. Rendre fage. Erudire. L'âge ajjagu les hommes. Le temps , les afïliiffions l'ont afafi'i. Il eft vieux , & ne peut trouver place que dans le difcours familier , tout au plus. ASSAHUAYE. f m. Nom d'un fruit qui croît dans le royaume d'Illîni. Afahuaya. Il eft gros comme une médiocre prune , tk de couleur rouge. Il y en a une autre elpèce plus petite , & qui n'clt pas plus groile que le doigt. Ces fruits n'ont pielque que lapeau , &en les fuçant, on n'y trouve qu un gcût douceâtre & in- fipide ; mais ils ont une telle qualité , qu'après en avoir feulement fucé un , l'on peut manger les oranges àc les citrons les plus verts & les plus aigres , & boire le vinaigre le plus âpre , fans être incommodé. Ces chofes ne paroillent plus au goût que des confitures très-délicates , tant eft grande la ftrce de cet alkali, qui fans doute auroit des propriétés merveilleufes dans la Médecine pour émouller la pointe âss acides du corps humain , fi on le fechoit & tranfportoit en Eu- rope. P. Loyer , qui dit l'avoir éprouvé plulieurs fois. Defcr'iptwn du royaume d Ijfmi. ASSAILLANT , ANTE.'firbff. m. & f Qui attaque , qui donne brufquement fut un autre. Aggrefjor , Cp- pugnator. Dom Sanche dit dans le Cid : faites ouvrir le camp , vous voyez ï'a[]aillant. Ce mot n'eff plus guère en ufage que dans les tournois & dans les car- roufels , pour lignifier celui qui combat contre le te- nant , qui s'offre de foutcnir le contraire de ce que le tenant avance dans un défi. L'aJfatHant & le tenant. %fT Quand ce mot eft fynonyme d'alliégeant, il ne s'em- ploie qu'au pluriel. Les ajjaillans , pour dire ceux qui alliègent une place , qui y donnent un affaut. Redou- bler l'ardeur des afaillans. Ablanc. Assaillant fe dit dans le figuré de celui qui attaque de paroles. Je n'ai déjà que trop d'unf rude afTaillant ; Etfje me défends , ce n'ejl qu'en reculant, MoL. ASSAILLIR. V. a. Aggredi , Adoriri ^ Oppugnare y In- vadcrc. Ce mot eft un peu vieux : mais comme de bons Auteurs l'emploient , on croit qu'on le peut em- ployer aulîi à leur imitation ; & principalement dans le figuré , dont on peut voir plus bas les exemples» ' Voici comme il fe conjugue: J'alJaille j tu ajjailles^ il a faille ; nous ajfaillons j vous afaille^ , ils af ail- lent. J'ajffaillois. S'affaillis. Xafaillirai. Que j'af aille. Que j'afailliffe. Tafaillirois. Il lignifie , attaquer vi- goureulemcnt en fe jettant dellus, & comme en fau- tant. Cette place fut affaillie & emportée en plein, jour : elle iu^ a (faillie de nuit, & elcaladée. On \'af- faillit lorfqu'on s'y attendoit le moins. Mon ennemi m'aJfailUt en traître par derrière. Ce mot vient de ad- falire , qui fe trouve dans la Loi Salique , & ailleurs. MÉNAG. Nicod le dérive de afflare. Assaillir, fe dit auili des armées 8c des particuliers. C'eft un bon partilan, qui eft allé a(Jaillir les enne- mis jufque dans leur camp, jufque dans leurs quar- tiers. J'ai vu commencer la querelle , c'eft celui-là qui a afjailli , qui a été l'aggreffeur. On le dit aullî des bêtes. Les loups affamés viennent ajfaillir les hom- mes. Assaillir , fe dit aufli en Morale , en parlant de l'atv taque des pallions , des maladies , & des autres acci- dens de la fortune. Les efprits foibles f e laiffent affail- ASS îir de mille terreurs paniques. Les Saints dans le dtîfert ont été alJjiUis de plulieuis violentes tentations. Les douleiiLS & les infirmités viennent de tous eûtes cffall- iir les \ icillards. Tous les créanciers de ce pauvre hom- me le font venus ajjaillir en même - temps , & 1 ont ruiné. ^3' Il eft à propres d'éviter de fe fervir de ce verbe , dont la conjugaifcn n'cit peut-être pas bien décidée dans tous ies temps , . D. S. M. ASSASINIEN. ENNE.L m. & ï. Jjfafinius. C'eftainfi qu'on appelle Ibuventce peuple dont nous allons par- ler au mot Assassin. Les .^]/t7/7/2it'«j pclfcdoient di.x ou douze villes autour de Tyr. Ils élifoient leur Roi, qu'ils appeloientle Vieux , eu \ Ancien de la Monta- igne. L'an 1113 ils aflaflinerent Louis de Bavière. Ils étoient Mahomérans, iSc ils payoient quelque tiibur aux Templiers. Les fauteurs des Afjl'f.rùens furent con- damnés au concile de Lyon; & fous Innocent IV, en 12-74, les Tartares les vainquirent, & firent mourir le Vieux de la Montagne en 1Z57, & depuis , cette fac- tion s'eft Il fort dilîipée, qu'il n'en refte plus de trace. Maty, Hoffman. Voye\ Guillaume de Tyr, Liv. XX y Uijl. Orient.. chap. ^ r & ^2. Spondà l'an de Jésus-Christ, 1251 &: \^s~. Quelques-uns croient que ce mot ell une corruption de celui d'Aiiacides, d'autres que c'ell un mot originairement Arabe , comme nous le dilons au mot Assassin. ASS.ASSIN. f m. Homme qui tue un autre avec avantage, foit par le nombre de gens qui l'accompagnent , foit par l'inégalité des armes, loit parla htuationdu lieu, ou en trahifon. Meurtrier de guet-à-pens, de dclïeiii formé, & en trahifon. Sicarius , percuffor. Les a[ijf- fins (ont indignes de jouir de l'alile des égliles. Pasc. Vengeons-nous j j'y confens j mais par d'autres chemins ; Soyons fes ennemis , & non fes alTalîins. Rac. Le nomfeuld'zffalïm m'épouvante & m'arrête. Id. M. Corneille a employé ce mot au féminin dans la Tragédie de Nicomcde. Je ne ne fais li le mot afjaf fin pris comme lubllantif féminin, le peut dire; il eft Bbbb $6z ASS ceitaiu du mollis, dit M. de Voltaire , qu'il n'eft pas ^d'ulage. On appelle aulfi affhjjlns j les gens qui fe louent peur aller tuer quelqu'un qu'ils ne connoillcnt pas, & pour venger la querelle d'aurrui. Sicarius j £re , pe- cuniâ conductus. Il fit tuer Ion compétiteur par des aghjjîns. fC? L'AbhéVc\[y, mjl. de Fr. T. IV,pag. !()'*. Ce mot à'ajfajfin vient du Levant , d'un Prince des Arf acides 3 ou Ajfajfins , qu'on appeloic le Vieux de la Montagne i il demeuroit entre Anrioche & Damas , dans un château où il élevoit de jeunes gens dans toutes fortes de plaiîirs & de délices , leur promettant qu'ils iroient après leur mort dans un lieu fcmblable, s'ils obcilFoient aveuglément à fes commandemens ; après quoi ils alloient hardiment tuer & allaiîiner les Rois oc Princes, les enncir.is , fitôt qu'il le leur avoit ordonné. Ces gens s'étendirent depuis partout le Levant. Le Sire de Joinville les appelle Bcduins ; mais Volaterran & Paule Emile les appellent AjfaJJinSi &: Nicole Gilles, Arfacides. Ils étoient tellement dévoués à leurPrince, qu'ils ne manquoient guère d'exécuter les arrêts de mort qu'il avoit prononcés. Voici ce qu'Elmacin rapporte de leur origine : il la fait remonter julqu'à lan 178 de l'hégire, 891 de Jé- sus-Christ. Un prétendu prophète nommé Carmar , s'éleva en Arabie vers Coufa, Se attira un grand nom- bre de feclrateurs, jeiinant, travaillant de fes mains, & faiiant la prière cinquante fois par jour. Il prometroit d'établir un Iman, ou Pontife de la famille d'Ali, prê- chant la dévotion à ce prétendu Saint. Il déchargea fes fecfateuis des plus pénibles obfervances de la loi, leur permertantde boire du vin, de manger toutes fortes de viandes; & par cette licence , jointe a l'cfpérance du bu- tin , il forma une armée immenfe , & ht de grands ravages iur les terres du Calife. Il mourut en laillant douze dilciples , en mémoire des douze Imans dcfcendus d'Ali. Dans la luite , les Carmariens devenus plus foibles fe mê- lèrent avec les autres Mufuhnans, & diiîîmulerent leur religion ; ce qui les fit nommer Barenisj, c'eft- à-dire. Inconnus. C'eft peut-être de ce nom Batenis, que fe forma celui de Beduins , que Joinvillc leiir a donné. Quoiqu'il enfoit, ils commencèrent à être délîgnés par ce nom , & a le fortifier en Perle , l'an 483 de l'hé- gire, i09odeJÉsus-CHRiST.Hacen, leur chef, avant été menacé par le Sultan Gelalcddoulet, commanda à lin de fes fujets, en prélence de l'Envoyé du Sultan, de fe précipiter du haut d'une tout, & à un autre de fe ruer, ce qu'ils firent à l'inftant. Alors Hacen dit à l'Envoyé : dires à votre Maître que j'ai 70000 hommes prêts à en faire autant. Les Batenis,ainfi cachés & dé- terminés à tout, commencèrent à attenter fur la vie des Princes , & en tuèrent plufieurs lans qu'on pût fe ga- rantir de leur trahifon. Le Juif Benjamin, dans fon Iti- néraire,/>. :^2 de l'édition i/2-1 2, d'Amftcrdam, les place près du mont Liban. Cet Auteur écrivoit vers l'an 1175. Il les appelle en hébreu du nom arabe \i\u y^'A Vt? , El Afijln. Ce qui montre que ce nom ne vient point d'Aifacide, comme on l'a dit ci-dclfus , mais du mot arabe ^y^vn^AJls^o^i fignifie Infdiator^^un hom- me qui tend des embûches , Ik. qui vient du verbe arabe U-'itTi > Afafa , tendre des embûches. Car quoique la première Icttre^oit \xn gïïm ^ qui répond au g fran- çois , on a pu aifement le changer dans l'ufage en hha, dont il a la forme , & dont il approche pour le fon. Car le hha n'eft qu'un g ou giïmy prononcé du gofier & avec une alpiration. Assassin, fe dit aullî au figuré, & dans le ftyle comi- que, &fatyrique, de celui qui tue, qui fait mourir im.punément, comme font les Médecins. Que dit-il, qiiandilvoit avec la mort en trouffe ^ Courir che^ un mabde un alfallln en houjjel' BoiL. Dans Florence vivait jadis un Médecin j Savant hâbleur , dit-on, & célèbre alFalîm. Id. Croyei-moli charmante Dorife ^ ASS Banniffe:^ tous vos Médecins ^ Ce ne font que des alfallins Q^ue la crédulité du malade autorlfc. ASSASSIN, INE. adj. Se dit encore au figure, & dans le ftyle comique , de tout ce qui a alfez de charmes pour caufer de la langueur, & pour faire mourir d'a- mour. Vifage affajjin. Voit. Beaux yeux ajfajfms. ScAR. Que dit-elle de moi , cette gente aU'aJfine? Mol. Et c'eft pour cela qu'en galanterie on appelle aullî afi- fûjjlns, certaines mouches taillées en long , que les femmes coquettes mettent lut leur vilage pour paroî- tre plus belles. Ajjajfm , fe dit aulli dans le grand ftyle , (iv' en parlant fétieulement ; pour dire , meur- trier. Al-je donc oublié que fa barbare main Fit tomber tous les miens fous z/n/ez-alTaftinî CrÉbill. ASSASSINANT, ANTE. adj. Ce mot ne peut avoir d uiage que dans le comique , & dans le iatyrique. Mo- leflus , gravis , Importunus. Il lignifie , qui ennuie , qui fatigue. Ce font des compiimens aJJ'affinans, Des re- dites affajfmantes. ScAR. ASSASSINAT, f m. Meurtre qui fe fait violemment de guet-à-pens , ou en traliilcn. Ctdes ex Improvfo , ex Infidiis. On ne donne point de rémillion pour les (7//â/^ finats. Les Efpagnols ne fe vengent que par Kajjajfi- nat ; ils ne veulent point courir la moitié du péril. S. EvR. Assassinat, feditaù Palais pat extenfion ,dcs mauvais traircmens & infultcs qui ont été faits à quelqu'un à main armée , & avec avantage , quoique la mott ne s'en (oit pas enluivie. Un homme qui a reçu des coups de bâton , demande vengeance de i'ajj affinât commis en la perfonne. On le dit aulîî hyperboliquemenr des importunitcs. Quand vous venez tant de gens enlemble pour dt- iier chez moi , c'eft un pur ajfafflnat. Conj uratio j conf piratlo. On dit aufll en amout , qu'une belle a commis un ajfafflnat , quand elle a rendu quelqu'un pallionné- ment amoureux. Je crains quelque affafflnat de ma liberté. Mol. Bon pour les précieufes ridicules. Et le cruel en cet état S'était caché toute fa vie Pour faire cet allallinat. Voit. ASSASSINATEUR. Foyei Assassin. C'eft la même choie. Le mot d'aff'affïnateur n'eft pas reçu ; mais comme d'habiles gens l'ont employé , on peut bien le mettre ici. Cain fut le premier des affajjinateurs. Le Maît. Le P. Bouhours, après avoir obfervé pag. /^ de fes doutes, que des Ecrivains illuftres ( Meilleurs de Poit-Royal ) ont fiit, murmurateur, coronateur , af faffmateur , ne fe contentant pas êCaffaffm , ajoute p. 14, qu'il fait le meilleur gré du monde à ces grands hommes , du deftcin qu'ils ont d'enrichir la langue , & qu'il loue leur zèle, bien loin de blâmer leur har- dieffe. Il ne laille pas de demander enfuite à Meilleurs de l'Académie Françoife, fi ces mots entreront dans leur Dictionnaire. Dieu a voulu que la peine fût in- féparable du péché. Il nous l'apprend par cette parole qu'il dira Ca'i'n, le père des affaffinatcurs Se des fra- tricides ; qu'auflî-tôt qu'il auroit fait la mauvaifeaélion qu'il mcditoit, la peine de fon crime le viendroic faifir. Le Maître. ASSASSINEMENT. f m. Vieux mot qui s'eft dit pour alFalîînat. Cèdes ex Infdlls. Piteux' ajf affine ment. Pa- RADIN. ASSASSINER, v. a. Tuer quelqu'un en trahifon ; de guet-apens. Interimere , trucidare ex improvifo , ex in- fdiis. Ce gentilhomme a été cruellement aïfafffiné pni fix coquins. Le Duc François de Guife fâchant qu'il y avoit dans fon camp un Huguenot qui étoit venu àdei- jfein de ï'aff'afflner^ le fit venir, & lui dit : fi votte re- ASS liglûn vous pouile à majj'ûfflner ^ la mienne veut que je vous parclonne. Assassiner, fe du aulîî pnr cxtenfion des excès & ou- trages qui font faits avec violence, _& port d'armes, quoique la mort ne s'en loit pas enluivie. Impctcre , Oppugnare. Il a été a£lijfiné de cinquante coups de b.iton. Assassiner, fe dit aulîî en raillant, des animaux qu'on tue a la ch.ilfc. Il portoit un grand fulil dont il avoit ajjiijjîné plulic'urs pics. Scar. On dit aulli en amour, que de beaux yeux ajfajjl- ncnt ; pour dire , qu'ils blelfent les cœurs. Votre beauté divine affajfinc. Voit. Ses regards ajfajjïnenc tout le monde. "il CAR. ffT Mais en ce fens, le mot A'affaJJl- ner eft comique, & abfolumcnt banni du difcours noble. Assassiner, fe dit hyperboliquement; pour dire, im- portuner beauc>-ii:% Gravcmacmolcfium c//t'. On trou- ve dans les rue-, mille gueux qui vous ajjjjjlnent. Il m'écrit trop louvcnt, il m'jljajjïne de les lettres. Les Plaideurs èc les Poëtcs ajjjffinent les gens du récit de leurs procès, & de leurs vers. Scus cjuel aflre , hon Dieu! faut-il (]ue fols né j Pour ttre de Fâcheux toujours alfalliné! Mol. Assassiner , fe dit auffi pour faire fouffiir cruellement, pour accabler de douleur & d'eiinui. Quelquefois il le dit en raillant. Il elT: de ces maris que la jalouhe i^fjc^f- Jlnc. Mai. Et quelquefois aulli férieulem.ent: nem'iT/- fajflne:;^ point de vos cruels adieux. Corn. Assassiner, fe prend aullî pour médire, pour déchirer la réputation des gens. Maledicerc de aliquo. C'eft là qu'on ajjdjfne les abfens à coups de langue. Scar. ASSASSINE , ÉE. part. Trucidatus ex improvifb j ex infidiLs. ASSATION. f f. Uflio. Terme de Pharmacie , qui fe dit de la coClion des médicamcns & alimens dans leurs propres fucs , & fans addition d'aucune' humidité, ou onctuohté étrangère , comme celle des viandes à la broche, fur le gril , au four, fous la braife , &c. Le caffé fe prépare par affation ; c'eft-à-dire , qu'on le fait rôtir. AssATiON. Terme d'Hermétique. Les Philofophes her- métiques appellent afanon , la couleur noire , ou la putréfaciion de la matière de la pierre. Ajjatio. ^fT Je n'entends pas les Vocabuliftes qui dilbiitque c'eft l'adlion Az fuh limer ,àzvolutiHfer ^ dejî.vc^r la matière du grand œuvre. Ce mot vient du latin ajfare , rôtir. ASSAUT. 1. m. Attaque à force d'armes, d'un camp , d'une place , ou d'un polie , pour tâcher de s'en rendre maître. Oppugnatio :, cggrcffw. §3* C'eft proprement une attaque générale & vive dans laquelle les Alfail- lans, fans crie couverts d'aucun ouvrage, cherchent à s'emparer d'une ville , d'une citadelle, d'un fort, d'un pofte quelconque. Donner un afjaut. Aller, monter à l'ajfaut. Soutenir, repoulfer un a[J'aut. Prendre à'af- faut. On a donné \'affaut en trois endroits du camp pour forcer les lignes. On a de la peine à empêcher le pillage des villes qu'on emporte à'ajfaut. Les enfans perdus montent les premiers à Vaffaut. Assaut, fe dit aulli dans les falles d'Efcrime , fÇT de l'exercice qui s'exécute avec des fleurets , & qui repré- fente un véritable combat. Irr.petus j imprejfio. Cet écolier a fait affaut contre le ^laître. Un Prévôt de lalle doit faire affaut contre tous venans. Assaut , fe dit aullî en Morale, de toutes les attaques & furprites qu'on tait à quelqu'un, des follicitations vives & prelfantes. Il m'eft venu prendre A' afjaut pour me mener a la campagne. La chafteté a bien de la peine à loutenir les ûfjduts des aiguillons de la chair. Sa vertu a (outenu un terrible afaut par une iî forte tentation. La goutte donne de violens affauts à la confiance. On m'a donné plufieurs cfjauts pour m'obligera cela. |CT Dans un fens figuré , faire affaut d'efprit , de grec , d'hiftoire, de géographie, 6^^. C'eft difputerà qui fera paroitre plus d'efprit , à qui montrera de la fupériorité Tome I, ASS j(î^ dans quelqu'une de ces chofcSjaquirtuflTralemitux. Contendere. 1/3" On dit encore figurémcnt des femmes qui vont dans une alfemblée pour y étaler leurs charm.es Se faire parade de leur beauté, qu'elles y vont pour ï:iKt afjaut de beauté. Ce mot vient d'affultus. ASSAZOË. f f Herbe qui croît dans l'Abyllînie. On s'en lert contre le venin des lerpcns , & elle a une vertu mcrveilleufe à cet égard. On prétend même que l'om- bre leule de cette herbe alfoupit les vipères. ASSEC. 1. m. Terme de Coutume. C'eft en Brelfe un étang qui demeure à fec après avoir été péché. Sta- gnum aridum. Ce mot vient apparemment àta fec j c'eft-à-dire , fans eau. ASSECHER. V. a. que Nicot & Monct écrivent afei- cher , ie diioit autrefois pour deff'écher , & étoit , ce me femble, plus lignihcatii: , pour dire, mettre à Çqc. Le terme de coutume a£'ec _, qui lîgnifie en Brelle un étang qui demeure à lec après avoir été péché , en eft une bonne preuve. J'^oye'^ le dernier exemple d'Es- TIOMENÉ. Assécher, v. n. Terme de Marine. Ette à fec , n'avoir plus d'eau. Siccari., aquis viduari _, vacuari. Cette baie affeche de balle mer. D en y s. Ce font tous fables qui de balfe mer ajféchent. Id. On dit qu'une terre , qu'une roche affeche , lorfqu'on la peut voir après que la mec s'eft retirée. \fT On le lert dans le même fens du mot découvrir. Une roche qui découvre de balle mer. ASSECTÉUM. f m. Drogue dont il eft fait mention dans le tarif de la Douane de Lyon. ffT ASSECURATION. f f. Terme de Palais. Signifie une oppolîtion formée à l'adjudication d'un héritage faifi réellement , dans le relfott du Parlement de Gre- noble. ASSÉCUTION. f f. Terme de Jurifprudence Canoni- que , qui fe dit de l'obtention d'un Bénéfice. Confe- cutïo. L'n premier Bénéfice vaque par Xaffecutïon du fécond , quand il y a incompatibilité entr'eux. Ipr ASSED-ABAD. Petite ville de Perfe, vers Amadan. Long. 63 degré 40', lat. 34 degré jo'. ASSÉDIM. Ville de la tribu de Nephthali. AJfedim.YiWç^ étoit au nord de cette tribu, près de la foret du Liban, & des hmites de la tribu d'Aler. ASSÉEUR, ou ASSEYEUR, félon quelques-uns. f m. Mot d'ulage Iculcment à la Cour des Aides, ou à l'E- lecfion. C'eft un habitant d'un bourg, ou village, élu par la Communauté pour alfeoir la taille, i!C? Assemblées du Peuple Romain, /^oyeç Comices. Assemblées du Camp de Mars, ou de Mai. Terme ufité dans notre Hiftoire. C'étoient en France des Af- femblées générales, ou Etats du Royaume, qu'on ap- peloit ainfi , parce qu'elles fe tenoient en raie campa- gne le premier de Mars , ou de Mai. Les Prélats , Ab- bés , Ducs & Comtes , s'y trouvoient. Le Roi y préfi- doit. Sous la féconde race elles fe tinrent deux fois l'année. Voye^ M. le Gendre , Mœurs & Coût, des François. Charleniagne partageoit fes foins & Ion ap- plication entre deux fortes d'attaires , lelon les divers temps de l'année : l'été & l'automne étoient occupés à fes expéditions mihtaires , ou à quelques voyages Un- ies frontières. L'hiver & le printemps étoient deftinés aux Affemblées de fes valfaux , où l'on traitoit de la guerre &: du gouveniement civil de l'Etat; ou bien à des Affemblées Eccléfiaftiques , où l'on régloit ce qui concernoit la police de l'Eglifc, par les avis des Evc- ques Se des Abbés; fi toutefois l'on doit toujours dif- ASS tinguer ces deux fortes à' Affemblées j dont les Mem- bres étoient fouvent les mêmes ; car la plupart des Evê- ques & des Abbés étoient vallaux de la couronne , à caufe des biens que les Rois avoienc donnés à leurs Eglifes , ou à leurs Monaftères. Par cette raifon-là même> pluheurs étoient obligés de fournir des troupes au Roi -, & ainlî ils afiiftoient aux conférences dû il s'agilloit de la guerre. De même les Seigneurs étoient allez louvent préfens aux Affemblées où l'on régloit la pohce Ecclé- lïaftique , quand ces affaires le trait oient en même temps, éc en même heu que les autres. P. Dan. §3" Assemblée des États d'une Province. Ce font des Affemblées qui fc tiennent pour délibérer lur les affaires particulières de la province. Telles font \csAff femblécs des Etats de Bretagne , de Languedoc , &c. Il y a de même des Affemblées d'Habitans, de Commu- nautés , qui ont le même objet pur rapport à leurs af- faires particulières. Assemblée du Clergé. Clcri Comitia. Les Affemblées du Clergé font grandes , ou petites. Les grandes le tien- nent de dix ans en dix ans , pour renouveller avec le Roi le contrat des décimes ordinaires , & pour accor- der à Sa Majefté quelque {■ecours extraordinaire. Entre deux grandes Affemblées ., il s'en tient une petite pour examiner les comptes di\ Receveur général du Clergé, ôc dans laquelle on tait u.n prêtent au Roi , comme dans les grandes. Les grandes .-^J/è^Wf^ font compotéesde quatre Députés de chaque province eccléliaftique, deux delquels font du premier ordre, c'eft-à-dire , Arche- vêques ou Evêques , Se les deux autres du lecond , c'eft-à-dire. Abbés, Prieurs, ou autres Bénéficiers de la province qui les envoie. Les petites AJJemblées font compofées de deux Députés leulement de chaque pro- vince eccléliaftique, dont l'un eft du premier ordre , & l'autre du lecond. Ces Affemblées grandes ou pe- tites , s'appellent ordinaires , parce qu'elles le tiennent régulièrement de cinq ans en cinq ans , & alternative- ment, grandes ou petites. Il n'y a que leize provinces eccléliaftiques qui envoient des Députés aux AJJem- blées ordinaires. Ces provinces font, Lyon, Rouen , Tours , Sens, Paris, Reims, Bourges, Albi, Bordeaux, Auch , Narbonne , Touloufe , Vienne , Arles, Aix , Am- brun. Les autres provinces du royaume n'étant réunies à la Couronne que depuis le contrat de Poilîi, les Egli- fes qui y ont des biens, n'envoient. point de Députés aux AJJemblées ordinaires où il s'agit des décimes : mais quand il y a des Affemblées extraordinaires où l'on traite des affaires générales de l'Eglile de France , Se de ce qui regarde la foi , les mçEurs , & la difcipline, les Archevêques & Evêques des nouvelles conquêtes s'y trouvent. Ainfi en i68z les Provinces de Cambrai Se de Befançon envoyèrent des Députés à ï'Affcmblée^ Se en 1713 Se 1714,1e Cardinal de Rohan,Evêquc de Strasbourg , Se les Evêques de Verdun &deToul , étoient de l'AJJemblée qui a reçu la Bulle Unigenitus^ Voyez les Mémoires du Clergé, T. ^. Assemblée illicite. Cœcusj ou Conventus illicitus. C'cH celle qui fe fait en contravention des règlemens de po- lice : c'eft un cas royal , dont les Baillifs , Sénéchaux , Se Juges prélidiaux , doivent connoître privativement à tous autres Juges royaux & à ceux des Seigneurs. Af- femblées illicites avec port d'armes font encore plus dangereutes. f^oyer l'Ordonnance de 1670 , tit. i & 2. Assemblée. Ccetus ^, circulas. C'eft aufîi un terme de Re- hgieufe. Ainhsihïïl' Affemblée:, c'eft parmi elles, fe rendre dans un certain lieu où toutes les Sœurs s'airem- blent de temps en temps , pour y traiter des chofes né- celfaires, ou pour s'y accuferdes fautes légères qu'elles ont faites. C'eft aulli fe rendre dans la chambre, où elles vont fe récréer à midi. ASSEMBLER, v. a. Réunir, mettre enfcmble. Il fe dit premièrement des perfonnes. Congregare , aggregare^ cogère J convocare. Affembler le Sénat, le Clergé, les Etats. Affembler l'Arrière-ban. Affembler des troupes. Affembler les Chambres , le dit au Palais , quand toute la Grand'Chambre eft affemblée j c'eft à-dire , lorf- que ceux qui font de fervice à la Tournelle y font appelés, comme lorfqu'on juge les procès criminels k ASS des Gentilshommes ou des Officiers royaux. ^Jfcm- bkr le Pailement , le die lorlqu'on alîemble rout le corps, que les Enquêtes, & les Requêtes viennent en la Grand'Chambre , comme lorlqu'il faut vérifier les Edits, recevoir un Conltiller, &c. Ce mot vient de adf.m-ulare , compofé de ad &i de Jlmul, comme qui diroit, finzul poneie. MÉnag On dit proverbialement , qu'un homme a bientôt <î/7ê/7j/'/ 1 1 , ^ 8c Fil , rj, Livi II y ch. 14., verf. û. Quelqu'un a dit que les ÀJfidéens étoientainfi nommés^ parce qu'ils étoient aiîidus au culte divin. C'cft une bé- vue. AfsidAus n'ert: point un mot latin, mais hébreUé Un autre Auteur dérive ce mot du chaldéen 'V^î^'t^dif- fudit , c'eft-à-dire, il a répandu, & prétend que ce nom lignifie des gens répandus çà &: là, ou fugitifs pour leur religion , 8c pour ne point obéir au Prince , qui vouloir la leur faire abandonner. Il paroit bien plus na- turel de le faire venir de QiTiDn, comme nous avons dit. Serrarius Jéfuite , & Drufius, ont écrit l'un contre l'autre fur les a/sidéens , au fujet d'un endroit de Jo- feph, fils de Gorion , dans lequel le premier prétend qu'ilappelle tfyj/£/t;'<;//j les E(réniens,l'autrc prétend que ce font les Pharifiens. Les afsidéens 8c Tfaadikim, ou Juftes, ne firent d'abord qu'une même feéte ; après la captivité ils fe féparèrent. ASSIDENT. ad. m. Signe ou Çyïnçtome afsident ; c'eft-" à-dire, qui accompagne ordinairement une maladie» Il diifére du fignc pathognomonique, en ce que celui- ci eft inféparable de la mal.idieà laquelle il eft etfen- ticlj au lieu que l'autre ne l'eft poipr. Galién cité pdf 5(58 ASS James. Il vaut mieux diïejjmptcme concomitant} que l'ymptome afsident. AbSibU, UE. adj. Qui a une application continuelle à quelque travail, à quelque fonction ou devou". Afsi- duus. Un Chaiitre doit être afsidu à l'Office. Ajsidu à l'étude i au travail. §3" !l le dit auffi de celui qui rend des foins continuels, iiiivis à un 2MViZ.\\z'^ afsidu à lui faire fa cour. Ce jeune homme eft afsidu auprès de fa maitreire. Il ella/jiti'w auprès de moi.^yiic/^^i/JA/2a w/z ^fi' ■ . . ^Zf On s'en fcrt encore pour marquer la continuation ou la fréquente répétition de certaines choies. Travail afsidu. Peines^y}ionne ^n\ii\xw2dieafsiette.Afsiette contrainte, incom- mode. On dit au Manège , faire prendre à un cavalier une bonne afsiette ; pour dire , le mettre dans une fitua- tion convenable lur la (elle. On dit , qu'il ne perd point l'afsiette ■ pour dire , qu'il eft ferme lur les étriers. L'afsiette eft de iî grande conléquence, que c'eft la feule choie qui falle bien aller un cheval. Nev/c. As siETTE , fe dit atiffi figurément de l'état & de la difpo- lîtion de l'elprit. Animi fatus. Quelque fortune ou adverhté qui arrive à un Stoïque, Ion efprit demeure toujours dans la même ij/jitvre. Pours'allurerii Ion agit par un principe de vertu , il faut voir h lame eftdans une afsiette calme & tranquille , & h elle eft e^empre du trouble des pallions. Dac. L'afjiette de l'elprit de l'homme eft fujette au changement. Rochef. Mais lui fui immobile Garde aufein du tumulte un alîiette tranquille. BoiL.' Assiette, fe dit auflî du département des tailles &au- tres impolitions, pour régler ce que chaque Commu- nauté , ou chaque particulier habitant en doit payer. Tributorum defcriptio. C'eft en ce temps-ci que le fait l'afsiette des tailles. Les commiiîîons font parties pour i:iKçl' afsiette de cette impcfition. L'afsiette Si. la collcète des tailles eft la fonâ:ion des Alfeeurs &: Col- le6l:eurs. On appelle en Languedoc afsiette j lesaffem- blées qui le tiennent dans quelque Diocèle pour le ré- ,, glement Se le département des tailles, après la tenue des ASS des Etats de la Province. Commiflaire de Vufsiette , j clt celui qui eft député des Etats pour prclidcracette ail emblée. Paruii Arrccdu Ccnleil du 27 Janvier 1 5^7 , il efWetenJu aux .\;aitics des Requêtes , & Gardes des Sceaux , de permettie qu'il loit Icellé es Ciiancelleries aucunes lettres de privilèges pour imprimer livres quel- conques, ni autres écrits, ni lettres à' afsietce ^OMÏm- pofltions de deniers iur le peuple. Tessereau. Assiette , en termes des Eaux & Forets, ifl' C'eft l'é- tendue des bois délignée pour être vendue par les Of- ficiel des Eaux & tcréts. Conftitutio. En ce lens on dit , l'aire ï'afsiette des ventes. Assiette (/« vaiijcau. C'eft entérines de Marine, la litua- tion où il peut le mieux liller. Sifus. Assiette, l. f.Terme d'Horlogerie. C'eft tout ce quifup- porte quelque choie, comme X'afsïcttc d'une roue, eftla partie Iur laquelle elle cft rivée. Assiette. Terme de Paveur. C'eft le lens où le pavé doit être mis , quand on le pôle fur le lable. Assiette, en termes de Doreur iur tranche, fîgnifie une compolîtion qu'on mer fur la tranche d un livre avant que de le dorer. Cette compolîtion eft 1-aite de bol fin , de languine fine , de terre dombre, de gomme adragante & arabique , de colle de Flandre , & de la- von de Caftres. Assiette , eft aullî un terme de Teinturier, quifedit d'une cuve préparée & remplie des ingrédiens nécel- finres pour la teinture. Assiette derentc. Terme de Jurifprudence. Celîiond'un fonds en propriété pour le payement d'une rente pro- mue. Ceffio. Cela le pratique dans les contrats de ma riagc , ou dans les partages. Si 1 on promet cent livres de rente en ûjjlecte , cela veut dire , qu'on s'engage de céder des héritages julqu'à la valeur de cent livres de revenu annuel. VûJJlctte de rente relfembie a l'.anti- chrcle , e.cepté qu a l'égard de la première , l'on aban- donne le tonds en pleine propriété, & fans le pouvoir retirer, comme dans l'antichrcfe. M. de Lauiière pré- tend qu ajjlctte de rente eftla même choie qu'aiîignat , &qu'alleuir une rente eft la même chjte qu'alîigncr-, & que quelques Auteurs mettent mal -à-propos de la difte- rence entre ces mots. On dit au lî> que le Roi donne une terre en afsiette, lorlqu'i! alîigne des rentes Iur cette terre. Dans l'Elil- toire du Conleil du Roi par M. Guillard , il y a des ob fervationscurieulesfur les terres que nos Rois ont don- nées en afsiette. Assiette , eft aulîi un uftenlîle de table qu'on fert de- vant chacun des convies pour y peler les morceaux qu'on lui Icrt, ou qu'il veut manger. Ortïs. On fait des afsïettes de bois , de iaVence , d'ecain , d'argent , de ver- meil doré; des rt/iier/fj creules pour manger la foupe, des r|/}/tfrrej volantes pour fcrvir les entrées, les ragoiJts, les entremets. On les icrt er.tre les plats. On appelle du même nom les ragoûts qui loiudelfus. Ferculum. Une afsiette de champignons, de ns de veau, de confitures. On appelle aulîî, afsiette à mouchettes , la platine Iur la:,uclle on les mer. V afsiette 'â mouchettes eft prélcn- temcnt hor; de m^dc, & on ne lelertplus que de porte- m.juchettes. ^fT En parlant d'un homme qui eft en pcnfion dans une auberge, où l'on paye quoiqu'on ne le trouve pas au repas, on dit fi_urânent & proverbialement, que Ion afsiette dme pour lui , quand il eft abient. Vendre du vin à Y afsiette. C'eft vendre du vin en détail , avec permiftîon de donner à manger à ceux à oui on le débite , de couvrir la table d'une nappe , & d'y fervir des afsiettes ; ce qui cil: diftérent de vendre du vin à pot; qui eft bien aullî une vente en détail , mais où l'on ne pciù mettre ni nappe , ni ajfiette^ ni donner à manger. Les Marchands de vin, Cabaretiers, vendent à afsiette , les Bourgeois à pot. ASSIETTEE. f.t.Fleinunealllette. Cet enfanta déjaman- gé deux afsiettées de bouillie. Je ne crois pas ce mot de bel ufage. Q\\ dit plus fouvent une alfiette de potage , qu'une afsicttée. ASSIGNAT, f m. Terme de Jurifprudence , qui fe dit particuhèremcr.t en pavs de Droit écrit. Conflitut'io. Conftitution,&alîignationfpéciale d'une rente fur un Tome I. ASS yép certain héritage, lequel demeure nommément deftini & artedé pour le p.iyement annuel de la rente. Quel- quefois pour fortirier ]:afign.^t, le créancier de la rente ftipule , qu'il en recevra les arrérages par les mains du Fermier de Ihéritage aiiigné. L'afsignat ne rend point la rente foncière. Le ys. L'afsignat ne donne point plus de privilège au créancier de ia rente qu'une hypothèque générale oc Ipéciale. Id. ICT Assignat, le dit encore d'une déclaration d'emploi firit par un mari Iur les propres, pour les deniers do- taux de la femme. Assignat démonfîratif, eft une rente conftituée à pren- dre iur tel tonds, ce qui n'empêche pas qu'en déguer- pillant ce fonds on ne ioit oblige de payer la rente, par- ce quelle eft perfonnelle. jUJJignat Limitatif , fc dit des fruits d'un fonds qu'on lègue à quelqu'un, & qu'il n'eft point obligé de payer quand il abandonne le- fonds. ASSIGNATION. In jus vocatio. fC? Terme de Palais. Acte qu'on .appelle aulîî exploit par lequel on lomme quelqu'un de comparoîtrc par-devant un Juge compé- tant, à certain jour , lieu & heure, pour répondre aux fins &: conclulions qui lontpnics contre lui. |CF II faut remarquer que Wfsignation & V ajournement ne lont pas toujours fjnrnymes. Tout ajournement porte afsignation; mais cela n'eft pas réciproque. L'af Jignation„ par exemple , à venir dépofer en qualité de témoin, n'emporte point ajournement ^ & n'eft c.u une fommation faite pat autorité de juftice. \J afsignation n'eft cenfee ajournement que dans les cas où celui qu'on alligne eft obligé de latisfaire aux fins de l'exploit, par une convention exprelFe ou tacite. L'Ordonnance veut que les exploits âîafsipiation foient libelles , c'eft- à- dire , qu'ils contiennent la demande , afin que le défen- deur vienne prêt pour y défendre. Les afsignations à trois bricfs jours le font à cri public, à ilm'de trompe dans les carrefours, pourinftiuire une contumace. Les afsignations le doivent donner à la pcrf nnc , ou à do- micile. On domie auffi des afsignations fur la frontière à ceux qui font hors le ro)'aume. On levé les défauts fur ['afsignûtion, quand on manque à fe prélenter. Les afsignations données par des innoccns à leurs Juges , • devant le Tribunal de Dieu , ont fouvent été exécu- tées. De Roch. Il eft au figuré dans cette phrafe. Assignation, fc dit aulîi des rendez vous qu'on ie donne pour fe trouvera un certain heu, à une certaine heure. Confiitutio rei certo tcmpore & loco faciends. Les deux Avocats le font donné afsignation a cinq heures pour confulttr. Ces- amans le donnent afsignation ou ren- dez-vous aux Tuileries. A.ssiGNATiON ,en termes de Finance, eft un Ordre ou Mandement, qui s'expédie autréfor royal, peur faire p.ayer une dette fur un certain fonds. On donne à des Tréforicrs des afsir nations iur divers Fermiers, pour prendre le ionds dt-ftiné à leur maniment. On a donné à ce créancier une afsignation iur la coupe d'une telle forêt. Assignation , eftaulfi une conftitutionde rente, unéta- blilfemcnt de pcnlicns fur certaines terres, ou revenus, qui y demeurent affecfés c^' hypothéqués. Vafsigna^ tion du douaire de cette temme a été faite fur une telle mailon. Les afsignations des rentes fe font Iur tous les biens préfens & à venir. ASSIGNER. V. a. Donner un exploit, fommer quelqu'un de comparoitre devant un Juge, ou un Commiftaire , pour défendre à une demande, ou faire quelque aète de juftice. AUcui diem dicere. Aliquemin jus \ocare. Les Ducs & Pairs font i7y}i<;'/2cr leurs parties d'abord au Parlement. Ceux qui ont droit de Committimus les font afsigner ^ux Requêtes; les auttcs les fontafsigner de- vant les Juges ordinaires des lieux. Il aéré afsimepoixt dépofer, prêter lerment, lubir l'interrogatoire. N'imite-^ point ces fous j Qui toujours alîîgnans & toujours alfignés , Souvent demeurent gueux de vingt procès gagnes. Boit. L'ancienne manière A'afsigrer les gens de Juftice ctoit de prendre par l'oreille. Car lorfque les Sergens Cccc 5 70 ASS clonnoient anciennement des a/signatlons a quelqu'un, ou qu'ils conrtituoient des piilonniers, ils touchoient l'oteille de cekii qu Us prenoient pour tcmoin, ou pour recors , qu'ils appeioient Jntejiacus ; c'eft pourquoi Horace dit, L'icct anteftari ? Ego vcrboppono auricw lam. Lib. I. Sat. ç yVcrf.76 , 77. De Roch, 'Assigner, fignificaunî, créer une rente, & obliger cer- tains fonds pour la fureté du payement i donner un mandement , ou une refcription pour charger quel- qu'un du payement d'une dette. Conflïtuerc. Le ftylc des contrats de conftitution porte: Il a été conftitué , 7^'R\%,ikaf signe m\z telle rente fur tous fes biens pré- fens & à venir. Les gages des Oiiiciers font afsigncs f«r la féconde partie de l'Epargne. Les rentes afsï- gnées fur le Clergé. On lui a aj signé (on douaire lur une telle terre •■, une penfion lur le public. Assigner , fignifie encore, donner, dcftincr. Il a a/signé deux mille arpens deterreàSextus Clodius le Rhéteur , exempts de toutes charges. Jfsigner des terres aux nou- veaux habitans. Le Roi leur ajsigna une contrée pour habiter. Vaug. Ce gouvernement vous a été afsigné. La fociété ne peut fublîfter fi chacun ne fe contient dans l'ordre , & dans le rang qui lui eft afsigné. De Launoy. Assigner , veut dire auffi , faire connoître , indiquer. Indïcare. ^z^'/zc/'lcs véritables caufcs des événemens. Ablanc. On dit proverbialement, ou ironiquement, qu'une rente eft ajlignee fur les brouillards de la rivière de Loire; fur Janvier , Février & Mars i pour dire , qu'on n'en aura jamais rien. ASSIGNÉ, ÉE. part. Il a les fignifications de fon verbe, en latin comme en françois. Ces mots viennent du latin ajfignare , qui vient de Jcgnum. ASSIMILATION, f. f. Adion par laquelle des chofes font rendues femblables , tfT ou ce qui fait qu'une choie devient fcmblable à une autre. JJftmiUtio. Ce mot eft compofé des mots latins ad Se Jimilis , femblable. f^T Assimilation en Fhyfique , fe die d'un mouvement pat lequel des coips transforment d'autres corps qui ont une difpofiticn convenable, en une nature lem- blable à leur propre nature. ^CT Dans les corps aiaimaux les alimens fe transforment en fubftance animale par la digeltion &c les autres opé- rations nécelfaires à la nutrition. Foye-^ Nutrition. ^CT Dans les végétaux , les fucs de la terre préparés , di- gérés , raffinés dans les vaiileaux d'une plante Ibnt chan- gés en matière végétale. Voye-{ Végétation. Assimilation, f. f. Bari dit que c'eft une figure de Rhé- torique , par laquelle on adoucit un peu les choies. Jfjlmilano. Exemple : je ne veux pas dire qu'il foit fou; mais on peut avancer qu'il eft quelquefois bourru. |CF ASSIMILER, v. a. Rendre femblable. Ajjimilarc , fitniUm reddcre. La digeftion & les autres opérations nécellaires à la nutrition aftimilent le chyle au fang." Ce mot n'eft pas d'un fervice fort étendu. Je ne vcu- drois pas qu'on s'en fervît hors du Phyiîque- Perfonne, à ce que je crois , ne s'aviiera de dire avec les Voca- buliftes , ajfimiler fes idées , aux idées d'un autre. ASSIMILÉ , EE. part. Similis faclus. Rendu femblable à quelque chofe. Traité de Litholog. £• de Conchy- liologie. ASSIN , ou ASSINBER.G , AJfmnm ,^ AJfinberga , eft unbcurg de l'Ecofte feptentrionale , lur la rivière à'Aj- Jîn , Se dans le comté d'Jjfin. AssiN. rivière derEccire (eptentrionale. AJfinus , Iiys , Icis. Elle coule dans le comté d'Ajffin , travcrle le lac d'AjffIn j & fe décharge dans l'Océan Calédonien, au bourg d'Ailînberg. Le comté à'y.JJIn ■, ou JJJinshire , eft une contrée du comté de Roft\ dans le nord deTEcolfe. AJJinus fagus , ou comïtacus. Ce comté s'étend le long de Océan Calédonien , aux frontières du comté de Sou- thei land & de celui de Strateuaverg. ^ ASSINÉ , félon Bofmaa , ASSINI , félon de Lif- le , ASSINIE , félon Baudrand. Pays d'Afrique , en Guinée , le premier qu'on trouve en abordant fur la ASS côte d'Or du côté de l'Occident. fer ASSINIBOULS , ou ASSINIBOILS. Peuple fauvage du Canada qui habite lur le bord d'un la;, d. même nom. Ils lont peu connus. ASSIS j ASSISE, adj. /'oveç Asseoir. Assis, f. m. C'eft la même chofe que l'opium ou mé- conium. Compofition dont fe fervent les Egyptiens peur le rendre gais. C eft une poudre de feuilles de chanvre qu'ils pctrillent avec de l'eau , & dont ils font des pilules grolles comme des châtaigne^ Lorf- qu'ils veulent le mettre de bonne humeur, ils avalent cinq ou iix de ces pilules. Petit , dans Ion Traité du Nepenchès. Ces bcls les jettent dans une elpèce d'y- vrelfe qui dure une heure , & leur donne des idées extrêmement agréables. Prosper Alpin , de Med. Egypt. Lih. IF. cap. 2. Les Turcs 1 appellent aufti ojji'al. Voyez ce mot. Assis, f. f. Terme de Coutume. Eft un droit que les Seigneurs lèvent en quelques provinces fur les che- vaux & autres bêtes qui lervent au labourage. Ce droit eft aullî appelé en quelques lieux , Droit de tirage Il eft différent fuivant les diftcrentes coutumes. ASSISE. Terme de Maçonnerie. Rang de pierres de taille qu'on pôle en iituation parallèle à l'horizon, pour éle- ver une muraille. Collocatio Lapidum ad iibellam & horir^ontem. Il y a douze ajfifes de pierre aux fonder mens de ce dôme. Assises , au pluriel, terme de Palais. C'eft une féance extraordinaire que des Juges lupérieurt vont tenir dans des Sièges inférieurs , & dépendans de leur juridic- tion , pour voir li les Officiers iubakernes font leur devoir , & pour recevoir les plaintes qu'on fait con- tieeux.Judicumadj'UsJhitis diehus dicendum Co/:~ Jcjjus. Autrefois les Baillis & Sénéchaux , qui jugeoient en dernière inftance , alloient tenir leurs ajsijcs dans les terres des Seigneurs de leur iellort , peur enten- dre les plaintes contre leurs Officiers, & juger les cau- fes d'appel. Aujourd hui les afsijes ne font autre chofe que des léances marquées & fixées , qui le tiennent d'ordinaire de 40 jours en 40 jours, par les Baillis ou Sénéchaux , & où le pallent certains aâes folennels j comme les criées pour les décrets , les adjudications, &c. On appelle quelquefois les Grands- Jours y<^/7?/èj , comme on a firit toutes lottes de plaids folennels, & extraordinaires. On dit, qu'un homme tient fes aJfifes dans une mai- fon, pour dire , qu'il y eft fort écouté , fort applaudi, qu'il y domine. %fT On nomme encore i7//?/ej des "léances extraordinaires que tiennent les Officiers des Seigneurs de fief pour faire rendre l'hcmmage , les aveux & denombremens auxquels les vaUaux font tenus. Assise, étoit anciennement unealfemblée qui fe faifoit dans la cour du Prince , de plufieurs perlonnes nota- bles , pour juger fouverainement des affaires de con- féquence , & dont les arrêts doivent être inébranla- bles. Comitia. Comme les Vicomtes n'étoient dans leur origine que les Lieutenans des Comtes, qui ren- doient la Juftice en leur place , ils avcient deux fortes de féances: l'une qu'on appcloit plaids 3 ou jours or- dinaires , parce ou elle le tenoit tous les jours; & l'au- tre s' n^^ptloit ajjlfe s , ou grands plaids, parce qu'elle croit tenue par le Comte , & que c'étoit une alFem- blée folennelle, où fe trouvoient les plus conlidéra- bles vallaux , pour y juger les affaires les plus impor- tantes. Ces ajsijls s'appeloient auiîi OTi7/7z.'/;z j on pla- citum majus. Mais l'autorité de ces afsifes ^ qm ju- geoient ians appel , à été atnibuée aux Parlemens : ôc de-là vient la coutume qui s'oblerve encore ; c'eft qu'à l'ouverture du rôle de chaque Bailliage,- les Juges doi- vent comparence à la Cour; non comme autrefois à X'Afflfe jpour répondre de leurs jugemens : c'eft une formalité Se un refpecf , que le Parlement exige des Juges inférieurs , dont l'appel y eft porté immédiate- ment. Il y avoit deux ioaes A' afsif es. La grande étoit compofée de douze Nobles, qui jugeoient l'épée au côté. La petite- Alsife étoit de douze hommes choifis entre les gens de Loi. Il y avoit auffi de grandes Afsi- I ASS I fes qui apparteiioient aux Comres, Vicomtes, Barons &: Châtelains , à caule de leut Haute-Jullice ; qui fe teiioient quatre tois Tan pour recevoir les appellations de leurs Baillis. Les petites Afsifes fe tenoientparles j Prévôts, lïc Juges pédanéestouslesquinzièmesdu mois. ' Il y avoit aulii des Afsifcs pour la Police ,& pour la vente des biens i^ des denrées. La grande Afs'îfc s'ap- peloit A/sife jurée j &. la féconde AJsife ordinaire. Les Afsifcs le dévoient tenir dans un champ , dans un ci- metière, aux portes des villes , ou Ats Egliles , dans une rue, lur un rempart, toujours en un lieu public, où les parties pulFent avoir un accès libre & flicile. Le GïNDRf. Elles dévorent être publiées & alignées à certain jour , afin que toutes lortes de perlonnes y pullent venir fliire leurs plaintes & remontrances. On a donné aulli le novaàAfsfc aux Jugemens qui croient rendus en ces lieux-là ; & on diloit , il a ob- tenu afsfc à Ion profit; c'eft-à-dire , jugement. On appeloit auHî , grande Afsfe j Tattion pétitoire ; & petite y^'i.yè j la pollelîoire. Afsfc lignifioit aullî an- ciennement une loi, une confticucion. t^oye:^ Du Gan- ge. Pour favoir la forme de tenir les Afsfes^ voyez la déclaration du Fioi de i68j'. Assises de Jérujalem. Peu après la prife de Jérula- lem , Godefroi de Bouillon , pour donner quel- que forme a un gouvernement encore tumultueux & purement militaire, convoqua une allemblée des Etats de ce Royaume, où il établit de nouvelles lois, dont le recueil appelé communément les Afsfes de Jérufa- lem j fut ligné par ce Prince (ïc Icclle du Iceau de les armes ; &: parce que ce recueil avoit été dépofé dairs l'Eglile du S. Sépulcre, on l'appeloit communément les lettres du Saint Sépulcre. Vertot. Efl. de Malt. Assise. Afsifum. Ville de l'Etat Eccléiîaftique en Italie. Elle eft dans l'Ombric , lur la montagne d'Ah , d'où probablement elle a pris Ion nom. Afsfe a un évêché fiifFr.igant du Pape. S. François d'afsfe j Fondateur des Conventuels, Oblervantins , Récolets & Capucins, eft ainli nommé , parce qa Afsfe ctoit l^i partrie. ASSITANCE. 1. h Secours que l'on accorde par un mou- vement de compaffion. Auxiiium j, adj umentum. Cet homme ne lauroit lublifter lans ïafsijîance de les amis. Seigneur, j'implore votre afslflance. Arn. Je ne veux pas me rendre indigne des afsijlances que je reçois de vous. ScAR. Assistance, fignifie encore , préfence. ^3" Soit en par- lant de la préfence d'un Juge eu d'un autre Officier de Juftice dans quelque affaire du Palais ; loit en par- laait de la prélence d'un Curé , ou d'un autre Prêtre dans quelque fonélion eccléhaftique. Pr&fenûa. Les Chanoines ont tel droit pour leur ajfflance à Matines. Le Curé le fait payer Yafsfance à un enterrement, quoi- qu'il n'y l'oit pas ; car il eft réputé prélent. \jï\ Procu- reur fe fait payer fon afsfance à un fcellé , à un pro- cès-verbal. Dans les taxes de dépens, on paye un droit ^afsiftance au Procureur détendeur. Assistance, fignifie aullî, airemblée. Catus. Ce Pré- dicateur a fatisfait toute l'afsijiance. Ce pauvre hom- me qu'en a maltraité , a pris à témoin \afsiflance , &c ceux qui le lont trouvés là. Cela étonna toute l'afsf- tance. A blanc. \J afslflance étoit plus nombrcule qu'auparavant. Il n'ell pas du ftyle noble. Assistance , f"ignifie aufîl dans |KF quelques ordres reli- gieux le corps des afîiftans qui compofent le conleil de l'ordre. Afsfcntïo. Chacun des afliftans a foin de pré- parer les affaires de Ion afsflancc. BouH. \Jaff- tance d'Italie, Vajfiflance d'Allemagne, &c. La Flan- dre eft de l'ajs fiance d'Allemagne. Il y a tant de pro- vinces fous Y a fs fonce d'Italie. ÇCF Cela fert à marquer les ditrérens états ou les maifons de certains oidres religieux lont fitués , relativement à la première & principale divilîon qui a été faite de l'ordre entier. ASSISTANT , ANTE. adj. Qui affiftc , qui eft préfent. Ptdfens. C;3° L'évêque afsiflant. Prêtre afs'iftant. Il eft fouvent employé comme fubftancif. Il avoit un grand nombre à'afsiftans. Il prit les afsiftans à témoin. AssisTANS , le dit aulli des aides nécelïaircs dans une Tome I, ASS 5 7 î ccrémonic , ou un frcre. Ce Prélat avoit tels & tels Evcques pour afsfc ons. Les Abbelf'es ont aulli des afsf- tantes en pareilles cérémonies. L'Officiant avoit fept ou huit afsfians à l'autel. Dans le rit p.arilien on doraie le nom A'afs'fant à un Prêtre, qui dans les grand isiclles lolennelles , eft toujours à coté ducélebranr. L'i2/}//fj«reftrevetu d'une chappe. Assistant , fe dit d'un Prêtre qui eft à côté d'un nou- veau Prêtre qui dit la première Melle, pour le diriger & l'avertir de ce qu'il doit faire, en cas qu'il le mé- prenne, ou qu'il loit embanallc. A une grand Iviellc il aune chappe & une etole, aux Melles balles il eft en lurphs avec une étole. Assistant , eft aulli un terme ufiré dans les Séminaires, pour ligniher l'Eccleliaftique qui fait les fonctions du Supérieur, quand celui-ci eft ablent. AssiSTANS 5 font aulli les Contrôleurs ou Confeillers qu'on donne à des Généraux , Supérieurs de Monafté- res 3 pour prendre garde aux affaires de la Commu- nauté , lîv les loulagcr en leur miniftère. Afsïflens. Le Général des Prêtres de l'Oratoire a trois afsfians^ qui ont voix décilive avec lui dans les délibérations , en force qu'il n'eft pas le Maître ablolu. On nomme aulli û/i//?j«5 j ceux qui lont condam- nés à alliftcr au lupplicc d'un criminel. En cette exé- cution il y eut deux pendus &: deux afsiftans. AssiSTANS , s'eft dit aulli au Palais de deux anciens Avo- cats , qui étoient obligés de le trouver à l'Audience pouraffifter un Avocat demandeur en requête : ce qui a été abrogé par l'Ordonnance de 1667, t« pavillon _, c'eft tirer un coup de canon en arborant le pavillon de fa nation. Assurer le grain. Terme de Corroyeur. C'eft donner au cuir la dernière façon qui forme entièrement ce grain, qu'en voit du côté de la Heur dans les vaches & veaux à chair grade , ou blanche , & dans les cuirs de couleur. Quand le grain eft afsûré , il ne refte plus qu'à donner le dernier luftre au cuir. Assurer w/2f couleur. Terme de Teinture. C'eft la ren- dre plus fine , moins capable de s'évaporer, & de changer. On dit en termes de Vénerie , ajffurer un faucon , ou un autre oiicau ; pour dire, l'apprivoifer, & em- pêcher qu'il ne s effraie par la vue des gens. Cicurare. Ce qu'on fait en l'éveillant , en le baignant , & par toutes les manières qui lui donnent de l'affurance «Se du courage. Assurer la houckc d'un cheval ; c'eft en termes de Manège , accoutumer un cheval a fouffrir le mors. Equi os fingefe. 03" ASSURÉ , ÉE. part. palf. c\- adj. Qui eft ftable , qui ne chancelle pas. Fïrmus. Cette table efl: mal alfurée. ifJ" Assuré , fe dit en morale & iïgnihe folide. Ce tus Ce mot dans ce fens à un rapport particulier à la du- rée des chofes. Dans tous les bons gouvernemens les fortunes font ajjurees j lorfqu'elles font légitimes. La faveur des Princes ne fut jamais un bien ajfuré. M. l'Abbé Girard. Syn. ^CT Assuré , lignifie aufli vrai, dont on ne peut pas douter. Dan^ cette lignification il a du rapport au té- moignage des hommes. Les événemensne peuvent être mieux ajfurés que par l'attcftàtion des témoins oculai- res , ou par l'uniformité des relations. M. l'Abbé Gi- rard. Syn. ÎJC? M. Corneille dans Pompe'e a dit nouvelle ajjure'e. On apprend des nouvelles sûres. On dit bien cette nouvelle m'a été ajfurée par tels Se tels : mais on ne dit poi;it une nouvelle ajjure'e. îfT Assuré , fignifie encore qui a des raifons pour être perfuadé d'une choie. On eft ajfuré d'un fait ou d'un trait d'Hiftoire. M. l'Abbé Girard. Syn. Ajfuré àiws cette lignification a encore du rapport au témoignage des hommes. ^fT Assuré , lignifie encore hardi , qui n'a point de crainte. Audax. Contenance ajfurée, mine ajfurée , regards afjurés. Il le prend quelquefois en mauvaife part, & alors il le met ordirairement devant le fubftan- tif Un ajfuré menteur. Un aJJ'uré voleur. Ac. Fr. Assuré, ée. On dit en termes de Teinturier , une cou- leur affurée ; c'eft celle qui n'eft point fujcfte à de- I venir changeante, & dans laquelle on n'a rien omis de ce qui peut contribuer à la rendre parfaite. Assuré , fe dit en termes de Manège, pour accoutumé. Ficlus , cruditus , exerchus. Mon cheval a la bouche ajfurée. Les mulets font li ajfurés des pieds, qu'ils font la meilleure monture qu'on puifle avoir dans des che- mins pierreux & raboteux. Newc. Assuré. Ce mot, en termes de Marine , fignifie , ga- ranti , rendu sûr contre toutes fortes d'accidens. f^a- datus. Mon vaiîleau eft afjuré. Toutes nos marchan- difes font ajfurecs. ASSURETTÉ. f f. Terme de commerce de mer ulicé dans le Levant. C'eft la même chofe qu'ajfirance. ASSUREUR, f m. Ne fe dit que des Marchands qui af- fûtent les vaiifeaux fur mer , ou leur chargement , & qui en répondent. Sponjor. Les affureurs ne portent point les dommages arrivés par la faute du mai- trc , ou des matelots, ni les pertes qui viennent du vi- ce ptopre de la chofe. F'oyc^ l'Ordonnance de la Ma- rine de 1681. Dans prefque tous ces mots françois écrits par deux Tome I. ASS 577 SS, on n'en prononce qu'un; l'autre ne (ert qu'à mon- trer l'origine des mots, & empêcher qu'or, ne pronon- ce comme s'il y avoit un Z ; ce-cu'i! raudroit faire s'il n'y avoit qu'un S , parce qu'il" feroit entre deux voyelles. ASSUS , ASSO. Ville maritime de l'Afie mineure. Affus. Elle ètoitlur les confins de la Troade & de la Myiie vis-à-vis de l'île de Lesbos. S. Jèiôme dit qu'elle fut aulli nommée Apollonïe. Elle fut le iiege d'un Evê- que fuftragant d'Ephèfe. Elle fe nomme encore au- jourd'hui Afjo. Les Tradudeurs de Mons & le P. Bou- houis,^c?. XX_, /j- j /^j dilent ^//ô«. Pour nous , nous montâmes fur un vaiffeau, & nous allâmes juf- qu'à Ajfon , où nous devions reprendre Paul.... Lors donc qu'il nous eut rejoint à Ajjon j nous allâmes tous enfèmble à Àlitylène. Mons. Nous autres, nous étant embarqués nous fîmes voile vers Ajfon _, où nous de- vions prendre Paul.... Or , quand il nous eut joint à AQ'on j nous le prîmes , & nous allâmes à Mitylène. BouHOURs. C'efi qu'ils ont lu dans la Vulgate navi- gavimus in AJjon : càm autem convcmjfet nos in Af- fon , & qu'ils ont cru que c'étoit un neutre. Cepen- dant la conftrudion devoir les faire douter ; & ils dé- voient voir que l'accufarif Affon pouvoir aufli - bien venir A'AJfoSj, ou Affus , que de Ajfon. Etienne de Bytance eut levé leur doute : ils y euffent vu A'V^tt. Le même Auteur , & fans aller li loin , le texte gtec des Aèl:es des Apôtres leur eût appris , qu Ajfon étoit féminin , e/f t»'» à".jïo» , & qu'ainfi le nominatif étoit A^rof, Ajjus. lleft vrai néanmoins que Prolomée l'ap- pelle a'V^o, ; mais il eft le léul , & ce pourroit être une faute de copifte. ASSUTINAT. f m. Sotte de graine d'une quaUté très- chaude , dont on fait un afîéz grand ufage en plu- fieurs endroits des Indes Orientales , foit dans l'apprêt de certains ragoûts du pays , foit dans la Médecine. Elle fe tire de Surate. ASSYRIE. AJfyria Ancienne contrée d'Afie. VAJfyrie étoit bornée au nord par la grande Arménie , qui la bordoir auffi au couchant \ elle avoit la Suziane &: une partie de la Babylonie au midi , & au couchant la Mé- lopotamie, dont le Tygre la féparoit. Maty. Koveiç^ Ptolomée. Pline, Liv. F. chap. 12. dit qu'elle failoit pattie de la Syrie , & que dans la fuite elle fut appe- lée Adiahène. Strabon comprend dans \ Affyrie la Ba- bylonie , & tous les pays d'alentour ; c'eft-à-dire , qu'il a pris l'empire d'AJfyrie pour l'Affyrie propre, Denys le Géographe , v. 7 ôp &fuiv. &c pj i. appelle Affyrie les environs duThcrmodoon , oulaCappadoce , aulli bien qu'Apollonius, Liv. III des Argonautes ; & Juftin ou Trogue Pompée dit , après Hérodote , que les A[fy~ riens font ceux qui dans la fuite ont été appelés Sy- riens. Tout cela dans le mcmelcns; c'eft-à-dire, qu'ils onrpris tout l'empire des A [fy riens poml' AJfync. La capitale de l'AJfyrie étoit Ninive. VAJJyrie eft main- tenant partagée entre les Turcs & les Perfes. La par- tie qui obéit au Grand-Seigneur, & qui eft'la moin- dre, retient encore aujourd'hui le nom à'AJJyrie, ou A'Ar^erum , qui en a été fait par corruption. ASSYRIEN , ENNE. f. m. Se LSz adj. Qui eft d'Affi- lié. Qui appartient à l'Alfyrie. L'empire des A Sy- riens eft le premier empire du monde , ou du moins un des premiers. Il dura 1300 ans jufqu'à Sarda- napale , qui en fut le dernier Empereur. Affur fut le premier, ou félon d'autres Nemrod fils de Chus. Dans les Auteurs anciens , les Phéniciens & les Syriens font très-fouvent appelés AJfyriens j & cela , ou par er- reur , & parce qu'ils ont confondu , comme j'ai déjà dit, l'empire d'Aftyrie avec l'Airyrie , ou parce que la Syrie ayant pris ce nom du nom phénicien de la ville de Tyr, qui eft Tllfj Tfur , ou Sur , d'où elle a été nommée Sy ria _, Si Suria ; les Syriens ont été appe- lés cniiiiy ,5)'r«V" j d'où s'eft fait Syrii ^&avec l'ar- ticle CD'imifn Kyjurim , ou Hyffuriim j d'où s'eft pu faire AJjy rïi , qui eft le même nom , quant au ion , que celui des Ajjyriens , quoique fort différent d'o- rigine & de fens, comme on le verra tout-à-lheure. Ainfi la pourpre Affyrienne , la couleur ,_ la haine AJ- fyricnne dans les Poètes, eft la même chofe que la pour- ■^ Dddd A ST 57 iptc , la couleur , ou la laine tyiicriiienne , ou lyrienne. Ces noms Jjjyrie & JjJ\nen,pÙ5 dans leur ligni- fication propre i^k particuiièrx; , fonr hébreux , & vien- nent de nVu-'X , y^J/«r j 4iom de celui qui fut le fonda- reur de l'empiie àîAJj'ync j qui donna Ton nom a les dekendans les Ajfyrlens , & au pays qu ils habitèrent , & qui l'un & l'autre; c'ell-à-diie, rant le peuple que le pays, font appelés dans l'Ecriture '^'\-£r^,/!Jjur, du nom de ce Patriarche, qui iîgniSe en hcbrcu , ou , In- ■ce£us j grtjjus j o.vifeDx, hcatus ; c'eft-à-dire , mar- che y démarche y ou heureux. Les Grecs même appe- lèrent d'abord il- dans les premiers temps les AQyriens , X'(rcvfis _, & non pas AV^^fjo/. Eratofthcne en fait foi , .au rapport d'Euftathius liu- Denys le Géographe , p. /lô de l'édition d Etienne, & il ajoute que ce mot A'yjvftfj venait d'A'Wvf , Ajfur. A S T. AST , ou ASTE , ou ASTI. Ajla , AJle , AJla Pom- peïa. Petite ville d'Italie , dans la Ligurie , fur le Thé- naro ,à cinq lieues de Turin au Levant. Elle a un évcche luftragantdeMilan. DeValenrincde Milan & de Louis d'Orléans naquit Charles Duc d'Orléans & Seigneur d'Ajl j lequel ht battre monnoie dans cette dernière ville, & qui après la mort de Philippe Marie, dernier Duc de Milan de la mailon de 'Vilconti , arrivée l'an 1448 ,prit le titre &les armes de Duc de Milan, ainii que le font voir des écus blancs , & des blancs fabri- qués à A/i , dont laint Second étoit le patron , com- me le prouve la légende qui ell: du côté de la croix , u^JIe n'uet mundo j fanclo cuflùde Secundo. Il y a aullî des monnoies de Louis fon fils happées à AJI. Le Bl an c. ÀST. Ajla. Rivière des Afturies, en Efpagne , que quel- ques Géographes prennent pour la Stura des Anciens, que d'autres croient être le Tuerto. Maty. C'eft aullî le nom d'une ancienne ville des Turdé- tans dans la Bétique , dont on ne voit plus que de valces ruines dans l'Andaloulie fur la rivière de Guadaiette , entre Arcos & Xérez. Bochart, Chanaan , Liv. I , c. ^ jf. , prétend que ce xnotcft phénicien , & qu'il vient de m'i'U , Afda, qui fignifie cff^ujio. Et en effet , Strabon ëc Ftclomée di- Tent que proclie d'Afte , erat e^ufio & AJluarium. §C? ASTA. Ville des Indes , au royaume de "Vifapour , fur la grandt route de Vhapour à Daboul, entre les villes de Balouva & de Graen. ASTABAT. Ville de Turcomanie , en Aile. AJlahatum. Elle eft à une lieue de l'Araxe , aux confins des états de Pcrfe. C'eftdansle territoire ^ Afiabat que croit le Ronas, qui donne la belle couleur rouge que l'on voir aux toiles des Indes. tp- ASTACHAR. Ville d'Afie , dans la Perfc , proche de Perfepolis , quelques-unslanommcnt IJiach.ir. %fT AST AGOA. Ville d'Afrique , au Mono-Emugi , vers les confins du Zanguebar, iur la rivière des bons Si- ASTALARAGA. (. m. Ternie de Relation. C'eft le titre d'un des quatre eunuques blancs qui iont dans l'appar- tement du férail où eft le Grand- Seigneur, avec les ïchoglons. Il a le foin de ceux qui tombent malades, & commande à tous les Officiers qui font deftinés pour les fecourir & pour les alîifter. Il eft après le Serajaga- ci : il porte le turban , &: le promène dans le Sérail à toute heure , de même que les autres principaux eu- nuques blancs. A. D. S. M. $3- ASTARAC ou ASTERAC , petit pays de France , dans le bas Armagnac , avec titre de comté , au nord du pays de Commin.ge. ASTAROTH, ou ASTHORETH. f. f. AJlarotk. C'eft le nom d'une idole des Sidonicns , IV. Rer;. XXIll. 13. Ramoth, que Salomon Roi d'Ifra'e'l bâtir à Afia- roch j idole des Sidonicns. C'étoit aulîi une décire des Philiftins, félon Jofephe , Am. Liv. VI ^ ch. 14. Il eft des Auteurs qui croient que c'étoit la déclfe du ciel , Uranie. Ils ajoutent qu'elle fut encore honorée des Païens fous difFcrens noms , comme Ammonhi , AVpî'afxa, ou Rciuc des Planètes. D'autres difent que c'eft Junon.. nnu;^;, &mnc5;,4/?a/-j (Sc^o'nz j figui- AST fie en hébreu un trcupea'-.iy &: il fe dit des brebis. C'eft de-la, lelon Kimhhi, que vient le nom de cette déci- le, & il lui fut donné , parce que fes images avoient la figure d'une brebis. D'autres prerendent qu'il lui fut donné , parce qu'elle étoit la décile des pafteurs & des brebis. Scaligcr croit , dans les Conjcaanea j qu'elle fut ainli nommée à caule de la multitude de victimes qu'on lui imnioloit. Philaftrius a inventé un AJlar y qu'il fait Roi des Syriens , Ou des Egyptiens, & il leur donne pour Reine AJlaroth. Jean Selden , dans fon livre des Dieux Syriens , Syncagm. II ^ c. 2 j p. 2}i & fuiv. prétend que le mot AJlaroth a été fait de ce- lui de nTd;j7, qui lignifie /"oijj & que les Septante tra- duilent aAro; , i\:la Vulgatè lucus ^ es: qui font, félon les interprètes , de petits bois ou des bolquets dans lelqucls on mettoit des idoles , & où on les adoroit. Il veut, lui , que dans les endroits où l'on donne ce fens , il faille entreprendre par m^j; , non pas unbol- quet, mais une ftatue de bois. Il tache de le prouver par quelques endroits de l'Ecriture, & fur tout , IV. lieg. XXL 7jOÙ il eft dit que Manaflé mit dans le tem- ple Phcfcl Haafera j une ftatue de bois , & Jud. VI ^ 2 s j 2S où il eft dit que Gédéon abattit l'autel de Baal , & qu'il coupa cfera , le bois qui étoit del- lus, c'eft-à-dire, lelon Selden, la ftatue de bois qui étoit lut cet autel , bc que cette déelîe fut ainll ap- pelée de fes ftatues, qui étoient de bois. Mais ce fen- timent n'eft pas probable ■■, &c il eft trop contraire à nos anciens Traducteurs grecs & latins. Car ka^-^, & luci y nemus y ne font point aflurément des ftatues de bois, mais des bois, des plants d'arbres, des bolquets. Dans le premier endroit de lEcriture , Selden convient lui- même CjU'cn peut entendre lajlatuc du bois , c'eft-à- dire , que Manaflé mit dans le temple une ftatue, ou idole, qui étoit auparavant dans un bois, ou une ftatue des bois, c'eftà-dire, femblable à celle que l'on mettoit dans les bois. Pour l'autre endroit, le mot de fuccidity il coupa, montre qu'il s'agit d'un bolquet, & non pas d'une ftatue, & l'Ecriture ne dit pas qu'il fût fur l'au- tel, comme traduit Selden, mais qu'il étoit autour de l'autel , comme ont interprété les Septante & la Vulgate. De plus, pourquoi y^^ror/z ent-elle été appelée de ce nom plutôt qu'une autre Divinité î Etoit-eile la feule dont les ftatues fulfent de bois î Baal ou Eelus, n'en avoitil pas aufti de bois? C'eft de lui don: il s'agit, J dans le lecond endroit de l'Ecriture dont je viens de ? parler, Jud. VI. ij. En hébreu, AJlorcth eft le fingu- lier, & AJlaroth le pluriel, comme Baal & Eaaiim. Si vous revenez au Seigneur de tout votre cccur, ôtez du milieu de vos Dieux étrangers Baal & Aftaroth. Sa Cl. Il y a Baalïm dans l'hébreu. Les Septante tradui- fenrA'rafTa,& au pluriel \\àfiu ; mais la Vulgate tra- duit hÇi.\\.tt, Se AJlaroth. Voyez Astarte , & Godwin dans Moyfcs and. Aarorij Lib. IV y c. 6. & Selden que j'ai cité. AsTAROTH , fe prend quelquefois pour le nom d'un Dé- mon. C e(l donc bien vainement que nos Auteurs decus y Banniffant de leurs vers ces ornemens reçus , P enfant faire agir Dieujfes S aints&JcsPropkèteSy Comme ces Dieux éclos du cerveau des Poètes y Mettent à chaque pas le lecleur en enfer, N'ojfrent rien qu'AûavoÛi , Bclfcbuthy Lucifer. Bon. AsTAROTH. AJlaroth. C'eftencorc le nom d'une ville da royaume de Bafm, qui s'appela aullî Bofram y & éroit à l'orient du Jourdain, dans la demi -Tribu de Ma- naflé, qui s'établit de ce côté-là. Ce tut une ville de refuge & lévitique. ASTAROTHITE. f. m. ff le Dict. PE James. j\STATh. m. & f. Aft.itus. Nom de fede. Les AJIates font des hérétiques du commenctmenr du neuvième fiècle,fed:ateurs d un certain Sergius, qui renouvcloit les crieurs des rjue. Baronius à l'an Su , Se Spondc a Fan Sio.difent très-bien Afiati. ASTCHACHILùi. f. m. i\om que Paracelfe donne à un ulcère malin & fpliacéleux qui commence à l'arti- culation du pied, &: sétend jufqu'aux genoux, Dict. DE James. ASTÈLES. f f. Fragmcns de lance: du mot latin haftaj. Lance. Percevai. & de- la vient le mi>t de Langue- doc , eJleUs 3 c'eft-a-dive. coupeaux , & cjtela , qui fîgnifie les petites pièces de bois dont on garnit une jambe calice , & qu'on y attache , pour faire que les os fe rcprennenr plus ailémenr, parce que cela empêche la jambe de remuer en aucune lorte. Borel. f'oyc^ Es- teles. Les Chirurgiens dilent Attelés. ASTENANCE , ou ATEN ANCE. f. f. Vieux mot. Sen- fibilité , impreflion, pouvoir. Poe/les du Roi de Na- varre. tfT ASTER ABAT , eu ASTARABAT , ôc ESTERA- BAT. Ville du Ghilan frontière de Coralfane & de Tabareftan , à peu de diftance de la mer Calpienne. ASTER ATIC US. Fleur appelée autrement Oc^/^j Chrif- tl. L'Auteur du rraité de la culture des Heurs écrit ail- leurs, Aster ATTrcus en deux iTiots, qui fignihent, Aflre de \ Attique , ou à' Athènes , «s-v-'p en grec , Af- tre j & Attïcus en latin , Attique , qui cft de l' Attique , ou d'Athènes. §3" Cette plante a plufieurs tiges rcugeârres, garnies de feuilles ohlcnguesd'un verr clair. La fleur cft radiée, de couleur blene ou violette. Les lommcts lont ob- longs, garnis chacun d'une aigrette. Elle llcurit en au- tomne. Il y en a pluûeiu's elpèces. Le vrai nom eft As- ter, f. m. Tome. AST y7<^ ASTÉRIE, f. m. Scrur de Latone, fut année de Jupiter, qui pnr la figure d un aigle pour la tremper, dv: la rendit mère d'Hercule leTyrien. Dans laluite ayant perdu les bjnncs .grâces du Lieu, &: fuyant fa colère , clic fut changée en caille, & fe rerira dans une île d'e la mer Egée, à qui elle donna le nom àCCnyPÏc : d :'p-^S . <"/••< , cail/e. C'eir lile de Délos qui tu"t d abord appe- lée Ortygie , parce que c'eft dans cette Je qu'on trouva les premières cailles. Astérie. Lapis frelLiris. C'cft le nom d'une cierre cu'oa trouve dans le coniré de Tirol & ailleurs, qu'on nomnie autrement Pierre etoilee. On la met au nombre des pierres précicules , parce qu'on en porte dans des ba- gues. On lui donne le nom d'.^ifnt'jd'i'/?i'rj qui ligni- fie étoile, parce qu'il y en a où l'cnvoitdesetuiles par- faitement bienreprélentées. On leur attribue plulicurs propriétés en Médecine ; mais elles n'en ont point d au- tre que d adoucir les acides , parce qu'elles font très-, alcalines. \J AJlériez'Hi une pierre ronde , peu dure ,• de couleur cendrée, diltinguée par des poinres qui imitent les éroiles. On rappoite cette pierre par analogie aux petits os, ou aux vertèbres des étoiles de mer. Astérie. Terme de Lithologie, /'oje^ AventurinE. Astérie. Faulfe opale, que l'on nomme autrement Gi' rafcl. AsTÉPaE, ou AsTRÉE.f f Terme de Flcuriftc. Anémone blanche mcléc d'incarnat. Elle fait de crolFcs Heurs. ASTERION &: CHARA , fontdes termes d'Aitronemie, & lignifienr les noms des chiens de chafte qu'on voit fous la queue de la grande cudé. Cours de Mathéma- tique de Wolf. T. II j p. 2} •7. Ccr ASTÉRISANTH. (P^m^) Terme d'Hiftoire natu- relle , par lequel on défigne une pierre fur laquelle on voit la figure d'une ou de plufieurs étoiles. ASTERISAiE. f. m. Terme d Aftronomie. AJÎerifmus. ConfteHation; alTèmblage de plufieurs étoiles du fir- mament comprilés lous une certaine figure que les Af- tronomes le font imaginée. Les anciens ne ccmptoient que 48 Aftérifmes dépeints fur le globe célefte ; mais lesÀiodcrnes en admetrcnr64,favcir, les douze fignes du Zodiaque, 25 ducotedufcptentiiun,(Sc 29 du côté du midi , compris ceux qu'on a découverts dans le der- nier fiècle. Ce mot vient du grec «Va'p, ASTERISQUE. 1. m. Terme d'Imprimerie. Af.ericus. Pe- tite note laite en forme détoile, qu'on met dans les livres pour fervirde renvoi a la marge , pour marquer quelque commentaire, ou explication. ASTEROÏDE, f f. AJlcroides. F'ianre qui pouffe une fleur radiée , donr le dilque eft compoic d'un grand nombre de fleurons hermaphrodites , & de demi - fleurs fe- melles , év' porté fur des embryons enfermés dans un calice écaïUeux. Les embryons le changent enfliite en des femences pour la plupart oblongues. ASTÉSAN. Comitatus Afttpf.s. Comté dont Ap. eft l.i capitale. h'Afiéfan eft entouré du Montferrat, à la ré- fèrve du couchant où il confine avec le Piémont pro- pre. Mat y. L'AJiéfan croit une dépendance du duché de Milan, mais Charles-Quint le donna à Charles III , Duc de Savoye l'an 155 1. ASTÉSAN, ANE.f. m. Qui eft d'Aft ou de X'Aftéfan^ natif ou habitant d'Aft. Ajlenfis , e. Aftéfan, religieux de S. François , fur ainli appelé parce qu'il éroit d'Aft, En latin on l'appelle A (le/anus , Afterjis^ métrant l'un comme nom propre , «it l'aurre pour marquer fon pay<:. L'Afiéfane, AJlefana , eft le nom d'un ouvrage à' Af- téfan. C'cft une iomme de cas de confcicnce qu'il pu- blia en 1 3 1 7. zfT ASTÉTLAN. Province de l'Amérique feptentrio- nale, au Mexique , ou plutôt , félon Samfon , petit canton à l'orient de Cmaola , furie golfe de Califor- nie, fiifant partie delà nouvelle Bif'caye, ASTHMATIQUE, adj. m. & f Malade qui a un afthme , qui a la poitrine engagée, & qui relpire avec peine. Afthmc.ticus , Ankelator. ASTHME, f m. ^3^ Difliculté de refpirer nialadic de poitrine accompagnée d'une cfpèce de fifllement, com- me il arrive à ceux qui ont couru trop \'\te.Anhclatio , AJihma. Le vrai ajlhme s'engendre d'une abondance Ddddij 580 AST de fcrofités , & d'humeurs grollîcres 8c vifqueufes , amalTées dans les cavités du poumon , lefqucUes bou- chent ou ictréciirent les conduits de l'air, & compri- ment les bronches, ou bronchies. Il y a unûjrhmecon- vullif qui vient du mouvement déréglé des elprits ani- maux. Cela arrive quand les efprirs ne coulent pas en aiïez grande quantité dans les mukles de la poitrine , foit.a caule d'une obltcuiiiion , loit à cauie de quel- qu'autre obftacle. Alors la rclpiration le fait avec vio- lence , & avec difliculté. L'afthme pneumatique re- garde le poumon , dont les bronches étant bouchées & comprimées , ne peuvent pas recevoir la quantité d'air nécellaire a lubtililet le fang. L'afthme cft quelquefois intermittent , &: il revient lur tout lorlqu'on ne garde pas un bon régime. Le peuple appelle cette maladie la courte haleine. Asthme ncciurne. /o^'t'^ Incube. ASTHME, adj. En termes de Fauconnerie, fe dit d'un oifeau pantois qui a le poumon enHé, qui refpire dif- ficilement. Anxie anhelar.s. Ce mot vient du grec «Vâ/^a , qui vient du verbe «m, fpiro. ^O^-ASTi. Voyei AsT. ASTIC. f. m. Terme de Cordonnier. C'eft un gros os creux, dans lequel les Cordonniers mettent du luif ou de la graille , pour y grailler de temps en temps la pointe de leurs aleines. Os fcbo infertum, ASTINE. r. f. 'Vieux mot. Querelle. A^amemnon vît la aftine Çluï peut monter à grande haine. fCF ASTINGES. Peuples inconnus qui vinrent dans la Dace oftlir du fecours aux Romains -, fi on vouloir leur donner des terres. Ils furent refuiés d'abord \ mais Marc-Aurele leur accorda ce qu'Us demandoient,à con- dition qu'ils combattroient les ennemis de l'empire ; ce qu'ils exécutèrent. Dion cité par Mgr. ASTOMES. f. m. pi. Peuples fabuleux qui n'avoient point de bouche. Pline les place aux Indes, & d autres en Afrique. On dit que ces peuples croyoient qu'il éroit honteux de montrer lli bouche , & la couvroient. De ro>a bouche. Ilsétoicnt vers lalource du Gange. ASTOR. /^^oyt-r Autour. ASTORGAr'Ville d Efpagne. Jfturica Augufta. Elle eft dans le royaume ie Léon , fur la rivière de Tuerto. ASTOUR. i. m. On nomme ainfi aux Indes Orienrales . ce qu'en France on nomme efconipte j &C en Hollande rahût. ASTRABAT. Fbye:(AsTBKA-!^AT. ASTRACAN. Aftracanum. 'Ville & royaume. La ville d'^/^7c:C(7« elf environ à 15 lieues de la mer Calpienne vers le nord, dans une ile que forme le Volga. Elle eft fous le 47^ degré de latitude , : fous le 48^, comme ralUirele P. Avril. Le Czar Jean Balile la conquit 1 an 1554. Il en ht fortir tous les Tartares , & la peupla de lAo'îcowiK'i. Aftracan eft une ville archi-épifcopale, & confidérable par le grand commerce qu'elle entretient en Mofcovie, en Perfe, & avec la Turquie en Afie. Le royaume à'/lftracan eft une province de Molco- vie depuis 15J4. 11 prend fon nom de fa capitale. Il a au levant les T aitares Kalmukcs , au couchant les Rof- dori Douski , le duché de Bolgar le confine au nord , & les Tartares Circaftesavec la mer Calpienne au midi, lleftprefque tout habité par les Tartares Nogais , qui vivent fou > des tentes , qu'ils traniportent dun lieu à un autre félon la commodité des fourrages. ASTRAGALE, f. m. Terme d'Architedure. Aftragalus. C'eft un petit membre rond , dont on orne le haut tk le bas des colonnes , qui eft fait en forme d'anneau , ou de bialTelet. Quelquefois on le taille en forme de petits grains , qui font qu'on le nomme aulîî chapelet. Ce mot vient du grec ,aV/;a>aAit, qui fignific w/o;?, &• particulièrement 1 es du talon de'' bêtes à pied four- ché. On a donné aulli nutrefois le nom A'Aftragale à à un jeu d'clfelets, daii-jjecuel on fe Icrvoitde ces os. ^STRAGALE , cn tcimcs d'Artillerie , eft une efpèce ou plutôt eft-^èce de madrépore & de coi-ps marin, l' y en a de plulïeurs (orres. La plupart reiTcMiiblent a des cerveaux pétrifiés , dont les anfracluolités lont marquées par des lîHons plus loiides,qui font écartés les uns des autres par une lubftance plus fpongieufe , cornpcfée de pluilenrs lames nès-minces. Dans d'autres efpèces ce lont des pierres formées de pluikurs nivaux joints en- fembie parleurs côtés, & dont la cavité ell: remplie de plufieurs lames qui partent de leurs parois , & vont comme des rayons aboutir à un centre. On fcie ces pierres en lames minces , & on les polir , ce qui fait paroitre à leur furface piulieurs loleils. Le vulgaac croyoit autrefois que cette pierre avoir des propriétés particulières à caufe de ces figures qu'elle exprimoit. On trouve ces pierres vers nos îles de 1 Amérique A'i'ur la ccre de Carthagène, où on les calcine pour en faire de la chaux. De favans hommes foutiennent que les plirs cuïieufes pierres de cette nature , étoient vérita- blement des animaux pétrifiés par quelque fuc dans le- quel ils s'étoicnc plongés. ASTROÏTE, ou CYMATYTE, OU HYDATYTE. Picire ron- de, diftinguée par des lignes en zigzac, qui imitent ks ondes. ASTROLABE, f. m. Inftrument de Mathématique , gra- dué, &: plat en forme de planifphère, ou d unefphère décrite iur un plan, fervant principalement fur mer pour obferver la hauteur du pôle & des aflres. Afiro- Lib'ium. On le fufpend avec, un anneau , & il a une al- hidade, ou règle mobile garnie de lespinnules, laquelle marque les hauteurs fur le cercle qui efl fur fes bords divitc en 360 degrés. Il y a un creux au ded.ans de Ion limbe , où l'on enchâlîe diverles planches où font mar- qués les azymuLhs,& autres cercles, pour flrire diver- fes obfervati-onsi & celle dudeifus qui eft percée à jour, & qu'on nomme pour cela araignée -, fcrt à faire plu fleurs obfer varions fur les autres étoiles. Il a divers au- tres ufages dont on a fait des hvres entiers , comme Staulkr, Hcnrion, Clavius, & autres. Ce mot vient d'àV/Jo» , & de Aa/i,3a'»M , capïo, coUïgo. Les Arabes l'appellent en leur langage Afiharlah ^mox. corrompu du vrai nom Grec ; & ils tâchent quelquefois de lui donner une érymologie arabique; mais tous les favans rcconnoitrent de benne foi qu'ils ont appris des Grecs le nom ^Tufage de cet inftrument. Nalli-Rcddi- Thoufî a fait un Traité en pcrfien, qu'il a intitulé, Bah Bal fil Ajl/nrlab , où il traite de la ftruclure, & de la pratique de l'Afitolabc. d'Herb. Astrolabe universel. On a anciennement appelé ^/^ trclahe, un afrcmblage de difrérens cercles de la fphèrc , pofés comme ils doivent être les uns pat rapport aux autres. Nos fphèrcs armillaires font la même chofe que ces aftrolahcs. Hipparque en avoir fait conftruire un à Alexandrie. Il étoit immobile , il s'en fcrvoir à différentes opérations aftronomiques. Ptolomée en fit auffi le même ufage. Mais corrime cet inftrument avuit beaucoup d'incommodités, ce grand aftronome s'avifa d'en changer la figure , quoique naturelle & parfaitement conforme au fyftcme de la fphère , & de réduire tout l'ajlrolabe liir une fuperficie plane , ce qui a été appelé Planzfphhe. Cette rédudion n'eff poilible qu'en fuppofant qu'un œil qui n'cff pris que f)our un point, voit tous les cercles de la fphère, & es rapporte à un plan ; alors ri fe fait une repréfenta- tion ou projection de la fphère aplatie , & pourainfi dire , ecralée fur ce plan , qu'on appelle Pian de pro- jeclion. Et en fait de planifphères , ou à'aftrolabes , le plan de projection cfT: placé au-delà de l'objet , qui cft toujours la fphère , & non pas entre l'œil & l'objet , comme le plan de la projection d'un tableau. Il cft naturel, & même indifpenfable, de prendre jour plaiî dç pi'ojeétion de l'iT/Z/o/a/^t-j quelqu'un des [ AST cercles de la fphère , ou du moins un plan qui lui foit parallèle, après quoi relie a fixer la poiiiicn de l'ail par rapport a ce plan. Entre le nombre infini de planifphères que pcuvoient donner les dittérens plans de projcétion tk les diffé- rentes pohtions de l'œil, Ftolomées'aricta a ielui dont le plan de projeétion feroit parallèle a l'Equateur, & où 1 a-il feroit placé a un des pôles de 1 Equateur eu du monde. Cette projedtion de la fphère eft facile, & on l'appelle l'afirolahe polaire ou de l'tolcmée. Tous les méridiens oui paffent par le point où eft l'ail, & l'ont perpendiculaires au plan de projection , deviennent des lignes droites , ce qui eft commode pour la pro- jedion du planil'phère. Mais leurs degrés , qui font égaux dans la figure circulaire , deviennenr tort inégaux, quand le cercles'eft changé en hgne droite. Ainii dans l'ajlro- labtA'z Ptolomée, les degrés des méridiens font fort grands vers les bords de l'inftiument , & foit petits vers le centre-, ce qui caufe deux inconvénicns: l'unc^u'on ne peut faire aucune opération exaéte fur les degrés proche du centre, parce qu'ils font trop petits pour être aifément divifcs en minutes, & moins encore en fécon- des ; l'autre , que les figures céleftes telles que les conf- tellariuns , deviennent diffotmes & prefque mécon- nciffables , en tanr qu'elles fe rapportent aux méridiens, ^ que leur dcfcriprion dépend de ces cercles. Quant aux autres cercles de la fphère grands ou petits , pa- rallèles ou inclinés à l'équateur, ils demeurent cercles dans Ycfirolahe de Ptolomée. On peut voir Ptolomée lui-même au chapitre I de fon V^ livre. Comme l'horizon tk. tous les cercles qui en dépen- dent, c'ett a-dire, les parallèles & les cercles verticaux , lont dittérens pour chaque lieu, on décrir à part lut une planche qu'on place au-dcdans de l'inftrument, Ihorizon &c tous les autres cercles qui y ont rapport, tels qu'ils doivent être pour le lieu ou pour le paral- lèle où l'on veut fe lervir de Vajlrolahe de Ptolomée; & par cette railon, il ne palle que pour un afirolabe particulier, c'eft à dire, d'un ufage borné à des lieux d'une certaine latitude ; & li Ton veut s'en f ervit en d'auties lieux , il faut changer la planche , & y décrire un autre horilon. Gemma, Mathématien de Frife, a inventé un autre afirclobc y dont le plan de projection eft le colure ou méridien des follliccs , & où 1 œil eft placé à l'endroit où f e coupent l'équateur & l'échptique : ce point eft le pôle de ce méridien. Ainfidans cet afirolabe ^ l'équa- teur qui devient une ligne droite, efl divifé fort iné- galement, &a fes parties beaucoup plus ferrées vers le centre de l'inftrument que vers les bords , par la même raifon que dans ï afirolabe de Ptolomée , ce font les méridiens qui font défigurés de cette forte. En un mot, c'eft \ afirolabe de Ptolomée rcnverfé. Seulement pour ce qui regarde 1 horizon , ilfufht de taire une cer- taine opération , au lieu de mettre une planche fépa- rée, & cela a fait donner à cet afirolabe le nom à!U- nïverfiel. Il a patu encore une troifième efpèce A' afirolabe ^ inventée par Jean de Royas, Efpagnol. Son plan de projeétion eft un méridien, & il place l'œil, fin l'axe de ce méridien à une diftance infinie. L'avantage qu'ij tire de cette pofition de l'œil , eft que toutes les lignes qui en partent font parallèles entre elles, & perpendi- culaires au plan de projection. Par conféc]uent non- feulement l'équateur eft une ligne droite , comme dans Vafirolabe de Gemma , mais tous les parallèles de l'é- quateur en lont aufli ; puifqu'en vertu de la diftance infinie de l'œil , ils lont tous deux dans le même cas que fi leur plan paftoir par l'œil : par la même raifon , l'horizon tk tes parallèles font des hgnes droites. Mais dans les deux ajlrolabes précédens, les degrés des cer- cles devenus lignes droites, font fort petits vers le cen- tre ; ce qui fe verra facilement en tirant fur la tan- gente d'un quart de cercle des parallèles au diamètre par toutes fes divifions égales. Les figures ne fonr donc pas moins altérées que dans les deux autres. De plus, la plupart des cercles dégénèrent ici enellipf'cs, qui font Couvent mal- ailées à décrire. Ccft i?/?ra/»îi^t-ell appeU A ST XJnlverfd, comme celui de Gemma , &: à mcme tîtrc. On lui donne aullî le nom à' Analcnimc. Un quatrième cjlrolabe eil celui de tcu î\l. de la Iliie , «Se donc il a donne la dclcriprion dans les Mémoi- res de l'Académie des Sciences de l'an ijci , p. ijj. Les défaïus communs àcs trois premiers ajtrolabes , font d'altérer tellement les hgures des conilellations, qu'elles n£ font pas taciles à comparer a",cc le ciel, & d'avoir en quelques endroits des degrés li lerrés, qu'ils ne laifFent pas alFez d'elpace aux opciations. Comme ces deux défauts ont le même principe, M. de la Kire.y a remédié en même temps, en trouvant une polition de l'œil , d'où les diviiions des cercles pro- jetés , fullent très (cnfiblement égales dans toute l'é- tendue uc l'inllrument. Les deux premiers aflrolahcs plaçoient l'cril au pôle du cercle ou du plan de pro- jection, le troilièmeà diftance infinie, & ils rendoicnt les divilicns inégales dans un ordre contraire. M. de la Hn-ea découvert un point moyen d'où elles tontluf- iilammcnt égales. Il prend pour plan de projeélion celui d'un méridien, &parconréquent i2i'itunaJlrolûhe univerfel , & il place l'œil lur l'axe de ce méridien , prolongé de la valeur de Ion îinus de 45 degrés, c'cil:- à-dire, que il le diamètre eu axe du méridien eftlup- pole de 200 parties, il le faut prolonger de 70 à peu près. Delà s'enluit une projection avec tous les avan- tages qu'on peut défirer. C'eft lur cette manière de projedion , comme la plus conforme au globe que l'on pmilc trouver, que AL de la Hire a conftruit les deux planifphèrcs ctlei- tes qu'il a donnés au public , & dont les pôles de l'écliptique font au centre, l'éciiptique en faifant le cercle extérieur. Le F. Briet, Jéfuite, dans Tes parallèles de la Géo- graphie ancienne & nouvelle, L.H^, C. y , propole la manière de décrire ainfi un planifphère terreftre , en l'écralant, pour ainli dire, par les pôles. ,11 ajoute que cette méthode a l'approbauon de tous les Géo- graphes & Cofmographes , & qu'ils fouhaitent, mais envain,que toutes les tables générales fulfenr tracées fur ce plan: qu'il en avoir cependant deux de cette forme qui ctoientpouirécs julqu'au Capricorne, mais qu'il eit mieux de ne les point étendre au-delà de l'é- quateur. C'eft ce qu'a fait M. de la Hire , fublf ituant pour le ciel les pôles de l'écliptique à ceux dit monde , (îs: l'écliptique à l'équateur. ASTROLOGIE, f. f. ('•3° Suivant fon étymologie , ce mot ligrJfie la connoilTance du ciel & des allres, & il ne fignifioit que cela dans' fon origine. Mais on ap- pelle maintenant ajlrcnomle, ce qu'on appeloit autre- fois afirologie } & l'on entend par ajlrologie, un art chimérique qui enleigne à juger des effets Se des in- fluences des aftres, & a prédire les événemens , par la lîtuation des planètes , & par leurs différens afpeécs. Aflrologia. On. l'appelle autrement Judiciaire. Afiro- logia divinans. Ceux qui les premiers ont étudié les mouvemcns des cieux, ne prétendoient pas faire de \af- trologie un art de filou ; mais d'autres plus rulés ont voulu profiter du foible de 1 homme pour favoir l'ave- nir, &ont débité qu'on le peur apprendre. Ilyadeseffets naturels, comme les vents, les pluies, les grêles , les tempêtes , &c. que l'on peut prédire , quoiqu'on ne le connollfe que par conjefture ; c'eft ce que fait \ A(lrclogïc naturelle. Mais les effets libres qui dépendait de la volonté des hommes, ne peuvent être connus, ni prédits, par le moyen des aftres , ni par aucun autre moyen naturel. On appelle Afirolo- gie judiciaire cette fcience fauffe, téméraire & abu- fîve , par laquelle on prétend connoitre ces fortes d'é- vénem.ens. M. Craflot, au fécond tome de fcs Com- mentaires fur Ariflote ^ deniande 1°. Si les aftres ont la force de lignifier : il répond qu'oui ; mais qu'ils ne lignifient que comme la caufc fignifie l'effet, ou com- me l'effet tif.nifie lacaule , & non pas comme un livre dans lequel Dieu auroit écrit dès le commencement du monde les choies qui arriveront , & qu'il a prévues. T^oye.^ Pic de la Mirand. S. Clément dans fes Rcc. i". Il demande quelles font les chofes qu'on peut con- no'itre par l'obfcrvation des aftres , & il dit qu'il y a AST ySj trois fortes de chofes qui dépendent des aftres & des cieux, dont les unes (ont néceiîaires, les autres arii- %cn.t ordinairement & le plus fouvent , les autres par halard ce rarement : les premiers font le lever & le cou- cher des aftres, leurs conjonctions, échpfes, afpeds, è\: autres choies qui ne concoiuent en rien aux choies fublunaires. La fcience qui les prédit, s'appelle AJlro- nomie , ôc non pas Afcrologie. Les (econdes qui re- gardent l'état & la conftitution de l'air dans les quatre lailons de l'année en chaque région. 3". Les troilièmes lor.t celles qui arrivent par halard , & par accident ou rarement , comme cette pluie , ou celle-là, la naiilance de cet animal , ou de celui-là. Les choies du premier genre le peuvent connoitre & prédire avec certitude ; celles du fécond le connoiilcnt, & fcn.t prédites feule- ment avec probabilité -, celles du troilîème genre ne le peuvent être qu'avec témérité \ fur-tout li elles dépen- dent de la liberté de l'homme , comme cette paix , ou celle-là ; cette guerre , ou celle-là \ ce meurtre, ou ce- lui-là. Il ajoute que le ciel ne contraint point la vo- lonté; il l'incline pourtant, parce qu'il produit & caufe le tempérament ; & la plupart fuivent les inclinations de leur tempérament, & n'y renoncenc pas, qucicu'iis y puiilciiC relifter. De-la il arrive qu'on prédit certai- nes choies probablement , qui dépendent néanmoins de la liberté de l'homme , comme la pluralité àcs dif- (enfions & des querelles en telle & telle année ; mais ce n'eft pas de l'inlpeclion des aftres, mais des difpo- fitions que l'on remarque dans les hommes à tel ou tel événement, que l'on tire ces conjedlures. L'AJlrologie eft venue des Chaldéens , & elle a palTé jufqu'a nous par les ouvrages des Arabes. On en étoit tellement infatué à Rome, que les Aftrologucss'y main- tinrent malgré les édits que les Empereurs firent pour les en challer : & il eft cerrain que ÏJJIrologic , toute trompeufe qu'elle eft, s'étoit établi une efpècc de do- mination dans le monde. La même fuperfcition a ré- gne parmi les Chrétiens. Un Auteur anglois, nommé Goadj, qui a compolé deux volumes fur l'AJ/rologie, prétend qu'on peut prévoir les inondations , & expli- quer une infinité de phénomènes phvfiques par la con- templation des aftres. Il tâche de rendre railon de la diverlité des mêmes laifons par la htuation différen- te des planètes , par leurs mouvemens rétrogrades , le nombre d'étoiles fixes qui le rencontrent dans un fi- gne , &c. Du temps de la Reine Catherine de Médi- cis , l'AJIro/ogie étoit li fort en vogue, qu'on ne fai- loit rien (ans conlulter les Aftrologues. On ne parloir que de leurs prédiclions à la cour de Henri IV. La na- tion s'eft guérie de cette foiblelfe : on a reconnu que l'AjIrologie n'a pas même un principe probable , 8c qu'il n'y a point d impcilure plus ridicule. Tcut le monde convient enfin que VAfirologie eft une Icience vaine & incertaine. Les Brames ont introduit dans les Indes l'AJîrologie judiciaire. Par-là ils le font rendus comme les arbitres des bons & des mauvais jours. On les contulte comme des oracles , & ils vendent bien cher leurs réponfes. Lettres Ed. ASTROLOGIQUE, adj. m. & f. Qui appartient àl'Af- trologie. Aflrologicus ,ad AJlrologiam percinens. Une prédiétion ajlrologique. Une figure ajlrologique y tfT Onappelle ainfi ladefcripticn du thème célefte ou de la poiirion dans laquelle le trouvent les corps cé- leftes dans le remos dont il eft queftion. CCFASTROLOGUÉ f m. Aflrologus. On nomme ainfi celui qui fait prolellion de l'Aftrologie judiciaire, qui prétend connoître l'avenir par l'inlpedrion , la pofition Se l'influence des corps céleftes, en drelfant une figure du ciel. Le peuple confond mal-à-propos ce mot avec celui A'Afironome. Le premier s'occupe d'une fcien- ce chimérique & le fécond d'une fcience très-belle & très-utile. Les anciens lesconfondoient fouvent. Thaïes & Pherecydes font appelés Aftrologues, quoiqu'ils fut- fent très-habiles Affronomes. /''oye- Saumaife furSo- lin , p. 641 Se Voilîus de Artibus Mathcmat. Un Co- mique a appelé un Aftrologue le truchement des étoi- les. Si l'on en croit les Aftrologues , le ciel eft un li- vre où Dieu a écrit l'hiftoire du monde , & où un cha- cun peut lire fa deffinée. Ce qui a maintenu fi long- 504 A ^5 i temps ics Ajlrohgues en crédit, c'eft qu'on oublioit ailcment leurs bévues , & leurs faulFes prophéties , & qu'ojî tailoit beaucoup val )ir leurs oracles quand par halard ils avoient dit vrai. On rapporte de Cardan , qu'ayant fixe fa mort à un certain jour , il fe laifla mourir de Faim , pour confirmer la prédiélion , Se ne pas décrier le métier à'Jfaologue. Pic de la î\Iirando- le , Sextus ab Heminga , Alexander ab Angelis , le P. Merienne , &c. ont fortement écrit contre les Aftrolo- .^«£.4. Ptolomée, Cardan, jonctin , Jean de Montroyal , Argolus, Regiomontanus, ont été de grands Aftrolo- guts. Sous Tibère on fit des Edits pour chairer les Af- trologues d'Italie. Tillem. Ce mot vient du Grec à-rpti , & Aojof. On appelé auili Aftrologuts , tous les faifeurs d'Al- manachs. Devins, & Charlatans quife mêlent de prédire par le moyen des allies. On dit proverbialement, qu'un homme n'eft pas Aftrologue ; pour dire, qu'il efl ignorant en quelque profellion que ce loit ; & ironiquement , c'efr un grand Aftrologue j il devine les Fêtes quand elles font ve- nues. ^a- ASTROMÈTRE. f. m. Voye^ HÉLioMè tre. ASTRONOMt,. 1. m. Celui qui oblerve les aftres, qui connoît leur mouvement, & qui explique tous les phé- nomcmesdu ciel. Aftronomus. Eudoxe, Bérofe, Tha- ïes , Hipparque , Pherecy des , Ptolemée , Copernic , Ty- chcbrahé, Kepler, |fC? Clavius, Defcartes, MeiTcn- ne , Nepcr, Riccioli, Grimaldi , Hevelins , Callîui , Huygens , Newton , Roemer , Halley , de Chale , Wolfius, de la Hire, &c. ont été de grands Aftrono- mes. ( pendant leur vie difent les Vocabulilles. ) Cemot vient du Grec"î'f«Vj & de '=/""• ASTRONOMIE, f. f. Science qui enfeigne à obferver &■ à connoïtre le mouvement & la dilpofition des a(- rres , leurs grandeurs , leurs diltances , 6c leurs éclip- fes. Aftronomia. V Afcronomie eft une fcience certaine & fublime, & c'eft le plus haut effort de l'efprit hu- main. \J Aftronomic fut premièrement enfeignée aux Grecs par Thaïes , & félon Diogèiie Laërce, ils la te- noientdesEgyptiens,&:ceuxci desChaldéens. Eudoxe, qui l'enfeignoit vers la 105^ Olympiade, l'avoit auiîî apprife des Egyptiens. Vitruve , Llv. IX , ch. i , dit qu'un certain Bérofe , Babylonien , apporta cette fcien- ce de la Babylonie même en Grèce , & qu'il ouvrit mê- me une Ecole A' Aftronomie dans l'ile de Cos. Pline ajoute Liv. VII , ch. jj ^ qu'en confidération de fes prédidiions admirables , les Athéniens lui érigèrent dans la place publique , appelée Cymnafe^ une ftatue dont la langue étoit dorée. Si ce Bérofe eft le même que l'Auteur des Babyloniques,il fîorifroit vers le temps d'Alexandre. On ne remonte pas plus haut que les Chaldéens , & même parmi les Anciens le mot de Ckal- déen fe prend pour Aftrologue. Vail. Quelques Au- teurs ont cependant attribué l'invention de \ Aftrono- mie aux premiers Hébreux , & quelques-uns même aux premiers hommes , fondés fiir l'autorité de Jofcphe , & fur ce qu il rapporte des deux colonnes de Seth : les Mufulmans l'attribuent à Hénoch , qu'ils appellent -Edrïs. D'autres "Orientaux l'attribuent à Ca'i'nan fils d'Arphaxad. Mais il ne paroît pas à d'autres que ces lentimens foient vraifcmblables, parce que dans la lan- gue de ces premiers hommes , c'eft-à-dire , la langue hébraïque , ils ne trouvent point de termes d'Aftrono- mie, qui fe trouvent au contraire trcs-fouvcnt dans le chaldéen. Cependant il y en a dans quelques endroits de l'Ecriture , & fur-tout dans Job &: dans les livres de Salomon. Rudbeck , dans fon Atlantide , a foutenu que les Suédois font les inventeurs de X Aftronomie. Il eil allè- gue pour raifon , que la grande variété de leurs jours leur fit foupçonner de la rondeur de la terre, & qu'ils étoiemarunedcs extrémités du globe. Ceux qui font fitués vers le milieu ,n'appercoivent prefquc point les divers changcmens que produit l'ombre, & la figure convexe de la terre. Mais les Suédois qui en faifoient la trilte expérience , s'appliquèrent à en rechercher la cau- fe ; & guidés & inftruits par l'extrême oppofirion des faifons , ils découvrirent aifémcnt que le foleil borne AST 5:1 renferme fon cours dans certains efpaces du ciel , &: qu'il roule invariablement fur certains cercles par une vicifiitude pcrpéruelie. Mais on ne prouve point des faits hiftonques par de femblables raifonnemens , qui prouvent tout au plus que cela a pii être , mais non pas que cela ait été. \J Aftronomie fut cultivée en France du temps de Charlemagne •, & l'an 807 on fit à Aix-la-Chapelle des obfervations d'éclipf es & du cours des Planètes. P. Da- niel. Longomontanus a fait un livre intitulé Aftronc- mia Danica; Jean-Baptifle Morin un autre, de Af- tronomia Gallica. Il eft probable que \ Aftronomie a été en ufage par- mi les Indiens. Les Brames ont les tables des anciens Aftronomes peur calculer les éclipf es \ & ils lavent mê- me s'en fervir. Leurs prédicl:icns font affez juftes aux minutes près , qu'ils femblent ignorer , & dont il n'eft point parlé dans leurs livres , qui traitent des ecliplcs du loleil & de la lune. Eux-mêm.es, quand ils en par- lent , ils ne font aucune mention des minutes , mais feulement de gari, de dcmi-gari , i!s: d'un quart & de- mi-quart de garii le gari efl: de 29 minutes, ht par con- léquent le demi-quart de gari eft i minutes 3 fécond. 4J troifièmes. ÇCT Astronomie, Astrologie, dans une fignification fynonyme. VAftronome^ dit M. l'Abbé Girard, connoit le cours (k le mouvement des aftres. V Aftrologue raif ort- ne fur leur intluence.Le premier obferve l'état descieux, marque l'ordre des temps , les éclipf es & les révolutions qui naiflent des lois établies par le premier mobile de la nature dans le nombre immenfe des globes que con- tient l'univers -, il n'erre guerre dans fes calculs. Le fé- cond prédit les événemens , tire des horofcopes , an- nonce la pluie , le froid , le chaud , t^' toutes les va- riations des météores ; il fe trompe fouvent dans les prédiétions. L'un explique ce qu'il fait , & mérite l'ef- time des Savans. L'autre débite ce qu'il imagine , & cherche l'eltime du peuple. Le défir de lavoir fait qu'on s'applique à {'Aftronomie. L'inquiétude de l'avenir fait donner dans X'Aftrologie. ifT La pliàparr des gens regardent V Aftronomie comme une fcience inutile & de pure curiofité ; parce qu'ap- paremment ils ne font pas reflexion qu'ayant pour ob- jet 1 arrangement des faifons , la diftiibution du temps, la diverfité bc la route des mouvemens céleftes , elle aide à l'agriculture, met de l'ordre dans toutes les cho- ies de la vie civile apolitique, i?i: devient un fcndcir.ci t néceiîaire a la Géographie & a lait de la navigation. A lais f 1 , avec toutes ces réflexions , il: n'ignorent pas encore que fans cette fcience l'hiftoire Sz la chronologie nefe- roient que confufion, perpétuellement contraires à elles- mêmes, à caufe des différentes manières dont les na- tions différentes ont réglé leurs jours & leurs années; alors ils rendront à V Aftronomie & à ceux qui la cul- tivent , l'elfime dile à leur mérire. ^fT UAftrologie eft à préfcnt moins à la mode qu'autre- fois , foit parce que le commun des hommes eft plus déniaifé , foit parce que l'amour du vrai eft plus du goût des habiles gens, que l'envie d'éblouir & de du- per le monde ■■, foit enfin parce que le brillant de la ré- putation ne dépend pas aujourd'hui du nombre des fots, mais du difcerncment des fages. ASTRONOMIN. adj. mafc. Chapelle a donné le nom de Troupe du Parnalfe aftronomin à une afTemblée d'Aflronomes. C'eft la rime qui lui a fait inventer ce mot, fans quoi il fe feroit fervi de celui d'aftronomi- que. Voyez Lunhter. ASTRONOMIQUE, adj. m. & f. Qui appartient à l'Af- tronomie. Aftronomicus. On dit, des obfervations, des Tables Aftronomiques ;\c lever &: le coucher ^-^rro- nomique du loleil; l'annead ûftronomique^ Se autres inftrumens avec lefquels on obferve les aftres. Les Aftronomiques. Aftronomica^ eft le titre que Manilius a donné à fon Poëme. ASTRONOMIQUEMENT. adv. D'une manière aftro- nomique & exacte. Aftronomicè. Il faut parlerdes comè- tes aflronomiqutmcnt , Se non pas populairement. ASTROPOLE. f. m. Terme deFlcurifte. Efpèce d'œiller. C'eft un vjolet brun admirable, fur un blanc de laie fort AST fort détaché : fa fleur eft affcz large; mais fa plante eft délicate & fujetre aux pucerons. Il graine, & les mar- cottes prennent facilement racine. Il a été élevé à Lille. MoRiN , Traité de la culture des fleurs. ASTRUNO. Montagne du Royaume de Naples. Afiru- nus. Elle eft près de Puzzol , dans la terre de Labour. Les bains à'AJIruno (ont des eaux minérales près de cette montagne. Thermn Afirutna n&. C'eft un petit îac où il y a des bains , que l'on prend pour la fontaine que l'on ncmmoit autrefois Oraxus. ASTUCE. 1. f. Vieux mot & hors d'ufage , qui figni- fioit autrefois jf;zc'//t'. AJiutia y callïdhas , dolus. Le renard eft une bête qui a beaucoup d'ajlucej de Irnelfe. Aftuce en/in & fraude au regard louche j Vices hideux. R. ^3" Le mot à'afluce n'eft plus d'ufage , Ôc nous devons le regretrer. Il a fa nuance qui le diftingue de la finefte ôi de la riife. C'eft proprement une finelle pratique dans le mal , mais en petit. C'eft la finelle qui a pour ob- jet le mal , qui nuit ou qui veut ninre.* Dans Vajluce La finede eft jointe à la méchanceté, & à la faulfeté dans la rule. Ce mot eft dérivé du latin ajlutia, fignifiant la mê- me chofe. Le latjn aflutia vient du grec àVt/, qui li- gnifie Paille ■ parce que ceux qui habitent dans les vil- les , lont plus rulés. ASTURA. Rivière & bourg de la Campagne de Rome. Aflura. La rivière À'Aflura le décharge dans la mer de Tofcane, à dix lieues au-dellus de Rome : elle a à fon embouchure le bourg à'Afîura. C'eft près de cet en- droit que Cicéron fut tué , après avoir été piofcrit par Antoine. ASTURCON. f m. Qui eft des Afturies. AJlurco. En- tre les chevaux d'Elpagne , les Andalous font eftimés pour la beauté , les Portugais pour la légèreté , & les Aflurcçns pour la force. ^CT M. AT y. Afiurco en latin fîgnihe un cheval d'Elpagne, qui va l'amble; mais le mot françois aflurcon n'eft pas reçu. ASTURIE. Aflurïa y ou comme on, dit plus communé- ment , AsTURiES. Aflurid. Province d'Efpagne, qui a *titre de principauté , & qui eft baignée au nord par la mer de Bilcaye ; les montagnes des Afluries la léparent au midi de la vieille Caftille , & du royaume de Léon ; elle a au levant la Bifcaye, & la Galice au couchant. Il y a VAflurie d'Oviédo, Afluria Ovetana ^ & YAf- turie de Santillana ou Santillane, Atiuria S- Juliana. La première eft la partie occidentale de la principauté des Afluries : Oviédo en eft la capitale ; l'autre eft la partie orientale , dont Santillana eft capitale ; nom cor- rompu de Sancia Juliana. Le premier Infant d'Elpa- gne porte le titre de Prince des Afluries: Les monta- gnes des Afluries , Vindius ou Vinnius mons , Aflu- narum montes : c'eft une grande chaîne de montagnes, qu'on regarde comme une branche des Pyrénées. Elle s'étend de l'orient à l'occident , & fépare les Afluries du royaume de Léon , & d'une partie de la Caftille vieille. , Les Auteurs font partagés fur l'origine de ce mot: les uns dilentque dans la langue des Balques/^y?//ntz veut dire une terre oubliée ^ un pays oublié , &que ce nom a cit. donné à cette province à caufe de fa ftérilité. D.i litres difent que le nom d'y^z/rie vient d'un Capi- tairie Grec nommé Aflur , qui vint peupler cette pro- vince après la prile de Troye;, Quelques autres dilent que la rivière nommée Afluria qui coule dans ce pays , lui a donné fon nom. Enfin il y en a qui dilent que des troupes de Celtes , nommés Aflires , pallerent de Ga- lice , où ils avoient demeuré quelque temps , dans la province qu'on nomma depuis Aflurie j du nom de les nouveaux habitans. Foye^ Covarruias. ASTTJRIEN , ENNE. f m. & f & adj. Qui eft des Al- turies. Aflur. Orofe décrit alfez amplement la guerre qu'Augufte fit contre les Afluriens. Tillem. La nouvelle de tout ce qui s'étoit fait dans ce con- li'ii des Afturies, étant porrée en même-temps aux Chré- tienvdeCantabrie& d||Gahce, on vit bientôt des Dé- putés de leur parti vemr fecrétemeut offrir leurfecours. Terne l. ASY 58^ & demander à être admis dans la confédération des Afluriens. P. d'Orl. ?fr ASTYNOMES. Foyc-[ l'article fuivant. ASTYNOMIE. f f. Terme grec. Police , Aflynomia. On appeloit Aflynomes , à Athènes , les Magiftrats qui avoient loin des édifices , & de tout ce qui rcgardoit la police. C'étoit la même chofe que les Ediles plé- béiens. ifT Les Aftynomes, félon quelques-uns, étoient dix hom- mes établis pour avoir l'œil lur les chanteules & fur les joueurs de Hûte. Quelques-uns ajoutent qu'ils avoient aulli l'intendance des grands chemins. Ce nom eft grec , A'ri/'.tuoi , compolé d'A'ru j vi//e j & de ««'j"os, loi , ou »f,atTï , divifer. Mgr. ASY. ffT ASYLE. f m. Voyer Asile. ASYMMÉTRIE. f f. Terme d'Arithmétique. Afymme- tria. ifT On le dit d'un défaut de proportion entre deux quantités qui n'ont point de commune melure. Ce mot eft compolé de « privatif, de 'w , avec ^ & de /xïTyiOï, mefure. C'eft en général un défaut de propor- tion ou de correlpondance entre les parties dune chofe. En Mathématique , ce mot eft fynonyme à incommen- furabilité. Voye'^ ce mot. ASYMPTOTE, adj. Terme de Géométrie, qui fe dit de deux lignes qui s'approchent toujours , & qui ne le coupent jamais , quoique prolongées à l'infini , telles que la Conchoïde , ou Conchyre. Afymptotos. Berti- nus a donné des exemples de plulieurs lignes afymp- totes, tant droites qu'hyperboliques, tant concaves que convexes; Se il propofe un inftrument propre pour les décrire , qui eft une double équerre qui a la figure d'un Tj lur le pied droit de laquelle eft une règle mobile , dont l'autre extrémité qui avance au-delfus de l'équerre décrit la figure requile. Les afymptotes d'une hyper- bole, font deux diamètres indéfinis qui paifent parles extrémités de deux lignes droites , tirées de côté & d'au- tre par le fommet de l'hyperbole , perpendiculairement à l'axe déterminé , & égales chacune à la moitié du fécond axe. Ceux qui ont traité des lignes afymptotes lont chez les Anciens , Proclus , Geminus , Georgius Valla, Rabbi Mofes /Egyptius, & Moles Narbonenfis, Apollonius Pergeus , Pappus Alexandiinus, Eutocius^ &chez les Modernes, Joannes Vernerus, Marius Ber- tinus, Oronce Fine, Jérôme Cardan, Jacques Pelle- tier, & fur- tout François Barocio, Sénateur de Venife, qui en a fait un excellent livre exprès , imprimé eu 1586. M. de la Elire a fait imprimer de nouvelles dé- couvertes qu'il a faites dans les (celions coniques par des lignes afymptotes. Ce mot vient d'à privatif, de eyi,avec j &: de «1«'« , je tombe. ASYMPTOTIQUE. adj. m. & f. Qui appartient à l'a- fymptote. Afymptoticus ^a , um. Si un vaiHeau courre entre le méridien & l'équateur, il décrit une efpèce de fpirale , qui , comme la fpirale logarithmique , (ait une infinité de tours , fans pouvoir arriver à un certain point où elle tend, & dont elle s'approche à chaque pas. Ce point afymptotiqueAç. la Loxodromie eft le pôle. Ac. DES Se. \-jox.Jiifl. p. Sy. §C? ASYNDETON. Figure de Grammaire, qui confîfte à fupprimer les particules qui devroient être entre les mots d'une phrafe, & donne par-là plus d'énergie au dilcours. Par exemple , le veni , vidi j \ici j je fuis venu , j'ai vu , j'ai vaincu, de Célar , où la particule copulative eftomilc. Ce mot eft compofé d'aprivatif,&de amiîa^ colligo j j'unis. Elle eft oppofée à la figure appelée Polyfyntheton^ qui confîfte à multiplier les conjonc- tions. ATA. ATABALE , ou ATTABLE, f m. C'eft une efpèce de tambour dont fe lervent les Maures. Atabalus. Quand on fait des entrées de balets compofées de Maures, on leur met en main des atabales , & des nacaires. IG" ATABEK. f. m. Mot Turc, qui fignifie proprement Pcrc du Prince. C'eft Wi wm qu'ont porté plufieurs £eeo $^6 ATA Seigneurs , Gouverneurs & Inftituceurs des Princes de la Ivlailon des Selgiucides. Ces Seigneurs que les Per- fans appellent Atahékiarj , devinrent lï puiifans par la faveur ou par la foiblefle de leurs Maîtres , qu'ils fon- dèrent & établirent en Aiîe quatre branches, qu'on ap- pelle ordinairement Dynapies. Voyez ce mot. ATABULE. f. m. Vent orageux qui règne dans laPouille, & qui nuit aux arbres «5; aux \\^ncs. Atahulus.Ce.i\. le vent du nord-oueft. ATACAMA. Grand défert de l'Amérique méridionale. Atacam.!. Il eft dans la province du Pérou , appelée Los Charcas y & s'étend plus de cent lieues entre les Andes &: la mer Pacifique , depuis la ville d'Arica jul- qu'à la rivière de Capiapo. ATAD. La place d'Atad, Area Atad. C'eft un lieu iitué à l'orient du Jourdain, julqu'ôù les Egyptiens condui- firent le corps de Jacob, avec Jofeph, & où ils firent fes obsèques. Gen. c. V. l. 10. Comme ils pleurèrent le mort , ce lieu tut depuis appelé la plainte d'Egypte. Adrichomius prétend que la place à Atad étoit en-deçà du Jourdain, & que c'efl: Bechagla. Il fe trompe. (fcJ- Af ALA , ou ITALA. Bourg de Sicile. ( Les Vocabu- buliftes en font une petite ville ) dans la vallée de Dé- mona , entre Melline & Taormina. ATAMADAULET. f. m. Nom du premier Miniftredes Rois de Perie. C'eft la même choie que le Grand Vilîr en Turquie, & à peu-près ce qu'étoit autrefois le Maire du Palais en France. Primus Regni Pcrfici admïnïjler. Tavernier écrit Athemct-doulct , & M. Samfon frwt?- daulet. Ce nom eft Arabe , compofé de deux mots , Itïmade & daiilet : il lignifie la confiance de la Majefté, ou de la PuilTI\nce , ou de l'Empire ; ou, félon Taver- nier, l'appui des richelles; ou, felonM.Samfon, l'ap- pui de laPuillance. L'Atamadauletne commande pas ordinairement les arinées éii Pcrfe , comme le Grand Vilir les commande en Turquie. UAtamadaulet en Perfe cil: Chancelier du royaume, chef du confeil, fur- Intendant des Finances ; il prend loin des affaires étran- gères , du commerce ; les penfions & les gratifications ne fe payent que par (on ordre : il eft comme le Viceroi de Perle ; il vile les mandeiiiens du Roi en écrivant au dos ces paroles, 5e«c/t; derga Aliil Alla Etmadoulet ; c'eft-à-dire. Moi qui fuis foutien de la puijjance j créa- ture de cette Porte ^ qui eft la plus Jublime de toutes les Portes. UAtamadaulet tire chaque mois lunaire mille ro- mans du trélor pour la dépcnfe , qui font cinq cent quarante mille livres de notre monnoie ; mais c'eft là le moindre de les revenus, car étant comme le maître de faire donner les gouvernemens , &' les charges de la guerre «?<; des finances à qui il lui plaît, il rire de grolles lommes des compériteurs. De plus , tous les Gouver- neurs des provinces, & les Officiers de la Cour étant obligés de donner les étrcnnes au Roi , ils n'ofent ou- blier \Etmadaulet. Il tire aullî un droit des provilions des charges qu'il diftribue. Il a lous lui fix Vilus ou Subftituts qui l'aident à manier les finances, & qui compoient le confeil dont il eft le ôxz'î.XJEtmadaulet «a encore Ions lui deux Secrétaires qui expédient tous les mandemcns de la Cour. Samson. ATANAIRE. f. m, ou plutôt adi. pris fubftantivcment. Terme de Fauconnerie. Il le dit d'un oileau de proie qui a le pennage de l'année précédente fans avoir mué ; & atanaire veut àhc pennage d'antan; vieux mot qui fe dit encore en certaines provinces pour marquer l'an- née précédente. .ATANT. adv. Vieux mot. Alors. ATARAXIE. f f. Terme dePhilofophie.il eft purement grec. Ataraxia. Les Pyrrhoniens appeloient ainli un état trancuille, & paifible de lame, & cette immobi- lité de jugement qui exempte des agitations que nous recevons de l'opinion & de la fcience que nous nous imaginons avoir. Ils faifoient conhfterle fouverain bien dans cette ataraxie. Cette alTictte de jugement droite &: inHcxible des Stoïciens, qui iccevoient tous les ob- jets lans application , & fans confentement , les achc- minoit à \'ataraxie. ATARGIER. v. n. Vieux mot. Tarder. ATAROTH. Ville de la Teue-Sainte. Ataroth. Elle étoit ATC au-delà ou à l'orient du Jourdain , dans la tribu de Gad. Il y avoir une autre Ataroth en deçà du Jourdain, dans la tribu d'Ephra'm, que Ion appeLit, eu limple- ment Ataroth , ou At^-roth Addar. ^fT ATAVILLOS. ( les ) Peuple de l'Amérique méridio- nale, au Pérou, vers la fouice de la rivièit de Xauca, environ à quarante lieues de la mer pacifique , & à quarante de Lima. ATAXIE. 1. f. Terme de Médecine. Irrégularité , défaut d'ordre, trouble, ccnfuiion. Ce mot eft grec, aV^ç/a, Formé d'^privatil , de Ta£c'< , ordre ^ régularité.Ce mot fignifiedans unlens particulier, un dérangement & une irrégularité dans les criles & les paroxy Imes des fièvres. ATC. ATCHÉ. f m. C'eft la plus petite monnoie qui fe fa- brique, & qui ait cours dans les Irais du Grand Sei- gneur. Elle eft d'argent, 6c vaut environ quatre deniers ôc un neuvi£m(Bde France. AT E. ATÉ. f. f. Terme de Mythologie. Ate. C'étoit chez les Grecs , la Décile mallailante , qui envoyoit le mal aux hommes: f^TjAte^ lignifie mal^ dommage. Qt\i\ qui écrivenr Atée , ignorent également & le grec & l'ufage ou l'analogie des noms françois. Les noms grecs termi- nés en ■" , que nous failons palier en notre langue, y changent feulemenrl'ii en affermé ou malculin. Ceux qui lont d'un plus grand ulage, prennent \'e muet ou féminin : comme Hélène , Pcnclope , Melpoméne , Terplichore. Ceux qui iont moins ulités , ont l'f fermé^ marqué d'un accent aigu : Agave , Zété , Arfinoé , Aréré, Daphné: mais jamais nous n'y ajoute ns un c, & l'on ne dit point Hélénée , Pénélopée, Agavée , Zé- tée. Il ne faut donc point dire Atee ^ma^is At'é , Léelfe malfailante, qui prenoit plailir à engager les hommes dans des malheurs, en leur troublanr l'elprit. ATELIER, f. m. Prononcez \'a long. Lieu où plufieurs ouvriers travaillent enfemble. Officina. Il fe dit prin- cipalement des bâtimens. Il y a un grand atelier au Louvre , à l'Arfenal. On le dit auifi àts lieux où les Chatpentiers , Peintres, Sculpteurs , & autres, tiennent plulieurs ouvriers qui rravaillent fous leurs ordres. (fTOn dit plus communément Chantier des Charpen- tiers, Marchands de bois, conibuétcurs de vailfeaux, & Boutique , de prefque tous les Arts mécaniques. Les ouvrages fe font dans l'atelier ôi dans la boutique, &■ fe renferment dans le magalm. Ils reftent au con- traire lur le cAizrtritTJulqu'à ce qu'ils foient vendus ou employés. Ce mot peut venir de ce qu'en quelques lieux on a donné le nom d'ateliers aux balle-cours des grandes mailons de campagne , à caufe que c'éroir le lieu où l'on atteloit les chevaux ôc les bœufs aux charrues , charriots ik charrettes, & où logeoient aulfi les Forge- rons , Selliers & Charrons*^ &: aurres ouvriers nécelfaires pour faire valoir les rerres ; d'où il a éré rranlporré aux autres lieux où plufieurs autres ouvriers travaillent cn- lemble. M. de la Mare, dans fou Traité de la Police j Tome II j pag. lO^jj rapporte un Arrcr du Parlement, où Hateiier eft toujours écrir par un h. Ce n'eft pas l'u- fage. §3° Atelier , fe dit auflî colleclivement de tous les ou- vriers qui travaillent dans le même lieu (ous le même maître. Cet homme lait très bien conduire un atelier. On le dit quelquefois de la machine dont un ouvrier a beloin pour rrav.ailler. Inftrumentum. Un tour eft l'arf/itT d un Tourneur. Atelier. 1. m. En fair de fortifications, fe dit d'une ex- cavation'dc fulfé. M. Clermont. Ateliers de vers à foie. Ce lont des piliers ou des fo- livcaux dreifés dans une chambre avec des perches , des claies , des rameaux , où les vers à foie filent. Is- NARD. w ATELLA. Ville ancienne de la grande Grèce , aujourd'hui ATE royaume de Naples. Atella. Elle eft dans la Bafilicatc, au pied du mont Apennin, & aux contins de la Prin- cipauté Ultérieure. Ce n'cfc aujourd'hui qu'un bcurg. |cC? Il y a eu anciennement une ville de même nom dans la Campanie, entre Capoue & Naples. On en voit en- core les ruines à deux milles d'Aveiia. La Mart. tfT Ni l'une ni l'autre de ces villes ne tauroit être Atella, ville de Tokanc, où Diomède prétend que l'on com- mença à jouer ces fortes de Comédies qui turent nom- mées Atellanes, M. Dacier traduit ainlî le palTage de cet Auteur, en expliquant les 225 vers de l'Art Poéti- que d'Horace. Il y a une troifièmc eipèce de Comédies Romaines , qui ont été appelées Atellanes , du nom èi Atella , ville de Tofcane , où elles ont commencé. %fl- L'Abbé Danet dans Ion Di6t. des Antiq. Grec. & Rom. attribue à V Atella àz\z Campanie l'origine des farces Atellanes ; mais cela ne s'accorde pas avec ce que dit M. Dacier, qui met cette ville dans la Tof- cane. Il eft pourtant vrai que Diomède ne p.irle ni de la Campanie, ni delaTo(cane,&qu'il ditlimplement, a civitate CJcoriim Atella ïn quâ primutn cœptA ^ Atel- lanA dicltt /une. ATELLANES. f. f. C'étoient chez les Romains certaines pièces comiques & latyriques. TabuU Atellanx. Elles étoient moins bouf^onnes que les petites pièces, & les farces qui fe jouent lut le théâtre Trançois ; mais elles croient moins graves & moins léricufes que les Tragé- dies, ou les Comédies grecques, ou latines. On les appeloit Atellanes , d'Atella, ville de Tofcane , où ces fortes de pièces furent reprélentées la première fois. Elles devinrent fi licencieufes , ik on y mcla tant de reprélentations lalcivcs & impudiques , que le Sénat fut obligé de les détendre. ATEN ANCHE, f. f. InducU. 'Vieux mot, qui a fignifié lulpenfion , cellation d'armes pour quelque temps , que des amis communs obtenuicnt des Gentilshommes qui étoient en guerre. Selon Beaumanoir,quarid deux Gen- tilshommes étoient en guerre, celui qui appréhendoit t d'être opprimé , avoir quatre moyens de te délivrer de la fureur de Ion ennemi. Le premier étoit Vatenanche par amis, le tecond la trêve par amis, le troitième la i trêve par juftice, le quatrième l'atTurement. ATÈNE, ou Al HÈNE. Bcurg du royaume de Naples. Atina, Athenum. Il eft dans la Principauté tupérieure, fur le Négro. Athènc étuit autrefois épilcopale: elle a aujourd'hui titre de principauté. ATERGATIS. f. f. Terme de Mythologie. Atergatîs. Déelle des Syriens. Strabon , Liv. XVI ^ l'appelle ^r<.T- (gata^ & Derceto. Plin. Lïv. V 3 ch. s 3 > la nomme Atergatîs ^ & dit que Derceto étoit le nom que les Grecs lui donnoient. Diodore de Sicile dit , Liv. II , qu'elle avoir le vifage d'une femme , &c le refte du corps de poiflon. Lucain , qui avoir vu cette idole , dit qu'elle avoit la moitié du corps de temme , Se l'au tredepoitfon. Cela a tait croire à quelques Savans, & . entr'autres àSelden, que c'étoit Dagon dont parle l'E- criture dans le Livre des Juges. Voflms donne à ce mot une érymologie qui revient à ceci; car il prétend qu'il eft formé de 'ii 1« , ad'n\, grand , puitfant , & JT ,dag j qui tignitîc poijfon. Quelques-uns ditent que la mère de Sémiramis eut tant de regret d'une foibletfe à la- quelle elle fe lailfa aller , qu'elle te jeta dans un lac ; &commeonneput retrou verfon corps, on crut qu'elle avoit été changée en poitlon; que c'eft pour cela que les peuples de Syrie ne mangeoient point de poitTon , ëc que àVtp ;«T«/t( jignitîe enSynt fans poijjon. Ma- crobe au contraire dit qa' Atergatîs étoit la terre qui avec Adadj qui eft le Soleil, produifoit tout , félon l'opinion des Atfyriens. Mais Arhénée, Liv. VIII j dit que Gatis fut une Reine qui aimoit extrêmement le poltron , & que pour en avoir à touhair, elle avoit dé- fendu que pertonne en mangeât , "Tîf yà-niti , c'eft-à- dire, excepté Gatis. Ainti , c'cft là, félon lui , l'étymo- logie de ce nom. Selden croit qu' Atergatis eft une corruption d' Aftaroth. Foyei ce mot , & Kirker , Œdip. ^gypt. Tom. I. ATERMOIEMENT, f m. Terme de Palais. ^ Contrat palfé entre un débiteur qui a fait faillite , ou qui eft dans le cas de la faire, & l<;s créanciers j par lequel ils Tome I. ATE 587 lui donnent un terme pour les payer , quelquefois même en lui faifant remife abfolue d'une partie de ce qu'il leur doit. Dilatio diei pecujùx. \^ atermoiement eft forcé ou volontaire. Dans X atermoiement forcé, le dé- biteur obtient des lettres de Chancellerie, par lefquelles le Prince donne un terme , ou un délai à un débiteur pour payer tes créanciers qui le pretfent. On les appelle autli Ze^rrf j de repi. \J atermoiement volontaire eft un timple contrat entre les créanciers ik. les débiteurs. Le débiteur qui a obtenu un atermoiement de tes créan- ciers, ne peut plus faire celîion. Les créanciers hypo- thécaires ne tout obligés d'entrer en aucune compo- tition, ou atermoiement avec le débiteur. ATERMOYER, v. a. Terme de Pratique & de Com- merce. Accorderun terme pour payer, ou prolonger ce- lui qui ett échu. Diem pecuni& projerre , differre. if^ Atermoyer un billet , une lettre de change , une promctîc. ^fT s'Atermoyer, v. récip. S'accommoder avec fes créanciers pour les payer à certains termes après l'é- chéance du temps fixé par les titres de créance. Il s'tft enfin atermoyé avec tes créanciers à fix termes d'année en année; a tant de temps, ik à tant de payemens. Atermoyé, ée. part. Billet atermoyé. Dilatus pecuniét, dies. ATERRAGE. Foye^ Atterrage. ATLRRIR. Foye:^ Atterrir. A T H. ATH. Ou , comme écrivent les Flamands Aeth. 'Ville du Hainaut , fur le Lender , entie A.ions & Oudenarde. Atham. Cette ville n'tft pas gr.ir,de ; mais elle eft bel- le , & fortifiée. Jean Zuellard à^Ath a fait la delcrip- tion de cette ville, imprimée en 1610. ATH ABOR. f m. Etoile fixe , qui s'appelle autrement It grand Chien j ou Syrius. D'autres la nomment Etha- bor , au lieu à'Athahor. ATfiACH. Ville de la Terre- Sainte dont on ne fait pas trop la fituation. Athach. Adrichcmius la place dans la rribu de Juda. ATHALANTE. f. f. Terme de Mythologie. Athalanta. Fille de Schénée Roi deSciros. Sa beauté la fit recher- cher en mariage par la plupart des Princes vcifins ; mais elle déclara qu'elle ne te donneroit qu'à celui qui pcur- roit la vaincre à la ccurfe ; ce qu'aucun ne put faire que le teul Hippomène , qui uta d'adretle en jettant des pom- mes d'or dans le heu où elle couroit: Athalante s'éiant arrêtée pour les amatTer , Hippomène la devança , & entuite l'épouta. Dans le langage de la Philofophie Hermétique , Atha- lame tignifie l'eau mercuriale fugitive qui ett arrêtée par les pommes d'or, c'eft-à-dire, les toufres fixansS: coagulanr. ATHANASE. f. m. Athanajîus. Nom d'homme , qui fignifié immortel ; il vient du grec , & eft formé de 1' "'privatif, & de Sïn'trxa , morior ^ je meurs. S. Atha- nafe étoit un grand Doéèeuf del'Eglife. On fait la fête de S. Athanafc le ptemier jour de Mai. ATHANASIE. f. f Ce mot fignifié proprement immor- talité. Il vient d'à privatif, & de buya'Us^la mort. C'eft le nom d'un antidote que Gahen décrit dans le huitiè- me livre de fes Topiques , comme un remède propre pour les maladies du foie , la gravelle & la jaunitre. Foye^ la manière de le préparer dans le Didionnaire de James. C'eft encore le nom d'un Collyre blanc, dont^tius donne la dtfcription dans fon feptième livre des Col- lyres blancs & doux. GorrÉe. ATHANATE. f. m. Athanatus. Ce mot eft gtec & figni- fie immortel y compofé de !'« privatif , & de ea.alot, la mort. Lcs-Athanates étoient chez les anciens Per- fes un corps de cavalerie de dix mille hommes toujours complet, parce qu'aufli tôt qu'il en mouroitun, on en mettoit un autre à fa place. C'eft de-là qu'on les ap« pela Athanates , ou immortels. Héfychius , Suidas , Hérodote , Ziv. VII ^p. f7<;. Quint-Curce, Liv.III, ch. j , ont parlé des Athanates. ATHANOR. f. m. Terme de Chimie. C'eft un grai4 E e e e i) 5'83 AT H fourneau immobile fait de brique ou de terre , qui a une tour au iiiiucu , où l'on.met le charbon, qui com- aimiii^ue fa chaleur par des car.aux ou ouvertures qui font aux côtes du foyer, a.plulieurs vailleaux voilins -dans kfquels on fait diifcrentes opérations en même temps. On en voit plulieursconftructionsiSv: figures dans la 1 harmacopéc de Charas. Ce mot Vient des Arabes, qui appellent tanneron un four. Les Grecs le nommoient '-^««■'^s, qui lignifie, ne tionnant aucun fûLTi. On la nommé auiîi. Piger Hcn- ricus j parce que quand on a empli la tour de char- ion , il ell: allez long-temps à Te confumer, & il n'eft pas nécellaire de renouveler l'aUment du feu. On le iromme çncoïe fourneau Philofophique , ou journeau des Arcanes. D'autres le dérivent du vieux mot fran- çois atta 3 qui Ç\2,\\\ii6\i journaife y Borelli. D'autres ^'aSavaloc. immortel, parce qye ce fourneau eft le plus propre à conferver le feu , dont on a beloin pour les opérations deCliimie. D'autres dilent que ce mot eft originairemeut hé- i»reim;.a;, tanneur, un four , une fournaife.De-hï\ a palîé dans les autres langues. Se fur-tout en arabe , ou tanneur fignifie un four , une fcurnaile , de avec lar- xic\e~\M'^'7»,aItannour j qui àcaulc du [efdu larnhdale fe prononce atthcnour , d où s'eft fait notre Athanor , que les Chiniiftes.ont pris apparemment des Médecins Arabes. !ATHAR , ou ETHER. Ville de la Terre-Sainte, qui fuc ôtce à la tribu de Juda , pour être donnée à celle de Si méon. Achar j Eihcr. ^/iTHÉE. (.vn. & f. Qui nie la Divinité , qui ne croit pas en Dieu , ni en la providence. Atheos , Atheus. En gé- néral on eft Athée quand on ne reconnoit point d'E'- tre fupérieurà lanaturc,ceft-à-dire,aux hommes & aux êtres lenlibles du monde : ainfiSpinofa eft un véritable Athée i quoiqu'il parle de Dieu dans tous its ou\ ra- ges; & quelques Savaus ont tort de l'appeler Délfc ■> puilqu'il ne reconnoit point d'autre Dieu que la natu- re , dont les hommes font partie , ls: qu'il n'y a point d'Athée qui nie l'exiftence du monde, i?c qui ne loit convaincu de la fienne propre en patticuliet. On a ap- pelé Lucien Athée, quoiqu'il ne le foit moqué que des iaux Dieux. Dans l'antiquité païenne ce mot avoit un fens plus étendu que celui que nous lui donnons aujourd'hui , ëc figninoit non-feulement celui qui ne croit point de Dieu, mais encore celui qui croyant des Dieux, fou- tient qu'ils ne prennent aucun foin de nous , & nie la Providence. C'eft pourcela que Evémeius, Diogcne le Phrygien , Hippon , Diagoras , Sofias & Epicure ont été compté parmi les Athées. Voyez ALlien. Platon diftinguoit trois efpcces à^ Athées. Les uns qui nioient ablolument qu'il y eût des Dieux : les au- tres qui , convenant de l'exiftence des Dieux , foute- noient qu'ils ne le mcloient point des aftaires humai- nes : & les autres qui reconnciiroient aulîi des Dieux , mais qui s'imaginoient qu'on les apailoit aifément par des prières , & qu'on étoit quitte des plus grands crimes pour quelques fupplications. Quelques-uns prétendent que le vulgaire dans l'An- tiquité appeloit Athées , ceux qui n'adoroient eue le Dieu fuprème, &nonpointceuxquinereconnoiirui.ent aucun Dieu. Il n'y avoit point , lelon eux , i^ Athées en ce fens. On peut être Athée par le cœur; mais on ne peut pas l'être par l'efprir. S, EvR. Spinola , le héros des Athées , crut fe diftinguer en devenant Athée de fyftè- me & de Ipéculation. Id. H eft inutile de raifonner con- tre ceux qui font Athées ^7iï grortîèieté ou p.ardébau- • che , parce qu'ils ne fentent point la force :Lbre par les grands hommes qui y enleignerent, (Jn lekrt encore de ce mot latin , pour fignitier les Académies des Sa- vans, les lieux où ils s'allemblent ; maisen trançoison le dit peu 5 ou point du tout. Cemoteft grec, &: vient du nom à.' Athènes ^ ville favante, & où fe tenoient beaucoup de ces fortes d'al- femblées, ou du nom grec de Pallas, a'oviï>i, Achcnee ^ DéclFe des Sciences , comme i\ Athénée lignifîoit un lieu coniacré à Pallas, ou deltiné aux exercices aux- quels elle piclidc. Athénées. L pi. on adj. pris fubftantivcment. Terme de mythologie. C'cil le nom d'une tête des Grecs a 1 hon- neur de A lincrve, qui' s'appelle en grec A'tn'.d Athé- né. On appela enluite cette fcte Panathénées, Vo\e-[ Aleurhus de Fer. Crs,c. y. '' j S< dans Ion Livre des Panathinées. ATHbNES. Ville de Grèce, dans l'Attique. Ce nom a la forme plurielle , s'écrivant avec un ^ à la fin, parce qu il vient du grec A'b»iai, & du hùn A thena^ qui lont plu- riels. Cependant nous le tailons iingulier , ëc nous ne difons point, les lavantes , les doctes Athènes ^ mais la favante, la do6le Athènes. Du Loir , dans Ion voyage du Levant , pag. ^ i o j & /un. nous a donné ladelcnption d' Athènes , telle qa'û la trouva. Plulieurs ruiifeaux de fontaine coulent dans les rues , que je m'imaginai , dit-il , venir de celle que les anciens habitans du lieu appeloient autrefois .'>ïîk- xftvns. La misère &:la pauvreté lont extrêmes en cette ville. Il y a pourtant des gens qui tiennent encore le rang de Nobles dans Athènes. Leur habit eft différent du commun : ils portent des cheveux, mais courts, ôc i au lieu de tulbens ou de bonnets fourrés, ils ont des H toques , comme en avaient autrefois les peniionnaircs K des collèges de l^aris. Leurs veltes fons courtes ; ik celle WJl qui lert de manteau , efl faite comme celle de Mel- ^H iieurs delà Chambre des Comptes. La fituation d'Athènes eft autour de la colline où eft bâti le château fur un roc, qui, du côté du midi , elt de très dilhcile accès. Les turcs font retirés dans l'en- ceinte de ce château , & ils ne font pas 60 familles, entre trois ou quatre mille habitans qui peuvent être dans Athènes. Ce château e{\.[y:izi fort irrégulièrement , & n'a, pour toute faconde forterelle, que de grollcs mu- railles , qui lont h vieilles , qu'on pourroit croire que ce font encore celles que fit faire Cimon, fils de Miltia- des , pour ceindre ce rocher. Ils en lont néanmoins li jaloux, qu'ils n'en permettent guère l'entrée aux habi- tans, & quilsla défendent ablolument aux étrangers. On y voit un temple de marbre blanc , élevé beau- coup aU'defTus des murs , qu'on aflure être celui de Minerve. Il peut avoii 120 pieds de long , & jo de large , avec une cou\'erture plate, comme un plancher de mailon. Le long des murs il y a de chaque côté dix- Ifept colonnes canelées, hautes environ de quinze pieds , Se larges de fix. L'entrée de ce temple eft vers l'occi- dent , &au-dellus de la porte il y a des figures en balfe . taille, qu'on dit reprélenter un combat de cavaliers , . mais qu'on ne peut pas bien difcerner de loin. On al- fûre que d.tns ce temple , dont les Turcs ont fait une mofquée, le lit encore au delFus de la porte d'une pe- : tite chapelle, llnfcription, ArNasTaeta, qui fervit de fujet a laint Pau! pour prêcher devant les Aréopagi- tes. Mais je doute fort que ce foit la véritable. Paula- nias allurément en auroit fait mention, & il n'eftpas croyable qu'elle y puiffe être à prélent, puifqu elle n'y étoit pas du temps d'un Auteur qui n'a rien oubUé des chofes remarquables. Du côté du midi il y a une petite colline détachée du château, où font les ruines d'un b.itiment, qu'on vou- lut nous faire palfer pour celles de l'Aréopage : mais on n'y voit aucun tefte de colonnes,ni du monument d CE- dipiis, qui en étoit proche. Je croirois plutôt que ce fut le lieu d'exercice qu'ils appeloientiV"'^"'» nloAî^aroï. ATH J89 Vers roccident , le temple de Théféc Ce voit encore , comme dit Paufanias,hir une petite éniincnce qui en tft pioche, bâti de la même fai^-on, & de pareille ma- tière que celui qui eft dans le château , mais un peu plus petit. Il n'a fur chaque côté lur 100 pieds de longueur, que quatorze colonnes, qui lont de 7 pièces, hautes de deux pieds, &: fur 40 de largeur il n'en a que quatre , ik deux a 1 entrée. Entre les chapiteaux & la corniche qui règne tout autour , il y a une belle frife de balle taille, où font reprélentés les exploits de Théfée, &: particulièrement le combat des Centaures &; des Lapi- thcs, ôc celui des Athéniens avec les Amazones. Les ports de I-halère 1!rÉ«f ^CWTOV TCA/^j A*'wn , s'eft frit ©ft.o'n , puis a'&hïh. il ajoute qu'on pourroit dire encore qu'on a voulu la nommer H'&o»»'» , compofé de ">""' '» t" .Siu^ la prudence dans les mœurs , ce qui convient parfaite- ment bien à cette Déclfe , & que d' H'Stïo'i, , en adoucif- fant la prononciation, on a fait a'S«\.i. Ainfi l'expli- que ce Philofophe à l'endroit que j'ai indiqué. D'au- tres diient que Athena s'eft dit pour Athrcna yà'atTi a&pti», c'eft-à-dire , du verbe "'^fS^'" , qui fignifie voir, & qu'elle a été ainfi nommée , parce que Minerve eft la prudence. D'autres dérivent ce nom de 1'« privatif, iic du verbe â-nAa^nv , allaiter y ik veulent que a'3.»vii , ait été dit pour a'j.«ïii , c'eft-à-dire , qui n'a point été al- laitée , qui n'a point tété , qui n'a point été en nour- rice, parce qu'en effet Pallas n'ayant point été enfant , mais étant fortie du cerveau de Jupiter en âge parfait , elle ne fut point allaitée. Volllus ,Lib. II, de Idol. c. 42 y dit qu'il ne doute nullement que ce nom ne vienne de l'Orient, ou pour le moins de l'Egypte: il croit qu'on le peut tirer du mot hébreu îniit Ethan , quj ligni- fie fort y robujle y ôc l clon lui encore , perennis y perpé- tuel , éternel. Il aime mieux néanmoins le faire venir du Chaldéen njD , tena , fi ufiré parmi les Thaimu- diftcs , & qui eft la même chofe que l'Hébreu ma?, qu'il interprète ,pcnfcr y méditer y étudier y er.feigner,^ d'où vient Tanaïm y qui lignifie Docteurs. Ainli Mi- nerve , au fentiment de cet Auteur , a été appelée a'5.»'ï« , Athène y patce qu'elle préfide à la doârinc , aux études & auxfciences. L'« du commencement eft l'article, dontona leulementctiangé l'alpiration , com- me il eft arrivé en beaucoup d'autres noms. Quoiqu'il en f oit ,1a ville A' Athènes prit ce nom , lorfcu' Amphic- tyon , Ion troifième Roi , l'eut conlacrée à îvlinerve. Platon, dans ion CW/iajj décrit ce <\\ï itoït Athènes dans ces commencemens. Athènes dans la naillance eut des Rois ; mais ils n'en avoient que le nom : toute leur puilfance, prefque reftreinte au commandement des armées , s'évancuifloit dans la paix. Tourreil. Codrus, contemporain deSaiil, fut le dernier. Ses en- fans , Médon & Nilée , difputerent le Royaume entre eux. Les Athéniens en prirent occafion d'abohr la royau- té , & déclarèrent Jupiter fcul Roi à' Athènes. A la place des Rois, ils créèrent fous le nom à' Archontes des Gouverneurs perpétuels; ils en réduilirent enfuitclad- miniftrationàdix ans, &puis à un an. Une puillânce aulh hmitéeque celle-là, contencit mal des efprits Çi pointilleux & fi tçmuAns. Athènes Aernema. ainfi long- temps hors d'état de s'accroître, trop hcureufe de le conierver au milieu des longues & fréquentes dillen- fions qui la déchiroient. Elle apprit enfin que la vérita- ble hberté conlifte à dépendre delà juftice & de la rai- fon. Id. Dracon , ^' enfuite Solon , donnèrent des lois z Athè- nes : Piliftrate Ion parent fe fit enfuite reconnoître Roi. Il tranlmitla royauté à fes enfans , qui en jouirent alfez long-temps, & jufqu'à Hippias , conxre lequel ils ga- gnèrent la fameufe bataille de Marathon. L'Empire A'A- thènes y qui commença peu de temps après cette vie- ' toire , dura 75 ans. Les femmes julqu'au temps de Cé- crops avoient eu droit de luffrage : elles le perdirent , pour avoir frvorifé Minerve dans le jugement de fon procès contre Neptune, à qui nommeroitla ville iîA- thènes. Les dix Tûhnsà^ Athènes éliloient par an cha- cune au fort 50 Sénateurs , qui compofoient le Sénat de s cinq cens. Chaque Tribu tour à tour avoit la pré- féancc. Id. Cécrops, premier Roi d'^rA(?«ej j étoit venu d'Egypte. Athènes a un Archevêque, qui afix fuffra- gans. Athènes fut encore plus fameufe pat les gens d'el- prit qu'elle produifit ou qu'elle éleva, >t,t..jt/.a , ou aâtfa.^a , quj vient de è'd-»f a , qui lignifie une e((; èce de bcmllie a la^^uelle l'humeur coagulée de \ athérome relfcmblc. ^fT ATHERSA f A. Nom de charge ou de dignité chez les Chaldéens : il eft attribué à Néhémie dans tfdras. Il fignifie Gouverneur de province, ou lieutenant de Roi. ATHLETE, t. m. Combattant.Hcmme courageux & 10- bufte, qui s'attache aux exercices du corps pour com- battre à la couile , à la lutte, & à d autres jeux lem- blables , pour leiquels les Anciens avoient établi des pàx. Athleta ,XyJlicus. Les Athlètes qui avoient rem- porté le prix aux jeux Olympiques, étoient couronnés d'une branche d'olivier. Four te rendre plus robuftes , les Athlètes vivoient dans une abftinence générale des plaifirs. Dac. Alexandre le Grand , invité de prendre part aux combats des jeux Olympiques, répcndir : je le ferai quand les autres Athlètes feront Rois comme moi. L'art des Athlètes , félon la remarque de Galien , avoit coAmencé à le former un peu avant le liècle de Platon. Burette. Lycaon inftitua le premier ces jeux en Arcadie; ik Hercule fur auteur de ceux qui rendi- rent Olympie fi fameule. Il paroîc, par le témoignage d'Homèie, Iliade , XXIII, v. ôjp , qu'avant la guerre de Troye , on avoit coutume de célébrer de ces iortes de jeux, pour honorer les hméraiiles des grands hom- mes, ik dès-lors Neftor s'y étoit diftingué. Mais il y a beaucoup d'apparence qu'alors ces jeux ne faifoient point une profelhon à patt >?>: diftinguée des exercices militaires. Mais comme les coutumes les plus frges fe corrompent inlcnliblement, il arriva dans la fuite que ce qui n'étoit au fond qu'un aiguillon pour ré- veiller la valeur martiale , & dilpolcr les guerriers à fe procurer des avantages plus lolides, en gagnant des vic- toires plus importantes , devint l'unique but auquel af- pira la vanité des Athlètes. Ainli ce ne fut plus qu'à une vaine acquifition de couronnes & de palmes, jointe aux éloges , aux acclamations, ik aux autres honneurs dont on les accompagnoit, qu'ils rapportèrent leurs talens , leur genre de vie , & leurs occupations les plus lerieules. Le retour fréquent de ces jeux établis dans la plupart des villes de la Grèce, fat donc ce qui con- tribua le plus à mettre en crédit la Gymnaftiquc des Athlètes j ÔC a leur mériter les fuftrages du peuple , tandis que les Philolophes les mépriloient pour l'or- dinaire. Les Athlètes avoient un régime particulier. Leur nourriture dans les premiers temps, s'il en faut croire Pline, Oribafe, Pauianias & Diogène Laërce, n'étoit que des figues lèches, des noix, & du homage mou. Se- lon Pline , un fameux maître de Paleftre , nommé Pitha- ^or^j & contemporain du Fhilolophe de même nom , fut le premier qui leur accorda l'ulage de la viande , & le premier Athlète qui en mangea, tut nommé Euryniè- ne.Diûoène laèrce, L. FUI. Certainement au temps d'Hippocrate ils en mangeoient, comme il paroit par les Epidémies , Liv. V. Ils n'uloient pas indifférem- ment de toutes foites de viandes. La plus lohde , & par conféquent la plus capable d'occuper long-temps leur cftomac , & de fournir une nourriture forte & abondante , étoit préférée à toute autre. Le bœuf, le cochon , alfai tonnés d'aneth , avec une lorte de pain fans levain , fort grofiîcr , fort pelant , pétri avec le fro- mage mou , appelé Coliphium , v.œA/^/tï , compofoién.t leurs repas. Ils mangeoient ces viandes plutôt rôties que bouilhes, & c'eft ce régime que quelques Auteurs ont appelé hft(fcLyiat ^ Xérophagie , nourriture /eche. Ils fe chargeoient ordinairement d'une quantité énorme de cette noutriture. Galien alfure qu'un Athlète palloit pour avoir tait un repas foit frugal, lorfqu'il n'avoit mangé que deux mines , ou deux livres de viande , Se du pain à proporrion. Milon de Crotone étoit à peine rairafié de vingt mines de viande , avec autant de pain, & trois congés ou quinze pintes de vin. On fait qu'une fois ayant parcouru toute la longueur du Stade , por- tant fur tes épaules uu taureau de quatre ans, il l'af-. J92. ATH fomma d'un coup de poing , & le mangea tout entier dans la journée. Théocrite parle de X'Achlite Egon , qui mangeoit lui feul , fans s'incommoder , 80 gâ- teaux. Ils étoientauiïî grands dormeurs qu'ils étoient grands mangeurs. Foye\ Platon, Z?e Rep. L. III. Galien, iji Thrafyh. C. jj , & in Protrept. C. II. Malgré les excès qu'ils failuient de nourriture , faint Paul & les anciens s'accordent à louer leur tempéran- ce. I °. Parce qu'on les contenoit dans une exadte tem- pérance à l'égard du vin & des femmes. 1°. Peut-être aulll à raifon de la fimplicité dans le choix & la prépa- ration des alimens. Et 3°. enfin àcaufede l'ufage mo- déré qu'ils en faifoient, lorfqu'ils étoient lur le point d'entrer en lice. Ils étoient d'une patience opiniâtre à fouffrir les fa- tigues & les coups. Sénèque , Ep. y S & So. Euiyda- mus de Girens, au rapport d'/Elien, T^ar. Hiji. I.X. ' C. I ç 3 ayant eu quelques dents fracalfées dans un com- bat à coups de poing , les avala pour en dérober la con- noilfance àfonadvcrfaire, & le vainquit. Les chaleurs qu'il leur falloir elîuyer, ne mcttoient pas leur patience à une moindre épreuve. Cic. De Clar. Otar. /Elien , f^ar. HiJl. L. IF. C //. Il y avoir pourtant des Athlè- tes délicats , qui fe contentoient de s'exercer à couvert dans les Gymnales & dans les Paleftres. La nature des exercices athlétiques , la chaleur du climat, & la faifon où l'on failoit ces jeux, les obli- gcoicnt de combattre nus. Ils avoient néanmoins une efpèce de ceinture, de tablier, ou d'écharpe , dont on attribue l'invention à Paleltre , fils de Mercure. On voit cet ufage dans Homère , Iliade _, XXIII , v. 6S ^ , & Odyff. L.XFIII^ V. ôj. Cette coutume , lelonDenys d'Halicarnalfe , L. Fil , n'eut cours chez les Grecs que jufqu'à la XV^ Olympiade, que les Lacédémoniens , lelon Thucidide , commencèrent à s'aftranchir de cette fervitude. L'écharpe d'un certain Oriippe s'étant déliée au milieu de la courfe, (es pieds s'y embarral- ferent; il tomba & fe tua, ou du moins il fut vaincu ; ce qui donna lieu de régler qu'à l'avenir les Athlètes combattroient lans écharpe. La nudité des Athlètes tacilitoit l'ufage des ondtions deft.nées à communiquer aux parties du corps toute la fouplelle qui leur étoit nécellaire, & à foulager la lal- fitude. On cmployoit d ordinaire à ces ondtions Ihuile, ou leule ou mêlée avec une certaine quantité de cire ék de poullièie , ce qui formoit une elpèce d'onguent qui s'appeloit Ceroma. On donnoit aulli quelquefois ce nom au lieu où les Athlètes fe fiiloient oindre , ap- pelé communément Eleothefion Alipterion j & Unc- tuarïum _, Plin. Ilift. Nat. L. XXXFj C, 2. Ces onc- tions étoient particulièrement pour les Lutteurs & les Pancratiaftes. Ils le failoient oindre par les Officiers ou Valets de Paleftre, nommés ^//^priej Unclorcs. Et quel- quefois ils le rendoient eux-mêmes mutuellement ce fervice. Pour rendre ces onétions plus efficaces , on confeilloit aux Athlètes qui fe faifoient huiler & frot- ter, d'oppofer au mouvement de main qui failoit cette fonction toute la force & toute la roideur de leurs mul- clcs , en retenant même leur haleine. Plutarq. Les Athlètes,zpûs s'être huilés , s'enduiloient quelquefois de la boue qui fe trouvoit dans la Paleftre. Le plus fouvent ils fe couvroient de fable Se de poulTière, foit en s'y roulant eux-mêmes, (oit en (c tailant (aupoudrer par un aurre , dans le heu nommé pour cette raifon KoïiVfa, ou Kovis-Ji'pio). Et l'on prétend qu'ils ne le cou- vroient ainfi de pouiîière , que pour donner plus de prife à leurs antagoniftes, & que c'eft delà que cette poullîère avoit pris le nom d'à?"', qui lignifie l'adion de prendre, de iaifir, d'empoigner, de happer j, verbe qui pewt-être vient delà. C'étoit un préliminaire fi c(- ienticl à la lutte Se au pancrace , que les Grecs difoienr d'un Athlète qui gagnoit le prix fans combattre , qu'il avoit vaincu fans poullîèie ; c'eft à-dire , fans travail & ians peine. Au (ortir du combat on frottoit les Athlètes ^ 8c on les huiloit de nouveau. Ils prenoient aulîi le bain ; tout cela pour les delalfer , & réparer les forces que ces exercices violens épuiloient. Cela s'appeloient d^ih^a- ATH »«'<«, pancement pojlérieur y ou quifuccède aux exer- cicej^ Pour être admis aux combats publics 3c folennels des jeux, il failoit s'enrôler lous la conduite des maî- tres de la Paleftre , pour y oblerver pendant dix mois confécutifs les lois athlétiques, & le perfedfionncr par un travail alîîdu dans tous les exercices <.,ui dévoient mériter aux vainqueurs le prix qu'on leur deftincit Ces exercices préhminaires le failoient dans les Gymnales publics, en prélence de tous ceux que la curichté ou l'oifiveté conduiloit à cette lorte de Ipeftacle. Lorfque la célébration des jeux Olympiques approchoit, onre- doubloit les travaux des Athlètes qui dcvcienr y paroî- tre , & on les excrçoit dans Elide même perdant trente jours. Foyei Pierre Dutaur dans Ion Agi nilfiL^ue , L. I. C. 32. Liv. III. C. 10 y II & I j. • Les Officiers qui avoient le gouvernement des Athlè- tes -, étoient le Gymnaliarque, le Xyftarque , les EpiC- tates, lePxdotribe, le Gymnafte, les Aliptes «Sclatra- liptes \ noms que nous expliquerons chacun en leur place. Les Etrangers chez les Grecs n'étoient point reçus parmi les Athlètes , non plus que les gens d unenail- lance obfcure ou équivoque, & ceux dent les mœurs n'étoient pas bonnes. Il failoit aulli être libre , & les Elclaves étoient exclus des jeux. C'eft le fentiment de Duiaur, dans Ion AgoniftiLjue , Liv. III. C. /7. Mer- curial dans la Gymnalhque , L. I. C. j , Se I. IL C. 1 0 j prétend que les Elclaves n'étoient pas ablolument exclus de tous les combats Gymniques; qu'on leur per- mcttoit de dilputer le prix de la courle à pied. Les Ro- mains le leur permirent , au moins lous les Empereurs. Les Grecs le relâchèrent aulh alors ; &: ils y admirent des Aftranchis. Au refte , dès l'origine même de ces jeux , il ne lut pas néceffaire d'être d'un rang illuftre pour entrer dans la lice. Pourvu qu'un Athlète fût né d'honnêtes parcns , la plus vile profeffion ne l'excluoit point, Se Corébe , le premier qui combattit aux jeux Olympiques , n'étoit qu'un fimple cuifinier, au rapport d'Athénée, L. IX. C. 7. Ceux qui failoient les per- quilitions nécellaires pour s'allurer de la naiflance & des mœurs des Athlètes , étoient ceux qu'on appeloit Agonothètes , Athlothètes Se Hellanodiques. Ces Juges expoloient à l'Athlète les conditions fous lelquelles on l'admettoit. Enfuite on palfoit en re\ue \ts Athlètes. Un Héraut élevant la main pour impoler filence au peuple , la mettoit enfuite fur la tête de l'Athlète , Se le promenant dans toute l'étendue du Stade , il deman- doit à haute voix li perlonne n'acculoit cet Athlète d'aucun crime , s'il étoit irréprochable dans fes mœurs ; s'il n'étoit ni elclave ni voleur, &c. C'eft ainfi que nos anciens Chevaliers dévoient être gens fans reproche. Outre cela, à Olympie on faifoit prêter ferment aux Athlètes , Se jurer, i". Qu'ils s'étoient foumis pendant dix mois à tous les exercices Se à toutes les épreuves de l'inftitution athlétique : x°. Qu'ils obferveroient très- leligieulement toutes les lois prelcrites dans chaque forte de combat , Se qu'ils ne leroient rien contre le bon ordre Se la police établie dans les jeux. Ce ferment fe prêtoit devant la ftatue de Jupiter , érigée dans le Sénat des Eléens. Les Hellanodiques failoient encore jurer le lecond article aux pères des Athlètes j pour plus grande précaution. Les Agonothètes écrivoient le nom Se la patrie des Athlètes qui s'engageoient; Se à l'ou- verture des jeux , un Héraut lifoit publiquement ces noms. On failoit la même choie pour ceux qui difpu- toient le prix de Mufique. Les Athlètes de réputation n'étoient pas obligés de fe trouver préfens pour fe faire inlcrire : il fuffifoit pour eux d'avertir les Agonothètes par lettres ou autrement \ mais il lalloit qu'ils fe trou- valfent exadtement , comme les autres, au rendez-vous à certain jour marqué; faute de quoi on leur donnoit l'exclufion. Le jour des jeux, quand les Athlètes étoient alTem- blés , & après que le Héraut avoit proclamé leurs noms , on régloit au fort le rang de chacun des Athlètes qui dévoient concourir pluficurs enfemble , comme dans la courle à pied Se la courfe des chars , &c. Dans la lutte J le pugilat Se le pancrace, où l'on ne combattoit que ATH que deux à deux , en apparioic les combattans au fort Quand le nombre étoic impair, celui qui n'avoir point ci anragonille, s'appcLiir lii-J^ti , Ephcdrc , «Se on le rc- lervoit pour combattre le vainqueur ; mais s'il y avoir pluheurs couples de combarrans, on ne fair point quel croit le vainqueur que 1 Ephidre combatcoir : peur erre le tiioir-on au lorr : peut être étoit ce celui dont la lettre approchoir le plus de celle qu'avoir amenée 1 Epbjdre : peut-être auiîi les vainqueurs combattoienr ils les uns cjnrre les aunes, juf-u'à ce qu'un d'eux rcftàr vifto- rieux, & que c'éroir celui la qui combattoit contre 1 E- f^hédre. Après avoir tiré les Athlètes au fjrt , on les encou- rageoir par quelque exhortation vive, que leur fai(oient les Agonothètes ou lesGymnafles. Cette coutume éroir forr ancienne, (ic l'on en rrouvc quelques vertiges dans Homère. Iliad. XXÎII. v. 6S i . Apiè.ces exhorrations, on donnoit le lignai des combats , & les Athlètes en- troient en lice. La fraude, l'artifice, la (upetcherie & la violence outrée, ttoient bannies de ces combats; mais 1 adrelfe , la lubniiré , la fine II e , l'induflirie y étoicnt peamles. On punilïoit (évèrcmenr ceux qui contrevenoient aux lois athléti jues. C'étoit l'office des Maftigophores , ou Porte -verges , qui par ordre des Agonurhères, ou même à la prière du peuple , frap- pcier.r de verges les contrevcnans. i.a culiulion fur rout entre les combattans étoit i-vèrement réprimée. Dans Homère les combatrans invoquenr les Dieux avant le combat. On en infère que c'ér.iit une coutume que k déhr de vaincre, plutôt que la loi , avoit introduite. Les récompenies qui foutenoicnc les Athlètes dans les travaux pénibles & i ebutans auxquels ils s'allujerii foienr, croient d abord les aeclamarions donrles (pcc- tatcurs honoroienr leur vidoirc. C'éroir un lignai qui leur annonçoir le pii< qu'ils alloienr recevoir & les hon- neurs qui les atrendoicnr. Ces prix ont varie lelon les temps (Se les lieu\. Cette diverhré de récompenfes in- troduifit chez les Grecs la dilliindlion générale qu'ils failoienr entre les jeux qu'ils nommoient Sriji^aTix'^t, ou affu^Tat a^iJiat , is.' CCUX qU lls appclcicnt rf^avlTt!. Dans les premiers on propofoir pour prix diverles chofcs qui pouvoicnr s'échanger pour de largeur; dans les derniers on ne diftribuoir que des couronnes. On donnoir des jeux de la p.emière cfpèce dans pluheurs lieux de la Grèce, au rapport de Pindare , comme à Lacédémone, à Thebes , a Sicyone , à Argos , àTégée, &c. Il femblemême que les plus anciens jeux dont nous ayons connoillance, aient été de cette efpèce. Tels lu rent ceux qui accompagnèrent les funérailles de Pario- cle & d'Ancliile dans Homère & dans Virgile. Les prix propolés dans ces jeux confiltoient en efclaves , en che vaux, en mulets, en bœufs, en vafes d'airain avec leurs trépieds, en coupes d'argent, en vctemens, en armes, & en argent monnoyé. Il y avoit deux ou trois prix pour chaque exercice , & dans Homère l'on en voit autant que de champions , a l'exception du palet; de- forte que les Vaincus même avoient leur récumpenle. Les jeux où il n'y avoir que des couronnes a gagner, croient les plus célèbres de la Grèce , "- ceux qui ac- quéruient aux Athlètes le plus de réputation. Aux jeux Olympiques, les vainqueurs rcmporroient une cou- ronne d'olivier iauvage; une de pin aux Ifthmiuies ; une d'ache aux Néméens; aux Pyrhicns une de laurier. Mais il y eur en cela des changcmens. Muret , Ver. Lecl. XV. C 7 j lourienrqu aux jeux Olympiques on diftribuoir autrefois des couronnes d'or, ce qu'il prouve par Pindare, DAWjT. VIII. Str. I , & par Corn. Né- pos, dans la vie d'Alcibiade. Dans ces mêmes jeux les couronnes deftinées aux vainqueurs étoient expofées fur des trépieds de bronze, & même dans la (uite fur des râbles d'or !k d'ivoire , & fur des bailins que l'on gardoir encore du rcmps de Paulanias dans le rréfor d'Olympie. Er cela fe voir auili (ur pluficurs médailles. Aux jeux Illhmiques on palTlr des couronnes de pin à celles d'ache iec , que l'on quirra pour reprendre les premières. On emplova d'abord aux jeux Pyrhiens les couroftncs de chêne , s'il en faur croire 0\ ide , Met. L. I. V. 44S ; au contraire Lucien ne parle que des fruits confacres à Apollon. Saint Chryfoftome avance Tome I. ATH 5PJ qu'aux jeux Olympiques on couronnoir de laurier les Athlètes vidorieux ; mais ou il éroit mal inftiuit, oii i! s'eft ghflé quelque faute dans fon texte, comme l'a remarqué Dutaur. Agonifl. L. II. C. 22. C'éroir ordinairement l'Agonothète qui diftiibuoit les couronnes : un fléraut les ir.ettoit fur la rcre des Athlètes vidorieux , & cela fe faifoir dans 1 endroit mcmê où l'on avoii combattu. Quelquefois le \ain- queur enlevoit la couronne du heu où elle éroit fuf- [ endue , &i s'en ccuronnoit lui même. Quelquefois cer- tains Athlètes éronnoient tellement par leur extérieur avantageux, que faute d antagoniftes, ils étoient cou- ronnés lans combattre. En ccrraines occafions on ac- cordoit cet honneur aux Athlètes même vaincus eu morts dans le combar, Voy e^Vzxiizxiy'i.'i , Arcad, C. 4.0. Philoftr. Icùn. In: II. Icon. 6. Les couronnes que l'on diftnbuoit MixAthlètes vain- queurs , croient accompagnées de palmes qu'ils rece- voient 6i qu'ils portoient de la main drcire. C'éroir un fécond prix qui ie donnoit dans t.:us les jeux de la Grèce ; & l'on voir en efïer des palmes fur les médailles qui reprélentent des jeux. Elles étoienr expofees lur la table d )nt nous avons parlé, dans une cfpèce dume. Comme un Athlète pouvoir être vidoricux plus d une fois en un feul jour, il pouvoir y remporter .tu!ÏÏ pluheurs couronnes &: pluficurs palmes. Paulinias , Lliac. L. II. C. 2 s j fait mention de ^\\xi\t\xi% Athlètes qui avoient eu cette gloire. La diftriburion des couronnes & des palmes croit une des principales h)n6tions des Magiftrats prépofés aux jeux. A (Mympie lur tout, les HcUanodiques fepi- quoient d'une incorruptibilité a l'épreuve de tout. Néan- moins quelque déférence que l'on eûr pour leur juge- menr, il arrivoit quelquefois rel incidenr qui obfigeoit \cs Athlètes d'en apptler au fenar d'Olympie , qui ju- geoit louverainemenr ces fortes d'affaires agonifiiques. Voye-[ Paulanias , Eliac. L. II. C. j. AuIli tôt que l'Athlète vidtorieux avoir reçu la cou- ronne 6e la palme , &: qu'il s'éroit revêru d une robe de fleurs, un Héraur précédé d un trompette conduifoit le vainqueur dans tout le Stade, &: proclamoit h haute voix fon nom de fon pays. Les fpeélateurs rcdoubloient leurs aeclamarions; ils jcroienr des fleurs au viétorieux, & lui faifoient de petits préfens pour lui marquer la part qu ils prenoicnt à fa viftoire, à<: le gré qu'ils lui favoient du ipeiStacle qu'il vcnoit de leur donner. Ces préfens conliffoicnt en chapeaux , en ceintures ou échar- pes, quelquefois en argenr , (Se en roure autre chofe : mais ces gratifications n'étoient jamais capables de les enrichir. Ce premier triomphe étoirfuivi de celui qui lesat- tendoit à leur retour dans leur pays. Le vainqueur y étoit reçu aux acclamations de les compatriotes qui vcnoient au devant de lui. Revêtu des marques de fa viéfoirc , 5c monré fur un char à quarre chevaux , il en- troit dans la ville, non par la porte , mais par une brè- che que l'on faifoir au rempair. On porroit des flam- beaux devant lui, (Se il étoirfuivi d'un nombreux cor- tège qui honoroir fa pompe. Les jeux qui procuroient cet honneur , étoient appelés Ijélajliques. Voyez ce mot. La cérémonie du rriomphe Athlérique fe terminoit prcfquc roujcurs par des feltins. Il y en avoir de deux forres ; les uns fe faifoient aux dépens du public ; les autres, aux dépens des parriculiers. Les premiers étoient en ufage a Olympie, où les Athlètes victorieux croient anciennement trairés dans le Pryranée , ou Maifon de Ville , tout le reftc du remps que durôienr les jeux Olympiques. Voyci^ Paufanias , Elïae. L. I. C. i f. Athénée, Deipfoph. Z. VI. C. S. Les particuhers qui régaloient \ Athlète viéforieux , étoient fcs amis. Les Athlètes de dilfiniStion (Se qui fe piquoicnr de généro- fité, régaloient à leur rour non-feulemcnr leurs païens Se leurs amis, mais fouvenr une partie des (pecfateurs. Aleibiade 8c Léophron régalèrent même roure l'affera- blée. Un des premiers foins des Athlètes , après leur vic- toire, étoit de s'acquitter des vœux qu'ils avoienr faits aux Dieux pour obtenir la vidoire , &: qui confîftoienç Ffff 594 ATH à confacrer dans leurs tcnipks , des ftatues , des bou- cliers Se d antres ofFniiidcs de jnix, lis av oient pluficuis privilèges , dont ils jcuifloient après leur vidoire. i". La prélcaiice aux jeux publics, i". Chez les Lacédémonicns ils combatcoient aux cô- tés du Roi dans les expéditions militaires. 3". Us étoienc nourris le reite de leur vie aux dépens de leur patrie. Dïonyf. Haiicar. Hort. ad Athlet. Solcn a^it alii- gné joo drachmes de penilon à chaque Athlète vic- roricu:c 4". Us étoient exempts de toute charge & de toute fondion civile, f. Onécrivoit leurs noms dans les Archives publiques : on déllgnoit les Olympiades par le nom du vidorieux. Les Poëtes failoient des piè- ces en leur honneur i on leur érigeoit des ftatues , & en failbit des infcriptions pour étcrniiet la mémoire de leur vidoire. 6°. Enfin on leur prodiguoit même \qs honneurs divins , & tous les loins des Hellanodi- ques ne fuftifoicnt pas à réprimer ces excès , & l'ex- îtcnve penchant que les peuples avoient à mettre au nombre des Dieux ces Athlètes vainqueurs , & c'étoit là comme le comble de la gloire athlétique. Hérodote en rapporte un exemple , Z. V. C. 4J. 0\\ en trouve un (econd exemple dans Pline , Uijl. nat. L. FIL C. ■4-7 3 & un troiliénie dans Pauianias , Eliac. L. II. C. ■ / / j & l'oracle même de Delphes s'en mêla dans le fé- cond exemple. Ce n'eft pas feulement des hommes faits qui entroient dans la lice: dès la 57' Olimpiade on avoit établi à Olympie des prix pour la courfe iî\: la lutte des en fans athlètes ; ce qu'on étendit au Penathle dans la 38" , au Pugilat dans la 41^, & au Pancrace dans la 145^ Mais les Elécns retranchèrent bientôt ce der aiier combat , &c le Penathle pour les enfans. Il étoit ■ rar^que ceux qui avoient remporté le prix dans leur jeunelle , le rcmportalfent quand ils étoient hommes faits i & Ariftote remarque , Polit^L. FUI. C. 4 , qu'à peine en pouvoit-on compter deux ou trois à qui la nature eût accordé cet avantage. ATHLETEfedit Hgurémcntdes héros qui ont combattu pour leur patrie, ou pour la Foi. Les Athlètes de la République. Les Athlètes de l'Evangile. De quel hor- reur n'auroit-on pas jugé dignes ces incomparables Athlètes de la Foi î Mauxroix. Boileau a dit en par- lant d'un jeiine Avocat : Quand la première fois un Athlète nomeau Fient combattre en champ clos aux joutes du Barreau. Il fe dit encore figurément des hommes forts & ro- i)uftes , adroits aux exercices du corps. C'eft un vrai Athlète 3 un corps à' Athlète. Ce mot vient d' '?fA«Tn'f,en grec , «J'A/m , certopu- (rno j ou plutôt , luclor. ATHLÉTK^UE. f. f. Gymnaftique, Agoniftique. L'art, la profel'iion des Athlètes. Athletice. La Gymnaftique fe délîgnoit par ditFérens noms. On l'appeloit Ath- létique. Burette , Acad. des B. L. Entre ceux qui ont décrié l'Athlétique , il y en a peu qui l'aient attaquée auili vivement & auiîî folidement que Galien. Ce Mé- decin ne \\\ï fiit pas l'honneur de lui donner place par- mi les beaux arts , il lui diipute même le nom de Gym- naftique , qu'elle n'a ufurpé , félon lui , que pour s'in- troduire plus facilement dans le monde , à la faveur de ce titre fpécieux. La faute ne pouvoit manquer de recevoir un notable préjudice du régime outré del'^- thlétique. Id. Athlétique, adj. m. & f. Qui concerne les Athlètes. Les couronnes ùthléiques étoient deftinées à couronner ceux qui remportoient le prix aux jeux publics. Hippocrate regardoit l'embonpoint athlétique , comme un état fort périlleux. Burette. Les lois athlétiques. Les coutu- tumes athlétiques. ATHLONE. Ville d'Irlande. Athlona. Elle eft fur le Shan- non , qui la fépaïc en deux en fortant du lac de Rée. Elle eft la capitale du conué d'Athlone. ATHLOTMÈTE. f. m. C'eft un fynonymed'Agonothète. Ilfignifie proprement celui qui propofoit & qui diftri- buoit les prix aux vainqueurs dans les jeux facrés. Il vient du grec A'Mû'iTvn^ compofé du grec a&Atv , ATI prix j récompenfi , & de ^irif , dans la même fîgni- fication , que l'on peut voir dans l'article d'Agonothè- ■te. Foye^ Agonothete &: Heilanodique. C'eft la même chofe. L'Académie des Belles Lettres fe fert de ces mots , T. I. Mém. , p. 242 & fuiv. ATHMATHA, Ville de la tribu de Juda. Jof. XF. /^. Athniatha. ATHMOSPHÈRE. Foye^ Atmosphère. ATHOL. Province d'Ecolle. Atholia. LeicQmità'AthoL •Il eft au milieu de l'Ecoffe , & eft environné des com- tés de Radenoc , de Gowrée, de Stahterne, deBro.id Albain , tioï J'ps qu'ils prononcent a'hï 'lf»<, d'où les Turcs ont fait le nom qu'ils lui donnent, Aionoro:^. Elle a environ dix lieues de circuit ; fon ifthme n'a qu'ime demi heuc. Xercès le perça pour y faire paifcr fa flotte. Son fommet eft: fi haut, qu'il s'élève audeflus de la région où le forment les pluies. Aujourd'hui elle n'eft habitée que par des Caloyers. Ils y ont vingt-quatre Aionaftjrcs, qui renferment plus de 5000 Moines Ma- ty. Quelques Auteurs , & entre autres Bcllonius, ont traité de fable la foile de Xercès, parce qu'ils n'en ont point trouvé de vertiges; mais il n.eft point étonnant qu'il n'en rcfte point depuis tant de liècles. On en voyoit encore au temps d'Elien. Foye^ Liv. XIII. De Ani~ mal. c. 20. Le Père Montfaucon a donné à la fin de fa Palsographie une defcription des Monaftères du mont Athos. Stéficrate , ou félon Vitruve , Dinocrate , propofa à Alexandre de lui faire une ftaïue du mont Athos. Je veux çw'Athos , ce mont qui caché dans les deux , Lève au-deJJ us des vents fon front audacieux ^ Imitant par mon art les traits de ton vijage j d'un héros immortel/oit l'immortelle image. Le p. Chomel Jéfuitc Traducîion d'une pièce du Père Commire fur ce dejffein de Stéficrate. Les habitans de l'île de StaLmcne confirmèrent à M, Duloir que l'ombre du mont ^r^^oj s'étend jufqu'à leur ile, quand le foleil fe couche, quoiqu'il en foit éloi-r gné de 5 f ou 40 milles. Duloir. p. 2çS. sfT ATHY. Ville d'Irlande, dans k province de Lcinf- ter , au comté de Kildare , à douze milles au Sud de Kildare , fur le Barow. ATHYR. f. m. Athyr. Nom d'un mois Egyptien qui ré- pond à-peu-près à notre mois de Novembre. (CT 11 eft ainfi nommé de Vénus qu'ils appellent Athor. ATHYTE. f. m. ou adj, pris fubftantivement. Athyton. Sacrifice fans vidime. Lucien les appelle axa,rvo 5.1-7» , facrific es fans fumée. C'étoient ceux des pauvxes qui n'avoient pas le moyen d'offrir des vidimes. ifJ" Ce mot eft grec, a-hvia. , compofé d'«-' privatif , it de 6i/a , j'immole. ATI. ^ §Cr ATI , ou ATY. Petit canton d'Afrique , en Guinée, au pays nommé la Cote d'Or , au nord de Fantin. ATIBAK. f. m. Nom que les habitans du royaume de Go- go en Afrique , donnent à là poudre d'or. C'eft de ce mot que les Européens, fur-tout les François, ont com- pofé le mot de tihir , qui veiu dire poudre d'or, parmi ceux qui en font le commerce. ATIENZA. Ville de la vieille Caftille , province d'Efpa- gne. Atientia. Elle eft aux confins de la Cafîllle nou- velle , entre Siguença & Borga d'Ofma. La Sierra ^Aticn-:^a. fonç de hautes mont,-ignes voi- ATL Hnes de cette ville, dont elles prennent le nom, &;qui font une partie de celles que les Anciens appeloicnt Iduhcd:;. i^TiNA. Ivfome di At'ma. C'cil: YHymettus des Anciens. Himecto. Parce qu'il eîl: près d'Athènes , on l'appelle Mont d'Athènes. JlTINO. Atïno en Grèce, Aiïnium ^ ^t'inium , Athe- nsum, cil un bourg fitué aux confins de la Thellalic & de la Macédoine. At'uio au royaume de Naples, Ati- na , eft une ville autrefois épifcopale , au nord d'A- quin, dans la terre de Labour. i^TINTER. V. a. Vieux mot qui iîgnifîe, parer, orner; & il ie diloit particulièrement des épouièes. Ornare , adornarc. Cette femme eft toujours atintée comme une époufée. fxT II fe dit encore dans le difcours fami- lier , d'ur.e femme parée avec trop d'afteâation. ATINTÉ , LE. part. ATITLAN. Foyei Amittan. JÊTITRER. Foye^ Attitrer. ATL. ATLANTES, f. m. Nom que les Grecs donnoient aux figures qui pprtoient des fardeaux dans l'archrteclure. On le trouve aulll dans la balle latinité pour colonnes. Voyez Acî. Sancl. Bened. foc. III ^ p. iSj. Voyez Atl.a.s. ATLANTIDE. Atlantïs. Quelques Anciens ont parlé de ce pays. & en ont dit même plufieurs particularités, fans qu'il nous foit plus connu ptur cela. Platon eft celui qui l'a décrit plus diflinCtement & plus en détail dans fon Timée & dans Ion Critias. Voici en peu de mots ce qu'il en dit. V Atlantide étoit une très-giande île de lOcéan occidental , fituée devant ou vis-à-vis le détroit d'Hercule, que nous appelons aujourd'hui Détroit de Gibraltar. De cette ile on palfoit aifément dans d'autres, qui étoient vis-à-vis un grand continent, beaucoup plus étendu que n'cfl: l'Europe & l'Afie. Nep tune s'étoit étabh dans cette ile ; il la partagea entre les dix enfans. Le dernier eut en partage l'extrémité de B|. l'île nommée Gaàir , qui dans la langue naturelle de B^ccs peuples lignifie ^'^tM\ni fertile , ou abondant en ^^Khrebis. Les delcendans de Neptune y régnèrent de père en fils pendant plufieurs lictlcs, l'aîné fuccédant tou- jours à fon père. Ils occupèrent une grande quantité d'autres iles, &r paffant en Europe & en Afrique, ils fubjuguerent toute la Lybie,jufqu'à l'Egypte , & toute l'Europe , julqu'à l'Afie mineure. Enfin cette ile fut fub- mergée, le mettent fur la côte occi- dentale d'Afrique. Les mêmes Auteurs difent qu'il cft fi 4-iaut, que les nuées empêchent qu'on ne voie la cime , qui s'élève plus haut que la région où elles le forment ; & à voir la manière dont ils la décrivent , le mont Atlas n'étoit chez les Anciens , qu'une feule montagne qui s'élevoit en cône juiqu'au-del- fus des nuées. C'ell l'idée que Mêla nous en donne à l'endroit que j'ai cité. En dépit de tous ces Auteurs, Rudbecks , médecin Suédois , qui ht imprimer , les origines ou les antiquités de Suède, fous le titre à'Atlantka , prétend qu'il faut chercher en Suède le mont Atlas. Il fe fonde fur un pall'age d'Apedlodore, qui dans fon fécond livre dit que les pommes des Hel- pérides n'étoient pas en Lybie , comme quelques-uns le croyoient, mais fur l'Atlas qui elt dans les Hyper- boréens : paroles qui montrent qu'Apollodore s'éloigne du fentiment commun, fans en apporter la «loindre laifon. Il fe fonde en fécond lieu fur ce que Virgile met l'eiîîeu du ciel fur les épaules à' Atlas , comme fi l'ellieu du ciel , en langage de Poète , étoit autre choie que le ciel. 5°. Il confirme la conjedure par cette rai- fon , que les montagnes d'Afrique font couvertes d'o- rangers , de citronniers , d'amandiers , de figuiers, & de railîns ; au lieu que les Poètes ne donnent que des pins , des neiges, des glaçons au mont Atlas ; ce qui s'accorde merveilleulement avec une iituation fepten- trionale. Tout ce raiionnement ell d'un homme qui vit dans le Septentrion, qui ne connoit guère les pays du midi: les Pyrénées, les Avlpes, l'Apennin, lontiou- vcnc couverts de neiges en plein été; & tandis que leur pied eft tout couvert d'orangeis , de citronniers , de fi- guiers, &c. on ne voit que des pins fur leur fommct. Le Liban , qui eft entre le 5 3 & le 3 4*^ degré de lati- tude feptentrionale , o'eft-à-dire, à la même hauteur que \ Atlas d'Afrique i le Liban, dis je, eft toujours couvert de neiges, & ne porte au (ominet que des cè- dres &■ d'autres femblables arbres, tandis qu'il croità mi-côte de fort bon vin. Enfin, dans le Pérou, qui eft tout dans la zone torride, & dont une partie même eft fous la ligne, il y a cependant des montagnes fur lef- quelles il neige & il grêle , comme dans les pays fep- tentrionaux. Ainfi ce n'eft pas merveille que (ur l'At- las & vers le tropique , il y eût des pins, des neiges, & des glaçons. Mais ce qui eft plus pofitif , c'eft que tous nos Voyageurs d'Afrique &nos Géographes con- firment ce que difent de l'Atlas les anciens Poètes , que ces montagnes font couvertes de neiges , & que l'hiver y eft très-rude & très-long , comme nous allons le dire. Aujourd'hui le mont Atlas n'eft pas un fcul fom- mct, mais degrandes & longues chaînes demontagnes; & l'on diftingue le grand & le petit Atlas. Le grand At- las, Atlas major, eft une grande chaîne de montagnes, qui s'étend du levant au couchant, entre la Baibarie & le Bildulgérid , depuis le cap de Gcr, au royaume de Maroc , jufques aux confins du royaume de Tri- poli. Là déchnantvers le midi , elles traverfent Bildul- gérid, & vont côtoyer le Zaarajufqu'audélert de Barca où elles fe terminent. Les hautes croupes de X Atlas lont n élevées, qu'elles font toujours environnées des nues; auftî font-elles extrêmement froides & déferres. Il n'y a dans ces montagnes que deux faifons de fix mois chacune, l'hiver & l'été. Cela n'eft pas particulier au monx. Atlas; toutes les glandes montagnes fituées dans les climats chauds ont la même température d'air. Les neiges & les glaces y entretiennent long temps le froid ; mais c.uand le foleil s'en eft approché, & a fondu tout cela, les chaleurs y font grandes à leur tour, & y durent aflca long-temps. Maty. Tout ceci confir- ATL me ce que nous avons dit ci-deffus conttc'l' Atlas de Rudbecl s. Le petit Atlas, Atlas minor , eft une branche du grand Atlas , qui s'étend d Orient en Occident , entre le royaume de Fez, & celui de Maroc: Ii cependant le petit Atlas eft l'eriif , il doit s'avancer vers la mé- diterranée \ car c'cft la c^u'on place le mont Errif. / 'oyeç Marmol, Liv. I, ck. ^, j , y ; & Diego de Torrez, Hijloire des Cherijs , ch. jp. Atlas , eftauiîi, félon Hérodote, un nom de fleuve qui fort du mont /Emus, & le jette dans le Danube. Atlas, f. m. Terme de Médecine , eft un nom que quel- ques-uns donnent à la première vertèbre du cou , qui fupportela tête, par allufion à cette montagne d'Afri- que qui eft h haute, qu'on croit qu'elle porte le Ciel, &: à la lable qui a voulu faire croire (\\\' Atlas , Roi de ce pays - la , portoit le Ciel fur fes épaules , pour figurer que c'étoit un grand Aftronome. Atlas. L'Atlas n'a point d'apophyle épineufe , parce que les mouvemens de la tête ne le l'ont point fur cette ver- tèbre , mais (ur la féconde -, & étant obhgée de fe tour- ner autant de lois que la tête fe meut circulaire- menr, ii elle eût eu une apophyle épineufe, elle eût in- commodé le mouvement des mufcles dans l'extenfion de la tête. Elle eft d'une fubftance plus déliée & plus dure que les autres veitèbres. Elle en diftére encore, en ce que les autres vertèbres reçoivent dune part, & lont reçues de l'autre : au contraire , celle-ci reçoit par fes deux extrémités ; car ces deux éminences' de l'occiput entrent dans les deux cavités fupérieures , qui font fon articulation avec la tête ; & en même temps deux autres éminences de la féconde vertèbre entrent dans les deux cavités inférieures qui les articulent en- femble. Dionis. On appelle aulll^r/t7jj un hvre de Géographie Uni- verfelle qui contient toutes les cartes du monde , comme Il on les voyoit du haut de cette montagne , que les Anciens ont cru être la plus haute de la terre \ ou plu- tôt, parce que ce livre porte en quelque forte tout le monde comme Atlas. C'eft pour cela qu'à la tête du grand Atlas on a mis un Atlas qui porte le monde fur les épaules. Ce gtand Atlas eft un livre imprimé par Blaew en pluiieurs grands volumes i/2-/ti/. qui contient non-feulement toutes les cartes du monde, mais en- core des explications de ces cartes, &■ une Géographie entière. (C? OutKccs Atlas généraux déroutes les par- ties connues de la terre , il y a des Atlas des parties prifes féparément , tel eft ï Atlas de mer, l'Atlas de la France, &c. On appelle auffi Atlas, en latin Atlas , ces figures ou demi-figures d'hommes, qui au lieu d'une colonne ou d'un pilaftre , foutiennent quelque membre d'ar- chitecture , ou un balcon , ou quelqu'autre morceau & qu'on nomme autrement Telamons , Telamones\ Atlas. V Atlas des temps eft un ouvrage de Chrono- logie, compofé par le P. Louis d'Amiens, Capucin , où fe trouve la Période Louifianne. Atlas, f. m. Terme de Commerce. Satin de foie fabri- qué aux Indes , dont voici les principales cfpèces par leMïsnoms. Les Atlas cotonis , font ainfi nommés, parce que le fond eft de coton, tk le refte de foie. Les cancanias , font des fatins rayés à chaînettes. On ap- pelle quemhas , ceux de cancanias qui paroiffent plus foyeux. Les calquiers , font des latins à la Turque ou point d'Hongrie. Les bouilles cotonis & bouilles char- mai , font des étoffas de foie en façon de gros de Tours, couleur d'œil de perdrix. La fabrique de toutes ces foï' tes à' Atlas eft admirable & lingulièrc. ATLE. f. m. Arbre qui rcffemble au tamarin & à la bruyè- re, & qui croît en divers heux de l'Europe. C'eft une plante aufli haute que les Oliviers, & qui dans le Sa- hid croît à la hauteur d'un chêne. On fair du charbon du bois de cet arbre, & on s'en fert dans toute l'E- gypte & dans l'Arabie. Ses feuilles font épanouir la rate, & le fuc eft bon pour les maux vénériens. IJC? ATLISCA. Vallée confidérable de l'Amérique fep- tentrionale , au Mexique , dans la Province de Tlafcala. Elle eft très-fertile. A T M A T M ATMéîDAN. f. m. Terme de Relation. Place de Conf- tantinople , qui eft l'Hippodrome des Grecs. Hippo- dromus. \J Hippodrome des Grecs fe nomme Atmé'i- dan y c'cûà-due, place des chevaux, parce qu'elle Terr encore aujourd'hui à les exercer; & ordinairement les vendredis, les jeunes Spahis c(jurant à toute bride y lancent la Zagaye. Du Loir,^. sj. Ce lieu eil long de 5J0 pas , & farge de 120. Du temps des Empe- reurs Grecs , on y donnoit les jeux du cirque, & on y célébroit pluiieurs fctes. On y voit encore cinq co- lonnes, parmi lelquelles il y a une magnifique pyra- mide , ornée de caraclères hiéroglyphiques. L'Empe- reur Théodole avec fes deux fils Hcnorius & Arca- dius, font repréfentés fur la baie de ce monument. Voye^ LE DicT. d'Hoffman. ATMOSPHÈRE, f. f. Terme de Phyfique. Atmcfphère fîgnifie Iphère des vapeurs. De «t/^c's vapeur ^ tait de "^'^ ,jefouj1e y Sc^f^l^ . globe. ^CT Les particules très- déliées dont un corps eft environné , {-orment f on atmof- phère. Tels lont les corp^ilcules magnétiques qui en- tourent une pierre d'aiman ; telles (ont encore les par- ticules odoriférantes qui viennent s inlmuer dans l'or- gane de l'odorat, lors même que nous lommes allez éloignés de certaines herbes ou de certaines fleurs. Il eft peu de corps qui ne loient entourés d'une acmofphère plus ou moins étendue , & plus ou moins lendble. Ceux dont Y atmcfphère nous intérelTe le plus, c'eft le fui cil lîs: la terre. tfF On donne le nom ai! atmcfphère de la terre à ce fluide rare & élaflique qui environne la terre par-tout à une hauteur conlidérable , qui eft emporté avec la terre autour du loleil , & qui en partage le mouvement tant amiuel que diurne. C'eft proprement l'air conii- dété avec les vapeurs dont il eft rempli. %fT On s'eft trompé grolîîèrement quand on a fixé la hau- teur de V atmcfphère terrcftre à une vingtaine de lieues. Il eft sûr que la matière des aurores boréales fe trouve dans \ atmofphère terreftre. Il eft sûr encore que la fameufe aurore boréale du 19 Odobre 1726 futapper- çue en même -temps à Warfovie, à Mofcow , à Pe- tersbourg , à Rome , à Paris , à Naplcs , à Madrid , à Lisbonne lï^ à Cadix. Ce phénomène étoit donc élevé de plus de vingt lieues au-defîus de la furface de la terre. Sans cela il n'auroit pas été vu à la même heure en tant de villes diftérentes aulfi éloignées les unes des autres. M. de Mairan place cette aurore boréale environ à 166 lieues au-defîûs de la furface de la terre. Cette propofîtion eft fondée fur les opérations de la plus Imiple trigonométrie, \k ces opérations elles-mê- mes font fondées fur le parallaxe de ce phénomène qui parut à Paris élevé de 3 7 degrés au-delfus de l'horizon , & de 20 feulement à Rome. \J atmofphère terreftre a donc plus de 266 lieues de hauteur. Mais quelle eft fa hauteur réelle î C'eft un point qu'il eft difficile de déterminer. Si les condenfations des parties de l'air différem- ment élevées , avoient un rapport réglé & connu aux diif érens poids dont elles font chargées , ou , ce qui eft la même chofe , aux différentes hauteurs de l'air fupé- rieur , les expériences du baromètre , faites au bas & au haut des n^ntagnes, donneroient sûrement la hau- teur de l'air ou de \' atmofphère. Mais tout ce qu'on peut découvrir du rapport des condenfations de l'air au poids , eft renfermé dans des oblervations faites fort près du globe de la terre, & qui ne tirent guère à con- téquence pour l'air pris à des hauteurs beaucoup plus grandes -, ce qui fait que cette voie de découvrir la hau- teur de {'atmofphère j eft rempli d'incertitude. M. de laHire en a pris une plus fimple &: plus fûre. C'eft une idée de Kepler, & qui eft fort naturelle ■■, mais Kepler lui-même l'avoit abandonnée pour la plus grande partie. M. De la Hire non-feulement l'areprife, mais l'a reètifiée & poulfée à fa dernière perfeétion. Il eft établi chez tous les Aftronomes, que quand le loleil eft à dix-huit degrés au-delfous de l'horizon, on commence le matin & l'on ceire le foir de voir la première ou la dernière lueur du crépufcule. Le ATM 5'p7 rayon par lequel on la voit , ne peut être qu'une ligne horizontale , tangente de la terre au point où eft l'Obfervateur. Ce rayon ne peut pas venir directe- ment du foleil, qui eft fous l'horizon ; c'eft donc un rayon réliéclii à notre œil par la dernière furface intérieure & concave de latmofphère j & ce rayon ainil réfléchi , eft encore tangent de la terre , ou hori- zontal. S'il n'y avoit point A' atmcfphère j il n'y au- roit point de crépufcule, & par confèquent fi {'atmcf- phère étoit moins élevée qu'elle n'eft , le crépufcule commenceroitplus tard, oufiniroit pluttif, c'eft-à-di- re , lorf que le foleil feroit plus proche de l'horizon que de 1 8°, & au contraire. On voit donc que la gran- deur de l'arc, dont le foleil eft abailfé , quand le cré- pufcule commence ou finit, détermine la hauteur de {'atmofphère. Cet arc, quoique pofé de 18°, doit être pris un peu moindre: la réfraètion élève tous les aftres de 32', par confèquent le rayon dired qui du foleil va frapper la dernière furface concave de {'Atmofphère , a touché un arc de la terre qui n'eft que de 17^. 28'. De plus, les premiers rayons qui font voir le crépufcule , par- tent du bord fupéricur dir foleil , & ce bord eft éloi- gné de 16' du centre que l'on luppofe à 18° fous l'ho- rizon. L'arc qui déterminera la hamfeur de {'atmofphè- re ^ n'eft donc que de 17°. 12'. Les deux rayons , l'un diretb , l'autre réfléchi , qui touchent tous deux la terre , concourent néceft airemenc dans {'atmofphère au point de réflexion , & compren- nent entr'eux un arc de i7d. 12' dont ils font tangens- Ainfi une ligne tirée du centre de la terre, & qui cou- pera cet arc en deux , ira au point du concours de ces deux rayons , & l'excès de cette hgn.e fur le demi dia- mètre de la terre , fera dans l'hypothèfe préfente la hau- teur de {'atmofphère. Et M. de la Hire trouve que cet excès eft de 37225 toifes, ou de près de 17 lieues, en prenant 2200 toifes pour une lieue. Niais l'hypothèfe préfente n'elfpas vraie, caries deux rayons ne font pas des hgnes droites -, ce font deux cour- bes formées par la réfraélion perpétuelle que caut'e à un rayon la denfité de l'air toujours inégale; ou plutôt ce n'eft qu'une feule courbe qui , à fon origine & à fa fin, touche la terre, & dont le fommet également éloi- gné de ies deux extrémités , détermine l'élévation de {'atmofphère. Pour la trouver ou à peu près , M. de la Hire mène par le point où eft l'obfervateur , une ligne droite, qui fait en-delfous avec la ligne horizoiitale , ou avec la tangente de la courbe à fon extrémité , un angle de 3 2' qui eft l'angle de la réfradion. Cette droite eft donc au- dedans de la courbe , & le point où elle rencontre la ligne tirée du centre de la terre , eft moins élevé que le fommet de la coUrbe. Son excès fur un demi-dia- mètre de la terre eft de 32501 toifes. Donc le fommet de la courbe , ou la hauteur de {'atmotphère eft entre 37223 & 32501 , & en prenant le milieu, on a 55362 toifes , ou un peu plus de 1 6 lieues , hauteur de {'at- mcfphère. 'Voyez M. de la Hire lui-même, Mém. de l'Acad. des Sciences 171 3 } p. S 4 &'fuiv. ^3" Ce n'eft pas ici le lieu de combattre ce raifonement de M. de la Hire. Quelques-uns prétendent que la lune a aufli fon Atmofphère. Dans les échpfes totales de foleil , \i\ paroît autour de la lune un cercle ou anneau de lumière de la largeur d'un pouce, & dont la circonférence ex- térieure n'eft point tranchée net , mais frangée & iné- gale. Cela s'eff évidemment obfervé à Londres en t7i5, & à Paris en 1724, dans les éclipfes de foleil qui y fu- rent totales. Mais le Chevaher de Louville prétend que cet anneau n'eft autre chofe que {'atmojphère de la lune éclairée par les rayons du foleil. M. de Lille a fou- tenu le contraire , fondé fur cette expériencc-ci : dans une chambre bien clofe il a reçu la lumière du foleil par un l'cul trou ; enfuite il a oppofé au cône lumineux du foleil une plaque de plomb, taillée circulaircment, & l'a placée en un endroit du cône lumineux , où non- feulement elle couvroit toute l'image du foleil , mais où elle rebordoit confidérablement. Enfin il a oblervç cette éclipfe fur un papier blanc , placé derrière le ccf* J98 ATO cle de plomb . & il y a vii l'ombre de ce cercle paroî- tie diftindemenc lur le papier , entourée d'un anneau lumineux, bien terminé. Mim. de VAçad. des Scien- ces, 1 71 s , V- Sç &fuiv. & ^- 147- Pour la mefure de Vatmojphère par la hauteur du mercure , voye^ le Mémoire de M. Maraldi , Acad. des Sciences , 170 ^,p. 22p. ÇC? Le foleil eft aulli environné d'une atmofphère qui ' nous éclaire, puifqu'elle eft la caule phylique de la Jumicre zodiacale. Eft- ce par fa propre nature que la matière de \' atmofphère folaire eftlumineule? Eft ce, parce qu'étant très-inflammable, elle eft aduellemcnt enflammée par les rayons du Ibleil ? Eft-ce enfin parce que conlîftant en des particules beaucoup plus grollîè- res que celle de la lumière , elle les réiiéchit vers nous; Ce font là autant de points de phyfique dont l'éclair- cilfement ne nous paroît pas poilible. IfCF Vatmofphèrc folaire eft d'une étendue immenfe. F^oye-^ aurore boréale. ATO. %a- ATOK, ou'ATOC, & ATACH. Ville d'Afie , dans l'Empire du Mogol , au confluent de l'Inde & du Nilab. ATOLLE. f. f. Potion dont fe fervent les Efpagnols des îles. Vatolle fe fkit avec du maïs qui n'eft pas en ma- turité, & qui n'eft encore que du lait \ ils le broient avec de l'eau , & en font une etpèce de lait d'aman- des. Ils allliilonnent cela avec du lucre, de l'ambre, & autres aromates , dont ils font une potion cxcellen ■ te , qui nourrit extrêmement , qui fortifie le poitrine , & qu'ils mêlent encore avec le chocolat, f-^oye'^ le P. Labat. Ils appellent cela Vatolle. Ils en donnent aux malades & aux perfonnes qui le portent bien , de quelque complexion qu'elles foient. Cette potion pro- voque l'urine en nettoyant les conduits. ATOME, f. m. Petit corpufcule de toutes fortes de figu- res , qui entre dans la compofition de tous les autres corps. Atomus. Les atomes ne tombent pas fous les fens, à caufe de leur extrême petitcfle, qui les dérobe à la vue. Mofchus Phénicien , Lcucippc , tk Démo- crite , ont été les premiers Philofophes qui ont étabh la doétrine des atomes. Plufieurs Philofophes ont eu la même opinion (ous d'autres noms. Empédocle admet- toit quatre élémens , compofés de fragmens fort déliés : Héraclide fuppoioit une pouflîère très-lubtile , & indi- viliblc ; & Platon diviloit les quatre élémens en par- celles invifibles , & compréhenfibles feulement par l'en- tendement. Cette opinion fi ancienne a été depuis re- nouvelée par Epicure , & par Lucrèce , & fort bien expliquée par Gaflendi, & par Dernier fon Traducteur &c fon Abréviateur. Les atomes font la matière pre- mière & préexiftante, & incorruptible, de laquelle tou- tes chofes iont engendrées , & dans laquelle toutes chofes fe réfolvent en dernier lieu. Les atomes ne font pas cenfés indivifibles , parce qu'étant dénués de toute grandeur , ils n'ont point de parties \ mais ils font indivifibles , parce qu'ils font fi folides, fi durs& (i impénétrables, qu'ils ne donnent point lieu à la di- vifion ; & qu'il n'y a aucun vide cjui donne entrée à une force étrangère pour les féparer , & pour en défu- nir les parties. Comme les atomes font la matière pre- iiiière , il faut bien qu'ils foient indiflolubles , afin qu'elle foit incorruptible. |p" Epicure fuppofe un nom- bre infini de ces atomes 3 c'eft-à-dire , des corpufcules durs , crochus , cariés , oblongs , de toute figure , tous graves , tous en mouvement dans l'efpacc immenfe du vide. Mais comme avec le feul mouvement provenant de leur gravité , les atomes n'auroient jamais pu fe rap- procher les uns des autres, ni former aucuns compofés , Epicure leur en fuppofe un autre éternel & eilentiel comme le premier , qui eft un mouvement de côté , de déclinailon , qui les éloigne de la perpendiculaire. Par ce moyen les atomes venant à s'accrocher par leurs angles, ont formé un ciel, un foleil, une mer, une terre, des plantes , des hommes, en un mot les diffé- rens alfemblages que nous voyons. Ce tout formé par hafard , doit de même fe décompofer & fe difloudre par hafard. ATO l^iCFCe fy ftèmCjdit M. rluche,dignc despctîtes mailbns.efl: plus propre à nous faire éclater de rire,qu'à wl us Icandali- ler.llcil difficile de Icuttnir que les atomes Ici.t leur pro- pre caule à eux-mêmes , & qu'ils font éternels. S. Evr. La matière aveugle, & qui s'eft formée de 1 amas con- fus des atomes , n'a pu produire un chef-d'œuvre aufli admirable que l'Univers. Id. Les Anciens ont dit que la nature avoir aflqj^iblé tous les atom.es de la fageire pour compoler Epicure. IvÎAL. Ce mot vient du grec "Vo^ts, qfti fignifie ïndïv'ifible , d'à privatif, & ric-ia , feco. Il y a cette différence entre les Epicuriens & les Gaf- fendiiles , que les Epicuriens diioient que les atomes étoient éternels , incréés, & qu'ils avoicnt en eux un principe de mouvement j au lieu que les Gaffendiftes conviennent qu'ils font créés. Le fentimentdcs Epicuriens (ur les atomes répugne. 1°. La foi nous apprend que le monde elt créé. 2". Que les atomes qui ne font que matière , aient en eux mê- mes un principe de mouvement , ce qui choque le bon fens. Que l'on railonne tant que l'on voudra fur la ma- tière ou fur les atomes j jamais on n'y découvrira au- tre choie qu'étendue, figure , Se capacité à être mis en mouvement; mais jamais on n'y concevra un principe de mouvement a^tif . Tout corps qui fe meut , a reçu fon mouvement d'une caufe étrangère. Mettez- le en repos, de foi il y demeurera éternellement, & parcon- féquent il eft impolîible que d'eux-mêmes les atomes aient formé le monde par leur concours, &ens'entre- choquant les uns les autres. Atome, fe dit figurément pour une chofe méprifable , de nul prix, de néant, lies nïKilï , afpernahïlïs , e. Qui f uis-je , mon Seigneur & mon Dieu , qui fuis je , qu'un orgueilleux atome , & qu'un aveugle qui s'égare , dès que votre lumière celle de m'éclairer ; Mac. de la ValliÈre. Kéflcx. fur la Miferic. de Dieu. Atome, fe prend aufli pour toutes fortes de petits corps qui font fenfibles à la vue; pour cette petite poufîière que l'on voit voltiger en l'air aux rayons du foleil. On donne encore ce nom à une poudre très-fubtilc, qu'on enferme dans une bouteille, & qui conferve fonmou^ vement pendant dix ans. Elle fe fait avec un amalgame de Mercure & de Jupiter, & du fublimé, après qu'ils ont été plufieurs fois diffous , (ïc qu'ils ont paffé par le feu de chaflc. Atome , eft aufli un nom qu'on a donné au plus petit de tous les animaux , qu'on a découvert avec les plus ex- cellens microfcopes. C'eft un animal qui ne paroît pas plus gros qu'un grain de fable le plus délié au microf- cope rel qu'on le voit fans microf cope , pendant qu'un de ces grains de fable paroît avec le microfccpe, gros comme une noix ordinaire. On lui a découvert plu- fieurs pieds , le dos blanc & plein d'écaillcs. On ne fauroit trop admirer l'art de l'ouvrier , lequel a conf- truit cette multitude d'infedes , qui font comme autant d'atomes organifés & animés. MalB. 1^ ATOMISME. f. m. Phyfique corpufculaire , doébrinc des atomes réduite en fyftème. L'^incicn atom fme étoit un pur athéifme ; mais on auroit tort de faire rejaillir cette accufation fur la philofophie corpufculaire en général. ATOMISTE. f. m. Se f. Philofophe qui foutient la doc- trine des atomes , que les parties de là matière font des atomes , & que le monde en a été formé. AtomiJIa. Leucippe , Démociite , Epicure , &c. connus fous le nom de Matérialijies ^à'Atomifes 3 ou de Coipufcu- laïres y ramenoient tout à l'adion mécanique. MÉm. DE Tr. ATONIE, f. f. Terme de Médecine grec francifé , qui fignifie dérangement, débilité, affoibliiUment. Le plomb dans fa préparation de f ucre de Saturne , caufe des atomes dans les nerfs , d'où viennent des atteintes d'impuifTiince &: de paralyfie qu'il attire fouvenrà ceux qui en ulcnt Il efl des hémorragies ou des pertes de fang, qui viennent par X'ator.ïe , c'eft-à-dire, parla violence faite & reftée au mouvement tonique des vaiffeaux, lefquels demeurent béans , pour ainfi dire, dans leurs diamètres cntr'ouverts. Brigandage de la Mii^clne, ATO A TORT ET ATKAVERS.adv.Inconfîdâénicnt, aveu- glement, à l'étourdie. Tcmert, incotijuicè jinconjidc- racè. Parler à tore & ù travers. yJG'ATOyR. f. m. Parure. Il ledit principalement de la parure des femmes, & il n'cll guère en ul.igc qu'au pluriel. Ornatus iTnimdus mu/ichns. E[\c avcjt (es plus beAux atours. Ac. Fr. Chez la Reine &chci' Jpsftin- celfes du Sang Royal r! y a une dame à'atour dont la charge cft de coiticr , d habiller la Reine , les Prin- cclics. Atour, en termes de Coutumes de de Droit, fir,nifie Sta- tut , ou Ordonnance faite par le Maire d'une ville , qu'on appelle en quelques lieux Atonrnc. liccrcium j Edicrum Fmtons urbani. ATOURNARESSE. ('. i. Vieux mot. Qualité qu'en don- donnoit aux femmes qui taitoient métier de coitfcr, de parer «Is; de louer des pierreries aux épouiées , aux dames qui fe voulaient parer "peur le bal, pour une cérémonie. Cofmcta , ornatrix. ATOURNÉ. f. m. C'cft ainli qu'en appeloit ancienne- ment un Procureur, ou celui qui tait les aftaires d'un autre en vertu de la procuration qu'il en a. Procurator. Autretois on écùwo'n Atome, ivl. du Cange nous ap- prend ce que c'étcit ..ue 1 Atorné -, par ces paroles d un vieux Coutumicr manulcrit de Normandie. VÀAtornc, cft cil qui pardevant julïice eft atome pour aucun en cfchaquicr , ou en allile , où il aet rccort , pour pour- fuivie & pour dthendre (a droiture. Et fi doit elVre re- çeu en autre tel eftat de la querelle , comme cellui en cfl ali atorné. Et quant il l'a atorné ,\\ atorne\ ne doit cftrc de rien oïs , fors de la querelle de quoi il clt atorné. On appelle aullî en quelques Qowiwvac^ Atournés :, ceux qu'on .apf elle ailleurs Maires. Prxtor urhanus. ATOURNER. v. a. Vieux mot. Qui fignitioit autretois, orner & parer une dame. Ornare j adornarc ^ comere. H eft hors d'ufage dans le fcricux. §CF Atourner , difent les Vocabuliftes, eft encore un de ces mots que le Dict. de Trévoux vieillit de la pro- pre autorité. Ne pourroit-on pas leur dire que c'eft eux qui cherchent a le rajeunir? Ils venoient de dire eux- mêmes que c'eft un terme de plailanterie &c du ftylc familier. Au relie nous le leur abandonnons volontiers, pouren faire l'ulage qu'ils jugeront à propos. Pournous nous ne l'emploirons que comme terme furanné , &c bon tout au plus dans le ftyle badin. , ATOURNE, EE. part. Ornatus ^ comptus. Vous voilà bien atoiirnée. ^Zr ATOURNEUSE. 1. f. Coiffeufe. Ornatrix. Ch. Est. DicT. Il n'eft plus en ufage. |Cr ATOUR?^EUR. f. m. Baigneur. Ornator. Ch. Est. DîCT. Il n'eft plus en. ulage. ATOUT. Façon de pailcr adverbiale , qui fe dit à cer- tains jeux de cartes delà couleur dont c(i?la triomphe. Jouer atout. Ce mot devient f. m. quand on en fait un feul mot. Un atout. Carte qui emporte toutes les au- tres , ou plutôt , qui le petit jouer contre quelqu'autre carte que ce foit. Ce font celles qui iont de même ef- pèce que celles de quoi il tourne : par exemple , s'il tourne de pique , tous les piques font des atous. Les règles du jeu veulent que quand celui qui joue le pre- mier a joué 'Tne carte d'une eipèce , par exemple un cœur , on joue contre cette carte une autre carte de mém.e efpcce, fi l'on en a , c'eft-à dire , un autre cœur, à moins qu'on ne lui oppofc un atout , c'eft à dire , une qui Icit de la même elpèce qite celle dont il tourne ; car celles-là font privilégiées: on peur les jouer courre toutes les autres elpèces , elles les emportent, & ne cè- dent qu'à celles qui font de leur mcme efpcce , & plus conlîdcrablcsi par exemple, le plus bas picue , s'il en tourne, l'emportera lur les rois même de toutes les au- tres lortcs , de cœur, de trèlle, de carreau. C'eft donc pour cela , parce qu'elles vont à tout , qu'on les joue à tout; c'eft à-dire , non-fr ulemcnt contre celles de leur efpèce, mais encore contre tentes les autres , c'eft pour cela, dis je, qu'on les nommearoijr. Ce mot ne devroit pas avoir de pluriel , cependant, à en juger par la pro- npnciation qui alonge la dernière fvUabc , quand on parle de plufîcurs de ces fortes de cartes, il femble que ATR 5'5>9 Tufage lui en donne un , & que l'on dife ; j'ai perdu tous mes atous: tous mes atous s'en fonr ailes. A-TouT. Vieille prépolition. Avec. Cun;. L'Empereur de Perle le combattra à toi à tout trois cens mille Cheva- . liers év hommes d'armes &. plus. Join ville. A T R. ATRABILAIRE, adj. m. c^- f. Mélancolique, qui eft d'un tempérament où la bile noire domine , celui qu'une bile noire ik aduftc rend triftc & chagrin. Atrù biU af^ jecïus. Il eft auHi lubftantif. C'eft un atrabilaire. ATRABILE. 1. f. Terme de l'ancienne Médecine. Il iî- gniHe Bile noire. Atrabiiis. L'atrabile domine dans le lion. v^ M. de la Chambre a employé ce mot dans l'art de connoitre les hommes. Atrabilaire eft de ma connoif- f ance , dit le P. Bouhours ; mais atrabile n'en eft point : & j'ai été iurpris de rencontrer l'i^rra^z/tr j au lieu delà bile noire. Am refte M. de la Chambre pailort fun jargon, &ce mot, qui feroittrès-mauvaisdansla converlation ordinaire, peut trouver place dans un traite de Méde- cine, où il s'agit du cempéi'iimcnt des hommes. ATRACTYLIS.f. m. N'eft point le chardon bénit. Cette plante jette une tige ferme tk blanche dont on fait des fuleaux dits «'ipaxl»? dont les Anciens fe fcrvoient. §3° Ses feuilles font nervcules , épincufes & piquantes. Ses tleursde couleur jaune naill'enrau fcir.mctdcs bran- ches , lur des têtes armées de poinres très-piquantes. Il leur (uccède des (emences aigrettées , d un goût amer. A TRAVERS. Prépolition. /-oye^ Travers. ATRE. f. m. Le iol , ou le bas d une cheminée , entre les jambages, qui tft garni de carreau, de brique , de pavé ou de fer ; le lieu où 1 on fait le feu. l'ocus. La répa- ration Azsâtrcs , eft une des^menues réparations dont font tenus les locataires. Oter les ordures de Vctre y nettoyer \'âtre. On dit aulli Witre d'un four. f,0" En ver- rerie c'eft une pierre de grès qui couvre la furface du fond du four peur recevoir & conferver les matières vitrifiées qui tombent des pots , lorfqu'ils cailent ou qu'on les a trop remplis. Ce mot vient, Iclon quelques-uns, àc atrium , qui fignilîe cour. Ménage dit qu'il vient de atrum , parce qu'il eft noir par la fumée. Mais du Cange fcutient qiv'il vient du mot afitum , qui lignifioit autrefois une maifon toute entièiC , & que c'eft un mot Saxon qui lignihoit unytiytTj ou une journaij'f. Il ajoute que ce nom a été étendu à tout le logis , comme nous avons ap- pelé un feu toute la famille. Il dit aullî, que tous les foyers s'appeloicnt autrefois âtre Se aitre ^ dont on voyoit encore une marque en cette phrafe , lavoir les aitres du logis; pour dire , en reconnoitre les clum- bres & les foyers. On dir ptùverbialement , qu'en telle maifon il n'y a rien li froid^^que Vôtre ; pour dire , qu'on y fait mau- vaile chère ,ciu'il n'y a point d'ordinaire. ATREBATES. 1. m. plur. Nom qu'on donnoit ancien- nement aux peuples & habitans de l'Artois, & qu'on leur donne encore lorlqu'on parle de l'ancien temps. Ces mêmes peuples s'appellent aujouiid'hui Artejîens • mais quand il eft queftion des l.ècles reculés , on les nomme encore Atrebates : c'eft pourquoi M. de Cor- demoy dit que les Atrebates envoyèrent 15000 hom- mes contre Célar. ATRI. Ville du royaume de Naples.^rri^j Adria j Ha- dria. Elle eft dans l'Abruzze ultérieure, fur une mon- tagne fort haute lS: très-rude , a une grande lieue du golfe de Venife , f'CF auquel Aurélius Viéfor croit qu'elle a donné le nom de mer Adriatique. Il le trom- pe ; &■ l'on fait que cette dénomination vient d'une au- tre ville nommée Adria. Atri fut la patrie de l'Empe- reur Adrien; c'eft pour cela qu'on l'appela Adria ,o\i H adria , parce que le nom de cet Empereur s'écrivoit avec un h ; & c'eft ainfi qu'on le voit encore fur les médailles. ATRICES. f f. pi. Petits tubercules autour de l'anus, qui difparoilTent & reviennent enfuite , fur-tout au commencement. Valefius de Tarente les met au nombre descondylomcsiSc desjfcwj. C \%tï.i.i.\ cité par J âmes. ■éoo AIR ATRIDES. f. ra. pL C'eû le nom qu'on dom.e à Aga- niemnon & à Mcnclas , comme tili d'Atrée: quoique ^iluiieuis croient , avec quelque raiion , qu ils u'ctiiient pai lils de ce Prince , mais de Pliftàie (on l^ierc. ifT ATRIENSIS, Servus , ou ad hmina cujlos. Chez les PvomamSjelcIavequigardok l'jtnum de la mailôn de Ion maître , où Ion voyoït les images de cire des ancê- tres d'une famille & les meubles. ^■3" Ondonnoit auiîl ce nom au concierge ou garde-meu- bles, comme nous lapprenonsde Columelle. Tumin- .Jiftire Atrunfd'us y utJupcllcciiUm exfonc.in ^ & jcr- ramenta dctcrfa nLÛdentur ^ atque ruhiglne libcrcntur. Cet crdave ctoit des plus coniidérables. ATRIEli. 1. m. Vieux terme de Coutume. C'eft en Nor- mandie le licu où le beigncur tient la Juflicc. Torum j inhunuLVoycz Terrien, Ziv. f^j ch.^ ,p. i jy.Ldu de 1 6s4- ATRIPLÈX. Plante. Lcmeri dit que les feuilles de la vulvatia font Icmblables en figure & en couleur à celles de \\itnpkx. Voyez Arroche. ^fT ATlllUM. Mot latin qui délîgne une partie des mai- fons des Anciens , le veilibule, la (aile d'entrée, lea- dioit enfin où l'on gardoit les images de cire des an- cétres- ATROBAMENT. f. m. Vieux mot. Invention. ATROCE, adj. m. & f. Exceilif, énorme. Acrox. fC?" On ne le dit guère que pour qualifier les crimes, les injures , les fupplices. On ne permet pas d'inf-oimer pour des injures , ii elles ne lont atroces. Le parricide cft uu crime atroce. C'ell un cas atroce. ^fJ' Ou dit auili une ame atroce y pour dire, uneame noire. ATROCITÉ. L F. Qualité de ce qui cft atroce. Énormité. Atrocitas. On condamne à faire réparation d honneur, félon le degré à' atrocité àzs injures. ^CF' On le fert aulli du mot atrocité, pour défigner une ame noire, & capable He grands crimes. Vous jugerez de l'atrocité de Ion âme. ATRONCHEMEN I. f. m. Terme de Coutume. Atron- chemtnt de bois , c'efl: un dioit qu un beigneur a de h%irelaiiir par Ion Jage , & Icier par le pied un aibie qui a été coupé, afin qu'en rejoignant ces deux parties, on reconnoiire ceux qui ont fait le vol. Kacueau. ATROP. Terme de la Icience hermétique. Il iîgnihe le plomb des Philolophes. Si ce mot vient de la langue Arabe, comme le dit l'Auteur du Diéliionnaite Hermé- tique, il faut que ce (oit de DIDti.a/roAj qui lignifie flwplorr.h. Il n'ell: point rare qu'un ^le change en t ; îk encore moins qu'uni' (c change en^. ATROPHIE, f. f. Terme de Médecine. iCT Synonyme de confomption. Dépériirement de tout le corps, ou ;q_AT tacher /e mineur. V at- tachement du mineur le fait au milieu des faces , au tiers du côté des angles flanqués des ouvrages , baf- tions , demi -lunes , &c. ATTAGHER. v. a. Joindre quelque chofe à une autre avec un lien, avec quelque terrement, ou autre chofe propre à l'arrêter ou empêcher qu'elle ne s'éloigne. Al- àgarej coUigare. Il a attaché (on cheval à un arbre. Attacher des pièces enfemble avec un filet. Attacher un tableau à la muraille a\ ec un clou. Le nœud qui attachait le joug du timon ctoit fait d'écorce. Ablanc. On le dit auih en parlant de plufieurs fupplices. Atta- cher au gibet , au carcan. Attacher en croix. Attacher à la chaine. On dit en ce fens que J. C. a été attaché pour nous à l'arbre de la croix. Ménage dcrive ce mot du latin attachiare , qui fe trouve dans les Auteurs, & a été fait de attaxare y ou attexere. Il vient plutôt de tach , qui en langage Cel- tique , ou Bas-B;etcn, fignifie clou y &: tacha , clouer ^, parce qu'on attache avec des clous. Icquez le dérive de teacan j mot f axon , ou de tacan j mot pris des lan gués du Nord. Ces deux mots veulent dire prendre : on y a jouté la prépofition ad en changeant le d en t^ peur rendre la prononciation plus douce. En termes de l'art militaire. On dit, at t ac her le mi- neur au corps d'une place ; pour dire , le mettre en état de travailler à couvert , à faire une mine au corps de la place. On commence par taire un trou dans l'en- droit où l'on veut établir la mine, au pied du mur , quand le folfé eft fec ; & à un pied au - delfus de la luperficie des eaux, quand le folfé eft plein d'eau. Ce trou le tait par le moyen de la batterie qu'on aura pla- cée fur la crcte du glacis , qui tirera en plongeant. Dès que ce trou fera de la profondeur de quatre à cinq pieds , le mineur s'y rendra à la faveur de fa galerie , s'y logera, s'y couvrira de fon mieux, & fe mettra à travailler à ta mine avec diligence. ÏCF Attacher, te dit dans les manufaélures de foi^ des femples , du corps , des arcades i^c des aiguilles. C'eft les mettre en état de travailler. Encyc. %fZr Attacher les rames de Ruhannerie. C'eft l'aéiioii de fixer les rames à l'arcade du bâton de retour. îfT Attacher haut. Terme de Manège. Attacher la longe du licou aux barreaux du râtelier , pour empê- cher que le cheval ne mange ta hticrc. ^Zt Attacher, lier, dans une lignification tynonyme. On lie, dit AL l'Abbé Girard, pour empêcher que les membres n'agiflent , ou que les parties d'une chofe ne le féparent. On attache pour arrêter une chofe , ou pour empêcher qu'elle ne s'tloigne. On lie les pieds & les mains d'un criminel ; & on l'attache à un poteau. On lie un faifceau de verges avec une corde. On at- tache une planche avec un clou. ifT Ce mot entre dans des façons de parler figurées qui font très-belies. \Jnl\omn\z eOi attaché , quand il n'eft pas en état de changer de parti ou de le quitter; il eft lié quand il n'a pas la liberté d'agir. L'autorité & le pouvoir lient. L'amour & l'intérêt attachent. Nous ne croyons pas être liés quand nous ne voyons pas nos liens ; & nous ne fentons pas que nous lommes atta- chés y lortque nous ne penfons point à faire ufiîge de notre liberté. Un homme eft lié d. la femme, .& atta~ ché3i fa maitreffe. Heureux qui fatisfait de fon humble fortune ^ Libre du jougfuperbe où je fuis attaché , f^it dans l' état obfcur ou les Dieux r ont caché. Rac. 3CJ" Attacher , fignifie encore intérelTer par quelque choie d'agréable, rendre l'efpiit attentif par quelque charme fecret. Allicere , devincire. Dans une narration il faut favoir attacher l'elprit par le choix & par l'a- mas des plus coufidérables circoaftances. Boil. La ua- Gg§a éoz TT .^câic âoit intérefler Scanacher\ts fpe dateurs S. EvR. L'hiftoire attacheic lecteur par le récit des événemeiis ■inerveilleuic. Jnverae^ desrejjons qu'une puijfcnt arracher. Boil. Jpprenc^ quejuivi d'un nomji glorieux Far-tout de l'univers /"attacherois les yeux. Rac. IP" Attacher, fignifie encore dans le fens figuré lier par quelque chofe qui engage,qui oblige a quelque de- voir, ou à quelque marque de reconnoillance. UnPrin- ce attache quelqu'un à l'on fervice par un emploi qu'il lui donne. Deux hommes font attaches l'un à l'autre par une amitié réciproque. Le devoir nous attache au- près de quelqu'un. Les bienfaits nous attachent à no- ■tre bienfaiteur. Je veux rompre les nœuds qui m'attachent iz vous. Rac. tfT Attacher, fynonyme d'appliquer. L'étude des Ma- thématiques attache beaucoup. Le jeu attache trop les jeunes gens. Attacherion aftedion à quelque choie. 1^ Attacher, fe dit encore, toujouçs au figuré, pour dire faire dépendre les choies les unes des autres , com- me Il elles étoicr.t iniépar.ibles , comme h l'une étoit la caufe ou l'occalîon de l'autre. Dieu a attache' nonc bonheur dans cette vie & pour la vie future à la pra- tique des vertus chrétiennes. La plupart des événemens font autant de moyens auxquels Dieu a attache' notre fandificatipn. Les Rois n'ont pas beloin de rafliner beaucoup pour s'appcrcevoir que les louanges qu'on leur donne , font attachées à leur rang. Mon fort eft attache' 3.11 vôtre. Le ciel n'a.tto.che point mon èonkeuràfes jours. Rac. Attacher, .avec le pronom perfonnel , fignifie, fe join- dre , fe coller , s'accrocher. Inharere , adh&refcere. La terre graffe s'attache aux louliers , la poix aux habits. Quand on le noie , on s attache à ton: ce qu'on peut attraper. "XT Un chien s'attache à ia.pi:oïe. Ces deux ennemis s'attachent ii fortemenr l'un à l'autre , qu'on ne peut les féparer. Et figurément , on dit, qu un homme s'^rracÂe auprès de quelqu'un; pour dire, qu'il lui taie la cour, qu'il le dévoue à Ion fervice , foit par devoir , foit par affection. Je m'attache à tout votre deltin. Mol. Ce n'elt pas l'éclat de ta fortune qui nous attache à toi. Vaùg. On dit qu'un homme s'attache trop à fon fens , à Ion profit, à les intérêts; pour dire, qu'il eft opiniâ- tre , qu'il eft avare , qu'il ne relâche rien de fes préten- tions. Attacher, avec le pronom perfonnel, fignifie encore, «'.appliquer à quelque chofe. Animum adjungere ali- cuireï y ad aliquidincumhere.S' attacherdiVéïnàe.: s'at- tacher à remplir les devoirs de fa charge ; s'attacher :iu barreau, s'attacher au lolide; s'attachera, la volupté; pour dire, s'y appliquer fortement, s'y adonner entiè- rement. L'agrément de ceux qui s'attachent plus à bien parler, qu'à bienpenler, ne plaît pas long-temps. Vall. Les hommes naturellement malins ne s'attachent qu'aux défauts des autres, & ne remarquent pas leurs vertus. Bell. Je fonge à me connoure ; Etc'eji l'unique étude oàje veux m'a.U3.chev. Bon. On dît zudi s' attacher j pour dire, avoir de l'atta- chement &: de l'inclination pour quelqu'un , ou pour quelque chofe. Studere alicui. Les mélancoliques croient aimer ceux à qui ils ne s'attachent que par un choix capricieux. M. Esp. Celui qui s'attache khvé- rité fans raifon, eft opiniâtre. Ablanc. ?;Cr On dit , en termes de Peinture , que les objets s'at- tachent ,\oï{qu''ûs paroilTent tenir enfcmble , quoique l'Aitffte ait fuppofé de l'cfpace entr'eux. Acad. Fr. ATTACHÉ , EE. part. Alligatus ^ vinBus ,fixus, de- Jîxus. Il n'ofoit avoir les yeux attachés fur elle , parce qu'il craignoit de laift'er trop voir le plaifir qu'il avoit ATT à la regarder. P. de Ct-attachéa. l'étude, àfes devoirs, au plaihr, &c. On dit proverbialement qu'il faut que la vache brou- te où elle eit attachée ; pour dire , qu'il faut vivre du mieux qu'on peut dans le Ueu où on eft contraint de demeurer. ÇCF On dit dans le fens figuré un homme attaché 3 c'eft- à-dire un homme qui aime l'épargne & fuit la dépen- fe; diftingué en cela de l'homme .avare qui aime la pof- felllon & ne fait aucun ulage de ce qu'il a ; & de l'hom- me intérellé , qui aime le gain , & ne fait rien gratui- tement. L'attaché s' abi^ytm de ce qui eft cher. Vavare le prive de ce qui coûte. L'intére[Jé ne s'arrête guère à ce qui ne lui produit rien. On manque quelquefois fa fortune , pour être trop attaché j comme on le rui- ne en faifant trop de dépenle. Les avares ne lavent ni donner ni dépenler; ils fe laillent Iculement extorquer par la nécelîîté ou par le beloin ce qu'ils tirent de leur bourfe. Il y a des pcrlonnes qui pour être intéreirées, n'en font pas moins prodigues ; elles donnent libérale- ment à leurs plaihrs ce que l'avidité du gain leur a fait acquérir. (p' ATTACHEUSE f. f. Nom que l'on donne dans les Manufadtures deloie,aux filles dont la londtion eft d'at- tacher les cordages qui fervent dans les métiers. CCF ATTALIE. Attalia. Ville de la Pamphilie, au bord de la mer qui y forme un golfe. C'tft préientemcnt Sa- talie. ifT Etienne le Géographe place une autre ville de mê- me nom dans la Lydie. On lui donne la même htua- tion dans les Notices Epilcopalcs. Ce qui fait voir com» bien eft inutile lacorrection de Berkelius qui croit qu'il faut Lycie au lieu de Lydie. L'erreur qui le trouvoit dans le Diétionnaife de Trévoux dans cet article , étoit- elle de nature à devoir allumer la bile des Vocabulif- tes, comme s'il eût été queftion d'une erreur en matiè- re de foi t Ce n'eft point une prétention de ce Diciion- nairc. On fuivoit la corredicMi d'un Auteur qu'on peut citer. t^ ATTANCOURT. Village de France, en Champa- gne , à unedemi-lieue de Valîî , furla rivière de Blaife. Il y a des eaux minérales lerrugincules , bonnes pour la guérifon de plufieurs maladies. lie? ATTANITES. Sorte de gâteaux que faifoient les Anciens. Il ne nous en refte que le nom. Encyc. ATTAQUABLE, adj. Qu'on peut attaquer. Ce n'eft point cette partie de l'arrêt qui leroit attaquable. Mém. de M. le Duc du Maine. 176 1 : inattaquable eft reçu : pourquoi attaquable ne l'eft-il pas ? ATTAQUANT, f. m. Qui attaque , airaillant. Oppu- gnator. Les premiers attaquans ont fouvent l'avanta- ge du combat. La féconde Paliftade fert à X attaquant y aullîtôt qu'il eft logé lur le chemin couvert. Son plus grand uLage eft au pluriel. ATTAQUE, f. f. §C?^o-^r#o.A£tion par laquelle on attaque l'ennemi. Effort ou tentative qu'on fait pour repoulFer l'ennemi ou pour le rendre maître d'un pof- te. Attaque fort vive & imprévue. \J attaque a été chau - de , pour dire que le combat a été rude & l'anglant. Les ennemis furent repoulFés dès la première attaque. %<^ On le dit particulièrement d'un allant donné à une ville. Oppugnatio. Aller à l'attaque d'une place. Don- ner une attaque générale. On fit trois attaques , deux fauflcs & une véritable. Plufieurs Auteurs ont écrit de l'attaque , & de la délenfe des places. On dit , com- mencer , entreprendre , donner , foutenir une attaque. Attaque , fe ditauflî des tranchées & des travaux qu'on fait pour approcher d'une place. Oppugnatio. L'atta- que de la droite fur plutôt achevée que celle de la gau-i che. On dit aullî , emporter une place par de droi- tes attaques j c'eft-à-dire, dans les foriTfts, & par des travaux réglés , au lieu de la prendre par infulte. Fau[fe attaque j eft un travail que l'on poulfe feulement pour obliger les alliégés à partager leurs forces, |C? ATTACiUE brufquée y ou d'emblée ^ eft celle que l'on fait fans obferver toutes les précautions & les formar lires qui s'oblervait ordinairement dans' un fiége ré- glé. ATT l^ Attaque de front ^ cft celle qui fe fait fur le de- van: ou la tctc d'une tioupe. ^/3" Attaque de flanc ^ cft celle qui fe fait fur le flanc ou le côté d'une troupe , d'une armée. -fCF Attaque , dans le lens figuré , lignrfie certaines pa- roles dites exprès pour fonder les intentions de quel- qu'un, pour le dilpolcrà accorder quelque chofe, ou pour le piquer par quelque reproche. Il m'a déjà don- né quelque attaque là dellus. Il n'olcit s'expliquer ou- vertement, mais il lui faifoit tous les jours quelque at- taque. Toutes vos attaques leront inutiles. Attaque, le dit aulîi figurcment pour atteinte, inful- te. Oppugnatio. Le riche eft expolé aux attaques du Démon. jNIaucroix. Les grands hommes cèdent quel- quefois aux plus \èe,Qi£S attaques , & il y a toujours dans leur amc quelque endroit mal gardé. Vill. 1^ Attaque, fe dit encore hgurcment en Médecine , du commencement dune maladie , d'un accès ou pa- roxyfme. Morbi tentatio. Attaque dégoutte ,de para- lyfie. |;Cr Attaque, en efuime. C'cft un mouvement que l'on fait pour ébranlcri'enncmi , afin de le frapper pen- dant Ion délordre. Encyc. ATTAQUER, v, a. Commencer une attaque, une que- relle , une infulte : être l'aggrelfeur. Provocare , laccf- fere , adoriri. Il a attaque ce pauvre homme qui ne lui diloit mot. Il eft du droit naturel de le défendre quand on eft attaqué. Cicéron , après avoir hautement blâmé ceux qui attaquent les perlonnes , au lieu de n'atta- quer que les railons, louilla lui même le Barreau par des injures. Bail. On a étaM^ que c'eft aux hommes à attaquer t ôc aux femmes are détendre , parce que les hommes le détcndroient trop bien. Font. On peut dou- ter de la vertu d'une femme qui n'a point été attaquée. S. EvR. On diloit autrefois attacher: & leur comman- da qu'ils allallenr attacher l'ennemi. Amiot. Appa- remment parce qu'on s'attache , ou qu'on pourroit s'at- tacher à ceux qu'on attaque. ^CJ' On dit auilî figurément, attaquer quelqu'un de con- verlation ; pour dire , adrelfer la parole à quelqu'un , afin de l'engager à parler. Acad. Fr. (fT Attaquer , en termes d'Efcrime. Voye^ Atta- que. fC? Attaquer un cheval. Terme de Manège. C'cft le piquer vigoureul'ement avec les éperons. Attaquer /ej ennemis , une place. Oppugnare , ïnva- dcre , aggredi. Il attaqua l'ennemi jufque dans fesre- tranchemens. Attaquer en flanc, c'cd attaquer les cô- tés d'un bataillon. On leditaufliaujeu. Unbonjoueur d'échecs doit toujours attaquer. On dit encore attaquer une propolition. Attaquer, fignifieaufli, entreprendre, offenfer le pre- mier. On attaque l'innocence par de faux ioupçons. Ils attaquent la mémoire de votre père. Vaug. Atta- quer un Auteur lur les ouvrages. Lacejfere. Attaquer , avec le pronom perlonnel , ngnifie Ç3" of- fenfer ouvertement quelqu'un , ou le déclarer ouver- tement contre lui. On ne doit pas s'attaquer à plus fort que loi. LaceJJere j adoriri. Le caradtcre de l'en- vie eft de s'attaquer aux plus louables adions. S. EvR. Tibère n'oia s'attaquer à ma perfonne , parce qu'il me crut aiTez aimé des loldats , pour n'être pas attaque impunément. 'Vill. Ce mot marque d'ordinaire le fentiment qui fait en- treprendre d'attaquer une perfonne plus puiffante que foi , & qu'on devroit redouter. Mais ^'attaquer à moi ! qui ta rendu Ji vain ? Corn. De jouer des bigots , la trompeufe grimace C'ejl ^'attaquer au ciel. Boil. ATTAQUÉ, ÉE. part. Oppugatus, lacejjîtus. Celui qui fe fent attaqué dans fon foible , conçoit le même dé- pit qu'une femme laide à qui on préfente le miroir. Bell. On dit en proverbe , bien attaqué j bien dé- fendu -, pour dire , que la défenfe répond à ['attaque. ATTÉDIER. V. a. Ennuyer , iinpottuucf quelqu'uii par tj^ome I. ATT 60^ de mauvais contes, par de fots difcours. PaJUdium, naufeam parère. Ce méchant prêcheur lait l'art à'atté- dierj d'endormir fes auditeurs. Ménage, après Voflius, dérive ce mot de attjcdiare 3 qui fe trouve dans quelques Auteurs i peur dire, tiC-. dio ûfficere. Il n'eft plus en ulage. ATTEINDRE, v. a. J'atteins. J'atteignis. J'ai atteint. J'atteindrai j que j'atteigne. Attingere. §Cr Dans le lens propre , frapper de loin avec quelque choie. Il at- teignit Ion ennemi d'un coup de pierre. Atteindre dun coup de carabine. Ceux cjui lançoient des javelots , ne pouvoicnt atteindreXes frondeurs. C^J" C'eft aulîi attraper quelqu'un en chemin, le joindre en courant après , en allant après. Ajjequi. Je vous at- teindrai avant la dînée. Nous prendrons la pofte pour atteindre ceux qui lont devant nous. Tu as beau lui- vre les Scythes , je te défie de les atteindre. Yaug. ÇtF Atteindp.e, en parlant de l'âge, c'eft parvenir à un certain âge. Il a atteint fa douzième année. On ne lauroit dilpoler de Ion bien qu'on n'ait atteint l'âge de majorité. Ce? Atteindre unvaijjeauj cnchaflant fur lui. Terme de Marine, fynonyme de joindre. |C? Atteindre, au figuré. Synonyme d'égaler. Plufieurs Poètes ont imité 'Virgile ; mais pas un ne l'a atteint. AJj'equi. " , , If? Atteindre, v. n. Au propre, c'eft toucher a une choie qui eft à une allez grande diftance pour qu'on n'y pulife pas toucher facilement. Atteindre au but. Atteindre A\i^\M^c\\ex. Je ne iaurois atteindre à la mê- me hauteur que vous. 'îfT Au figuré , fynonyme de parvenir. Atteindre aux honneurs. Affequij, confequi. Plufieurs Géomètres ont écrit de la quadrature du cercle ; mais pas un n'a at- teint au but. Il faut tâcher d'atteindre a la perfection chrétienne. Il vaut mieux exceller dans le médiocre , que de s'égarer en voulant atteindre z\\ grand & au fublime. La Bruy. Tu afpires où tu ne Iaurois attein- dre. 'Vaug. ftCT Dans cette acception, il fe dit aufli aûivement. C'ejl en vain qu'au ParnaJJe un téméraire Auteut Penfe de l'Art des vers atteindre la hauteur. Boit. On dit proverbialement à ceux qui briguent quel- que charge, ou autre choie où ils ne peuvent parve- nir, que leur épée eft trop courte, qu'ils n'y lauroienc atteindre. On dit aulli, il ne faut qu'une queue de vache pour atteindre au ciel , mais il faut qu'elle foie bien longue. ATTEINT , EINTE. part. Touché , firappé , blefl'é : dans le propre & dans le figuré. Impetitus , percuf- fus i Ufus. Atteint d'une flèche. Atteint d'un coup. Ceux qui étoient atteints de ce mal récitoient des tra- gédies. Ablanc. Vame de défefpoir&defureuraxx.e.\nx.e. Ceris v. Je fais de quels regrets fon courage eft atteint; Ce lâche craint la mortj & c'eji tout ce qu'il craint. Racin. Seigneur^ tu vois l'effroi dont mon ame ejl atteinte. S. EvR. En termes de Palais , on déclare qu'un homme cft: atteint & convaincu du crime, dans le jugement qui le condamne. Conviclus. Il faut remarquer qu'il y a quelque diftérence entre ces mots atteint 6' convaincu , en ce que le mot atteint fe dit feulement d'un accule con- tre lequel il y a limplement des indices, ou des preu- ves imparfaites, ce qu'on dit autrement, être prévenu du crime : au lieu que le mot de convaincu le dit de celui contre lequel il y a une preuve claire & cer- taine. ATTEINTE, f. f. Aâion par laquelle on atteint; |p° ou tQup donc ça efi (uainc. Pprter une vigoureufe essgij éo4 ATT atteinte à quelqu'un. Recevoir une atteinte légère. Pet'uio. Je cueille avec pLi'ifir cent & cent fleurs nouvelles , Qui braveront du temps les atteintes cruelles. Des Houl. Atteinte, fe dit figurément de ce qui ôte de la force d'un contrat, ou dune loi, ou qui porte préjudice à quelque choie. /7/;2 mfringere.W n'a pas voulu palier cet acl:e,de peur de donner atteinte -à (a donation. On a donné atteinte à un tel édit par la déclaration qu'on a obtenue enfuite. Tout ce qu'il peut dire ne lauroit donner atteinte à mes droits. Patr, ifT Donner at- teinte à la réputation de quelqu'un. L^dcre. On le dit aulîi dans un fens tout lemblable, en par- lant ^cs réfolutions que l'on forme, des deileins que Ton prend. Il faut demeurer ferme dans fcs réfolutions , & ne rien écouter de qui peut leur donner la moindre atteinte. Ab. de la Tr. Atteinte, fignifîe auffi au figuré, attaque de certaines maladies. Tentatio levis. Il a tous les hivers quelques atteintes de goutte. Il a eu quelques atteintes de gra- velie. Un amant dit aulfi , qu'il a reçu de mortelles at- teintes de fa maitrclî'e. J'ai reçu de vos yeux ane at- teinte fatale. GoMB. f'Cr Ces mots ^'atteinte mor- telle, défignenr une imprelîion vive & douloureule, que caufe un événement dont on clf leniiblement tou- ché. Dolor acer, pungens. Atteinte, en termes de Manège, le dit dans les cour- (zs de bague , quand on l'a feulement touchée avec la lance, au lieu d'avoir mis dedans pour l'emporter.i Il a gagné le prix de cette courfe de bague, il a eu deux dedans & une atteinte. On dit auffi en Matéchailerie , qu'un cheval fe donne des (îfranrejj quand d un de fes pieds il bielle l'autre, foie par-devant, foit à côté. On le dit aulîî quand il reçoit un coup aux pieds de derrière , d'un autre cheval qui marche trop près de lui. fer Atteinte encornée ^ eft celle qui pénètre jufquc delTûUS la corne. |k? Atteinte yt)«ri/fj eft celle qui ne forme qu'une contulîon, fins blelfure apparente. Ce cheval fe donne des atteintes en atteignant les pieds de devant avec ceux de derrière. Mon cheval a reçu une atteinte du vôtre. ATTELABE-ARACHNOÏDE. f m. Infedle aquatique qui tient de l'araignée Tv de la lauterelle : la tête rel- femble a celle de la lauterelle : fes yeux (ont élevés , les autres parties font femblables a celles de l'araignée , mais il n'a que lix pâtes ; il nage dans l'eau , ou il rampe fur la terre. Sa couleur eft cendrée. Il eft eftnné réfokuif, appUqué extérieurement. C'eftuneelpècede fautcrelle. Dict. de James. ATTELAGE, f m. Alfemblage, ou alTortiment d'ani- maux attachés pour tramer, ou tirer une charrue, ou un carrolfe , &c. Jumentorum & curràs inflrumentum. On ne fauroit trouver un attellage de chevaux bien pareils. On dit qu'un laboureur a deux attelages de bœufs , ou de chevaux -, quand il en a un nombre fuftifant pour labourer à deux charruq^ en même temps. Quand on dit abfolument un attelage ^ cela s'en- tend de fix ou huit chevaux propres à être attelés enfemble à un carrolfe. y^rr.'lire, loit qu'on ne le craigne pas. Attendre la mort avec courage. Attendre l'ennemi, ik l'attendre de pied ferme. Attendre , fe dit encore pour efpérer. On n'attend rien de bon de cette maladie. J'attends tout de votre afteclion. Il faut pour tant remarquer , d'après M. l'Abbé Gi- rard, que le mot efpérer a. pour objet le fuccès en lui- même , S: défigne une confiance appuyée fur quelque motif; Se que le mot attendre regarde particulière- ment le moment de l'événement, fans l'exclure ni dé- figner, par fa propre énergie, aucun fondement de con- fiance. On efpère d'obtenir les clroles ; on ^«£/2«/ qu'el- les viennent. Il faut toujours efpérer en la bonté du ciel , & attendre lans murmurer l'heure de la Provi- dence. ^^ Il lemblc aulli que ce qu'on efpère (oit plus une grâce ou une faveur ; Se que ce qu'on attend j loit plus une chofe de devoir &: d'obligation. Nou^ efpérons des réponles alfez favorables à nos démandes ; & nous en attendons de convenables à nos propolitions. ^3° Attendre, joint à la prépofition, fert à marquer le ATT 6oy bcloin qu'on a de la perfonnc , ou de la chofe qu'on attend ^ Se I impatience avec laquelle on ,:ttend. J'at- tends après vous depuis deux heures. Il y a longtemps qu'il attend apïès cette lucccllîon. CCF Attendre un cheval, en termes de Manège, c'cftle ménager jufqu'à ce qu'il ait lage C extz^ à l'es , ATT devoirs. Se vigilant fuï fes iiitcrcts. Une femme co- quette n'eft dtcentive qu'à Ion miioir , exacte qu'à fa toilette , &; vigilante que fur fa parure. (C? ATTENTION, f. f. Application de l'ame à un ob- jet dont elle eft rellemenr occupée que rien ne lui échappe. Attcntio. Avoir attention à ce qu'on dit , à ce qu'on fait. Prêter une attention favorable. Attirer, réveiller l'attention. L'Orateur doit réveiller, ne doit jamais faire languir l'attention des fpectareurs. Les S.ivans uniquement occupés des fiècles paflés, ne font nulle attention aux mœurs de ceux qui les environ- nent, & avec qui ils font obligés de vivre. La Bru y. Rien n'ell: plus dii^ne d'occuper toute l'attention de ■ l'efprit , que la recherche de la religion. Nie. fC? Attention , fignifie auiîi foin otiicieux , Officiofa fedulitasy qui fait qu'on fe conduit dans le commerce du monde d'une manièiC propre à contribuer à la fa- tisfidion des antres, & qu'on ne manque à rien de ce que la politelle ou la bienféance exige. Un tel m'a donné mille preuves de fon attention pendant ma maladie. On a eu pour lui des attentions infinies , toutes les attentions poiîibles. ^3" ATTEtfïïoti, exaclitude:,vigilance.Syï\onyn\cs.Vat- tention fait que rien n'échappe. Vexaclitude empêche qu'on n'omette la moindre chofc. La vigilance fait qu'on ne néglige rien. Syn. Fr. Un fage Miniftre a de l'attention à ne former ou à n'adopter que des projets avantageux à l'état ; de l'exactitude pour en prévenir tous les inconvéniens -, & Acls. vigilance pour en procurer le fuccès. Il eft du devoir des Pafteurs d'avoir de l'attention à procurer l'avantage Ipirituel de leur troupeau i de l'exactitude à les inftruire des vérités lalutaires de l'é- vangile i & de I3. vigilance pour les prélerver du crime & de l'erreur. Nous devons avoir de l'attention à ce qu'on nous dit-, de l'exactitude dans ce que nous pro- mettons i & de la vigilance fur ce qui nous eft confié. INATTENTION, en Philofophie. Confidération d'un objet. Application de l'ame qui continue à confiderer un objet pour en avoir une connoiftance exade. Ob- jecticonjideratio. Perception, attention, examen. La perception ou la vue & la connoiftance des choies, ie forment, pourrordinaire,du concours de deux aétions-, l'une de la part de l'objet, & qui n'eft autre chofc que fimprelnon que cet objet fait fur nous; l'autre de la part' de l'efprit , & qui eft proprement un regard de l'ame fur l'objet qu'elle veut conno'itre. f-^oye^^ Per- ception. Mais comme un premier regard ne fuffitpas toujours, il eft nécellairc pour acquérir une connoil- fance exacle des choies , & pour s'en faire de juftcs idées, que l'eipiit s'applique quelque temps à confi- derer fon objet. Cette apphcation avec laquelle l'ame continue à regarder un objet pour le bien connoître , s'appelle attention : & fi elle fe tourne de divers côtés, pour envifager l'objet par toutes les faces , cela s'ap- pelle examen. ATTENTIVEMENT, adv. D'une maniète attentive. Attenté j intenté , attenta animo. Ecouter, lire atten- tivement. ATTÉNUANT, ou ATTËNUATIF, IVE. adj. Terme de Médecine. Qui a la force d'atténuer , d'aftbiblir , de diminuer , de rendre tenu. Il fe dit généralement des remèdes qui procurent la fluidité aux humeurs. Atte- nuandivim habens. On fe fert pour l'crdiiiaire des re- mèdes abforb.ans , après avoir employé les émolliens , & les atténuatifs. ATTENUAT ION. f. f. Affoibliftement , ^ diminution de Çoïcts.AttenuatiO , cxtcnuatio. On ne le dit guère au propre qu'en parlant de l'état d'un malade extrême- ment aftbibli. On dit alors qu'il eft tombé dans une grande atténuation. fCT Atténuation, en Phyfique, eft l'aftion d'atténuer un fluide, de le rendre plus liquide , moins épais qu'il n'étoit, §Cr En termes de pratique , il fignifie diminution des charges contre un accufé. On dit au Palais , quel'ap- pointement à oiiir droit en matière criminelle, ordonne que le complaignant donnera fes conclufions civiles , & l'accufé fes défenles par atténuation j qui tendent à cxcufer, à amoindrir , à pallier {on crime. Criminisdi- ATT 607 minutie j clcvatio. Cette forme de procéder en ma- tière criminelle , en donnant des défenfes par atténua.- nuation j a été abrogée par l'Ordonnance de i6jo , cit. 21, an. I . Les parties pcuvenr kulement IfJ' préfenter leurs requêtes relpetlives. Celle de l'accufé s'appelle requête d'atténuation. ATTENUER, v. a. Aft'oiblir , diminuer les forces. Les jeûnes, les veilles, les vnAcéxMions atténuent le corps, & le débilitent. Attenuarc , exténuât e^ tenuare. Un corps eft atténué^zi lâge , par les fatigues , par les ma- ladies. Il eft atténué par les auftérités. Maucroix; (CF S'atténuer , devenir loible. Ce malade s'atténue. On dit en termes de Médecine, atténuer les huineius \ pour dire, les rendre moins grollières& plus fluides. On dit aufti au Palais , qu'un accule tâche à' atté- nuer Ion crime, de lexculer , ou de le diminuer. Atténuer , en termes de Icience hermétique , c'eft met- tre en poudre , réduire en poudre. Attenuare j in pul- verem redigere. ÇC? Atténuer , le dit 'proprement des fluides conden- fés. Il faut fondre & dilloudre ,pour atténuer. Broyer ëc pulvériferlz difent des (olides. Broyer, marque l'ac- tion de les réduire en molécules plus petites. Pulvéri- fer j en marque l'eftet. Il taut broyer poiu pulverijer. ATTENUE , ÉE. part. Attenuatus j extenuatus , tenua- tus. Il a les lignifications de Ion verbe. Dans la fcience hermétique on dit , lubftance ou matière atténuée ^ c'.eft-à-dire j réduire en pt udrc iubtile , ou dégagée de toute terreltréité, ou lubtililée de quelque autre ma^ nière. Cf^ATTÉNY,felon quelques-uns, ATTONL Perite ville des Indes, au royaume de Décan , dans la pref- qu'lle au-deçà du Gange , environ à vingt heues de Vii fapour. ATTÉREAU. f. m. Terme de Traiteur. F. Haté^eau. ATTERRAGE, f. m. Terme de Marine. C'eft l'endroit ou l'on vient reconnoître la terre en revenant de voyage, ATTERRER, v. a. Renverler un homme par terre. De/i- cere ,Jlernere j projlernere. Le grand effort des lut- teurs confiftoit à atterrer leur homme , à le jerer par terre à force de bras. 0C? Il n'eft guère d'ufage au pro- pre. On dit terrajjer. Atterrer, ledit figurément, pour dire , perdre quel- qu'un, détruire fa fortune , le ruiner enrièrement.Pfr- dere J evertere. Sfy Les Goths achevèrent d' atterrer la puiflance des Romains. Scipion atterra Carthage. Il fignifie aulîî affliger excellîvcment , accabler quel- qu'un. Affligere. Il a été atterré par les menaces & par la colère du Roi. S. EvR. Il avoir foutenu fes malheurs avec alfez de contenance -, mais ce dernier coup l'a atterré. Ce chicaneur a tant fait de procès à ce Gentilhomme , qu'il la enfin atterré. Atterrer. Briler, rompre, dans l'Économie animale, fe dit de l'action que les parties grolfières des hu- meurs &C des alimens agitées d'un mouvement intel- tin, excitent les unes fur les autres. Les particules fa- lines & terrcufes s'atterrent les unes les autres. Il eft prefque , en Phyfiologie , lynonyme à brifer. Encyc. ATTERRÉ, ÉE. part. Dejcclus , proftratus. ATTERRIR , ou ATTÉHIR. v. n. Terme de Marine. C'eft prendre terre. Ad terrain appellere. ïfT Nous avons atterri près de tel endroir. ATTERRISSEMENT. f. m. fi^- Amas de terre qui fe forme par la vafe & par le lable que la mer ou les ri- vières apportent le long des rivages par fuccelfion de temps. Limij, arenarum alienum in locum deportatio. La mer a fait de grands atterrijfemens à Aigues-mortes, qui étoit un port où S. Louis s'embarqua , & qui eft maintenant airczloin de la mer. Les atterijfemens dans les rivières publiques & navigables apparriennent au Roi. C*^ C'eft la même choie qu'alluvion j terme plus particulièrement confacré au droit Romain, f^^oye^ Ai- luvion. ATTESTATION, f. f. Témoignage que l'on donne , par- ticuhèrement par écrit, de la vérité de quelque choie. Tefiimonium, tejUficatio. On donne une permillion à un malade de manger de la chair en Carême fur 1 at- teftation du Médecin. Les attejlations des perfonnes publiques , comme des Magiftrats, Notaires & Cu- éo8 ATT avs , font reçues en Juftice. Les Profefleurs donnent ] -à leurs écohcis des attefiatïons de leurs études , du i temps qu'ils ont étudié. 1 ^TTESTbR. V, a. Tejlan j tejitficaru Rendre un témoi- gnage, (oit de vive voix , (oit par écrit, de la vérité d'un iait. Ce miracle eft aucjlé par des gens dignes de iroi , par tcj.it le peuple. Les éaics de cet Auteur atttjlait dapuretéde l'esmœurs. Les miracles de jÉsus-Christ ont attcjlé la vérité de (es paroles. f^ AxTûiTER, lignifie auiii prendie à témoins, invo- quer le témoignage , & Ce dit de Uieu & des hom- mes. Tefiari , attejlari j appelUire. Il attefte ciel & terre. Ils attejicnt contre lui & les Dieux &i les hom- mes. Ar.LANC. y attefte àt% grands Dieux la (upréme puiirancc. Corn. J'en ^zr^f^/e ceux quiétoientprélens. ATTESTÉ , HE part. $Cr ATTICHI. Bourg de France , au SollFonnois , fur la rivière d'Ailne , entre Compiegne & Soldons. ATTICISME. f. m. L'Idiome ou le Dialecte des Athé- niens. La manièie de parler des Athéniens. Style des Athéniens. Finelîe & délicatelFe de goût & de langage particulière aux Athéniens. Vfus loquendi Atticus ; AttLcïfmus- Vatticifmc étoit chez les Grecs ce que \i.r- banlté étoit chez les Romains. Voye-[ Urbanité. Qu'à Neuiily La Fane & Son'm Puifent cet cn]oue:i:erit hénin Dont fe forme leur Atticifme. R. Atticisme, fe dit aulli d'une certaine raillerie agtéaWe & polie , & d'une certaine politelïe fine 6c galante , qui étoit en ufage parmi les Athéniens. Lepidus jccus , /. beralis urhanitas. Les Ronuins ont laiffé ï'atticfm, de la Grèce bien loin derrière leur urbanité. Balz. Ce font des Princes qui ont (u joindre aux plus belles i!s aux plus hautes cannoi(rances , & Y atticifme des Grecs , & 1 urbanité des Romains. La Bru y. F^oye^ Sel At TIQUE. ^fT Ce mot eft d'ufage principalement pour exprimer le: grâces d'un ftyle léger & correeh ATTICIj'RGES. L f. En termes d'Architeéture , ce fonr des colonnes carrées. Atticuj-ges. ATTIÉDIR. V. a. Rendre tiède ce qui étoit chaud. Te pidumfacere j ardorem j fervorem imminuere. On ver fe dans un bain , quand il eft trop chaud , de l'eau froi de pour l'attiédir. Foye^ TiÈde. Ce mot n'eft pas fort en u(age' dans le fens propre. Il eft' quelquefois employé au figuré. T-o s froids raifonnemens ne feront qu améàn Un fpeciateur toujours parej] eux d'applaudir. 0CF s'Attiédir, v. recip. Devenir tiède. Au propre cette eau commence à ^'attiédir. Au figuré , on dit , que k '■pzllions s attiédiffent avec l'âge, lorfqu'elles dmu nuent , &: qu'elles ne fjnt pas ii violentes. Tcpe/cere , defervcfcerc. La ferveur de la dévotion d'un Novice s'dtt'edit après fa prolellîon , diminue, fe rallentit. ATTIÉDI, lE. part. Tepidior factus , remijjus , rcmif ATTIEDISSEMENT. f m. ffT Etat d'une chofe qui pafle de la tiédeur a la tiédeur. Tepor; mais par une bilarrerie de l'ulage on ne le dit guère au propre. On ne dit point Vattiédifjement d un b>iin , Xattiédifjermnt de l'eau. Il faut dire tiédeur. Il leroit à délirer qu'on eût conlervé le mot A'attiédijjement, pour marquer l'é- tat d'une chofe qui devient tiède, l'action de devenir tiède-, &: celui de tiédeur pour marquer l'effet cui ré- fuite de cette aélion, ou l'état de la chofe qui ell tiè de. Mais il faut s'alîajettir à l'ulage. Attiédies EMENT , dans le fens figuré , (ignifie dimi- nution , relâchement de ferveur dans la dévotion , dans l'amitié , dans les pallions. Tepor ^ ardoris re- TmJfiO j Jludii. Uattiédifiement en amour fc tourne bientôt en indifférence. Un bon /^uteur a dit, l'o- raifon fervente & continuelle éttuffe en nous \'at- tiedi(fement & la parelfe : les âmes tombent dans Xat- tiédijfement par l'ardeur de leur concupifcencf. Le P. Eouhours prétend que ce mot u'eft pas tout-à-fait éta- ATT bli , & qu'il vaut mieux fe fcrvir de tiédeur ^ ou de relâchement. ATTIFER. V. a. Vieux mot qui fignifioit autrefois pa- rer , orner , particulièrement en parlant de la coif- fure des femmes, parer la tctc des femmes. Comere. On le peut due encore dans le ftyle limple &c fami- lier. Allez-y lans être attijée. Voit. Les femmes font long temps à s'attifer. ATTIFE , EE. part. Comptus. ATTIFET. i. m. Vieux mot, qui fignifioit autrefois un ornement ou parure des femmes , 3c principalement de la tcte. Comptus j ornatus. Tous deux viennent du vieux mot françois tiffer y qui fignifioit orner , que Bore! dérive du Grec rl^ut qui lignifie coronare. ATTIGNY. Ville de Champagne, province de France. Attiniacum. Elle eft lur la rivière d'Ailne , au-deftus de Rhétel. On a tenu plufieurs Conciles à Attigny dans le VIII' & le IX*^ liècle. {p- ATTIGOVANTINS. Peuple fauvage de l'Améri- que feptentrionale , dans la nouvelle France , à l'occi- dent du lac des Hurons. ATTILIA. t. m. Nom d'homme. Attila. Les médail- les âAttila , Roi des Huns, portent toutes Atvla , m;us l'ulage veut que l'on dile tk que l'on écrive. At- tila. Attila fut appelé le Fléau de Dieu. Le camp d'Attila. C'eft une campagne du Chàlo- nois en Champagne, vers le bourg nommé la Suipe la longue. AttiU caftra. Ce lieu eft ainli nommé , parce que l'an 453 de J. C. Mérovée, Roi des Fran- çois ■, "Théodoric , Roi de Vifigoths ; & Aëtius , Gé- néral des Romains , y défirent entièrement Attila. ATTILUR. f. m. Poilîon de livie-re fort commun dans le \o , ieniblable a 1 étuigeon. Sa ch.iir eft molaire , & d iin goût peu agréable. Dicl. de James, tj^' Son nom ordinaire eft adane , en italien adcllo ou adeno. En latin izrr/Y«j. Il eft li grand &c li gros qu'il pefe quel- quefois mille livres , au rapport de Pline. On le pè- che avec un hameçon attaché à une chaîne de fer, & il faut deux bœufs pour le tirer lorfqu'il eft près. ATTINGANS. f. m.pl. Hérétiques. Foye-^ Pauliciens, ce lont les mêmes. ?cr ATTIQUAMECQUES. Peuple de l'Amérique fep- tentrionale , dans la nouvelle France , au couchant du grand lac des Hutons. .\TT\Q\j\i. Attica. P.ays d'Acha'i'e, dans la Grèce, dans l'angle méridional & orientai de la Grèce , entre la mer Egée, la Beotie, & le territoire de Mégare, VAttique étoit une étendue de pays aux environs d'Athènes, de- puis Mégaie jufqu'au Promontoire de Sunium. Tourr. Athènes étoit la capitale de VAttique. Ce pays, li l'on en croit Strabon&Paufanias, s'appeloit anciennement Aclique,h. cauie d'Aétoée. Atthis, (elon ces deux Au- teurs, fille de Cranaus, fécond Roi d'Athènes, chan- gea le nom d'Atfique en Attique , pour l'approcher davantage du (ien. Etienne de Byzance au contraire , «ïv' Harpocration diient , que i' Attique j fe nommoit au- tiefois Acïique , du mot grecatTu ,rivage , parce qu'on y abordoit de toutes parts avec beaucoup de facilité , &qu'enfuite l'ufage , toujours favorable à la plus dou- ce prononciation , établit qu'on diroit Attique, au lieu d' Adriquc. VAttique étoit autrefois à peu près ce qu'on appelle aujourd'hui le duché de Sétines. Attique. adj. m. (Se f. Atticus. Qui ed dcï Attique j qui appartient à VAttique , ou à Athènes. On a appelé Sel Attique , parmi les Grecs, je ne fais quoi de vif & de piquant ; une xaillcrie fine , une certaine éloquence , ou certaines grâces qui fe trou- voient dans le langage des Auteurs Athéniens. Sal At- ticum ,fales Atticï. Théophrafte fut reconnu à Athè- nes pour étranger, à caufe de je ne fais quelle urba- nité Attique qui lui manquoit. La Bruy. Ami de la Jujîice & de la vérité , Alcandre , dont l'efprit ejl rempli de clarté y Admiré des Savcns j critique des critiques : Qui puifes ton difcours es Salines Attiques. On a dit aulïij un téraoiu attique j ou Atjhénien , atticus ATT ATT cttkus Tcjîls y pour un témoin incorruptible , &.' de même une fidélité attique. Une Miife attïque , efl: une excellente Mufe , ou un bon Poëte. Le miel actique ctoit eftimé chez les Anciens. En François, Athénien eil plus en ulage (\\iAttique , fur- tout pour les choies ani- mées. On dira beaucoup mieux, une Mule Athénien- ne; larmée Athénienne, les troupes Athéniennes, que les troupes Actiques , l'armée Attique ^ une Alul'e Ac- tique, ATTIQUE. f. m. Terme d'Architedure. C'eft un petit ordre d'architedture qu'on met au-delîus d un plus grand pour le couronner, & terminer le bâtiment. Ce petit ordre n'a ordinairement que des pilaftres d une fa- çon particulière. Il y en a un au Louvre qui forme le troilièmc étage. On en met aullî aux autels qui lont tort élevés, il a été ainll nommé , parce qu'il a été mis en uilige par les Athéniens. Attïque continu , efl celui qui environne le pourtour d'un bâtiment (ans interruption , & luit les corps & retour des pavillons. Attïque interpofé , efl celui qui efl: fitué entre deux grands étages , quelquefois déco- rés de colonnes , ou de pilaftres. Attïque circulaire , c'cfl: un exhauirement en forme de grand piédeftal , fou- vent percé de petites croilées. Attïque de comble , fe dit de tout étage, ou piédeftal de maçonnerie, ou de bois revêtu de plomb, qui fert de gardefou a une :er- raife, ou plate- forme. ^rn^//e de chemmée , elt le re- vêtement de plâtre , de bois , ou de marbre , depuis le chambranle, julqucs lur la première corniche. ^3" ATTiQvn faux. C'eft dans les bâtimens très-élevés une elpèce de piédeftal que l'on met au-dcilous de la taie des colonnes , afin que la grande faillie des cor- niches ne les efface pas. ^CF On appelle colonnes attiques j celles qui font car- rées. Leur baie eft très- belle. ATTIQUEMHNT. adv. A l'Attique, d'une manière At- tique. Atticè. Ciccron dans Ion Orateur établit l'idée du Mai atticilme, & montre que parler ëc écrire attï- qucmcnt , c tft parler & écrire de la manière la plus parfaite : quàla vérité Lylias, Thucydide, Xenophon & ilocrate ont quelques parties du ftyle attiquc,mais qu'ils ne le pofsèdent pas en entier... Qui faut-il donc imiter ; Demofthène , répond Cicéron. C'eft le modèle le plus accompli que l'on puifte le propoler.... l'Abbé Colin, p. 20 & 21 de la Préf. de fa traduction de l'Orateur. ^CT On a dit en latin , attïcè loqui j parler le langage d'Athènes : mais on n'a jamais dit en hançois parler attïquement. fCF ATTIRAGE. Les Fileurs d'or appellent poids d'at- tïrag^ les poids employés dans leur rouet ; & cordes d'attirage j les cordes qui loutiennent les poids d'at- tirage. Encyc. ATTIRAIL, f. m. §3° Terme coUeâif qui fe dit dune grande quantité de chofes nécelfaires pour certains ula- ges. L'attirail de la challe , du ménage, d'une impri- primerie. Inflrumentum. On le dit particulièrement en parlant de l'Artillerie & de la Marine. Exercitûs ïmpe- ^^ dimenta. Le canon ne marche point fans un grand at- yf, tirail. Le bagage & l'attirail de cette armée occu- poient bien du terrain. Il faut bien des cordages, des voiles, un grand attirail pour équiper un vailleau. ifT On le dit par extenfion du bagage inutile que des gens mènent avec eux en voyage. Il tra'uioit un t,rand attirail après lui , il le du aulli de la magnifi- cence des grands, & des ajuftemens recherchés des . femmes. Ne t'enorgueillis point de ton équipage , car on écarte tout cet attirail qui t'eft étranger, pour pé- nétrer jufqu'à toi. La Bruy. Une belle femme ne perd rien à être négligée ; il y auroit moins de péril à la voir avec tout X attirail Ac l'ajuftement & de la mode. Idem. ATTIRANT, ANTE. adj. Qui a la force d'attirer. Iln'eft d'ufage qu'au figmé. Blandus,illecel>rofus.Cme femme eft flatteule & attirante. Vous admirez l'attirante ié- vérité de Climène. Manières attirantes. Efprit atti- rant, infinuant, adroit. fJCF ATTIRER, v. a. Tirer à foi. Attrahere. L'aimant at- tire le fer. L'ambre attire la paille. Certains onguens attirent les matières des abcès. Ce mot a une lîgnifi- Tome L 60Q cation particulière enPhyfique , fur-tour dans kPhy- lique Newtonicnne, où l'on dit qu'un corps en atti- re un autre & en eft attire j que les corps s'attirent mu- tucllemenr. Foye:^ Attraction. 03^ Attirer, dans le fens figuré, a différentes accep- tions. Attirer l'ennemi dans une embufcade , dans un défilé, le faire tomber, l'engager. Pellicere. Il a mis tout en œuvre }pcva^l' attirer dans le piège. In fraudent iliuere. Son mérite lui avoit attiré l'amitié de tout le monde, c'cft-a due, gagné. Ccnciliare. Le mciite oui fait adorer les rrinces, attire :ia\ particuliers la haine &: l'envie. Bcurd. Rien n'eft plus capable à'attirerlz mépris &:l'aveifion des hommes, que défaire le brave contre Dieu. Pasc. Les grâces û/nrew^- tous les cœurs, charment. AUicere. Attirer les yeux, les regards de tout le monde fur foi , fixer. Omnium occulos in fs convertere. Attirer par fl.atterie , par de belles paro- les , par des prcmeflés. Alkclarc , prolectare. Les cri- mes des hommes avoicnt attire la colère de Dieu quand le déluge arriva. Concitare. (i^ Attirer , fe dit avec le pronom perfonncl tant au propre qu'au figuré. Dans le fens propre, on dirdans les principes de Newton que tous les corps qui com- pétent l'uni\xrs , s'attirent réciproquement. Au figu- re , on dit s'attirer l'amitié , la bienveillance de tcuE le monde jyjîii ccnciliare , la gagner, ^'attirer une mé- chante affaire. Ablanc. On ne s'arrête pas aux plain- tes d'un fou , parce qu'on préfume toujours qu'il s'eft attiré l'infulte dont il fe plaint. Fonten. Les perfon- nes \aines s'attirent l'envie & le mépris , & irritent la médilance. Concitare 3 commovcre in fe Invldiam _, odium. Bell. ATTIRÉ , ÉE. Il a les fignifications de fon verbe, en la- tin comme en francois. §3" ATTISE, f. f. Terme de Biaireries. C'eft ainfi qu'on appelle le bois qu'on met dans les fourneaux fous les chaudières. ATTISER. V. a. Raccommoder le feu , approcher les ti- fons les uns des autres pour les faire mieux brûler. Il ne fe dit au propre qu'en parlant du feu. Admotis ti-^ tionibus ignem alere , excitare. Le vulgaire dit quil faut être Philofophe pour bien attifer le feu ; c'efl-à- dire, qu'il lui faut donner de l'air pour le faire brûler. Régnier a dit : Quand onfe brûle au feu que fol-même on attife; Ce n'ejl point accident j mais c'ejl une fottife. Attiser, fe dit figurément, en parlant de la haine, de la colère , de la icdinon. Attifer le feu dans ce fens fl- gnifie aigrir des efprits déjà irrités les uns contre les au- tres. Excitare , accendere , incendere , ciere. C'eft cet ambitieux qui a attfé le feu de la guerre civile; je fuis bien éloigné à' attifer moi-même parmes difcours la fu- reur de votre emportement. Rac. ATTISE , EE. part. Excltatus , incenfus , accenfus. On l'a dit autrefois pour attiré. Guillaume de S. André , dans fon Poëme fur Jean IV. Duc de Bretagne, dit Pour ce beau fils veux raifonner. . . , Afin que mieux foit avife j Si en tel fait eft attifé. ATTISONNOIR. f. m. C'eft un outil , ou inftrumenr crochu , dont les Fondeurs f e fervent pour attifer le feu, Inftrumentum adcxcitandum ignem comparatum ^un- cusferreus ad excitandum ignem comparatus 3 aptus ^ ïdoneus. ATTITRER. v. a. ^ Charger quelqu'un d'un emploi , d'une commiftion , & il s'emploie ordinairement au par- ticipe. Commillionnaire attitré. Marchand attitrée Acad. Fr. U fé prend plus fouvcnt en mauvaife part pour corrompre quelque perfonne, pour nuire à quel- qu un. Corrumperc ,fuhornare. Il avoit attitré àcs gens dans une embufcade pour aifailiner fon ennemi. Wat' titra de faux témoins pour venir dépofer. _^ {fT Ce verbe s'emploie mieux au participe. Aiialun at- titré. Avoir des témoins attitrés Hhhh 6jo ATT Ce mot vîertt de adtimlare. , qu'on a dit pour inf- crlbere. Ménage après Vollîus. D'aunes le déiivent , & plus à propos , car méta- phore , de titre , terme de chalFe , qui fignific le lieu , ou le relais où Ton pofe les chiens en embufcade pour courir les bêtes ; car en effet les alfallins & les fauilai- res cherchent des lieux & des occahons propres pour nuire. On appelle dans le propre des chiens attitrés ^ ceux qui font pofés dans les relais , qui attendent la chalfe pour courir fur le gibier quand il paroîtra. 'ATTITRÉ , ÉE. part. Corruptus ,fubornatus. ATTITUDE, f. f. Terme de Peinture & de Sculpture. Certaine difpofition des figures d'un tableau , ou l'ac- tion & la pollure d'une &.zz\xc. Status 3 habitas , gcj- tus ijitus. Ce Peintre a un beau coloris , mais il n'eil pas heureux à donner de belles attitudes à fes figu- res. ICT Quoique le mot attitude foit la pofition ou l'acliion des figures en général , il femble convenir particuliè- rement à celles qu'on a mifes dans une pofition tran- quille. On dit Yattirude j & non l'adlion d'un corps mort. Ce mot vient de l'Italien attitudine ; & plutôt du latin habitude corporis. Attitude , fe dit au figure , pour exprimer l'état & îa fi- tuation des pcrfonnes. Ceft en ce Icns qu'on a dit de Bubefque , que les attitudes où il met Henri III , la Reine mère , le Duc d'Alençon , le Roi de Navarre , la Reine Marguerite , le Duc de Guife , le Duc d'Eper- non & les autres Courtifans de ce temps , nous les montrent du côté qui nous en découvre le fort & le foible , le bon S: le mauvais. Voye-:^ VigneulMar- VILLE. Attitude, eft aulîî un terme de Maître à danfer & de Maître à écrire. Pofition du corps & de la tête quand on danfe ou qu'on écrit. Voici un ellai des plus beaux mou vemens & des plus htVit^attitudes j dont une danfe puilfe être variée. Mol. Il a une belle attitude quand il danle , quand il écrit. ATTL AS. f. m. Satin de foie fabriqué aux Indes. Il y^ en a de pleins , de rayés , & à fleurs , dont les fleurs (ont ou d'or , ou feulement de foie. Il y en a aulîi de tou- tes fortes de couleurs , mais la plupart faufles, fur-tout les rouges & cramoifi. Voyey^ Atlas. ATTOCK. f. m. Voye^ Atok. ATTOLE. f. f Sorte de teinture rouge. Voye\ Anatte. ATTOLLON. f. m. Amas de plufieurs petites îles qui font prefqûe jointes enlemble. Les îles Maldives , qui font au nombre de plus de douze mille , félon quelques-uns , font féparées en treize parties principa- les, appelées Attollons par les Intulaires. Ces îles lont fuuées vers la peinte de la prelqu'ile de l'Inde, au-deçà du Golfe de Bengale. Il y a douze grands détroits qui décachent un Attollon d'avec l'autre , & de forts pe- tits canaux , où la mer eft balfe , fcparent les îles. ATTOMBISSEUR. f. m. Terme de Fauconnerie, qui fe dit d'un des oifeaux qui attaque le héron dans fon vol. Quelques-uns lui donnent la première attaque , d'au- tres la féconde. Ce faucon eft im bon attombiffeur. ATTOUCHEMENT, f. m. Adion par laquelle on tou- che. Tad.io y taclus _, contaclus. La lumière eft l'ob- jet de la vue , & les corps palpables le font de \ attou- chement. On fe purgeoit autrefois d'un aime par \ at- touchement du fer chaud. On le dit fouvent en mauvaife part des impudici- tcs j de certains péchés d'impureté. Attouchemens def- honnctes. Attreciatio , atteclatus. C'eft aulïï un terme de manège, qui fignifie l'adlion du Cavalier , ou l'aide qu'il donne au cheval de la main par le moyen de la bride , & du talon par le moyen de l'éperon. Il ne faut point que les chevaux foient con- duits par la vue 6c par l'ouie; mais feulement par \ at- touchement à la bouche & aux côtés. Il faut que \ at- touchement feul opère. ATTOUCHER. V. n. Vieux mot, qui fignifie, appar- tenir par confanguinité , par affinité. Attoucheràt pa- renté à quelqu'un, être fon parent. Attingere cogna- tione. ÊTTOURNANCE. f. f. Terme de Coutume. C'eft un ATT changement de Seigneur, par lequel les vaflaux renon- cent à l'obéiflance qu'ils dévoient à leur ancien Sei- gneur, & s'engagenta la même obéiiranceà l'égard de celui qui devient leur Seigneur, par achat, ou autre- ment. On joint ces deux mots attournance & avi- rance. Voyez Dar&entrÉ. ATTOURNEMENT. f. m. Terme de Coutume, qui veut dire la même chofe qu'attournance. ATTRACTIF , VE. adj. Qui a la propriété d'attirer. At~ trahendi vim habens 3 attrahendi vipraditus. La caufe de la qualité attractive de l'aimant eft expliquée par' Defcartes & Rohaut. Les Médecins ont des remèdes attractifs qui (ont chauds, & attirent au-dehors, com- me l'ail, le porreau , la racine de brionia , &c. ^3" Ces remèdes appliqués extérieurement pénètrent les pores, divifencles matières, & lesdilpolent à s'évacuer. Ban- dage attractif i c'eft-à-dire , qui attire & rappelle les efprits à une partie amaigrie. ATTRACTION, f. f. Aélion de ce qui attire, eu état de ce qui eft attiré par la propriété qu'a un corps de faire que d'autres corps (oient attirés ou pouifés vers lui. Attraclio. Il y a des pompes qui font leur effet par at- traction j & d'autres par compreiîion. Tous ces termes font en quelque (orte confacrésà laphyfique. Les Fhi- lofophes Cartéfiens ne reconpoiflent point de mouve- ment par attraction , mais feulement par impullion. Us . prétendent qu'on n'a aucune idée de cette caufe par- ticulière du mouvement qu'on appelle attraction. RoH. On peut remarquer dans le cours & dans l'écono- mie de la nature plufieurs (ortes d'attraSions ; comme celle qui (e fait par (uccion , par laquelle j'ai vu une balle de plomb au fond d'un long fufil exactement tra- vaillé, fuivre l'air qu'une perfonne (uçoit à l'embou- chure du canon, avec une telle impétuolité & roideur, qu'elle lui calfa les dents. L'attraction de l'eau ou du vin , qui fe fait par un Siphon , eft femblable à celle-ci ; par (on moyen on fait paflèr une liqueur d'un vale dans un autre fans la troubler, fans en faire mon- ter la lie. Il y a une autre forte d'attraction qui s'ap- pelle/7Z(7^«e>i<^tte_,par laquelle l'aimant attire le fer. Une autre éleSrique quand le carabe ou le jayet attire la paille. Une autre de la flamme, quand la fumée d'une chandelle éteinte, attire la flamme d'une chandelle al- lumée , & la fait defcendre pour allumer celle qui eft éteinte. Une autre eft de filtration , quand un corps hu- mide monte par un autre corps fec , ou que le contraire fe fait. Et enfin quand le feu ou quelque chofe chaude attire l'air, & ce qui eft mêlé avec lui. Digby. Dif- cours fur la Poud. Symp. p. y^y 7/. §3" L'Attraction, dans la Philoiophie ancienne, étoit ime qualité inhérente aux corps , en vertu delaquelle ils agillent fur d'autres corps éloignés , & les tirent à eux. Dans la Philofophie Newtonienne,on entend par attraction j un principe indéfini , en vertu duquel tou- tes les parties , foit d'un même corps , foit de corps différens, tendent les unes vers les autres ; ou, pour parler plus exadtement, \ attraction eft l'effet d'une puilfance par laquelle chaque particule de matière tend vers une autre particule. |iCF L'Attraction eft aélive, paflîve , ou mutuelle. ^fT Exercer une attraction adtivc fur un corps, c'eft être caule du mouvement accéléré de cemêine corps aban- donné à lui-même. C'eft ainfi, diient lesNewtoniens, que la terre exerce une attraction aétive fur une pierre jetée en l'air, parce qu'elle eft caufe de la chute accé- lérée de cette pierre. |3" Souffrir une attraction paflîve de la part d'un corps, c'eft être obligé de tomber vers ce corps : c'eft tendre vers ce corps \ quelque (oit la caufe de cette tendance. Une pierre jetée en l'air fouftre une attraction paflîve de la part de la terre , parce qu'elle eft obligée de tom- ber vers la terre. Il en eft de même , non-feulement de tous les corps fublunaires, par rapport au globe tcr- reftre , mais encore de tous les corps qui tournent au- tour du foleil par rapport à cet aftre. Les premiers aban- donnés à eux-mêmes tombetoient fur la terre , & les féconds fe /précipitcroicnt dans le foleil. §3" Deux corps exercent l'un fur l'autre une attraclicn ATT mutuelle, lorfqu'ils tendent àfe joindre l'un à l'Autre, tS: loilque pour en venir à bout , ils tout obliges de hiire chacun une partie du chemin qui les (épare. UCT Les Newconiens apportent plulicurs preuves de cette gravitation ou attraction mutuelle entre tous les corps qui compofent 1 univers. Celles qui (ont tirées du flux de la mer & des irrégularités que l'^n obler\-e dans le mouvement des corps ccleftes , peuvent palier pour les meilleures. f)Cr Ne pas reconnoître que les corps s'attirent mutuelle- ment, & (ont portés les uns vers les autres par une loi générale que la nature a établie , c'cft vouloir (aire re- vivre Icsquahtés occultes de l'ancienne école, ou adop- ter les chimères brillantes de 1 ingénieux Delcartes, qui donne pour caule de la gravité àcs corps une ma- tière environnant ces corps. ^fJ' Attraction magnétique. Si l'on prélente le pôle boréal d un aimant au pôle méridional d un autre ai- mant, ces deux aimans s'attireront, parce que ces deux aimans ainii placés , (ont chacun entourés d une at- molphèie homjgène : leurs armolphères (e touchent, fe confondcrit , prennent la (îgure ronde , (X challent les deux aimans a'ieurcentre commun. La même chofe arrive à deux -gouttes d'eau ^ui ne (auroient ('e tou- cher (ans fe confondre & prendre la (îgure ronde. fer Par une railon contraire, ces deux aimans (e fuie- roient h l'on prétentoit le pôle boréal de l'un au pôle boréal de d aiure , parce qu'alors les atmolphères de ces deux aimans deviennent hétérogènes , non pas quant à la matière dont ih font compoiés , mais quanta la di- redtion des corpulcules magnétiques. Ces atmolphè- res hétérogènes ne fauroient donc le mêler enlembie, lors même qu'elles (e touchent , de même que l'eau iv 1 huile le touchent (ans (e confondre. iÇT On voit par-la que l'attraction magnétique eft bien ditf.-rente de \' attraclton Newtonienne. Celle-ci a pour caufe une loi générale du créateur. Celle-là eft l'effet d un fluide magnétique (orti des pôles de la terre , & répandu autoui de la pierre d'aimant, /-"oy^i; Aimant. ATiKACTIONNAIRE. f. m. Partilan de l'attradtion Newtonienne , qui lourient l'attraction des corps, en avouant que la caufe lui eft inconnue. Employez le (yftème de l'attraction au phénomène de l'airnant , où il fcmble qu il devroit être de grand ulagc ; ou à leleélricité, ou à ce qu'on appelle fermen- tation : vous trouverez que le principe vous abandon- nera par-tout , & ne vous donnera l'intelligence de rien. . . . hçsAttraFtLonnairesézo\c\M(\.\ïXo\\\.cnc\\a.n- tés de l'atcraétion qu'ils voyoient ou croyoient voir dans les corps électriques. On ne. pouvoir la niéconnoitre , & elle agllfoit jullement comme dans les planètes, en diminuant à la ronde , comme la diftance augmentcit. Malheuieulemcnt un Philofophe a expériences eft venu tout déranger, & en attachant une petite boule de bois à l'extrémité d une corde de dix oi> douze cens pieds , il a trouvé que li on prélentiiit un tube éleétrique au milieu, ou même au commencement de cette longue corde , les paillettes d'or , poièes a 1 autre bout l'eus la boule de bois , s'y artachoient aulfi proprement, que h l'éleétricité eût agi à un pied près du cube. . . . Specl. de la Nat. T.^.,p. yô^, fâf. ATTRACTRICE. adj. f. Qui a la force, la vertu d'at- tirer. Attrahendi vim hahens. La vertu attraclrice de l'aimant. La nouvelle Philofophie ne reconnoit point de vertu attraclrice , non plus que d'attraélicn. Newton explique dilfércns phénomènes de la nature', tels que font la pefantcur, la légèreté , la force élaftique, la rélî{tance des fluides, en un mot, toutes les forces qu'il appelle attraclrices^on impullivcs. Journal des Sav, iCT On dit plus communément forces attractives. ATTRACTYLIS. (". m. Voye-:{ Atractylis. ATTRAIRE. v, a. Attirer, faire venir à (oi parlemoyen de quelque appât ou par quelque qualité lecièrc, Al- Ucere jiUicere , aHeciare. On attrait les poilfons avec un appât à l'hameçon. La paille eft attraite par 1 am- bre , le fer par l'aimant. ATTRAiRE,fe ditauflï fîgurément, & fignifîe attirerpar quelque chofe qui plait. Il faut attraife les enfans par la douceur, pour leur fairç faire leur devoir. La vertu Tome I. ATT 6i I a le pouvoir d'arrrai/e les cfprits les plus fauvages , s'ils lapouvoientconnoitre. Mézcrais'eftfcrvi de ce mot ; mais il n'cft prefque plus en ulage , furtout dans les au' très temps oue l'inrinitif. AT IRAIT, AlTE. part. Ilkaus. §Cr ATTRAIT, f, m. Ce qui aifedte , ce qui attire agréa- blement. Illecchra , lenocinium j invitamentum. C'eft un puiflant attrait que la gloire pour les cœurs ambi- tieux. L'argent a bien des attraits pour les avares. La danle a beaucoup à' attraits ^cmles jeunes gens. Je me fens beaucoup d'.attrait pourlaMuhque. §3° Ce mot , employé au pluriel, marque le pouvoir qu'a fur le caur la beauté , tout ce qui plait. Les attraits d'une jche femme: le laifler prendre à fes attraits.LQs femmes ne (e pardonnent guère fur leurs attraits. La Bkuy. Elle n'a d'autres droits au rang d' Impératrice , Qu'unpeu d'Mn3.itspeut-être:, & beaucoup d'artifice. Le dcfiin d'Crcfte Eft de venir fans cejje adorer vos attraits, ht de jurer toujours qu'il n'y viendra jamais. Rac. gC? Attraits. Appas :,Lhcrn:es yÇynouymes.Ces mots fvnonymes par 1 idée générale qu ils prélentcnt ont en- core cela de ct.mmun, qu ils n'ont point de lînguliec quand ils (ont employés puui marquer le pouvoir de la beauté , de 1 agrément, de te ut ce cui pla;t iur le ta ur : mais ce qui les dilfingue , c'cft qu il y a quelque chofe déplus naturel dans les attraits ; quek.ue chcfe qui titntplus de l'art dans les appas- cueL,ue chofe déplus fort &: de plus extraordinaire dans les charmes. Les at- traits ie. font (uivre. Le caur de 1 homme n'eft guère ferme contre les attraits d une jolie femme. Les Lames font te ujours redevables de leurs attraits & de leurs charmes a Ihtureule ccnfoimaticn de leurs traits. Les attraits viennent de ces grâces ordinaires que lanature diftribue aux femmes avec plus ou moins de largelfe aux unes qu'aux autres. Des défauts qu'on n'avcit pas d'abord remarqués , & qu'on ne s'attendoitpasà trou- ver, diminuent beaucoup les attraits. Syh. Fr. l'Cr Quand ces mots (ont appliqués a ce qui plaît, fans au- cun rapport à la beauté 6c aux agrémens du (exe , alors ceux à'attiaits &de charmes, ne s'appliquent qu'aux choies qui (ont ou qu'on (iippo("c être aimables en elles- mêmes & par leur mérite , au lieu que celui d'appas s'applique quelquefois à des chofes qui font ,& qu'on avoue même ha'i'lfablcs , mais qu'on aime malgré ce qu'elles (ont. La vertu a des attraits que les plus vi- cieux ne peuvent s'empêcher de (entir. L'honneur a de grands attraits pour les belles âmes. Les plus grands attraits (e trouvent toujours dans l'objet de la pailion dominante. P'oye-^ les autres mots. 1^7" On dit aufli, en matière de dévotion , les attraits de la grâce, pour détigner les douceurs intérieures quela grâce fait fentir. Je ne doute point qu'il n'y ait parmi vous bien des âmes que Dieu appelle par un attrait particulier aux plus fublimes exercices de l'oraifon. BOURD. Attrait , eft aulîi un terme de Coutume. Ce mot veut dire, dans la Coutume de Bretagne, l'attirail, &tout ce qui (ert a bâtir , ou à réparer une maifon. Inftrumert*- ta, ou materia domus iedijicand£ , vclreparandâ.. Ces mots viennent du latin attrahere. ATTRAPE, f. f. Piège que l'on tend à quelqu'un pour l'attraper. Tromperie , apparence trompeufe. Tout ce qu'il vous dit là eft une attrape. Il n'cft que du ftyle fa- milier. Attrape. Terme de Marine. Corde qui empêche quele vailleau ne fe renverie lorfqu'on lui donne la carène. ^fT Attrape, (e dit aulli dans les fonderies de tables en cuivre , d'une pince coudée qui (ert à retirer du fourneau les crcuiets lorlqu'ils fe calfent. Encvc. ATTRAPEMINON. f. m. Ce mot fe dit d'un hypo- crite , ou d'un cagot ; qui , fous prétexte de douceur &c de dévotion , attrape les fimplcs. Dictionnaire des Proverbes. ATTRAPE-MOUCHES, f. f. Plante dont le fruit eft en forme de petite poire renverfée , à une (eule loge: elle Hhhhij I z ATT ^contient Tine fcmence avec^ieiiK ceWnlesviûes. Mya- grum j ou Armeria. L liuile qu'on tue de cette plante \ ai" exprelilon, cil tort boiuiepoui ixndic la peau duuce & unie. Fiïfi. des plant, atvibuic à liotrhaave. ^TTRAi'E-MoxjcHEs.l. ir..Peut oitcau. /'"bycijMoucHE- ROLLEj c'eftle même. ^tCP ATTRAPER- v. a. Prendi-e à une tiape, à un piè- ge _, ou à quelque chofe de femblable. Attraper \xn loup , un renard , dans une traince, dans un piège. Un renard qui eft échappé d'un piège n'y cil plus attrape. Voye^ PlÉGE. Attraper, fignifie auffi figurément tromper quel- qu'un , le lurprcndre artificieuiement, le iaire tomber dans quelque pjége ou embûche. /-t/Z/crdj decipere. Ce Provincial a été vilainement attrapé au jeu. Quand on vous a vendu cette terre , on vous a bien attrapé; on vous l'a vendue trop cher. Il n'y a que les dupes qui le lailfcnt attraper par des filous. J'appréhende le dif- tinco , & j'y ai déjà été attrapé. Pasc. Il ne faut pas fe Tailler attraper à ce quedilent les amans dans leur colère. Voit. Je n'ai garde de melaiirer attraper k^os regards trompeurs, &: vos fouris ambigus. S. Evr. [Attraper j te dit auiîi de toutes les chofes où on eft trompé innocemment , & oià on a lieu d'être fur- pris & étonné. Je croyois aller au termon, mais j'ai été bien attrapé ; il n'y en avoit point. Vous leriez bien attrapé ^ ii on alloit croire iur votre parole que vous n'avez point d'efpiit. M, Scud. Attraper, fignihe aulh dans le même fens figuré, ga- gner par fon travail , obtenir par fcn induftuc. A£e- qui _, confequi. Il a il bien fait la cour , qu'il a attrape un Gouvernement, un bon bénéfice, une penfion. Attraper , fignifie auilî , atteindre quelqu'un qui eft parti devant. On a envoyé un courier pour attraperle mellagcr. Allez toujours; je vous attraperai au gîte. Les femmes luient devant nous, quand même elles ont deifein de le lailFcr ûrmz;7er; c'eft leur rôle. Mont. On dit aulïï, qu'un malade ne pourra pas attraper \t prin- temps; pour dire, parvenir jufque-là. Il faut deux jours & demi à la lune , après avoir fait fon tour , pour at- traper le foleil. ^fT On le dit dans le même fens pouratteindre celui après lequel oncourt. La maréchauirée a a«ra/>e les voleurs. Les chiens ont attrape le cerf. $C? On l'emploie quelquefois comme fynonyme de frap- per. Il l'a attrapé à la tête d'un coup de pierre Attraper, lignifie encore , rencontrer , trouver quel- qu'un en quelque lieu , l'y furprendre. Dcprehenderc. On :i attrapé cc]zunc homme fur le fait. Vous dillez que vous n'alhez point à la comédie, je vous y attra- pe. Je n'ai pu encore vous attraper chez vous: j'y irai fi matin, que je vous attraperai au ht. |îCF Ce mot a diftèrentcs acceptations dans le fens figuré. Attraper lapenfée d'un Auteur , le fens d'un pallage , c'eft le découvrir, le pénétrer. Percipere ,intelLigere , comprehendere. Ç^En parlant des Orateurs , des Poctes , des Peintres , on dit attraper \-tenant , chiche , chiche -vilain J pince- maille y racle-denare , ferre-denler y pleure-pain , ferre-mlettc. Plufieurs de ces mots ne font plus en ufage. Un avare nepofsède point fes richelfes , il en eft poffédé ; elles le tyranni- feut. Claud. Un avare eft toujours gueux i il a éga- lement befoin de ce qu'il a , & de ce qu'il n'a pas. Voit. Un avare n'a rien laiifé à faire à la mauvailè fortune, elle ne lui pouvoir faire pis. Voit. Il n'eft pas croya- ble combien les Auteurs de l'Anthologie ont rafiné fur les avares. Selon eux , un avare le pendit pour avoif fongé la nuit qu'il faifoit de la dépenfe \ & ua autre avare ne fe pendit pas , parce qu'on vouloir lui vendre trop cher la corde qu'il marchandoit. Bouh. Ho- race parle d'un avare qui ne put fe réfoudre à prendre une tifane faite avec du ris , laquelle coûtoit trois fouî» ICEM. AVA Vn avare idolâtre ^, & fou de fon argent , Rencontrant la difctte aufcin de l'abondance , Appelle fa folie une rare prudence ^ ht met toute fa gloire , & fon fouverain bien y A groffir fon tréfor qui ne lui fert de rien. BoiL tfT Ce mot s'emploie avec grâce au figuré. Ondirque Dieu n'eft pas avare de ("es djns ; pour dire , qu'il les accorde à ceux qui les demandent. La nature a été ava- re de ics dons envers lui. C'eft-à-dire ne lui a pas ac- cordé de grands avantages, ou plutôt lui a tefufé les avantages qu'elle accorde à d autres , il n'en a pas été bien traité. Un homme avare de louange , elt celui qui n'aime pas à louer, qui loue difficilement. Avare du temps , qui (ait le ménager. Un Général avare du fang de Tes foldats. Parcus fanguinis. Qui épargne le fang. Dans ces phrafes , c'eft un éloge. Il fallut qu'au travail le corps rendu docile , Forçât la terre avare à devenir fertile. Bon. Souvent fur des fantômes vains Notre raifon feduitc avec plaiflr s'égare. Elle-même jouit des objets qu'elle a feints , Et cette illuflon pour quelque temps repare Le défaut des vrais biens que la nature avare N'a pas accordés aux humains. Font en. On dit proverbialement , que la Mufique Doiienne eft l'harmonie Àtsavares , c'eft-à-dire ,quils jouentde la harpe. Klath. en la Vie d'Henri IF. liv. IF. Ce proverbe vienr d'une mauvaile alluiion au verbe grec of^aÇu, qui lignifie, prendre, ravir, dérober. A père avare _, entant prodigue. A femme avare y galant ef- croc. Pour exprimer que Xavare ne fait du bien qu'en mourant , on lui a donné pour devile une vipère, avec ce mot italien , N'offende viva j & ne rifana morta. 'AVARE, ou AVARITE. f. m.Avarusy Avaris. Nation feptcntrionale , qui n'a été connue que (ous le jeune Juftin, environ 1 an 567 de J. C. Paul Diacre écrie que \zi Avares furent mis avec les Huns en polFeilion de la Pannonie , par Albcin Roi des Lombards , lorf- qu'il quitta ce pays là pour venir s'établir en ItaUe. Des Annales de France manufcritcs , citées par Bol- landus, T. I , p. y 1 6 ^ dilent que Thudun, homme puilîant patmi les Avares , envoya l'an 795 des Am- bailadeurs à Charlemagne , pour l'alfùrer que lui &: tout Ion peuple vouloient le donner à lui, & embral- ier fous les aulpices la Religion Chrétienne , & que Tannée fuivantc 796 , il exécuta (a promelle. Les An- nales de Fulde rapportent la même chofe des Huns , félon la remarque de BoUandus ; ce qui fait croire que les Avares n'étoient point diftérens des Huns. En effet Paul diacre, Liv. II , ch, 1 o , dit, Hunni qui & Avares ; c'eft-à-dire, les Huns qu'on appelle auili Avares. Dans la vie de S, Eutychius , Patriarche de Conftantinople , les Avares _, ou Abates , qui ravageoient l'Empire d'O- rient au VF fiècle, (ont appelés A"ie«pKt;, Avarici. Voy. Abare. AVAREMENT. adv. D'une manière avare. Avare. Ber- taut a dit en une Epitaphe : Paffant 3 ce trifte marbre avarement enterre Les corps enfevelis de trois proches parens _, &c. Il n'eft plus d'ufage. AVARIC. f. m. Avaricum.-Cç^\ç rlom d'une ancienne ville des Gaules, dans le Berri. M. Catherinot, dans une dilfertation intitulée , Le vrai Avarie ^ montre que V Avarie des Anciens eft Bourges , d' non pas Vier- zon -, & les preuves qu'il en apporre font il fortes, qu'il eft impoiîible de n'être pas de ("on (entiment. l AVARICE. f.f.Pairiond'amairerdesiicheires; trop grand attachement au bien, §3° palîîon fordide & jaloufe de polTcder fans aucun defTcin de faire ufage. Avari- tia. L'amour propre ayanr pour objet tes richcffes, & les délirant avec une paffiou e.-icclRve, s'appelle civarl- AVA 6it ce. AbaIî. Vdvarice contient en foi tous les vices, eoiti» me la juftice toutes les vertus. Entre toutes les pal- lions, celle qui eft la plus ignorée de ceux qui en (ont podédés , c'cft l'avarice. L'avarice eft un cffez de l'a- mour-propre , qui nous fait envifager toutes lortes d'a- vantages dans la polfelîicn des richelFcs , & nous les fait délirer ardemment. Bayl. Les avares déguifent leur avarice j (ous le nom d'économie. Bell. S. Paul, tph. v. y , appelle l'avarice ., une idolâtrie : parce que l'a- vare le i-ait un Dieu de fon argent , & que, comme l'i- dolâtre, il adore l'or & l'argent, l'un en ftatue, l'autre en raonnoie. L'ambition J l'amour j, /'avarice & la haine ^ Tiennent comme unt jorca fon efprit à la' chaîne, BoiL. Sans mentir y /'avarice efl une étrange rage. Ip. Z 'avarice bientôt au teint livide 5* blême y Sur fon co_ffre de jerva s'affeoir elle-même; Pour nele pointouvririlabondi en raifons. Ren. ff^" L'amour des richelTes n'eft vice que par fon excès : corrigé par une fage modération , ilredcviendroit une affection innocente. Mais l'avarice dit quelque choie de plus qu'amour des richeiFcs. Ifr AVARICIEUX, EUSE. adj. Avarus. On confond dans l'ufagc ordinaire les mots à' avare &C d' avarie/eux. Cependant ils ont leurs nuances. Il icmble, die M. l'Ab- bé Girard, qu'avare convient mieux loifqu'il s'ai^itdc l'habitude & de la paillon même de l'avarice; & qu'a- varicicux ledit plus proprement , loiiqu'il n'eft quef- tion que d'un aéte ou d un trait particulier de cette pat- fion. Le premier de ces mots a aulli rneilleurc grâce dans le (ens fubftantif , c'eft-à dire , pour la dénomination du fujet i & le fécond dans le fcns adjedif , c'eft à- dire , pour la quahfication du iujct. Aiuii l'on dit , c'eft un grand avare y c'eft un avaricieux mortel. L'avare fe refufc toutes chofcs ; \ avaricieux ne fe les donne qu'à demi. Le terme d'avare paroît avoir plus de force & plus d'énergie pour exprimer la paifion fordide & jaluufe de poiléder lans aucun dcftein de faire ufage. Celui d'avaricieux paroît avoir plus de raport à ï'averfioii mal placée de la dépcnle loriqu'il eft néccflâire de s'en faire honneur. On n'emploie jamais qu'en mauvaife part, & dans le (ens littéral le mor d'avaricieux ^ mais on fe fert quclquelois de celui d'avare en bonne part dans le fens figuré. Un habile général ne paye point fes elpions en homme avaricieux y Ik conduit (es troupes comme un homme avare du (ang du foldat qu'il craint de prodiguer. M. L'abbÉ Girard. Syn. Ce mot (e prend quelquefois comme (ubftantif C'eft un avari- cieux.^C'e&iuns avaricieufd.il eft familier. Aq. Fr. AVARIÉ, ÉE. adj. iKé dit des marchandifes& effets qui ont été endommagés dans les vailleaux marchands , pen- dant leur voyage, (oit par tempête, naufrage échoue^ ment, ou autrement. Du café avarié. De la cochenille avariée. AVARIE, f. f. Terme de Marine. C'eft le dommage arrivé à un vaiilcau, ou aux marchandiics dont il eft chargé , depuis le départ , julqu'au retour. Darr.numy jaclura y detrimcntum. On répute aulli pour avaries y les dépen»- fes extraordinaires &' imprévues faites pendant le voya- ge, foit pour le vailfeau, (oit pour les marchandiles , foit pour le tout enfemble. Il y a des avaries flmples y qui font les dommages arrivés aux marchandifes parleur vice propre; comme l'empirance, pourriture, dégât, mouillure d'eau , vifite , & appréciation , ou pour les lauveSjS'c. donc là répartition ou contribution fe fait au marc la livre entre l'alTuré & les a(rureurs, & feule- ment lut les chofes qui ont fouffert le dommage. Les avaries ordinaires y font les emballages , enfonçages , chariages , droits de celui qui fait ou adrefte la cargai- fon , & te coût de l'alTurance. Les autres avaries (ont groffes Se communes y comme toutes celles qui avien- nent par tourmente , ou par la faute du maître du na- vire , pour pilotage , louage ._ lamanage , aiîcrage , & paî 6iz KN k un fécond fret qu'on eft oblige de faire des vaiffcaux ou allèges quand le navire a touche. Elles font réglées au fou la livre, tant fur les propriétaires du vailleau , que des marcbandifes. Elles font réglées dans le titre IV , du livre ill de l'Ordonnance delà Marine de 1681. Toutes ces diftin^flions y font marquées précifément. On ap- pelle aulll avarie commune , ou greffe avarie j celle qui avicnt par jet des marchandifes, pour cables, voiles ou mats coupés pourlefalut commun. Il y a deux fortes d'avaries , dit un Auteur qui a fait un traité ou une dilfertationlur les avaries ; l'une co/tz- mune, & l'autre qu'on nomme grojfe. La première elt celle à laquelle les marchandifes (cules contribuent; la féconde, où le vaiffcau^ les marchandiks contribuent. Pour que lagrolTe ait lieu, il faut, dit le même Auteur, 1°. Que quelque chofeait été jetée en mer. 1°. Qu'au temps qu'on l'a jeté, il y eut une nécelîité grande de inévitable de le faire. 3°. Que le Gouverneur ne l'ait fait qu'après avoirconfulté les Marchands. 4°. Que cela ait été f-ait pour le lalut commun de tout le navire. j°. Qu'en conféquence le navire fc foit fauve &; foit arrivé à bon port. Dans ces cas , tous ceux pour l'intérêt defquels la chofe a été jetée en mer, doivent contri- buer au dédommagement de celui à qui elle apparte- noit ; tout doit entrer en contribution , même les pierres précieufcs & les bijoux , qui ne chargent point le vail- ieau, les efclaves & le navire même ; mais non pas les têtes libres, ni les vivres, necNautarum locaria. L'ef- timation fe doit faire par des Experts. Il fmt y diftin- guer les choies qui ont été jetées en mer , & celles qui ont été confervées. Le prix des premières doit être réglé fur ce quelles ont été achetées , & celui des fé- condes , fur ce qu'elles peuvent être vendues. Pour l'ar- gent , il en laut conhdérer la valeur intrinsèque & l'ex- trinsèque. Bainoldus Chrijlian. a Derfchau in Nov. Lit. Mart. Bah. i jo 0 , jul. p.200. Avarie, fignifie aulÏÏun droit qui fe paye pour l'entre- tien d'un port , par chaque vailfeau qui y mouille. Mor- nac, fur la Loi 4. Dig. ad Legem Rhodiam àe jaclu , dit que ce moteft corrompu du grec /3=rr. LesEIpagnols appellent ce droit, El Gaflo de baheria; 3c D. Juan Solcrzaiio, dans ion ouvrage JDe Indiar, Guhernat. L. IV , ci, prétend que ce nom vient de l'Eipagnol haber , bien, ou haberes 3 biens , qui vient du latin habere. Voyez ce qu'il en dit au même endroit. Les Eipagnols dilent en latin habe- ria , & non pas havcria , comme dans le Nord. AVARIS. 1. m. Terme de Relation. Droit ou taxe qui fe lève dans les Etats du Grand Seigneur, lori'qu'il a be- foin d'hommes dans les armées de terre ou de mer. En ce cas les Moula-Cadis & les Cadis ont charge d'en- voyer à Conftantinople un certain nombre d'hommes, auquel 1 étendue de leur jurididtion eft taxée , ou la fomme de 2 j écus par tête, félon la volonté du Prince. A. D. S. M. C'ell; ce tribut qui s'appelle avaris. AVASAXA. Montagne de Laponie , un peu au Sud du Cercle polaire, près du Confluent du Tenglio & du Torno. J''oye\ le difcoursdeM.de Maupertuis lur la figure de la terre. Cette montagne eft à i j lieues de Torno, fur le bord du Heuve -, l'accès n'en eft pas facile ; On y monte par la forêt, qui conduit juiqu'à environ la moitié de la hauteur : la forêt eft là interrompue par un grands amas de pierres efcarpées & glillantes, après leiquelles on la retrouve, & elle s'étend juique fur le fommet. Le côté du nord eftun précipice affreux de ro- chers , dansleiquels quelques faucons avoient fait leur nid: c'eft au pied de ce précipice que coule le Tenglio. De cette montagre la vue eft très belle : nul objet ne l'arrête vers le midi , & l'on découvre une vafte éten- due du tleuye Torno , du côté de l'cft : elle pourfuit le Tenglio juique dans plufieurs lacs qu'il traverfe. Du côté du nord la vue s'étend à 1 2 ou i ; lieues , où elle eftanêtée par une multitude de montagnes entalTées les unes furies autres, comme on rcpréfentc le cahos. En- AUB tre cette montagne & Cuitapeti , le fleuve Torno eft d'une grande largeur, & forme une efpcce de lac. Mau- PERTUJS. AVASTE. Terme de mer , pour dire , c'eft alTez , arrêtez- vous. Sads ejii refifte ^ fubfifie. C'eft un mot qui vient de l'Italien bafta , c'eft aifez. AVAUGOUR. f i. & nom propre de femme. C'eft ainfi qu'on nomme en divers endroits de Poitou iainte Val- burge. Valfjurgis. Chast. 2j Fév. /^q)'e|^VALEURGE. AVEAU-L'EAU. Sorte de phraie adverbiale dontie fer- vent les Batehcrs , pour dire , luivant le courant de l'eau. Secundàm fiumen. P'oy e-^ A.w aï.. AUB. AUBADE, f f Concert qu'on donne dès le matin vers l'aube du jour, à la porte ou lous les fenêtres de quel- qu'un. Antelucanus ad fores alicujus gratulantium concentus- Les tambours, les haut-bois, vont donner des aubades à leurs Capitaines le jour de l'an , le jour de leur fête. M. le Lèvre dit qu'on appelle ces concerts Aubades^ (juhdfub albam , id efl ^ auroram ^ edijoleant • Scl'é~ tymologie eft vraie. Aubade, i"e dit figurémcnt, à contre-fens, d'une infulte, ou affront qu'on fait à quelqu'un. //2/ i/ri^j contumelia. Quand des Sergens viennent exécuter dansunemaifon, c'eft une étrange aubade pour le maître. Il n'cll reçu que dans le difcours familier. La pauvre Noblejfe d'Anjou Fut une nuit trcujfée en maie Par une troupe Impériale. L'Allemagne a fort étalé Le mérite de cette aubade: Par-tout elle en a fait parade Comme d' uri f accès Jignalé. Ab. Reg. Souventes fois par-devant la maifon De Monfeigneur viennent a grand foi fon Donner aubade à coups de hacquebutes , D'un autre accord qu épinettes ou flûtes. Marot.'^ AUBAGNE. Aubanea & Albinia. Petite ville de France , en Provence , vers la côte de la mer, à trois lieues au levant de Marfeille , à cinq d'Aix. AUBAIN. f. m. Terme de Chancellerie & de Palais. Etranger qui habite dans un pays où il ne s'eft point fait naturalifer. F.ofpes loci, peregrinus , advena. Le Roi prétend fuccéder à tous les Aubains y à l'exclufioii de tou.s les autres Seigneurs. Un Aubain peut diipo- fer de fcs biens par donation entre-vifs , & non par teftament. Les enfans d'un Aubain y nés en France, lui fuccèdent : leur naiffance leur tient lieu de lettres de nlturalité. Nicod dérive ce mot de alibi natus. Cujas le dé- rive de advena ; car les Aubains font ainfi appelés dans les Capitulaires deCharlemagne. Cafcneuve, après M. du Cange , le tire du mot Albanus j nom qu'on a donné aux Ecollois , ou Hibcrnois , qui autrefois avoient cou- tume de voyager dans les pays étrangers, & de s'y ha- bituer. Ils ont été appelés Aubains en France , ce qui s'eft étendu à tous les autres étrangers. M. deLaurière, dans fes notes fur Ragueau , appuie ion ientimcnt de différens paifages d'Auteurs, qui montrent que les An- glois , les Ecoifois , & les Irlandois , étoient autrefois les plus grands voyageurs du monde : il ajoute que l'étymologie AAubain j que quelques uns font venir du mot albinus j formé d'alibi natus j eft un jeu de mots ridicule. Les Aubains ne peuvent polTéder ni charges, ni bé- néfices dans le Royaume, à moins qu'ils n'aient obtenu des lettres de naturalité. Les enfans d'un François ha- bitué, !?(.' marié en pays étranger, ne font point réputés AubainsyloiCqu'ïh reviennent demeurer en France. De Lange. Les biens des Aubains morts lans enfans & fans héritiers , appartiennent au Roi par l'Ordonnance de S. Louis. Se aucun Aubain ou baftard mueit t;\jis AUB hoirs, ou fans lignage , li Roi eft hoir , ou h Sires fous qui il cft, le il nniert el cuer du Chaftcl. Quelques Auteurs écrivent Aubin poiii: Cubain; le plus grand nombre cent Auhain : tk cela fait l'ulage. AUBAINAGE. f. m. Qui s'cft dit pour Aubaine. On a dit aullî AUBANIE , AUBANITÉ & AuBAINETTE. JuS peregrlnorum h^redituces adipifcendi. Les Chanoines de Chàlons ont droit à'aubainage & de fucceilîons de bâtards. D. S. Jul. AUBAINE, f. f. Succcllion d'un étranger qui meurt dans un pays où il n'til: pas naturalifé. Jus fifci, vel domini cui obvcniunt hona peregrinorum. \)n Ambalfadcur non naturalifé mourant en France, n'eft point fujetau droit à' Aubaine. Les Suill'es , les Savoyards , les Ecof- fois, les Portugais, ceux de Cambrai & d'Avignon, ne font point fujet au droit 6' Aubaine j & iont réputés naturels & régnicoles. Bacquet a tait un beau Traite des droits d'Aubaine. Du Frefne , en fon Journal des Audiences, a fiit divers Traités du droit àAubaine j qui font d'une grande inftrudtion pour ceux qui fré- quentent le Barreau. Deroch. Dans les Traités tou- chant les droits du Roi , par M. du Puy , il y en a un à la fin fur le droit A'Aubeine , ( car il écrit toujours ainfi ) dans lequel il examine fi le droit dAubeine a lieu contre les Princes Souverains étrangers ; & fi les parens François peuvent prétendre la part prérendue par leurs parens étrangers , à l'exclufion du Roi ; & il prouve la négative par plulieurs exemples. i'AuBAiNE , en quelques Coutumes, eft appelée Ffpa- vite'j & les Aubains Efpaves. Comme c'eft un droit contraire â l'holpitahté , & à la liberté naturelle , Bou- teillerdans Ion vieux ftyle, l'appelle un droit haineux. Un aigle fur le champ prétendant droit ^'aubaine , Ne fait point appeler un aigle à la huitaine. Boil. On ne connoît pas trop l'origine du droit d' aubaine. Il y a des Auteurs qui prétendent qu'il eft aulh ancien que la Loi Salique; d'autres dilent qu'il eft venu des Lombards, & citent iur cela leur Loi , Z. j? , tit. i j , qui défendoit à l'étranger, quand il n'avoir point d'en - fans légitimes, d'aliéner ies biens fans la permitlîondu Roi. Brodeau fur Lcuet croit que ce droit a été intro- duit en France par les teftamens de Charlemagne, & de Louis le Débonnaire , parce que ces deux Souve- rains , qui partagèrent leur empire entre leurs enfans , les y réfervent aux fucceilîons l'un de l'autre, & ordon- nent que tous les lujets de ces jeunes Princes fe fuccé- deroient aulîî les uns aux autres , comme fi l'Empire n'eût point été diviié. M. de Laurière , après avoir rap- porté ces opinions , dans fes notes Iur Ragueau , dit ion fentiment, qui eft, que le droit ^aubaine tire fon origine de ce qui arriva vers le commencement de la troifième race de nos Rois, lurfque les Seigneurs, après avoir ôté la liberté à leurs fujets, la ravirent aulîi aux épaves & aux aubains , qui vinrent dans leurs terres & leurs juftices; d'où il arrivoit que leurs fucceilîons, quand ils étoient morts fans enf^ins légitimes nés dans le Royaume , apparrenoient aux Seigneurs. Nos Rois dans la fuite jugèrent à propos d'unir à leur Couronne un droit fi conlidérable , ce qui étoit d'autant plus juite, qu'il n'y avoit queux qui pulfcnt accorder des lettres de naturahté. Les preuves de ce fentiment de M. de Laurière , fe tirent d'unCartulaire de Philippe- Auguftc, de l'ancien Coutumier de Champagne, des Ordonnan- ces de Charles VL Aubaine , fignifie figurément , tout droit cafuel, tout avantage inefpéré qui arrive à quelqu'un. Quand il va- que quelques charg'es dans la Juflice de ce Seigneur, ce font de bonnes aubaines pour lui. Quand il vient quel- que f uccefllon collatérale , ou inefpérée , on dit que c'eft une bonne aubaine. Le P. Bouhours, dans le Recueil de vers qu'il a fait imprimer , écrit aubeine j & non pas aubaine , auffi-bicn que M. du Puy , comme nous l'avons obfervé ci-defius. Et que peut faire un tas d'infortunés guerriers j Qui vivant inconnus à l'ombre des lauriers , AUB 6z^ Souffrent j en efpérant quelque ix^t'iwç. future ^ Tous les divers fléaux dont tu fais la peinture. ? AUBAN. f. m. Terme de Coutume. On appelle droit dAuban, un droit qui fe paye ou au Seigneur, ou aux Officiers de Pohce, pour avoirpermiilîun d'ouvrir bou- tique. Il s'entend aulh de la permiilion même. AUBANS. Terme de Marine. Funes nautici. Voy. Haut- bans. AUBARADE. Ancien mot , qui fignifie un lieu planté d'aubiers. AUBE. i. f. Le point du jour, l'aurore, le crépufculc du matin. Diluculum. h' aube commençoit déjaà paroitrc, quand, &t. Il faur partir dès Y aube du jour. Ce mot vient de alba,C[m fignifie blanc 3 parce que l'aube eft proprement cette blancheur qui coiiinvence à paroitre lorfque le Soleil fe lève. Les oi féaux amj>areux :, quand /'aube /è réveille y D'un chant mélodieux chatouillent mon oreille. GoD. Z'Aube bientôt après d'une clef de vermeil 3 Rouvre de l'Orient les portes au Soleil. P.leComte. §3" D ans l'ufage ordinaire ce mot ne va point feul. On dit l'aube du jour. Aube de moulin , eft la petite planche attachée aux ccyaux fur la jante de la roue, qui le fait tourner en faifant ré- flflance au pallage de l'eau qui la pouffe. Le locataire d un moulin cil obligé de 1 cntictcnir d'aubes & de coyaux. Aube. Vêtement de toile blanche qui defcend jufqu'aux pieds, dont fe revêtent les Freties , Diacres, & Sous- diacres, & quelquefois aufîl les Clercs qui fervent à l'Autel. Alba. Ce mot vient auflî du latin alba. Le Curé eft feule- ment revêtu de (on Aube & de fon étole quand il fait l'eau bénite. On appeloit aulh Aube , le vêtement blanc que dans la primitive Eglife on donnoit aux nouveaux baptifés la veille de Pàque , ik. qu'ils dévoient porter huit jours: d'où vient qu'on appeloit la femaine dePâ- que Alba 3 &c le Dimanche qui la terminoit, Dominica in albis. Aube , en termes de Marine, eft l'intervalle de temps de- puis le foupé de l'équipage, jufqu'au temps qu'onprend le premier quart. Aube. Rivière de Bourgogne, en France. Albula. Elle eft près d'Auberive , pafle à '^>dxX\i\.-Aube 3 à Arcis-fui- Aube, à Anglure , en Champagne, & peu après elle entre dans la Seine, à fix lieues de Troies. AUBEINE. f. f. Voye\ Aubaine. AUBENAS. Ville du Vivarais , en France. Albenacum , Albeniacum. Elle eft fur l'Ardefche, entre le Puy llls ne choquent pas même, quelque multipliés qu'ils foient : pour avoir un véritable repos , il faut être bien avec Dieu , avec foi-même , & avec les autres. Vaug. Bouh. Il eft quelquefois ablolu & fans complément. Il m'a pris mon manteau , 6c s'en eft allé a\ ec. Alors il fe dit par redondance, & n'eft que dir ll:yle familier. Cette prépoliticn conjonctive s'emploie aulîî dans le fens de Contre. Il s'eft battu avec un tel. La France éroic en guerre avec l'Empereur. Acad. Fa. On dit proverbialement lapefte (oit du fat, & du fat encore avec. La pefte loit du coquin, & du coquin encore avec ;, Sec. §Cr AVECQUE. Cu/n. Cette prépolltion eft la même qa'avcc. M. de Voltaire , dans Ion Commentaire fur Corn, dit que c'eft avec railon que nous avon^ rejeté avecque de la langue ; ce que étoit inutile & rude. AVEIN, AVEINE, AVENNE. Bourg des Pays-bas Ca- tholiques. Aveinum. Il eft dans le duché de Luxem- bourg, entre les villes de S. Hubert , 5c de Marche en Famine. §CF C'eft laque l'armée de France commandée par les Maréchaux de Châtillon & de Brezé défît celle d'Efpagne commandée par le Prince Thomas de Savoie, en 163 f. AVEINDRE. V. a. J'aveins. J'ai aveint. J'aveignis. J'a- veindrai. Que j'aveigne. Que j'avelgniffe. Tirer quel- <]ue chofe d'un lieu où on l'avoir lerrée. Promere^ de- firomere y proferre. Les Marchands n'aveignent]in\ah cars plus belles étoffes d'abord, ils tout plufieurs mon- tres. Aveindre du linge d'un coffre. Ce mot vient du latin aveo , parce qu'on ne fonge à aveindre que les choies qu'on délire avoir. Quoique ce loit un allez mauvais mot , il y a encore des perfonnes qui s'en fervent , dans le Icns qtr'on lui vient de donner. Mais il ne faut pas lui donner la lignification d'attein- dre, ou d'attraper. Cela eft il haut , que je n'y laurois aveindre, eft mal dit. Il falloit dire , atteindre. Ce mot devioit être relégué dans le peuple. Cail. Aveigne:(- moi mon ouvrage Je vous dis 'e^ ce mor. Avellana nux. On a dit aulîi avellaine • mais ave/me ellfeul ulité aujourd'hui. Ménage dérive ce mot de aveUana, que Serviusdic avoir été fait de Avella , village de Campanie, autour duquel il en croilloit beaucoup. Il y en avoit aulîî beaucoup aux environs d'un autre lieu appelé Abellir- - num; ik c'eft pour cela que Pline dit, qu'on les appela d'abord abellina, & enfuite avellana , d'où s'eft fait le nom d'avelines. AVELINIER, ou comme difent tous nos Auteurs un peu anciens , AVELAINIER. f. m. Avellana arhor. C'eft l'arbre qui porte les avelines. On le nomme plus com- munément Coz/a'rier. Voyez ce mot , & Noisettier. AVELLA. Ville & Marquilat de la terre de Labour , au royaume de Naples. Ahella , Avella. Elle fe trouve vers les confins de la principauté ultérieure , dans l'A- pennin , fur le Clanio , au-delfus de Noie. AVELLANE. Foye\ Font-Avellane. AVELLINO. Ahellinum. Ville de la Principauté ulté- ' rieure, au royaume de Naples , avec un Évêché fuffra- gant de Bénévent. Elle eft fort près de la rivière de Sa- bato , entre Salerne & Bénévent. |CF AVEN. Rivière de l'EcolIe méridionale , dans la province de Lothian. Elle fe rend dans le golfe de Firth. Elle eft fort petite. AVENAGE. f. m. Redevance en avoine qu'on doit à un Seigneur cenfier. Obligatio ad clientelaria avenarum veàigalia. Cette terre a plufieurs droits de champages & d'avenages. AVENANT, ANTE. adj. Qui a bonne gtâce & bon air. Aptus, concinnus. C'eft un homme fort avenant , qui eft bien reçu par-tout. Cette femme eft extrêmement avenante. Il n'eft que du ftyle familier. Avenant, f. m. Vieux mot. Mérite, prix, valeur. Po'éf. du Roi de Nav. Avenant, ou A l'avenant, adj. formé d'un gérondif du verbe avenir. Si accidat, fi contingat. Le cas ave- nant de la vacance , de la mort. Style de contrats & d'aéles publics. Il fignifie aulîi , rapport , convenance. Il dépenfe beaucoup-, mais il gagne à l'avenant , à proportion. ^quâ proportione. Style de converfation bourgeoife. Avenant , en termes de Coutume , eft la légitime Se contingente portion du patrimoine auquel une fille peut fuccéder abintefiat. Légitima patrimonii portio qud ad puellam pertinet. Le plus que \' avenant eft la quatriè- me partie de ladite portion que les père Si mère nobles, avant le mariage de leur fils aîné , peuvent donner en faveur de mariage, ou autre don de noces, à leur fille aînée, ou autre premièrement mariée. Ragueau. On appelle en Normandie, mariage avenant , la portion, & la légitime d'une fille , qui monte d'ordinaire au tiers de la fucccllion paternelle & maternelle pout routes AVE les filles enfemble. Art. 249 de la Coutume de Nor- mandie. AVENAY. .Ville de France. Avenacum, Avemcum. Elle eft en Champagne , près de la Marne , au midi de Reims. AVENCHE. Foye^ Avanche. AVÈNEMENT. 1". m. Venue , arrivée. Adventus. |C?II ne le dit guère que pour délîgner le temps auquel JÉsus- CnrasT a paru lur la terre, & celui où il doit venir j uger les hommes. Premier , fécond avènement du Mel- i)e. Les Juifs lont encore dans l'attente de i'ave'nement glorieux du iVlelîie & de fou règne temporel. Les Chré- tiens attendent le lecond ave'nemeritdc JisvsCHB^isT, quand il viendra juger les vivans & les morts. Les Pro- phètes avoieiit prédit deux avénemens de JÉsus- Christ ; l'un dans l'humilité , & l'autre dans l'éclat. Ni COL. Avènement , fe dit aulîi du temps où les Princes par- viennent à la couronne , de celui où ils prennent pof- fellîon de leurs Etats. Regni , Principatus initia. L'a- véncmem de Tibère a l'Empire fut lignalé parlemeur- rre d'Agrippa. Ablanc. Tous les corps payent un cer- tain droit au Roi pour fon joyeux avènement à la Couronne. Plufieurs Communautés font renouveler leurs privilèges parles Rois, au temps de leur joyeux avènement. Les Evoques exigeoient autrefois des prc- fens à leur joyeux avènement. Le Pape accorde ordi- nairement un Jubilé pour fon avènement au Ponti- ficat. [AVENIR. V. n. Arriver vaut mieux : fe dit de l'événe- ment des chofes \ de ce qui en peut arriver. Evenire , continoere. Je veux poufler cette affaire , quoiqu'il en puifFe avenir. S'il vous avient jamais de retomber en faute , vous en ferez châtié. Il cft avenu tout le con- traire de ce qu on lui avoir prédit. S'il avient que je meure, ce fera d'amour. Gom. Il ne fe conjugue que dans les troifièmes perfonnes. AVENU, UE. part. Quod evenit , contigit. Il faut at- tendre que le cas foit avenu , avant que de faire cette demande. On dit au Palais, il faut regarder cette pro- cédure comme non faite, & non avenue. AVENIR, f. m. Temps futur , qui n'eft pas encore pré- fent. Futurum. Dieu, à qui l'izve/zireff: prélent, voyoit, VUGERON , ONE , f. m. & f. Algienfis. Qui eft à' Auge, en Normandie^ AUGET. f. m. Terme d'Oifelier. Petit vailfeau qu'on attache à la cage des petits oifeaux qu'on nourrit , où on met leur mangeaille. Alveolus. Au CET. Terme de Meunier. C'eft l'extrémité de la tré- mie d'un moulin par où le grain coule & fe diftribue lur les meules. Au G ET. Badin des gouttières de plomb aux grands bâti- mens. AuGET de mine. Terme d'Artillerie. C'eft un petit ca- nal carré, fait avec des planches longues & étroites, où l'on renferme le faucllFon rempli de poudre , afin qu'il ne contraéte aucune humidiré. Il a environ trois pouces de ciiamètre. On oblerve de faire tenir , rant qu'on peut, le milieu de Vaugetk la faucilfe. ^ AUGIAN , ou AUJAN. Ville d'Afie,dans l'Azer- beyan ou Aderbejan,au 4^ climat. Long. 82 d. lat. . 37d. 48'. , . , , AUGITES. f. m. Pierre precieufe , que bien des gens, a ce queditPhne , croient être à peu-près la mêmechofe que la callais. Elle eft d'un vert pâle, & de moindre poids que la topafe. Pline dit que la callais imite le faphir, mais qu'elle eft plus blanche. a'i>>i't«5. 'AUGIVE, ou OGIVE, f. f. Terme d'aichitedure. Arc d'une voûte qui n'eft pas perpendiculaire à la diredion de la voûte , mais en diagonale. On n'en voit de cette forte que dans l'Architeélure Gothique. FrÉzier. Ogive eft feul ufité. 'AUGMENT. f. m. Terme de droit , qui ne fe dit qu'en cette phrafe. Vaugment de dot : c'eft ce que le mari donne à fa femme par fon contrat de mariage en pays . de Droit écrit, & qui lui tient heu de ce qu'on appelle douaire en pays Coutumier. Auclus j ïncremcntum , accretio j accejjio. [AuGMENT , en termes de Grammaire grecque, c'eft l'aug- mentation de quantité par le changement d'une fyllabe brève en longue; c'c^Vaugment temporel: ou de lettre au commencement du verbe en certains temps ; c'eft r^^^/wenrfyllabique. Augmemum temporale ^ ou tem- ■poris : fyllabicum 3 o\xfyllabdi. Vaugment temporel fe fait en changeant une voyelle brève en une longue , ou une diphtongue en une autre plus longue; on l'ap- pelle augment temporel , parce que la durée du remps qu'il faut employer à prononcer la fyllabe, eft plus grande après le changement , qu'auparavant. Vaug- ment fyllabique s'appelle ainfi, parce qu'on le fait en augmentant le nombre des lyllabes au commencement du mot. Ce terme A' augment (yllabique, qui n'eft en ufage que l'Qvfqu'on parle de la langue grecque , pour- AUG <^Î7 roit être applique à la Grammaire des langues Otien taies, où la même chofe arrive. AUGMENTATEUR.f. m. Celui qui augmente. M. Lau- lent-JofTe Le Clerc , dans fa Bibliothèque du Riche- let, au commencement de l'article du i>/ercz^rc- Gi-Iant^ dit qu'après le nombrcalfez grand des particularités lit- téraires qu'il y a puilées, il ne pourroit fans ingiatitude , ni même lans injuftice , foufcrire au jugement que le premier Augmentateur de ce Dictionnaire en a porté au mot Galant. AUGMENTATIF, IVE. adj. Qui augmente. Quod au- gendi vim hahct. Laparricule très , qu'on ajoute aux noms , eft une particule augmentative. fC? Il n'eft guère d'ulage qu'en Grammaire , en parlant des parti- cules ou de cerraines terminaifons qui fervent à aug- menrer le fens des noms bc des verbes. La langue ira- liennea plufieurs terminaifons augmentatives. ^ AUGMENTATION, f. f. Addition d'une chofe à une autre de même nature. Accretio , ampUficatio y incrementum. Le Roi donne des augmentations de ga- ges, quand il fait quelques taxes fur des Offices. On doit rembourfer les augmentations d'une maifon , quand lepolfelfeur en eft évincé. Les fécondes éditions d'un livre contiennent fouvent des augmentations. Augmentations, lont, dans l'art de bâtir, des ouvra- ges faits au-delà du prix dont on eft convenu. On les paye d'ordinaire par eftimation de gens experts. Foyer Addition. ifF AUGMENTER, v. a. Rendre une chofe plus grande ou plus abondante par une addition , faire de façon que ce qu'on y joint fe confonde & ne faife avec elle qu'une (eule & même chofe ; ou que du moins le tout enfemble ne foit confidéré après la jondion que îbus une idée identique. Augere, ampliftcare. On augmente une mailon. On augmente la ^ofe. On augmente fa fortune , Ion train , fon équipage , fa dépenfe , &c. C3C? Ménage dérive ce mot à'augmentare , qui fe trouve dans plufieurs Auteurs , & qui fignifie la même chofe. Il eft neutre aulfi : il augmente tous les jours en bien, en crédit , en force. Nos défirs augmentent toujours , tandis que nos forces diminuent. Sa folie , fa fureur augmente. La rivière croît, augmente k vue d'œil. Le chaud augmente. Les défauts de l'efprit augmentent en vieilliffanr, comme ceux du vifage. Roche F. Augmenter, fe dit aufii fort fouvent avec le pronom perfonnel,& lignifie , croître, acquérir de nouvelles {oices. Crefcere j invalefcere^ incr-efcere. La conragion s'augmente tous les jours. La maladie s'éroit augmen- tée. Le vent s'augmente beaucoup. Le combat s'aug- m en tan t. §3" Augmenter, ajouter, dans une fignification fyno- nyme. Les différences de ces deux verbes fonr mar- quées par leur définition. On ajoute une chofe à une autre. On augmente la même. Bien des gens ne font pas fcrupule pour augmenter leur bien , d'y ajouter celui d'autrui. Ajouter cH Toujours adif. Augmenter y comme on vient de le voir , eft adif & neutre. Notre ambition augmente avec notre fortune. Nous ne fem- mes pas plutôt revêtus d'une dignité, que nous penfons à y en ajouter une autre. §3° Augmenter, agrandir j, confidérés dans une fignifi- carion lynonyme. On le iert d'augmenter^ lorfqu'il s'a- git de nombre, d'élévation, ou d'abondance; & d'a- grandir j lorfqu'il eft queftion d'étendue. On agran- dit une cour , une ville, un jardin. On augmente le nombre des citoyens , la dépenle , les revenus. IJS" Le premier regarde particulièrement la quantité vafte & Ipacieufe : le fécond a plus de rapport à la quan- tité grollc & multipliée. On agrandit fa maifon , quand on lui donne plus d'étendue par la jondion de quel- ques bâtimens fur les côtés : mais on dit qu'on l'aug- mente d'un étage ou de plufieurs chambres. En agran- dijfant fon rerrain, on augmente fon bien. §C? Toutes les chofes de ce monde fe font aux dépens les unes des autres. Le riche n'agrandit fon domaine qu'en relferiant celui du pauvre ; le'pouvoir n'augmente jamais que parla diminution de la liberté; & je cioi- rois prefque que la naturcn'a fait les gens d'efprit qu'aus dépens des fotSj ^38 AUG l^ Les Princes sagrandijfent en reculant les bornes de leurs états, tk croient pat-la augmenter \t\xï puit- fance: mais ils le trompent quelquefois en cela , car cet agrand'LJj'irnent ne produit qu'une augmentution de fouis, & louvent même eft la première eau le de la décadence d une monarchie. Augmenter, cro/rré ^ dans une fignification fynony- me. Les choies croijjent par la nourriture qu'elles pren- nent. Elles augmentent par l'addition qui s'y fait de choie de la mcme elpèce. Les blés croijfent : la ré- colte augmente. Mieux on cultive un terrain, plus les arbres y croijjent , & plus les revenus augmentent. §Cr Croître , ne lîgnihe précilément que l'agrandilfe- ment de la choie indépendamment de ce qui le pro- duit. Augmenter fait lentir qu'il eft caufé par une nou- velle quantité quiy (urvient. Dire que la rivière croît ^ c'eft dire uniquement qu'elle devient plus haute, fans exprimer qu'elle le devient par l'arrivée d'une nou- velle quantité d'eau. Dire qu'elle augmente , c'eft dire qu'il y arrive une nouvelle quantité d'eau qui la fait hauirer. Et quoiqu'il y ait des occalîons ou cette dé- licatclle de choix n'elt de nulle importance , comme dans ce derniet exemple, il en eft d'autres où il eft à propos, même nccellaire d'avoir égard à l'idée parti- culière , & de faire un choix entre ces deux termes , félon la force du fcns qu'on veut donner à Ion dif- cours. Il eft aifé de voir que l'un de ces mots a des pla- ces qui ne conviennent point à l'autre. Nefent-on pas, du moins par un goût naturel , fi ce n'cft par réflexion , qu'il eft mieux de dire , l'ambition croit a melure que les biens augmentent ^ que de dire , l'ambition augmen- te à mefure que les biens croijfent , d'après l'idée pro- Jjrc que l'on vient d'expoferî Car enfin les biens con- îiftant dans plufieurs différentes choies qui fe réunif- fent dans la poflelfion d'une feule perfonne, le mot augmenter qui marque l'addition d'une nouvelle quan- rité , leur convient mieux que celui de croître j qui ne maïque précifémenr que l'agrandiflement d'une choie unique, fait par la nourriture, ou par une ef- pèce de nourriture. Par la même railbn , le mot croî- tre figure mieux en cet endroit avec l'ambition, puif- qu'elle eft une leule pallîon, à qui les biens de la fortune femblent fervir d'alimens, pour la foutenir & la taire agir avec plus de force & plus d'ardeur. Les chofes matérielles croijfent par une addition in- térieure & mécanique , qui fait l'ellence de la nour- riture propre & réelle. Elles augmentent par la fimple addition extérieure d'une nouvelle quantité de même matière. Les choies fpirituelles croijfent par une cf- pèce de nourriture prile dans un fens figuré : elles aug- mentent ^ par l'addition des degrés jufqu'où elles font pottées. L'œuf ne commence à croître dans l'ovaire , que lorfque la fécondité l'a rendu propre à prendre de la nourriture ■■, & il n'en lort que lorfque fon volume eft alTcz augmenté pour caufer de l'altération dans la membrane qui l'y enferme. Notre orgueil croît à mefure que nous nous élevons -, & il augmente quelquefois jufqu'à nous rendre hailVables à tout le monde. AUGMENTÉ, ÉE. part. Auclus , adauclus , amplifi- catus. AUGON. Augonlus mons. Le mont Augon eft une par- tie de l'Apennin , fituée dans le Pavefan. UAngïnus des anciens eft ou le mont Augon , ou le Monte Co- doro, qui eft à la fource de la Trébia. Ce? AUGSBOURG. Voye-^ Ausbourg. AUGST. Anciennement Augufta Rauracorum. Ville con- fidérable & épifcopale. Aujourd'hui ce n'eft qu'un vil- lage de Suilfe, fitué fur une colline, près du Rhin, dans le canton de Bâle, qui a profité de fcs dé- pouilles. AuGST, eft encore un village du Vimeu, en Picardie, au nord de la ville d'Eu. Augufta. Ce nom s'eft formé du latin Augufta. AUGURAL, ALE. adj. Ce qui appartient, ce qui a rap- port à X augure. Auguralïs. La fcience augurale eft l'art des augures. Le bâton augurai ^ étoit un bâton de cé- rémonie qiie les augures portoient pour marque de leur qualité. Robe augurale. AUGURE, f, m. Divination qu'on fait par l'obfervation AUG du vol , du chant, & l'appétit des oifeaux, avec cer- taines cérémonies. Augunum^ aufpïcium. L'obferva- tion des augures eft tort ancienne. La coupe qui fut mile dans le lac de Benjamin, en Egypte, étoit celle dont Joleph fe lervoit pour les augures. Voyez Aldro- vandus de Bologne, qui a expliqué allez amplement la manière dont le prenoient les augures ^à^^s les Pro- légomènes de Ion Ornithologie. Vairon diftingue qua- tre efpèces générales à' augures j ielon les quatre élé- mens. La Pyromantie , ou augure par le feu ; l'Aëro- mantie, ou augure par l'air ; l'Hydromantie , ou au- gure par l'eau ; & la Géomantie, on augure par la terre. Les efpèces particuhères font l'Aledoromantie , l' Anthropomantie , la Belomantie ,1a Catopthromantic , la Gapnomantie , la Gaftromantie , la Géomantie , i'Ha- rufpicine, la Libanomantie, la Lécanomantie , la Né- cromontie, la Pyrolcopie, qu'on nomme aulîi Pyro- mantie. Voyez ces mots chacun en Ion lieu. Rien ne paroît plus indigne de la gravité des Romains , que leurs augures. Les délibérations du Sénat, ou des Gé- néraux, étoient dépendantes de l'appétit ou du dégoût d'un poulet. S. EvR. La fcience des augures eft plus ancienne que Ro- me , puifque la fondation fut précédée d'un augure. Les Latins conviennent qu'elle lui étoit venue des ha- bitans de la Tofcanc , chez lefquels dans les commen- cemens ils avoient foin d'entretenir fix jeunes Patri- ciens, comme dans une efpèce d'Académie, pour en apprendre de bonne heure les fecrets & les principes. Les Tofcans en attribuoicnt l'invention à un certain Tagès, efpèce de Demi-Dieu, qu'un Laboureur avoiç trouvé endormi fous une motte de terre , & qu'il avoic déterré avec le loc de la charrue. Suidas en fait hon- neur à Télégonus, Paulaniasà Parnafus fils de Nep- tune , qui vivoit avant le déluge. Les lavans font des- cendre cette fcience fuccellivement des Curiens , des Cihciens , des Pifidiens , des Egyptiens , des Chal- déens & des Phéniciens-, & ils remarquent que ces peu- ples de tout temps felont diftingués des autres parleur attention, à l'elpèce de volatile qui abondoit d'une façon particulière dans leur pays. Deforte que leur commerce fréquent avec ces animaux, & le foin qu'ils prenoient de leur éducation, faifant leur occupation la plus ordinaire, ils s'imaginoient entendre mieux que les autres ce que fignifioient leurs cris , leurs mouve- mens, leurs poftures & leurs différens ramages -, & c'eft ce qui donna lieu à la fuperftition parmi ces peuples. Ceux qui prétendent trouver l'origine de toutes cho- fer dans l'écriture , rapportent celle-ci au premier hom- me, qui connoilFoit à fond toutes les créatures -, ils ajoutent que de père en fils elle pafla à Noé , qui ne lâcha le corbeau & le pigeon , que fuivant les princi- pes de l'Ornithomantie , de Noé à Cham, &deChani au fameux Tagès, qu'ils font fon arrière-petit-fils, & qu'ils appellent Maloth, par le canal duquel cette mcr- veilleufe fcience pafla en Europe. Les Aureurs de ces rê- veries n'héfitent pas non plus à mettre cette perfeélion au nombre de celles de Salomon. Ce font des ima- ginations de Rabljins. Si nous voulons les en croire, nous trouverons dans l'écriture toutes les patries de cette fcience. Le tripudium des poulets dans ce paflagc de Job , XXX FUI j 3S- Q"" jÇ^^/Zo dédit inteUïgen- tiam ? Les oftcines, c'eft-à-dire , les oifeaux qui inf- truifoient par leur chant, dans celui de l'Eccléfiafte, Xj 2 6. Avis calï proferet vocem ; & ceux qu'ils ap* peloient Pri'., ajoute par forme d'explication, c'cft- à-dire, le fecret de com- prendre ce que defignoit un ierpent , ou une belette lut le coit. Aullî dans cette Icience, les lerpcns avaient autant & plus de confidcration que les oiicaux. On éroit même pciruadé que les premiers Auteurs de cette fcience, la tenoient des lerpens qui leur ayoient léché ies oreilles; & qu'un homme à qui un ierpent avoit léché cette partie de la tête, recevoir par la la fcience infufe des augures. C'eft ce que rapportent le Scoliafte d'Euripide des enfans de Priam , Hélénus & Callan- dre. In Hecuh. ad verf. Sy. Celui d'Apollonius de Rhodes , in Argcnaut. LU: I , v. r , Ik Apollodore , Bibitotn. Lih. /j p. 47. Philoilrate , dans la vie d'A- pollonius, alFure que les Indiens acquéroientla même intelligence en mangeant le cœur ou le foie de cer- tains dragons ; & Eufébe femble autorifer cette tradi- tion dans fon Traité contre Hiéroclès, Il elt alfez difficile de favoir fur quoi étoit fondée cette prévention des Anciens en hiveur des oileaux. Ils ne le fivoienr pas eux-mêmes. C'étoient, diloient-ils, ou un inftinét particulier qui leur avoit été accordé par TAuteur de la Nature, ou cela venoit de la mé- tempfycole : les oifeaux étoient des hommes méta- morphofés : ou bien c'eft que leur éloignement de la terre, l'innocence de leur vie, la pureté de l'air qu'ils refpirent, leur proximité du ciel, rendoient leurs Icn- fations plus (ubtiles, &les mettoient en état de péné- trer plus ailémcnt que nous dans lesévéncmcns futurs. Les plus raifonnables convenoient de bonne foi que ces prétendus Prophètes, prophétiloient fans le favoir, & fans y entendre finelfe. r"oye^Sx.:icç., Théh. L. III , V» S 2. D'autres prétendoient que quoi -.ue les oileaux n'y entendident rien , cependant ils ne laiiroient pas de pronoftiquer les chofes futures , parce que Dieu con- duifoit leurs moiivemcns , & qu'il le faifoit d'une ma- nière fi fùre , que les hommes qui les étudioient avec attention, en tiroicnt des inductions infaillibles. Mais Cicéron, tout augure qu'il étoit lui même, fe moque de cette fuperftition dans fon Livre II de la Divination , & s'étonne que deux augures ipM\ffcnt s'entre-regarder fans éclater de rire. M. Morin, dans les Mémoires de l'Académie des Belles-Lettres, rapporte l'origine de la (uperftition des augures à deux caufes. i". A l'ufage de le déterminer dans les affaires hafardeufes & ambigu'cs par le fuit. Chacun fe le ccmpofoit a fa manière. Les perlonnes vives, biufquement de là première chofe qui fe pré- fentoit, dune paille, ou dun coup de dés, afin de fe déhvrci plutôt de l'incertitude. Les perfonnes gra- ves y apportoient plus de façons Se plus de cérémo- nies. Ils commcnçoicnt par expofer l'affaire en qucl- tion aux Dieux. Ils les fupplioient de vouloir bien leur faire conno'itre le parti qu'ils dévoient prendre; & com- me fi les Dieu-c n euircnt pas pu trouver le moyen de leur exphqucr leur volonté, ils le donnoicnt la liberté de leur prefcrire certains fignaux qu'ils imaginoicnt eux-mêmes, & auxquels ils attachoient des prélages bons ou mauvais a leurdilcrétion. Ce qui compoloit une efpèce de chiftre entre Dieu & les hommes, dont il n'y avoir que lecontultant qui eût la clef, & dont les oifeaux ou les animaux du pays lailoient ordinai- rement les caraclèrcs. z°. La deuxième caule eft tirée du fein de la nature. Les oileaux ont reçu du Créarcur des organes très délicats, qui leur font prelfentir les changemens de l'air dès les premières approches ; pref- fentimcnt qu'ils donnent à connoître dans lesoccafions, ou par leur voix, ou par leur vol, ou par leurs diffé- rentes contenances, fuivant les obfervations uniformes de tous les Naturaliftes anciens îk modernes. Cela iup- pofé, il eft aifé de comprendre comment les Anciens dans leur première fimplicité , quand certaine température de l'air étoit importanre pour leurs travaux, étudioient avec attention les poftures des animaux, comme nous faifons aujourd'hui nos baromètres, afin de faire ufage du temps préfent , & de fe précautionner contre le futur. Ceux qui s'appliquoient d'une manière par- AtJG éj^ ticulicrek cette e'tude ,& qui s'e'toîent fait une réputa- tion dans ce genre de prophétie, fe voyant confukcs de tous côtés , entrepnrent d en étendre les bornes par ■ un principe de charlatanene ; c'eft le fentiment de "V'arron. On a depuis étendu cette fignificarion, non-feulè- ment à tous les préfagcs, à tous les lignes par lefquels on juge de 1 avenir ; mais à tous les jugcmens qu'on fait de l'avenir. C'cil: une folie de tirer un bon ou mau- vais aupirc des choies qu'on rencontre en fortant dé fa maifon. Vous me donnez de bons augures de ma fortune. Voit. On appelle un oifeau de mauvais augure ^ un hl^ •hou j une crjraie _, Sic, Là fur de vieux cyprès dépouillés de verdure 3 Nichent tous les oifeaux de malheureux auguré, Cer'. Il fe dit aufiî figurément, d'un homme odieux, où qui apporre une mauvaile nouvelle, ou dont l'arrivée n'annonce que rien de tunefte. Augure, chez les Romains, étoit un officier employé à l'obfervation du vol, du chant & du manger des oi- leaux. Auçur. Cicéron étoit du collège des augures » qui tut d'abofd compofé de trois , puis de quatre. Se enfin de wcwi augures : quatre Patriciens, & cinq Plé- béiens. Le mol A'augure en ce fens, s'étend & s'appli- que à tous ceux qui conjecturent bien fur quelque choie que ce loir, &: qui prévoient ce qui doit arriver* Celui qui conjecture bien , eft un bon augure. Aelancs L'Empereur Conftance défendit de confulterles augu- res , comme des impcfteurs. S. EvR. La dignité d'rta- gure ne le perdoit que par la mort. Tillem. Ce mot à' augure eft compoié du mot avis , & dé garritus. Les augures prcnoient garde au gazouille- ment des oifeaux. Le P. Pezron étoit fort embarrairé d'où venoit cette dernière iyilabe gur , ainfi il l'alloit chercher en Gaule. Augur , dit-il, vient du celtique au 3 qui lignifie le foie ^ & de^tT, ou ç^r j qui veut dire un homme. Ainii augur eft: proprement , & mot pour mot, homme de foie y c'eft-à-dire , confultant le foie & devinant par le foie. î'fT Ce ieroit ccnfondrc \ augure avec larufpicc, deux efpèces de divination très-diftinguées. D'autres prétendent qu'il vient de l'a- rabe ogor y qui lignifie bonheur. Feftus le dérive ex avium geflu , delà contenance des oileaux. Llo\d croit que ce mot vient ô!avicurus ; que l'on a dit pour fi- ■ gnifier un homme qui a loin d élever & d'obierver les oileaux, comme on appcloit viocurus , un homme qui avoit foin des chemins: enluite changeant le c ci^ , d'avicurus on a fait ai/.vur & augurium. M. Morin « dans les IVÎémoires de 1 Académie des Eelles- Lettres, T.I y p. 2p2) prétend qu'on peut encore le faire venir de l'Allemand, jtug &c ur , qui doivent fignifier dans cette langue ur.e vue fort fubtile, telle que le de- voit être celle des gens de cette profelîîon. AUGURER, v. a. Tirer une augure, une conjecture, uii préiage. Àugurari. Quand l'éducation d'un Prince eft mauvaife , on n'en doit augurer nen de bon. Il augura leur futuic grandeur par leur modeftie. Ablanc. J'au- gure bien de cela. AUGURÉ , ÉE. part, il n'eft guère en ulage. AUGUSTALE. f. m. Auguftalis. On a donné ce non! chez les Romains; 1°. à ceux qui conduifoienr les pre- miers rangs dans l'armée , comme le témoigne 'Végcce Rei milit. L. 2 j, C. 7. i°. A des Magiftrats dans les villes. Il en eft parlé , L. Çuinque Summates Cod. de Decur. Et Alciat l'interprète ainfi. 3°* Tous les offi- ciers du palais de l'Empereur ont porté ce nom. 4°. Le gouverneur d'Egypte en particulier fut appelé Augvf- tûlcj ou préfet Auguftale ^ parce que ce fur Augufté qui érabht cette cnarge après la défaite d'Antoine & de Cléopatre. Il réfidoità Alexandrie, & il en eftîuti- vent parlé dans Socrate, dans Sozomène, & dans d'au- tres Hiftoriens. IJCr AUGUSTAUX. f. m. pî. Auguflalesi oU Sodaleg Au^uflahs. Société de Prêtics inftitués en l'honneuf d' Augufte , après que les Romains l'eUrenî mis au fiofi** 64^ AUG bre des Dieux. Ce fut l'Empereur Tibère qui inftitua ce coilcge qu'il nomma Augujlalcs pour oftnr des ia- criiiccs a Au^ufle dans le temple qu il lui bàtic , & af- figua des fondj pour la fubliliance de ces Prêtres \ ce qui ne le pratiqua pas iculemeiit à Rome , mais aulîî dans les provinces des Gaules. Pluiieurs villes en avoient lix , d'où ils furent nommés liiilIV'IRI Scvïri Auguf- tales. Lyon étoit du nombre de ces villes, comme le P. Méneftiierramonriédanslon Hiji. dcLyon^p. jy , par pluiieurs anciennes intcriptions. 50° On inftitua dans la fuite des communautés de Prê- tres en 1 honneur des Empereurs qu'on déiiioit après leur mort, & on les appela ^ao^^yZ^j/ej, d'un nom gé- néral , ou du nom de TEmpereur au fervice duquel ils étoient conficrés. Les nouveaux Empereurs le mettoient eux-mêmes du nombre des frères Augujîaux , iuivant en cela l'exemple de Tibère. AUGUSTALES.f. f. pi. ouadjedifprisfubftantivemcnt. Aucufidlla. 3 luil û£^<;r2^a/ej. Fcteinflituée pour l'Em- pereur >^ugufte. Après qu'il eut terminé toutes les guer- res, & réglé toutes les aftaires de Sicile, de Grèce, d'Alîe , de Syrie «^ des Parthes , il fut ordonné que le jour qu'il rentra dans Rome, ieroit une kte, & qu'on \z.'f'gt\z\.6ix. Au?ujlales. On appela auili de ce nom des jeux qui fe cékbroicnt en l'honneur du même Prince , le 4^ des Ides d'Oâicbre, c'eft-a-dire, le ii*"' du mois. C'eft Tacire , Z. I y C. ijj & Dion, L. s 4 ù fô , qui nous l'apprennent. On peut voir encore JeanRcii- nus, Antïq. Rom. L. IV , c. 1 4 ^ & L. V , c. 20. Je ne conçois pas pourquoi l'Auteur d'un nouveau Dic- tionnaire appelle cette fête Auguftine ; car les Auteurs que j'ai cités, difent toujours Augujlalcs & Auguftalia. 'AUGUSTBERG. Ville de la Haute-Saxe , bâtie dans le XVP fiècle par l'Electeur Augufte, qui lui a donné (on nom. Augufiùherga. Elle eft dans la Milnie , au voili- nage de la Bohème, iur la rivière de Schap. AUGUSTE, adj. de t. g. Majeftueux , vénérable, facré. Augufius. Céfar Augufle fut le fécond des Empereurs Romains. On le connoît & on le diftingue des autres ■ par ce nom, quoiqu'ils l'aient porté. On diloit A'Au- gufle après la mort, qu'il auroit étéà fouhaiterqu'ilne fût jamais venu au monde, ou qu'il n'en fût jamais forti. Ce titre d'honneur lui fut déféré après quil eut été confirmé par le fénat dans la puilfance ablclue. Ce terme emportoit quelque choie de facré & de di- vin qui l'élevoitau-dellusdu refte des hommes. Ses lue- ceifeuis prirent la qualité èïAuguficiz\-\Vo\.x.s. que Empe- reur &: Aucujlc c'étoit la même choie : ces deux mots étoient fynonymes. Celui qui étoit deftinéà luccéder, & 1 héritier préfomptif de rempire,étoitcréé Céjar:cc- toit un degré pour \p3.'c\Qm.\:a.çtï.sAugu(le,ou Empereur. Le P. Pagi foutientle contraire, &qu'il falloir être y^:^- gujle avanr que d'être déclaré Céfar. M. Flcchier a rap- porté que l'Empereur Valentinien I, fit proclamer Va- lens foi (ïeïc Augufle j fans l'avoir auparavant déclaré Céfar; ce qui nes'étoitpas encore pratiqué. Marc-Au- rele ayant fuccédé à Antonin , créa aulB-tôt L. Veius Céfar Se Augujle. On vit alors, pour la première fois, deux Augufles en même temps ; c'eft pourquoi on marqua cette année - là ( 1 6 1 ) dans les faftes , par le Coniulat des àeuK Augufles. C'étoit un fpedaclebien furprenant pour la ville de Rome, de fe voir gouvernée par deux Souverains , après avoir vu verfer tant de (ang pour le choix d'un feul maître. Les Princelfes reçurent la qualité A' Augujle dès le haut Empire, & même celles qui ne furent^ jamais femmes d'Empereurs. On le trouve quelquefois em- ployé pour Reine. Ainfi Heiric, ou Henri, dans leL. L des miracles de S. Germain , appelle indifféremment Chrotechilde, femme de Clovis , ou Bdne , ou Au- gujle. Voyer, Lymn^us dans fon 11^ Livre du Droit public de l'Empire. Théodebert, Roi de France , a le titre, è.'Au£ufe fur fesmonnoies. Le Blanc. Childebert & Clocaire, fon frère , prennent aulîi le titre (M Augujle fur les monnoies. Roricon, en parlant de l'Ambalfade que l'Empereur Anaftafe envoya à Clovis, dit que cet Empereur or- donna à les AmbalTadcurs de traiter Clovis non-feule- mcnt de Roi, ou de Conlul, mais même 6! Augujle. AUG Grégoire de Tours ajoute que depuis ce jour-là il prit les titres de Conful : lui Luftcr cinq ou (ix boutons i autrement il creveroit. Il (e trouve à Lille & à Paris. Morin. Cuit, des Jl. AUGUSTIN. 1; m. Augufiinus. Nom d'homme. S.Au- guflin y Evêque d'Hippone , mourut en 450, le 28 Août, dans fa 76^ année commencée. On a fait dans notre langue quelques applications du ncmdeccFerc, quel'utagea approuvées. On appelle quelquefois Jai- fénius , Evêque ài!\x.z% ,X Augùjtïn d'Ipres. Ses Scd:.i- teurs le difent, pour le comparera S. Augujiin , dont ils prétendent qu'il a développé le fyftème. Les Catho- liques le dilent pour l'oppofer au mime S. Evêque d'Hippone , donr Janlénius a corrompu la doélrine. LAugiJiin de Janfénius, eft l'Cuvrage de Janfénius, Evêque d'Ipres , intitulé , Cornelii Jarfenii Epijccpi Iprenjis Augujlinus y divilé en trois Tomes , donc le premier comprend un Traité de l'héréfîe Félagicnne , en huit Livres ; le 11^ un Traité de la raifon &: de l'au- torité dans les chofes Théclogiques ; un autre de la nature innocente; un troificme de la nature tombée par le péché, en quatre Livres-, un quatrième de l'état de pure nature, en trois Livres : le IIP comprend un Tiaitédelagrâcede JEsus-CHRisTSauvsur,endix Li- vres i ï AUG vres; $c un parallèle de l'eneur des Maifeiîlois , avec la dodliine de quelques Modernes. C'eft de ces diffe- lens Tiairés qu'ont été tirées les cinq fameutes Propoh- lions condamnées par Innocent X, le 51 Mai 16^3. Urbain VIII trouva deux raifons prenantes de con- damner X'AuguJlin de Janlénius; l'une, qu'il y loute- noit les erreurs de Baïus, condamnées par Pie V, & par Grégoire XIII ; l'autre, qu'il choquoit directement l'autorité du S. Siège , Paul V ayant exprellément dé- fendu qu'on n'imprimât rien (ur ces matières, & Ur- bain lui-même ayant renouvelé & confirmé ce Décret en 162J. Sa Bulle eft du 4 de Mars 1641. Recueil HiST. DES Bulles, &c. En 16/4, on vit paroitre un Décret du ij Avril, où {'Atigujlin de Janlénius fut condamné tout de nouveau , avec plus de quarante autres livres, où fa docl:rine étoit foutenue. Ibid. Augustin, f m. Religieux qui fuit la Règle de S. Au- guftin. AuguJUnianus, Il y a plulîeurs Congrégations différentes à'Augufiins 3 qui le diftinguent par diffé- rens noms. Les Augujlïns de la Congrégation des Brit- tiniens, dont nous patlerons à la lettre B. Les Hermi- tes de S. Augujlin , Congrégation qui a commencé parla réunion qu'Alexandre IV fit de plufieurs Heimi- res , qui fe diloient de l'Ordre de S. Augujlin. Ce Pon- tife travailla à cette réunion dès la première année de fon pontificat, l'an 1154, & ils le raifcmblèrent deux ans après en i z j6. Les Guillelmites ne voulurent point entrer dans cette union, & le Pape y confentit par une Bulle donnée à Anagnie la même année. Les Confti- tutions de cet Ordre furent examinées & confirmées dans le Chapitre général de Florence en 1287, & dans celui de Ratisbone en 1 291 ; on y fit quelques change- mens en 1/75 , dans un Chapitre tenu à Rome; & en 15S0, on en fit de nouvelles qui furent approuvées par Grégoire XIII. L'an 1507^ Pie V mit les Hermi- • tes de S. Augujlin 3 au nombre des Ordres Mendians. Leur habillement conhfte en une robe & un fcapulaire blanc, quand ils lont dans la Maifon. Au Chœur, & quand ils fortent, ils mettent une efpèce de coule noi- re par-dclîus, & un grand capuce noir, rond par-de- vanr, & fe terminant en pointe par-derrière, où il def- cend jufqu'à la ceinture qui elt de cuir noir. P. HÉl yot, T. 111 , p. 1 2 & fuiv. Les Hermites de S. Augustin de la Congrégation de Leceto , ou plutôt Ilicéto. C'ell une réforme étabhe par les ioins du P. Ptolémée de Venile , vers l'an 1 5 8 y, & dont le Couvent d'Iliceto fut le premier & le chef. Les AuGUSTiNS de la Congrégation de Carbonnièrc. Elle fut formée dans le royaume de Naples , vers le mê- me temps par les Pères Simon de Crémone , & Chrétien Franco, & commença au Couvent de Saint Jean de Carbonnière dans Naples. Elle cft gouvernée par un Vicaire général, & comprend à prélcnt quatorze Cou- vcns. La Congrégation de Lombardie comprend 86C0U- vens. Les Auteurs de cette réforme furent les Pères Jean- Roc Porzii de Pavie , Jean de Navara, & Grégoire de Crémone. Elle commença en 1418. Les AuGusTiNs de la Congrégation de Monte Orto- no, formée vers 1450, proche de Vcnife, par Simon de Camérino , n'ont jamais eu plus de cinq Monaflères , qui aujourd'hui lont réduits à deux. Le P. Jean Alarcon fonda en Elpagne, l'an 1450 , les Augujf-ins de la Congrégation délia Claujlra , titre qu'elle ne porta que julqu'en igo; , parce qu'elle s'in- troduifit dans tous les Couvens de Caftille. L'an 1470 , ou 1475, Baptifte Poggi donna com- mencement a la Congrégation des Auguftins de No- tre-Dame de Confolation. Les AuGusTiNS de la Congrégation de l'Apcuillc font de 1491 , & ceux de la Congrégation de Saxe j de 1401. C'efi: dans cette Congrégation qu'entra Lu- ther, où il eut pour ami , avant Ion apoftafie, le géné- ral Saupitius, & pour Maître , Barthélemi d'Ufinghem, qui tous deux l'abandonnèrent après qu'il eur com- mencé à publier fes erreurs. Cet Héréfiarque corrom- pit prefquc toute cette Congrégation, & elle ne fub- fifta pas long-temps. Les AuGusTiNs de la Congrégation de Calabre. Tome /. AUG 6^ï Elle fut établie en ipj , par le P. François deZam- pana, & enfuite divifée en deux , l'une , de la Calabre ultérieure, & l'autre , de la Calabre Citeriture. Les AuGUSTiNS de la Congrégation de Dalmatie, commencée en 151 1 , n'ont que lixCcuvens. Les AuGusTiNS Colorites, ou de la Congrégation des Colorites , durent leur origine en ijjo, dans la Calabre Citérieure , à un faint Prêtre, ncmmé Ber- nard de Roglianoy & fe foumirent en i6co,alubéil- lance de tout l'Ordre Az% Hermites de S. Augufiïn. Cette Congrégation a pris fon nom d'une petite mon- tagne nommée Colorito , lîtuée près du village de Mo rano, au Diocètc de Callano, au royaume de Naples, dans la Calabre Citérieure. Les AuGUSTiNS de la Congrégation de Cantorbi, ou Réformés de Sicile , ont eu pour Fondateur le P. André de Guafto, ficihen, qui obtint du Pape en 1579, les permillîons nécelfaires à cet etfet. Elle fut appelée de Cantorbi , parce qu'il étabht ion prcmiec Monaftère fur une montagne de ce nom ; mais on appelle communément ces Religieux, les Augujlins Réformés de Sicile. AuGusTiNs Déchaujfés. C'eft une réforme fondée par le P. Thomas Jéfus , de lilluftrc maifon d'Andra- da, dont une branche s'établit en Portugal, l'an 1502. C'eft de cette branche que ce Père naquit à Lisbonne en IJ20. La réforme qu'il avoir commencée, ne fe confomma qu'en 1588, après fa mort arrivée le 17* d'Avril IJ32. En 1596 : cette réforme fut appoitée en France par les Pères François Amer & Matthieu de Sainte Françoife, & fut introduite d'abord par l'Ar- chevêque d'Embrun, Guillaume d'Avanfon , Prieur Commandataire de Saint Marrin de Méferé , qui vou- lant rétablir l'obfervance régulière dans le Prieuré de Villar-Benoît , ruiné par les Hérétiques , obtint un Bref de Clément VIII, pour y mettre des Auguflins Déchaulfés. A la recommandation de ce Pape , Henri IV leur donna des Lettres-Patentes. Louis XIII les con- firma, & elles furent enregiftrées au Parlement en 16 1 9. Louis XIII fe déclara Fondateur du Couvent de Paris, & lui donna le nom de Notre-Dame de la Victoire, en mémoire de la prife de la Rochelle lut les Héré- tiques. On les appelle à Paris Augujlins Déchavjjés , Petits Pères, Capucins noirs. Capucins d'Ebène. Les AucusTiNS de la réforme de Bourges, font une Congrégation établie par le zèle des Pères Etienne Rabâche & Roger Girard, qui vers l'an i /93 , réfo- lurcnt de vivre conformément aux anciennes Confti- tutions. Le Couvent de Bourges fut le premier où ils menerenr certe vie nouvelle , tk de-la cette Congré- gation fut appelée la Communauté de Bourges; elle a aulîî eu le nom de Province de Saint Guillaume. On les appelle à Paris les Petits Auguftins , ou les Augujlins de la Reine Marguerite , parce que leur Couvent a été fondé par Marguerite de Valois , pre- mière femme de Henri IV. Cette réforme fe dilîingue parunhabir plus étroit que celui des Grands ^«^ji/r/wj. Il y a auili des Chanoines Réguliers de S. Augujlin, qui font vêtus de blanc, avec des rochers de toile. Se qui n'ont que la chappe noire. Ils font connus à Paris lous le nom de Religieux de Sainte Geneviève , à caufe que cette Abbaye eft le chef de leut Réforme. En Imprimerie, en appelle S. Augujlin , le carac- tère qui eft entre le gros Romain, & leCicero. Le Saint Auguflin eft aulfi une efpèce de poire , qui fe mange au mois de Novembre. La Quint. Il y en a quilonr peu groileSj Ik qui ont la chair dure &c sè- che. D'aurres font fort belles & très-bonnes : elles font à peu près de lagrolfeur & figure d'un virgoulé. L'œil eft médiocremcnr grand & paifablement enfoncé ; le coloris eft d'un beau jaune de citron, un peu tiqueté, rougilfant un peu à l'endroit où le foleil donne; la chair en eft tendre lans être beurrée: quelques-unes onr un petit goût aigrct, qui leur fert de relief. La Quint. AUGUSTINE. f f Religieufe de l'Ordre de S. Auguf- tin. Monialis Augujliniana. On prétend qu'elles ont étéinftituéesàHippone, par S. Auguftin lui-même, &: que c'eft à elles qu'il adrefle fon Epîrre 109, de l'édi- ÙQn de Lowvain, 2 1 1 de celle des Bénédidins. Il y a Mmmra <Î4i AVI Azs Augujllnes Déchauffées en Efpagne, fondées vers l'an ij8o. Elles paircrent en Portugal en 1663, Les Augufiïnes de la Récollettion fuient fondées en-Ei- pagne, parla V. M. Mariane de S. Joleph, l'an 1603. Les Auguftines de Dordiecht, les Augujlines d'Eldras en Saxe, de Lémégo, d'Hervord & de Dermold, au rapport de Bulchius, de Reform. Monajl. L. Il^C. / j j • difoientau Chœur l'Office de la Sainte Vierge en lan- gue Allemande. Les Augujlines de Sainte Marthe à Rome. Les Augafilnes du Monaftcre des Vierges à Venife. AuGusTiNE. Terme de Fleurifte. Anémone , dont les grandes feuilles font blanches, mêlées d'incarnat, & la peluche couleur de feu. AUGUSTINIEN , ENNE. Augufiïnianus. f m. & f NoiTi de iecte. Les Augujlmiens font des hérétiques du XVFlîècle, ainfi nommés du nom de leur Chef qui fut un Sacramentaire , nommé Auguftin^ qui en- fcignoit que les âmes des Saints n'entreront point au Ciel avant le jour dii Jugement. Lindanus ellpreique le feul qui en ait parlé. Les Janféniftes s'appellent auflî Augujliniens , parce qu'ils prétendent être les dilciples de S. Auguftin, & enfeigner fa Dodrine. Ils ne font pas les ieuls qui fe donnent ce nom ; quiconque fe flatte d'avoir trouvé le véritable fens de S. Augulfin, de (uivre fa doétrine , fe dit Auguftimen. Il y a certains Théologiens fort différens des Janféniftes, à qui l'on donne le nom à'Au- gujîinïens. Les idées qui nous repréfentent la Grâce ik la volonté comme deux adverlaires qui le combat- tent, & qui l'emportent l'un fur l'autre, ne font rien moins que des idées Augujliniennes. Criti^. du Dicl. de Bayle. AuGUSTiNiEN, ENNE, cft auffi adjcdif. Non i non ,N... fur ma parole ^ Dans le monde /avant n'ejl rien : Sur le fens Auguftinien Jamais il n'eut procès à Rome j Et du dogme de nos aïeux Il laiffe à qui veut , le bon homme 3 Vider les points contentieux. tfT AUGUSTO\Sf^. ville de Pologne, dans le Duché & Palatinat de Podlaquie , aux confins du royaume de Prulle Se de la Lithuanie. En latin Augujlavia. AU-GUY-LAN-NEUF. Voyei AGUILANNEUF. Quelques-uns écrivent Auguy l'an neuf. Les Gaulois nommoient le mois de Décembre , le mois iacré, aulîî-bienque les Allemands, parce qu'en ce mois les fages Druides cueilloient le Guy de chêne en grande cérémonie , & le diftribuoient au peuple en étrenne , ik pour un heureux commencement d'année. D'où eft venu ce proverbe ancien, que nous avons retenu jul- qu'à préient, Au-Guy-l' an-neuf ^ ad vifcum annus novus. C'étoit donc la coutume parmi les Gaulois , que fur le foir du jour qui préccdoit le premier jour de l'an, les Druides crioient d'une voix haute iSc réfon- nante. Au guy-Gaulois. A ce cri chacun le mettoit en qucte dans les bois & les forêts pour trouver le guy de chêne; puis ceux quil'avoient rencontré , en don- noient avis aux Druides , qui le cueilloient avec beau- coup de refpeé!: & de cérémonie, (S-c. Maichin. AVI. AVIAUX. f m. Vieux mot. Borcl croit qu'il a fignifié les ornières des chemins. AVICTUAILLEMENT, oix AVITAILLEMENT,f. m. qui eft plus ufité. Provilion de vivres que l'on met fur un vailleau pour le mettre en état de faire voyage , ou dans une place. Commeatûs importatio. |Cr AVICTU AILLER, ou plutôt AVITAILLER. v. a. Mettre la provilion de vivres nécelfaire dans un vaif- feau , pour le ip.ettre en état de partir , 6u dans une place ou dans une ville dont on craint le fiége. Commea- tum importare. fer AVICTU AILLEUR , ou AVIT AILLEUR. f. m. Ce- lui qui eft chargé de la provifion de vivres pour uu AVI vailTeau, pour une place. Qui annonam fuhm'iniflraf. §Cr Ces mots viennent de ad ik de viclualia. 0Cr AVIDE, adj. de t. g. Avidus. Dans le fens propre , c'eft celui qui a un déilr immodéré de boire &c de man- ger. Avide des bons morceaux. Il eft fi avide qu'il dé- vore plutôt qu'il ne mange. Le loup eft un animal uès- avide. §Sr Au figuré , on le dit de même de celui qui défire quelque avantage, les biens, ks honneurs, les dignités, &C. avec beaucoup d'ardeur. On n'eft que trop avide des biens; mais on ne l' eft point allez de la gloire. On regarde avec des yeux avides une beauté qu'on aime. Catihna étoit avide du bien d'autrui, & prodigue du lien. BouH. Ceux qui ont de l'elprit fans érudition , inditférens pour toutes les chofes qui les ont précédés, font avides de celles qui le palfent à leurs yeux. La Bruy. Les perfonnes fi avides de réputation, la per- dent louvent par l'avidité avec laquelle ils la recher- chent. Bell. Que je plains le fort des avares j A qui r^viàefoif des biens Fournit pour s'enrichir mille nouveaux moyens Toujours injujles & barbares! AVIDEMENT, adv. D'une manière avide. Avide. Il fe dit au propre & au figuré. On connoit la bonté d'un cheval à le voir m3in2,tï avidement fon avoine. L'amour avidement croit tout ce qui le flatte. Racin. AVIDITÉ, f. f. Défit ardent, immodété, tant au propre qu'au figuré. Aviditas. L'infatiable avidité àa bien em- pêche les avares d'en jouir. Quand on mange avec trop d'avidité', cela caufe de l'indigeftion. H avoir une grande avidité de régner. Vaug. L'extrême avidité des hom- mes pour les honneurs vient de leur vanité. S. EvR. Ronfard s'exculé de s'être fervi du mot d'avidité , qui étoit nouveau de Ion temps. Il vient du verbe avère , fouhaiter. Tout le monde voit que ce mot vient du latin avi- ditas ; mais on ne lavoir pas <\\\'aviditas fût pris dtt Celtique avid. Le P. Pezron nous l'apprend. AVIGNON. Avenio j ou Avennio Cavarum , dansGrc- goire de Tours, Liv. III, ch. ^ 2. Avennica , & dans les anciennes Notices, Civitas Avennicorum. Ville de France , en Provence, iur le Rhône & fur une branche de la Sorgue. Avignon eft fort ancien. On croit que cette ville de la Gaule Narbonnoife fut bâtie en même- temps que Marfeille , l'an 1 47 de Rome. Grégoire de Tours a cru que ce nom venoit du mot latin vinum , qui fignifié du vin; mais il n'y a pas d'ap- parence. Avenio eft un mot Gaulois, dont nous ne fa- vons ni l'origine, ni la lignification. Avignon, a un Archevêché établi l'an 1475 par Sixte IV, & non pas par Jules II , comme dit Mirarus en fa Géographie Eccléliaftique. Autrefois c'étoit un Évcchc dépendant de Vienne , & enfuite d'Arles. En 1348, Jeanne première , Reine de Naples & Comteifc de Provence , vendit Avignon &: le Comté Venailïïn au Pape Clément VI 30000 écus d'or. Avignon a été la demeure des Papes depuis Clément V , julqu'à Gré- goire X, ou depuis 130J, jufqu'à 1576, c'eft-àdire , 70 ou 71 ans que les Romains appellent la captivité de l'Eglife en Babylone , à caufe que la captivité des Juifs en Babylone ^ra 70 ans. Avignon a une Univer- fité fondée en 130" par Charles II, ^oi de Jérufalem & de Sicile , Ik Comte de Provence. Ncguier a fait l'Fliftoire Eccléliaftique dî Avignon , imprimée à Lyon en 1660. Jofeph-Marie Suarès a fait une delcription du Comté Venaillin & d' Avignon , imprimée à Lyon vers le milieu du fièclepairé,en 16 ^% , in- a,°. Avignon étoit autrefois le pays des Cavares; c'eft pour cela que Mêla l'appelle Avenio Cavarum. Cette ville enclavée dans la Fiance , eft à la longitude de iz°, 23' , 3 3" , & à la latitude de 43°, 37', 36".Gallet,Beauchamp, Cassini, BoNFAc, FeuillÉe. Et félon M. delà Fiiie, i2°, 17', ;i" de longitude, (Se 43°, ji', o" de lati- tude. gCfDcpuis 1348, les Souverains Pontifes avoienî tcu- AVI AVI jours polFédc la ville à' Avignon 3 dont la France vient de prendre poireiîîon en 1 769. iCT AVIGNONET, ou VIGNONET. Petite ville de France, dans le haut Languedoc, au pays de Lau- raguais. AVIGNONOIS, OISE. f. m. & f. Qui efl: d'Avignon. Avenioncnjis. AVILA. Nom propre de plufieurs lieux différcns.^i^/i:. Il y a Avila dans la Vieille Caftille , en Elpagne. Abula., Albucella^ Arbacula. C'cft une ville épitcopale, entre Madrid & Salamanque. Une autre y^v7/i2 eft dans T A(- turied'Oviédo, à l'embouchure du Nalon, près du cap de Guzan. On met \' ArgemeoLi j ou Argenteolum , ville des anciens Ailuricns, ou à^ri/a ou à Médules, dans la même contrée. La Sierra A' Avila , ou les montagnes àî Avila 3 font dans la '^ytiWs. Cii^'iWe. Mons Abulenjîs :, Montes Abulcnfes, Elles bordent le chemin de la Vieille Caftille , depuis le royaume de Léon, jufqu'à la Cal- tille Nouvelle. La première Avila , dont nous avons parlé , leur donne fon nom, parce qu'elle eft dans ces montagnes. Futntcs d' Avila eft un bourg de la Caf- tille Vieille, auprès de la Nouvelle, entre les villes de Ségovie & de Aliranda de Douro. Fontes Abulenfes j Abula Fontana. Il y a aufli dans la province de los Quixos, au Pérou, une Avila fituée fur le Nap , ri- vière. Avila. f. f. Pomme des Indes, plus grofle qu'une orange. Elle croît lur une efpèce de liane ou plante ramparite qui s'attache aux arbres voifins , dans l'Amérique ef- pagnole. Cette pomme contient dans fa chair huit ou dix noix plates, rondes, deplusdim pouce de largeur, & épaifles d'un demi doigt , collées les unes aux autres : ce qui les rend concaves d'un côté , & convexes de l'au- tre. L'amande qu'elles renterment,eft blanche & amère. On prétend que c'eft un excellent remède contre lepoi- fon & la malignité des humeurs. Lémeri dit qu'on en prend une ou deux à la dofe. , AVILIR. V. a. Rendre vil, abjeét , méprifable. In con- temptum adducerc. Il a laiffé avilir fa charge , fa di- gnité. Ses fondions l'ont avili. Comment les peuples refpeéteroient-ils un homme qui avilit fon catadtère. BoURDAL. £'Ar. 1 3 p. 37S- I^CF Avilir , avec le pronom perfonnel. Devenir vil, ab- ject, méprifable. Il s'eft avili lui-même par fesballef- fes. Je ne m'avilirai pas julque-là. La noblelfe s'avi/if par des alliances indignes. AVILI, IE. part. Jn contemptionem adduclus. Mais enfin, par le temps le mérite avili yit l'honneur en roture, & le vice anobli. Boil. AVILISSEMENT, f m. État d'une chofe qui eft avilie. Il fe dit des perfonnes, des charges, des dignités, 6-c. Demijfio 3 fubmijjio , contemptus. Labaifelfe de la for- tune fait tant de peine à l'orgueil, que les hommes en- treprennent tout pour ÇcKÛxcïâizX'aviUffementoncWe. les met. M. Esprit. h'avUijJement d'une charge, d'une dignité. AVILLONNER. v. a. Se dit en Fauconnerie , quand l'oifeau donne des ferres de derrière. Voye'^ l'article fuivant. AVILLONS. f m. Terme de Fauconnerie , qui fe dit des ferres du pouce de l'oifeau de proie , ou du derrière des mains. Accipitns un^ues. Et on dit avillonner , quand l'oifeau donne des {erres de derrière , ou des avUlons. Ce faucon avillonne bien le héron. AVIM. Ville de la tribu de Benjamin, dans la Paleftine. AVINER. v. a. Abreuver de vin. J'ino imbuere. Aviner des cuves , des futailles , les imbiber de vin. Ainfl l'on appelle tonneaux avinés , des tonneaux où il y a déjà eu du vin. Les futailles avinées font les meilleures. On dit aulll dans le ftyle familier , d'un homme qui eft accoutumé de boire beaucoup , qui s'enivre difficile- ment, que c'eft un corps aviné , un tonneau aviné. AVINÉ , ÉE. part. Vinoj.mbutus. ^s? AVINO, Avinum. Ville de l'Amérique , au Mexique, dans l'audience de Guadalajara. AUJOURD'HUI, adv. de temps , qui marque le jour où l'on eft. Hodiè, C'étoit votre tour hier , c'eft Tome L ^4? aujourd'hui le mien. Si vous écoutez aujourd'hui fa voix , n'endurcilFez point vos cœurs. Port-R. On a remis l'afFaire à aujourd'hui. Vaug. On dit ccjourd'hui en la même fignification i mais il n'eft en ufage que dans les exemples fuivans, & quel- ques autres femblables. Ce/'owraf'Attij les Chambres af- lemblées , il a été ordonné , &c. Cejourd'hui, date des préfentes, font comparus, &c. Aujourd'hui , fe dit aufli d'un temps incertain , mais proche. Aujourd'huil'an meurt, & demain l'autre. Au- jourd'hui fur le trcine, àc demain dans les fers. L'homme tourne à tous vents , il tombe au moindre choc ; Aujourd'hui dans un cafque , & demain dans un froc. Boil. Aujourd'hui, fignifie auftî le fiècle préfent, le temps où l'on vit. Le monde n'eil plus aujourd'hui comme au- trefois. C'eft l'ufage d'aujourd'hui. La nature a été tou- jours de même qu'elle eft a///oz^r^'Az/i. Pour bien juger des pièces anciennes , il haut perdre notre fiècle de vue, ik ne point juger par le goût d'aujourd'hui. Le Fevre. Un Poète à la Cour fut jadis à la mode , Mais des fous aujourd'hui c'efi le plus incommode. Boil. |C? Il eft auflî employé fubftantivement. Aujourd'hui pafté , il n'y a plus rien à efpérer. AVIRCE. f m. Nom propre. Foye:{ Aberce. AVIRON, f. m. Longue pièce de bois plate par un bout, & ronde par l'autre , qui lert à faire avancer les bateaux fur les rivières. Remus. Quand c'eft fur la mer , ces pièces de bois s'appellent rames, & font plus longues. On dit que les nageoires fervent de rames auxpoilfons, & que leur queue leur iert A'aviron. Ce mot vient de ce qu'il fcrt à virer & tourner les bateaux. On s'en fert dans le ftyle figuré , & en comparant l'incertitude des chofes humaines à l'inconftance de la mer. Pour moi , fur cette mer qu'ici-bas nous courons j Je fonge à me pourvoir d'efquifs & ?c en prirent le nom cette même année. Ils font de l'Ordre de Cîteaux. Innocent III con- firma leur Inftitut en 1204. Id. Quelques-uns difcnt que cet Ordre militaire de Por- tugal porta d'abord le nom de laint Benoit , &c que ce- lui d'Avis lui fut donné, à caufe de certains oifcaux qui fe trouvent dans une montagne voifine d'Evora , où cet Ordre fut quelque temps fixé. Ce qui favorife cette érymologie, c'eft que cet Ordre porte d'or à la croix Heurdclifée de finople, accompagnée en pointe de deux oifeaux affrontés de fable: à moins qu'on ne dife que le nom de cet Ordre lui vient de ces mêmes oileaux qu'il prit pour armoiries. AVISEMENT. f. m. Vieux mot qui (ignifîe Avis, pen- fée, réflexion. Avifes-toi là-delfus. . . 'Vous n'y fongez pas avec votre avifement. Marivaux, dans le Pay- Jan parvenu. IfT AVISER, v. a. Avertir, donner avis. Admonere. Il n'eft guère d'ufage que dans quelques provinces. Un fou avife bien un fagc. Il vous trompera , je vous en avife. Un verre de vin avife bien un homme. Aviser, lignifie encore à l'acTrif , appercevoir d'alfez loin. Profpicere. Je vous ai avife dt cent pas. Il le cherchoit des yeux , & l'avifa dans la foule. Il eft populaire. Aviser. V. n. Confulter, délibérer, penfer, pourvoira une chofe. Confultare , deliherarc , confiderare , per- pendere , providere. Nous avi ferons à ce que nous au- rons à faire. Vous avez du loiiir pour avifer à ce que vous avez à dire pour votre défenfe. On y avifera. Il eft du ftyle familier. AVÏ Aviser. C'eft aulîl prendre une réfolution après quel- que délibération. Statuere , decerncre. Les Etats aireni- blés pour la rctormation du Royaume, avijhcut(\ui\ failorc que, oc. Apre) avoir bien con(i;ite, bien rai- fonné, on avifa que, èf. Il [ut ai^tj'é que, &c. AvisERjfignifie autli croire, juger. La Cour a renvoyé les parties pour le pourvoir comme elles izv//c'ro/2r bol. être; pour dire, comme elles le jugeront a propos. Style de Palais. Aviser. Terme que les Chaffcurs ont adopte, pour fi- gnifierappercevoir:ils difenc, J'dvijh le gibier. J'iU'i/è un lièvre au gîte. Aviser., quand on y ajoute le pronom perforir.cl, flgni- ne laire attention , s appercevoir. Occurrcre , vdriire in mcnicm. Je ne m'en luis pas avlfc. Perlonne prelque ne s'avife de lui-même du mérite d'un autre. La Bru y. ÇCT II lignifie aullî s'imaginer quelque choie, trouver ou s'appliquer à trouver quelque chofe. Il s'avifa d'un bon expédient pour réuflîr. Il n'y a fottile dont il ne s'a- vife. Adinvenirc j excogitare. S'avifer à'\x\\t rule, d un llratagème. Les hommes ne pouvant éviter la ii'ort, le ionx. dv'ifJs de n'y point penler , afin de le ren- dre moins malheureux'. Pasc. Fabius ayant, trouvé l'ar- mée rebutée de combattre fans luccès, s'avifa de con- fumer Annibal par la lenteur. S. Evr. On dit aulFi , c'eft bien avifé h vous ■■, pour dire, vous avez raifon. Exprelîion familière. Ce mot vient de la prépolîtion adj, & du mot des langues feptentrionnales Wifan, en vieux faxon, vi- fauy vija dans la langue des Cimbrcs. Ce mot dans toutes ces langues qui ont une même origine , lignifie monftrare, docere ,inftruere^ Montrer j enfeigner, inf- truirc.lcQVBz. AVISÉ, EE. part. & adj. Il a la lignification de fon verbe, enlatin comme en François. Il le dit d'un homme fage, prudent, circonlpedt, eclai'ré dans la conduite de les affaires, & q^ui ne lait rien lans bien conlidérer toutes choies. Prudins y cae^tusj, confidcratus. On n'eft jamais fiûvi/d'en fon propre fait qu'en celui d'autrui. Vaug. Pludeursperfonnes très-judicieufes&très-<7vi/t't:jj ont préféré l'exil aux douceurs de la patrie. Balz. On peut lui confier cette négociation , il cil fort avifé. Il a fait cette frute comme un imprudent, &: un mal-ijvi/è. Ménage dérive ces mots de advifare , qui fe trouve pour ddiherare dans les Auteurs de la balfe latinité. AVIT, Voyei^SX. AVITAILLEMENT. f. m. Voye\ Avictuaillement. AVITAILLER. y. a. Voyt-^ Avictuailler. AVIT AILLÉ, ÉE, part. tSc adj, Voyer^ Avictuaillé. fCTAVITAlLLEUK. f. m. Foye\ Avictuait.leur. L'Acad. dit avitaillemcnt , avitailler, & avitailleurqui font plus en ulagc. AVITH. ville de l'Idumée. Avith. Elle fut le chef-lieu d un Royaume, & le liége du Roi Arad, qui régna en Edom, c'eft-à-dire , dans l'Idumée, au midi de la Ter- re-Sainte. AVITIN. adj. m. Qui vient des ancêtres , qu'on a hérité de fes aïeux. Avitus ^ a^ um. Des biens avitins j un héritage avitin. Ce mot qui fe trouve dans quelques anciens livres de Palais , ell maintenant luranné. Il vient du latin avitus ,Qyi\ l'.gnihela même choie, (Se eft dérivé à'a- vus , aïeul, il ell encore enufage dans le Béarn. AVIVAGE.l. m. Terme de Miroitier. C'eftla première façon que l'on donne à la feuille d étain pour recevoir le vif-argent. AVIVER, v. a. Rendre plus vif. Excitare ,fufcïtare. Un Maréchal avive la forge , en jetant des gouttes d'eau lut le feu. Cemot n'eltpoint en ulage en ce fens. AviVER.TermedeSculpteur.il lignifie, nettoyer, grat- ter & polir des figures de métal pour les rendre plus pro- pres à être dorées, toudées, &:c. Polirc , expolirc. Aviver/' eM//z. C'eft le frotter légèrement de vif-argent, avant que de l'en charger tout-à -fait. Aviver /'or. Terme de Doreur fur métal. C'eft l'étendre ■ avec l'avivcrir , après qu'il a été amalgamé avec le vif- argent. Aviver une couleur. Terme de Teinturier. C'eft la ren- AUL 64$ drc plus vive, plus éclatante , plus brillante, en la pal- <;\»t: lorfqu'eilc eft teinte & bien lavée, fur de l'eau tiède, mèlce de quelques iiigrédiens-. Aviver. Termes de Charpentier qui fe dit du bois de charpente , quand on le coupe à vive arête. AVIVES. 1. f. pi. Enfiurequi fe fait quelquefois en de cer- taines glandes qui lent à côté de la gorge du cheval, qui l'empeclicnt de refpircr , & le lont mourir, fi on n'y met ordre proinptement. T'^ivuk. Il laut promener un cheval qui a \qs avives. Quand on frit boire un cheval écliaufté, cela lui donne \zs avives. Scaliger dérive ce mot ah aquis vivis , comme qui diroit eaux vives, parce que les eaux vives , comme étant plus fraîches , donnent plutôt \cs avives. On dit proverbialement & figurément d'un homme qu'oiiifait bien courir & promener pour faire quelque atf.ure, qu'il n'aura pas les avives. AVIVX^IK. 1. m. Les Doreurs fur métal nomment ainlî un inftrument de cuivre , en forme de lame de couteau , arrondi par un bout, & emmanché de bois par l'autre, avec lequel , au lieu de gratte-bolte , ils étendent l'or amalgamé lur leur ouvrage. A U K. [fJ" AUKLAND. Ville d'Angleterre, dans la province de Durham, fur la Warc. A U L. AULAF , ou AU LOF , à la rilée. C'eft un comman- dement de mer que l'on fiiit au timonier de gouver- ner vers le vent , quand il vient des ritees. AULAIRE. f. f Nom de femme. Eulalia. Sainte Eula- lie, appelée communément fainteO«i//c;jfainte Olave^ ÎTimZQ. Au taire ,&c lainte Aulaye, étoit de Barcelone , (Se fut martirilée fous Dioclétien. AULAYE, /■o)-e:5-AuLAiRF. AULERCE, ou AULERQUE. f. m. & f. Anciens peu- ples des Gaules. Aulercus , a. Ils habitoient le Mans , le Perche, Hc la partie de la Normandie qui fait au- jourd'hui le diocèfe d'Evreux. Delà vient qu'on les dif- tinguoit en trois parties. Aulerci Cenomanï , Aulcrci Diahlcntes, Aulerci b hurovicenfcs. AULIDE.f. f. AuliSjM^én.AulidisScAulisj,royeyYiK- GILE, Enéide, Liv. IF jV. ^2 â , ScLvcaiu , Liv. Vy V. 2?). On ne convient point de ce que c'étoit autre- fois que XAulide , ce lieu li fameux par l'embarque- ment des Grecs pour la guerre de Troie , Se le lactificc vrai ou prétendu d'Iphigénie. Quelques-uns dilent que c'étoit une ville de Béotie en Gièce. Servius alfureque c'étoit une île qui avoit une ville de même nom , avec un port capable de tenir ciuquante vaiîleaux. Elchyle dans Agamemnon, Sophocle dans Eledl:re,(S«: après eux Lucrèce, Horace j (Se beaucoup d'autres, veulent qu'on ait en effet répandu le lang d'Iphigénie, (Se qu'elle foie morre en ^z^/it/c.RAciN. Homère, le père des poètes, a fi peu prétendu qu'Iphigénie eût été lacrifiée en Au- lide , outranfportéeenScythie,que dans le neuvième Lîv. de l'Iliai^e , Agamemnon fait oftrir en mariage à Achille fa fille Iphigénie, qu'il a , dit-il, lailfée à Mi- cène dans la mailon. Quoiqu'il en loit , il eft probable qu' Aulide eft le nom propre d'une ville de Béotie, en Grèce, & d'un pays dont elle étoit capitale, ^^//ij. Le rendez-vous des Grecs pour s'embarquer pour le fiége de Troye , fut \' Aulide. L'Iphigénie en Aulide eft une Tragédie d'Eu- ripide , dont le fujet eft le facrifice qu'Agamemnoii eut ordre de faire d'Iphigénie fa fille , pour obtenirdcs vents propres à palîeren Afie, & dont Racine a bien profite. Tu te fouviens du j our qu' en Aulide ajfemble's Nos vaijjeaux par lesvents fembloient être appelés. Racine- L'ufage de dire en notre langue en Aulide j & non pas à Aulide:, montre que nos Auteurs ont pris Y Au- lide pour une contrée , (Se non pas pour une ville ou pour un bourg. Du Loir, dans Ton voyage du Levant,jp. ,'0^ jdic Aulisjôc non pas Aulide, & ne dit point en Aulis ^ 046 AUL mais à Aulis. Nous pafTàmes un jour de bon matin à AuUs, où nous montâmes achevai. Bien qu'il n'y ait aucune ruine qui puitlctaire connoitre à picknrqu'ily ■eût jamais une ville a l'endroit de la Béotie qui clt vis- à-vis de Chalcis , je ne laiiFe pas de la nommer encore Auits j puifqu'il y en avoit une autrefois de ce nom. Il ell: vrai qu'elle n'écoit pas bien grande, puilque les habitans n'étoient que des Potiers de terre. Ub. Em. L. III. De Fet. Gr. & qu'il fe trouve des Auteurs qui •doutent s ils lui donneront la qualité de ville ou de bourg :]& crois pour moi qu'on n'en eût jamais parlé, lans l'Euiipc & lans Agamcmnon, qui fit voile dans Ion port pour aller contre Troye avec toute la Hotte des Greci, après y avoir lacrifié fa fille Iphigcnie dans le Temple de Diane. Je ne rechercherai point à prélent fi cette Hotte pouvoit être de tant de voiles, je m,'cn rap- porte à ce que chante Homère. Mais enfin le port cfl: petit. Du Loir. Aulide eft mieux <\\\'Aulls : car i". C'eft l'ufage. 2°. L'analogie le demande. Communé- ment nous donnons la terrainaifon idc aux noms qui viennent des noms grecs terminés en is au nominatif , & en idis au génitih AULIQUE. f. f. C'eft un adle qu'un jeune Théologien fouticnt dans l'Univerfité , lorfqu'il s'agit de recevoir- un Doâeur en TheoLs;ie. Aulica. Cet aéle eft ainfi nommé du mot latin cula , qui fignifie falle ; parce qu'il fe fait dans la grande falle de l'Archevêché de Pa- ris. Celui qui y préfide eft le même qui doit prendre le bonnet de Doéteur. La matière n'eft point déter- minée, puilque c'eft toujours celle que le Soutenant polTede le mieux. Vaulique commence par une haran- gue du Chancelier de Notre-Dame , à celui qui doit être reçu Docteur i à la fin de laquelle il lui donne le bonnet. Le jeune Doéteur lui fait aulli-tôt fon compli- ment, & préfide à Vaulique. Il y dilpute feuL L'auli- que étant finie , le Chancelier & les Docteurs , accom- pagnés des Bedeaux, mènent le nouveau Dodteur à Notre-Dame, où il fait le ferment de la Faculté devant l'Autel de faint Sébaftien, à préfent laint Denys. En- fuite, file nouveau Docieur eft de Sorbonne , ou de Navarre, on le reconduit dans l'une ou dans l'autre de ces mailons , où il donne à dîner à tous ceux qui font de fa fociété. Ce dîné s'appelle à Navarre & en Sorbonne Dcclorerie. On donne aux Doéfeurs alfiibins ou non alîiftans à la dite Thcie la lomme de trente-deux fous fix deniers, & aux Religieux mendians Doéfeurs celle de vingt fous. Cette Thcfe ne fe foutientpas feulement dans rUniverfité de Paris, mais auffidans d'autres Uiii- veriîtés , Se l'on y obferve les mêmes formalités qu'à Paris. AuLiQUH. adj. m. & f. Qui regarde & concerne la Cour. Aulïcus , a. Je ne pourrois jamais m'alfujétir à la \ie aulique des Ccurtifans. M. le Duc de Montaufier avoit pris plailir à la lecture des Anciens , autant que fa vie mihtairc & aulique le lui avoient pu permettre. Huet. Dans ce fens il n'eft plus en ufage. AvLiQUE, eft auili un nom qui s'apphqueà quelques Of- ficiers de l'Empire , qui compoicnt une Cour fupé- rieure, laquelle a une Juridiétion uni verf elle d<<: en der- nier relfort, fur tous les fujets de l'Empire , pour tous les procès qui y font intentés. Aulicus. G\\ dit Ccnfeil aulique , Cour ou Chambre aulique j Confeiller au- lique. Le Confcil aulique eft établi par l'Empereur , qui nomme les Ofiîciersj mais l'Eleiffcur de Maycncc a droit de vifîte. Ce Confcil eft compoié d'un Préfi- dent Catholique , d'un 'Vice-Chancelier que l'Elec- teur de Mayence préfente, & de dix huit Aiïelleursou Confeillers , neuf Catholiques , & neuf Protcftans. Ils font divifés en deux Bancs , dont l'un eft occupé par ^ des Nobles, & l'autre par des Jurifconfultcs. Ils tien- nent leur Aftembléc auprès de laperfonne de l'Empe- reur ; c'eft pourquoi on l'appelle Jujlice de l'Empe- reur; & Confcil aulique j parce qu'il fuit la Cour , & fait fa réfidence dans l'endroit où elle eft. Ce Confcil a concurrence avec la Chambre Impériale de Spire , en ce que la prévention y a lieu , & que lorfqu'une caufe y eft retenue , elle ne peut être portée à la Cham- bre Impériale, & vice versa. L'Empereur mcmcnepeut pas empêcher , ni fufpendre la, décifion , &; encore AUM moins évoquer à foi les caufes dont l'une ou l'autre Cour eft une fois taifie , fi ce n'eft du confentement .commun des Etats de l'Empire. Dans beaucoup d'af- faires pourtant ce même Confeil n'arrête rien fans la participation de l'Empereur, & décrète ainfi,_^flrvo- tum ad Céifarem. C'eft qu'on en fait le rapport à l'Em- pereur dans fon Confeil d'Etat. Cette Cour aulique celle aufti-tôt que l'Empereur meurt. La Chambre Impériale de Spire au contraire eft perpétuelle , repré- f entant non-feulement le Chef mort , mais encore tout le corps de l'Empire enfemble , qui eft toujours réputé vivant. Heiss. Lymn^F-us, Liv.IX :,ck. 4. AU LIT , Au LIT , chiens. C'eft un des termes dont on ufe poirr faire ciuêter les chiens lorfqu'on veut faire lancer le gibier qui eft au gîte, AULMLILCIER. f. m. Les marcliands bonnetiers de la ville & fauxbourgs de Paris , prennent cette quahté dans leurs Statuts. AULNAY. Bourg de Poitou, en France. Alnia. Il eft aux confins de la Saintonge , & il a faint Jean d'An- geli à l'orient , & Niort au midi. Aulnay eft l'Aune- donacum des Anciens. AULNAYE. Foyei Aunaie. AULNE. Foyei Aune. AULNE NOIR. Fcyei Aune noir. AULNÉE. Toveç AuNÉE. CCr AULOF. "Foyei Aulaf. AULOT. Ville autrefois épifcopale de Catalogne, en Efpagne. Aulotum _, Auleota. Ce n'eft plus qu'un bourg fitué dans la Viguerie de Campredon, fur la rivière de Fluvia, au nord de Vie. ÇCr AULPS. Foye-{ Aups. AULU-GELLE.'f m. Nom propre d homme. C'eft ainfl qu'on appelle en françois Aullus Gellius ^ l'Auteur des Nocïes Atticit j & non pas Aule-Gelle , ou Aulus- Gelle. Les favans ont douté s'il falloit l'appeler Aulus- Gellius. Quelques-uns le nomment Agellius ^ d'huttes Augellius. Lipfe eft le premier qui a remué cette dif- pute ; mais c'eft la coutume «de n'exprimer le prénom que par une feule lettre. De plus , les manufcrits du 'Vatican , ceux qu'avoit confulté Aide Manuce , & Lu- pus Ferrarienfis, qui écrivoit il y a plus de 800 ans, mettent tout au longAuLus,ou féparent l'A de Gel- Lius. Quelques-uns en François écrivent tout en un mot Aulugelle. Les Nocles AtticâL ^Aulugelle font un ra- mas de chofes curicufes & agréables , & une critique de plufieurs Auteurs qui l'avoient précédé. Il écrivit à Athènes au 11^ fiècle de l'Eglilc. Aulus-Gellius ,0x1 Agellius ^qMt nous avons accoutumé de nommer ^a- lu-Gelle i doit avoir vécu du temps de Marc-Aurèle, puifqu'il a été difciple de Favorin &de Titus Caftri- tius, tous deux connus par Adrien. Il femble avoir écrit fes nuits attiques avant i6^j. Tillem. AULULAIRE. f f. Aulularia. Titre de la troifième Comédie de Plante. Cenomeftdéiivé d'tza/^^/ûj petit pot où étoit renfermé le tréforque trouva l'avare Eu- clion, le Héros de la pièce. h'Aululaire ne va que juf- qu'au commencement du cinquième aéle : le refie a été perdu. Antonius CodrusUrceus, Profelfeuren Hu- manités à Boulogne la Graffe, y a fait un fupplément, imprimé dans plufieurs éditions de Plante. AUM. AUMAILLES. adj, f. pi. C'eft un nom qu'on donne à des bêtes à cornes, ou autres bêtes domeftiques. Ce métayer a un troupeau de cent bêtes aumailles. Du Cange dérive ce mot de manualia pecora ,feu anima- lia manfueca j qus, ad manus accedere confueverunt 3 comme dit Vairon. Il en eft parlé dans les Coutumes de Bretagne, de Sens, deLoudun, àc. AUMAIRE. f f. Vieux mot. Armoire. AUMALE. Alhamata. Petite ville de Normandie , dans 11e pays de Caux , fur la rivière de Brêle. Elle a titre ^ de duché. Quelques-uns croient c\\xAumale eft un mot f corrompu A' Albe-Marle :,ct^-3i-Ane, Marne-blanche, parce que cette efpèce de terre abonde dans fon terri- toire. Dom du Plellis, croit au contraire que ce mot eft compofé d'^«j qui eft le nom Franc ou Teurc)- AUM nique de la rivicre de Brcle^ Se de maie y ou màîle, qui lignihoir ious la première race de nos Rois, une cf- pcce d'aiîîle, ou de Coui nmbiiiante pour i'adminif- tration de la Juftice. Voyc-^ Defiript. Géogr. & Hijl. di la Hautc-Norm. Tom. I , pag. /7. AUMÉ. f. in. C'eft; un ternie dont le leivent ceux qui font des Hlecs propres a la pêche ou à la clialîe ; Ôc cet aumé n'cHiLUive. choie que les grandes mailles des filets qui lont triples, telles que font celles qui lont des deux côtés d'un tramail ou d'mi ballier. AUMELETTE. l'oye:^ Omelette. AUMiGNON. Rivière du V^ermandois , en Picardie. Dal- manïa. Elle palfe à Vermand , tS: le mêle à la Somme , à une lieue environ au-deflus de Péroné. AUMÔNE. 1. f. Libéralité, don qu'on fait aux pauvres par charité , ou par compallîon. Inup'u, egeflatis ^ paupercjtis juhjidïum j levamcntum. Il laut tacheter fes péchés par des aumônes. C'eft le plus grand des malheurs d'être réduit à \ aumône. C'eft une belle au- mône que de nourrir les vieilles gens. C'eft un fai- jiéant qui travailleroit bien, il dérobe \' aumône aux pauvres. Acad. Fr. La Reine faifoit couler fes au- mônes jufque dans ces retraites lumbres où la honte renferme la pauvreté. Fléch. Combien de gens font des aumônes que la vanité leur inipire , ou que l'im- portuniré des pauvres arrache de leur main , rl'ArchichambeIlan' croient Gardes du Palais ; que le Gra.nd-Aumonier oc le Confeifeur leuls peuvent parler au Roi pendant la Melle; que louvent les Princes & Princetîes l'ont fait Exécuteur Tcftamentaire ; qu'aux obsèques des Rois le Grdnd- Aumônier j comme Evêque ou Curé du Roi, marche immédiatement devant l'Efligic ; qu'aux ob- sèques de Henri II , l'Evêque de Paris accompagna le Gand-Aumônier j, difant qu'il étoit aulli Evêque du Roi-, mais qu'aux funérailles de FrançoisI, cette place lui avoit été refufée , parce qu'il lui remontra que la Cour du Roi ne reconnoît point d'Evêque de Sa Ma- jefté que le Gtznd-Aumônier ; que l'Archichapelain avoit été de même reconnu pour Evêque du Roi; qu'en cette qualité l'Archichapelain de Louis le Débonnaire lui donna le S. Viatique à la mort .; qu'autrefois le GT:2nd- Aumônier devoir être Prêtre; qu'il femble que danslafuitêil nele futpastoujours,puifqueJean XXIII, dans la Bulle par laquelle il tbuftrait l'Hôtel des Quinze- Vingts à la juridiction de l'Archidiacre , 3c le foumet à celle du Gïznd-Aumônier , ajoute cette claufe ; pourvu qu'il (oit Prêtre; ou linon à celle du premier Chape- lain du Roi ; que c'eft au Grand'-^/^/;7Ô;2icr à donner les buletins des lépreux pour les mettre aux Léprofe- l'ies ; que les Ordonnances s'exécutent par provilion , pourvu qu'elles foient lignées de quatre Confeillers de Cour fouveraine ; qu'il difpofe à fa difcrétion des offrandes du Roi , &c. Quoique cet ouvrage deRouil- lard pût être écrit avec plus de goût , & qu'on y trouve bien de f antiquaille & des digreOions hors de propos, il ne laille pas d'y avoir des recherches alfez curieufes. M. Du Cange croit que la Charge d' Aumônier cik différente de celle de Chapelain. Avant Charles VIII , il n'avoir que le titre d'^;//77o/2zer.- ce Prince augmenra cette charge, & donna à celui qui en eft pourvu, la qualité de Gia.nd- Aumônier. Son office , dit Galland , eft de fe trouver des premiers au lever du Roi , de fa- voir de lui où & à quelle heure il veut entendre la AUM Meffe. Il eft le feul Evêque de toute la Cour. En quel- que lieu que toit le Roi c'eft de lui qu'il reçoit lesSa- ciemens. Il a l'intendance fur la Chapelle du Roi , fur les Pauvres, les Hôpitaux, & Maladreries de France. Autrefois il contéroit les bénéfices qui étoient à la no- mination du Roi. Il officie devant le Roi aux grandes cérémonies. C'eft lui qui à l'arrivée du Roi dans une ville déhvre les prifonniers , quand le Roi a accordé leur grâce, &c. /^(jye:^ Galland, dans la vie de Pierre Chaftelain. |CJ" Outre le GïM^d-Aumônier 3 il y a chez le Roi le pre- mier Aumônier (Scies Aumôniers de quartier, au nom- bre de huit , qui font par quartier les fondions du Gïznd- Aumônier. On appelle aufïï Aumônier dans un Couvent, un Officier ciauftral qui eft pourvu d'une Aumônerie. Aumônier de vaiffeau j Aumônier d'un régiment. C'eft un Prêtre entretenu dans un vaiffeau ou dans un régi- ment pour y dire la meffe, adminiftrer les Sacremens à l'équipage ou aux foldats, & y faire les autres fonc- tions eccléfiaftiques. AumÔnier , en vieux ftyle de Coutumes , a fignifîé Léga- taire, On ne peut être aumônier ^ & parfonnier tout enfemble, c'eft-à-dire , légataire & héritier. Tous ces mots, Aumôner , Aumônerie , Aumônier , viennent d! Aumône y qui eft dérivé du grec t'Am^W™ , qui lignifie proprement miféricorde j & le fentimcnt intérieur de la miféricorde ; & parce que le nom de la, caufe pafte louvent à l'effet qu'elle produit, de-là vient que le nom ^Aumône lM-/.ix:>cvn , eft donné aux gratilî- cacions que l'on fait à ceux que l'on connoît en avoir befoin , comme l'a remarqué Naudé dans fon Mafcu- rat, ^. 26^3 quand la vertu & le lentiment de la iTii- féricorde ou de la piété eft la caufe de ces gratifica- tions; car hors de-là ce n'eft plus aumône ; c'eft grati-« fication , c'eft préfenr , c'eft hbérahté , &c. AUMONIÈRE. (. f. Eleemofynaria. Dans le Chapitre deRemiremonr , \' Aumônière tient le cinquième rang. Elle jouir de plufieurs revenus qui font affedés à ta dignité; mais qui lui impofent auffi de grandes char- ges. P. Hélyot , T. VI 3 p. 4' 3- Il y a outre cela deux petites Aumônières j qui lont à la difpofition Se nomination de l'Abbetfe ou de la Doyenne en ton ab- fence. Id. AumoniÈre. On a ainfi appelé en vieux langage une pe- tite bourfe ou gibecièrf , almonaria 3 & eleemojynaria dans la baffe latinité , à caufe de l'argent qu'on y met- toit pour faire des aumônes. Comme ton premier Trc- forier lui bailla en garde fon aumônière. Sarasin , Pompe funèbre de Voiture. C'étoit aulîi pour les Da- mes un ornement pareil à celui qu'elles empruntent aujourd'hui d'une montre attachée à leur ceinture. Les hommes en portoient auffi , & l'on en voit dans plu- fieurs anciens mautolées. Ce terme eft pris allégorique- ment dans le Roman de la Rote, y. 20 yj2 3 &c lignifie lefcrotum des Latins,yèa pellis qud. tefliculos continet. Supplem. au glojf. du Rom. de la Rofe. AUMUCE, plus communément AUMUSSE. f. f. Four- rure que les Chanoines & Chanoinefles portent fur le bras en été, & dont ils fe fervoient autrefois en hiver pour couvrir leur tête. Pelliceum ac villofum amicu- lum. Une aumuffe de petit gris. L'aumujfe a été autre- fois non-feulement un habit de Moines , mais encore celui des laïques , rant pour les hommes que pour les femmes. Pendant plus de mille ans on ne s'eft couvert la tête en France que d'aumujfesëcde chaperons. Le chaperon éroit à la mode dès le temps des Mérovingiens; on le fourra d'Hermines fous Charlemagne. Le fiècle d'après on en fit tout-à-fait de peaux : ces derniers s'appeloient AumuJJes : ceux qui éroienr d'éroffe rerinrent le nom de chaperons. Les AumuJJes étoient moihs communes ;. on commença fous Charles V à abattre fur les épaules l'aumujj'e & le chaperon , & à fe couvrir d'un bonnet. Le Gendre. Dans un Regiftrc de la Chambre des Comptes , on trouve un article de trente tix tous em- ployés pour fourrer Vaumujffe du Roi. La Couronne (e mettoif fur \'aumu(Je 3 comme dit Du Cange, qui dc- tiyc cemot de amicula. C'étoit, félon Feftus (Jcltldone, une AUN une coiffure , ou chaperon de femme faite de peau, ou de fourrure. Il ajoute qu'on die aulli Almuàuj & al- ■ mucium. L'aumujfe que portent les Chanoines n'ctoit d'abord qu'un bonnet de peau d'agneau avecle poil, & la chape • ie portoit par-delfus. On fit defcendre enfuitc ce bon- net fur les épaules, & enfin jufoue fur les reins ; mais comme la chape & cette peau, qui enveloppoient en- core tout le corps, étoient très-incommodes pendant les chaleurs de l'été, on quitta premièrement la chape, & on ne laiila que cette peau , à laquelle on donna le nom d'aumuffe. Comme cczic aumujje qui couvroit la tête &les épaules, &defcendoit jufqa'aux reins, étoit encore un habillement peu propre pour l'été , il y eut des Chanoines qui la mirent en travers fur les deux épaules , comme la portent en été les Chanoines Ré- guliers de S. Vidor, ceux de Sainte Croix de Conim- bre , & quelques autres. Ceux de Marbac la portent aulII fur les épaules , mais elle delcend en pointe par derrière, im peu plus bas que la ceinture, & cft atta- chée par- devant avec un ruban bleu. D'autres l'ont portée fur l'épaule gauche, en forme de chaperon de Docleur, comme les Chanoines Réguliers de ia Ca- thédrale d'Uzès -, & plufieurs Cathédrales ont retenu l'ancienne coutume de la porter fur les épaules en forme de manteau , principalement les Chanoines de l'Eglile de Lyon. Enfin il y en a grand nombre qui ont trouvé trop incommode encore de la porter fur les épaules , ils l'ont fait delcendre fur le bras gauche , où elle eft leftée plus communément. P. HÉlyot , T. II y p. 23. Se vert, dans fon Hiftoire des Archevêques de Lyon, jf. 2S2 j prétend que ce mot eft fait par corruption de ceux-ci, hautement mifc , parce que ï'aumujfe ie por- toit (ur la tête & les épaules. D'autres tirent ce mot du nom latin, amicium, dérivé du verbe amicire , vêtir, parce que l'aumuffe couvroit la tête & les épaules. Quelques-uns enfin difent qu'il" vient du vieux alle- mand , HooJI mut/en j qui veut dire un bonnet. La fé- conde étymologie paroit la plus vraie ; car c'eft ainfi que du verbe amicire vient amiclus , l'amiét que les Prêtres mettent fur la tête & fur les épaules , comme autrefois VaumuJTc. UCTAUMUSSETTE. f. f. Vieux mot. Petite aumufle. AUN. iAUNAGE. f. m. Mefuiage des étoffes, qui fc fait avec une mefure certaine , réglée , qu'on appelle à Paris une Aune. TeU j panni ad ulnam menjio. On a mefuré cette pièce d'étoffe , Vaunage en eft bon. Plufieurs Jklanufaduriers donnent des excédans A'aunage pour s'attirer de la chalandife , comme à Laval vingt-quatre aunes pour vingt, & quelquefois vingt-huit-, mais cet excédant d'aunage eft réglé à une aune un quart par les derniers ftatrùs , que les Façonniers donnent aux Marchands pour bonne mefure. AUNAIE. f. f. Lieu planté d'aunes. Locus aln'is conjltus. Alnetum. Les aunaies fe font en terres humides & niarécageufes. Quelques-uns difent AuNETXE.Maisce diminutif paroît défignerune petite aunaie. Pour plan- ter les aunaïes , on fait des alignemens à deux pieds l'un de l'autre , le long defquels on creufe des rigoles de la profondeur d'un pied feulement , où l'on pôle le plant à un pied & demi de diftance ; on le recouvre aiilFi-tôt en dos d'âne , obfervant de lui couper l'extré- mité à deux doigts de terre , pour l'obliger à jeter plu- fieurs tiges. Chom. Les aunaïes s'appellent aulli Ver- naies , parce qu'on appelle les aunes, Vernes. AUN AIRE. f. m. Nom d'homme. Aunanus ^ Aunacha- rïus. Aunhar , communément S. Aunaïre , Evcque d'Auxerre , étoit d'une famille riche & noble, & fort confidérée dans la ville d'Orléans. AUNAIS. f. m. Nom d'homme. Honejlus. S. Honeft , que l'on prononce comme s'il y avoir Auna'is j eft pa- tron de la Paroilfe d'Hières , au diocèfe de Paris. Chast. AUNE, f m. Alnus. Arbre d'une grofteur & grandeur conlidérable , & qui croît le long des ruilfeaux & aux bords des rivières. Son tronc qui eft plus ou luoius AUN 649 gros fuivant fon âge , eft recouvert d'une écorcc rabo- teufe & brune-, & le bois en eft tendre & un peu rouf- sâtre. Il donne plufieurs branches , qui font fort calfan- X.Ç.S, couvertes d'écorce d'un brun cendré , tâchée , & jaunâtre en dedans. Elle eft très-défagréabie au goût , amère & aftringente. Le bois des jeunes branches eft blanc. Ses feuilles font alternes , allez femblables à celles du Coudrier , mais un peu plus arondies , cré- nelées fur leurs bords , relevées par des nervures qui parcourent toute leur furface,vertes, luifantes, & gluan- tes au toucher. Ses Heurs , qui naiftent aux extrémités des branches, lont des chatons grêles, long d'un pou- ce, verts d'abord, qui salongent enfuite , & devien- nent de couleur de la rouille de fer , fur-tout lorfque les fleurs font épanouies. Chaque chaton eft un com- pofé de plufieurs petits pelotons de fleurs attachées à un filet commun. Chaque fleur eft taillée en quatre quartiers, & garnie de beaucoup d'étamines. Les fruits qui naiifent fur le même pied , mais dans des endroits féparés , paroiifent en même temps que les chatons. Chaque fruit n'cft d'abord guère plus gros qu'un pois, conique, écailleux, & rempli entre fes écailles d'em- bryons terminés par deux cornes. Le fruit grolîlt peu à peu , s'arrondit , devient noir & gros comme une olive, & s'ouvre de la même manière que les pommes de pin. Entre chaque écaille on trouve une petite femence aplatie, rougeâtre, prefqu'infipidei au lieu que les cha- tons & les feuilles des fruits font fort aftiingens , & un peu amers. On fe fert du tan d'aune pour préparer les cuirs. Son écorce eft aulîî employée par les Teinturiers pour faire le npir. On prétend que fon bois ne pourrit point dans l'eau : on croit au contraire qu'il y durcit de telle manière qu'il s'y pétrifie. Les feuilles d'aune appliquées fur les vieux ulcères les delféchent : ces mêmes feuilles ramaflées dans un (ac s'échauffent , & font beaucoup tranfpirer les parties du corps qui en font enluite en- veloppées. C'eft un remède dont on le fert quelque- fois pour des rhumatifrnes opiniâtres. L'aune devient extrêmement haut , pourvu que la plupart de fes racines baignent dans l'eau. Il a la feuille comme le coudrier , ôi comme lui il jette de fouche. Chom. On nomme Prenne cet arbre dans quelques Provinces. Ce mot aune pourroit bien venir de l'hébreu pVtî l c'eft la conjeéfure du P. Thomallîn, qui rapporte à la langue hébraïque l'origine de tous les mots dont il parle. Aune noir. Alnus nigta, ou Frangula ,t^\in2.ï\>K0fi.ï donne dès fa racine plufieurs jets gros comme le doigt, branchus, & garnis de feuilles aflcz femblables à celles du cerifier, mais plus petites, oppofées. D'entre leurs ailTelles naiifent des fleurs à cinq pétales blanchâtres , qui fortent des échancrures de leur calice , au fond duquel s'élève un piftil qui devient une baie verte d'a- bord , enfuite rougeâtre , molle , qui renferme deux fe- mences arrondies \ qui devient enfin noire , & qui eft d'un goût défagréable. L'écorce moyenne de fes bran- ches purge les férofités , & fait vomir lorfqu'elle eft fraîche. On trouve l'aune noir dans plufieurs bois à la campagne. Aune. f. f. Bâton d'une certaine longueur qui fert àme- furer les étoffes , toiles , rubans , &c. Ulna. Il fe dit aufli de la chofe mefurée. Une aune de drap, de toWt.Aune courante, c'zù. une mefure d'étoffe ou detapilferie qui s'étend fur les longueurs, fans confidérer la largeur, ou la hauteur. Tous les Marchands doivent avoir une aune marquée & étalonnée , & ferrée par les deux bouts. Les aunes font difterentes félon les heux. Vaune d' Amfterdam a deux pieds un pouce , & deux lignes du pied de France, appelé Pied de Roi. Vaune d'Anvers eft longue de deux pieds, un pouce, & fix hgnes du pied de France. Vaune de Bergue & de Dronthcm, enNor-wége, eft un peu plus courte que celle d'Amfterdam , deforte que dix aunes d'Amfterdam en font onze de Bergue & de Dronthem. Vaune de Berne & de Bâle en Suiffc eft comptée égale à cçlle de Hambourg. Nnnn 6^o AUN L'aune de Breflau eft tenue égale à celle de Ham- bourg , &C ['aune d'Ofnabiuk à celle de Paris. L'aune de Cologne elt égale à celle de Hambourg, Léiplîc , ôx. L'aune de Copenhague eft d'un tiers plus courte que_ la verge d'Angleterre, qui a de long deux pieds, neuf pouces, huit lignes du pied de France. L'aune de Dantzick a de longueur un pied , dix pou- ces, quatre lignes & demie du pied de France. L'aune de France , ou de Paris , contient trois pieds fcpt pouces , c'eft du pied de Roi dont il s'agit. L'aune de Francfort fur le Mein eft égale à celle de Hambourg. Il y a deux aunes en ufage à Saint-Gai , l'une pour les toiles , l'autre pour les étoffes; elles font toutes deux plus courtes que Vaune d'Amfterdam. L'aune de Saint- Gai quifertàmefurer les toiles, fait une aune moins un fîxième d'Am.fterdam : celle qui fertà mefurerles draps eft encore plus courte que l'autre , & elle elt plus courte que celle d'Amfterdam d'un peu plus d'un di- xième. L'aune de Hambourg a de longueur un pied, neuf pouces du pied de France. L'aune de Londres palle pour égale à celle de Paris. L'aune de Lubeck eft plus courte d'un feizième que celle de Hambourg. L'aune de Lyon eft un peu plus courte que celle de Paris, il y a fur cent aunes une aune de diff^érencc. L'aune de Nuremberg eft tenue égale à celle d'Amf- terdam, & l'û^«t;deLéipfic,deNaumbourg&deHall, eft égale à celle de Francfort & de Hambourg. Les aunes de Riga , de Konigsberg, & de Revel, font un peu plus longues que celle de Dantzick. L'aune de Rouen, de Bourdeaux , de la Rochelle , de Nantes , fe rapporte à celle de Paris. L'aune de Suède , ou de Stockolm eft plus courte que celle d'Amfterdam, & fept aunes de Suède en font fîx d'Amfterdam. Il y a un dix-feptième de différence entre l'aune de Paris & celle de Genève , deforte que dix-fept aunes de Paris n'en font que feize de Genève- Samuel Ricard a ainfi réduit les aunes dans fon Traité du Commerce.Cc.nx. aunes d'Amfterdam en font qua- tre-vingt-dix-huit & trois quarts de Brabant, Anvers , Bruxelles; cinquante-huit & demie de France & d'An- gleterre ; cent vingt de Hambourg , Francfort , Léipfic, Cologne; cent vingt-cinq de Breflau, en Siléfie; cent douze & demie de Dantzick; cent dix de Bergue & de Dronthem ; cent dix-fept de Stockolm; de Saint-Gai pour les toiles quatre- vingt- ftx , & cent douze pour les draps. Matthias Dogen, & Cafimir, Polonois, ont fait des réduétions de toutes les aunes des plus fameufcs villes de l'Europe au pied Rhénan ; & le Père Merfene au pied du Capitule. Servius dit que Vaune eft l'efpace qui eft contenu entre les deux mains étendues ; mais Suétone veut que ce ne foit qu'une coudée. Chez les étrangers , au lieu de ce nom l'on fc fert de celui de Cannes 3 Varres , Verges 3 Brajffes j Palmes j ôcc. Aune , s'emploie populairement & dans la converfation, poui marquer une grandeur déméfurée par rapport à la chofe dont on parle. Ôtez-moi ce fuleau , il eft long d'une aune : j'en veux un plus petit. Suis-moi donc. Mais je vois fur ce débutde prône j Q^ue ta bouche déjà s'ouvre large d'une aune. BoiL. Aune , fe dit proverbialement en ces phrafes : cet homme melure tout le monde à fon aune ; pour dire , qu'il croir que rous les autres font faits comme lui. On dit,qu'ij ne faut pas mcfurcr les hommes à Vaune ; pour dire , qu'il y a de petits hommes qui ont autant de cœur & d'efprit que les grands : qu'un homme fait ce qu'en vaut Vaune ; pour dire, qu'il a déjà eu de pareilles affaires : qu'il en aura tout le long de Vaune ; pour dire, qu'on lui fera tout le mal qu'on pourra. Tout le !on^ de l'au- ne j fignifie auifi beaucoup, tout-à-fait, avec excès. AVO Et c'ejl tout jujlcment la tour de Babylone ; Car chacun y babille j & tout le long de l'aune. Mol. On dit aullî , au bout de Vaune faut le drap; pour dire , qu'on verra avec le temps la fin d'une affaire. On dit d'un grand mangeur, qu'il a toujours dix aunes de boyaux vides pour feftoyer fes bons amis. Ce mot vient, félon Icquez , du vieux mot laxon eln ou elne. {CT AUNE AU. Bourg de France, au pays Chartrain , à quatre lieues de Chartres , connu par la défaite des Reitres, en 1587. AUNÉE. f. f. Enula campana^ ou Helenium. Plante qui eft du genre des ajler. Ses racines font branchues , lon- gues, & alfez grolFes , aromatiques , d'un goût dou- ceâtre , mêlé d'un peu d'amertume. Elles donnent de leurs collets pluiieurs œilletons , d'où naillent de gtan- des feuilles longues , larges , pointues par leurs deux extrémités , molles , vert pâle en dcftus , blanches en delFous , crénelées fur leurs bords. D'entre fes feuilles s'élèvent une ou deux tiges droites , velues , creufes , hautes de cinq à iix pieds , garnies de quelques feuilles plus petites que celles du bas , & femblables à celles du bouillon blanc : les tiges lont enfin terminées par quelques perites branches qui foutiennent des fleurs radiées jaune doré , d'un pouce & demi environ de dia- mètre. Leur cahce eft écailleux, & leurs (emencesfont oblongues, grêles, & chargées d'une aigrette. Les raci- nes A'aunée lont pedlorales ; on en fait une confcrve qui eft bonne pour les afthmatiques , & qui convient encore pour les maux d'eftomac. L'onguent d'a^/nee eft: eftimé pour la galle , & pour diffiper les douleurs de rhumatifmes. L'aunée croit communément en Nor-- mandie , dans le Bourbonnois ; & on la trouve dans beaucoup de jardins. Elle eft très-aifée à élever, d'ail- leurs elle eft vivace. La luperftitieufe antiquité lui avoit àonné\ç.nom. à' Helenium 3 à caule qu'elle croyoit que venant dans l'île d'Hélène , elle avoit été produite des larmes de cette belle Princeire. AUNER. V. a. Mefureravec une aune. Pannum^ telant ulnâ metiri. Les Marchands ont une adrefle particulière pour auner , ils rrompent en aunant. AuNER bois à bois, ou ctt/zt-r pince à pince. C'eft-à-dire," Auner jufte, fans donner ou faire aucune bonne me- fure. AUNE, ÉE, parr, AUNEUR. f. m. Officier commis pour marquer & vifi- ter les aunes des Marchands. Menfor. Il y a à Paris un corps de vingt-quatre Jurés Auneurs. L'Ordonnance veut que les Auneurs melurent les étoffes borda bois juftement, & fansévent. Cet évent étoit autrefois d'un pouce au-delà de l'aune , qu'on donnoit en mefurant. Les Auneurs ne peuvent être Courtiers, Cominilîio- naires , ni Faâeurs , ni achetet aucune draperie pour leur compte. AUNHAR. Nom propre, /^oye? AUNAIRE. AUNIS, ou le pays à'Aunis. Alnifium^ Alnenjîs , oa Alnetenfis traclus. Petit pays de la Saintonge en Fran- ce. L'A unis eft borné au couchant par la mer de Ga.C- cognc, féparé du Poitou au Nord par la Sevré, &c envi- ronné de la Saintonge au Midi & au Levant. La Ro- chelle en eft la capitale. On ne dit guère Aunis tout feul, mais toujours le çzys A'Aunis. AVO. AVOCASSER. V. n. Faire la profefllon d'Avocat. Caufas agere. On ne le dit point des Avocats célèbres, mais de ceux quifont peu employés. Il y a long-temps qu'il avocajfe ^&cmtundcialvn. Ce mot eft familier, & ne fe dit qu'en mauvaife part. AVOCASSERIE. f. f. Profellîon d'Avocat. Advocatio. On ne voit guère de gens s'enrichir aujourd'hui par VA- vocajferie. Il y a déjà plufieurs années que cet homme s'adonne à VAvocajJerie. Ce mot eft bas. AVOCASSIE. f. f. Vieux mot. Art de plaider. AVOCAT, f. m. Homme favant en Jurifprudence, qui j en vertu de fes liceoces & de fa matricule, plaide & AVO «!i-'fcud de vive voix, ou paf écrit, le droit des paitics qui ont beloiii de fon alliibnce. Advocatus , caufidï- cus , caujarum Aclor. \jn Avocat phidanc ,ce.\u\ qui s'applique à la plaidoirie. Gz/z/Zc/ic^Jj caujarum Aclor. Un Avocat confultant , celui qui Te renferme dans la conrultarion , qui ne plaide plus , &: donne teulement l'on avis & (on confcil dans les atfaires litigieulcs. Pa- tronus de jure rcfpondens. Cette diitiiidion entre les Avocats plaidans, & les Avocats conlultans, le rap- porte à celle que mettoicnt les Romains entre les Avo- cats Ss.\q.^ Jurilconiultes. Il yavoitleulcmentcctte dif- férence, que la foncl:ion des Jurilconiultes , qui don- noient fimplement leurs conleils , étoit diftmcte, & féparée de celle des Avocats. Les Jurilconiultes ne piaidoient point; c'étoit une efpèce de magiftiature privée , (Se perpétuelle , principalement lous les pre- miers Empereurs. D'autre côté les Avocats ne deve- noient point Jurilconiultes : au lieu qu'en France les ^vociîw deviennent Jurilconiultes en ce tens-là;c'efl- à-dire, qu'a\ant acquis de l'expérience , &de la capa- cité dans la plaidoirie, (Se ne pouvant plus enloutenir le tumulte, èv' la fatigue, ils deviennent Avocats cow- iultans. C'eft larécompade de leurs travaux, & lare- traite d hunucur de leur vieiilelle. C'ell pourquoi à l'audience des Parlcmens, ils le placent mr les lièges inférieurs cou\xrts de Heurs de lys, avec les Juges des Juiidiétions lubalternes. Dans les anciennes Ordon- jiances, ils lont nommés ^voctirj Confeillers; y^c/vo- catï confilïarïï. Pour être reçu Avocat , il faut avoir pris les licences dans une Faculté en Droit, après y avoir étudié trois ans, y avoir été examiné deux fois, & y avoir foutenu deux Thèfes. Il faut prêter lerment , & le faire immatriculer au Parlement où l'on veut plai- der. Cicéron dit ^u'un habile Avocat eft comme l'O- racle que chacun va conlultcr. La Loi / ^ du Code , Liv. 2 ,T. j 3 rppelle le métier (^Avocat une milice; parce que les ^vf^cizw combattent pour la vie, &pour la fortuite de ceux qui implorent le lecours de leur élo- quence. Les Elpagnols de Cuba ne voulurent plus qu'il ]pz(sït A.' Avocat dans leur ilc; ils les appellent Letra- dos : & il? obtinrent que ceux qui y étoient déjà, ne plaideroienc plus, difant qu'ils étoient caule de tous les débats & procès des Habitans. Herrera. Dans les anciennes pratiques & ftyles des Cours , les ^T'ocjrj ont été appelés Par/iers^ou Anpariiers. Le mot de Parlier eu. encore en ufage en quelques en- droits de la SuilTc, comme dans le Comté de Ncucha- tel. Ils ont été auiîî appelés Conteurs Se Plaideurs. Les Romains avoient une opinion honorable de la profeflîon à' Avocat. Les fièges du barreau de Rome étoient remplis de Confuls, & de Sénateurs, qui le tenoient honorés de k quaUté d'Avocat. Les mêmes voix qui commandoienîaux peuples, étoient aulfi em- ployées à les défendre. C'eft pourquoi les Empereurs préférant la robe à l'epée , donnoient aux Avocats le titre de Comtes , 5c de Clarillimes; & ils portoient fi loin Ihonneur qui étoit dû à rexcellcnce de cette pro- felHon, qu'on les défignoit par le nom à'Honorati. C'étoit encore parce même principe d'eftimc, qu'on les appelloit Patron! j, comme fi leurs cliens ne leur étoient pas moins obligés, que les affranchis à leurs maîtres, qui les avoir tirés de fervitudc. Enfin l'Empereur Théo- dofe , après avoir réuni dans la Novelle, de pojlulan- do j tous les éloges imaginables, conclut, que les pri- vilèges qu'il leur accorde, lont peu de chofe pour une fonétion fi noble, & fméceirrire. Cette profellion s'a- vilit dans la fuite. Car pendant le temps de la Républi- que florilFante, ceux qui alpiroient aux charges, & aux honneurs, piaidoient gratuitement, pour s'acquérir la bienveillance du Peuple , & fe faire des cliens. Alors les Sénateurs euifent eu honte de rendre leur éloquence vénale; ils ne cherchoient que de la gloire, & de la réputation. Mais depuis que la faveur populaire ne ler- vit plus à parvenir aux dignités , Se que les Avocats ne furent plus récompenfés par les charges, ils devinrent mercénaucs. Le vncûtï: à' Avocat fut un métier lucra- tif ; (Si ils vendirent leur zèle , &c leur colère, comme ils avoient fait dans les premiers temps. Les Avocats de Rome rançonnoieut tellcmeiu leurs pairies, que le Tri- Tomi I, AVO 6si bun Cincius fît une Loi qu'on appela de fon nom , Ciii- cia , afin de corriger cet abus ; elle défcndoit aux Avo.. c.:ts de rien exiger de leurs cliens. .Fredericus Brum- merus a fait un ample Commentaire fur cette Loi. Il étoit d'abord défendu aux Avocats de prendre aucuns preiens pour plaider une caule. L'Empereur Augufte y ajouta une peine; (S: l'Empereur Claudius crut faire un grand coup , de les réduire à ne prendre pas plus de dix grands felîerces pour chaque caufe, qui valoient 457 livres dix ious de notre monnoie. Ménage cite un titte de Chailcmagne , tiré de Nauclerus, qui défend aux Avocats J quand ils viendront plaider, d'amener plus de trente chevaux. Autrefois en France les Avocats étoient élus dans chaque tribunal en prélence du pre- mier Magiftrat, comme tous les autres Officiers. L'on y oblcrvuit les mêmes formalités, & l'ony prenoit les mêmes précautions que pour l'élecfion des Juges. Ils croient choihs entre ceux des Citoyens qui avoient le plus d'érudition, & de probité, iSt: failbient corps avec tous les autres OfHciersdclaJurididfion. Comme eux auliî ils étoient fujcts à fupprelhon. Les Capitulaircs <^' les anciennes Ordonnances de nos Rois font pleins de Règlemens fur cela, f'oye^ fur les Avocats, Leg. 1 4,de Advoc. diverf. Jud.M. Mackenfi, Idea£/o^. For. & M. Ménage dans l'Epître dcdic. de fcs Juris Civil. Amœnitatcs. Il y a long-temps que Vaugelas a décidé qu'il flrur dire Avocat au Parlement , Se non pas Avocat en Parlement; & la décilion a été confirmée dans les Ob- fervations de l'Académie Fraiiçoile, lur les remarques de ce célèbre Grammairien. On donne le nom d'.-'Ho- Cisrj en Parlement à ceux qui ont pris des degrés, qui n'ont point luivi le Palais, ni frit la profclîîon à'A- vocats. Avocat- Général , cft un Officier de Cour Souveraine, à qui les Avocats des parties communiquent les cautes, où le Roi , Se le Pubfic, l'Eglile, & les Mineurs ont intérêt , (Se qui en pleine audience en rend compte à Mellicurs les Prélidens Se les Confeillcrs , iSc qui même donne les conclulions, après avoir oui les plai- doyers des Avocats des parties. Advocatus regius in fupremo Senatu, Avocat du Roi 3 eft celui qui efl Subftitut de l'Avocat Général , & qui eft employé dans une Juridiélion qui relevé d'un Parlement. Advocatus regius in inferiorc Curiâ. U Avocat du Roi conclut toujours à l'Audien- ce , pour le Roi , pour le Pi^blic, pour les Mineurs. Sous la première Se féconde race de nos Rois, il n'eft frit aucune mention iX Avocat du Roi, ou du File eu particulier; mais il femble que tous les^iicijrj en gé- néral en excrçoient les fondlions, ,.^ §:CF AVOCAT aux Confeils. Litis Ordinatorin Conjilio regio. C'cll celui qui a acquis un Ofîice qui lui donne le droit de faire toutes les inftruftions Se procédures des affaires litigieuf es qu'on dilcute au Conleildu Roi, & aux requêtes de l'Fiôtel au Souverain. Ils font au Con- feil ce que les Procureurs font dans les autres Tribu- naux. Avocat Fifcal, eft un Officier qui a été inftituépar l'Em- pereur Adrien, comme remarque Budée, pour défen- dre la caufe du File, non-leulement en la Chambre, mais aufll en tous les autres Tribunaux. Fifci Advo- catus. Avocat Conjîjlorialjxti un Officier de Cour de Rome créé pour y plaider fur les oppolitions qu'on forme aux proviiions des Bénéfices, qui étoient fort communes du temps des éleclions. Ils font dix en nombre. Advocatus in Pontificio Confilio. L'Avocat d' uns ville , c'eft en Allemagne un Magiftrat établi dans cette ville-là poury rendre la Jufticeaunom de l'Empereur. Les Monaftères y avaient autrefois leurs Avocats , pour loutenir leurs droits, Se rendre la juf- tice à leurs valfirux ; mais ces Avocats , plus attentifs à leurs intérêts qu'à leur devoir, pilloient fouventceux qu'ils étoient obligés de protéger. f-"oye\ Avoué. H y avoir autrefois des Avocats pour défendre les droits de l'Eglile, tant par armes qu'en juftice, qu'on a appelés plus communément ^;'o«c;.r. Voye'^ Avoué. On appelle proveibialeineiic Se ironiquement uja Niinnjj 6$% AVO Avocat qui manque de prariqtie, un Avocat a tort, & lanscaufe, mï\ Avocat de caufcs perdues. Impentus& iners Caujidkus , Patronus fine patrocïnio. On dit de même proverbialement , un Avocat de balle , un Avocat de Pilate, par allulîon a ce mot, Non invenio - pofée que des balles de la panicule d'avoine. Dans la difctte on fait du pain avec de l'avoine ; il y a même bien des pays où le payfan ne mange affez communé- ment que du pain d'avoine. L'Avoine, fait partie des petits blés qu'on appelle les Mars: elle fert à nourrir les chevaux. Un bon Cavalier doit voir manger l'avoine à Ion cheval. Les chevaux vont plus vite le loir, quand ils Icntcnt l'avoine. On appelle les gros chevaux, des coftres '^avoine. Par l'Or- donnance du mois d'Oéfobte 1669, il eft ordonné que l'avoine fera à l'avenir diftribuée dans les melures à blés, dont le feptier eft régie à vingc-quatre boiiîeaux, qui n'étoit ci-devant que de vingt-deux, quoiqu'on donnât lept minotsàblé, dont le dernier étoir comble, pour faire le leptier d'avoine ■ car il faut le double de la meiure d'avoine pour faire le même poids de blé. On appelle foile-avoine , celle qui eft Iférile. Il y a aullî une avoine fauvage , qui croit parmi les blés. Elle eft lemblable à la Coquiole & à l'autre avoine^ excepté que (es grains font plus grands & plus noirs. Avoine , eft aulli un grain qui croît dans une terre de l'Amérique (eptentrionale, vers le Canada, ik. dans les petites rivières , dont le fond eft de vafe , au bouc de la tige, d'une herbe qui s'élève de deux pieds au- delFus de l'eau. Ce grain le recueille en Juin, & eft gros comme le nôtre ; mais il eft une fois plus long, 6c il rend plus de farine. Il cil aullî bon que le ris. On dit proverbialement & figurément d'un homme qu'on a bienfait travailler tout le jour, qu'il a bien gagné Ion avoine ; pour dire, qu'il a bien gagné fon louper. D'un homme avare , qui ne fait point part aux autres de ce qu'il a, qu'il mange ion avoine dans fon lac. AVOINES. Au pluriel, fe dit des plantes de l'avoine, quand elles font encore fur pied. Avena. Les avoines font belles cette année. Acad. Fr. Jamais on ne vit tant d'avoines. Voit. Faucher les avoines. §CT AVOIR. V. a. Hahere. Etre le lujet à qui unechofe appartient. Il n'eft pas néceflaire de pouvoir dilpoler d'une chofe, ni qu'elle foit aéluellcmcnt entre nos mains pour l'avoir ; il fufht qu'elle nous .appartienne. On n'eft pas toujours le maître de ce qu'ont?; on l'eft de ce qu'on poftede. Un avare peut avoir des lichefles dans fes coftres , mais il n'en eft pas le maître ; ce font elles qui polfedentfon ccrur, i^'lon clprit. M. I'AbbÉ Girard. SvN.Saconjugailoneft fort irrégulière. Il faut conlulter la Grammaire. On mettra pourtant ici quel- ques uns de fes temps : i'ai , tu as , il a. Nous avons y vous iH't'^ , ils ont. i'avois, j'ai eu ne failant qu'une feule lyllabe, & non pas deux. J'47voij eu. J'aurai. Au fubjonélif, que j'aie, que tu aies , qu'i/ ait , Si non pas qu'i/ aie , ni en vers , ni en proie, i'aurois , ou que i'eujje pour l'imparfait. Que i'eujfe eu , ou j'aurois eu pour le plulquc parfiiir. J'aurai eu pour le futur. Ayant clt toujoius au gérondif; il ne prend point un s au AVO pluriel. T. Corn, mais oiTecrir en termes deBarrcdu , lui, (es hoirs & ayans cau(e, parce qu'il ell employé comme fubilantih fer On dit ravoir beau , l'avoir belle; pour dire, avoir une occafion hivorable de faire quelque chofe. ifT Avoir , s'emploie iou\ent avec la particule à devant un inrinirif; & alors il 1ère à marquer ladilpoiition & la volonté où 1 on eft de hiire ce que le verbe, qui eft: à 1 infinitif, iignifie. J'iJi à étudier. J'ai à travailler. C*-3" -A l'égard de ces façons de parler, i/ y avoir. Y a-t- il. f'ovc^ la lettre A cjnliderée comme troilicmeper- fonnc du verbe avoir. On dit proverbialement en menaçant, il en aura : on fous-entend, des coups. JcVaurai, on fous-entend, en mon pouvoir. Il n'cft que d'en avoir ^ on ious-en- tend, du bien. (fT Avoir & posséder, confidérés comme fynonymes. /^oj. au mot Posséder, les nuances qui les dill:ingui.nt. Eu, EUE. part. Il n'elf d'ul.ige qu'étant joint a quelque autre temps du verbe avoir. Les choies qu'il a eues. Le bien qu'il a eu. On dit dans le dikours familier , dès quil a eu fait; pour dire, fi-tôt qu'il eut achevé. Dès qu il a eu fait, il efl: parti. AVOIR, f. m. Ce qu'on polledc de bien. Opes ^ divitidt, facuttatcs. On lui prit tout Ion avoir 6i chevance. Ce mot en ce lens eft venu de avéra ^ ou averia j mot de la balle latinité, qu'on a dit de toutes fortes de biens , Ôc tur-tout des meubles, des chevaux & des belHaux qui lervent au labourage. Les Efpagnols difent en ce lensaverias. Du CANGE.Ce moteftduftyle famiher. La plus grand' part appe'te grand avoir, La moindre part fouhaitte grand /avoir. Marot. Un Bûcheron perdit fon gagne pain : C'cJI fa co née ; & la cherchant en vain ^ Ce fut pitié là dejfus de l'entendre. Il n'avoit pas des outils à revendre. Sur celui-ci rouloit tout fon avoir. La Fontaine. ftC? AVOIR f. m. Terme de Négoce. Un livre de compte doit reprélentcr Iczio/r d un côté du feuillet, & le déhet de lautre ; cel1:-j-d;re, les dettes actives d un côté & les dettes pallives de l'autre. AVOIRS. Terme de Coutume. Ce mot fignifie des ani- maux domc'lliques, comme moutons, iScc. f^oye\ AVKR?. AVOISIE. adj. f. Vieux mot. Avifée , fine , fpiricuelle. Poéf. du Roi de Nav. AVObINEMENT. L m. L'Abbé Richard dit qu'on a d:inné le nom A'avoifinement aux projets , pour tâ- cher de réunir les divcrles créances des Catholiques Romains & des Proteflans. L'expofition de la Foi de M. Bolluet étoit une efpèce à'avoifnement. AVOISINER. V. a. Etre voilîn, être fitué auprès, f^ici- num 3 propinquum ejfe. Cette Province avoifine l'Ei- pagne, avoifine la mer. Sa Seigneurie avoifine ma terre. Il ne fc dit que de la proximité de lieu. Ce mot n'eft guère bon en profc. Il eft purement poctique. On peut dire en faifant la defcription d'une ipontagne fort élevée , qu'elle avofine les cieux. Charpentier ne l'exclut pourtant pas entièrement de la proie , puifui'il dit que c'eft pat une mauv.aile dc'licatelle que ce mot efi contacté en pocfie. Vaug. T. Corn. AVOITRE. Vieux mot. P'oye:^ Avoutre. C'eft la même chofe. ^ AVOLA. Petite ville de Sicile, dans la vallée de Noto, fur une montagne, près de la côte de la mer. AVOLÉ. adj. Vieux mot. Etourdi , qui ne prend con- feil que de lui-même : du grec «/St^Ax't , qui eft fans confeil. AVON. Nom de plufieurs rivières d'Angleterre &" d'E- cofle. Avon ou Avin en Angleterre. Avona, Avinus , Alaunius. Elle a fa fource dans le comté de Wilt , traverfe une pairie de Hant , & dans la Manclre a 1 oc- cident de l'île de Wight. Un autre Avon nait aulîî dans le comté de Wilc, fépare ceux de Soramerfec & de AVO 6^1 Gloccfter, paiïe à Bath & à Briftol, & fe décliarge dans le golfe de Saverne. Un troiiième Avon part du com- té de Leiccfter, arrofe Warwich & fon comté, & le joint à la Saverne aTewkesbury , entre Wolchcfter .c Colcheter. Avona. Un autre petit ^vo/Zj en latin ^vo, coule dans le comté de Monimouth , & tombe dans rOuske, vis-à-vis de Caerlion. Les Avons d'EcolFe (ont 1°, celui qui fortant des confins de la Cluydcrdale, traverfe les pays de Sterling & de Linlinthque, c:!»: fe décharge dans le golfe de Forth. Avona. i". Celui qui a fa fource dans le comté d'Argile, traverfe le lac d'Aw & le pays de Lorne, <& tombe dans la mer d Irlande à Dunftafag, vis-à-vis de l'île de Mul. 3°. il y a plulîturs autres Avons en Ecollé , mais il peu conlid.'r.rbles, qu ils ne méritent pas qu'on en parle. AVORTEMENT. f. m. Terme de Médecine. (CT Ac- couchement avant terme d'un fœtu; humain impar- fait, foit_ vivant, foit mirt. Ahortis , aho'tuo. Degori dit que lî X'avortement le fait avant le feptième jour depuis la conception, on l'appelle perte de fin^^ , ou j aux germe. On le dit plus proprement dans le lan- gage ordinaire, des animaux. A l'égard des femmes, on dit \^\\xx.oi une fauffe-couche ,^\ ce n'eft quand Xa- vortemcnt eft provoqué par des remèdes. Les Jour- naux de Médecine, imprimés à Paris en 1683 , par- lent d un avortcment par la bouche. Les caufes de Vavonement font la grandeur du fœ- tus, fa pelanteur, l'irritation de la matrice, la fi iblelîe du fœtus, le défaut de nourriture , le relâchement des Hgamens du placenta, le mauvais air, lexcès dans le manger, les longs jeûnes, les mauvais alimens, les longues veilles , les m uvemens violens de l'ame &du corps , la courfe , les fauts , la danfe , le grand tra- vail , la chute du haut en bas , les efforts pour élever un fardeau trop pefmt , les c^jups reçus au ventre, l'ufige des bulques peur fe confervcr la taille , les évacuations immodérées, les grandes lueurs, les gran- des hémorragies, les mauvaifes odcns , les purgatifs violens . généralement tout ce c]ui peut provoquer les mois. Degori. Îf3' AVORTER, v. n. Accoucher avant terme. Il ne fc dit guère qu'en parlant d'un accouchement caulé par un crime. Ahortum pati j alortum facere. C'eft un crime capital de faire avorter à; des tributs & revenus du pays. Les Empereurs ont nommé les Avoués des Provin- ces, OU des Villes. Benhold, dont nous avons parlé , AVO cft appelé , Par la grâce de Dieu & de l'Empereur _, Avoué. Spelman, favant Anglois, du dernier ficcle, diftin- gue deux fortes à' Avoués des Eglifes. Les uns qu'il ap- pelle Avoués des caules , ou des procès , Advocati cau- farum ■ ëc les autres qu'il nomme Avoués du territoire, Advocati Joli. Ceux-ci étoient héréditaires, les autres fe donnoient. Ceux-ci fedonnoient par le Prince pour loutenir en Jufticc les droits des Egliles, comme il pa- roit par le Canon ç)C) du Concile de Carthage 6c par les Capitulaires de Charlemagne , Liv. V ^ ch. / /. Les autres étoient les fondateurs des Eglifes , ou leurs hé- ritiers, que nous appelons aujourd'hui Patrons.Y.wct fens les femmes étoient miÛi Avouées , AdvocutXj ou Advocati[i<£ ; & l'on en trouve en effet dans le droit Canon qui ont ces titres , & elles avoient droit de pré- fenter dans les Eglifes dont elles étoient Avouées. On trouve dans la Chronique de Sens, Liv. II , ch. /7 ^ des Avoués libres, Advocati libcri. Les Avoués matri- culaires , Advocati matriculares jdont parle une vieille Charte rapportée par Vigul. Hondius dans la Métro- pole de Saltshourg, Tom. II ^ pag. 2j^j étoient les Avoués de l'Eglife Cathédrale , appelée EgUfe Matrice. j^ VOUER. V. a. Reconnoitre, ccnteifer la vérité d'une chofe qu'on a eu envie de cacher. Fatcri , confitcri. Avouer le fait. Avouer ingénument fon crime. Il faut avouer que la Providence divine eft merveilleufe. Ce criminel a tout avoué à la queflion. La malignité des hommes a de la peine à convenir de nos bonnes qua- lités. Ils les avouent plutôt qu'ils ne les fouhaitent. La Plac. IJC? La queftion fait avouer le crime , la repentance le fait confelTer. C'eft manquer d'efprit que d'avouer fa faute , fans être alfuré que l'aveu en lera la fatisfaction. C'cflunefottile d'en faire la confelîîon, fans efpérance de pardon. Voyei[ Confession. Avouer, fignifie aulîl, reconnoître quelqu'un pour fon Seigneur : Clientemfe profiteri erga, &c. Il s'eft avoué vallal d'un tel Prince. Il a avoué tenir de lui un tel fief, tels héritages. A VOUER, fignifie aulTl, approuver ce qu'on a donné charge de (aiie. Approl>are. Cet Amballàdeur a plein pouvoir, il fera bien avoué de tout ce qu'il fera. Il y a ici des perlonnes qui m'avoueront de tout ce que j'écrirai. Voit. Quelque chofe qu'il falfe , il en fera avoué. Je n'en ai pas charge Spéciale ; mais je m'en ferai bien avouer. Mez. Avouer, fignifie au(îî , reconnoître pour fien, protéger. Suum agnofcere j tueri. Ce perc avoue cet enfant , s'en reconnoît le père. Cet auteur a avoué un tel Ouvrage, s'en eft reconnu l'auteur. Il eft avoué de ce Prince pour fon domeftique, pour fon valfal. S'avouer de quelqu'un^ c'eft fe reclamer, s'autorifer de quelqu'un. Inclamare. Quand je ferai là, je n\ avoue- rai de vous. S'Avovhv. d'une telle Religion; c'eft confelferque l'on profclfe cette Religion. Profiteri. Il s'avoua franche- ment de la Religion chrétienne. On dit proverbialement , avoucr\:i dette ; pour dire , reconnoîtte qu'en a tort. AVOUÉ , EE. part. Il a la fignification de fon verbe. Confejfus. AVOUÉRIE. f. f. La qualité ,& la charge à' Avoué. Ad- vocatia , en termes delà baffe latinité , ou Advocatio. Il fignifie, i°.Protcclion. Dans la Chronique de Cam- brai , L. I , ch. 10, implorer Vavouerie d'un Abbé , c'eft implorer fa proteétion. 1°. La charge d'Avoué ^ qui n'étoit autre que le foin de protéger , comme il paroît par les lettres de Nicolas II à S. Edouard , où Advocatio & tuitio -, font fynonymes. 3°. Le droit de préfenter à un Bénéfice, ou de Patronage. 4°. L'aétion de donner un Champion , ou Chevalier qui fe batte en champ clos pour la défenfe de quelqu'un. 5°. Avoue- rie , advocaria , ou advocatia , eft la penfion qu'on fai- foit à \ Avoué pour la protedlion qu'il donnoit. Va- vouerie d'une Eglite fe conféroit autrefois à celui qui l'avoit bâtie & fondée , après la confécration de cette Eglile, en mettant fur lui un morceau de drap, panno impofito. Chorier , dans fon Hifioirc de Dauphiné j AUP 6ss i- f^III. T. Ij p. j22 :> fe fert du terme d'Jdvoca- tionj, au lieu de celui d'Avouiriej mais mal. On a dit autrefois Avouefon pour Avouerie. AvouERiE , fignifie aulîi certain droit que les Sujets doi- vent à leur i)eigneur, par lequel ils l'avi^uenc & le re- connoillent pour Seigneur. Dans les comptes du Do- maine du comté de Boulogne, de l'an 1474, on ht ces paroles : les Avoueries d'Effaples & Rombly que doi- vent les habitans d'icelles villes àlaTouilaint. Et dans les comptes du Comté de Ponthieu , de la même an- née 1474, fol. I J cens, rentes , rcccgnoiifances , & Avoueries deues au Roi à caufe de fa Comté de Pon- thieu. AVOUTRE, ou AVOUESTRE. Vieux tetmc de Coutu- me, qui fignifioit, bâtard, illégitime. Spurius. On le trouve dans Rabelais. Beaumanoir donne une idée jufle de ce que l'on entend parle mot avoutre, c'eft au ch. 1 8 , où il dit : li avoutres font chil , qui font engendres en femmes mariées , d'autrui que de leurs Seigneurs > ou houmes mariez. Jean de Meun emploie le mot avoutre dans fon tef- tanient manufcrit. Luxure confond tout , là où elle s' encontre : Car maints héritiers deshérite & oultre , Et hérite à grand tort maint bajlard, maint avoutre. Ce mot vient du latin adulter , car on difoit auflî avoutrie , ou avouterie , pour fignifier adultère. Les Florentins difent avolterio. Voyez Adultère. AVOUTRIE. f. f. Vieux mot. Adultère. AVOYE. f. f. Nom de femme. Foye^ HÉdwige. AVOYE. f. m. Avoué. Magiftrat de quelques villes. Ce mot eft en ufage pour fignifier un Magiflrat des villes Suiffes. Advocatus. C'eft originairement la même chofe qu'Avoué ; car c'eft une rêverie de dire avec GoUut qu' Avoyé, ou comme il écrit, Avojer , vient dAnt~ Voigati nom celtique d'un ancien Roi des Gaulois , que les Romains prononcèrent Ambigat j & qui figni- fioit Magiftrat de ttès-grande puilfance. AVOYER. V. a. Vieux mot. Mettre en bonne voie , en bon chemin. Diriger e. Et de tous ceux de la très-claire voie y Où Jupiter les dévoyés avoie. Ma rot. AvoYER. Terme de Marine. Quelques Navigateurs f© fervent de ce terme; pour dire, commencera fouffler, ou fouffler d'un autre rumb. Il n'y a rien de plus commun dans le Journal des Flibuftiers de l'Améri- que, que le mot envoyer , qu'ils prononcent ainfi, au lieu d'avoj cTj & qu'ils écrivent comme ils le pronon- cent. AUP. AUPARAVANT, adv. Qui marque priorité de temps. Antè. Je l'avois averti longtemps auparavant.l>ie. fal- loit-il pas auparavant parler avec moi de cette affaire î Alexandre donna à Porus un Royaume plus grand que celui qu'il avoir auparavant. Vaug. Il y a des gens qui font fuivre auparavant d'un que, & qui difent : ilfauc auparavant que de faire cela , auparavant que de dîner, bénir les viandes que l'on met fur la table : mais c'eft: fort mal parler. Ils confondent le mot auparavant , qui étant adverbe ne régit rien , avec celui d'avant. Foye:i Avant. C'eft encore blefferla pureté du langage , que d'en faire une prépofition luivie d'un régime , & de dire, par exemple , il eft arrivé auparavant moi. Il faut dire, avantmoi. Restaut. Cet adverbe abfolu n'admet aucune relation , aucun régime. AU PIS ALLER, adv. Tout le pis qu'il puiire arriver. Uc res pejfimè cedat , cadat.Aupis aller , il m'en revien- dra un tel avantage. AUPRÈS. Prépofition qui marque un lieu proche, & qui régit le génitif. Propè , propter. Être auprès du feu. Il loge auprès du Pont-neuf. La boule eft auprès du but. Elle fert quelquefois à marquer un attachement domeftique. Il eft auprès d'un grand Seigneur ; pour dire , il eft attaché à fbn fervice. Elle fert encore à hnc 6$6 AUR comprendre qu'on a les bonnes grâces de quelqu'un. Jpud. Il eft bien auprès du Prince. Il eft bien auprès des Miniftres. Il eft bien auprès du fexe. Elle fert auffi à la comparairon. j4d. Les tableaux des Peintres mo- dernes ne font rien auprès de ceux de Raphaël ; c'eft-à- dire , au prix , en comparail'on de ceux de Raphaël. Pra, Auprès , eft quelquefois adverbe. Prcpè j proximè. Je viens d'ici auprès. Il demeure tout auprès. On dit en proverbe , fi vous n'en voulez point , couchez-vous auprès- Par auprès , s'emploie aulTi adverbialement , & figni- iîe , un peu a coté. Il n'eft pas beloni d'entrer dans la ville, il ne faut que pa.&t par auprès. La balle n'a pas donné dans le but , elle a palFé par auprès. Acad. Fr. Exprelîlon tout au plus populaire. Ce mot vient àt ad prejjum , MÉnagejou de ad&c de propè. Nicot. AUPS. Ville de France. J/pes j Alpium urhs y Cajlrum de Alpïhus. Elle eft en Provence, entre Riez & Dra- guignan , capitale d'une Viguerie. Elle eft dans une branche des Alpes qui s'étend en Provence , & c'eft fans doute delà qu'elle a pris Ion nom, qui s'eft formé d'Alpes , en changeant à l'ordinaire al en au. On écrit auflî Aulps i&C cette orthographe eft la plus ordinaire. AUR. AURA. {. m. Oileau du Mexique. Il eft grand comme une poule d'Egypte. Son plumage eft noir , 0Cr avec quelques teintes de rouge au cou , à la poitrine & aux ailes. On l'appelle autrement Gallinafja j & dans la nouvelle Efpagne Cofquauth. Il a l'aile 11 forte qu'il vole contre le vent. 'AURACH. Ville d'Allemagne , dans le duché de Wir- temberg, entre Tubinge tk Ulm, capitale d'un comté qui perte fon nom. Auracum , Uracum. AURAIS. Montagne. Aurajius mons , anciennement y^«- ius, en Afrique, dans le Royaume de Tunis, près de la côte. 'AURAN. Autrement AURANITIDE. Contrée de Syrie. Auran , Auranitis. Elle étoit voifine de la Batanée !?c moyen. AURiil-IE. (. h Terme de Phyfique & d'Hilloire natu- relle', Aurélia , Chryfalïs. On appelle du nom à'Auré- Ue , eudeChryfalide cette efpcce de fève, en laquelle £e change un ver, par exemple, un ver à foie , qui doit enfuitc prendre des ailes, & voler. Académieues Se. 1703. mil. p. Ij. Les Pucerons , après avoir marché, viennent à voler, fans avoir palfé, comme la plupart des autres infeéles volans, pav étïc Aurélie ^ ouChry- lalide. Ib.^. i (/. Toutes lesparties fe développent; de- lortequc le ver le trouve converti en Aurclie, ou nym- phe , qui efl: la mouche prelque parfaite. Maraldi. Hifl. de l'Acad. des Se. i ;i2 ^p. j i y. AURÉLIE. f f Nom de femme. Aureiia. Jules Ccfar étoit fils de L. Céfar, & à'Aurélie fille de Cotta. ÇCr AURENG ABAD. Ville de l'Indouftan, dans la Pro- vince de Balagate , dont elle ell: capitale, marchande & bien peuplée. AUREOLE. (. f ^i/reci/a. Couronne de gloire j cercle de lumière que les Peintres &: les Sculpteurs mettent au- tour de la tête des Saints, des Vierges, des Martyrs, & des Docteurs, pour marque de la victoire qu'ils ont remportée. Le P. Sirmond dit que cette coutume eft empruntée des Païens, qui environnoient de rayons la tête de leurs Dieux. Foye-^ S. Thomas au Supplément de la fomme , Quefllcn 116. Auréole, s'elt dit originairement de quelque joyau qu'on propofoit pour prix de quelque ditpute, qu'on donnoit pour récompenle au mérite. Du Gange. Les Théologiens ScholalHques appellent Auréoles ^ les récompenles fpéciales qui lont données aux Mar- tyrs, aux Vierges, auxDodeurs, & aux autres Saints, àcaufede leurs œuxres de /ureroc;ation. C'eft le degré de gloire qui les diftingire dans le Ciel; & c'eft ce que S. Auguftin, dans fon Livre de la Virginité _, appelle prérogative de gloire. Le P. Séguenot de l'Oratoire , qui a traduit cet ouvrage de S. Auguftin , dit dans la remarque iur cet endroit: « C'eft-a-dire, quelque haut S' degré de gloire, au moyen de quoi ils leront vraiment 3> plus heureux que les autres. Il ne faut pas penlerque 3' ce foit cette forte de récompenle que les derniers Scho- 3>laftiques ont inventée, & qu'ils appellent Auréole : 3' car les Pères n'en ont jamais parlé , ni même les pre- 5' miers Docteurs de l'Ecole, c^c il n'y en a nul fonde- 3> ment en l'Ecriture. Mais le fondement , à mon avis, 33 eft en cette faulle imagination que l'on ne peut vain- »> cre , que la grandeur & l'excellence de l'attion con- 33 tribuent quelque chofe au mérite." Cette propofition du P. Séguenot touchant \ Auréole , a été cenfurée par les Théologiens de la Faculté de Paris. AURIBAT. Partie de la Galcogne, province de France, auprès de l'Adour & de la ville de Dax, ou d'Aqs, qui en eft la capitale. Cette petite contrée tait partie de ce qu'on appelle les Landes. Elle a été autrefois habitée par les Tarbellicns. AURICHYSAR. Aurichyfara. C'^Oil'OxyUtgum des An- ciens, aujourd'hui bourg de Bulgarie, aux confins de la Remanie, dans la Turquie d'Europe. AUHICULA JUD/E,ou Oreillede J^^c/.w, eft un Cham- pignon approchant de la figure de l'oreille humaine, qui croit Iur les vieux fureaux : aibre auquel on prétend que Judas fe pendit. Ce champignon trempé dans l'eau rofe , appliqué lut les yeux , en tire l'inflammation. AURICULA LEPORIS, 0/d//efl'e iièvre.C'eftune her- be dont la feuille relfemble à l'oreille du lièvre : on l'ap- pelle Bupleuron. AURIC UL A URSI, Oreille d'Ours. C'eft une herbe com- mune, dont la feuille rei^able à l'oreille d'un ours. AURICULAIRE, adj. m.&flCe qui eft relatif à l'oreille. Auricularis. La Confelîion auriculaire qui fe fait le- crétement à l'oreille d'un Prêtre. Un témoin oculaire eft reçu en preuve; mais le témoin auriculaire -, ou qui ne parle que par oui- dire, ne prouve rien. Plus \alct tejlis oculatus unus quàm auriti centum. On appelle le petit doigt de la main, \e àdisx auriculaire , parce qu'il fett à nettoyer les oreilles. Médicamens auriculaires j font ceux que l'on prend dans les maladfes de l'oreille. 'Lzi vers auriculaires fgut pairai les vers qui s'engen- Tomc L V AUR 6^-j drent dans le corps humain, ceux qui fe prcduifcnc dans les oreilles. Voyez le Traité de M. Andry, LcLt Geuéradcn des vers dcns le corps de l'homme, AURICULAIRES, f m. pl.Si l'on en croit Bernardo Guif- tiniani , liijloria di tutti gli Ordini militari e Cavalle- rejchi J c'eft le nom d'un Ordre de Chevalerie , inftitué dans le Pérou, parMontézuma, & ainfi appelé, parce que les Chevaliers portoient à l'oreille une figure de feuille d'arbre d'or, en guife de pendant d'oreille. Mais quoi qu'il en loir de l'cxiftence Augufte la reprit, la rétabht, & y envoya une Colonie de 3 000 Citoyens Romains. C'eft de-là qu'elle prit le nom à'Augufie^ Augnfta ^ qu'elle retient en- core i car Aushourg s'eft fait aAugufdhurgun:, com- pofé à'AuguJii j nom de l'Empereur Augufte, & de hurgum, bourg, nom allemand qui lignifie fonerejjé. Amh Aushourg lignifie ville d'^AuguJIe , fcrtereffe ou château d' Augufte. Sous Tibère elle fut nommée Tibcria Auoufta. C'eft aujourd'hui une des plus bel- les ^vT des plus conlidérables villes d'Allemagne \ ville hbre ^impériale. L'Evêque &leMagiftrat àé Aushourg ont place aux Diètes de l'Empire. La confeftîon èéAuf- bourgs ConfeJJio Au^uftana , font les articles delà croyance que les Luthériens d'Allemagne, appelés de- là ConfeJJioniftes , préfenterent à Charles V, le S'' Avril IJ30, dans Aushourg. La hgue dAushourg ^ fœdus Auguftanum y eft une ligue fiite en 16S8, en- tre l'E mpire , l'Efpagne & la Hollande , contre la France. L'Evêché à' Aushourg y Epifcopatus Auguftanus^ un petit cercle de la Suabe rcnkrmé preique entre le Lech&le Vertach, appartient à l'Evêque A' Aushourg y avec le comté de Dillinghen. Mat y. La longitude à' Aushourg eft de 33'', &: fa latitude 48^^ ij'. J^oye^ Lymnius , Liv. P^II ^ ch. ^. Imhoft". Notitia Procer. Imp. L. III y c. ç. Le Moine Ardemar dans fa Chronique écrit Osburg. AUSCH, ou AUCH, ou AUX. Prononcez AUCHE. Augujla^ AufcLorum , Aufci , Aufcum. Ville de Gaf- cogue, Iur le Gers, dans le comte d'Armagnac. Elle a un archevêché. Son nom vient de celui des anciens peuples qui l'habitoient, nommés Aufci :, & que Cé- lar place entre les Garites & les Garonnes. Flufieurs lavans . & entr'autres Volîîus , dans les Notes fur Mêla , liv. III y ch. 2. p. 23^:, difent que l'ancienne ville des Aufciens s'appeloit Climherris ^ ou Ciimberrum ^ dont parle l'Itinéraire d'Antonin, & que la Table de Pcutinger appelle Cliberrum. Mêla l'appelle Elufa- her'isj & Iur Ion autorité quelque»; Auteurs dilent qu'elle eut aulli ce nom ; mais Voflius prétend que c'eft une erreur ; que tous les anciens manufcrits ont Eliurr.herrum j à la réferve de celui du Vatican, où il y a Chumherrum; fin- quoi Vollîus foutient avccaftéz de fondement, qu'il faut lire Climberrum. Cette ville a 1I^ 20', 31" de longitude, & 43°, 41', o" de la- titude. Acad. de Montpel. AUSCOIS, OISE, f m. & f. Qui eft d'Auch, habitant d'Auch, ou Aux. M. de Marca fe lért de ce mot , Hift. de Bearn. Liv. I, p. ,' / . §3^ AUSE. Rivière de France, en Auvergne, qui prend la fource dans les confins du Forez & de l'Auvergne, palfe à faint Antheme, & le jette dans l'Allier. Cour. Riv. de France. 1er AUSEN. Nom que les Goths donnoient à leurs Gé- néraux , après qu'ils avoient remporté quelque vic- toire. Ce mot lignifioit en leur langue, plus au hom- me , ou demi-Dieu. Mor. qui cite Gornandes. AUSERON. f. m. Drogue très-rare , qui vient de Perfe , O o o o ij 66 o AU S AUS 6c que les Europceiis tirent des Indes Orientales par Suinte. AUiltKEjOu HANSIÉRE. f. f. C'eft une grolFe corde à tiûis touions. f'oyii Aussiére. AliSIlILE. Cunrrce iit-uce entre l'Egypte & les Philif- tins. Aufitïs. Quelques Auteurs placent une autre ^w- Jitide à l'arient du Juurdaui , dans la demi-tribu de Manairé, mais lans qu'on en voie la raiton. Peut-être ont-ils contondu Aufiinitïde avec Aufitide. Ab'-PICE. f. m. C'etoïc chez les Anciens une efpèce d augure, de divination par la vol & le chant des ci- feauA , pour lavoir li quelque entreprife que l'on com- mcnçoit , devoir être heureutc, ou malheureule. Auf- pïcium. riine en attribue l'origine à Tiréfias, 1 hcbain. §3" Clément Alexandrin veut que les Phrygiens aient été le. premiers qui obferverent le vol des oifeaux, qu'on appeloit Prapetes , comme ceux dont on n'ob- 1er voit que le chant & la manière de manger, s'appe- L ient Cfcines. ^jZr Les cileaux de préfage les plus confidérables croient le corbeau , la corneille & le hibou , l'aigle , le vau- tour, le milan. On appeloit Aufpex , celui qui pre- noit {'aufp'ice par le vol des oifeaux. f^oye'^ Au- gure. AuspicE , fignifie maintenant un préfage , ou des cir- conftances qui fonr efpérer un heureux fuccès, ou en appréhender un mauvais. La fondation de Rome a été commencée fous d'heureux cufpiccs , dans des temps & des lieux favorables pour fon agrandiirement. Jamais hymen formé fous le plus noir aufpice , De l'hymen que je crains n égala le fupplice. Kacin. On dit aulîi, qu'un homme eft venu fous les auf ficesà^\x\\ tel; pour dire, foutenu par fa faveur, fous fa conduite & lous fa proredtion. Il ne faut défelpérer de rien lous la conduite !k fous les aufpices de Teucer. Dacier. Teucro duce & aufpice Teucro. Cette façon de parler eft venue de ce qu'autrefois à Rome on ne faifoit aucune affaire , fans confuker les Dieux par le moyen des aufpices ;, comme on voit dans Ciceron, en 10raifon;vo C/z/t'/zrio. Ainfi, venir fous les auf- pices de quelqu'un, c'eft marcher fous fa conduite, & alFuré de la hivcur. ^ Ce mot vient ^A avihus fpeclandis , afpiciendis , Se n'a point de fingulier en ce fens. Cela eft trop naturel pour le P. Pezron , qui tient peur certain que ce mot vient du Celte y^L'j ou afu :, & defpicio. Voyez Arus- PICE. AUSPICINE. {. f. L'ait de deviner par le moyen du chanr Se du vol , 6c. des oifeaux. Aufpicina. C'eft l'art des augures fort en ufage chez les Anciens. Foyc-^ Augure. ^fT AUSSL Conjondion qui fignifie la même chofe que pareillement, de même. Etiam y quoque , item. Vous voulez partir , & moi aujji. ^fT Aussi, eft quelquefois conjonction augmentativeou extenlive , & fignifie de plus. Il lui a donné une ta- batière (Se une montre auffi. tff" Aussi, conjondion exprimant le motif, fignifie la même chofe que c'ejî pourquoi. Il dit des injures , à tout le monde ; aujfi tout le monde l'évite. Qua- propter i idcirco. ftC? Aussi, fervant à exprimer le rapport d'une propo- fiticn avec une autre qui précède. Il a bien joué fon rôle, aujfi l'avoir-il bien étudié. In Philofophe diloit pour fe confoler de fa chute, ^////?-bien voulois- je defcendie. fer Aussi, conjondion comparative, ou terme dcom- paraifon , fignifie la même chofe cu'flz/Mnr. 1 am. Il c^aufl lavant que lui. Aujfi prudent que fage. Aujfi clairvoyant qu'un autre. §Cr On fupprime quelquefois le que par ellipfe. Ce jeune homme a du mérite ; mais il y en a à'aujfitfïi- mab!e<:. On fous-entend que lui. Il fuir remarquer fur cette conjondion aujfi , que quand il y a comparailon , Se que la propofition eft afhrmative , il faut fe fcrvir toujours à'aujfi. C'eft une faute qui échappe fouvent de mettre Ji pour aujfi. Il avoir en révérence la milérable fortune dune Princelle iilue du lang royal, 6c un nom 7? fameux que celui d Ochus. Vaug. a un malheur yi' grand que le mien , il ne talloit pas une moindre coniolation. Voit. Dans ces deux exemples il falloir aujjï au heu àc Jl. Mais lorlque la propoiirion eil négative , on doit fe fervit de f, & non pas d'auffi. Rien ne la touchayFfenfible- ment que l'intérêt de la religion. Flech. On met tou- jours que a.'pïcs f , ôc aujfi en ces lortes d'occafions, quoique Alalheibe ait dit , il n eft rien de fi beau , comme Califte eft belle. Ma foi ell aujfi pure, comme le lujet en eft beau. Son exemple n'eif point à luivre en cela. IJCT Aussi, encore. Dans une fignification fynonymc. Encore , dit M. l'Abbé Girard, a plus de rapport au nombre & a la quantité. Sa propre énergie eft d'ajouter Se d augmenter. Quand il n'y en a pas alfez il en faut encore. L amour eft non-feulement libéral , mais en- core prodigue. Aujfi tient davant.ige de la limilitude & de la comparailon : (a valeur particulière eft: de marquer de la conformité & de l'égaliré dans les cho- ies. Lorfque le corps eft malade , l'efprit l'cft aujfi. Ce n'eft pas leulcment a Paris qu'il y a de la pohtelfe , on en trouve aufi dans la province. AUSSI BIEN QLiE. Conjondion qui fignifie, de même que. Eodem modo ,pariter , tanquam. Les hommes les plus foibles , auffi-hien que les Héros , ont fair voir que la mort n'eft pas un mal. 0CF 11 fert encore a rendre raifon d'une propofirion pré- cédente. Je ne parrirai pas ce iQVi\ auffi-bien t^-'A trop tard, /'meç Aussi. AUSSI PEU, lert à marquer une certaine égalité de pri- vation , ou de modicité entre deux perlonnes. L'un eft avffi peu nécellaire que l'autre. J'en ai auffi peu que Vous. AUSSI-TÔT. adv. Dans le même temps , dans le mo- menr. Statïm , illxo , continua. Si vous me donnez vos ordres, je les exécuterai arffi tôt. Il fignifie en- core, aulliailément, aulli volontiers. Je prendrois û////?- tvt la lune avec les dents. Quoi ! trei'^e vers ^ huit en eau, cinq en cme. Je lui ferais aulli-tôt un bateau. Voit. On dit proverbialement, auffi-tctdk, aujffi-tothh, des commandemens qui font prcmprcment exécutés. Ai-Jf-tôc meurt veau que vache. Arjjî-tot pus, aujfi- tôt pendu. AUSSI-TOT QUE. Conjondion. Au même temps que. Simul ac j ubi primùm. Aufjl-tôt quA m'invoquera, je l'exaucerai. Àrn. Auftî-tôt c\Viau monde on veut plaire , On commence à déplaire à Dieu. L'AbbÉ TÉtu. AUSSIERE. f f. Terme de Marine. IJCT" Cordages une fois commis, compclés de rrois ou quatre torons, & qui fervent à plulieurs uiages. La plupart des manœu- vres ccuiantes font des ai.JJlères. liudens. Le Ma- hŒUVIER. AUST,ou AUSTELiVE. Bourg d'Anglererre, appelé au- trefois Trajecîus , pallage ; parce qu'on y palloit la Saverne. Auf a , Auf cliva. Il eft iur la Savcrne , dans le comté de Glocefter , entre Briftol Se Chepf- tow, ^ AUSTÈRE, adj. m. & f. Dans le fens Lttéral Se phy- fique , le dit d'une faveur âpre Se aftringente , qui caule un rellcrremcnt dans la bouche. C'eft une des neuf faveurs qui frappent l'organe du goût. Telle eft celle du virriol. .■-!cer. Afper. Leshuits iauvages (Se les fiuits verts font la plupart d'un goût aujière , lont auflères au goût. 1^ Austère, en Morale, relativement au traitement du corps, s'applique aux chcles qui mortifient l'elprit & les iens. Aufterus. Religion auf ère. Bègle auf ère. Jeûne auJlère. Silence at-fère. Une morale peut être auf ère (ans être déraifonnable. Dupin. §^ On le dit dans le même fens des perlonnes qui mor- A us tifîent leur efprit & leiirfcns , qui fe privent des plai- firs & des commodités de ia vie : ce religieux eft fort auf.ère, & mené une ^ ie aujlere. ^fT Austère, dans 1 ulage ordinaire , fc prend encore pour rude , lévcre. Un Juge ai(Jlcre. ViLige aujière. Les ma?urs aujîères de Caton. Il y a des gens d'une probité Ir auJlère , qu'elle cft plus propre à dégoûter de la vertu , qu'à la faire aimer. Il s'élcvoit par une ûujlère vertu au-dell'us des craintes & des complai- lances humaines. Flech. 0Cr AusTÈaE,ytfVè/ej rude , condàhcs dans une figni- fication lynonyme. ^CJ" La vïeaujièrc ^ dit M. l'Abbé Girard, confifte dans la privation des plailîrs Se des commodités. On l'em- braile quelquefois par un goût de llngularité , qu'on fe reprélente comme un principe de religion. $Cr On eft auflère par la manière de vivre ; fevèrc par la manière de penler; rude par la manière d'agir. ^fT La vie des anciens Anachorètes étoit auJIère ; la morale des Apôtres èioïtfcvère ■ mais leur abord n'a- voir rien de rude, 1^ Ce n'eft pas pour foi qu'on eft aujlere ; & l'on n'eft rude que pour les autres ■■, mais on peut èzie Je- vère pour loi & pour les autres. IJCF AustÈ'ae, fe dit aullî d'un Peintre chez qui l'atten- tion de ne fe permettre aucune licence, dégénère en vice. Ses tableaux (ont froids & arides. Encvc. §3" Austère, appliqué à la peinture même, à la ma- nière, au coloris, déligne quelque choie de dur, lec & aride. ^CTCe mot vient du grec aus-«fof. AUSTÉREMENT. adv. D'une manière andère.JuJ/erè, J'everè , duriter. Les Keligieules de (ainte Claire vi- vent fort aupérement. Jeûner auficremem. • |p° AUSTÉRITÉ, f. f. Ne fe dit point dans le fens phy- fique. On ne dit point Yauftér'ué d'un fruit , quoi- qu'on di(e un fruit auftère. Àujlcrïté fignifie la rigueur qu'on exerce lur fon corps , la privation des plaihrs & des commodités, la mortification de l'elprit & des fens. Aujler'uas , vita afperhas. On dit dans cette ac- ception fupporter Yaujîérité d'une règle. Faire, pra- tiquer , exercer de grandes auftérïtés. Il y a beaucoup è! aufiérïté àzns cette mailon religieule. ^fT l'AustÉrité, eft dans la manière de vivre. C'eft l'oppofé de la molleile. Il eft rare de pafter immédia- tement de l'une à l'autre: une vie ordinaire & réglée tient le milieu entre elles. Les Saints le plaifent dans les exercices de Vaujlérué : elle étoit autrefois le par- tage des cloîtres, où le goût en paroit uté. Nous l'a- vons vue pratiquer à la rigueur, toute Vaujlérhé des jeûnes & des abftinences. M. de S. Evremont dit que la frugalité des anciens Romains, n'étoit qu'une igno- rance des plaihrs, & qu'on a cependant contacté cette aufiérité nécelfaire , comme une vertu. Jugement in- jufte. ^CF Ce mot eft louvent employé comiTic fynonyme de lévérité. On dit en ce lens {'auftérité de la vertu ro- maine. \J aufiérité des mœurs de Caton. Il y a naturel- lemcnr trop d'tzo/Zmrf dansle ftyle d'un homme d'une vertu trop rigide. Vall. Ce font les lâches chrétiens qui gémillent lous Xaujlérité Se lous le poids de l'é- vangile. Flech. Je fens qu'en vous quittant ^ le malheureux Titus Pajj'e /'auftéricé de toutes les vertus. Racin. ^CF AusTâRiTÉ , fignifie encore la rigueur qu'on exerce envers les autres. L' aufiérité des Cenfeurs Romains tenoit tout le monde dans le devoir. Le fexe aime à 'jouir d'un peu de liberté ; On le retient fort mal avec /'auftérité. Mol. AUSTERLITS. "Ville du royaume de Bohême-, on la nomme autrement Slauhow. Aujlerïitlum , Slaukovla. Elle eft dans la Moravie, entre Hradilfe & Brin. Le cercle à'AuJlerllts eft un cercle du même royaume, auquel la ville A'Auflerllts donne fon nom , parce qu'elle en eft la. capitale. AU S 66 1 AUSTRAL, ALE. adj. Terme de Géogr.aphie & d'Af- tronomie. Au/lralisj, Aujlrlnus. Méridional , qui eft du côté du midi, du côté que fouftle le vent, eue les Latins appellent Aufier. Le Cap de bonne Efpé- rance eft à trente cinq degrés de latitude aujlrale. Le Capricorne eft dans la partie aujlrale du ciel. Les terres aujirales furent découvertes en i6i8, par une flotte de la Compagnie hollandoife des Indes orientales, commandée par Charpentier. C'eft là qu'cft la nou- velle Hollande, nommée d'abord Car-pentaria , du nom de ce Commandant. Larrey. Tom. IV y p. S 6. Le P. Noél ,Jéluite, dans les Obfervatlones Mathematlca & Phyjictt , cap. 4, donne un catalogue plus exaét que ceux de Riccioli Se d'Hervelius , de toutes les étoi- les de Ihémilphère aujlral ., avec leur déclinaifcn Se leur gr.uidcur , telles qu'elles le failoicnt voir eu 1687. Ce met vient à' aufier, le vent du midi. AUSTRASiE. Aufirajia. Grand pays de la France orien- tale , qui a eu titre de Royaume. Quelques-uns déri- vent ce mot d'un Gouverneur qu'y envoya , dit on , Juftinien,ôcqui le nommoh Aujirajïus ; d'autres d'un Roi nommé Aujlrafe , Aujlrajus , qui régna dans ce pays. La véritable étymologie de ce nom eft gauloife. Dans cette langue, comme en allemani , 0(1, ou Eji ^ fignifie XCrlenc: de la viennent les noms d'Cfirellng y d.'OJlfrlfej, à'EJlfaxe , d'EJlangle j d'Ofirogotlis , Sc beaucoup d^-autres. Nous dilons encore £y?j pour dire, l'Orient. Qz paystut donc ainli appelé, parce qu'il étoit la partie orientale de la France. Francla Orientais. On l'appela aufti Royaume de Met{. Metenfe llegnum. 'L'AuJlrafie fut d'abord renfermée entre la Meule , la Mofelle Sc la rivière d'Ul , & ccmprenoit la Lorraine, une partie de l' Allace & le Palatinat. On ail ui e que quel- quefois il a compris la Lonaine, la partie leptentrionale de la Champagne Se de l'Ile de France, avec toutes les contrées qui font entre ces pays & le Rhin; Se encore tous les pays que les François avoient conquis en Allemagne, la Suabe, la Bavière, la Franconie, la Thuringe , une grande partie de la Saxe & la Frife. Enfuitc elle fut relferrée entre le Rhin, l'Efcaut, la Mcufe & les mon- tagnes de Vauge, & on la divila en deux parties , la fupérieure Se l'inférieure. \J Aujlrajle inférieure étoit la partie feptcntrionale de \' AuJlr.Jle. UAuJîraJie fu- périeure étoit la partie méridionale de XAuJlrcJle y qu'on appeloit aulîi Mofellanlque , ou TouHnalennCy c'eft à-dire, \AuJIraJle de Tcul Se de la Mofelle , Se elle répondoit à peu-près à la Lorraine d'aujourd'hui, HoFFM. Mat. La France commença après la mort de Clovis , ou un peu auparavant , à être diviféc en deux parties. L'une qui comprenoit tout ce qui étoit en -deçà du Rhin, s appela Auftrle , ou partie Orientale , Se puis Aujlrajie. L'autre partie, qui s'étendoitjufqu'à la Loire, s'appela A^czz/Zne j ow partie Occidentale. Cordem. La divifion du Royaume François entre les fils de Clo- vis fut l'occafion des nouveaux noms qu'on lui impofa. On nomma Aujlrle , ou Aujlrajie , cette partie des Gaules Françoifes qui eft fituée vers l'Orient , entre le Rhin Se la Meufe. Ce nom venoit du mot OJl y quoi- que corrompu par les François dans l'écriture , qui fî- gnifioit Orlental.V. Dan. t)epuis les enfans de Clovis, plufieurs Princes de la premièie & de la féconde race de nos Rois poiréderentl'^tt/?n:/rt; avec titre de Royau- té. Thierri, fils de Clgvis, né d'une concubine , fut le premier Roi àAuflraJie en jii. Au N\^ flècle , le Royaume à'AuJlrrfie comprenoit une grande partie de l'Aquitaine, ou même toute l'Aquitaine, félon la re- marque de Bollandus furies acLes de S. Sigebert, pre- mier jour de Févr. n. 2S , Se du P. Papebroch fur S. Médard , Juin , T. II j p. j 2 , C. AUSTRASIEN, LNNE. f. m. & f. Se adj. Qui eft de l'Auftrafie , ou qui appartient à l'Auftrafie. La répu- gnance des Auftrajiens à divifer les terres de l'ancien Royaume d'Auftrafie fous Clotaire II , marque bien qu'encore qu'ils n'eullent qu'une même origine , Sc fouvent qu'un même Roi avec les Neuftriens , ils fe regardoient néanmoins comme un peuple difterent I d'eux. Ce qui les entretenoit le plus dans cette penféc. G6i. AUT ctoit que d.ms le temps même qu'il n'y avoit qu'un Roi dans toute Li France , il y avoit un Maire du Valais en Aullraiîe , diftcient de celui de Ncuihie , & ce Maire eût cru mal faire la charge , s'il avoit loutiert le dcmem- breiaent de la moindre partie du Royaume dont il étoit Maire. Cord. La rclblurion que Dagobert prit enéi^ , de taire l'on lejour ordinaire enNeuftrie , augmenta la jaloufie que les Auftrafiens avoient déjà contre les Neuftriens. Id. Dagobert oubliant qu'il venoit d'épou- fer Nantilde , ie donna tout entier a l'amour d'une jeune Aufirafunne j qu'on appeloit Regnatrude. Id. AUSrREG£SILE. Foye^ Outrillet. En 624, S. Sul- pice Sévère , qui étoit de Bourges , fuccéda à S, Aufiré- géfik dans le liége de Bourges. Fleur. AUSTREGUES. f. m. pi. Arbitres, Juges, en Allemagne, |C3" devant lefquels les Eleveurs , Princes , Comtes , Prélacs & la Noblelle immédiate , ont droit de porter certaines caufes pour être jugées en première inrtance. Tous les Membres de l'Empire n'ont pas indiliérein- ment le droit A'JuJlrégues. C'cft à-peu-près ce que nous afipelons en France Droit de Commitnmus.Ar- biter, JudeXj Àujîraga. Si les Etats même ont des dit- férens entr'eux , la plupart vont en première inftance devant les Arbitres nomvnés Aujirégues , dont les uns font établis par un confcntement particulier des Etats , & les autres par la difpofition des Lois. Il eft difficile d'en apporter l'origine. La plus vrailemblable ell , qu'ils ont commencé du temps de Frédéric II, & je ne puis être du fendment de ceux qui en attribuent l'établille- ment à Maximilien I , quoiqu'il foit vrai qu'il leur a donné une nouvelle forme que l'on trouve dans l'Or- donnance de l'établiiremenc de la Chambre , donnée à 'Vormes l'année 149;, dans laquelle on voit divertes manières de prendre des arbitres , dont il n'y en a que deux qui f oient en ufage. L'une, quand l'acculé nom- me trois Princes aux Etats de l'Empire , defquels l'ac- cufateur chuifit un ami ; & l'autre , quand on obtient de l'Empereur un ou plufieurs Commilîaires : mais il y a des affaires qui ne peuvent être jugées devant les arbitres,ou Ai/Jiréguesj &qui doivent aller direcl:ement à la Chambre de Spire , ou au Conlcil Aulique. Ce qu'il y a de fâcheux en ces jugemcns des Aufirégues , c'cft que l'on peut encore en appeler à la Chambre &c au Confcil AuHque, & qu'ainli peu d'aftaires s'y ter- minent. D'ailleurs, les dépenfes y lont grandes, il faut donner des préfens , & faire de grands feftins aux Com- milfaires des Princes Arbitres, outre que leurpuillance ne dure que fix mois , ou au plus un an, qui n'eft pas un temps fuffifant pour vider une grande aftaire en Al- lemagne. î.ioNSANBANO, tradu'u par D. C. Il femble que la jurididion des A uj? régne s s'appelle aullî Ai/firégue j car Georges Schubhard , dans fon Traité méthodique des Aujîrégues ,\es dcfimULind, Aufirags. funt judicia in quibus certorum ordinum Imperii res controverfd , in prima inftantiâ , juxtâ modum in or- dinationihus Irr.perii pr&fcriptum ,ad utilitacem eorum divemilancur , examinantur & deciduntur. AUSTREMOINE. f. m. Nom d'homme. Stremonlus ^ ou Strymonius. Saint AiJ^remoine j, Evêque d'Auver- gne, eil: l'un des (ept illuftres Miirionnaires Apoiloli- ques qui furent envoyés dans les Gaules par les Evê- ques de Rome vers le milieu du IIP liècle de l'Eglile. Baill. ÀUbTRIE. Foyei Austrasie. AUT. AUTAN, f. m. 'Vent qui fouffle du côté du midi. Aha- nus. Selon quelques-uns , c'eft le vent du fud-cft, & félon quelques autres , de fud-oueft. Il eft d'ordinaire orageux , & les Poëtcs l'emploient en parlant des tem- pêtes. Ce mot n'eft guère d'ufage en proie. Non loin du fier Egée j où l'on voit en tout temps -, Contre les Aquilons combattre les Autans. MÉwag. On l'appelle Garbin fur la Méditerranée. AUTANT, adv. relatif, qui fert à marquer égalité dans le nombre. Totj quot. Ou dq^iwudc quelquefois, s'il AUT y a autant d'hommes que de femmes. Il envoya Pâr- menion avec deux aiilie ctrangers , ik. autant de Ma- cédoniens. Vaug. J'ai été autant de fois chez vous , que vous chez moi. loties^ quoties, - Autant , marque aullî l'égalité de prix. Tantlm 3 quan~ tian. Ma mailon coûte autant que la vc)trc. Autant , fert encore à marquer l'egalite en toute autre choie. Tanthm, quantum. Il faut dans cette compoli- ticn autant de l'un que de l'autre. Autant qu'eft vafte l'étendue qui eft entre le ciel îk la terre , autant eft grande &c infinie la miléricorde de Dieu fur ceux qui le craignent. Fort-R. £0° Quelques Auteurs ont écrit , autant comme : c'eft une faute alfez otdinairc aux auteurs du fiècle dernier qui ont précédé Racine, Boileau, &c. Il faut autant que. Autant , le dit quelquefois fans relation , d'une quan- tité incertaine. Tantùm, quantum ^ tàm, quàm. Cette femfne a autant de beauté , de vertu , d'elprit , qu'on en puilfe avoir i c'eft-à-dire , qu'elle eft belle , vertueule, & fpirituelle au dernier point. Autant , fignilie encore, fuffifamment , félon fon pou- voir, extrêmement. Ce mulet eft alfez chargé, il en a autant qu'il en peut porter. On dit aulli d'un homme i\re, qu'il a bû autant , qu'il en a autant qu'il lui en faut; tout ce qu'il peut porter de vin. Je lai nourri , protégé , alîifté autant que j'ai pu , félon mes forces. Au- tant que je puis conjedîurer , cette affaire réullira. Autant , le dit quelquefois d'une certaine partie des choies. Tantùm. Cela ei't fait, ou autant vaut. C'eft autant de fait , d'épargné ■■, autant de rabattu , autant de temps gagné. On dit abfolument, c'eft toujours au- tant. Autant^ ^ la charge d'autant. Manière de parler en ufagc. Je vous donne mon amitié à la charge d'autant , à condition que vous me donnerez aufîi la vôtre. Autant, f. m. Copie, duplicata , expédition pareille. Le Procureur-Général m'a répondu & figné que c'étoic en vertu des ordres de Votre Majefté , qu il nous avoit fait faire notre procès , & que lans ces mêmes ordres il ne pouvoir me délivrer wn autant de ces ordres. San- ZAY, Placet au Roi. Cela n'eft bon qu'en matière de Pratique & au Palais, où l'on dit, donner, fournir un autant d'un aéle. §3" Autant comme autant. Exprellion populaire , qui figniiîe une grande quantité. Il en meurt autant comme autant. §3° Autant bien, autant mal QMi..\\eÇi autant bien à la Cour qu'on y puilfe être. Façon de parler furaianée. Il faut dire , aujji bien j aujfi mal. ^C? D'autant, adv. employé abfolument dans cette phrafe du dilcours familier. Boire d'' autant ^ c'eil-à-dirc , beaucoup. |Cr D'autant plus, d'autant mieux, d'autant MOINS. Adverbes de comparaifon. Je l'aime d'autant plus j &c. Il agifToit avec d'autant plus de chaleur , que, &c. J'en luis lût, d'autant mieux que j'en luis témoin oculaire. Foyei; Plus et moins. ^fT D'autant que. Conjondion d'ufage, en ftyle de PakiS «Se de Chancellerie; pour dire, parce que. Vous devez prendre les intérêts, d'autant qae vous êtes fon tuteur. Autant, fe dit proverbialement en ces phrafes ailleurs expliquées. Autant dépenfe chiche que large. Autant vaut être mordu d'un chien que d'une chienne. Autant en emporte le vent. Autant de frais que de iaU. Autant bien battu que mal battu. Il lui en pend autant fur la tcic. Autant vaut traîner rue porter. Il confommeroit autant de biens qu'un Evêque en pourroir bénir. J'eft fais autant de cas , que de la boue de mes fouliers. Autant qu'il en pourroit tenir dans mon œil. Autant de têtes , autant d'opinions. Autant en dit le renard des mûres , &c. AUTEL, f. m. Lieu élevé pour facrifîer à une Divinité. Ara. C'étoit chez les Pa'i'ens une efpèce de piédeftal , ou carré, ou rond, ou triangulaire, orné de fcul^ru- res, de bas-reliefs & d!infcriptions, fur lequel on brû- loir les vicT:imes qu'on ficrifioit aux idoles. Les Païens ont diftingué deux lottes à'autds pour les facrifices. AUT Celui fur lequel on ofFroit des facrifices aux Dieux , s'appeloit en grec ^"h-'< > Se étoit un véiitable autel j, dif- t'crenc de celui fur lequel on otFroic des lacrifices aux Héros, qui étoic plus petit, Se qu'on nommoit en grec laxûfc. Pollux fait cette diftinifiion d'autel dans ion Onomafticon, i.i 3 ch. i , n. y. Il ajoute néanmoins que quelques Poètes le (ont ieivis du mot tV^apa', puur marquer [autel iur lequel on lacrifioit aux Dieux. La verfîon des Septante fe fert quelquefois de ce mot (ax^fa^ pour lignifier une forme de petit autel , qu'on peut exprimer en latin par cratlcula : ce petit autel appelé ii^x^'f , n'avoit aucune hauteur , & c'étoit plutôt un foyer qu'un autel, comme Ammonius le remarque dans Harpocration iur le mot îVxa'pa. Les Romains avoient aullî différens autels. Les autels deitinés à l'honneur des Dieux célcftcs & fupcricurs, étoient cx- hauifes ik ipotïs iur quelque édifice relevé ; & c'ell pourquoi on les appeloit altaria j du mot alta ara j qui lignifie autel haut Se élevé. Ceux qui étoient pour les Dieux terreftres , étoient pofés fur la fuperlicie de ■ la terre. Se ie nommoient ars. Pour les Dieux infer- naux on failoit un trou en terre, où l'on égorgeoit les viélimes ; & ce trou ^z^^tXoix.Scrobïculus. Voyez Ho- race, Llb. /_, Sat. FUI , V. 2 s- |C? Je ne fais il cette diftinétion de Servius eft bien fondée. Au moins voyons nous qu'on y a pas toujours eu égard ; & nos meilleurs auteurs ont fait du mot ara un terme géné- rique , ious lequel ils comprennent également les autels des Dieux celeftes, terreftres Se infernaux. Il y avoir à Athènes un autel ài: la milericorde , où tous les mal- heureux avoient leur refuge. Peut-on s'imaginer que les Dieux ferepaiffent de l'encens qu'on fait fumer iur les autels j Se qu'ils s'apaifent , ou s'irritent , lelon le nombre des victimes qu'on leur immole? S. EvR. Pé- riclés , ioUicité de foire un faux ierment en faveur de l'un de les amis , répondit : nous lommes amis , mais jufquaux autels. Ablanc. Sur les médailles des Colonies on voit fouvent au revers un autel , Se detlus un étendard élevé; Se c'eil la marque d'une Colonie, parce que la première choie que l'on failoit, quand on établilFoit une Colonie en quelque lieu, c'étoit d'y élever un autel , Se d'y taire des frcrifices. Dans une médaille fingulière de Sarra- golfe frappée pour Augufte ion fondateur, il y a même tïc'is autels , un plus grand , Se deux plus petits aux côtés. Sur le grand, qui cft au milieu , un étendard \^ Se Iur les deux autres des boucliers élevés , ou pendus à des bâtons comme l'étendard. Foye'^ Vaïll. Colon. T. /j p. 2(). Optât, dans la belle Hiftoire qu'il a compofée du fchifme des Donatiftcs , rapporte que fous Julien l'A- pollat , ils rompirent les autels des Egliies , dont ils s'emparèrent, ou qu'ils les lavèrent ou les raclèrent : les autels , dit Optât , où eux-mêmes avoient autrefois offert, où les vœux du peuple, où les membres de Jé- sus-Christ ont été portés, où le Dieu Tout-puiffant étoit invoqué; autels enfin qui ne iont autre choie que Je iiége du corps Se du lang de Jésus-Christ , Se où durant certains momens l'un & l'autre avoient habité ; preuves très-puiffantes , auffi-bien qu'irréprochables , qu'en ce fiècle il y avoir des autels Se un lacrifice, où l'Eghfecroyoit que le corps & le fang de JÉsus -Christ étoient, non pas en figuie, mais en vérité , Se comme l'Eglife le croit aujourd'hui. God. Je fais quen ce moment pour cenœudfolennel, La viclhne 3 Seigneur 3 nous attend à /"autel. Racin. Les Mufes révérées Furent d'un ju fie encens en tous lieux honorées ; A leur gloire en cent lieux on dreffa t^^j autels. BoiL. Ce mot autel vient d'altare , dans lequel l'ufage a changé a l'ordinaire al en au 3 Se l'r en I3 pour adoucir la prononciation. Le P. Pezron va plus loin à fon ordi- naire. Autel vient de l'allemand Autaer, ScAutaer eft pris du Celtique /^«:er. Ou bien ara ^ autel, \ïent du AUT 66^ Celtique ar, qui veut dire de la terre. De- là on a for- mé altar, ou. altarc, autel, parce que les premiers au^ tels ont été faits d'une terre un peu h.uue Se élevée^ En effet, le mot auter chez les Celtes , comme altat chez les anciens Latins, ne lignifie rien autre choie quê terre élevée pour iervir à'autel. Quand tout le relie ieroit vrai, il refferoit toujours à prouver que les Cel- tes ont dit ait 3 pour lignifier haut^ Voyez ce mot. Autel, s'eft dit autrefois chez les Juifs , de ces tableâ qu'ils dreifoient à la campagne pour lacriher à Dieu% En cet endroit il édifia un autel au Seigneur. Autel, fe dit proprement dans le Chriftianiime , d'une table carrée conlacrée à Dieu , élevée Se ornée , pour celcbrer la Mclle. Dans la primitive Eglile les autels étoient fans parure & i'ans pompe. Ils n'étoient que de bois , parce que la crainte des Gentils Se les perlécu- tions obligeoicnt de les tranlporter fouvent d'un lieu en un aurre , Se de changer les lieux des aircmblces Se des i'acnficcs , Se qu'on ne pouvoir en ce temps-la bâtir des temples & des autels ; mais quand la converfioii de Conrtaiitin eut donné la paix à l'Eglife, on fit des temples Se des autels. Les Chrétiens n'ont point donné à Icuis autels la forme qu'ils avoient chez les Pa'i'cns , ni même chez les Juiis dans le temple; mais paicc que Jésus-Christ inllitua la lainte Euchariftie au foupcr Pafchal«&^ Iur une table , ils ont donné à leurs autels la forme d'une table. Le Concile de Paris , tenu en yoc; , otdonne que l'on ne confacrera point à'autel qui ne foit de pierre. Saint Grégoire de Nylle, qui vivoit au IV*^ liècle , parle d'autels de pierre dans un difccurs qu'il a fiit fur le Baptême de Notre -Seigneur. Il n'y eut d'abord qu'un autel dans chaque Eglile ; mais bien- tôt apiès ily eneut plulieuis,commeonlevoitlouvent dans S. Grégoire le Grand, qui vivoit au Vi^ liècle : dans fa 50^ Lettre du X^ Livre, il en compte julqu'à treize dans une leule Eglifc. Les Pères d'Achery & Ma- billon ont aulîi prouvé dans les Acia Sancl. de leur Ordre, Shc. III 3 p. i 3 prdf. /7 & fuiv. que la plu- ralité des autels dans une même Eglife, a commencé avant le X^ ficcle. On ne peut dielTer un autel dans une maifon parti- culière, fi l'Evêque ne l'a béni, ou fait bénir, il paroic par Socrate, Liv. I, ch. / 63 de l'HiJl. Eccl. Se par d'au- tres encore, que dans les premiers liècles les autels étoient élevés, & qu'ils n'étoient point malîîfs , mais creux , enf ortc que l'on le mcttoit dclfous pour prier. Le Patriarche Tarailc , quoiqu accablé de ^■ieillef^e Se de maladie, ne lailfoit pas d'offrir encore le lacrifice, s'appuy ant fur une table de bois que l'on mettoit devant \' autel ;ciz qui montre qu'on n'eûtolé s'appuyer iur l'aw- rt"/même. Fleury. Comme les Martyrs étoient enter- rés dans les cimetières; ce fut là particuhèrement que les Chrétiens bâtirent des Egliies, lorlque Conilantiu leur eut donné une entière liberté; & en croit que c'eft de cette coutume qu'cft venue la régie qu'on obferve aujourd'hui, de neconfacrcraucun autel, {nw,)' memt des rcli'-iuesdes Martyrs. L'Eglileenafaitune Loi dans. le Vir Concile (Ecuménique: ony peut rapporter en- core le Canon d'Afrique, qui défend de bâtir un autel fous le nom d'un Saint, à moins que ce ne loit le heu de fa mort, ou qu'il n'y ait de fes reliques. Tillem. On dit, Conlacrer un autel.^ Il n'y a que l'Evêque qui conlacre les autels. La conlécration des autels eit d'un ufage très-ancien. Il en eft parlé très-expreirémenc dans un Décret qu'on attribue communément au Pape Evarifte, qui gouvernoit l'Eglile au commencement du. fécond fiècle, &: que Gratien donne au Pape Hygin, qui eft du milieu du même fiècle. Se il n'en eft point par^ lé comme d'une choie nouvelle. ^ Grand Autel, Maître Autel. C'eftparmincus le principal autel d'nnc Eglife. La Méfie de Paroifle lé dit au maître autel. C'tiicdm du Chœur. Stcphelin, Au- teur du onzième fiècle, l'appelle barbarement, Altari capitaneum. Autel portatif. Il y a des autels qu'on appelle por- tatifs. Ce font des pierres conlacrées , quon peUE tranfporter où l'on veut. Se félon le hdcn^. Altaré mobile. On dit aulîi barbarement , portatMe, 11 y 664. AUT y a des exemples à'autels portatifs avant le X^ liècle. Acta SS. Benedici. Sac. IIJ. Pr£J. p. ji'. On les appelle auiîi quelquetcis Autel itinéraire ^ Âltare itinerariun:. Ain^i a la fin de la vie de S. Geraid, Abbé de Braine le- Comte, qui vivoit au X^ liècle, il elldic qu'en fortant de S. Denis, pour aller être Abbé de Brai- ne , il emporta avec lui X autel itinéraire j dont S. De- nis. Apôtre de France, fe fervoit , dit-on, pendant qu'il vivoit. Autel isolé, cfl: un autel c^i n'eft adolTé ni contre un mur, ni contre un pilier, & qui a un contre-retable, commcdansia plupart des Eglifes Catholiques. On ap- pelle aulli. Autel ifole ^ un autel <:^\ eft placé fous un dais , ou Baldaquin. 'Autel privilégié , eft un autel zna^a^X font attachées quci.^ues indulgences particuhères. Ara pr&rogativa. Les Breh à'autels privilégiés ne s'accordent que pour Un jour la (emaine , en faveur d'un autelà'unc Eglile , en laquelle on dit fept Melfes par jour; ou pourdeux jours, il on en dit quatorze; ou pour trois jours, iî on en dit vingt -une; on n'en accorde point au-delà, & encore n'eft-ce que pendant fept ans. Autel de la Prothèse. Menfa Prothefeos. C'efl: le mot que les Grecs donnent à un petit autel ^ fur lequel ils bénilfent le pain avant que de le porter au grand au- tel, où l'on fait la liturgie. Le P. Gcar n^mmoins , dans fes notes fur l'Eucologe ou Rituel des Grecs,^\/ ^^ croit qu'on doit plutôt donr.er le nom de tahleqnz à'au- tel , à ce que les Grecs appellent Prothejis , ôc que Ge- nebratd a traduit par le mot latin altare. En effet, les Grecs ne célèbrent jamais la liturgie en un feul jour, que fur un autel y & celui de la Prothèfc ne fert qu'à préparer le pain lur lequel le Prêtre faicplulîeurs béné- difStions. Le P. Goar prétend que cette table délabra - thèfc étoit autrefois dans la Sacriftic , & il le prouve par quel lues exemplaires grecs, où aulieudu motde/jro- thèfe , on lit cdmàtSacrifiie ^ ce qui a beaucoup de vraikmblance-, & en effet, onpréparoit autrefois dans les Sacrifties de nos Eglifes, aulîi-bien eiue dans celles des Grecs & des autres (orientaux, le pain qui étoit def tiné au lacrifice. On faitoit cette préparation avec beau- coup de cérémonie. Voyez le mot de pain. Suicerus , dans Ion 'Trélor Eccléf. l^ du Cange , dans fon Glollai- re grec, lur le mot de Prothsjis j ont parlé de ce petit autel ■, ou table de la prothèfe. Meurfius, dans fon Glof- faire lurle mot à fi 'i, pain ^, ik M. Simon, dans fes no- tes (ur les Opufcules de Gabriel de Philadelphie, en onrauiîî fait mention, r^oye-^ le mot Don. Ce nom ^ autel, ou table de X^prothefe, eft pris ap- paremment de l'Ecricure; car les Septante appellent la ' rable des pains de la prothèfe , ce que nous appelons en notre langue la table des pains de propclition. C'efl: la lignihcarionde ^rorAt/èj 'stpi.^i-nu On y mettoit les pains que l'on offroit à Dieu , de même que les Grecs mettent iur celle-ci le pain qu'ils offrent pour être con- facré. ^UTEL , s'eft dit autrefois, & fe trouve dans l'Hiftoire du onzième liècle , pour les.oblations & le cafuel d'une Eglite -, dans ces temps-là les Monaftères étoient en pof- fclîion de plulieurs Egliles, dont les revenus avoient été ulurpés par les la'iques,qui les leur avoient cnfuite don- nés, pour en décharger leur confcience. Le coiilente- ment del'Evcquey étoit nécellaire. En le donnant, il cbligeoit les îvloines à mettre dans chaque Eglife un Clerc capable de la deilervir, & à lui donner un entre- tien luffi.lant; lic quelquefois l'Evcque fe falloir payer un droit en lui donnant l'inftitution , & exigeoit des Aioincs le même droit à toutes les mutations de per- fonnes. Ce droit le nommoïc rachat, a l'imitation du rachat des fiefs aux mutations de Seigneur, & on le nommoit rachat d'ai/ff/j, Redemptio altarium ,^p2ii:cc qu'on diftinguoit l'Eglife &: ï autel. On appeloit EgUfe^ les dîmes , & les autres revenus fixes ; & autel, les'obla- tions & le cafuel. Fleury. , On appelle Pierre d'autel, une pierre fur laquelle on pofele calice & la Saince Hoftie pendant la Melle , & dont on ne fe peut fervir qu'après qu'elle a été bé- nite avec beaucoup de cérémonie. La table de l'autel cli quelquefois foutenuc d'une feule colonne, comme AUT ■ on le volt dans les chapelles louteiraines de falnte Cé- cile à Rome , & comme etoit a Ccnfiancinople , au rap- port de Paul Diacre , l'autel de la mère de Lieu au Pa- lais de Blaquernes. Quelquetcis la table ctcic loutenue de quatre colonnes , comme l'autel de S. Seballien de crypta arenaria j quelquefois enfin , ik c'eft la forme la plus ordinaire, un corps de maçonnerie lomient la ta- ble de l'autel ; ces lottes d'autels reffemblent à des tombeaux. C étoit 1 ulage de 1 Eghle , comnle on l'a dit ci-dcllus, de célébrer les laints myftères lur les tom- beaux des Martyrs: & quand on conlacre une Eglife, on renferme encore dans l'autel z\cc de la maçonnerie des reliques des Martyrs : dans les Eghles qui ne lont pas conlacrées,la pierre de l'a«re/lur laquelle on dit laMeife, eft marquée de croix , où il entre de la poudre des oife- mens des.Martyrs. C'eft de ces Saints dont les reliques iont à l'autel, que le Prêtre parle en baifant l'autel du- rant la prière qu'il dit après l'oblation. Autel, le dit figurcment au pluriel, pour la ReUgion, le fervice , le culte, & l'honneur que l'on rend à Dieu. Ho- nores divini, Dei cultus. Cet ambitieux, bien loin de refufer un trône , ne reluleroit pas des autels , ni tous les hommages qu'on rend aux Dieux. M. Scud. Atta- quer les autels , relpetler les autels. Acad. Fr, pour dire, la Religion. Pour vous rendre à jamais des honneurs immortels y Je vais me dévouera vos J acres zwiûs. L'AbeÉTetu, Mais depuis que l'Eglife eut aux yeux des mortels Defon fang en tous lieux cimenté fes autels. Bcil. On dit figurément d'une perfonne pour qui on a un grand amour, une finguhère vénération, qu'elle mérite des autels , qu'on lui veut élever un autel. Ils pro- phanent tes autels d'un indigne encens. Boil. On appelle le tiès-augufte Sacrement de l'EuchariC- tie , le laint Sacrement de l'Autel. Autel, fe dit proverbialement en ces phrafes: Qui fert à l'autel, doit vivre de l'jw;e/; pour dire, qu'il faut trou- ver de quoi lublifter dans la profelîîon. Cette expreffiou eft prile de l'Ecriture, /.Cor.iX/^.. Elever autel can- ne, autel ; pour dire, faire un fchifinc , une di vifion dans l'Eglile, dans une Communauté, y établir deux Supé- rieurs qui foient contraires. On dit d'un avare, d'un al- , téré du bien d'autrui, qu'il en prendroit fur l'cz/re/^ pour dire, qu'il neferoit point de difficulté de faire un lacrifice pour s'enrichir. On dit , qu'on doit être ami juiqu'aux autels ;'^oi\ï dire, qu'on ne doit pas fervir les amis aux dépens de fa confcience. On dit, recou- rir a.\x\ autels ; pour dire, y chercher un afile, y de- . mander du fecours, y chercher dés confolations. On dit d'une femme qui eft chargée d'ornemens , qu'elle eft parée comme un autel du Jeudi bénit, c'eft-à-dire , du jeudi Saint. l'Aut EL. Terme d'Aftronomic. C'eft le nom qu'on donne à l'une des quinze conftellations méridionales. Ara. Elle eft compolée de douze étoiles. Bayer n'en met que huit. Elle palle à notre horizon lurle milieu de la nuit; & au méridien lur la fin de Juin. Les Poètes difent que c'eft l'autel fur lequel les Dieux prêtèrent lerment de fidé- lité à Jupiter avant la guerre centre les Tirans, & que ce Dieu le mit dans les aftres après fa viétoire. D'autres dilcnt que c'eft l'autel fur lequel Chiron le Centaure immola un loup, dont la conftcllation eft dans le ciel proche de l'autel. L'Académie degli ardcnti àNaples,a pour dcv'iÇcï au- tel d'Elie lur lequel le feu du ciel delcend , avec ce mot grec, OTK AAAOGEN, NoH d' ailleurs , pour marquer qu'ils ne lonr ardens que du feu du ciel. Ce Corps n'eft pas dans les règles de la devife. Autel. Périt autel. Ara parva. Efpèce de bandage qui, quand il eft achevé, repréfente les coins d'un i7Wd/, Softtate en fut l'inventeur, & Galien en fait mention dans Ion Traité, De Fafciis. Autel, adj. 'Vieux mot. Pareil, femblable. Autel, adv. Vieux mot. De même , femblablement. Poëf du roi de Nav. AUTENTIQUE. Foye:ç^ Authentiq,ue, AUTEUR^' AUT* AUTEUR, f. m. Qui a créé ou produit quelque chofe. Aucîor. On le dit par excellence de la première Caufe, qui eftDieu. V Auteur At toute la nature. Le Souverain Auteur à\x monde. Ce mot vient de ^■^-■■^yipfc. V Auteur eft celui qui n'a pris lun ouvrage d'aucun autre ; c'cll celui qui l'a produit , qui l'a mis au jour. fous offenje^ /es DleuXjCimcms devotrevic. Racin. Tant de rares beautés , tant d'ouvrages divers y Te parlent de /'Auteur de ce grand Univers ; Et tu n'entends point leurs paroles. L'Abbe Têtu. AuTEURjfe dit en particulier de ceux qui font les premiers inventeurs de quelque choie. On croit que Flavio de Melphe zÙ.\ auteur de la BoulFole. Polydorc Virgile a écrit huit livres de ceux qui ont été les auteurs & in- venteurs des choies. Auteur, fe dit auùi de ceux qui font caufe de quelque choie. Ce ^sï^imÙ.ït tÙ.\' auteur àt ma fortune. Ce chi- caneur efl: ['auteur de la ruine de votre mailon. Des Chefs de diverles nations, ik indépendans entr'eux, s'oppofent le plus fouvent aux confeils dont ils ne lont pas les auteurs. Saraz. De nos propres malheurs auteurs infortunés , Nous Jomnies loin de nous à toute heure entraînés. BoiL. Auteur, fe ditauffi des Chefs d'un parti, d'une opinion, d'une confpiration, d'un bruit qui court. Pythagore eft: auteur Aq. l'opinion de la Mctempfycole. Quand on a dé- couvert quelque conjuration, il en faut punir fcvère- ment les auteurs.QeXwWdt. eft l'auteur du vol; les autres n'en lont que les complices. Auteur, cn'fait de Littérature, fe dit de tous ceux qui ont compolé quelqu'ouvrage , particulièrement de ceux qui ont fait imprimer. Il faut refpeder les Auteurs fa- crés. Les ^^arez/7\f modernes ont enchéri lur les anciens. \.ts Auteurs latins ont pillé les Auteurs grecs. Cet hom- me s'eft enfin érigé en Auteur ; il s'eft fait imprimer. Les Auteurs les plus polis & les plus exacT:s ne brillent pas toujours en converfation : ils ne difent prelque rien, pour uop pcnfer à ce qu'ils veulent dire. BoOh. I es Auteurs accoutumés à rêver profondement, afin de bien tourner une pcnfèe, font le plus louventdiftraits , & gardent un filence morne dans une converlation en- jouée. Id. C'ell peut-être ce qui a contribué à décrier la quahté àî Auteur. Car elle le prend quelquefois en mau- vaife part , & c'eft plutôt une injure qu'une louange. On entend par-là un homme qui ne raiionne pas com- me les autres-, qui penle tout autrement que lereftedu monde ; qui ne parle point naturellemenr , & qui eft fort entêté de lui-même. C'eft ce qui a fait dire à M. Paf- chal, que quand on voit un ftyle naturel, on eft tout étonné, parce qu'on s'attendoit de voir un Auteur, & qu'en trouve un homme. Il faut plus que de l'cfprit pour être Auteur. La Bruy. Les adorateurs de l'anti- quité ne (e piquent que du talent de bien entendre un vieux Auteur. Perr. Un Auteur il genoux dans une humble préface. Au Lecteur qu'il ennuie a beau demander grâce. Boit. Sans la langue en un mot , /"Auteur le plus divin EJl toujours , quoi qu'il fajfe, un méchant Écrivain. Idem. Les vers ne fouirent point un médiocre Auteur. Id. Un Auteur original, eft celui qui a le premier traité une matière , qui n'a point eu de modèle, ou pour les chofes qu'il a dites, ou pour la manière dont il les a di- tes. C'eft un bon préjugé pour le progrès des lettres dans un pays , quand il s'y rencontre en même temps plu- iieurs Auteurs originaux qui fervent de modèle aux autres. De Vig. Mar. J^oye^ Original. On dit aulli d'une femme , qu'elle eft Auteur , quand elle a fait quelque livre , ou quelque pièce de théâtre. Tame I, A UT 6^5 La Reine Marguerite , fille d'Henri II , étoit Auteur M = du Bocage eft Auteur de la Colombiadc , Poén^z épique. L'orfqu'il s'agit d'une femme , on fait autloue- fois ce nom fcminm; mais il faut en cela beaucoup de relerve. Plulieurs jeunes Dames de laCour, donr Y Au- teur {W'xAzmç. Guyon) étoit connue. Rifi. de l'Egl. de Meaux , 1. 1 , p. ^ço. Auteur , en termesde Droit eft aulîî oppofé à Procureur. Celui qui agit pour un autre , s'appelle Procureur • & celui au nom duquel le Procureur agit, s'apelle Auteur parce que c'eft par fon autorité que le Procureur agit! Desbans. Tout ce que fait un Procureur en vertu de fa procuration, oblige fon Auteur At la même forte que s'il y étoit lui même obligé; carie Procureur repréfcnte fon Auteur. Tout ce que fait donc le Procureur , eft cenfé fait par l'Auteur même. Id. Ce que les hommes traireiu avec un Procureur , les oblige autant que s'ils ayoient traité avec V Auteur mèmç. Id. L'Auteur peut révoquer le i\ocureur qu'il a conlfitué; mais cette ré- vocation doit être lignifiée à celui-ci. Id. En rermes de Palais, on appelle Auteurs , ceux dont on a acquis le droit de pollcder quelque héritage par vente, échange, donation, ou autre contrat. On donne en luftice un délai pour appeler en garantie fon auteur. On dit aulîi à celui qui débite une méchante nou- velle ; il faut nommer votre auteur, autrement on croira que vous l'avez inventée. Auteur , fe dit aulli en fait de Généalogie. L'Auteur d'une maifon, d'une famille , eft celui jufqu'auquel on remonte ; qui en a été le premier , qui l'a fondée & rendue illuftre. Caput,J?irps. Les Auteurs de fa race , ceux de qui l'on defcend. Auteur, en rermes de Collège. On appelle abfclumenr &par excellence auteur, celui qu'un écolier explique, ou qu'on fait expliquerpour-lors dans les cîalTès. Mon- trez-moi votre auteur? Vous apporterez quatre pages de verhon de vorre auteur. iCT On dit en ce fens au- teurs clcjfiques , ceux qu'on explique dans les clalfes. AUTHÉMÉRON. adj. m. On appelle un remède authé- méron , lorlqu'il foulage un malade le même jour qu'il l'a pris. Dca t.e«/^!po-, /ewtf/TZtfj & «vt»;, /ozcr. lîya dans Galien deux remèdes de cette efpèce pour les maladies de la rate. AUTHENTICITÉ, f f. Qualité de ce qui eft authenti- que. Veritas , authenticitas. L'authenticité des Li- vres facrés. L'authenticité d'un paflage. Comme on dit un ade authentique, un arrcr authentique, on dit de même l'authenticité d'un a6te, l'auth&nticité d'un ar- rêt , &c. AUTHENTIQUE, ou AUTENTIQUE. adj. Solennel, célèbre. B.es certA fidei, certus , authenticus. Les vé- rités chrétiennes font fondées fur des témoignages authentiques. Le Parlement a donné un arrêt authen- tique contre les jeux de hafard. Il y a un palfage au- thentique dans un tel endroit pour confirmer ccttepro- pofition. Ce mot eft purement grec , & lignifie qui efi d'une autorité reçue , qui mérite qu on y ajoute foi. Authentique, en termes de Jurifpiiuieiice, fignific, revêtu de toutes les formes, & qiîf eft attefté par des perfonnes publiques ; auquel on ajoute foi en Juftice. Il faut prouver ce qu'on .lUcguc en Juftice par des pièces authentiques , ou titres originaux. AuthenticiZ tabulât. Unaète n'eft point authentique & exécutoire, s'il n'eft en original, iîgné & fceilé. On a appelé auili autrefois, perfonnes authentiques , les Nobles & les premiers de l'Etat, comme étant gens dignes de foi. Se dont l'autorité étoit reçue. Authentique, le dit particulièrement d'un fceau, d'une Juftice fubalterne, ëi d'un Tabellion, pour le diftin- guer du fcel royal. Contrat pallé fous le Icel authen- tique , non royal , ne porte point d'hypothèque hors la Jurididion , comme prétendent quelques-uns. Authentiques , en termes de Droit, eft un nom qu'on a donné aux Novelles de Juftinien. Authentic£. On ne fait pas trop pourquoi on les a appelées authenti- ques ; Alciat prétend que c'ell Accurfe qui leura donné ce nom. Comme elles avoient été d'abord compolées, & dirigées en grec, elles furent traduites en latin par Pppp 66(, AUT le Paciice Julien , qui trouvant qu'elles ctoient écri- tes d'unftyle trop diffus, les abrégea, & en renferma le lens en moins de paroles. Du temps de Bul^aïus , l'on en fit une verlion moins élégante , mais exacte & littérale. Accuiie prcfcra cette traducl:ion qu'il ap- pelle auchennque:, par préférence a celle de Julien, & comme plus fidèle & plus conforme à l'original. Les Juthcnnquis ou Novelles font divifées en IX colla- tions ou chapitres. |J:J°(On s'clt quelquefois fervi du mot authentique f. f. pour défignet la loi qui condamne une femme con- vaincue d'adultère à perdre fa dot & les conventions matrimoniales, à être rafée & enfermée dans un mo- naftère pour deux ans, après lefquels, il Ion mari ne veut pas l'en tuer, elle eil rafce i:^ cloîtrée pour toute fa vie. Voyt-^ Authentî^ulr une femme. Rien n'arnte le fexe en fon ardeur lubrique j Il redoute moins Dieu :, qu'Une crai/zr /'authentique. BoiL. Authentique, pris fubUantivcment, fe dit encore pour un aclie ou un écrit authentique. Cette lehque n'eft accompagnée d'aucun authentique j enforte qu'elle cft bien incertaine. ////?. de l'Egl. de Mcaux , Tort. lip. 22 j. V authentique àc fa châlîé porte, &c. Ibid. p. 236. . AUTHENTIQUEMENT. adj. D'une manière authen- tique. Ce mariage s'eftraita^^rAe/zriçz/ewd/zr. Il a prouve authentiquemait les faits par lui allégués. Ce tefta- mcnt a été fait authentiquement. Le MaÎt. lier AUTHENTIQUER, v. a. Il fe dit particuhèrement des ades. Rendre un acte authentique, le revêtir de toutes les formahtés propres à le rendre authentique , y faire mettre le Iceau de l'autorité pubhque. Auclo- ritatem dare jConciliarc. Quand on envoie un aéle d'un royaume dans un autre, ce n'eft pas aifez que des Notaires l'aient ligné, il faut que le Magiltrat \' authen- tique ^ qu'il y mette le Iceau public, & une attefta- tion , que ceux qui l'ont ligné , lont perlonnes publi- ques , aux aéies deiquclles on ajoute foi en Jullice. Authentiquer une femme, c'eft la déclarer convain- cue d'adukcre. Mulierem aduherii ream damnare. La condamner Iclon \ authentique Scd hodiè , qui efi: la 134* Novelle de Juftinien , à perdre fa dot & les conventions matrimoniales, ik à être rafée & mile dans un couvent pour y demeurer deux ans, pendant lefquels il cft permis à fon mari de la reprendre , à faute de quoi elle y doit demeurer renfermée à per- pétuité. AUTHENTIQUÉ, ÉE, part. On appelle une femme authentiquée ^ îiZt celle qui a ûabi la loi de l'authen- tique Sed hodiè ^ qui fe trouve lous le titre, au Code ad lepemJuHam de adultcriis. Ce mot vient du grec ai'&î.Tia. AUTHIE. Rivière de France. Authia, Altilia. Elle a fa fource près deCogneux,aux confins de la Picardie & de l'Artois, baigne Dourlens & Auxi, & fe décharge dans la Manche , entre l'embouchure de la Somme , & celle du Candie. AU LIER, f m. Vieux mot. Autel. AUTOCÉPHALE. f m. Autocephalus. Ce mot cft grec, & vient deatTiV, ipfe, & y-i'ya.'^i,Caput ,&: i\- gnifie celui qui eft lui-même Chef, n'en ayant point au-dellus de foi. C'eft le nom que donnoientles Grecs à certains Archevêques qui étoient exempts de la ju- rididion des Patriarches, qui ne leur étoient point fournis. Tel étoit l'Archevêque de Chypre, par un Décret du Concile d'Ephèfe, qui le tira de la juri- diction du Patriarche d'Antioche. Il y avoit encore en Orient, plufieurs auttes Prélats Autocéphales , & en Occident , ceux de Ravenne s'attribucicnr le même droit. Le fixième Concile, Canon 39, appelle cela avoir le même droit que le Patriarche ; quand il ex- plique cependant ce droit plus en détail, il dit que ce n'étoit autre chofe que d'avoir des Evêques fous fa juiidiétion. Cela veut dire queVAutoce'pha/e étoit mé- tropolitain , &: n'avoir que des Evêques fous lui, & non point des Archevêques ou métropolitains , comiiie •AUT avoit le Patriarche ; mais que néanmoins il étoit en quelque chofe égal au Patriarche, en ce qu'il n'é- toit point fournis à un Patriarche. Les Evêques auto- céphales étoient principalement ceux de Bulgarie, de Chypre & d'Iberie. P^oye:^ A\\a.ûus, Lib. I j cap. 2 y de utriufque Eccl. conf. Jean d'Artis dans fon Traité des Ordres & Dignités des Eccléfiaftiques , traite la quef- tion de \'autocéphalie des Evêques , des Métropolitains & des Exarques. AUTOCHTONE, f m. AJroxe^v. L'une des tribus d'A- thènes, ainli nommée d'un Roi que l'on croit avoir ré- gné dans une partie de l'Attique avant Cécrops : ou plutôt a caule du lurnom avTo'x^"" , indigent , qu'affec- toient de prendre les Athéniens, pour faire entendre que leur ville ne vcnoit point d'une colonie j ce qu'ex- prime le mot grec , qui fignifie né dans le lieu même oùl'on habite. 0CF Les anciens donnoientlc ïiomàî Au- tochtones aux premiers habitans d'un pays, paroppo- fition à ceux qui étoient venus d'ailleurs s'y établir. C'eft la même chofe qn' Aborigènes. Selon une ancienne tradition, l'on croyoir que les hommes, ainfi que les plantes, étoient fortis du fein fécond de la terre. D'où vcnoit que les Athéniens le vantoient d'être raj^rtît^ è terra nati. Potterus , Archnol. Gr. l. i 3 c. ç. •^ AUTO-DATÉ. f m. Mot emprunté de l'Efpagnol, exécution du jugem.ent que l'inquifition rend contre les malheureux qui lui lont déférés. J^oye-:^ Acte DE FOI. AUTOGÈNE, r. m. Autogènes. Nom que quelques Gnoftiques donnoient au fils d'un certain cfprit vierge qu'ils nommoient Barbclathou Berbelat. Ils diloient qu'il avoit eu commerce avec un desEons. Ilsle nom- moient aulll Adamas , Diamant ^ & P rot arc home ^ ou premier Archonte , premier Magiftrat. Ce mot eft gtec, &c compofé d'a'vTo'î, ipfe _, & de Uiofitt.i,fio. Autogène 3 qui a été fait par foi-même, qui exifte par lui-même. Autogène, adj. Epithète que l'on donne au Naixiffc à Heur blanche, à caufc que fon oignon poulie des feuil- les avant qu'on le mette dans la terre , deforte que la plante paroit croître d'elle-même. A'i/Tojtr»'? , d'avTiJ, foi-mcme 3 & >/nif<.ai, être produit. AUTOGRAPHE, f m. Terme didadlique , qui n'eft en ufage que dans les Collèges, ou chez les Notaires. Scriptum autograrihum.Qz^ l'original de quelque écrit. C'elt ce qui eft écrit de la main propre de quelque perlonne, {C? Comme h nous avions les épitres de Ci- céron en original, écrites de la propre main. L'atao- graphe d'un ouvrage , d'un poëme. §3° Il eft aulfi adj. Ouvrage autographe. Pièces auto- graphes. Autographus. Ce mot eft coifipolé de deux mots grecs, d'awraV, AUTOIR, ou AUTOIS. f m. Habillement de tête, ou clpèce de voile que les femmes du commun portent en différens endroits , lur-tout en Picardie, comme à Amiens. AUTOMATE, f m. Terme de Mécanique. Machine qui fe remue par elle-même ; qui a en foi le principe de kn mouvement ; comme une montre , une hor- loge à contrepoids, ou autres machines qui fe meuvent par rellort. Automatum. Ce mot eft purement gtec : plufieurs prononcent aftomate ; mais quoi qu'eu dile Ménage, qui le prononce de la forte, il faut pro- noncer automate a\ec les meilleurs auteurs. Au rcfte, ce terme à'automate eft pareillement ccnfacré pour défigner les bêtes, que les Cartéfiens prétendent êtic de pures machines , ou , pour parler plus préciiéraent, de puïs automates, fCT Se généralement pour expri- mer des machines qui imitent le mouvement des corps animés. §CT Le Flûteur automate de M. Vaucanfon , le canard & quelques autres machines du même Auteur, font ce que nous avons vu de mieux en ce genre depuis longtemps. F^oyej Androide. Si la régularité & la fubordination qui fe remarquent dans la républicue des abeilles ne fuppofent pas un piincipe connoillant , qui m'empêchera de prendre pour des automates tous les ouvriers d'une manufadure î AUT V. Dan. Cette femme n'ouvre la bonche que par mc- fure;il Icmble qu'elle agille par relloits, comme ur.e machine : ceft un automizte. Bell. Ici ce mot ell pris figuremcnr. Ce mot vient du giec olti';, Ipfe. AUTOAiATIE. î.ï. Déclil' du haurcl,à quiTimoléon, ianieux Gciiéral de Connthe , fit bàtir un temple, croyant devoir au hataid une partie de la gloire. Au- tomaiia. IJCF AUTOMATIQUE, adj. Dans l'économie animale, il le dit des mouvcmeriSCjuidcptndeiu uuiqucmeiît de la Ihudure du corps, & lur Iciquels la volonté n'a aucun pouvoir. Boerha*'e, Comment. Fhyjiolog. AlJJGMAllblsih des bctcs. f. m. M. ce^Keaumur. C'eft: leur qualité d'aut^^matcs. AUTOMNAL, ALE. adj. ( L'M fe prononce) Qui eft propre a 1 automne. Autumnalïs. La partie automnale du bréviaire contient le temps depuis le premier Sep- tembre julqu'a l'Avcnr. En Aftronomie on Aiifeaion automnale , ou de la balance. Ce mot n'enfregu.nc dans -l'utage ordinaire. Cn dit de même plutôt la partie d'Au- tomne, que la partie automnale d'un bréviaire, cCF& fruits d'automne, que fruits automnaux. Le Dicx. de l'Acad. Fr. prétend même que ce mot n'a point de pluriel au mafculin. fïcvïcs automnales, fleurs autom.- nales. 03° AUTOMNE. On prononce Autonne. Saifon qui cfl: entre l'cté & l'hiver. Autumnus. 1 lulieurs Auteurs avec 'Voiture & Chapelain, font ce mot mafculin. D'autres le tont féminin. Ménage le fait des deux gen- res. L'Académie ne s'éloigne pas de ce (entiment, & le fait malculin & féminin. Un bel automne. Une au- tomne tr.ùde & pluvicule. Je crois que dans la profe il vaut mieux lui donner le geiire féminin. Une au-^ tomnc abondante en huits. Une automne froide. Une belle automne. Le malculin paroît plus propre pour la poëlie. Ou quand fur les coteaux le vigoureux automne Etaloitjes raïjlns ^ dont Bacchusfe couronne. Perrault. Quelques nations ont compté les années par les automnes , &c d'autres par les hivers , comme chez les Anglos-Saxons. Du Cange. Quelques-uns dérivent ce mot du verbe augeo j qucd jrugihus annum augeat. ^fF V Automne ÀwïC trois mois. Cette faifon commence le jour que le loleil paroît lous le premier degré du figne de la balance ; c'eft-à-dire, environ le ii de Se;'rcmbre, àt elle dure tout le temps que le foleil paroit feus le figne de la balance , du fcorpion & du lagittaire. ÇCF Dans le figuré , ce mot dédgne le temps qui fuc- ccde au printemps de l'âge, & précède la vicillelfe, ou l'hiver de 1 âge. A quoi fouhaue-^-vous d'employer vos beaux jours ? Le printemps pour les amours EJi plus propre que /'automne. Bens. Automne , en termes de Philofophie hermétique , fi- gnifie le temps auquel l'ouvrage eft achevé. On dit l'automne des Fhilofophes , pour marquer ce temps , qu'on appelle aulH le temps de la moijjon j parce qu'alors on recueille le fruit de fes peines. AUTONOÉ. f. flQuatricme fille de Cadmus. Elle époufa Arilrée, Se fur mère du malheureux Aciéon, dont la mort funelfe lui caufa tant de chagrin , qu'elle aban- donna le féjour de Thébes, & alla s'établir dans un bourg de la dépendance de Mégare , où l'on voyoit encore fon tombeau du temps de Paufanias. AUTONOME, f. f. Une des cinquantes Néréides. ÇCr AUTONOME, adj. Titre qu'on donnoit aux villes Grecques, qui avoient le privilège de fc gouverner par leurs propres lois. Acad. ¥r.ccCt,'s ,mcmc :, Sc^i^'^fjoi y rè^le. Qui le rc^le foi même. |Cr AUTONOMIE, f. f. Liberté dont joullfoicnt fous Tome I. AUT 6Gn les Romains les villes qui avoient confervé le droit de le gouverner par leurs propres lois. AUTOPSIE, f. i. Ceft l'état dans lequel, fuivant les Payens, onavoit un commerce intime avec les Dieux. On le croy oit revêtu de toute leur puiflance , &: on étoit perluadé qu'il n'y .avoir plus rien d impolliblc. Autopsie. Livc/c/zte ocz^/^îz/tr. Les JVÎédecinsde la fecT:e empyrique employoient le mot Autopjîa , pour figni- fier le louvenir des chofes qu'ils avoient fouvent vues de la même manière. AUTORISATION. 1". f. Autgritas. Terme de Palais. f.C^ Aelion par laquelle on autorife. Concoursou jonc» tion de l'autorité d'un tuteur ou d'un mari , dans un aclre palfé par un mineur , ou par une femme acluellemcnC cnpuillancedemari, fautedequoi l'acte leroit invalide & lans etîet: l'obligation que cette femme a pallée, eft nulle par le défaut de \'autoriJhtion de Ion maii , parce qu elle eft fous fa tutelle par les lois du mariage. La vente d'un mineur eft fujette à Vautorifution d'un tuteur. Lettres A' autorifation , font des lettres qu'une fem- me obtient du Roi , ou des Juges, pendant l'abfence ou au refus de Ion mari, pour adminiftrer fon bien. AUTORISER. V. a. Donner puillance de faire quelque choie ; donner force Se vigueurà qutlque loi, a quel- que ulage , à quelque cérémonie. Auclontatcw, dcre , tribuere. L'Empereur Juftinien a autorife la compila- tion des décilîons des Jurilconlultes anciens , pour en compofer les Lois du Digefte. Une femme ne peut contracter, ni agir en juftice , fi elle neft autcrfee par Ion mari , ou à fon refus, par Juftice. Autoriser, fignifie aufti , approuver. Approbare, com- probare. Les lois autorifent les ventes des biens des mineurs quand elles font à leur avantage. Il y a bien des abus que la coutume autorife. Le temps, le long ulage , ne peuvent rien autorifer contre la loi de Dieu , ou de nature. Un Magiftrat autorife le vice, quand il ne le punit pas. Les politiques ne manquent pas d'al- léguer la railon dEtat, pour autorifer tout ce qu'ils font lans railon. S. Evr. Ceft une dodrine capable à' autorifer les vols domeftiques. Pasc. Il ne voulue pas autorifer l'exemple de cette aéiion. 'Vaug. Ç^ue danger tuf e efl lafurprife D'une erreur que le monde fuit ! Et que mal aifément on fuit Ce que la coutume autorife! L'Abbé Tétu. Autoriser, avec le pronom pcrfonnel, fignifie, acqué- rir, ufurpcr de l'autorité. Arrogare fibl , vindicarc aucloritatem. Les tyrans ^' autorifent peu à peu en flat- tant les peuples. Les abus s' autorifent avec le temps, jufqu'à un point , qu'il eft malaifé de les réformer. AUTORISii,LE. part, Aucloritatem naclus , aucloritate prdditus. • AUTORITE, f. f. Droit qu'on a de commander, de fe faire obéir; puilfance légitime à laquelle on doit être foumis. Dans ce lens le mot A' autorite' n'a point de pluriel. Aucloritas. Tout bon chrétien fe doit fou- mettre à l'autorité de l'Eghte, & tout bon lujet à l'autorité royale. Les dérèglemens du peuple viennent de ceux qui les gouvernent : l'autorité de leur per- lonne donne du poids à leurs exemples. Flech.S. Paul recommande aux Evéques de tempérer par la man- fuétude, ce que l'autorité a de lévère. Le P. G ail. Le Cardinal de Richelieu avoir affermi la fureté da peuple , & l'autorité du Rci , par l'abailfement des Grands. Ir.Il faut que celui qui règne, ait un air d'em- pire & d'autorité. La*Bruy. La raifon de l'homme fujette à mille égaremens, a befoin d'être guidce par l'autorité. Malb. Autorité, (e dit quelquefois de l'ufage de*ce droit, ou de (on ufurpation. Un homme n'en peut arrêter un autre de Ion autorité privée. Il eft mal-féant de vouloir emporter toutes chofes d'autorité abfoluc. ÇKT Vous n'avez agi par autorité , que parce que vous favez qu'il eft plus ailé de trouver des elclaves que des raifons. Pasc §CJ" Il le trouve dans le mot d'autorité, dit M. l'Abbé Ppppij 66i AUT Girard, une énergie propre à faire fentir un droit d'ad- minilhation civile, eu politique. Il y a dans le mot de pouvoir un rapport particulier à l'exécution iubal- terne des ordres lupérieurs. Le mot de puijjance ren- ferme dans ia valeur un droit & une force de do- mination. Ce font les lois c,ui donnent Vautorité ; elle y puile toute ia force. Le pouvoLrtik communique par ceux qui, étar.t dépoiîtaires des loix, (ont charges de leur exécution -, par conléquent il ell lubordonné à l'autorité. La puKjance vient du contentement des peuples, ou de la force des armes -, elle eil légitime outytanniquc. • §Cr On remarque particulièrement dans l'idée à'auto- r'ité ^ quelque choie de jufte & de relpeétable i dans l'idée de pouvoir , quelque chote de fort & d'agil- fant; dans l'idée è^z pu'ijfance 3 quelque choie de grand & d'élevé. ^fT Vautorïié 3 eft relative au droit ; la puïjfance aux moyens d'en ufer ; le pouvoir àl'ulage. IJCr On ell: heureux de vivre fous l'û/^rorife d'un Prince qui aime la j.ullice , dont les Miniftres ne s'arrogent pas ww pouvoir au delà de celui qu'il leur donne, & qui regarde le zèle & l'amour de les fujets comme les vrais fondemens de la puïffance. ^fT Autorité , relativement à ce qu'on peut fur l'ef- prit des autres. Cet homme a de \'autorué dans la compagnie. F'oye-:^ au m^t Pouvoir, lynonjme ^'em- pire &c à' autorité. ^fT On dit aulîî donner de l'autorité à un mot, l'accré- diter, lui donner de la vogue. Donner de \' autorité à une opinion. Il y a des opinions populaires auxquelles on donne trop à' autorité. Port-R. Autorité, lignifie aullî le témoignage d'un Auteur qui a écrit ; ou quelque apophthegme , ou lentence d'une perfonne illultre qu'on cite, ai qu'on allègue dans un dilcours pour lui iervir de preuve, ou d'ornement. En ce fens le mot A' autorité a un pluriel. Voilà bien des autorités. Il clt toujours muni d'un grandnombre à! au- torités. J'ai cent hcxwvis autorités pour prouver ce que j'avance. Les textes d'Ariftotelont d'une grande autonte dans les collèges. Les paroles qu'on rapporte de Socrate font d'une grande autorité dans la morale. Les pailages de l'Ecriture font d'une autorité déciiive. Autorité. Terme de Palais. On appelle Autorités , les Ordonnances, les Lois, les Jugemens, &le lentimcnt des Doèleurs, qui lervent à approuxer Se autoriler ce que l'on dit. §CF A l'égard des Jugemeiis , leur auto- rité ne peut fervir que de préjugés, f-'^oye^ Jurispru- dence DES Arrêts. fer Autorité , s'emploie aulîî quelquefois comme fy- nonynie à autorifation. Un mineur , une femme ne peuvent agir que fous \ autorité de fon tuteur, ou de (on mari. ÇC? Autorité paternelle, lignifie la puilîance que le père a lur les enfans, lac^ielle ne coniiife parmi nous, en pays coutumier , que dans le relpecl & l'obéiHancc. Voyc\ Puissance paternelle. fC? Autorité de tuteur, iuivantle droit Romain, eft une pure & exprelfe approbation , que le tuteur, pré- fent en perfonne, donne de bonne loi, aux aiiles que fon pupille paiTe avec une autre perfonne-, & cette ap- probation doit être donnée lors de la palîation de cha- que aéte, fans pouvoir valablement être interpolée de- va!it ni après. ÇCF Chez nous , \ autorité des tuteurs , conlifte à pren- dre foin de l'éducation de leurs mineurs , & à faire eux mêmes les aétes qui font nécellaires pour la con- lervarion des biens de ceux dont ils lont les défenleuis. Ainfi les tuteurs ne les font intervenir dans aucuns ac- tes, où ils paroiffent fculs, par la raifon que ceux qui font en mreUe , n'étant pas capables d'agir par eux-mê- mes, ii n'clt pas néceilaire de les faire intervenir dans les ades qui les concernent. fCF Et c eft en quoi , parmi nous , le tuteur diffère du curateut , qui n'agit pas lui feul pour fon mineur, mais qui fe trouve feulement préfent aux ades que le mi- neur palle , à qui il ne fait que donner Ion confente- ment. AUTOUR. Prépofition qui s'emploie quand on parle de AUT ce qui environne quelque chofe , & qui régit le géni- tif. Circa j circum , avec l'acculatir. Autour de l'Lïlife. AcL. Le diadème le mettcit lur le front autour de la tête. Cn a bâti des murs & des baillons autour de la ville. Les lignes de circonvallation le font autour de la place qu'on alïïége. On a tait la procelîîon .^^/roz/r de l'Eglilc. Ces joueurs croient rangés tî«ro«r dt la table. Autour, fe dit aulîi de lelpace qui elT: aux environs. Il n'y a point de tauxbourgs ni de bâtimens autour des places fortes. Il y a des tolfés autour àz ce Château. On le dit cncoie de ce qui te meut dans cet elpace. Il s'eft allé promener autour du cloître. La lune to\in\s autour de la terre. % Autour, fe dit aulîî des lieux voifins. Les ennemis font campés tout iZùrowr de nous. LesSergens rodent autour de cette maiton. Il a regardé tout autour de lui. Autour, fe dit aulîî des perlonnes. Les grands ont au- tour à't\i\ quantité de courtitans & de Hatteurs. Cette mère ell continuellement autour de ta fille. Dans ces phrafcs &c phrafes tcmblables, il marque attachement & ajjlduite. Le voila qui vient roder autour de vous. Mol. Oui j malgré tout le bruit qu'excite autour de nous Le démon j la chair & le monde , Parle':^^ Seigneur jparle\, je n'écoute que vous. L'Aebé Tétu. Autour , eft aulTî quelquefois adv. Il a acheté une maifon ici autour. Il tourne tout autour 3 & n'entre point de- dans. On dit ptoverbialeraent & figurément, tourner au- tour du pot; pour dire , n'oter pas parler d'une chofe , ou n'oter le faire ouvertement •■, mais uler de détours au litu d'aller au tait. Ce mut vient de tour 3 qui a été fait de tornus. jl AUTOUR, f. m. En Fauconnerie, c'ett un grand oifeau ^ de pcing , qui eft le plus grand après le geriaut , qui terra la balle volerie lur les lailans & les perdrix. Ac- cipiter 3 ajlerias. Il a le;, ailes courtes, la tcte petite , le bec long, les terres noires , les jambes hautes , &la queue longue. Il eft de couleur tauve , iSc Icmé de ta- ches jaunes, la queue large, les yeux protonds, ayant une rondeur noire. Les autours font leurs nids dans les forêts, & dans les montagnes. Le bel autour doit être court, bien curé , bien alîis, & avoir les mahutes lar- ges. L'Autour niais eft celui qui eft pris dans le nid : Autour hranchier 3 celui qui eft pris lur les branches de larbre , commençant à voleter: Autour pajfager y celui qui eft pris au paftage, toit au filet , ou autre- ment: Autour jourcheret 3 celui qui eft de moyenne taille entre formé & tiercelet : quelques-uns l'appellent fécond. On donne à l'Autour la qualité de Cuijinier , car il prend force perdrix. On dit que \ Autour em- piète , ' autre-part on doit confidérer que, &c. Prstereà. AUTREFOIS, adv. Anciennement, ou ci-d(^'ant. ^//àj, olim. Le luxe étoitbien moindre autrefois qu'à prelént. Vous m'avez dit autrefois que, &c. Ce mot fc difoit autrefois , mais on ne le dit plus. l^ous cet Antiochus , fon amant autrefois , Vous que l'Orient compte entre fes plus grands Rois. Racin. Autrefois , lignifie auill , un autre temps. Je ne puis faire cela maintenant, ce lera pour une autrefois. fCT Dans cette phrale , autrefois n'eft pas un feul mot , comme 1 adverbe dont nous parlons. Ce lera pour une autre fois. Voyez Fois. Autrefois. 1. m. Un temps pall'é. Tempus pr£teritum. On fait cet adverbe lubltantif , comme quelques au- tres. Je vous crus autrefois , cet autrefois nejl plus. P. LE M. AUTREHIER. f. m. Vieux mot. Avant-hier. Nudius tertlus. Ha! quand j' oui /'autrehier, il me Convient ^ Si fort crier la corneille enfon chêne , C'efl un grand cas, dis- je lors , s'il n'advient Qiielque malheur bientôt en cetui règne. Marot. AUTREMENT, adv. D'une autre mamèrc. Aliter, alio modo , alla ratlone. Il ne faut point être boutu , ni vivre autrement que les autres. N'aye'^ pour vos avis aucun entêtement ; Laljfe:^ la liberté de penfer autrement. S. EvR. Autrement , fe met quelquefois pour fervir de condi- tion, ou de menace. On réligne des Bénéfices avec ré- fetve d'une telle peniion, & non autrement , ni d'une autre manière. Il faut vivre dans ['oidïç. , autrement ou s'en repent. A l'égard des vérités chrétiennes & des pro- meires générales de Dieu, il faut avoir une certitude entière, parfaite, être infailliblement afturé qu'on eft dans la voie du lalut \ autrement ce ne leroit plus re- ligion Se foi divine, mais opinion Se connoillànce hu- maine. Peliss. Autrement , le dit aulîî pour marquer de la médio- criré. Julqu'ici pour obtenir des licences , il ne falloir pas être autrement lavant en Droit. Il n'eft pas fort en ulage en ce lens , fi ce n'eft dans le dilcours familier, fc? Dans cette acception il eft toujours précédé de la né%2.n\t pas. Il n'eft pas autrement malade , il n'eft pas autrement content. Il n'eft guère content. AUTRESI. adv. Vieux mot. Seniblablemcnt , pareille- ment. AUTRETANT. adj. Vieux mot. Autant. AUTRETEL. Vieux mot. De même. A tous dlfolt que fa fille erre , Autretel difolt la Breglère. AUTRICE. f. f. Mot que l'ulage n'admet pas , pour li- gnifier celle qui a compofé un ouvrage d'elprit.j'avois déjà lu plus d'une fois , Mademoilelle, la lettre fur les bons mots , inlérée dans le Mercure du mois d'AvriJ dernier, lorfque Madame la Marquife de la S. ->-^ me dit que vous en êtes ['autrlce. Mercur. Juin i jzô. Il falloit dire \ auteur , fuivant le bon ulage & la déci- fion de l'Académie Françoile. AUTRICHE. Aufirla. Province d'Allemagne. Les Alle- mans l'appellent Oejlerrlch , ou Ojîerrlch. Elle doit l'on nom à fa fituation , car elle eft la partie d'Allema- gne la plus orientale , & o/Z lignifie orient. 'Voyez ce que nous avons dit au mot Austrasie. Les bornes de ['Autriche font au levant la Hongrie , au nord la Mo- ravie & la Bohème, au couchant le Duché de Bavière, ^7' AUT Si l'Archevcché de Sakzbourg-, & au midi la Stiiie. La capitale de l'Autriche eft Vienne. Il y a la haute & la .balfc Amtiche. La haute Autriche , Aujlria fuperïor, ou Cifdanubiana j ell la partie A' Autriche qui eft au midi, ou à la cu-oite du Danube, & la h:i& Autriche , Aujlria inferior, ou Tranfdanuhian'a , eft celle qui eft au nord , ou à la gauche du même fleuve. D'autres di- fent que 'la haute Autriche eft la partie orientale de •cette Province, & ils appellent la partie occidentale la h:xï^c Autriche. Voyez Maty. L'Autriche n'a eu d'ahord que des Comtes , qui n'é- ■toicnt même que des Gouverneurs envoyés par les Em- pereurs, enfuice elle a eu des Marquis, puis des Ducs, !^ éfilées comme le duvet. Elles ne lervent ni à voler, ni à les ^'êtir. Elles ont le tuyau jull:ement au milieu de la plume : c'eft pour- quoi les Egyptiens reprélentoient la Juftice par une plume d'autruche. La peau de fon cou eft de chair livide , couverte d'un duvet blanc clair-lcmé tk luifant, qui tient plus du poil que de la plume. Son corps eft couvert de plumes noires , blanches &: griles. Celles qu'on voir d'autre couleur, Iont feulement teintes. Les grandes qui fortent des ailes & de la queue , font ordi- nairement blanches. Celles du rang d'après iont noires. Celles qui garnillent le dos & le ventre , font noires ou blanches. Ses flancs n'ont point de plumes , non •plus que les cuilfes, & le delfous des ailes. Au bout de chaque aile il y a deux clpèces d'ergots longs d'un pouce , creux & icflcmblans à de la corne , à peu-près femblables aux aiguillons d'un porc-épic. Quant au de- dans, on y a trouvé cinq diaphragmes ou cloiions qui divifent le tronc en cinq pairies , dont quatre ont la fituation droite de haut en bas , &c un cinquième fitué en travers. Ses ventricules ont été trouvés remplis de foin, d'herbe, d'orge, de fèves, d'os, & de cailloux, dont il y en avoitde la groileurd'unœ-uf de poule. On a trouvé dans un jufqu'à 70 doubles , la plupart ufés AUT &■ confumés prefque de trois quarts , Se rayés apparem- ment par leur frottement mutuel, plutôt que par éro- lion. Mais il faut remarquer que les autruches avalent le fer, de même que les autres oilcaux a'.alent les cail- loux, pour aider à broyer leur nourriture. Se non pas pour s en nourrir ëc pour le digérer, comme ont cru les Anciens : au contraire elles meurent quand elles en ont beaucoup avalé. Diodore Sicilien apellc les autru- ches ^ des Cerf s-oij taux. Le P. de Urreta, dans fon Hilloire d'Ethiopie , p.^y, prétend que les Anciens ont appelé les autruches Pé- gafes; (ïc que comme cet oifeau a des ailes, qu'il étend quand il court, (k qu'il y en a qui ont des oreilles de cheval ; tout cela a domié occaiicn à la fable du che- val ailé nommé Pégafe. Le même Auteur dit, Lïv. /, ch. 26 , qu'il cft douteux h c'elf un oileau , parce qu'il a des ailes i ou un animal terreftre, parce qu'il a des pieds de chameau ; que c'eft pour cela qu'on l'appelle ftruthïo camelus 3 c'eft à-dire , (elon liidore , Liv. XI J, Etym. ch. /7 , parce que c'eft un animal terreftre qui a des plumes comme les oilcaux. Il y en a une quan- tité prodigieule en Ethiopie, & les Ethiopiens les nom- ment Aojlros j &: c'eft apparemment de-la que s'ell formé le nom elpagnol Ahejlru\i & le nom François Autruche. Elle pond au mois de Juin, met fes œufs en terre, les couvre de fable, & les abandonne; c'eft le foleil qui les fait éclore. Ceux du pays ditcnt , au rap- port de Marmol, qu'elle a li peu de mémoire qu'elle les oublie; mais qu'en courant çà & là , les femelles les couvent aux lieux où elles les rencontrent. Il eftbicn plus naturel de dire que \ autruche étant d'un poids énor- me , elle romproit (es œuts fi elle les couvoit comme les autres oileaux ; ainfi , par un inftind: naturel , elle Jaille au foleil le foin de faire éclore fes petits. C'eft pour cela que \ autruche eft un fymbolc de cruauté & d'oubli. Cet animal, dit Marmol, eft fort hmple, & fl fourd qu'il n'entend rien. Il dit qu'elle pond dix ou douze œuts de la grolfeur d'une grolle boule, & quel- ques-uns moindres. Les Ethiopiens mangent ces œufs, & les tiennent pour un mets délicieux. On dit qu'ils font des vafcs des coques de ces œufs; Pierius dit mê- me qu ils en font des bonnets qu'ils portent, & qu'ils clfiment. La chair de V autruche , dit encore Marmol, put,& eft gluante, particulièrement celle des cuilfes; mais tous les peuples de Numidie ne laiiFent pas d'en manger. Quand ils ont pris des petits, ils les élèvent, les engraillent, & les mènent paître en troupes par les délerts : lorfqu'ils lont gras , ils les tuent (k les (aient. La propriété qu'on lui attribue, de digérer le fer , a fait qu'on a pris \' autruche 'ponz lelymbole de la patience dans les injures. On en fait encore le fymbole de la juftice, parce que toutes ces plumes , dit-on , font éga- les, au lieu que dans les autres oifeaux, les unes (ont petites, les autres font grandes; ou parce que le tuyau eft juftementau milieu de la plume. On dit figurémeni à un h^mme qui mange beau- coup, ou des viandes ditnciles à digérer, qu'il a un eftomac à' autruche. Le P. Vanflebe, dans ix Relation d'Egypte , rapporte à la page 10 j , une choie fort particulière, en parlant des autruches. J'ai lu, dit-il , dans un vieux manufcrit Arabe, intitulé Giauharet Innefiffe , que lorque cet oifeau veut couver (es œufs, il ne (e met pas delfus, comme font les autres; mais le mâle & la femelle les couvent ax'cc leur regard feu- lement, &lorlqucrun des deux a beloin d'aller cher- cher fa nourriture , il avertit fon compagnon par fon cri, & celui-ci relie, & continue à regarder les œufs, jufqu'a ce que l'autre foit revenu ; &: de même encore quand celui-ci a befoin à (on tour d'aller chercher (a nourriture , il avertit de la même manière fon compa- gnon , afin qu'il demeure , & afin qu'inceffammcnt l'un d'eux (oit toujours pour regarder les œuts, julqu'à ce que les poullins foientéclos. Car s'ils ditcontinuoicnt un moment, ils fe corromproient, & ils n'auroient au- cun poulïïn. ^fT AUTRUI, f. m. Sans pluriel , ou pronom ip..Lhni, fans genre ni nombre , qui fignifîe les autres peilonnes. Il ne s'apphque jamais qu'aux peifonues , & il eft plus général que autre. AUT ^71 ^kT Quelques-uns regardent ce mot comnic vieux, & difcnt toujours autres pour autrui. Mais ce ncft pas pailer françois que de due autres, en beaucoup d'en- droits , où il faut dire autrui. Par exemple , il ne faut pas délirer le bien des autres, eft très-mal dit, il faut dire le bien d'autrui. Autre a relation aux perfonnes dont on a déjà parlé. Comme fi je dilois , il ne faut pas ravir le bien des uns , pour le donner aux autres je dirois bien; mais je parlerois très-mal en difant pour le donner à autrui. Parce que quand il y a relation de perfonnes , il faut dire autres , Se quand il n'y en a point, il faut dire autrui. D'ailleius, az^rre s'appli- que aux perfonnes & aux chofes; mais autrui ne f^dit que des perfonnes. Se toujours avec une prépofuion dont il eft le complément. Envier le bien d'autrui. Ne fais à autrui que ce que tu voudrois qui te fût fait à toi-même. Etre logé chez autrui. 'Vous autres galans, vous jugez d'autrui par vous-mêmes. Scarr. Un cœur nohle eft content de ce qu'il trouve en lui. Et ne s' applaudit point des qualités «/'autrui. Ce n'efi que l'air ^'autrui qui peut déplaire en mol. Bon. Cependant qu'il tente lui-même Ce qu'il peut faire par aiiuui. Malherbe. C'eft- à- dire, par tout autre que lui. §3* Dans les Lettres de Chancellerie on met toujours cette claule , fauf en autres chofes notre droit , & \' autrui en toutes. Dans cette phraf e {'autrui (ignifie par elhpie , le droit d'autrui. Mén.ige dérive ce mot du ^itmùi altcrius , en tranf- pofant les lettres , dont les Italiens ont fait aulîî altrui. On dit proverbialement, le mal d'autrui n'eft que fonge; pour dire, ne nous touche guère. Qui s'attend à l'écuelle d'autrui , fouvent dîne ir.al. On dit aufîi , le bien d'autrui n'eft pas à nous. AUTUN. Augujîodunum , Augufta j¥,duorum , Hedua, u¥,dua, CiVLtas ^duorum , Bibracle. Ville ancienne de Bourgogne. Autun eft fort ancien. Le premier Au- teur qui en parle , eft Pomponius Mêla : Tacite en fait mention comme d'une ville très-confidérable fous Ti- bère. La fondation de cette ville eft un point trcs-cbf- cur,ou plutôt abfolument inconnu. Ceux qui ont dit qu'elle avoit été bâtie par Samothès, fîls de Japhet, Se petit- fils de Noé, n'apportent aucune preuve de leur opinion. M. Baudot, dans la Differtation dont nous parlerons, dit feulement qa Autun eft une ville très- ancienne : Se c'eft en cftct tout ce qu'on en peut affu- rer. Bien des gens croient qn Autun eft l'ancienne Bi- bracle : c'efl le lentiment de Pierre de S. Julien dans fes Antiq. de Bq^rgogne. M. Thomas , Chantre & Officiai d' Autun, a entrepris de le prouver, dans un petit Livre intitulé, De antiquis Bihracle feu Au<^uf- toduni mpnumentis ; ; d'autres Y'p^'^Bcuvray en Bour- gogne; fentimcns qui ne paroiflent avoir d'autre fon- dement que la relfemblance des noms. On imprima aulli en 1710,3 Dijon, une Differtation de M. Bau- dot , où il prouve la même chofe. Les principales rai- fonsfont, 1°. La marche de Céfiren fuivant IcsSuif- fes qui vouloient aller s'établir en Saintonge. 2°. La fituation d' Autun, la même que Céfar décrit. 3°. Le nom de dunum , qui termine fon nom, & qui veut dire colline; Autun eff bâti fur une colline, adotlée à une plus haute montagne. 4°. La gi'andeur & la célébrité d' Autun, qui ne peut convenir ni à Baune , ni à aucune autre ville, f". Les rcftes fuperbes d'antiquité qu'on y voit. 6". Enfin, deux marbres antiques & une plaque de bronze , avec des infcriptions qu'on y ticuva il y a quelques années. L'im des marbres porte , DLaE r6qz ÂUT BIBRACTI.L'autre,DEAEBIBRACTISIGNATUM. , Sui- la phqne on lit DEAE BIBRACTIP. CAPRIL PACATUS iiiui VIR AUGUbTA. VSLM. Touiccla prouve en effet c\\x'A'.uun ell l'ancienne Bibracle. Par- là tombe encore le ientjmeiu de M. Mandajors, Mai- re d'Alais , qui , dans fes njuvelles découvertes lur l'état de 1 ancienne Gaule au temps de Céf^r, a pré- tendu montrer par la marche de ce général à la (uite •des Suiiîes, que Bibracie n'étoit point Aucun, mais Pebrac, bourg aux confins de l'Auvergne & du Gé- vaudan , parce que la bataille , dir-il , ne fe donna point aux environs Aq Bibracle, mais à 5 ou 6 lieues de-là. Coquille , dans l'on Bijiolrc du Nivernais , prend un fentiment mitoyen , & croit que l'ancienne Bibracle étoit fur la cime de la montagne de Beuvray , en la- quelle, dit-il, encore aujourd'hui (e tient une foire re- nommée par toute la France , qui repréfente beaucoup d'antiquité , car elle fe tient chacun an le premier Mer- credi du mois de Mai. Au temps du Paganilme ( cefont toujours les paroles de Coquille) les Marchands lou- ioicnt facrifier & faire leurs vœux à Maia, Décile , fille d'Atlas , & à Mercure fon fils , en ce mois de Iviai , pour avoir leur faveur au trafic de leurmarchandilc. Le mois de Mai eft dit Maïus, en l'honneur de la dite Maïa , ainfi que dit Ovide au F Liv. des Fajles. Mer- cure étoit le Dieu des Marchands , comme fe voit au Prologue de l'Amphitryon de Plante; & on voit que cette foire eft à jour de Mercredi , dit de Mercure, Se au mois de Mai dit de Maia. Il eft viaifcmblable , ajoute t-il, que les plus anciennes villes bâties après le déluge 5 aient été mifes es cimes des montagnes , i^- depuis à caufe de l'incommodité de ces lieux hauts aient été transférées en lieux plus bas , & de plus ha cile accès. Ainfi les habitans de ce haut Beuvray le foient transférés au lieu où eft de préîcnt A ut un. Co- quille. Mais ce ne fontlà que des conjeclures, la plu- part même allez foibles , quoiqu ingénieufes. Au lefte, Eumcnius , dans les derniers mots de (on panégyrique à Conftantin, femble diftinguer la capitale des Héduens de Bibracle. Je ne fais pourquoi M. Thomas ni M. Eau- dot n'ont point touché cette difficulté, qui a frappe quelques Savans , mais qui au fond ne peut détruire leur fentiment : car le Panégyrifte a très-bien pu com- parer Bibracle avec elle-même , ce qu'elle avoir été , avec ce qu'elle étoit fous Con^:inùn. Bibracle quidcm hue ufque dicla ejl Julia , Pola , Florentia : fed Fla- via efi civitas Heduorum. Quelques Auteurs prétendent encore (\\x'Autun eft nommé Aurelianum , Hc Roma Celcica, dans les An- ciens -, mais d'autres croient que c'eft plutôt Lyon , après lequel Autun tenoit le premier lieu dans la pre- mière Lyonnoife. Quoiqu'il en f(Ér, le wova Autun cxi. Aufiun , comme quelques uns veulent qu'on écrive contre l'ulage ; c«n//2 , dis-je, s'eltlormé du latin ^w- guflodunum. L'on a dit, Ausfidun , Aufftun , Aufiun , Autun ; & Augufiodunum eft compofé du latin Auguf- tus , & du mot Gaulois diin , qui fignifie élévation , montagne , parce qu'en effet Autun eft aux pieds des montagnes appelées le mont Céniz; ou , comme parle M. Baudot, Autun eft bâti fur une colline adclfée à une montagne ; & 'félon cet Auteur, c'eft le défir de faire fa cour à Augufte qui lui ht prendre ce nom. Il ne paroît pas qu'on puiffe douter de cette étymologie; cependant Jean Picard, dans fa Celtopédie ,p. 12S , dit que Bartholomarus Chaflaneus, dans fon Hvre des Coutumes de Bourgogne , tire le nom à' Autun , Au- gufiodunum , du grec. Picard femble l'approuver, & pour le confirmer, il dit que l'autre nom de cette ville, Hedua , peut paroître venir auffi du grec a'wo t« Us'cj , qui fignifie doux , agréable. M.-xis'KinmQt rejette avec raifon ce fentiment, perfuadé que le mot Ilcduus eft purement celtique. Quelques Auteurs doutent fi c'eft Augufte fils adop- tif de Jules Céfar, ou quelqu'autre des Empereurs fui- vans , tous nommés Auguftus , qui donna ce nom .à cette ville; mais puifqu'il paroîtpar Tacite, que dès le temps de Tibère elle s'appeloit ainfi, elle ne peut avoir reçu ce nom que d'Augufte, ou de Tibère ; & puifque dès le VF confulat de Tibère , c'eft-à-dire , la feptième AUT année de fon empire, elle étoit révoltée j il ne femble pas probable que ce foit lui qui lui eût donné ce nom. Ainfi il faut que ce foit Augufte. Conftantin lui donna enfuite celui de Flavia civitas Heduorum , ( Voye':^ EuMENius dans les derniers mots de fon remercimcnc à Conftantin ) ou feulement Flavia heduorum , comme il dit dans les premiers mots de la même pièce; & les Citoyens s'appelèrent Flavienfes. Dans la (uite elle re- prit fon premier nom à' Augufiodunum , qui lui eft ref- té. Autun étoit anciennement la capitale d'une des principales Républiques des Gaules. Il paroît par Ta- cite à l'endroit que j'ai cité, & par Eumcnius, qu'il y avoir à Autun une célèbre & nombreufe Académie , où la jeunelfe Gauloife alloit étudier. Il eft vrai que dans le panégyrique d'Eumenius , Rhénan & Pighius attribuent cette gloire à Clèves , & que le premier a mis Augufio Clivicnfium y à la place à' A ugufiodunen- fium. Mais Jufte Lipfe les a très-bien réfutés dans la note fur l'endroit de Tacite que j'ai indiqué. Les Drui- des y avoient leur Sénat. Le lieu où il le tenoit, eft ce- lui qu'on appelle aujourd'hui le Mont-Dru , Mons Druidarum , comme ce qu'on appelle le Janitois, étoit un temple de Janus ; le Mont- J ou , un mont confacré à Jupiter ; & Marchamp , un champ de Mars , Mar- tis campus. Autun eft (itué fur une petite rivière nom- mée Arroux, &que M. Thomas, dans le Livre que j'ai dit, écrit Arroux. Autun a eu des Comtes, fous l'autorité des Rois Bour- guignons, qui pallerent la Saône & le Rhône l'an de Jésus-Christ 414. Munier dit que quelque recher- che qu'il ait faite, il n'a pu découvrir de Comtes à' Au- tun avant Attalus , dont parle Sidonius Apollinaris, ép. I S , S<. qui , dit-il , étoit en charge l'an 460. Au- tun eft un évcché 1 uffragant de Lyon. Sa longitude eft 22d, jo'. Sa latitude , 46J, 50', félon lacartedeM.de Lifle. Foye-;^ fur Autun le panégyrique ou remerci- ment d'Eumenius à Conftantin ; le Moine Henri , Erri- cus Monacus , dans le premier Liv. de la vie de faint Germain , D. Thomn. de Antiquis Bibracle feu Auguf- toduni monumentis libellus , & les Recherches & Mé- moires fervans à l'Hifioire de l'ancienne ville d' Au- tun J par Jean Munier , imprimé par Claude Thiroux à Dijon i;z-4°. 1660. Ce Livre contient trois parties ; la première traite de la République des Anciens Au- tunois; la féconde, des Comtes à' Autun j & la troi- fiéme des hommes illuftres A' Autun. Autun. C'eft encore le nom d'un village de Daupliiné, que quelques-uns prennent pour l'ancienne y^w^z^i? j que d'autres croient être Aofte. Augufiodunum. Il eft dans le Royans , entre le bourg du Pont en Royans & la ville de Romans, AUTUNOIS. Augufiodunenfis pagus , traclus , agcr. Autrefois Hedui. Contrée du Duché de Bourgogne. Elle prend fon nom d'Aururffa capitale. L'Autunoisctt. une partie du pays des anciens Héduens. Il confine avec le Niverncis , le Bourbonois, le Charolois, le Chà- lonois, leDijonois, Se l'Aunois. Dumnorix l'un des plus grands Seigneurs de l'Autunois. Munier. Célar ayant levé le fiége de Gcrgovie, fit refaire des ponts fur l'Allier pour pafTer en l'Autunois. Id. Autrefois il comprenoit une longue étendue de pays, qui pouvoir contenir lix bonnes journées de chemin du f cptentrion au midi , depuis la ville de Joigny , en l'Auxerrois , fituée fur la rivière d'Yonne, qui étoit limitrophe, & faifoit les confins de ce côté-là, entre les feigneu- lies de ceux d' Autun & de Sens, jufqu'à la rivière du ■ Rhône, Pour fa largeur l'Autunois, ou la république Autunoife , contcnoit un peu moins d'Orient en Oc- cident , depuis la ville de Nantua, Chaftillon , ou Bou- logne , à une bonne journée de Genève, jufqu'à Ga- nat, ou S. Porfin, proche de la rivière d'Allier, mais en deçà de cette rivière , laquelle féparoit la feigneu- rie d'Autun de celle des Auvergnats j car tout le Bour- bonois dépendoit de ceux d'Autun , & étoit de leur vrai territoire, au rapport de Céfar, liv. I de FI. Le Rhône les féparoit des Allobroges ; la Saône,des Séqua- nois; la rivière de Loire, des Berruyers ; celle d'Yonne des Sénonois;& le ruilFeau de Seine , des Langrois. Munier. AUTUNOIS, AUV AUTUNOIS , OISE. f. m. & f. Qui eft d'Autun , ou de l'A^insKcls. Augujiodunenjis , anciennement Be- duus. Cet ancien peuple que les Latms ont appelé Hedui en leur langue, & les Interprètes François Hé- duois j ou d'un mot plus extenlîf Auttinoïs , étoit le plus hardi , le plus courageux , le plus noble & relevé de la Celtique. IvIunier. L'Ariftocracie des anciens Au- zunoïs a été l'une des plus iiluftres de l'Europe. Id. Les anciens Autunoïs appeloient leur iouverain Magiftrat Vergohiet , &i nous aujourd'hui par (yncope Vicrg. Id. Les Autunoïs étoient frères du peuple Romain. Cic. ai Att. Lïb. /^ ep. i 6 , ad Treb. Lïb. Vil ^ ep. 10, b. d. c. Tacite , Annal. Lib. XI , c. 2S. Autunoïs, dise. adj. La république Autunoift. Mun. Diviciacus , Lifcus, Convici:ohcanes, Litavicus , & autres Princes Autunoïs. Id. Cetartit airalîiner le vail- lant Dumnorix , chef des troupes Autunoïfes. Id. AUV. AUVENT, f. m. Petit tc-it en laillie, qu'on met au- delfus des boutiques pour les garantir de la pluie , &c du iolcil. Umhraculum, vélum, tentorïolum. Les au- ■ vents des marchands avancent fur la rue. On a dit autrefois ôtevcnt , & Nicot veut qu'on le prononce ainfi, parce qu'il rabat & ôte la force du vent. Ménage approuve aulîi cette même étymologie. Du Cange dit qu'il vient de advanna, qucd advannï altï inflar fuf- pendatur ; ëc que dans les anciens titres on trouve avaut'Vant. Qac\ques-uns veulent qu'il vienne d'avan- cer , avance. AUVERGNAT, ATE. f. m. & f. Qui eft d'Auvergne. Arvernus. Les Auvergnats lont laborieux & adroits. Quand on parle des anciens habitans de l'Auvergne, Arvernï, il ne haut point dire Auvergnat , mais Ar- verne, ou Arvernïen. C'eft ainli qu'en ufent nos bons Auteurs récens. Bellovèze fit nombrer fa colonie qui étoit compolce de Bituriges,d'^rvfr/2ej, de Sénonois, d'Eduens , d'Ambares , de Carnutes & d'Aulerques Cénomans, c'eft à-dire, de gens du Berri, Se de l'Au- vergne, de Sens, d'Autun, de Chalons fur Saône, de Chartres, du Mans. Cordemoy. Munier , dans fes Recherches fur la ville dAutun , dit toujours Auver- gnat. Célar s'empara des Gaules, lous prétexte de donner du (ecours aux Autunois contre les Auvergnats , Séquanois & Allemands. Munier. La rivière d'Allier leparoit la leigneurie d'Autun de celle des Auvergnats. Id. Je crois qu'il eft mieux de ne le point imiter. Les Arvernes , (\ l'on en croit Lucain, Lïv. I, v. 42 j , fe difoient originaires des Troyens , & frères du peu- ple Romain. Arvernique aufi Latïofe fingere fratres Sanguine ab Iliaco populï. De Valois, dans fa Notice des Gaules , croit que Lucain le trompe , & qu'il a mis les Arvernes pour les Héduens, ou Autunois. H eft vrai que Cicéron, dans une Lettre à Trébatius , Lïv. VII , ép. 1 0 , ôc dans la 16 du I Liv. à Atticus;& Tacite, Lïv. XI, Ann. c. 2s } dilcnt que les Héduens, ou Autunois, étoient frères du peuple Romain ; mais d'autres qu'eux prirent ou reçurent cet-te qualité ; & Jufte-Lipfe dans fes Notes lut Tacite, montre à l'endroit que j'ai cité, que cet Hiftorien s'eft trompé, quand il a dit que les Héduens étoient les feuls qui l'cuirent eue. Une an- cienne inicription la donne auxBataves: les Arvernes ont bien pu l'avoir auiîî. AUVERGNE. ^/ver/2iiîjV?n'er«i^. Grégoire de Tours l'appelle Regïo Arvernorum , Tcrrïtorium Arvernum. Les Ecrivains qui ont été fous la leconderace, la nom- ment Pagus Arvernicus. L'ancienne Auvergne étoit un grand pays de l'Aquitaine , qui avoit au nord le Berri &: le Bourbonnois ■■, au couchant le Limolîn , le Périgord & le Querci ; au midi le Languedoc, & au levant le Lyonnois. Strabon dit que 1 Empire àAuver- gne s'étendoit depuis la Loire jufqu'à Alarfeille. Au- jourd'hui {'Auvergne eft une province qui a un gou- verneur particulier , bornée pat le Bourbonnois au Tome I. \ AUX 673 . nord ; la ALarche , le Limoufin , & le Querci au cou- • chant ; le Rouergue & le Gevaudaa ai<»midi; le Vélay ik le Foret au levant. L'Auvergne a titre de Comté, Elle a été fouvent réunie à la Couronne, & pour la dernière fois en \6c6 , par la donation que la Reine N:an;uerite en fit au Dauphin de France, qui fut de- puis Louis XIII. Il y a la haute & balfe Auvergne. La haute Auver- gne eft du côté du couchant, & s'appelle ainfi, parce qu'elle eft pleine de montagnes. La balFe Auvergne comprend la Combraille, vers les confins de la Mar- che iSc du Bourbonnois; & la Limagne, le long des deux bords de l'Allier & de la Dore. Les fromages à' Au- vergne font eftimés. Le Dauphiné d'Auvergne eft un petit Canton de «la balle Auvergne , prés de l'Allier & de la ville d'illoire.. Ce mot Auvergne, s'eft formé du latin Alvernïa , en changeant à l'ordinaire al , en au-, ik mouillant l'n, comme en beaucoup d'autres mots. AUVERNAS, ou plutôt AUVERNAT. f. m. Vin fort rouge & fumeux qui vient d'Orléans, qui n'eft bon à boire que lur l'arrière-lailon, ce qui fait qu'on l'ap- pelle aulli Vin de cerneau. Vmum arvernum. Les Ca- baretiers s'en fervent pour colorer leurs vins blancs. Il eft fait de railins noirs qu'on appelle du même nom , parce que le plan eft venu d'Auvergne. Leur couleur les fait appeler ailleurs Morillon , 6c Pineau en Au- vergne. D'un Auvernat fumeux m'apporte un rouge bord. BoiL. Il y a un Auvernat gris d'Orléans, qu'on appelle ailleurs Malvoifie , qui eft un raiiin gris fort lucre , & le plus fondant de tous les raifins. 'auvernat de MEUNIER. Nom d'une forte derai- Im, efpèce particulière d' auvernat , qui fe nomme ainfi, parce que la vigne qui le produit, a les feuilles couvertes d'une efpèce de duvet , qui s'attache faci- lement aux habits & aux chapeaux , & les blanchit à peu près de la manière que le iont ceux des Meuniers. Arverna vitis jolïis alba lanugïne coopertis. U auver- nat de meunier eft fort commun dans lOrltanois, & produit davantage que celui qu'on appelle limplement auvernat. AUVESQUE. f. m. Efpèce de cidre excellent , qui fe fait dans le Belîin , en balfe Normandie. Du Moulins, dans ton Dilcours de la Norm. p. / , au commence- ment de (on Hïjl. de Normandie , dit lur le Belîin : le cidre y eft li excellent, principalement le doux auvef- que , & l'ameleon , que les plus délicats le préfèrent à beaucoup de vins. \fT AUVILARS. Petite ville de France, en Gafcogne, près de la Garonne , environ à douze lieues de Tou- îoufe , connue par les bas de laine qui s'y labiiquent. AUVRY. Voye\ Audry & Aubrinx. C'eft la même choie. AVUSTE. f. m. On appelle ainfi en termes de mer, le nœud de deux cordes , dont on attache lune au bout de l'autre. On dit auilî ajujle. §Cr AVUSTER, ajuster, v. a. Terme ufité fur les rivières. Attacher deux cordes l'une au bout de l'autre, en formant le nœud qu'on nomme avujle ou ajujle. AWEN-MORE. Petite rivière d'Irlande. C'eft \Qhoca des Anciens. Elle coule dans le Comté de Wiclo en Lagénie , palfe à Arklo , & peu après fe jette dans la mer d'Irlande. A U X. AUXENCE. f. m. Nom d'homme. Auxentïus. Auxence, Evêque Arien de Milan. Auxence (e fentant prelfé, & voyant le péril où il s'expofoit en niant la foi catho- lique, déclara qu'il croyoit Jésus-Christ vrai Difu, de même divinité & de même lubftance que le Père. Fleury. L, XVI. Auxence & les adhérens furent ex- communiés dans un concile tenu à Rome. AUXERRE. Altiffwdorum, ou Altifiodurum , Autïjjlo- dorum. Ville épilcopale de Bourgogne , fituée lur le penchant d'une colline, au pied de laquelle coule la rivière d'Yonne. Quelques Auteurs difént que l'émi- nence fur laquelle elt aujourd'hui l'Evêché , s'eft Qqqq 674 AUX appelée autrefois Autrïcum. j & qu'elle a donné à la ville le nom à^Autilca , d'autres è^Âtwr. Autrïcum. Ammicn Marcellin , qui eft le premier qui en parle , la nomme Aucijfwdorum _, ou Auteffiodorum.^ Quelques-uns di- fent que ce nom lui eft venu de les eaux-, que dur^, en langue bretonne , qui eft la même choie que la gau- loife, lignifie eau. D'autres dilent qu'il eft compoléde dorum , qui en gaulois lîgnifioit porte, de même que thor , ou thur , en Allemand i & de ifan, ou ifen , qui veut dire /er; dci'onc qu' Autiffiodorum , Auxerre j fignifie porte de fer. Cette ville épitcopale eft à zi°, i', 31" de longitude, & à 47°, 46', 20" de latitude, félon M. CaJJini; ou bien à io", ;6', 53" de longi- tude, & 47°, 35', o" de latitude, félon M. De la HiRE, Tables Afironom. AUXERROIS , OISE. f. m. & f. Qui eft d'Auxerre ou de \AuxerroLS. AltïJJiodorenfis. Saint Germain l'^z^- xerroLs , c'cft Saint Germain Evêque d'Auxerre \ Se à Paris , Saint Germain l'^axerroij eft une pareille, dont ce Saint eft Patron. Saint Germain l'Auxerrois eft la paroilfe du Louvre. AUXERROIS. Alt/Jfiodorenjîs pagus, ou ager. L'Au- xerrois eft une contrée du duché de Bourgogne, ren- fermée entre l'Auxois , le Nivernois , la Puilaie & la Champagne , de qui tire l'on nom d'Auxerre, qui en eft la capitale. L'Auxerrois a. eu fes Comtes particu- liers, qiii le vendirent à Charles V. fCJ" AUXESE. f. f. Figure de Rhétorique , par laquelle on amplifie une chofe à l'excès. Foye:^ Amplifica- tion. C^T AUXILIAIRE, adj. de t. %.AuxiUaris. Qui vient au fecours , dont on tire du fecours. Il eft particulière- ment ufité pour défigner les troupes qu'un Etat ou un Souverain envoient au fecours d'un autre Etat, ou d'un autre Souverain. Un Souverain doit avoir plus de confiance dans fes troupes nationales, que dans les troupes auxiliaires. CfCF Cette exprellîon peut être tranfpoitée da'ns le fens figuré, pour marquer de nouvelles raifons qu'on ap- porte pour fortifier les premières , les moyens qui viennent à l'appui de ceux qu'on a déjà employés. Il y a des gens chez qui les injures iont les troupes auxi- liaires de la railon. ifT L'épithète d'auxiliaire fe dit aulîî en Pharmacie , d'un remède qu'on joint à un autre pour augmenter l'adtivité du premier. En termes de Grammaire , on appelle verbes auxi- liaires , ceux qui fervent à conjuguer les autres, & à en former divers temps , tels que font les verbes être j & avoir ., tant en françois qu'en italien & enefpagnoL Ils font communs à toutes les langues vulgaires de l'Europe. AUXCTeime de My thologie.^wA-o & Hégémone étoient les deux Grâces que les Athéniens honoroient : ils n'en connoilfoient point d'autres. AUXOIS. f m. Alexienjis traclus. Petit pays du duché de Bourgogne , entre l'Autunois, le Dijonois, l'Auxer- rois & la Champagne. La ville A'Alcxia, lî lameufe dans les Commentaires de Céfar, étoit autrefois dans ce pays à l'endroit où nous voyons aujourd'hui le bourg d'Alize. C'eft du nom Alexia que s'eft formé celui è^Auxois. Voyez les Antiquités de Bourgogne _, par Pierre de S. Julien, pag. 21 y. AUXONE. Auffona. Prononcez auffone ; quelques- uns écrivent ainlî. Petite ville du duché de Bourgo- gne , à cinq lieues de Dijon. C'^ C'eft le lîége d'un Bailliage. Son commerce confiftc en vin , en blé & en bois. AUXY. Nom de lieu. Alciacum. Il y en a deux de ce nom, tous deux en Artois, province de France. L'un cd Auxy le Château, & l'autre Auxy aux Moines. Le premier eft fur l'Authie, qui palfeau milieu. C'eft un bourg qui a titre de Marquilat. Le Iccond eft un village lur la rivière deTernois, aune lieue au-delfus d'Heldin. Il s'appelle Auxy aux Moines , parce qu'il y a une Abbaye de l'Ordre de S. Benoît. On appelle laine d'Auxy, des laines filées aux en- virons d'Abbeville par ces ouvriers fileurs, qu'on nom- me Hcuppiers : elles font très-fines & très- belles. AXE A V Y. AVY. f m. Nom d'homme. Avitus. Saint^v/Vj ou , com- me on l'écrit, Saint Avy _, croit fils d'un Laboureur de Beauce. Baill. il fut Abbé de Micy , ou de Saint Melmin. Il y en a un autre qui le fut de Châteaudun. On appelle encore ainfi Alcime , Avit Evcque de Vienne. M. Baillet écrit Avy ^JiC M. Chaftelain tou- jours Avit A U Z. §3° AUZANCE. Petite ville de France , en Auvergne, à douze lieues de Clermont. ifT AUZAT. Autre petite ville de France, en Auver- gne , à deux lieues de Mercœur. ff3' AUZON. Petite ville de France , en Auvergne , à deux lieues de Brioude, AUZUBA. f m. Grand arbre qui croît dans l'Ile nom- mée Hifpaniola. Il porte un fruit alfez doux , qu'oa fait tremper dans l'eau , avant que de le manger. A X. ifT AX. Petite ville de France, dans le pays deFoix,fm r Allège, à quatre lieues de Tarafcon. AXA. AXAPH. Ville de la tribu d'Afer, dans la Terre-Sainte. Foye:^ Achsaph. C'eft la même choie. AXARAFE. C'eft un des quartiers du territoire de Sé- vi lie, en Andaloufie. ^ATtzra/ttTTZj Axarafinus pagus. Il eft au couchant de Séville , & ion lieu priHcipal eft le bourg de Triana. A X B. §Cr AXBRIGE. Petite ville d'Angleterre, fur la rivière d'Axe , dans le Comté de Sommerfet. AXE. AXE, f. m. Axis, Terme de Géométrie & d'Aftronomie.' C'eft la ligne qui palle par le centre d'une fphère, ou d'un globe , comme la ligne qui traverle le globe de la terre. Toute la machine du monde tourne & fait fou mouvement journalier autour àç.ctx.axe. Les deux ex- trémités aboutiflent à deux points qu'on nomme Ft5- les. L'axe du monde va d'un pôle à l'autre en pallànt par le centre. L'axe de l'Equateur eft immobile •, l'axe de l'Horizon eft variable & mobile. L'iz.ve du Zodiaque en tiaverlant la terre , ne fe termine pas aux pôles du monde; les pôles du Zodiaque font éloignés des pôles du monde de vingt-trois degrés & demi. En Géomé- trie on dit l'axe déterminé ■■, l'axe indéterminé ; l'axe conjugué;l't2.ve fécond d'une hyperbole, ^qyeij Hyper- bole. Le grand a.ve de l'ellipfe eft la ligne droite qui en repréfente la longueur, & le petit axe , la ligne qui en repréfente la largeur. On obferve dans le Ciel un mou- vement fort lent qu'on appelle , inclinaifon de /'axe. On le dit aullî des roues , cônes , cylindres , & au- tres figures qui le meuvent en rond ; & on l'appelle en ce lens ej[/ïeuplus ordinairement. L'axe d'un cylin- dre , c'eft une ligne droite immobile, autour de la- quelle en tournant un parallélograme , la révolution forme un cylindre. L'axe d'une fedtion conique , c'eft une ligne qui palTe au milieu de la figure , & qui eft perpendiculaire aux ordonnées. L'axe de quelque fi- gure que ce loit, c'eft une ligne droite que l'on con- çoit palfer du haut de la figure à fa bafe. Axe de circonvolution j c'eft une ligne imaginaire, au- tour de laquelle on conçoit que tourne un plan , & qu'en tournant il fait un lolide.Ainfi on conçoit qu'une fphère eft faite par la révolution d'un demi-cercle au- tour de fon diamètre, & ce diamètre en eïïVaxe. Un cône eft fait par la révolurion d'un triangle à angle droit, autour de la perpendiculaire, & ainlî durcfte. On dit le fécond axe , ou l'axe droit, ou l'axe conju- gué dans les hyperboles & les ellipfes. C'eft une ligne parallèle aux ordonnées ^ Se qui pafle pat le milieu du AXI premier ^.Wj 5c le coupe à angle droir en deux panies égales. Axe , ou Essitu , fc dir en Anatomie de la troilième ver- tcbie du cou: elle cft ainli appelée, parce que c'cftelle qui commence à toimtr un corps, lur lequel les deux premières vertèbres ,& la tête font portées comme lur un elîîeu. A^ifpjral. Terme d'Archicedure. C'eftdans la colonne torle \'axe toiuné en vis pour en tracer les circonvolu- tions au-dehors. Vaxe dans le chapiteau Ionique, eft la ligne, qui tombant aplomb , pallc par le milieu de l'œil de la volute. (3n l'appelle aulii catkcte. Axe, leditauOî en Optique du rayon viiuel qui palFe droit dans le centre de l'œil , & qui y tombe perpendi- culairement, lans faire aucune rét^raclion dans le cryf- tallin. L'axe d'incidence clt une ligne droite tirée par le point d incidence , & perpendiculaire a la lurface rompante. Vaxe de rétradion eft la conrinuation en ligne droire de \axe d'incidence au-dedans d'un mi- lieu plus denfe, ou plus rare. -§3" AXE. Nom d une rivière qui palTe dans le Comté de S-.'mmerlet, en Aiiglctcrre , a Wels & a Aabridge, & le décharge dans la Saverne. 1^ AXEL. Petite ville de la Flandre P lollandoife , à quatre lieues de Gand. AXI. AXI. f. m. Efpèce de poivre que Colomb trouva dans Ille Llpagnsle, & qui étoit fort bon, & meilleur, dit Herrera , que le poivre que Ton apporte du Levant. C'eft notre poivre de Guinée. AXIFUGE. adj.m.& iJ-fJ" On appelle en mécanique for- ce a.vz;ûacj la force avec laquelle un corps qui tourne autour d un axe , reiîd à s'éloigner de cet axe. C'eft proprement une torce centrifuge. Axifugus , a, um. Mouvement ax'ifuge & axipète , centrifuge ôc centri- pète. AXILLAIRE. adj. Prononcez les deux //fans les mcuil- ler.Terme d' Anatcinie. Axi/lans.jfTEpkhètc qui s'ap- plique aux parties qui ont rapport à laiiTelle. Ne.f axiLlaïre , ou articulaire. Voye-:^ Brachial. Ce nerf prend fon origine des deux dernières paires cervicales, & paroïC quelquefois n être qu'une grclfe branche du nerf radial. Il va dans le creu:; de l'aiirelle, derrière la tète de l'os du bras, entre les mulcles grand & petit rond. WiNSLOW. L'artère exïllaïre eft un refte du tronc de l'artère iouclavicre, lecuel étant parvenu à l'aiftelle. change de nom , 6c s appelle axUlaïre ; il le répai.d pai tout ic bias. DiONis. 1 a leconde des vertèbres du dus eft aulll appelée axii.'jircj a caufe qu'elle eft la plu; proche de l'aiirelle. In. {^ Veines axillaires. Elles contiennent les veines foii- clavières depuis la (ortie de la poitrine julque lous l'ailfelle. |.CT Les glandes axillaires font en un paquet, envelop- pées dans la graiire fous les aiftellcs. Elles fourniftcnt l'humeur qui Itrt a lubréher les aillellcs que le hotte- mont continuel ne m.'.'nqucroit pas d'échaufter. fCF AxiLLAiR.E. Terme de Botanique. Epithète qui s'ap- plique aux fîeurs & aux fruits qui (ortent des aillelies des branches eu des feuilles. Fruit -axillaire. Fleurs axiUd'.rcs. AXINOMANTIE. f. f. Axincmantia. Efpèce de divina- tion: c'cft l'art de deviner par la hache. Ce mot vient - à' a-%n ,afcia ^ kacke ; 5c àQ..u*.iTÙa , divinatio^ divina- tion. AXIOME, f. m. Principe qu'on a établi dans un art, ou fcience, qui eft indubitable, ou tenu pour tel. C'cft en MatKcmatiques des propolltions qui expriment des rapports qu'on apperçoit avec une entière évidence. Ejj'atum. C'eft un axiorricàc Géométrie, que les cho- fes qui font égales à une rroifième, font égales entre elles; que le tout eft plus grai;^ que fa partie, & qu'il eft égal à toutes fes parties prifesenfemble. Onappelle au m les axiomes , des communes notions de l'clprit, ou maximes, ou vérités , parce qti'à caule de leur évi- dence, l'on ne peut les nier, fans démentir la raifon naturelle. Les axiomes font des vérités fi claires gar Tome I. AYA 6i% elles-mêmes, qu'elles n'ont pas beioin a'être démon- trées. Blaise. AXIOPOLI. Ville de Bulgarie, Àxiopolis. File eft fur le Danube. Quelques-uns la mettent au-dclTus, & d'au- tres au-dcfrous de Siliftria. Pùcn n'eft fi naturel & fi lunple que de croire que c\Çi\ Axiopolis des Anciens, où le Danube commcnçoit à prendre le nom àUfier. Cependant il en eft qui prétendent que c'eft Flocz en Valachie , & d'autres que c'eft Gélaz en Moldavie. AXIF'tTE. adj. de t. g. Terme de Phvfique. Qui a la force de s'approcher de l'axe autour duquel il tcurnc. Axipeta. Un mouvement axipète. Les torces axipè- tes , Se axifuges. l^oye:^ ce mot. §:? AX-MYSTER. Petite ville d'Angleterre, dans le Comté de Devon , fur la rivière d'Axe. A X G. AXOLOTL, f. m. PollFon (ans écailles, qui fe trouve dans le lac au milieu duquel la ville de Mexique eft fituée. Il a quarre pieds comme les Lézards, & eft gros d'un pouce, long d'une palme, & bigarré de petites mar- ques fous le ventre. Il a une matrice fcmbLible à celle des fcnunes, qui le rend fujct ai^.liux menftruel. Il eft bon a manger, & du même goût que les anguilles. Les Eipagnols l'appellent Jttgucte de aqua. AXONES, f f. pi. î\^om que les Athéniens donnent aux Lois de Selon, qui n'avoient aucun rapport au culte • des Dieux. Us les nommèrent aiuli , parce qu'elles étoient écrites lur des tables de bois faites en triangle. Il Ht de deux (ortes de Lois, des C\rbes ik des Axo- nes. Les Cyrbes regardoient particulièiement le lervice des Dieux, &: toutes les autres lois qui avcient pour objet l'adminiftration civile, étoient comprîtes dans les axones. L'original de ces lois étoit difpolé dans l'AcropoIis, qui étoit la Fortereire d'Athènes; il y en avoit leulement des copies au Prytanée. Koye:^ Cyr- bes. jgijk m A X U. \X\JM , ou AXUN. Foyex Accum. AXUNGE, ou AXONGE. f. f. C'eft une efpèce de graille, la plus molle & ]a plus humide du corps des animaux, qui s'appelle autrement de Voing. Axungia. Elle eft différente du lard, cjui eft une grailLe ferme j & du luit qui eft une graille sèche. Les Latins font la même diftir.êtion de la graille en pin'_iuedo ^ qui eft l'axunge , Lirdum , &c fevum. On l'appelle aulîi en la- tin axungia j qu'on dit avoir été fait al' axe rotarum qu& unguntur. On le iert en Médecine de \axonge d'oie, de canard, de vipère & de plulieurs autres, mê- me de celle de 1 homme, qu'on eftime beaucoup pour réioudre & pour apaiter les douleurs. AxuNGEs , ou AxoNGES DE VERRE, qu'on appelle aullî Fiel, onfelde verre. C'eft une écume léparée de def- (us la matière du verre, avant qu'elle fe vitrifie. Jcr AXUNGIA Solis. Axungia Z///j: , chez les Egyptiens étoient Serapis , Denys ou Bacchus , 8c la Chaîne d'Oliris. f'oye-^ le P. KiRKER. (Edip. ^gypt. T. III y p. loi. Les Arones font auili des peuples d'AIfyric qui ha- bitoient dans le pays qui arroloit le fleuve Lycus ûù étoit la montagne appelée Thannutis. ifT AZC'O. Capitale du royaume d'Azem,fitiiéefur la rivière de Laquia , qui arrole tout le pays. 1^ AZOPF^. 'Ville de la Turquie d'Alie , dans la petite Tartarie, à l'embouchure du Don. AZOR. Foyei As OR. AZORES. îles. P'oye^ Açores. Nous n'écrivons point & nous ne prononçons point en fiançois A'^ofes j mais Acores. AZOT. f. m. Terme de Chimie. C'eft ainfi que les Chi- miftes appellent la matière première des métaux. A:^ot blanchilfant le laiton , c'eft le mercure ou l'argent-vif des Philolophes, ^;jor & le feu te luftifcnt , c'eft-à- dire , que le feu & le mercure purgé 8c préparé fufii- fent au Sage pour conduire l'œuvre à la pcrfecfion. AzoT , lignifie aufti le compoft, quand il eft arrivé à la noirceur. ^3" AZOTE. Nom que les Grecs donnent au Dimanche de la Septuagéfime , parce que l'Evangile de ce jour eft la parabole de l'enfant prodigue : ce que lignifie en grec le terme (i.'A:çot. Ils le nomment zuiïi P rofphonéjime. AZOTE. A^otus. 'Ville de Paleftine. A^ote étoit Tune des cinq Satrapies des Philiftins. Le Géographe Efticnne ditqu'ellc fut bâtie par un dcsFhéniciens qui quittèrent la Mer rouge pour s'avancer vers le Nord, & qu'il lui donna le nom de la femme , qui s'appclcit A'^a. Mais cela ne convient point , puifque A\ote n'étoit point aux Phéniciens, mais aux Philiftins. Il ajoute que ce nom lignifie chimère ,3.1x1^ eneur; car ileftvrai qu'en Phénicien V-'i'^ > a^a ^ fignifie une chèvre ^xnzis A {qc i A Z U ' s'écrit autrement , TilirN, J/dod &cpa.runalepk ^non pas par un aïn. Quelques-uns interprccent ce nom ro- iur , force, donnant dans une erreur à-peu-près lem- blablc à celle du Géographe Ellienne, & tiunt a:^oius de îj; , fort , rohujïe, comme fi l'on diioit îTIIt; , & non pas ITti'S- D'autres dilent qu'il fignifiet/f/'rrft/a/-ic)j pil- lage , comme venant de lie; , ravager , pilier. Il y avoir à^;joreuntemple de Dagon; les Philiftins y ayant mis l'arche de Dieu , Ûagon tut renverlé deux fois. Saci écrit ^;jor. Depuis le Chciftianihne établi, y^-ore fut un fiège épilcopal. Sa longitude eil: 6j-rf. 15', A: fa latitude 3i<^. jo'. On l'appelle aujourd'hui Alfttte , Alcct , ou Al\ete. Ce n'ell plus qu'un village. Adri- chomius diftingue deux A\otes ; l'une appelée A~o- rus Para/la, c'ell-à-dire , mint'imc , c'eft celle de l'E- criture; cv l'autre , ^:fo^«j- Ippini , c'eft, {elonlui, le hcgc épilcopal. AZOVALALA. (. m. Petit fruit rouge de l'île de Mada- galcat. Il croît fur un petit arbrilleau comme nos gro- leilles. AZOUFA, (. f. Bcte du royaume de Cafoubi. On en trouve auiîi à Fez Ôc à Maroc, Ces animaux déterrent les morts &i les dévorent. fer A2PEYTIA. Ville d'Efp.agne , dans le Guipufcoa. C'eft la patrie d'Ignace de Loyola , Fondateur d'un Or- dre qui ne lubhfte plus en France. A Z U. |KF AZUA. Ville d'Amérique , dans les Antilles , fur la côte méridionale de S. Domingue. AZUMAR. Village de l'Alentejo en Portugal, entre Por- talègre & h\\'2.s. A:çumara ^^.ncienxïtïatm. Septem Ar£. Adfeptem aras. AZUR. 1. m. Pierre minérale qui eft de couleur bleue. La pierre A'a-^ur. Lapis la-^uli. Pline & Diolcoride di- fent que c'eft un table-, Matthiole , une pierre; Agri- cola, que c'eft un minéral qu'on trouve dans les veines de la terre : mais la vérité eft que c'eft une pierre que nous nommons Imiplement lapis , ou lapis la-^uli. Il doit être rayé de petites taches ou étoiles d'or, &pour cela Mefué l'appelle lapis Jlellatus ; & pour être bon, il doit rédfter au feu & à la fumée , d'où il tire même un nouvel éclat. On en a vu de li précieux, qu'il a été vendu julqu'àcent écus l'once , comme témoigne Faf lope. On en trouve dans des mines d airain, d'argent & d'or , ëi aullî parmi les marbres; & c'eft celui dont on fe fert le plus. On diftingue cette picrr; en trois for- tes , en pierre de V ancienne roche , qui eft pure, bien nette, d'un beau bleu , qui eft chargée de quelques veines dorées qu'on croit être d'or, & qui cependant ne font très-iouvent que des veines de pyrite. La fé- conde lorte eft appelée la nouvelle roche ; elle eft far- cie de gangue ; fa couleur eft moins foncée , & fon prix eft bien moindre. Ces deux efpèces nous font ap- portées de Perfe , de Siam , &c. La troilicme lorte vient des montagnes d'Auvergne ; elle eft mêlée de la pierre du rocher d'où on la tire : elle eft d'un bleu plus pâle , & eft couverte de quelques tâches verdâtres , & a des veines dorées, c'eft à-dire, de pyrite. Lorfque cette pierre eft bien tachée en vert, on la vend pour la pierre Arménienne. On le fert de cette pierre en Médecine ; on la calcine , & on la lave pkiheurs fois pour la préparer ; elle entre dans la conteÛion alkerme ; quelquefois malgré ces lotions elle ne laide pas d'être purgative , à caufe des matières vitrioliques qu'elle contient. On appelle la pierre à'ai^ur par excellence lapis. On dit , voilà de beau lapis. Azur , eft aulîl une poudre bleue , p;fante , que les Epi- ciers vendent aux Peintres pour les couleurs, & aux femmes pour mettre dans l'empois. Cette poudre eft un produit de la préparation du cobalt lorfqu'on tire le bilmuc de cette marcalîite. Sthale parle de fa prépa- ration. On l'appelle auIIi cendre d'a-:^ur ; les Peintres s'en fervent , & la mêlent avec du blanc de plomb pour l'employer. Les Médecins n'emploient que le na- turel. ftCr Le nom d'i^^^/r paroît aujourdhui pariiculicrement aftefté au bleu de cobalt, c'eft-à-dire, à Li terre du co- balt quand elle eft pulvérifée. AZU 6i<) L'd?'«r s'appelle Tcimcxntnt ^ outremer ^, à caufe qu'il vient des lieux qui font au-delà delà mer; ou, félon Brallavolus , parce que c'eft un bleu plus fcrr que ce- lui de la mer. Il y a un aiur faftice qui fe fait avec de l'indigo , ou du lue de violettes broyé avec certaine craie. L'or- dinaire fe fait avec du fel ammoniac , & des lames d'argent, ou bien avec du fouhe, du vif-argent, & du fel ammoniac, dont la préparation fe trouve dans Agri- cola & dans Cœhus. Il y a aullî un a-^^ur d'Allemagne : c'eft une teinture qu'on cueille & ratilfe proprement au-deflus des pier- res qui (ont dans les minières d'argent. Le vert a^urt^k. une exhalaifon de mine de cuivre mêlée avec de l'ar- gent , comme dit Biringuccio. Barbofa parle d'un a\ur très-fin qu'on apporte de la Babilonie à Ormuz ; 8c Louis Barthema,dans fon Itinéraire, dit qu'on trouve à Schiras une grande quantité d'apr d'Outremer. Azur, fe dit auiîî de la couleur de Vaiur. Laiuli color. C&ruleus color. Voilà un bel a^ur. On le dit quelque- fois en parlant du ciel. On dit aulfi , le bleu è:a-:pur. 1^ Op dit par manière de proverbe , en parlant d'une maifon richement otnée, ce n'cft qu'or & a^ur. En termes de Blafon, a~ur(\gnAe auflî le bleu, & c'eft une des quatre couleurs. L'Ecu de France a trois rieurs de hs d'or en champ A'a:^ur: c'eft une couleur célefte qui eft le fymbole delà Juftice. L'^r^z^r eft mar- qué dans le blafon par des hachures, oufimples hgnes qui vont de gauche à droite, d'un côté à l'autre de l'écu , èi font parallèles au chef, ou à la fafce. Ce mot aiur v'itm de La^urd , en retranchant les lettres l lie d. Huet. Car les Arabes appellent cette pierre TnîVVi? , allaiurd„ &: fans article la~urd , & non pas /û:^«^jCommeonravoit dit dans lapremi ère édition. Le fan du d (ans voyelle à la fin étant oblcur , l'u(age l'a retranché. Pour le/ il ne l'a pas retranché apparcm- menr ; mais il l'a pris pour notre article François l' de- vant une voyelle pour le ; de même qu'il a pris \'cl dans l'Apouille, & dans l'Anatohe, pour un article, & que l'on cTit la Pouille , la Natolie. AZURÉ, EE. adj. Qui eft peint d'azur. Citruleus. Lam- bris a-^uré. On appelle poétiquement le ciel , la voûte a-^urée , parce qu'il (emble à nos yeux qu'il eft d'a- zur ; (^t il nous paroît tel à caule de fon grand éloi- grremcnt. L'Eridan ejl moins pompeux : Et dans la voûte azurée Jamais fa tête dorée Ne brilla de tant de feux. Anonyme. Ces voûtes claires & folides 3 Ces beaux deux au front azuré. Qui font dans leur cours mefuré y Etji légers & fi rapides. En parlant de la mer, les Poètes difent auffi , les plai- nes a:^urées. Il fe dit encore des (îeuves & des canaux, & dans la defcription de Trianon, M'^ Cheron a dit du ca- nal de Verfailles. Sur ces plaines azurées f'ogue^j galères dorées ^ Coupant l' eau de cent façons y Tandis qu effleurant la rive Le CLgne à la voix plaintive Fait entendre fes chanfons. AZURIN. f. m. A'^urinus. Les A\urins font les Cha- noines de la Congrégation de S. Georges , in alga. Ils (ont ainfi appelés à caule de l'habit bleu qu'ils portent. Papebr. Acla Sancl. April. T. IIL , p. 6 1 S. AZURUM. f. m. C'elHenom d'une préparation de chi- mie dont Albert le Grand donne la delcription. Elle condfte en deux parties de mercure , un tiers de (ou- fre & un quart de (el ammoniac. On pile toutes ces drogues enlemble dans un mortier, &: on les met (ur le feu dans un vailfeau de verre , julquà ce qu'il en forte une tumée bleuâtre; on les retire du feu , ou 6So AZY calle le vaifleau, & on puhéiife ce qu'il contient. IDicïionnalrs de James. AZY. AZYGOS. Terme d'Anatomie. C'eft le nom grec qu'on donne à une veine qu'on appelle autrement Sans-pair , ( c'eft ce que fignifie a^yga ) parce qu'elle fe trouve Iculement du côte droit: c'eft le troilième rameau du tronc afcendant de la veine-cave , qui reçoit leize rameaux, huit qui lui viennent des huit clpaces des huit côtes ini'eiieures du coté droit , & autant du gauche. AZYLE. royei Asile. CCF AZYME, adj. de t. g. Terme de l'Ecriture-Sainte. Qui eft lans levain, qui n'eft pas fermenté. Axymus ., non fermentatus. Le même mot employé lubftanti- vement au pluriel, dtlîgne la fête que les Juits cc- lébroient fous le nom de Fêtes des A'Qmes. Les pains n'ornes étoient des pains lans levain , que les Juifs mangeoient dans le temps de leur paque. Les Juifs avoir grand loin pendant leur fête de pàque , c'eft-à- dire, "pendant fept jours, de n'avoir en toutes leurs mailonsqiie des pains a:;^ymes ^ Si. ils faifoient pour cela de grandes perquilitions qu'on voit dans le rr-z/rt^t/aPaz/z a'j^yme j que le lieur Compiegne a traduit du Rabbi Mo- /es, extrait duTalmud. J. C. inftitua l'Euchariftie après avoir mangé l'agneau palchal avec les Apôtres au temps marqué par la loi , qui étoit le quatorzième de la lune , fur le foir, où commençoit aulli l'obfervation des pains xi'^ymes , c'eft-à-dire , fans levain. God. La dilpute des azymes n'eft point la caufe de la rupture entre les Grecs L B f. m. Eft la féconde lettre de l'Al- phabet , dans notre langue , &c dans pluficurs autres , comme iHébraïque , la Chaldaïque & la Syriaque, l'Arabique, la Grecque, la Latine, (S'c.C'eft la neuvième dans l'Alphabet Ethiopien , tel que Ludolf l'a diipolc ; la 26^ dans l'Arménien, &c. Le 5 cft la premicic des cunl^nnes. La prononciation du B appro- che un peu du cri & du bêlement des moutons : il n'y a de ditférence que celle qui eft: entre le il bê. La figure de cette lettre eH prife des Latins, qui l'a- voient prife des Grecs. Le b majufcule eft tout-à-fait lemblable au grand b^t» des Grecs , & notre petit hé approche fort du petit &«>« des Grecs. Ceux-ci l'a- voient eu des Phéniciens, dont Cadmus apporta les caractères en Grèce. Le Beth Fhénicien, ou le Beth de l'ancien Hébreu; car les Phéniciens & les Hébreux, avantlacaptivuéde Babylone,avoientlemcmccaraCiè- re(?<: la mcmc langue: ce /?er/^jdis-je,étoit à peu-près la même choie que le ^^t" des Grecs. Il a la pance d'en- haut & la moitié de celle d en-bas; les Grecs n'ont fait que la fermer. Nous la trouvons fouvent fur les mé- dailles Hébraïques prefque fermée, & ayant quafï la forme de ce S des Grecs. Voyc^ la Dilfertation du P. Souciet Jéluite, (ur les médailles Hébraïques. Pierius , dans fes Hiéroghfiques, Llv. XLJ^II ^ ch. 2-P j dit, que les Egyptiens exprimoient par la fi- gure d'une brebis le fon que nous exprimons par le carailère B, parce que la brebis exprime prefque ce fon en bêlant, comme nousdilions tout à l'heure. Le B eft une des lettres que les Grammairiens Hé- breux, ChaldaïcSjSyriacs & Arabes, appellent labiales, labiales , parce que les lèvres, lahia ■, font principale- inent employées dans la prononciation de cette lettre. Le B a beaucoup d'aliinité avec d'autres lettres aulli labia- les, qui (ont le V conlonne , le P & le * des Grecs, ou no- tre F,que nous tenons des Latins. De-là vient que dans les manufcrits le B & l'V lont iouvent mis l'un pour l'autre ; que les Arméniens ont très-fouvenr mis le BpourleP, & le P pour B, & qu'ils diient, par exemple, Betrus au lieu de Parus , Bolus au lieu de Paulus , &. Apra- hamui , pour Abraham. Ludolf a remarqué la même chofe des Orientaux en général. Voyc-:^ encore lur ces changemens M. Spanheim le Médaillifte, pag. 1 20 & j 2S . Le même changement eft fouvent arrivé en arabe & dans les autres langues. De-là vient encore quedans la prononciation latine on ne diftinguoit pas tort le B & leV, comme Saint Auguftin l'indique quelque part, & comme il paroit par les manuicrits , où nous trou- vons amahït pour amayit , & amavït pour amahit , Berna pour J'erna , ou autres fcmblables. C'eft fur cela qu étoit fondée l'équivoque d'Aurélicn fur l'Em- pereur Bonofe, grand buveur: Non ut vivat natus ejl^ fed ut hibat. Les Efpagnols & les François même, vci- lins d'Efpagne , comme lesGafcons, ont confcrvé cet ufage , ne mettant guère de différence entre le B & le V conlonne. Il en faut mettre cependant en françois pour bien parler. Le B a un fon plus fort; & pour le pro- noncer, il faut commencer par fermer entièrement les lèvres, & les preifer même un peu l'une contre l'autre, au lieu que pour prononcer le V conlonne, il ne faut pas même les fermer entièrement. Plutarque, dan"; fes queftions grecques , dit que les Nîacédoniens chan- geoient le ip en b , & prononçoient Bihppe , Balacre, ( Tome J. B & Béronice, pour Philippe, Phalacrc, & Phéronice. Au contraire , ceux de Delphes à la place d'un » mettoient un B , difant /Sa6f/v pour lahu, ; & /3,xf»'. pour Tixpov , auilî-bien que les Pollens , comme le mê- me Auteur nous l'apprend , Sympojfiac ^ Lib. FI , queft. S. Les Latins àiiiiizM fuppono , oppono j au lieu As fubpono j, obpono, ic^x.owowcoizw. optinuit ^ quoi- qu'ils écrivHfent ohtinuu , comme l'a remarqué Quin- tihen. Ils faifoient auftiycn/y/ &/m/'^«/72 de fcribo, &c. Les Latins ont aufti fait quelquefois le change- ment non-Ieulement du B en P, & du P en B, mais encore du F , ou PH , en B. Ainfi on trouve Bruges pour Phry'ges , & dans l'ancienne infcription rappor- tée par Gruter, p. DCCCLXXXV 1 , n. 16. obren- DARio, pour OFRENDARio : cc qui montre que le fon du B n'étoit pas fou dift'érent du F & du V con- lonne. Lalcrtie B eft une de celles que M. l'Abbé Dangcau, dans les Ejfais de Grammaire , appelle foibles , lef- quelles lont précédées par une petite émilîîon de voix, ou d'un petit mouvement de bouche , & qui par con- léquent ne peuvent être employées qu'au commence- ment des lyllables, & ne peuvent jamais terminer un mot dans la prononciation. Deforte que , pour ne par- ler ici que du B , s'il eft à la fin du mot , comme dans Aminadab , Joab , on le changera naturellement en la lettre forte qui lui répond , c'eft-à-dire, en P, & l'on prononcera Aminadap , Joap , ou ii l'on veut s'efforcer à prononcer le B, on ajoutera néceffairemcnt après, un petit e féminin, pour donner heu à la pro- nonciation du B; Ammadabe j Joabe. C'eft ce que les Hébreux appellent nnfcheva , ik qu'ils fuppolent fe trouver fous toutes ces confonnes finales. Les lettres foibles , & les lettres fortes , ont encore une propriété; c'eft que pour que deux de ces confon- nes fe prononcent l'une auprès de l'autre, il faut qu'el- les foientde même force; c'eft-à-dire toutes deux for- tes, ou toutes deux foibles; enforte que iî l'une eft forte & l'autre foible, il faut que l'une ou lautre fe change, &: devienne forte ou foible, felouque l'autre l'eft; & c'eft toujours la féconde qui fait changer la pre- mière. Ainfi, parce que le B eft la lettre foible, & que le P eft la lettre forte qui lui répond ; dans ces rencon- tres , le B fe change en P , ou le P en B. C'eft pour- quoi, bien que nous écrivions ohferver^ obtenir, ab- foudre , nous prononçons néanmoins opfcrver , opte- nir , apfoudre, comme s'il y avoir un P. Quindlien a remarqué que la même chofe fe faifoit en latin. Foyer fon Liv. /j ch. 7. C'eft encore pour cela que lorfque pour faire i^^ff-" ^feptieme , d' 'i-^f^', fept, on a changé le T en a ou on a aullî changé le n en b . Enfin le B, dit encore M. l'Abbé Dangeau , s'il eft palfé par le nez, devient un NL Ainfi un homme qui eft fort enrhumé , qui a le nez embarraflé, qui cfl: fort enchifrené , ne pouvant faire pafler les lettres par le nez, met des b y où il faut prononcer des m , & il dit, par exemple, Je nefcauroishangerde bouton ,7i.\x\\t\\ de dire. Je ne fcaurois manger de mouton. Le B, en paffant par le nez , doit s'afl"oib!ir, ou trait au moins fa prononciation ne fera pas fi diftinéte qu'elle étoit. Si donc elle a à foutenir la prononciation d'une liquide, comme L & R, il faudra qu'elle reprenne fa nature de B. C'eft pour cela que quand Trcrriulus eft devenu François,& que dans le palfage perdant le V,le M & le L fe font trouvées immédiatement lune auprès de l'autre, le M s'eft changé en B , trembler ; & de même dans Pa- 1 r 68z BAA fimÏÏLS , fcmblable-, c^weraj chambre; cucumer ^ con- combre; rcmemoran , remembrer; cumulus , comble, ftumilisj, hnmbie. J'ai dit que leM fe change en D;car le M qui s'écrit dans ces mots n'eft pas le M des mots latins , ni proprement une confonne; mais elle fait une voyelle avec celle qui précède, félon les principes de M. l'Abbé Dangeau , qui font très-vrais, & dont nous parlerons en temps & lieu. Tout ceci eft extrêmement d remarquer pour la comioiil'ance de l'origine des mots, Se des étymologies. Le B en François fe trouve au commencement & au milieu des mots après toutes les voyelles & toutes les diphtongues , comme dans battre , befroi , bille , bon , bulbe i courbaton , courbe, corbillon, jambon, cour- hure, oublier, aubeïne, aubier, bouline, &c. mais il ne fe trouve jamais à la fin des mots, s'il n'ell luivi au moins d'un e muet, comme dans aube, bulbe , &c. Car dans les mots étrangers même , que l'ulage a con- fervés tout entiers lans y faire aucun changement, & dans lefquelsnous n'écrivons point d'e après le ^ final, tels que font ceux-ci Aminadab , Caleb , Eliafib, Ja- cob , Béclfcbud, nous ne lailfons pas d'en prononcer un , ainfi qu'on vient de le dire. B. Nom fubft. qu'il faut prononcer Bé. C'eftle nom propre de cette féconde lettre de l'Alphabet. B, chez les Anciens, étoit une lettre numérale qui fignifioit 300, iuivant ce vers. Ec B tercemum perfe retinere videtur. Quand on mettoit une ligne pat-deffus, elle figni- fioit trois mille. Le B chez les Grecs ne lignifie que deux. Il fe trouve fouvent fur les médailles pour mar- quer des époques. On s'en eft (ervi aulll pour marquer 200, en ajoutant une elpèce d'accent delfous. Chez les Hébreux il le prenoit auHi pour deux. C'eft pour cela que dans les médailles hébraïques frappées du temps du Grand-Prêtre Simon , on trouve en ancien caractère hébreu y^v ; c'eft-à-dire , U^yn nJHi; anno fecundo. On dit d'un homme ignorant , qu'il ne fait ni A ni B. P'oyei la lettre A. On dit aullî d'un homme malin, qu'il eft marqué au B ; pour dire , qu'il eft borgne, ou bolfu , ou boiteux ; parce que ceux qui font tels, font ordinairement mahns. Mais cela fe doit mettre au rang des proverbes. B. En termes de Calendrier, la féconde des fept Let- tres dominicales. B tur les monnoies. C'eft le caradlère par lequel on diftingue les iBonnoies fabriquées dans la ville de Rouen. Le double BB eft la marque de la monnoie de Strasbourg. B, dans l'Alphabet cltimique , défigne le mercure fuivant Raymond Lulle. B QUARRE, & B MOL, fout des termes &des mar- ques de Mufique. Foye^ Bécarre & Bémol. BAA. ^fT BA. Bourgade d'Afrique ( qu'il plaît aux Vocabuliftes de décorer du nom de ville) dans le royaume d'Arder, (& non pas d'Ardes) au dedans du pay^. La Compa- gnie des IndesOccidentaleSj établie dans les provinces unies , y a un magalin. ■ BAAILLEMENT. f m. Foyei Bâillement. BAAILLER. Foyer Bailler. BAAL. f. m. Idole des Samaritains & des Moabites. Les Grecs croient que c'étoit leur Dieu Mars. C'eft le (tw- timent de Jean d' Antioche , de Cedrenus & de Suidas. S. Auguftin croit que c'étoit Jupiter. Lightfoot veut que Baal , 6c {on pluriel Baalim , loient des noms communs à toutes les idoles, parce que i'aa/vcut dire Seigneur : c'eft apparemment pour cette raifon que Saint Auguftin , qui avoic quelque connoiinmce de la lan- gue punique, qui étoit la même que la Phénicienne, eu qui en étoit un dialecTie , a cru que Baal étoit Ju- piter, c'eft-à-dire, le maître des Dieux & des hommes, comme l'appeloient les Grecs & les Romains. Il y a plus : au IIP Liv. des Rois, ch. XVI ^ v. ;?/ j & au BAA ' IV^ , ch. X, V. iS & ip , il eft dit, qu'Achab avoit honoré Baal ; il lui avoit bâti un temple que Jehu détruillt. Achab ne l'avoit fait qu'en confidcration d'Ethbaal , P.oi de Sidon , (on bcau-pere; invAxBaal étoit un Dieu des Sidoiiiens. Or le Dieu des Sidoniens, au rapport d'Hélichius, étoit Jupiter, auquel, à caufe de leur htuation & de leur port, ils donnoient l'épi- thète de ©aAacr^iot , Marin, ou Maritime, ce qui mon- tre que le 5a<2/ de l'Orient étoit appelé Jupiter en Oc- cident. Quelques-uns ont cru que Baal étoit le même que Moloch, parce qu'il fignifie Roi, ce qui eft à peu- près la même choie que Baal, c'eft-à-dire. Seigneur. Les Chaldéens regardoient Baal comme le Créateur du monde. Us appelèrent enfuite de ce nom le Soleil , que les Phéniciens regardoient comme le leul Dieu du ciel. Enfin, il eft vrailemblable qu'ils donnèrent ce mê- me nom àpluiieurs aftres , & à des Rois, ou des Hé- ros, en les déifiant. C'eft là probablement la caufe du grand nombre de Baalim qu'il y avoit dans la Chal- dée & aux environs ; car c'étoit aulfi un Dieu desSa- marirains , des Moabites ëi. de plufieurs Chananéens , ou Phéniciens , comme il paroit par l'Ecriture , Nom- bres XXII, ^i. Il le mena lur les hauts lieux de Baal, Se il lui fit voir de-là l'extrémité de l'armée du peuple d'Ifraël. Saci. Liv. des Jug. FI, 2s s 3- Liv. des Rois XFI,j T,j2. Liv. 4.desRoisX,iS,rç.C'e[\iiLu(R dans S. Auguftin un Dieu des Carthaginois , qui étoienc une colonie des Phéniciens. Mais tous ces Baalim étoient différens; le Baal des Phéniciens n'étoit point celui des Babyloniens , non plus que le Jupiter des Grecs n'étoit point le Jupiter Ammon de la Lybie ; l'un & l'autre (ont des noms communs à plulieurs Di- vinités. Foyer Jérém. II, 2S , & S. Paul j. Cor. Fin. Jean d' Antioche dit que le Baal des Babyloniens eft le (uccelfeur de Ninus ; mais communément on le prend pour (on père & (on prédécelfeur, c'eft-à-dire, Nemrod. Foye:^ le P. Petau, De DoÉlr. Temp. 6» Ration. Temp. P. 1 , Lib. cap. 2 , & le P. Kirket ^ Œdip. T. I. Syntagma IF, c. 4^ , p. 262 & fuiv.Le Baal ou Bel d'Egypte, eft Mitfraïm, félonie P. Kirker au même endroit ; & dans fon Latium , p. j , Il dit que Baal eu. Cham. Ce nom vient de l'hébreu Vyi , Baal , qui fignifie dominer , être maître ; d'où (e fait le nom b^2 , Baal, Dominus. Les Phéniciens, dont la langue étoit la même que celle des Hébreux, prononçoient aufli Baal, comme eux. Les Chaldéens , fi l'on en croit Servius & d'autres anciens, prononçoient Bel; car il faut lire dans cet Auteur Bal, ik Bel, iknon pas hal, ôchelj comme portoient quelques exemplaires corrom- pus , que Giraldus & d'autres ont fuivis. C'eft fiir le premier Liv. de l'Enéide, r. 7^^ j 7;?4. Dece 5i,-/des Chaldéens, les Grecs ont fait b^Taos , Belus. Le P. Kir- ker, (Edip. ^gypt. T. I. Synt. 4, cap. 4, p. 264, prétend que ce nom donné aux deux premiers Au- teurs de l'idolâtrie , & qui les premiers ont reçu des honneurs divins , Mitlraïm & Nemrod , fignifie' celui qui eft II parfait , que l'homme ne peut rien conce- voir de plus grand , ni de meilleur, c'eft-à-dire. Dieu enrant qu'il peut, & qu'il eft prêt à (ecourir les hom- mes dans leurs nécelîîtés. Si c'eft là l'idée que les peu- ples y ont attachée dans la fuite , ce n'eft pas celle que fait ce mot, à raifon de fon origine. Les Orientaux donnèrent à Baal différentes épithè- tes, comme les Grecs & les Romains en donnèrent à Jupiter qu'ils appelèrent Olympius , Capitolinus , La- tialis , Pluvius , &c. On dit de même BaalPeor, ou Beel Phegor, Beel Sephon, Béel-[ebub , Beelberithj foit à caule des lieux où il étoit honoré , (oit à caufe des bienfaits dont on croyoit lui être redevable , foit pour quelqu'autre raifon, que nous expliquerons fur ces mots, ou que nous ignorons, comme a remarqué Godwin, Liv. LF, ch. i j de fon Mofes and Aaron; foit pour diftinguer ces faux Dieux les uns des autres. Au pluriel nous nedifons ço\m Baals, comme nous le devrions dire en fuivant les règles de notre langue ; mais nous prenons le pluriel hébreu , comme en fait aulîl en grec & en latin. Si vous revenez au Seigneur BA A de tûiit votre cœur, ôtez du milieu de vous les Dieux étiangtis, les Baalim & les Allaroth, /. Liv. de R. VU, s- Baal, ou Bdalim au pluriel, & Aftarorh marqiieiic en gcucral les Dieux 6c les DéelTes des Païens. Saci , dans fj. noce fur cet endroit. Cependant le mê- me Auteur a toujours évité d'employer le ^\\xnc\ Baa- lim dans le texte de l'Ecriture, & il ne met jamais que le fingulier Baal. Otez du milieu de vous les Dieux étrangers Baal & All:aroth. Mais ce n'eft pas parler alfez exactement; car comme nous avons dit, il y avoit piulicurs Dieux de ce nom tous diftérens les uns des autres. D'ailleurs, pourquoi ne pas retenir 5fltz/;OT, comme Aftaroth, qui eft au pluriel, aulli-bien que Baalim f Ou il falloir changer 1 un & l'autre, ou il fal- loir retenir l'un cs: l'autre , comme ont très-bien tait les Lovaniiks. C'ell que M. de Saci ne favoit pas les lan- gues originales. Les Traducleurs de Genève ont encore jjIus mal fait : car quelquefois ils ont aulll (ubllituc le Imgulier Baal au pluriel Baalim ; mais quand ils ont conlervc le pluriel, au lieu At Baalim ^ ils ont mis Bahdiins :, comme fi on difoit Bahalin au fingulier , ou qu'en trançois le fingulier Bahal put jamais avoir Bahahns au pluriel; c'eft enter un pluriel françois fur un pluriel chalJéen, & faire un double pluriel. Les Lovaniitcs iont aulfi une faute a mon iens; c'eft qu'ils prennent Baalim po\.u un lingulier, & ne lui joignent que larticle du lingulier. Les enfans d'Ifraël firent donc mal en préience du Seigneur , & fervircnt à 5^.*- lim. Frifon le change quelquefois en lingulier, Baai, & quclquef-ois il met Baalim fans article, lailî^rnt à douter s'il en fait un lingulier ou un pluriel. Otez du milieu de vous les Dieux étrangers Baalim & Afta- roth. Je crois que pour parler exadement, il faut le faire pluriel , & lui en donner l'article. Les Baalim , des Baalim ;, aux Baalim. Il eil: même mieux & plus élégant de dire , ôtez les Baalim , ô< les Allaroth , que de dire , ôtez Baalim ôc Aftaroth , ou Baal ik Âftaroth. Foyer Vossius , de Idol. Lïh. 11^ cap. ^, Se dans d'Kerbclot ce qu'en dilent les Alululmans. Baal , elf aulh quelquefois un nom propre d'homme , comme /. Parai. FUI ^ 30 j IX , s 6. Et dans Jo- fephe,Zn'. ///j contre Appion, un Roi deTyr, fuc- celleur de Ithobal , ou Ethbaal , eft appelé Baal , foit que ce iiit un nom appellatil & général, comme celui de Pharaon , loir que ce tût Ion nom propre. Baal, cft aulfi un nom de lieu au Llv. I , des Parall- pomènes , ch. IV :, v. 23, & v. js. C'eft le même que le Livre deJofué ,ch. XF^ 0 t i 0 ^ 1 1 ^ & XIX ^ 5 , appelle Baalath, ou Baala. Ce lieu étoit aux con- fins de la Tribu de Siméon, du côté du midi. S. Jé- rôme l'appelle Ballath dans Ion Livre, de locls he- braicls. %CT BAAL Ai Ancienne ville de la Palcftine , dans la Tribu de Juda. Elle eft autrement nommée Klrjathjearim , lelon \ie\^\\A,!k.Canathïarim yon Carlath-Baal,o\x fim- plemenr Baal , ou Baalim de Juda, félon D. Calmer. L'arche d'alliance y fut tranlportée lorfquc les Philif- tins l'eurent rendue. DO" BAALLATH. Ville de la Tribu de Dan,que Jofephc nomme Baleth^ près de Gazara. ^fT Baalath. Ville d'abord de la Tribu de Juda, en- fuite de la Tribu de SÙTiéon, entre Azcm, ou Azemon 6 Chazar-Sual. |CF BAALAT-BEER. La même, à ce qu'on croit, que Ramaih, lur les confins de la Tribu de Siméon. EAAL-BERITH. f. m. Nom d'une Idole. Les Talmudif- tes prétendent que cette idole avoit une figure obfccne. Ils fe fondent lurlafignification de Ion nom, qui veut dire maure de l'alliance , Dominas Jœderis ; lelon la remarque de Buxtorf, la Circoncifion étoit la marque de l'alliance que Dieu avoit taire avec les hommes. Pfeitfer croit que Baal-Bcrlth étoit le Dieu protec- teur des traités & des alhances , tels à peu-près qu'étoit, félon Kippin , Jupiter vengeur des fermens violés , Çtv'f ofKioî. Baal-Bcrlth j félon Bochart , dans Ion Phalep. Liv. II , ch. 7/ j p. 8 so , eft l'idole, ou le Dieu de Beiith, eu Eeryte, patrie de Sanchoniathon. L'Ecriture en parle dans le Livre des Juges en deux en- droits, 1° Jud. FUI 3 27 j où elle dit ^e Gédéou BAA 6S^ étant mort , les IfraUlites prirent paal-Berlth pour Dieu, & au même Livre, IX, 2, où elle dit que les Siché- mites donnèrent à Abimélech Ibixante pièces a argent qu'ils tirèrent du temple de Baal-Bcrith : &: parce qu'on ne trouve Baal-Berlchcw aucunendroit, Bochart con- jecture que cette idolâtrie lé ci-mmuniqua aux Ifraé- lites par le commerce fréquent qu'eut Gédéon avec quelque Bérytien confidérable,ou de quelque alliance ou traité fait avec lui. Il y a cependant une diffi- culté , c'eft que le nom de la ville de Béryre vient comme nous ledifons, à fa place, de 1 hébreu nn^2 qui lignifie des puits , & trcs-diftcrent de nna. be- rlth ,^ que l'Ecriture met toujours à Baal-Berith , 8c qui h^mhs, traité J alliance ^ confédération jfœdus ; mais cela ne l'arrête point. Autre conjeélure: Nonnius appelle la ville de Béiith , Beroé , & dit que ce nom lui fut donné en l'honneur de Berce filledc Venus & d'A- donis, ou, félon d'autres , de 1 hetis & de 1 Océan. De-là Bochart infère au mune endroit que Béroé eft la même que Bérlth ; que jSiîc?/ par confcquent , dans Baal'Berlth , eft féminin; mais que cela n'eft point extraordinaire, & que les Septante le font louvent de ce genre, comme I ,Sam. XFil, 4. )e:. Il, 2S , XI y 13 y XIX, ., , XXXII, 3 s. Cf. II, S. Sophon. II, 4 , & S. Paul Rom. II , ^. Seldenus aremarjjué la même choie dans ion Traité des Dieux de Syrie , S\nt. IL Ainfi, félon Bochr.rt , i?£ri;/5mr/i eft une Dctflè, ic non pas un Dieu. Il confirme ce ft ntiment par Sancho- niathon, qui parle d'un Elioun, c'eft à-dire, Irès-haut , Se d'une tcmme nommée Beruth , qui dcmcurcierit à Byblos, qui ctoit entre Berite & Sydon. Pour ce qui eft du Liv. des Juges qui, ch. FIÏI, v. 27 , dit que les enfans d'Ilracl prirent BaaiBerlth pour Dieu CDinVs-) , il répond que les Hébreux ne connoiirant point de lexe entre les Dieux , Us ont du parler ainfi. Quoiqu'il en foit, il nefatisfait point fur la différence de miKa, Bérite, & nna, dmslBaal-Berlth;ôc il eft plus probable que Baal-Berlth éroit un Dieu des Phéniciens, ou des Syriens, ainli nommé, parce qu'ils croyoienr qu'il prcfidtitaux traités & aux alliances; Baal-Berlth, Dieu du traité ou de l'alliance. ' D'autres veulent que ce foit un nom de lieu , ou de montagne , dans la tribu d'Ephra'i'm , non loin de Sichem, où les Uraëlites bâtirent un temple à Baal,& où , félon d'autres , ils firent alliance avec Baal , d'où vient le nom du lieu. En ce cas Baal-Berlth fignifie- roit Alliance de Baal ; métathèfe qui n'eft point du génie des langues hébra'ique, lyriaqueni phénicienne. BAAL-GAD. 1. m. Selon quelques Auteurs c'eft une idole des Syriens, & ce nom eft compote de i?«(z/j Seigneur, cuDicu; Scdc Cad, fortune, comme qui diroitZ?iia6m , dit que c'eft, ouJunon, ou Venus. Eusèbe écrit BuAtk ,& l'ap- pelle Reine ; d'autres difent que c'eft la même que Diane , Venus, la Lune. Sanchoniathon dans Eusèbe , Liv. I , les diftingue , & dit qu'Afthartc & Baaltis font fœurs , que la première eft Venus , & l'autre Diane , que l'on prend pour Luciter ; Sanchoniathon ajoute que Baaltis fut femme de Saturne, aullî-bien qu'Al- tharte , & qu'elle n'eut de lui que des filles. Voye^ KiRKer , T. I Œdip. Aig. p. sic , &c Volîius, De Idol. Lib. II , cap. 21. Elle étoit honorée à Byblos , car Eusèbe dit que Saturne lui avoit donné cette ville. BAANITE. f. m. &c f. Baanita. Hérétique Sedateurde Baanes ; car c'eft de ce Chef de leur hérélie que les Baanites prirent leur nom. Il parut au commencement du IX^ fiècle , & le dilant difciple d'Epaphrodire , il fit une leéfe particulière de Manichéens. Pierre de Si- cile en parle dans ion Hift. du Manichéilme renail- fant, &: Baroniusà l'an 810. ^fF BAAR. Landgraviat d'Allemagne , dans la Suabe , dans la principauté de Furftemberg. C'eft l'ancien pa- trimoine de cette mailon. BAARRAS. f. m. Plante tabuleufe , dont parle Jofephe , qui a une couleur de teu , étincelante com.me une étoile, qui tuit luus terre, & qu'on ne peut arrêter qu'en l'arrolant d'urine de temme, ou de fon tlux menl- truel. Elle tait mourir quiconque la touche : defv.rte que pour l'arracher on la déchaulfe tout à l'cntour , & on y attache un chien qui meurt en Panachant, après quoi on la peut manier tans danger. Baarras , eft aulîî le nom du heu où cette plante crcif- toit. Ce lieu n'eft point lur lemont Liban, ccmmeon l'a dit dans le Moreri,mais dans une vallée. Josephe, de la guerre des Juifs, L. VII , c. 2^. BA AT en fiamois , en chinois Tital. 1. m. Poids tout en- temble & monnoie , qui ont cours, & dont on te tert dans ces deux Royaumes. Le Baat pcie environ demi- once , (S: vaut à-peu-près cinquante tous de France. BAB. IpCFBABA. Fameux impoftcurTurcoman de nation, qui parut dans le Mutulmaniime dans la ville d'Amailel'au 658 de l'hégire. Il avoit un dilciple aufll fourbe que lui , nommé I/aac , qui faitoit faire à fes teéfa- teurs cette profellîon de toi : il n'y a qu'un teul Dieu , ik Baba eft ton envoyé. Les Mutulmans indignés de ce que Baba degradoit ainfi leur Prophète, te juignirent aux Francs qu'ils appelèrent à leur lecours , 6c pour- fuivirent 11 vivement Baba, qu'il fut entièrement dé- file avec l'armée qui le fuivoit, & la tette dillîpéel'an de J. C. I Z40 Benschohna citéparMoK. ^CF BABA. Ville de la Turquie en Europe , dans la balfe Bulgarie, avec un port imhmerNohc. Balba, Baba, BABAU , eft je ne fais quel fantôme imaginaire , dont les nourrices de Languedoc &: pays voilîns te ter- vent pour faire peur aux petits entants , ou aux ti- mides Se imbécilles. Larva umbratilis. On appelle Ba- bau généralement tout ce dont on tait peur , tans ja- mais pourtant faire de mal c'eft ainli que l'explique le Sr de la Peyre dans ton Anti-Babau, qui, ielon lui, ne veut dire autre chofeque chajfe-frayeur. Baillet. Pa- nurge lui fit le babau , en ligne de dérilion , dit Rabe- lais. Ce que M. Duchat interprète par grimaces de finge , en citant un palfagc , où une nourrice menace ton enfant de la baboue lik: du marmot. BABÉE, BABLT. 1". f. Nom populaire , que l'on donne aux jeunes filles qui fe nomment Elilabeth. Elifabe- tha. C'eft un diminutif de ce nom. BABEL. Nom qui tut donné à la ville & à la tour que les hommes bâtirent dans une plaine nommée5i««r j ou 5e/z/2^r J quelque temps après le déluge, avant que BAB de (e réparer powr peupler la terre. F'oyc'{ dans la Gé- nèle, ckjp. XI j v. i èy«h'. Cenom eftpiucment hé- breu , conipofé de H /^ j prepolition qui lignihe , in , dans,& de h'^^bal^ confujion , deforte que 5^/-^/ _, ell: la même chofc que dans la conjufion ; ou bien de jSa , ^Zj verbe , qui iïgnihe venir, & de ."73, bal , confujion ; de VVd . halal , confondre ; dcfurte que "733 , Babel 3 ilgnihe, la conjufion vient , ou eft ve- nue. En efter , ce nom lui fut donné , ainii que l'E- criture le rémoigne , parce que Dieu contondit la le langage des hommes, pour confondre leurs delleins. La confulion des langues arrivée a la tour de Babel vint premièrement de 1 orgueil, & de la toiblelle des hommes, &c. Bossuet. La ville de Babel (ut la ca- pitale de l'Empire qu'établit Ncmrod , à-peu-prcs dans le même rcmps. C'efl: celle qui dans la iuite tut nom- mée Babylone parles Grecs. /^'o)'e:;r BABiLONE.On dit qu'il y a encore dans une plaine à quelques milles de Bagdad des reftcs de la tour de Babel. C'efl; une col- line qui a environ 1 1 50 , ou , fclon d'autres , trois mille pas de tour, dont la matière compclée de terre, & d'une elpèce de ciment mêlé de bitume , ell devenue il dure, qu'on ne peut qu'à grand'peine en rompre un petit morceau, f^oye:^ le /^o>i7^'e deleBlanc, Liv.I, chap. f. Le P. Kirker a fiiit un ouvrage latin , intitulé la Tour de Babel j où il a tait graver la figure de ces relies, vrais ou prétendus de la tour de Babel , Liv. Il , p. Ç2 & Juiv. Parce que la tour de Babel étoit forte haute , & que ceux qui la bâtirent vouloient l'élever jufqu'au ciel le peuple dit quelquetois d'une chofe bien grande , ou bien haute , qu'elle cfl: grande ou haute comme la tour de Babel. Cela n'eft que du dilcours famUier & populaire. 53" On dit encore pour lignifier une grande contulion d'opinions & de dilcours, cette allcmblée eft la tour de Babel. Acad. Fr. Babel, f. m. Nom propre d homme, corrompu du nom Btzbylas. On dit B.iible. Koye:^ Babylas. CfCr B'ABEL-MANDEL. Babelmandelia infula. île d'A- frique, au milieu du détroit de la mer rouge, où elle le joint à l'Océan. Elle a donné (on nom au détroit de Babel-niandel. B ab el-mandclium frecum. ffJ- BABENHAUSEN. Bourg d'Allemagne , dans la buabe, lur la rivière de Guntz. fG"BABF.NHAUSEN , BoBENH AUSFN , OU BeBENHAUSEN , fuivanr ditférens Géographes. Bourg d'Allemagne, dans la Suabe , à deux lieues de Tubinge , dans le duché de Wirtemberg. BABETTE. 1. f. Terme de Danfe. La babette eft une danfe de ville. Danfer la babette. Les chalTés font ufités dans la mariée , l'allemande, la babette & plulieurs autres. Rameau. ifJ- BABEURRE, f. f. C'cft ainfi qu'on appelle en ter- mes d'économie ruftique , la liqueur féreule que laille le lait, quand la partie gralle eft convertie en beurre. Lac ex butyro refiduum. C'eft une boiiTon rafraichif- fante. BABIA. f. f. Babia. Déefte révérée en Syrie , & fur-tout [> à Damas. Photius rapporte dans (a bibliothèque , cod. 242 j, que les Syriens , & principalement ceux de Damas, appeloient les petits enfans en maillot babia; il ajoute qu'ils donnoient même ce nom aux jeunes enfans qui avoient déjà quelque âge, & que ce nom étoit pris de celui de la DéelFe Babia j qu'ils hono- roient. Dc-là Seldcnus, dans Ion Liv. fur les Dieux des Syriens , Synt. II , cap. 4 , conjeélure que chez les Syriens, Babia étoit la Décile de la jcunelTe. Quel- ques exemplaires grecs de Photius la nomment Ba/Sa. a, au lieu de /Sa^.a, BABICHE. f. f. Terme populaire & enfantin. Nom que l'on donne quelquefois aux petites filles qu'on appelle babe'e ou babetj, qui eft un diminutif de ce diminu- tif. F'oye^ BaeÉe. Babiche. f. f. Petite chienne. Catella j canicula. Vous perdez pour babiche des pleurs qui fuffiroient pour ra- cheter un Roi. Voit. C'eft une elpèce de nom propre que l'on donne à ces petits animaux. BABIL, f. m. Abondance de paroles fuperflues : fupcr- BAB 685- fluité exceflîve de paroles. Multiloquium , garrulitas , loquacitas. Les femmes & les vieillards ont toujours trop de babil. ^fT II nous étourdit par fon babil. On dit d'un homme qui parle beaucoup , & qui n'a point d'ciprit, qu'il n'a que du babil. Dans le fond de ce monument Une Dame ejl enfevelie y Qui tant quelle eut un jour de vie j Ne put fe taire unfeul moment: Elle parlait à toute outrance ^ Sa langue alloit comme un torrent i Et fon babil étoit plus grand Que nefl à préfentfon filence. Imprudence j b.abil i& fotte vanité y " Et vaine curiqfité , Ont enfemblc étroit parentage : Ce font enjans tous d'un lignage. La Fontaine. Nicot dérive ce mot de babel, où fe fit la confufion des langues. Ménage veut qu'il vienne de bambinare ^ quiaététaitde^iiw/vwoj italien, diminutif de bamho, lequel eft dérivé du lyriac babion , qui fignifie enfant , d'où ona taitauiri/?ij/''/o/e & bimb^lots ^ fignifiant des pouvées. BABILLARD, ARDE. adj. &c f. Qui parle beaucoup. Multiloquus ■, garrulus , loquax. C'eft un franc ba- billard. Mol. Si un babillard écoute un peu, ce n'eft que comme un retlux de babil qui prend haleine pour rebabiller puis après encore davantage. Amiot. Tant que Barbiers feront au monde , De barbiers babillards le monde aura foifon ^ En babil indifcret cette race ejl féconde , Et l'on n'en fait pas au jufte la raifon ^ Suffit que le métier en exemples abonde. §Cr II eft plus ordinairement fubftantif. C'eft un franc ba- billard. Il le dit aulTi d'un indifcret, qui ne fauroit gar- der un fccret , qui répète tout ce qu'il a oui dire. On appelle en terme de Chafle , un chien babil- lard, lorlqu'il crie par ardeur , ou l'orfqu'il eft hors des voies. BABILLER, v. n. Parler fans celTe , &: ne dire que des ba- gatelles , & des choies inutiles. Carrirc. C'eft véritablement la tour de Babylone , Car chacun y babille & tout du long de l'aune. Molière. J'irai pourtant bientôt voir quelqu autre perfonne , Car j'aime à habiller prefqu'autant qu'une None. Sanlecq.. On dit, qu'un homme ne fait que ^a/^i/Zerj, lorfqu'il parle & promet beaucoup , iS^ qu'il n'exécute rien; qu'il ne dir rien de folide, qui puifte terminer une affaire. Au refte, les mors de babillard & de babiller ne font en ufage que dans le ftylc fan-.ilier & comique. On fe fert encore de ce \'crbe peur exprimer la ma- nière de crier de la corneille ; la corneille babille. §3° On le dit aullî du chien qui donne de la voix. Ce limier babille trop. Il faut lui ôter le babil. BABILLOIRE. Foye^ Caquetoire. Babilloire ne fe dit guère, ou point du tout. ^j'JT II eft tout-à-fait bas & digne de la place maubert. Caquetoire n'eft pas plus noble. §3° BABIN , terre en Pologne , dont le nom donna lieu à une badinerie qui divertit & réforma la cour de Si- gifmond Augufte. Le rapport qu'il y a entre ce nom & le mot baba i qui fignifie vieille , donna lieu d i- maginer une république de Babin. Babinenfis refpu- blica. Ce lieu qu'on avoir négligé &:laiiré aller en dé- cadence , donnoir louvenr à rire aux palTans, à caule de fon nom. Les plaifanteries qu'on faifoit du lieu & du Seigneur à qui il apparrenoit, firent naître la pen- 6S6 BAB fée d'en fiiire la capitale d'une république ridicule, coudées , & qu'elle avoit au rez de chaulfee quatre ou cinq mille cent foixante pas de circuit. Cette ville fut d'abord la capirale de l'Empire Babylonien. Les Alïyriens dans laluite réunirent les deux Empires, dont elle fut encore la capitale. Les Perles s'en rendirent maî- tres fous la conduite de Cyrus ; Alexandre la prit, & enfin elle a été détruite , deforte que félon les ora- cles des Prophètes, il ne refte plus rien de tant d'ou- vrages lî fuperbes, & on a même de la peine à trouver l'endroit où tut Bahylone. On a vu Bahylone , après un fort fi beau^ De tous fes hahitans devenir le tombeau. P. Chomel, Jéf. Car ce n'cft point Bagdad , comme on le dit ordi- nairement. Séleucus Nicanor ayant bâti Séleucie lur le Tigre, à 500 ftades àz Bahylone , Bahylone déjà beaucoup diminuée parla négligence des Macédoniens, devint deterte & périt inlenfiblement. Séleucie fut ap- pelée Bahylone : & comme Bagdad eft au même lieu que Séleucie , ou n'en eft pas loin , Bochard a cru que c'étoit là ce qui avoit lait qu'on l'a ptifc pour Bahylone. Les étoffes, les tapis, les broderies de Ba- hyloney font fort vantés dans l'antiquité , fur-tout par les Poètes. On prétend que c'eft dans Bahylone que l'idolâtrie prit naiirance. Les Ifraëhtes du Royaume de .Tuda , c'eft- à-dire , les deux Tribus de Juda & de Benjamin , fu- rent emmenées captives en Bahylone pat Nabucho- donofor. C'eft ce qu'on appelle la captivité de Ba- hylone, qui dura 70 ans, jufqu'à la première année du règne de Cyrus à Bahylone. Babylonh, eft prife dans l'écriture pour un lieu de dé- fordre & de crime. C'eft de-là que nous difons aulli en françois dans le même fens, c'eft une Bahylone ; pour dire en général, un lieu plein de trouble , de dé- îordre, de débauches, de crimes, de contulion. En termes de fpiritualité on appelle le monde, une Bahylone. Ainii Madame de la VaOière , dans fes Réflexions lur la miféricorde de Dieu , dit : Ces réflexions que vous m'infpirez pour retirer mon elprit & mon cœur de cette confufe Bahylone , ou demalheu- reufes pafllons dominent les perfonnes les plus heu- reules. 3abylone. La ville capitale de l'Egypte a porté autrefois ce nom. Z?tz/'v7o/2. Grégoire de Tours, Lih. I, Hifl. Franc, l'appelle Bahylone, Bahylonia. Quelques-uns croient que ce nom lui vint de ce qu'elle fut bâtie par des Babyloniens delà Bahylone de Chaldée qui le re- tirèrent là , & la bâtirent après les malheurs & la del- truârion de leur patrie. Le P. Kirker veut que la i?a/'y- lone d'Egypte foit Héliopohs , & que celle-ci loit la Ra- ^ mefsès dont parle l'Ecriture. Si cela eft , ce font les Ifrachtes qui l'ont bâtie. Voye-{ Exod. Ch. I, 11. Le Chevalier M^rsham prétend que Cambyfe ayant ravagé BAB <^87 l'Egypte , & détruit Héhopohs, cette ville fe bâtit, ce qu'il prouve par Jofephe, Antiq. Livre II , ch. y. Les ruines de cette Bahylone le voient encore non loin du Kaire. On dit cependant communément que c'eft le Kaire même, & le P. Mabillon l'a dit, Acl. SS. Be- ned. Sdc. FI, Parc. I, pag. 374, aufli bien que le P. Ruinart , dans fes Notes (ur Grégoire de Tours, pag. 12 , comme on dit que Bagdad eft la Bahylone de Chaldée i tk nos Poètes lut tout ne font nulle dif- ficulté de dire Bahylone pour le Kaire : mais des Sa- vans devroient parler plus jufte. Il y a une monnoie d'or de Louis XII, qui repré- fentc d'un côté ce Prince, & de l'autre les armes de Naples (k. de Sicile , avec ce mot , dit M. Thou , Liv. I , pag. S. Perdam Babylonis nomen. Cet Hifto- rien prétend que par le mot de Bahylone , Louis XII vouloit déhgner Rome , & que ce Prince fit battre cette monnoie pour l'oppoler aux menaces de Jules II, avec lequel il fut toujours mah Mais le P. Hardouin, qui a fait une Diflertation fut cette monnoie, prérend que par Babylonis nomen , il faut entendre l'Egypte & l'Empire du Turc en Egypte; que Bahylone eft le nom d un village qui eft en Egypte alfez près du Kaire , & lur les ruines de la Bahylone dont nous venons de parler , & que cette monnoie fut fabriquée avant qu* Louis XII fût brouille avec Jules II. Il eft bon d'aver- tir en paCmt que ni M. de Thou, ni le P. Hardouin, n'ont exacl:ement rapporté l'inlcription dont il s'agit. J'ai vu cette monnoie d'or, &il y a Perdam Babil- LONis NOMEN, & non pas Babylonis. Ce peut être une ouverture pour une autre explication. Le Blanc, dans fon Traité des monnaies , met un peu mieux Babilonis, mais il y a deux ll lur la monnoie d'oc que j'ai vue. Il n'y a encore que les armes de France , &z non celles de Naples, comme l'alfure M. de Thou. Du côté delà tête l'inlcription eft, Ludo. Franc. Regniq. Nea. avec la tête de Louis XII, qui a une couronne rayonnée. BABYLONIE. Bahylonia. Pays d'Afic, dont Babylone étoit la capitale. Elle comprenoir la Chaldée , & la par- tie de la Àléfopotamie , qui eft la plus près du con- fluent de l'Euphrate & du Tigre-, d'autres dilent la Chaldée , &c une partie de l'ancienne Alfyrie. Soliu prétend que l'on comprenoit ious ce nom la Méfopo- tamie & l'AlTyiie entiète ; mais il s'eft trompé. Mêla diftingue la Bahylonie de la Méfopotamie , & de 1 Adiabène , ou Allyrie. La Bahylonie dans le com- mencement fe terminoit a la jondlion du Tigre & de l'Euphrate. La contrée qui eft au-delîous de cette jondion julqu'au golphe Perhque, eft appelée Iraque par les Géographes Arabes , du nom d'Erec, qui fut avec Babylone, & d'autres lieux , le commencement du Royaume de Nemrod. Erec étoit une ville (ituée le long du lit commun du Tigre & de l'Euphrate au- delfous de la jontlion. Ces deux villes donnèrent le nom à deux Provinces. La Bahylonie s'étendoit juf- qu'à la jonction des fleuves •■, & la Province d'Erec, ou d'Iraque , s'étendoit le long du lit commun de ces deux fleuves, à droite & à gauche depuis leur jondioii jufqu'a la mer: le temps a changé ces chofes. L'Iraque a empiété lur la Bahylonie ., (ur l' Alfyrie .À: fur laMé- die, & leur a fair porter fon nom. La Bahylonie de fon côté s'eft mife en polfcflîon de toute l'ancienne Province d'Iraque. Huet. Il paroit par ceci que les Auteurs du Moreri fe font trompés, quand ils ont dit Babylonienne, au \ie\x de Bahylonie. BABYLONIEN, ENNE,f m.&f. &adj. BabyloniuSy a. Qui eft de Babylone, ou de Babylonien qui appat- tient à Babylone , ou à la Bahylonie. Les Babyloniens ont été les premiers Aftronomes, & les premiers ido- lâtres du monde. L'armée Babylonienne , les troupes Babyloniennes laccagèrent Jérufaiem. Les Babyloniens étoient fort adonnés à l'Aftrologie , d'où vient que Tertullieir appelle Babylonien ,m\ Mathématicien, ou faifeur d horofcopes. On a dit aufli un Chaldéen , & les Chaldéens, pour un Aftronome, les Mathémati- ciens. Heures Babyloniennes. C'eft un terme de Çnomo- uique que l'on voit fur quelques cadrans folaires. Le§ (588 BAC Babyloniens, les Peilans & les Syriens, divifent îe jour naturel en vingt-quatre heures, & les comptent dej^uis îe lever du foleiljjulqu'au foleil levant du jour quriuit. Les heures ainii comptées, (^' ainli dilpolces lur un ca- dran, s'appellent en Gnomcnique , Heures Babylo- niennes, ncr£ Balylon'iti. Harris. BAC. BAC. f. m. Grand bateau plat , qui n'a ni poupe, ni proue, ô< qui ell: ouvert par le devant & le derrière, que l'on abaiil'e fur le rivage, pour y faire entrer les char- rettes & les carroiîes. Ponto. Paifer le hac y c'eft palier la rivière dans un bac. Les bacs tiennent ordinairement par des anneaux; ou des pieux , à de grandes cordes attachées aux deux bords de la rivière, pour la tra- verfer. Le droit de bac eft un droit leigneurial qui s'atîerme : ce qu'on appelle en quelque lieux Ponce- nage , ou Pontonage. Ce droit fe levé lur ceux qui palfent une rivière dans le bac ,0x1 bateau du Seigneur, qui leul a le droit d'en avoir pour faire palier l'eau à ceux qui le fouhaitent , ce qui sappelle paifer le poiT, tk. fe dit tant de celui qui conduit le bateau , que de ceux qu'il conduit a l'autre bord. Ce droit s'alFerme à un Bateher, qui leul en joiiit, & qui s'ap- pelle Pontonier. Ménage dérive ce mot de barca , ou barcus. Mais il vient plutôt de baik allemand , qui lîgniiîe vaiffcau Ô rivière ; ou hien de bacci , dont Arrian a ufé pour un pont. Le P. Papebrok , ^cl. SS. Jpril. T. i ,p.262, croit que bacon, qui fe trouve dans la vie de S. Benc- zet , ell: un diminutif du françois bac 3 Se de l'allemand iachj qui lignilîe un vale de bois; 6c qu'il fervoit peut- être autrefois à porter quelque choie fur les épaules. Du Cange a dit qu'on a ulé du mot de baccus j & de bacus , pour ligniner un bac de rivière, d'où onafoit auilî bacula y pour lignifier un baquet. Ifidore dit que les Latins l'appeloient limer ^ & que c'étoit un bateau creulé d'une leule poutre. Selon le P. Pezron bac eft un mot celtique, d'où elt venu le grec /îaxii , & notre mot bac. Les Fontainiers appellent auilî bac un petit baffin de lontaine. Difcus aquarius , concha , labrum. Bac. Efpèce de vailfeau, ou grand bacquet de bois, dont les Braileurs de bière fe lerveut pour y préparer les grains, le houblon, & les autres drogues qu'il faut faire germer, macérer & fermenter, avant que de les mettre cuire dans la chaudière. tfS" BAC à formes , dans les raffineries de fucrc. C'cft une grande auge de bois, dans laquelle on met les for- mes en trempe. %fT BAC à chaux. C'eft un grand balîîn en maflîf de brique Si de ciment , dans lequel on éteint la chaux dont on a beloin dans les clarifications. On appelle bac à fucre y plufieurs efpaces léparés par des cloifonsde planches dans lefquels on jette les matières triées & (orties des barrils. Encvc. |0° BAÇ A , ou B AZA. Ville d'Efpagne dans le Royaume de Grenade, fur le bord méridional du Guadalentin, entre Guadix & Huefcar. On croit que c'cll l'ancienne Bafti. C:-^ BAÇAI\L Ville du Royaume de Vifapour, fur la côte de Malabar. Long, po , 40. Lat. i p. ^ BACALA. Ville de la prefqii'île de l'Inde, au-delà Du G.ange, fur la côte du Golfe de Bengale , dans le Royaume d'Arracan. fCF BACALAOS. Terre de l'Amérique méridionale découverte l'an 1507. BACALAS. 1. m. Terme de Marine. Pièces de bois de quatre pieds de longueur, qui le clouent fur la cou- verture de la poupe, & le continuent jufqu'aux cor- delettes. Tranjlra poftica. BACALIAU. f. m. C'eft ainfi qu'on appelle la morue féche en provençal. Le Bacaliau fait une partie des provilîons des vailfcaux de guerre Si de marchands. C':? BACAR, ou BAKAR , Royaume ou pays de l'In- douftan , le long du Gange, faifant partie des Etats du Grand Mogol. 1^ BACA-SARAI, ou BACASERAI, ou BACIO-SA- BAC RAL Ville de la Tartarie, dans la Crimée, fur la ri- vière de Karbata , capitale & relidence ordinaire du Cham, ou Prince des Tartares. CCr BACASERAL Voye^ Bacasarai. BACASSAS. 1. m. Bateau prelque fait comme la Pirogue. Le hacajjas a 40 à 45 pieds de long, lur 7 ou 8 de lar- ge. H a le devant pointu comme la pirogue; m.aisil a l'arrière plat & coupé en poupe, & cette poupe a or- dinairement un m.iroirou tutelle, comme les plus grands navires, f-^oye-^ Le P. Labat, T. II y p. 2p. BACAUDES. f m. plur. Bacauda. Il eft parlé des Ba~ caudcs dans Salvien , dans Euménius, dans Eutrope, (S'c. Les ^acaz/c^fj étoient des paylans révoltés dans les Gaules,qui prirent le nom deBacaudes; ils couroient le pays , 6c commettoient mille excès. Dioclétien afibcia a l'Empire Maximilien , qui avoir rétabli la paix dans les Gaules en défaifant les Bacaudes. On les appelle auiîî Bagaudes y ëc en latin Bagaudx , Bacauda : Bao- gaudiSy Bagoaude y Bagandtty Vaganda. Voyez Oro- ïîus, Salvien, Loenfis, Lacerda. F'oyc^ Bagaude. Je crois que Baganda 6c Baganda font des fautes , &c que l'on a pris un u pour une n. BACCALAURÉAT, f. m. Baccalaureatus. C'eft le cré- mier des degrés qu'on obtient dans les Univeriîtés pour parvenir au Doélorat. Voye\ Bachelier. ifT BACCARAC , BACARACH , BACHARACH. Ville d'Allemagne, dans le bas Palatinat, fur le Rhin, autrefois rcfidence des Electeurs Palatins. f'C? BACCARAT. Ville de France, en Lorraine , dans le territoire de l'Evéché de Metz, lur laMeurte. BACCHANALES, f, f. Bacchanalïa. Prononcez Baccct- nalcs. C'étoit autrefois une fête de Bacchus chez les Païens. Les Athéniens la tolemnifoicnt avec beaucoup d'appareil , & ils comptoient même les années par la célébration de cette fête avant qu'ils les comptairent par les Olympiades. Il s'y commettoit beaucoup d'ex- cès. Maintenant c'eft une réjouillance ou mafcarade qu'on lait au carnaval, où on fe couronne de lierre, Sx. où on imite ces anciennes fêtes. Je hais ces repas où la joie rellcmble à la fureur, «Se qui tiennent un peu de la lete des Bacchanales. M. Scud. On appelle aulîî la fête des Bacchanales, Orgie, du mot grec «yj", qui fignific fureur & emportement; par rapport à ce quife paiFoit dans ces folemnités. Auprès de Vitellius on ne voyoit que délordre (Se qu'yvrognerie , & Ion armée rellcmbloit mieux à des Bachanales y qu'à un camp bien dilcipliné, Harlay. L'Origine des Bacchanales vient des Egyptiens. Un certain Mélampus les apporta d'Egypte en Grèce, fé- lon Diodore de Sicile, Ziv. / de fes Antïq. ch. 2. Plu- tarque, dans Ion Livre d'Unis (^ d'OlIris, fait aullî venir d'Egypte les Bacchanales. La Cércs des Grecs eft lelon lui l'Ifis des Egyptiens, Se leur Ollris eft le Bacchus des Grecs. La forme & la dilpolition des Bac- chanales dépendoit chez les Athéniens de \ Archonte ^ ou premier Magiftiat , comme nous l'apprenons de Pollux, Liv. S y chap. p. Elle étoit fimple dans les commencemcns , mais elle fe fit dans la fuite avec ranr d'apparat, &c avec des cérémonies fi infâmes, que les Romains, qui en eurent honte, la défendircnr dans toute l'Itahe. Les anciens Pères ont fort reproché aux Païens les défordres Si les abominations des Baccha- nales parmi les Grecs. Ces lortes de divertiftcmens fi contraires à la pureté & à la modeftie chrétienne, fu- rent défendus dans les Conciles. Pierre Caftellan a traité à fond de cette fête dans fon Livre intitulé Eor- tologion y qui a été imprimé in-S°. à Anvers, & qui eft poftérieur à celui que Meurfius a écrit lur la même matière. On appelle aulll Bacchanales y des tableaux ou bas- reliefs qui nous reftent de l'Antiquité, où ces fêtes font figurées; Se ce font d'ordinaire dts danles Se des nudi- tés. On voit encore des Bacchanales d.ans plufieurs frifes anciennes. Il n'y a tien de plus plaifant Se de plus gracieux, que des Bacchanales peintes par le Poullîn. Félib. Bacchanale fe dit quelquefois d'une déb.auchc fiiitc avec grand bruit. Liberior luxuriandit vel compara ndi licencia^ BAC îictnna. Ils ont fait une bacchanale qui a duré toute la mut. Il cil du ftyle tamilier. Acad. Fr. BACCHANALISER. v. n. Lihenîis luxurlarlvel compo- tare. Tenue bas , qui lignifie faire la débauche, le di- vertir, Icrejoiiir, fe donner du bon temps, s'adonner à la joie &aux plailîrs. Dict.com. &: Cotgrave. BACCHANTE, f. f. Prononcez Baccante. Femme qui célcbroit autrefois les fêtes de Bacchus. Baccha. Ce- toit d'abord le nom des femmes qui fuivoient Bacchus à la conquête des Indes, portant à la mam un thyrle, c'eft-à-due, une petite lance couverte de herre & de pampre, & chantant par-tout les vidoires & les triom- phes. Enluite elles inftituerent en l'honneur de Bac- chus des fêtes qu'on appela Bacchanales. Ces Bac- chantes , ou ces Prctreiles du dieu du vin, pendant la cérémonie , couroient vêtues de peaux de tigres , toutes échevelées, avec leur thyrle j & avec des tor- ches & des flambeaux , criant comme des furieules , & avec des hurlemens effroyables , evohe Evan , evohe Bacche. Ce furent les Bacchantes qui déchirèrent Or- phée. Bacchante, Bacchans. Se dit figurément d'une femme en fureur, emportée de colère, de rage, ou d'amour. BACCHARIS. 1. f. Plante qui eft fort commune aux en- virons de Montpellier, d'où vient qu'on l'appelle Bac- ckarls de Montpellier, En latin, Coni^a major vulga- ris. C'eft une elpèce de Conije. Voyez Conise. BACCHAS. f. f. Lie qui le trouve au fond des tonneaux où l'on a mis repofer le fuc ou jus de citron. ^3" BACCHE. 1. m. Terme de Poëiîe grecque & latiue. ï^oye:[ BAccHiQUE,c'eft: la mêmechofe. ïfT BACCHILIONE,ou BACCHIGLIONE.Af^i^^î- cus :, ou Medocus m'inor. Rivière d'Itahc, dans l'Etat de la République de Venife. Elle palFe dans le Vicen- tin, où elle arrofe Vicenze , pafTe dans le Padouan, & fe rend dans le Golfe de Venife. BACCHIONITES. f m. ^VBacchïonïtA. Pafchafe Rad- bert dit que c'étoient des Philolophes , qui méptifoient tellement toutes les choies du monde, qu'ils ne gar- doient que des vailleaux pour boire : il rapporte aullî qu'un d'entr'eux ayant vu quelqu'un qui bûvoit dans le creux de la main, jeta comme une choie inutile la talîe dont il s'étoit fervi jufqu'alors. Quelques-uns prétendent que ce Philolophe étoit Diogènc. On appelle quelquefois les Bacchionkes du nom de Bac- croperites, Baccroperux. BACCHIQUE , ou comme il faut prononcer BACQUI- QUE, ou BACCHE. f. m. Bacchius. Terme de Poë- fie grecque & latine. C'eft le nom d'un pied de vers , qui eft compolé d'une brève & de deux longues , com- me epefias. Il le nommoit ainlî du nom du dieu Bac- chus , parce qu'il entroit louvcnt dans les hymnes que Ton faifoit à fon honneur. M. Harris dit que le Bac- quique ell le contraire du Dactyle , parce qu'en effet l'un elT: compolé d'une longue éc de deux brèves, & l'autre d'une brève & de deux longues. BACCHUS. f m. Dieu du Paganifme. Bacchus. Bacchus étoit fils de Jupiter & de Prolerpine , lelon une hymne attribuée à Orphée: mais lelon Homère, dans l'hymne qu'il a faite à l'honneur de Bacchus , lelon Héliode , Theogon 3 v. ()4t , lelon une ancre hymne attribuée à Orphée, & lelon le lentiment général des Po'e'tes, il étoit fils de Jupiter & de Sémélé. Les Poètes dilent qu'il naquit deux fois, & qu'il eut deux mères, parce que Sémélé, qui vouloir voir Jupiter avec tout l'ap- pareil de la Divinité , ayant été conlumée par la fou- dre , on tira de Ion lein l'enfant qu'elle portoit, & Ju- piter fe fit ouvrir la cuiffe par un cerrain Sabazius, & y fit enfermer Bacchus , afin qu'il achevât de s'y for- mer jufqu'à ce que les neuf mois qu'il devoit être dans le fein de la merc lullent accomplis , auquel temps il naquit une féconde fois. C'eft le Dieu de la vigne & du vin chez les Païens. Il étoit invoqué par les débau- chés , à caufe qu'on le croyoit inventeur du vin. On dit du moins qu'il en apprit l'ulage aux Indiens. On dil- tingue plulicurs Bacchus. Un Arabique, que Volfius , de Idol. Lih. I y cap. ^ o , croit être Moyle. Un Bac- chus Indien , que le même croit être Noé. Ih. cap, 2 ^ , ig. Un autre, Thébain lutuoraraé Denys. Dlonyjius. Tome I, _ BAC ^89 Un quatrième Egyptien plus ancien que le Thébain, félon Volfms, IL cap. i p. Bacchus ^âu fentimcnt diî même Auteur n'eft aurre choie que le Soleil, t>; aromatique : fa tige ell haute d'un pied , branchue a fon extrémité , & garnie de feuilles plus petites que celles qui partent de la racine. Ses fleurs font en ombelles, blanc laie, petites, & les fruits font com- pofés de deux fcmences ovales, aplaties & crénelées fur leur dos. Cette plante ell apentive, diurétique. On la confît dans le vinaigre, & on la mange en ia- lade -, elle excite l'appétit. BAC INET, f m. Sotte d'armure ancienne. On trouve dans Monftrelet : y avoit lix bannières & deux cens ba- cincts , fi>: cens bibaux ou petaux. Selon Fauchet, ces bacïnets étoient des chapeaux de fei allez légers, que portoient les loldats, qu'on appeloit/ijci/ztrrjj du nom de cette forte de chapeau. Ainll on diloit lix cens ha- cinets , comme on dit quelquefois, il y avoit centcui- raiFes-, pour dire, cent hommes armés de cuiralfes. fSCr BACIO-SARAL Foyci Bacca-Sarai. BACIS. f. m. laureau confacré au Soleil, qu'on adoroit .à.HermLinthi , ville d'Egypte. Macrobc dit qu il chan- geoit de couleur à chaque heure du jour, & que fon poil cioiiroit en haut , cnforte qu'il étoit toujours hé- riilé, contre l'ordinaire des autres animaux. ifj' BACK'WEEN. Bourg , ou petite ville des P.ays-Bas, dans la province de Frile, dans l'Oftetland, pièj dun grand Marais. "•^^ BACKOU,dansla plupart des cartes BRACCCW, ou BRAISLOW. Ville de la Moldavie , fut la ri- vière d'Arari , proche les frontières de la Valachie. BACLAGE f. m. T. de Commerce de rivière , particu- lièrement en ufagc lur les ports de la ville de Paris. Il fignifîe l'arrangement des bateaux dans un port , que ' l'on y fait entrei les mis après les autres, pour faire la i BAC vente des marchandifes dont ils {ont chargés. On ledit auUl du droit qui le paye à ceux qui font chargés de cet arrangement. Navicula in porta collocatio, §3° BACLAN. Contréede Perfe,dans le Choralfanjvers la rivière de Gihon , ou Gihun. BACLE, f. m. Nom d'homme. Baculus. S. Baclecd un des cinq protecteurs de Sorente, dont il a été Evêque. ■Son nom fignilie la même chofe que Scipion. Chast. C 'ell a-dire, bâton. BACLER, v. a. Fenner une porte ou une fenêtre avec chaî- nes , barres , barreaux , ou autres chofes. Ligneam pro pejju/o fubfcudem joribus obdercj catenis, repagulis objlruere, occludcre. Ils'eft dit originairement des porrs & des rivières, loiique le pallage en ell fermé & bou- ché , ou par des bacs ou des bateaux , ou par les glaces , ou par des chaînes & des barrières. Il s'ell dit enluitcde toutes lottes de palfages & d'ouvertures, comme de portes de boutiques , de fenêtres. En temps de guerre on bâcle les portes. En temps de pelle on bâcle les mai- fons & les boutiques où il y a eu de la contagion. On bâ- cle les portes par derrière avec des barres & des che- villes. Bâcler un bateau. Terme de rivière. C'eft le placer dans le port , le m.ettre en lieu commode & sûr pour la tharge & décharge des marchandifes, & l'y arrêter avec des cables & cordages aux anneaux de fer deflinés à cet ula- ge. Naviculam in portu collocare. Nicot croit que ce mot vient de baculus ^ Se de ba- culare. êfT BACLEKune affaire y au figuré, la conclure, l'arrêter. Exprellicn populaire. BaclÉjÉe, part. Occlufusy obferatus Ugneâfubfcude , catcnâ jerrcâ. On dit fîgurément & bafrement , c'efl mre affaire bâ- clée ^ c'ell a due, conclue & arrêtée, en n'y peut plus revenir. BACON, f. m. Vieux mot fiançois , qui fc difoit d'un porcengraiflé & falé. Il e(l encore en ufage dans quel- ques Provinces. Du Cange le dérive de l'Anglois bccony ou de b-dccho tk bachoy qu'on a dit dans la baffe lati- nité en la même lignification. Chorier dit qu'il vient du mot giec ^«xos. On juge par cet Auteur ^ue bacon le du encore en Dauphiné. |Cr BACONISME. f m. Philofophie de Bacon , qui le premier combatoit la Philofophie de 1 ricole. iKF BACOTI. l.t. Nom de la grande Alagicienne que les peuples de Tonquin conlulteiii. , outre les deu.x Magiciens Tai-Bou ëc Tai-Phowioui. Lorlqu une mère après la mort de (on enfant, veut lavoir en quel état efl fon amc , elle va trouver cette Bacoti , qui fe met auili tôt à battre fon tambour pour appeler l'ame du dcrunt , qui ne manque pas de paroitre devant elle, & de lui dire li elle ell bien ou mal. Mor. qui cite Ta- VERNiER. Voyage des Indes. BACQUET. Foye-^ Baquet. BACS. f. m. pi. On nomme ainfi dans les fucreries une efpèce de grands coftres de bois , dans lefquels on pile le lucre au (ortir de l'étuve. BACTES, ou RABACTES. f. m. Surnoms de Bacchus, qui (ignifientj crieur , criailleur , de Baff» , crier; parce que les gens qui ont bu, crient ordinairement beaucoup. '^hClKE, Baclrus. C'ed, félon quelques Auteurs, le nom ancien d'un fleuve qui a donné ion nom à la ville ' de Bdclres. Ils ajoutent que c'ed celui qu'on appelle aujourd'hui Bâchera nigro, ou celui que quelques Mo- dernes nomment Bufchiun; qu'il fe jointau Géhon. Sa- x\m3.iiç{f: xercitiU. in Solinum, p. ç S f ,)z^ïcicnàu. que les Anciens n'ont jamais parlé d'un fleuve qui fe nom- moit Baciri/s ; que Solin, qui en parle, a mal entendu Pline, & mal ponctué le texte de cet Auteur; & que c'a été la f ource de cette erreur. Mais Lucain , Liv.IIIy V. 267 , avoit il aullî mal ponctué & mal entendu le texte de 1 line, lui qui vivoit avant Pline? Q. Curce, qui vi voit en même temps que Pline , dit que le Baclrus paffoit au miheu de Baélres, & donnoit fon nom à cette ville & à toute la province. BACfE , fe mec auiiî quelquefois au (îngulicr pour h. ville de Badlres , ou pour la Sadriaiie. I BAC Et met fous fes drapeaux avec la Sythonie Les Sauvages de Baclre, & ceux de l'Hircanie.'^KiB. BACTRÉOLE. f. f. Terme de Barreurs d'or. On appelle de ce nom les rognures de feuilles d'or. Auri. rameri- ta, lacïniâ., t&nïd. On broie avec du miel ces ^acZrfo- /ej j ou rognures, & enfuire on les mec dans de peci- tes coquilles de moules; bc cer or ainh préparé, s'ap- pelle or en poudre , ou en coquille : on s'en terc pour peindre en miniature. BACTRES. Brada , orum. Nom dune ancienne ville d'Aire, capitale d'une province de l'Empire des Perles, nommée BaClriane. Samfon & quelques autres difent que c'efl Termend, ville peu conlldcrable, au pied du mont Caucafe , à 360 milles d'Alexandrie, & a 650 d'Antioche. D'autres croienr que c'eft Bag-Dalan. Elle a aulli été nommée Zarialpe , Zariafpa. Voyez Sau- maife lur Solin , p. çSj j& p. 1 1 7 S- BACTRIANE. Bactriana. Province de l'ancienne Perfe, qui répond à ce que nous appelons aujourd'hui Cora- faU; ouCarrallan, entre laPerie, les États du Mogol, le royaume de Thibct , & la Tartarie , dont propre- ment elle tait partie. Elle tiroit (on nom de Badtres la capitale. On diioit au temps de Pline que la Baclrïane portoit du blé, donc chaque grain étoit aulïï gros que i'eft ailleurs un épi entier. Zoroaftre, Roi de la Bac- trïane , palFe pour l'inventeur de la Magie & de l'Aftro- logie. C'eft pour cela qu'on le nomme aulîr Aftrochéa- tes; c'eft- a-dire, Concemplatcur des Aftres. BACTRIEN, ENNE. f. m. & i. Peuples qui habicoicnt autrefois la Baclriane. Bacirïus , Baclronus. Mercerus die que les Cares , les Arc.inaniens &c les Baciriens dcf- cendoient de Gcther, comme ir ces peuples eulfcnt été voilms. Les B aclrïei: s cioiswi, dit Q. Curce, les meil- leurs foldats du monde; mais ils étoient brutaux, & n'av oient rien de la polirelle des Perles. BACTROPERATE.ouBACTROPÉRÈTE.f. m. C'eft un nom que l'on donnoic autrefois aux Philofophes par mépris. Il lignifie un homme à bacon &à beface; de fià-Klfui , bâton i ôc -s^fa, poche j beface. C'eft S. Jé- rôme furie ch. Xde S. Macthieu, qui nous apprend qu'on donnoit autrefois ce nom aux Philofophes. Du Cange croit qu'il faut à'nc Braclopérhe ,d<.c(ac c'étoient des vo)agcurs qui portoienr un bâton & du vin dans des outres, ainfi que l'explique Papias, qui les appel- le Baclroperitdi. Voyez encore Hérodien , Llv. I j Martial Liv. IV 3 épigr. /5 j & Laërce à l'encrée des vies des Philofophes. Savaron & le P. Sirmond ont auili parlé du bâton Philolophique lur Vepitre II du Liv. IV de Sidonius ApoHinaris, & fur la neuvième du Livre neuvième. #3"BACU. FoyeTBAKu. BACUL. f. m. Vieux mot. Ample croupière de bête de voiture, battant lur les cuillcs. Bacul de mulet, en la- ûnpojbilena, à batuendo culo. MÉmage. Le cheval dit à l'ane: Pauvre & chétif baudet, j'ai de toi pitiés com- pailion , tu travailles journellement beaucoup, je l'ap- pcL'çcis à Infuïc de x.on bacul. Rabelais. fÔ" BACULAIRES. Nom qu'on donna à cercains Ana- bapciftes du feizième fiècie, qui ajoutoient aux erreurs de ces hérétiques, que c'étoitun crime de porter d'au- tres armes qu'un bâton , &: qu'il n'étoit pas permis de rc- pouiler la rorce par la force , ni de pourfuivre quelqu'un en juftice pour quelque cauleque ce fut. BACULE. Voyei Bascule. BACULER. C'eft frapper à coups de baron : de Bacu- lare, qui le rtouve en plufieurs endroirs,& qu'on peut voir dans le Gloiraire de M. Du Cange. Ménage. Le bon Chevalier (e print aux cornes de ce diable, &lui en arracha une, dont il le bacula trop bien, & maul- gré lui comme victorieux , fe départit du lieu , & le lailTa comme recreu. Nouvelle nouvelle. On ne le dit plus. BACULOMÉTRIE. f. f. Science par laquelle on mefure des hauteurs accelîibles & inacceflibles avec des bâtons. Ce mot eil compofé de haculus ^ bâton , & /*iTftri , melurer, BACUNE. Bacuneus, L'Abbé Sereiius appelle un Dé- BAD (^p3 mon bac une' j un Démon qui tente les hommes de vanité. BACURDE, ou BACURDUS. Nom d'un faux Dieu , qui ne le trouve que dans deux infcriptions rapportées par Gruter, p. LXXXFI , n. p & 10. La première ejl j BACVRDO SACRVM M. ALBANUS PATERNVS OPTIO V. S. L. M. TT. SIL. CONS. Et la féconde 3 BACVRDO SACRVM T. JVC. FORTVNATVS PRO SE ET SVIS V. S. L. M. Comme ces deux infcriptions ont été prifes à Colo- gne lur deux petits autels, & que ce nom ne fe trouve point ailleurs, il eft à croire que ce Bacurdus étoit un Dieu particulier de ce pays. BAD. BADAGE. f. m. & f. Nom de peuple. Badaga. Les Ba- dagcs (ont un grand peuple de voleurs dans le royaume de Bitnagar , idolâtres & ennemis du noiai Chrétien , naturellement féroces , toujours en querelle les uns avec les autres, & toujours en guerre avec leurs voifins. BouH. Vie de Xav. Liv. II. BADAJOX. f. m. Ville d'Efpagne dans l'Eftramadoure , fur le Guadiane,à huit ou dix lieues de Mérida. ^'CT Au- jourd'hui Badajocium^ autrefois Pax Augufta , félon quelques Géographes, & Coloniapacentis j félon d'au- tres. Quelques-uns écrivent Badajo\ ^ & c eft ainfi qu'on le prononce plus ordinairement. Ce mot s'eft formé par corrupcion du nom latin , qui en Efpagnol le dit Pa-[ de AuguJIo ;d'où\'on a fait PadauguJlojPa- dajuJl,Padajos, Badajox.Wn^iznt donc pas dire que ce font les Maures qui lui ont donné ce nom moderne, comme ont faic les Auteurs du Moreri. Badajox a un évêché fuffragant de Compoftelle. Maty. Badajox eft très-bien fortifié , & défendu par le fort deS. Chrif- tophle , & par une citadelle. Le Roi ( Jean l. ) donna à Martin Alphonfe la conduite de quelques troupes pour aller former Icfiége àt Badajox. De la Neuv. tfj- BADARA, ou BAGARA, comme écrit Dcllon dans fon voyage aux Indes orientales. Petite ville des Indes, capitale du pays ou Royaume de même nom , dans la prelqu'ile de l'Inde, deçà le Gange, ou Malabar, pro- che Calicur. CQ=BADASCHIAN,BADACHXAN,ouBUDASCAN, en latin Badachxium. Ville d'Afie , dans le Maure- nahar , capitale de la province du même nom. Quel- ques Géographes la prennent pour l'ancienne Bactres. BADAUD ,^AUDE. f. m. & f. Soc , niais, qui s'amufe à couc , & admire tout. Stolidus ,ftupidus , bardus. C'eft un fobriquet injurieux qu'on a donné aux habitans de Paris, à caule qu'ils s'attroupent, &s'amu(entà voir, & admirer tout ce qui fe rencontre en leur chemin , pjur peu qu'il leur lemble extraordinaire. Un Charla- tan a bientôc amaifé autour de lui plufieurs badauds. Il eft un lieu de Mimes habité. Et de badauds en tout temps fréquenté. R. Ce moc vienc apparemmenr du moc latin barbare hadaldus , fait de badare , qui fignifie béer , ou de l'i- talien badar, qui ne lignifie autre chofe que regarder ; comme le mot de hâbleur qui vient de l'efpagnol ka- blar , qui ne lignifie que parler. On difoit autrefois en françois, bader; pour dire , tenir la bouche ou la gueule ouverte & béante. Quelques Auteurs dérivent ce mot à hagaudis , qui étoient des rebelles qui firent bien desdéfordres en France du temps de Dioclétien. M. Huet dit que badaud fe dit par corrupcion pour bidaut j & que bidaut eft le même que bedeau. BADAUDAGE. f. m. Entretien & adion , manière de badaud. Stoliditas ,Jlupor. Il a die, il a faic cela par pur badaudage. On peut voir dans Marot l'épîtrc du Biau fy de Pazy avec la réponfe de la Dame , où le 694 BAD vulgaire badaudage &:Parifien eft fort bien reprélenté. Mas eu R. B/^DAUùER. V. n. Faire le badaud, s'arrêter à une chofe qui n'en vaut pas la peine. Inepùre , ojcuare. BADAUDEKIE. i. £ Ineptia. Action , qualité , difcours à^ badaud, lotnle. Ce que vous dites la cil: une han- che hudaudate. Journel, qui a été mon Imprimeur , ne vouloir pas imprimer ce que j'ai écrit dans mes Ori- gines de la langue fiançùite touchant la badaudene^ de Paris , a cauie qail en éioit. A Dieu ne plaile, ditoit- il, que j imprime rien contre ma patrie, ba naïveté m'inlpira ces quatre vers. De peur d'offenfer fa patrie 3 Journel 3 mon Imprimeur , digne enfant de Paris , Ke veut rien imprimer fur la badauderie. Journel ejl bien de fon pays. Menagiana. BADE. C'eft le nom de quelques villes d'Allemagne. Bada j ou Badena. En allemand Badcn. Quelques- uns écrivent même 5i;û't;/2 en trançois \ mais il eft mieux d écrire Bade j & l'on prononce toujours aiuli. Bade. Petite ville en Suiilê , lur la rivière de Limmal à cinq lieues au-deflousde Zurich. Bada^ Baden&aquAy Caficllum aquarum y aqu£ Helvetid, Therni& fuperio- res. Elle eft renommée pour fes eaux chaudes & mé- dichiales, & capitale d'un petit comté dans l'Argow. Mat Y. Bade en Suube j à une lieue du Rhin, dans le marquifat de Bade-Baden , a cinq lieues de Strasbourg , 6i ahuit de Spire. Bada , Thermdi inferiores. Bade eft une jo- lie ville. Elle j^ des bains renommés. Le mar^uilat de Bade y Badenfs marchionatus , eft du cercle de Sua- be. Il a au nord le Palatinat du Rhin & 1 évcché de Spirei au levant le duché de Wirtemberg, &: le comté d'Eberfticin, au midi i'Ortnaw i &au ciUchantl'Al- face , dont il eft (éparé par le Rhin. Il eft divile en i\iar- quilat fupérieur, ou de Bade Baden, dont Bade eft capitale; & en marquiiat inférieur , ou de Bade-Dour- lachy dont Douilach eft la capitale. Maty. La Mai- fonde Bade elt très- noble & très ancienne. Les uns la font defcendre des Rois Goths, d'autres des Urlms , & d autres des Ducs de Zéringhen, ou des Seigneurs de Véronne. La branche de Bade-Baden eft catho- lique. Celle de Bad Dourlach eft de la conteiîîon d'Ausbcurg. Maty. LePriitce Louis de Bade a étcun des plus g.ands Généraux qu'aiteu l'Allemagne. /''bvf^ iMHOFFlurles Marquis de Bade 3 Notit. Imper. Pro- ccr. Lib. IV 3 C. FIIL Il y a encore une petite ville nommée Bade j dans l'Autriche , à fix lieues de Vienne au midi. En allemand bad lignifie un bain , & baden , fe bai- gner. Tous ces heux, & beaucoup d'autres, portent ce nom , parce qu'ils ont des bains, fer Bade ( les de^ de). Tefferx badentes luforiie , qui fe trouvent dans beaucoup de collections, ne (ont point de véritables pierres. Ces dez lont faitices ■, & quoi- qu'on en ait trouvé un alfez grand nombre répandus dans les campagnes, aux environs de la ville de Bade , en Allemagne , ils n'en lont pas plus réels. On pourroit prélumer que les loldats des légions romaines qui ont campé autrefois dans ces cantons , fe font fervi de ces dez pour jouer. D'autres dilent aue l'on avoir inftirué dans ces mêmes pays des jeux en l'honneur de la Dcelfc Ifis, & que ces dez éroicnt de quelque ulage dans ces fortes de fêtes. BADEAU. Voye^ & écrive^ Badaud. CCF BADEBOU. Petit pays d'Arrique, fur la côte de l'Océan, dans le pays des Nègres, au nord de la ri- vière de Gambie. BADELAIRE, ou BATfDELAIRE. Terme de Blafon , qui fe dit d'une épée courte, large & courbée aniime un fabre , ou cimeterre ancien , qui étoit fort en ufnge chez les Huns. Acinaccs. Ce mot fe trouve dans p'u- lienrs Auteurs françois-, ik on croit qu'il vient de hal- te aris ^ parce qu'on appeloit autrefois /•t;:/fl' où il mon- tre qu'ils n'étoient point Chrétiens, & que ce ne fut point une révolte de Chrétiens contre les Romains , comme des Sacrilèges , ainfi que le dit l'Auteur de la vie de S. Babolin qui n'eft que du VII^ fiécle. Maxi- mien, félon la vie de S. Maurice dans Surius , dcman- . doit deux i'ermensàfes troupes, l'un de combattre les bagaudes , l'autre depeiiécuter les Chrétiens. Ainfi elle ne confond point les Chrétiens avec les bagaudes. TiLLEM. Voye-:{ Salvien Liv. V, de vero Jud. & Pro- vid. Eutrope , Orofe fur Dioclétien, Du Chefne Bfl. Franc. Script. T.I , p. 8 ç , ço , iS q , i pi , i pp , 6sp , 66 1 , 662. Il paroîr par ce que nous venons de dire, que ceux qui écrivent bachauda , comme Cambden, p. i4,o\x bacauds,, & bacaudes , au même endroit, Sigoniust/e Imp. Occ. Chorier,le P. Lobineau & Godeau enpaHant de ceux d'Efpagne , & ceux qui le dérivent de beiclri- ad, qui enAnglois (x'^xvSït dz-i porchers ,dzi payfans , fe font ttompés , auflî-bien que M. Godeau, quand il dit, Hfl. de l'Egl. Liv. III,p. 30S , que bagaudes Tttc épS BAG fignifie voleurs. Il n'eft pas viai non plus que ce foit itlien &c Aniand , les premiers chefs de cette faction, qui aient tiré ce nom de la plus vile populace pour le l'appliquer, comme ledit Chotier.ll lemble bien plu- tôt qu'on le leur donna , & que ce ne tut point eux qui le prirent. Enfin le P. Jourdan le trompe aulli quand ildit,Ziv. II, p. ÇS:> que ^^^ bagaudes pri- rent ce nom qui marquoit la balfelFe de leur condi- tion, ou peut-être le tribut qu'on les forçoit de payer. Quelques-uns les ont appelés aulîî baogandcs , bac- carides & bagarldes. Foye^ De S. ivii^n , Antiqui- tés de Bourg. pag. <^j j>-^arus, Goth de nation, mais attaché au fervice d'Honorius , fit la guerre à Conitan- tin, d'abord avec alfez de fuccès-, mais il fut bientôt contraint de repaller les Alpes : ce qu'il ne put hue qu'en capitulant avec, les bagaudes , efpèce de milice du plat-pays , révoltés dès le temps de Diocletien. M. l'Abbé Du Bos. Bagaude, r. i. s'elt dit aulîî pour révolte. Prolper dit dans la C\-iïo\\ic\\it , Eudoxius in bagauda id tem- poris motâdelatusj ad Cunnos confugit. Quelques- uns difent que ce nom fe donna aulîi au lieu qu'ils oc- cupoient , & a tout le pays des environs de Paris , dont ils fe rendirent les maîtres. Quelques autres croient que la Bagaude j ou Bagaudie jnèzoizçoint un lieu fixe, mais que c'étoit l'endroit où les bagaudes étoient en plus grand nombre , où étoit leur principal corps , ou ademblée , leur armée, ou leur camp principal. BAGDAD , ouBAGDAT , BAGHDAT , ou BAGDET. Ville de l'Ahe, lituée furie Tigre, qu'on croit être la même que l'ancienne Séleucie. Bagdadum. Elle a en- viron trois milles de circuit. A trois lieues de Bagdad , entre le Tigre & l'Euphrate , on voit les débris d'une ancienne tour que les Arabes dilent avoir été bâtie par un Prince Arabe , qui y allumoit un fanal , pour lal- fcmbler les iujets en temps de guerre. Bagdad eft lous k domination du Grand-Seigneur depuis l'an 165S , qu'Amurat l'enleva au roi de Perle. Dicl. de Peint. & d'Arch. Du Loir nous a donné la tradudtion du fiége &c de la prife de Bagdad, fous le titre Ae conquête de Babylone , par Sultan Mourat, p. 22 s defon Voyage du Levant i& fuiv. Sultan Mourat prit Bagdat en 40 jours. Id. p. 2^/. Cette ville, que quelques-uns pren- nent fans railon pour l'ancienne Babylonne , ell à 66^ , 1', 18" de longitude, & 34'^, 3o',o" de latitude. Se- lon Harris &c félon Stredt , dans fon Agronomie , feu- lement à 6zd, 48', 8". fer BAGE. Petite ville de France , dans la principauté de Dombes, à deux petites lieues de Mâcon. ifT BAGHAR. Ville d'Aile, dans la grande Tartarie , au pays de Karakitai. ' |k? BAGHARGAR, ( le ) Pays fort étendu de la grande Tartarie. On l'appelle autrement le royaume de Tangu. Voyez ce mot, BAGHE. Sarcina. Terme de Coutumes. Dans la Cou- tume de Hainaut, & dans celle de Mons , baghe figni- fie le bagage qu'on donne à un ladre avant que de le mettre hors d'une ville : ce bagage confiile en un cha- peau , un manteau , une cliquette , & une beface. De "Lauriere. Baghe , fuivant la manière d'écrire de ces pays-là , elt la même chofe que bague en François. Voye\ Bagage, ou Bague. ce? BAGIAH , & BAGIAJAH. Ville de l'Afrique. Nous l'appelons aujourd'hui BUGIE. Foye^ ce mot. ^ BAGNAGAR. Ville d'Afie , dans l'Indouftan, capi- tale du royaume de Golconde. On l'appelle aulli Gol- conde. ^ BAGN AKIAH. Peuples d'Afie , entre le pays des Ko- rafiens & celui des Grecs , confinant vers le feptentrion avec les Rulles ou Mofcovites. Ce font les Tartares que nousappelons aujourd'hui i\^o^ai!'e«j ou Nogaiski, vers les embouchures du Volga. $3=- BAGNAREIA. Ville d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife, & dans le patrimoine de S. Pierre , avec un évêché re- levant immédiatement du Saint Siège , entre Monte- Fialcone &Orviette.C 'eft la patrie de S. Bonaventure. BAGNE, f. m. Ce mot fignifie le lieu où l'on renferme les efclaves. Ce n'eft pas un mot turc dans cette figni- ficatioji. Les Turcs ne le connoiffent pas dans leur BAG langue. Il vient de l'italien hagno , qui a cette fignifi- cation avec celle de bain. Ainli l'on dit, le bagno de Ligourno , en parlant du lieu où les efclaves font ren- fcimés. On appelle les lieux où l'on renterme les ef- claves en Turquie, bagnes , du mot italien bagno , parce qu'il y a des bains dans laprilon où l'on enferme à Conftantmople les elclaves du Grand-Seigneur j en- fuite on a donné ce nom à tous les lieux de la même ville où l'on renferme des efclaves. On ôiit,\ts bagnes du Grand-Seigneur , pour dire , la prilon des efclaves du Grand Seigneur. De Conftantinople l'on a porté ce nom dans tous les autres endroits où les Mahométans font ét.ablis. L'on dit, les bagnes d'Alger; les bagnes de Tunis ; les bagnes de Tripoli. Dans la bagne de Tri- poli eft une petite Chapelle où quelquefois il y a des Prêtres captifs qui dilent la Melle. P. Dan. Ces ba- gnes lont d'alfez grandes mailons , où il y a plulieurs petites chambres fort balfes & lombres , toutes voû- tées. En chacune lont renfermés 15 ou lé efclaves couchés fur la dure , li ce n'eft qu'ils aient le moyen d'acheter quelques nattes de palmier. Celui qui a la charge de ces bagnes s'appelle le gardien Bachi , qui a quantité d'Officiers & de valets commis à la garde de ces pauvres gens. S'ils s'échappent, c'eft lui qui en doit répondre. Pour empêcher que cela n'arrive, il tient pendant la nuit plulieurs fentinelles en ces ba- gnes. P. Dan. Hijî. de Barbarie. A Salé, les lieux où l'on met les captifs ne s'appellent point bagnes j mais Matamoures. Id. ifT BAGNE, f. m. Terme de Verreries. C'eft ainfi qu'on nomme dans quelques Verreries en bouteilles le poin- çon dans lequel on palfe au tamis la terre à pot au lor- tir du moulin, & la terre gralFe bien moulue & bien épluchée, pour faire de l'une & de l'autre la matière des pots. Encyc. BAGNÈRES. Petite ville de France au comtéde Bigorre,' en Gafcogne. Aquenfis vicus , ou aquA Bigerronum. Elle a été ainfi nommée de fes eaux minérales. Elle eft fur l'Adour. tfT Les deux bains des pauvres , ceux de la goutte, de S. Rochj de la. Reine & de Y âne lont au pied delà montagne la plus proche de Bagnères. Le bain du Ja- lut eft à un quart de lieue de la ville. Celui de \d.forge j le grand & le petit bain lont dans Bagnères même. Entre les eaux de tous ces bains , on n'a trouvé de dif- férence que dans le degré de chaleur. Ces bains font très-falutaires&très-fréquentés dans les deux laifonsJ Ç3" BAGNERES. Aqus. convenarum. Bourg de France,' dans le haut Comminge , dans la vallée de Luchon , au pied des Pyrénées , alfez près des fources de la Ga-» ronne. Il y a| aullî des bains d'eriux minérales. DCr BAGNEUX. Village de l'île de France, dans la ban-: lieue de Paris , au midi. ^fT II y a encore en Bourgogne , dans le pays de la Mon- tagne, paroilfe dudioccle d'Autun , un bourg nomme Bagneux-les Juifs. IfT BAGNIAS ou VALAmA.Ba/anea. Petite ville de Turquie , dans la Sourie , lur la côte de la mer , envi- ron à foixante-quatorze mille pas de Tripoli. BAGNOLE, f. m. & f. Nom d'hérétiques. Bagnolus.Oii trouve aullî BAJOLE.Bajo/us. On les nommoit encore Cazoques , Ga:^oci 3 &c Concordes. C'étoit une ef- pèce de Manichéens. Voye:( Bagnolois. ( bagues aux doigts. Ce mot vient de bacca ^qMc les Latins ont dit d'une perle ronde. .VîÉnage, après pluheurs autres, un Gan- ge le dérive de baga^ qu'il dit avoir hgnifié un coffre dans la baffe latimté, d'où il prétend qu'eft venu aulli le mot de baga<^e ; ou bien après \ Elemcntarium Doc- crina Rudimentum de Papias , de bauga j ou bauca , qui iigninoit des braffelets , que les honnues por- toient autrefois , d'où il prétend qu'eft venu aullî le mot de bagatelle. Icquez remarque que boug j dans la langue des Francs , baug dans celle des Goths, bagua dans celle des Cimbres , beag & beg dans celle des Saxons , lîgnilient bijou , brairclct, pier- rerie \ & il dit que c'eft de ces mots , qui font tous fort approchans, que bague efl; dérivé. Il ajoute que bman & bugan veut àhc fiéchir ^ courber, &que ce verbe faxon eil; la racine de tous les mots que nous avons rapportés ici. Etienne Guichard croit qu'il peut être emprunté de l'hébreu -\j.o,beg.hed , habit; c:ir ba- gue lignifie meuble , vêtement , comme il paroît par cette phrafe , le retirer bagues fauves. Cependant ba- gue tncc fens ne vient point dc^XIiybegked , mais de braccA, braies, habit très-commun chez nos anciens Gaulois. Le même Etienne Guichard dit que bague dans le fens d'anneau vient de l'hébreu n j;D"i7 , qui li- gnifie la même chofé, en retranchantle u/. Cela ne pa- roît guère mieux tonde. Bague d'oreille, eft un petit cercle d'or, enrichi de pierreries , que les femmes portent aux oreilles, qu'el- les percent à delFein. Monde penjlle. On dit aujour- d'hui boucles d'oreilles. CoUife de bague , Equejlris palejlra , equejlrls dif- curfionis genus , equeftris decuffio , eft un exercice de manège que font les jeunes gens , pour montrer leuradrelle, lorfqu'avec une lance, courant à toute biide , ils emportent une bague fufpendue au milieu de la carrière à une potence. Bagues et joyaux. En droit. Gemma, monilia, va/a, 8cc. §3" Sont les ornemens qui fervent à la parure des fem- mes, comme colliers, pierreries & autres chofes fembla- bles. Dans tous les contrats de mariage on ftipule que les femmes emporteront Icuïs bagues & joyaux , ou une certaine fomme en atgent qui leur en tiendra lieu. Tome I. BAG 6p^ ^ Ces ornemens font meubles, & confidérés comme tels, de quelque valeur qu'ils foient: par la raifon que ce n'cft pas le prix des choies qui les rend meubles ou immeubles , mais leur nature ik leur qualité. Ainfi comme la nature d'une choie ne peut être changée par fa rareté, ni par fa valeur, une chofe qui eft meuble par fa nature, ne peut devenir immeuble, quoiqu'elle loit d'un prix conlidérable & d'une rareté extraordinaire. Cependant par l'Ordonnance de 1667, les bagues & joyaux de la valeur de trois cens livres & plus ne peu- vent être vendues qu'après trois expolitionsà trois jours de marché difterens; li ce n'eft que le laifilfant ôc le laifi n'en conviennent par écrit. Charles IX diloit que la vie n'étoit pas deli grande conléquence, qu'elle dût être gardée dans un coffre , comme les bagues de la couronne. Brant. Bagues, lignifie auiîl toi^s les meubles qu'on a les plus précieux, loit en argent, pierreries, ou autres chofes en petit volume. Supellex pretiojior. Ainfi on dit dans les compohtions qu'on fait aux gens de guerre qui le rendent, qu ils fortiront vie & bagues fauves ; pour dire, avec tout ce qu'ils poutront emporter. Cette ma- nière de parler vienr de ce qu'autrefois en France, on difoit hii'^ue pour bngage. Et bague en ce fens femble moins hgniher des meubles précieux, comme bijoux & pierreries , que des habits, du \2Xm.hrai.c& , partie de Ihabillement de nos anciens Gaulois. On dit proverbialement qu'un homme s'en eft allé bagues lauves; pour dire, quil eft lorti d'une affaire, d'un procès, du jeu , d un péril, (ans qu'il lui en ait rien coûté. Salvus , incolumis. Salvis vafis , latere teclo evûjït. On dit figurément d'une maifon de campagne , ou d'une autre chofe de prix qu'on n'a que pour le plai- Jir, pour l'ornement, &c qu'on peut vendre aifcmcnt, que c'eft une bague au doigt. Bague, terme de ÎViarine. Nom qu'on donne à une petite corde mife en rond , dont on fe fett pour faire la borduie d'un œil de pie , ou œillet de voile. I^J" Bague, chez les Faébeurs d'orgues. C'eft un anneau fondé lur le corps du tuyau, au travers duquel palle la rolette qui fert à accorder les jeux d'anches. BAGUENAUDE, f. f. 'Vieux mot françois. C'étoit une ancienne lorte de Poche toute malculine, dont la rime étoit mauvaite &: peu eftimée ; & louvent fans rimes & en g.ahmathias. Palquicr en fait mention au Liv, VII. (3n en a fait le met de baguenauder. Baguenaupe, eft auffi le fruit d'un petit arbre qu'on appelle baguenaudier. 0C? Ce fruit eft enveloppé dans une capfule membraneufe enflée comme une velîîe que les enfans font claquer enla preilant entre les mains. Halicacdhus , folanum , veficaria. BAGUENAUDER, v. n. Faire le badaud , s'amufer à des bagatelles , à des chofes vaines & frivoles. Nugari. C'eft à nous à rêver & à baguenauder, & aux jeunes gens à chercher de la réputation. Mont. Parmi tant d'admirables adions de Scipion l'aïeul, il n'eft rien qui lui donne plus de grâce que de le voir noncha- lamment & puérilement baguenaudant , amaffer &c choifir des coquilles avec Lœhus fon ami intime. Id. Ce mot qui eft vieux & familier, vient de ce que les enfans s'amufent avec des baguenaudes , prenant plaihr au bruit qu'elles font en les crevant entre leurs mains; ou félon Pafquier, de faire des baguenaudes. BAGUENAUDIER & BAGENAUDIER. f. m. Colutea veficaria. Arbriffeau branchu , revêtu de deuxécorces, l'une cendrée & quelquefois lavée de pourpre, l'autre verte. Ses feuilles font rangées comme par paires fur une côte terminée par une feule feuille. Elles font pe- tites , un peu ovales, charnues , molles, liiîes & vertes en deffus, plus pales , & un peu velues en deffous, amères au goût. Ses fleurs font jaunes, légumineuies; auxquelles fuccédent des fruits ou velîies veites , quel- quefois roufsàtres , tranfparentes , c]ui renferment de petites femences brunes & taillées en rein. Cet arbril- feau vient en Languedoc , & dans pluiîcurs endroits du royaume : on en trouve auffi dans les jardins. Ses feuil- les & fes femences purgent plus violemment que le Sene. Chomel , dans le Diciionnaire Écon. décrit encore Ttttij 'joo B A G un autre haguenaudler y qu'il appelle \ arbre du raijîn. Il eft pecir , & a la feuille comme le luieau : Ion bois elt toit frêle , les feuilles blanches, & rangées en grap- pes , de mcme que le fruit, qui vient dans de petites gouiies roufsàtres , allez femblabks aux poids chiches , «quoique plus gros. Il a au dedans un noyau tirant fur le vert, qui elt doux à manger, & qu'on appelle Pif- lachefauvage ; mais il ex<;ite à vomir, il naît dans les f jrcts. Il rieuric au mois de Mai , & fes noifettes font mûres en Septembre,^ ont les mêmes propriétés que les piilaches. Baguenaudier. f. m. Celui qui baguenaude. Nugator. Ce mot elli vieux en ce fens & du ftyle familier. Voilà un franc bague naudicr. §C?On appelle encore bagucnaudier ^ uneefpèce de jeu d'enfans. BAGUER. V. a. Terme de Tailleur d'habits , qui ligni- he , arranger les plis d'un habit, d'une robe, d'un vê- tement, & les arrêter avec une aiguillée de fil ou de foie. Il faut baguer avant que de coudre._ Baguer. Terme de Palais. C'eft donner à fa future, ou à fa fiancée, des bagues &C joyaux. Sponfa annulum off'erre. Si le fiancé , après avoir baguées, fiancée , vienr a décéder-avant les époufailles, elle eft tenue de rendre les bagues & joy.aux aux héritiers du défunt , ou au marchand qui les a vendus , & qui n'en a pas été payé. Il y a des Arrêts rapportés par Chenu, Centurie 2^. QuitjL 46 y un, entr'autres, qui fut rendu le 14 Mars 1619. Jean-Jacques Ragueau, Orfèvre, ayant vendu pour la fomme de 487 livres dix- huit fols de bagues à M*^ André Le-Mort, Avocatà Bourges, pour baguer Catherine Barat fa promife , & ledit Le Mort étant dé- cédé avant la fulennilationdu mariage, la Cour ordon- na que les bagues &: joyaux reçus par Catherine Ba- rat feroient rendus à l'Orfèvre. Ce mot n'eft pas reçu. BAGUETTE. Bâton fort menu, plus ou moins long, Hc de ditïerens bois, luivant fon ufage. Vïrga y bacillus- Baguette de fufil, ou autre arme à feu , eft une longue verge de bois , ou d'autre matière qui fert à les char- ger en preirant la poudre & la bourre, & qui fe remet dans le lut. Baguette, fe dit aufîl des bâtons qui fervent à battre le tambour. Baguette, fe dit aulTi des bâtons de Fauconniers pro- pres à fourer dans les bullFons , & faire partir les per- drix , ou pour tenir les chiens en crainte. Celles des Autouriiers s'appellent chajjeolres. Baguette, en termes d'Architpdure , fe dit des petites moulures , fur icfquelles on taille certains ornemens , dont on fe fert en Architeécute & en Menuiferie , qui repréfentent une baguette. On l'appelle aulH Aftragalc & Chapelet. Baguette, en termes de Hongrieurs. Les Hongricurs nomment ainfi un certain morceau de bois long & rond, qui varoujoursen diminuant de grofleur depuis le milieu jufqu'aux extrémités, ainh qu'une fufée, dont ils fe fervent pour unir leurs cuirs avec le pied. Baguette, eft aulîî chez les Corroycurs , le morce.iu de bois fur lequel ils érendent leurs cuirs, pour les fé- cher chaque fois qu'ils les ont foulés à l'eau. Baguette, qu'on nomme plus ordinairement bayette. Etoffe de laine non croifée, qui fe fabrique dans plu- fieurs Provinces de France , & qui eft propre pour le commerce d'Efpagne & de Portugal. Baguette. Terme d'Artificier. C'eft une petite pièce de bois qu'on attache à la fulée volante , & qui doit être de poids égal à la fufée , pour lui fcrvirde contrepoids -, • autrement elle ne montcroit pas en l'air. Il y en a de deux fortes , les unes qu'on devroit appeler des fou- loirs y fonr courres, eu égard à leur groireur ; les unes maffives , les autres percées fuivant leur axe, font del- tinées à charger les cartouches des fufées de routes elpèces de matières combulliblesi les aunes fortes de baguettes font longues & minces , pour lervir à diri- ger la courfe des futées volantes, en les tenant en fi- tuation verticale , la goige d'où fort le feu tournée en bas. Baguettes à rvcche. Terme de Cirier. Les Ciriers qui rravaiilent à la fabrique des bougies de table , appel- BAG lent de la forte de groffes baguettes d'environ trois quarts de pouce de diamètre , fur Ictquclles ils enfi- lent leurs mèches , à melure qu'ils les ont coupées de longueur. Baguettes, f. f. pL VirgA. Paffer par les baguettes y eft • une punition dont oii châtie les (oldats qui ont fait des fautes qui ne méritent pas le dernier lupplice. On met la Compagnie en deux haies ; le patient tient un faifceau de baguettes j & il en prélente une à chaque foldat : après quoi il palfe entre les deux haies , les épaules nues, (îi; va d'un bour à l'autre, pendant que chaque foldat lui en applique un coup fur les épau- les, (Scil faitainli autant de tours qu'il lui eft ordonné. Cette peine elthonteufe & fiétrillanre, comme le fouet par les carrefours; c'ef^ pourquoi lorfqu'un foldat a paflé par les baguettes y il devroit être indigne de fer- vir davantage : mais on le rehabilire en taifant pafler le drapeau par-delFus fa tête , au fon des tambouts , après quoi on fait défenf es de lui reprocher la chofe , fous peine du même f upplice. La peine de pafier par les baguettes n'cft point fïetriflante en Allemagne. On la donne pour la moindre faute, & elle n'eft pas plus déshonorante que la prifon en France pour les foldats. Baguette. En termes de Fleurifte on appelle baguettes y les tulipes qui viennent de Flandre ; à cauf e de la force & de la haureur de leur tige. Baguette, en Peinture, eft ce que les Peintres appellent appui-main y c'eft-à-dire , un petit bâton qu'ils ap- puient fut leur toile, pour loutenir la main qui tra- vaille avec le pinceau. Baguette divinatoire. Branche de coudrier fourchue , par laquelle on prétend découvrir les mines , & les fources d'eau cachées fous la fupeificie de la terre. Celui qui porte \a. baguette \n-x':c)at lentement lur les lieux où il f oupçonnc qu'il y a des mines ou des eaux \ & alors les corpufculesqui s'exhalent du métal , ou de l'eau que l'on cherche , imprègnent la buguette , & la font incliner. Avant le XV^ iiècle on ne troOve rien fur la baguette divinatoire y dans les Auteurs. Depuis qu'on s'en futavifé,on lui chercha de beaux noms. On l'appela Caducée y la verge divine y la verge d' Aaron. Les uns conteftcnt le fait, & nient que celafoir poill- ble. Les autres fe rendent aux diverles expériences qu'on allègue , & en cherchent des raif uns naturelles. Ils di- fent que les parricules qui s'élèvent des fources d'eau, ou des méraux imprègnent la verge de coudrier, & la détermincnr à le bailler pour la rendre parallèle aux lignes verticales qu'elles decrivcnr en s'élevant.Ces par- ticules d eau font pouflées au dehors par la chaleur fou- terraine , & par les fcrmenrations qui fe font dans les entrailles de la rerre. Or la baguette divinatoire étant d'un bois poreux, donne aifément paflage à ces cor- pufcules qui font extrêmement fubtils 61: déliés. Ces vapeurs poullées parcelles qui les fuivcnr, &prefrées par l'air quipefe deflus , font forcées d'entrer dans les petits intervalles de la baguette y & parcer effort elles la contraignent à s'incliner perpendiculairement , afin de f e rendre parallèles avec les colonnes que forment CCS vapeurs en s'élevant. ^fT 0\\ a même attribué à la baguette la propriété de découvrir les tréfors cachés , & qui plus eft les voleurs & les meurtriers. L'hiftoire du fameux fourbe Jacques Aymar, qui guidé par la baguette divinatoire y pour- fuivir en iG^x un mcurrrier pendant plus de 4J lieues fur rerre , & plus de 30 lieues fur mer, eft connue de tout le monde. Baguette sacrée. C'étoit autrefois une coutume parmi les François , quand ilsétoicnt en guerre, d'envoyer vers leurs ennemis des AmbalFadeurs avec de certaines ba- guettes,qu'As appeloienty.'.c/'d''c'jj parce qu'elles étoient les marques de leurcommiilîon, & les mettoient en sij- reté par le drcir des gens contre routes fortes d'infultes, ou de mauvais traitcmens. P. Jourd an. C'étoit comme le Caducée chez les Romains ik. les Grecs. Tit. Liv. Liv. Vlily C. .jo. Rhodig. Lecl. Antiq. L. XXI y C. On dit proverbialement , commander à baguette j commander impéricufement, par une figure tirée de la verge ou ha :i:'UCi: que portent les Sergens & Huif- fieis qui commandent de la part du Roi & de la Juf- BAH dce. D'auti'cs difent qu'il cH: piis de la baguette des Ecuyeis qui manient les chevaux avec une baguette ou une gaule. BAGUIER. 1". m. Petit coffre ou ccrain où on ferre les bagues & les pierreries. Arcula. Il eit divifc en plu- licurs petites raies ou idlons où on fourre l'anneau , en- forte qu'il ne paroït dehors que la pierre précieule. BAH. BAHAIRE , i. m. que les Portugais appellent barre j ôc que 1 on nomme plus ordin.iirement hahare. Poids dont on le lert dans plulieui's Oeux d'Orient , particu- lièrement aux Indes & à la Chine. BAH ALITE, f. m. Foyei Baalite. §Cr BAHAMA. Ile de l'Amérique feptentrionale, à l'o- rient de la prelqu'île de Floride. Les Anglois en font les maîtres. tfT BAHAMBAR. Ville d'Afie, danslaprovinecdeGhi- lan, (ur la mer Calpienne. Elle a changé ion nom en celui de Gurgian ou Giorgian. §Cr BAHANA. Ville d'Egypte , dans la Thébaïde infé- rieure, proche de Fium. Si l'on en veut croire une tra- dition des Egyptiens, tant Chrétiens que Mululmans, cette ville a été bâtie par J. C. & celle de Fium , par le Patriarche Jofeph. Suivant cette tradition , ce fut en ce lieu là qu'il appela les Apôtres qui préchoient alors lur le Nil, & qu'après y avoir régné enperlonne, il lailfa fes Apôtres pour fes fuccelleurs. Cette fable n'eft fondée que lur le voyage que J. C. fit en Egypte pendant (on emance. BAHARLEM , ou BAHREM,ou BAARAIN. île d'A- fie, dans le Golk perfique , vers la côte de l'Arabie heureule. Tylus , Baharelma. On faità^iz/zjrtJOTune grande pêche de perles au mois de Juin, Juillet, Août & Septembre. Il y a encore dans l'Arabie heureufe, fur le golfe de Perle, une ville de ce nom , entre Elcatif & Lapla. Maty. BAHBÉIT. Ville d'Egypte. Bahbéut^ vers le milieu du Delta. Il y a près de Bahhéït un temple d'Ifis. BAHEL SCKULLI. L m. Arbriffeau des Indes , épineux , qui croit dans les lieux aquatiques. Genïjlafpinofa ïn- dica vert'cillata , flore purpureo eœruleo. Il en a une autre efpèce qui vient dans les labiés , dont les tiges & les feuilles font d'un vert gai , &c les fleurs blan- ches, tirant un peu lur la couleur d'azur. La décoôèion de fa racine excite l'urine, î^ remédie à la fuppref- fion. DicT. DE James. §3" BAHIM. Royaume d'Afie, dans les îles delà Sonde, voifin de Timaon. BAHURIA1. Ville de Palcftine dans la tribu de Benja- min aux confins de celle de Juda , environ à deux lieues de Jérufalem, du côte du Levant. Maty. Sur une montagne. Saci. Le roi David étant venu juf- qu'auprès de Bahurim , il en ioitit un homme de la inaifon de Saiil appelé Séme'i , fils de Géra , qui s'a- vançant dans fon chemin, maudiffoit David. Saci. 2, Liv. des Rois. C. XFI j v. j. On l'appelle aujour- d'hui Bachori. BAHUS, ou ]MkH\}\S. Bahuflum. Forterelfe du royaume de Norwcge, capitale d'un gouvernement auquel elle donne fon nom. Elle eft fur un rocher environnée de Ja rivière de Thoieta. Le Gouvernement de Bahus j Bahufla , ou Bahufienfis j ou Bahufiana Prafeciura. Il a été cédé auï Suédois par les Danois en i6j8 , par la paix deRofchild. ÇCF BAHUS, Rivière de France en Gafcogne,, qui a fa lource dans le Béarn , près de Garan, traverfe le Tur- lan , paffe auprès de Buane & de Montgaillard , & fe perd dans PAdour entre S. Maurice & S. Sever. BAHUT. (. m. Coffre couvert de cuir dont le couvercle eft arrondi en forme de voûte, quoique plufieurs ne croient pas qu'il (oit de l'effence du bahut d'être tel. jirca eamerata. Le t ne (e prononce point. ICe mot vient de bajulo , félon Nicot j à caufe qu'on ie porte fur des mulets. Ménage le dérive de l'allemand iehuten, qui lignifie garder ; d'autres par métathèfc Sde l'hébreu , thebat j qui lignifie la même chofe. Du Cange le dérive de bahudum , qu'on a dit dans la balTe BAI -701 latinité, pour fignificr une efpèce de coffre. Quelques- uns croient qu'il vient du mot celtique bahu j qui h- gnifie cortre dont le deilus eft fait en rond. En Maçonnerie , on dit qu'une pierre eft taillée en bahut , quand elle eft un peu arrondie par-dcllus , com- me font celles qui (ont au-deft'us des parapets, ou des appuis des quais & des ponts. Entérines de Jardinage, on dit qu'une plate-bande, une planche, ou une couche, eft ^n bahut , lorfqu'ellc eft bombée & arrondie fur fa largeur, pour faciliter l'écoulement des eaux, & mieux élever les fleurs. La Quintinie , dans fon Injlruclïon pour les Jardins, Se Liger,^ dans (on Diclionnaire d' Agriculture , écrivent bahu fans t j, mais mal, quoique dans la prononciation on ne falfe point fentir le t. De plus, ils ne difent point (implement en bahut , mais en dos de bahut , ce qui paroît mieux. Elever de la terre en dos de bahu. Il faut dans les terres humides les élever autant que l'on peut en dos de bahu. 'Quint. BAHU 1 1ER. (. m. Arcarum cameratarum opifex. Ou- vrier qui fait des bahuts, des coffres, des vali(es,des malles, des cantines; le tout couvert ordin.iirement de peau de veau, de vache de roullî, de porc, &;de toutes fortes de cuirs , à la réfervc du c)\3.%n\\.Bahutier com- mence à vieilhr. Plufieurs aiment mieux dire Mallier, & même Coffretier, que Bahutier. On dit proverbi.TJement, qu'un homme fait comme les Bahuriers , qu'il fait plus de bruit que de befogne j lorlqu'il tait beaucoup de bruit, & peu d'ouvrage. BAI. fCTBAI. adj. Prononcez hé. Terme de manège, qui dé- figne la couleur du poil d'un cheval qui tire fur le rou- ge, qui eft de certaine couleur de rouge brun. Ce che- val a le poil bai. Ce poil a diverfes nuances. Bai brun, bai clair, bai cerili, bai doré, bai obfcur, &c. Cette épithère s'applique aulVi au cheval même. Monter un cheval bai. Badius , phceniceus y fpadiceus ^fpadici- nus , Gufpadicus, &c. Ménage dérive ce mot de baius, latin , qu'il fait venir du grec ccU , qui iignifie un rameau de palme , qui eft en la couleur /^fl/t'j ou du grec ?««';, Du Cange cite Ugution , qui dit que les Anciens appeloient un tel cheval vadium^ de vadoj à caufe qu'il alloit plus vite que les autres. ICJ" BAIAMO. Contrée , province ou canton de l'île de Cuba, l'une des Antilles, dans l'Amérique Septentrio- nale. BAÏANISME. f. f. Nom de feéle. Dodrine de Michel de Bay , appelé communément Balus, Baïanifmus , feciajy doclrtna Baii. Le Baianifme en tant qu'il li- gnifie un corps, unfyftêmededodhine, eft la dodrinc enlcignée parEaïus, & comprife en 79 propofitions , condamnées par Pie V, dans la Bulle Ex omnibus afflïc- tionibuSi & par Grégoire XIII, dans la Bulle Provijio- nis no/tra. Baïanifme pris pour un nom de fed:e,eft l'allcmblage de ceux qui tiennent les erreurs de Bai'us. Michel Baïusoude Bay, né en IJ13 , dans le Hay- naut, au territoire d'Ath, après avoir fait fes études dans l'Univerfité de Lcuvain, y fut reçu Docleur en ijjo, & en devint Doyen. L'année iuivante, il fut nommé Profeffeur de l'Ecriture Sainte, par Charles V. Ce fut alors qu'il entreprit la défenle de la Religion catholique contre les Luthériens dans quelques ouvra- ges qu'il mit au jour ; mais lous prétexte de ramener ces Hérétiques au fein de l'Eglife , il s'approcha de leurs erreurs en plulieurs points; & il alFure lui-même qu'il s'éloignoit des lentimens & des façons de parler des Ecoles catholiques. Dans ces Ouvrages il faifoit revi- vre divers points de la doârine de Calvin, qu'il dégui- foit avec beaucoup d'artifice, & qu'il prétcndoit met- tre à couvert fous l'autorité de S. Augultin, comme avoit fait Calvin lui-même. Les opinions de Baî'us ont été réduites à 80 propofitions ou environ, ielon qu'on en a ou divifé ou réuni quelques unes. On peut les ré- duire a diverles clafles. Il y en a onze touchant lagrâce des Anges, \k celle du premier homme. Dix touchant qoZ BAI le libre arbitre. Quinze touchant les mérites des bon- i nés œuvres. Dix-neuf touchant les péchés aduels & le péché originel. Dix touchant la charité & l'obfervance des Coramandemens, Huit touchant la juft:ificrrion& leificace des Sacremens. Cinq couchant les peines dues au péché. En I ;;2 , Ruard Tappcr , Chancelier de l'univerfité de Louvain , & Inquiiiteur de la Foi, qui avoicété Maître de Baïus, le joignit àJodoquc Raveltein pour s'opporcr aux erreurs de Baïus. Ces deux Doâeurs avofentaffifté au Concile de Trente; mais, voyant que Baïus & Helicls ne celFoient de répandre leurs dogmes pernicieux, ils les déférèrent au Conleil fouverain de Bruxelles, & a Grandvelle, premier Miniftre. Les nou- veaux DoJteurs furent admonetés , & leur dodtrine défendue. Ils promirent de l'abandonner. En 1560, deux Cordeliers, l'un Gardien de ^Nivelle, & l'autre d'Ath, voyant la nouvelle doctrine, malgré les déten- les , fe répandre , & pénétrer jufque dans leurs Cloîtres, en déférèrent plufieurs articles à la Sorbonne, qui les cenfura le 17 Juin i j6o. L'année fuivante on prefenra au Cardinal Grandvelle , alors Archevêque de Mali- nes, plulieurs propofitions de Baïus, qu'on lui impu- toit : Baïus en défavoua la plupart, & expliqua les au- tres; a'.nii le Cardinal, pour appaifer le diftérent, im- pofi hlence aux deux partis. En 1563 , Baïus fut en- voyé au Concile de Trente, en qualité de Doéleur de Sa Majellé Catholique, & l'année fuivante Baïus de retour du Concile de Trente , mit au jour de nouveaux ouvrages qui rcnouvellerent les troubles. Pie V, p.ar une Bulle du i Octobre 1J67, condamna la doétrine de Baïus. La Bulle fut préfentée à ce Doéfeur. Après quelques difficultés, il s'y fournit, & abjura toutes les propolitions qui y font condamnées. Les Partilans de Baïus prétendirent que cette Bulle n'avoit pas été fûffi- fammcnt promulguée En 1 570 le Concile national des Pays-Bas, airembléà Malines, ordonna qu'elle le- roit publiée dans l'Univcrlîté de Louvain : elle lui lut lignifiée le 1 6 Novembre de cette année , par le Grand- Vicaire de Malines. Tous les Dodteurs y (oufcri virent unanimement : cependant quelques-uns ne laiiloicnt pas de foutenir les propofitions condamnées; ce qui fit qu en iy79, Grégoire XIII condamna de nouveau le Baïanifme i Se chargea le P. Tolet, Jéfuitc, déporter cette Bulle à Louvain , & de la faire recevoir. Il y réullit. Toute l'Univerfité a!remblée,Baïus reconnut fcs erreurs: il les rétracta , & d jnna un aâe de la rétiacf ation. Fut- ellc llncère , ne le fut elle pas î c'cft un problème. Pal» lavicin, Hiji. du Concile de Trente ,Liv. XV yC. 7. Théophile Renaud, de Lïbrïs configendis , n. j/j le P. Gravefon l'allurent même de fa première récraétation. Au contraire, Morillon, dans une lettre du z6^ Juin 1 568 , fe plaint que Bains n'avoit point changé de len- timeiit : mais il y a tout fujet de croire qu'au moins la féconde que Tolet ménagea, fut finccre, & que Baïus mourut fournis au jugement du S. Siège. Sa mort arriva le 16 Septembre 1589. Malgré cette féconde condamnation, Se quoique rUniverfité de Louvain l'eût reçue d'un conlentement unanime, & que chaque Doéteur eût promis avec fer- ment de ne foutenir jamais ces opinions, il fe trouva des Dodeurs qui continuèrent à les enfeigner, & qui même enchérirent beaucoup fur les erreurs de Baïus. Cela fit augmenter les conteftations, fur-tout entre les Jéfuices & Lefims qui enfeignoit alors la Théologie à Louvain , & les Difciples de Baïus. Odavius , Nonce du Pape, avec pouvoir de Légat à latercy crut que , pour les appaifer, il falloir impofcr filence aux deux partis. Il en écrivit à Sixte V , qui lui envoya ordre de le faire. Il fe tranfporta à Louvain en i jS8, où il ht publier qu'aucun des deux partis n'eût à noter d'aucune cenfure fes adverfaires, jufqu'à ce que le S, Siège eût prononce, & cela fous peine d'excomminilcation, Jac- ques Janfen, Profelfeur de Théologie à Louvain, con- tinua néanmoins à empoifonner les elprits de ces opi- nions nouvelles. Tels furent les commencemens du Bàianifme. Les principales erreurs du Bàianifme font que la grâce de l'homme dans l'état d'innocence , étoit due à la ira- BAI turc. Que dans l'état préfentde la nature tombée,cc qui le fait volontairement,quoiqu ille falfe nécellairemenr cft cependant fait librement. Qu'il n'y a que la contrain- te ou la violence qui foie contraire a la liberté naturelle de l'homme. Que le mérite ne confifte pas en ce que celui qui agit ell: en grâce, & pollède le Saint-Efprit , mais feulement en ce qu'il obéit à la Loi de Dieu, & que ceux qui dilent que pour mériter, il eftnéceflaire que l'homme loit élevé par la grâce d'adoption à un état divin , (ont dans l'erreur de Pelage. Que le péché origi- nel eft un véritable péché , quoiqu'on n'ait aucun égard à la volonté de celui qui lui a donné nailîance , qu'il ell: volontaire à l'enfant d'une volonté habituelle , Se domine en lui habituellement , dès qu'il n'a point d'ade de volonté contraire. Que tout crime eft de telle nature, qir'il peut fouiller fon Auteur & toute (a poftérité , com- me le péché du premier homme a lait. Que toutes les adions des Infidèles font des péchés, & les vertus des Philofophes des vices. Que tout ce que fait le pécheur cft péché. Que tout amour de la créature raifonr.able ell ou cupidité vicieufe, ou charité louable , &c. Voilà ce que c'eft en gros que le Bàianifme. §C? La plupart des erreurs de Baïus ont depuis été rcnou- vellées par le fameux Evêque d'Ypres Cornélius Jan- fenius. Voyz\ Jansénisme. Il ne faut point confondre Michel Baïus avec Jac- ques Baïus, fon neveu , dont nous avons un grand ca- téchifmefort Catholique. BAÏANISTE. f. m. & f. Difciple, fedateur de Baïus. Celui qui fuit les opinions de Baïus. Baianus , a. Ju- lien autoiifoit autrefcis le Pélagianifme du fufflage de faint Chryfcftome, & S. Auguftin fera Calvinifte & Bàianïfie j fi l'on en croit Calvin , Michel de Bay & Janlénius. Davrigny. BAIBLE. f. m. Nom d'homme. C'eft le même que Baby- las, dont il a été fait par corruption. Bahylas ^Bablasj Bable Baïhle , ou \>\t\-\BahylaSy Baljl^ Babel, Bably Bcble y Ba'ible. Voyez Babylas. On dit aulïï Babel, pour le même nom. BAIE. f. f. Petit golfe, ou bras de mer qui s'ouvre entre deux terres, où les vaifleaux font en sûreté , & qui eft beaucoup plus large parle dedans, que par l'entrée, à la diftcrcnce des Anies de mer, qui font plus larges par l'entrée que par le dedans. Sinus. La Baie de Ca- dix. La Baie de Gibraltar. La Baie de tous les Saints au Bréfil. On l'appelle aulli Sein & Anfe. (CT Ce qui diftingue h Baie de l'Anfc , c'eft que fon en- trée eft plus large que l'enfoncement, au lieu que l'en- trée de \'Anfe eil: plus étroite : mais on ne s'arrête pas toujours à cette ditîérence, & quand il a plu à un Ma- telot , ou à un Voyageur , de nommer quelqu'un de ces enfonccmens , Anfc , Baie ou golfe, le nom lui en eft demeuré. Baie , fe dit aulIî en Maçonnerie de toutes fortes d'ou- vertures qu'on laifFe dans les murs qu'on élevé, pour en faire des portes, & des fenêtres. On appelle aulli Ihr mer, les baies A'nn vailFeau, les ouvertures qui font en fa charpente , comme celles des écoutillcs, les trous par où paifent les mâts. Baie , en termes de Botanique , eft un fruit mou, charnu, fucculent, & qui renferme des pépins ou des noyaux. Bacca. On f e lert proprement de ce mot pour expri- mer les fruits clairlemés, comme le fruit du genévrier, du laurier, & femblables : mais lorlque les fruits font lamairés en grappe, ou en bouquet, on les appelle des grains: ainfi on dit un grain de raifin, & un grain de f ureau. Selon Saumaile Bacca j baie ie dit de tout fruit plus petit que la pomme, tels que (ont les cerif'es , les olives , &:c. Voyei cet Auteur fur Solin , p. y^ /^ (pS^ 60 p & fuivames. Baie. Tromperie qu'on fait pour fe divertir, par pure plai- fanterie. Mendacium , fraus. Il n'eft que du ftyle fami ] lier. Donner une baie à quelqu'un, payer d'une haie y verba dare. Le P. Thomallin remarque que les Italiens difent baia dans le même fens, & il croit que ces mots viennent du grec H^^'ii , parvus , modicusy petit , modi- que : il dérive même ^«"«'s, de bohou, mot hébreu, qui fignifie inanis J inane -, inanitas , tes inanis. On dit proverbialement d'un grand habJeur, que ' _ B A I c^èfl: un donneur de baies y qu'il repaît de baies ^ loif- qu'il promet beaucoup, & qu'il ne tient rien. L'origine de ce proverbe j félon Palquicr, le rapporte à un berger , qui dans la Farce de Pathclin étant cité en Juftice, ré- pondit toujours comme les moutons huie., à toutes les acculations de Ion maître, & aux interrogatoires du Juge; depuis lequel temps on a dit, repaître ou payer de baies , en parlant de ceux qui payent de vaines pro- melîeSjOU qui ont des entretiens ridicules. Ménage au contraire veut que ce mot vienne de l'Italien bala. Baie, ou Baies. Baïa. Ville ancienne d'Italie, dans ce que nous appelons aujourd'hui la Terre de Labour, proche de Naples , du côté de l'Occident. Strabon, Llv. V y dit qu'elle fut ainfl nommée du nom d'un des compagnons d'Ulyife qui y fut enterré. Il y avoir à Baies des eaux chaudes & minérales; ces eaux & la beauté du pays, qui eft un des plus déhcicux de l'Ita- tahe , y attiroient une grande quantité de Romains, qui y venoient, ou pour leur fanté, ou pour le plailir, ils avoient même bâti un grand nombre de mailons de plailance tout autour. Baies n été ruiné par la mer, & par les tremblemens de terre. C'étbit à Baies que les galères romaines palfoient l'hiver. On voit encore près de Baies un bâtiment fouterrain nommé Ze Cento Ca- marelle , c'elt-àdire , les cent petites chambres, qui croient, à ce que l'on prétend, des efpèces de caféines pour loger la chiourme roanaine. Caligula voulut join- dre par un pont le golfe qui lépare 5^7/« de Pouzzol ; en en voit encore les reftes. Mat y. Il ne faut point écrire Bajes , comme a fait cet Auteur; mais Baes ^ & le prononcer feulement en deux lyllabes, eniorte que al n'ait que le Ion d'un è ouvert. Baie. f. f. Les Anglois donnent ce nom à une étoffe de laine , que l'on appelle en France , Bayette ou baguette. Baie, fe dit, en termes de Marchandife, & de drogues médicinales, desgouires& fruits de plufieurs arbres. Baie de Grue. I. f. Fruit qu'on apporte de la nouvelle Angleterre , & qu'on dit excellent contre le fcorbut. Les Anglois l'emploient aulll dans leurs laulfes. Uvagruina. Baie de toutes les îles. Elle a bien dix-huit lieues de large, cs: efl: fur la côte de l'Acadie, à cinq lieues delà rivière de Théodore. Sinus omnium ïnfularum. Avant que d'y entrer, on trouve des rochers le long de la côte, & toutes les îles qui font dans ce tte baie, (ont des ro- chers. La Baie de tous les Saints a 12°, ji', 24", de lati- tude méridionale. P. Noël, Jéf. BAIER. Voye:^ Bayer. BAÏEUX. f m. Voyei Bayeux. I^BAIGNER.v.a. Mettre dans le bain ; plonger un corps nu dans l'eau , ou dans quelqu'autre Huide , enforte que les parties de ce Huide (oient appliquées immédia- tement à la peau. In balneum , in aquam demlttere , ïmmergere. On ne baigne point ceux qui font fujets aux rhumatifmes. Il y a des peuples qui baignent dans l'eau froide les enfans nouveaux nés. Ce Médecin a baigné huit jours ce malade avant que de le mettre dans le grand remède. On dit aulli, baigner un chien , un cheval; pour dire, les tenir quelque remps dans l'eau- Ce mot vient du latin vaguare , qui a été fait de vagna. Ménage. D'autres le dérivent à balnels. Se de bal a ne. §Cr Baigner, dans le fens figuré, (îgnifie la même chofe que mouiller, arrofer. rlgare , Irrlgare. Baigner (on lir de larmes. Cette mère affligée baignait fon vifage de pleurs. ÎCJ" Baigner, v. n. Signifie tremper long- temps dans quelque fluide. Macerarl , macerefcere. Il faut que ces ingrédiens baignent pendant quelques jours dans cette infufion. On fait ^t2/^/ztr la perce-pierre , les con- combres dans le vinaigre. Il faut que les olives bai- gnent dans une fiumure faite exprès. On dit hyperboliquement, qu'un homme afTafllné baigne dans fon fang; qu'un affligé aie vifage baigné de larmes; pour dire, qu'il a perdu beaucoup de fang , qu'il a verfé beaucoup de larmes. Baigner, avec le pronom pcrlonnel , fignifîe au propre, ufer du bain. Balneo uti. Les chaleurs ont été fi longues BAI 7of cette aline , qu'on a pu fe baigner pendant plufieurs mois. Se batficr tous les jours dans l'eau froide. Baigner, avec IcTi^ie pronom eft encore plusenufagc dans le fens fîgur > & fignifîe fe plaire à quelque chofe, y trouver un fiixuliei' plaiiîr. Delcctari. Votre cruauté ic baigne danyts pleuts que verfent vos amans. Voit. Cet homme i baigne clans les larmes des malheureux , il prend plaint à voir couler leurs larmes. Les Tyrans febalgnolen dans le fang desMarryrs , ils fe plailoient à k faire coller. Ainfi on peur remarquer la différence qn'ily a. en<:c baigner dans le fing , & fe baigner dans le fang. Baigner dans le fang , veut dire fîmplement perdre tcut fon fang; & fe baigner à-^ns le fang, veut dire preidre plaiiîr à le répandre. Baigner. fe dit auflî des rivières qui arrofent une cam- pagnen,qui palfe auprès d'une ville, qui fjurniflent des eaix' à un pays. Alluere. L'Egypte ell baignée par les eaix du Nil. Le Rhône baigne les murs de Lyon. BaigntR , en termes de Fauconnerie, fe dit de l'oifeau, lorl^ue de lui-même il fe baigne dans l'eau & qu'il le moJille à la pluie, ou qu'on le plonge dans le balfui quand on le poivre. BAIbNÉ , ÉE. part. Il a les fîgnifîcations de fon verbe , en latin comme en François. BAIGNEUR, f m. Celui qui fe baigne. Balneator. On voit dans le Gange des vingt ou trente mille baigneurs en même temps par un principe fuperftitieux de dé- votion. Baigneur , efl aulïî celui qui fait profeffion de baigner les autres, qui tient chez lui des bains pour le public, &qui efl d'ordinaire aulH Perruquier, Barbier & Ëtu- vifle. Balneator. Balnearlus. Les gens de quahté vont loger chez les baigneurs. BAIGNEUSE, f. f Celle qui fe baigne. Baigneuse, celle qui baigne les autres, & qui a foin des bains. Balneatrlx. BAIGNOIRE, f. f. Le vaifTeau ou la cuve où l'on fe baigne. Labrum y balnearlum Inflrumentum. %fT Les Hongrieurs appellent auffi baignoire la poêle dans laquelle ils font chauffer l'eau d'alun, & le fuif qu'ils emploient dans l'apprêt de leurs cuirs. Encyc. BAIGORRI. Blgurla , Balgorla. Petit pays de la BafTc- Navarre en France. Uefl dans les Pyrénées entre larivièic de Nive, ou d'Orcais, & la Ffaute-Navarre. Le Diclionnaire de Moréri fait ce nom pluriel , /es Balgorrl , puis immédiatement après fe corrigeanr oa fe conttedifant lui-même, il dit, (aint Etienne Ae. Bal- gorrl, & non pas des Balgorrl. Il arailon; car ce mot efl fingulier. M. de Marca, dans fon HlJIoire de Béarn , le fait toujours finguher. Oyenhart penfe que le Roi Encco étoit Vicomte de Balgorrl, qui efl une vallée de la balfe-NaVarre de deux lieues d'étendue , où il y a fix villages , & le titre de Vicomte , qui s'ell con- fervé dans la maifon d'Etchaus, le heu principal étant nommé dans un ancien titre S. Etienne de Harl^eta, d'où pourroit être procédé le furnom de Eneco Arijia, Mais la quahté de comté, que Roderic donne au pays de Bigorre , d'où vient le roi Eneco , ne peut être don- née à la vallée de Balgorrl. Marca. On appelle aulfice pays Balguer. Le roi Eneco n'é- toit pas le Vicomte de Balguer, ou Balgorrl , d'au- tant que le quartier de Sife , en baffe-Navarre , où efl fî- tué le vicomte de Balgorrl, étant compris dans le comté desGafcons, le VicomteétoitvafTaldu'Comte Azénar, qui n'eût pu fouffrir que fon fujct lui eût été préféré enlaRoyauté. Marca. Quelques-uns, comme Maty, é.cnvt\\r.Balgory , ou Baygorry ; M. de Marca tou- jours Balgorrl. BAIGU , ou BÉGU , UE. adj. Ce dernier efl feulen ufagc: Terme de Manège, qui (e dit des chevaux, qui depuis l'âge de cinq ans jufqu'à leur vieillelTe marquent toujours niturellement & fans artifice à toutes les dents de devant; car il s'y conferve un petit creux avec une marque noire , qu'on appelle germe de fève , qui aux autres chevaux s'efface vers les lix ans. ifr BAIL, au pluriel , baux. f. m. Terme dedroir. Con- trat par lequel on donne une terre à ferme ou une mai- fon à louage : ou convention par laquelle on tranfporte à un autre la jouifTancç d'mie chofe, d'une terre, d'une 704 BAI maifon , d'un droit , pendant un certain îiiips, moyen- nant un certain prix hxc par la convenAi-n. Locacio j con- ducîio.Lt ^di/ne transtèreque 1 ui^e, (Se la jouillancede lachofe. Le i^ijz/d'une terre, d'une t.ailon,d'uneiejgncu- rie , dune dime , d un champart. LU,aU des Aides , des Gabelles, bn Ariet du Parlement de hris acontirmé un lailde mailon , dont on demandoit laélblution , lur ce qu'on prétendoit qu'il y rcvenoit des fprits. Il y a des baux généraux & des baux particulieii des monnoies. Boizaid en traite dans l'on Traite des Ajnnoies. P. /j c. i^. Bail conventionnel, eft celui qui fe fat volontaire- ment entre deux parties. Locatio paci'uh. Les baux ordin;iires n excèdent point le temps de i^uf années, autrement c'eft une emphytéole. Chez les iomains ils n'alloie-.c point au-delà de cinq années. Si, avant que le bail foit expiré, le bailleur veut occuper ui-même fa maifon , il peut expuUer le locataire en payant un certain dédommagement. L'acheteur n'eft poiit obligé d'entretenir le bail ^ à moins qu'il ne ioit auremcnt convenu. De Lau. Le propriétaire d'une terre le peut expuUer ion fermier, ni annuler le bail (ous prttexte d'en jouir par (es propres mains. Brode au. Si aprèsl'ex- piration du bail le locataire demeure dans la maiibn , le bail eft cenfé renouvelle , ou continué ; mais ieule- ment pourunan. De Lange. Celui qui eft pourvu d'un bénéfice par mort, n'eft point obligé d'entretenir le bail fait par Ion prédécelïeur. Brodeau. Bail judiciaire, celui qui (e f^ait des biens faifis, par des enchères en Juftice , & après les proclamations re- quîtes. Locatio judiciara. Bail emphythéotique j qui le fair à longues années , depuis dix ans juf qu'à quatre- vingt dix-neuf ans. Il le fait des baux au rabais ^ en Juftice, Ioit pour la conduite d'un pritonnier, {oit pour les réparations d'un héritage iaih réellement. On fait aulîi des baux à vie, à quatre âges, quatre vies, & quatre générations. Nicoî croit que ce mot peut venir de l'hébreu Vya, iaal, qui fignifie tradere. Mais VpiijUe fignifie point tradcre en hébreu. Il lignilîeroit plutôt prendre , de- venir maître d'une choie. Quelques-uns croient fort vraiiemblablement que bail vient de bailler , mettre entre les mains , parce que celui qui fait un bail ^ met une chofe entre les mains d'un autre, pour en jouira certaines conditions convenues entr'eux. Budé , Etienne & le P. Labbe font de cette opinion. Bail a rente, & bail d'héritages y eft un traité , ou vente , par lequel on abandonne le fonds d'un héritage , moyennant une rente annuelle & foncière, que le pre- neur s'oblige de payer, laquelle n'eft point rachetable, & dont on ne le peut décharger qu'en abandonnant le fonds. Traditio fundi retento annuo proventu j ou reditu. Bail a ferme. Locatio fundi. C'eft le louage d'un fonds qui de la nature produit quelque choie , Ioit par la culture, comme les terres, les vignes i ou fans cultu- re, comme un bois-tailhs, un pâturage, un étang. On peut encore faire un bail à ferme d'une, carrière, d'un lieu d'où l'on tire du fable, de la terre à Potier, de la chaux, du charbon, &c. On peut encore donner p^ïunbailà ferme un droit de châtie ou de pêche, un droit de péage, le palïage d'un pont, ou d'un bac, ou d'autres droits femblables. Le bail à ferme eft diftin- gué du bail à loyer d'une maifon & autres bâtimens, en ce que le locataite a ta jouitrance connue & réglée de l'habiration, ou autre ufage d'un bâtiment qu'il prend à louage , & que le Fermier ignore quels te- ront au jufte les fruits & autres revenus qu'il prend à ferme. Bail, eft aullî l'expédition de cette convention qu'on levé chez un Notaire. Tout preneur d héritages à lover eft obligé de fournir le bail en forme au proprié- taire. Bail , dans quelques Coutumes , tîgnifîe garde & tutelle . des biens d'un mineur jufqu'à l'âge de vingt un &an. Pupillorum tutela. En celle de Pans , on l'appelle garde-noble i ou bourgeoife. Elle ditfère pourtant du fimple bail, en ce que la garde-noble, ou bourgeoife , n'appartient qu'au.x ai'cendansi & le bail fe donne aux BAI plus prochains patens collatéraux -, & les difpofitîons en lont d.tterentes lelon les coutumes. On dit auili, vider hors le bail ■ pour dire , lortir de garde & de tutelle. On appelle autîi bail, en diverfcs Coutumes , l'ac- tion par laquelle on met quelqu'un en pollelllon d'une perfonne, ou d'une choie. Traditio. Dcshail eft op- pofé à bail , pris en ce tens. Quand une fille le marie, il y a bail, parce qu'elle entre en la puiîfance de k>n mari; & quand ton mari meurt, il y a desbail , parce qu'elle tort de garde. Bail , c'étoit autrctois un droit que les Seigneurs levoient en Bretagne lur leurs vatlaux. Il paroit par quelques aCtes du commencement du X' tiècle, qu'à la mort des particuliers les Seigneurs prétendoient quelques droits lur leurs héritages ; mais on ne peut pas ailurcr que ce fut encore la le droit de bail , qui a depuis été changé en celui de rachat , parce que ce droit odieux de bail ptiïo'u n'avoir été introduit en Bretagne que par le DucGeoftroi dans tunalîile de l'an 1185. Lobineau. Ce droit de /-tzi/ coniiftoit en ce que les Ducs de Bre- tagne prenoientf^ avoient a railon de bail, les Iruits & revenus des terres & des rentes des Gentils-hommes après leur mort, quand leurs héritiers n'étoient point en âge, & les retenoient jutqu'a ce que les héritiers eullent vingt ans accomplis; & de même par rapport aux cadets qui tenoient quelques terres en fief de l'ainé de leur maiton. C'eft le Duc Jean qui l'explique ainlî dans un titre de l'an liyj, où il change le droit de t>dil en rai.hat. On a dit aulli autrefois , tenir le royaume en bail^ pour dire , en avoir la régence & le gouvernement. Regni adminijlratio. On a appelé aulîi autrefois bail un mari, parce qu'il a la tutelle & adminiftration de la pcrlonne ëc des biens de ta temme. Bail d'amour, le dit dans le ftyle familier & comique pour fignifier un engagement galant & amoureux , une allurance d'aimer toujours. Pour rendre votre efprit certain. Je vous pajferai dès demain Un bail cf'amour devant Notaire. Saras. On dit figurément, cela n'eft pas de monbail ; pour dire , cela eft arrivé dans un temps où rien ne m'obli- geoit à y prendre part. BAILE. t. m. C'eft le nom qu'on donne aux AmbafTa- deurs de Venife, rélldens à Contlantinople. On lesap- peloit ainli dès le temps que les Empeteurs coraman- doient en cette ville-la. Ils s'appeloient en latins Ba- julus, comme qui diroit bailli ; & ils faitoient origi- nairement la charge de Conlul de Venite & de Rélî- dent à Conftantinople. Legatus , Orator Venetus. Les Turcs & les Grecs modernes les appellent Bailos , ou Baiios. Ce mot fe dit aullî dans le Languedoc & dans le Roulllllon, & lignifie une lotte de Juge royal. Il vient de l'Elpagnol Bayle. On prétend allujettirles enrôlés au payement des entrées, quand les Contuls ou les ♦ B ailes l'ordonnent. Patr. Baile , ou Bayle , étoit aullî un Officier des anciens Dauphins, prépolé à la recette de leurs droits fei- gneuriaux, qui en d'autres provinces s'appeloit 7V///^ irai. Bay lus , Ballius , Bajulus.Qcs Officiers étoient appelés Céleriers dans la Baronie de la Tour , & dans les terres que le Dauphin avoir au delà du Rhône. C'eft principalement dans les contrées de Trières , du Diois Se du Valentinois, qu'ils ont été nommés ^ijy/t'j.VAL- eonnet,^. 116 , qui écrit indifféremment 5ji/t- , ou Bayle. C'étoit proprement l'agent du Seigneur fous le Châtelain. Id. Le nom Bailea , ou Bayle pourroit autîî convenir au Bailli , ou même au Châtelain , qui encore à préfent en quelques endroits,eft appelé le/? 173' /e.VALEON,^. //7. Bailes. f. m. pi. On appelle ainfi à Bordeaux ces Offi- ciers qui font à la tète des Communautés , qu'on nomme ailleurs Jurés. BAILIE , ou BAYLIE. f f Charge , Office de Bayk.Bai- iiaj Bajula^ Balia^ Ballia , Bajuiiamunus. Ce mot fignifioit BAî fignifîoit proprement" tutèU : il a été pris enfuitc pour toute fcrte de régie , dit M. du Cange. C'cft en ce dernier fens qu'on s'en eft (cr\i autrefois en quelques endroits du Dauphiné, pour délîgner l'emploi décelai qui étoit prépolc à la recette des droits fcigneuriaux. On l'appcloitaulîî A7)?rd/if. Valbonnet,/;. iiû & 117. /oyeç cet Auteur. BAILLARD. f. m. C'ell une pièce de bois pour porter la laines qu'on tire de l'eau , & qui traverle la chau- dière à dégrailFer. BAILL ARGE. f. f. On nomme ainlî une cfpèce d'orge qui croît en Angoumois. BAILLE. 1. f. En termes de Marine, eft une efpèce de cuve ou de baquet fait d'un dcmi-tonneau, qui Itrt à divcis uf.iges lur les vailleaux , & particulièiement à mettre le breuvage qu'on donne aux matelots. Cupa. On l'appelle aulli broute. 03° Bailles de fonde. Demi-barriques dans lefquelles on met ks lignes àt fonde. §C? Bailles de combat. Demi barriques remplies d'eau pour rafraîchir le canon pendant un ccmbar. ÎJ^ Baille , dans le vieux langage, a lignifié barricade. Il fe trouve en ce fens dans froiirard. Villehardouin ^a dit bailles des murs , pour dite, les courtines. BAILLEMENT, f m. Prononcez la premièieùllabe lon- gue , &: mouillez les deux // avec 1'^ j fans donnei au- cun fon ni aucun autre ufage à cette voyelle. Quel- ques-uns l'écrivent par aa, baaillement , mais l'uiage n'en fouffte plus qu'un. 1^ Aétion de refpirer en ou- vrant involontaitement & extr.aordinairement la bou- che. Ofcitatio. Le bâillement eft occaiionné par quel- que vapeur qui cherche à s'échapper, & témoigne or- dinairement la fatigue , l'ennui ou l'envie de dormir. Hippocrate dit que le remède des bâillemens conti- nuels , & de même du hoquet , c'eft de garder long- temps la refpitation. La membtane nerveufe de l'œfo- phage eft le llége du bâillement, qui ne manque jamais d'aai ver, quand quelque irritation détermine les el- prits à y venir en grande abondance. La caufe de cette irritation eft une humidité incommode qui arrofe la membrane intérieure de l'œfophage : cette humidité vient ou des glandes dont la membrane interne eftparfe- mée, ou des vapeurs acides qui s'élèvent de l'cilomac , comme d'un pot b'juillant , & qui fe condenfent con- tre les p.arois de l'œfophage. de même que contre un cou- vercle i alors les fibres nerveufes delà membrane in- terne en étant irritées fe gonflent , & nous font baillet en dilatant l'œfophage : la bouche eftobhgée de fuivre ce mouvement , paice qu'elle eft tapillce de la même mcmbtanne. Voye-^ Dun can & Dionis. Bâillement, fCT en termes de grammaire , auttement hiatus mot emprunté du latin. C'eft un fon défagtéa- ble caufé par une rencontre de voyelles. Hiatus ex con- curfu vocalium. Si je dis , il alla à Anvers , je fuis obligé de tenir la bouche ouvette pour prononcer ces diffé- rens a- ce qui produit un fon défagteable. Les bâille- mens font encore plus infupportables dans la po'ehe que dans la proie. Ils font fréquens dans les fatires de Régnier. Malherbe ne pouvoir les fcuftrir. Garde:^ qu'une voyelle à courir trop hâte'e Ne foit d'une voyelle en fon chemin heurtée. Boil. ffT Le P. Mourgues a fait un chapitre fur le bâillement dans Ion traité de la Poëlie françoife. M. Prepetit de Grpj-nmont en parle aullî dans ion traité de la vcrlîh- catiûii françoife. IfC? Pout évitet de tenir la bouche ouverte entre deux voyelles, le mécanilme de la parole a introduit l'éli- fion de la voyelle du mot précédent , ou l'uiage des lettres Euphoniques entte les deux voyelles. Ainiinous difons ,s'il arrive & non li il arrive. Mon ame, non ma ^ame. Y va-t-on , & non y va on. BAILLER. V. n. Ce mot a la première fyllabe longue, & l'ine fert qu'à mouiller les deux //. Oiiécrivoit autre- fois baailler. Ofcitare. faire des bâillemens , fCF ref- pirer en ouvrant la bouche extraordinaircmenr (?c invo- lontairement : ce qui marque de l'ennui , de la fatigue ou du fommeil. On baUk fouvent en voyant budUr Tome L B AT ■0^ les autres. Pailler d'cnrui. Vcur f'tfj fî d.'rci te , eue les plus belles ccmtdas vt ui h n /, /, J , &'vcu$ endorment. Llll. hcilcau a dit de Ja 1 ui.clle'. Sans mentir, la Pucelle eft un Œuvre charMnt ; ht je ne fais pourquoi je baille en la lijuht. Faire quelque chofe en hâilLnt ; c'tft en ftylepo- pulaue , la taue avec nefehgence & lans aucune a^^^li- cation. Ojcitanter , ne^Ugenter. Ce mot vient de balare , qui a été dit par Onoma- topée du cri des brebis. Aiénage. Bâiller, ligniHe figurcment, s'entiouvrir, & fc dit des ouvertures ou crevaftés qui le font dans les murs, ou batimens. Hiare. Il eft moins en ulage que ion ccm- poié, entrebâiller. Une poite, une fenêtre qui bâille. Bâiller , iè dit aulli dans le ftylc figure & pôj^ulaire , pour alpirer avec ardeur , inhiare. Il bâilk a^tès les richelles. Il baille après cet emploi. BAILLER. V. a. Prononcez la première fyllabe brève, & m , comme deux // mouillés. Donner , mettre 'en n\3.m. Dare , tradere. Il lui a^ai/Zecentécus par cette donation. Il lui faut bailler cette lettre en m.ain pro- pre. En ce fens il eft moins en ufage que dor.ner , & même on ne le dit plus que dans les ptovinces. Il iîgni- fiepounant une autre choie que donner, qui veut due faire un don; au lieu que bailler, fignifie feulement, mettre entre les mains. T. Corn. Ln général qui s'eit marié a baillé des gages à la fortune peur ne plus tant haiardetj Balz. La M. le Vayer Icuticnt qu il ne faut point tant méprifer,^ji//erj & qu'il eft nécellaiic pour diverliher laphraié. Maisaujourd hui il ne trouve place que dans lel^yledes Notaires-, bailleràfcnne : & dans le grimoire du Palais ; bailler des écritures , bailler des contredits. ^a^//er caution, bonne &: lu ftilante caution. Nicot le dérive du grec /?«c'AAt<,,c'eft-a-dire, mitto ; celui qui baille envoie en quelque façon. Etienne Gui- chard eft de même avis, mais il va plus loin encore , car il dérive /SaAA», de 1 hébreu Vaj ,nabal, en retran- chant le 3 ■ Va.J lignifie tomber , couler. On dit proverbialement , en bailler d'une , en bailler à garder; pour dire, en faire accroire à quelqu'un. On la lui a baille belle; pour dire, on s'eft moqué de lui. BAILLE, ÉE, paît. Datus,traditus. BAILLERESSE, foyei Bailleur. BAILLET. adj. m. Un cheval baillet, eft un cheval de poil roux tuant iur le blanc. Helvus equus. Ménage. BAILLEUL. i. m. Celui qui remet les os difloqués, les côtes pliées, enfoncées, ou rompues. Offium loco fuo motoriim refiitutor. Les Bailleuls ne font pas érigés en corps de métier, ni en Olîiciers.Il en faut pourtant ex- cepter les Bailleuls qui iérvent par quartier chez le Roi. Les Bailleuls s'appellent auili Renoueuts. Quand on s'eft démis un bras, on envoie quérir le Bailleul. Celui qui exerce cette profclîion en Elpagne s'appelle Alge- brifta. Bailleul, f. m. eftauffi un nom de quelques lieux, ou bourgs en France , ou dans les Pays-Bas. Balliolum , ou Belliolum. Voyez Bailli. Bailleul,!. m. Nom de lieu. Il eft près de la méridienne' de Paris , du côte du Nord, à 20°, 15', 23" de longi- tude, & j-o*', 44', 16", de latitude. Cassini. BAILLEUR, f. m. Celui qui bâille, cm eft fujet à hâil- ler. Ofcitans. On dit proverbialement & balfement, qu'un bon Bâilleur en fait bâiller deux. Faites \'â long , & mouillez ill. BAILLEUR, f. m. BAILLERESSE, f. f. Termes de prati- que. Faites ['a bref & mouillez ill. Celui , ou celle qui donne à ferme un héritage, une maifon,un droit. Lo- cator. Le Bailleur à ferme eft chargé d'entretenir les ba- timens de groifes réparations, & le preneur des menues. Et ladite 5<;i//e/-t;/yê a affermé cette tetre, &c. Il cftop- polé à celui qui prend à ferme , que l'ou nomme preneur. On dit aulH uwbailleur de bcurdcs ; pour dire un moqueur, un trompeur, lllufor , Delufor. Bailleur de table. Petit Officier établi dans les Halles de la ville d'Amiens , pour lever & fournir aux Marchands 61: Fabriquaus les Tables dont Us ont befoin pour places Vuuu no6 BAI leivs marchandifes. Son droit eftd'un fou par chaque Marchand. BAILLI, ou BAILLIF.f. m. L'ufageeft déclaré pour le pre- iTMfrAc'elHeleul que l'Académie a adopté. En termes tic Guerre , c'eft le iChef delaNoblellede la Provin- ce , & celui qui la commande quand on convoque l'ar- ricre-ban. Nob'duatis Princeps ac Prafecius.Lc Bailli^, le Sénéchal & le Prévôt, font des noms qu'on donne en divers lieux pour les mêmes fondions. Bailli , terme de Palais, fignihoit Gardien dans le vieux langage. C'cit un Officier qui rend la Juftice dans un certain rellbrt , ou territoire. Prdtor peregnnus j ou Baih'ius. Pafquier prétend qu'originairement les Bail- lis étoient des Commillaires que les Rois enyoyoient dans les Provinces, pour examiner iî la Juftice étoitbien rendue par les Comtes, qui étoient alors les Juges or- dinaires. Ces BaïUis, on Juges délégués, s'informoient dai« le territoire qui leur étoit alligné , de la conduite des Comtes , & recevoient les plaintes des particuUers. Delà vient qu'on les appela Baillis, parce que l'exer- cice de la Juftice l'eur étoit confié, 8c que par-là ils de- venoient les gardiens Si les conlervareurs des droits du peuple 5 dont ils erapèchoient l'oppreftîon. Toutes les Provinces ayant demandé de ces Commiiraires Royaux pour les défendre de l'oppreiiion des Seigneurs, elles furent écoutées. Mais les Seigneurs le plaignirent de cette infpedion qui les rappeloit à leur devoir. Il fal- lut encore céder au temps, & nos Rois ie contentèrent d'en fixer quatre ordinaires , fous le titre de Baillis , qui eurent leurs fiéges à Vermande, aujourd'hui Saint Quentin, à Sens, à Mâcon,&à S. Pierre le Mouftier. T^oye\ M. de la Mare dans fon Traité de la Police j L.I ,T. V y p. iO , } I . Philippe Augufte en mit dans toutes les villes principales de les Domaines en 1 190. Loifeau rapporte l'établiirement des Baillis à l'uiur- pation de la puliFance royale par les grands Seigneurs de France, fous les derniers Rois de la féconde race. Au commencement ces Seigneurs rendoient eux-mêmes la Juftice ; mais dans la luite ennuyés de tenir leurs allîfes, ils commirent en leur place des Officiers qu'ils appelèrent Baillis. Quoi qu'il en foit, le Bailli eft au- jourd'hui dépouillé de toute fa fonction, & toute l'au- torité de cette charge a été transférée à fon Lieutenant. Les Baillis curent d'abord toute l'intendance des Ar- nîés , de la Juftice & des Finances de leurs Provinces. Quoique ce ne fût qu'une limple commiliion pour un temps alfez court, cette triple autorité les rendoit néan- moins trop piiiiTans. Ils ne furent pas long-temps fans en ^abufer. Les Ordonnances de S. Louis, de Décembre 12^4, & de Philippe le Bel du mois de Mai 1502, font aftez connoître en combien de manières ils s'étoient déjà écartés deleur devoir. L'adminiftration àts Finan- ces fut celle où il parut de plus grands abus. Ce fut la première qu'on leur ôta. On fit des baux. Quelques- uns de ces Magiftratsçn furent adjudicataires. LesBail- lis devinrent Fermiers , & la Noblefte, à qui ces charges avoient été deftinées , méprifa des Magiftratures qui le donnoient à ferme, fans diftintfion de naillance, ni de mérite. Les Magiftrats Fermiers ne peniercnr qu'à leur profit particuUer. Tout le refte fut négligé. C'eft pour- quoi pour pourvoir à la sûreté des frontières, on y en- voya des Commandans d'armes , lous le titre de Capi- taines, qui dans la luite furent qualifiés Gouvernears. Ainfi les atmes furent inlenhblement retirées de l'Office des Baillis. Il ne leur refte plus que la convocation & la conduite de l'arrière-ban. Quant à l'adminiftration de la Juftice, elle fut compatible avec les armes , tant qu'il n'y eut que très-peu de lois en France , qui ne conliftoient qu'en quelques ufages locaux , ou quelques coutumes non écrites. Mais lorlqu'après l'an 13 00, on eut adopté le Droit Romain , ou comme des Lois en plufieurs endroits,ou du moins en d'autres, comme pré- ceptes de la droite railon, & comme les opinions des plus grands Jurifconfultes de l'antiquité, il fut difficile à des gens d'épée d'en être alfez inftruits. Cela donna lieuàCharles VI, par fon Ordonnance du 27 Mai 1413, de leur permettre de Icchoifir des Lieutenans. Chaque Bailli s'en donna plufieurs. Charles VIII , par fon Or- donnance du mois de Juillet 145J3 , en fixa le nombre à BAI deux , l'un général, & l'autre particulier. L'étude dil Droit Civil croiilant toujours, Louis XII ordonna au mois de Mars 1498 , qu'à l'a\'enir les Baillis leroienC gradués; &il défendit aux Baillis de les changer à leur volonté. Enfin, aux Etats d'Orléans, Charles IX, par une Ordonnance de Janvier 1560, rcgla qu'à l'avenir tous les Baillis & Sénéchaux feroient de Robe-Courte. C'eft ainfi que l'adminiftration de la Juftice palfa aux Lieutenans Généraux. Il eft néanmoins refté aux Baillis «Se Sénéchaux plu- fieurs prérogatives & fondions conlidérables. Perionnc ne peur être reçu en leur Office,qu'ii ne loit Gentilhom- me de nom & d'armes: ils (ont toujours les chcts de leur Jurididion : c'eft en leur nom que la Jullicc y eft rendue, & que les contrats &: autres ades lonfinticulés. La con- vocation &: la conduire de l'arrière-ban leur appartient. Ils peuvent, s'ils veulent, préfider à tous les j ugemens qui le rendenr en leur Siège , en s'abftenant d'y opiner. Ils doivent réfider en leur Province, la viliter quarte fois l'année, &c. Outre les Ordonnances que nous avons ci- tées, voyez celle de Moulins du mois de Février i ^(>G^ ik celle de Blois du mois de Mai i J79 , & M. de la Mare, Traité de la Police j Liv. I, Tit. F^ C. ^ j & M. le Préfident Valbonnay , Hiji. de Dauph. p. i oj. On a appelé ordinairemenr Baillis ,\es Juges ordi- naires, qui rendoient la Juftice lous les Sénéchaux. Mais on a aulli appelé de ce même nom les Sénéchaux des Provinces, & on appelle encore prélentement le Séné- chal de Touraine , le Bailli de Touraine. M. Du Cange a remarqué dans fon Gloifaire, qu'on appela Sénéchaux des Provinces j les Sénéchaux des Provinces qui appar- tenoient à des Seigneurs particuliers; & Baillis des Pro- vinces, les Sénéchaux des Provinces, qui appartencient diredement au Roi. Je trouve néanmoins que contre cette règle, .Antoine d'Aubulfon, Sénéchal d'Anjou, fe trouve quilidc Bailli d'Anjou. MÉn AC£.//i/?. deSabléj Ily aaulîî des 5^////\îderobc,qui ne font point Lieu- tenans de Baillis nobles, ou de Robe-Courte, & qui font Juges dans des Sièges fubalternes, ou dans les Haures- Juftices appartenantes aux Seigneurs particuliers, com- me le Bailli de S. Germain des Piez , le Bailli du Tem- ple, &c. Ainfi le nom de BailUdzns ion inftitution, ne devoit être donné qu'aux premiers Magiftrats des Pro- vinces, qui remplillent les Tribunaux fupérieurs , que les Ducs & les Comtes avoient autrefois occupés. Quel- ques Seigneurs dans ces temps de troubles firent auffi prendre ce nom de Bailli aux Juges de leurs petites vil- les, bourgs & villages; & il leur eft refté jufqu'à pré- lent. Ce n'eft plus même qu'à ces Juges qu'on le donne dans l'ulage ordinaire du monde & hors du barreau. De- là viennenr les grands 5t7i//i.f , &les petits Baillis -, ou les Baillis lupérieurs & inférieurs , que l'on trouve dans les anciennes Oiàonn^-yccs. Baliviimajores ., minores y fuperiores , inferiores. Voyez M. de la Mare , Traité de laPolice, T. /j p. 3 1 . Un Prévôt, ou autre Juge fubal- terne, écrivant au Bailli, ou Sénéchal de la Province, le qualifioit de Haut &■ Puiftant Seigneur , pendant que celui-ci ne lui donnoir d'autres titres , en lui écrivant que celui d'honorable homme , & cela étoit encore en ulage, félon l' Au teur de la Somme rurale, tit. ^ 4, fur la fin du 14^ liècle. Il y a aulîî un Bailli du Palais, dont la Jurididion eft renfermée dans l'enclos du Palais, c'eft- à-dire, la falle, les galeries & les cours du Palais. Cette Juridic- tion fut inftituéepar Charles Duc de Normandie , Ré- gent du Royaume pendant l'abfence du roi Jean fon père , par Lettres-Patentes du mois de Janvier 1558, enregiftrées feulement au Châtelet. Les Marchands s'y érant oppofés , le Parlement maintint les Officiers du Chârelet contre cette nouvelle éredion. Charles VI la confirma néanmoins en 1413 , au mois de Mars. Les lettres furent enregiftrées à la Chambre des Comptes. Les Marchands & Artilans s'étant encore oppofés aux « vifites que ce nouveau Magiftratvouloitfaire chez eux, le Parlement, par Arrêrdu 7 Septembre 1463 , ordonna que les Jurés des métiers fcroienr leurs vifites dans l'en- clos du Palais par le congé du Bailli , qu'il ne pourroit Icurrefufer, & qu'ils feroient leurs rapports des conua- B A î ventlons devant le Prévôt de Paris. Louis XI donna cette cliarge à Jacques Coitier Ton Premier Médecin, & les lettres furent regiftrces au Parlement pour la première fois, quoiqu'avec peine, le lo Janvier i4Si.Tcls iont les titres du Bailli du Palais , qui daboid fut appelé Concierge , & n'étoit en eif et que le Concierge du Palais du Roi; cnfuitc fous Charles VI , il prit le titre de Ca- pitaine, ou Gou\ en-;cui. Juvénal des Urlms , Chance- lier de Guyenne, & homme dequalité.ayant été pourvil de cette charge en 1413 , par Charles VI, méprila ce titre, & fut le premier qui prit de lui-même celui de Bailli du Palai?, qui fe tiouve dans 1 artct du Parlement de 1465 jis: qui fou-, Louis XI, en 1482, n'étoit pas ce- pendant encore bien établi -, puilque ce Prince j' int les deux noms de Concierge & de Bailli dans les Lettres- Patentes données à Ion premier Médecin. Dès l'éredion, Charles Régent attribua à cet office toute Seigneurie, Juftice, Juridiction moyenne & balle, dans l'enclos du Palais; mais on lui ôta les cas capitaux en matièie cri- minelle. Depuis long-temps il eft conftamment en pof- felFionde toute la Juridiclrion civile, même dans les cas qui Iont de la hau:e Juftice. Foye-^ la NLare, Traité de la Police , L. I , T. IX j C. f . Il traite fort exaâement 6c fort au long du Sailli du Palais. Il y a une Ordonnance de S. Louis qui défend aux Baillis de le marier, ni de faire des acquifitions dans l'étendue de leurs Bailliages, ou Baillies , pendant l'exer- cice de kur charge, ni pour eux, ni pour autrui, lans permiilion du Pii.,i ; 6c comme ils n etoient point confti- tuoE en titre d Office a perpétuité , Ik au ils n'exerçoient leur charge que par commillion, ils ct.aent obligés de demeurer 40 jours lur les lieux après avoir fini leur exercice , pour répondre aux plaintes que l'on voudroit faire contre eux. Baili.i Chà t El AIN, dans la coutume de Senlis,cft le Juge descaufesd appel en la Seigneurie & Juftice fubalterne. De Lauriére. Baillis Conventuels, dans l'Ordre de Malte, font les Chefs des huit Langues, qui réhdent dans le Couvent delà Religion de \ialte. Les Baillis Capitulaires Iont ceux qui polfcdcnt les Bailliages de l'Ordre. On appelle aulll dans l'Ordre de Malte, Baillis^ les principaux Chefs, Confeillers ,& Commandeurs de i'Ordie. Grand Bailli, f. m. C'eft une des grandes Dignités de l'Ordre de Malte. La charge de Grand Bailli eft uni- que & attachée à la Langue d'Allemagne , dont il eft le Chef. Sa JuridicLion s'étend fur la Cité Vieille , an- cienne capitale de 1 île 6i du ch^.teau de Goze , lorlquil appartient à l'Ordre, & du château de S. Pierre dans la Carie. Vertot. Bailli de l' Empire. C'étoït autrefois le Gouverneur ou Régent de l'Empire , comme il patoit dans une Lettre de Henti de Flandre à h^nccent III , où il dit , les Princes, les Barons îk les ioidats m'ont élu Bailli de l'Empire. Bailli Errant , c'eft en Angleterre un Officier de Juftice que le Shérif envoie dans les lieux de la Juridiclion li- gnifier fcs ordres. Harris. C'eft ce que nous apptlons un Kuiiliei. , un Sergent. On dit auiiî Bajuli Abbatum ; pour dire, Officiers dorrefciques. Borcl dérive le mot àtEailil du grec ^«ah', qui figni- fie confeil. On n'a commencé d'uler de ce nom que du temps du Roi Jean. Cambdin, Scot.p. 6p ^ , prétend que Br.i'li cil: un terme du bas Empire né en Grèce , qui de là a pallc en Sicile & en France, & qu'il fignihe Confervatcnr. il eft certain que l'on trouve Bajulus pou;' un Juge, Prêter : quero;"! trouve enluite Pailus, dans le même fens; eue delà il eft ailé qu'on ait fait balivus y en tranfpolant 1'/^ Voyez Acl. Sanci. Maii , T. Ij p. spr. D. 64. E. Dadin deHauteferre, après avoir montré qu'on avoir appelé les Précepteurs & Gouverneurs des Princes, ci\" même à ce qu'il prétend, des particuliers, 7? r/tt/ejj ^i7/z//i^ dit que fouslatroi- li-cme race de nos Rois, ce nom palfa de l'école dans le Barreau, & qu'on le donna aux Juges, parce qu'ils font les Gouverneurs du Peuple. De Ducib. & Comit. Prov. c. 23 y p. 2S2. Bailli , eftaulTi un nom de quelques lieux, dont Icsdimi- Tomc I. 1) A î 707 nutifs (owx. Bailleul ^ Baillolet. Ce mot vient du cd- û(\\ieBaU, quifignifie une avenue d'arbres. Definpr. GcOi^raph. & Hijl. de la Hautc-Norm. T. /j p. joS. BAILLIAGE. 1. m. Prononcez le premier a bref, & les lettres illi qui luivent, comme li ce n'étoit que deux // mouillés. Terme de Palais, Juiidiétion d'un Bailli dans certaine étendue de pays , de Seigneurie. Pr&toris peregrini j ou Balivii jurifdicîio. Bailliage Royal. Bailliage lubaltcrne. Il y a tant de bourgs dans ce Bailliage. Dans la balFe latinité on trouve Balia j pour fignifier ce nom. bmocent III , Liv. II j ep. 2 s 2. Prspojitu- ras J quas Balias vulgariter appellatis ; paroles qui montrent que ce nom étoiten ufage dès le XIF fiècle. Bailliage, eft aulîi le heu où le Bailli tient fon Siège, (FCt & le Tribunal compolé de Juges qui rendent la Juftice au nom du Bailli j ou avec le Bailli. Balivii curia , tribunal balium. Procureur du Roi au Baillia^ ge. Plaider au Bailliage. Je vais au Bailliage. B A illiage, eft auftl dans l'Ordre de Malte, la première dignité après celle du Grand Prieur. Il y a dans chaque grand Prieuré un Bailliage. Dans le grand Prieuré de France il y a le Bailliage de la Morce, & la Tréfore- rie. Le Chef-lieu du Bailliage de la Morée eft la Com- manderie de S. Jean de Latian à Paris. Bailliage, eft aufti un terme de Géographie, qui fignific un certain pays foumis à la juiidiétion d'un Bailli. Il y a quelques Provinces qui le divilentcn Bailliages. Le Bailliage de Locarno , le Bailliage de Lugano, appar- tenoient autrefois au duché de Milan, maintenant ils Iont auxSuillcs. BAILLIE. f. f. Terme de Coutume. C'eft un vieux mot, qui fignificit autrefois, tutèle, garde &:adminiftration; régence , gouvernement, autorité ; avec cette différence, qu'on diloit bail ou baillie ^ pour tutèle en ligne col- latérale, ik garde-nolle , ou boiirgeoife , en' ligne di- recte. Tutela pupillorum. On difoit autrefois, que les Rois mineurs éioienl tu bailli e , quand leui éducation & l'adminiftiation de leur Etat, étoicnt commilesà la Reine, ou aux Grands du Royaume. Baillie, fignifioitaulFice qu'on appelle aujoutd'hui bail- liage ; c'eft-à-dire, le territoire dans lequel chaque Bailli a le droit de rendre la juftice. Pr&toris peregrini, feu Balivii jurifdiclio y Diœccjis. L'ancien Coutumier de Normandie porte que le Bailli n'a pas le pouvoir de faire juftice hors de (a Baillie. Ce niot étoit très- commun dès le temps du Pape Innocent III; car dans uvic de fcs ép'ittes il eft parlé de prtpofîturs. , quas v://r'flnrt7- Ballias vocaac. Pafquier affirme que l'on ne commença à uler du nom de Bailliage , que feus le règne du P{oi Jean, Se même fort fobtement. Cepen- dant l'anciennecoutumcde Normandie , qui fait men- tion de Baillie J qui eft la même choie que Bailliage, a été rédigée par écrit fous Philippe le Hardi, qui ré- gnoit avant le Roi Jean. BAILLIE, pourBAILLIVE. f. f. Eft la femme d'un Bailli. Ballivii uxor. T'ûiis ire:: v'^tc pour rcfe bien-venue , Madame /jBailhve, & Madame l'Elue. Mol. La Fontaine a dit, Eaillic. Fotre fxur paye à Frère Aubry , la Bailhe au Père Fabr)'. La Fontaine. Nouvelle des CorJ. de Cat. p. 22 du 2^ to. de fcs Contes. Il faudroit toujours dire & écrire Baillie , parla raifon alléguée au mot apprenti. Baillif A'oh fe for- moit Baillive, eft aujourd'hui horsd'ufage. tf^ Quoi- qu'il en loit, l'ulage eft pour Z^rt/Z/n'e ; êv l'on ne trouve que ce mot dans le Diéf. de l'Acad. Baillie. f. f. Vieux mot. Puiffimce, Seigneurie. On a dit en ce fens balliva dans la balfe latinité. Toui li miens cuers remaint en fa Baillie. Chastel deCoucy. V u u u ij 7û3 BAI EAILLÎSEUR. C. m. Terme de Ccutumc. Bajulus. Dans rancicnne Coutume d'Amiens haillifeur ell un tuteur qui a L-i garde, la charge, & la tutèlc des entans no- bles mineurs BAILLiSÏERIE. (. f. Terme de Coutume. Trad'nlo , adminijlratïo. Ce mot le trouve dans la Coutume de Bourgogne , ( Duché ) & veut dire bail & adminiftra- tion. De Laurihre. "BAÎLLISTRE. f. m. Vieux terme de Jurifprudence , qui fignifioit autrefois tuteur ,ècQ.z\\i\ qui avoir la garde- noble, ou bourgeoife de les enfans. Tutor pupillorum. 41 venoit de 'taillic , lignifiant tutelc , garde & ad- minillration. Dans les vieux titres, &dans la plupart des Coutumes de France , on trouve fouvent le mot de tuteurs , gardiens & bailliftres. Ménage dérive ces mots de haïUhus , terme de la balfe latinité , qui lignifie juge^ quia été fait de ba-^ ^ulus, qu'on a dit d'abord d'un père nourricier qui porte Ion nourriçon , & qui a été étendu aux Péda- gogues, & fur-tout à ceux des Princes, & enfuite à un tuteur & à un juge-, & même il a été dit des maris, comme étant tuteurs de leurs femmes. D'autres le dé- ïivent du grec f-';M\nifm , qui lignifie, curla^ lieu ou l'on s'alFemble. Du Cange dit que dans la baife latinité on a à^vtha- julare y pour dire, officium gérer c ; &c bajulus , pour dire, nn tuteur ; bail 3 baillijire , &c baillifeur , Se ba- juLi , pour dire, tutele ou baïlliel & balavius regrû , pour dire. Prince Régent. Baillistre. f. m. iS: f." Blanche de. Navarre, veuve en 1201 , de Thibaut V^ du nom. Comte de Champa- gne^ fut ajournée comme baïUïflre de Thibaut VI, ion fils, né pofthume, pour répondre aux prérentions de Piiihppe de Chypre, fa couhne, 6v: dErard de Brenne £on mari. Le Roy, 2^ Mem. pour le D. de Sully. BaiHiJlre en cet endroit eft comme Régente, & ayant l'adminilbation du Comté pendant le bas âge de fon fils. Id. BAILLIVAGE. /■"by.jç Balivage. ^ BAILLIVE. Foyei Baillie. BAILLIVEAU. Foyei Baliveau. BAILLON, f. m. Pièce de bois ou de fer qu'on met dans la bouche d'un homme, ou dans la gueule d'un ani- mal, pourl'cmpécher de crier, ou de mordre. L'ignum in os infenutn, llnguarium. ^3" Les voleurs mettent un bâillon à ceux qu'ils volent. Dans certains couvens on met le bâillon à ceux qui ont rompu le lilence. On dit figurémenr & populairement, qu'on met un bâillon dans la bouche de quelqu'un ; quand on le corrompt par argent, ou par quelque autre voie, pour l'empêcher de parler , de dire ce qu'il lait d'une affaire , dont on appréhende que le lecret ne fe découvre. BAILLONER. v. a. Mettre un bâillon à une bête , à un animal , pour l'empêcher de mordre & de faire du bruit. Lignum in os animalis inferere. On le dit aulTî des hommes à qui on met un bâillon pour les empêcher de parler. L'on m'avoit dit que tel Curé , tel Bailli de village , tel payfan avoient été élaurillés , bâillonnés par les Polaques, lefquels j'ai fu depuis le porter tiè'"- bien. Mascur. Le Pcre Thomaffin dérive ce mot de l'hébreu ba- lam , claudere y obturare y conjlringere y c'eft-à-dire, fermer y boucher y ferrer ; ou deVya, bahal:i\ii\\ hé- breu , qui veut dire, dominari y en françois, domi- ner y parce qu'on le rend maître de ceux qu'on bâil- lonne. Quelles étymologies ! lî^r BÂILLONNÉ, ÉE, part. Homme bâillonné y chien bâillonné. Bâillonné. Terme de Blafon, fe dit des animaux peints avec un bâton entre les dents, comme les lions, les chiens , les cochons , &c. Piclum animal inferto in os bacillo , ou infertum in os gerens baculum. BAILLOQUES. 1. f. pi. Plumes d'autruches, mêlées na- turellement de brun obfcur & de bhnc. Le Did. Encyc. dit bailloques , terme par lequel les Flumalliers défignent les plumes de couleurs mê- lées, blanches &: noires, par exemple. ^fC? BAIN. f. m. Eau ou autre liqueur dans laquelle on fe baigne, c'eft-a-dire, dans laquelle on fe met ordi- BAI nairement nu , pendant un temps convenable , foit pour le plailir & la propreté, loit pour la lanté. Lavatic. Les Médecins ordonnent louvent le bain à leurs ma- lades. Prendre le bain dans la rivière. Se mettre d-ans le bain. Demeurer dans le bain pendant long-temps. L'ulage du bain a paffe d'Orient en Occident: on l'a même permis aux îvloines. Le Père Martène, Bé- nédictin, rapporte dans fon Traité des anciens rits des Moines y quelques ftatuts que S. Lantrancfit lur le lu- jet dcs^aJwj qu'on permettoit aux Moines. Suivant ces règlemens , un ancien Moine devoit avoir loin que tout fût prêt au lieu où l'on devoit prendre le bain , & qu'il y eût des valets pour le lervir ; enluite il avcr- tilToit les ^ioines que tout étoit prêt : ils ne pouvoient y aller que depuis prime jufqu'a comphes : lorfqu'ils étoient arrivés au bain y après s'être fait râler, ils fe reu- roient chacun dans un petit réduit fermé d'un rideau : ils y trouvoient une cuve, qu'il appeloient tiney tinay dans laquelle ils prenoient le bain en lîlence. Voye:^ encore AÊla ^S. Benedicl. SiHC. I y p. 6 1 2 & Sdc. IV. Part. II y Prdif. p. XCVII. Dans une alfembiée des prin- cipau.. Abbés de France , tenue à Aix-la-Chapelle, dans le Palais de Louis le Débonnaire, le 10 Juillet 817, il fut réfolu que l'ufage des bains dans les Mo- naftères dependroit des Prieurs. Chor. Saint Grégoire, Liv. XI y ép. j y dit qu'il y avoit de Ion temps des gens qui prétendoient que le bain n'étoit pas permis le dimanche ; tk il répond que 11 on le prend par vo- lupté, il n'eft jamais permis en aucun jour j mais que Il c'eft par nécelîité , il n'eft pas défendu même le di- manche. Saint Théodore Siceote reprenoit ceux qui alloient au bain après la fainte Communion. Fleur. ^G L'ufage des bains y fans rien établir contre l'hon- nête bienléance , permet tous les plailns que la vertu ne défend point. Ce mot bain s'eft formé du latin balneum y ou ba- lincum y que Guichard dérive de l'hébreu j/iî/ifl/V^a, tingere y intingere y mergerey immergere y lavare^ c'eft- kd'ne , plonger y enfoncer dans l'eau y laver y en re- tranchant lapremièie lyllabe a ta. Bains , au pi. fe dit par excellence des eaux chaudes & minérales qu'on ordonne pour la fanté. Thermie. Les bains de Bourbon, de Vichi, &c. Aux bains A'¥^\tî- berg en Silélie , les eaux lont lulturées, bleuâtres, & fort puantes. Bain, le dit encore des bâtimens deftinés pour fe bai- gner, C'étoit chez les anciens , de grands édifices qui avoient pluficurs cours, & apparremcns, dont les prin- cipales pièces étoient les lalles du bain y l'une pour les hommes, l'autre pour les femmes, & au miheu de chaque falle il y avoit un ballin entouré dé fiéges & de portiques. A côté de chaque bain étoient des cu- ves d'où l'on tiroir de l'eau chaude , &i de l'eau froide, pour compclcr la tiède. Ces bains Icrvoient plus pour la volupté, que pour la lanté. C'eft de ceux-là prin- cipalement qu'eft vrai ce que dit Rochefort : les bains lont de l'équipage de l'amour & de la volupté. Alexandre Sev. diloit en colère , Milites Romani amant ypotant y lavant. On frit marcher en même rang balneay vinay venus. Les plus magnifiques, &donr il refte encore quel- ques débris, lonr ceux de Titus, de Paul Emile tk de Dioclétien. On prétend qu'à Rome il y avoit 856 bains y tant publics que particuliers. Il y a eu de beaux reftes de bains antiques en plulieurs villes de Fiance, comme à Nilmes & à Orange. C'étoit une grolle tout ronde, loutenue lur de grands arcsouvens du Septen- trion au Midi, y en ayant deux de chaque côté, & bâtie de grolFcs pierres de raille i & plus bas à droite &à gauche, on y voyoit de longues grottes voûtées de me- nues pierres , avec les lieux où étoient les bains. D. l. PisE. Ces bains artificiels lent encore fort en ufagc dans l'Orient. Il y a un appartement au Louvre qu'on nomme les bains de la Reine. ^fT Les bains puhlicss'^ppeloémt. Balineay balne£y bal- nearia. Le bain de mailon particulière. Balnearium y balneum. Bain, eft atilîî la cuve, ou b.aignoire où on fe baigne. Soliumj lubrum. On dit en ce fcns, remplir, vider EAÎ îe bain. On le dit aullî de chaque fois qu'on Te baigîic. Il en coûce tant chez un tel pour chaque bain. Un demi- bain , labrum minus , t'a une petite baignohe où on ne met que la moitié du corps. Bain , fe dit aulîl de la liqueur où l'on fe baigne. Il y a des femmes qui fe baignent dans un bain de lait, dans un bain d'eau rofe. fCT Bain dans le vin , dans une cuve de vendange. Bain avec des herbes iines, aroma- tiques. ^C? Bain, fe dit aufîî par rapport à la difpofition du heu eu du temps où l'on peut prendre le bain commodé- ment & agréablement dans quelque endroit. Le bain eft bon, eli dangereux dans cette rivière, dans tel en- droit de la rivière. Le bain ell: bon dans telle laiton , dans tel temps. |Cr On le dit aulîî relativement aux effets que le bain produit , ou qu'on en attend. Le bain cA recommandé dans la néphrétique. Les Indiens dilent que le bain pris dans certaines rivières etiace entièrement les pé- chés. Lett. Édif. On appelle en Médecine un /•aiw vaporeux, ou étuve, lorfque les malades ne lont pas plonges dans une li- queur, mais qu'ils reçoivent Iculement une vapeur, ou une o.halaifon qui les échauife & les fatt fuer. Laco- nicum , Judado 3 fudatorium. Il y a deUx fortes de bain vaporeux , un humide &un lec. Le bain vaporeux hu- mide n'ell autre chofe que la vapeur qui s'élève d'une li queurhmple, oud une décoction d'herbes qu'on fait re- cevoir aux parties malades fur une chaiie percée , ou avec des entonnoirs , pour olivrir les pores & provo- quer lesfueûrs, dont on ufe particulièrement pour les maladies du fondement cSc de la matrice. Les matières du bain lont les mêmes que celles des fomentations. Le bain vaporeux lec eft lorfqu'on provoque les lueurs par la fimple chaleur du feu, ou par le moyen de bri- ques , ou de cailloux bien chauds , qu'on met lous les aiirdes, ou fous la plante des pieds, ou bien par ces mêmes cailloux ardens qu'on met dans un endroit étroit, où le malade eft renfermé. En termes de Médecine on appelle bains locaux ;, les fomentations qu'en applique fur quelque partie malade, parce qu'elles font le même effet lur une partie que le bain ou le demi-^^;« font fur pluficurs. On dit en été , de 1 eau qu'oh donne à boire fans la rafraîchir , qu'elle eft chaude comme un bain. On dit aullî en été, quand on voit un gros nuage, quec'eft un bain qui chautfe. On appelle auflî un lieu où l'eau eff (aie & bourbeule , bain de grenouilles , bain de cra- pauds. S. Amant a dit du Tibre , bain de crapauds , ruiffeau bourbeux. En teimes de monnoies , être en bain , c'eft être en- tièrement fondit. De l'or en bain ^ c'eft de l'or entière- ment fondu ; & quand il eft prêt à fondre , on dit de l'or en pâte. On dit de même, de l'argent en pâte. Boi- ZARD. Bain, en termes de Chimie, fe dit de pludeurs copiions, diftributions, ou autres opérations qui le font lur des matières propres à entretenir Une chaleur douce. {XF Ce font les diverles matières dont on fe fertpourcommu- niquerdela chaleur à quel<,ue lubftance. Bain de cendres , quand levafe ou' la cucurbite qui con- tient la matière que l'on veut diftillcr, eft placé dans un Îiot où il y a des cendres, enlorte qu'il loit échauirjpai a chaleur des cendres. Ç3"BAiN-iV/i7n'f jle dit d'iln vaiflcau plein d'eau chaude qui eft lur le feu, où l'on liict le vale qui contient le. matières qu'on veut frire diftiller. Diftillation au /vi/.' marie. Ferventis aqudt,fornax diftillatoria. ^fs" Bain vaporatoire ou Bain de vapeurs ^ balncum roris , quand le vaiflcau où font les matières (ur lel- quelles on opère , eft expofé aux vapeurs de l'eau bouil- lante. §Cr BAiti de fab/ej, bain de limaille, bain {cz,ba!ne:,m Jiccum , quand le vale qui contientla matière , eft dans Je fable, dans des limailles de fer, au heu d'eau, qu on a eu loin de faire chauffer auparavant. On appelle encore en Chimie bain , une matière B A ï '7 Ô p liquéfiée, rendue liquide c^ fluide, réduire en liqlieûtj de même qu'en termes de monnoics ci-dcllus.' BAïu-Marie j en termes de Philofophic hermétique, li- gnifie toute autre choie que chez lesDiftillatcurs -, car il veut dne le fourneau philolophal , ou le mercure dans lequel le Roi ik la Heine ( le ioleil & la lune ) fe baigneur. BAïu-Marie. Terme de cuifine. On appelle faire chauf- fer ou cuire au bain-Marie ^ qua.nd ce que l'on fait chauftcr ou cuire n'eft pus immédiatement fur le feu, mais trempe dans leau qui eft lur le ku. C'eft ainlii que l'on fait cuire des œufs au lait , du ris, &c. Ondit en Maçonnerie , qu'une cour eft pavée à bain de mortier j peur dire, qu'on y a mis du mortier abon- damment, comme doivent être celles qui lont fur les caves. ÇCF Bain, dans les différens arts & métiers, fe dit des liqueurs ik des vailleaux dans lelquels on donne quel- que prépararion aux différens ouvrages. Bain , en termes de Teinturiers , le dit d'une cuve pleine d'eau & de drogues lervant à la teinture , dans la- quelle on trempe eu on fait bouillir les étoffes qu'en veut teindre. Le bain d'alun le doit donner à froid , parce que la chaleur perd le luftre de la foie , & la rend rude & acre. Un bain de cochenille , de garence. Il y a auilî des demi-bains. f^^ Bain, chez les FlumalHers. C'eft une pocle de cui- vre dans laquelle ils jettent eu plongent les pluineS qu'ils veulent mettre m ceuleur. Ils donnent a'ufti ce nom à la matière colcraiirc contenue dans la poêle. Bain. Ordre Militaire en Angleterre , inftitué par Pa- chard 11 , au XIV* fiècle. Richard régla qu'il n'y auioit que quatre Chevaliers du bain^ lïiais Henri IV, fon fuccellei'i , en augmenta le nombre julqu'à 46. La mar- que des Chevaliers du bain étcit 1 Ecu de loie bltue célefte en broderie , chargé de trois couronnes d'or , avec ces m^^ts. Très in uno ; c'cft-a-3ire , Trois dans un, pour marquer les trois vertus théolcgales. Ces Chevaliers avo ient coutume de le baigner avant que de recevoir les éperons d'or j coutume qui ne le garda qu'au ccmmencement de l'Ordre ,& fe perdit enfuite peu-à-pcu. C'eft de là que leur vint lelir nom. On ne dt.'nne giière l'Ordre du bain , que dans la cérémonie du lacredes Rois, ou de l'inauguration du Prince de Galles, ou du Duc d'Yorck. Il paroît p.ar un manuf- crit cité pat Du Cange , qu'on ne failoit les Cheva- liers du bain qu'en temps de paiv. Le titre du manuf- crit eft, ci-après enjuitc l'CrdonnanCc , 6' manière de Créer & faire nouveaux Ckevaliers du bain au temps de paix '^fclon ht cûuvj.rae d'Angleterre, Cela fe fait , dit Larrey , avec de graiîdes cérémonies. Juftiniani les dé- crit dans fon Hijl. des Ordr. milir. Tom. I , en. // _, p. I f/. La Méfie, la Contel]ion,la Communion, n'y font pas oubliées. Il décrit aulîi fort en détail leurs ha- bits , leurs ornemens, leurs devoirs , &c. Quand les Chevahcrs prêtent le ferment de fidélité dans la Cha- pelle de f-îcnri VII, ils lont vêtus d'un habit d'Hermite avec des landalcs; enluite en les revêt d'une robe ma- gnifique , & le Roi leur fait qiielqliefois l'honneur d ai- der à leur mettre les éperons. Ils portent un ruban rouge en échiirpe. Cambden, iS: d'aut;es après lui, font Hen- ri IV Autcuf de cet Ordre en 1 3 99. Cet Autetir dit que ce Prince étant au bain, fut averti par un Cheva!ier,que deux femmes veuves venoient lui demander juftice. Il lortit fur le champ du bain , en difant qu'il devcit pré- férer de rei-.die juftice à (zs Sujets, au plaifir du bain j & ehfui'e il ir.ftitua cet Ordre. Jcfeph de Michieh, Auteur Efpagncl, le P. André Mendo,: Jean Caramiiel,fuivent l'opinion de Camb- den. FrancefcoRéui, & après lui Juftiniani , prérendent que Cambden le trompe, que cet Ordre eli beaucoup plus ancien. Ils le fondent fur l'ancien niaiuilcrit rap- porté par M. Du Cange, cV dont nous avons parlé; mais ce manulcrit ne prouve rien. D'autres difcnt leulcment qu'on attribue cette inftitution à Henri IV, au lieu de Richard II , parce que Henri augmenta l'Ordre, &" lui donna une nouvelle forme, pcur-ctrÈ à l'cccafion que Cambden raconte. Juftiniani montre que cex Ordre avoir palfé d'Angleterre en France & en Iralie ^ & 7 1 o B A ï rappoite un titre curieux fur cela. Fbjf^FroifTard, Mat- thieu Paris, Spencctus, Cambden, Salmonct, &: Jut- tiniani , qui a ramairé tout ce que les aunes ont dit , HiJI. di tuuigl' Ord. milit. T.I ,c.i ). Thomas Snutli, àc liepubl. Arigl. Lit. l]> cap. 17. ëc André Favin , Tkéàtre d'honneur. Liv. f^. En 171; , le roi George rétablit l'Ordre du bain , ëc nomma 36 Chevaliers. Il fe déclara Souver.un dj cet Ordre, & y alîbcia le Prince Guillaume Ion petit fils, & fit le Duc de Montaigne Grand-Maitre. Sans qu'il y eût un Ordre du bainj le tain a cré en ufage en France dans la création des Chevaliers; '^ de vieux titres marquent que c'étoitau Grar.d Chambellan à préparer les bains des nouveaux Chevahers,del4ucls les robes qu'ils avoienc vêtues entrant auxditsèi;i/;jj!ui appartcnoienr. Du Tillet, Rec. des Rois di France-, paçr. ^r j. Voyez Du Cangc au mot Miles , où il dé- crit toute cette cérémonie, d'après un vieiix titre qu'il corrige en bien des endroits. Acolla, dans Ion Hijl. des Indes y Liv. FIL , ch. 27 ,à\t qu'au Mexique lesPré- trcs lavent ou baignent Icsenfans des Seigneurs, avant qu'on leur fallé la cérémonie de leur ceindre le baudrier militaire. S. Grégoire de Nazianze dit qu'on iyitioir aulFi par une femblable cérémonie les étudians dans l'Aca- démie à Athènes. Bain. Gros village de Lorraine. Ce Heu eftdillingué par trois fources d'eaux chaudes minérales, qui (ont limpi- des & infipidcs. La première fource eft la plus abon- dante &z la plus chaude -, elle iurpalle même la lource de Plombiére. Elle remplit le ieul ballln qui cil dans ce village. Ce bain a été bâti par les anciens Romains ; fon ciment eft encore plus dur que le roc. S. A. li. Léopold I y a fait tr.availler en 1713. La (éconde tuurce n'efc que tiède : elle fort au côté gauche du balfin , vers le milieu , par un robinet attaché a une pyramide de pierre de taille , &c au niveau de la marche du milieu du ballîn. La troifième fource chaude uluelle ell; lituéeau delà du ruiffeau: elle fort d'un jardin par un canal Je bois. Cette eau eil tiède, elle a une légère acidité au goiit après l'avoir bue. Par diverles opérations de chi- mie, on a obfervé que ces eaux chaudes participent de patties fpiritueufes de beaucoup de loufie bitumineux, de fel volatil talqueux , qui font 40 grains par pinte. Il eft beaucoup plus modéré que celui qu'on a tiré des eaux de Plombière. Il fermente foiblement avec les aci- des, on voit encore à Bain au bas d un pré près du ruilfeau , des veftiges d'un ancien bain appelé Bain Cafquin. Les fources chaudes de ce bain font à prélent fort divifées. Les eaux chaudes minérales 6< les bains de Bain y quoiqu'un peu plus foibles que celles de Plombière, conviennenr aux mêmes malades que ceux qu'on envoie à Plombière , à la rélerve néanmoins des Paralytiques. Cet article eft tiré entièrement des Mémoires de M. Mengin, premier Médecin Ordinaire de S, A. R. le Duc de Lorraine. BAJOARIEN , ENNE. C m. & f. Nom de peuple. Quel- ques Auteurs difcntque c'cft la même chofe que Bo':"cn, ou Bavarois: f'oye^ ce mot. Plulicurs croient, (!: MM. de Cely i.\: De Mar- chevilleont encore eu cet honneur; mais aujourd'hui les Amballadeurs ne lui font la révérence que de loin , comme les autres de leur luite. Du LoiK,pag.SS. Bul- bequius, dans la première lettre , ne dit pas que l'atten- tat de ce Croate ait été caulc de ce quoh ne baife plus la main du Grand Seigneur, mais deceque lesTchaoux tiennent 1 AmbafFadeur par le bras. On dit proverbialement au féminin , qu'un homme elt venu à belles baifi-maïns laire ou demander quelque chofe; pour dire, qu'il a été contraint par la nécellké de venir fiiire des foumilîions pour l'obtenir. Cette fa- çon de parlet cft du Ityle fimple Hc familier; il n'y a qu'en cette phrafe conIacrée,quelemot de baifc-main ell féminin. On dit encore proverbialement, jamais tant de haïfe- maïns & il peu d'oflrandes. Voici ce que Pierre de S. Julien dit de ce ptoverbe , dans fes Ant. des Bour- guignons , p. 1^2. Depuis que les Rois ont permis être appelés Mcijeftésj£eivïs à tcce nue, & à haifc-maïns : non tant leulement les Princes , mais aulîî les Gentils- hommes à fimple femelle , les Nobles de bas alloi, les Dames mal damées , & Damoiielles de trois leçons , ont voulu être lervis à la royale. Dont eft advenu que nous autres pauvres gens d'Eglift avons apprins à dire, qu'on ne vied jamais tant de baïfc-mains & ii peu d'ot- frandes. Guevara blâme l'ufage des /'(7/yd-m<;z«j-jefl:imant qu'il eft contre la bienléance de bailerune choie qui eft quel- quefois employée à de h laies ufages. Cette penlée eft bien extraordinaire. L'ulage décide contre cet Auteur, & la coutume des baïfe-maïns eft autorilée par tous les Anciens, qui ont toujours regardé le baifer des mains comme une marque de refpeCl & de profonde vénéra- tion. C'eft même dans l'Ecriture une marque d'adora- tion; & Job , XXXI, 2y , pour dire qu'il n'a point adoré le foleil & la lune, dit qu'il n'a point bailé (a main en les voyant , ce qui eft, ajoute-t-il , un très-grand crime , & la même chofe que de nier le Dieu très-haut, c'eft-à-dire, que ce feroit en reconnoître & adorer d'au- tres que lui. fer Dans l'Eglife même , les Evêques & les Officians donnent leur main à baifer aux autres Miuiftres qui les fervent à l'Autel. |C? Dans la fociété , Paélion de baifer la main , a. toujours été regardée comme une marque de vénération , de rel- pett pour fes fupérieurs. B AISEMENT, f. m. Action de baifer. Ofculatïo , hafia- tio. Il ne fe dit guère que de la cérémonie où l'on baile les pieds du Pape. Il a été introduit au baifement des pieds de la Sainteté. Le baifement de la terre eft une ei'pèce d hommage que les Rois de Perle le faiioient rendre , non-leulement par leurs lujets , mais encore par les Princes leurs vallaux, ou leurs feudataires, & qu'ils appellent Zemin bou\, c'eft-à-dire , baifement de la terre , ou Roui Zemin , qui hgniiîe la face contre terre. Elle eft encore en ufage parmi les Perfans , aufîî bien que le Pahous , qui eft le baifement des pieds , que les Elpagnols ont introduit parmi eux dans les let- tres qu'ils écrivent aux gens d'une grande qualité, au lieu de baife-main.D'HEKB. Ç3" Baisement, en géométrie, f'oyei Baiser. BAISER, f. m. Aétion de refpeél ou de foumiftîon qu'on fait par l'application de la bouche (ur une chofe qu'on révère, ou qu'on aime. Ofculum j fuavium, baftum. Le baifer , dit S. Ambroife, eft une marque d'amitié, un gage précieux de charité , & c'eft un lacrilége d'en abufer. Rochef. On donne le baifer de paix en plu- fieurs cérémonies eccléliaftiiques. S. Benoit veut qu'en recevant les hôtes dans (es monaftères,on leur donne le ha fer de paix ; il veut auffi que les frères , avant que de recevoir la Communion, fe donnent le baifer àc pai|^ ces ufages étcient fondés fur la coutume des preaiiers B A I nix Chrétiens : mais ils ont été abolis depuis que les Chré- tiens ne font plus fi lîmples qu'ils étoient dans les pre- miers temps. L'Auteur du Livre de Va/nitié ;, qu'on trouve parmi les œuvres de fain: Auguftin, diftmgue quatre iortcs de baifers. Le premier fe donne pour marque de réconcihation, car on lait baifer & embraf- fer les ennemis quand on les a réconciliés. Le fécond eft le baifer de paix que les Chrétiens fe donnoient dans l'Eglile au temps de la Communion, pour faire voir par cette marque extérieure la paix intérieure qui les unilloir. Le troifième eft le baifer d'amour que fe donnent ceux qui s'aiment, qui nonc point de moyen plus efficace pour fe témoigner leur tendreffe. Le qua- rrième eft le baifer de la foi , qui le donnoit entre les Catholiques , & c'eft celui qui le donnoit quand on exerçoit l'hofpitahté. D. Joseph Mec-e. De Rangé. Il y a des pays où l'on baife la main , pour marquer (on relpecl , la foumilïion & fon attachement. Les Grands en Elpagne le pratiquent à l'égard du Roi. Jornand de Saxe remarque que c'étoit la pratique des Hermites,qui avoient introduit le baifer de la main , au lieu de celui de la bouche. Un baifer At Judas eft un baifer àc traî- tre. On dit en amour, cueillir un baifer , dérober un baifer. Les Hollandoifes peuvent fouftrirun baiferùns rilque l\: impunément : elles n'y entendent peint de fi- nelle. Bail. Horace lait chanter un ^ai/èv- cueilli fur les lèvres d'Iris. S. Evr. Le bafer que j'ai pris, je fuis prêt à le rendre. Voit. Un baifer bienfouventfe donne à l'aventure y Mais ce n'eft pas en bien ufer; Il faut que le déflr & l'efpoir l'ajfaifonne ; Et pour moi je veux qu'un baifer Me promette plus qu'il ne donne. La Sabl. Mais il faut remarquer que les Latins ont des mots diftérens pour marquer la diflérence des baifers. Ils ap- peloient ofculum un baifer fait entre amis ; bafium un baifer lait par honnêteté; &c fuavium , un baifer d'a- mant. La coutume de donner un baifer eft très-ancienne. Les diftérentes occadonsoù l'ulage eft de donner le bai- jer i outre celles qu'on a déjà marquées, lont les falu- tations de civilité , les époulailles, les inftallations, ou réceptions dans un corps; en recevant l'hommage d'un valfal, comme ilparoit par d'anciens titres. Voyez XHifi. de Bret. T. B, pag. S 1 1 ^ik Chorier, Hift. de Dau~ phine , p. S ^2, &C dans les donations qu'on failoit , ////?. de Bret. p. 21 ^ , 24.-/. htbaifcr qui Icdonnoit dans les hommages, eft appelé dans les anciens aéfes , Ofculum pacis & amoris ; & l'aéte de l'hommage rendu parBea- trix de Viennois, Damed'Arlay, au Dauphin Hum- bert II , fon neveu , le 1 6 Avril 1 5 40 , porte que ce fut camp lof s manihus & oris ofculo , les mains jointes & par un baifer. Chorier. C'étoit la coutume autrefois^ de ne fe point donner le éi7{/è/dans les temps déjeune. A Rome c'étoit une coutume qui duroit encore du temps de Placarque , que les femmes faluairent leurs païens & leurs amis en les baifant.à la bouche. On diioit, au rapport de Flutarque dans Romulus, que les Troyen- nesfauvées avec leurs maris du lac de Troye, & abor- dées enTofcane, brûlèrent leurs vailFeaux pour leur êter l'envie de le mettre en mer; & qu'elles faluerent (Se careircrent ainfi leurs maris , en les priant d'apaifer leur colère. D'autres tout cette coutume moins ancien- ne, & difcnt qu'elle fut établie pour s'alFûier que les Dames Romaines ne buvoient point de vin. Plutar- QUE. Le baifer dés pieds, Pabous , eft une cérémonie fort ancienne chez les Perfans, inftituée par Caioumarath leur premier Roi , pour marque non-feulement du ref- pecl que les fujets rendoient à leur Prince, mais encore de la foi &: hommage que les Princes valTIiux lui fai- foient. Cette cérémonie fut changée depuis à l'cgard des fujets de balî'e condition en celle de baifer la terre en préfence de leurs Princes. D'Herb. au mot Pahous. Baiser, fe dit ligurément & poétiquement des influen- ces & de l'aétion des aftres fur les plantes , fur les fleurs j 6f. 7IZ BAI Comme une jeune rofe Aux bailers du loleil tout fraîchement éclofe. P. LE M. Baiser. Ce mot pris au figuré, fignific aulTi une ceinture de Mars & de Vénus, ou de cuivre & d'acier , de l'ni- vention de CloiFeus. Castelli cité par James. BAISER. V. a. Donner un témoignage d'amitié, d'amour, de relped, d'humilité par l'application de la bouche {ur la joue , fur le vifage, fur la main. Ofculari^^deol- culariy hajîare , fuaviari. Les pères & les mères baifent leurs enfans au front. Les amis fe baifent à la joue, & les amans a la bouche, inàdisbaifa Notre-Seigneur en le trahifanr. On haife la main d'un Evêque à l'oftran- de, la robe d'une Princelfe qu'on f-ilue, la main d'un Seigneur à qui on porte la foi & hommage. On va bai- fer la mule du Pape par refped. On baife les reliques par dévotion. On baife la terre par humilité. Les Grecs n'ont qu'un même mot pour fignifier aimer & baiferj J'aime l'innocent embonpoint D'une idiote ; & n'entends point Baifer ni Platon j ni Firgile. Main. §C? B Aïs ER Az main , c'eft la porter par refpeâ: auprès de fa bouche , lorfqu'on préfente ou qu'on reçoit quelque chofe, ou lorlqu'on lalue. On apprend aux enfans a baifer la main. §C? Baiser les mains. Terme de Civilité, par lequel on exprime qu'on falue quelqu'un. Je vous baife les mains. Je lui baife urès-humblement les mains, & fuisfon 1er- viteur. On dit figurément que deux chofes fe baifent , quand elles font h près l'une de l'autre , qu'elles fe touchent. Ces deux folives fe baifent , s'entretiennent. On ledit aulH des flots de la mer à l'égard du rivage qu'ils tou- chent & qu'ils mouillent. Fameux théâtre des naufrages 3 Toi dont les flots impétueux Kienne d'un pas refpecïucux Baifer le fable des rivages. Godeau. On dit d'un méchant feu , qu'il n'y a que deux ti- fons qui le baifent. On dit proverbialement , je vous baife les mains ; pour dire, je me recommande à vous, ou je vous remercie \ ou ironiquement, je ne veux rien croire de ce que vous dites. On ditaulïï, faire baifer \c babouin; pour dire , obhger quelqu'un à ie foumettre aux plus dures conditions. On dit auiîî de celui qui a grande obligation à un autre, qu'il devroit bafcr Içs pas par où il palle. Baiser le verrouil, la ferrure de l'huis, ou la porte du iîef dominant. Termes de Coutume. C'eft un ligne de l'hommage que le vaffal fait à Ion Seigneur féodal au manoir du fief dominant, en l'ablence du Seigneur, au lieu de la bouche tk des mains, que le Seigneur pré- fente à fon valfal , en recevant le ferment de fidé- lité. Baiser le cul de la vieille. Manière de parler ufitée à Paris, au jeu de billard & autres; pour dire, ne pas faire un leul point , perdre fans avoir pu gagner ni prendre un point. DiÙ. Com. au mot Cul. Il y en a qui , pour parler plus poliment , difent , perdre bre- douille. C'eft un terme du jeu de tridtrac , où celui qui gagne douze points de fuite , marque deux ttous au lieu d'un : ce qui s'appelle partie bredouille. Mais comme on peut perdre la partie bredouille , après avoir pris juiqu'à dix points, perdre bredouille ne li- gnifie pas toujours perdre fans faire un feul point. §CF Baiser, fe dit auflien Géométrie de deux courbes, ou de deux branches de courbes , lorfqu'elles fe tou- chent en tournant leurs concavités vers le même côté. Si les deux convexités fe regardent , on dit fimplement qu'elles fe touchent. Encyc. ^C? On emploie plus particulièrement le terme de baifer , pour exprimer le contadl de deux courbes qui ont la BAI même courbure au point de contad. Le baifemem s'appelle encore alors ofculation. tÇT Baiser, vient de baflare^ bafium j baifer. ic3' BAISE , ÉE. part. ^ BAISEUR, EUSE. f Celui ou celle qui aimeà bai- ler. C'eft un grand baifeur. Bafator, ofculans j of- culabundus. C eft une baifeufe perpétuelle. BAISOIR. f. m. Monnoie d'or, que les Archiducs Al- bert & Ifabelle firent battre dans les Pays Bas, & qui futapppelée baifoir , parce que les deux têtes y étoient, & qu'elles fembloient fe baifer. Papebrock, Acl. Sanci. Maiiy T. I. p. ôj. BAISOTTER. v. a. & fréquentatif. Donner des baifers réitérés & fréquens. Crebru date bafola. Les nouveaux mariés ont accoutumé de le baifotter lans celFe. Cela eft du ftyle familier. ^J" BAISSAN. Petite ville d'Afrique, environ à feize milles de Tripoli , en Barbarie , dans un teiroir très- fertile. BAISSE, f. f. Bailfement , déchet , diminution. fCT II fe dit des efpèces & des papiers royaux commerçables, qui tombent au-delfous du prix qu'ils avoient. Suivant la judicieule exptelïion de M. du Tor, le cours du change eft le baromètre du commerce. Les haulles & les baijffes dont il eft fulceptible , font voir l'état du négoce dans une nation auiîi manifeftemcnt, que les variations du mercure montrent l'état de l'atmofphère. Obf. fur les Ecrits mod. t. 22 ^ p. 2çy. BAISSER. V. a. Defcendre quelque chofe , & la mettre plus bas qu'elle n'étoit. Demittere. §3" Ce mot le dit des chofes qu'on veut placer plus bas, de celles dont on veutdiminuerla hauteur, & de certains mouvemens du corps. Il faut baifer ce tableau pour le mette à la por- tée de la vue. Baifer les voiles d'un nzvire. Baijfer un bâtiment. Bai(fer les yeux. Baifer la tête. ^CT Les oppolés de baifer, font élever & exhaujfer. On baijfe un toit trop élevé ^ & un mur trop cx- hauffé. ^IfT Baisser, eft aulli d'ufage dans le fens neutre, & fe dit de ce qui devient plus foible , qui diminue , qui décroît. Deficere , decrefcere. La rivière haife Se diminue à vue d'œil. La mer baife quand elle eft dans Ion reflux. Ce vin baife , il a perdu de la force. fC? En termes de banque on dit que les allions , les ef- fets commerçables baifent ; pour dire , qu'ils dimi- nuent de valeur. ÇCT Baisser , n'eft jamais employé dans le fens figuré à l'adtif , foie qu'il foit joint au pronom réciproque , ou qu'il ait un autre cas. On le baife en fe courbant. La porte de fa chambre eft li petite , qu'il faut fe baif fer pour y entrer. Il le baiffoit fouvent pour lui parler à l'oreille. Voye\ Abaisser. ÇCT Baisser, dans le fens neutre , fe dit figurément des chofes incorporelles. L'efprit baiffe avec l'âge. Sa fa- veur, fon crédit baiffe. Quand notre mérite baiffe ^ notre goût baiffe aulli, Roch, Je vois mes honneurs croître, & baifer mon crédit. Rac. fer Baisser. Terme de Rivière, fe dit en parlant du chemin qu'on fait en defcendant le long de la rivière. 5tîi//tr depuis Roanne juiqu'à Orléans. Baisser. Terme d'Agriculture. C'eft courber en dos de chat les branches de la vigne qu'on a laifl^ees après que la taille en a été faite ; pour cela on les attache à une perche liée en échalas. Curvare , arcuare. Cette forte de travail le pratique dans l'Auxerrois & aux envi- rons, où les vignes font rangées plus proprement que dans nos autres vignobles. C'eft aulîî là que les vigne- rons difent, il eft tant de baifer la vigne. Ma vigne eft haifée. Ce mot exprime bien ce que l'on veut dire j puifqu'en effet on baife le ferment de la vigne. Ail- leurs, où on ne met aux vignes que des échalas fans perche en travers , on dit accoller , ik. non pas baifer; quoique fouvent auiîi on courbe les branches autant qu'on le peut avec de limples échalas. |CT Baisser. Terme de Manège. Baifer la main à un cheval , c'eft pouffer fon cheval à toute bride. En termes de Marine on dît, baifer les voiles, lotf- ^ue le vent eft trop fort, ou quand on aborde, f^ela ponerc, deponere i laxare i dlmittere. Baifer h pa- villon BAÎ villon , quand un navire plus foit oblige un autre à le faluer. Baijferj luivre le fîi de 1 eau , obéir au reHux //?. Mifcelan , L. 2j ; dans la Chro- nique de Frédegaire, dans Aimoin, De GeJI. Franc, Liv. IV, C. ^S ; 6c bcjulado j bajulationi commit- tere y dans le même Auteur, Hlfl. Z. V, C. ^p. Le précepteur de l'Empereur s'appelle le grandbajule dans Cedinus,C. 1 1 ,n.S:. Le premier Officier de cette efpèce qui fe trouve , eft lous Théodofe le jeune, qui, félon Cedrenus, éta- blit un certain Anticchus Intendant , Patrice &: fon ha- jule y xaiV.. Ba.'vAt» aux?. Depuis , cet Officier eut le ti- tre de ^ra«. 20S ,& ^po. Grégoire , dans les Vies des Pères, C. 6 , parle des bajules de S. Gai qui n'étoitpas fils de Roi, quoiqu'il fût de grande no- blelle. En Italie en a donné le nom de bajule à plufieurs Officiers diffcrens, comme celui de bailli en France: c'eft ce qui fait que quelques Auteurs croient que c'eft de bajulus que s'eft fait notre mot bailli. Les Vénitiens ont eu un bajule auprès des Empereurs Grecs. Foye:^ CoDiNUS CuROPALATEs Àiinzlts Offices àc laCcur dc Co/j/?.FLODOARD,dans i' ///_/?. de l'EglifiJe Reims, Liv. m y chap. 23. Spelman , dans fon GiofJ'. Ar- chxol. GlolLiiic de Cedrenus , celui qu'a imprimé R. Medon , (k celui de M. Du Cange. Bajule. Terme de Lituigie, ou de Rubrique & de Cé- rémonies Ecclcfiaftiques. C'eft ainfi qu'on a ncmmé ceux qui dans les proceilions portent 'les croix .5; les chandeiiers. Pierre Diacre les nomme en latin bajuli cereoftatarii , /laurojeriy Ôcc. En François on dit Pcrrê- croix y pone-chandclicrs y ou fn^plcment, la croix , les chandeliers. Comme on dit, cornecteytrompet(e& tambour, pour ceux qui portent la cornette , qui fon- nent de la tromperte , ou qui battent du tambour. On trouve aulli des bajules d'Abbés & des bajules d'Evêcues. C'ctoient des Officiers domeftiques des uns ëc des autres. Bajule, a encore été le nom d'un Office conventuel dans les Monaftères. C'étoit celui qui recevoir & diftribuoit les legs tk l'argent qui fe donnoit pour le fervice di- vin & les obics. C'eft pour cela qu'on les appcloit /5à- juij ohitutim novoruni. Bajules Ca^i^\:i,ai?.i.s ,Bc:juHCapitularcs ydx.^s l'Or- dre des Holpitaliers , ou de S. Jean de Jérufalem , au- jcurdhui de Ivlalte, font ce que nous appelons .^?//- lis capitulaires y Se les bajules conventuels font ks baillis conventuels. Fore:' Bailli. Daijs les lois de Naples les bajuli dominorum font ceux à qui les Jvlairres ont donné charge, ou cominif • fion d'exécuter quelque chofe; & ils lepondcnr aux Juges que nous appelons 5t2////j. Les bajules des Ga- belles , b..juli Gdbcllati , font les Officiers qui levenl les Gabelles. Bajule, dans Marcell. Liv. 24 y s'eft dit encore de ceux qui portent les morts en terre , Ntxy^t^xi'fiii, Fcfpillo- nis. Voyez .la note de M, de Valois. ifZt BAIZE, ou BhZE. Gros bourg de France en Cham- pagne, avec une Abbaye de Bénédictins unie à l'évc- che de Dijon , à une heuc de Lux , & à cinq de Dijon. fCF Baize, ou Beze, Rivière qui prend fa fource près du bourg de même nom , pallé a Noiron , Mirebeau , Bezonotte, Charmes, Drambon, reçoit l'Alboire ,& fc jette dans !a Sône, au defîus d'Auxonnc. / BAK. BAKAN. f. m. Grande & belle ville d'Afîc dans les In- des, au royaume & fur la rivière d'Ava. Cette ville a X12", ji', 55". de longitude, &ii°,o', o". de lati- tude. P. Du Chatz. ce? BAKAR. Faye:( Bacar. ce? BAKHZAR. Ville d'Afie, dans le Koiafan. Ce moS en langage perfien fignifie l'Orient. Xxxx 7Ï4 BAL fcr BAKU , BAKUYE, BACU, BACHU, ou BA- CHIE. Ville de Peile, dans la province de Sthinvan , près de Scamachie, avec un très-beau port. Cctt* ville a fait donner à la mer Calpienne le nom de mer de Bahu. BAL. BAL. f. m. Airemblée déjeunes gens de l'un & de l'autre fexc pour danler. Chorearum cekbr'uas ^ célèbres cho- rex. Ballano te trouve dans quelques Auteurs Ecclc- fiaftiques. Il y aura chez un tel hal , ballet & comé- die. La fiancée elt la reine du bal. Ces Meilleurs ont couru le bal toute la nuit , & ils ont été à lept ou huit bals dilTérens. Selon S. Chfy(oftôme,il n'y a point de plus dangereux ennemis que ces divertillcmcns noc- turnes, ces bals &cesdanlespernicicules. S. François de Sales , dans \ Incroduclion à la vie dévote j ch. j s j blâme aulH bien fortement les bals ; il avoue que les èals 8c les danfes font chofes indifférentes de leur na- ture ; mais il toutient que de la manière dont cet exer- cice Ce tait ordinairement , il eft plein de danger ëc de péril. Bully Rab. dit à-pcu-près la même choie. On appelle la Reine du bal , celle à qui on donne le bal_,&: qui en fut les honneurs. On appelle aulîî le Roi du bal 3 celui qui en tait les honneurs, & qui dante le premier. Defmarétsa dit figurément & poétiquement de la nuit, qu'elle conduitoit dans le ciel le grand bal des étoiles.* Nicot dérive ce mot du grec ^«aa/Jm, qui fignifie tripudio , je danfe : d'autres le toni venir de taAAw, & m^me de Baal y nom d'une idole qu'on honoroit en chantant &: en danlant. Selon le P. Pezron bail elf un mot celcique d'oii vient bal ^ ballet , & même le grec • |8aAA/Çw , danfer. BALACRE. f. m. Les Balacres étoient des foldats qui iailuient un corps de troupes dans l'armée macédo- nienne , ainfi nciTftnés du nom de Balaccr fils de Ni- canor, & Gouverneur de Pilidie, qui les commandoit. Freinshemius croit que c'étoient des Phrygiens, ce? BAL AD, ou BELED. Beledum. Petite Ville deTur- quie, en Afie, dans le Diarbeck, fur le bord occiden- tal dn Tigre. BALADE. Fbyeç Ballade. l^ BALADIN. Foyei Balladin. fp'BALADOIRE. Foyei Balladoire. BALAFRE, f. f Eftrafilade, taillade fur le vifage, foit à coups d'épéc, foit par quelque autre infttument tran- chant. {C? On le dit plus communément de la cica- trice qui refte quand la blelFure eft guérie. Cicacrix luculenta. Sa balafre lui donnoit un air guerrier, qui relevoit la bonne mine. S. Evr. Balafre, fe dit aulîI d'une découpure longue de deux travers de doigt, qu'on faifoit autrefois fur des pour- points de fatin. Incifura longior. On le dit encore des accrocs qui fc tout par accident (ur les habits. Il ell familier. BALAFRER, v. a. F.iire des balafres fur le vltage de quel- qu'un. Luculentis plagis aliquem deformare. BALAFRE, LE. pAït. &: ^idj. Luculentis cicurkibusde- formatus. On a appelé Henri I Duc de Guife, le Balafré. Ce Prince eft enterré avec Ion époufe fous un magni- fique Maufolée dans l'Eglifc des Jéluites de la ville d'Eu ; & Dom DuplelIIs remarque à ce lujet , que fi le fculp- teur avoir employé pour le Prince le bloc de marbre dont il s'eft fcrvi pour la Princelfe, la nature tk l'art auroicnt également concouru à faire de cette belle piè- ce une des raretés de l'Univers. Sur ce marbre , dit-il , qui eft d'ailleurs d'une blancheur merveilleufe , il s'eft trouvé une rache noire qui défigure un peu le vifage de la Princelfe, & qui eût reptéfcnté parfairement la balafre da Prince. Defcrip. Géogr. ù- Hijl. de la Hau- te-Narm. T. r ^ p. j ^. §C? BALAGANSKOY. Ville de l'Empire de Ruflîe, au pays dcsBuratcs , fur la rivière d'Angar. |C? BALAGNE. Balagnia. Petit pays de l'ile deCoife, dansfapartie occidentale, encre la rivière d'Oftricone &c la ville de Calvi. ^fCTBALAGATE, BALLAGATE, BALEGATE & BA- BAL LAGNATE', autrefois royaume particulier de la piïf- qu'Ile d'en deçà le Gange, enluite province du royaume de Viiapour, & maintenant province duMogol. Elle eft très-riche. iCS" Il y a une chaîne de montagnes de même nom. Xi^r BALAGUER. Bellegarium & Falagatia. Ville d'Ef- pagne,cnCatalogne,au pied d'une collme, avec un châ- teau, liu la Segre , a trois lieues de Lerida , prife par le Comte d'Fiarcourt en 1645 , fur les Elpagnols qui fu- rent défaits dans Ion voifinage. BALAI. 1. m. Inftrument qui lert à amalTer & à ôtcr les ordures, à tenir les maifon^ nettes & propres. Scops. On fait des balais de menues branches de bouleau liées enlemble au bout d'un bâton. On en fait aulli de genêt, de jonc , & de plumes pour nettoyer les tableaux Ik les meubles. Les artifans fe fervent de balais qu'ils appellent efcouvette. Ménage dérive ce mot de valletus , diminutif de vallus , à caufe que les balais font emmanchés au bout d'un bâton. D'autres avec plus d'apparence le déri- vent de hetula y bouleau. Du Cange le dérive de ha- lelsj qui a lignifié la même choie dans la baile Lati- nité, è< qu'on trouve dans Matthieu Paris. Il ajoure qu'on a dit aulFi balaium. Les Bas-Bretons diieutbala'ea dans le même fens ; ce qui fait croire que c'eft un vieux mot celtique. Balai du ciel. C'eft le nom que les matelots donnent lur l'Océan au vent du nord-oucft ■■, parce qu'il balaye, pour ainli dire , le ciel , & le nettoie de nuages. Balai , en termes de Fauconerie, le dit de la queue des oi(eaux;&en Vénerie, du bout de la queue des chiens. On dit proverbialement , halard furies balais, quanti on furfait une marchandife de vil prix. On dit, qu'un valet fait le Aiî/ji neuf, quand il fertbien les premiers jours qu'il eft dans une maifon. On dit aulîî, c'eft un balai neuf qu'on jettera bientc)t derrière la porte; pour dire, en parlant de quelqu'un qui entre au fcrvice des Grands , que tour lui rit d'abord , mais qu'on ne tardera guère à le méprifer. On dit qir'on donnera du manche du balai, à ceux à qui on veut défendre l'entrée d'un logis. Le peuple croit que les iorciers vont au fabat iur un manche de balai. Onditauili, rôtir le ^«r/^îi, quand on ne profite point en quelque métier, en quelque pro- feffion. ^fJ' Il lignifie plus ordinairement avoir été long-temps dans certains emplois. Il a long-temps rôti le balai. On s'en fert encore , pour dire, mener une vie peu .aifée , obfcure, ou qui rient du Hbertinagc. Nous avons long-temps rôti le balai enlemble. Cette femme a long-temps rôti le balai. Du Barras a dit figurément & poétiquement des vents, qu'ils étoient dcuxéventaux de l'air , frais balais de la terre. Mauvais ftyle, figures peu naturelles. ifT Balai, en Chirurgie, broires ou vcrgettcsde l'efto- mac. Inftrument compofé d'un petit failccau de foies de cochon, les plus molles & les plus fouplcs, attachées à une tige de fil de fer ou de laiton flexible, pour ba- layer l'eftomac , & provoquer le vomiirement. BALAI, ou BALAIS, adj. m. Qualité d'un lubis excel- lent mêlé de rouge & d'orangé. Carhunculus pretiojior. Ce mot vient de i?rtAî//?i7. V^oyez Balassie, où le trou- vent ces rubis balais , à ce que dit Ramufio; dont par- lent aulîî Aiéton, & Paul Vénitien. Ne vicndroit-il point plutôt de balafcius , dont fe fcit IVÎattiotti dans la vie de fainte Françoife. Sur quoi les Bollandiftes re- marquent, Mart. T. II , P- 112, que les Académi- ciens de la Crufca définifient le halafcio une pierre précicule très-brillante, di color brujckino, i!insexj)li~ quer nulle parr ce que c'eft que color hrufchino. Les Bollandiftes conjeéîurent que ce mot pourroit venir de brufco , qui cependant figinfie quelque chofe de trifte, d'auftère , de défagréable ; ce qui ne paroît pas convenir à une pierre fi brillante. Ils ajoutent que ta- lafcio eft peut-être un mot lombard , qui fignifieroit un cendré jaunâtre , que les Allemands appeloient Fal- afche. Quoiqu'il en foit, balafcius eft une pierre dif- férente du rubis dans Mattiotti; mais cela n'empêche point que l'éclat de cette pierre n'ait pu faire employer ce mot pour fignifier ce qu'il y avoir de plus beau dans une autre eipèce de pierre piécievifç. BAL On le dit fîgurément des boutons rouges qui vien- nent fur le vitale des yvrognes. Régnier a dit du nez de fon pédant. Où maints rubis balais tout rougijfans de vin Montroicnt un hac itur à la Pomme de pin. ?fT BALAMBUAN , PALAMBUAN , PALIMBAN , & PALEMBAN. Contrée dans la partie orientale de I Ile de Gava , & qui a pour capitale une ville de même nom. Il y a aulli dans l'Ile de Gava un détroit & une ri\'ière.qui portent le même nom. BALANCE, f. f. Inllrument qui fert à connoltrc l'éga- lité, ou la diflcrcnce de la pefanteur des corps graves. Trutlna. Ce mot e(è fait du latin bilanx. Il y a deux fortes de ha lances. V.xndznnc ou la Romaine ellcom- pofée d'un levier ou fléau mobile lur un centre (uf- pendu vers une de fes extrémités. On attache du côté gauche les corps graves, & leur petantcur te melure parles points matqués iur le tléau, à l'endroit où s'ar- rête en équihbre un poids mobile qu'on tait courir lur la branche ou le long du plus grand côté vers la droite. Cette balance eit encore en ulage dans les bouche- ries , Vautres lieux uùil faut peler de grands fardeaux , ou qui font en grand volume. On l'appelle autrement pefon. Statcra. La féconde (orte fc fait avec un fléau fufpendu éga- lement par le milieu , aux extrémités duquel il y a des plats ou badins attachés avec des cordes. Libra. Les parties de cette balance font les deux balllns, lances ; le fléau , Scapus ; la languette , Examen; l'anie, Enfa; & la chalFe, au haut de laquelle il y a un anneau pour la lufpcndrc. On appelle les cornes du Héau de la ba- lance , les deux extrémités. Ca pita.V 3.\AVe.\i2\x adonné la figure des balances anciennes dans Ion livre des Meubles antiques. ify La balance ordinaire cft un levier de la première el- pèce. ( f^oye:^ Levier. ) La puiiFance el^ repréfentée par le poids du métal que l'on met dans un des ballins; le poids, par la marchandile que l'on met dans l'autre ; 6c le point d'appui , par cette elpèce de clou autour du- quel (e niL'ut le Héau de la balance. Comme cette ma- chine ne doit lervir qu'à mettre en équilibre deux quan- tités égales de matière , le fléau doit être partagé en deux parties égales : les deux bras doivent être parfai- tement ég.^.ux ; les cordes qui fervent à les lufpendre, ne doivent pas être plus pelantes les unes que les au- tres : en un mot la balance vide doit être , lorfqu'elle eft tufpendue , dans un parfait équilibre. ÇCF La romaine eft encore un levier de la première ef- pèce. La puillance eft rcprélentée par le poids mobile que l'on peut avancer ou reculer à volonté : le poids , par la marchandile que l'on attache au crochet; & le point d'appui , par cette efpcce de clou autour duquel la romaine (e meut. Cette machine compofée de deux bras inégaux lert à mettre en équilibre deux quantités inégales de matière. En eftet li le poids mobile pefe 10 livres , & que vous le placiez à lo pouces du point d'appui , il fera en équilibre avec un quintal de mar- chandiles, que vous attacherez à un crochet éloigné du point d'appui d'un pouce (eulcment -, parce que la force d'un corps fe connoît en multipliant (a maire par fa vitcllc. Le poids mobile a iode malFe & lo de vi- telFe. Il a donc loo de force. Le quintal de marchan- dile a loo de malle & i de viteire. Il a donc loo de force : i^v" par conféquent ces deux poids doivent être en équilibre. Roberval , Profeireur royal des Mathématiques a Paris, a donné une nouvelle manière de balance très- dirtérente des autres, dont on voit la defcription dans le Journal des Savans râôp , lO Février. Dans le même Jotirnal en i6j6,pan. 2âj j M. de Caflîni donna l'idée d'une balance arithmétique ^ dont l'ufage cft de connoitre le poids & le prix des marchandifes , & de faire les règles de multiplication , de divihon , & la règle de trois en tout nombre donné. Les balances fines , qu'on appelle autrement tré- buchets , font de petites balances avec lefquelles on pele l'or , & qui fervent aux EiFayeurs. Nummaria Tome I. BAL 715 trutlna. Elles font fi juftes, qu'on en a vu trébucher pour la 4096^ partie d un grain : Boizar'd dit feulement peur la 1000*^ partie d'un grain. Ces fortes de balances font fufpendues dans une grande lanterne afin que l'air ne les agite p.as , & que les pefées puillent être plus julles. BoiZARD. Les balances fourdes lont des balances dont on fc , fert dans les monnoies, qui ont les deux bouts de leur fléau plus bas que leur clou , & leur chapfe , ou chaflc, qui eft foutenue en l'air parle moyen d'une guindole, que les ouvriers appellent guignole. On dit que le poids emporte Va. balance, pour dire, qu'il eft plus pelant que la choie qu'on pele contre. AcAD. Fr. Ce mot a été dit de bislancia , pour bis lanx. Mé- nage, après Palquicr. Etienne Guichart va plus loin , & fait venir bilanx de l'hébreu dVs , palas , qui i\- ^nAe librare ,ponderare , dirigere j c'eft-à-dire. Pe- ler , rendre droit. Il n'y a point d'apparence à cette éty- mologie. D7£j lignifie une manière de peler diftérente delà balance ,c\\.\i s'appelle en hébreu iZj3î5îD /720^- naim. Bis & lanx , bilanx , à caufe des deux plats de la balance ., eft une étymclogic trop naturelle & trop évidente pour en chercher une autre. On trouve plu- fieurs belles démonftrations touchant les balances chez Guy Ubalde , Galilée , Simon Stevin , Jean Butécn , Cahmir Polonois, Se autres. Balance , en termes de Négoce , fe dit delà clôture de l'inventaire d'un Marchand, où il met à gauche en dé- bet la fomme de ce qu'il a de fonds en argcnr , mar- chandifes, dettes ac]:ives, meubles & immeubles; & à la droite il mijt avoir j qui lont les dettes paffives. Se l'argent qu'il doit payer: & quand on a déduit ce qu'il doit d'un côté, de ce qu'il a de bien d'un autre , on voit , tout étant compenlé & balancé , ce qui lui refte de clair Se de net , ou ce qu'il a perdu ou gagné. 0C? Balance, chez les teneurs de hvres a parties dou- bles , hgnific l'état final, ou kfolde d un grand livre, ou livre de raifon , ou d'un compte particulier. fCT Balancé , hgnifie encore la déclaration que font les maîtres des vailleaux des effets & marchandiles dont ils font chargés. Ce terme effen ufage parmi les Mar- chands qui trafiquent en Hollande par les rivières du Rhin&; de la Meule. Encyc. Balance, fe dit figurément des raifonnemcns contraires qui agilTent fur notre efprir,&qui le font pencher tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Tibère a tenu la balance égale entre Ion fils (Te Gcrmanicus. Ael. La plus ardente des atfeéf ions humaines n'a pu emporter la balance en faveur du Légataire. Patru. On peint la Juftice avec une balance à la main, pour figurer qu'un Juge doit pefer^ mettre en balance les railons de l'une Ôc de l'autre des parties. Quand il s'agit de choilir entre la vertu & le vice, il ne faut point être en balance pour prendre parti. Il n'cftplus queftion d'en- trer dans le détail , ni de peler à la faulfe balance des fubtilités humaines toutes les exprellîons des Peres. Peliss. f;Cr Mettre dans la balance , examiner en comparant. Mettre dans la balancc\cs-3.tïions de deux grands hom- mes , c'eft en faire le parallèle. Faire pencher la balance , faire qu'une perfonne , qu'une choie, qu'une confidé- ration l'emporte fur lautre; tenir l'elprit en balance , le tenir en fufpens , irrélolu , en équilibre. On ditauflî pendant un combat opiniâtre entre deux armées, que la viéloire eft en balance 3 en lufpens , qu'elle ne fait pour quel parti le déclarer. Balance , eft aulli un des lignes du Zodiaque où le fo- leil entre au mois de Septembre. Libra. (fT On l'ap- pelle balance , parce que les jours & les nuits font d'é- gale longueur , fontcomrue dans une efpèce d'équili- bre , loiique le foleil entre dans ce figne. Les Poètes di_- fent que c'eft la balance d'Aftrée, Déclfe de la Jul- tice, qui le retira au ciel pendant le ficclc de fer. Quand le foleil arrive au premier degré de la balance , nous avons l'équinoxe d'automne ; ce qui arrive le 23 de Septembre. M. Harris dit le 1 1 , parce qu'étant An- glois , il fait fes calculs fuivant le vieux ftyle , & non pas fujvanc la réformation grégorienne , par laquelle on Xxxx ij -]j6 bal rerrancha dix jours dans ce temps-là , 6c un onzième , qu il a l'allu retrancher au commencement de ce licclei cnturce que le 1 1 Septembre au vieux ftylc répond au 23 !>eptcmbie du nouveau. La balance ell le lymbolede la Juflicetavccce mot, omnibus itquè , c'clt la devKe d un homme jufte. Au contiaue avec ce mut italien , Pende onde prcnde , ou h'icw /F iega onde piu rsceve ;c'eftladevi(ed unhomme injufte. Le Cardinal Diomède Carale d'Anano avoir pour ùevile une baiance j avccce motquine convient point au corps , moderato durant. Sur les mcdailL-s romaines l'Equité & la Monnoie tiennent en main une balance lemblable aux nôtres. BALANCÉ. 1'. m. Terme de danle. Nom d un p^î.Fa£us \ Ukraciis. Le balancé cil: un pas qui le lait en place , comme le pirouetté , c'elt-a- dire , lans avancer ni recu- ler, mais relrant en la même place. Il (e faitoi'dinaire- ment en prelence , quoiqu il fe puille faire auiii en tournant , mais comme ce n'efl eue le corps qui tour- ne, & que cela ne change aucun mouvemerit, il Suf- fit de décrire la manière de le Lairc en préfence. Il eft compolé de deux demi coupés , dont l'un fe lait en avant (!>»: 1 .uitre en aniè.e. En commençant vous plie^ à la première pofition , & vous le porrez à la qua- triè.ne, en vous clevaiic îur la pointe ; puis vous po 1^- le talon a terre, t<>: la jambe qui eft en l'.air , s'é- tajit approchée de celle qui eft: devant, & fur laquelle vous vous êtes élevé étant en l'air ,vous pliez (ur celle qui a lait ce premier pas , & 1 autre étant pliée , le porte en arrière a la quatrième polition , i(c vtus vous élevez deihii, ce qui finit ce pas; mais en faiiant ce pas au premier demi coupé , 1 épaule s'efface, & la tcte raie un petit mouvement. Rameau. Le balance eft ua (.as Ijtt gracieux , ik le place dans toutes for- tes daiis , quoique les deux pas dont il eft compofé, ioient relevés également l'un (S.: I aime. Il eft f jit ufité dans les m-nuets figurés &menuets ordinaires, de même qu'au palle pied, il le tait a la place dun pas de me nuet, Ôc occupe la même valeur; c'eftpour.;uoi il doit être plus lent, puilqueces diux pas le font dans 1 é- tendue de quarre pas que contient le pas de menuet. Ir. BALANCE.vtLNT. i. ifl. Adion du poids qui balance également de deux côtés jufqu'à ce qu'il fcit en arrct, ou en équilibre, mouvement par lequel un corps peu che tantôt d un côté , tantôt de l'autre. Lit ratio Ln pendule agité fait un long balancement _, judiU'à ce qu'il fuit en un plein repos. Le Hux & retlux de la mer vient, félon quelques \'\\ybc\çns,à\x balancement c^uz le globe de la terre a fur fonaxe. Bouh. Balancement , ou Pas balancé. Libratio corporis in alterum psdem. f-'oye^ Balancé. f :T balancer. V, a. 1 cnir en équilibre, librare. Un danleur de corde balance fon corps pour ne pas tom- ber. |CF Se balancer. Se pencher tantôt d'un côté tantôt d'un autre. Cet h jmme fe balance en marchant. On le dit en ce lens de deux perlonnes , qui étant fur les d.ux bcutf d une planche mile en équilibre, le font hauller ^c bailfer alternativement. Librare Jefe. Les enfans le balancent par divertillement. IJCr En fauconnerie, le balancer le dit d'un oifeau de proie qui refte toujours à la même place , qui fe tient lulpendu en l'air , fans prefque remuer les ailes, en oblervant i^x'pïois. Fiadit itcr hquidum ^ célèbres neque commovet alas. .^fT Balancer, eft aulîî neutre, &fignifie pencher tan- tôt d un côté , tantôt de l'autre. Quelques Phyficiens prctcndcpit que la terre balance fur fon centre. ^ifT En termes de chalfe , on le dit des chiens qui pour- fuivent la b "te , quand ils ne tiennent pas une route cer- taine , ik. quand ils le jettent tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Une part de mes chiens fe fépare de l'autre , Etje lesvO'Sj Marquis ^ comme tupeux penfer y Chajjer tout avec crainte , & finaut balancer. ^ZT On le dit aulfi de la bête, qui , chalf.e des chiens couraiis , vacille eu fuyant. Le chevreuil balance. BAL §3* Dans les manufactures de foie , on dit qu'une lilTc balance ^ quaiid elle le levé ou fe baille ^ lui d'un côté que d'un autre. On le dit encore des mauvemens qui font aller & ve- nir une choie dun côté à laucre, ce '.,ue l'on appelle quelquefois bercer ^ & queL;uefuis balancer j mais il ne faut pas employer indifféremment ces deux verbes dans les mêmes occafions ■■, c utre que balancer tù. tou- joufs bon, ik bercer n'eft guère que du ftyle familier en ce fens. Librare fe. La terre balarxe , i u fe balance fur fon axe. On alfure qu'une montagne dans la Chine s'ébranle quand le ciel menace de quelque orage, & fe balance à droite &: a gauche ccmme un arbre que le vent agite. P. Le Comte. ÇC? Balancer, dans le fens figuré , feditaâ:ivement& neutralement. Lans la première acception , c'eft exa- miner avec attention dans une choie les laifons qu'il y a peur & contre, h enfare , ptndere aiiquid fuo pon- dère. Balancer les railons des parties. U fe mit a ba- lancer en lui-même , tantôt Ion avis , & tantôt celui de fes capitaines. Vaug. Les Juges étoient pauagés , & 1 affaire fut long temps balancée. ifT Balancer, marque encore une effècede compa- raifon d une cho'.e avec une autre , fans que 1 unepuilïc 1 emporter fur l'autre. Mauare j nquiparare y pcrf.rc. La joie que l'on a de l'élcvaticn de Icn ami , eft ba- lancée par la peine qu'on a de le voir au-dellus de foi. Les bienfaits dans un cœur balancent-i/j l'amour ? Rac. L'homme a , comme la mer ^ fes flots & fes caprices. Maisjcs moindres vertus balancent tousjes vices. Bgil. {C? Balancer , en termes de peinture. C'cft mettre une lortc décuilibie dans les grcupes, de façon qu'il n'y au pas un côté du tableau j-kin de fguics , tandisque laurre eft vide. Acad. 1 r. On dit e^u'une figure eft balancée y\oii}ie\ts membres (ont dilpolés avec équi- libre, relativement au cer.tre de giavité. Balancer les membies d ur,e figure, les faire ccntrafter. Les mou- vemcns ne font jamais i^.arurcls, li les mcn.bres ne font également balancés fur leur centre dans une égalité de pe'ids; ce qui ne peut arriver, s'ils ne con- tiafterit les uns avec les autres. Balancer v. n. Dans le fens figuré fignifie, être en iulpcns, irréfolu, incliner tantôt d'un côté, tantôt d lin autre. Tluciuare, h&rere, hsftare ., fufpenjo ejfe anirrOj animi pcndere. Il balançait entre 1 honneur du monde 8c la crainte de M. le Prince. Rochef. Il y avoir long temps qu'il balancoit s'il le marieroit ou non. On dit aullî que la victoire a long-temps ba- lancé entre les deux partis. Mars anceps , dubius. • Ce n'eft pas que mon cœur vainem. entff pendu Balance pour t'qffrlr un encens qni t eft du. Boil BALANCÉ, ÉE. part. IP" BALANCIER, f. m. On appelle génétalementainfi, en Mécanique , toute partie d ur,e machir.e qui a un mouvement dofcillarion, & qui icrtou à ralentir, ou à régler le mouvement des autres parties. Libramen- tum. {itT Balancier en Horlogerie. C'eft un cercle d'acier eu de laitun qui fe meut lut un pivot; qui a deux pa- lettes au bas de Ion pivot , qui modèrent ou arrêtent l'eftort ou le mouvement d'un relfort , qui lans cela fe ficheroit toutd un coup. /.,u.a<; c'cft à-dire, les ilcs laines. C eft uneidce lans londement. Bochart, qui dans ion Ckanaan,Liv. li ch. 3S , avoue que ce nom tut donné aux Inlulai- res,à caufe de leur habileté à lancer des pkrres, ne veut pas cependant qu'il vienne du grec /3«AAfî'' , jeter^ lancer ; mais du Phénicien m^ , V j;2, baal-jaro ; c'elt- à-dire, Magifer jaculi :, ou projiciendi lapides :, ha- bile à lancer. Cesilcs ont encore été appelées r^f^^ra,, Gymncf.s., ik les habitans Gymnctcs , de ><•■.«=', nu , parce aue les barbares qui les habitoicnt , étoient tout nus,re'vétantde peaux feulement Ihiver. Ces îles ont fait un royaume particulier , que les Maures envahi- rent loriqu'ils fe rendirent maîtres de la Betique, & d'où Jacques I roi d'Arragon les challa en 1130- L>e- puis ce temps-la les Baléares font partie du royaume d'Arragon. Foye^ fur les Baléares le Marca Hijpa- nica de M. Balufe, où l'on voit à qui elles ont appar- mui, tant pour le fpirituel que pour le temporel. Il fe dit aulll-bien des habitans de ces îles, que des îles mêmes. Quintus Métellus attaqua l'an de Rome 619 , les Baléares, peuples jufqu'alors prefque lauva- ges , &• qui n'avcient paru dans les guerres que comme auxiliaires des Carthaginois. Crevier, Hïfi. Rom. BALÉARIQUE. adj. m. & f. Qui eftdes Baléares, ou qui appartient aux Baléares. Balearicus. Il y a une ctpèce de grue qu'on nomme grue baléarique , dont nous par- lerons au mot Gru e. Q. Ca:cilius Mctellus fut furnom- mè Baléarique, pour avoir fournis les Baléares au peu- ple Romain. C'eft ce que marque une ancienne inlcrip- tion qui fe voit fur les murailles de Tarragone du côte de l'occident, & qui porte Q. C. M. B. INS. BAL. O. ET. IMP. ROM. S. IN PER. c'eft-à-dire , Quintus Cacilius Métellus Balearicus infulas Baléares ohti- nuit,& Imperio Romanofuhjecit in perpetuum. Nous avons unehiftoire du royaume 5a/ean?Ke en efpagnol par le Doâeur Jean Damcto, la hijloria gênerai dcl Reyno B-alearico. BALEINE, f. f. BaUna. PoilTon d'une grandeur extraor- dinaire , le plus grand de tous les animaux. Gcdcau • les appelle des écucils vivans. Pline fait mention de quelques haleines longues de quatre arpens , d'autres de 200 coudées -, mais il fe trompe , ou il exagère. Il y en a dont les os ou arrêtes font capables d'étayer ou de fcLTir à conftruire de grands édifices. Les baleines du Nord font beaucoup plus grandes que celles qui atter- lillént fur les côtes de Guyenne , ou de la Méditerra- née. Il y en a pourtant à l'Amérique de fort grandes, qui ont jufqu'à 90 ou 100 pieds entre la tête & la queue, dont les nageoires ont 26 pieds, les ouies trois pieds, & la largeur de leur queue eft de 23 pieds. Le P. d'Ouaglie écrit dans (a Relation du Chili;, ch. i j , qu'il y a plus de baleines au Chili qu'en aucun autre lieu du monde, & fi grandes qu'on les prend quelque- fois pour des îles. Pomey rapporte qu'en 1658 , onap- porta à Paris le fquélette d'une /■^/««(.'j dont le crâne éioit de feize à dix-fept pieds d'ouverture, pefant qua- tre mille fix cens livresi les mâchoires de dix pieds d'ou- verture, & quatorze pieds de longueur, pefant chacu- ne onze livres-, les nageoires qui reirembloient à des ■ mains, de douze pieds de long, pefant chacune llx cens livrcsiles côtes de douze pieds & demi, pefant cha- cune quatre-vingts livres; les nœuds de l'échiné depuis la tête jufqu'au bout de la queue de quarante-cinq pieds de long , les premiers nœuds pelant cinquante livres, & les autres diminuant jufqu'au bout. Les Chi- nois difent qu'on en a pris dans leurs niersquiavoient 960 pieds de long. Nos Européens néanmoins n'en ont guère trouvé qui aient excède 2co pieds. AmbajJ. des Holl. à la Chine, Part. II ,p. op. Il y a des baleines de plufieurs fortes , qui produi- ■ Tent toutes des baleinons vivans & parfaits animaux , ■ mais qui n'enportcat que deux tout au plus. Elles les f. BAL nourrUTciit à la mamelle avec grand foin. La nouiri- ture des baleines ell une eau ou écume qu'elles favent exttaire de la mer , à ce que dilent ^lian , Rondelet & Gefner. Elles vivent aulu d'un petit inlede quelesBaf- ques nomment Gueldj qui eft le Pfillus marinus , ou la Puce de mer , qui fe trouve dans le Nord en grande abondance pour nourrir le gros poillon. En cftet, dans la diiledion des baleines on ne trouve autre pâtuie dans leuteftomac que de l'eau épaifle, & de ces me- nus infectes , rarement quelques anchois ou petits poif- fons blancs i mais jamais de gros poiflons, ni de mor- ceaux d'ambre, comme ont voulu taire croire Cardan & autres. Les Hollandois , dans leur j4mba[J. ù la Chi- ne, p. çç -, difent qu'on ne trouve dans leur cftcmac qu'environ 10 eu 12 poignées de petites araignées noi- res , (Se quelque peu d'herbe verte \ tk que quand h. mer fe trouve couverte de ces araignées, c'eft une mar- que que la pèche fera bonne. Ils ajoutent qu'on a quel- quefois-trouvé 50 ou 40cabillcaux dans leui ventre. La plupart des baleines n'ont point de dents, mais feulement des fanons ou barbes dans la gueule larges d'un empan , k longues de quinze pieds , plus ou moins, finillant en franges icmblables parle bout aux foies de orceaux, lefquelles (ont enchaffees par en-haut dans e palais, & rangées en ordre lelon leur différenre gran- deur, comme le manteau d'un oifcau. Ces barbes fer- vent à dilater & à reftreindre les joues de la bête, qui font quelquefois fi amples , qu'elles lont capables de contenir le baleinon nouvellement né , comme dans une boite , pendant les orages , comme écrit Olaiis. L'Auteur de YAmbaJf. des Holl. au Japon, Part. II ^ p. /^ (7 j dit que les haleines du Japon ont deux grands trous fur le mutle , par où il entre quantité d'eau, qu'el- les revomillent enfuite avec grande impétuotité. Le P. du Tertre , Hijl. des Antilles , Tr. IF, ck. i ,§. r y dit qu'elles vont fouftlant & comme féringuant par les nazeaux deux petits fleuves d'eau, qu'elles pouflent dans lair haut de deux piques, & que dans cet effort elles font un certain meuglement, qui fe fait entendre d'un bon quart de lieue. L'Auteur de VAmbajfade oj^ Japon ajoute que leurs yeux lont longs de trois au- nes, & larges d'un pied & demi; leurs ouies beaucoup plus grandes dedans que dehors, & qu'elles entendent le moindre bruit; que quand elles ouvrent la gueule, elle eft large de plus de cinq bralles; que leur langue a dix-huit pieds de long fur lix de large ; qu'il e;ft cer- tain qu'elles te nourrilTent de poillon , Se qu'on a trouvé dans le ventre de quelques-unes 40 ou 50 morues. Les Journcaux des Savans d'Angleterre , en parlant des baleines qui le trouvent dans la mer de l'Améri- que aux environs des Beimudes, dilent qu'elles ont de grandes barbes pendantes depuis le délions du nez juf- qu'au nombril , & vers la fin des parties de derrière une crête tur le dos ; que ce poilfon a la figure fort aiguë par le deirièrc, approchant de celle du toit d'une mai- fon; qu'a côté de la tête il yaplulîeurs belles; que fon dos eft extrêmement noir, & Ion ventre blanc; que l'agi- lité & la vîtelFc de ces poiftons eft inconcevable ; qu'une ayant été arponnée, elle entraîna le vailfeau de plus de 6 ou 7 lieues loin en trois quarts d'heure ; que quand elles lont blcirées, elles font un cri horrible, au- quel toutes les autres qui le peuvent entendre , accou- rent , mais tans faire aucun mal à perlonne ; qu'elles font plus longues que les baleines de Groenland, mais moins épailfes ; qu'elles fe nourriftent des herbes qui croitTent dans le fond de la mer ; que l'on a trouvé quelquefois dans leur eftomac deux ou trois hottées de matière verte Se herbue ; que l'on peut tirer jufqu'à 7 ou 8 ronnes d'huile des plus grandes de ces baleines ; que les baleinons en rendent un peu , & qu'elle reirem- ble plutôt à de la gelée qu'a de l'huile ; que celle des vieilles baleines , fe fige comme du fain de pourceau, & ne lailFe pas de très-bien brûler; que celle que l'on tire de la graille, eft claire comme du petit lait ; mais que celle que l'on tire du maigre entrelardé, fe durcit comme du luit, & pétille en brûlant; que celle enfin qu'on fait de la panne , eft comme de la graifte de porc; qu'on peut tremper la main dans cette huile toute bouil- lante faus le brûler ; qu'elle eft fouveraine pour les plaies. BAL plaies , & pour plufieurs autres fortes de maux , étant appliquée lui la partie malade. Ariien rapporte dans les navigations de Néarque , que la flotte d'Alexandre ayant trouvé dans la mer des Indes des baleines qui jctoient beaucoup d'eau en l'air , tout l'équipage fut extrêmement épouvante ; que Néarque ayant appris ce que c'étoit , oidonna qu'on allât droit à ces monllres en ordre de bataille , trom- pettes louantes, cnant beaucoup, frappant les armes pour faire un grand bruit; & que cela les fît plonger dans la mer , & les clialla. Il y a une efpèce de baleines qui ont de petites dents plates dans la gueule lans fanon; & de celles-là les Balques tirent la drogue qu'on nomme fperme de baleine -, dont ils rempliirent des tonneaux, le puilant dans la ttre avec des poilons , ou grandes cuilliers. Les Droguiftcs l'étreignent, le lavent, & le préparent cnforte qu'ils le rendent blanc comme la neige ou fleur de fel , & tentant l'odeur de la violette, ils l'ont nommé blanc de baleine , à caule que les femraess'cn fervent pour faire un fard excellent. Cette matière blanche & écailleufe fe fond comme de la cire. La plupart de ceux qui tirent cette matière des baleines , affurentque c'efl Ion cerveau , mais il n'y a pas d'appa- rence, puilque nul cerveau de pcillon n'a les qualités du blanc de baleine. Ne pourroit-on pas croire plutôt que c'ell une fubllance moelleule qui fe trouve logée entre les deux tables du crâne de ce poifFon? Le blanc de baleine iXp^eWz fperme ^ ou la nature de baleine :, fperma ceti, parce qu'on a long-temps douté fi cette matière n'étoit pas le fperme même de l'animal. On la nomme eiicore aml-re blanc , ambamm album , àcaufe qu'on en a trouvé des morceaux fur les borils de la mer. Le blanc de baleine fortant du poiflon ell: prel- : de l'île de ce nom, fur une rivière qui afon embouchure lur la côte occidentale de l'Ile , dans le détroit de Balambuan. ^fT Bali , {JJle de) que quelques uns nomment aulli la petite Java 3 Java minor j eft l'île la plus proche de la grande Java à l'orient , dont elle n'eft léparée que par le détroit de Balambuan. ifT Bali. Royaume au midi oriental de l'AbilTinie , dont il fait partie , c^uoiqu il n'appaiticnne plus à l'Empe- reur des Abillms , borné à 1 crient & au midi par le royaume d'Adel, à l'occident, par celui de Fatagar , &: au nord, par ceux de Gan ik de Dawaro. BALIE. f f. Quelquefois adj. On dit aulh Bali, f. m. C'eft le nom de la Langue lavante des Siamois. Tous les livres qui traitent de la religion de ces peuples , font écrits en langue Balie. En cer endroit il eft adjec- tif. Il n'y a que les Dodeurs Siamois qui entendent labalie : il eft ici fubftantif. La religion des Siamois eft fort bilarre , & on ne la peut parfaitement connoî- tre que parles livres écrits en langue balie , qui eft la langue que peulonne n'entend, hors quelques-uns des leurs. Le P. Tachard. Le nom de halie vient de ba- la j mot chaldéen , qui lignifie a voir viei//i j parce que c'eft une langue morte qui s'eft confervée chez les Sa- vans. Il n'y a prelque perlonne dans le royaume de Siam qui ne falle la prière tous les jours en langue balle. C'eft la langue de leur religion , comme la la- tine l'eft de la religion Romaine. Le Clerc. Les Talapoins paroiirent fort favans dans leurs fer- mons , quand ils citent quelques pallages de leurs li- vres anciens , qui font en langue bali. Ce bali eft comme le latin parmi nous. Abbé de Chois y. Le Che- valier de Chaumont dit la même chofe', & ajoute que cette langue eft très-belle & emphatique, & qu'elle a les conjugailons comme la latine. Relation du voyage de Slam. B ALIER. V. a. Il ne faut point fe fervir de ce mot. Voye\ Balayer. BALIEUR.f. m. Ce mot nevaut rien. / ojc^Balay-eur. BALIN. f. m. On appelle de ce nom à la campagne un grand drap qui fert à vanner le grain ; il reçoit le graiii qui rombe quand on le vanne ou qu'on le crible. BALINE f. f. Efpèce de grolfc étofte de laine d'un très- bas prix, qui lert à faire des emballages. BALISAGE. FojdçBALiNE. BALISE, f f. Terme de Marine. Marque qu'ojjUTiet pouc allurer la navigation fur les côtes ou canaux de la mer, dans les heux dangereux, & aux havres de barre ou d'entrée où il y a peu de fond. Ce font ordinaire- ment des tonneaux attachés par une chaîne de fer à de grolVcs pierres qu'on jette au fond. Ils nagent lur l'eau, & marquent le chemin qui eft le plus lur. Il y en a beaucoup en Hollande pour arriver à Amfterdam. Il y a quelquefois des mâts drellés, qui fervent de baiifes oude bouées , qui lignifient la même choie. Ce font quelquefois de grands arbres toulFus de feuillages & de branches , hauts élevés , & pofés en échauguette à l'embouchure des rivières , aa nombre de deux pour le moins, qu'il faut prendre en jufte alignement l'un cou- vrant l'autre , enforte quetousdeuxne paroillent qu'un à l'œil , & il faut entrer en certe pofture qu'on nomme travers. Les Mariniers expliquent cet alignement en ces ter- mes, fermer l'un parmi l'autre pour être dedans. T Dans quelques rivières , dans la Loire principale- ment , on met des halifes pour marquer les endroits où il y a allez d'eau pour le pallagc des bateaux. f/CT Balise, fe dit aulli de l'elpace qu'on eft obligé de laifter le long des rivages de rivières , pour le halage des bateaux. QCT BALISER. V. a. Mettre des baiifes. B A L BALISEUR. l". m. Celui qui eft chargé de veiller aux ter- res des riverains , qui lont tenus de iaillerdix-tiuit pieds (ur les bords de la rivière pour J-aciliter la navigation. BALISIER r. m. ou CANNE D INDE. i". £ Carr.acorus ^ canna indlca. riante qui vient des Indes , (ïc cui a de fes racines compolees de gros nœuds ou tubercules fi- breux & chevelus , d'où partent quelques tiges hautes de quatre a cinq pieds , enveloppées de kuilles , qui forment d abord des cornets très- bien roules , ik qui peu à-peu le déploient ilk ont louvent un pied ik demi de longueur fur demi-pied ou huit pouces de large : elles font rayées de plulîeurs nervures tranfverlales qui partent de la côte qui lépare la feuille en deux, bes rieurs occupent le lommet des tiges; elles lont d'un beau rouge , chaque fleur eft un tuyau découpé pro- fondément en cinq ou fix pièces inégales: la pièce du milieu reprelente une languette , qui eft chargée d un fommcf. Le calice , qui eft un autre petit tuyau qui en- veloppe la rieur dans la nailHince , a à la baie un em- bryon, qui après que la feuille eft palfée , devient un fruit qui contient dans ces trois cellules membraneules des (emences brunes , rondes , dures 6i grolles comme de petits pois: on en fait des chapelets. Il y a plulîeurs ef-èces de halifiers qui différent entr'elles par la cou- leur de leurs Heurs , par la grandeur & par la largeur des feuillets. Comme les feuilles de halifurs font fer- mes, elles fervent aux Indiens à envelopper plulîeurs drogues, & même quelquefois à couvrir leurs caba lies. Les Auteurs Botaniftes ont parlé de cette plante fous le nom de canne d'Inde , canna Indica j & de Flos cancru Voyez Dalechamp tk\e P. Du Tertre. HiR. des A nul. T. Il, p. 126. BALISFAIRE. f. m. Baliftanus. Nom d'un Officier de guerre de TEmpire Romain & de l'Empire Giec. Les Baliflaïres étoient répandus dans les villes de l'Empire , & ils avoient foin d entretenir en bon état les armes ik les machines qui étoient dans les arfenaux. f oye^ GuTHER. BALIb i E. f. f. Balijia. Machine de guerre , efpèce de fronde djnt fe fervoient les Anciens peur jeter des pieries, La h-^AiJle différoit de la catapulte, en ce que les catapultes fervoient a lancer des javelots &c des dards, au lieu qu'avec les falifîes on ne lançoit que des pierres. Du refte , elles fe bandoient de la même manié e. On peut voir les figures dans Jufte- Liple , Vegece, Liv. 11^ , ch. 22 , Se autres. Ammien Maicellin 1 a décrit fcrtexaclenjent, Iiv. XXIII-ich.^. On 1 appeloit en vieux trançois magnonneau. Sanulus , Liv. J^ , P. If'' , chap. ^ , zn rapporte les difiérentes efpèces. Un Hiftoiien contemporain de Lhihppe Au- gufte , remarque a 1 occalion du fiège de Boves , que la halïjle n'étoit point alors en ufage en France , quoi- que cette machine fut fort ancienne , & affez com- mune ailleurs. C'stoit une machine avec laquelle on jctoit dans les places alliégées de grolfes pierres, des flèches & des feux d'artifices. On fe fervoit en Fiance , de la mine & du bélier, pour renverfer les murailles , & de quelques autres machines qui approchoient de la halifle. P. Dan. 03° BALISTIQUE, f. f ScieiKcdu mouvement des corps pefans jetés en l'air fuivant une direétion quelcon- que. Ce mot vient du grec /S«'aa« , jacio^je jette. L'art de jcttcr des bombes eft une partie confidérablc de cette fcience. BALIVAGE, f. m. Terme des Eaux & Forets. Marque des baliveaux qu'on doit lailfer fur chaq^ie arpent des bois qu'on a coupés, ou qui l,_>nt à couper , pour les lailTer croître en haute ivMic.DcJîg natte, ad propaga- tïonem arbores , rehciinpojl cffuram arbores. Les Of- ficiers des Eaux & Forets font le balivage des bois avant que d'en faire l'adjudication. BALIVEAU, f. m. Terme des Eaux & Forêts. Jeune ar- bre au delfous de 40 ans , qu'on eft obligé de reler- ver dans les coupes. ReliCia ad propagationem quer- cus. Il eft enjoint par les Ordonnances des Eaux mbe de carton qu'on jette en l'air comme une bombe de guerre par le moyen d un mortier, l'effet de cet artifice eft de monter avec une très- petite apparence de feu , qui en jette cependant fubitement une grande quantité, lorlque cette bombe eft paivenue au lummct de l'on élévation, à la diftcrencedes bembes de guerre, qui ne doivent crever qu'au moment de leur chute. On les divile en ballons d'air &: /f-^^/Zo/z^ d'eau, c'eft-à dire , deftinés pour l'un eu pour l'autre. Ballons à bombes. Terme d'Artillciie. Ils fe font de la même manière que ceux à grenades. On met d abord une bombe au fond du fac, & on fait enlinte alterna- tivement un lit de trois bombes & un ht de poudre. Ces bombes font de fix pouces de diamètre. On en met deux ou trois lits dans le ballon. Ballons de Cailloux. Ils fe font comme les ballons à bombes & à grenades. Au lieu de grenades ou de bom- bes, on y met des cailloux, ik l'on obferve de faire enforte que ces ballons crèvent en l'air, afin que les cailloiix dont ils lont chargés , tombent en forme de grêle fur les heux où on veut les faire tomber. Ces ballons font à peu près le même effet que les pierriers. Ils font même plus dangereux pour l'ennemi , parce que le fervice en eft bien plus prompt. Ballons à Grenades , ne font en quelque façon que des lacs à poudre , qu'on emplit en mettant d'abord une ou deux Uvrcs de poudre au fond du fac avec une grenade. On recouvre ce premier lit de quatre grena- des, & l'on remplit de poudre les intervalles qu elles lailfent entre elles. On fait ainlî quatre lits de grenr- dcs & de poudre , & après que le fac eft entièremcnr rcmph , à l'exception de ce qu'il en faut pour le lier , on introduit une fulée dedans, & on lie fortement le fac avec la fulée , après quoi on le trempe dans le goudron. On le met enluite dans un autre fac qu'on trempe de même dans le goudron , puis dans l'eau. On doit couvrir d'étoupilles les fufées de grenades en- fermées dans ce fac. 03° BALLON. Petite ville de Fiance , au Diocèfe du Mans , lur l'Orne, à cinq lieues du Mans , avec titre de Marquilat. BALLONNIER. f. m. Ouvrier qui fait des ballons. Fol- lium artijex. BALLOT, f. m. Petite balle ou paquet de marchandife, Fafciculus , farcinula. On le dit auiîî des grufles bal- les. Il y avoir tant de ballots dans ce vailfeau. On dit proverbialement & figurémcnt à un homme. Voilà votre vrai ballot ; pour dire, c'eft votre fait, ce que vous cherchez. Ballot, ou Ballon, fignifie aulîi ces fommes ou paii- niers de verre en tables plates iSl carrées dont fe fer- vent les Vitriers , dont chacun contient vingt cinq liens. &: (\\ tables à chaque lien. Ballot, ou jacfe laines. On s'en fert pour former promp- tement des parapets ou places d'armes. On s'en Icrt dans les tranchées, lorlque les terres font piericules, dans leslappes,& par-tout où il eft beloin de promp- titude. B ALLOTADE. f f. Terme de Manége.C'eft un fautqu'on fait faire à un cheval entre deux piliers -, cnlorte qu'ayant les quatre pieds en l'air, il ne montre que les fers des pieds de deiwèie, iixi% détacher la ruade ,& s'éparcr. 7-2.6 BAL Àla capiiole ilrae , ou noue l'aiguillette ; àla croupade, il retire les pieds de derrière (ous lui , au lieu de montrer fcs fers. C'ell ce qui i-ait la diftérence. La hal- lotadc eft un faut, où le cheval femble vouloir ruer, mais il ne le fait pas pourtant , ce n'eft qu'une demi- ruade , failant feulement voiries fers des jambes de derrière, comme s'il avoir envie de ruer. Newc. ^fT BALLOTAGH. f m. Action de balloter, de donner fon fuffiage par bulletins, petites boules , ou ballotes. Plufieurs élections fe font par le ballotage. BALLOTE , ou BALLOTTE, f f. Petit bulletin, ou pois, ou petite balle de diverles couleurs , qui {eit à tirer au fort dans les élciftions qu'on remet au halard. Calculas. On met dans une urne des ballots de la grof- feur d'une fève , & dont le nom répond à celui des combattans. Burette. Acad. des B. L. T. I , Mérn. p. 24Ô. Eallote. Plante. Voye^ Marrube ; c'efl: la mcme cliofe. ^ BALLOTER , ou BALLOTTER, v. n. Il ne fc dit point en parlant des joueurs de paume qui ne font que fe renvoyer la balle l'un à l'autre , reciprocarc pïlam : on dit pefotter. Mais on s'en lert, pour dire, fe fcrvir de bailotes pour donner les fuffrages, ou peur tirer au fort. Pilarum fuffrugUs ut':. Il y a des élections qui (e font en ballotant. Dans ce lens il eft peu en ulage. |,(Cr BALLOTER, dans le fens figuré, eft adtif, & s'ap- plique aux perlonnes & aux chofes. Dans le premier cas, balloter quelqu'un, c'eft le tenir long temps en haleine, l'amulerpar de vaines promelfes , le renvoyer de l'un à l'autre , ians avoir envie de l'obligef. Voye\ CCS mots. On l'a iîw//o;e pendant long-temps. ffT Appliqué aux chofes, il lignifie, examiner de part & d'autre, difcutcr. Voyez dïfcuta: Cette atlaire a été long temps ballotée. fiG" BALLOTER. Terme de fonderies de fer. C'eft met- tre la verge fondue en paquets. BALLOTE, ÉE, part. lia les fignifications de Ion verbe, en latin comme en françois. BALLOTIN. f. m. Ce mot fe trouve dans \'HiJtoire du Gouvernement de Veinfe. On appelle hallotins , les cnfans dont on fe feit pour recevoir les petites boules qu'on emploie pour donner fon fuffrage lorfqu'on fait l'éleéfion du Doge. Ballotin , fignifie encore un petit ballot. g^-BALLUCHES (les) Voye^ Bulloquhs. fc? BALME. 1. f. Vieux mot qui lignifioit autrefois Grotte. Grotte de Notre-Dame de la Balme. Elle elt en Dauphiné , auprès de Grenoble. Elle s'ouvre par ■ une voûte alPez haute , & mené à un lac renfermé ious la montagne, & qui paroit large d'une lieue. François I étant en Dauphiné, y envoya des gens en bateau, qui allèrent plus de deux lieues dans le lac; mais un grand bruit qu'ils entendirent leur fit peur, & ils n'allèrent pas plus avant. Ils mirent lur des planches des flam- beaux allumés, qu'ils virent difparoître tout d'un coup en un certain endroit , qui apparemment étoit un gouffre. Un Curé de ce pays-là qui y eft allé depuis, ne vit que des chutes d'eau; il trouva quelques endroits cil l'on étoit à fec, d'autres où la voûte étoit très-balje. M.Diculamant l'a encore examinée dcpuis,& il diminue beaucoup le merveilleux. Cettegrottc eft creulécirrégu- lièremciit dans le rocher , & Ion entrée peut avoir 4 à 5 toifes de largeur, fur 5 à 8 de hauteur. Au bas de cette entrée eft un petit ruilT'eau qui s'écoule dans le Rhône. Il étoit à fec au mois d'Août , & (on lit fait juger qu'il eft toujours fort petit. La gtotte fe fourche. Dans la partie qui eft à droite , on voit beaucoup de congélations d'eaux ,' qui fe diftillent au travers des ro- chers. Daris la partie qui eft à gauche , il fe diftille des eaux qui tont une partie du ruilFeau. Elles tombent d'abord dans un aftcz grand baflin naturel, au-delfous duquel il y en a plufieurs autres petits, qui font une cafcade aftez agréable. Au fond de cette grotte eft une efpèce d'ouverture, creufée aulfi dans le rocher, au bas de laquelle eft l'eau qui forme la plus grande partie du ruilfeau. C'eft ce qu'on appelle le lac , patce que l'eau eft dormante. Il a un demi-pied , ou un pied tout au plus de profondeur. L'allée où eft cette efpèce de lac BAL parut n'avoir pas plus de 20 toifes , & les gens du pays alfurent qu'il n'y avoit rien au-delà. Acad. des Se. 1700. H'îjl. p. i i4i s. BALNÉABLE. adj. f. Epithète que l'on donne aux eaux qui font propres pour les bains. Balncabïlis. BALOCHE. 1. & adj. C'eft un nom qu'on donne dans l'Ordre des Capucins & autres Religieux , à ceux qui ne prêchent ni ne confeilcnt. Les Baloches font dans les Couvens ce que certaines abeilles font dans les ru- ches ; elles n'y font ni cire ni miel. Communément les autres Religieux baillent les Baloches jip3.ïce qu'ils con- lument la lubftance de la Communauté , Ians y avoir contribué. Il y a des Baloches "qui fe rendent recom- mandables dans leur Couvent par leur nailfance. Ils voient tout ce qu'il y a de bon & de Grands , & par leurs vifites &leur manège, ils attirent autant & plus de libéralités , que les autres n'y apportent de profit par leurs fermons ou leurs confellions. BALOIRE. f f. Terme de Marine. C'eft ainfi que l'on appelle de longues pièces de bois , qui dans la conf- tfuélion donnent au vailfeau la forme qu'il doit avoir. La baloire, lelon le P Hofte , fe dit auilî du contour extérieur du vailleau reprélenté dans un de fes plans horifontaux. BALOISE. Terme dcFleurifte. Tuhpe de trois couleurs, rouge, cplombin & blanc. Cult. des Fl. BALONNÉ. ^oye^ Contretemps BALo>,Nà. BALOTIN. f. m. Elpèce d'oranger , qui diftére des oran- gers ordinaires , par fes feuilles qui lont plus grandes, plus larges que celles des orangers communs, & den- telées tout à l'entour, & par fes fruits ou fes oranges qui rc'femblent prefque à des citrons ; c'eft-à-dire , qu'elles font groiles ik longues. En certains climats les branches d'orangers, (S.: iurtout de balotms ^ repren- nent de bouture ou de marcote , auiîî facilement que font ici les grofeilers , figuiers, coignaliiers , £-<:. La Quint. BALOTTES. f. f. pi. Ce lont des vaiileaux de bois dans lelquels on met la vendange, bc qu'on charge fur des chevaux. Il y en a qui iont percées vers le haut, pour y palfer des cordes & les attacher à d'autres. Il y a des anneaux de fer, dans lefquelles pallent des cordes. Les vignerons les portent aulli quelquefois fur leur dos en guile de hottes. I/^BALOWA. Grande ville de l'Indouftan, au royau- me de Decan, à trois lieues de la ville d'Afta, & à ♦ pareille diftance de celle d'Oercn. BALOURD, DE. adj, & f m. &: f. Qui eft ftupidc. Se giodîer, Stupidus i plumkeus. ^fT C'eft un franc ba- lourd, une vraie balourde. Ce mot n'eft d'ufage que dans le ftyle fimple & co- mique. Il vient de l'italien balordo, qui lignifie la mê- me choie, ffr BALOURDISE, f f. Ce mot qui n'eft que du ftyle familier, fignifie une chofe dite ou faite Ians juge- ment, ou le caracftère de l'homme balourd. Ingenium hebes , naris ohefd honio. Voilà une grande balour- dife. Il eft d'une balourdife qui ne le conçoit point. Trivelin fiit connoltte par un à parte qu'il a dcilcin de (e fervir de la balourdife d'Arlequin & de fon igno- rance , pour confirmer tout-à-lait Pantalon dans l'o- pinion que Lelio eft le vrai Mario. Merc. Février ijiS. BALSAME. f m. Nom d'homme. S. Vïcïie Balfame, né en Paleftine dans le village d Auée, s'appcloit Abfe- lame y d'où l'on a fait Ablalme, & puis par tranlpofi- non Balfanie. Vov?z Baillct, T. I; p. 47. BALSAMINE, f i. Balfamina. Plante annuelle qu'on feme dans les jardins , & qui donne des racines fibrcu- fes& chevelues, d'où s'élève une tichebranchue, haute d'un pied, charnue, épailfe, noueule, couverte dune écorceverdatre, quelquefois rougeâtre & pleine defuc d'un goût fade. Ses branches lont garnies de feuilles femblables à celles du pécher, plu'; molles, plus fuc- culentes, plus dentelées (ur leurs bords, & d'un goûc très-amer. De leurs ailfeiles nailfent une ou plufieurs fleurs portées par des pédicules longs de demi-pouce. Elles lont à quatre pétales inégales , dont la lupérieure eft voûtée ; l'inférieure eft creufe & terminée par ua BAL éperon , les deux latérales tombent en devant en ma- ' ni ère de tabac, garnies chacune d'une oreillette. Lorf- c,uc les fleurs (ont à iîx peiales, la pétale intérieure qui ell: ,creuie, n'a point d'epcron lenlible, & il y a quel- que changement dans la dilpolition des autres pétales. Quand la fleur ell: paflce, le piftil devient un fruit fait en poire, coinpolc de pièces affemblées, comme les douves d'un tonneau, & qui en le recourbant par une manière de relfort, découvrent & jettent avec im- pétuolité les lemences, qui font rondes, & routsatres. On croit que ion nom vient du mot latin BalJ'amum j à caufc qu'on fe lervoitdu fruit d'une autre plante qui portoit autretois ce même nom en latin, & qu'on a changé en celui de momordica , en françois, pomme de merveille. La Balfamine qu'on leme dans les jar- dins, eft à fleur purpurine, à fleur mêlée de rouge & de pourpre, à grande fleur, ou a fleur blanche. Elle fleurit en Juillet. Il y en a de Amples & de doubles. BALSAMIQUE, adj. Terme de Médecine. Prononcez balsamique. Il le dit des choies qui ont une propriété, une qualité femblable à celle du baume. On appelle balfamique ce qui ell doux , ce qui ell: médiocrement atténué , qui n'a rien d acre, ni de trop tort, >!>(: de trop violent, qui ell: lié, coulant dans une julle tempéra- ture par un mélange convenable des principes. Pour qu'une choie loit balfamique , il ne tant pas qu'elle ait trop de flegme, ni des parties trop vifqueufes, ni trop d'acidesni des efprits trop violens. On dit, un tang velouté c!*: balfamique-. Le ris nourrit beaucoup par les parties huileuies/îiû^zOTi^^ej&embarraHantes. Lesarti- chauds contiennent beaucoup de parties huilcules & balfamiques. Lemery. ^C? Il ellaullî employé lubftantivement, faire ufagedes balfamiques. %fr BALSAMITE. Voye^ Tgnaisie. BALSARA, BALSERA, ou plus communément BAL- SORA. Balfora , anciennement Téredon. M. Corneille dit Balfera. Ni l'un ni l'autre n ell d'ulage en France, riulîeurs écrivent Balfra. Baffora eft le plus auto- rité par l'ufage. 5i{//ôrj eft une ville d' Afie , lituée près du 'Atnvt S ehat el Arab :, qui cil le Tigre & l'Euphratc joints enlemble. Quelques cartes la mettent dans lY- rak, partie du Diarbcck, à l'Orient de ce fleuve , tk d'autres à Ion Occident dans l'Arabie délerte. Elle eft aune demi lieue du fleuve , (?cà deux du lieu où étoit l'ancienne Térédon. Les TranJl:clions P hdojophiques , T. /j p. ûyé & 6s7 } donnent a. B a (fora 21°. 10' de latitude , & fur deux obiervations de l'immerlîon de l'œil du Taureau, elles déterminent la longitude lapte mière fois à 86°. zo' de différence avec celle de Lon- dres , & la leconde fois à 86", 14' leulement. D'où il s'entuit que la longitude de Londres érant, ielon l'A- cadémie des Sciences , différente de celle de Paris de 2°. 18'. Occident, & par conféquent de 17°. 41' celle de Balfora eft de 105". j6' félon le iecond calcul, & de 1 04°. 2' fuivant le premier. BALSANE. Foye:^ Balzane. BALSE. f. f. Efpcce de radeau, dont les Indiens de la côte du Pérou , le fervent lut la mer du lud. Les Bal- fcs font faites de grandes gaules ou mats liés les uns avec les autres : il y en a de différentes grandeurs , tui- vant le nombre des gaules dont elles tout faites , & qui font toujours à nombre impair ; enlorte que celle du milieu avance plus que les autres, & que celles des deux côtés aillent toujours en diminuant, comme un jeu d'orgues , & qu'elles fairent enlemble une pointe. Il y a delfous des planches pour les contenir. Les plus grandes portent la pelanteur de plus de 60 hommes. Il y en a aullî faites de deux peaux de loups ma- rins, bien coufues, & remplies d'air, comme deuv ou- tres , longs & plus gros par un bout que par l'autre. On les joint par des traverles qui tervent auiîi à lou- tenir aflis , ou plutôt accroupi l'homme qui conduit la barque avec un aviron double. BALTADGY. f. m. Terme de Relation. Officier Turc , qui commande lesBoftangis dans les mailons du Grand- Seigneur, & qui eft comme le Gouverneur & le Con- cierge. Baltadgius Çajhllanus j Cajiello Prafccius, BAL 7-7 Le sérail de Scutari n'eft gardé que par desBoftangis, ëc un Baltadgy qui les ci-inmaiide. r^u Loi\. p. 6 p. BALTAGI. f. m. Tcime de Relation. Les /u/;.-. is du Sérail , ainh nommes de balta j qu. tignifle coignee, font des elcla. es qui ccuj ent les bois pour 1 ulage des Princes du lang Ottoman, & des lintanes. Vclt tfr BALTLViOKE, ou BALATLVlOhE. Ville d Irlande^ dans la Province de Munfter , au Comté de Cork, à quatorze milles de Rofl. Il y a aulli une baye de ce nom. gCi- BALTINGLASS. Petite ville d'Irlande , dans la pro- vince de Lcinller , au Comté de Wicklow. BALTIQUE, adj. Epithète qui le duime a une mer du Nord en Europe. La mer Baltique, Balticum mare ^ Balticus Jînus. La n\zz Baltique eft un grand golie en- tre l'Allemagne, le Dannemarck,la iucde ^\MZ M orimarhufe _, 6c Hccatharusy^/7:j/- chium. Tacite l'appelle WcT (/e Suéde , mer parcffeufe. Mare Suevicum tt pigrum. Les Allemands l'appellent Oor-^ée , mer du couchant ■■, & Uie BeLk , d où s'cft formé le nom Baltique. La mer Baltique entre dans les terres, ou commence au détroit de la Sonde, par lequel elle tient a l'Océan , ou mer d Allemagne. Elle forme deux grands goltes principaux. Le golfe de Bod- des , ou de Bothnie , finus Eodrucus j & le golle de Fines, ou de Finlande ; en langage du pays Bothen^ce^ &c Finnie^ée. On trouve de lambre dans la mer Bal- tique. BALTRACAN. f. m. Herbe qui croît dans la Tartarie, & que les Tartares mangent pour fe fuutenir, quand ils voyagent dans leurs delerts. Jofaphat Eaibaro, Aiar- chand Vénitien , dit en avoir ulé dans fon voyage de Tartarie , & la décrit ainti dans une lettre à Pierre Ea- rocci, Evêque de Padoue. Le baltracan a la feuille femblable à celle des raves. Au milieu naît une tige plus gvoflc que le doigt, & qui dans le temps de la le- mence eft de la longueur du bras; cette tige poufle des feuilles éloignées 1 une de l'autre de fa quatrième par- tie. La lemence eft temblable à celle du fenouil ; mais plus groife, & d'une bonne odeur, quoique forte. Quand c'eft la laiton il le rompt. & l'écorce fe féparc julqu'à ce qui eft tendre , comme au pampre de la vigne. Il a l'odeur de l'oranger, même un peu plus dcuce. Il n'a point beioin d'allaiionnement, ni même de fel, pour être mangé. On peut le lemer comme toute .Tutre fe- mence, fur-tout dans un heu tempéré , (Se dont le fonds loit bon. La tige ell un peu creufe , & fon écorce eft verte, tirant fur le jaune. Il dit que depuis fon retour de Tarrarie jetant Provéditeur en Albanie, il y trouva du baltracan proche de Croia, & encore après dans le Padouan. Ramuzio, T. II, p. 112. ^ BALVE. Petite ville d'Allemagne, dans le duché de Weftphalie, fur les confins du Comté de la Marck, à trois lieues d'Areuiperg. BALUSTRADE, f. f^ Terme d'Architeéhire. Rang de pe- tits piliers façonnés, de pierre , ou de fer, ou de bois qui font à hauteur d'appui , qu'on met fur des terraf- fes , ou au haut des b.uimens , pour faire quelque clô- ture , eu féparation. Clathratum feptum , columella- rum feptum. On enferme les autels par une balufirade de marbre* de bois, &c. Chez les Princes, le ht ell environné d'une balujîrade. BALUSTRE. f. m. Se dir dans ce même fens de ces clô- tures de pctks piliers qui fe mettent autour du lit des Princes , ou dans une chambre de parade, pour fermer les alcôves, ou le cancel du chœur d'une éghfe , ou dune chapelle, ou les balujlres d'elcaliers entre l'ap- pui ($ le limon. ColumelU , clathri , cancelli. Il y a un halujlre de marbre à la Chapelle de Notre Dame. Du Cange dérive ce mot de halujlrum , &i baluf- trium , qui étoit un lieu chez les Anciens, où étoient plufieurs bains apparemment fermés de balafres. Se- lon d'autres il vient de balufirum , qui lignifie le calice de la fleur de grenade, auquel le baluftre relfemble. «' On le dit aulli de chaque pilier en particulier. Il faut tant de balujlres pour faire la fermerure de cette Chapelle. Les balujlres du grand elcalier de Verfail- les fou: de bronze raairif. Les Orfèvres appellent baluf- 7z8 BAM [tes, les parties de lems ouvrages qui font tailk-es ou façonnées en baluftrcs:, comme le pilier d'un guéri- don, la tige d'un Hambeau, ou d un chandelier, d'un bénitier, &c. On appelle encore balujlre , la petite colonne ou le pilaftre orné de moulures , pour remplir un appui à jour fous une tablette. Les Tourneurs ap- pellent aulH balujlrc , la petite colonne de bois qu'ils mettent au dollier d'une chaile tournée. On dit figiuémcnt que les dais & les halufircs ne rendent pas un homme plus heureux; pour dire, que l'éclat & les honneurs delà Cour ne font pas capables de fatisfaire le cœur de l'homme. Balustre du chapiteau de la co'onne ionique, cft la partie lattérale du rouleau qui tait la volute. Balustres de ferrure , font de petites pièces de fer en forme de haluftres, qui tombent fur l'entrée de la clef, & fervent à la couvrir. BALUSTRE, ÉE. adj. Orné d'une baluftrade. Omatus pilarum ord'ine. Ils traverferent une galerie ornée de peintures très-belles; & defcendant dans le parterre par une terralle halujlrce ^ ils gagnèrent une allée faite en berceau , d'où l'on découvroit dix ou douze jets d'eau de divcifcs formes, qui faifoient un objet très-agréa- ble. Mad. de Villedieu , Journal amoureux y t. : o , p. 7. C'eil: un mot haiardé. BALUX. f m. C'cft le nom que l'on donne au fable de quelques rivières qui eft mêlé avec de l'or. Dlclïon- nalre de James. BALZANE, f. f Terme de Manège. C'eft la marque de poil blanc qui vient aux pieds de plulieurs chevaux, depuis le boulet julqu'au fibot devant ik. derrière. Al- bedo in cqnino fcde _, nota alba. On dit qu'un che- val eft chauilé trop haut, quand fes ba/^anes montent trop haut. Ce mot vient de l'italien bab^ano. On appelle un cheval bai:^an j celui qui a des ba/- ^^anes à quelques-uns de fes pieds, ou à tous les qua- tre. Equus quatuor pedibus albis. On juge de la bontc & de la nature des chevaux félon les pieds oij les bal lanes fe rencontrent. m BAM. §CF BAM. Ville d'Afie, dans la province de Kerman ou Caramanie Perlique. Long. 94'. Lat. (ept. 28 J. 50'. 03° BAMBA. Province d'Afrique, au royaume de Con- go , la plus grande & la plus opulente des cinq qui font la diviilon de ce royaume. ffT Bamba. Province de l'Amérique méridionale, au royaume de Popeian, & vers la ville de même nom. Les Efpagnols en (ont maîtres. BAMBERG. Bamberga, ou Babenberga. Ville épilco- pale d'Allemagne, en Franconie, lituée fur une col- line, au confluent du Mein & du Réduits. Quelques- uns croient que c'cft \cBer^fium des Anciens. Il fiudroit dire plutôt que Bamberg a été bâti à la place de Ber- gium. Car Bamberg ne fut bâti que vers le X^ fiècle. C'cft Babe, fils de l'Empereur Othon, qui lui a donné {on nom , qui joint à celui de berg , colline , montagne , a formé Babebergy d'où s'eft fait Babberg-, Se enimteBam- ^i.Ti,-'. C'cft l'Emoereur Henri II, qui y lit établir unEvê- cjue , qui bâtit la Cathédrale, qui eft une des plus ma- gnifiques d'Allemagne. Ce laint Empereur délirant ériger unEvcchéà BabenbergyOU Bamberg en¥i:j.ncon'ie , qui croit de fon patrimoine, pria l'Evéque de Wirsbourg, dans le Diocèfe duquel étoit Bamberg, de la lui céder avec Ion territoire , lui oftrant d'autres terres en échange. L'Evéque y confentit, à condition qu'il feroit fait Ar- chevêque , & que l'Evêquc deBamberb (croit ion (uf- fragant. On en convint dans l'Alfemblée de Mayence, 1 an ' G07 , Se le Pape fit cette éreétion la même an- née au mois de Juin. F'oyei encore Imhoff" , Notit. Imp. Liv. ^ , c. j. L'Evêque de Bamberg eft Acé- phale , Se dépend immédiatement du Pape. La longi- tude de Bamberg eft 52''. 49' & fa latitude 49^1. ji'. |,C? BAMBERG. Petite ville de la Bohême propre, fur les frontières de la Moravie, an pied des Monts, fur une cijlline. BAMBIAYE. f. m. Oifeaude l'île de Cuba. Il ne s'cleve B A M prefque point de terre, & on le prend à la courfe. Sa chair clf d'un bon t;oLit. BAMBIN, f hi. Terme dudilcours familier qui lîgnifie un enfant. Dans la Tragédie d'CEdipeonmet en cu- lotte les deux bambins 3 qui dans Inès ne s'étoient montrés qu'en jaquette. Merc. Avril lyiû. Un loup entre dedans , & jetant de fort loin Ses regards dans un coin y Y vit la louve charitable Qui tenoit deux petits ba.ubins Comme deux louveteaux pendus à fes tetins y Et courut y la prenant pour louve véritable- Ecole DU Monde. JoiH(fe\ de votre innocence y Tandis qu'il en ejl temps encor ; Cher Bambin, l'âge de l'enfance Efl le véritable âge d'or. Du Cerceau. BAMBOCHADE. f f On appelle bambochades certains tableaux dans le grotefque, qui repréfentent des fujets populaires , bas & ignobles. L'étymologie de ce mot vient de Bamboche , fameux Peintre Flamand , qui s'eft particulièrement adonné à ce genre ; (on nom de famille étoit Pierre de Laar: mais les Italiens lui donnèrent le nom de Bambocio yï caule de la iingularité de (a raille. Il étoit de Harlem. BAMBOCHES. (. f. Figures en forme de Marionnettes , plus grandes qu'à l'ordinaire , auxquelles on fait repré- ienter des ballets, ou des Comédies. Alienis nervis lignum mobile y Jigillum automatum. On a vu à Paris une troupe de Comédiens qui faifoient jouerdes bam- boches y mais qui n'ont pas eu grand (uccès. Nous avons aujourd'hui des Comédiens de bois. Ce mot vient de l'Italien. On appelle auifi une femme de fort petite taille , une bamboche. On le ditauiîi d'un homme. Cet homme eft proprement une bamboche. Bamboche. (. f. Petite canne qui vient des Indes, &qui eft pleine de nœuds. Les bamboches ont été fort à la mode quelque temps. Ce mot vient de bambous qui fuit , que l'on a pris des Indiens, qui appellent bambuy ou mamluy le ro- feau dont on fait ces fortes de cannes. BAMBOU. Cm. Arundo tabaxifera y fpinofa. Plante des Indes que Pifon dit être une efpèce de rofeau. Il part de (a racine plulieurs jets beaucoup plus confîdé- rables que ceux de nos roi eaux ordinaires, branchas, creux, noueux, & féparés d'efpace en efpace par des cloifons. Ces cavités au lieu de moelle (ont remplies d'un (uc doux, fort agréable, & qui s'épaillît enfuite par la chaleur, & devient ce qu'on appcllefacchar. Ce (uc dans les Indes eft fort c(]:imé. Ses feuilles nailTenc de cha jUe nœud , & font accompagnées d'épines. Elles (ont longues de quatre à cinq pouces au plus , lur un bon doigt de largeur, terminées un peu en pointe, cannelées par des nervures qui fuivent route leur lon- gueur, vertes, rudes & âpres au toucher. Ses fieurs nailfent en épies écailleux , & femblables à ceux de blé de froment. Il s'eft élevé beaucoup de difputes entre les Natuialiftcs fur le Sacchar Se Tabaxer ■ Li plupart prétendent que ces noms étoient propres à la canne de lucre & au (ucre qu'on en tire. Les autres au contraire fouriennent que c'eft mal-à-propos, puifqu'ils font encore ufités dans les Indes, Se confaciés pour f icni- ficr le (ne du Bambou. Les jets de Bambou viernent fouvent lipreftésqu'onne fauroit pénétrer une for jt de cette plante; fon fuc ei^ très-vanré dans les Indes pour pluficurs maladies. Il y a trois elpèces de Bambou dzi^ l'Hortus Malabar. On l'appelle aulll Mambou Se J'ou'cu. Voulou eft une efpèce de canne d'Inde , qui rient de l'arbre ap- pelé par Linfchot Se Acofta Mambu Se Bambu , à l'imi- tation des Indiens, d'où cft venule nom àt bamboche y que nous lui donnons dans ce p.ays-ci. La moelle hu- mide approchante du lait qui fe trouve dans le Bam- bou eft nommée par les médecins Arabes Tabaxify Se par les Indiens Sacar Mambou ou Bambou y c'eft-à- à\ïe,fucrc de Mambou , dont les Arabes, les Perlans, Se autres Orientaux , font un cas tout particulier. Datper. BAME, B A xNf BAMË, pour BAUME. Foye^ AmbroiSe. IJ^ BAMFÉ. Petite province de l'Ecollc Septentrio- nale , dans la province de Buchan. fO" BAiMft. Capitale de la province de mnne nom, à l'embouchure de la Dovcrne. BAMIA, ou Kermia d'Enypte. C'eft une plante haute comme la guimauve : les 1-cuiiles font larges & fem- blables à la vigne , découpées & dentelées , attachées à la tige par des queues loniiues : ies Heurs lont peti- tes , femblablcs à celles de la mauve , de couleur jaune. Il leur fuccède des fruits longs , pointus, qui s'ouvrent en plulieurs loges, garnies de femences pref- quc rondes & noirâtres, contenant une pulpe douce. Les Egyptiens la cultivent &c la mangent. D.apper écrit Bammia , & dit que cette plante a quatre ou cinq coudées de haut -, que (es Heurs & Tes feuilles relFem- blent à peu-près à celles de mauve, fi ce n'ert: que fes feuilles ne lont pas fi petites ni û douces au toucher, mais rudes Se tant fou peu velues , pendantes à de longues tiges , & prefque aulfi grolFes que celles de la courge; que !a Heur eft de cinq feuHles d'un jaune pâle; que le fruit a cinq & quelquefois dix angles , &: qu'il ne reircmble pas mal aux concombres fauvagcs. Bamia-Moschata, ell une plante prefque fcmblable. Sa graine efc gris brun, d'une odeur de mufc. On en fait de petits chapelets. On la met dans la bouche pour donner une odeur agréable. Elle vient de l'Amérique. CtT BAMIAîSI. Ville d'Afie, dans la provmce de Kho- ralFan, ruinée par Gengizkhan. IP" BAMOTH. Ville des Moabites , fur l'Arnon. §C?BAM0TH-BAAL. Ville de la Tribu de Ruben, au- delà du Jourdain. BAN. BAN. f. m. Publication à haute voix , au fon du tam- bour, ou Je la trompette, ou des tymbales, par l'or- dre d'un Supérieur, ou de la part du Roi & de la Juf ticc. Rei cujiifpiam pr,rnic leLn ici ctyniukgics . ui vont (uivre. Du Cange dit qu'il vient du Saxon bend., dont la balfe latinité a tait tende 6c benacLlLS , bandeau ■ d où (ont verius aulîi les mots de bandervilt b^ de lai'niere les bandes des gens de guerre, parce ^u ils étaient dif- tingués par bandes Ck. par enlcignes. L-ans la vie de (aint Zite , on trouve Einda dans le même lens; fur quoi le P. lapebrock remar4ue quil vient de l'alle- mand Binden, qui lignifie Lier. Âcl. Sancl. April. T. III , p. f [ ç. Voyez encore M ait T. IV , p. ^ Sç. A. 3c dans Anaftafe , fur le retour de Léon III a Renie, on ht, cumjîgnisà bandis j avec les étendaids& ban- nières; la lettre du Pape Hadrien a Chailc magne ; Pro- cope, de Beïlo Fand. 2 ,p. 1 2^ , qui appelle EKv: comme ils étcient for- tement lignés, on a dit que des gens le bandoient con- tre quelqu'un, quand ils le liguoient contre lui, & qu'ils croient de fa bande ; peur dire, de Ion parti. Bande. Ordre militaire. L'Ordre de la Bande. Les Che- valiers de la Bande, Banda, militia , dit Miraïus dans fes Origines Ordin. EqueJIr. cap. f. C'cft un Ordre militaire d Elpagne , inftirué par Alphonie XI , ou lelon d'aunes Xn. Roi de Caftillel'an 1532, louslepontificac de Jean XXII. Il prit fon nom d une bande j ou ruban idugc, que les Chevaliers portoient croilé, pallaiit de delFus l'épaule droire ft us le bras gauche. Banda figni- fie en efpagnol la mime choie que bande en françois. On n'y recevoir que des gens nobles ; mais les aînés des Grands en étoicnt exclus, il falloit avoir fervi-au moins dix ans dans les armées , ou à la Cour. Ils dé- voient prendre les armes pour la Foi Catholique contre les Infidèles. Le Roi étoit Grand-Jviaître de l'Ordre. Leur Règle, que Juftiniani rapporte, confifte en 38 articles. Juftiniani l'appelle l'Ordre de la Bande j ou de 1 écharpe. Les Chevaliers de S. Jacques fcmbîent avoir fuccédé à ceux de la Bande. Ceux qui ont écrit dç CCI Ordre font Ma^iana, Hijî. d'Efp. Liv. XFl^ BAN €h. IT. Antoine Guevaia , Paul Maungia, Dh. IL Or'ig. Monajl. cap. p. Jiiftiniani , Tom. II, ch. s^ j p. 6j^, Se ceux qui ont traité des Ordres militaires en général , Se que nous indiquerons au mot Ordre. Dom Jean I, Roi deCaftillc tl^c de Léon, prit loin d'agrandir l'Ordre de la Bande , Se donna l'écharpe à cent Chevaliers le jour de fon couronnement, qui fe fit dans la ville de Burgos l'an 1 579. Cet Ordre fut en- fuite aboli , &: a été renouvelé de nos jours, depuis que Philippe V, de la mailon de Bourbon, Se petit-fils de Louis le Grand Roi de France, cfl: monté fur le trône d'Efpagne. P. HÉlyot, T. VIII. C. 42. BANDÉ, f. m. Nom que l'on donna (ous Charles VI, à ceux de la faâion d'Orléans. Aurclïanenjis facl'wnïs homo. Voyez ci-delfus , faire bande à part. BANDEAU, f. m. Bande que l'on met lur le front , ou fur les yeux. Fafcia , \elum. On met un bandeau à ceux qui reçoivent la Confirmation. Il y a jo ou 60 ans, que les veuves portoient un bandeau , comme les Religieufes. M. tel eft mort : pouvez-vous vous repré- fenter (a femme affligée avec un bandeau ? Mad. de SÉv. Le bandeau que l'on met à ceux qui font con- firmés , doit être de linge : autrefois on devoir le por- ter durant fept jours : dans la fuite on fe contenta de le porter trois : enfin, le Concile de Chartres en 1 516, ordonna qu'on le garderoit au moins pendant vingt- quatre heures , au bout defquellcs après avoir ôté le bandeau, on laveroit avec de l'eau Se du fel le front de la perfonne qui auroit été confirmée, & on brûle- roit le bandeau. Les Auteurs Eccléfiaftiques appellent ce bandeau ,vuta, lïnea , chrlfmale , bandellus. Voyez le P. Martène Bénédictin. Bandeau de RcUgieufe. C'eft une bande de toile que les Religieufes portent fur le front , pour fignificr qu'el- les ferment volontairement les yeux, pour ne plus voir les tolics du monde , auxquelles elles ont renoncé. Bandeau, en termes d'Architecture, fe dit d'un archi- trave ou moulure qui s'étend depuis une impofte à l'au- tre, en fe courbant en arc par-deflus une porte ou fe- nêtre. On le dit aulfi des chambranles des portes car- rées. On appelle le Diadème, un bandeau royal , parce que la marque de la Royauté étoitautrefoisun/ii:/2^e<2//j que les Rois mettoient fur leur front, Fafcia candïda. ^^fT On appelle proprement bandeau, la partie de la couronne qui la termine par cn-bas , & qui ceint le front. CCF On appelle auflî bandeau, une bande qu'on met fur les yeux de quelqu'un pour l'empêcher de voir. Les Poètes Se les Peintres repréfentcnt l'amour avec un ban- deau fur les yeux. On dit figurément, qu'un homme a un bandeau fur les yeux ; pour dire, qu'il eft aveugle , qu'il eft préoc- cupé de quelque pallion , qui l'empêche de voir la vérité. L'amour-propre eft comme un bandeau épais qui nous empêche d'appercevoir nos défauts. Bell. La difcorde avoir mis un bandeau fatal fur tous les yeux. Racin. On met aufti un bandeau aux figures qui repréfen- tcnt la Juftice-, pour fignifier que les Juges ne doivent connoitre,ni favoriler perfonne, & qu'ils font obligés de rendre également la Juftice , & fans diftinélion. Bandeau, le dit auffi d'un médicament externe, qu'on applique fur le front, compofé de Heurs, de femences concaifées , de décodions de plantes, ou d'huiles & d'onguens pour apaifer les douleurs de tête. Se faire dormir. ^O* Bandeau , en menuiferie, eft une planche mince & étroite qu'on met au pourtout des lambris par le haut, qui tient lieu de corniche. BANDÉE, f. f. Terme de Coutume. C'cft l'ouverture des vendanges dont la proclamation fe fait par ordon- nance de Juftice. VïndemiA dcnuncïatïo. Ce mot vient apparemment de ban , qui le dit dans le même fens , comme on le peut voir en fon lieu; & l'on a dit ban- dée pour bannée ; c'eft-à-dire, proclamation du ban des vendanges. BANDÉGE. f m. C'eft ce qu'on appelle autrement c^z- barct 3 plateau i ou efpcce de table à petits rebords. BAN 7^5" & ordinairement fans pieds, fur laquelle on met des talfes à café, des foucoupes, un fucrier , & des cuiU hers lorfqu'on prend du thé, du café , ou du chocolat. Quatre grands bandeges garnis d'argent , ouvrage dii Japon. Vingt-fix fortes de bandeges du plus beau ver- nis du Japon. DeChaumont. Un bandege garni d'une cafetière Se de tout le petit meuble qu'il faut pour pten- dre du café. Merc. de Juin i y 20. On apporte ei^fuite des talles de thé fut un bandege. A la Chine , au com- mencement du fécond fervice , chaque convié fait apporter par un de fes valets un bandege , où font di- vers petits lacs de papier rouge , qui contiennent un peu d'argent pour le cuifinier, pour les maîtres d'hô- tel, pour les comédiens (cardans les feftins il y a tou- jours une comédie qu'on repréfente pendant le repas ) Se pour ceux qui fervent à table. Les bandeges fe por- tent devant le maître du logis. Obferv.fur les Ecrits Mod. M. Dellon, c. 46 , p. 3^3 , du i tome de fes Voyages , dit que les Indiens appellent £^/2; allez puill'ans pour obtenir du Roi la per- milFion de lever la bannière i c'cft'à-dire, une compa- gnie de gens de pied, ou de cheval, ou, comme dit Loileau, ceux qui avoient 11 grand nombre de vallaux relevant de leuts Seigneuries, qu'ils étoient luftilans pour taire une compagnie completfe de gens de che- val, étoient appelés Chevaliers Bannerets ; non que pourtant ladite futfilance les rendu Chevaliers, mais Bannerets ; le mot de Chevaliers y ayant été ajouté, parce qu'ils étoient ou de haute noblelle , ou Cheva- liers lîm;jles auparavant. Il ajoute que néanmoins les Bannerets ont été quelquefois appelés Chevaliers Ban- nerets y Lins avoir été créés Chevaliers ; m.iis feule- ment parce qu'ils lervoient à cheval. Ainli a\ant que les ordonnances des gens de che\'al fullent drcllces en ce royaume par Charles VII, dit du Tiller, il y avoit deux fortes de Chevaliers ; le Banneret , qu; avoir allez de vallaux pour lever bannière ; &: le Bachelier, qui marchoit tous la bannière dautrui. On commcttoit des Hérauts d'armes pour vérifier fi le Seigneurétoit allez puillant pour lever une b.mnière, & s'il avoit allez de vallaux pour la garder en guerre, c'eftà-dire, 24 Gentils hommes bien montés, avec chacun Ion Sergent & fon Ecuyer. P'oye^ une créa- tion de Bannerets dans VHiJ?. de Bret. T. II y p. i t 4/ & J 1 4S y au mot Bannière. Le chevalier Banneret àlaguerre avoit double folde du Bachelier, Fp.oiss. & Du Til. le Bachelier dou- ble de l'Ecuyer. La folde accoutumée étoit de ving- fols peur Banneret y dix pour limple Chevaher , &C cinq fols pour Ecuyer par chaque jour. Du Tillet. Recueil des Pois de France , p. 4^2. Banneret s'eft dit aulli de ceux qui dévoient fervir avec bannière. Dans un A.rrct du Parlement de Paris du 23 Février ijSj, le Chevalier Banneret eft ap- pelé miles vexillatus. Chez les Efpagnols les Banne- rets font connu > par le nom de Biccos hombres. Jnl- tiniani en rapporte l'origine en Elpagne au règne de D. SUo, & d'Adofinde, fille d'Alphonfe I le Carlio- A a a a a ij 740 BAN lique, qui regnoit fur la fin du Vlir fiècle. Camber- layne dit qu'en Angleterre leur droit étoit de porter une bannière , où écoient kurs armes. M. Larrey pré- tend que dans ce Royaume-la les Chevaliers Banne- rets étpient ainfi nommés de la bannière, oii étendard , qu'oiî-'déployoit à la tête de l'armée , lorlqu on leur donnoit l'Ordre. Ils ne cédoient autrefois qu'auxChe- valiers de la Jarretière, mais Us déchurent peu-à-peu , & furent enfin abolis par l'Ordre des Chevahers Ba- ronets infticué par Jacques I. On ne failoit Cheva- liers Bannerets que ceux qui s'étoient iîgnalés dans les batailles. Quant à raboliiîement des Bannerets en France , voici ce qu'en du M. le Gendre dans les Mœurs 6' Coût, des fr. p.20^ , 20 s- Les Seigneurs épuifés par la cruelle guerre qui duroit depuis ii long-temps entre la France & l'Angleterre , ayant remontré à Charles VII , qu'ils ne pourroient de pluiîeurs années ni lever , ni entretenir leurs Compagnies de Gendarmes , qui n'a- voient point d'autres Capitaines que les Chevaliers Bannerets , Charles bien confeillé les en dilpenlapour toujours. Par-là II les défarma. Depuis ce temps-là on n'a plus oui pailcr de Bannerets , ni de Bacheliers. M. de Brieux a fait imprimer à Caen une petite pièce en vers françois compolée par un Moine , il y a près de 400 ans , touchant l'ordre & l'origine des Bannerets de Bretagne. Elle commence par ces vers. Banneret ejl moult grand honor y Tant à Roi , Prince , que Signor^ Et fa fondation première Fini d'Alexandre & fa Bannière j Quand la Perfe allait conquérant Et toute l'AJîe quérant. L'Ordre de Banneret ejî plus que Chevalier, Comme après Chevalier acconfuit Bachelier j Puis après Bachelier ^ Efcuyer, de manière Qu'après le Duc ou Roi ejî toujours la bannière. Voyez auilî Pafq. Recher. Liv. II, ch. 1 6. Faucher, de l'Origine des Dignités , la Colombière dans fa Science Héroïque, Franc. Mennenio. Delicio de gli Ord. Eq. & Juftiniani , Hiji. di tutti glOrd. mil. T.I. C. XII, p. /^ ^. Du Tilltt, Recueil des Rois de France, p. 4S~ } 43 3 3 1^** Titles of honour àtSt\Atn-^ Ï3.Bri- tannia de Cambden, & Thomas Smith, L. de Reh. Angl. c. 1 8. Banneret. En termes de Blafon on appelle vol banneret, celui qui le met (ur le cimier, & qui eft fait en ban- nière, le dellus coupé en carrée comme l'écu des an- ciens Chevaliers. Banneret , elt encore le nom de certains Officiers ou Magiftrats de Rome. Sur la fin du XIV^ fiècle , les Ro- mains s'étoient faits dans Rome, & dans tout le terri- toire de l'Eglile, une eipèce de gouvernement répu- blicain. Toute la puiifance étoit entre les mains d'un Magiftrat qui prenoit la qualité de Sénateur, &: de 1 2 Chefs de quartiers, qu'on appeloit du nom de i?i7/2«e- rerjjàcaufe des bannières, dont chacun avoit la fienne dans fon diftrid. P. Dan. T. II, p. 10 j. Le Sénateur & les Bannerets voyoient avec plaifir cette divifion des François. Id. Le Sénateur & les Bannerets entrè- rent dans le Conclave , obhgercnt les Cardinaux à s'al- lembler, &c. Id. BANNERIE. f. f Office de Bannier. Ce nom n'cft en uiage qu'en Dauphiné. Bannerii munus. Le Dauphin Jean donna des provifions en 1 5 1 1 , à Hugues deCom- micrs. Chevalier de la Milhahc 3c Bannerie de Saint Laurent du Lac : elles contiennent un détail exaét des fondions qui y étoicntattachées.VALBONNAYS,/7./j^. Ces fonélions (ont de faire exécuter les fentenccs des Juges, de contraindre les taillables. Se les gens taxés à payer leur taille, ou leur taxe; de faifir, ajourner, citer, impofer des peines & des amendes, en faire le recouvrement &: les lever, faire payer les dettes. Foye^ les provifions dont nous venons de parler au même en- droit, p. 1 4p. BANNETON. (. m. Terme de Pêche, qui fe dit d'une efpèce de coffre que les Pêcheurs coiiffruifent dans les BAN rivières, fermant à clef, dont ils font des réfervoirs pour y garder leur poillon. Cijlula pifcatoria. Il eftpercé dans l'eau, comme (ont les boutiques dans lelquelles on le tranfpcrte. BANNETTE. f. f. Efpèce de panier fait de menus brins de bois de châtaignier, fendus en deux, & entrelacés les uns dans les autres , qui (ert à mettre des marchan- diles, pour les pouvoir faire voiturer& tianfporter. Les Boucanietif françois de l'ile de S. Domingue dans l'Amérique , fe fervent aulLi de ce terme peur li- gnifier un certain nombre de peaux de taureaux , de bouvarts & de vaches , dont ils compofent ce qu'ils appellent une charge de cuirs. BANNIE, f. f. Publication. Promulgatio. On appelle en termes de Coutumes, le temps des bannies , celui au- quel les prairies (ont défendues , où l'on n'y peut mener le bétail. On dit hanon en Normandie. On dit aulîi à' l'a^jeétif, une terre bannie , une épave bannie, quand elle eft criée & publiée en Juifice. BANNIER. f m. Terme de Coutume qui a plufieursfens. C'eftdans la Coutume de Brcfle celui qui ell: établi à la garde des vignes. Bannerius , vinearum cuflos, vi/iea- rum cufodiit prxfeclus. Il en eft de même en Dauphi- né. Il ell ainli appelé , parce qu'il dénonçoit les cou- pables au Châtelain j qui leur faifoit payer le ban, ou amende. Quelquefois le Bannier en faifoit lui-même la recette. A cette fonéfion de Garde des fruits & de Dénonciateur étoit jointe ordinairement celle de Ser- gent ; d'où vient peut-être que les noms de Bannier ôc de Meinier , fe trouvent fouvent enlemble. Il y a eu des Nobles qui n'ont pas dédaigné d'exercer ces offices en Dauphiné. Valbon , pag. i2j , 1 4c. .^ux environs de Paris, & dans beaucoup d'autres endroits, on dit Mellîer , & non pas Bannier. Le droit de nom- mer le Bannier appartient au Seigneur , eu au Châte- lain en (on ab(encc. Bannier, eft au(îi adjedfif, & fignifie la même chofê que bannal. M. de la Mare , dans fon Traité de la Police , dit fours bannaux, ou banniers. On dit aulîi en quelques endroits, un taureau bannier, taurus ad- miJJ'arius , ou emijfarius , dans le même (eus que l'on dit, un moulin bannal, ou une boucherie bannière. Bannier, Bannarius, Bannerius , fe dit encoredeceux qui font (ujets au droit de ban. Les banniers font obli- gés de fe (ervir d'un four bannal. BANNIÈRE, f. f Vexillum. Terme de Marine. Eten- dard d'un vailleau : drapeau qu'on arbore fur la poupe du vailfeau , qui marque de quelle nation il elf. Ou navige furement fur la Méditerranée (ous la bannière de France. On dit ordinairement pavillon. Le mot^ijw- nière n'eft en ufage que dans quelques endroits de la Méditerranée. On dit, mettre le perroquet en bannière^ lorf qu'on lâche la voile du perroquet , & qu'on la laiflc voltiger au gré du vent. On appelle bannière de partance , le pavillon que l'on met à la poupe du vaiireau , pour faire fignal à l'équipage qui eft à terre de venir s'embarquer. BANNiEREi/e confcil , eft la bannière blanche que l'A- miral fait arborer en poupe , quand il veut prendre avis de (es Capitaines. C'eft aulli la bannière de paix. Bannière de combat , eft le pavillon de gueules. Ban- nière d'aide & d'aftîftance. La bannière royale ne fe doit jamais abailfer. Des vailleaux de (emblable ban^ nière, c'eft-à-dire, de même nation. Bannière , fe dit auffi de l'enfeigne fous laquelle fe rangent les vaffaux d'un même fief, quand l'arrière- ban eft convoqué. Bandum. C'eft ainfi que la bannière eft appelée par les Auteurs de la balle latinité. Vexil- lum. La bannière étoit autrefois de forme carrée , & c'étoit plus de porter (es armes en bannière qu'en écu(- fon. On diioit autrefois relever bannière , pour être fait Banneret; Se relever quelqu'un en bannière , pour le faire Banneret. Illu d'ancienne bannière ; terre |tie bannière. Meffire Olivier de la Marche, en fonHiftoi- re , mer la façon ancienne de xelcvev bannière , dilaiic que le Roi d'armes prélenta au Duc de Bourgogne érai.t en expédition de guerre le Seigneur de Sains, qui tc- noit en une lance le pennon de (es pleines armes, . n , parce ou ils croient qu'il eft plus modcfte de s'exprimer en troifième perfonne. Flufieurs Théologiens ont prétendu que les Grecs ne dilent pas laptiPHur^ c'eft-à dire , e/I b,^p- tifê, mais baptij'ctur ,foit bapt:fé ^ en quoi ils fe font trompés. Le miniftre du Baptême , c'eft celui nui donne , qui Con'ilxzVBaptême , c'rft-à-dire, cui fairl'appUcarion de l'eau au corps de celui qui eft baprifé, en pronon- çant la forme. Les anciens Canons de l'Fglife ne don- nent le droit de baptifer qu'aux Evêques feuls , puis BAP aux Prêtres & aux Diacres par la permiftion des Evê- ques. C'eft ce que nous apprenons aullI de Tertullien dans fon Traité du Baptcmc , & de S. Jérôme qui , dans Ion Dialogue contre les Lucifériens , dit que ni les Prêtres ni les Diacres n'ont le droit de baptifer que par l'ordre de lEveque. Inde venit ut fine Epif- copijifjionej neque Presby ternequc Diaconusjus ha- beant baptifandi. Le Diacre n'avoit ce pouvoir qu'en l'abfence dur-ictre, t^'en casde nécefiîté. Les Laïques même puu voient baptiler dans le cas de nécelîité , com- me lalFurcnt Tertullien es Baptême de feu, Baptif- mus fîaminis , c'eft-à-dire. Baptême Au. S. Efprit, ou Baptême de ti.arité, d amour de Dieu, parce que le feu eft le fymbole de la charité, &c qu'en cas de nécel- lîté, cet attc d'amour parfait luppléeau Baptême j en- lorte eu uninfidelle adulte qui étant dans ces difpcfi- tions (eroit iurpris de la mort, lans pouvoir recevoir le Baptêire y lercit néanmoins juftifié &: fauve. Mais ce qu a dit Cajetan , qu'un pareil (ouhait dans les pa- rens ; ( car on l'appelle aufti votum Bapt-.fmi , vœu , fou- hait du Baptême jïê{Q\\mv>\\ de le recevoir) que ce vcru, dis-je, avec queL^u; bénédi'ilion ou oblatit'artyre,ou tE BAPrÊME de Sang. On appeloirainli le martyre des Catéchumènes, qui m,ou- roient pou îacaufe de l'Evangile avant que d'ctte bap- tifes. C^n croyait oue le martyre leur tenoit lieu de Baprê'-' . Les pren.iers Chrétiens faifoient profelîîôn de d. !i •'-,• avec ard -'j le Baptême de fan^. Le Baptême eft abiulunient uécelTaiie pour lefalutj BAP ^' pai:£ qu'on ne peut pas toujours le recevoir, il ttoit de la bonté de Dieu de lupplécr par quelque chofe ài'impclîibilité de recevoir un Sacrement hnécellairci ce qui (e hrit par \c Baptême de fang, & paz le Bap- tême de ku. Cette diitinûion de ces trois Baptêmes y le Baptê- me d'eau , le Baptême de teu, & le Baptême de lang, s'eft toujours taite dans TtgUle. Il y a parmi les ouvra- ges de S. Cyprien, un Traité De baptïfmo hureticorum, dont nous ne connoiiîons point l'Auteur ; c'eft pcut- ctre S. Etienr.e, ou quelqu'un des Papes (uivans. Cet Auteur diftingue d'abord le Baptême du S. Eiprit , & le Baptême d'eau. Le Baptême du S. Eiprit le trouve féparé , dit-il , du Baptême d'eau dans le Centenier Corneille, qui reçut le Saint-Efprit, avant que d'avoir reçu le 5j/-rc/;;c: d'eau. Le Baptême d'eau, continue- t-il, fe trouve (éparé dans les Apôtres, qui av oient été baptilés long-temps avant que de recevoir le S. Efprit; ce qui n'empêche pas que l'un & l'autre ne doivent ordi- nairement être joints ; le Baptêw.e d'eau ne lerviroit de rien (ans celui du S. Efprit. Erfuire il explique le Bap- tême de lang. Il lupplée au Baptême d'eau pour les Catéchumènes, & remplit ce qui manquoit au Bap- tême àes hérétiques convertis; c'eft-à-dire, la charité, la grâce. Ce ne font pas, dit il, deux Baptêmes àii'S.c- rens, mais deux matières qui concourent à donner le même lalut : on peut fe palier de l'un des deux. Les Catéchumènes AÎartyrs fe pallént d'eau ; néanmoins s'ils ont quelque relâche, on leur donne le Baptême d'eau. LcsFidcles baptilés régulièrement fe pall'entdu Baptême de lang, &€. V'oila la Doclrine de lEglilc cxphquée dès les premiers liècles, comme on le fait encore aujourd hui. Fleury. Le Baptême confère la grâce, & efface le péché ori- ginel, & même les péchés aiiluels des Adultes qui les détellent; ..\; ils leur font entièrement remis, & quant à la tache, & quant à la peine; outre cela il imprime un caractère , & nous fait cnfans de Dieu »"'a! qui tur im- primé en 1586 , chez Plantin; dans lequel il rapporte tout ce que les anciens ont dit de la barbe. BARBE,fe dit proverbialement en ces phrafes. Barbehlew étuvce eft à demi rafce. Rouge barbe & noirs che- veux, gueite-t'en, /i tu peux. On dit auiîî faire une chofe a la barbe de quclqu un i pour due , la fane har- diment , malgré lui j & en (a prétence. On dit auliï qu'il faut qu un homme s'en torche la barbe , ou les barbes; pour dire , qu'il n'aura point de part à une affaire où il délîroit d'entrer. On dit qu'on doit erre fage, quand on a la barbe au menton. On dit aullI, rire fous barbe , ou rire fous cape, quand on entend quelque difcours avec plailîr , fmsen rien témoignei à l'extérieur. On dit aulîi abufivement , hrire barbe de foarre à Dieu , au lieu de dire , gerbe de foarre \ pour dire lui faire une méchante offrande, lui donner le pire de ce qu'on a. Ce proverbe eft tiré de la Bible , ik fe dit de ceux qui oftroient (eulement à Dieu des gerbes • de pailles , feignant offiir des gerbes de blé. Pas QUI ER , Rech. Liv. FUI. ch. 62. Ow dit aullî par mépris aux jeunes gens qui fe mêlent de donner confcil. Vous avez la barbe trop jeune, vous êtes une jeune barbe ; pour dire , vous n'avez point d'expé- rience dans les affaires du monde. On dit auffi , faire la barbe à quelqu'un ; pour dire , lui faire aiïlont , parce que c'étoit autrefois une peine fort ignominieule de rafer la barbe à quelqu'un, non-feulement en France, mais même chez les Grecs, & chez pluheurs autres nations ; d'où (ont venues ces trois façons de parler, )e veux qu'on me tonde : Je lui aurai le poil : Je lui ferai la barbe : Voyez les Recherches de Paf- quier , Liv. F III j ch. 1 0 . Barbe , fe dit quelquefois dans un fens un peu figuré, pour la perfonne même qui la porte. Ces vilaines barbes de bouc font toujours en querelle. Ablanc. Barbe , le dit encore peur hgnificr Préfence. Il vienr par le coche vous enlever à notre barbe. Mol. Barbe , fe dit auffi des poils qu'ont les autres animaux au menton , ou aux environs de la gueule. Les boucs & les chèvres ont de la barbe lous le menton. Un lièvre , un lapm , un chat , un rat , ont des barbes. Barbe, fe dit aullî des Comètes, & fignifie les rayons que la Comète darde vers l'endroit du Ciel où fon propre mouvement femble la porter. Et c'eft en cela que l'on diltingue la barbe d'avec la queue de la Comète , laquelle (e dit des rayons qui s'étendent vers la partie du Ciel d'où la Comète femble s'éloi- gner par ton propre mouvement. Rohaut. Foye^ ComÈte & Chevelure. Barbe, fe ditauffi des petites arrêtes ou cartilages, qui fer- vent de nageoires aux poiff ons plats , comme les tur- bots, les barbues , les folles, les carrelets. Spina. Les barbes de la baleine font celles qui lui tombent fur les mâchoires : ce font des bandes plates Se pliantes qui fervent à mettre dans des corps de jupes de fem- mes pour les rendre fermes. On les appelle autre- ment fanons. Barbe, fe dit auffi des petits filets que les plumes jet- tent à droite ik à gauche , de dont elles font compofées. Les vaiffcaux languins qui entrent par un trou qui eft au bour de la plume , verfent leur lymphe dans les petits godets d'un corps charnu; & de-làelle fe filtre jutqu'au haut du tuyau , d'où elle entre dans la moelle de la plume , qui n'étant qu'une ma- tière Ipongicufe , s'en imbibe aifément , & la diftri- bue à droite & à gauche, dans les barbes. Acad. DES Se. 1699. Hijl. p. 4j. Les barbes des plumes ne lontdans les commencemens qu'une efpcce de bouil- lie , tant elles font tendres & délicates. Auffi font-el- les roulées en cornet dans un long tuyau cartilagineux, rempli d'humidité, pour n'être pas expofées à l'air, qui Icsdedécheroit &reffereroittellementleurs pores, qu'elles ne pourroient plus recevoir de nourriture. Mais quand elles fe font ailéz fortifiées pour ne devoir plus craindre l'adion de l'air , l'étui qui les envcloppoit , & BAR qui ne leur eft plus nécelTaire, fe defiéche, & tombe de lui-même par écailles. Ib. 46. On appelle barbes, des bandes de toile ou de den- telle, qui pendent aux cornettes des femmes. Acad. Fr. 1740. Barbe, eft auifi un terme confacré aux longs poils qui font au bout des épies. Arijla. L'orge &c le feigic ont des barbes bien plus longues que le froment. Barbe, fe dit auffi des poils qui padent dans des étoffes efHlées par l'ulage. Fillus. Il faut faire la barbe à cet- te garniture , à ce manteau. Barbe , le dit encore de ces menus poils qui fonr.ent la chanciffine des choies qui le corrompent. Mucor. Ces confitures font gâtces , chancies ; elles ont de la barbe. On appelle auiii barbes dans les monnoies , les petites pointes ou filets qui y paroiffent avant qu'elles aient été frorées ou polies. liamcma. Barbe, fe dit auffii de cette chair rouge qui pend au coq au-delfous du bec. Palla. Barbe , ou Sous-barbe , en Manège eft la partie de la tête du cheval qui porte la gourmette ; & c'eft le de- hors de la mâchoire inférieure au-dellus du men- ton. Maxilla inferior. Barbes, en termes de Maréchallcrie , font des fupcr- riuirés de chair qui viennent dans le canal de la bou- che du cheval , dans cet intervalle qui fépare les bar- res, & qui eft fous la langue. On les appelle auffi barbillons^ B.an& equin£. On le dit auiîi des bcrufs. Barbes, en Serrurerie, le dit de ces petites pièces élevées, ou avancées , qui font à un des cocés du pêne d'une ferrure, qui donnent prilc à la clef peur la faire ouvrir, ou fermer. En termes de îvlarine on appelle barbes , les par- ties du bordage de l'avant du vailleau , à l'endroit où l'eftrave s'aflcmble avec la quille ■■, & quand on parle d'un bateau , la barbe eft une petite pièce de bois jointe au bout du chef, & pofée fur le four: elle eft longue de deux pieds dans les grands bateaux , fur douze pouces de grolFeur. Caron. On dit en termes de Guerfe, tirer le canon en barbe ; pour dire , le tirer par-deifus la hauteur du parapet, au lieu de le pointer par l'ouverrure des embrafures. Barbe,!, m. eft un cheval de Barbarie qui a une taille menue, &: les jambes déchargées. Equus Punicus.On dit que les barbes meurent , mais qu'ils ne vieilliirent jamais, parce qu'ils confervent leur vigueur jufqu'à la fin : c'eft pourquoi on en fait des étalons. Et on ap- pelle un échappe de barbe , un poulin engendré d'un barbe. Les barbes onr la corne du pied très-forte , & paffcnt tous les autres à la courle. On dit que ces chevaux étoient autrefois fauvages , & qu'ils cou- roient cà & là dans les forets de l'Arabie ; mais que les Arabes, au temps du Chèque îlmaël, comnren- cerent à en dompter bon nombre , & à en faire des haï- ras qui fe multiplièrent & fe répandirent par toute l'A- frique. Ce fentiment, ajoute Jean de Léon, cff alFcz vraiiemblable,puifqu'encore aujourd'hui on trouve des chevaux firuvages dans les forêts de l'Afrique &: de l'Arabie, & qu'il a vii dans les déferts de Numidie un poulain fauvage tout blanc , & avec du crinlong ik frifé. Dapi'er. Il y a des barbes en Afrique qui attrapent les au- truches à la courfe : on les vend ordinairement deux mille livres , ou , comme dir Dapper, mille ducats , ou cent chameaux. On les entretient toujours maigres , & on les nourrir fort peu avec quelques grains & delà pâte, ou, comme dit Dapper, avec du Jait de chameau qu'on leur donne deux fois par jour , le foir & le matin : Marmol ajoute àts dattes. Dapper dit qu'on les envoie en pâture quand il y a de l'herbe. Ils ne font point ferrés : ils ont de petites felles raies, <\cs brides & des étriers légers , & courent avec autant de liberté que s'ils n'étcient point montés. On prétend qu'en Barbarie on conferve la généalogie Açs che- vaux barbes avec Içmême foin qu'on frit en Europe celle des grandes familles. Pour vendre un cheval en produit fes titres de noblelle. Il y en a qu'on fait dcf- cendre en droite ligne de l'illuftre cheval du grand Valid. * Le barbe eft de tous les chevaux celui qui appro- BAR che le plus du cheval d'Efpagnc, duquel il ne pof- sède pas eiiticiemcnt toutes les bonnes qualités i ce qui Je rend plus ailé à drelîer. Il eildetort bon natu- rel, docile, nerveux & léger. C'eft un aulli joli che- val qu'il s'en pudie voir; mais il eftun peu trop me- nu , Se lî parelleux & négligent en (on marcher , qu il broncheroit en un jeu de boules. Il trotte com- me une vache, galope îort bas, & n'a en ces deux actions aucune vivacité: il eft ordinairement nerveux , a bonne lorce , & 1 haleine admirable , ce qui le rend capable de grandes corvées , & de louftrir un grand voyaj^s ■■, U apprend tout ce qu'on lui veut enleigner, & ert fort aile à dreller, ayant la dilpolition bonne , le jugement ,1a conception, & la mémoire excellente; & quand il eft une fois foumis , il n'y a point de cheval qui aille mieux au manège en toutes lortes d'airs , &. va très-bien (ur le terrain , de quelque maniè- re que ce ioit. On dit que les barbes des montagnes font Ici meilleurs; je crois que ce font les plus lar- ges; mais j'aime mieux un cheval moyen, ou mê- me moindre ; dv ceux-là lont à allez bon marché en Barbarie, j'ai oui dire que ceux des environs de Mar- fciile meleiit de leurs poulains parmi les barbes , & les vendent comme s'ils étgient venus de Barbarie. Le biirbe n'efl pas li propre à être étalon pour avoir des chevaux de manège, que pour des coureurs; car il engendre des chevaux longs oc lâches ; c'eft pourquoi il ne tant point avoir de fa race pour le manège , s'il n'eft court de la tête à la croupe , fort &racour- ci , & dune grande vivacité, ce qui ie trouve en fort peu de barbes. Newc. Barde. 1. t. Nom de femme. Barbara. La Chronique orientale dit que lainte Barbe foufirit du temps de l'Evêque Hcraclas, diicipie d'Origcne , qui gouverna l'églife d'Alexandrie jufqu'en 248. Barbe s'eil fait par apocope de Barbara j barbare. En termes de A'iarine, onappelleyàiwfe Barbe^ Cubi- culiim. fanci&BarbarA _, la chambre des Canonicrs qui ell: au bas nu château de poupe, au dellus de celle ou on met le biicuit , & au-dellous delà chambre du Ca- pitaine ; parce que les Canonicrs ont choili iainre/î^/v^if pour Patrone, On 1 appelle autrement Gard'iennerïc : les vaiffeaux de guerre y ont deux fabords. Barbe de eouc. Tra^japogcn. Plante qui vient com- munément dans les prés : (a racine cft fcmblable à celle de la Icorionère , mais plus mince : elle donne des feuilles longues, étroites, pliées en gouttière, & poiirtues par leurs boucs; fa tige s'élève d'un ou deux pieds de haut, garnie de feuilles alternes, & terminée par une Heur jaune , qui eft compotée de plufieurs demi-Heurons, renfermés dans un calice fim- ple, dccoupé en plulieurs pièces. Chaque demi-fleu- lon poite iur un embryon qui devient , après que le demi Hcuron cft ilétri , une femence oblongue , ctroire , cannellce faite en forme de fuleau , 8c ter- minée pat une aigrette ouvragée en manière de gafe ou de toile daraignée. Comme cette aigrette (or- tant de (on calice repréfente une brolFe , on l'a appa- remment comparée à la barbe d'un bouc. On man- ge les jeunes poulFes de la barbe du bouc cuites en guife d'aiperge ou de houblon , tant à la fauce blan- che qu'a la vinaigrette; & on les nomme Pentecôte, parce que ceft dans ce temps qu'on ufe de ces mets. Dans le nombre des espèces de barbe de bouc eft com- prile celle que les Italiens nommen.t Art'ifi Trago- pogon porrljolium , quod arvfi vulgo , Se que le vul- gaire appelle improprement ccrjijï. Ses Heurs (ont pour- pres , (es racines brunes extérieurement. On les man- ge à la fauce blanche , ou miles en pâte , & frittes. Barbe de chèvre. Barba capra. Plarrtc dont les racines font alfez grolles, ligneules, moelicufes dans leur cen- tre , fibreu(es & rouisâtres ; d'où partent plufieurs feuil- les oblongues , pointues par leur extrémité , dentelées lut leurs bords , &c rangées (ur une côte branchue. Ses tiges (ont hautes de quatre pieds, plates, cannel- lées, moelleules, creufes, branchues, & terminées par de longues grappes de Beurs longues de plus d'un pied. Chaque fîcur eft à cinq perjts pétales blancs ; le cahce eft d'une feule pièce, découpé en cinqpoin- BAR 777 tes. De fon milieu s'élève le piftil qui devient un fruit compoic de quelques graines longues d'une ligne & demie : chacune renferme une femence oblongue ; l'arrajigement de ces fleurs lui a fait donner ce nom. Elle croit dans les Alpes. Barbe de Jupiter. Barba Jovts. Arhor pulchrè lucens. J. B. Arbrifkau qui s'élève à la hauteur de quatre à cinq pieds : il elf branchu , ôc garni de feuilles pe- tites, ovales , argentées ou foyeufes , rangées par pai- res (ur une côte longue de deux pouces au plus. Ses rieurs naillent par bouquets à l'extrémité des branches. Se même des ailîelles des feuilles qui terminent les bran- ches. Elles (ont Icgumineul'es , d'un pâle tirantiur le jau- ne , petites peur la grandeur de la plante. A ces fleurs (uccedent des goulfes très-courtes, velues, compofées de deux caies qui ne renferment qu'une femence oblongue. On range fous ce genre d'autres plantes dif- férentes de celle-ci par leurs fcuifles, leurs Heurs, gt. L'ébènc de Candie, Ebenus Creticaj eft, fuivant M. Tourne(ort , une cfpèce de Barba Jov;s. Leferr/pcr- vivum en frar.çcis , joubarbe , eft appelé de ce même nom, Jovis barba. §C? Pja.ree de moine j, autrement cufcute. Cette plante pouHe des filets rouges aulii déliés que les cheveux, qui s'attachent aux diftérentes fortes de plantes. On l'emploie daris les maux de rate & autres maladies. f^oje^ Cv s cut:£. Barbe de Renard, f. f. Tragacantha. Fiante vi- vace dont la racine eft longue, branchue, fîlalFcufe, grofle comme le doigt, blanchâtre, & qui (e plonge tort avant en terre. Elle donne plufieurs tiges ligneu- fcs, grofles comme des tuyaux de plumes à écrire , longues d'un pied , quelquefois branchues , & tou- jours garnies d'un grand nombre de feuilles, petites, blanchâtres , rangées .par paires (ur une côte tenr.inée par un aiguillon aflez piquant , ce qui rend cette plante épineufe. Ses fleurs font iégumineufes , blanchâtres , & naiiFent à l'extrémité des tiges , 8c d'entre les ai(Fel- les des feuilles. Ses goulFes (ont courtes, divifécs (e- lon leur longueur en deux loges , qui renferment des (emences blanchâtres, petites , & taillées en forme de rein. Cette plante vient au bord de la mer auprès de Marfeilie. Il en vient une autre elpèce dans les Alpes; elle (e diftinguc de celle de Aîarfeille par fes Heurs , qui lont purpurines. Se rayées de veines plus foncées ; (es feuilles outre cela ne (ont pas (î blanches. M. de Tournefort en a remarqué plulieurs efpèces dans le Levant. Des tiges de ce genre de plante découle une gomme qu'on nomme improprement Adragan ^ 8c qu'on doit appeler Tragacan , du nom de la plan- te. Cette gomme fe réfout dans l'eau en un mucilage épais qui (ert aux Peintres dans les colles , 8c qui en- tre en médecine dans la préparation de plulieurs com- pohrions. On recommande cette gomme pour la toux & pour les fluxions. Elle nous eft apportée du Levant : la meilleure eft en petits brins longs , blancs 8e ver- micuiés; la féconde eft d'un blanc gris ; la troifîème ertrougeâtre, ou noirâtre, & remplie d'ordures. Cette plante eft nommée par quelques Botaniftes Ramebouc ^ Epinehouc ifpjna hirci. Tragacantha en grec lignifie la même choie. BARBÉ , EÉ. adj. Terme de blafon, qui fe dit principa- lement du coq , comme s'il étoit barbu. Barbatus. Il porroitde gueule au coq d'argent, /?'£zr/'£'.n«, ) A ces fables ils en ajoutoient cent autres aulii im- pies & aulîî ridicules. Autogène produifit l'homme parfait , qu'ils appellent Adamas , & ia femme la coniioiflance parfaite , qui produifuent le bois ( ?v'acv) qu'on appelle aulîî Connoijfance. Le premier Ange produifit le Saint Efprit, qu'ils appellent SageJJe & Prunïc ( <"?'« xai' ^rfXviKOî.) La fagelie ayant déliré la compagnie d'un mari , elle fit un ouvrage appelé Protarchonte j ( premier Prince ) en qui il fe trou- va de l'ignorance & de l'arrogance. Protarchonte eft l'auteur des créatures , & c'eft de Ion union avec l'arrogance qu'eft né le vice avec fes parties, ou les branches. Les Barbéliotes , en expliquant leurs dog- mes, emploioient des mots hébreux, afin d'étonner les lîmplcs. Pour ce qui eft de leurs cérémonies , elles font remplies de tant d'abominations , que cela palfetout ce qu'on en peut imaginer; & elles leur ont fait donner k nom de Borborien. Foye\ Théodoret. BARBELITE. f. m. bc f. Barbelita. On donna ce nom dans les premiers fiècles de l'Eglife aux hérétiques Ni- colaVres , parce qu'ils adoroient une certaine divinité nommée Barbelo. BAHBELO. Efpèce de divinité des Nicola'i'tes. Barbelo. Ces hérétiques , dit Philafttius , adoroient une femme qu'ils nommoient Barbelo. S. Epiphane attribue le culte de cette diviniré aux Gnoftiques , qu'il appelle les fuccelTeurs des Nicola'res. Il l'appelle Barbelo ou Barbera j & il dit que c'eft de-là qu'ils ont été 7\^pc- lés Barberites j & ielon d'iuues Barbelices. Ilsdiloient que cette Barbelo habitoit le huitième ciel. Elle étoit fortie du père , de étoit mère de Jaldabaoth , ou , fé- lon d'autres , Sabaoth , qui s'étoif emparé par force du VII^. ciel, ik difoit à ceux d'en-bas : Je fuis le pre- mier ôc le dernier, ik il n'y a point d'autre Dieu que moi. Philailrius ni faint Epiphane ne difent point que Barbelo fiît mère de Jaldabaoth. Philaftrius dit feule- ment que quelques uns des Nicola''tes adoroient Bar- belo , Si d'autres Jaldabaoth. F'oye:^ cet Auteur, C. /^. S, Epiphane, Hxr. XX, c, y. S. Irénée, L. I. BAR C. s 3- S. Jean Damafcene , De Haref. c. 26. Fabricius , après Crujus , tire ce nom de 13 fils j & nVya D ame ycoxmwz qui diroit le fils de la Dame.Ainli il icmble faire un homme de jB^rZ-e/o j plutôt qu'une femme i mais , comme on l'a dit , ce mot eft conftam- ment iéminin dans S. Epiphane. Voyf){ les Notes de Fabricius lur Philaftrius, fa^. y 1, BARBELO 1 E .f t. Vieux mot qui lignifie une grenouille ^ ou une forte d infecte qui fe trouve dans les fontaines. Par lieux y eut claires fontaines Sans barbelotes à' fans raines. Rom de la Rose BARBELOTH. Voye-;^ Barbelo , & Bareéliote. La Barbéloth de quelques Gnoftiques étoit apparemment la même que la Barbeloàes Nicola'ites. §3" BARBENT ANE. Bourg de France, dans la Proven- ce , à l'embouchure de la Durance,dans le Rhône. C'eft peut être, dit Baudrand, le lieu appelé anciennement Bellintio. IfT BARBERAN.O. Petite ville d'Italie, dans l'Etat de l'Eglife, dans la province du Patrimoine, lur le tor- rent de Bieda. BARbERlE. f. f. Mot , qui fignifie dans les ftatuts des Maîtres Chirurgiens jurés de Paris, &: dans ceux des NLaitres Perruquiers , l'art de rafer & de faire les che- veux. Il y a des Communautés d'hommes où ce mot fignifie le lieu où l'on raie. BARBERINE. f. f. Qui fe dit à Rome des Religieufes de fainte Thérèfe , fondées apparemment par le Car- dinal Barberin. Barberiana. ÇCr BARBERINO. Petite ville d'Italie, en Tofcane, dans le Florentin , à feize milles de Florence. ^fT II y a encore une autre pctire ville de ce nom, dans le Florentin, au pied du K.ont Apennin. ^fT BAR BERING. Qui-Lues uns nomment ainfi le peu- ple qui habite le ri/Vcamie de Fungi. Fo\e^ Fungi. C'Cr BARBERY , .'■\bbayt de France, dansla Baire-Nor- mandie , Diocèfe de Bayeux , Ordie de Clteaux, Fille de Savigni. BARBEROT. f m. Mot burlefque &■ fatirique pour li- gnifier un méchant petit Eaibier , qui ne lait pas fon métier. Tonfor rudis 6 impcritus. BARBET, El TE , f. m. & f. Chien à gros poil & frifé qui va à l'eau, & qu'on drefle à la chalfe des canards. Longieris atque cri f pi \illi canis , cirratus canis. On tond les barbets. Beau barbet. Jolie barbette. Dans le difcours familier, en parlant d'un homme foupçonné de rapporter tout ce qu'on fait , tout ce qu'on dit, on dit que c'tft xxnbather. Ac. Fr. fCZ?" Ou dit aulii d'un homme CM..rté, qu'il eft crotté comme un barbet , & de celui qui luit quelqu'un par-tout , qu'il le luit comme un barbet. Barbet. Les hérétiques Vaudois , ainfi appelés de Valdo leur chef, qui commença Ion héréhe dans Lyon l'an 1 170, ont pris dans la luite le nom de barbets , du. nom de Barbes, qu'ils avoient donné à leurs Miniftrcs, par un relped: lemblableàcclui que nous portons aux Religieux , lorlque nous les appelons/'è/cj. P. Benoit. tfT Barbet , pcilTun. f'oye\ Barbeau. BARBETTE, f. f. Sorte de guimpe dont les Religieu- fes fe couvrent le lein. Fafcia pecloralis _, mamillare linteum. Barbette, f. f. C'eft ainfi que les Dames Chanoineftes de Remiremont appellent un petit morceau de quinrin qu'elles mettent devant elles le jour de leur appréban- dement. Cette barbette leur eft donnée le jour de leur réception comme un refte de leur ancien habit , & une marque qu'elles ont été autrefois Religieufes , puiC- que ce morceau de linge eft ur.e elpèce de guimpe. Et tous les Dimanches ii y a une de ces Dames qui com- muniant pour les beloins Ipirituels d< temporels de leur Abbaye , eft obligée de porter cette barbette. On ap- pelle cette cérémonie le BeaiiS.ire-D eu , & toutes les autres Dames vont faire à celle -ui a cette barbet- \ te , une civilité à fa place , pendant la Icdure du Mar- tyrologe. P. FÏÉLvoT. T. VI. C. LL BAHBFTTE. Terme de Fortific.-irion. C'eft une efpèce de plate forme ou petite élévarion de teiie fans épau- Icment , qu'on pratique ordinairement dans les an- B /-i il BAR I glcs d'un biftion , pour placer du canon qui tire par- dellus le parapet. La barbette a quelque rapport au cavalier. On dit : mettre le canon à barbette ^ tirer le canun -a barbette , quand on tire le canon à découvert, & (ans épauiemcns de terre pour le cacher. On ne ri- re guère que la nuit à barbette , ou dans un jour de bataille. On dit proverbialement coucher à barbette , c'eft-à- dire , fans bois de lit , matelas par terre. BARBEY ER. v. n. Terme de Marine, qui le dit lorfque le vent, au lieu de donner dans la voile , & de la rem- plir, ne lait que la râler en pallant à côté : ce qui ar- rive , lorlqu'elle eft prelque parallèle au vent. jPt"r/?ri/7- gere. Cela s'appelle autrement Frifcr , barboter. BARBEZIEUX. Ville de France, en Saintongc , à neuf lieues de Saintes. Barbe\iiium. BARBICHON. f. m. Dimmurir de barbet. Tctit barbet. Voilà un beau barbïchon. BARBIER. 1. m. Celui qui fait la barbe. Tonfor. Il y a des Barbiers Etuviftcs , d'autres Perruquiers. Eutrapel , Barbier dans Martial, étoit ii lent, que durant qu'il fal- loir la barbe d un côté , elle revenoit de l'autre. Les Romains le palsèrent àcBfirbicrs pendant 454 ans. Ce futTicinius Menas, au rapport de Varron, qui en amena le premier dans la ville , à ion retour de Si- cile. Julien l'Apcllat chalfa les Barbiers de fa cour. Les Barbiers n'exerçoient point leur métier dans des boutiques , mais au coin des rues , &: par-tout indiÔ^- remment où ils le trouvcient. Les Barbiers furent érigés en corps en 1 674 &' pavè- rent pour cela chacun 1 500 livres au Roi. f^oye^ dans les Recherches^ de Pafquier , Liv. IX , ch. ^2 plu- Iieurs choies curieules fur les Q.\i\\Mi%\tx\%-Barbiers. Aux Indes les Barbiers vont par les rues avec un inf- trument de cordes nouées , qui s'entrechoquant font du bruit , pour avertir ceux qui veulent le faire raler. Lettr. Ed. On dit proverbialement , glorieux comme un Bar- bier. On dit aulîi , qu'un Barbier rafe l'autre ; pour dire , que chacun dans fa profelîlon le rend des offi- ces réciproques. On trouve dans les liècles de la balfe latinité barbe- rius , pour lignifier Chirurgien, parce que ces deux profellions n'etoient point diftinguées. Foye^ les Acla Sancl. Febr. T. II 3 p. 6J4. E. 6. i/. E. Jun. Tom. II , p. ^S6. A. On trouve aulH barbarius , Ib , p. jS2. £, & il fe dit non feulement de celui qui fait la barbe, m.ais d'un Chirurgien ,ou , comme parlent les BoUandifles en cet endroit , d'un Médecin qui fait des cures en travaillant de la main. Barbier s'efl: aulIi appelé dans la balle latinité barbator. (fT Barbier, f. m. Poiffon de mer du genre appelé anthia. Voyez ce mot. B.ARBiFIER. v. a. Qui ne fe dit que dans le liyle fami- lier. Raler , frire la barbe. Radere j tondere bar- bam. Ma barbe eft bien longue , barbifie^-mo\. Ce mot eft forgé de barba , barbe, 6c jacere ifa- cio ,ficri ,fio. Faire, être fait. ^iT BARBILLE. f. f ( à la Monnoie. ) Petits lîlamens ou pointes qui font aux Bans ; & que l'on emporte en les agitant les uns contre les autres dans un crible de fer. BARBILLON, f m. Petit poilfon d'eau douce : dimi- nutif de barbeau, f'^oye^ Barbeau. Barbillon, eft aulîi ce qui^end en forme de moufta- che , ou de barbe , au bout & aux côtés de la gueule du barbeau , ou de quelqu'autre poiffon. Barbu/a. Barbillon , eft aulli une maladie de cheval , &: eft la même choie que barbes, f^oye^ Barbes. Barbillon , en Fauconnerie , eft aulll une maladie de la langue de l'oilcau , qui vient de rhume chaud qui tombe fur des glandes qu'il fait enHer. Les barbillons font une efpèce de pépie. BARBINADE. f. f J'appelle des barbinades ces nom- breux cclifichers de petits livres qui ne fervent qu'à faire perdre inurilement du temps , tk après la leclure delquels on fe trouve l'elprit aullî peu rempli que li 1 on n'avoir rien lu , & qui n'ont pas laillé d'enrichir Earbin. La fîlle d'Elvirc veut parler des Auttuis , & décider de leur mérite , elle qui ne pourroit pas faire la différence des ouvrages, de Defpreaux ou de 1 Au- teur des Pafquinades , d'avec les Barbinades j ou le Mercure galant. Le Noble. ÇC? BARBITON. Inftrument des Anciens , dont Horace attribue l'invention à Alcée. On ne fait point ce que c'étoit. Harpe, Lyre, Luth, grand inftrument demu- fique à cordes. îfT BARBON, f. m. Terme de mépris dont fe fervent les jeunes gens pour défigner un vieillard. N'écoutez pas ce vieux barbon. Les femmes ne veulent point d'un barbon. Moquez- vous des fermons d'un vieux bar- bon d'e père. Mol. C^^ On applique aullî ce terme à un jeune homme qui cfttropférieux pourfonàge. Iln'aquevingt-cinqans;il fait dcjà le barbon. Tout cela n'eft bon que dans le ftyle familier. BARBONNAGE. f. m. Qualité de barbon. Pour l'hu- meur , je fuis plus loin du baibonnage que vous. Bussv. BARBONNE. f. f. C'eft un poilTon de mer , qui eft à peu près comme la perche , qui en a le goût , & qui s'appute de la même manière. On nous donna à bon marché les plus belles barbonncs que j'aie jamais vues. CoRNEiiL Bruvn. ^ BARBORA. Petite ville d'Afrique , en Erhiopie , fur la côte d'Ajan , furie golfe de Babel -Mandel , au royaume d'Adel. C^J" Vis-à-vis de cette ville il y a une lie du même nom , dont les habitans font Nègres. ifF BARBOT. f. m. C'eft ainil qu'on appelle fur les ga- lères celui qui fait le poil aux forçats. BARBOl E. f £ Poilîon de lac & de rivière , oui a le bec & la queue pointus , avec un barbillon qui pend de la mâchoire inférieure. Auprès du trou , par où lor- tent les excrémens , la barbote a une aile qui continue jufqu'à la queue. BARBOTER, v. n. Qui fe dit des cannes &des canards , & autres oiféaux aquatiques , lotlqu'ils boivent , ou fouillent dans la bourbe , & qui font un certain bruit en remuant le bec. Cœnum agitare. Les canards barbotent dans les marcs. Barboter, le ditaulli d'un homme qu'on plonge dans l'eau, & qu'on fait boire malgré lui. //?aç«rî/72wer^i. Je l'ai fait barboter dans le ruilfeau. Barboter. Se plonger dans l'eau , y faire du bruit. Petits Abbés j qu'une verve injlpide Fait barboter dans l'Onde aganippide. R, Barboter , fe dit encore de ceux qui parlent entre leurs dents , & qui font un certain bruit pareil à celui des canards , lans qu'on puille entendre ce qu'ils dilenc. Mujj'are , mujjltare. Mais cela n'eft bon que dans le ftyle bas & comiqu:. Il barbote je ne fais quoi entre fes dents. Mol. Barbotons les paroles que la Hi.igie en- feigne. S. Amant. BARBOTEUR. f. m. Nom qu'on donne à un Canard pri- vé, nourri près d'un moulin, ou dans une bafle-cour, qui eft peu eftimé en comparaifon des canards iauvages. Anas domefiicus. BARBOTINE. f f. Semence qu'on réduit en poudre , & qu'on donne aux cntans peur tuer les vers qu'ils ont dans le corps ; elle eft petite, de couleur brune ou jaune , de figure oblongue , d'un goût amer & d'une odeur forte. On ne convient pas quelle eft la plante qui la produit. Les uns veulent que ce foit l'efpèce d'abtînthe qu'on :i^'çhv<. BARDACHE, de l'italien BARDASSO. f. m. Garçon dont les débauchés abnlent. Catamitus , cinœdus.On a accu(é Cé(ar d'avoir été le bardacke de Nicomède. Ce terme eft proicrit parmi les honnêtes gens. BARDANE,f. f. ou grand gloutteron. Glitteron,Lappa ou Bardana,P erfonata. Plante bifannuelle , qui a fes raci- nes plongées fort avant dans laterre,gro(fes, noirâtres en dehors & blanches en dedans. Elles donnent de gr.andes feuilles,velues,arrondies, tcrminée5enpointe,veitescn dclfus , blanchâtres en deftous, finement dentelées fur leurs bords , &: attachées à une queue allez longue. S^, Dddd4 n6z BAR tige cft'lmite de trois à quatre pieds, quelquefois plus bi-anchue , épaille , mocUeule , velue, lavée d'un peu de pourpre , ^\: garnie par intervalles de feuilles km- blables a celles "du bas , mais beaucoup plus petites. Les extrémités des tiges & des branches lont terminées par des têtes écaillcufes, dont chaque écaille eft cour- bée en crochet-,ellcs renferment des fleurons de couleur de pourpre , foutenus par des embryons qui devien- nent des femences brunes , oblongues , garnies d'une • aigrette qui tombe ail'ément. Les tctes lont tort groiles dans quelques elpèces, dans d'autres plus menues , & dans une troilième les écailles des têtes font entrela- cées d'un coton blanchâtre. On appelle petit Glouttc- roriy Xanthïum , une plante qui ditfere du grand glout- teion par fes fleurs & par l'es fruits. La bardane croît communément le long des chemins , & fes têtes s'ac- crochent aifémentaux habits-, & ccft d'où lui vient le nom de laypa y du grec AaÊt» , prendre ; celui de j-ierfonata lui a été donné , parce qu'on fe couvroit autrefois le vifage avec fes feuilles lorfqu'on montoit fur le théâtre , & qu'on ne vouloir point être connu. Sa racine eft d'ufagc en Médecine. Elle eft fudorihque, diurétique , bonne pour les maladies de la poitrine. Sa femence eft recommandée pour la néphrétique. Hen- ri III , loi de France , fut guéri d'une fièvre quarte avec la décodion de tardanc. Son eau diftiUéc entre dans les potions iudorifiques. B ARDAKIOT E. f. m. Bardariota. Les hardariotes étoient des foldats de la garde de l'Empereur de Conftantino- plei ils étoient armés de bâtons & de baguettes, pour écarter le peuple quand l'Empereur pafloit , ils por- toient à leur ceinture des fouets pour punir ceux qui étoient condamnés. Ils étoient gardes des portes du Pa- lais. Dans les cavalcades que failoit l'Empereur , ils marchoient devant lui, le bâton haut, pour Iake ran- ger le peuple & le tenir dans l'ordre. Ils étoient ori- ginairement Perlans. Un Empereur , que Codin ne nomme point, les avoit tranf portés de Perfe iur le iieuve Bardarius , d'où ils avoient pris leur nom de hardariotes. Nicétas le nomme auiiî ^u-f^^xa , Por- te-verges , ou porte-bâtons y & MafxAa/Sivaj , MancLi- vhes 3 du nom grec de leurs verges ou bâtons , fiarnAa- ^/». A l'armée ils avoient leur pofte au feptcntrion de la tente impériale , auprès de laquelle ils faifoicnt garde. Je ne fais où un Auseur moderne a pris ce qu'il dit , que leur Commandant s'appeloit Prumvergius. Codin dit feulement qu'ils ont un Primicerius • qu'ils obéilfcnt au Primicerius de la Cour. Cedrcnus l'ap- pelle xôfT^i Ko'^nla, /e Co/rite de la Cour ; S< MafxAa- fi-'^n^, Manclabite. Je ne lui trouve point julqu'ici d'au- tre nom. Il n'ert pas même sûr que ce loit lui que Ce- drenus défîgne par le premier, quoique le P. Goar le croie. Les hardariotes étoient vêtus de rouge, &c por- toient un bonnet à la perlanne nommé augurât, qui au lieu de rebord, ou du rctroulfé , étoit bordé d'un drap de couleur de citron, /'oyt^:^ Codinus de Off. Conji. C. s j n. // , S3 3 /^j"& Boulanger. Charles Macri croit que les bardariotes lont les mêmes que les barbuces. CtCF BARDASHIR. Ville de Perfe , dans la Cormanie. BARDE, f. m. Vieux mot qui fignifioit autrefois l'ar- mure d'un cheval de gens d'armes, ou armés de toutes pièces. §3° Elle étoit faite de lames de fer pour cou- vrir le poitrail & les flancs du cheval. Laterarium ac pectorale equi tegmen j equi armatura. Il n eft plus en ufage. La Cnrfca dit que barda è armatura di cuoio cotto , o di fcrro , con la quale s'arniava la groppa , il colto j el petto di cavalli. Barde , eft aufll une longue fclle qui n'a ni fer , ni bois , ni arçons , qui eft faite de groite toile piquée & de bourre. Ephippium. On l'appelle en quelques endroits panneau. Barde, fe dit auffi d'une tranche de lard qu'on met fur les volailles , au heu de les larder pour les rôtir. Lar- ■ du m in ojellasfeclum. BARDEAU, f. m. Petit ais dont on fe fcrt au lieu de tuiles pour couvrir les maifons. ScanduLi. On en fait fouverit des douves , ou d'autres ais auiîî minces. On les appelle autrement alJTis en plufieuis. endroits , BAR comme qui dhoit des ais fciés. Les Romains pendant 470 ans n'eurent leurs mailons couvertes ciue de chau- me , ou bardeau. Vigen. BARDÉES d'eau. C f. pi. Terme de Salpêtrier. Ce font trois demi muids d'eau que l'on jette dans les cuviers pour faire le lalpctre , ou pour le raHmcr. On en jette jufqu'à quatre pour le raftinage en plulieurs fuis. BARDELLE. C f Selle en ferme de felle a piquer. i/jAi/?- prïum. Elle n'cft faite que de toile & de paille \ ik. il n'y entre ni cuir, ni fer, ni bois. Le vieux Grifon, Se plulieurs Auteurs itahcns, veulent qu'au manège on le ferve pour les }po\xi?.'ms d'une bardelle , qui eft une felle de paille à mettre fur leur dos, &:d'uncaveIîon de corde fur leur nez , qui eft une invention qui ne leit qu'à perdre le temps. Newc. BARDENOCHE. f. f. Efpèce d'étoffe, dont il eft parlé dans le tarif de la Douane de Lyon. Lei Marchands de Paris ne la connoillent pas. §Cr BARDENWIK. Foyc^ Bardewick. BARDER, v. a. Mettre une barde à un cheval. Equum "■tegere , armare , munire. Les anciens Chevaliers fai- foient barder leurs chevaux. Voye\ Bap^de. Barder, fignifie auilî, mettre une barde, ou une tran- che de lard fur un chapon , ou autre volaille. Lardo in ofcllas feclo altilia tunicare. Il y a des gens qui aiment mieux les viandes bardées que lardées. #C? Barder', fignifie auffi l'adion de charger des pier- res fur un charriot , fur un bar. Foye':( Bar. BARDÉ , ÉE. part. pall. Se adjedif. Armé de bardes. Ca- taphraclus 3 armatus , teclus 3 a 3 um. Cheval hardie. Equus teclus , munitus , armatus. DixPages le sfuiv oient fardes chevauxh:xxàis. P. le M. On appelle , en termes de Blafon , un cheval bardé ^ lorlqu'ii eft paré. BARDES, f. m. pi. Parmi leà anciens Gaulois, c'étoient les Chanttcs , ou Muficiens & Poètes , ou faileurs de romans , qui chantoicnt les louanges des Héros. Bdrdi. Leurs poches lervoieut ou à enlcigner la vertu , ou quelquefois à encourager , Ôc quelquefois aufiî à ter- miner le diflérent des armées au moment qu'elles al- loient combattre. D'autres Savans qu'on appeJoit fiâ- tes j nom que les Latins femblent avoir emprunté des Gaulois, étoient occupés des aulpices des augures, ik\des autres elpèces de divination. De Remy, Eijl. litt. de la France. On a confervé dans la Bretagne beau- coup de mots anciens gaulois. On y appelle encore aujourd'hui 5i?/a't'jj les joueurs de vièle & de violon, qui vont chanter par les villages. Merc. Dec lyjj. Barde j lelon Fcftus , Hefychius ik Strabon , eft un chanreur en gaulois. Ils chantoienr , dit f eftus , les louanges des grands hommes. M. le Gendre ajoute qu'ils les chantoient au Ion des mulettes ; Strabon, qu'ils étoient aulll poètes , Ea/ifoi /^ti lî/irarai xa! 3o;»Ta/' -^ & Lu- cain dit que leurs vers tranfmettcnt la mémoire des grands hommes à la poftérité. Ces divins enchanteurs , de qui les puijfans charmes font revivre un héros abattu fous les armes 3 Qui tranf mettent fa gloire à la poflérité , Et trouvent dans Ju mort fon immortalité : Les Bardés entonnant leurs cantiques célèbres 3 Rappellent leurs guerriers du milieu des ténèbres. Brebeuf. C'eft de-là, dit M. le Gendre, dans les Mœurs & Coût, des Fr. p. 262 j que venoit la Coutume, qui étoit encore en utage au commencement de la troilième race , de ne point donner de combar que dix ou douze grofles voix n'eulfent chanté de toutes leurs forces la chanlon dite de Rolland , afin d'animer les troupes par le récit des hauts faits d'armes de ce Héros. Cho- rier prétend que c'eft la terre des Allobroges qui leur a ère ouverte prelque la première ; que c'eft là où ils ont commencé à s'établir , et d'où enfin ils fe font ré- pandus dans toutes les Gaules. Il le prouve , parce qu'encore aujorrrd'hui les peuples qui habitent à l'oc- cident du Rhône , nomment Bardou^ ceux qui habi- tent au-delà, le long de fon rivage oriental qui leur eft oppolé. C'eft croire bien légèrement , que de le rendre à cette preuve. Bardoui n'auroic-i.l point une BAR origine moins avantageufe ? Il y avoiî auffi des Bardes dans lile de la Grande-Brecagiic. Ils étoient, à ce que prétend Larrey , ce qu'ctoicnt les Druides dans les Gau- les; c'ell-à-dire , les Prêtres & les Dodeuis des Celtes qui s'y établirent, Bodin , dans la méthode , p. j 6 y j remarque aulH qu'ils étoient Prêtres dans les Gaules; fa railbn eft qu'en allemand Barde fignifie Prêtre. Ce- pendant les Bardes paroilTenr fort ditférens des Drui- des. Ceux-ci étoient les Prêtres & les Dodleurs de la nation , & ceux-là en étoient leulement les Poctes & les Ecrivains. Jamais les Anciens , qui en ont parlé , ne leur donnent d'autre qualité. On peut voir Pofido- iiius dans Athénée, Liv. VL Diodore de Sicile, Lïv. V. Ammien Marcellin , Liv. XV ^ ck. p. Feltus & Hélychius fur ce mot. La railon de Bodin eft trcs-foi- ble ; car fans que les Bardes fulfent Prêtres , on a pii dans la fuite donner leur nom aux Prêtres, parce que fans être facrifîcateurs , ils étoient cependant minillres de la religion, Larrey ajoute, en copiant à fon ordi- naire les hiftoires fabuleufes , que les Bardes étoient comme les Druides , la poilérité de Samothès lîls de Japheth. D'autres le? font venir de Bardas , Druide, V*^ Roi des Celtes , que quelques-uns font fils de Dy- ris , & non pas Denys , comme a mis Larrey. Foye\ Picard dans fa Celtopédie j p. "j 2 , y s > o\x\\ dit que ce Barde l'ancien ( car il y en eut un autre qui ne fut que le VIP Roi des Gaulois ) inftitua une Académie de Poètes , de Muficiens , de Rhéteurs. On prétend avec plus de fondement que Larrey , que Druide étoit un nom général , qui comprenoit les Vaceres , ou Prê- tres , les Eubagcs ou Augures , les Sarronides , qui étoient les Juges du peuple , & les inftruéleurs de la jeunelle , & les Bardes ou Poètes. On croit que les Bardes demeuroient fur une montagne de l'Aunois en Bourgogne, appelée MoJit-Bart ^ ou Montbarri ^ Se que c'ell: d'eux qu'elle a pris ce nom. Palquicr , qui écrit Bardées , fans qu'on en voie la raifon, dit que des Bardées & des Druides , qui manioicnt & la théologie & la philofophie des Gau- lois , la philofophie avoir pris la première lource & origine ; & les autres , que les Grecs même avoient emprunté d'eux leurs caraélères. Il ajoute qu'une choie lui déplaît en eux , c'eft qu'ils n'aient rien écrit , don- nant leurs fecrets de main leulement , dont, dit -il, les Grecs & puis les Romains furent fort bien faire leur profit à nos dépens. Cluvier, Germ. Ant. Lib. I , pag. ipp j donne en- core aux Bardes le titre d'Orateurs , & il prétend que les anciens Germains avoient aulîi leurs Druides &i leurs Bardes ^ qrtoique les anciens n'en difent rien. Il fe fonde (ur ce que Tacite , De Morih. Germ. & Annal. II j parle de leurs poëfies , & des chanfons qui contenoient leurs loiftoires, Bochart dit que ce mot vient de l'hébreu parât , qui fignifie chanter. Chorier loufcrit à cette étymo- logie de Bochard, Cambden dit en fon Brltannla , p. 14, que 5a-ra'e fignifie Chantre, comme nous l'ap- prend Feftus , & que c'ell un ancien mot breton tout pur. Picard, dans fa Celtopédie , p. 72 , js > V^^- tend que cette étymologie eft (ulpecte à quelques gens , qui croient que ce mot eft grec ; qu'il eft certain dans Céiar, que les Gaulois ont parlé grec; que ^fuJ'v!^ Se par métathèle' /Sap/^'t , fignifioit originairement un hom- me ingénieux , un lage ; & que c'eft de-là que s'eft formé B ardus ; qu'à la vérité ce mot dans la fuite a pris une fignification toute contraire , & s'eft dit pour pefant , fiupide ; mais que c'eft un changement qui eft arrivé à bien d'autres mots , & qui ne prouve pas que la première fignification de ce mot n'a point été celle que ces Auteurs foutiennent. Mais il paroît qu'il vaut mieux s'en tenir à ce que dilent Fcftus, Strabon & Hélychius, Il conjedure encore, p. r 6q , que l'ha- bit des Bardes étoit le Bardocucullus , que tout le monde convient être un mot gaulois , & que quelques- uns diient avoir été un habillement de tête, quiavoit beaucoup de poil;& d'autres, une robe ou habit dont les foldats & les gens de la campagne fe fervoient pen- dant la pluie. Les chanfons de ces Poètes avoient aufli le nom de Tome L BAR Bardes , comme les Poctes mêmes , au rapport d'A- thénée. Chorier. Selon le P. Pczron Barde eft un mot pris des Celtes, qui difent /'i^/ï/c/j pour fignifier un Poifte : il veut dire aulli un devin. Barddouec eft chez eux la même choie que po'efis j carmcn , poë- lie , poëme. Bardes , s'eft dit auftî d'une compagnie de Banquiers Florentins établis autrefois en Dauphiné , fous le nom de la Compagnie des Bardes. Chorier,^. S i ^. BARDESANITE , ou BARDESANISTE. f m. Nom de feâe , Bardefarûjlte. j Bardifianifid. C'eft le nom qu'on donne aux hérétiques leétateurs de Bardefanes. Cet hérétique étoit de Mélopocamie'.d'abordilfut chré- tien, & il (e diftingua par la connoillance qu'il avoit de la philofophie ; entuite il renonça à la religion ca- tholique , pour fuivre les erreurs de Valentin , aux- quelles il en ajouta quelques autres , comme de dire que les aélions des hommes dépendent du deftin. Voyei^ S, Auguftin & S, Jean Damakène, Bardelanes lailfa des Seélateurs qui s'appelèrent Bardefanifies , qui in- ventèrent de nouvelles rêveries, God. ^fF BADESEY , ou BARDSEY. Petite île d'Angleterre, fur la côte du pays deGalies &:du Comté deCamarwan, BARDEUR. f m. Homme de journée qui lert dans les ateliers à porter le bar, ou la civière. Cratis bracchia- t&bajulus. Il faut dans un tel atelier tant de b ardeur s y & tant de Halebardiers. On appelle proprement bardeur l'ouvrier qui tra- vaille dans les atehers de maçonnerie , particulière- ment quand les bâtimens fe conftruifent avec de la pierre de taille. Les hardeurs font employés à porter le bar, ou à traîner iur les binards les pierres, à mefure qu'elles fortent de la main du tailleur de pierre. ^fT BARDEWICK , BARDEMWIG, BARDONWIG & BARDENWICK. Bardorum vicus ^ Bardejucum &c BarderopoUs. Ancienne & fameufe ville d'Alle- magne, dans la Bafte-Saxe. Ce n'eft plus aujourd'hui qu'un bourg à trois lieues de Lawenbourg. ^fT BARDI. Petite ville d'Italie , dans la Lombardie , au Duché de Parme. BARDIN, Pomme de bardin ; c'eft celle qu'on nomme autrement courpendu. Voyez ce mot. BAR DIS, f. m. Terme de Marine. Bâtardcau fait de planches qu'on élevé Iur le bord du vaiffcau , pour empêcher que l'eau n'entre Iur le pour, loriqu'on cou- che le vaifleau fur le côté pour caréner. BARDIT. f. m. Chant des anciens Germains en allant an combat; récit de certains vers. Barditus. Ils chantent en allant au combat. Ils ont encore parmi eux certains vers par le récit delquels ( nommé bardit en leur lan- gue ) ils s'échaurtent le courage , & de leur propre chant ils tirent un augure du (uccès du combat à venir. Har- LAY , dans Tacite , fur les mœurs des Germ. c. ^. Il ne faut point douter que ce mot ne vienne de ce que ces vers étoient compolés par les Bardes qui ani- moient & donnoient de l'émularion par le récit des belles aétions de ceux de leur nation. BARDOT, f m. Petit mulet. Mulus pufdlus. On dit , pa(fer pour bardot ; c'eft-à-dire , paffer franc & fanis payer, parce que le muletierne paye rien pour le bar- dot qui le porte. On appelle figurément bardot , dans une compagnie , celui fur qui les autres fe déchargent de leur tâche. Bardot , fe dit en termes de Librairie, des exemplai- res d'un livre qui reftent incomplets , & auxquels on a recours pour changer ou prendre les feuilles dont ou a befoin pour parfaire d'autres exemplaires moins dé- feélueux. Il manque une feuille à ce livre , il faut voir fi elle eft dans les bardots , ou dans les deffers. Voyei Deffets. fCF BARDT. Petite ville d'Allemagne , dans la Pomé- ranie citérieure , au bord de la mer Baltique , qui y forme un port. BAREDGES. La vallée de Baredsjes. Baredgina vallis. Vallée de Gafcogne , dans les Pyrénées à la fource de l'Adour. Baredges. Bourg dans cette vallée , célèbre par les bains , & les eaux minérales. Ip" BARENTIN. Bourg de France, en Normandie, au pays de Caux, Dddddiji 7^4 BAR BAR |CT B ARENTON , gros bourg de France, dans la Balk- Normandie, près de Mortain, Diocèle d'Avranches. BARER. Terme de Challe. Foye^ Barrer. i^ BARESCATH , ville d'Aile , dens l'Alshash , con- trée du Mawaralnahr. BARETTE. T. f". Terme d'Horlogerie. Foye^ Bar- rette. ^ BARENTH, BAREITH & BARENT. Petite ville d'Allemagne , dans le haut Burgraviat de Nuremberg. ■tfT BARFLEUR , que quelques-uns appellent Fal de Cere. Ville de France, en Normandie, dans le Coten- tin , autrefois bon port de mer. Fallis cereris. BARFOUL. r. m. Sorte d'étoffe qui fe fait dans le royau- me de Cantor , litué fur les bords de la rivière de Gam- bie. Les harfouls fervent d'habits aux Nègres qui le nomment des Pagues. BARGACHE. f. m. Efpèce de moucheron. Culex. Une nuée de certains petits moucherons noirs , nommes barpaches , parurent fur le champ , où fix cens pavil- lons d'Arabes s'étoient retires, auxquels ils rirent une telle guerre , qu'ils penferent tous étoufter avec leur bétail ; car lorfqu'ils vouloient rcfpirer , ces animaux entrant parla bouche & les narines , leur ôtoient la h- berté de prendre leur haleine. Pour s'en garantir ils mi- rent le feu aux herbes , ahn que la fumée étouffât ces moucherons , ou les contraignit de palier ailleurs P. Roger. BARGAINE. f. f. 'Vieux mot. Cérémonie, façon, ^tO" BARGALONE, ou BARCELONE. Rivicrede Fran- ce, dansleQuercy , qui palle à Moncuq, reçoit enfuite une autre rivière nommée aulll Bargalone à Montcf- quiou, & fe perd dans la Garonne. BARGAMACHE. f m. Il y a une Confrérie à Rome , que l'on nomme la Confraternité des Bargamaches. Voyez le P. HÉLYOT . T. FUI, p. 264. iCr BARGAME, ou BAHARGAMO. Province d'Ethio- pie , dans l'Abiffinie , bornée au Nord par le royaume de 'Wed ; à l'Orient , par le royaume de Facagar , &<. par la province de Gumaj & à l'occident, par celle de Sugamo. %fr BARGARA. C'cft un des plus confidérables bafirs de la côte de Malabar , à deux lieues de Mealy. BARGE, f. f. C'eft le nom d'un oileau qu'on appelle en latin lïmofa. Son bec eft noirâtre de tous côtés. Le de- dans de fes ailes eft diverhfîé de taches de plulieurs couleurs', le refle de la partie de delïus eft. blanchâtre. Elle a des taches au cou. Les dernières pennes des ai- les qui font jointes aux côtés, (ont aulîi longues que l'extrémité de la queue -, fes pieds font plus longs que ceux du corlieu : ils lont de couleur d'eau, ou d'un cendré verdâtre. Son cou eft long d'une palme ; fon bec de même. La. barge eft moins grolle que le corlieu , & quafi de même couleur -, fon bec n'eft pas fi long ni h voûté , mais il eft quelque peu crochu par en haut. L'on fait cas de cet oileau lur les tables. Il eft beaucoup plus fréquent dans les pays maritimes. Ce mot doit être du genre maiculin. Barge, f m. Poiffon qui rcffemble fort au carlet. Il eft plat comme lui , mais il a le mufeau moins long. Barge, f. f. C'eft le nom qu'on donne à un monceau , pile ou meulon de foin que l'on cntalfe ainfi dans les baffe-ccurs , quand on n'a pas alfez de feuils. Il y a dix charretées de foin dans cette barge. Le menu bois en bourée le met aufti en barge. Barge, f f. Bargia. Ce mot de la baffe latinité fe trouve louvent dans la même fignification que celui de ber- ça j une barque. Anciennemenr le mot de barge s'eft pris pour un bâtiment confidérable. Navem magnam qu.im Bargavi vocant : in Diplom. an i oS 0. ap. Mi- .rcsnum in Diplom. Belg. p. 2ps- J^ crois après tout que ces barges n'étoient autre chofe que de grandes barques armées , telles apparemment que celles dont on le lert aujourd'hui peur faire des delcentes. Barge , ou Bergl. f. f. Petit bateau, petite barque, elpèce de gondole. Cymba. Anne de Boulen fut arrê- tée au fortir de fa barge , comme elle rcvenoit de Greenwich. Larrey. Foye:^^ Barge qui précède. i^ BARGEAC , ou BARJÂC. Petite ville de France , en Languedoc , au Diocèfe d'Usés avec titre de Bà- ronnie. EARGELACH. f. m. Oifeau de Tartarle , qui le trouve dans des lieux deierts, où il eft la nourriture des fau- cons. Il eft de la grolleur d'une perdrix: il a la queue comme l'hirondelle & les pieds iemblables à ceux du papeguay. Il vole très- rapidement. Ramuzio. T. II3 p. I). ^ BARGEMON , ou BARGAMON. Petite ville de France , au Diocéle de Frejus , dans la Viguerie de Draguignan. ^3" BÂRGEN Y. Ville de l'Ecoffe méridionale , Capitale de la province de Carrick. C'eft le Berigonium des An- ciens. BARGNAGE. f m. Vieux mot. Corps de la Nobleffe. Ce mot vient de Baronage , autre vieux mot , qui veut dire la même choie. On dit auiîi bernage & bar- nage. fer BARGUETTE. f. f. Sur les rivières ; efpèce de ba- teau de quarante pieds de long ou environ , qui lert à palier les chevaux , & à porter des cordages peur la ma- nœuvre de la rivière. Encyc. BARGUIGNAGE. f m. Mot familier, pour fignifier ir- rélolution , où mauvaiies railons que ion donne pour fe défendre de quelque choie. Ammi fluciuatio. Voilà bien du barguignage. Point tant de harguignage. $3" On trouve ce mot dans Montagne , Ed'u. de Rouen 1 642 y p. 2^0 3 où il ligniiîe l'action de marchander fou à iou ; il n'eft prelcue plus en ulage en ce fens. ^ BARGUIGNER, v. 11. Marchander Iou à iou, avoir de la peine à le déterminer quand il eft queftion d'un achat. Cette lemme barguigne toujours, ne fait que barguigner. -Ce mot eil ancien. Vaugelas dit qu'il eft de la lie du peuple , & qu'il eft Ii bas &; li abjecl, qu'il feroit diîliculté de s'en lervir en écrivant à fon fermier. Il veut qu'on dife , fans tant marchander , ians hériter, au lieu de dire, fans barguigner. Mais tout ce que M. Vaugelas veut lubftituer en la place de barguigner , n'en exprime point tout le lens, & il faut le retenir pour la converlation. Ménage. Ménage le dérive de barcarnare , qui fe trouve dans les Capitulaires de Charles le Chauve dans la mcine lignification; &Scaiiger, d'un vieux mot latin 3«r^f/z- na. On diioit autrefois bargagner y pour rigniher mar- chander. En anglois on appelle Bargain , un marché, une convenrion : & To Bargain marchander. Froillart dit que les Gafcons voulant iurprendre la ville de Mont- ferrant, dirent entt'cux màmieuAnmowslA bargagnons ^ une autrctois nous l'achèterons. On le trouve dans les li- bertés de la ville de la Péroule ,Jihom ajiranges bargine aver à la Paerofc. Et dans le Romaii d'Aubet)- nous liions ces vers , Je fuis pue elle 3 jonette & efchavie y Si dois bien i eftre des homes bargignie. Les ftatuts des Mégiilîers de Paris , portent , nul ne puijfe berguigner peaux de boucherie au Dimanche j ne aux Fcjles foUnnelles y &cc. On trouve ce mot écrit comme aujourd'hui dans Joinville , &: dans Fluon de Mery , en Ion Tournoy de l'AnteckriJi. Quelques Au- teurs latins ont dit barguignarc dans le même iens que nous diions barguigner ; & l'on n'a fait que donner la terminaiion françoiie au mot latin. Barguigner , le dit Hgurément des irréfolntions d'ef- prir , QC? ik rignirie , avoir de la peine à fe déterminer à quelque chofe, faire paroîtrc de la difficulté à fe ré- loudre, à prendre un parti, à conclure une aftaire. Hit- Jltarey cunclari. Il a /^.^riTai^/z/long-temps avant que de le réfoudre. A quoi bon rant barguigner pcui dire votre avis î BARGUIGNEUR , EUSE , f. m.- & f. Cunclatcr. Qui barguigne, qui marchande trop, qui eft inéfolu&ir.- dércrminé. Tous ces mots font du ilyle familier. BARI. f. m. Barium y B arum y Bario y Barctum. Ville archiépifcopale d'Italie , dans le Royaume deNaples, au 41°, II' de longitude , & 41°, 5' de latitude. Bari eft capitale d'uiie perire Province qu'on appelle la terre de Bari ^ qui eft une partie de la Pouille. Elle BAR efl: Ç'ir le golfe de Venifc. C'eft à Bari que les Rois ! de Naples avoicnc coutume de le f.iiie couiLnner. Il j y a une hiftoire de Eari en Italien par un Jeluice uiMiimc Bare/e , in-j^. à Naples en 1657. BARICAVE. 1. h Vieux mot, qui lîgnihe une fondrière , précipice aux pieds des montagnes. J/tajovea j pr£ci- p'nioruin horrendit proclivitiites. Mézeiai s'eneft fcrvi. BARICOT. I. m. Le breuvage des habitans de Mada- galcar vient , dit-on , d'un tcuit gros quatre fois com- me une citrouille qu ils nomment Baricot. Il croit à un arbre gros à peu près comme les clochers de Notre-Dame de Paris , & beaucoup plus haut. Ses feuilles ont du moins une toile de largeur, <::<<: une toife & demie de longueur. Cette liqueur eft à peu près comme le cidre en Normandie, de couleur jau ne& douccreiLx; mais allez agréable quand on y ell accoutumé. On appelle Bancocier larbie qui porte àes haricots. FuRtriRiANA. BARJESU, f. m. Nom d'un faux Prophète , dont il eft parlé dans les aéfes des Apôtres , c. 12. v. 6. BARIGA de more. Terme de commerce. Sorte de foie que les HoUandois apportent des Indes Orientales lur les vailFeaux de la Compagnie. ^ARIGEL , ou BARISEL . f. m. A Rome le Bar.fd , Barigello , ell un Officier dont le loin eft de veiller à la fureté publique , en failant arrêter & punir les bandits & les voleurs. C eft le chef ou le Capitaine des Sbires, qui tunt des Archers. Le Bangei luivi de la plus grande partie de tes gens , alla dans la place de Sienne , pour prendre un bandit , qu'il pourfuivit & qu'il arrêta julque dans le palais Urlin. Il trouva, en le menant en prilon, les Seigneurs Ray^ mond Urfm, Sylla Savelli , & Oda.ien Hullicucci , avec deux ou trois autres de leurs amis, lui vis de pluileurs domelf i ques , qui revenoient de la prome- nade à cheval. Uriin commanda au Barigel àe. lailler aller ce milcrable, qu il n'avoir pas dû arrêter dans un PaLais qui avoit droit d aille. Le Bafigel n'a>ant pas voulu obéir, Rufticucci s'emporta, & lui donna un coup de canne. Le Barigel eniagé d'avuir ete happe, cria a fes gens de faire main balle , qui firent en mê- me temps une décharge de coups d arquebufes , d.nt ces trois pauvres jeunes Seigneurs furent mortelle- ment blelTés. Rufticucci y mourut fur le champ , & fut entraîné mort par fon cheval. Les deu\ autre-, qui furent emportés tout couverts de coups . ne vécurent quejufquau lendemain. Vte du Pape Sixte V. BA UL, ou BARRIL. Le premier eft le plus ufité. f. m. Petit vaitreau de bois rond en forme de tonneau. Ca- dus. On met le vinaigre, le verjus dans des hards. Ménage dérive ce mot de l'italieii harigle , qui a été fait du latin \arra , à caule des petites barres qui font aux barils. Du Cange le dérive de l'Angluis baril. On a dit aulîi barilledc harillus dans la balle latinité. Bollandus, Acl. Sancl. Janu. T. IL p. 106S, nepiend point barile pour un mot latin , mais pour un mot italien: il vient de l'eipagnol barril qUi lignifie pro- prement unvailFeau de terre, qui a Un grand ventre & un cou étroit. On trouve Éafi^', dan<;!e Clojjaire de M. Du Cange dans la même fignification. Un baril de Tamaris , eft un baril fait de bols de Tamaris, dans lequel on met de bon vin dont on rait faboilFon ordinaire quand on eft iujet au mal de rate. PoMEY. Il y a au Tcnkin des rolcaux li gros, que de l'efpace qui eft entre chaque nœud on en fait un baril. KiRKER. Chin. illufl. p. iSy. Le baril de Rome , lelon Vigenèrc, Annot.fur Tit. T. I. p. 1555 , tient quatre congies, pefe 170 hvres, 10 onces irai, des nôtres 118 , & tient 76 pintes. Baril, en italien Barile. C'eft la féconde des mefures dont on le fertà Florencepourlesliquides.il fauttrois èari/j- pour faire un ftar, & vingt fiafques pour lelaril. Baril, le dit aulli deplulieurs chofes contenues dans un baril. Un baril de poudre à canon. Un baril de mou- tarde de Dijon. Un baril d'olives. Baril ds plomb. i?a- ril d'anchoies. Baril de harengs. Le Viceroi lui envoya deux barils d'un vin très-exquis. Bouh. Baril à bourfc ^ eft un ^iiri/ couvert de cuir, & qui fe BAR 7(5"^ fcnnc comme une bouifc , .,ue baiillar. Dans l'état des Cft ciers de i'Fehanlonr.eiie du ttmps de S. Li uis en 1261 , il en eft pailc. Lans un auuc ftatut du fiècle luivant, il cft dit , il y aura devers la Icuche tms baiiUieis, & mangeront à Cour. Dans un autre ftatut du même temps on lit , deux barilliers , qui mettront les deux fonimiers de l' hchanjcnnene. E ARILLO. f. m. Les Portugais qui font le ce rcir.erce des foies dans les fndes Orientales, ncmnicnt ainli les loies de la moindre qualité: les plus fines s'appellent Ca- bfcct. BA! lOLAGE. f. m. AlTcmblagc de diverfes couleurs nnfes fans oidre. Confuja colorum varictas. Voila un éxiMY^ctarioiagei 11 eft du ftyle familier, ainli que les mots qui luivent. {J3° BARIOLER, v. a. Peindre de diverfes couleurs dif- trif uée<: d une manière bilarre , allemblcr des couk urs mal ailoities. Ine^tâ colorum varietate irficere. Ba- rioler un lambris , une cheminée. On failoit nunefcis des chandelles bariolées ^Aoni on letervcit le jour des Rois. Ffabit bariolé. Ce mot vient de variusi BARIOLÉ, ÉE. part. Variis coloribus infcSus.Hzt- qué de diverfes couleurs. Cruche bariolée t féveètf^- no lé et '^66 BAR BARJOLS. Ville de France, en Provence, à cinq lieues de Suez. Barjollum. BARIQUE, ou BARRIQUE, f. f. Tonneau ÎCT fait de douves , cerclé de cerceaux de bois , liés avec de lo- fier, propre à contenir différentes marchandifes , prin- cipalement des liquides, du vin, de l'huile, de l'eau- de-vie. Cadus y dolïum. Une banque de vin. Il faut quatre banques pour faire le tonneau de vin à Bour- deaux , ou trois muids de Paris. "^k-Riç^Sii foudroyante , ou Baril cl feu. C'eft ainfi que l'on appelle des futailles de diverfe c.\pacité , où l'on met des pots à feu parmi quantité de filalTe arrofée d'huile de pétrole , & trempée dans de la poix noire & de la poix grecque. Ignée munitloms cadi j dolia. Cela fert à défendre des brèches. ^ BARIQUESIMETO. Province de l'Amérique mé- ridionale , dans le pays de Venezuela. BARIQUOT , f. m. fe dit quelquefois de certaines pe- tites futailles , ou tonneaux , dont les grandeurs ne font point réglées. C'eft un petit baril. BARISEL. Foye-^ Barigel, BARITONISÊR. V. a. Vieux mot. Chanter. Pan onques mieux ne baritonifa Diapafon aufon defes mufettes, IP" BARKAN. Ville de Hongrie , qui n'eft proprement qu'un faubourg au bout du pont de Gran, devenu fa- meux par les deux victoires que les Chrétiens rempor- tèrent fur les Turcs en 1664 &:en 1683. |p° BARKLEY, ou BERKLEY. Ville d'Angleterre , en Gloceftershère , entre Glocefter & briftol. BARLANC. f. m. Vieux mor. Jeu de berlan. Ç3^BARLENGA. Ville d'Efpagne, dans la vieille Cal- tille, au gouvernement de Soria. On l'appelle M.\\ù.Bcr- lan^a. BARLERIA. f. f. Ce nom a été donné à une plante par le P. Plumier, en l'honneur de Jacques Barelier, Jaco- bin, un des plus fameux Botaniftes de Paris. Elle n'a point de nom en notre langue, mais les Anglois delà Jamaïque l'appellent Snap-Dragon. Elle a une fleur en gueule, compoiée d'une feule feuille , dont la lèvre ou crête fupérieureeft droite, & l'inférieure diviléeen trois parties. Il s'élève du calice dans la partie pofté- ricure de la fleur un piftil qui fe change en un huit qua- drangulaire , oblcng & membraneux avec une caplule, dans laquelle font renfermées des (emences rondes & plates : on ne lui attribue aucune propriété médicinale. ^ BARLETTE. Barulum , & Barolum. Ville du royaume de Naples,danslaPouille & dans la province de Bari. BARLINS. f. m. C'eft dans les manufaâ:ures en foie , le nom d'un nœud qu'on fait au commencement & à la fin des pièces , pour les tordre , nouer , ou remettre. Encyc. BARLONG,GUE, adj. en langage ordinaire fe dit feu- lement des habits, qui au lieu d'être également ronds , ont plus de longueur d'un côté que d'autre. Longior quàm latior. Ce manteau eft barlong. Cette jupe eft barlongue. Afin que les pièces devienixent barlongues & plus gracieufes à l'œil. Jardins de propreté ^ p. 20. Forme barlongue. Traité de Conchyliologie. $CF Barlong , en Géométrie , défigne un carré long, un parallélogramme à quatre côtés, dont il y en a deux plus longs que les deux autres. BARLUE.^ Voycy^ Berlue. BARNABE, f. m. Nom d'homme. C'eft le nom propre d'un Apôtre qui accompagna quelque temps S. Paul dans fcs voyages. Barnabas. Ce mot, fuivantfon ori- gine, veut dire filsde Prophète, venant de itD , bar , fils , & fcîi3J > nabi y Prophète. Barnabe , Cyprien de nation j quitta un héritage très-confidérable. GamaUel ■ r.ivoit inftruit dans la Loi avec Etienne & Saul. God. L'Evangile de S. Matthieu fut fi eftimé dès le temps de fa publication, queS.iJarrta/ie en portoit un exem- plaire dans tous les voyages. Id. La tradition la plus aflurée eft que S. Barnabe ?i fondé l'Eglife de Milan. Il fut martyrilé en chypre fous l'Empire de Néron. BAR Voye\ M. Godeau , Hijloire de l'Eglife j Liv. I , pag. 64 & fuLV. & 70 , 4s- BARNABITES. f. m. Sorte de Religieux, qu'on nomme Clercs Réguliers de la Congrégation de S. Paul. Bar- nabite. Ils (ont vêtus de noir , & ont retenu les ha bits que les Prêtres portoient du temps de leur établif- fement. Ce fut en 153 5 , qu'ils furent établis par les Bulles exprefles du Pape Clément VII. Leur occupa- tion eft d'inftruire, de catéchiter &: de fervirdans les Miflîons. Ils ont , pour fondateur Antoine-Marie Za- carie. On les appelle Barnabitesk caufe del'Eglile de S. Barnabe de Milan. Le peuple de Paris dit Berna- bitesj mais mal. Le P. Bouhours dit dans la Fie de S. Ignace y que l'Archevêque de Gènes louhaita fort d'unir la Congrégation des Barnabites de Milan à la Compagnie de Jélus. (fT BARNACLE, BARNAQUE , & plus communé- ment BERNACLE. f (. Efpèce d huitre , de moule. Coquillage dont la coquille eft compoiée de cinq piè- ces. On les trouve adhérentes aux rochers & aux vaif- feaux. On en trouve particulièrement dans les Iles qui font à l'occident de 1 Ecolle. On croyoit autielois qu'il fortoit de ce coquillage une elpèce de canard. Foye:^ Lts Transact. philos, t. II ^ p. Sjo iy Sji. fCTOn donne encore ce nom àunoifeau aquatique que Boyer appelle l'oie d'Ecoffe. Voyez Macreuse. BARNAGE. f. m. Vieux mot François , qui lignifie les Grands, les Seigneurs , les Gentilshommes qui com- pofent la cour du Prince. Aulici j Palatini j Proce- resjy Nubiles. Saris foi repantir de l'outrage y Pourquoi le Roi & fon Barnage , Lui préfent qui porfe mandèrent j D'accord commun le commandèrent. Guillaume GuiArdJ Li Cuens Rolland & fcs Barnages. Philippes Mousk. Ce mot fe trouve fouvent dans nos anciennes Hif- toires & dans nos vieux Romanciers. Barnage , eftauflî un droit qui fe payoit au Roi &aux Seigneurs , à raifon des feux , dont les Nobles & les Eccléllaftiquesétoient exempts. Barnagium. Voyez de LAURlÈRE, RaGUEAU, &C. BARNARD. f. m. Nom d'homme. Bernardus. Bernard, ou Bern-hart, vulgairement dk Barnard j ilfu d'une des bonnes Noblelles du Lyonnois , fut [ait en 810 Evêque de Vienne. Baillet. , BARNE. f. f. Terme des falines de Salins, qui fignifiele lieu où la muire eft conduite pour faire le lel, où la chaudière pour cuire eft drellée, le fourneau pour la cuite façonné , & où les bois néceflaircs lont conduits pour cuire les muires. Officina Salaria. Voyez Gollut. Mémoires des Bourguignons , Liv. II, chap. 26. Il y avoir de fon temps huit barnes dans la grande Sauhie- rie de Salins. Cf^- BARNEVILLE. Bourg de France , en baffe Nor- mandie , diocèle de Coutances , fur la côte de la mer. IP" BARNSTABLE , petite ville d'Angleterre , en De- vonshire. C'eft un port de mer. §cr BAROCHE. Ville de l'Indouftan, au Royaume de Gufurate, fur la rivière de Nerdaba. BAROCO. Terme de Dialeéfique ou de Logique. Mot technique, qui défigne le quatrième mode de laleconde figure du (yllogifme. Un fyllogiime en bawco a la majeure univerfelle affirmative , &les deux autres pro- pofitions particulières négatives , & par la propriété gé- nérale de la i'' figure, fon moyen terme eft deux fois attribut. BA Toute vertu chrétienne & métitoire du falut éternel doit être fondée fur la foi. RO Quelques vertus ne lont pas fondées fur la foi. CO Donc quelques vertus ne lont ni chrétiennes , ni méritoires du falut éternel. BAROIS. Foye-^ Bar-rois. BAR BAROMÈTRE , f. m. eu BAROSCOPE. Inftiumcnc de Iviccanique & de Phylique, oui ferc à connoure&à niclurer la pcfantcur ou la ki^èictc de l'air. Barome- trum. Ce mot a été tait du gtcc. Il cit compolé de t-d^oi , pondus 3 pelanccur, <^- de ^t-^fy, , /«t-rior melu- icr. Le bcrcmètrc iiniple cft compolé d'un tuyau de verre , ayant environ quatre pieds de long, & la qua- trième paitie d'un pouce de diamètre dans (a cavité. Il cft Iceilé hermctiqucmcnt par le bout d'enhaut : & par celui d'cnbas , qui eft recourbé & percé, on l'em- plit de viifargenc. Après en avoir challé tout l'air grol- îier, l'on plonge le b-jut percé dans d'autre mercure ex- pofe a l'air; & le mercure qui tache à s'échapper du tuyau , y demeure luipcudu à la hauteur d'environ vingt fept pouces, plus ou moins, félon que l'air, qui appuie Unie mercure expofe à l'air extérieur, eft plus léger uu plus pefanr , laillant la partie iupérieure du tuyau vide. On voit les degrés de cette élévation mar- qués iur une platine de cuivre clouée lut le bois qui ferr à le foutenir. Depuis on a trouvé l'invention de faue le bouc d'ea bas en forme de phiole , qui tient lieu de cet autre vallFeau de mercure expoté a l'air, donc on s'ccoitlervi dans les premières expériences : & enfin l'on a fait le barometrt double par le moyen d'un autre tuyau fort menu , qu'on a ajouté à cette phiole ou bouteille. L'une des branches de ce nouveau haro- mitrc eA. fermé hermétiquement par l'une de les ex- trémités. L'autre eft couverte par en haut , & pleine d eau leconde & colorée , ou de quelque liqueur qui ne gcle point en hiver. A côté de ce tuyau , on mar- que les diviiions de la platine , qui marquent la pe- ianceur & la légèreté de l'air. Or comme le mouve- ment delà liqueur qui eft dansée lecond canal ouvert eft comme de i4àun, à l'égard du vil- argent, il s'en- fuit que les changeraens de l'air (ont beaucoup plus ienfibles dans cccce efpèce de barornctre j que dans ceux où il n'y a que du mercure, dont les mouvemens ne font pas lî imperceptibles. Ce baromètre eft d'au- tant plus commode, qu'il le peut tranlportcr facile- ment. C'eftM. Huvgcns qui l'a inventé. Cette (ufpcn- lîon du mercure a été inventée en Italie par Galilée & Toiricelli, d'où vient qu'on l'appelle quelquefois /-.v- perimcntum Torricellianum. Mais la première idée en cft due fur-tout à Toricelli , Mathématicien du Duc de Florence. Il remplit de vif-argent un tuyau de qua- tre pieds , & remarqua que le vif-argent ne demeuroit lufpendu qu'à la hauteur de 27 à 28 pouces ; d'où l'on conclut qu'une colonne d'air de la grolfeur du tuyau , êc de toute la hauteur de lair, pelé 17 à 28 pouces de vif-argent. On en fit l'expérience en France pour la pre- mière fois en 1646. Elle a été beaucoup perfeétion- née depuis par les (leurs Petit & Pafchal , par le Père Mcrfenne , & par M. Huygens. Le baromètre nous a , fait découvrir que la colonne d'air pefe 28 pouces de mercure, & 52 pieds d'eau. On a fait à l'Obleivacoire de Paris un baromètre d'eau, /^oy t;:fBAROScoPE. Les Tranf^ciions PhUofopkiques , n. 2 ^6, p. 3. au Tom. II , pag. 1 0 , 8c M. Marris , dans fon lecond tome , au mot baromètre , donnent la defcription d un baromètre portatif, ou la manière de rendre un baro- mètre portatif (ans qu'il y ait danger de répandre le mercure de la phiole, ou de lailler encrer l'air au fond du tube , ou du mercure enfermé dans le tube , en rompant l'extrémité du tube par le mouvement que le tranipoit doit caul'er en dedans au mercure, Pour pré- venir les deux premiers inconvépicns , il faut que le tube ait au-dclfus de la phiole un cou , ou un creux rond tout au tour , par le moyen duquel on puille y attacher bien ferme un morceau de cuir mouillé , pour le boucher. On remédie au dernier en deux manières, ■ 1°. en prefTant le mercure julqu'au bout du tube, cn- forte que dans ie tranfport étant toujours plein , le mercure ne puiffc s'agiter. La 2^. manière eft que le tube par en haut à un doigt de l'extrémité aille en re- tréci(rant; deloite qu'il ie termine en cône, ou par un canal fort étroit , & moins large qu'une paille : on •amortir par- là la force du mercure , qui frappe contre le haut du tube. Au même endroit des Trarifcclions PkilofophiqucsScpp.fuiv. on trouvera beaucçup d'ob- .BAR 76'7 fcrvations curicufesiur le baromètre. Le Dodeur Pia- cencini a fait deux diliértations Iur le baromètre. Les Anglois appeilenc le- baromètre j la balance de l'air. Harris. On a remarqué que la pelanteur de l'air varie con- (idérablcmcnt dans les mêmes lieux en diftérens temps ; qu'il eft ordinairement plus pelant dans un temps clair & (erein , <^ qu'il eft plus léger dans un temps nébu- leux & chargé de vapeurs. Un grand nombre d'expé- riences faites en Efpagne, en Italie, en Angleterre, & comparées avec celles que nous avons faites en même temps à l'Oblcrvatoirc, nous ("ont connoïtre que le ba- romètre y varie dans les mêmes circonftances de temps; & ce qu'il y a de conùdérable , ces variations arrivent le plus fouvent les mêmes jours, principalement celles qui font promptes ik, iubites. On a trouvé que les va- riations qui arrivent au baromètre , fonc plus grandes dans le:; payslcptentrionaux que dans les méridionaux. On a oblervé qu'en Suède elles (ont la rroidème par- tie de la plus grande hauteur du baromètre , qu'elles y lunt plus grandes qu'en France , où elles ne (ont que la dix - feptième pairie; qu'en France elles (ont en- core beaucoup plus grandes qu'entre les Tropiques, & vers l'Equinoèlial, où elles n'arrivent point à la cin- quantième partie. On a auiîicb'ervé qusle baromètre (îtué à une petite hauteur Iur la (tuiace de la mer , eft toujours refté plus bas dans lesoblcrvations faices pro- che de l'Equinodial qu'en Europe ; deforce .que (î on fuppofe que la hauteur de l'air iur la lurface du mer- cure (oit proportionnée à la lufpenlion dans le baro- mètre J la haureur de l'achmoCpère fèroit plus grande vers le pôle feptentrional que proche de l'Equateur. IvIaralei , Acad. des Se. ijoj. Mem. pag. 2 s S » 23. 6. Le baromètre peur fervir à melurer la hauteur des montagnes, l^oye:^ ce que Ai. Caiîlni & M. Maraldi ont dit (ur cela. Acad. des Se. 1703. Hifl. p. 1 1 , & Mém.p. 22p. Le baromètre baifledune ligne quand on le porte à 60 pieds ou environ au-deftus du niveau de la mer. Ie. Hïfi. p- //• Ba RCA! ETRE à roue y di un inftrument qui fe fait par l'ap- plication d'un Index au barofcope commun. C'eft une invention de M. Hock Aùglois. M. Harris le dé- crit fort exaèlcment. Baromètre TOijmzj eft un inftrument de l'invention de M. Hcok, décrit fort au long par le même M. Harris. BAROMÉTRIQUE , adj. m. & f. Qui appartient au baromètre. B arôme trie us , Uj um. Obfervations ^^îro- métriLjues. RrÉwond. BARON, BARONNE, f. m. & f. Degré de NoblelTc qui cil: au-deilus des Gentilshommes ic des Châte- lains. Baro. Il y a un très -grand nombre de Barons en Allemagne. On croyoit à la Cour les Barons tré- pallcs , die le Baron de la CraJle. Le mor de Baron cft fore ancien parmi les Bourguignons , & (e trouve dans Grégoire de Tours, environ l'an j8ode.L C. Il ne patoit pas fitôt en Angleterre , ni dans les lois i^es Anglo-Saxons; la première fois qu'il s'y trouve, c'eft dans un fragment des lois de Canut, Roi des Anglois ôc des Danois ; mais ce titre n'a point été établi en Angleterre avant les lois de Guillaume le conquérant ; c'eft l'opinion de Cambdcn , pag. 121. Bientôt après la conquête , tous les B. irons vinrent au Parlement, & eurent ("èance dans la Chambre Haute comme les Pairs : mais comme ils étoient alors en très-grand nom- bre , il fut réglé qu'aucun Baron n'auroit droit d'y ve- nir , fi le Roi ne l'y appeloic par écrit , & cet écrit n'avoit force que pour cette fois-là. Dans la fuite ils obtinrent du Roi des Patentes , & on les appela Ba- rons par Patentes , ou par création, par érection. Les Grands "Vaftlnix de la Couronne , fulfent-ils Ducs , Comtes, ou Vicomtes, étoient autrefois indifférem- ment appelés Pairs j Princes , tk Barons. Pairs , com- me égaux entre eux ; Princes , comme Seigneurs des lieux de leur dépendance ; & Barons ^ comme les pre- miers & les plus puilTans du royaume. Cette dernière qualité pa(roic au Xir lîècle , & bien avant dans le XIIP, pour (î noble & fi relevée, qu'on quiccoicle ti- tre de Prince pour prendre celui de Baron. C'eft ce 7r'8 BAR- avaient auprt d'eux les hommes les plus forts & les plus vaillans •> qu'ils les récompentoient de plulieurs fiefs & Seigneu ries , on a depuis appelé Barons , ces Ni.'bles qui le avoicnt obtenus ; del(jrte que ce n'cft pas merveille fi de: le temps même de S. Auguftin on a appelé B^ rons , les gens les plus conlidciables delà Cour&d l'armve. Hirtius mr'me,dans Ihiftoire de la guerre d'A lexandrie , en lait mention. Quelques autres dérivent Baron de l'allemand ha ■wer , qui fe dit en un contre lens, ôc i\%m^e payfai. Dans la balle latinité on a appelé Barons , des gen de journée , de peine & de travail , parce qu'ils doi vent être forts & robuftes, comme dans Iddore , qui dit que ce mot vient du grec ^a-fy^ , qui lignifie gras : \k fort. Papiaseftaulli de celentiment, aulii bien que le Port-Royal , qui dit que haro parmi les Latins iigni lioit un homme vaillant , ou même un homme féroct ou brutal. Cambden entend par ce mot des foldans mercenaires , p. ' 21 . C'eft d'Ilidore qu'il a pris cett< interprétation. C'étoient, dit Chifflct, de braves fol dats a qui l'on donnoit la paye. Ainfi nos Barons ont pris leur nom d'une dignité mihtairc. Si l'on en croit encore le Port -Royal, ce mot vient de /Sc.f»! qui le prend pour autorité , puilîance. En ancien gaulois on appeloit r^arons , les valets des loldats , qui étoient carêmement Ijurds S<. ftupides , ôc qui d'ailleurs ré- fiftoicnt à h. fatigue. Et comme cette efpèce de gens ctv.ient fort brutaux ik fort médians , on donnoit le nom de Baron au Diable 8i aux Lutins. Cicéion , pour fignifier un h jmme lourd & ftupidc , fe fert du mot de haro. Dans les anciennes lois d Allemagne, on dit , louflleter un Baron ; pour dire , donner un fouf- flet à un vilain. On appelle aulîî en Italien un gueux Barnne ■ &: on dit haronare ; pour dire , s,ueufe^. Chorifr prétend que le mauvais l'en'- que les Latins donnent au mot /? •' j«, qu'il croit être un mot gaulois, n'eft point fa véritable figiiification-, qu'il y a apparence que chez les Gaulois il fignifioit un jeune homme feu- BAR lement , &• que celui de garçon en eft venu -, qu'on lait que les Barbares , qui ont in^indé li touvent la Fran- ce , y ont introduit avec eux la c uiume de pronon- cer le y coniiiic le G j de le 6^ comme le /-'. D autres dérivent le in,k quelquefois c'eft un nom qu'on donne à un mari. BARONAGE, f m. Etat, quahté de '^zx.ow. Baron'is conditioy dignitas. Ce mot ne fe diroit que dans le ftyle famiher, burlcfque, ou comique, & marque du mépris. Que veut ce fanfaron , avec Ion baronage ? en parlant d'un homme qui diroit qu'il eft Baron, 8c qui prendroit des airs de quahté. Le Baronage d'An- gleterre eft une hiftoire de la Noblclfe d'Angleterre , écrite en anglois par Guill. Dugdale. BARONET, f. m. Diminutif de Baron. Baronettus, On appelle en Angleterre Baronet, celui que nous nommons en France Banneret. On lit dans un ftatuc de Richard II, Roi à' hn^citut ,foit-il Archevêque , EvêqucyAbbéy Prior y Duc y Comte y Baron y Ba- ronet , Chivaler de Countée y Cittii^en de Citté y &c. Chevahers Baronets. C'eft une ClalTe de Nobles entre les Barons & les limples Chevaliets. Jacques I , Roi d'Angleterre , inftitua l'Ordre des Chevaliers Baronets en i(Sii , & les fubftitua aiix anciens Vol- valïeurs, les plaçantentre les Chevaliers & les Barons. Il ordonna qu'ils précéderoient tous les Chevaliers, ex- cepté ceux de la Jarietière , &c qu'ils auroient le privi- lège de charger leurs écus lous des armes d'Ulfter , qui font d'argent aune main de gueuUes , à condition qu'ils défendroient la Province d'Ulfter en Irlande , l'une des plus expofées aux rebelles , & d'entretenir pour cela trente foldats trois ans durant.Leur nombre fut réglé d'abord à deux cens ; mais dans la fuite il aug- menta. Larrey, Tom. II. p. 6c)6. Il paroît parle ftatut de Richard II , que les Baronets font plus an- ciens en Angleterre que Jacques I. D' Argentré blâme ceux qui difent Baronets ; il prétend qu'il faut dire Bannerets : cela eft bon pour la France, mais non pour l'Angleterre. BARONNIE. f. f. Terme qui donne la quahté de Baron à celui qui la pofsède. Baronatus y Baronia. La Baronnie de Beaujollois a quatre villes & quatre- vingts villages. La Baronnie de Gentilly n'eft que d'un feul village. Baronnie a fignifié quelquefoisla première Seigneurie après la fouveraine , ayant toute Juftice , & droits mou- vans de la Couronne : ce qu'on appeloit Fief chevet ou tenu à chef. Voye\ Du Tillet. Aujourd'hui c'eft une dignité moindre que celle de Comte, & plus grande que celle de Seigneur Châtelain. Suivant f. an- cienne définition, Baronnie eft une terre ou il y a toute juflice y marché y Châtellenie y péage & lige of- tage y flieurtrcy rapt y & encis. Voyez les EtjhUfjé^. mens de France , Zà'. /. Pour ce qui eft du droit de izmï Baronnie y le même Auteur dit, nus netienfde Batonnie/tf Une part de Bai:onnïeparpartteoa.pàrfre- rage yOufe il n'a le don dou Roi fans rien retenir. que fors le reffort & qui a marché y &c. En Angleterre une Baronnie doit comprendre treize fiefs &c un tiers de fief d'un Gentilhomme. Par le Regiftre de Philippe-Augufte pubhé par M. d'Hc- rouvaljil femble qu'en Normandie il fufHfoit de cinq fiefs pour une Baronnie. On af.aulîi donné:'cc..nom à des terres que des Prélats tenoient du RJbi, G'cft à ce titre que les Evêques en Angleterre oi'ç&fëauce au Parlement. On trouve aullî que fous Edouard I. Jes maifons qu'occupoicnt Içs priqcipaux Bourgeois) .de Londres, lont appelées Baronnies. .... . Le P. Méneftrier , H'ifi.dc Lyonypag. ^^.^j prétend que Bawwii eft awQi.un terme. général pour.toàtes Eeeee 770 BAR fortes de dignités, duché, marquifat, comté, vi- comte , &c. de il s'étonne que les Avocats qui ont fait desFadums contre le Chapitre de Lyon , aient voulu lui dilputer le titre de comté , fous prétexte que dans les Traités de Phihppe le Bel le comté de Lyon «ftfouvent appelé Boronnle. L'Auteur du Grand Coutumier écrit qu'au Royau- me de France il n'y avoir autrefois que trois Baron- nies, Bourbon, Coucy , Ik Beaujeu. fCTBARONNiES ( les ) contrée de France, dans leDau- phiné, ainfi nommée parce qu'elle eft compoiée de deux grandes Baronnies , de Meuvillon , medulUo , dont le Buy eft capitale , & de Montauban, qui a Nyon pour capitale. BAROQUE, adj. de t. g. Terme de JoaiUier, qui ne fe dit que des perles qui ne font pas parfaitement rondes. GemmmiTiun, & du périr barrage. 1^ BARRAGER. f. m. Fermier, ou Commis étabhpour recevoir le droit dt bar. âge. Portitor jportorU conduc- ' tor. Les bûrragers ont arrêté toutes les voitures qui refuf ient de payer le droit. BARRAGOLTN. Vieux mot. Barbare, étranger. BARRAQUE. Foye:^ Baraque. BARR.vS. f. m. Chryfocolla. On l'appelle auifi borax. C'eft un minéral qui fe neuve dans les mines d'or & d'argent , de cuivre ou de plomb. Il eft ordinairement blanchâtre , jaune , vcrr, noirâtre. 11 eft appelé chry- fûcùlle, à caufe qu'il feit à fonder l'or, & même l'.ar- gent & le cuivre. On en fait d'artificiel avec de l'a- lun & du falprrre. Perr. Barras , eft auilî une efpèce d'encens; on en diftingue de deux fortes, 1 un qu'on appelle galïpot ,_ eu encens blanc 3 & l'autre r.u'on appelle ewcenj/nar^r^'.PoMET. BARRADE. f f. Terme d'Archiceélure en Anjou. On appelle ainfi une pierre de tuf double. Olivier Barraut , 1 réforier de Bretagne , eft le premier qui en ait em- ployé dans le bel hôtel qu'il fit bâtir a Angers en 1497 , Tome I, BAR 771 aujourd'hui occupé par le Séminaire de cette ville. BARRAULT. f m. Nom d'une mefuie de chofes hqui- des. Cadus. Le barrauk eft de divers calibres , mais communément de 56 pintes, autant qu'il y a de fep- tiers au nuiid. Vigen. BARRAUT, ou BARRAUX. Fortereffe de Daujhiné en France.^ Elle eft fur l'ifer, dans le Graifivaudan dont elle défend l'entrée du coté de la Savoie, fl y a "l.u- vernement. Lieutenant de Roi &<. Aiajur. BARRE. Dans la prononciation de ce nom faites \a long , &c ne prononcez qu'un r. f. f. Menue !k langue pièce de bois , ou de métal , qui fert à aft'emblei , uu a fer- mer quelque chofè. Vectis. Cette porte eft ccmpofée de trois ais cloués fur deux ou trois barres. Ces fenê- tres ferment bien, il y a des barres de fer par tout. Ce mot vient du latin y ara j qui fignifie un pieu ^ une perche , d'où l'on a fait aulli barreau. aIenac. Nicot ôc Guichard le dérivent de nns, bena , mot hébreu , qui lignifie leMor 3 ou barre. Le P. Pezron prétend qu'il vient de baar , mot celtique, qui figni- fie la même choie. Barre de trémie j eft une barre de fer plate, & qui fert à (outenir un âtre , ou la hutte d'une cheminée de cuiline. Barre d app, i, eft dans une rampe d'efcalicr, ou dans un balcon de ter , la barre de fer aplatie fur la.jUelle on s'appuie, de dont les arrêtes doivent être abattues. Barre de croifée , fe dif de toutes les barres de fer , ou de bois , qu'on met aux volets , ou contre- vent de croifées. Barre , en termes de Marine , eft un port où on n'entre que quand la mer eft haute , parce que les bancs ou les rochers en défendent l'entrée. Portas nifi alto mari ïnvius. Goa eft un port de barre où l'on n'entre pas en tout temps. On appelle une des portes de Dieppe la porte de la barre , parce que ce lieu là étoit autrefois l'entièe du port qui a changé de fituation. Barre , eft aulfi une longue pièce de b is, qui par un des bouts entre d.ins la tête du gouvernail, pour le faire mouvoir ; & tout le refte entre dans le nasire au- dclfous du deuxième pont. Clavus. Ce timonier tient la barre a la main devant l'.iabitacle. Elle eft tuppor- tée par un tiaverlin qui tiaverfe le vailleau. On l'ap- pelle aulli timon du gouvernail. Poulfer la barre du gouvernail à bord , c'eft la poulfer auiîi loin qu'elle peut aller vers l'un des côtés du vaifteau. Barre d' arcajje ,^Mi\.tm.tn\. , li£edc hourdi, eft la pièce que l'on place de travers fur l'étambot , & qui fait la latgeur de la poupe à la hauteur du premier pont, ou franc tillac , qui eft environ des deux tiers du même bau. Il y ad autres barres qui font parai èles , & po- fées au-defl..us , nommées fous barres d'arcajje- mais qui font moindres en longueur, à caufe delà dimi- nution de la la largeur du vaiffeau. Barres de cabejian j font les barres qui fervent à faire tourner & virer le Cabeftan. Il y a des Aemi barresa. l'angloife , qui n'entrent qu'à moitié dans le cabcftan. Barres d'écoutUles , font les barres avec lefquellcs on ferme les écoutilles du vailleau. Barre de pont , eft une autre barre d'arcalfe , prefquc pareille a la lille de hourdi ,&: qui lui tft parallèle, fur lat/*a'ravlo5 , c'eft qu'Héfychius n'a pu tirer cette étymologie & ce fens que de *12 bar , fils, nVin, thole , lulpendant , qui fulpend, & CDiD main _, les eaux. Or nVn ne fignifie p<. inc Puifer, rirerde l'eau, c'eft hVt ou astt^: pour hVt , il ne fignifie c^ne fufpcndre. Cette étymologie d'Hé- fychius eft faulfe. On pourroit peut-être abfolument la tirer de 3i^: du bas. On dit aulîi qu'il y a du haut & du bas dans ces gens qui veulent affedrer de certaines hauteurs avec lefquel- les ils ne font point nés , & qui retombent de temps en temps dans les baffelfes d'une mauvaife éducation, ou dans de trop grandes humihatipns. On dit proverbialement d'un dilcours ou d'une lan- gue qu'on n'entend point , c'eft du bas-hitton pour moi. Ce mot vient de bajfus , qui félon Ifidore & Papias a fignifié un homme gros & gras, court & de petite taille. Nicct dérive ce mot du grec /SaV/s, qui fignifie bafe. BAS , BASSE, adj. Terme relatif. Hum'dis 3 infirmus , imus. Qui a moins de hauteur qu'un autre corps au- quel on le compare. Le centre de la terre eftlelieu le plus bas du monde à notre égard. Ce plancher eft trop bas 3 n'eft pas affez élevé. Les bas côtés d'une EgUfe. Tome L BAS 777 Des fouliers bas j qui n ont pas le talon fort haut. En Botanique , une plante qui eft baj]e ^ eft une plante qui ne s'élève guère haut. Bas , fe dit auffi de ce qui eit au rez de chauffée , ou au dellous. Une lalle bajje. Un appartement bas. La Cha- pelle baffe d'une Eghfe. La ba£c foffe d'une prifon. Bas , le prend auffi quelquefois pour profond. Altus , profundus. Un foffé bas j un puits bas y une cave baffe. Bas , fe dit auili des pays qui approchent près de la mei: en comparaifon de ceux qui font vers les montagnes, ou vers la f ource des rivières. Inferior. Le bas - Lan- guedoc. La /f'a//d-Bretagne. La i?'a//ê-Normandie. La baffe -Szxe. Le /^aj- Palatin a t. On nomme la Flandre abfolument le Pays-Bas. lï eft vrai que dans les pays qui font près de la mer , on appelle fouvent bas ce qui eft plus près de la mer , & haut ce qui en eft plus éloi- gné , comme la haute & la baffe -Btcza.^ne , la haute Se la ^fl^e-Normandie , la haute & la baffe-Vrovencc , le haut & le bas-Lans,uedoc , le haut & le bas-PcA- tou , la haute & la baffe - Picardie , &c. Il eft vrai auftî que dans les pays éloignés de la mer , on fe règle fouvent lur le cours des rivières qui les traverfent , & qu'on appelle haut , ce qui ap- proche le plus de la iourcc de la rivière , & bas ce qui eft le plus près de l'embouchure : c'eft ainfi qu'on a dif- tingué le haut & le ^aj-Maine , la haute & la baffe— AUace , la haute & la èi?//d- Autriche. Enfin, il eft vrai qu'on fe règle aulîî fouvent fur la fituation du pays par V rapport aux montagnes, & qu'on appelle pays haut ce- lui qui eft dans les montagnes , & pays bas celui qui . eft dans les plaines. Ainll on a dit la haute & la baffe- Auvergne, oc. Mais avec tout cela if eft au!]] certain quc_fans aucune autre raifon apparente, le feul ufage a fait donner ces noms à différens pays pour les diftin- guer, & c'eft ainfi qu'on appelle haute-Champagne le pays qui eft vers Reims, & /Ç'ii^è -Champagne le pays qui ell vers Troyes & Langres. Bien plus , on appelle haute-Gafcogne 3 la partie de la Gatcogne qui appro- che le plus de la mer, & baffe-Gafcogne , la partie qui eft la plus éloignée delà mer, ce qui eft contre tou- tes les règles ordinaires. On dit , la baffe région de l'air \ pour dire, la partie de l'air où font les nuées, & où fe forment les foudres & les tempêtes. On appelle aulli un temps bas j, lorf- quc l'air eft obfcur , chargé de nuées , &c lorfqu' elles femblent plus près de la terre. On dit auflî la baffe ré- gion de l'ame , pour dire , celle où fe forment les vio- lentes pafhons & les défirs déréglés. Bas , fe dit auffi de ce qui eft au-deffous des autres dans les emplois , dans les conditions des hommes. Les basr Ofticiers font les fubalternes , qui en ont d'autres qui les commandent. Le bas chœur du Chapitre , ce font les Chantres & les Chapelains. Les baffes claftes font celles qui font au-deffous de la rhétorique & de la phi- lofophi. Bas , fe dit auffi de ce qui eft moins eftimé en quelque chofe. On l'a mis au bas bout de la table \ c'ell-à-dire, au lieu le plus éloigné des perfonncs de condition. Les baffes cartes, ce font les moindres du jeu. En termes de Jurifprudence , on appelle ba[fe-Juf- tice , celle qui connoit des droits dûs au Seigneur , cens ôi rentes , exhibitions de contrats , de la Police , d'uir dégât des bêtes , d'injures légères dont l'amende ne peut excéder fept fous fîx deniers ; & cela par oppofition à la moyenne ^ & à la haute Juftice. Bas , fe dit encore de la mer , des lacs , des étangs , des rivières , & fîgnifie qui a peu d'eau. Depreffus. Ces étangs font bien bas. Les rivières font bien baffes. Bas , fe dit du temps aulfi-bien que du lieu. Les médail- les du bas Empire , ce font celles des Empereurs qui ont vécu depuis la décadence de l'Empire , depuis Ccnf^ tantin le Grand jufqu'au dernier Empereur du même nom. Recentior. La baffe latinité , c'eft la corruption de la langue latine. Corruptus. Le carême eft bas , c'eft- à-dire , il commence de bonne heure , dès le mois de Février. Proximus. Bas , fe dit figuréir.ent pour vil , méprifable. AbjeBus, humilïs J demffus. Une ame baffe j un elprir bas y qui n'ont rien d'élevé. Uo cœur baSi qui eft lâche. Une Fffff 778 BAS mine baffe 3 qui ne témoigne aucune grandeur d'arae. Il y a des cli^tics élevée qui ont 1 ame hajje. Le P. Bcru;- grand nombre de petites chofes qu'elle ne lauroit dire noblement. Aiiiii , par exemple, quoi j,ue dans les en- droits les plus fnblimes , elle nomme ians s'avilir, un mouton j, une chèvre 3 une brebis . elle ne fauroit fanv fc diffamei , dans un ftyle un peu élevé , nommer un veau j, une truie , un cockon. Le mot fenijje en fran- çois eft fort beau, fur-tout dans une Eglogue: \ûchf ne s'y peut pas fouftrir : pajîeur Se berger y font du plus bel ulage-, g ardeurs de pourceaux j ou gardeurs de bœufs y feroient horribles. Cependant il n'y a peur- être pas dans le grec deux plus beaux mots que ^t'/SoVi-î & /Sk nAoî , qui répondent à ces deux mots françois y & c'eft pourquoi Virgile a inrieulé tes Eglogues de ce doux nom de bucoliques , qui veut pourtant dire en notre langue à la letrre , les entretiens des bouviers , ou des gardeurs de bœufs. On peut ajouter que la langue françoife eft celle qui fouffre moins les termes bas , non feulement dans le t1:v!e élevé , mais dans le^ converfations ordinaires des honnctes-gcns , où les termes bas ne s'emploient point , a moins qu'on ne parle de certaines chofes qui font tout le fujet du difcours, comme d'agricul- ture , d'anatomie, car ailleurs le bel ufige veut qu'on fubftitue d'autics termes à la place de ceux qui font communs , quoique françois d'ailleurs. On a des exem- ples de cela au Palais; il y a même quelques per- fonncs qui croient qu'en parlant de guerre on dit m?/?- .. chée Se fafcine , zmXkvl à<: fo(fe Se Aç fû^ot ,p'^mc\i- ter des exprcflions communes Se bnlfes, en effet, on feroit furpris de lire dans une gazette, qu'un Lieu- tenant général portoit des f\i;ots. Quoinuil en Cok de cette remarque , qui n'eft peut-ctie ni tout-à-fait 'BAS vraie , ni tout-à-fait faufTe , il efl fur eue la langue fran- çoife tlt auài réfervce dans 1 ufagc des exprefîîons hajj'es, que d'auîits langues font hbies , C^ hardies: on en peut jugci par la manièie dcr.t on s'exprime en parlant de certaines actions naturelles. Bas , en tcimes de Aiedenne , fe dit du bas ventre : ce qui tait la tioifième pitic de la divificn du corps humain en trois ventres , dtnt le premier cft ia tête , le lecor.d ia poitrine, avec ce qui cft au dtftuus du diaphiagme, & le troifième ce qui cft au-dcflbus juf^ qu aux cuifles , que le peuple appelle abfolumcnt le ventre. Aivus. Et à 1 égard des autres organes des Icns, on dit qu'un hiiume a la vue bajffe, AJ^ops; pour di;e, ou il a la vue courte ; : d'un lelief beaucoup moindre , Se dans la dernière ef j èce elles fcnr encore moins élevées, & ont peu de re'iet, a la manière des vafes, descamaieux, des médailles Se des monnoies. Voye\ Relief. Bass E-LissE, OU bj£'e marche. Voye-;^ ci-après en fon rang. En termes de guerre , on appelle bcQe enceinte , la faufle biaie; Se place bajje \\ cafematc. Se le flanc retiré, qui fert à défendre le tcûi. L^epreJjLs. On dit, iaiie ma m- bû (j e jC^uàViA on ne d^nne point de quattier. tn termes de Marine , on appelle aufîi Bas- bord le côté gauche du navire, oppofé ajlribord j qui eft le côté droir , eu égard à celui qui étant à la pou- pe, regarde la proue. Z<;r^c- BÂBORD. f3- BASBORDES. Foyer BÂbordes. BASBRETON. On appelle ijls bas-Bretons , des fils blancs, qui viennent de Morlaix , qu'on nomme plus communément j?/j de Cologne. iG-BASCARA. Ville du Bildulgérid , en Afrique. Son territoire produit des grains & des truits en abondance, fur- tout d'excellentes dattes. I^BASCON, ou BASCONS. Petite ville de France , en Gafcogne, remarquable pour avoir fervi de de- meure aux anciens Gafcons qui vinrent des Pyrénées y chercher retraite. BASCONADE. f. f. C'cft le nom que l'on donne en quel- ques endroits à la langue des Bilcaycns, que les Elpa- gnols appellent Vafcaence j ou Vifcama j & nous Langue Bafque. T. Corn. Cantabrica lïngua. BASCULE, f. f. Contrepoids qui lert à lever le pont-le- vis d'une ville , d'un château. Cratïtia porta qu&fuf- P'.'nja tollenonis in morem j modo fuhlevatur j modo dc'orsàm agitur. Ce font de groHes' pièces de char- pente, dont une partie s'avance en dehors de la porte, & (outient des chaînes attachées au pont-levis -, & l'autre en dedans de la porte qui en £rit le contrepoids. Elles (émeuvent en équilibre lurdeux forrs pivots at- tachés aux jambages de la porte , enforte qu'en ap- puyant fur l'un des bouts, l'autre haulle. Il fe fait en- core plufieurs machines à bafcule j tant pour élever les eaux , que pour d'autres ouvrages. Tolleno. Une bafcule de moulin à vent , eft une pièce de bois qui abat le frein du moulin, & qui fcrt à l'arrêrer. Tolleno pïftrlnenjis , ou molendinarius, La bafcule Ac frein d'.un moulin eft d'environ douze pieds de long. Une bafcule de comproir, eft une petite plaque de fer qui bailFe par un bout, & haufte par l'autre fur les comp- toirs des Marchands, & par où l'on jette dans le comp- toir l'argent que l'on reçoit. Lamina Tollenonis inftar fufpenfa. On dit une bafcule , ou trape d'un piège , d'une ratière. Il y a aulîl une forte de machine à jeter xles grenades , qui s'appelle bafcule. Nicot dérive ce mot de bafculus ,o\x bien à battucndo culo. On appelle aufli bafcule 3 une pièce de bois , foit planche ou lolive, qu'on met lur une autre en travers, qui eft un peu élevée , fur laquelle les enfans mis en contre-poids , s'amufent à le faire haufter >?■<: bailfer al- ternativement. Bascule. Terme d'Horlogerie. C'eft , dans une groftc horloge , un levier , dont un bout donne fur la roue de cheville dune fonnerie , & l'autre tire un fil de fer ou de cuivre pour faire lever le marteau du timbre. On emploie les bafcules en différens ufages. Bafcules & leviers font (ynonymes. Les bafcules font moitié droi- tes & moitié courb.-es. La patrie qui porte fur les che- villes doit être recourbée en arc, & prife dans une por- tion de cercle , dont le diamètre eft la moitié du dia- mètre de la grande roue qui porte les chevilles. L'au- tre moitié eft toute droite , mais pliée de manière qu'elle fait lin angle fort obtus & mixtiligne, avec la première moitié, comme de ijo degrés. BAS Bascule, f. f. Terme de fortification. Porte appuyée fur deux paux , qui s'ouvre & fe ferme en manière de tré- buchet. Bascule , fe dit encore d'une efpèce de ferrure ainfi nom- mée, parce qu'elle ie haulle ik le baille. Les Bascules les plus limples font celles qui ne confif- tent qu'en une pièce de bois foutenue d'une autre par le milieu ou autrement , comme d'un ellieu , pour être plus ou moins en équilibre. Lorlqu'on pelé fur un des bouts l'autre hauife. Ces fortes de bafcules font les plus communes -, on s'en lert pour élever des eaux. BASE , f. f. ¥.fT fe dit en général de la largeur qu'on donne par le bas aux ditférens ouvrages que l'on conftrait. Il faut qu'un baftion de terre au en la bafe le double de la largeur qu'il a en fa plus haute fuperficie. Base, en Architedure , eft la partie qui eft au-deftbus du fût d'une colonne , &: qui pôle lur le piédcftal , lorf^ qu'il y en a. Bafs. La bafe a les orncmens , qui font dés aftragales, des rores, àc. On nomme aulli y^^ire, la bafe d'une colonne , du latiny/jirc. L'artère bafilaire fe gliffe en avant fur la grolfe protubérance tranfver- fale de la moelle alongée , en donnant des ramifi- cations à cette protubérance , &: aux parties voilines de la moelle alongée. Elle fe divife quelquefois de nouveau vers l'extrémité de l'apophyfe bafilaïre en deux branches latérales , dont chacune communique avec la branche poftérieure de la carotide interne voi- fîne , & fe perd dans le lobe poftérieur du cerveau. WlNSLOW. ^fT Vertèbre Bafilaire. C'eft la dernière vertèbre des lombes , ainil nommée parce qu'elle eft comme la bafe fur laquelle portent les vingt trois vertèbres fupérieures : & c'eft dans ce fens que l'epithète de bafi- laïre s'applique à certaines parties du corps , telles que celles dont on vient de parler, parce qu'elles font confidérées comme baifes. ^3" Basilaire , eft aulfi f. f. On appelle bafilaïre , l'artère formée par l'union des deux vertébrales lur l'ex- trémité de l'apophyfe bafilaïre de l'os occipital. BASILARCOS. adj. m. Terme d'Anatomie. C'eft un nom que l'on donne à l'os cunéiforme. BASILE, f. m. Bafilïus. Nom d'un homme formé du grec^as'Atvî ,qui lignifie royale de /Saï/Ât/of , Roï. iaint Bafile le Grand eft un Père Grec, Evêquc de Céfarée, en Cappadoce , & l'un des plus fçavans & des plus cloquens hommes que l'Orient ait portés. Bafile le Macédonien eft un Empereur de Conftantinople , qui de fimple Ecuyer qu'il étoit , fut alTocié à l'Empire par Michel III. Bafile le jeune , auilî Empereur de Conftantinople, fuccéda à Jean Zimifcès l'an 975. Saint Bafile i Evêque d'Amafée , ville, de Pont, fouf- frit le martyre dans la perfécution de Licinius. Oxdre de S. Bafile, Ordre Religieux le plus ancien BAS -781 de tous j ainfi nommé de S. Bafile , Evêque de Céfarée en Cappadoce qui fut Auteut de la règle que cet Ordre fuivit. Il la compoia dans la Province de Pont , où il fe retira parmi les lolitaires depuis l'an 3 57,jufqu'en 362. L'Ordre dcS. Ba/tleaété très- fameux enOrienr. (^ctte règle n'a été fuivie en Occident que dans l'onzième Ilècle. Grégoire XIII léforma cet Ordre en 1^79. ^îCF Basile, {. m. Terme de menuferie, pente, ou inclinailon du fer du rabot, d'une varlope, &c généra- ^ lement de tous les outils de menuifier montes dans " des tûts, & qui fervent tant à dtcllcr le bois, qu'à pouffer des moulures. La pente que l'on donne à ces fers dépend de la dureté du bois. Encyc. BASILÉE. f £ Fille d'Uranus & de Titéa : elle fuccé- da à Uranus (on pcre. Les peuples lui ofFroient des facrificcs au bruit des tambours & des tymbaleî. Cette Bafiléc eft la même que Cybèle. BASILÉOPATOR. Voye-^. Père. CfO^BASILGORD. /^oye^BAsircoROD. BASILIA , ou BASILÉE. Bafdïa. Terme de Mythologie. C étoit une Déelfe des peuples d'Atlantide , qui (elon Selden , étoit la même que l' Amilca , & la Décile Ce- lefte des Carthaginois. Voye:^ cet Auteur. De Diis Syr. Synt. ï , cap. 6 , p. 1S2. BASILIC, f. m. Animal (abuleux que les anciens met- toient au rang des ferpens dont il étoit le \.o\.Bafilif- cus. Galien dit que le bofilic eft un (erpent jaunâtre , ayant la tête munie de trois petites éminences , mar- quetées de taches blanchâtres en (orme de couronne j ce qui l'a fait nommer F\oï des ferpens. Samorfure , fon iifflement& (on toucher, font mourir tous les au- tres animaux. Aucune bête n'ofe manger de fa ch.a- rogne quand il eft mort. On meurt lubitcment pouc en avoir mangé, ou même pour avoir mangé des bêtes mortes parla moriure. Elien dit qu'il n'a pas plus d'une palme , & que fon venin eft fi pénétrant , qu'il fait mourir les plus grands ferpens par (a (eule vapeur, & qu'il tue (oudain ceux qui l'ont touché de loin avec une perche , ou autre arme d'haft ; qu'il lait mourir toutes les plantes pat où il palTe ; qu'il brûle les herbes , ic rompt les pierres , tant fa vapeur eft venimeufe. Pline dit que dans la région Cyrénaïque en Ethiopie, autour de la fontaine Nigris , qu'il croit être la lourcs du Nil , il y a un ferpent qu'il nomme Catoblepas , qui eft petit , & incommodé de fes membres, qui a la têtefi pelante , qu'il ne la peut toutenir, c'eft pourquoi il la porte toujours inclinée vers la terre ; qui eft fi ve- nimeux, qu'il tue tous ceux qui l'ont leulement re- gardé; (il entend parler du bafilic) que la belette eft (on ennemie i & que I1 on en (ait jeter une dans fa ta- nière , elle tue &: étouffe le bafilic par fon haleine & fon odeur. Et Solin dit que ceux de Pergame achetèrent chèrement un corps mort de bafilic , pour empêcher les araignées de faire leurs toiles dans le Temple d'Apollon. Le P. Roger Récolet, dans fa Terre Sainte , Liv.I y ch. 12 , dit qu'il en a vu un mort , & le décrit ainfi : C'eft une efpèce de lézard d'environ un pied & demi de long , de couleur grile , tirant fur le roux , la peau rude , la tète afTez longue , (ur laquelle il y avoir fix petites marques blanches un peu élevées , qui prélen- toient la forme d'une couronne ; (on regard eft auda- cieux comme celui d'un coq. Il ajoute qu'un Mar- chand Lyonnois , nommé Mertier , en avoir eu un pe- tit vif, qu'il envoya mort au Cardinal de Richelieu ; qu'il faur erre à une certaine diftance; qu'il tue de fon regard; car, dit-il, s'il voir un homme ou un animal par les pieds , ou par le côté , ou par le dos , ou bien que l'on ne s'arrête pas un peu à lui regarder les yeux , il ne pouria pas lancer fon venin , encore moins par les mains , ni par la face , ni par aucune autre partie que par les yeux ; que Dieu a donné à cer animal un inf- tinét, qui fait que toutes les fois qu'il fort de fa ca- verne, il crie deux ou trois fois d'une voix lamenta- ble , qui donne l'eftloi , & qui avertit les autres ani- maux de fe retirer ; que fous Léon IV on trouva à Rome un bafilic, lequel de (on regard fit mourir plu- fieurs perfonnes. ifT On ajoute qui fi \t bafilic regarde quelqu'un le pre- mier, il le cuei mais que le contraire arrive , & qu'il 782 B4S meure lui-même, s'il eft regardé le premier: enfin que ! la l'ali-c d un h-mme à jeun , ou qui a commur.ic, le , fait mourir. Le t.ifdlc , TeLn h)pinion commune , j na.t de l'œut dun vieux coq. Toutes ces patticulan- tés dont on n a jamais pu -.'airurcr , a moins qu'on n'en ait nourri & cievé qucl:.u un, & tous les contes qu'on a débités à ce lujet , abùiidcs ou peu viaifembkblcs, font regarder le b -Jii.c c.mme un aiiimal tabulcux , qui n'a jamais exift. que dans l'imagination de quel- ■0 ques hommes prévenus ou euK aines par l'amour du merveilleux. ÇCFCe mot vient du grec/^aViAîw, Roi. Un bcfdic , avec ce mot , nut périt , aut périma _, peut taire une devife alfez julle pour bien des chofev. Un Italien a remarqué par-la qu'il faut étouffer une palHjn nailîlrnte, ou qu'elle donnera la mort. Basilic, en termes de Philofophie heiméti ;ue, c'elt la pierre au blar.c ou au rouge partaïc , qui tue le mer cure ; c'ell-à-dire . qui le fixe , comme le bajllic tue de- fa vue, & rend immobiles ceux qu'il regarde. Basilic, en termes d'Artillerie, eft le plus gros des ca- nons, qui porte jufo^u'à 160 livres de balle \ mais il n'cft plus de fervice. De la Font. Hanzelet l'appelle double coulevr'me, & lui donne 26 calibres de long , & iS livres de balle. Basilic, f. f. Terme d'A.ftronomie. Voye^ Basilique. Basilic. Terme de Botanique , 1. m. OcimumbjJiUcun:. Plante annuelle qu'on feme dans les jardins , & qu'on a nommée ainfi , ou parce que fin odeur la rendoit digne d'être prélentée aux Rois , ou parce qu'on pré tendoit qu'elle engendroit les biifAïcs , les tcorpions & autres infeéies venimeux. On a cru qn'ocimum ve noit du mot grec «x^'î, celer , velox ; c'eft-à-dire , r/^e j prompt j à caufe que la lemence ne dcmcuu pas long-temps en terre, & quelle ;eve allez vite. Il > a plufieurs cipèces de bajilic. On les diftingue oïdi nairemeiit en grands , ocimum majus ; en moyens , oc'imum medium ; en petits, ocimum minus ; & ei , très-petits, ocimum minimum. Le grand bafilic s'élevc environ à la hauteur d'un demi-pied , & eft branchu garni de grandes leuilles , & pareilles à-peu près à celle du citronier, orimummaj us ciirii folio .-elles font quel quetois bollelces & godionnécs , oc'mum majus but latum ; d'autrefois dentelées profondément , & on K nomme pour lors bajilic à feuilles de chêne. Ce grandes efpc-ces font verres le plus fouvent , teinte; quel-iuefjis d'un pourpre noirâtre , ou d'un violer. Leurs épis font longs dans certaines elpèccs, ct.urts & ramaifés dans d'autres. Leur odeur varie, les uns fen tcnt très fort le clou degiroHe , ks autres ont quelque chjfe d'approchant du ftorax hquide, &: quelques-uns une odeur mêlée & délagréable. Le moyen bafilic eft plus petit dans toutes fes par- tiv'S que le précédent : fes feuilles font beaucoup moins grandes : elles font arrondies , velues ou gla bres , vertes , ou entièrement teintes de pourpre , ou méléesde pourpre , de jaune & de vert, ce qui forme le bajilic tricolor. Le petit bajdic approche du moyen ; il en diffère néanmoins par fa petitelFe, &parcequ'ileft plus bran- chu: fes feuilles relTeniblent à celles de la marjolaine : c'cft cette etpèce qu'on met fur les fenêtres , & qui s'arrondit fi bien. La plus petire elpèce eft plus baffe & plus menue , & fes feuilles f e peuvent comparer à celles du ferpolet. Toutes ces ef^ hco.'i ont leurs fleurs en gueule, blan- ches, ou purpurines, fuivanr que leurs tiges & leurs feuilles font teintes. Chaque fleur eft un tuyau dé- coupe parle haut en deux lèvres , dont la fupéricnre eft arrondie, relevée , crénelée , & plus grande que l'in- férieure, qui eft ordinairement fritée , ou légèrement crénelée. Son piftil eft compofé a G bafe de quatre embryons , qui deviennent cnl'uite autant de femences oblongues , menue'; & brunes , ou noirâtres , enfer- mées dans une capfule qui a fervi de c-ilice à la fleur. Cette capfule eft découpée en deux lèvres, dont lafu- périeure eft relevée & échancréc , l'inféiieure eft den- telée. Le bcjilic a une odeur aromatique , très- forte , & qui entête lorfqu'on le lent trop long- temps, ou de B A S trop près, ou qu'il eft vert. Le bajilic aime l'humide, & une terre un peu légère , ce qui convient aifci aux fcoipions-, c'cft pourquoi il n eft pas etcmian-ide voir fous des pots de bajilic de ces infecies. Les hiftoires quon rapporte de quelques perlonnes qui avoientfait ufage du bajilic en poudre en guile de tabac , &: dans le cerveau defquels on a trouver des fcorpions , doi- vent être regardées comme rauflcs, quoiqu en difent ceux qui croient que les Icorpions aiment Itdtur de cette plante, s'en approchent, & font leurs œufs fous fes feuilles, qui dans la fuite viennent à éclorre dans les endroirs oà ils ont pu pénétrer. Le bajilic fec fert aux Cuainiers , qui le mêlent dans les fauftes avec les autres aiomares , pour donner bon goûr aux viandes. La femence du bafilic entre dans quelques compofi- tions de Pharmacie. Le bafilic eft du nombre des plan- tes aromatiques. Le baJdic j tant celui de la grande efpcce que ce- lui de la petite , ne fe multiplie que de graine , qui etl d'un minime noirâtre , & tort menue , un peu ovale & liiîe. La Quint. Part. VI :, pag, 27 (i. C n n'en sème guère que fur des couches , àc cela en plein chan^jp , Cl mme le pourpier 6c les laitues. On le sème dès le mois de Février , &' on peut continuer toute 1 année. On recueille fa grairic dans le niois d'Acût, &: d'oidi- naire pour le faire grainer, on en replante au mois de Mai, foit en pot, toit en planche. La Quint. ^i7r. 3 73- BAMLICAÎRE. f. m. BaflUcarius. Nom d'un CfRcier ecclefîaftique. On appeloit autrefois cerrains Clercs du nom de Bafilicaires ^ paice qu'ils aluftoient le Pape, l'Evêque , ou le Prêtre , lorfqu ils difoient la Melfe. BASILIC ATE. B^JiUcata. Province du royaume de Na- ples , qui a au nord une partie de la Capitanate , b terre de Bairi , & une partie de la terre d ( rrante, au midi la Calabre citérieuie , au couchant la 1 rincipautc citérieure, & au levant le g< Ite de Tarente. BASILICON. f. m. Terme de Pharmacie. C eft un cer- tain onguent qu'on appelle l.fiUcon , c'eft-a dire, royal , a caufe de fes propriétés &c de fes fiéqueu-- ufa- gts. On l'appelle aufii Tetrapharmacum y paicc ...uil eft compofé de quatre médicamens , qui f'^nt la poix, la refîne , la cire & l'huile. Les Chirurgiens l'appellent ordinairementy«/'/'i/rtjr{/j parce qu ils s'en fervent pour faire fupurer les plaies. 0Cr BASILIC Ui\l. Ffpècede vêtement des Anciens dont nous ne connoifLons que le nom. Le nom paroit deil- gner un vêtement royal. BASILIDIENS. Nom d anciens Hérétiques fedtatcurs de Bafîlidc , qui vivoit piefque dès le commencement du deuxième fiècle. Ce Bafilide ét^ùt forti de l'école des • Gnoftiques , dont le Chef étoit Simon le A.agicien. Il croyoit avec lui que JÉsus-Christ navc-it été homme qu'en apparence , & que f on corps n'étoit qu un fantô- me; qu'il avoit d^.nné fa figure à Simonie Cyrénéen. qui avoit été ciucifîé à fa place. Il permettoit a fes dif- ciplcs de renoncer à la foi pour éx'irer le marryre , parce que Jésus-Christ, difoir-il, n'avoir fouffert la mort que par feinte. Il avoit plufieurs opinions qui lui étoient communes avec les autres feclaires Gnoftiques, touchant le Pcre, qui fcul étoit Dieu, touchant le • >, ou entendcniint , le A-'^ot , ou verbe , Se les autres éma- nations. Le premier des Dieux , ou des vertus Je des intelligences, que £.7/?/iû'eadmcttoit,iirappeloit/^^rii- xasj ou Abrijaxy parce qu'il rcnfermoit la force & la puilTance des trois cent foixante &r cinq intelligences, dontle nombre eft exprimé par les lettres grecques ca mot AÊcÇat, ou ACfa^aÇ; car Ics lettres , comme Ion fait, ferveur de chiffres en grec: en voici la valeur dans le mot dont il s'agit : A. B. p. A. s. A. z. I. 2. 100. I. 60. I. 200. în joignant enfemble tous les chiffres qui rcpon- it à cloaque lettre , lïc qui font féparés d'un point. Er denr à cloaque lettre , lïc qui font f épatés d'un point, on trouve 565. Ces Bcjilidiens prétendoient trouver plufieurs (c- .crets ou myftères dans les lettres du nom de Dieu, & BAS par ces fortes de fuperfticions qui ont été adoptées par les Juifs Cabaliftes, ils iniijufoient au limple peuple. Ils avoient inventé de ceitamcs amuiètes ou phylactè- res , aux' ;uelles ils attribuoicnt de grandes vertus. Con- fultcz b. Irénée & S. Epiphane, b. Philaftrius , S. Au- guftin , S. Jean Damafccnc , qui ont parlé au long de Balilide, cjmnie d'un magicien ^d un enchanteur, & ^ Aes Bujiudiens. Nous apprenons d Euscbe , Lir. IV ■ de Ion Hitl. Eccléjif. ch. 7 j que cet impofteur avoir écrit 14 livres (ur les Evangiles, 6c qu'il avoir feint je ne lai; j.uels Prophètes, a deux deiquels il avoir donné les noms de manaha ik. de Bwcoph. Les Gnoltiques le plailoient à inventer des noms inconnus , pour im- poler plus racilement à leurs Icélateurs , & ils arta- choicnt à ces noms Tuppcfés des vertus particulières, croyant avec Pythagore & avec Platon, que les noms n'avoient pas été inventés par hafard , mais qu'ils fignihoienr tous quel ^ue chofe de leur nature. Balili- de , pour imiter Pyrhagore ion Patriarche , vouloir que fes ditciples iulfenr dans le filence , endanr l'etpace de cm 1 ans. Eu-èbe avoir appris toutes ces parricula- rités d un célèbre Ecrivain , nommé Agrippa Cafior , contemporain de Bahlide, qu'il avoir réturé en mer- tanrau jour toutes les impoftures de cet héicti^.ue. Ori- gène , dans la l'réface de Ion Commentaire fur S. Luc , met au nombre des faux Evangiles celui qui avoir été compole par Badlide. J^oye:^ Gmc^tîqoes. BASILIOIÔN. f. m. Nom d'un Cerar décrit par Ga- licn , & recommandé pour la gale. BASILIEN, ENNE. f. m. & f. Heliycu': S< Religieufe de l'C'îrdre de S. Ealîle. BaJîHanus , a. Voyez OriDre DE S. Basile. Il y a des Bafilïcns Se des Bajiliennes en Grèce, en Mofcovie, en Pologne, en Iralic , en Sicile, en Efpagne. Il y en a eu aurrefois en France. C'cft le fentinient de M. Kerman, qui , dans fon Hil- toire de lérabliilement des Ordres Religieux, prétend que celui de S. Bahle ne palfa en Occident qu envi- ron l'an 1067. Mais on peut prouver le conttaire par une infinité d'Abbayes, dont la fondatiin eft avant la nailErnce de laint Benoit. La Hègle de Liint Paille tut reçue dans l'Occident, aulïï-tôtqueRufi.il eut traJuire en larin. Il y en a même qui pr tendent qu tlL- y a été oblervée du vivant de (ainr Badle dans quel.,ues Monaftères , comme a Naplcs dans celui des faints Ni- candre & Marcien, fondé en 365. Lapiupait de; Re- ligieux Grecs. fjnt Bo^I'ens. P. HÉlyot. T. T. C. 24. Ccr BASILIGOROD , BASILGOROD , & BASILON- GOROD. Ville de l'Em ire Ruffien , dans la Seigncu rie de la Balfe Novogor jd, fur la rive droite du W^-lga, & (ur la rive gauche de la Sura qui fe jette dans ce fleuve en cer cndroir. BASILINDE. f. f. Terme de Mythologie. Brfilenda. Efpèce de tête que l'on célébroit à Ih^nneur de Vé- nus à Tatente. Pollux, Jàv. /X, ditque c'étoit unjeu des Grecs , où celui que le fjrravoit fait Roi , comman- doit quel jUc choie aux autres. Voye:^^ le Lexic. Juri- dlc. Calv'mi. CCr B ASILIPOTAMO. Nom de rivière , autrefois l'Eii- rotas. Rivière de Grèce, en Morée. Elle palfe à Mifi- tra, &fe perd dans le golfe dcCaifel-Rampani, BASILIQUE. 1. f. Vieux mor, qui fignifioit autrefois. Palais du Prince, ou fculcmenr une grande (aile, ou un lieu public avec portiques , ailes , tribunes & rri- bunal , où les Rois rendoienr eux-mêmes la juftice; de- puis il a (îgniné une grande Egliie. Bajlllca. Ce nom de bafîl'tnue, qui (îgnifî jir dan^ les commencemensune grande fale où le Roi rendoit la juftice à fon peuple, fut attribué dans la fuite aux lieux où les Juges la ren- doienr,&oùles Marchands s'alfembloient. Perraui t. Azor prétend qu'on apreloit autrefois hajîl'iques\ç'i Ëglifcs qui n'éroicnt pas encore confacrées ; il paroit plu; vrai de dire , avec !é Cardinal Baronius , qu'on B appeloir aind les Eglife<; les pluN magnifiques , lorique I' par leur magnificence elles furpalToient autant les au- tres Eghfes , que les Palais des Princes furpairej-.r les maifons des pairiculiers. On .appelle encore en Italie la P.:\(ilïque de. S. Pierre; pour dire, la grande Eglife de S. Pierre -, & Bufl'que d'or , l'Eglife de S. Sauveur, ou de Latran , à caufe de fon excellente ftruclure, & BAS 78? de fes riches ornemens. M. Perrault a obfervé que les Baftliques étoient dirterenres des temples , en ce que les colonnes des temples étoient en dehors , <5c celles des Biijiliques en dedans, il y avoir autrefois a Rome de quaties ("ortes d'Eglilesiles latriaichales ,lesTiru- laires , les Diaconies , es: les Oratoires. Les l'atriarcha- les étoient celles que l'on nommuit patcicul.èremenc Bjjdiqucs ; elles appaitenoient proprement au Pape, comme i). Jean de Latran , S. Pierre au Varican, fainte Marie Majeure , laint Laurent hors les murs , (^c fainte Croix de Jcrulalem. Elles avoient des Manlionnaires, eu Gardiens, charges de les tenir propres tfc de les or- ner, i^adiien de Valois a tait un Traité des B.ifUïques bâties par nos premiers Rois, &Launoy en a fait lacri- rique. Basilique, f m. Bafilicus. Les Bafdiques étoient dans 1 Empire Grec des Officiers qui pottoient les ordres de l'Empereur. Ce mot vient de BanAiKS!. Basilique, 1. h en termes d Anatomie , efi; une veine qui naît du rameau a^iUaire , qu'on nomme aulli hé- patique ou jccotaire, c eil: a dite , du foie, qui va tout le long du bras , & qui a deUA rameaux , dent l'un def- cend le long du gtand focile , & 1 autre le long du pe- tit focile , & djnr les petites branches s'écendent juf- qu'aux doigrs de la main. Il y en a deux , dont l'une s appelle h fuperfciell: , ou fous cuir^ l'autre lu pro- fo/idd. Saigner qutl-jU'un a la T\-Jiliqic. BAmliques , chez les Jurilconlultes , c'efl: une colled:ion des lois Romaines traduites en grec. C n y a c> mpris les Inll:irutcs , le Digefte , le Code , ik les Noveile- de Juftiiiicn, quel-ues Ldits de Juilinien, de Juftin le jeune , de 1 ibère de Thrace , de Zenon , de Baille le Micédonien, & de quel ,uesaurres Empereurs, (être CD npilaticn cft divifce en 60 livres -, c ell pi urquoi elle a été appelée i-'iv.xovra/ï/SÂot. On croit .,ue ce re- cueil elt l'ouvrage de l'Empereur Léon le 1 hiloiephe, ^ que par honi.eur il attribua les T'cflïques à Bahle le Macédonien (en père , paice qu'il avoir commencé à (aire travaillera la vcrfion gvec.ue des Icisn maines. Quelques uns oiu ciû que Ct^nitantin Porphyre génère y avoit autant de paît que BaLle , & Léon, (on aïeul, & fon père. Cependant on ne lui peut attribuer que r -1 a«mtia^ir;t , c'cft adirc , la réviiîon , oti répurga- tion. Des 60 livres de Bcfd'iques j il ne ncu-, en refte que 41 . M. Fabror les a traduits en latin , & en a donné en 1 644 une édition grecque & latine , en 7 vol. in- fo/io. Il eft vrai que M. Fabrot a rérabli les 10 livres qui éroienr péris, en les ramailant ex Synopfi BaJïH- con , traduits par Leunclavius, & des autres lieux où il en a pu retrouver quelques débris. Ce mor vienr, ou de 1 Empereur Bafile qui en avoit formé le pre- mier projet, ou du mot grec BayiA/Ko'f , qui (igniiie royal , ou impérial. I^CFBAsiLiQUEOuBASiLicAjen Aftronomie. Nom d'une étoile fixe de la première grandeur, dans la conltel- lation du Lien. On l'appelle zvLUtm^ntRegulus ^&c cor' leonis , ou cxur de Lion. BASILIS. f m. Nom d'un collyre liquide, dont il efl: fait mention dans Galien. BASILISE. f. f. Nom propre de femme. Bafdijja. Ce mot vient du grec Boî-iAi^îra , Reine. Basilisse. , adj. f. Nom fous lequel Vénus étoii hono- rée par les Tarentins. &-? BASILOUGOROD. Foyei Basiligorod. BASIN. i. m. Étoffe croifée , toute de fil &: coton , femblable à la futaine , mais plus fine & plus forte. La chaîne ell: fil , la trame coron: il y en a d'unis , de figurés, & de ras. Les Balîns des Indes font fans poils. Tela è filo xylino texta. Basin. f. m.Onnommeainfi dans le commerce des Pein- tres & Doreurs du pont de Notre-Dame & du quai de Gêvres, a Paris certaine forte de bordures, ordinaire- menr de bois uni , qui fervenr à encadrer des eftampes. Cemot leur vient du nommé /?tf///2 , alfez habile gra- veur, qui gravoit des fujers de dévotion, tous d'une même grandeur. EASIOGLOSSE. f m. Terme d'Anammie. Nom d'ua mnfcle. Tfafîo^JoiTw: rr.ufculus. Les fibres mu/ lîleufes des mulclesgéniogloire <.\' bajîogloffej qui tous deux s'in» 784 BAS fcienr l'un fur l'autre à la racine de la langue. Bernos. Jourr. des Se i jzi.p. 4.ZJ. Le hajîoglojjt eftune des tctes de ce multle de la langue , qu'on nomme Céra- toglolîe. Dionis écrit baJig!o£e. BAS-JUSTICIER, f. m. Infime j un fdlclionis Dominus , is cui jus ïnflïgenii levions mulclA competit. On ap- pelle/'i?j-/«/!';cierjj les Seigneurs qui ont droit de jul- tice & dont les Juges qu ils commettent , n'ont pouvoir de juger entre les fujets de la Juftice, que les caufes perfonnelles qui n'excèdent pas trois livres quinze lous & de condamner pour délits à l'amende de fept lous fix deniers. ^fT BASKIRIE , ou pays des Tartares Baskirfi. Con- trée de la Taitatic Européenne, bornée au nord par les Tartares de lumen-, à l'eft, par les Barabinslcoy & par les terres d'Ablai-, au lud, par la montagne de Sortota; & à 1 oucft, par le duché de Bulgar. BASEE. Ville de Suille fur le Rhin. Foye^ Bâle. BASLE.f m. nom d'homme, iîi.yo/i/j. S. 5^/e naquit au fixième fiècle , dans le Limofm , de parens qui voyoient dans leur tamille de grandes richefles jointes a la nublelfe d'une extradtion illuftrc. ^fT BASLEROE B jui g de France , avec titre de marqui- fit , dans la balle Normandie, diocèfe de Bayeux , fur la Drome. BASME. f. m. Vieux mot. Baume. ^ûZ/^ot i^w. Plusodo- tant que bafme. A mon pla'ijir vous faites feu & bafme. Marot. BASMOTÉEN , ENNE. f. m. & f. Bafmotheus. Nom de certains Hérétiques qui gardoient le Sabat. Foyei S. Clément d'Alexandrie, & les Conftitutions des Apôties. BASMLLE. Fafmiilus On appeloit Bafmule dans l'Em- pire Grec, ceux qui venoient d'un père François & d'une mcre Grecque. On croit que ce mot vient du mot latin mului , un mulet , parce que cet animal vient de deux animaux de différentes efpèces , ou de l'italien mulo , qui veut dire quelquefois bâtard. Du C ANGE. Dans la iuite on a appelé dans l'Empiie Grec iît{/^;2//e.fj les Cavaliers armés à la légère. Id. BAZOCHR. Quelques-uns écrivent BASOCHE, f. f. Communauté des Clercs du Parlement de Paris, éta- blie l'an 130J. C'eft un ancien établilfement qui a pluûeurs droits & privilèges , enti'autres de tenir une Juridiction pour vider tous les différens qui naiirent entre les Clercs , & régler leur difcipline. Scribarum coilcgium. Il y a un Chancelier & un Tréforier de la Bafoche. Les différens qui furviennent entre les Offi- ciers de la Bafoche , font réglés par l'ancien Confeil, c'eft à-dire, par les anciens Procureurs de commu- nauté. Les Armes de la Bafoche font trois écritoires d'or en champ d'azur. Ragueau remarque qu'on eft venu demander autrefois à la Grand'Chanbre le ren- voi d'une caule gralTe qui y étoit pendante , pour la faire juger à la Bafoche. On a dit autrefois en pro- verbe , Monnoie de Bafoche ; pour dire , mauvais payement fait d'une chofe vile au lieu d'argent. Il y a un recueil de ftatuts, ordonnances, rcgiemens , anti- quités, & prérogatives du Royaiune de la. Bafoche j imprimé à Paris en 16/4. in-S°. Les Clercs de la Bafoche étoient connus dès le temps de PhiUppe le Bel. Ils furent Auteurs & Adteurs de plufieurs farces qu'ils repréfentcrent à Paris lur diftc- lens théâtres. Le Roi Louis XII leur permit de dielfer leur théâtre fur la table de marbre qui étoit pour lors dans la grande fale du Palais , & qui fut détruite par l'incendie qui arriva en 1618. Ils jouèrent à l'Hôtel de ville une farce en préfcnce de François I. Le Par- lement leur ordonna en 1 538, de remettre à la Cour les manuicrits de leurs pièces quinze jours avant que de les repréfenter , & leur défendit de d'^clamet les endroits rayés. Enfin leurs jeux furent profcrits en 1540, fous peine de la hait. Hifî. des Th. §Cr Le chef delà Bafoche, qui porte aujourd'hui le nom de Chancelier , prcnoit autrefois le titre de Roi, ôc s'eft qualifié ainiî jufqu'au temps où Henri III dé- fendit par un édit, qu'aucun de fes fujets fe qualifiât BAS . de Roi. Les autres Juges lent appelés Maîtres des Re- quêtes.l\ y a auili un Procureur Général. BAbOCHlEN, f. m. qui eft delà Bafoche Officier de la Baloche. Ce lont les Bafoch.ens, ou Officiers de la Baloche, qui ont loin de planter le mai du Palais. Ces mots viennent de bafiUca j hafilicani. Voyez MÉNAGE. BASQLE. f. f. Petite pièce d'étoffe qui fait la partie d'en-bas d'un pourpomt , qui a la figure d'un trapèle. Les hafqucs font faites pour couvrir l'ouverture qui eft entre le pourpoint & le haut- de- chauffes. Thora- cisfcutula. M. Huet , E véque d'Avranches , croit qu'on a dit hafques de pourpoint , parce que la mode des pourpoints à hafques eft venue de Bifcaye. Selon le même Auteur, ce mot pourroit bien venir de tafque^ qui fignifie hourfe ■ les hafques ayant été première- ment des bourles qui s'attachoient aux pourpoints. On appelle aujourd hui hafques d'un jufte-au-corps ou d une vefte , les pans de devant & de derrière. Ti- rer quelqu'un par la bafque de fon habit. Les hafques des juftes-au-corps font à prélent plus amples qu'elles n'ont jamais été. Basque , en Architedure , fe dit des pièces de plomb qui font fur les couvertures taillées en forme de baf^ que vers les arêtiers. T cclorum fcutuU. BASQUE, f. m. & f. Nom de peuple. l'afcitania , Vaf- corum rcgio. Les Bafqucs font un peuple de Gafco- gne, en France, qui occupent un pays borné au cou- chant par la mer de Bifcaye , au nord par les Landes & le Béarn, qui le confine aulli du côté du levant. Il a au midi les monts Pyrénées qui le féparent de la haute Navarre , & la rivière de Bidafle, qui le fépare de la Bifcaye. Ce pays s'appelle du nom du peuple , les Bafques j ou le pays des Bafques • quelques-uns l'appellent la Bifcaye françoife. Il comprend la lenre de Labour , la baffe Navarre & le pays de Soûle. Bayonne eft la capitale. Les Bafqucs paffcnt pour adroits , intelligens dans le commerce , ik fidelles. Ils ont une langue qui n'eft connue que danr leur pays & dans la Bifcaye. M. de Marca , dans fon Hificire de Béarn , L. T. c. 2p , les diftingue des Vafcons Ef- pagnols & des Vafcons du pays de Soûle, de NavaiTC & Labour. Il dir que les uns Sk les autres font Vaf- cons , & prennent leur nom du latin Vafco ; que néanmoins dans la prononciation vulgaire il y a quel- que différence, quoique l'un & l'autre des rennes qui fignifient ces peuples, confervcnt leur rapporta la ra- cine commune , qui eft f'afconcs ; car les Vafcons ori- ginaires qui reftcrent avec leur ancienne langue dans le pays de Soûle , Navarre & Labour, après l'invafîon que firent dans ces quartiers les Vafcons Efpagnols , font nommés communément P..ycfij avec l'ac-ccnt (ur la première f y llabe. Les anciens Novempopulains , qui voulurent accroître par leur jonétion le Duché des Vafcons, du temps d'Ebroïn , Maire du Palais, font défignés par le terme de Gafcons, avec un accent cir- conflexe fur la dernière fyliabe. Il y a plus de jooaiis que l'on gardoit la mcme diftérence pour diftinguer ces nations, comme il paroit par Guibert , Abbé de Nogent , dans Ion Hiftoire de Jérufalem. Dans la fuite on ajouta un h à l'un de ces mots, & l'un de ces pays fut appelé Gafconia , l'autre Bafco- nia^ comme dans la Chronique de Hugues, Moine de Vezelai. Le Synode de Latran , tenu en 1 179 fous Alexandre III , nomme ces peuples Bafculos , que l'on trouve même dans Varron , De re rujl. Liv. H. c. p j &c le Pape Lucius III , en fes Epitres , &: Roger de Hoveden en fes Annales , Bafclos. Quelques Au- teurs les nomment Frontalliers j à caufe qu'ils font fur la frontière. Tambour de Bafque. Certain petit tambour, dont on doit l'invention aux Bafqucs. C'eft un cercle de bois large de trois doigts, fur lequel eft tendu un par- chemin, &: auquel font attachées des fonnettes, ou grelots, &: quelques petites lames de cuivre propres à faire du bruit quand on le remue, au qu'on le frappe. Vafcoiiiutn tympanum. Basque, adj. m. & f Vafconicus. La langue Bafque. Nous appelons langue Bafque j non-feulement celle des BAS Aes Bafques 3 mais encore celle des BiTc^ens , que les Efpagnols appellent Vafcucnce , ou Vifcanyai & d'autres Bafcondague. Ce mot vient de Bafculus & Bafclus j dont on a parlé dans l'article précédent, f^oyei de Hautefcrre , Nût. in Greg. Tur. L. XI. p. ^S/ ^ Hc Arnaldi Oi- henartï Notuia utrïufquc J^afcon'u. Quelques Au- teurs prétendent que les Bafques deiccndent des Alains. On dit proverbialement , courir comaïc un Bafque ■ pour dire , marcher vite & long-temps ; parce que ceux" de Bilcaie font en réputation pour cela. BASQUINE. f. f. Vieux mot. Sorte de robe fort am- ple, qui par le moyen d'un cercle i"e tenoit ouverte & étendue. BASQUINER. v. a. Vieux mot. Entorceler : du grec ^««■xa/.t;. , qui veut dire la même chofe. §3* BASRA. i^etite ville d'Afrique, dans la Barbarie , au royaume de Fez, dans la province de Hasbat. ^3* BAS-HELIEF. Foyci au mot Bas. §3- BASSA , BESSA, ou PASSA. Ville de Perfe, dans la province de Fars, à l'embouchure du Tigre, dans le Golfe Perfique. ^c^' BASSAC. Abbaye de France, Ordre de Saint Benoît, dans la Saintonge , au dioccfe de Saintes, à huit lieues de cette ville, iur la Charente. tJCF BASSANO. Ville d'Italie, en Lombardie , dans l'é- tat de la République de Venife. Elle donne le nom de Baffanete au petit pays des environs. BASSAREUS. L m. Surnom de Bacchus , pris , félon \zs uns, de BaJJ'arus ^ bourg de Lydie, où il avoir un temple ; ou , félon d'autres , d'une forte de robe longue, appelée BaJJara^ que Bacchus avoir coutu- me de portet dans les voyages. ffS" Bochard dérive ce nom de l'hébreu, haf'ar^ qui fignifie vendanger. BASS ARIDES, f F. pi. Nom des Prctreflès de Bacchus, qui fe nomme quelquelois Bajfareus. Les Baffarïdes tiroient leur nom d'une certaine chaulTure qui fe fai- foit à Bajjarium ou Bajfarusj^ en Lydie; ou d'une robe longue qui alloit jufqu'aux talons , ôc que les Afri- cains & les Thtaces appeloient Bajfyris & Bajfaruj ou tout fimplement du mot BaJJ'arcus. Basse. Terme de Manège. Declivis. C'eft une pente douce d'une coline , Iur laquelle on accoutume le cheval à courir au galop, pour lui apprendre à plier les jambes. On l'appelle autrement calade. Basse , en termes de Mulique, eft la partie de la mufi- que qui fait les Ions les glus graves & les plus bas. Cravior, imus fonus. LeS^nlus gros tuyaux de l'orgue font la bajfe. Les plus grolfes cordes d'un luch font les baffes. Les Muficiens tiennent que la baffe eft la principale partie des concerts , & le fondement de la compofition. D'autres veulent que la principale partie foit le deiTus , comme étant le principal ornement de la mufique. On dit encore baffe récitante, ou baJfe du chœur-, baJfe continue, bajfc chantante, baJfe dou- ble, bcjfe de haut- bois, petite baffe^ première baJfe j baJfe de chrcmorne. Basse, fc dit auiïi de celui qui chante cette partie. C'cft une bonne baffe , une belle baffe. Basse , eft aulti l'inftiumcnt fut lequel on joue cette partie , qui eft le plus gros &i le plus long de ceux qui forment le concert. Soni gravis mujicum organum. Une baffe de viole. Une baffe de violon. Soni gravis harbiton. Une baffe de hautbois. Le théorbe eft pro- pre pour la hûffe. Basse-continue, eft la baffe qui fc joue fur les inftru- mens , qui fcit de fondement à toutes les auttes par- ties , & qui continue pendant toute la pièce tandis que les voix chantent , ou que d'autres inftrumens jouent leurs parties, ou que quelques-uns s'arrêtent. Sonus sravior totâ mujlcâ continuatus. Selon M. Brofiard , la baffe- continue eft une partie de la mufique moder- ne, inventée & mife en ufage vers i6oo, par un Ita- lien nommé Ludovico Viadana ^ qui le premier en a donné un Traité. On la joue avec les chiffres marqués au-delfus des notes fur l'orgue , l'épinette , le clavecin, le théorbe , la harpe , bc. Se fouvent fimplement & fans chiffres fur la baffe de viole , ou de violon , avec Tome J. BAS 'j8f le bafTon, le fetpent, &c. C'eft Du Mont, Maître de Muhquc de la Chapelle du Roi, mort en i68o ou ■ 1682, qui a amené, ou du moins qui a établi en Fran- ce l'ufage des baffes-continues , dont nous nous paf- fions auparavant. De Fren. Hiji. de la Muf. T. IV' p. 1 2S. ^ Basse-contrainte, celle qui rcvi.ent la mcme au bout d'un certain nombre de mefures , qui recom- mence fans celle , tandis que les panies fupérieures varient leur chant ik leur harmonie de différenres fa- çons. C"^ Basse-figurée, qui au lieu de s'arrêter fur une même note , en partage la valeur en plufieurs autres notes fous un même accord. Encvc. CCF Basse fondamentale, eft celle qui n'eft formée que des fons fondamentaux de l'harmonie. fer Basse CHANTANTE, efpèce de voix qui chante la partie de la baffe. Basse-contre, eft le Muficien, ou Joueur d'inftrumens qui tient une féconde baffe dans les concerts. Gra~ vium partium cantor. Il y a quelques gens qui diftin- guent ici entre cette partie de la mulique , & le Mu- ficien qui la joue. Quand il eft queftion de la mufi- que , ils veulent bien qu'on dife baffe-contre j comme on dit haute-contre. Mais quand il eft queftion du Muficien , ils veulent que l'on dife baffe-conte & haute- conte. Cependant MM. de lAcadémie, Richtlet , & beaucoup d'autres ne s'arrêtent point à cette diftinc- tion. Ils difcnt baffe-contre & haute-contre ; & cet ufage s'accorde à l'étymologie Ménage le décidoit auftî de même autrefois, parce que la baffe- contre eft la parrie de mufique qui eft contre la taille , comme la haute-contre eft celle qui eft contre le delfus ; cepen- dant il a changé d'avis, & prétend que l'ulageleplus général eft pour baffe-conte. Soni gravis organum pulfare. L'Abbé Ro , dans fon Parallèle des Muficiens franr çois & des Muficiens itahens, met un j à la fin de ce mot, quand il s'en fert au pluriel , baffes contres ^ Se les Journaliftes de Paris écrivent comme lui. L'Auteur des Entretiens fur la mufique reprend cette orthographe dans fa Préface , & il a raifon. Contre eft là adverbe ; or les adverbes ne fe déclinent point. Il en eft de baffe- contre & haute-contre 3 comme un revenant-bon j & de plufieurs autres fcmblables ; on doit dire des re- venans-bon , & non pas des revenans-bons. Il faut de mèmtdtdinti haute & baffe, & mettre un .î à la fin au pluriel , & lailfer l'adverbe contre indéclinable. Ç3" BASSE-COUR. f. f. Ceftainfi qu'on appelle dans une maifon de ville, dans un hôtel , une cour féparée de la principale cour , où font les écuries, les remifes , équipages. Area. On appelle aufli à la campagne une baffe-cour, \x cour où l'on met tout l'attirail d'une maifon de cam- pagne; les charrues, les beftiaux, les volailles, le fu- mier, les cuves , preiïbirs, &c. Chors, corj. Un Gen- tilhomme vit honnêtement à la campagne des fruits de (a baffe-cour. On appelle des nouvelles de la baffe-cour , celles qui font faufles , &c qui viennnent de gens mal infor- més. BASSÉE. f. f. Mefure dont on fe fert en quelques lieux d'Italie, pour mefurer les hquidcs. La baffée de Vé- ronne eft la fixième partie de la brente. CtC? BassÉe (Az ) Petite ville des Pays-Bas françois , au Comté de Flandres , dans la Châtellenie de Lille, fur un canal qui fe jette dans la Deule. Basse-Étoffe. f f. Terme de Potier d'étain. C'eft une compofition faite en partie de plomb, & en partie d'é- tain. On l'appelle auifi /-erire étoffe ^ claire étoffe, SiC claire foudure. Basse-lisse, f f. Efpèce de ti(ru,ou tapifferie faite de foie & de laine , quelquefois rehauffée d'or & d'ar- gent , où font repréfentées diverfes figures de perfon- nages, d'animaux, de payfages ou autres femblables chofes. C'eft la pofition du métier qui fait la diffé- rence de la baffe-liffe & de la haute-liffe. ' On dit en tapiUcrie haute & baffe-liffe , onbaffe Ggggg 78(î BAS marche , félon la manière du travail. ^K/remi & infimï iuïi auUum. "Basse-lissier, f. m. Ouvrier qui travaille a la balle-liUe. On le dit aulli du Marchand qui en vend. BASSEMENT, adv. D'une manière baife. HumUlter. Demifsè. Il ne le dit qu'au figuré. Il a été nourri &c élevé bajfcmenc. Tout ce que fait un avare , c'eft baf fcment. Bassement, fc dit auflî du ftyle , & fignihe d'une ma- nière rampante , qui n'a rien d'élevé , rien de noble. Il parle ba(jem^nt. Il écrit baffement. |3* BASSEMPOI. Petite ville de France , enGafcogne, à deux lieues de Caftel-Sarrafm. A BASSE-NOTE. Façon de parleradv. pourdire, fans élever la voix. Chanter à baffe note. Dire des injures à quelqu'un à baffe note. Acad. Fr. BASSER. v. a. Terme de Manufadure de lainage. On dit , baffer la chaîne , ou la détremper d'une colle pro- pre à rendre les fils glilTans au rravail. BASSES , en termes de Marine , ce font des lieux fur la mer où il n'y a pas alfez d'eau pournaviger, qui font pleins de bancs ou de rochers. Locus aqudi depreffw- ris. L'entrée du port efl: étroite & dangereufe,àcau(e des bancs & des baffes qui s'y rencontrent. Sar. On les appelle aulli hattures j ou brijans. §C? BASSESSE, f. f. Ce mot ne le dit point au propre. On ne dit point la balfelfe d'un fiége, d'une mailon. Dans le figuré ce mot eft relatif à l'état où l'on eft, ou à la manière de penler. La baffeffe d'éut,ignobili- tasj vUitas fe trouve dans le peu de naiifance , de mérite , de fortune & de condition. La nature a placé des êtres dans l'élévation , & d'autres dans la baffeffe. Il faut tâcher defe retirer de la bajjejffe- l'on n'en vient pas à bout fans peine. Il n'y a que la vertu la plus pure qui puilTé faire goûter à une ame noble la baf- feffe de l'état. Ils ne celfoient de ravaler ce Prince à caufc de fa baffeffe & de fa pauvreté. Vaug. Il lui reprocha la baffeffe de fa condition. J'ai trop de fincé- rité pournier la baffeffe de ma naiifance. ScAR. F'oye^ encore Abjection. Bassesse, le prejid encore pour lâcheté ; pour tout ce que l'on fait de bas , de lâche ôc d'indigne d'une ame noble , d'une perfonne d'honneur , pour parvenir à quel- que but. Ignaviaj dedecus. On peut quelquefois s'a- bailfer lans baffeffe. S. EvR. Vous ne v oytz(\\ie baf- fe ffes dans fes adions , dans fa conduite. Quelque- fois pour unfervile attachement à fa famille, un cœur noble eft enrraîné dans les baffeffes , & dans les im- portunités des âmes intérelfées. P. G ail. Un favori qui a de l'élévation , fe trouve fouvent confus & décon- certé par les baffffes & la flatterie de ceux qui s'atta- chent à lui. La Bru y. Mais enfin V Indigence amenant la baflefTe, Le Parnaffe oublia fa première nohleffe. Boil. Bassesse , fe prend auffi pour tout ce qui eft oppofé à grandeur, à élévation. Baffeffe de courage. Bajjeffe d'ame. Àbjeclio animi. Le vers fe fent toujours des baffeffes d'un cœur. Boil. Bassesse , fe dit encore du langage , & fignifie, qui n'a nulle beauté, nulle noblelfe ; manière de s'exprimer balfe & rcmpantc , populaire , triviale. Stylus demif fus , humilis oratio. Quoi que vous écriviez , évitez la baffeffe. Boil. BASSET, f. m. Terme de chalTe. C'cft ainfi qu'on ap- pelle des chiens de petite taille qui ont les jambes courtes & cambrées , tortues , ik les oreilles longues. Canis brevioribus tibiis animalium fub terraneorum indagator. On chalfe le blereau avec les baffets. Ce font des chiens pour aller en terre. ^3" Basset , fe dit aulli dans la converfation , d'un homme qui eft de petite taille, dont les jambes &les cuilfes font trop petites par rapporr à fa taille. Homo ftaturéi. hrevioris. Cet homme a bonne mine , mais il eft un peu baffet. €fT BASSE-TAILLE, f f Terme de mufique. C'eft la pairie de balle qui fe chante , ou qui fe joue fur un inftrument. BAS fCF On le dit également d'une voix d'un certain carac- tère qui chante cette partie. Vocefubgravi canere. La. baffe-taille eft une voix qui va de haut en bas. Ceux qui peuvent chanter cette partie , peuvent iervir de taille 6: de bailé dans le beloin. Basse-T^aille , en Sculpture, /^oyeij Bas- Relief , au mot Bas. BASSETTE. f. f Jeu de cartes qui a été fort à la mode , aujourd'hui détendu. Voici comment il le joue. Ce- lui qui taille, qu'on nomme Banquier ^ ou Tailleur y a un jeu entier de 51 cartes , & ceux qui jouent contre lui, ont en main chacun 13 cartes d'une couleur. On les appelle /e /hre. Après que le Tailleur a l auu (es tartes, les Joueurs découvrent devant eux telles cartes de leur livre qu'ils veulent, lur lefquelles ils couchent de l'argent à.dilcrétion; enluitcle Tailleur tourne fon jeu de cartes , enlorte qu'il voit la première qui étoit deftous. Après cela il tire fes cartes deux à deux juf- qu'à la fin du jeu j la première de chaque couple ou main eft toujours pour lui , & la féconde ordinaire- ment pour le Joueur , de lorte que li la première eft , par exemple , un roi , le Banquier gagne rout ce qui a été couché furies rois, mais li la féconde eft un roi, le Banquier donne aux Joueurs autant qu'ils ont cou- ché furies rois. Si les deux cartes d'une main font fem- blables , par exemple , deux rois , ce qu'on appelle ^o/^- blets , le Banquier gagne encore ce qui a éré couché lur les rois. Chaque Joueur a la liberté de coucher de l'argent fur telle carte qu'il veut ,lorfque le jeu eft com- mencé -, mais le couple , ou la main , dont il voit la pre- mière ou la leconde carte, lorlqu'il couche, eft nulle à l'égard de la carte lur laquelle il vient de coucher ; & Il la carte lur laquelle on a couché , le renconrre dans la féconde de la main qui eft nulle , le jeu eft fini pour cette carte; c'eft pourquoi il tant coucher de nouveau; mais 11 elle ne s'y rencontre point , le Banquier face dans la première de la main luivante lorlqu'il gagne , c'eft-à-dire, qu'il ne prend que les deux tiers de ce qui eft couché fur la carte. Lorlqu'il ne refte plus qu'iuie carte femblable à celle (ur laquelle on a couché , la dernière carte eft nulle. Lorfque le Banquier gagne à la première main , dans laquelle il peut gagner une carte découverte , il face pour lors. Quand on couche fur une carre lorfqu'on ne voit que la première d'une main , on dit que la féconde de cette main eft trop jeune, c'cft-à-dire, qu'elle eft nulle. Ces règles ont été inventées pour balancer les avantages & les défavan- tages du Tailleur & des Joueurs. Quelques années après quecefunefte jeu eut éteintroduit en France, M. Sau- veur fit par les règles d'algèbre une lupputation& une table , où il montre , non pas comme quelques-uns le crurent, qu'il y a des coups sûrs pour les Joueurs , mais feulement qu'il y a des coups moins délavantageux les uns que les autres pour les Joueurs, f^oye^ les Or- donnances de Police , & les Arrêts qui défendent la baffette j dans le Tr. de la Police de M. de la Mare , Liv. III y T. IF , c. 6. Pour éluder ces défcnfes, ou déguifa la baffette fous le nom de pour & contre ; ce qui attira de nouveaux Arrêts du Confeil rapportés par le même Auteur. Ib. & ci-delfus au mot Barba-^ COLE. On prétend que c'eft un noble Vénitien qui a in- venté ce jeu, & pour cela a été banni de Venile. Il a éteintroduit en France par M. JuftmianijAmbalfadeuc de la République , l'an 1674, ou 167)-. BASSEUR. f f. Vieux mot. Etat, qualité de ce qui eft de peu de prix. Vilitas. Ceci pour vrai n'ha mérité le tiltre D'envoy y de Lay , d'Elégie y ou d'Epùre^ Mais s'il te plaiji y nonobflant fa balfeur. Le recevoir en gré fous la douceur Qui eft en toy. Marot. BASSI. f m. Arbre d'Afrique de deux ou trois bralTes d'épailfeur, d'une hauteur proportionnée, & dont l'écorce eft roulsâtre. Dapper. BASSI COLICA. f. m. Nom d'un médicament dont il eft fait mention dans Scribonius Largus : il eft compofé BAS d'aromates Se de miel. Maicelus Empuicus en parle; il en eft auilî queftion dans Aétius & dans Adluarius. BASSICO f. f. m. Machine faite en toime d une gref- fe c.'.ge de charpente , ouverte par en haut, dans la- quelle on met les malfes de pierre qui le tirent des ardoillères d'Anjou. fîCr BASSIENS. Hérétiques dans le fécond fiècle , qui inrerprétoient mal ces paroles de Jésus-Chaist. f^'o Jum alpha & ùmega. f^oye\ S. Epyphane. BASSIER. f. m. \'icux mot. Pupille. BASSIÈRE. f f. Vin au bas , qui eft près de la lie. Baif ficrc eft beaucoup plus doux, il eft aulli beaucoup plus uhté. Voyti Bais si ère. ^fT BASSIERS. 1. m. pi. T erme de rivière. Amas de fa- ble dans une rivière qui empêche la navigation. Encyc. BASSIGNI. Baj}imacum. Pays de France en Champa- gne, aux environs des fources de la Marne &c de la Meule, du côté de la Lorraine & du Barrois. Quel ques Auteurs dilent qu'il eft ainll nommé , parce que c'eft la partie de la Champagne la plus balFe. D'autres foutiennent qu'il a pris Ion nom d'un bourg du Dio- cète de Langres nommé Fajjy , en latin BaQ'dum ou Va[[eium. Miracus croit que le Bajimuiurn, qui le trouve dans la divilion du Royaume de Lothaire , eft le Bdjfigni ; mais M. de Valois n'eft pas de ce fenti- timent dans la Notice des Gaules. BASSILLE. f. f. Plante dont parle Diofcoride. Elle eft haute d'une coudée , branchue , chargée de feuilles de tous côtés , & qui reflemblent à celles du pourpier, ba fleur eft blanche. Onl'appelle autrement crcte marine. BASSIN. 1. m. Vailleau plat qu'on met fur un buffet, qui lert ordinairement à laver les mains. Pelvis. On trouve èrjfmus , pour dire un bajjin , dans quelques Auteurs Eccléllaftiques, comme dans l'Auteur de la vie de Robert Evêque de Chartres. Un hajjin d'argent. Il y a audi pludeurs hajjins qui lervcnt feulement de parade. Thierry affeâia de marquer à Clotaire plus de cordialité que jamais. Il lui fit préfent d'un fort beau bajfin d'argent, qui étoit apparemment quelque pièce du trélor du Roi de 1 uringe. P. Dan. Cette elpèce de préfent étoit alors a la mode, comme on le voit par quel- ques palFages de Grégoire de Tours, &c entr'autres par ce- lui du L. m. c. 1 4, où parmi les préfens que Childebert fît à Ion neveu Théodebert , après que ce jeune Prince eut été élevé fur le trône d'Auftralie, il y avoir mie demi-doUzaine de ces fortes de bajjins ; au L. VI. c. 2 3 parmi les préfens que Chilperic envoya à Tibère Conftantin, Empereur de Conftantinopie , il y avoir un bajjln d'or enrichi de pierreries qui pefoit 50 liv. L'Hiftorien même appelle ce tajfin du nom Mijfo- rium , qui lignifie un préfent que l'on envoie. Sile- nandcs. Roi des Vifigots en Efpagne, fit préfent à Dagobertid'un bajjïn, qu'Aëtius avoit autrefois don - iic a Torilmcnd : iS: dans la vie de S. Martin , il eft dit que le Tyran Maxime lui fit prélent d'un bûjfm de porphyre. P. Dan. Borel dérive ce mot du vieux mot françois hachi- non , qui fignifie une tajfe de bois. Du Cange le dé- rive de baccinus , qu'on trouve dans Grégoire de Tours en la même lignification. Il ajoure qu'on a dit auiîi bacci- nus, hacinum , &ihaccinium dans la balTe latinité, & que bechin eft aulTi un mot al lemand qui fignifie hrjjln. Voyez la vie de fainte Hildeburge , tirée d'un vieux Cartulaire du Monaftère de Pontoife, par le P. d' Achery , Spicileg. T. II. &c les J3a SS. Junii j T. I. p. j lûj . A. & en plufieurs autres endroits. Dans la vie de Saint Auftreberte écrire au VIII^ fiècle en France , Acl. SS. Bcned.f&c. m ,P. I. p. 4.4. on KoxivtBcchinus ur- ceus ex Are ; ce qui montre que ce mot étoit auilî fran- çois. Il y a bien de l'apparence qu il s'eft formé du latin Vas 3 vafe. Etienne Guichard le tire de l'hé- breu -jcar il prétend que de D3"7 . cabas , c'cft-à-dire, lavare , en retranchant la première radicale , s'eft fait Da , bas ; que de-là fera dérivé W^efche en allemand peur fignifier lavare , qucfi vafcen ; & que de même de o:i,bjs j brjjî/i peut être fait en françois. Bassin, fe dit aulfides grands plats a mettre fur la table peur y fervir des viandes , ou des fiuits en pyramide , Tome /. BAS 787 & plufieurs aflîettes de divers mets. Lanx j carinus. On a fervi tant de baJJlns de confitures. Bassin fe dit aulfi de ces plats qui fervent dans les Fglifes pour recevoir les ofFiandes , foie à la MclTe , foit auprès des Reliques. Les Pa'i'ens dans Iturs fiicri- fices fe lervoient d'un bujfin pour recevoir les entrail- les de la bête , & les chairs qui dévoient être offertes. Bassins de F.ôtijjeur, font de grands vailT'eaux decui- vrctort plats, qui lervent àportcrleurs volailles lardées. Bassin de Barbier ^eil imbajïnkhoid large tV' échancré , qui lui fert à faiie la barbe, à mettre à fes enfeignes. Pelvis tonforia. On appelle aulfi bajjîn de chambre, ml hajpn creux propre à recevoir lesexcrémens, particulièremenrdes malades. Lafanum y fcaphium ; & l'on dit qu'il faut garder leurs baffins- pour dire, qu'il faut faire voir leurs lelles aux Médecins. On dit aulli aller au kajjln^ pour dire , aller à fes nécelîîtés. On appelle bjjjin chez les Chapeliers , une grande plaque de fonte , ronde , qui eft encaftillée dans le bois de la table ou bureau, fous laquelle il y a un fourneau de brique , où l'on mer du feu lorfque l'on veut travailler : c eft lur ce baJfin qu'on bâtit les cha- peaux. On remet les chapaux qui ont lervi , fur le brjfin pour les rafraîchir , en redrelfer les mauvais plis , & leur redonner du luftre. -. Çfir Bassin , Terme de Lunetier , fe dit aulfi d'une efpè- ce de moule de cuivre ^ de fer , de métal ccmpofé , ou de laiton , pour travailler, uler , & polir les verres pour faire des lunettes. Bassin, le du aulli des lieux préparés dans les jardins, pour recevoir UÉpaux des Icui ces & des foi raines jail- hlfantes. Labrtm. C'eft un elpace cieux eu terre, de figure ronde ou ovale , revêtu de pierre & bordé de gazon. Il y a des bajpns de décharge ; ce lont ceux où les eaux s'écoulent & fe déchargent à melure que les fontaines jouent. Bassin, fe dit dans les ateliers, des lieux qu'on prépare pour y éteindre la chaux , pour y faire du mortier. Mortarium. Bassin , eft auilî un grand réiervoir d'eaux qu'on amalTe pournourrirdeséclufes, des canaux. Pi/t/na. LebiJJtn de Nouroufe recuille les eaux dont le fait le canal pour la communication des mers. Bassin , le dit auflî du lieu où font Ijs vailTeauxdans les ports de mer, eu d un petit efpace de mer renfermé , pour y renir les vailleaux à flor. Alveus. Le bojjîn du Havre de Grâce fut achevé dans l'état cù ileften léfîcj. On y rerient ordinairement avec le feccurs des cclufes , feize pieds d'eau, & il peut contenir à flot une elcadre de vailleaux de guerre de différentes grandturs. L'ef- cript. Géogr. & Hifi. de la Haute-Norm. Tom. I. pag. ipj. lAssiN , eft auflî un petit port particulier , pratique dans un plus grand J où on radoube les vaifteaux. Onl'ap- pelle autrement Chambre, ou Darjlne. Bassin, le dit auilî d'une petite talFe ronde & creufe , où les aveugles des Quinze- vingts reçoivent les aumô- nes qu'on leur donne. Crater. Bassin , fe dit encore d'une balance; & c'eft la pièce de cuivre ou de laiton faite en forme de petit plai creux fans bords , attachée avec des cordes, &: où l'on met, ou les poids , ou les chofes que l'on veur pefer. Lanx. Bassin , fe prend encore pour la cuve où l'on fe baigne. Labrum. Vente au Bassin. C'eft ainfi qu'on appelle à Am- fterdam une venre publique, faite par autorité de jul- tice, parce qu'on frappe fur un bcjjïn de cuivre pour avertir qu'on va adjuger l'effet qu'on met à l'enchère. Bassin oculaire, f. m. Inftrumenrde Chirurgie. Voye^ Gondole. On dir figurément d'une belle plaine entourée de montagnes , Se dont la forme approche de la rondeur, que c'eft un beau baJfin. On dit proverbialement, qu'on a fait cracher quel- qu'un au bûjfm ■ pour dire , qu'on l'a obligé à faire quelque don, ou contribution en quelque rencontre, ou affaire. Bassin. Terme de Botanique. On s'en fert dans la dcf- Gg^ 788 ■ BAS cription de certaines fleurs, qui approchent de la fi- gure d'un bajfin. |C? Les Heurs en hajin lont celles qui par un feul pétale forment comme un vale allez large par rapport a laprofondeur, & dont les bords font allez étroits. Les Jardiniers donnent particulièrement le nom de èajfin ou de bajfmet aux fleurs de pluiieurs efpe- ccs de renoncules des prés , quoiqu'elles forent poly- pétales. Voyer Fleurs & Pétales. Bassin, f. m. Terme de Fleurifte. C'eft une fleurainh nommée à caufe de fa reiremblance à un bajjin. Il y a des bajfins blancs , de jaunes , de pâles, de limples , de doubles , de grands , de communs , de hatifs& de tardifs. Les grands bcjjlns font de deux façons -, les uns unis, & les autres féparés. Les unis jettent fix feuilles blanches & larges , 6c qui portent l'une fur l'autre , avec le godet au milieu, de la même couleur. Les fé- parés ont pareillement fix feuilles blanches, avec un 1 petit godet de même couleur; mais elles font bien plus l étroites & plus féparées , & ne s'étendent pas fi bien que les premières. Les petits ne diffèrent des grands que par la petiteire de leurs fleurs. Le pâle a les fleurs grandes & bien unies , avec un godet couleur de ci- tron. Le jaune fait une fleur un peu plus petite, & a le godet un peu plus couvert en couleur. Le double eft le plus eflime , tant à caufe de l'abondance de ks feuilles, que parce qu'il eft plus agréable à la vue; il eft rare , & manque bien fouvent à fleurir. Les baf- Jîns veulent avoir du foleil & de la terre comme les potagers ; il faut leur en donner de la profondeur de fix doigts, de ladiftance d'un demi-pied. Au bout de trois ans il faut les lever pour en ôter le peuple. Bassin, en termes d'Anatomie, eft uj^ cavité ronde en forme d'entonnoir , fituée au miMCu des ventricu- les antérieurs du cerveau , qui defcend à fa bafe , en fe terminant en pointe , & qui va finir fur la glande pi- tui taire , qui eft dans la felle de l'os fphénoïde. Infun- dibulum. Elle eft formée de la pie-mere, & reçoit les férofités qui viennent du cerveau , qui palTent dans la glande pituitaire, &: de-là dans les veines qui rappor- tent le fang. On appelle auffi bajjin^ cette capacité qui eft formée par les os des hanches & l'os facré , qui con- tient la velîie , la matrice & les inteftins. Les femmes ont le bajfin plus grand que les hommes , à caufe de la matrice qui y eft contenue , & qui a befoin d'un plus grand efpace, fur- tout dans la gioireffe. On le dit aulTi d'une féconde cavité qui eft dans l'oreille , derrière la membrane nommée le tambour , ou plutôt la mem- brane du tambour. Cette cavité eft appelée ordinaire- ment la caiffe du tambour. BASSINE. Ci. Eftungrandbafllndc cuivre un peuplât, qui -fert aux Confîfeurs & Apothicaires pour faire des confitures ,&àquelques autres opérations.§3'C'eften quoi la bajfme diffère du ballîn dont le diamètre & la hauteur font plus proportionnés. Pelvis. Bassine, fe dit aulîl chez les Marchands Ciriers , ou Ciergiers , de certaines poêles de cuivre , étamées , dont l'ufage eft pour faire fondre las cires qu'ils veu- lent employer, fer II y a aullI dans les Imprimeries deux fortes de baf- Jînes j une grande pour tremper le papier , une moyenne pour ramoitir les balles & mettre tremper les cuirs. BASSINER, v. a. Etuver une plaie, une tumeur avec de l'eau, du vin, ou autre liqueur préparée pour l'amo- lir , ou pour la rafraîchir , ou la déterger. Abluere. Les Médecins difent/owe^rér. Bajfuier une plaie. Bassiner, fignifie audi, chauffer un lit avec une baflî- noire. Leclum tepefacere. Faire baffiner fon lit. Bassiner. Terme de Jardinier. Arrofer légèrement. Le- viter aliquantulhm , tantifper irrïgare j humeclare. BaJJlner une couche de melons. BASSINÉ, ÉE. part. BASSINET, f. m. Terme de Jardinage. Diminutif de balTin. Bassinet, f. m. Petite fleur jaunequi croît en abondance dans les prés. C'eft une efpèce de renoncule , qu'on appelle kajfinet , parce que fa fleur eft jaune comme le dedans d'un baflin , ou parce qu'elle a la figure d'un baflin. f;CF On l'appelle autrement bouton d'or. Voye\ Bouton d'or. Ranunculus y elychrifum. §? Il y en a à fleur double que l'on cultive dans les BAS jardins. Il y en a de plufieurs efpèces. Ils fleurifleiit tous au printemps. Bassinet , eft aulli la partie du moufquet, du piftolet, ou fulll, proche de la lumière, cù l'on mer l'amoice pour y mettre le feu. Alveolus. Ouvrir le bajjînet, tii un des commandemens de l'exerce militaire. On appelle auflî bûjfmet j la partie fupérieure d'un chandelier, d'une plaque , qui fert à recevoir le fuif ou la cire. Bassinet, s'eftdit autrefois de 1 habillement de têtefait en forme de chapeau, de fer que portoient les hommes d'armes. Cajjis , Calea. Et on difoit, il y adeuxmille bcjfinetsen cette armée ; pour dire, deux mille gens d'armes. On rrouve baclnetum Se bafinctum dans ce fens dans la balle latinité. Panonceaux & banières bruire. Ly yaumes y & hzdmcz reluire. Guiart. Et clercs bacinez à vijiéres. Id. On appelle auflî en Anatomie , bajfinet , une petite cavité qui eft au miUeu du rein, & qui a la figure d'un entonnoir. Il reçoit l'urine , qui fe f épare dans le rein , & forme en s'étréci liant l'uretère qui va aboutir à la vcflie. ^fF Bassinet , en Hydraulique , eft un petit retranche- iTient cintré , que l'on ménage lut les bords intérieurs d'une cuvette , pour y taire entrer la quanrité d'eaa diftribuée aux particuliers par une ou plufieurs auges de différens diamètres ; cequis'appefle/i/^/^er. Encyc. §CF On donne encore ce nom à un baflin trop petit pour le lieu où il fe trouve. BASSINOIRE, f. m. Uftenfile de chaiTibre fait de cui- vre , ou d'argent , qui fert à échauffer un lit ; c'eft une efpèce de poêle , où l'on met du feu, qui a un couver- cle à jour. Vas excalfaclorium. BASSISSIME. adj. de tout genre. Très-bas , très-profond, ce mot ne fe dit plus. Quand la harangue du Légat fut finie, le Cardinal de Pellevé fe levant fur fes deux pieds , comme une oie , fit une très-profonde révé- rence devant le fiége de M. le Lieutenant , fon cha- peau rouge avalé en capuchon par derrière ; puis une autre femblable devant M. le Légat, & une zutKbaf- JïJJime devant les Dames. Satyre Ménippée, in-S ^ pag. s's- BASSON, f. m. Va eft long dans la prononciation. Ins- trument de Mufique à vent & à anche , qui fert de bafle aux concerts de Muhque & de haut-bois. Gra- vioris foni tibia. Il fe brile en deux parties pour être porté plus commodément, & alors on l'appelle/a^ofj parce qu'il reflémble à deux iTiorceaux de bois Ués &c fagottés enfemble. Sa patte a prefque neuf pouces de diamètre, & on bouche ces trous avec des boîtes & des clefs , comme aux autres grandes flûtes. Quelques-uns appellent cet inftrument tarot. Il fe dit aulh de l'homme qui joue de cet inftru- ment. C'eft un excellent baffon. BASSORA, Foyei Balsora. Remarquez feulement ici que bajjora eft autant ou plus d'ufage , au moins pour la prononciation & dans le dilcours ordinaire , que balfora ; la lettre/devant y" fe changeant aifément en/. BAST Foyei Bat. BASTAGAIRE. f. m. BaJlagarius.Nom de certains Of- ficiers des Empereurs Grecs. Les Bajlagaires avoient foin des bagages de l'Empereur, f^oye^ la Notice de l'Empire , Boulanger , &c. Bastagoire, eft encore le nom d'un Officier dans l'E- glife grecque. Dans le caralogue des Oflîciers de l'E- glife de Conftantinople , il eft dit que l'emploi àuBaf- tagaire eft de porter les jours de fêtes folennelles & aux proceflîons l'image du Saint de l'Eglife. C'eft ce que font chez nous ceux qui portent la bannière des Eghfes , ou le bâton des Confréries. Bajulus. Voyez Allatius , le P. Goard , XEucologedes Grecs, ikc. BASTAGE. royei Bàtage. CCF BASTAN, ou BASTHAIM. Ville d'Afie , dans le ChorafTon, ou Khoralfan , ou plutôt dans la petite province appelée Komus. BASTANT , ANTE. adj. Qui fuffit,qui convient, qui contente. Quod fufficit j quodfatls eji. Ces vivres na BAS font pi3 hajians pour me nourrir. Ces raifons ne font pas biillantes pour me pcrluader. Cerce caution n'eft pas baftantc pour me contenter. Cela ne fe dit guère que dans le ftyle familier. Ce mot vient de l'italien Bajlante. BASTARD. Foyei Bâtard. BASTARDEAU. Foye-^ Bâtardeau. ' BASTARDIÈRE. Foye:ç BàtardiÈre. BASTARDISE. Foye^ Bàtardish. BASTE. 1. f. Panier , ou mannequin qui s'attache au bat d'une bête de lomme, pour mettre dedans ce que l'on veut porter. Bcnna dojfuarïa, Cijla vectaria; dans la balfe latinité Bajia. Le P. Mabillon , Acla SS. Bened. Sxc. m. Pan. I. p. j /Iatadors. EASTELAGE. ^oye:^; BÀtelage. BASTELÉE. /^qye^BÂTELÉE. BASTELEUR. Foye^ Bateleur. BASTER. Foye:^^ Bâter. BASTER. v. n. Être en bon état, léuflîr. Bene Jlare j procedere féliciter. Il ne fe dit guère que des affaires. Son procès eft fur le bureau , mais il bajle mal pour lui, il y a apparence qu'il le perdra. Lambris qui voit des fîens bajler mal les affaires. Sar. Du Cange dérive ce mot de benè jlare. Baster, fignifîoit autrefois fuffire. Sufficere ,fatls ejfe. Et fe dit encore en cette phrafe proverbiale , Bajle pour cela , ou abfolument , Bafie ; pour dire , Pajfe j j'en fuis content. Ce mot neft venu en ufage qu'au temps de la Reine Catherine de Médicis , comme remarque Borel. Les Italiens difent bajlare dans ce lens. ^3" On ht baflir pour fulïire , dans une Ordon. de Fran- çois I. Août I s 3 6. Dix ou douze mille combattans fidèles doivent bajlïr à un luftifant chef de guerre. BASTERNE. f. f. Bajlerna. Efpèce de voiture dont les Dames Romaines fe fervoient autrefois. Saumaife , fur le Livre de TcrtuUien De Pallio , dit que la baf- terne avoir fuccédé à la htière , & qu'elle en différoit peuj que la litière étoit portée fur les épaules des ef- claves, au lieu que la bajlerne l'étoit par des bêtes. Ca- faubon, fur Lampridius danslavied'Elagabale, ch. 4^ dit que les bajlernes avoient fuccédé à la voiture qu'on appeloit carpentus j & qui étoit , après celle qu'on nommoit pilentum j la plus honorable des voitures dont les Dames Romaines ufoient; qu'elle étoit portée par des mulets , des bidets , ou des mules. Il foutient qu'elles étoient toutes femblables à nos litières;qu'en ef- fet les Glojfa légales donnent ^("-rfitiôc CAaV«pva pour fynonymes -, qu'enfin la defcription qu'en fait une vieille épigramme , qui fe trouve dans la coUedion de M. Pi- thou, le démontre. La voici. - Aurea Ma trônas claudis hltificvn^ pudicas Qu£ radians patulum gejlat utrumque latus. Hanc geminus portât duplici fub rohore bardo y Provehit & modicè pendulafepta gradu, Ifidore, Orig. Liv. XX 3 ch. 1 2 3 en fait la même defcription. Servius en parle auflî lur le 666^ vers du VIIl^ Livre de l'Enéide. Le P. Daniel , dans fon Hif- toire de France ^ T. I y p. // j dit que c'étoit une ef- pèce de charriot , & que cette, voiture étoit tirée par des bœufs pour aller plus doucement. Et certainement Grégoire de Tours , Liv. III de \'HiJl. de France j eh. 24, dit que Deuterie , femme de Théodebert I , Roi de Metz , voyant fa fille nubile, & craignant que le Roi n'en devînt amoureux & ne l'enlevât , la mit dans une bajlerne j & y fît atteler deux taureaux in- domptés , qui la précipitèrent du haut du pont de Ver- dun i mais après tout il ne paroît pas par cet endroit BAS 7^9 de Grégoire, que les bœufs fufTent l'attelage uidinairé de la bajlerne : on n'y mit des taureaux indomptés cette fois-là que pour précipiter la jeune Princefle; & l'Auteur de l'épigramme que j'ai rapportée, aulli bien qu'llldore , ne parlent que de mulets , de mules & de bidets, ou chevaux %a\iïo'is ,Bardones ^ mult ^manni : & dans les Glofes d'Ifîdore ëc ailleurs elle eft appelée Leclica mannalis ; car il faut lire mannalis j ik. non pas manualis : ce qui montre que les chevaux appelés manni en étoient l'attelage ordinaire. Au rcfte , c'eft peut-être le P. Mabillon qui atrompé les autres, après s'être trompé lui-même ; car dans les Acla SS. Bencd. ftc V. p. 430 , il prétend prouver par cet endroit de Grégoire de Tours , que les bœufs étoient l'attelage or- dinaire des charriotsdes Grands & des Princes. Quoi- qu'il en foit de ce fait, ce n'étoit pas celui de la laf- terne. Le dedans de cette voiture s'appeloit Cavea > c'eft-à dire , Cage^, Sic. Acla S. Claudd , c 2. Acla. Sancl. Febr. T. III. p. 62. Elle étoit garnie de couf- fins fort mous qu'on appeloit ZecZi,, les lits de la baf- terne. Les deux côtés étoient ornés de glaces , qui le faifoient d'une efpèce de pierre tranfparente , comme on l'apprend de Pline, Liv. XXXFI. ch. 22 , &c Ai Sénèque dans fon ép. 90, & dans fon Livre de la Pro- vidence. C'elt pour cela que le Poëre dent j'ai rap- porté l'épigramme, Icurdomiel'épithète de radians: Qui radians patulum gejlat utrumque latus. Ainfî ces ouvertures qu'on appeloity/^eca/^îrij, Juven. IV. 21. Martial, VII. 14, n'étoient point bouchées d'une étoffe tranfparente , comme l'a traduit l'Abbé de Villeloin à l'endroit de Juvcnal que je viens de citer. La mode des bajlernes palTa d'Italie dans les Gau- les , comme il paroit par l'endroit de Grégoire de Tours que j'ai cité, & par les circonftances du mariage de Clotilde avec Clovis. Gondebaud la fît partir dans une efpèce de charriot qu'on appeloit bajlerne jciçonée de quantité de François qui fe trouvèrent alors à la Cour de Bourgogne. P. Dan. Les mieux montés allèrent af- fez vite pour atteindre la bajlerne > qu'ils invertirent ; mais ils n'y trouvèrent plus Clotilde , & ils apprirent qu'elle étoit déjà en lieu d'afrur-mce. Ils ne laifTerent pas de fe faifîr de la bajlerne j 3cc. P. Dan. Papias dit que Bajlerna fe dit pour Fejlerna : le P. Rofweid croit qu'il faut lire vixjlernajôc qu'il a ap- pris ceci d'Ifîdore , qui dit Bajlerna , quaji vixjlerna. Le mot Bajlerna vient de/îa^w jOU/3aVxB,ye^orfej d'oii fe forme ê^^ow ,qui lignifie tout ce qUi eft propre à por- ter quelque chofc. Jurctfur Symmaque, Liv. FI. ép. I S- M. Du Cange dans fon GlolTaire , Saumaife uir Lampridius, ch. .^j delà vie d'Elagabale, Hijt. Aug. p. iSç & I po yleV. Rofweid, Jéf. dans les vies des Pères , pag. 1 0 1 s > 1 0 1 6 y où il remarque encore que dans les Jurifconfultes Grecs , Bajlerna eft pris pour tranfenna, & pour tecla , Acla Sancl. Feb. T. II 3 p. 77 S- Etienne Guichard prétend que ce mot vient de Xhthvcn yi,tfab , pris à rebours, ou lu de gauche à droite , au contraire des Hébreux qui lifent de droite à gauche. Je ne fais pourquoi nous appelons nos carrolfes en \zx.\n, currus y Si non pas bajlerna; ils n'ont aucun rapport à ce qu'on appeloit currus y Si refTemblent en- tièrement aux bajlernes y ou plutôt ce font de vraies bajlernes perfedlionnées. Vigénère dit que h pilentum 8c la baflerne font la même chofe , Annot. fur Tite- LivCyTom. I, p. i6jo. Basterne, eft aufîî un nom de peuple de la Thrace,cu de la Sarmatie d'Europe. Les Grecs les appellent Baf- ternes y Se les Lztins Bajlerna y de même qu'ils difent Alemanniy & les Grecs A'A:»',aa..o;. Foye^ Pline, Liv. LF. c. 12 & 14, Ovid. II. Trijl. v. i pj. Vopifcus dans Probus, & Saumaife, H'jl. Aug. p. 434- Denys le Géagr. Strabon , Liv. FIL Etienne de Byfance , Claudien fur le 4. Conf. d'Honorius, v. 4s 0 y ôc fur le premier de Stilicon, Liv. L. v. ps y & Cluvier, Germ. ant. Lib. III. ch. 4^. Val. Flaccus a dit, Liv. FI. V'Pi- Baternasj par licence poétique , ppur BaJ^ 75>o BAS ternas.V oytz M. Du Cange. M. de H.iilay dans fon Tacite, M, de Tillemont, & quelques autres de nos Auteurs , ccrivcnc Baftjrnes , imitant les.Grecs plutôt que les Latius ; mais M. de TiUemont au IV^ Tome de \'HlJL des Emp. p. 41 y revient aux Latins ,& écrit Bafternes ,&C au V'Tome Bajlarnes OU Bajlernes. tfr BASTHAIM. Foyei IUstan. CCF BASTI. f. m. En Archice-fUire , le dit de l'ailemblage des montans & traverfans qui rcnlx.'rment un ou plu- fieurs panneaux , en mcnuiferie , en Icrrureric. Encyc. fer BASTIA , en \3xmBaftia ou Dajhca. Ville d'Italie , dan'î l'île de Corfe , dont elle eft la capitale. CCr BASTIA. Petite ville de Turquie, en Europe, dans l'Epirc , î^ntrc les villes de Butrinto 6c de Perga. BASTIl>Er f, f. Vieux terme, qui fignifioit autrefois une maifan. Domus , villa. Il eft encore en uLigc en Pro- vence , & aux pays voilms. Tout le chemin qui con- duit d Aix a Maiieille eftplein de h^fiïdcs , ou de mai- fons de plaifancc. La Faille, daiis fes Annales de Tou- loufcy p. Soi dit que c'étoient des forts, 8c non pas fimplement des niaifons. Anciennement, dit il, les Sé- néchaux >?<: les Gouverneurs de Province avoient ac- coutumé de bltir des forts à la campagne , tC autour des villes, pour les tenir en fujétion.Ces forts sappeloient bajlides j ou bajldles. Elles font aulîi appelées Popu- laciones , du mot latin, Populano ^ ou Populatus , qui veut due tout le contraire de ce qu'on préten- doit lui faire fignifier. Comme les Sénéchaux & les Gouverneurs de ce temps là étcndoient fort leur pou- voir, ils donuoient aux habitans de ces nouveaux lieux de grands avantages, pour porter les lujets du Roi à s'y aller habituer. Mais aujourd hui on n'entend par ce mot que des maifons de campagne , ou comme dit Nol- tradamus , dans fon Hijîoire de Provence, de champê- tres métairies , dont ce territoire ( de Maiieille ) eft merveilleulcment populeux & fertile, n'étant réputé homme de bien , celui qui n'y polléde une canne de bâtiment, fur l'étendue d'un méchant arpent de vigne. Ce mot vient de bâtir ou de hafiilles. IfT BAS riDE-S.-AMAND. Ville de France , dans le Languedoc , au diocèLe de Caftres , ainii nommée à caulc de fon alliette , vis-à-vis de la ville de S.- Amand de Val Toret. ÇCr BASTIDE DE SERON. Petite ville de France, dans le gouvernement de Foix,furune éminence. BAS f ÎEN , Si BASTIENNE. Nom d'homme & de fem- me, diminutif de Sébajlien , ik de Sébaftiennc. Voyez SÉBASTIEN. BASTIER. /^ojKej BÂTiER. BASTILLE, f. f. Petit Château fortifié à l'antique avec pluheurs tours proche l'une de l'autre. Ce nom eft de- meuré à un château bâti de cette manière dans Paris , & qui fert maintenant à mettre des prilonniers. Flugues Aubriot , ou Ambryot , natif de Bourgogne , le fit bâtir par ordre de Charles V l'an 1569, ou, comme dit M. de la Mare, en 1371. Il ne fut achevé que lousle rè- gne de Charles VI en 1583. Bafirum , Cajlcllum. Ce mot fignifioit originairement des redoutes qu'on lailoit devant les places alîiégées. Les Anglois, qui n'avoient pas alFez. de monde pour occuper un fi grand terrain (au fiége d'Orléans en 1428 fous Charles VII,) ne for- mèrent point autrement le (lége , qu'en élevant de dif- tance en diftance un grand nombi^ de haJîilUs bien terrairees & bien palilladées. P. Dan. T. II. p. r 04c. On alloit infulter les Anglois jufque dans leurs hafldles. ÏD. p. /ojo. Dans Froilfard il fignifie fimplement un fort , ou un château. Ce mot vient de bâcir. MÉn AG. D'autres le dérivent .de bail/la & baftilla j parce qu'on tiroit les grolfes ar- balètes de ces redoutes. CemotvientdeÊas-oî, un bâton à porter des fndcaux,ou de^a'v,/^ac«///J. Port-R. Borel dérive les mots de baflion & h.iflille j, de bailles, qui fignifioit 3.vmzÇah para pet ; ou du latin /'ajlia , ef- pcce de tours qui fervoicnt pour la défenfe. Du Cange le dérive de haflia , haflita , bajlile , d'où l'on a fait baftilU, baflie. Se haftide , félon les lieux; ce qui fe difoit autrefois de tout ce qui étoit remparé de foflfés, df '.ois, de terre , &: de toutes fortes d'autres défenfes. On dit pioverbialenient d'un homme qui ne bouge BAS dcfii place, quand on lui commande quelque chofe, qu'il branle comme la haflille. On le dii aulll des au- tres choies qui lont termes & inébranlables. On dit aulll Je celui qui fait quelque chofe contre le Roi, ou l'Etat, que cela lent la bajtdle : il y va de la baflilley pour dire, qu'on le mettra prilonnier à l^haf- ti'lle, BASTILLE , EE. adj. Vé fe prononce fortement. Terme de Blâ(on, qui lignifie, garni détours, ou forcerefles. Turriculis fafli/jiatus. On dit aulli hajîillé aux cré- neaux rcnverjes , d'un chef, dune falce, d'une bande dont les créneaux lont du côté d'en bas & regardent la pointe de l'Ecu. Pinnis deorfum fpeciantibus ,verjis infiruclus. |CJ- BASTILLON. f. m. Vieux diminutif de baftion. Ch. Est. DiCT. Ip- BASTIMENT. Voye:{ Bâtiment. C'3" BASTINGAGE. Cm. Terme de Marine. C'eft,dit le Manœuvrier, un retranchement fait avec des filets & des cordes dans le pourtour d'un vailleau, & qu'on remplit de matelas & des hardes de l'équipage. On l'établit au-dellus dclalcconde batterie, (;>^ le long des palle-avants. Ce retranchement préferve les luliUiers cn; les manœuvriers des coups de canon de f ulil &. de mitraille. On baftingue aulli le gaillard d'arrière & les Hunes. %fT^ BASTINGUE. f. f On appelle ainfi fur les vaif- fcaux les toiles matelaftées qu'on tend le long du plat- bord des vailîeaux pendant le combat , afin de cou- vrir les loldats & les matelots, & de les mettre à cou- vert de la moulqueterie. ^fj" On dit aulli Pavesade. Ce? BASTINGUER. {fe ) v. récip. Terme de Marine , qui exprime l'action de tendre des baftingues. Cn dit qu'un vailfeau le bafiinguc , lorlqu il le prépaie au combat , cn laifant un pareil retranchement. rcr BASTINGUE, EE. part. BASTION. 1. m. Ouvrage de fortification, grolTe maffe de terre qui eft louvent revêtue de brique , & quel- quelois de pierre, qui s'avance en dehors delà place, pour la fortifier à la moderne. Saxeus , vel tcrreus ag- gerin aciem prominens , propugnaculum. Il tft ccm- polé de deux faces, ou pans de muraille, qui font un angle (aillant \ & de deux flancs qui l'attachent aus courtines, avec une gorge paroùl'c)n y cr.tie. L'union des deux faces fait l'angle laillant , que l'on appelle fimplement l'angle du haflion. L'unii)n des deux faces aux deux flancs tait les angles des côtés, qu'on appelle autrement épaules ; & l'union de l'autre extrémité des flancs avec les courtines forme les angles des flancs. Ce met peut venir de bâton. PoRT-R. ^oj. Bàtir. Etrangler les bajfions. Voyez Etrangler. Atta- quer , défendre , relever un baflion. On dit pendant un liége , attacher un Mineur au hafiion. Sapper , miner un bafiion. Se loger fur le baflion, |C? Il y a plulîcurs efpcces de hajlions. ^fs" Le bajlion creux , ou vide eft celui qui n'eft qu'une limple enceinte d'un rempart ou d une muraille avec leurs parapets. Le rempart eft mené parallèlement aux flancs & aux faces , de manière qu'il refte un vide dans le milieu. fer Le hafiion plein , ou folide , eft celui qui eft tout rempli de terre , fur lequel on peut combattre & fe retrancher. \fT VtASTioa Jlmple 3 eft celui dont les flancs font en li- gne droite. Bastion compofé , c'eft celui dans lequel les deux côtés du polygone intérieur lont forr inégaux , ce qui fait anflî des gorges inégales. Bastion coupé , eft celui qui a un angle rentrant à la pointe , fait en tenaille , lorlque lans ce remède il au- roit été trop aigu. On appelle aulli un baflion coupé , celui qui eftre- trr.nché de la place par quelque folfé : quelques Ingé- nieurs ayant enieigné la façon de fortifier par des piè- ces détachées, cn ce cas on \i:9,z^\)c\\ç Bave lins. Bastion double , (e dit loif u il y en a deux ou trois l'un fur l'autre , tels que ceux qui lont bâtis lur des colli- nes , comme à Befançon , Namur. BAT Bastion Irrégulier 3 ou difforme , comme parle M. Har- ris , cil: celui qui n'a point une de les demi-gorges , parce qu'un de fes Hancs eft trop court. Bastion régulier, efl: celui dont les faces, les flancs & les gorges , ont la proportion requiie. Bastion à orillon. C'cft une elpèce de hajlion dont les flancs font un centre, la concavité en dedans. Orillon efl: un diminutif d'oreille, & ce baftion efl: appelé baf- tion à orillon • parce que de la façon dont les flancs s'uniflent à la courtine, cela repréfente à-peu-prcs la figure d'une oreille. BASTiON/7/t7f , efl: un hajlion po{é au milieu d'une cour- tine, quand elle eft trop longue pour être défendue parles bajlions qui font àlonextrémité; au lieu qu'on les met ordinairement furies angles de la place, quand elle eft: régulière. M. Harris le définit un hajlion conf- tiuit (ur une ligne dtoite. Demi-Bastion , eft une pièce de fortification qui n'a qu'une face Sk un flanc. Pour fortifier un angle trop aigu d'une place, on en coupe la pointe, &ony met deux demi-bajlions qui font une tenaille , ou un angle rentrant. Leur plus grand ulage c'eft d'être à la tête des ouvrages à corne ou à couronne. 0Cr En termes de Médecine, le mot de baftion s'appli- que par analogie , à une partie du corps qui fert comme de rempart , de défenfe à une autre. Tel eft le thorax par rapport au cœur & aux poumons. On appelle le baftion de France , une petite place qui eft lur la côte de Barbarie entre Tunis & Alger , quoique ce ne loit qu'une tour & un donjon où les Marchands entretiennent une garnifon de 50 hommes pour favoriler la pêche du corail , qu'ils font à huit milles de-là. On donne des noms aux baftions pour la conunodité du fervice. Baftion du Roi, baftion de la Reine, &c. BASTIONNÉ,ÉE.adj. Tout baftionne'e .-ced une forte de fortification qui tient de la tour Se du baftion , in- ventée & mife en ufage par M. de Vauban. On dit que la tour baftionnée vaut mieux que le baftion or- dinaire. BASTIR. Foyei Bâtir. EASTISSE. Foyei Bâtisse. BASTISSEUR. roye:^ Bâtisseur. ifr BASTOGNE. Petite ville des Pays-Bas, au Comté de Chiny , à huit lieues de Luxembourg. #3° BASTÔN. Ville d'Angleterre. Foyei Boston. BASTON. Foyei Bâton. BASTONNABLE. adj. Mot burlefquc, pour dire , qui mérite des coups de bâton. Dignus fuftibus. Le Hé- ros de fon Roman eft tûs-baftonnahle. Scar. BASTONNADE, f. f. Aéliion par laquelle on donne des coups de bâton. Fujlis icius j fuftuarium. Les latyri- ques médifans font lujets aux baftonnades. BASTONNÉE. f. f. ^OJ'e^BÂTONNÉE. BASTONNER. F^oye^ Bâtonner. BASTONNET. Foye:^ Bâtonnet. BASTONNIER. Voyei Bâtonnier. BAbTUDE. f. f. Terme de Marine. Le s fe prononce. C'eft une efpèce de filet , duquel on fe fert pour pê- cher dans les étangs falés , dont il eft fait mention dans l'Ordonnance. Ç:F BAS- VENTRE. Terme d'Anatomie. Foye^ Abdo- men , terme fvnonyme. fCr^BASVILLÉ. Baffivdla. Ville de TAmérique , dans 1 Ile de la Martinique , proche du Fort Royal , bâtie pendant que M. le Bas étoit Gouverneur de l'île. BAT. I^CTBAT, ou BATH. Efpèce d'interjedtion dont nous ncuslervons dans la converfation pour faire connoltre que ce qu'on nous dit , eft une lottile , n'eft point de nette goût. Bat.... c'eft-à-dire , vous vous trompez , vc us ne favez ce que vous dites, BAT. f. m. Queue du poiflon. Vieux mot qui n'eft plus en l'fage qu'en lacuifme du ^oi, en cette phrafeton meuue les poilfons félon la quantité des pouces qu ils ont entre œil & bat ; c'eft-à-dire, l'œil & la queue, Cuuda, 1 BAT 791 Bat. Petite moniioie d'atgent qui a cours dans pluficurs villes d'Allemagne , particulièrement a Nuremberg. Le ^flf vaut quatre crutzers, à railbn de cuatre deniers, ou huit fenins le crutzer. 11 y a aufli des' bats en Suilfe, qui (ont des monnoies debillon, c'cft-à-dire, d'argent & de cuivre. Bat. Foye^ Bath. BAT , en prononçant Va long & ouvert, f. m. Selle grolîîère qu'on met fur le dos des bêtes de fomme. CinelU. C'eft une manière de harnois qui eft compolc d'un bois , qu'on appelle /ar, d'un panneau & de deux crochets. Le bât d'un âne ; un cheval de bât. Jumen- tum ciuellarium. fC? Si vous voulez une définition re- cherchée, voici ceUe des Vocabuhftes. Selle grojfùrs- qui fert aux ânes , aux mulets , 6" autres bêtes dz Jornme. Ce mot vient du latin baftum , fignifiant la même choie, qui eft dérivé du grec iSaxTp., , fignifiant un bâ- ton avec lequel on porte des fardeaux. MÉn. & Du Cange^ que le Port-Royal a copié dans fes Racines Grecques. Nicot le dérive du grec faya^u, c'cH-Si- àne.,bajulo , je porte. D'autres le dérivent par mé- tathèfe de 1 hébreu ni£, qui fignifie, tumidum^ came- ratum. Etienne Guichard du même mot hébreu 31i , tfab 3 dans le fens de couverture d'un char, ou d'ure litière, d'où il prétend que fe fait bât j parce que c'eft la. couverture d'une bete de iovamt ^ftramentum y ftratorium. Mais il y a plus d'apparence qu'il vienr du vieux mot celtique 3(7// , qu'on dit encore en balFc- Bretagne dans la même lignification. Dans les lois Pa- latines de Jacques I Roi de Majorque, au titre Z)^/^/- liis, on trouve le mox. bât. Cum animalis ftve de fellâ ^ ftve de baft fuerit. Sur quoi le P. Papebrcck , Acîa SS. Jun. T. III , p. LXXXII , dit que ce mot bât , A'ient de l'Allemand baft j qui fignifie une corde, par- ce que le bât s'attache avec des cordes , & non pas avec des courroies, comme la felle. Dans les J3a Sancl. Bened.fttc. III. P. 1 3 p. yS / ^on trouve baft a , qui fe dit du harnois d'un âne, &que le P. Mabillon prend pour les paniers ou mannequins qui fe mettent fur le baft 3 & qui s'appellent, dit-il, dans ce pays-là, c'eft- à-dire , proche de Sarlat , baft es. On paroit en effet dif- tinguer cela du bât ^ car il y a Stravit Afinum , d" , ut ruftice loquar , fuper impofuit baftas -, in quarum unay &c. Ce nom vient de ce qu'ils s'attachoient au bât. On dit proverbialement d'un homme qui eft tfOf> vêtu , qu'il eft rem.bourré comme le bât d'un mulet. On dit de celui qui a quelque affaire domeftique fà- cheufe, & qu'il cache, qu'on ne fait pas où le bât le blefle. On dit aufli d'un homme fort ftupide, que c'eft un cheval de bât. On dit encore d'une chofc qui peut fervir à plufieurs ufages & à plufieurs perfonnes , que c'eft un bât à tous ânes. On dit qu'il n'importe de quoi le bât foit rembourré, pourvu qu'il ne bleflTe point la bête ; pour dire , qu'il n'importe ce que l'on mange , pourvu qu'on n'en loit point incommodé. fT3° BATA. Province d'Afrique, au royaume de Congo , dans la bafle Ethiopie. La ville principale a aufli le nom de Bâta. BATADOUR. f. m. Terme du jeu de revertier, qui fe dit des ff3' dames qui font lurcale, fur la même flè- che où il yen a déjà d'accouplées. On les appelle ainfi, parce qu'avec elles on bat les dames découvertes, fans le découvrir loi-même. BAT AGE. f. m. Droit que lèvent quelques Seigneurs lur les chevaux de bât. FeUigal jumentorum clitella- riorum. Ce droit fe prend pour tous les chevaux bâ- tés , chaigés , ou non chargés, pour raifon du hât, ou- tre le péage , pour railon de la marchandile. M. De Lavkieke, fur Ragueau. BAT AIL. 1. m. Efpèce de marteau fait en forme de maf- fue , ou morceau de fer long Se rond , & beaucoup plus gros par le bout d'en-bas , que par le bout d'en- haut, qui pend au milieu de la cloche étant attaché à la belière, & qui frappant à droite & à gauche lur les bords la fait fonner. Il eft vieux. Clava tudicula. Le poids du batail doit être proportionné au poids de la cloche. L'art de le fondre & de le proportionner eft 75>z BAT écrit au fixicme Livre de la Pyrotechnie de Biringuc- cio. On dit plus fouvent battant. Voyez ce mot. Du Gange dérive ce mot de batallunij qu'on a dit dans la balle latinité pour lignifier un butai/, ou bat- tant de cloche Voyez Battant. BATAILLÉ, ÉE. adj. Il feditdans leBlâlbn, en pariant d une cloche dont le batail eft d'un autre métal que la cloche n'eft. Clavatus , tudiculâ inftruclus. D'azur à une cloche d'argent ^f'^r^z/Z/et; de fable. De Bellegarde porte d'azur à une cloche batailUe de fable. On dit quel- quel ois batelée. 'tfj' BATAILLE, f. f. Action générale , ordinairement précédée de quelque préparation , entre deux armées. Pr£[ium. Run^et , mcme en bataille. In aciem produ- cere icducere ; aciem injîiuere. Donner, livrer 3 JMi//f. Praiium committcre , conferen j date , mij'ccre. §3" Les Vocabuliftes, d'après l'Académie , difent que la bataille eft un combat général de deux armées enne- mies. Ce dernier mot e(t inutile ; le refte n'eft pasexad. Combat ne.^ pas un terme générique. Le mot d' action eft le genre dont bataille & combat font les efpèccs. Ce- lui de bataille j comme nous l'avons dit avec M. l'Abbé Girard, eft une adion plus générale , & ordinairmcnt précédée de quelque préparation: celui de combat ex- prime une adion plus particulière , & fouvent impré- vue. Ainfi les adionsquife font palfées à Cannes entre les Carthaginois Se les Romains , à Fharfale entre Cé- far & Pompée , font des batailles. Mais Vaciion où les Horaces & les Curiaces décidèrent du fort de Rome & d'Albe, celle du palfagc du Rhin , la défaite d'un con- voi ou d'un parti , font des combats, tfT On remarquera encore que le mot de ^£zrai//e a rap- port aux difpofitions , & celui de combat à l'adion même de fe battre. Ainfi l'on dit l'ordre de bataille , 8c chaleur du combat. Enfin le mot de bataille a des grâces particulières, lorfqu'il n'eft queftion que de dé- nommer l'adion. C'eft pourquoi l'on ne parleroit pas mal en difant qu'à la bataille de Fleurus le combat fiât fort chaud. §3* Une autre différence entre bataille & combat , c'eft que ce dernier fe prend fouvent dans un fens figuré ; bataille & aciion jamais. ^CF Bataille navale. C'eft le choc de deux flottes, de deux armées de mer rangées en diverles efcadres. Na- vale prdium. Voyez Combat naval. I^Cr Corps de bataille , qu'on appeloit autrefois fimple- la bataille j eft cette partie de l'armée qui eft entre les deux ailes. Acies. Bataille, fe dit aulTï d'une armée prête à combattre , de troupes rangées en état de combat , & toutes dif pofées à donner & à recevoir le choc. Acies ad pu- gnam injlrucla , comparata. La bataille étant trop étendue, ilsnepouvoient donner ordre atout, ni voir ce qui manquoit en chaque lieu. Il niarchoit en ba- taille avec le bagage au milieu. Ablanc. U marchoit en bataille fur quatte fronts. Id. Il donna beaucoup de hauteur à fa bataille. Id. Le Champ de bataille, eft le terrain où l'on combat-, & l'on dit que le champ de bataille eft demeuré à un parti , quand il a obhge l'ennemi à s'en retiter. Locus pralii j pugna. On le dit auffi figurément dans une difpute , quand on a eu avantage fur fon adverfaire , & qu'on l'a réduit à céder, ou à acquiefcer. Maréchal de Bataille, étoit autrefois un grand Of- ficier qui avoir foin de ranger l'armée en bataille ; mais dont la charge eft maintenant exercée parles Ma- réchaux de camp. Caflrorum pr&feclus. Marcher en bataille , c'eft marcher en bataillons & efcadrons , dans le même ordre que fi on avoir à don- ner bataille, quand le terrain le permet: ce qu'on fait toujours quand on eft près des ennemis. Procedere in acie. Cheval de bataille, eft un cheval fort & adroit , que les Officiers réfervent pour les occafionsoù il faut combattre. Equus fellator , ou bellicus. On dit figurément de celui qui aune bonne raifon, un argument bien prclTanr en quelque difpute , que c'eft fon cheval de bataille. Qu'il faut qu'une perfonne livre des batailles , quand elle rencontre des difficul- BAT tés pour obtenir d'an fupéiieur ce qu'elle lui demande. Ainfi le mot de bataille au figuré , fe prend pour rou- tes fortes de combats & d'aifauts , ou d'entreprifes en général : & en particulier pour les combats hc les af- fauts que la beauté des femmes hvre au cœur des hom- mes. Ses charmes ont livré à mon caur une hcrnble bataille. Des marais. ^fj Malgré l'autorité de l'Auteur qu'on vient de citer, on peut éviter j même dans le comique, d'employer le mot de bataille au figuré dans les iortes d'occafions. Les batailles le donnent leulement entre des armées d'hom- mes. Les combats le donnent entre les hommes , & fc font entre toutes les autres choies qui cherchent à fe détruire ou à le furmonter. On dit proverbialement, voilà ce que j'ai fauve de la bataille ■ pçur dire, ce qui m'eftrefté de mes per- tes, de mes procès, des conteftations que j'ai elluyées. On le dit auffi de ceux qui peuvent retirer & arracher quelque choie des mains des perfoikes qui fe battent. Ce mot vient de battualia, qui fignifie propremerx le lieu où deux hommes s'exerçoient au combat; ou de batalia , qui fignifie l'exercice ou l'apprentiflage des gens de guerre ; de-là on a auffi dérivé le mor de battere j dont on a fait battre. Mena. On trouve auffi batallum dans la balfe latinité , pour duellum. Mawl- LON, Annal. Bened. L. XLF", p. 4.7 S. {CF Bataille ( en Jurifprudence ) i'eft dit dans le même fens que combat , lorfque les duels étoient autorifés en juftice. f^oycT Combat & Duel. ^hT Bataille, fe dit encore d'une cfpèce de jeu de car- tes. Les enfans jouent à la bataille. |*:T On fe fett de ce mot au figuré , pour fignifier lesre- préfenrations des batailles en Peinture. Les batailles d'Alexandre par le Brun font mifes au nombre des mor- ceaux de peinture les plus achevés qui foienten deçà des Alpes. On appelle Peintre de batailles , celui qui s'adonne particulièrement à ces fortes de fujets. ÇCT Batailles, f. f. pi. C'eft le nom qu'on donne dans les forges à la galerie qui règne autour de la charge & du haut de la cheminée. 0Cr BATAILLER. Vieux v. n. qui dans le fens propre fi- gnifioit autrefois donner bataille. Aujourd'hui on le prend dans un fens figuré , en ftyle de converfation , pour dire, contefter beaucoup , le donner beaucoup de mouvemenr. Certare, contendere. \\ m'a bien fallu ba.tailler pour obtenir ce que je demandois. Aurrefois onl'employoit adivcment. Un vieux Hif- torien a dit que les Flamands avoicnt bataillé nnc'i.^i- fe; pour dire , qu'ils l'avoient attaquée. On a dit dans la balle latinité batalare, pour dire , manier les armes : & batalia j pour dire , un combat. BATAILLEUR, f. m. Vieux mot. Qui aime les bataillcs- Pugnator. Alphonfel , Roi d'Arragon , mérita parfes vidoires le furnom de Batailleur , ou de Guerrier. P. HÉLYOT, T. FUI, p. 27 3 ,C.3é. BATAILLIER. adj. Vieux mot. Vaillant, bon foldat.Oa a dit auflî Bataillereux Se batailleureufement , peur dire , vaillamment. ^fT Bataillier. Rivière de France. Elle arrofe la Pro- vence : elle a fa fource dans le bois de Laverne , Se le décharge dans la mer à la côte Ncgre. BATAILLIÈRE. f. f. On nomme Bataillière, une petite corde qui fait jouer le traquer d'un mouhn. BATAILLON, f. m. Petit corps d'Infanterie rangé en ba- taille i certain nombre de fantaffins , ou de gens de pied, rangés en ordre & prêts à combattre. Agmen. Cette ar- mée eftcompofée de tant de bataillons & d'efcadrons. Un /^i7fûi//o/2eftcompofé de 600, 700, eu 800 hom- mes. Chaque bataillon a cinq ou fix hommes de hau- teur. Bataillon carré. Agmen quadratum. Bataillon drefle en triangle, ou en pointe , ou en forme de coin. Cuncus. Bataillon épais. Bataillon (eue. Phalanx. Former un bataillon. Serrer un bataillon. Étendre un bataillon. Enfoncer , ouvrir , percer , rompre , renvcr- fer un bataillon. Rompre un bataillon ; c'eft auffi, en termes d'Evo- lution, remettre un bataillon par Compagnies, pour le faire défiler. ifT Bataillon carré, eft celui dont les foldats font ar- rangés BAT ranges de manière que les rangs font égaux aux files , enforte que les quatre côtés qui le terminent , conti- nuent le même nombre d'hommes. Encyc. |tC? Il cft à centre plein , lorlque les hommes font pla- cés tout de fuite , ne lalifant que l'intervalle ordinaire des rangs & des files ; & à centre vide , lorlqu'il y a dans fon centre un efpace vide de foldats. ^3" Le bataillon rond , ce que les Romains appeloient inorèemjcd celui dont les foldats font rangés circu- lairement, en formant plufieurs circonférences concen- triques. I^CT Le bataillon triangulaire, eft celui dont les rangs augmentant également forment une progreffion arith- métique. fC? BATALE. Nom d'un joueur de flûte, qui fe fen'it le premier d'une chaullure de femme fut le théâtre. Il exerçoit fon art d'une manière propre à infpirer la moUefle & la diffolution. De-là vient que les anciens appeloient Batales les hommes mous 6c efféminés. Les ennemis de Démofthène lui donnèrent ce nom. Voye^ LiBANius &Hesichius. ^3" BAT AN. Ville ou bourgade d'Afie , dans la Méfo- potamie. Elle eft des dépendances de celle d'Arran , qui eft l'ancienne Carrac , d'où le patriarche Abraham fortit pour venir dans la Paleftine. BATA NÉE. f. f. Batanaa. Petite région lîtuée vers les fources du Jourdain dans la Paleftine. Elle étoit voi- fme de la Trachonitide. Elle avoit à l'occident la Ga- malitide , la Gaulanitide au midi , la Trachonitide au nord. Elle avoit titre de Toparchic. Elle fit partie du Royaume d'Hérode 1,4 qui elle fut donnée 20 ans avant la nailfance de J. C. Après la mort d'Hérode , & dans le partage de fes Etats , Augulfe la donna à Phihppe le Térrarque , l'an i" de J. C. Elle pafta enfuite à Agrippa II , & fut une province de Ion Royaume. Voye'^ JosHPHE , Antïq. Jud. L. XVII , C. 2 ,de bello Jud. L. I, C.20. L. Il , C. 12. L. III, C. 3 , BATANOMES. f f. pi. Toiles qui fe vendent au Caire. B.lTARD, ARDE, adj. m. & f. Dans le genre , c'eft un enfant qui n'eft pas provenu d'un légitime ma- riage: dans l'efpèce, en ce qu'il diftere de l'adultérin &derinceftueux, c'eft celui qui eft né delà conjonc- tion illicite de deux perfonnes hbres. JSlothus filius. ^fT Les bâtards adultérins font ceux dont le père & la mère , où tous les deux enfemble étoient engagés dans le mariage , ainfi que les cnfans des prêtres & des reli- gicufes. 1^ Les BÂTARDS incejlheux font ceux dont le pere& la mère étoient parcns à un degré auquel le mariage eft prohibé par les Canons. Les bâtards des Rois lorfqu'ils font reconnus, font Princes 5 ceux des Princes & des Grands Seigneurs font Gentilshommes : & ceux des fim- ples Gentilshommes ne (ont que roturiers , & payent la taille. Les bâtards font quelquefois légitimés. Les BÂTARDS non légitimés ne luccèdent point, & on ne leur fuccède point , excepté leurs propres enfans fortis d'un mariage légitime. Autrement leur fucceffion appartient au Roi. Par la Coutume d'Auvergne & de S. Omer, les bâtards fuccèdent. Parle Droir Romain, la mère fuccédoit à ion fils bâtard , & le ^\s bâtard 3i fa mcre. Cependant il y avoit une grande différence entre les enfans naturels & les bâtards , qu'on appeloit fpurios. La Loi ne reconnoilfoit point les derniers , & leur refufoit même les alimens , comme étant fortis d'une proftitution vague & incertaine : Is non habet patron _, cui pater ejl populus. Pour les autres qui étoient nés d'une concubine . & d'un commerce qui imitoit le mariage , ils fuccedoient à leur mère , & • avoient droit de demander les alimens à leur "père na- turel. On les rcgardoit comme des créanciers domef- tiques , qu'il faut traiter d'autant plus favorablement , qu'ils font les fruits innocens du ciime de leur père ; & que c'eft alfez qu'ils portent fur le front les marques du vice , dont ils font la produétion , fans qu'on leur refufe encore les fecours de l'humanité. Solon vouloir que les pères fuifent privés de l'auto- rité paternelle fur les Adrarc'jj parce que n'étant deve- nus pères que par volupté , le plaifir devoir être leur Tome I. BAT 79J unique rccompenfc. Ariftophane fait mention de cette Loi de Solon dans la Com.édie intitulée des oifeaux. Démofthène en parle aulîi dans fon OraifonpourMa- cartatus, & après lui Harpocration & Pollux: Suidas ajoute que le père ne pouvoir laillér à fon bâtard plus de cinq mines , qui , lelon la luppiuaticn de Budée , font cinquante écus. Anciennement à Rome les enfans naturels étoient entièrement exclus delà fucceffion de leur père ab intejlat. M.ais ils pouvoicnt être inftitués héritiers univerlels. Les Empereurs Arcadrus & Hono- rius y apportèrent cette reftriélion : c'eft que s'il y avoit des entans légitimes , les bâtards ne pouvoient être inftitués que pour un douzième , qu'ils partageoienc avec leur mère. Juftinien ordonna depuis qu'ils pour- roient être inftitués pour la moitié , & fuccéder ab intejlat pour un llxième, quand il y avoit des enfans légitimes, iVove//e quatre-vingt. Les ^izMrû'j peuvent être légitimés par le mariage lubféquent, ou par les lettres du Prince. C'eft le Roileul en France qui peut leur donner le droit de légitimation , & les rendre ca- pables de luccéder. L'Empereur Analtafe avoit permis aux pères de légitimer leurs bâtards par la leule adop- tion. Juftin & JuftinienjiVove//c; /^j abohrent cette lé- gitimation , pour ne pas autorifer le concubinage par cette indulgence & cette facilité. Le Pape a quelque- fois légitimé des bâtards. Philippe Augufte , craignant que l'état des deux enfans qu'il avoit eus d'Agnes de Méranie, ne fût contefté , s'adrella à Innocent III, pour les faire légitimer, ce que le Pape lui accorda par une Bulle du deuxième Novembre 1201. Les BÂTARDS non légitimés , peuvent diipoler de leurs biens par donation entre vifs, ou par reftament. Mais leurs païens ne leur luccèdenr poinr, & ils ne fuc- cèdent point à leurs parens ab intejlat. Les bâtards légitimes par mariage fubféquent , lont de m.ême con- dition , & entrent dans les mêmes droits que ceux qui fonr nés pendant le mariage. Mais pour ceux qui lont légitimés par lettres du Roi, ils ne lont réputés légi- times, & habiles à fuccéder, qu'à l'égard de ceux de leurs parens qui ont confenri à leur légitimation. Le PapeClémcnt VII, parfa Bulle de l'an 1535, défend qu'un Prêrre puiife réhgner Ion Bénéfice à ion bâtard. On ne connoiffoit point de bâtards en Egypte i& les entans qu'un homme avoit d'un elclave , étoient ré- putés légitimes, de même que ceux qui étoient nés de quelqu'une de fes femmes. Diodore de Sicile, lib, I. Les armes des bâtards doivent être rraverfées d'une barre , filet ou traverfe de la gauche a la droite. Du Tiller en fes Mémoires ^jj. 322 3 ait que les bâtards ne portoient point autrefois les armes de celui qui étoit crû leur percjils s'en forgeoienr à leur mode, & cela s'obfervoit même parmi les bâtards des Rois. RocHEF. Je ne trouve point cela dans les Mémoires de du Tillet. L'édition que j'ai de Rouen 1578 , n'a pas même 300 pages. A la page 184 il dit, la Maifon de France rejetant les bâtards j ne leur endure fon ar- moirie tant fut-elle barée. Cependant à la page 165, il dit que Charles VII permit à Madcmoifelle de Valois fa fille naturelle & à fes fuccelfeurs , de porter les ar- mes de France, à la différence de la bande que les eu- fans naturels ont accoutumé de porter. Les bâtards ne peuvent être admis aux Bénéfices fim- plcs, ik aux moindres Ordres, fa,ns difpcnfc de l'Evê- quE ; ou du Pape , pour les Ordres lacrés & pour les bé- néfices qui ne font pas finiples ; ni aux charges fans let- tres du Prince. Ils prennent des Lettres de légitimation quoad honores. Ménage & de Hauteferre , de Ducib. & Ccmit. Prav. C. ç. dérive ce mor de l'allemand bajlard, qui fignifie la même choie, qui eftcompofé de toes Si de hardj qui fignifient , mauvaife naijfance. Mais il eft certain que c'eft un vieux mot celtique , qu'on dit encore en baffe-Bretagne fans aucune altération. Le P. Pezron croit que c'eft unmoicekïque Bas-tard ., com- me: fi l'on difoit d'une origine baffe &t méprifable. Du Cange, après Boxhornius , dit auffi que c'eft un vieux mot françois 8c breton , & qu'on appeloit un fils illé- gitime , bâtard j du mot compofé de bas &c de tardai , qui fignifioit germer Scfortir: d'où vient que quelques Hhhhh 794 ,BAT Auteuis les ont appelés fils de bas j comme qui diroit, fortis de femmes publiques 6- de bajj'e condition. Sc- ion Poit-Koyal ce mot vient de /s^/^'-t'' , une proftituée, une perdue. Le Caidmal Gabriel Poléota a fait un lavant Livre touchant les bâtards ^ de ùbens Spurus ac Nothis, que i'onius Hcutcrus a compilé dans Ion traité lur le même lujet, intitule , Itaciatus de libéra homims na- tivitate ^ feu iibcrisnatundibus :,dans lequel lia pré tendu lamaller tout ce que les Jurilconlukcs on dit avant lui lut ce Tujct, mais qu'il établit lur des prin- cipes bien mauvais & bien contiaues a l'Evangile , à la railon, & au lentiment de tous les Doàtcuis. BÂTARD. Ce mot le dit d une efpècc de ladion, ou de bande de brigiands qui s'éleva en Guyenne vers le commencement du XIV lîècle fous Charles le Bel. Ceuames croupes de Gafconj, que nos Annales nom Kitnx. Bâtards i je ne fais pourquoi , le mirent à cou- rir cette Province, & mêlant avec eux des compagnies angloiles , allèrent brûler la ville de Saintes. Mezer. Ces Bâtards a mon avis , dévoient être ceux des Sei gncurs de Guyenne-, car j'ai remarqué que les Bâtards depuis qu'en les eut exclus de la lucceilion de leurs pères, afin de maintenir l'état de leur naiilance, aulli bien que les légitimes, le failoient chefs de routiers, bugand-., ik troupes de pillards, 6c s'entretenoient de Vols Hc de ravages. Id. BÂTARD, fe dit en termes de Médecine, pour fignifier qui n'cft pas vrai. Cclt une pleurélie bâtarde , c'eft à duc , taulle plcuielie. BÂTARD, le dit encore en termes de Jardinier, pour (i^nAeï fauvage , qui n eft pas franc , qui n'ell pas cul- tivé. Aduiterïnus. Arbres bâtards. Plantes bâtardes. SdveJIris planta. fC On appelle encore bâtard tout ce qui n'eft pas patfait dans Ion efpèce , comme quand on dit de la reinette bâtarde ; pour dire , que c'cftune mauvaile efpèce. BÂTARD , en termes de Fauconnerie , le du de l'oileau qui tient de deux efpèces, comme de lacre 6c de lanier BÀtar d , le dit aulli de ce qui n'a point de nom certain , qui participe de deux natures différentes. Bâtard de dogue, chien né d un dogue d'Angleterre, Se d'une chienne d un autre pays. Lévrier bâtard^ chien ne d'un lévrier & dune chienne d'une autre elpèce. Une pièce de canon bâtarde , de moyenne grandeur. Une porte bâtarde , eft une moyenne porte entre la porte cochère $c la bourgeoife. Une écriture ^i^r^z/ï/f^ eft celle qui eft moyenne entre la françoilc & l'ita- lienne. BÂTARD , en termes de Marine , eft le nom d'une corde qui alFemble les racages , & qui les amarre fur le mât proche la vergue. Il y a aulli une efpèce de Galère qu'on appelle Ga- lère bâtarde. BÂTARDE, eft la plus grande des voiles d'une Galère, qui fe porte quand il y a peu de vcnc. Area. Bâtard , en Muiique, fe dit de deux modes de la Mufi- que : l'uneftl'Hypcr-Eolieni ilafa finale en B , fa lî , &: conféqucmment la 5^, au dclfus faulle, ou diminuée diatoniquement; & par cette railon rejeté du nombre des modes authentiques. L'autre eft l'Hypcr-Phvygicni il a la finale en F ut Ja^ & la 4^ au-deilus fuperHue , & pour cela rejeté du nombre des modes plagaux. Brossart. On appelle dans le métier de Boulanger, particuliè- rement paimi les Boulangers qui font le bilcuit de mer, de la pâte éafar^ej celle qui n'eft ni trop molle ni trop forte. Il y a une laine bâtarde de vigogne , qu'on appelle encore laine Carmeline. C'eft la fccondc efpèce de laine, de celles «.lui le coupent de dclfus la peau du vigogne. Il le dit autlî des laines communes du Levant. Chez les Manulaélmiers de draperies, oji le fertdc l'adjeôtif féminin bâtarde , pour lignifier une faulle largeur d'étoffe, une largeur extraordinaire, qui n'a nulle conformité aux Kèglcmens. §3" Bâtards, en Raffinerie de Cucre , font les fiicres produits des firops qui font émanés des matières fines. Encyc. BAT §;?" On nomme aulîî bâtarde j une groflc forme qae l'on emplit de lirops recuits qui produifent le fucre que l'on appelle bâtard. En termes d'Horlc.ger, ^«Mrrfefe dit d'une lime dont la taille n'eft ni duuce, ni rude. Deini-bâraide j celle qui tient le mihci> entre la bâtarde ôc la douce. On dit proverbialement que l'hiver n'eft pas bâtard^ ôc qu'il vient tôt ou tard. On dit auiii en quelques endroits de Normandie , bâtard de taux ; pour dire, un pauvre cadet qui n'a point de bien. Avant que la Coutume de i\uiuiandie lût rélormée, les cadets du pays de Caux n'entiuicnt point en partage avec leurs aines : on leui donnoit feu- lement quelque choie en argent , comme on i.iic en- core prelentement en Angleterre. Aujourd'hui même les cadets de Caux parmi les roturiers n'ont tous en- Icmble que le tiers du bien ; l'aine a les deux tiers avec le préciput dans les biens litués a la campagne , & c'cft ce qui tait qu'on ncmme les cadets de ce pays-là ^â- tards de Caux. BATARDEAU.f. m. Conft.udlion , efpèce de digue qu'on fait dans des caux ou des livièicspourdctournerlecv.urs de 1 eau , ou y tondcr quelques bànmens. Pulvinus. On le tait .ivec deux rangs de pieux qui foutienncnt deux clorions de planches , entre lelquellcs il y a un mallif de terre glaile bien pétrie. On fait des bâtar- dcaux pour tonder les piles d un pont, les quais, les éclules, iic. ]fT On appelle encore /;<îr<;Ai^e<3ir , une efpèce d'échafaud fait de quelques planches qu'on élevé lur le b rJ d un vaiffeau , jour empêcher 1 eau d'entrer fur le pont, lortqu'on couche le vailleau lur le côté pour le radou- ber. Encyc. Le P. ThomaOïn dérive le nom de hâtardeau de batar, mot hebitu, qui xtui à'wc d'ijjequer ^ couper y feparerj pzïcc qu anbâtardeau lait une léparation daias J'eau. BATARDIÉRE. i. f. Terme de jardinage. Terrain oii l'on plante les arbres plus éloignés les uns des autres que dans la pépinière pour leur faire prendre avec ta ferpette , le croillant, ou le ciieau , la forme qu'ils doivent avoir dans les vergers, Jes boulingrins ou les bolquets. 0C7"Ce mot fe dit non feulement du lieu où l'on plante des arbres au lortir de la pépinière , comme on vient de le dire , mais du plant même. Nous remarquerons en palfant, qu'il faut écrire plant, & non pas plan avec les vocabuhlles , qui copient julqu'aux fautes dim- preffion du Diét. de l'Acad. ('CT Nous remarquerons encore qu'ils nous donnent une notion abfolument laulle de la Bâtardière j en difant que c'eft un plant d'arbres greftés qu'on élevé dans les pépinières , & qu'on tranlplante dans des jardins Se dans des vergers. l'C? On greffe les arbres dans la pépinière; on les tranf- plante enluite dans la bâtardière j en oblcrvant de les mettre au moins à quatre pieds de diftance les uns des autres, ôc l'on commence a leur donner la forme qu'ils doivent avoir dans les endroits où ils doivent être placés. La bâtardière eft donc une elpèce dema- galin on l'on met les arbres au lortir de la pépinière pour s'en lervir au beloin. La bâtardière eft néccllaire , 1°. Pour avoir des ar- bres de provifion, propres à remettre à la place de ceux qui meurent, ou ne profitent pas. 1°. Pour dégager la pépinière de la trop grande quantité d'arbres. 3°. Pour en avoir à vendre , pour vous dédommager de la pre- mière dépenle que vops aurez faite à planter votre jardin. Ils pourront aulli vous rapporter en ce lieu là. Outre cela un arbre replanté plulicurs fois eft beaucoup plus tranc queli directement tiré delà pepinièreiléroic placé en lieu à demeure. Il eft aulli iiéceftaire d'avoir une bâtardière pour les arbres greftes lur hanc que l'on veut faire monter en grands arbres de fix pieds de /ige. Id. BATARDISE, f. f. Etat ou qualité de bâtard. KotJio- rum genus. La bâtardife ç^clwt de toute lucceilion en France. Bacqucc a fait un beau traité de hbâtardif:. On appelle droit de bâtardije un droit en vertu duquel BAT les biens dclaifT^s par les bâtards inrertats appartien- ■ lient au Hoi, ou aux Seigneurs haucs-julbcicrs, & en quelqu-js lieux àux Seigneurs ba^-juRiciers, »^: niiir.e aux féodaux , luriquc les biens délaillcs font ktués dans leurs juftices êc fur leurs terres, &. que les bâ- tards y font nés & décèdes ; ce qui a été dans Ion prin- cipe une ufurparion de l'autorité (cuveraine. Foye^ les Coutunics d'AngoUj Maine ilJc Normandie. BATATAFE, {. f. Râpa Ajncana , Rapum ^rhiopicam. Les Batatjfes font des racines qui croiffent fous terre dans les pays des Nègres: elles ont à peu près le même gv)ût que nos raves, & loiir lèches «f , qui fignihe hâ- bleur j qui dit des chofes vaines & frivoles. Un le peut faire venir de balatro. BATELIER , 1ÈRE. f. m. & f. Celui qui conduit un ba- teau furies rivières. Navicularius , naviculator ,nau- ta. Il fe dit plus particuhèrement de ceux qui mènent des bateaux pour pafter les rivières : les autres s'appel- lent Mariniers. A Lyon ce iont des femmes qui font batelières. Comme il y avoit un corps de Pilotes pouc la mer, il y avoit auOî à Rome une Communauté de bateliers pour la navigation du Tibre. L'on appeloit ceux-là naucleri j du grec »«=xA»'foi , & plus commu- nément navicularii, de navis j navire ou vailleau de mer; &ron nomvnon ctU-X-cicaudicarii , conduéteurs de bateaux ou nacelles; ces petits vallfcaux des riviè- res ayant été ainfi nommés de caudices , alfemblages de plufieurs planches de bois. Voye^ Varron dans Nonnius au mot Caudicarii. On les nomma auffi NaiitA Tiberis. De la Mare. Il y en avoit aulli à Pa- ris fur la Seine; & fur un des monumens trouvés en creufant les tondemens de l'Autel magnifique que le Roi a érigé dans N. Dame de Paris, les Bateliers de la Seine font appelés Nautâ, Parifiaci. Ce monument eft du temps de l'Empereur Tibère. BATER. V. a. Mettre un hâtÇ\.n une bête de fomme. Cil-» tellas imponere. Bâter un cheval, un mulet. BÂTÉ, ÉE. part. Clitellatus. t-? On dit figurément & proverbialement d'un lourdaut , que c'eft un âne bâté. A le voir on Veut pris pour un homme parfait 3 Tout âne bâté qu'il était. On dit proverbialement , que l'âne du commun eft toujours le plus ma\bâté ; pour dire, qu'une aftaire eft toujours mal conduite , quand plufieurs perfonnes s'en mêlent , parce que chacun rejette ce foin fur un autre. BATEUIL. 1. m. Partie du harnois des ânes & des mu- lets , ou autres bêtes de fomme , qui leur bat fur la crouppe. BATH. 1. m. Nom de mefure des chofes liquides chez les Hébreux ; c'étoit la dixième partie du chômer. Le bath étoit pour les liquides une melure égale à l'épha pour les chofes arides. R. David. Menocliius dit que le bath étoit égal à la métrète , & 3.\' amphore romaine. Leufden croit qu'il y avoit Atnxbaths , l'un plus grand d'un tiers que l'autre ; que le plus grand étoit à l'ufage des Prêtres & pour le temple , & le plus petit à l'ufage commun de tout le monde. M. de Chambetland a prouvé que le cub du Derac , ou coudée du Caire , con- tenoir précilémentfix baths. Pelet. Vign. Mar. Le Bath , étoit auffi une mefure d'Egypte, que les Au- teurs Cophtes appellent pibatos. Les Arabes difcnt qu'elle contenoit 60 koft, & que cequelekoft étoit, c'eft-à-dire, contenoit , pefoit Une livre romaine plus les deux tiers, c'eft à-dire, 20 onces romaines. Kir- KER. Œdip. ^g. T. 11^ p. 2S6. ffT Bath. Quelques-uns écrivent bathe. Ville d'Angle- terre, en Sommerfetshirc, fur l' Avon, à dix milles de Briftol , & à 94 de Londres. On croit que ce nom lui a été donné à caule de les bains, de l'ancien /'i7^t' qui fignifie un /;i2i/2 ; d'où l'on a fait Buthonia ou Batho^ nia. On la nomme aulli Aqus. folis. Les eaux de Bath j Bathonenfes thermt , dans la province de Sommcrlct en Angleterre , font les eaux minérales les plus cftimées de ce Royaume. Elles Iont chaudes & fulfuieules, iCT falutaires dans les par.i- lyfies, rhumatifmes, foibleflcs de nerfs & autres mak- B A T dies. Voye^ QvmcY , Pharmacop. officin.& extem- poTan. p. 2S7 y <^Lexicon Phyjlco-Medlcum. Jonh- fon , Traclatus de Thermis Bathoncnfihus. BATHILDE. f. f. Nom de femme. Bathildïs 3 ou Bal- dechildis. Sainte Batkilds , ou Baldech'dde , Reine de Fiance, eut trois fils de Clovis II qui régnèrent tous trois fuccelîîvement: elle acheva le monaftère de Chel- Ics commencé par fainte Clotilde, &: s'y retira. T'oye-^ BailIeTj^o Février. Les anciens Hiftoriens François la nomment fainte Baudour ; ôc le peuple de Chelles (aintc Bateur. Chast. ^ BATH-KOL, c'eft-à-dire, fille de la voix. C'cft ainll que les Juifs appellent mi de leurs Oracles , dont il eftfouvent fait mention dans leurs livres, &: princi- palement dans le Talmud. L'Auteur du fupplément aux cérémonies des Juifs a remarqué qu'ils admettent différentes fortes d'infpirations, & qu'ils croient com- munément que la prophétie ou infpiration Divine a duré chez eux julque vers laquaranticme année du fé- cond temple, à laquelle fuccéda une autre forte d'inf- piration , qu'ils nomment ^izr/z-^o/. Les Rabbins, com- me Buxtorf l'a obfervé dans fon grand Diâionnaire , . difent qu'après la mort d'Aggée , de Zacharie & de Ivlalachie, le S. Efprit fe retira d'IIraël, mais que ce- pendant ils eurent l'ufage de la Fille de la voix; & ils ne manquent point d'hiftoires pour appuyer ces rêve- ries. BuxTORF {ur le moi Bath-kol cité par Mor. |c:r B ATHMONSTER. Batkienfe monajlerïum. Ville de Hongrie , dans le Comté de Bath , aux confins du Comté de Bodrog , fur le Danube. BATHRON. f m. C'eft le fynonyme dz/camnum Hip- pocratis. Inftrument inventé par Hippocrate pour l'ex- tenfion des membres dans les luxations ou fraélures , (Sarfor. Lcs Chirurgiens d'aujourd'hui ne font au- cune ufage de cette machine : ils lui en ont fubftitué _^une plus commode. BATL f. m. Terme de Tailleur. On appelle le bâti d'un habir , d'une robe de chambre , d'un meuble , le gros fil qui a lervi aies bâtir, ik. joindre enfemble, parti- cuhèrement s'il s'agit de l'étoffe de delTus,& delà doublure. Ainfiondit, ôtezlc^Àidece julle-au-corps , de cette jupe; pour dire,ôtez le fil avec lequel ils ont ■ été alfemblés. BÀti. «Terme d'Horlogerie. On appelle bâtij le châiîîs d'une machine à fendre les roues. BÀti , fe ditauffi en Menuiferie de l'afïémblage des mon- tans & traverfans qui renferment un ou plufieurs pan- neaux. Compages , coagmenium. ?fT BATIC ALA. Petitroyaume des Indes , fur la côte de Malabar , entre le royaume de Canara & celui d'Onor. BATIER. f. m. Ouvrier qui fait & qui vend des bâts de mulets, & d'autres bêtes de fomme. CliteUarumopifex. BÀtier, eftauffi une épithète qu'on donne à celui qu'on veut taxer de bétife. Stolidus ^ plumbcus. Cet homme eft un lot bdtier, un grand bâtier. Exprclîion populaire. BATIFOLER, v. n. Terme populaire, qui fe dit de ceux quis'amufentà fe jouer, & à badiner les uns avec les autres comme des enfans. Nugari j ludere , jocari. Cela vient des Italiens, qui ont appelé ^izn/o///2 après avoir reçu un fouftlet, eu des coups de main dans la chaleur d'un démêlé , eft condaanné à deux ans de prifon & à quatre , s'il n'a point été frappé le premier cic l'a main. Par un édit du Koi de i6é6, les épéeseu butons à ferreraensfonr défendues. Le Duc Louis d'Or- léans , ennemi du Duc Jean de Bomgogne, portoitpour devife dans fes banderolles un / âton épineux & noueux , avec ce mot -.Je l'envie; par lequel ilvouloitdirc que où il frapperoit , la bugne y levcroit. Le Duc de BourL;o- gne, pour y répondrç, falloir peindre un rabot dans l'es bannières, voulant dire qir'il rabotercit & applaniroit le bâton noueux du Duc d'Orléans. Parad. Parbleu je h f crois mourir fous, le bâton , S'il m' avoitfoutenu des faujfctés pareilles. Mol. BÂTON , eft quelquefois une marque de commandement. Le bLiton de Maréchal de France , eft un bâton Heur- dclilé , que le Roi envoie à celui qu'il fait Maréchal: & on dit abfolument , il afpire au bâton, il a eu le bâton; po'ur dire, qu'un homme afpire à cette dignité, eu que le Roi l'a fait Marécjial de France. Bacillum Marefcalli. Il y a aulTi des bâtons de Maître d'Hôtel, de Ca- pitaine des Gardes, d'Exempts, qui font faits divcrfc- mcnt , & qu'un homme met en fauroir fous l'écu d» les armes , pour marque qu'il eit revêtu de les char- ges. Bacillus , radius. Autrefois ceux qui enfeignoient Homère, ^ qu'on nommoitPitlM-Css-ivoient un béiton rouge,quand ils ex- pllquoient l'Iliade ; & un bâton jaune , quand c'étoit ^'Odyllee. BÂTON , fe dit des chofes qui lefTcmblent au bâton , quoi- BAT Cju'en très-petit volume. Un haton decafTc, un hâton de cire d'Efpagnc. Le petit bâton d'iui ChaLlacaii. BAton , (e dit aulîi des véritables armes montées fur un flic ou hampe. Hadile fencâ cufpïde utrlnque prup; pour dire , corriger un Grand , en châtiant un pe- tit devant lui. On dit aulîi , c'eft la coutume de Lor- iis , où le battu paye l'amende, quand un homme qui a reçu quelque injure ou dommage d'un autre , eft en- core réprimandé ou condamné par fes fupérieurs. /oj. l'origine de ce proverbe à Coutume. On dit aulîî iro- niquement à ceux qui dilent qu'ils n'ont rien à faire , qu'ils aillent battre le Prcvôr , qu'ils gagneront double amende. On dit aulîî qu'un homme eft battu de l'oi- fcau ; pour dire , qu'il eft rebute des traverfes , des pcr- fécutions qu'pn lui a faites en une affaire. On dit aulîi , le battre à la perche; pour dire, qu'un homme fe met forr en peine d'une chofe dont il ne lui revienr aucun profit. Je n'ai vu que dans le Diéfionnaire comique le proverbe s'en battre les felfes, pour dire, fe foucierpeu d'une choie, s'en moquer, n'en faire aucun cas. BAT' Mais à ces difcours d'ivrognejfes , Le Roi dit : je m'en bats les fejfes. Scarron , Virgile travefti , Liv. 7 j pag. 2jj^ On dit proverbialement encore : il ne fait pas bon battre un homme la veille de la mort. BATTU, UE. part. &c adj. il a prelque toutes les fîgni- fîcations de Ion verbe battre , en françois ^ en latin. Ainli battu fignifîe ordinairement, frappe ^maltraité , outragé j terraffe , déjait , vaincu , mis en d-jroute ; quelquefois :i\xi\\ frayé , foule : un Chemin é^rru ; quelquefois baigné. Une ville battue des flots de la mer. Vaug. Quelquefoisyèco^t, agité: De cet arbre battu des vents & de l'orage ^ Vols lefommet penchant d'un & d'autre côté. L'Abbé Têtu. §3° Battu, terme de Marine, fe dit d'un vaiffeau défem- paré & dégréé dans un combar , ik qui n'eft plus en érat de fe défendre, quoiqu'ilnefoitpas encore rendu. Battu. Argent battu, ou fnnplement du battu: c'eft en termes de Tireur d'or, ce qu'on appelle autrement des lames , c'eft-à-dire , du fîl d'argent écralé ik. aplati en- tre deux roues d'acier. Mais outre tout cela , on dit encore , qu'une perfonnc aies ye\xx battus , quand ils n'ont plus ni éclat ni vi- vacité , à caufe de quelque indilpolltion, maladie, manque de fommeil , éc. Liv entes :, lividi. Fous me reproche":^ de tout temps Que j'ai les yeux battus , & d'une étrange forte. Si j'ai les yeux battus, Phylis , que vous importe ?_ Ah ! ce n'efl pas à vos dépens. MONTREUIL. On dit encore qu'un homme a eu long-temps les oreilles battues d'un tel dilcours; pour dire , qu'il a été louvent importuné du même récir. Battu, en termes de Science hermétique, fe dit descf- prits , & fignifie élevé , fortement pouffé par le feu : en ce fcns on dit que des elprits battus s'évanouiflcnt fa^ cilement. Battu , eft aulîî un terme de danfc : pas battu delfus^ delfous. p^oye:[ Pas. Battu, fe dit aulîî des draps , des tapifTeries où il y a beaucoup d'or mêlé , & qui (ont battues d'or & d'ai- genr. Intextus aura. On dit proverbialement , autant vaut bien battue que mal battu ; pour dire , que louvent on n'eft pas plus puni enJuftice, pouravoir donné plufieurs coups, que pour en avoir donné un feul. fcCr BATTUE, f. f rerme de chalîé. Affemblée de gens qui battent les bois &c les taillis avec grand bruit pour en faire fortir le gibier , les loups , les renards & autres bêtes. Magno Jlrepitu pritdam elicere , exigere. Faire une battue- |;3" Faire la Battue , dans les manufaéfures de foie , c'eft fouetter avec un balai dans la balîîne pleine d'eau chaude , les cocons afin d'en démêler les brins , & d'en faire le tirage. BATTURE. f. f. L'adion débattre le blé dans l'aire. Tri' tura. M. Bolfuet Evêque deMcaux, dans Ion Livre de- la Politique tirée de l'Ecriture , dit , en parlant de Joachaz: Dieu l'abandonna. Or le Roi de Syrie fit de lui & i haudouinons à gogo. BAUDOUR. f. f. Nom de femme. Bathildis, Balde- childls. Sainte Bathilde, ou Baldechilde,que les peu- ples ont appelée par corruption lainte B auteur y & fainte Baudour , étoit ilTue de l'ancienne Maifon de Saxe en Allemagne , d'où les premiers Rois de France avoient tiré leur origine. Baillet. Sainte Baudourfm Reine de France , femme de Clovis II , Régente du Royaume, puis Religieufe à C belles, où elle mourut. yoye:^ Baillet j 0 /a/zv. Jumieges, jadis Monaftère de S. Pierre , fondé par fainte Baudour , femme de Clovis II. G. Du Moulin j Hifi. de Norm. p. j. Pa- radin n'eft pas le (eul qui ait mis desimpoftures fur la bonne Reine fainte Baudour. De Rubis. Du Tillet , Rec. des Rois de France j p. 2S y dit qu'elle eft vul- gairement appelée fainte B autour , l'écrivant par un r^ qui dans la fuite s'cll changé en d. BAUDOUR. f. m. Vieux mot. Réjouiirance , gayetc. BAUDRIER, f. m. Echarpe de cuir ou d'étoffe qu'on porte fur l'épaule droite , & qui defcend fur le côté gauche , fervant à tenir l'épéc. Balteus y balteum. Un baudrier a. frange. Il reprit les ornemens impériaux , le baudrier militaire , & l'épée , marques de noblelfe Si. de commandement, dontilavoit été dégradé. MÉzer. Baudrier , eft aufÏÏ une valife faite de drap , pour por- ter ce que l'on veut en campagne. Hippopera , pannea. On fe fcrt aulII de ce mot dans les termes d'Aftro- nomie : une des plus belles étoilles eft celle qui eft au milieu du baudrier d'Orion. Ce mot vient de Baudroyeur y qui eft un homme qiii endurcit le cuir en le maniant : d'où vient que les Corroycurs prennent encore dans leurs Lettres le titre de Baudroyeurs y quoiqu'ils ne fafTent plus de bau- driers. Du Cange le dérive de baldrellus , mot de la balfc latinité , fignifîant la même chofe, & M. Huetde ■ baltenrius. ,:■. ;_ , . ; . .,' 03- B AUDROYE. f; f. Èana pi/catrix. PoifFon de mer ainfî nommé , parce que fa bouche eft fï grande , qu'on la comparé à unba.udi;ier. On lui a donné le nom de rana , parce qu'il relfembleau têtard , & on a ajouté celui de nifcatrix y parce qu'il eft bon pêcheur. Sa chair eft de mauvais goût. BAUDROYER. v. a. Vieux mot qui fignifie corroyer , préparer les cuirs tannés à recevoir la couleur. Coria perfcere^ concinnare. BAUDROYEUR. f. m. C'cft une qualité que prennent BAU les Coiroyeurs qui préparent le cuir , & qui faifoicnt autrefois des h^uànevs. Coriarius y alutarius. BAUDRUCHE, f. m. Certain boyau de baul-,bien dé- graiffé & préparé , dont les Batteurs d'or le fervent pour faire leurs deux plus grands moules. B012. Foyc^ Moule. BAUDT. f. m. Foye-^ Baudille. BAUDUFLE. f. f. Toupie. Turbo. Ce mot n'eft en ufage qu'en Provence Si. en Languedoc. BAVE. f. f. iCT Salive qui découle de la bouche. Saliva ex orefiuens yfaHv£ profluvium -^ ou écume que jet- tent certains animaux. La bave d'un enfant , d'un vieil- lard. Lzbave d'un chien enragé. Ce mot vient de l'Italien bava. On appelle bave d'un limaçon , cette humeur vif- queufe & gluante qu'il jette, avec laquelle il s attache aux arbres, aux parois. Spumidus hum or y lentor. On appelle auifi bave , le venin que jette la fala- mandre. Bave. Vieux mot. Parole inutile ou hors de propos, d'où nous avons fair bavardcrie& bavard. Gerr&y nug&.Q^ mot fe rrouve dans Marot. Bave a fîgnifié auilî moquerie. Qui fave'^Jl bien les manières 3 En dij'ant mainte bonne bave. On a dit aufÏÏ bavernes ; Si ^^ver aétédit,pour,(c moquer, tenir des difcours de raillerie. |CT Bave, (/a) Rivière de France qui a fa fource dans le Querci, éled:ion de Figeât , reçoit pluficurs ruil- feaux, arrofe S. Seré, Si le jette dans la Dordogneun peu au-dcflous de l'embouchure de la Serre dans cette rivière. BAVER, v. n. Jeter de la bave ou de la fahve, foit na- turellement, comme font les enians , foit par l'aéticn & la violence des remèdes. Salivam ex ore emitterCy Baver, fe dit auili en termes de Plcmbicr , des tuyaux qui ne jettent pas l'eau droit ;&: il fignilîe, ne pas cou- ler droit. Diffiuere. Ce tuyau /"ûvt jilfaut le rajufter. BAVESTIER , 1ÈRE f. m. & f. Ce terme eft injurieux, & n'eft en ufage que dans la province du Maine , où ceux du haut Maine appellent par mépris bavejliers ceux qui font du bas Alaine. Cencmanenfis injerior. BAVETTE, f. f. Linge qu'on met aux petits cnfiins au- devant de l'cftomac, de peur qu ils ne falilfenr leurs robes. Linteum peclorale. Cette fille eft jeune , il n'y x pas long-temps qu'elle étoit encore à la bavette. Le bon Roi Priam en mangeant y ^voit attaché en bavette Dejfous le menton fa J'erviette. ScAR. On dit datas le ftyle populaire , bas Si familier, a la bavette ; pour dire , dans l'enfance , dès la bavette , pour dès l'enfance. Pour le Cardinal j'ai lu d'un homme de Chambre, qui en pouvoir parler allurément, puif- qu'il l'avoit connu dès la bavette y qu'il étoit né à Rome. Mascur. ^JCT Bavette, fe dit auffi d'une efpèce de plaftronccm- pofé de vieux chiffons , que les Boyaudiers mettent devant eux pour garantir leur poitrine , & empêchée que leurs habits ne foicnt gâtés. Bavette, en Architecture, fe dit d'une baudcde ploml> blanchi qui couvre les bois , Si le devant des chenaux fur les maifons couvertes d'ardoifes. On dit proverbialemenr& populairement, que des femmes vont tailler des bavettes y quand elles s'af- femblent pour caqueter. BAVEUSE, f. f. Poiflon de mer , brun fur le dos & mou- cheté. Salivaria. Il eft appelé baveufe , parce qu'il eft toujours couvert d une bave gluante. Sa chair cil molle & de mauvais gogt. BAVEUR. f. m. Vieux mot. Grand parleur , grand di- feur de riens. Loquax y nugator. Marot fe fert de ce mot. BAVEUX, EUSE. adj. Qui jette de la bave. Saliva Jluens.On le dit d'un enfant, d'unlimaçon. Onappelle auiîi une omelette ba-veufc, celle qui n'eft pas tout- à-faic BAU à-fait cuite, qui eft molette. L'omelette baveufe e(l plus diilicate. .RAUt-Rl-{i. V. n. Manger avidement. Hdluari. Ce mot cil bas. Il vient à /ùsjaucilyus j comme qui diioit, avoir deux bouches. D'autres le dérivent de vorare, ou va- livorarc. Baffrer eft plus ufitc dans le ftyle populaire. BAUFREUR. Cm. Grand mangeur. Helluo. Baffrtur eft plus en ulage. BAUGE L t. Terme de ChalFe, lieu où repofentles f.\n- gliers, ou autres bctes noires. C'eft ordinairement un endroit laie & bourbeux, ^pri vo/utahrum. Le lan^lier fait la bj.uge dans des lieux fourrés & des épiniers. Bauge, fe dit aulîi des murs qui ne font bâtis que de cailloux j dont la liailon eft faite de terre graile humec- tée , & mclée avec de la paille & du foin. Preique toutes les cabanes des paylans n'ont que des murs de bauge. On dit quelquelois hanche. Lutamcntum ^ lutum pale arum. Bauge, eft aulÏÏ l'enduit qu'on met fur les murs de terre pour les conlerver : cet enduit eft de terre & de paille. Incrujlamentum exjcclis paleis & d'dutâ terra. Bauge. Droguer qui le fabrique en Bourgogne, avec du fil filé bien gros , & de la laine grolîlère. Bauge, fe dit proverbialement & populairement en cette phrate. Avoir tout à bauge j pour fignificr , avoir en abondance ; & le dit particulièrement des valets à la difcrétion defquels on a abandonné lesprovilions d'une mai fon. ÇCT BAUGÉ. Balgiacum. Baugeium , baugium & bal- gium. Petite ville de France , en Anjou , lurla rivière de Coelnon , à quatre lieues de la Flèche. |[Cr Baugé /eviez^.v. Bourg de France dans l'Anjou, à un quart de heue de Baugé, aulîi fur le Coelnon, fa- meux par la délaite du Duc de Clarence, frère du Roi d'Angleterre. ^fT BAUGHNCL Balgeniacum. Ville de France , dans rOrléannois proprement dit , fur un coteau, au bas duquel coule la Loire,ious un pont de vingt-deuxarches. Ip- BAUGUE. f f. .Voye-{ Bauque. BAVIÈRE. Pays d'Allemagne. BoLaria j Bavaria. La Ba- vière a été anciennement appelée Norique. Noricum. Des Boïens , peuple de la Gaule, qui habitoient ce que nous appelons a.\i]ou.ïA'b\.ù le Bourbonnois , s'y éta- blirent .ainli que dit Céfar, L. I , de la guerre des Gau- les 3 C. j &c on appela ce pays qu'ils occupèrent le pays des Boïens ; & parce que dans 'a fuite ils furent appelés Bojaru , on forma delà le nom Bajoria , qui fut donné à ce pays , 6c d'où s'eft tormé Bcyeru _, qui eft Ion nom allemand , Se peut-être le mot latin Bavaria d'où nous avons tait Bavière. Voyez d'autres étymolo^es au nom Bavarois. La Bavière a eu ti- tre de Royaume-, & quelques-uns prétendent qu'elle a eu fes Rois particuliers julqu'au icmps de l'Empe- reur Arnulphe. C'eft pour cela que Louis le Débon- naire déclara Ion fils Louis , Roi de Bavière. Dans la fuite la Bavière n'a eu que le droit de Duché , qu'elle confervc encore. Le premier Duc de Bavière eft Ar- nulphe , qui fut tué par les Normands en 891. Ce nom Bavière le donne aujourd'hui à un des cercles de l'Em- pire _, à un Duché qui eft aulïï Eledorat, & à ua Pa- latinat. Le Cercle de Bavière eft une des neuf grandes Pro- vinces qui compolent l'Empire d'Allemagne , fous le nom de Cercles , & tient le (econd r.ing parmi les Cer- cles. Il a au Couchant les Cercles de Suabe 6i de Fran- conie ; au Midi le Tirol , & la Carinthie ; au Levant une petite partie de la Stirie avec l'archiduché d'Au- triche ; & au Nord le Royaume de Bohème. Les Direc- teurs du Cercle de Bavière (ont l'Eledteur de Bavière , Se l'Archevêque de Saltzbourg. Le Duché de Bavière jon l'Eledforat de Bavière ^cd la plus grande & la plus confidérable partie du Cercle de Bavière. Il eft borné au Nord parle Palatinat de Bavière, la Bohème & le Duché de Neubourg; au Couchant par le même Duché & la Suabe ■■, au Midi par le Tirol , avec l'Archevêché de Saltzbourg; &:par l'Autriche &l'Evê- ché de Palfau au Levant. Ce Duché n'a la dignité Elec- torale que depuis le 5 Mars 1623 , que Ferdinand II en dépouilla Frédéric V Eledeyr Palatin, élu Roi de Tome I. BAU 809 Bohème , pour en revêtir Maximilien I Duc de Bavière j ce qui fin conformé par la paix de Wcfrphalie. On divile le Duché de Bavière en haute & b.dlc Bavière. Lahaute Bavière eft 1:l partie Occidentale de ce Duché, & la balle Bavière eu eft la partie Orientale. Con- fultez Imhoff", Not. Imp.Prcc. L. II. C. â. On a fur l'Hiftoire de Bavière j .loannes AventinUs, Annales Bolorum ^ L. Vil. Imprimé à Ingolllad en \S')^. in-fol. &C k Leipfic en 1710. Marc. Velferus, De Rébus Boicis in-^. à Ausbourg en i6oi. JoanneS Aldzreiter, Annales BoU Gendis , & Annales Boici, du P. And. Bruner Jéf. Joachin Meïer De Boiorum Migrationibus , in- 4°. à Gotinga en 1702. §Cr BAULT, BAUDE. Vieux mots. Joyeux, joycufe. BAUME, f. m. Plante médicinale étrangère. Cette plante fe nomme en latin balfamum; fon bois, xylohalfamum; fa liqueur opobalfamum ; fon fruit carpobalfamum. Le baume eft un arbrilfeau qui croît en Arabie , &• qui ne s'élève guère plus haut que nos grenadiers : quel- ques irns lui donnent la hauteur du violier blanc. Dap- per dit qu'il eft de la forme de l'agnus caftus, & de la hauteur du troène ; qu'il a peu de feuilles. Il jette beaucoup de branches garnies de petites feuilles ar- rondies, que Profper Alpin compare à celle de rue i mais elles ne font pas fi blanches , ds: elles font toujours vertes. Son bois eft gommeux , & de couleur rougeûtre- Scs branches {ont de la même couleur, longues, min- ces , & garnies de peu de feuilles. Ses fleurs font pe- tites, blanches & fort odoriférantes. Son fruit eft un noyau couvert dune peau féche & brune; il renfer- me quelquefois une petite amande ; quelquefois , \x femence étant avortée , la cavité de ce fruit eft rem- plie d'une liqueur jaune , fcmblable à du miel, d'un goût amer , cn: qui pique la laiiguc. Marmol , qui le décric dans ion XP. Livre Chap. 12, dit que c'eft un arbrilleau de troispieds de haut, dont les branchesfont comme le iarment de la vigne, & de même couleur; îk. que la graine en eft rouge. On en tire une liqueur pendant les mois de Juin ,' de Juillet & d'Août par le moyen des incifîons qu'on fait à l'écorce; il en fort aullî naturellement. Théophiafte veut que ces incifions (e faifer.t avec des griffes de fer, & Pline avec du verre, ou de la pierre; parce que le ierjdit il, le feroii mourir, ce qu'on ne remarque pourtant pas. Tacite dit, HiJL L. F. C. 6. que quand la iéve fait enfler les branches du baume , il femble que fes veines appréhendent le fer, & s'arrêtent quand on y fait incifion avec ce métal ; mais qu'on les ouvre avec quelque morceau de pierre , ou de pot calfé. Mar- mol dit qu'on le fait avec un couteau d'ivoire, ou de verre, parce que le fer feroit fécher les branches. Ce fuc eft blanc au commencement; peu après ildc- veint vert, eniuitc de couleur d'or; &: enfin quand îi vieillit, il eft de couleur de miel: il eft trouble d'a- bord, après il s'éclaircit, & a laconfiftance de la téré- benthine. Son odeur eft agréable, & fort pénétrante , ion goût amer, acre &aftrin;?;ent. Il eft fort léger quand il eft nouveau; fi on enverie dans l'eau, il ne va pas fore avant mais s'élevant tout-aul]itôt , il i'e répand iur toute la furface de l'eau , fe mêle avec elle , & s'y diflout promptement; mais peu après il fe coagule. Se devint blanc comme du lait; & c'eft alors qu'on le tire de l'eau. On a crû que le Baume croiiToit en Egypte & en Judée ; cependant Dappcr dans fa Defcript. d'Egypte , pag. 62 ,à\t que le baume n'eft point originaire d'Egyp- te ou de Syrie, comme l'ont crû Théophrafte, Diot- coride, Phne, Juif in, Strabon, & plufieurs autres An- ciens ; que bien loin qu'il croiiFe de lui-même en Egypte , on n'en trouve que dans le feul jardin d'El- maiharea, d'où les Pèlerins delà Mecque l'apportent; que tous les Pèlerins conviennent unanimement qu'au- près de la Mecque & de Médine , fur la montagne & dans la plaine, dans les terres cultivées i!s: les incultes, & même fur les fablons, il y croît une infinité d'arbres de baume ; mais ceux qui croilTent dans ces lieux ftériles, ne rendent que fort peu dégom- me; ils portent beaucoup de graine, qu'on envoie ven- dre en Europe. Les habitans pour tirer plus de profit de ces arbres , les tranfplantent de ces lieux arides d.-ii>4 Kkkklc 8io BAU des terres gr.ifTcs. De plus tous les aneiens Arabes témoignent , (elon le récit des mêmes pèlerins , que de tous temps il a crû en plufieurs endroits de l'A- rabie heureuié une infinité d'arbres Ac baume ^ & que ces quartiers n en ont jamais été dénués. Jolepne eu du même fentiment, Am-q. Jud. L. FUI. Dapper. M. d'Herbelot allure qu'il n'en croit plus maintenant qu'en Arabie. Pline dit que de fon temps ce ii'étoit qucn deux jardins appartenant au Prince, qui con- tenoicnt environ vingt journaux. Mais les Romains le firent multiplier en la vallée de Jéricho , comme témoi- gne Juilin. La Reine de Saba en apporta une plante à Salomon-, & Jolcphe dit qu'on lui a l'obligation de ce que la Judée a été depuis fertile en baume. On élève prélentement en Arabie une infinité de ces arbres , dotit les Arabes tirent beaucoup de profit. Il n'y a pas long-temps qu'on s'eft apper(,u du gain qu'il y avoir à faire. Mais depuis qu'on y a pris garde , il y en a des vergers tout pleins. Cependant on a fait une loi qui défend de kmer ou de planter cet arbre (ans la pcr- million du Souverain. Dapper. Foye:^ cet Auteur, p. 62 1 (^i- Il y a plufieurs chofes curieufes touchant le baume. Tandis que le baume découle des arbres qui font dans le jardin du Grand-Seigneur au Grand Caire , il y a des Janilfaires qui gardent ce baume. Le baume qu'on apporte d'Arabie au Caire , encore qu'il foit de bonne odeur , n'efl: pas tout véritable gomme , ni des larmes de l'écorce , car il en tombe fort peu : la plupart du baume eft fait du bois & des bran- ches vertes de l'arbre diftillés au feu ; encore n'eft-il pas tout pur; on le falhfie en y mêlant de la térébin- the de Cypre. De plus on extrait de la graine une li- queur qu'on fair palier pour du véritable baume j(\\xoi- quil n'ait pas l'odeur fi forte , & qu'il foit plus amer au goût. Dapper. Le Moine qui a compofé dans l'onzième fiècle la vie de S. Bononius , parle d'un jar- din qu'avoir le Roi de Babylone en Egypte, tout planté d'arbres de Aû^^me.Marmol écrit aufii , Z. X/^ que l'on dit qu'il ne croît que dans un jardindu Grand-Seigneur proche du Caire. Outre ce baume d'Orient , il nous en vient de plu- fieurs fortes de l'Amérique. Les plus confidérables lont ceux du Pérou , de Tolu & de Capa'i'ba. Le baume du Pérou eft un fuc tiré d'un arbre qui eft de la grandeur du grenadier , ayant les feuilles femblables à l'ortie. Quand on fait une incifion à fon écorce , il en fort une liqueur blanchâtre & gluante qu'on appelle baume ^, parce qu'on y a remarqué les vertus de l'ancien baume de Judée : mais les Indiens gardent le naturel pour eux, & nous envoient de l'artificiel, qu'ils font en faifant bouillir le tronc ^ les branches hachées de cet arbre , ik en amallant avec une coquille l'huile qui nage au- dellus de cette décodtion, & qui eft de couleur noire, rougeâtreiSc fort odoriférante ; & c'eft ce qu'on appelle baume noir, ou bamne de lotion. On appelle encore baume noir le labdanum. Le baume de Tolu eft tiré par l'incifion de l'écorce d'un arbre qui relfemble à un petit pin. Il eft rouge ti- rant fur le doré , de confiftance moyenne , fort gluant & adhérent, défaveur douce & agréable, d'une odeur excellente , qui approche de celle du limon. Il a les mêmes qualités que celui du Pérou. On lapported'une province de l'Amérique , que les Indiens appellent To- lu, htuée entre les villes tle Carchagène , 6c de Nom- bre de Dios. Le Baume de Ccpàiba ^ que nous nommons baume de Capau , & quelquefois baume de Copahu, eft tiré de mcme par l'incilion d'un arbre qui croit en abondance d.-ins file de Matcnhou. Cet arhic eft allez grand, ëc fon bois fort rouge &c dur, dont on fait des planches larges pour divers ufages. Ses feuilles four ovales, lon- gues de quatre ou cinq doigts , i^ larges de deux , ou de deux Se demi. Ce baume eft fort clair, de la confif- tance & de l'odeur de l'huile de térébenthine diftillée ; on en tire quelquefois jufqu'à douze livres dans l'ef- pacede trois heures. Il eft admirable pour les plaies, comme les autres baumes. Les Juifs s'en fervent après la circoncifion, pour arrêter le fing qui coule de la plaie. BAU Le Baume de la Mecque a pris Ion nom du lieu d'où il vient , comme les autres baumes dont on vient de par- ler; ilcftfec &: 'blanc, Icmblable en figure àlacoupe- rofe blanche calcinée, lur- tout quand il eit Vieux. PoMEY. Il y a aulli un baume de vanille dont nous n'a- vons guère connoiiîancc; on le fait, eu on le tire au Mexique; mais les Elpagnols le gardent pour eux, & ils n'en font point commerce. Baume de lïquïd-ambar j eft une huile qui a la confif- tance de la térébenthine , tk. qui reflemble à une rai- fine claire & rougeâtre : elle découle du tronc de cer- tains arbres fort gros &: fort grands , dont les feuilles font femblables à celles de lierre : ces arbres croillent en quantité dans la nouvelle Elpagne. Il y a encore un baume qu'on appelle nouveau, qui vient de l'Ile Elpagnole. L'arbre qui le produit eft de la hauteur de deux hommes: on en prend les fommi- tés , & les fruits qui rellemblcnt à des raifins ; on en tire le fuc , & on le frit cuire julqu'à ce qu'il ait ac- quis la confiftance du miel. Profper Alpin , Marc-Grave, Telmandés', Jean de Laët, ont patlé de ces différens baumes. Le Baume a fervi de corps à d'alTez belles devifes, avec ces âmes: Fulnere fano , ou J^ulnus opem, on In pre- tio lacnmit; on l'a appliqué à des perlonnes péniten- tes, avec ce mot: Sponcejluummelius j il marqué très- bien que les bienfaits doivent n'être point forcés. ÇCT On appelle aulli baumes certaines compoiitions fai- tes pat les Apothicaires &: les Chimiftcs, principale- ment loiiqu'il y entre des ingrédiens ballamiques. Le Baume artificiel eft un remède qu'on emploie le plus louvent à l'extérieur. On le fait d'une confiftance un peu plus folide que celle de l'onguent ordinaire. Il elt préparé pour récréer & fortifier les parties nobles par la bonne odeur. Il s'en fait auHî d'une confiftance li- quide entre celle des huiles & des hnimens, dont le principal ulage eft pour les plaies. Il s'en fait de plu- fieurs façons, de divers aromates & huiles diftillées. L'huile de noix mufcade eft la bâfe ordinaire des bau- mes , ou la cire blanche. On y mêle la graille d'agneau , la moele de cerf & de veau , ou la manne en laimes, &c. On lui donne les noms à' apoplectique, Jîomachi- que , héfoardique , hyjlérique , vulnéraire , ikc. Le baume apopleclique réjouit le coeur, réveille les cfprits fuftoqués dans l'apoplexie , & donne le temps de préparer d'autres remèdes plus efficaces. Alors il en faut frotter les tempes, les futures , ik. la fontenelle . &C en faire avaler quelques grains diffous dans del'eau de la Reine d'Hongrie , ou dans de l'eau de cannelle. On appelle aulîi \e baume du Samaritain, de l'huile commune mclée, & cuite avec du vin, parce qu'on croit que le charitable Samaritain de l'Evangile fe fer- vit de ce remède. Baume, ou Huile de poix, eft une huile rougeâtre qu'on tire de la poix par le moyen d'une cornue : on lui a donné le nom de baume, à caufe de les grandes pro- priétés. Le baume de poix eft un très-bon baume ^ 8c l'on prétend que les qualités approchent de celles du baume naturel. Baume ardent. C'eft une compofition qui eft un remède pour les plaies, les meurtiifTures, & les humeurs froi- des. Ce remède fe fait d'une teinture jaune de Karabé broyé qu'on tire par le moyen de l'efprit devin, dans laquelle on fait difloudre du camphre rafiné. Baume de Saturne. C'eft un fel de Saturne, difîous dans l'huile ou l'efprit de térébenthine , & digéré , dit \L Har- ris, jufqu'à ce que la matière ait pris une reinture rou- ge. Ce baume réfîfle à la putrcfaétion des humeurs , (& eft; fort propre à nettoyer Se cicatrifer les ulcères. Baume de foufre. Il y en a de deux fortes. Le baume de foufre commun, tk le baume de foufre anifé. Le baume de foujre commun eft un baume tiré par le moyen du feu d'une compofition faite d'huile de noix tirée fans feu, de fleur de foufre , de fel de tartre , &: de vin blanc mêlés enfemble. Le baume de foufre communcCt bon pour digérer , pour réfoudre les matières crues , découlécs& amallées en quelque partie du corps : on l'emploie en onéfion extérieure : il fert de bâfe à l'em- plâtre de fouffre. Le baume de foufre anifé eft tiré de BAU l'huile d'anis vert, &de véritable fleur de foufre qu'on a fait dilluudre enlcmble. On appelle des Charlatans , vendeurs de baume, qui vendent des onguents ou des huiles pour les plaies , qu'ils nomment abulivement de ce nom. Ils vendent aulîl une certaine liqueur pour le fard, qu'ils appellent du baume blanc. Baume , fuivanr quelques Chimiftes, n'eft autre chofe que l'aine du kl commun extraite par l'art. Us le font dllFoudre à l'humide , & ils mettent la réfolucion bien clarifiée dans du fumier de cheval pour la putréfier pendant deux ou trois mois, & enluite ils la font dif- tiller fortement avec feu de (able -, il en monte une onc- tuofité précieufe , dans laquelle mettant tremper les chofes les plus corruptibles , elles demeureront éter- nellement entières, ils dilent que c'eft par ce moyen que les Anciens & les plus curieux ont conlervé des corps entiers fans les réduire en momies , & que c'efl: ainil que tut conlervé le corps d'une femme dont parle Volarerran, qui fut trouvé dans un Maufolée près d'Al- bane du temps d'Alexandre VI , lequel par ton ordre fut jeté tccrctement dans le Tibre pour éviter l'idolâ- trie; car il paroilloit vivant & très-beau , quoiqu'il fût mort il y avuit treize fîècles Baume Univer.sel, en termes de Phi'ofophie hermé- tique, c'eft l'élixir parfait, un remède rare& univer- fel , qui produit des chofes étonnantes dans la nature. Baume, le dit aullI d'une certaine compoiition noitâtre de bonne odeur , que l'on porte dans de petites boî- tes. La bile en eft l'huile de mufcade, à laquelle on ajoute le ftorax , & autres choies femblables, fuivanr l'odeur qu'on veut lui donner. Baume , etl auiÏÏ une petice herbe qu'on met dans les fournitures de lafalade. Elle eft odoriférante. C'eft une cfpèce de meiithe. Baume, fe dit figurément de ce qui eft de bonne odeur, ou qui caule la guénfonr. A l'ouverture des Reliques de ce Saint , il en lortit un baume précieux qui parfuma tout l'air d'alentour. La grâce que les Sacrcmens con- fèrent eft un baume qui guérit toutes les plaies de nos âmes. Le baume que l'on mêle avec l'huile pour faire Jes onétions dans les Sacremens 6c les cérémonies ec- cléfiaftiques , tîgnifie , félon Amalarius Fortunatus , la bonne odeur des vertus que doit répandre celui à qui on l'applique. L'auteur Arabe du Giavaheral Bok- hur, hiftoire abrégée de l'Egypte, écrit que le 5a^/77e de Matharée auprès du Caire, en Egypte, étoit fort recherchédes Chrétiens, àcaute delà foi qu'ilsy avoient. Il veut dire que les Chrétiens fe fervoient de ce baume pour faire le crème de la Confirmation. d'Herr. C'eft une preuve de la créance de l'Eghte Cathohqus fur ce tacrement. ^O" On dit proverbialement, qu'une chofe fleure comme baume ; pour dire , qu'elle lent bon. On le dit au figuré d'une affaire qui paroît bonne &c avantageufe. On dit encore que la réputation de quelqu'un fleure comme baume, çoai dire , qu'il jouit d'une bonne ré- putation. Baume, fignifie en Provence & enDauphiné une Ca- verne. On y appelle Sainte Baume , la Caverne que l'on prétend avoir été habitée par fainte Magdclaine. La pluie qui tombe fur le rocher de la Sainte Baume 3 qui eft tout fendu & crevalfé , & où il n'y a point d'her- be , pénètre dans la grotte en tiès-peu d'heures , à 67 toifes au deirus de la fuperficie du rocher, & y for- me une très-belle citerne. De la Hire , Acad. des Se. lyoj. pag. 61 . Choricr dit qu'il fignifie tantôt une Grotte, & tantôt un Territoire coupé de valons, & couvert de bois, & que c'eft ce que fignifie AAf^a en grec, d'où il dérive. M. Ménage croir que ce mot a été priç du latin barbare baljlma , qui fe trouve en cet- te iignification dans les Capitulaires de Charles le Chauve. Le P. Mabillon, Annal. Bened. Lib. I. p. 24. prétend que halma eft un ancien nom gaulois , qui ligni- fioit un rocher, rupes. M. de Valois dit, Notit. G ail. pas- 74 ; que balma en Italie fignifie un antre ; qu'en gaulois il croit que baume fignifie un antre, ou une caverne , fur-tour tî elle eft fur une montagne , ou fur bu heu élevé. Voye^ Balme. Tome I, ^ BAU 811 0^ BAUME /fjmoi/zfj. Abbaye de France , en Franche- Comté , près de Lons le Saunier, au Diocète de Befan- çon , Ordre de S. Benoit de la Congrégation de Clugni. §CT Baume les nones, ou Beaune les nonams. Petite ville de France, tur le Doux, en Franche-Comté. {Cr Baume les nones. Abbaye de filles, en France , dans la Franche-Comté. BAUMIER. f. m. Arbre de baume, ou qui porte le baume. Balfamum. Le Tradudeur de Dapper s'eft fervi de ce mot^. 62. Il n'y a pas long-temps, dit-il, qu'on s'eft apperçu du gain qu'il y avoir à faire , &c qu'il etl devenu fi précieux Ik fi cher en Orient (le baume.) Dès que les Arabes y eurent pris garde , ils s'empreirerent a traiif- planter les jeunes Baumiers des terres mcnteufes & arides dans les jardins fertiles & cultivés; de forte qu'il y en a maintenant des vergers tout pleins. i^CT Quel- ques uns appellent du nom commun Baume , la gom- me & la plante d'où elle découle. Pourquoi ne diroir- on pas Baumier , quand ce ne fcroit que pour ôter l'é- quivoque. D'ailleurs , ce mot fe trouve ailleurs que dans le Traducteur de Dapper. t;3"BAVOCHÉ, ÉE. adj. Terme de Gravure & d'Im- primerie. Il fe dit d'un trait de burin, d'un contour qui n'eft pas net , &c d un caïadlère qui n'imprime pas nettement. Une épreuve bavochée. BAVOCHER. V. n. Terme de Doreur en détrempe. Il fe dit pour exprimer l'etFct des taches que le jaune ou l'alhette fait en coulant lut le blanc qui doitfervir de fond à la dorure. Les Imprimeurs fe fervent du terme de bavocher y peur faire entendre qu'une imprclîîon n'eft pas alTez nette , & qu'elle eft brouillée par de petites taches qui paroiffent entre les lignes & aux extrémités des pages. Bavocher ëcpapilloterCont termes tynonymes. BAVOCHURE. f. f. Défaut de ce qui eft bavocke. Ba- vochure le dit des traits de Graveurs qui ne font pas nets. Les Graveurs à l'eau forte font obligés d'ébarber les bavochures avec le burin. BAVOIS, ou BAVOUER. f. m. Ancien terme de mon- noie. On appelle ainfi la feuille de compte , où eft con- tenue l'évaluation des droits de Seigneurie, foiblage, écharcetée & bralfage , fuivant le prix courant que l'Ordonnance attribue à l'or , argent de billon, en œu- vre, & hors d'œuvre. , §Cr BAVOLER. f. m. Terme de Fauconi-ierie. Vol des perdrix qui n'eft pas élevé. On le dit autlî des autres oifeaux. Quelques-uns écrivent bas voler. BAVOLET. {. m. Coiffure des jeunes payfannes auprès de Paris, qui le fait de linge délié & empefé , & qui a une longue queue pendante fur les épaules. Onpour- roit l'appeler en latin capital , par analogie au linge dont les femmes avoient la tête couverte dans les f'a- crifices , & qui portoit ce nom , au rapport de Feftus. Chiffonner le bavolet. Vous voulez faire voir dans vos trophées amoureux , des calles, & des bavolets. Scar. On dit figurément d'une jeune payfanne, que c'eft un joli bavolet. Loin de la Cour , je mécontente D'aimer un petit bavolet. Bois-R. Ce mot eft formé de bas-volet. Volet fe difoit au- trefois pourvoi/e^j bcvoilett'à. un diminutif de voiler de-la on a appelé bavolettes les jeunes payfannes qui portoient ces fottes de coiffures. Huet. De bavolette on dit en Normandie^/er^jvo/; pour dire, filer iné- galement, faire du fil qui n'eft pas égal , parce que les jeunes bavolettes 3 peu favantes en l'art de filer , fi- lent ainfi. Id. ^fT On appelle aufli bavolet chez les Marchandes de Modes & Coiffeufes la féconde pièce d'une coiffure qui n'a point de barbes , qui forme le delFus de la tête. C'eft aulïï fur le bavolet que l'on monte le fet qui forme le gros pli du milieu. BAVON. f. m. Nom propre d'homme. jSijvo. S. Bavon y en flamand S. Baef , qui avoir été nommé Allowiit fur les fonts du Baptême , d'une très-noble famille du pays de Hasbain, ou Hafpengaw dans le Brabant Lic- Kkkkij 8iz BAY geois , vint au monde vers l'an ^89. Bah. Cet Auteur prétend que Bavon étoit un fubriquer , ou nom de guerre. L'Auteur de fa vie dit feulement que le peuple l'appelle Bavon S. BaefellpatrondeGand, d'Harlem, 6c-. Voyez Le P. Mabillon. Ssc. IL Bened. p. 3c 4. EAVOUHR. Voy ei'&AV OIS. BAUQUE.f. f. On appelle ainfi l'algue à feuilles étroites qui vient dans les étangs falésprcs de Montpellier. Elle y eitfi commune, qu'on en fume les champs. Les Par- fumeurs (Scies Vitriers en emballent leurs caiires. Quel- ques-uns dilent baugue. BAUQUIN.f.m. En termes de Verrerie on appelle /-a^^- quïn j, le b-jut de la canne que l'on met lut les lèvres pour fouffler. BAURAC. Terme arabe qui fignifie nltrc ow fil en géné- néral. Ruiand. C'efl: à^Baurac qu'on a fiit Borax. fer BAUSKE , BAULSKE , Se BAUSCH. Ville apparte- nant au Duc de CurLinde, aux frontières de laSamo- gitie. BAUT,ou BAUS. adj. Vieux mot. Gai , joyeux, con- tent , alerte. §Cr BAUTZEN. Budijfima. Ville d'Allemagi.e , dans la haute Luface , dont elle ell la principale ville. BAV URE. f. f. Pegte trace des joints des pièces di^ moule, qu'on ôte à la lime &: au rilioir fur le métal, &avcc le cifeau fur le plâtre. BAUTEUR. f. f. Nom propre de femme. Foyei Bau- DOUR. BAUX, ou BARROTS. Terme de Marine. Ce font des pièces de bois ou poutres qui traverfent en largeur d'un bout à l'autre du n.ivire, & fervent à porteries plan- chers que l'on homme /'o«ri ou ri//t7C5. A chaque bout Acsbaux ^ il y aune courbe triangulaire nommée co«r- hcuon j qui en fait la liaifon avec le corps du bâtiment. Elle ell: d'un bout attachée aux bau.v, & de l'autre con- tre les vaigres , ou contre les planches qui font le revê- tement intérieur du vaifleau. On appelle Mattre-bau y celui quieft à la plus grande ouverture du navire, & qui joint l'extrémité fupérieure d'un genou à l'autre. Il peut avoir près du quart de la quille , & le creux du vailîeau peut être égal à la moitié du bati. Celui qui eftle dernier vers l'avant fur l'extrémité , fe nomme bau de lof y & à Marfeille Wu'ûfier dernier. Celui qui eftle dernier vers l'arrière s'appelle bau de dalle. On dit , • qu'un navire a tant de pieds de quille , & tant de pieds de baux ; pour dire , qu'il a tant de pieds de long , &: tant de pieds de large. Il y aaufli des baux qui fervent à fortifier les vaiileaux. Ces mêmes pièces de bois dans les bateaux foncets , & autres bâtimens furies rivières, s'appellent matières. Baux, pluriel de 5(7/7. Voyez Bail. BAUZELY.f. m. Nom propre d'homme") ufîté enRouergue. f ^^C'je^ BAUZILLE. Le même félon l'ufage de 7 Baudille. Languedoc. VC'efT: le mê- BAU2IRE. Le même en Auvergne. J me. B A X. BAXANA. f. f. Plante indienne. A Queyonne,proche Or- muz, naît un arbre appelé par les habitans circonvoi- fins de cette Ile déferre , Baxana. On dit que fon fruit fufloque ceux qui en goûtent , en quelque quantité qu'ils en prennent; 8c que fi l'on demeure un quart- d'heure à l'ombre de l'arbre, on relient le même eficc : mais je regarde tout cela comme des fables , d'autant plus volontiers , que la racine , les feuilles (Se le tiuit du même arbre paflent dans d'autrei contrées pour un antidote à toutes fortes de poifons. Ray , Hijt. Plane. Baxana , arbor fruclu venenaco j radice y enenorum antidoto. BAY. BAY. Voye^ Bai. iO- BAYANISME , ou BAÏANISME. Erreur de Baïus & de fes difciplcs , fur la grâce, le hbre arbitre , le pé- ché originel , la charité, à.'c. contenues dans yfipro- polilions condamnées d'abord en 1/67 par le Pape Pie V, (S: en 1 579 par Grégoire XIL BAYARD. f, m. Nom du fameux cheval des quatre fils Aimon. BAY Et là pofiérité d'Jlfane & de Bayard , Quand ce n'ejl qu'une rojfe j tji vendue au hafard, BoiLEAU. On le dit dans le difcours familier pour un grand cheval. Quand fur Bavard par bois & par montagnes A gyboyervous prene-^ vos ébats. R. Bayard , ou BAYART.f iTi. en termes de manœuvres , fe dit d'une grande &: forte civière propre à porter de gros & lourds fardeaux, comme de groffes pierres. Oa voit fur le port de Dunkerque force bayards. Ce mot eft ufué en Languedoc (Si: en Roullillon, ôc on le trouve fur les inventaires des Gardes-Magallns. BAYE ou BAIE. BAYER. V. n. Tenir la bouche ouverte en regardant long- temps quelque chofe. Ore aperto & hiante aliquïd aj~ picere. Il tire fon écymologie de l'italien badare , qui cil aulli latin, félon les Glofes attribuées à Ifidore. Ce mot eft vieux & hors d'ufage. On dit familiètemcnc bayer aux corneilles , pour exprimer un homme oifit, & qui s'amufe à regarder niaifemcnt toutes chofes. M. Guittaut m'envoya une caflettc de ce qu'il a de plus précieux. Je la mis dans mon cabinet , & puis je voulus aller dans \a.ïuc bayer comme les autres. Mad. DE Sevigné. Allons J vous : vous rêve:^ j & bayez aux corneilles , Jour de Dieu 3 je /aurai vous frotter les oreilles. Mol. Il y en a d'autres qui difent he'er aux corneilles. §CT On dit en ftyle figuré !k. familier, ^i^yer après quel- que choie, après les honneurs > les richelTes. Les déli- rer avec avidité. Ce verbe eft toujours neutre. Les Vo- cabuhftes le difenr avec tout le monde ■■, & pour le prouver , ils apportent cet exemple. Que bay e-^-vons là depuis deux heures ; Eux qui relèvent fi durement les prétendues bévues des autres , comment qualific- loient-ils celle-ci. BAYETTE.f f. Efpèce d'étoffe qui eft une revêche de Flandre , ou d'Angleterre. La bayette eft une étoffe de laine , tifrue fort lâche , rafe d'un côté , & fort coton- née de l'autre. BAYEUR , EUSE. f m. ic f. Celui ou celle qui regarde avec avidité , comme les gens du peuple. BAYEUX.jPrononceziîtîi'ei^^. Ville épjfcopale de France, en Balle-Normandie , fur la rivière d'Aure. Bajoca , Bajocum y Bajocajfium civitas. Céfar , Ziv. VIII y chap. 7 y l'appelle Belocaffes y ou Velocaffes y comme Pline Liv. IV y chap. i S. Bayeux a titre de Vicomte ^ ëc eft capitale du Beiîin. Il parut il y a quelques an- nées en 1605 à Caen une première partie de l'hiftoire du Diocèfe de Baveux par M. Hermant. Bayeux eft au i9d 45' de longitude, & 49*^ 20' de latitude. Les Auteurs du Adoréri ik Mary écrivent Baïeux. Mais Du Moulin , dans Ion Hijloire générale de Norman-' die y Hermant, dans fon Hifloirc du Diocèfe dcBayeuxy Mezeray (& M. Huet, dans fes Origines de Caen y écrivent Bayeux. Nous les fuivons ; c'eft l'ancien ufage. BAYLE. Voye:^ BAILE. ïfT BAYO>I. Ville de Lorraine , fur la Mofelle, àcinq lieues au-delîus de Nancy. ÇC? BAYONA. Ville d'Efpagnc, en Galice, à l'occi- dent de Tiiy. BAYONNE , ou BAÏONNE. Prononcez Baïonnc. La- purdurny Baiona.\'i\\tAc France, en Gaf cogne , dans la Terre de Labour dont elle eft capitale. Elle eft li- tuée à la jonétion des rivières de l'Adour ôc de la Nire, qui font 5^yt)//ne une ville de fort grand trafic, Ik un port de mer fameux. Corn. Quelques-uns croient que c'efl: les Aqutt Tarbellicx des Anciens. Sca- liger & Vinet cftiment que les Boïates ou Boïpns , dont la Cité appelée dans les Notices la Cité des Baiatcs y autrement Boiens y èloii l'une des douze Cités de la Novempopulanie, & qui eft le bourg de BAY Buchs-, ils eftimeiit, dis-je, que les Boïeiisavoient leur éteiidue depuis le pays de Buchs julqu'à Bayonne ^Sc que cette ville étoit leur cité. Mais le pays de la cité d'Acqs s'oppofe à cette conjecture ; car cette partie de ce pays eft lltuée entre Bayonne & le pays de Buchs , tic empêche toitte forte de communication entre Bayon- ne & Buchs. La dénomination de cette ville , qui Icrt de fondement à cette opinion, ne doit point être con- jfidérée ; car outre qu'elle eft nommée conftamment Bayonne dans tous les titres, aullî-bien que par le vul- gaire , & non pas Baionne 3 comme nous voudroit perfuader Vinet,il ne faut pas douter que cette dic- tion ne foit récente, & qu'elle ne prenne Ion origine de la langue bafque , fignifiant bonne haie ou bon port , bayaonayBaia , c'cftà-dire, port , en langage de Ma- rine, & ona , bon. De Marca. Je dis que le nom de Bayonne elt récent , étant certain que cette ville )k ion Evcché font appelés dans les vieux titres Lapur- denjis , & non p:isBaïonen/is. Id. Bayonne n'cH donc pas la cité des Boiates. C'eft une cité érigée par quel- que Synode provincial , pour la lubftituer après la ruine de Buchs , à la place de la douzième cité qui avoit été diftraite de l'Àquit.aine IIP en faveur de l'A- quitaine ir ëc de l'Archevêché de Bordeaux , auquel le terroir de la cité de Buchs avoit été incorporé. Cela fe fi: avant la venue des Normands de l'an 84J, attendu qu'une Charte deLcIcare témoigne qu'ils la ruinèrent avec les autres cités de Gafcogne, & que l'Evêque Ar- fîus témoigne en 980, que cette ville étoit en pollef- fiion de toute ancienneté, de certaines vallées. La lon- gitude de Bayonne eft à 16" 2', 48" de longitude, Ik à 43" 29' , 45" de latitude. Picard , De la Hire. L'Evêché de Bayonne j, autrefois de Labour, Epif- copatus Lajiurienjîs , Baïonenjïs. L'Evêché de Bayon- ne ,<\m a leulement 60 Paroilfes , étoit autrefois d'une plus grande étendue , comme on le peut voir dans VHijioire de Be'arn. de M. De Marca , Liv. I , ch. ^ , n. /. Il eft remarqué en la Sellîon XXXF du Concile de Conftance, que cet Evêché avoit fon étendue en ' trois Royaumes \ à favoir , de France , de Navarre & deCaftille. Us y ont continué leur juridiction julqu'à ce que le Pape , à l'inftance de Philippe II , Roi d'EI- pagne , y ordonna par provilîon un Vicaire Général , tandis qu'il y auroit héréfie aux pays voilnis de France ; quoique l'Evêque ni le Chapitre de Bayonne n'aient point été troublés en la joullfance des revenus qu'ils poffedent en ce quartier. De Marca. Bayonne a eu des Vicomtes, & il y a des monumens qui en marquent jufqu'en izoj , où ils ont manqué. Cette Vicomte a été depuis confondue avec le Duché de Guyenne, & Charles VII la réunira la Couronne en 1451. Le Golfe de Bayonne , Baion&finus , Tarhellïcus , ou Lapurienfis finus. Petite partie de la mer de Gal- cogne , vers les frontières de la terre de Labour , & de la Bifcaie. On l'appelle aulîi mer des Bafques. Mat y. Il y a encore Bayonne ^ ville de lanouvelleCaftille, & Bayonne port de mer en Galice , à la hauteur du- quel lont les iles de Bayonne. Bayona. ^C? Bayonne. Petite rivière de France, au Vexin fran- çois, qui a fa fource près de S. Cyr fur Chars , & le perd dans l'Oile à Pontoife. IJÔ" BAYZE. Rivière de France qui a fes fources dans le Nebufan , arrote plulleurs villes , &: va le perdre avec la Gehfe , dans la Garonne, au-delfus d'Eguillon. BAYONNETTE. f. f. Dague, couteau pointu , forte de petite épée longue d'un pied & demi , ou environ , qui n'a point de poignée , mais feulement un manche de bois ou de fer de 8 à 10 pouces, & qui n'a que deux petits boutons pour garde. Sica. Le manche de fer eft creux pour s'enclaver dans le bout du canon des fuiils fans empêcher qu'on ne les charge & qu'on ne tire, quoique la bayonnette foit au bout. Pour tenir la hayon- nette ferme au bout du fufil, fon manche de fet a une petite ouverture longue en forme d'équerre , où on l'en- gage à un petit bouton de fer qui eft au bout du fu- fil: ce bouton la tient fujette, & fert à la retirer avec le fufil, quand on a porté le coup. Quand le manche eft de bois, on le fait entrer dans le canon du fufil. BA2 ii^ & alors on ne peut plus tirer. La lame de la hayon- nette eft faite en forme de lancette, large d'un pouce ou deux , longue d'un pied , ic fort pointue. Aujour- d'hui la lame de celles que l'on donne aux foldats eft plus carrée t^ue large , &r les plaies qu'elle fait étant fort profondes & peu larges, en font plus dangereufes. Toutes les troupes d'Infanterie qui lervent en campa- gne en France ont maintenant des bayonnettes. Les loldats appellent aufti douille le manche de la bayon- nute. La bayonnette eft d'un grand lervice aux Dra- gons &c Fufiliers -, parce que quand ils ont fait leurs décharges, & qu'ils le trouvent fans poudre & fans plomb, ils peuvent mettre la bayonnette au bout d\ï. fufil, & s'en fervir comme d'une pertuifane. Elle eft par la même raifon , fort utile aulîi aux ChalTeursqui vont à la challe de l'ours tk du fanglier , & de toutes les autres bêtes qui viennent au feu : aulFi leurs hayon- " nettes lont-elles plus larges que celles des Dragons , afin qu'elles falfent de larges plaies. Toute fabrique , débit , porrs & ufage des bayonnettes , eft défendu par un Edit du Roi de 1666, exccpzéles bayonnettes à reftort, qui fe mettent au bout des armes à feu pour l'ulage de la guerre , lelquelles toutefois ne peuvent être fabriquées, ni débitées que par les ouvriers com- mis par le Roi à cet effet. Ce mot eft venu originairement de Bayonne j où l'on dit que la Bayonnette a été inventée. BAYONNIER. I. m. On appeloit autrefois Bayonnlersj les arbalétriers, à caufe qu'à Bayonne on faifoit les meilleures arbalètes; de même que les piftolctsont pris leur nom de Pijloie. BAYONNOIS, OISE. f. m. & f. Qui eft de Bayonne. Bayonenjis. Les Bayonnoïs font tort à l'antiquité de leur Evêché , lors qu'ils eftiment que S . Léon , qui vivoit environ l'an 900 du temps du Roi Charles le fimple, fut le premier Evêque de cette ville; puif- qu'il y avoit eu des Evêques avant la première def- ccnte des Normands en Guyenne. Mais il fut le pre- mier Eyêque après la ruine de cet Evêché , qui lui fut commune avec tous les autres de Gafcogne. De Marca. Voyez lur Bayonne , & lur les Bayonnoïs , outre M. de Marca dans fon Hifl. de Béarn, Notitia utrïuf- que VafconÏA Auci. Arn. Oïhenarto ,\z Marca Hif- panïcd de M. de Marca, Lïv. I. ch. 1 ^. §. /. B A Z. BAZAC. f. m. Coton filé & très-fin , qui vient de Jérii- falem : ce qui le fait aullî appeler coton de Jérufalem. Le demi bar^ac ëc le moyen ba-^ac font des cotons qui viennent du même endroit , mais qui font d'une qua- lité beaucoup inférieure. BAZADOIS, OISE. f. m. & f. Qui eft de Bazas , ou du pays appelé Ba^adois. f^afas, ou Fafatenfis. Les Ba-^adois font les peuples que les Anciens appeloient Vafates , & peut-être les Cocofates. Bazadois, Vafatenfis agtT , Vafatum Regio. Petit pays de France , en Guyenne , dont Bazas eft la capi- tale. •, C^ BAZAÏM. rov^Y Bacaïm. BAZAR , ou BAZÂRI. f. m. Terme de Relation. C'eft une efpèce de rue longue , large , & voiitée , à la hau- teur de 40 ou 50 pieds, deftinée au commerce Ce terme eft ufité parmi les Orientaux , principalement dans la Perfe. Il eft purement turc , & non point arabe ; & lignifie, achat ôc échange demarchandifes&fe dit par extenhon des lieux où le fait le trafic. BAZAS. Ville épilcopale de France, en Guyenne, fur un rocher, doiit le pied eft baigne par la petite rivière de Lavafane, oudeBeuve. Vafates, Vafatum. Viner & quelques autres prétendent que c'eft l'ancien Cof- Jium d'Aulone & de Ptolomée. L'Evêque de Ba^as eft futFragant de l'Archevêque de Bourdeaux. ifF BAZAT. f. m. Coton qui vient de Leyde. Il y en a de trois fortes. |Cr BAZDAH, ou BAZDAD. Ville c^ Château d'Afie, à Une journée de Neekfcheb. BAZGENDGE. f. f. Efpèce de noix de galle rouge s dent les Turcs fe fervent pour faire l'écarlate; 8i4 BEA $a"BAZOCHE(/tf) ou la Bazochc gouet. Gros bourg de France, au bas Perche, fur la rivière deCoitron. BAZOCHE. f. f. Foyei Basoche. iCT BAZOIS. Pedte contrée de France , dans le Nivcr- nois dont elle fait partie, fer BAZUMA. Ville d'Afrique, furl'Océan Ethiopique, ou oriental, entre le pays de Berbcrat& celui de Zcnze. BAZZO. f. m. Petite monnoie d'Allemagne , qui vaut environ deux fous de France , un peu moins. B D E. BDELLIUM , f. m. eft la gomme réfine d'un arbre qui vient dans la Badriane , dans l'Arabie & aux Indes. Cet arbre e)l épineux, noir & rellemble à l'olivier quant a la grolleuri fes feuilles lont fcmblables à celles du chcne , 6c fon fruit à celui du figuier fauvage. Cet- te gomme doit êtreamcre , tranlparente, graife, odo- riférante , (cmblablc a la cire ou a la colle de taureau , molle & facile à fondre. Moyle dit que la manne des Hcbrcux rellembloit a cette drogue quanta la torme; & quant à la grolfeur , qu'elle étoit comme la graine de coriande , & qu'elle avoir le goût de miel. Du Cange après liidore appelle /'i/i.//à^Wj une eau faite avec des veilles d'orme, qui eft bonne pour les plaies , & croit que c'eft la même choie que le hdel- iium des Grecs ik des Latins. Scaliger dit qu'on ne (ait pas au vrai ce que c'eft que le hdellïum dont il efl parlé dans la Genèle , S<. qu'on n'en parle que par con- jeélure. Koye-[ dans la Bihliochèque facrée de hava- nelle , & dans les interprètes de la faintc Ecriture , les différentes opinions des (avans fur \c hdeHium. Il y en a qui font lignifier au mot bdeliiuiriy elcarboucle ou crillaL B E. BÊ. Terme indéclinable , qui marque le cri des moutons. Les Grecs prononçoient leur ita comme un ê : témoin le Pocte Gratinus : Sicut avis bê bê dicens. BEA. $C? BEALT. Ville d'Angleterre , dans la principauté de Galles , an Comté de Brecknock. BEANCE. f. f. Vieux mot. Félicité , du latin beatus , htureux. BÉANT , ANTE. participe de l'ancien verbe béer qui ne s'emploie que comme adjeélii. Qui montre une grande ouveiture, hians. On dépeint les dragons avec une gueule /^«;«rd; l'Enfer comme un gouftre béant. Ils reçoivent l'eau à bouche béante. Vaug. On le dit figurément de ce qui çft vide & ouvert. §3* On Zf^eWzzuih gueules béantes ceux qui ont une avidité continuelle de manger. Acad. Fr. BÉARN. Province de France; qui a titre Ac principauté. Bemarnia. Le Béarn eft aux pieds des monts Pyré- nées, entre le Comté de Bigorre à l'Orient, la Prévôté d'Acqs , la balle- Navarre, ik une partie du pays de Soûle au Couchant; les Pyrénées au Aiidi ; & la Gai cogne au Septentrion. La capitale de Béarn eft Pau. Louis le Débonnaire , après avoir condamné Loup Centulc , Duc de Gaicognc , au commencement du IX' liccle, établit des Vicomtes dans le Béarn ; Se de- puis ce temps-là jufqu'à Henri IV , cette Province a toujours eu fes Princes particuhers. Par l'avènement de ce Prince à la Couronne , le Béarny fut réuni. M. de Marca étant encore Préfident au Parlement de Navarre , fit l'Hift,)ire de Béarn que nous avons. Ce mot s'eft fait du mot latin Benearnï j qui fe trouve dans les anciens Itinéraires , & dans les No- tices de l'Empire , où il eft parlé de la cité des Bénéar- mcns. Dc-la on a fait Béarnlens , & enfin Béarn. BÉARN. Ville ancienne des Béainois. La cité des Béar- nois étoit nommée Bcnearnus , comme on voit dans l'Itinéraire d'Antonin.ou B enardus ycommz le reprc- fcntcnt la Notice des Provinces, le Concile d'Agdc , îk Grégoire de Tours. Marca. BÉARNOIS , OISE. f. m. & f. & adj. Qui eft de Béarn , BEA ou qui appartient au Béarn. Bearnenjîs ^ Èearnienjls. Orteliuseftime que les Preciiîwi deCéfarlont XtsBéar- nois. Vigenère croit que ce font les Crofates. Ville- neuve & Beigier prennent les Cucueni de Ptoloméc pour ceux d'Oleron. Le P. Monct prétend que \^s Béar- nais font une portion des Bigordans, qu'il nomme 5i- gordans occidentaux, ëc les vrais peuples de Bigorre Bigordans orientaux. M. de Marca , HiJ?. de Bearn j Liv, I y chap,II, croit que les V-enami de Pline font les Béarnais , pourvu que le texte foit remis avec une correCuon foit ailée , & très-recevable , lilant Vcnarni , au lieu de Venami : il ne faut que iéparer la première jambe del'/n pour faire deux lettres d'une;(avoir,de \m. un r & un n. Dans les exemplaires de Pline imprimés à Paris en i j 1 6 , on y reconnoït la leçon de Vcnarni au lieu de Venami. On lit dansl'Hiftoire de la Ligue le Béarnais ; c'eft Henri IV que les Ligueurs appeloient ainfi , parce qu'ils s'obftinoient a ne le pas reconnoitre pour Roi de Fran- ce , mais feulement pour Prince de Béarn ; ne lui don- nant pas même la qualité de Roi de Navarre , parce qu'il n'étoit point en poireflion de ce Royaume, quoi- qu'il en fût l'héritier & le maître légitime. Le Pape Sixte V bien informé de la façon de vivre de Henri IV, & de celle duDuc de Mayenne, pronoftica hardiment c[\iz\t Béarnais y il l'appeloit ainfi , comme faifoient tous les Ligueux, ne pouvoit manquer d'avoir le def- fus , puifqu'il n'étoit pas plus long-temps au lit, que le Duc de Mayenne étoit à table , & qu'il ufoit plus de bottes , que 1 autre n'ufoit de fouliers. Perefixe. Les Ligueurs prononçoient Biarnois. Il n'a point d'autre nom dans toute la Satyre Menippée. Hen- ri IV étoit né à Pau en Béarn , le 1 3 de Déceiîibre i j 5 5 , p- rs- ^ Le Gave Béarnais , eft une rivière qui a fa fource dans les montagnes de Bareige en Bigorre. f/Cr BEAT, ATE. adj. Ce morne fe du point pour béa- tifié. Il fc prend même très-rarement en bonne part, pour dévot y mais ilfe dit ordinairement de celui qui fait le dévot j qui atfedfe de le paro'itre. Piétatis fimu- lator. Cet homme eft un Béat. Un Béat poutroit-il s'exprimer plus htureufementî Boil. Ce mot de Béat ne fe dit ordinairement qu'en riant , &: dans le ftyle co- mique & builefque. Mon Révérend , dir-elle au béat homme, je viens vous voir. La Font. Cette coquette eft maintenant une Sœur Béate. Béat. f. m. Terme de joueurs. C'eft celui qui ne joue point, & cependant qui a fa paît de ce que l'on joue. Quand ceux qui veulent jouer une collation , ou un fouper,funt en nombre imp.iir, on tire , & l'on tait un béat , qui eft exempt déjouer avec les autres , Se de payer fa part. BÉATIFICATION. f.f.Aaeparlequcl le Pape,QCr .après la mort d'une perlonne , déclare qu'elle eft bienheu- reule : par lequel , difent les Vocabuliftes , il déclare feulement qu'une perfonne qui n'cjl plus de ce monde ^ jouit du bonheur éternel dans les Cieux. Alicujusin Beatorum numerum adfcriptio. hoitéatification difïere de la canonifation , en ce que dans la béatification le Pape n'agit pas en juge qui décide fur l'état de celui qui eft béatifié, mais il accorde feulement à certaines perfonnes le privilège d'honorer d'un certain culte re- ligieux celui qui efl béarifié, fans encourir les peines portées contre ceux qui rendenr un culte fupeftitieux. Dans la canonifation il parle en juge, &c comme l'on dit, il prononce ex cathedra , fur l'état de celui qu'il canonife. Vaye:^ Castellinus , Galeflnus , Catela- rius , Le\ana ySilveira yScacchi y Sic. La béatifica- tions été introduire depuis qu'on a jugé à prc>pos de ne plus traiter la canonifation des Saints que par de longs délais, pour s'afTurer davantage de la vérité d.ans les voies des procédures les plus févèrcs. Bail. Quelques uns ont cru que l'origine ÀcXs. béatifica- tion ne peut pas remonter plus haut qu'à Grégoire X, mais on ne peut pas douter de la béatification de Guillaume , Hermite de Malaval en Tofcanc , par Alexandre III. Le Cardinal Lambertini , Archevêque de Boulogne , Pape fous le nom de- Benoît XIV ^ a BEA publié en 1 7? 4 , un volume in-folio fur la béatification &c la canonifacion. BÉATIFIER. V. a. Mettre quelqu'un au nombre des Bienheureux. Aliquem intcr Beatos referre , adfcri- bere. Les Saints qui lont leulcment béatifiés, in beatita- tibus comprehendere , collocare. Cette pauvreté évan- gélique que JÉsus - CnarsT a bédtifite. Eourdal. Exhortât. T. I- pag. 2)Ç. BÉATIFIÉ, ÉE. part. Inter Beatos relatas , ad fcriptus. BÉATIFIQUE.adj. Terme de Théologie, qui fe dit de la jouilfance de la prélence de Dieu dans le Paradis , qui fait les bienheureux. Qui Beatos effcit. La vifion béatifique eft celle que Dieu promet dans la gloire éter- nelle. Ce mot n'a d'ulage que dans cette phralé du Ityle dogmatique. On le (ert ironiquement de ce terme, & on dit qu'une perfonne a des vidons kéatfiaues , lorf- qu'cllc a des imaginations creules , qu'elle croit avoir des révélations, & goûter les félicités du Paradis. BÉATILLES. f f. plur. Petites viandes délicates , dont on compofe des pâtés , des tourtes , des potages , des ra- goûts, comme ris de veau, palais de boeuf, crêtes de coq , truffes , artichaux , piftaches , &c. Fartile, BÉATITUDE, f. f. Le louvcrain bien , la félicité éter- nelle. Beatitudojy beatitas. Dieu a promis à fes Saints la ^earirtti/ej le Paradis. Il yades Pères de l'Eglife qui ont cru que les âmes ne jouiroient de la béatitude qu'après la réfurreâion- Du Pin. Le mot béatitude , en tant qu'il fignifîe la félicité éternelle j fe prend en trois manières différentes. 1° Pour l'objet dont la pof- feffion doit nous rendre heureux : c'eft Dieu qui eft le fouverain bien, la béatitude objeélrive. 1° Pour les a6tes de l'ame par lefquels elle poffede le fouverain bien, & elle en jouit: c'eft ce qu'on appelle béatitude formelle. 3° Pour l'état où la pofleliion de Dieu met une ame ■■, ôc en ce fens la béatitude renferme , ou fup- pofe. la béatitude objective c la. béatitude formelle. %czt BÉATITUDE , dans le ftvle myftique fignifîe , dit M. l'abbé Girard, Ictar de limagiration, prévenue & pleinement fatisfaite des lumières qu'on croit avoir, & du genre de vie qu'on a embrafle. C eft l'état d'une ame que la prétence immédiate de Ion Dieu remplit dans ce monde-ci, ou dans l'autre. Il faut que 1 homme demande à Dieu la béatitude : lui (eul peut nous y conduire. §3° Le bonheur marque un homme riche des biens de la fortune: la félicité, un homme content de ce qu'il a. La béatitude reveille une idée d'extafe & de ravilTe- ment. Elle nous attend dans une autre vie. f^oye:^ en- core Bonheur & Félicité. ^3° Béatitude, ne fe dit au pluriel qu'en parlant des huit béatitudes annoncées par Jésus -Christ dans le cinquième chap. de S. Mathieu. Cebès repréfentcla béatitude arrêtée fur un cippe , ou fur une pierre carrée , pour marquer qu'elle doit être inébranlable , tranquille , éternelle. Béatitude , eft aulfi un titre d'honneur qu'on donne maintenant au Pape. Autrefois il fe donnoità tous les Evêques , & même dans les lettres de faint Anfelme il eft donné à quelques Laïques. Béatitude , s'eft formé du latin beatitudojSc à ptopor- tïoïï béat, béatification J béat fier béatfique , debea- tus } beatificatio , beatficare , beat ficus , qui fe font dits danslabalTe latinité. Ifidorc , mauvais étymolo- gifte, dit que beatus s'ed dit quafi bene auclus , parce qu'on a)p^elle beat us , heureux , celui qui a ce qu'il veut , & qui ne fouffre point ce qu'il ne veut point ; mais beatus , félon la remarque de Volîius , vienr de beo , comme legatus vient de lego ; & beo, félon le même Auteur , vient de /S.« , qui fe prend non-feu- BEA . 8rf lement pour vie, mais encore pour biens , richeffes ; qui font les chofes en quoi le vulgaire fait confifter la bédtiude en cette vie. On pouiroit encore tirer beo de l'ancien benus j de forte qu'on en eût fait beneo , 3c par fyncope beo ; mais il eft plus vraifcmblable , dit Vollîus , que benus s'eff fait de beo , comme jenus de l'ancien feo. On peut encore dériver beo de /Sci« , ou (3atu , je %'ais , je marche , ) avance , quHelychius in- terprète audi je vis : c'eft le fcntiment de iViartinius. Ainii beo fignifie, facio ut res eat^five procédât , dit Vollius , qui remarque que les mots qui lignifient al- ler & avancer , s'emploient dans prefque toutes les langues, pour exprimer le bon état des chofes. Ainfi l'on dit en françois , cela va bien , va fon train , en al- lemand es gehet 3 Se en flamand gaet wel. Dans ce fentiment , il faut encore remonter plus haut, & tirer /3s''>> & Bclu, de l'hébreu «a, ou «13, aller. BÉATRIX. f. f. Nom de femme. Béatrix. Quoique nous ayons coutume de changer en ice les noms féminins qui fe terminent en ixy comme motrix , motrice, /jrorcc- trix, protectrice , nous en confervons cependant quel- ques-uns dans leur forme latine; tel eft celui de Béatrix. Ainfi il faut dire fainte Béatrix , martyre fous Dioclé- tien ; Béatrix de Savoye , Conteffe de Provence, Béa- trix de Portugal , Ducheffe de Savoye , &c. 8c non point Béatrice. Ce mot fignifie celle qui rend ou qui peut rendre heureux, de bearcj beo , je rends heureux. ÇO^BEaU ou BEL, au irsafculin , belle au féminin. Autrefois on dif oit ie/j & ce mot eft demeuré en ulage dans quelques mots ; comme Philippe le Bel, Char- les le Bel. Aujourd'hui il n'eft employé que devant les fubftantifs qui commencent par une voyelle. Bel efprit, bel oiiezu. adj. quelquefois employé fubftan- tivement. Pulcher. CQ" C'eft un de ces mots qui vont à tout , qui fe met- tent à tout, dans lephyfîque, dans le moral, dans les ouvrages de la nature , dans les producliions de l'art , dans les ouvrages d'efprit , dans les mœurs , &c. Un bel homme , une belle femme, de beaux ye\iyi,\inbeau teint, un beau fang, un beau chien, un beau cheval, une belle ftatue , une belle voix, un beau fon , un beau jour, un beau ciel , une belle étoffe , une belle ame , un ^e/efprit, de beaux vêts, une belle penfée , un /^ea// pro- cédé , belle humeur, belles raifons , belle occafion, beau coup , beau parleur , belle danfeufe , beau fils. &c. IP? Qu'cfl-ce donc que le beau, qui rend tel tout ce qui eft beau , en quelque genre de beauté que ce puilfe être ? Les Vocabuliftes ont prétendu en donner la défi- nition , en difanr, beau, qui a les traits, la forme & les couleurs convenables pour plaire à la vue : d'où il faut conclure, ajoutent-ils, que le beauneA point abfolu, & qu'il eft relatif au caraétère & à l'organifation de celui qui en juge. Oui, c'eft ainlî qu'il faut conclure quand on railbnne mal. On ne fauroit trancher plus net une difficulté, ÇCr Pout fixer, s'il eft polîible, la notion piécife, la véi ritable idée du beau , ou jeter au moins quelque lu- mière fur une matière allez peu connue, nous expofe- rons le plus iuccintement qu'il fera poilible, les prin- cipes établis dans l'elfai du père André fur le beau. ftT Le beau eft il quelque chofe d'abfolu ou de relatif? Y-a-t-il un beau eilentiel & indépendant de toute inf- titution ? Un beau fixe & immuablement tel r Un beau qui plait , & qui a droit de plaire à la Chine çomrr.c en France , aux barbares mêmes , comme aux nations polies? Un /^«dz/ fuprême, règle & modèle du beau fubalterne que nous voyons ici bas ? Ou enfin en eft4l de la beauié comme des modes & des parures dont le fucccs dépend du caprice des hommes, de l'opinion &; du goût î |J3° Pour ne point parler du beau fans favoit ce qu'on dit, conlultons en l'idée. Cetteidée dit excellence, agré- ment, perfeéticn. Elle nous repréfente le beau comme une qualité avantageufe c^ue nous eftimons- dans les autres , & que nous aimerions dans nous-mêmes. Cela eft inconteflable. §3* L'Auteur ét.iblit en fuite qu'il y a un beau efTentiel & indépendant déroute inftiiution , même divine ; an 8i5 BEA beau naturel, & indépendant de l'opinion des hom- mes : enfin qu'il y a une efpèce de beau d'mftitution humaine, &L(\\.n eftaiburauc juiqua unceitam point. §^ Le beau peut-être conhdéré dans l'elprit ou dans le corps. Ainli par rapport a les ditfcrcas territoires, il faut encore le divU'er en beau l'enlible, que nous ap- percevons dans les corps , & en beau latelligible que nous appercevons dans les ctprits. L'un 6c Tauttc ne peut être apperçu que par la raiibn. Le beau Icnlible , par la raifon attentive aux idées qu'elle reçoit des corps : le beau intelligible , par la railun attentive aux idces de l'clprit pur. |cCr Trois de nos fens, le goût, l'odoiat & le toucher ne cherchent que ce qui leur eit bon : les deux autres, la vue &c l'ouic, lont faits pour difceinerle beau. Le beau vilible ou optique ell du lellort de l'œil; le beau mulîcal ou acouftique efi du reilort de l'oreille ; mais quoiquils en loient les juges naturels, ils ne doivent en décider qu'en tribunaux fubalternes, luivant cer- taines lois, qui leur étant antérieures &c lupéricurcs, doivent dicter tous leurs arrêts. ffT L'Auteur prononce enùiite qu'il y a un beau vifihle dans tous les lens qu'on vient de le dire, im beau^ el- fentiel, un beau naturel, & un /^e<7i^ en quelque iorte aibitraire, & il étaWit des règles pour les reconnoure, chacun par le trait particuher qui le caradénle. fer La plus légère attention à nos idées primitives nous fait voir que la régularité , l'ordre , la fymétrie lont cirentiellement préférables à l'irrégularité , au délbrdre , à la difproportion : d'après les premiers principes du bon fens nous jugerons qu'une Hgure elî: d'autant plus élégante, que le contour en eft plus julle & plus uni- forme; qu'un ouvrage eft d'autant plus parfait, que l'ordonnance en eft plus dégagée ; que dans un delîein compofé de plufieurs pièces différentes, elles y doi- vent êtretellcmentdifpolees,quelamultitudcn'y caule point de confulîon , & que de cet aifemblage il en réfulte un tout où rien ne le confonde , où rien ne le contrarie , où rien ne rompe l'unité du delfcin. Un fimple coup d'œil fur deux édifices , l'un léguher, l'au- tre irrcguher, nous fuftit pour nous faire voir qu'il y a des règles du beau , & pour nous en découvrir la raifon. C'eft donc la fimihtude, l'égahté, la conve- nance des parties qui réduit tout à une elpèce d'unité qui fiit qu'un ouvrage eft beau. Mais il n'y a point de vraie unité dans les corps , puifqu'ils lont tous com- pofés d'un nombre innombrable de parties. Où l'ou- vrier voit-il donc ccite unité qui le dirige dans la conftrucfion de Ion delfem, cette unité que Ion ou- vrage doit imiter pour être beau ; mais que rien ne peut imiter parfaitement, puilque rien ne peut être parfaitement un. Il faut donc conclure avec S. Augul- tin,qu'ilyaau-de(rus de nos elpritsune ccrcaine unité ofiginale, fouver.ainc, éternelle, qui eft la règle cllen- tielle du beau en tout gente. Omnis porro putchrhu- duiis forma , uniras cjî. |)Cr En fécond lieu, il y a un beau naturel , dépendant de la volonté du cré.ateur, mais indépendant de nos opinions cSc de nos goûts. C'eft pat l'éclat des coulenis que l'Auteur de la natute a introduit dans la nature un nouveau genre de beauté qui nous oftre un Ipec- tacle li brillant & h diverfifié. L'azur du Ciel, la ver- dure de la terre émaïUée de mille Heurs, la clarté pure du jour, l'illumination naturelle delà nuit , le colons animé du vifagedes hommes , &c. lont autant d'objets d'admiration pour nous. Il y a donc un beau vilible , - naturel, dépendant de la volonté du créateur : & il leroit aifé de prouver qu'il eft indépendant de nos goûts & de nos opinions, fi tous les hommes étoient de même couleur: mais il y en a de blancs &: de noirs, & ciia- cun prend parti félon les intérêts de l'on amour propre. Ajoutez qu'il n'y a ptelque perlonne qui n'ait la cou- leur favorite. Les peintres eux-mêmes font partagés lur le mélange qui forme la vraie beauté du coloris. ^CF Pour terminer ce diftérent, confultons les yeux, ju- ges naturels du beau vifible. Ils nous difent que la lu- mière eft la reine & la mcre des couleurs. Elle eft belle de fon propre fonds , & elle embellit tout. C'eft tout le contraire des ténèbres. Or de toutes les couleurs , BEA celle qui approche le plusdeialumiète, c'eft leblanc; celle qui approche le plus des ténèbre;, c'eft le noir. Voila donc la première qutftion décidée par la voix' même de la nature. Le cette conclulion , qui ne peut être doutLiite que chez les Maures ou en Ethiopie , ne pourroit-on pas donner a chacune des couleurs le rang d eftime qu'elles méritent , Iclon qu'elles approchent plus ou moins de la lumière 'r Rica de plus naturel que de melurerlcur beauté p.ir leur éclat. 'ÇCr 2.1ais aptes tout, illulhtqu'indépendr.nimcnt de nos goûts ik de nos opinions , ti.utcs les couleurs aient leur beauté propre ; qu'elles plailent toutes naturi.lkinent dans la place qu'elles occupent ; ^^ que chacune en pai- ticulier loit d'autant plus /'t/Zt; , qu'elle eft plus pure, plus homogène, plus unirorme, c'eft-à-dire , qu'on y découvre une image plus lenhble de l'unité. IJC? Quelque brillante que loit une couleur , elle nous ralfaliéroit bientôt, h nous n'en avions qu'une feule à conlidérer dans l'Univers. Mais il y a encore une au- tre forte de beauté , indépendante de nos opinions Se de nos goûts, dans le nombre infini des couleurs com- poses, qui reluirent de leurs difterens mélanges , en les prenant deux à deux, trois a trois , quatre à qu.atrc , 6'c. ôc des combinailons de ces reluhats les uns avec les autres pour en former de nouveaux mélanges, com- binaiiuns qui produilent une luhnitc de couieuïs dil- férentes. 03" Quelle beauté ne rélulte pas encore de l'union & de l'allemblage des couleurs pour compoler un tout hétérogène où elles fe voient diftinguécs lui le même fonds , chacune dans fa beauté IpécihCjUe ! Dans les couleurs de l'arc-en-ciel , dans celles d un paon qui fait la roue , d.ans celles d'un papillon éployé aux raye; s du foleil, dans les parterres de nos jardins , tcuvcnc dans une limplc Heur, quelle richtlleidans cetallcm- biage de couleurs il dilFerentes, quelle lympathie entre quelques-unes! quelle adreiîe dans la conciliation des plus ennemies ! quelle délicateile dans le palfagc de l'une à l'autre ! quelle diverlité dar.s les parties i quel accord dans le total ! Tout y eft diftingué , tout y eft uni. Peut-on ne pas reconnoitre la un beau indépen- dant de nos goûts & de nos" opinions. tfT Dans l'homme ne trouve-t-on pas un genre de beau vilible, réel & abtolu ? Peut-on s'empecler d apperce- voir du beau dans la régularité des traits d un vilaje bien proportionné , dans le choix ^ d.ins le tempé- rament des couleurs qui enluminent ces traits , dans le poli dé la lurtaccoù ces coultuis font reçues dans les grâces diftérentes qui enréluitent lucceliîvemcnt, félon les divers âges de la vie humaine; dans les grâ- ces tendtes de rentance , dans les grâces brillantes de la jeunefie, dans les grâces majeftuLules de 1 âge par- fait, dans les grâces vénérable d uiie beiic vieilletre , & principalement dans cet air de vie & d'exprclïion qui rend, pour ainli dire, ccsgr.aces parlantes, qui dil- tingue (\ avantagculcment une perlonne de la ftatue & de fon portrait. Comment après cela faire dépendre l'idée du beau de l'éducation, du préjugé, du caprice & de l'imagination des hommes ? yCF C'eft qu en effet il y a une troifième efpèce àtbeau qu'on peut ^i^^cXcn arbitrait e ou artificiel, un beau àz lyftème (is: de manière dans la pratique des arts, un beau mode & de coutume dans les parures , te. On voit qu'il entre beaucoup d'arbitraite dans ces - idées de beauté, & de- la on conclut lans façon que tout beau eft arbitraire. ^fT Dans les ans , dans l' Architeélute par exemple , il y a deux fortes de règles; les premières fondée lut les prin- cipes de la Géométrie; les autres fondées lur les obftr- - varions paiticulières que les maîtres de lart ont faites en divers tcmpSj fur les proportions qui plailcrit à la vue parla régularité vraie ou apparente. Les premières Ibnt invatiables comme la fcience qui les prelcrit. La per- pendicularité des colonnes qui (outienncnt l'édifice, la fymétrie des membres qui le répondent, l'élégance du dellcin, l'unité dans le coup d'à il, lont des beautés or- données par la nature, indcpendamment du choix de l'architeéfure. Celles de la féconde efpèce qu'on a éta- bhespour déterminer les proportions des parties d un édifiwfi BEA édifice dans les cinq ordres d'Archiredure (F'oye\ Or- dre , Colonne ,_ ENTREcoLONNfMfNX , Renfle- ment , Module ) n'étant fondées que lur des oblerva- tions à l'œil, toujours un peu incertaines, ou lur des exemples fouvent équivoques, ne font pas des règles routa lait indilpeniablcs. Aulli voyons nous les grands Architedes prendre la liberté de fe mettre au-delTus d'elles, y ajouter, en rabattre, en imaginer de nouvel- les, félon les circonftances qui déterminent le coup d'oeil. Voilà donc un Beau arbitraire , un Beau de génie &delyl1;éme , qu'onpeut admettre dans les arts, mais toujours fans préjudice du Beau eifentiel, quicft une barrière qu'on ne doit jamais palfer. Quelquefois pourtant les grands génies font aflez har- dis pour le permettre quelques licences contre certaines règles du Beau elfentiel, quand ils ont prévus que ces petits défauts donneroient lieu a de grandes beautés, ou qu'ils rendroientplus remarquables celles qu'ils avoienc deflein d'y faire plus dominer , ou enfin que ces défauts paroîtroienr des beautés au plus grand nombre des Spec- tateurs; c'eft-à-dire, qu'ils font des fautes pouravoir le plaifir de les racheter avec avantage. Cette elpèce de Beau arbitraire ne fied qu'aux plus grands maîtres. §Cr L'idée du Beau qui nous a faiil dans le total d'un bel ouvrage, nous luit dans l'examen des parties. Si l'on en rencontre quelqu'une qui s'écarte de la règle, on lavoir fi bien accompagijée , qu'on lui donne en propre une beauté qu'elle ne tire que de fon accompagnement. Si c'eft: un ouvrage de l'art , forti de quelque main fameufe , ce défaut change de nom ; on y remarque du génie, on y foupçonne du myftère,on le métamorphofeen coup de maître. Si c'eft un ouvrage de la nature, un beauvi- fage , par exemple , où l'on obferve quelque petite irré- gularité , on érige ce défaut en agrément. On palfe tout au talent ou au bonheur de plaire. ^CFSil'on renconrre ce même défaut dans quelque imita- tion, quoiqu'imparfaite de l'ouvrage oudelaperlonne qu'on admire, l'idée du Beau fe réveille aulîî-tôt dans l'cfprir. On avoir admiré ce défaut dans l'original , par !e mérite emprunté de fcs accompagnemens: on l'admire encore, quoiqu'ifolé, dans la copie, par la force de l'habitude qui prévient la réflexion. On veut croire que tout eft Beau dans ce qu'on eftime , plus beau encore dans ce qu'on aime. ^3" Par cette manière de raifonner, fi commune parmi les hommes , combien de laideurs rravcfties en beaurés î Combien de peuples ont trouvé de la grâce dans plu- fieurs défaurs vifiblesî Un front étroit, un nez court, de petits yeux , de grolfes lèvres , font devenues des beautés nationales. D'abord on ne les avoir trouvé que fupportables , & feulement dans cerraines perlonnes , en faveur de quelque heiireufe compenlation. A force de les voir, ilsontpairépeuàpeupourexcufables, puis pour louables, & enfin de degrés en degrés pour des agré- mens nécefiaires à la beauté du pays. Voilà pour ce qui regarde le Beau pcrfonnel. ^;C? Dans les modes, combien de beautés arbitraires n'onr- elles pas été inventées pour parer celle qu'on a, ou, pourfuppléer celle qu'on n'a pas? On porte en Europe des pendans d'oreilles : dansleMogolon y joint des pen- dans de nez. En France on fe poudre les cheveux, & on les frife pour les mettre en boucles. En Canada on fe les graille pour les lailler pendre fur les épaules. Dans le nouveau Monde on voit des peuples entiers qui fe peignent le vifage de mille couleurs érrangères: chez nous qui nous piquons d'être plus élégans , on met un mafque de fard , peint à la vérité de couleurs plus naturelles , mais qui n'en eft pas moins un malque ri- dicule. Preuve fenlible de la force de l'habitude dans les jugemens que l'on porte du beau. fC? Dans cette diverfité d'opinions ëc de goûts fur le beau vifible , pour fe convaincre qu'il y a une règle pour en j u- ger,qu'il eft même facile de reconnoitre;il faut diftinguer avec l'Auteur j trois fortes de beau\ un beau elfentiel, unbeauna.^ui-e\ ,8cunbeau artificiel ou arbitraire. Peut- être même faudroit-il encore divifer le beau arbirraire en plufieurs efpèces. Un /^e^îi^ degéniejfondélurunecon- noiirance du beau e(rentiel,airez étendue pourfe former un fyftcmeparticuUer dans l'application desrègles géné- Tome I. BEA 817 raies dans les arts : un ^eaz/ dégoût, fondéfur une cori- noillance duheau naturel : ce qu'on peut admettre dans les modes avec toutes les reftrictions que demandent la modeftie &c la bienféance. Enfin un'leau de pureapri- ce , qui n'étant fondé flir rien , ne doit être admis nulle part ,fi ce n'eft peur-être furie théâtre de lacomedie. §C? z". Beau mulical. LaMuhque dans fa notion propre , eft la fcience des Ions harmoniques, & de leurs accords^ yoyei Accord , Son harmonique. Bien des gens pré- tendent que le f entiment eft le icul Juge de 1 harmonie ; que le plaihr de l'oreille eft lefeul beau qu'on y doive chercher ; que ce plaifir même dépend trop de l'opinion, du préjugé , des coutumes reçues , des habitudes ac- quilespourpouvoirêrrealfujettià des règles certaines. Le goût differentdes difFérens peuples , qui ont tous leur mufique particulière, qu'ils élèvent par delfus toutes les autres , eft pour eux une preuve de ce paradoxe. Ils font charmés, difent-ils, que faut-il davantage? Rai- fonnement de Midas qui ne portent que des oreilles à un concert. Il faut que dans leurs plailirs la raifon foit pour le moins de moitié avec les fens. §3° On admire dans un concert la belle ordonnance des fonsconfécutifs, la cadence de leur marche, la régula- rité de leurs mouvemcns périodiques , la proportion des intervalles , la jufteile des temps, le parfait accord de toutes les parties concertantes. Ordonnance , régularité , proportion, jufteife j décence, accord, tout cela n'eft pas le fon qui frappe l'oreille , ni la fenlation agréable qui en réf ulte dans l'ame , ni la fatisfaélion réfléchie qui la fuit dans le cœur: il y a donc un agrément plus pur que la douceur des fons qu'on entend ; un beau qui n'eft pas l'objet des fens ■, un beau qui charme l'elprir, que i'efprit feulapperçoit , & dont il juge. Mais par quelle règle ? par une lumière lupérieureaux fens. IJans l'idée de l'ordre , on découvre la bcauré de l'ordonnance delà pièce ; dans l'idée des nombres fonores , la règle des pro- portions & des progreiîions harmoniques, dont ils font les images eirentiellcs ; dans l'idée de la décence, une loi qui prefcrit à chaque partie fon rang, fon teime (k. fa roure légitime pour y arriver, C'eft dans le grand livre de la raifon qu'on voit cette tablature. Il y a donc un beau vnuiicû elfentiel , abfolu , indépendant de toute inftitution , qui eft la règle inviolable de 1 harmonie, 15c? En fécond lieu, il y a un é^aa mulical narurel, dépen- dant de l'inftirution du Créateur , mais indépendant de nos goûts & de nos opinions. La nature des corps fonores, la fentibilité de l'oreille dans le difcernemcnt des fons , la ftiuérure route harmonique du corps hu- main , la f ymphatie de certains fons âvee les émotions de notre ame, en font autant de preuves. îfT Le fon d'un corps fonore , d'une corde , ne fc fait jamais enrendre feul, mais toujours avec Ion oclave aiguë; le fon delà voix qui paroit unique , eft hmple de fa nature, c'eft-à-dire , qu'outre le Ion principal , qui eft le plus grave & le dominant , il porte avec lui Ion actave , fa quinte & fa tierce majeure. P^oye:^ MM. Sauveur & Rameau. Quelle doit être la feniibilité de l'organe qui les diftingue aveeau mufical , qui exiftent indépendamment de la volonté des hommes , il y en a une troihcme qui en dépend en quelque forte , & dans fon inftitution & dans fon application; un heau de génie, nn beau de goût, & dans certaines rencontres, un heau de caprice Se de faillie. fCTC'eftainfiqu'onarrouvé le fecret de faire entrer les dilfonnances dans des compodtions de mufique ; on a trouvé l'art d'en adoucir larudefte, de leur prêter même une partie des agrémens des conlonnances pour les em- pêcher d'en troubler l'harmonie ; de les employer , comme les ombres dans la peinture, pour lervir de pallage d'un accord à l'autre. On a même remarqué que fi elles blelfent l'oreille par leur rudelfe , elles en fontparcela même plus propres pour exprimer certains objets, tels que les tranfports irréguliers de l'amour, les fureurs de la colère, les troubles de la dilcorde , les horreurs d'unebataille , le fracas d'une tempête , &c. U3"Ne lait-on pas que dans certaines émotions de l'ame la voix humaine s'aigrit naturellement , qu'elle détonne tout-à-coup, qu'elle s'élève ou s'abaille, non par dé- grés , mais comme par fauts & par bonds. Voilà la place où les diflbnances peuvent avoir lieu, où elles font même quelquefois nécelïaires. Alors fi elles déplaifent à l'oreille par la rudelfe des fons, elles plaifent à l'efprit & au cœur par la force de l'exprclîîon. L'emploi des dif- lonnances bien entendu produit donc dans la mufique un nouveau genre de beau toujours fondé lur la nature , puilqueles dilfonances ne palî eut qu'à la faveur des con- fonanccs qui les préparent ou qui les fuivent ; mais un teau néanmoins qui eft en quelque forte arbitraire , parce que les tempéramens qui les adouciftenr, les ex- prelHons qu'on en tire , les variétés infinies dentelles or- nent les compofirions muficales , font véritablement l'ouvrage du Muficien , des beautés qui font de fon choix , de (a création. ?G" Voilà donc les trois genres du beau mufical fuffifam- ment établis, mais qu'elle en eft la forme précifeî En matière de mufique , comme en toute autre , c'eft tou- jours l'unité qui conftirue la vraie forme du beau. §CF En effet, que cherchons-nous naturellement dans une BEA compofitionmuficaleîDesconfonnanccs, des accords j un concert , une harmonie par-tout, c'eft- à- dire, une unité par-tout. Qu'eft-ce que nous entendons avec peine dans fon exécution? La détonation d'une voix, la diffo- nance d'une corde, ce qu'on appelle un chant faux, les battemens irréguliers de certains inftrumens, ladilcor- dance entre les parties d'un concert, c'eft -à -dire, la rupture de l'unité harmonique. Que demandons-nous à un Muficien qui compole un air fur des paroles? Nous demandons qu'il entre dans l'elprit de la pièce, qu'il eu iaifilîe le caractère , le genre , le mode ; qu'il en exprime dans les tons non-leulcment les mots, mais encore le lens particulier de chaque mot, de chaque phrafe, & le fens total de la lettre dans le totaldela compolirion. N'eft -ce pas lui demander que des paroles qu'on lui donne ik de l'air qu'il y ajoute il en falfe naître un tout parfaitement uni? Mais fipar hafard fon air jure conrre les paroles, s'il entonne une tempête fur un air de vic- toire, s'il fredonne une pompe funèbre comme une fa- rabande ; fi la mulique chante où elle ne devroit que parler ; s'il court à perte d'haleine où il ne faut que mar- cher ; s'il badine harmonieulement fur chaque mot , & qu'il abandonne l'harmonie du chant , c'eft un fup- plice pour la raifon. §CF Ce n'eft pas encore aifez, il faut que le compofitcur porte fon attention jufqu'auheude la (cène où (a pièce doitparoitre,& ju(qu'àlaconditiondes perfonnes qu'il y fait parler , jufqu'aux raœurs & aux (cntimens qui les caraélérilent dansl'hiftoire. N'eft-cepas le comble du ridicule de porter à l'Eghfe le ton de l'Opéra.ou à l'O- péra le tonde î'Eglife, de faire chanter un Roi qui com- mande ("ur le ton d'un particulier qui prie , ou un par- ticulier qui prie, lurlcton d'un Roi qui commandeen maître? Et dans l'expreftîon de quelques pallions com- munes, de noter les loupirsd'un Alexandre (ur le ton d'un Sybarite , ou les foupirs d'un Sybarite lur le ton d'un Alexandre ; enfin de nous faire entendre deux perlon lies dans le même perlonnage, l'une dans le nom qu'on lui donne, & l'autre dans le ton qu'on lui fait prendre? Preuve bien évidente de la nécellitéde l'unité muficale. §CF Enfin qu'eft-ce que nous admirons dans ces grands concerrs où l'on alfemble tant de voix de tous les de- grés , tant d'inftrumensdetous les genres, tant de par- ties qui paroilfent fi difcordantes , pour concerter en- femble ? n'eft-ce pas encore l'unité qu'on a trouvé l'art d'introduire & de foutenir dans cette multitude prodi- gieufe de Ions Ci difféiens ? c'eft à-dire, fuivant la belle expreftîon d'Horace , qu'on a trouvé l'art d'en compo- fer un total fonore , qui , malgré la multitude de fes par- ties, devient parfaitement un par une elpèce de pro- dige. Remprodigia/uerunam. L'unité eft donc la forme cflentielle du beau mufical. ^y 3°. Beau dans les mœurs. Il eft évident qu'il fup- pofeuneloiqui en eft la règle; & cette règle eft un cer- tain ordre qui (e rrouve entre les objets de nos idées, (elon qu'ils renferment plus ou moins de perfection. Cet ordre des objers nous donne dans les divers de- grés deperfeâion qui les diftinguent, la melure natu- relle de l'cftime Se de l'amour; des (entimens du cœur Se des égards effedlifs que nous devons avoir pour eux. En un mot il eft évident que dans le moral comme dans le Phyfique , c'eft l'ordre qui eft toujours le fondement du beau. Il n'y a que des gens qui , n'ayant point de mœurs , voudroient aullî qu'il n'y eut point de morale, qui puilfent douter de cette vérité. fC? Par rapport aux mœurs , trois efpèces d'ordres qui en font la règle: ordre elfentiel, abfolu & indépendantde toute inftitution : ordre naturel , indépendanr de nos opinions & de nos goîits , mais qui dépend clfcntielle- ment de la volonté du Créateur ; enfin ordre civil & politique , inftitué par le confentcment dés hommes pour maintenir les états iSc les particuliers chacun dans fes droits naturels ou acquis, ÇCT Dans le monde intelligible, nous voyons Dieu, l'ef- prit créé , la matière . placé chacun dans le rang que lui marque dans l'Univers fon degré d'ellence& deper- feélion : l'Etre fuprcme à la tête, l'efprit créé immé- diatement au-delfous, la matière dans le dernier rang. Voilà l'ordre des trois divers êtres qui renferment tous- BEA les objets <^e nos connoiflanccs. Ordre cfTcntiel , im- muable ^ n^ceirairc comme l'eirence même ctc ces ob- jets : ordre qui doit conléquemmcnt régner dans les ju- gemens que nous en portons. L'ttre fuprcme doit donc avoir le premier rang dans notre crtime , dans notre amour , dans notre attachement , lîSc l'elprir doit avoir la préférence fur le corps ; & h ces deux êtres ic trou- vent réunis, il tant que le corps ioit loumis à l'etprit , comme à ion (upcrieur naturel. Ordre eilenticUement jufte, puilqu'il établit ckaque être dans Ion rang cllen- tiel; ordre par Coniéquent éternel ,ablulu , immuable. Nous avons donc dans la morale un point fixe , où il faut tout rapporter , l'ordre eirentiel que nous appcrce- vons entre les trois divers objets de nos connoifîances , Dieu , relprit& le corps. C'eilla première règle. §Cr Laleconde eftl'ordre naturel, c'eft à-dire, ce bel or- dre que Dieu a établi entre les hommes. ffT II y a dans tous les cœurs un lentiment général d'hu- manité , indépendant de l'éducation , de l'opinion , de toutes les indiuuions arbitraires des hommes. Nous Ccn- tons profondément , lur-toutdans nos beloins , ou dans les leurs que nous ne pouvons nous empêcher deles re- connoître pour frères. Ce n eft point une leçon que nous ayons apprile des Philofophes , ni une loi que nous ayons reçue des légiilateurs. Avaiu qu'il y eut des PhilclopheSjily avoit deshommes, l\: avant qu'il y eut des légiflateurs , il y avoit une loi d'humaniré , un ian- timent naturel & intime qui nous unilloit tous. Homo fum^ hmanl nïhll a me alienum puto. Je luis homme , & je ne puis regarder ni la perfonne d'un autre homme , ni (es intérêts comme étrangers. A'îaxime gravée en ca- racl:ères ineffaçables dans le cœur de tous les hommes pari Auteur même de la nature. De même donc qu'il y a dans nos elprits un ordre de fentimcns qui eft la rè- gle de nos devoirs elFentiels par rapport aux trois gen- res d'êtres que nous connoiffons ielon les differens degrés de perteétion , il y a auilî dans nos cœurs un ordre de fentimcns qui eft la règle de nos devoirs natu- rels par rapport aux autres hommes, félon les divers degrés d'union & d'affinité que nous avons avec eux. /^ye:j encore HumRnitÉ &c les articles relatifs. ^Zt Ces premiers fentimcns de la nature font fouvent combattus par les p.aiîîons qui tendent au renvcrfement de l'ordre & à la deftrucïion de 1 homme. Il falloir donc un frein pour en arrêter la licence. Il falloir armer les droits de l'ordre ellcntiel & de l'ordre naturel con- tre leurs attaques. C'eft ce qu'on a exécuté en leur op- pofant la barrière de l'ordre civil & politique; autre rè- gle beau dans les mœurs. |CF On découvre par-tout une étonnante inégalité dans les conditions humaines; les unes immédiatement or- données parla Providence, des grands & des petits , des riches iS<: des pauvres, tels uniquement parle fort de Icurnaiirance: les autres établies par la prudence des légiflateurs pour maintenir cnacun dans fcs droits & dans les devoirs: des Princes, des Magiftiars, des Of- ficiers de toute efpèce , prépofés par les lois , ceux-ci pour veiller , ceux-là pour commander , d'autres pour exécuter. C'eft ce qu'on entend par ordre civil & po- litique. §3" L'égalité géométrique ne pouvant fubflfter entre les hommes , ni pour les biens , ni pour les rangs , la rai- fon, notre propre intérêt, celui de nos concitoyens nous diéle quej30Ur nous rendre heureux, il faut nous con- tenter de cette efpèce d'égahté morale qui confifte à m.iintcnir chacun dans fes droits, dans fon ét:^t hérédi- taire ou acquis , dans fes biens , tes polfelllons, dans fa liberté naturelle , mais aufti dans fa tubordination né- cellaiie pour y maintenir les autres. C'eft ainfi que le; lois égalent tout le monde ; c'eft le chef-d'œuvre de l'ordre civil & politique. Il remplace par l'équité des lois l'égalité des conditions. Il n'étoit pas pollîble de les mettre de niveau: il a trouvé une balance pour les mettre du moins dans une efpèce d'équilibre. La fubordination , la règle, la juftice, la fureté publique, le repos desparticuhers font les avantages qui réfultcnr de l'établiirement des lois. ^3" Mais quel eft le refTort fecretqui maintient fi conf- tamment cet ordre dans tous les états , qui les coirferve Tome /. BEA 819 entre eux dans cet équilibre , qui tient chaque peuple attaché au lieu de fa naifïaucc , quoique fouvent très- mal partagé des biens de la vie , à fa forme de gou- vernement , quoique fouvent très-dur ; à fcs lois , à Çe% coutimies , quoique fouvent très-incommodes '. pour produire tou$ ces miracles de confiance , il ne falloit pas moins que l'amour de la patrie, amour auili natu- rel que l'amour de nous même & de nos parens ; qui réunit tous les motifs divins & humains pour nous lier inféparablemcnt fous les idées les plus touchantes: les Rois a leurs peuples, comme à leurs enfans; les peu- ples à leurs Rois , comme à leurs pères ; les peuples entre eux , comme les enfans d'une même famille. ifT Concluons donc que comme il y a un ordre d idées éternelles qui doit régler les jugemens que nous por- tons des objets confidérésen eux mêmes , par leur mé- rite abtolu , & un ordre de fentimcns naturels qui doit régler nos afteéfions pour les autres hommes, par la raifon du fang oui nous unit enfemble dans une fourcc commune; ii y a auiîi un certain ordre d'égards civils qui doit régler nos devoiis extérieurs par le mérite du rang, de la condition ou delà place des perfonncs avec qui nous avons à vivre ou à traiter dans le monde. 0CF Cela fuppofé , en quoi conhftc le beau dans les mœurs î Combien y en a-tildc fortes? Queleft en par- ticulier le caraétèrc qui les diftingue ; & en général, quelle eft la forme précife du beau dans les mœurs î fer Le beau dans les mœurs confifte dans une conftante , pleine & entière conformité du cœur avec toutes les ef pèces d'ordres dont on vient de parler. Il y a trois ef- pèces d'ordres, un ordre ellentiel, un ordre natutel , un ordre civil : d'où rélultcnt trois efpèces àzbeâu moral.. Beau moral eflentiel, conformiré de cœur avec l'ordre efFentiel , qui eft la loi univerfclle de toutes les intel- ligences: ietz?/ moral naturel, conformité du cœur avec l'ordre naturel qui eft la loi générale de toute la nature humaine: beau moral civil, conformiré du cœur avec l'ordre civil qui eft la loi commune de tous les peuples réunis dans une même forme de cité ou d'état. 1^ Dans l'ordre moral , comme dans l'ordre phyflquc , c'eft toujours une efpèce d'unité qui eft la forme ef- fentielle du beau, c'eft -à- dite , de ce qui dans les mœurs , dans les fentimcns , dans les manières , dans les procédés conftitue le vrai honnête, le vrai décent , le vrai gracieux , la vraie beauté morale de l'homme. 03° On peut confldérer l'homme feul , ou en fociété. Par-tout il doit avoir des mœurs. Seul , il a à vivre avec Dieu&: avec lui-même; il a un maître à conren- ter, des partions à gouverner. Que la raifon commande à l'ame , que l'ame reçoive la loi , & la donne au corps j que le corps obéifTe fans murmure , au moins, fans ré- volte. Parce moyen la fubordination fe trouve établie dans toutes les facultés de l'homme , dans fes affec- tions, dans fes fentimcns. La fubordination y met l'ac- cord, l'accord la décence; & le tout enfemble fe trouve ainfi réduit à une efpèce d'unité où rien ne f e contredir, ou rien ne fe dément. Régner fur foi-même fous l'em- pire delà raifon éternelle quicfT;unej &:qui rendront un, voilà dans les mœurs de l'homme confidéré feul, ce qu'on doit appeler grand j noble , fublïme j beau. 03" Placé dans la fociété, l'homme n'eft eftimable qu'au- tant que fes difcours font toujours d'accord avec fa pen- fée, fa conduite avec fes maxiine», fes maximes avec le bon fens , fon air & fes maniâ(»avec fon état, avec fa nailTance , avec fon âge , avec la place qu'il tient dans le monde. Tout y plaît , parce que tout y con- vient, touty eft un. Parla raifon des contraires ncu* ne fentons que du méprisa la vue d'un homme qui paroîc toujours en oppolition , en contrafte avec lui-même , qui préfente deux hommes fous la même tête, & tou- jours deux hommes qui ne conviennent pas ; un air de cavalier dans un homme d'éghfe, unairde foldat dans unhomme de robe, un air de Magiftrat dans un homme d'épée , un air de village dans un couitilan , un air de cour dans un anachorète , un air de Caton dans un jeune homme , unairdepetit-maitre dans un vieillard, en un mot un air de mafque fur un vifage. AlTortiment bi- zarre qui fait le ridicule , diamétralement oppofé au ^eaadans les mœurs. Il n'eft peut-être pas impoffibl* Llllli; Szo BEA de les avoir bonnes avec ce défaut, mais il ell certain qu'on ne peut les avoir belles tant que la contraricté de la perfonne & du pei ibnnage rompra , pour ainlî dire , Tunitc de l'homme par leur oppolition mdecente. •^Cr A l'égard des procédés , n'eft-ce pas par cette règle d'unité qu e nous mefurons naturellement l'eftime ou le mépris, l'amour ou la haine, la louange ou le blâme des diverfes conduites que nous voyons tenir aux hommes Jans la fociété. Si lajurticeeft une fi belle vertu, ccft qu'en jugeant tous les hommes l'ans acception de per- foiuies , par l'équité de la même loi , elle nous lait iou- venir que nous Ibmmes tous égaux , tous un par nature. Un procédé injulte eft révoltant, parce qu'il rompt ce nœud d'équité qui nousunifloit tous. Les humeurs in- tolérantes font en horreur , parce qu'elles tont toujours prêtes à faire fchifme avec l'Univers. Nous fommes charmés de la politelle des grands qui lavent deicen- dre jufqu'aux plus petits. Elle rend témoignage à l'u- nité de la nature. Nous fommes indignés de l'info- lence d'un nouveau parvenu , qui à peine forti de la roture fe croit au rangdes demi-dieux. Ilfemble renon- cer à la communion de l'elpcce. Nous regardons comme des monllres des frères ennemis, des enfans ingrats , des parens dénaturés, qui ne lavent pas relpeâer l'u- nion naturelle du fang. Nous dételions les Rois titans , les Miniftres brouillons , les gens de cabale : ils déchi- rent un corps dont ils devroient maintenir 1 intégrité. Au feul nom de la paix , nous voyons la joie par-tout répandue. Elle nous annonce l'union. La guerre au contraire nous paroît un fléau terrible. Elle rompt l'u- nité du genre humain. ^CT 4°. Le beau dans les ouvrages d'efprit. Nous en raf- femblerons en peu de mots fous les traits. Que la baie en foit toujours la vérité, l'ordre, l'honnc.e & le dé- cent. F^oye:^ ces mots. La vérité , parce que la parole n'eft inftituéc que pour en être l'interprète , pour l'é- elaircir,pour la faire palFcrd'unelprit à l'autre, connue une lumière qui doit être commune à tous les hom- mes: l'ordre, parce qu'il y en a entre les vérités. D'où il s'en luit que l'ordre cil ablolument nécellaire dans un difcours pour les mettre chacune dans fon vrai point de vue , en iorte que les premières éclairent les fuivan- tes , & que celles-ci à leur tour donnent aux premières, par leur fuite naturelle une efpèce de nouvel éclat. U honnête, c'cft-à-dire , le refped pour lareligion & la pudeur, parce qu'il cil: cerrain que nous portons dans l'ame un fentiment d'honneur, compofé de ces deux autres, qui s'olïcnlcnt naturellement détour ce qui les bielle. Les Payens même ont établi cetce règle comme indifpenfable : enfin le décent qui luppofe toujours l'honnête, mais qui embralTe un plus grand terrain. Comment en effet un homme qui parle au public pourroit il réulllrà plaire, s'il ignore les bienféances, les égards, ce qu'il doit aux temps, aux lieux, à la na- ture de fon lujet , à fon état ou à fon caradiére & à celui des perfonnes qui l'écoutent , à leur qualité ou à leur rang, lur-tout àlcurraifon,qui dans le moment va juger de fon cœur parfes paroles? Aullî Cicéronen faifoit la loi capjtale de fon art. Cap ut artis , decere. Que fur ce fond du beau elfentiel onrépande, félon l'exigence des matières, les images, les lentimens, les mouvemens convenables , toutes les grâces du beau moral. T^oyei Im^^, sentiment , mouvement. Que l'exprellion , le torit, le ftyle relèvent encore à l'efprit & à l'oreille ces beautés fondamentales du difcours , mais avec un art qui relfemble 11 bien à la nature qu'on le prenne pour elle-même, f^oye^^ Expres- sion , TOUR, STYLE. Enfin que tout cela forme un corps d'ouvrage lié , fuivi , animé , Ibutcnu , & dans lequel il n'y ait aucun hors d'anivre , qui en rompe l'unité. Car pour qu'unouvrage d'éloquence ou depoc- fre foit véritablement beau , il ne fuffit pas qu'il y ait de beaux traits ; il faut qu'on y découvre une efpèce d'unité qui en falfe un tour bien allbrti. Unité de rap- port entre toutes les parties qui le compofent , unité de proportion entre le ftyle & la matière qu'on y traire : unité de bienféance entre la perfonne qui parle , les chofes qu'elle dit , & le ton qu'elle prend pour les BEA dire. C'eftle fameux précepte d'Horace ou plutôt de la nature. Denique Jlt quodvisjîmplex duntaxat ^ £' unum. ffT Palfons maintenant aux différentes fignifications du mot beau. Nous avons déjà dit que ce mot fait beau & belàu mafculin , & belle au féminin. Autrefois on di- foit communément belpouï beau. Nous ne l'avons re- tenu que cjuand le lubftantif qui fuit , & auquel il le rapporte, commence par une voyelle, comme un bel arbre , un/if/enfant. Le lurnom de Charles le Bel, ikds Philippe le Bel, qui fut donné à ces deux Rois pour la beauté de leur vifage, leur eft demeuré. Hors ces deux cas, il faut toujours dire, beau ik non pas bel. Par exemple, il faut dire, cet enfant eft beau en tout temps , & non pas bel en tout temps ■■, patce que le mot de beau n'eft pas là devant un fubftantif auquel il fe rapporte. Mais on diroit un bel enfant , ik non pas un beau enfanr. |C? Beau, fe dit de ce qui plaît aux yeux par la jufte proportion de les parties , & par le mélange agréable des couleurs. Dans ce lens on le dit des perlonnes , Se particulièrement du vilage. Un bel homme. Une belle femme. Un /^cijttvilage. De beaux yeux. Une belle bou- che. Ne foyez point li fiére de votre beauté ; on a peu de temps à être belle , & long-temps à ne l'être plus Des H. Il arrive fouvent qu'une belle perlonne brille & charme les yeux lans aller plus loin; tandis qucla jo- lie forme des liens , & fait de véritables pallions. Le teint , la taille , la proporti' i. oie la régularité des traits forment les /'e//cjperlonnc->. §Cr Quelqucfoii iemotce heaune. dcfigneque les pro- portions, lans aucun rapport a'-i mélange des couleurs. C'eft ainfi qu'on dit, une belle taille , un beau bras , une belle jambe. Luculentus. IJCF Dans ce lens , on le dit des animaux bien proportion- nés dans leur elpèce. Un beauù\ien, un beau cheval. On le dit de même deschou^ ivuniméespcur en mar- quer les proportions, la réguiariïé. Une belle ftatue. (X? Quelquefois auifi il le dit prinRpalement de la viva- cité , de l'éclat, de la pureté & de l'agrément des cou- leurs. C'eft ainfi qu'on dit un beau teint, une belle couleur, un beau coloris, une belle fleur. 5^ C'eft dans cette acception qu'en parlant de quelque pays , on dit que le fang y eft beau, pour dire, que les habitans y lont bien frits , ôc particulièrement qu'ils y ont un beau teint. 33" Beau , le dit aullI des Ions qui plalfent à l'oreille. Gratus. Un beau Ion, une belle mufique, un bel ac- cord. Une belle voix qui plaît à l'oreille par la douceur de les Ions , à l'elprit La beauté de Chartres eft le nom d'tlnc tulipe» Ib. {CF Beauté, Bellitas ad matronam. Ancienne maifoft royale de France, furie bord de la marne, dans le voi- iinage du bois de Vincennes. Foye^ Vincennes. BL AD VAIS. Ville épifcopale de France , capitale du Bcau- vailis. Bellovacum y Bellovaci^ C&faromagus. L'Evc- que de Beauvaisûtwr le premier rang entre les Com- tes Eccléfiaftiques Pairs de France. Quelques Géogra" phcs croient que Beauvais eft la ville que les Anciens nommoient Bratufpantium , que d'autres placent à Gratepance , & d'autres a G landviiic , villages de Beau- vaifis. Jean de Paris l'appelle Belvacum ■, d'où a pûfe former Beauvais. La Icigitude de Beauvais eft ic°, 6' , 33" la latitude, 49°, 16' , o". Des Places. Mais dans le catalogue des longitudes ôc latitudes qu'il a donné depuis , il n'a point mis celle de Beauvais ; ce qui fait douter de celles-ci. Louvet a fait les antiquités de Beauvais çn deux vol. in-12. 163 j. à Beauvaisi {CT Beauvais. BourgdeFrance, au Haut-Languedoc, lut le Tcfcou, à cinq lieues de Montauban. EEAUVAISIN, INE , f. m. & f. qui eft de Beauvais, ou plutôt de Beauvaihs. Bellovacus. Voyez M. de Va- lois , comme ii l'on diloit Bellovacinus , ou Bello- vacenjîs. Les Beauvaijins , très-puiftlrns parmi les Bel- ges, pouvoient arm.er julqu'à cent mille hommes T. Cor. Les Beauvaijins , les meilleurs guerriers de tous les Gaulois & Belges, levoicnt des troupes lous la con- duite de Corbeus & de Comius. Id. Nous avons déjà remarqué que plulicurs de nos bons Auteurs ne fe fer- vent point de noms récens & en ulage aujourd'hui ^ quand ils parlent des peuples anciens qui habitoicnt le même pays; mais qu'ils donnent une forme han- çoife à l'ancien nom latin. Ainiî dans les exemples que nous venons de citer, jaurois mieux aimé dire les Bel- lovaces ou Bcllovacicus , comme Cordemoi, que les^ Bcauvailms. BEAUVAlSiS, ou BEAUVOISîS. Bellovacenjls ager. Contrée de France, qui faifoit autrefois partie dj^JaPicar" die, & qui eft aujourdhui de 1 Ile de France. Elle a pris fon nom de Beauvais la capitale. Le Feauvaijs eft borné au couchant par les Elections de Compiègne & de SenliSj au midi parle vexin irai-.çcis , au couchant par la Normandie, & au nord parla Picardie. Mat y. Le Beauvaijîsj autrefois Comté, fit partie de celui de Vermandois. Il pafta aux Comres ce l'royes iflus des Comtes de Blois: Fude^ Il Comte de Troyes, l'é- changea en 996, pour Sarcerrc en Berri, avec fon frère Roger, Evêque de Beauvais , qui donna ce Comté à fon Eglifecn 1016, duconleiîtement du Roi Robert. roye^ du Chesne. Le P. Louvet a donné Tf Jiftoiie & les antiquités de Beauvaijïs , à Beauvais in-^. en 163 1 , &D. Simonunlupplémentà fHiftoirede Beau- vaijls i in-4". à Paris en 1704. (CT BEAUVOIR /armer. Ville maritime de France, en Poitou, Eleétion des Sables d'Olonne , avec titre de Marquifat. 0CT Beauvoir. Bourgade de France dans le Dauphiné, 8c non pas ville, comme le dit Corneille. B E B. ^ BEBLINGEN, Petite vile d'Allemagne , dans la Suabe , au Duché de Wittenberg. C'3' BEBRE {la ) rivière de France, dans le Bourbonnois, qui prend fa fource près de Monmonllon , & le décharge dans la Loire , vis-à-vis de Bourbon. On la nomme auili la Chabre. BEB 1'. f. m. Sortes de toiles de coton, qui fe fabriquent à Alep , & aux environs. fï:? BEBZ. Ville de Pologne, dans la Ruffie propre, ca- pitale d'unPalatinat de même nom. BEC. BEC. f m. La partie dure& pointue de l'oifcau, qui lui tient lieu de dents & d'armes pour (e défendre. Rojlrunu Les oifeaux fe défendent du bec, dornenr des coups de bec. La colombe revint dans l'arche avec unebian- dire d'olivier dans le bec. C'eft par \c bec quel'oifeaiï M m m m m <> z 6 BEC -•commence fa mue au renou,veau. On dit en raucon- iierie, un hec droit , rectum ; crochu , aduncum; af- filé , acucum ; rond , rotundum ; plat , dcprejjum ; aqui- \m, aqudïnum ; îtwèM. , fijj'um ; emcullé , ohtiifum ; épointé , cajjum acumine j cndcnté, ou en forme de fcie , ferrât um. Ce mot ell ancien dans la langue , & on le dit en- core dans le même lens & ians aucun changement par- mi hs Bas-Bretons , qu'on tient parler la langue celti- c;ue. Suétone dit à la Hn de la vie de Vitelhus, qu'An- toine lurnomc Primus né àToulouIe, & qu'il appelle homo GalRcanus , avoir porté dans fon enfance le icrnom de Beccus ,<\\x\ fignihe, ajoute-t-il , le bec d'un coq : ainll il ell évident que c'eft un nom celtique. C'eit dc-la qu'on a fait bécaffe ■, becquée, becqueter , êc que les Flamands difent bec dans le même fens que nous ; que les Italiens difcnt becco & heccare , pour bec Si becqueter-. Les Allemands & les SuilFes becken- les peuples du pays de Galles en Angleterre pic ; les Ef- pagnols pico , & picar, becqueter ; & plufieurs Alle- mands,/7ic,ttv2 Hcpecken _, dans la même lignification , félon la remarque deCluvier, Gerin. Ant. L. I. p. 71. Bec , fe dit quelquefois de la bouche & la langue d'un homme. Os. Il ne faut pas s'aller coucher le morceau ■a.n bec j c'ell-à-dirc , auforrirde table. Voilà bien du gibier, mais cela nous palFera bien loin du bec. Il fit fortir de fon divin bec telles &c (cmblables paroles. ScAR. Quand ma mufe ell échauffée , elle n'a pas tant mauvais bec. S. Amand. Tout cela n'efl: bon que dans le ftyle burlefque. Bec. On le lert quelquefois de ce mot en termes de ca- relFe , & en parlant à un enfant , à une maîtreire. Sua- vïum , fuavLolum . Mon pauvre petit bec , tu le peux fi tu veux. Mol. On dit d'un fot, que c'cll un bec-cornu. Ineptus , fiolïdus. Que maudit foit le bec-cornu, de Notaire. Mol, De l'Italien, i^ecco cornuto. Mais becco cnltahen , cft proprement un bouc. En françois , on ne prononce pas le c de bec , & l'on dit bé-cornu. On dit de ceux qui parlent tête-à-tête, ayant le vifa- ,ge près l'un de l'autre , qu'ils caufent bec-à-bec. Os ad os. Et d'une femme qui fait la petite bouche, qu'elle fait le petit bec. Tour de bec; pour dire, un baifer. Ofculum. Il la ren- contra par hafard, & lui donna en pallant un petit tour de bec. Toutes ces façons de parler font balles & comiques. On dit proverbialement , donner un coup de bec; poiir dire , donner en pallant quelque trait fatyrique a quelqu'un. On dit prendre une perlonne par le bec; pour due, la confondre par fa propre conlelîion. Ori dit auHi, lui palier la plume par le bec ; pour dire, la frulherde quelque avantage qu'elle avoit prétendu. Quelques-uns croient que ce proverbe vient des clercs ik. des écoliers niais , à qui leurs compagnons tirent une plume pleine d'encre qu'ils leur voient tenir à la bouche , afin de les barbouiller. Voye-^ Oison. On dit aulîî , avoir bec & ongles; pour dire , qu'on fe fait bien défendre. Ce proverbe efl expliqué autre- ment dans les amufemens ferïeux & comiques , où il efl dit, tel Auteur en fon vivant eut bec °<. ongles, c'elt-à-dire,fut mordre & piller à toutes mains. L'an- tre fens ell celui qu'on lui donne ordinairement. Ow dit aulfi qu'on a howbec ; pour dire, qu'on parle bien ^' beaucoup. On appelle dans les conciergeries , la por- te de bon bec , celle par où on mène les prilonniers à la queflion. On dit aulîî d'une grande cauleule , qu'elle a le bec bien aftiié ; & d'une perfonne inter- dite qui ne dit mot, qu elle a le bec gelé. Et on dit en- core, faire le bec àquelo,uun ; pour dire, lui donner des intlru.iions fur ce qu'il doit répondre aux deman- des quon lui fera. Ondir aulli , tenir le bec en l'eau; pour dire, amufer quelqu'un de belles paroles, fans vouloir rien conclure. On dit encore qu'on lui fera voir ton bec jaune ; pour dire , qu'on lui fera voir qu'il s'ell tromi-jé. y''oye\ 13é-jaune. (3n dit auilï, qu'il n'a plus que le ^dc à ourler pour faire une canne, quand on veut fe moquer de ceux qui ont de l'impatience de voir la fin de quelque ouvrage. BEC Bec, fe dit auffi de certains poifTons , & fignifîe la par- tie qui le termine en pointe , & fait l'entrée de la bou- che du poillon. Les faumons ont le bec plus pointu que les truites. Rond. Bec, fe dit aulli par métaphore de plufieurs chofes poin- tues. Le bec d'un alambic , d'une plume , d'une ai- guière. Une lampe à trois becs. Bec , le dit aulli des pointes de terre qui fe rencontrent aux lieux où les rivières s'allemblcnt. Lingula. Il y en a deux célèbres en France ; le Bec d'Ambez , où la Garonne fe joint à la Dordogne; le Bec d'Alher, ou l'Allier le joint à la Loire vers Moulins, & qui le pro- nonce Bé A' Allier. Bec , fe dit aulîi lut la mer, des terres qui fe jettent & avancent en mer, qui font divertement nomméesfui- vant les figures qu'elles repréfentent , becs j pointes y langues j encolures de terre. On appelle aulîi en Architeélure becs , ces malTes de pierre de taille difpofées en angles faillans qui cou- vrent les piles d'un pont de pierre. On appelle avant- becs j ceux qui fonr oppolés au fil de l'eau ; lïs; arrière- becs, ceux qui lont de l'autre côté. Bec, en termes de Blalon, fe dit des pendansdu lambel, qui étoient faits autrefois en pointes ou râteaux , & ont maintenant la figure des gouttes qui font au del- fous des triglyphes en architetlure. Bec. Terme de Conchyliologie. C'efl quelquefois l'ex- trémité de la queue qui cil recouibée -, quelquefois c'ell lacoquillemêmerecourbéedansl'unde les bouts, ou vers la charnièie. Rojlrum. Bec d'âne. Inllrument de Afenuilier. Efpèce de gros ci- fcau carré, avec un manche de bois , donr le bout efl: abattu en chanfrein. Les Menuiliers , Charpentiers , ëc autres ouvriers en bois, s'en lerventàevidei lesnior- toifcs, après les avoir ébauchées avec le cileau. Bec de canne. Inftrument de Chirurgie fait en forme de pincettes pour tirer des balles de dedans les plaies. Le bec de canne a fon extrémité large , ronde & dente- lée , pour mieux prendre la balle. Les Serruriers ont aulîi des crochets qu'ils appellent b^c de canne. Bec de canne. Sorte de grands doux à crochet , qu'on nomme aulîî doux à pigeon. Ils fervent à attacher dans les volets des paniers à pigeon. Bec de cigne , ell un inllrument de Chiiurgie, qui s'ou- vre à vis, pour faire la dilatation de la plaie , tandis qu'on en tue quelques corps étrangers avec le bec de grue. Bec de corbin , efl le nom d'une Compagnie de cent Gentilshommes de la Mailon du Roi , qui portoient autrefois une arme appelée du même nom, qui rcf- fembloit à une hallebarde. Ils Mie fervent que dans les grandes cérémonies. Alors ils nurchent deux à deux devant le Roi portant le bec de corbin, ou faucon à la main. On y a ajouté cent hommes, outre les cent de la première inllitution. fC? Dans les Arts, ce nom fe donne généralement atout ce qui ell recourbé & terminé en pointe , comme un bec da corbeau. Les Maréchaux appellent aulîi ^c'C(/e ccrbln , une pe- tite pièce de fer fondée en faillie à la pince du fer de cheval , cjui l'oblige à marcher fur le talon , t<>r empê- che qu'il n'appuie fur la pince quand il ell boiteux. Bec de corbin , en termes de Marine, ell un inflrumcnt de fer .avec lequel un calfat tire la vieille étoupe d'une couture. Bec de corbin, efl aulîî un inftrument de Chirurgie fait en forme de pincettes , ou tenailles , qui fervent à ti- rer des plaies les corps étrangers 6c nuilibles. Ils ont un long i^cY- recourbé &: arrondi en pointes pareilles à celles du bec des corbeaux , èk ils lont plus ou moins larges, pour s'en fervir félon l'ouverture des plaies. Bec de corbin, fe dit encore des pommes des cannes qui imitent le bec d'un cortteau , en ce qu'elles avancent, ou font renverlées en pointe , pour loutenir la main. On y met fouvent des lorgnettes pour lervir de lunettes d'approche ou d'opéra. Ces becs fe faitoienr autrefois de bois d'inde , ou de corne, d'ivoire, &c. On en fait à préfcnt d'or, &: c'eft la mode parmi les gens riches. BEC On (iic , une canne à bec de corbin. On appelle aulîî hec de corhïn la canne même toute montée , où il y a une pomme de cette elpcce. Bec de Corbin. Inihument dont on fe fert dans les fu- creries. Il ell de cuivre avec une poiguée , ou de mê- me métal , ou de fer. Il fcrt à prendre le fucre au fortir des rafraîchiirous pour le mettre dans les formes. Bec de Corbin. Etpèce de crochet de bois, qui fait par- tie de l'arçon des Chapeliers , & qui par un bout fou- tient la corde à boyau qui lert à faire voguer l'étotFe. Bhc de Corbin. Terme de jardinage. C'eft une figure qui entre dans la compolition des parterres de broderie. Bec Courbe. L m. C'eft un oilcau qui n'cft point connu en France, allez commun en Italie, furtout aux en- virons de Ferrare , & particulièrement vers le lac de Verbanne. Les Italiens l'appellent ^rro/êWj on Becco Jlorto. Il eft aquatique, & a les pieds plats. Ses pieds lont d'une couleur bleuâtre , fort claire & lavée aullî bien que fes jambes, qui font hautes. Ses doigts font joints par des membrannes. Tout le delTous du corps eft blanc ifon/iec eft noir & élevé en haut , aigu à l'ex- trémité , & long de cinq doigts. Le devant de (on corps eft alternativement partagé de blanc & de noir. Sa tête eft dun brun tirant fur le noir. Il a une ligne blanche qui traverle les ailes, qui font pareillement brunes. Tout Ion corps eft à peu près de la longueur d'une colombe , excepté qu il eft plus menu. Bec de Grue , ou de Cigogne. Géranium y de ^Epavos, mot grec , qui fignifie G^ue. Plante ainlî appelée à caufe que les fruits ont quelque reiremblance avec le bec d'une Grue. Ce genre de plante a un très-grand nom- bre d'elpèces diftérentes . & l'Afrique paroit être plus féconde en Géranium que toutes les autres patties du monde. On en a apporté plulieuis efpèces , dont quel- ques-unes croiirent en arbriircau. Parmi celles d'Europe, il y en a ceitaïues dont les feuilles ont une odeur de mule i & dans le nombre de celles des Indes , il s'en trouve certaines, dont les fleurs ne fentent prefque rien pendant le jour , & répandent le foir & dans la nuit une odeur très-douce & très - fuave. Plufieurs des unes & des autres ont leurs feuilles arrondies & dé- chiquetées ; le nombre de celles qui ont leurs feuilles entières eft très-petit. A l'égard de leurs fleurs , elles font conftamment compolées de plufieurs pétales dilpo- fés en lofes autour du piftil , qui devient un fruit en aiguille , dont le noyau eft à cinq rainures dans fa lon- gueur, dans chacune defquelles eftaflemblée une cap- f ule oblongue , terminée par une longue queue ^ renfer- mant unelemence, rarement deux. Ces capfules fe détachent ordinairement de la bafe du fruit vers la pointe , & fe roulent en demi cercle : la queue dans quel- ques efpèces fe tortille en tire-bourre j dans d'autres cette même queue eft velue comme la barbe d'une plume. Ce que nous nommons Herbe à Robert , herha Ro- berci y Géranium Robertianum y eft une efpèce Atbec de Crae fort commune à la campagne : elle naît auprès des mafures 8i dans les bois. Sa racine eft menue , de couleur de buis , & do«ne quelques feuilles appro- chantes en quelque façon de celles de la matricaire , mais plus velues , plus menues , plus petites , & d'une odeur de panais, & portées fur des queues alfezlon- gues. D'entre (es feuilles s'élève une tige noueufe , velue j branchue , haute d'un pied ou d'un pied & demi, & garnie de feuilles pareilles aux premières. Ses fleurs font à cinq pétales, purpurines, rayées, peti- tes , foutenues par un calice à cinq découpures. Les fommets des étamines de fes fleurs font jaunes de fa- fran. Ses fleurs font portées lut des pédicules longs de plus d'un pouce. Le fruit eft en aiguille , de même que dans les autres elpèces. L'herbe à Robert eft quelquefois toute verte, quelquefois entièrement la- vée de pourpre. Elle eft vulnéraire , un peu af^rin- gente. Elle arrête les flux de fang , elle foulage les goutteux : appliquée extérieurement elle eft recom- mandée pour les cancers , & pour les autres maladies des mamelles. On en fait cas pour les écrouelles. Le Bec de Grue ordinaire yGeranium folio Malv£ ro- tundo. C. B. eft une plante aflez ba(re,dont les racines Tome /. BEC 827 font menues , blanchâtres , & qui donne des feuilles ve- lues arrondies, fcmblables à celles de la mauve, plus pe- tites & découpées en plufieurs lobes. Ses tiges font bran- chues , & pouflènt quelques pédicules qui loutiennent de petites fleurs purpurines , au nombre de deux fur le même pédicule, & auxquelles fuccèdent de petits fruits oblongs , en manière de bec de de grue. Bec de Grue cowAe', eft aullî un inftrument de Chirur- gie fait en forme de pincettes courbées, & dentelées parle bout, pour tirer des elquilles d'os fradurés, des balles , &c. Gros -b^ec d'Inde hupé. Coccetrauftes Indicus criflanus. Cet oileau imite parfiitement bien la voix des autres oileaux, principalement du roffignol. Il mange du mil- let, du pignon, & d'autres efpèces de fruits lembla- bles. Lorfqu'il fe voit dans un miroir , il lerable par les mouvemens qu'il fe donne & par les cris qu'il fait , qu'il le défelpère, abattant fa crête , drelfant fa queue comme les paons , battant des ailes , & donnant de grands coups de bec contre le miroir. Il eft d'un tem- pérament très-chaud : c'eft pourquoi il le baigne fou- vent. Il a fur la tête une hupe de figure triangulaire , & de couleur d'ecarlate. Son cou, (a poitiine S<. fou ventre lont éclatans : les extrémités de fes ailes ne font pas d'une couleur de pourpre li éclatante , non plus que la queue , qui eft fort longue à proportion du coips. Ses jambes lont courtes & blanchâtres ; fes onglesrobuf- tes, &C un peu courbés. La longueur de tout l'oifeau eft de deux palmes. C"^ On voit aullî en Italie , en France & en Allemagne un oifeau nommé gros-bec, à caule de la grofleur de fon bec relativement à celle du corps. Ces oifeaux ref- tent en été dans les bois & fur les montagnes : en hiver ils defcendent dans les plaines. Ils vivent pour l'or- dinaire de femence de chénevi. Ils mangent auflî les boutons des arbres. Bec de Lézard, eft une efpèce de tire-balles, qui font des pincettes aplaties. Bec de Lièvre, f. m. Terme de Chirurgie. Labïi fupe- rioris fijfura. Labium leporinum. On appelle bec de lièvre une difformité, ou une plaie, où la lèvre fupé- rieure eft fendue comme celle des lièvres. Le bec ds lièvre vient ou naturellement , lorfqu'on apporte cette difformité en naiflant, ou par accident, comme par un coup , par une chute. On ne guérit les plaies aux lèvres, qu'on appelle bec de lièvre y que par la future , à caufe du mouvement que les lèvres font néceirairemenc quand on parle, ou qu'on prend de la nourriture. Ce mot le dit & de cette maladie ou indifpofition, 8c de celui qui a la lèvre d'en haut ainfi fendue. Bec de Perroquet y eft une tenaille qui reffemble au bec d'un Perroquet, dont on le fert dans les fraétures du crâne pour rirer quelque pièce d'os qui preffe ou qui pique les membranes du cerveau. Toutes ces expreflions qui font fondées fur le rap- port &la reffemblance qu'ont les difterens inftrumens dont nous avons parlé avec le bec d'un oifeau , doi- vent fe rendre en latin par l'adjeéfif Roflratus , qu'il faut joindre avec les fubftantifs auxquels ils fe rap- portent. Quelques lieux particuliers ont pris le nom de bec ^ comme Caudebec y Bolbec dans le pays de Caux. Ec ordinairement en ces lieux-là , il y a une jonttion de deux rivières ou ruiffeaux; ce qu'onappelle confluent i ou du moins quelque ruiffeau , ou torrent. C'eft de-là que lont venus les noms de l'Abbaye du Bec y de Caude- bec y d'Orbec y de Rohec y félon Icquez , qui remarque que les Normands , ou peuple du Nord , ont porté en Neuftrie chez les François le mot beh y qui veut dire, ruiffeau y torrent. Les lilandois & les Norvégiens ont le même mot, auquel ils ajoutent la tcrminaifon pro- pre de leur langue /-ecX-ttrj qui veut dire lamêmechofe que />£/(•. Sur la célèbre Abbaye A\iBec y VoyczhDef- cript. Géogr. & Hijl. de la Haute-Norm. tom. 2 3 p. 277 y & fuiv. BECABUNCA. f. m, Voyei Beccabunga. BÉCAFIGUE. 1. m. Becfigue eft plus doux & plus ufité. On dit aullî Becccfl par apocope , ou par abré- viation j & au pluriel Beccafis. Petit oifeau très-dcli- Mmmmmij 828 BEC cat, & commun en Provence & en Syrie. Fïcedula.W le nourrit de figues & de raillns, ce qui a donné lieu à CCS vers de Martial. Cum me ficus alat t cùm pafcar dulcibus uvis , Cur potiùs nomcn non dcdït uva mihï ? Il eft fort gras , ik fa grailfe eft dedans , dehors & dans la fubftance même de fa chair. Il eft d'une l'cule couleur , gris-clair. Il vit neuf a dix ans. On l'appelle à Marfeillc tête-noire. Ils viennent en Septembre dans les lieux où il y a des figues & des raifins , & s'en vont en Novem- bre, tant en Syriequ'en Provence, où ils font très-com- muns. Il y en a une fi grande quantité dans l'ile de Chy- pre, qu'on les marine au vinaigre dans des barils, >Sc l'on en fait commerce. Il s'en, débite beaucoup à Ve- nife. C'eft-làle heccafi commun. Toutes les viandes font à grand prix à Smyrne & très- bonnes, & fur-tout les héi.dfigues :, qui, comme je crois , font les véritables ortolans. Il y en a une fi grande quantité, qu'en une après- dinée aux environs de la ville j'en ai tué deux douzaines fur les térébinthes dont Us aiment particulièrement le fruit, du Loir, p. 16. Il y a encore un autre hcccafi , ou heccafigue , qui eft un oifeau parfait , rare , ik peu connu en France. Boccaticus canepinus , ou Ficedula canepina. Il fiifle fort bien, & contrefait le chant de plufieurs oifeaux, & entre autres delà fauvette &c du rollîgnol. Il y en a par-tout , quoique nous n'en nourrillions point en France. Mais en Lombarylie on a trouvé le moyen d'en élever & d'en tenir en cage. Son pennage eft un peu plus iougeàtre que celui àwheccafi commun. Il faitfon nid dans les builfons, ou arbrifl'eaux , ou bien dans quel- que épine bienépaille, avec des écorces de vigne & des racines d'herbes. Il fait jufqu'à cinq petits , mais communément quatre. On le nourrit comme le roffi- gnol; il vit jufqu'a dix ans. Cet oiieau eft femblable par tout le corps aux fauvettes. Il eft prefque par-tout d'une couleur cendrée, tirant iur le brun, princip.ile- ment par le dos , & par les parties de delFus. Sa poi- trine eft jaunâtre, &fes pieds noirs. /^oye:fOLiNAdans fon Traité des oifeau.x qui chantent. D'autres croient avec Ariftote , Hift. des Anim. L. IX ^ c. 4Ç) j que c'eft le même oifeau qui change de chant & de nom , & même , (clon Pline , de forme & de plumage deux fois l'année ; qu'en Autonne , au temps des figues , les Grecs le nommoient si^xîak , & les latins Ficedula ; qu'après l' Autonne Ion plumage change ,& brunit fur la tête ; les Grecs le nommoient MtAarKOft/ço;, & les Rouiains y^mci?/'i//a. Cet oifcau a aulli deux noms en France. On le nomme en Autonne iecfigue ; dans les autres failons , pivoine : les Italiens ^e même le nomment beccafico en Autonne , quand les figues font mûres, & qu'il en mange i& le refte de l'année caponero. D'autres en mettent encore une troi- fième efpècequi a le deifus de la têteroux-obicur, & qu'on appelle tcte-rouffc. Turnerus rapporte qu'en Angleterre il n'y a point de beccafis. Ariftote dit que le beccafi fait fon nid dans les arbres, &il ajoute , aullî-bicn que Pline, que cet oiieau ell extrêmement fécond , & qu'il fait plus de vingt œufs. Ils entendent parler du beccafi commun. Voye-[ encore au mot Pivoine quelques autres elpè- ces de beccafigues. Les Anciens faifoient grand cas des becfigues j com- me on le peut voir dans Athénée ,Z. II, de I. IF, & dans Aulugelle, Z. XF , c. .?. Voyez cncoie Pline, Z. X j c. 2ç. Bruyerin. Compeg. Z. IX , c. 44. Aldrov. Z. xxrii, du i 6. Voir, bc Uoioi. z. m, c. ç2. Bochart, Hiero^. P. II, I. I , c. 16. S.aumait'c fur Solin, p. 2jS. fd" BECAR. Province del'Indouftan. Lamême que5iî- car. Voyez ce mot. BECARD. f. m. Quelques-uns difent que c'eft la fe- melle du faumon,quialc bec plus crochu que le mâle. Suimo fœmina. D'autres difent que ce font les fau- mons du Printemps , qui deviennent becards au mois d'Août tk de Septembre , auquel temps ils font les jijoJns bons de l'année. BEC BÉCARRE, f. m. Terme de mufique Voye:( B quatre^, ifT L'Académie écrit Bécarre. BÉCASSE, f. m. Oiieau départage, qui eft très-bon à manger. Scolopax 3 Gallinago. La bécajje eft environ de lagrolFeut de la perdrix. Elle eftdiverfifiée de cou- leurs & de taches; lavoir, de roux, ou de couleur de terre cuite, de couleur blanchâtre, de noirâtre , & de quelques autres couleurs. Son bec eft long de lix doigts , ou environ, un peu noirâtre par le l-out,rude, & foi- ble : la partie de delfus pafte celle dedcifous : fa lan- gue eft menue, longue & nerveule: les jambes lont longues & déliées. L'on voit des bécajfes en toutes fortes de pays, particulièrement en hiver. Cet oifeau change de pays fuivant les faifons : elles le tiennent en été dans les hautes montagnes des Alpes , des Pyrénées , deSuille, de Savoie & d'Auvergne. Elles viennent en France à la fin du mois d'Oâobre , 6»: cherchent les lieux où il y a des taillis, des forêts humides, desruif- féaux & des haies. ^fJ" Au Printemps cet oiieau quitte notre pays. Mais il s'accouple auparavant. Le mâle & la femelle le luivent par-tout. La bécajj'e eft pelante, & vole difficilement; mais elle court fort vite. L'on prétend que c'eft le SxoAoVag d' Ariftote , à caufe de fon bec qui reiremble à un pieu, qui s'appelle en grec o-'(o'ào4 , & le Rufiicula , ou Gal- linago, ou Perdrix rufiica des Latins , dont Martial à parlé, Z. XIII, épître 7/ j mais que d'autres prennent pour la perdrix grife. Aldrovand parle d'une efpèce de bécajfe , qu'il nomme bécafie de bois , & en latin rufticula. Il dit qu'elle eft plus grande que celle dont nous venons de parler , de même couleur, mais plus couverte & plus icmée ; que fes jambes font cendrées, fon ventre blan- châtre , & fon bec un peu plus court. Je crois que toute la diftérence qu'il y a , n'eft que du fcxe ; parce que nous voyons que parmi les oifeaux , les mâles ont leurs couleurs plus vives ou plus couvertes que les femelles; & d'ailleurs tous les Auteurs ne parlent que d'une efpèce de bécajj'e ; car la bécajfine eft toute au- tre chofe. §3" On prend les bécaffes aux lacets dans les bois, ou le long des ruilleaux. La façon la meilleure & la plus ufitée , eft d'avoir un filet que l'on appelle pajfee , ou grand rets , que l'on tend dans les lieux où l'on a dé- couvert qu'elles vont & viennent le foir & le matin. Le rets doit être de grande étendue ; on le tend entre deux grands arbres ; les plus hauts font les plus pro- pres pour cela. Quand ils ne font pas aftez hauts , l'on y met des perches , & à l'un des arbres on met une poulie ; c'eft à celui du cê)té duquel on veut lâcher le rets. La principale adrelle eft de le lâcher bien à pro- pos , lorlque l'on voit que la bécaffe donne dedans; & afin de faire defcendre le rets avec plus de rapidité , il faut mettre aux deux bouts d'en haut du filet, du plomb, ou quelque pierre. Cette chaile ne le fait que le foir après le Soleil couché , & le matin à la pointe du jour. Il ya biendes paysoùelle eftenulage. La bécajje a un goût différent de la perdrix, mais elle n'eft pas moins bonne. La chair de becajje eft noire , & fent un peu le marécage : elle fortifie , elle reftaure Se nourrit beaucoup ; mais il faut les chcilir jeunes &C gralïes, autrement leur chair eft dure & difficile à digé- rer. Elles n'ont point de fiel , tout en eft bon. On les fait rôtir lansles vider. De la Marre, /^tijc'^ Arxstote, Hift. des An. I. IX, c. 26. Belon , Z. IX , c. s 6. Bruyerin Campeg. Z IX , c. s 6. Aldrovand. C XX , c. //. Non. De recibaria, Z. II , c. 2S. On grille les têtes de bécafiedi la chandelle pour les manger. On mange la merde de bécaffe , ou plutôt ce qu'elle a dans le corps. Les Normands l'appellent v/Vi/e coq , par corruption du mot Angloisivooc/ootA ., qui li- gnifie coq de bois. Autrefois on l'appeloit acécàxxiwot latin acceia , qui étoit formé de acus , aiguille , à caule de fon long bec. On dit proverbialement -, aile de perdrix & cuilTe de bécajje ; pour dire que ce font les meilleurs mor- ceaux de ces oilcaux. On dit auflî, brider la Bécajje: pour dire, tromper J furprcndre , att.iquer quelqu'un ; ce qui fe dit figuiément, à caufe d'une chaile que les BEC payfans font aux hécaffes avec des lacets & colets qu'ils tendent, où elles le biident elles-mcmcs. Ma foi , Monlîeur, \a.becafje ejl bridés. Mol. Il y a aullî une bécaffe de mer, qui eft un oifeau plus gros qu'un canard. Elle a le bec long de quatre doigts , la tête , le cou , le deflus de l'eftomac , & le bout de la queue , noires , le delRis du corps & des ailes, de couleur de fumée ;& les côtés avecle milieu des ailes & de la queue, blancs; les jambes grolles &c rougeâues , & trois doigts à chaque pied, f^oye^ Pie DE Mer. Il y a aulîî un poiiron de mer qui s'appelle bécajfe. Il a le bec pointu & fait en aiguille ; & fans avoir de dents , il a des mâchoires qui coupent comme une fcic. Rondelet. C'cft une forte deBécune que nos François des Iles de l'Amérique ont nommée bécajfe de mer, à caufe de la figure de fon bec , qui eft prefquc pa- reil à celui d'une bécajfe j excepté que la partie d'en haut ell plus longue de beaucoup que celle d'en- bas , Se que ce poilTon remue l'une ôc l'autre mâ- choire avec une égale facihté. On en voit qui ont quatre bons pieds entre queue & tête, & 12 pouces de largeur. Sa tête a preique la forme de celle d'un pourceau , mais elle eft éclairée de deux gros yeux qui lont extrêmement luifans. Il a la queue divifée en deux, des nageoires aux côtés & au deftous du ventre , &: une empennure haute & relevée par degrés comme une crê- te qui commence au fommet de la tête , & s'étend tout le long du dos jufque près de la queue. Outre le bec, dont nous avons parlé , il a encore deux ef pèces de cor- nes dures , noires , & longues d'un pied & demi , qui pendent au-delfous de (on golîer ; il les peut cacher ai- lément dans une enfonçure qui eft fous fon ventre, & qui leur (ert de gaine. Il n'a point d'écaillés; mais il eft couvert d'une peau rude , noirâtre furie dos,grifeaux côtés, & blanche fous le ventre. On en peut manger fans danger , quoique fa chair ne foit pas aulîî délicate que celle de plufieurs autres poiffons. Lonvill, Hi/i. nat. des Ant.Lïv. I ,c. ij,art.ç. ^3" BÉCASSE. Terme de ConchyHologie. Nom d'une ef- pèce de coquillage de mer, du genre des pourpres. Rnf- tïcula concha. Une petite bécajfe épineule. Gersaint. Elle eft ainfi nommée parce qu'elle relfemble au long bec de la bécaffe. La coquille en eft belle. BÉCASSE eft auflî un terme de Vanier. C'eft un outil de fer en forme de cou & de bec de bécajfe, duquel on fe fert pour enverger les hottes & les vans. BÉCASSEAU, f. m. C'eft le petit At la bécaiïe. Rujiicula minor. C'eft auffi une des trois efpèces de bécaflines. T^oye:(^ ce mot. BÉCASSINE, f f. Autre oifeau plus petit que la bécaffe , & qui a le bec long & noir au «bout. On compte otdi- nairement trois efpèces dz bécajfnes j, qui font diffé- rentes pour le goût. La première , que l'on nomme aulîî hécajfeau _, a le plumage du dos à peu près femblable à celui de la caille , les ailes plus noires , & le ventre plus blanc. Elle a une tache blanche à l'extrémité de l'aile ; Ion bec a quatre doigts de long , le bout en eft noir & cannelé , taché de diftérentes couleurs, & gros à l'extrémité. Elles fe tiennent dans les prairies &les lieux découverts, pendant l'hiver, & fe retirent au printemps comme les bécaffes. Les bécajfines de la féconde efpèce lont de même groffeur que celles de la première. Leur bec eft plus pointu , uni & tout noir. Leur plumage , à la tête ôc fur le dos , eft brun , ou cen- dré-oblcur ; le deffous de la gorge & la poitrine mou- cheté de blanc. Le ventre , les cuiffes & le deffous de la queue d'un très-beau blanc ; les groffes plumes de la queue mouchetées de noir. Elles aiment les lieux aqua- tiques. On ne lait fi les anciens ont connu cet oifeau. Belon,Zn'. //-'', ch. 2, croit que c'eft celui qu'Ariftote nomme Cinclus j Ki'>xab«. jLes bécajfines delà troifiè- me efpèce font plus petites que les autres, & plus fem- blables à la première efpèce qu'à la féconde. Seule- ment leurs plumes (ur le dos font de couleurs chan- geantes , à peu près comme celles de l'Etourneau. Les hécajfines au refte, de quelque efpèce qu'elles foient, font plus tendres & plus délicates que les bécaffes. C'eft un des plus excellents mets, ik l'ahmcut le plus BEC Sip capable d'exciter & de réveiller l'appétit. La féconde efpèce eft pourtant plus eftimée. Il y a encore une quatrième efpèce de bécajfne, j appelée en latin Tringa. Cet oifeau eft de la grandeur i d'une grive; (on bec eft noir & long de deux doigts, un peu courbé à l'extrémité, la lai\guc bien aiguë, qui eft de la longueur de celle de la Mélange , &c qui fe cache de même. Le haut de fa tête , de fon cou , de Ion dos & de Ces ailes , eft brun , tirant un peu lur le châtain ; mais en toutes les parties , & principalement aux ailes on voit quelque blancheur aux plumes , autour des yeux, au menton, à la poitrine, au ventre &c au crou- pion : elles font pareillement blanchâtres. Les douze plumes dont la queue eft compolée,fonttraverféesde lignes blanches & noires. Ses jambes font longues de cinq doigts, & font d'une couleur compofée de V/run & de vert. Ses trois doigts de devant s'étendent quafi d'une demi-paume : celui de derrière eft très-courr. On dit proverbialement tirer la bécajfme ; peur dire tromper au jeu , en cachant fon habileté & fa (orce. Ac. Fr. BECCABlJNGA,ou Becaeunga. f. m. Plante aquati- que, qui eft une elpèce de Véronique. Elle pouffe des tiges rondes j grolles, rameufes, rougeâtrcs , inchnées vers la terre. Ses feuilles (ont affez larges, épailTes , ar- rondies , crénelées , d'un vert tirant lur le noir. Ses fleurs font en forme d'épis, de couleur bleue j & dif- pofées en rofettes à quatre quartiers. Son fruit renfer- me des femences fort menues. Cette plante flcuiit au mois de Mai & de Juin. Elle contient beaucoup de fel effentiel , d'huile, & de flegme. Efle eft déterlîve, vulnéraire , apéritive , propre contre le fcorbut , les ré- tentions d'urine & des menftrues ; contre la gravelle , Se pour faciliter l'accouchement. On prend le bcccabunga en décoétion , ou on le mange comme le creffon d'eau; mais on ne l'ordonne qu'aux perlonnes d'un tempé- rament fec & chaud. BEC-FIGUE. Foy. Becafigue. Bec-Jlgue eft plus ufité. BECHA, f. f. Nom que l'on donnoit autrefois dans l'Or- dre de S. François à l'habit des Religieux de cet Ordre. Bêcha. Une partie des Clarentins ne pouvant (outîiir que leurs confrères cuffent abandonné leurs oblervan- ces , & quitté leur habit qu'ils appeloient Bêcha j ne voulurent plus avoir de communication avec eux. P. Hélyot, t. S:, p. 63. BECHARU. f. m. C'eft le nom qu'on donne en France à un oileau que les Latins nomment P/^ŒwicOjPrtraj, & les Grecs tpojïixo^ltpiif. Cet oileau a le plumage rouge , &c eft fort beau; c'eft de-là qu'il tire fon nom, comme le dit Martial, L'ib. 1 3 ,epig. y i .Datwihi penna rubens nomen. C'eft un oileau aquatique & de paffage ; il bar- bote dans l'eau comme le Cygne. Il a la voix li forte, qu'on la prend pour le fon d'une trompette. Voye-^ ce qu'en difent Dampier , le P. du Tertre & Rochefort dans leurs Voyages ; l'Hiftoire naturelle qu'en a faite M.Douglas, & l'Hiftoire de l'Académie des Sciences, où l'on en trouve une dclcription fort exaifte. Le Be~ charu étoit fort eftimé chez les Piomains , principale- ment la langue qu'ils regardoient comme un mets dé- licieux. BÊCHE, f f. Terme d'agriculture, & plus particuhère- ment de jardinage. Ligo , marra. C'eft un outil de ter , qui eft plat , large à peu près de 8 à 9 pouces , & long d'environ un pied, affez mince par en-bas, & un peu plus épais en haut , fur-rout au milieu , où le tçr eft tourné en manche rond d'environ trois pouces, & long de trois à quatre, par lequel ce fer eft encore emman- ché d'un manche de bois de près de trois pouces de tour, & de trois pieds de long. On le lert de cet in- ftrument ainlî emmanché pour couper la terre, la re- muer, labourer un jardin; ce qui (e fiit en tenant le manche des deux mains , & enfonçant le fer de fa hau- teur, c'eft à-dire, d'environ un pied dans la terre, ap- puyant, s'il eft be(oin, le pied lur ce fer, pour couper ainfi la terre , la renverfer fens deffus deffous , & par ce moyen déracinera faire mourir les méchantes her- bes , & difpofer la terre à recevoir une nouvelle fe- meuce , ou un nouveau plant. La Quini. & Lie. La Sjo BEC Terre qui a été labourée avec la hêche ^ eft toujours bien façonnée. Nicot dérive ce mot de bec. D'autres le dérivent par métathèfe de l'hébreu /cAf/^c-r, qui l'i^nidc fruciion j parce qu'elle fert à couper la terre. D'autres le dérivent de hecca,bejca^&c bejj'a , mots de la baffe latmitc li- gnifiant la même choie , eb quoi heccï feu rojlri formant referai. Du Cangc le dérive de vanga ^moi de la bafle latinité dont le fervent les Italiens en la même figni- fication. BÊCHE, f. f. Petit animal. InfeCle. La hèche eft une ef- pèce de pretit fcarabée , moins gros qu'un moucheron ordinaire , revêtu d'une écaille verte , qui eft relevée d'un bout à l'autre par l'or le plus éclatant. Il a au lieu de tête une el", èce de trompe dure , fort longue , armée de plufiturs fcies j avec lefquelles il fait beaucoup de tort aux railins. Il n'en fait pas moins aux feuilles encore tendres, qu'il roule autour de lui comme un cornet , & qu'il tapilîe d'une forte de toile ou de duvet pour y dé- pofer fes œufs. En hiver il le retire tous terre ou dans les fumiers, où il demeure endormi. On s'applique à recher- cher les cornets qui renferment les œuls , & on les brû- le au pied de la vigne. Specl. de la Nat. Ces petits in- feétes ont beaucoup d'autres noms qui lont dans les Diétionnaires , par exemple. Coupe - bourgeon , Lifet ou Llfette , Vcrcoquïn , UrebeCy en latin Convolvulus & Volucra. BECHEBOIS. f. m. C'eftun des noms que Cotgrave don- ne à \'épéquey&i dont il a fait un article particulier. BECHEE, ou BECQUÉE, f. f. Ce qu'on donne à un petit oifeau pour le nourrir; ou ce qu'un grand oifeau por- te à les petits , &C qu'il tient au bec. Efca. A Paris on dit becquée. BECHEN, ou BEEN. f. m. Racines qu'on apporte du Mont-Liban. Il y en a de blanc & de rouge. L'un & l'autre, mais fur-tout le blanc, fortifie, tue les vers, augmente la lémence , rélifte au venin, apaife les convullions, & entre dans les compofitions alexitères. BECHER. V. a. Labourer la terre avec une bêche. Ligone, marrâ terram fodere. Becherls-tcne. f^oyei BÊche. On dit proverbialement de celui qu'on occupe à un travail trop pénible , qu'il aimeioit mieux bêcher la terre. BÊCHÉ, ÉE. part. BECHET. f. m. C'eftle nom qu'on donne à une efpèce de chameaux : ils ont deux bolFes fur le dos , & font plus propres à monter que les autres. §3^BECHIN, BECHINI, WECHIN. Bechinum. Pe- tite ville de Bohème, dans le cercle auquel elle donne Ion nom. BÉCHIQUE ,adj. m. & f. fouvent employé fubftantive- ment. C'eft un remède propre pour les incommodités du poumon & de la poitrine. On l'appelle zuiVi pecloral. Béchique cftaulli un terme de Médecine, qui fignifiece qui a rapport à la toux. Un remède béchique eft un re- mède bon pour guérir de la toux. On appelle fimple- ment des léchïques , des tablettes qu'on fait pour gué- rir de la toux. Il y a des plantes béchiques ou expeéto- rantes. Ce mot eft grec , & vient de /S»? , /3itx''* > tujfis ^ la toux. BÉCHOTER. V. a. Terme de Jardinier. Labourer légère- ment avec la bê'che. /^oye^BEQUiLLER. §3" BECK. Poids dont on fe fert en Angletetre pour pe- fer des marchandiles sèches. 0CrBECi<.EM,ouBECKEN. Petite ville d'Allemagne , en Weftphahc , dans l'Evêché de i^lunfter. Çcr BECKLE ,ou BECOLES. Petite ville d'Angleterre, au Comté deSuffolk. fCT BECLAS. Nom forgé, dit-on , à plaifir par le célèbre Photius , qui hit chaflé par Bafile du liège de Conftan- tinople où cet EmpereurTavoit placé. Pour entrer dans les bonnes grâces de l'Empereur , il imagina une hif- toire qu'il compofa comme il voulut. Elle étoit écrite en anciens caraèlcies d'Alexandrie , où il faifoit un dé- tail de la noblelFc ik de la famille de Rafile. Parmi les endroits fabuleux decetre hiftoire, il y en avoir un où il donnoit à l'Empereur le nom de BtKAAS, Beclas , &par le moyen d'un certain Théophancs, qui lui étoit BEC aflidc, il fit mettre ce volume dans la Bibliothèque du Prince. Quelque temps après , 1 heo;. hanes fort en- tendu a jouer ion rôle , vint trouver i Empereur pour lui dire qu'en touillant dans la Bibliothèque , il étoit tombé par hafardlur un ancien livre écrit en caraélères. inconnus. Balile , curieux de (avoir ce qui y étoit con- tenu , fit plufieurs queftions à Théuphanes qui lui dit qu il n'y comprenoit rien , & qu'il n y avoir que Photius feul qui pût déchiffrer ces lortes d écritures. Aulli-rôt Photius , r.appelé de fon exil par l'ordre de l'Empereur , commença par expliquer le Beclas , mot myftérieux , en faifant lignifier un nom propre à cha- que lettre. 5, Balîle , l'Empereur même ; E , Eudoxie, nom de l'Impératrice la femme ; C , Conftantin ; A j Alexandre \ S , Scephanusj Etienne, tous trois fils de l'empereur, auxquels il interprétoit tout à leur avaur- tage. Par cette rule Photius rentra dans la faveur du Prince, & s'y infinua fi bien, qu'après la mort du Pa- triarche Ignace , il lut remis fur le liège de Conftanti- nople d'où il avoir été hontcufement challé quelques années auparavant. Nicetas eft le leul Auteur qui rap- porte ce fait , qui a bien l'air d'une fable. BECNAUDE. I. f. Mot injurieux qui eft en ufage dans quelques Provinces de France, & lur-tout à Meaux, pour lignifier une femme criarde , ou qui a mauvaife Lingue. L'hiftoire fabuleule de S. Faron & de S. Fia- cre fait mention d'une Becnaude jdonz on peut voir un trait dans l'Hiftoire del'Eglile de Meaux, 7 on?. I,p. jj. BECQUÉ , ÉE. adj. Terme de Blafon qui fe dit d un oi- feau qui a le bec d'un autre émail que le rcfte du corps. Rofiratus j rojfro injîruclus. Un aigle de lable becqué 6c membre de gueules. '■fT BECQUÉE. Foye:; Bêchée. BECQUER, BECQUETER ou BECHER, v. a. qui fe dit en Fauconnerie d'un oifeau qui prend la becquée tant qu'il en peut attraper d'un coup de bec. L'Acadé- mie n'adopte que becqueter. Il fignifie aulfi donner des coups de bec. Rojlro appetere y ïmpetere. Les poires deviennent pierreufes aux endrois où les oifeaux les ont becqueté. Un Peintre ayant fi bien peint un raifin , que les oifeaux le venoient becqueter , fon camarade s'avila de peindre un rideau avec tant d'artifice, que l'autre ordomia de le tirer pour voir ce qu'il cachoit. Ablanc. Se Becqueter , fîgnifie , fe battre à coups de bec i comme font les coqs \ ou fe carelfer avec le bec comme font les pigeons. Acad. Fr. ce? BECQUETÉ , BE. part. fCr BECQUERELLE. 1. f. Vieux mot. Brocard. et:? BECQUILLON. Fauconnerie. Voye^ Bequillon. ^fCF BECSANGIL. Province de la Turquie afiatique , & partie de la Natolic. BECTASCHITE. f. m. Efpèce de ReUgieux Turc. Les Beclafchites font ainli nommés du nom de Beclafck leur Inftituteur , fameux par de prétendus miracles & des prophéties. ^ BECTASCHITES. Autre fede de Mahométans qui eft fuivie par quelques Janilfaires. Ils fe nomment au- trement Zeratïtes , & le vulgaire les appelle Mun- Sconduren y c'eft-à-dire , ceux qui éteignent la chan- delle, des mots , mun, chandelle, &: fcanduren , qui éteint , à caufe des eyichs auxquels ils le livrent dans leurs aifemblées a la faveur de l'obfcuiiré. Ceux qui font prolelfion de cette leéfe ne croient pas qu'il foie permis de donner des attributs à Dieu , parce qu'il eft un être trcs-fimple, & que nos conceptions ne peu- vent approcher de la perfeélion defoiieftcnce. Ils n'ont aucun égard à la proximité du fang , ni au degré de parenté, & commettent, (ans fcrupule, toutes fortes d'inceftes, même les pères avec leurs filles, &c les mè- res avec leurs fils. Depuis la mort de Eedlas Aga , Gé- néral des Janilfiiies , leur proteéfeur , ils ont eu peu de crédit. Ricaut , del'Empire Otroman, cité par Mor. BECUIBA.f. f. Ffpèce de noix brune, fort commune au Bréfil. File eft de la grolfeur d'une noix mulcade : elle eft C- mpoiée d une amande huiicufe renfermée dans une coi uille ligneulc. Cn met cette amande au rang des bal(amiL;ues,&;on l'emploie dans les paralyfies & les rhumatilmes. Dicx. de James. iV«,v bscuïba. ( BED BECLTLO. f. m. Plante médicinale: ccfl: \ Ipecacuanha. Voyez cv mot. BÉCUînIE. r. i. Poiiron qui le pêche far les cotes de l'A- méiique. Il relîemble à un brochet par ia figure , & par le goût. On en prend qui ont huit pieds de longueur. Il y a une lotte de bccunc que les François appellent en ce p.iys-la becajje de mer , parce qu'elle a un bec allez (em- blableacelui de la bécalfe. Cepciilouell: gourmand, carnallier, & autant ou plus d.mgereux que le requin : il ne s'étonne nullement du bruit, ni des mouvcmens qu'on peut faire dans l'eau ; au conti aire , c'cft alors qu'il fe lance lur les perlonnes pour les dévorer. Sa chair a le mcmegoûtque celle du brochet i & s'il a les dents bien blanches & le foie doux , on en peut manger , mais s'il les a tant loi peu noircies & le foie amer, ou acre , fa chair ell: un poilon aulli dangereux que l'artenic. On dit dans les Iles que cela vient de ce que ce poilîon mange de la mancenille , qui tombe des arbres dans la mer. P. Du Tert. Hift. des Ant. Tr. IF y ch. /j§. /. Voyez aullî Lonvill". Hijl. nat. des Ant, p. iS i j ou Liv. I ,ch. ij. Art. S, B E D. BEDAINE, f. f. Terme populaire qui fignifie un gros ven- tre. Abdomen -, obefus venter. Molière fait dire au Cocu imaginaire , Quand j' aurai fait le brave , & qu'un fer pour ma peine M'aura d'un vilain coup tranj percé la bedaine , Que par la ville ira le bruit de mon trépas ^ Dites-mois j mon honneur ^ enfere\-vous plus gras ? Bedaine. Vieux mot. Bonief, d'où vient que l'on difoit autrefois Jeter bedaines. C'étoient certains inifrumens gros ik courts qu'on appeloit aulîi bedondaines. Ce mot vient de bis Si dondaine. Or dondaine étoit un certain inlbumenr deguerreà jeterdes pierres, qui étoit gros &: court , qui a fait qu'on a appelé de gros ventres des dondaines j & enfuite bedaines ;&grolle dondon j,unc femme courte & groile. Ménage. D'au- tres le dérivent de 1 hébreu ]a3. Cette etyniologie a plus d'apparence. Elle ell de Guichard. i^ BÉDARIEUX , ou BEC D'ARIEUX , ou BEDE- RIEUX. Ville de France, dans le Languedoc, au dio- cète de Befiers., (ur l'Orbe. it3- BEDAS. Peuple d'Afie , dans l'ile de Ceylan , tou jours caché dans les bois , n'ayant ni commerce , ni communication avec perlonne. *-• BED AT, (A-) ou BED ART. Rivière de France , dans l'Auvergne, qui fe perd dans l'Allier. BEDATS. l. m. & pi. Terme de coutume. Ce font des garennes &: des bois prohibés , ou détendus. Ce mot vient de vetare, défendre. On dit auilî bois vétés j du même mot vetare. Voyez de Laurièr-e lut FiA- GUEAU. BEDEAU, f. m. C 'étoit autrefois un Sergent dans les Juf- tices (ubilternes; & les Sergens Royaux , quand ils plaident contre eux, les qualifient encore de ce nom. Accenfus , Apparitor. En effet, ils fervent de Porte- verges dans les Egliles de; Juridictions cccléliaftiques, comme on voit encore à S. Germain des Prcz. On. les appelle en latin i?i^e//i J qu'en croit avoir été fait par corruption de ^cc/d//aj- , comme fervant à pied. Faii- chet dit qu'on les appeloit autrefois ZJz^fa/^.Vj & que c'étoient des loldats paylans. Ce mot , lelon quelques-uns, vient de l'hébreu ÎCOD, badale -, ordinare , arranger ^ ce qui regarde la ionélion des Bedeaux. D'autres le tirent de pedo , feu baculo J quia vir^â utcbantur. On a dit Pedellus de pedum J, qui cfl cette forte de verge ou bâton dont les Huiiîîers fe fervent ;& de Pedellus on a fait Bidellus. Cela paroît plus vraifcmblable. L'hébreu Vl.l , iîgni- ne dividere , divifer, léparer , plutôt qu'ordonner. Spelmannus, Vollius & Somncrus, le dérivent du mot Saxon Bdel^ qui fignifie Crieur pubhc, Sergent ou Héraut. C'eft ainfi que dans les vieux manulcrits Saxons les Evêques font appelés Dei Bedclli, les Be- BED 8^1 deaux de Dieu, c'cft-à-dirc , Prjicones , les Hérauts de Dieu •■, ik dans Ingulfe , HiJl. Croyi. Egdar Roi d'Angleterre défend à tous fes miniftres , bedeaux 8c baillifs ùc. Ce mot Saxon Bidel ou , bydel^ vient du verbe Saxon bydde qui lignifie demander, prier. L'in- terprète Saxon du nouveau Teftament en S. Luc XII y feccda- riusy Becedarius , Bedariusy Bédicr. Ce mot eft auili dans Nicod. SCF BEDIFORD. Ville de la grande Bretagne, au royau- me d'Angleterre , en Devonshire. C'ell: un port de mer, fur le Turridge. BEDILLE. /-'oyc^ BÉLiLLi. " BEDON, f. m. Homme gras, replet. Ohefus , pinguis. Il n'eftcn ufage qu'en ces phrates populaires, hion gros bedon. Mon petit bedon. Bedon , (îgnifîoit aulfi autrefois une forte de cloche ou un tambour. Exiguum tympanum. La punition des libaudes à Paris étoit de les mener publiquement avec la flûte & le bedon julqu'a leur aide du Hculeu avec un chapeau de paille, montées (urunan.e, le vi'.age tourné vers la queue , qu'elles tenoient en main en guile de bride. Cette coutume a lieu encore à Bruxelles. t^CF BEDONER. v. Tambouriner. Nicod. BEDONIQUE. adj. Joachim du Bellay a appelé un Toëte burlelque , un Pocte bedonique ,^onï montrer que ces vers fe pouv oient chanter au (on du bedon ou petit tambour. Aufiî de tels Poètes avouent que leurs mufes n'ont pas bcloin de luth ni de viole , que ce font des muficiennes à caftagncrtes ou à cliquettes, iAri;yè^fj'P/êj/^- mes y S. Auguftia iur cet endroit , Caftîodore t\' Rémi d'Autun dans fon Commentaire fur les Pfeawnes , (em- blent être de cet avis. Appollinaire , dansla Chaîne Grecque , fur le Pf. CVI y v. 2^' ^dh que Béelphégor eft Saturne. S. Chrifcftôme&: Théodoret luivent aufli ce fentiment. Vollius au // Liv. de l'Idolâtrie , ch. 7 j iouticnt que c'eft le foleil , & prérend par-Li réunir tous les lentimens des Anciens; que Saturne, Priape & le loleil , ou le Ciel , Uranus j font la même divinité , c'eft-à-dire , le maître de la nature , de la génération & de toutes les productions qui fe font dans le monde; que Priape félon Suidas, eft l'Orus des Egyptiens , & qu'Orus eft le Soleil ; que les figu- res que l'on donnoit à ce Dieu, & les ânes qu'on lui lacrifioit , ne font que des fymboles de la vertu de pro- duire qu'a le Soleil ou le Ciel, qui n'eft autre que Ju- piter; que le nom de Priape vient de celui de peor , ou pepor, que ce Dieu porte quelquefois , félon lui, fans Baal, comme Deut. XXXI F, j,â;d<: Jof XXII, /7; que la première partie du mot Priapus eft i^^ , peor., &la 2^ 2>?,i7^j oMap y père; de forte que Pria- pus n'eft autre chofe que Peor Pater ; comme Jo- vis Pater, Marfpiter y Saturnufpatcr , Janufpater y Diefpiter y Sec. qu'on peut dire aulîî qu'il vient de mS Jruclifiery & de D» , père, & qu'il fignifie frucli- Tomç I, BEE O - _ ficationis pater-y qu'il étoit appclé^^o/de '^ysi, aperire, parce qu'on le repréfentoit tout nu; eu bien parce que Ij foleil produit tout, met tout au jour; qu'enfin ceux qui dilent que le Priape efl Bacchus , ne font point con- traires à fon lentiment , parce que Bacchus eft le même que le Soleil. Tel eftà-peu-prèsie fentiment de Voflius. \}\\ Auteur récent conjeél:ure, dit-on,que c'eft Orus, que c'cfl Adonis, ou Otiris. Pour Orus, la conjecture n'efl point de lui , mais de 'Volîius. Pour Adonis, rien n'eft moins vraifemblable, ni plus mal trouvé. Sa rai- foneft que David dit, Pf. CF , jS. Ils furent initiés à Béelphégor y Se ils mangèrent les ficrifices des morts. Pat ces facrificesdcs morts il entend les cérémonies des fêtes A.doniennes qui étoient celles des funérailles. Mais 1°. l'Ecriture ne diroit pas les ficrifices des morts y maisfl'« mort.i.^. Elle ne diroit pas les facrifices , car ces cérémonies n'étoient point des facrifices. 3°. Ou n'y mangeoit point , au moins dans la partie qui repré- fentoit les funérailles d'Adonis. Cesfacrifices des morts ne font donc autre chofe que les facrifices des faux Dieux, qui ne font que des hommes morts. Comme le vrai Dieueft appelé parl'Eciituie Dieu vivi2«f, les faux Dieux font appelés /Tzorrj. 4". Il n'y a nulle alîinitédans les noms. Certainement S. Jérôme n'a pas cru que les Hébreux appelalfent Adonis Béelphégor ., mais Thum- mu^ qu'il rend par Àdonidem. E:;ech. FUI. Sclden , de Dûs Syris y Syn. I,C. ^ , ne peut fouf- frir qu'on dife que Béelphégor foit Priape. il eft bien vrai que les Iliaelites qui l'adoroient , commirent des crimes abominables; mais il ne s'enfuit pas que ces abominations fulfent les céréir.oniesdu culte de Béel- phégor ; non plus que les crimes que commit Sa- lomon avec les femmes Sidoniennes, n'étoient point une partie du culte des Dieux de Sidon qrf'ii adora avec elles. L'Ecriture ne donne pas plus lieu de croire l'un que l'autre. Ainfi cet Auteur croit que ce Dieu eft le Baal , ou Beîus , ou Jupiter des Ch.ildeens , fl coniiu , &: que le f urnom de Phégor efl ou le nom de quelque Prince déifié qu'on lui a donné , ou celui du heu où il avoit un temple, & où il étoit honoré. Ce dernier fentiment eft fans comparaifonic plus probable. En ef- fet , Phégor ci\ une montagne, au L. desNomb. XXIlIy 2S y &: une ville, dans Jof ué, XII y 13 y ip. Beth- phégory Deut. XXXI F-, eft le temple que ce Dieu avoir en ce lieu. On pourroit ajouter que cette montagne s'ap- peloit "nj;3, peor y ouvert, parce qu'elle s'ouvroiten effet & laiffou un paflage ,S<. qu'il y avoit là un col, une ouverture dans les montagnes par où l'on paffoit: en effet c'eft là que le peuple d'Ifraé'l paffa. Quelques-uns écrivent Belfegor. Le mariage de Bel- fegor ; c'eli un petit ouvrage de Machiavel, dont la mo- ralité eft de faire voir qu il fe trouve quelquefois des femmes qui font plus méchantes que le diable. Il a été traduit par M. Le Févrc,& imprimé à Saumur avec fes vies des Poètes Grecs. BÉELTSLPHON. f. m. Béeltféphon, c'eft à-dire , Dieu ou Seigneur caché, deVi?^, baalySc\M.U,cachéy parti- cipe paflTf de nii'a , cacher. Oahien Dieu du Septen- trion; carpsï, tjaphon fignifie aullî en hébreu Sep- tentrion. C'eft le nom d'un lieu iitué proche de la mer rouge, & de l'endroit où les Ifraëlites p.iirerent cette mer à fec. Quelques Auteurs veulent que ce fût une ville , & d'autres feulement un lieu ou un rocher qui étoit dans le défert. Les Rabbins difent que c'étoit une idole de Baal , qui avoit été placée là par les Egyptiens , pour obfeiver les IliaclJtes , & les empêcher de forrir d'Egypte. n£y, d'où ils tirent psic, qui ùomfit fpéculcry ohferver; de forte que le nom de X^S.1,fpeculatory au- roit été donné à Baal , comme celui de Stator à Jupi- ■ ter, pour .avoir arrêté une armée qui fuyoit. C'eff une fable. Ce n'étoit pas là la route qu'il falloir tenir natu- rellement pour fortir d'Egypte. Le P. Kirker croit que c'a pii être le nom d'un lieu , comme les Commen- tateurs de l'Ecriture le difent ordinairement; mais il juge que ce lieu n'a été ainfi appelé que parce qu'il y avoit une idole de ce nom , qui y étoit adotée ; que cette idole étoit placée là comme le gardien de l'Egyp- te, Cufios Mgypti ; que le lieu où elle étoit placée le marque; que toute la côte de la mer rouge étant N n n n n 3j4 BEE pleine de montagnes, ou de baffes, ou 4ieux maièc.i- geux: à cet endroit Teul il y avoit un port par où l'on pouvoir entrer en Egvpte , ou en tortir ; que c'eft pour -cela que ccBéelt/ephcn, c'eft à-dire ,i?t^/ Gard'un , y avoit cté placé. Il n'eft point du ientimcnc de ceux qui croient que Beeltfephon avoit la figure d'un chien. Ce- pendant parce que les Egyptiens avoient la coutume de mettre Mercure iur les chemins , comme le Gardien des chemins , il foupçonne que Bcehféphon pourroit bien être ce Mercure ; & lî ceux qui lui donnent la fi- gure de chien, entendent par la Hermanubis, il eft al lez de leur (cnrimcnt; il ne ne le croit pas né.anmoins tout-à-fait certain. Quelques-uns écrivent J?fW^e)7Ao«j & d'autres Béelféphon ; c'eft un tfadt en hébreu , Béel- tféphon. V^oyezlur ce Dieu,Fagius Iur l'Exode, f A. 14^ V. /. GoAv^'m, Mofes and. A aron,Li\'.IJ\Ch. ^, & fur-tout le P. Kirker, (Ec^./J.^j^-^. T. 1. Synt. IJ^, C 7. :BÉELZEBUT. f. m. Nom d'une idole des Philiftins.^ee/- ^ehub. Il faut écrire & prononcer becl-^ébut en françois , ou Bedfihut. C'eft l'ulage. Quelques-uns écrivent Bel- léhut. Ochofias étant tombé d'une fenêtre de fon Pa- lais, envoya confulter Beliébut dans Accaron. God. Or fi c'eft par le moyen de Béel^ébut que je challe les Démons, par le moyen de qui vos enfans les chalFent- ils? BouH. Et s'ils ont appelé le Père de famille Béel- •^ébut j ne feront-ils pas encore plutôt le même traite- ment à fes domeftiques ; Port-R. Il ne chaife les Dé- mons qu'au nom de Bdc/^e'/'ar, prince des Démons. Et fi je chalfe les Démons par B ee /■:[£ but, vos enfans par qui les chalfent-ils; Simon. Ainfi il ne faut point imi- ter les traducl:eurs de Genève & ceux de Louvain, qui dilent5ee/|-t'^w/'j fui vaut en cela les traducteurs latins , &rhébrcu,carle texte hébreu 4^.Ziv.(/«i?oi^jij2j 5 ^6^ i6j dit toujours DUlVj;^,^^:^^/-^!;;^^/^^ qui fignihe le Dieu delà moucheiOW le Dieu des mouches , en prenant ce fingulier pour fignificr l'elpcce , comme ont traduit les Septante à l'endroit que j'ai cité, & quelques exem- plaires dans le Nouveau Teftamcnt. D'autres exem- plaires manufcrits, les éditions du N. T. Aquila à l'en- droit des Rois que j'ai cité , & en général tous les Grecs félon Capperonnier Iur Nicéphore ,/'^4''. 707. mettent Béelr^éhul, aulïï-bicn que les verfions arabes , cophtes, & éthiopiennes du N. T. que quelques Auteurs entre- prennent de juftifier. Le P. Kirker & Godwin di(ent que ce font les traduileurs qui l'ont mis exprès, & pour donner à cette idole un nom méprilable ; que Baal-Zebul veut dire Dieu du fumier , parce qu'en chaldécn c'eft la fignificaticn de Zehul,\\:i\. J'aimerois auranr dire-, que lesPhiliftins eux mêmes l'appeloicnt le Dieu de l'Habitation , ou le Dieu du Ciel ^ car . ^121, en hébreu fignifie Habitation j ôc il fe dit par ex- cellence du Ciel qui eft 1 habitation de Dieu. Mais ni l'un ni l'autre ne (ont bien ; parce que Béel^ebul eft une corruption ou changement que les Copiftes ou que l'ulage a lait en grec dans ce ncm , qui fe dit dans la langue originale Béel:[ébub. Drufuis & Capperonnier ne croient pas qu'il faille réformer ce mot en grec , à moins qu'on ne prouve que c'eft une tauce de copifte, îk non pas l'ulage qui l'a introduit. Il y a aullî des gens qui prétendent que l'on a dit Béel:(ébut en hébreu; que l'on a dit Tiinai VS/'3 BaalZébuboth , au pluriel , Dieu des mouches , qu cntuite de ^éhubot , on a fait ^ebboth, &de ^ebboth, :;ebot , ou ^ebut. Mais on ne trouve que riUtVya, bécl-^ebuti au fingulier, & jamais i?«/:^e- huboth au pluriel. Ainfi il eft clair que c'eft un chan- gement que nous avons fait dans notre langue du b en t; car nous ne mettons jamais le h à la fin des mots. Il n'y en a qu'un feul où il fe trouve , qui eft plomb , mais nous ne l'y pronor.çons pas. Il n'eft donc point étonnant que nous l'ayons changé en t dans Béel^ébut. Béeli{ébut étoit le Dieu d' Accaron , & on alloit l'y con- fulter comme un oracle, 4*^. Liv. des R. Ch. I, v. 2, j, 6, 1 6. On ne fait pas trop pourquoi on l'appelle Dieu de la mouche , ou Dieu mouche ; ni qui lui donna ce nom , fi ce furent les Accaronitcs , ou les Juifs par mé- pris. Quelques-uns difent qu'il fut ainfi appelé à caufe des mouches , qui le mettent ordinairement fur les vic- times ; d'autres parce que fon idole toute grafte de la fumée des vidimcs qu'on lui facrifioit, étoit toujours BEF couverte de mouches. Le P. Kirker croît avec ralfon que ce nom lui fut donné par les Accaronites,&: non point par mépris; car, dit-il, Ocholias ne prétenduit • point lui donner un nom méprilable, 4^. des R. Ch. /, V. 2, loilqu'il l'cnvoyoit conlulter; & que c'eft le même Dieu que les Grecs adoroient lous le nom de Alyagrcy ik dont parlent Paulanias & Stlin ; &: Pline dit qu'à Cyrène on invoquoit le Dieu Achor contre la multi- tude des mouches , qui engendroient la pefte. Il a voulu dire le Dieu d'Accaron. Beel^ebut , eu Miagre eft donc le Dieu qu'on invoquoit contre les mouches. Les Grecs ont encore honoré une pareille divinité lous le nom deZivt a7ic'^4i,K«, Jupiter Chajje-mouche. y oy. Godwin, Mofes and Aaron , Liv. // ', c. ^ . Selden , de Diis Sy- ris ifynt. II, c. 6, & fur-tout le P. Kirker, (Edip.JEg. T. I. Synt. IV , cap. 6. Capperonnier croit que c'eft par mépris pour ce Dieu, que lesJuifsdanslaîuite don- nèrent Ion nom au Prince des Démons. Matth. X. &: XII. Voir, de Idol. L.II ,c. ^, croit que c'eft le même que Beeifamen ou le Soleil. BEENEL. 1. m. Arbrilleau toujours vert qui croît dans le Malabar. On lait avec la racine de cet arbrilleau bouillie dans l'huile de Sélame , un liniment qui palîe pour être bon dans les maux de tête & dans les dou- leurs ii]vétérées des membres ^fl BÉER.Nomd uneville de la Palcftine, à quatre lieues de Jérufalem. ÇCT BÉER. v. n. C'eft la même chofe c^ç. Bayer qui eft feul en ufage. Voye\ ce mot. îfT BEER. v. a. Vieux mot, du latin beare .rendre heu- reux. ^ BEEROTH. Ville de la Palcft^ine , dans la tiibu de Benjamin, à fept lieues de Jérutalcm. BEESH A. f. f Efpèce de bambou qui croit dans le Mala- bar: on le fert de la décocl:ion dans la fuppreftion des règles , & on en fait un gargarifme dans les éroiions des gencives & dans les maux de dents. Dïcl. de Ja- mes. BEF. 0Cr BE-FA-SI. Terme de mufique par lequel on diftin- gue le ton de Si. Cet air eft cnBe-fa-Ji. BEFFL ER. v. a. Mener un homme par le nez comme un buftle, le tourner en ridicule , le moquer de lui, le tromper. Illudere , os alicui fuhlinere. Quand on vient dans le monde, il ne laut pas fe lailler bcffler , on n'en revient point. Ce mari a toujours été ^f^e parla fem- me , & par tout le monde. Ce mot eft vieux , & ne peut plus entrer que dans le comique & le burlcfque. BEFFLE, EE , part. Illufus, irrifus. BEFFROI, f. m. Tour, clocher, heu élevé où il y a une cloche dans une ville de guerre , ou dans une place à portée de l'ennemi, où l'on fait le guet, & d'où l'on lonne l'allarme, quand les ennemis ^zioiS^iwi. Spécula. FJuCange dérive ce mot du Saxon ou Allemand belly qui î\'^\^Aç. cloche 3^ freid ,c^\ fignifie Pcji.v. On l'ap- pelle di\erlement dans la balfc latinité, belfiedus, berjridus ybercjridus , verjrcdus , biljredus jbalfrcdus y beljreit, belfragium , beaujroy Scbelfroy.'Nïcot dérive ce mot de bée & de effroi ^pcjcc qu'il eft fait pour béer & regarder; & enluitc donner l'efFroi. Pafquier croiç ■ que c'eft un mot corrompu ; qu'il eft dit limplement ^ pour cffroy, & que lonner le bi_§roi n'eft autre chofe que fonner l'effroi. Rec. Liv. FUI. chap. 62. Beffroi, dans lesCoutumes d'Amiens & d'Artois, efl une tour où l'on met la ban-cloque. Campana hanna- lis , c'eft à-dire, la cloche à ban , ou la cloche deftinée à convoquer les habitans d'une ville. La Chatte de l'af- franchillement de S. Vallery accordée en 1376, par Jean Comte d'Artois porte ceci : Item -, » Nous avons » ordonné Raccordé efchevinage, ban-cloque grande » &' petite , pilori , fcel &c banlieue aux Maires , Elche- » vins & Commune de S. Vallery. " De Lauriere furRagueaa. Ainfi le droit de beffroi étoit un privilège, & Charles le Bel en 1 5 zz , l'ôta à la ville de Laon avec plufieurs autres , pour la punir d'un lacrilège que les habitans commirenr dans l'Eglile. Beffroi, eft aullî la charpenterie qui foutient les cloches dans un clocher. Canteriu BEG On appcloit autrefois beffroi , ces tolirs ou machines .,. Apol. pour Hé- rodote, c. 2Q 3 p. S S- Begault, be^occo 3 dit Oudin. Je prends ce mot pour nniynonyme de bé-j aune. M. le DucH AT. L'enfant prodigue, dans lefermonque le Père Meuoten a fiit,di[ entre autres choies ridicules, fol. 120 3 col. ^. Pueriqui feniper dornâerunt in atriovel gremio matris fu£ 3 nunquam fciverunt aliquid 3 & nunquam erunt nifi afini & injulfi : & ne (eront ja- mais que nyès & légaux. Brief , qui ne fréquente pays, ml videt. BÉGAYER. V. n. Articuler mal ou avec difficulté. Bal- butire. Les enians bégayent en apprenant à parler. CeUx qui ont la langue gralle , bégayent toute leur vie. Quand un homme a bu beaucoup , il commence à bégayer. §C?ll eft quelquefois adif. Il n'a fait que bégayer fa harangue. Tout charme en un enfant 3 dont la langue fans fard 3 Sait d'un air innocent bégaycryi penfée. BoiL. BcGAYER, fc dit figurémcnt des chofes qu'on n'exprime c]uin;paitaitcmcnt. CeCcmmenttiteurn'a fait que bé- . Tome I, BEG- 8?î . gaycr3 en voulant expliquer l'Apocalypfe. Pardonnez > • Seigneur , à vos entans s'ils bégayent lur votre gran- deur , pour t.âcher de vous donner d'autres enfens-. Peuss. BÉGAYER. Terme de Manège qui fe dit d'un cheval qui bat à la main, qui levé le nez, qui branle la tcte, & qui fecoue la bride. Succutere. Ce mot vient de bigare 3 répéter, de bis on a formé bigaS:. hi gare ^comxiXtaiZ ter & à.z quater 3 triga 8c quatriga. Huet. 0Cr BEGBASAR. Ville , autrefois confidérable , de k Turquie d'Alie , dans laNatolie , lur la rivière de San- gari. BEGGHAR. 1. m. Nom de Relicieux. Be^ghardw^. Les Bcgghards (ont lesRchgieuxPénitens du Tiers Ordre de laint François , delà régulière oblervance de la Con- grégation de Zepperen, Couvent fitué au Champ de S. Jérôme dans la Paroifl'edc Septembourg, .appelé au- trefois ^Ttypcrij qui eft du Dicccfe de Liège, Con- giwgation prélentemeni unie à celle de Lornbardie. P. Heliot, t. ITI 3 j.\ 24.0'. Jean XXll , en 13 19 dé- clara par une bulle, que les Frères &: les Sœurs du Tiers Ordre de S. François n'étoient point compris , comme quelques-uns le prétcndoient , dans la con- damnation que Clément V avoir faite des hérétiques Begghards , Begguards Se Béguines qui ne fuivoient aucune règle approuvée, & ne tailcient point d'autre profeliîon que celle de vagabonds. \d. p. 2^6 , 24^. Jean Gove les établit à Zepperen en 14^5, & Jean , Evêquc de Liège , confirma cet ét.abliHcmcnt. Id. Mais il y a apparence qu'il y avoir déjà plus de cent ans auparavant des Religieux de cet Ordre , dans ce Diocèle , puifque l'on trouve des lettres de l'Evêque Adolphe de l'an 1323 , par lefquelles, outre les grâces qui leur avoient été accordées par Nico- las IV, ce Prélat leur permet d'élire entre eux un Mi- niftre ou Supérieur , ce que Jean Erchal confirma en 1 372. Id. Les Begghards d'Anvers furent unis à cette Congtégation l'an 1472. Dès l'an i 228, ils étoientéta- bhs en cette ville , & avoient pris Sainte Beggh pour patronne, ce qui leur fit donner le nom de begghards. Clément VIII donna , en 1575, une bulle pour les con- firmer dans leurs privilèges. Id. p. 24S. ^ BEGGIE. , ville d'Afrique , fur la côte de Barbarie, au royaume de Tunis. IfT BEGGUARS. Foye-^ Beggard. BEGH. f. m. Terme de Relation. Nobilis. C'eft d.inslé Daghcftan le nom qu'on donne à plulieurs petits Sei- gneurs qui font lous le Gouverneur ou Schamcal. BEGHILER-EEGHI ou BEGLER-BEG-, ou BEGLER- BEY , ou enfin comme on prononce louvcnt même en Turquie, BEYLER-BEY. f. m.&c. LaBoullaye écrit Béglerheg. C'eft chez les Turcs un Gouverneur de Pro- vince. Un Béglerhey a fous lui plufieurs Sangiacs , ou Gouverneurs particuliers. On compte 28 Béglerleys dans tour l'Empire Ottoman. Les Turcs appellent Z);//^- Béglcrbey le Bâcha de la mer , ou l'Amiral de Turquie^ Deni-r-Bé^lerbegJn. Bcgjchcz les Turcs fignifie. Sei- gneur, Si Beglerbeg ou Béglcrbegni , Seigneur des Sei- gneurs. Voyczau mot I'ey. BEGLiER-BÉGLIC , ouBEGLlERBEGLIC. f. m. Nom de l'office ou dignité de Béglerbey chez lesTurcs. 11 fe dit auffi du pays fournis au Béglerbey. Pr.tfeclura. C'eft un Gouvernement général, dans lequel font d'autres Gouverncmens particuliers, nommés Sangiacats. îly a vingt-deux Béglier-belics dans l'Empire du Turc. Le Béglier-belic de la Natolie renferme quatorze Sangia- cats. Vovez les Voyages de laBoullaye. p. J34. BEGNIN , mal écrit , Benigna dans le Dictionnaire Co^ mique. On prononce Bainigna. Faire XO Begnina. Fai- re le pied de Grue, carelfer, Hatter, faire des foumit- fioi#baires Se indignes. Elle pleure , & /es ongles ronge j Tandis qu'elle confulte , 6' fonge Si devant ce Catuiha Elle ira faire O Bcgnina. Scarron^ (CF. BÉGCNE. L f. Bc^onia. Plante ainli nommée de }J. Bégon , oblervée par ie P. Plumier. Elle a qucl.iues N n n n n i j 8z6 BEG fl'cHis ftériies, compofces de quatre pétales , grands ^- ctioits ; & d'autres en rofe , compoiecs de pluiieius pétales difpcfcs en rond fur un calice garni de {euillcs qui devient dans la fuite un fruic a trois angles, aile ^ diviic en trois loges , îk rempli de pentes icmence;. BEGOuM. Tcrmc^de Relation. Foye^ Begum. CO^BtGR AS. Ville de Turquie, en Aiie , en Syrie au pied du mont noir, entre AL-xandne lalf;s erreurs étoient que l'homme en cette vie pou- voit être impeccable, i^'c acquérir un degré de pcrlcc- lioa ii élevé qu'il ne pourroitplus croître -, qu'en cet ctai il n'étoitplusobUgéni aux jeûnes de l'Eglile, ni à obéir aux (upéricurs; qu'il étoit heureux comme dans le Ciel; que toute créature intellectuelle cft de loi heureulc ; qu'elle n'a que faire de la lumière de gloire pour l'élever àlavilion&à lapolleilionde Dieu; qu'il n'y avoir que les imparfaits qui s'exerçailent à pratiquer des aélcs de vertu; qu'on ne devoit point adorer Jésus - Christ quand on élevoit l'Hollie , ni s'occuper des my ftères de (on humanité lainte. Ils blamoient les bonnes œuvres , & débitoient des maximes d'impureté. Ces fanatiques , qui portoicnt 1 habit monaftiquc fans garder aucune règle , & fans oblerver le célibat , furent condamnés fous Clément V. au Concile de Vicunejl'an 15 ii. Pratéole, Sanderus, haref. 160 & 161. S. Antonin , Chron. P. 1 1 i.T. 21.C. j, §. 2. Turre-Crem. Sumin. de Ecclef. P.ii.L. 1 4, c. j 6. Sponde , Bzovius & Rai- naldi à l'an 1 3 1 o, & 1 3 1 1 ont parlé des Bei^guars. Pierre Co'e'nsenafiit l'hiftoire , intitulée ,De origine Beguar- dortim. Alex. Rollxus i/z navaE/Siic, Chrill. Urftilius, dans fon Uijlo'iri de Baie, d'où ils r'uienr challés en 1 4 II. & Phil. de Limborcli , cn ont auUi parlé. Voye-;[ BEGUIN. «=■'' BEGGUARS. ^oy^? Begghars. BEGUE, adj. m. &f. Celui quia peine à parler, qui ne iauroit prononcer fins répéter plufieurs fois la même fyllabe avant que d'articuler celle qui iuir. Balbus lui- fuâ hefitans. Il le dit aulîi lubllantivcment.C'eltun Eégiic, ■Ménage dérive ce mot de balhus, qui fignifie ^e^^e. Bo- rel le dérive de beccus qui cft un vieux mot Gaulois qui lignitîoit bec. BEGUEULE. (. f. Terme de mépris , qui s'applique dans le ftyle familier, à une femme lotte, impertinente j ri- diculement avantageule. Fatua infulp.7. C'eft une bé- fueule , une (•ranchc bégueule. Ce mot vient de gueule ée , béante. BEGUILL. (. m. Fruit de la grolleur d'une pomme avec une écorce rude (^ noueuic , dans laquelle cft renfer- mée une pulpe lemblablc au fruit de l' Arboulier. R a y , Hijl. Plant. BEGUIN. 1. m. Coiffe de linge qu'on mer auxenfansfous leur bonnet , & qu'on leur attache fous le menton , avec une petite bride. Ijnteapuerorum calantica. » On dit proverbialement que les ânes ont les oreilles bien longues, parce que leurs mères ne leur ont poiinmis de béguin. Begui.m. f. m. Nom de Sefte. Beguinus. C'eftun nom que l'on donna au XIV'^ liècle à des hérétiques nommés autrement Béguards. Voyez ce nom. Ils le difoient pauvres Frères du Tiers-Ordre de S. François, & furent aulîi nommés Fratricelles. Cette feéte étoit particuliè- rement répandue en Provence , dit l'Hiftorien de cette P 1? /^ Province. Ils difoient qu'il n'étoir point permis non- feulement aux parriculiers , mais même aux commu- nautés , de poileder des fonds , ni rien en propriété , & ils trairoicnt le Fape d'Antechrift , parce qu'il le pcr- mettjit a l'Ordre de S. François. J-e Tape condamna cette leCte par une Bulle du mois de iJeceir.brc 1317, dans laquelle il l'appelle la feéte des Frérots , Béguins , Bcffhards, l?>; Biloches , /'cTyt^ Frérot. 'Quelques lavansderiventles noms de cette fede du Saxon, ou Anglo-Saxcn , teggen^ nicndicare , mendier. Le ncmàc Béguins 6c de Begu;r,cs, en BéckinsÔiBé- iA;«ej , hit donné à Toulwufe aux Religieux & aux Reli- gitules du 1 icrs -Ordre de S. £rançois,à caufe de leur I-i>nd,!teurnomméikch;n.P.HELVOT,2".F'///./?.22^. Raithélemy Béchin étuit un des plus qualinés de "Tou- loule qui leur donna la mailon de plaiL;nce avec un grand clos proche lesmrus de cette ville, dans laquelle, par l'agrandilfementqu'ony a lair, il le trouve mainte- nant enferme , v.\: eft occupé par les Religieux du même Ordre de létroiteOblervancclD./'. 22 j. BÉGUINAGE. 1. m. Communauté de Béguines, habi- tation, logement d une communauté de Bcguincs. Col- legium Beguinarum j h.abitativ , domicUiun: Eeguina- rum. Il n'y a prefque point de ville dans les Pays-bas , où il n'y ait des Béguinages. Ces Béguinages compren- nent plulieurs maliens renfermées dans un même cncJos avec une ou plulieurs Egiiies , lelon le nombre des Bé- guines, ïl y a dans chaque mailon une Prieure ou Mar- rrelle. Le Curé de la Paroille eft Supérieur du Bégui- nage. Le Béguinage d'Anvers cft très- grand ii: fpa- cieux : il a deux Egliles. Le Béguinage d'Amfterdam cft- aulllfort beau,& s'eftconlervé malgré le changemcnc de religion. /'ojyc:^ le P. HÉliot, T. VIII^ C. /, Ce motleditnon-reulcment en Flandre, mais aulîi cn Pi- cardie. Meilleurs de ville jouiffent de la dépouille des Béguines d'Amiens , que l'on nomme encore aujour- d'hui \e. Béguinage. De la MoriiÈre, Amiq. un jeune écolier de l'Univerlité, & bejauniutn le irel- tin qu il failoit pour fa bien-venue. XfT BbtCHLINGEN(/e Comté de) Beichlingenjis co- mitatus. Pays d'Allemagne, dans la Thuringe, partie du cercle de la haute Saxe. Bcicklingeu à lept lieues d'Erkut, eft le lieu le plus confidérable. SEID. {'. m. Plante d'Egypte. Ses feuilles font deux à deux, larges 6c fort cpailll-s; il en coule une hqueur blan- che. Ses Heurs font de couleur de fafran , tirant lur le rou2;c. ^y BEIDMAH. Ville de la Province de Perfc propre- ment dire, à quinze ou lei^c licucs de Schiratz. BEIGE, ai), f. Scriîc beige. C'eif le nom que les Poitevins donnent à une forte de lerge noire , grile ou tannée , ou fcrgc u.uurelie , parce que la laine dont elle eft i:abri- quéc n'a reçu aucune teinture, ayant été employée, foit pour la chaîne foit pour la trame, telle qu'elle a éié levée de dellus le mouton ca la brebis. BEIGNET, f. m. Certaine pâte qui fe fait au Carnaval avec de la farine , des œufs & des pommes , le tout avec du famdoux. ArtoLiganus. Quelques-uns dérivent ce mot par métathèfe , àzXhîhïzu pinneq , qui fignifie/rtir^ bonne chère à quelqu'un* D'autres le lont venir du - vieux motbeigne , qui fignifie eiiHure ou tumeur , parce . que les /'£- lier chel les Metteurs-en-ŒUvre,de petits anneaux d'or ou d'argent auxquels on iutpend une pendeloque ou un pendant. fCT BELIÈVRE. ( Terre de ) Efpèce de terre qui fe tire d'une carrière , près de Forges en Normandie, quifert à couler les glaces & z faire des pots & des cuvettes qui réfiftent au leule plus violent. f3^ BELIGRATZ. Petite ville d'Allemagne, au pays hé- réditaire de la Maifon d'Autriche , dans la haute Car- niple. BELLING. Voye\ Belilli. BELILLA. f. m. Aibrilfeau Indien qui porte des baies : On fe feriavec tuccès de la décoction de faracinepoùr rafraîchir le foie , & purger les humeurs pituiteufes. Voye\ fes autres propriétés dans le Dicl. de James. BELILLI. f. m. Nom d'une eipcce de médicament qui vient des Indes. Belilli Indicum. Le bélilli a la forme d'un fuc épaiffi. Il nous vient enfermé dans des mor- ceaux de bambou , creufés dans leur milieu, & bou- chés par leurs extrémités avec de la chaux durcie. Le bélilli relfemble à du (ang de poiifon : il eft gras au toucher, & d'un goût falé & amer , d'une odeur de foie de poiifon delféché. Ceux qui les premiers le fi- rent connoitre en Europe, le donnèrent pour le fuc ex- primé de quelque plante , & parce que dans l'Hortus Malaharicus il s'en trouve une qui porte le nom àc bé- lilli j on a cru que le lue nommé bélilli en étoit tiré. Quelques uns, à caule de la faveur lalée qu'on y re- marque , loupçonnèrent qu'il pourroit bien venir de quelque plante marine , d'autres conjeéturèrent que cette plante marine pourroit bien être l'Holotkurion j efpèce de zoophyteou d'hortie de mer, fort commune aux Indes Orientales : mais il eft certain qu'il vient d'une autre lorte de zoophyte, produétion marine, qui par- ticipe du poiifon & de la plante , & qu'on appelle Té- thyon. Ce font les téthyons des Iles de Timor & de So- lor , peu éloignées de Java , qui fournilîènt le bélilli. Le meilleur fe fait dans Solor , par certaines familles qui en lavent la préparation, & fe la communiquent de pcre en fils. Les morceaux de téthyon au fortir de la mer , font d'une lubftance mucilagineufe , alTcz lemblable au frai de grenouille le plus vifqueux , à l'exception qu'elle eft d'une couleur brune , & fe peut ailément couper. Lorfqu'ils ont été long-temps expofés à l'air , ils prennent une couleur rouge , & paroilfent comme Tome I. BEL 84J des morceaux de chair, arrondis dans leur partie infé- rieure, & garnis de mammelons vers le haut. Il y a deux manières de préparer le téthyon pour en faire le hélilli. La première & la meilleure eft de le faire cuire dans del'eau douce, jufqu'à ce qu'il aitjeté toute Ion écume , après quoi on le coupe en façon de lanières larges d'un pouce, qui font noirâtres à l'exté- rieur, &: tirent intérieurement fur le vert de mer très- peu foncé &: bigarré de noir. C'elt ce que les Indiensap- pellent Dagen bélilli ^ ou chair de bélilli^ & cette ef- pèce ne fort point du pays. La féconde efpèce fe prépare avec les petits mor- ceaux de téthyon , qui font le rebut de la première. Après les avoir plies, on les fait bcuiUir dans l'eau de pluie julqu'à parfaite defpumation , & jufqu'à confif- tance d'extrair; alors on en remplit, comme nous La- vons dit d'abord , des morceaux de bambou, qu'on ex- pole au loleil pour lécher l'extrait, &c enluite à la fu- mée , pour le durcir ik. le préferver de la vermine , à la- quelle il eft fort lujet. Cette féconde efpèce le nomme dara bélilli , ou fang de bélilli ; & c'eft celle qui fe tranfporte dans les pays étrangers. Par l'analyle chi- mique qu'on en a faite, il paro'it qu'elle contient du Ici volatil , beaucoup d'huile de couleur dorée , & très- peu de Ici fixe. On l'appelle non-lculement bélilli , mais encore he'illing j & bedille. Le bélilli eft forr différent de l'holothurion. Le belilli s'emploie avec fucccs pour la guérifon de certaines fièvres putrides qui régnent dans les Iles de Timor & de Solor, principalemcntversletempsqu'on y coupe le bois de fantal, dont l'odeur forte contribue beaucoup à cette mahrdie. Le bélilli fait auffi mer- veille dans la plcuréfie , fur-tout il on le mêle avec le bois que les Portugais nomment Pûoc/e^o«?t7^o. Pline attribue la même propriété au téthyon. Le bélilli réni- fit encore dans certaine jauniffe des Indes appelée pi- tar j ik qui fc manifcftepar la couleur jaune des yeux, de la langue & des ongles, ainiicueparla bouflfilfure du vifage & des pieds. Le mordéchi j dangereufe ei- pèce de choiera morhus ^ propre des Indes , efl calmé par le bélilli ^ qui généralement , comme le téthyon dans Pline, foulage toutes fortes de Coliques. Il gué- rit aulîî l'atrophie cauf ée par des obfttu61:ions : il net- toie les reins , fur-tout étant pris dans une infufson de gramen cruciatum , lorfqu'il s'agit dcgrave]le.Ileften-• core bon dans l'aflhme ; mais alors , f 1 peu de temps après on prend quelque acide, H eft mortel. C'cft un excellent antidote , égal à la théiiaque , fi on le mêle avec la racine de lajfa radja. Enfin il eftinfailUble dans les hémorrhngies. La manière de le prendre eft d'en couper une rouelle de l'épaiffcur d'une lame de couteau, de la mettre en poudre, &: de la battre dans du vin. Pour la fièvre, on le prend f implement dans de l'eau , il produit une fueur abondante. BELIN. 1. m. Nom d'une forte de pomme. Pomum be- linum. On donne ce nom au court-pendu rouge, ou- marquis. Belin. 'Vieux mot. Sot. Il a été pris aulli pour mouton. Belin. Terme de Flcurifte. Nom de tulipe. Le belim or- dinaire eft rouge , colombin , blanc. Le belin trelon eft violet, peu de rouge & blanc. Cult. des Fleurs. BELINER. v. n. Vieux mot, qui s'efl dit au propre de l'ac- couplement des béliers avec les brebis. C'eft l'arietare des Latins., comme il eft marqué dans le fupplément au Glollaire du Roman de la Rofe , aux mots Hune- billier & Hourdehillier, qui ont la même lignification. On l'a étendue à la conjonclion de l'homme & de la femme , & c'eft en ce dernier lens que hourtebillier & hourdebillicr iont pris dans le fupplément, ainfique béliner dans le Diélionnaire Comique. BELINGE. f. f. On nomme ainfi en Picardie, particuliè- rement du côté d'Amiens, une tirctainefil & laine trè;s- grolîîère , qui te fabrique à Beauchamp le vieil. BÉLISAME. f i. Terme de Uyxho\o%\e.Belifama.C'ek la même choie en Europe que Béel-famin (Scis^icni du Ciel; ) enOrient. LesEuropécns avoient emprunté ce terme des Orientaux, C'étoit une épithète que l'on donnoit à Minerve, à Junon, à Venus & à la Lunç, O o o o o ij 8 44 BEL Uiie infciiption antique trouvée à Coiiferans porte j M I N E R V i£ B E L I S A M JE. Q.VALERIUS M O N V M BELÎTR AILLE, f. m. Troupe de Bélîtres. Mendlculo- ' rumgrex. Ce mot ne fetrouve que dans Pomey. BELITRE, r. m. Gueux qui mandie par fainéantife , homme de néant. Il lé dit quelquefois par extenlion des coquins qui n'ont ni bien ni honneur. Mendicus , vUis homundo , homo trejjis j criobolL Ménage dérive ce mot de l'allemand betler ^ qui lignifie gueux , men- diant • Scaiigcr du latin balatro ; d'autres à baiijla ; parce que louvent les archers &: arbalctiiers ont tenu la campagne , & pillé le payfan. Erafme le dérive du grec f.?J~li , en latin bl'itum j efpèce d'herbe potagère fort fade , fans faveur, vulgairement poirée, d'où la méta- phore a été tirée à un ftupide , &à un lourdaut, à un helitre , qu'on appelle aulli un vaut-rien. D'autres di- fent qu'il vient de Velitrenfis. A Pontoife les Con- frères Pèlerins de la Confrérie de S. Jacques, ont porté long-temps le wqw^ At Bélître s j & ce nom n'étoit point odieux. Dejcrip. Géogr. & Hi(l. de la Haute Norm. Tom. II , p. 2 0 4. Ce mot vient du grec /SAiTupi , qui fignifie un rien. De-là eft venu le mot hlitri, dont on le lert dans l'é- cole pour délîgner un homme fans nom. Nous difons en françois un quidam. Huet. Cet Auteur écmblître , au lieu de bélître. BELÎTRERIE. f. f. Gueuferie. Mendicitas. Métier de bclitre & de fainéant.. BELLAGINES , ou BILAGINES. f. f. pi. Bellagines. Loix municipales des Goths , recueillies par Diceneus , qui leur donna ce nom, comme le rapporte Jornandez , De Reb. Coth. L. I ,C. 11. Spelmanexphque fort au long ce mot dans fon Glojfar Arch&ol. C'eïl: un nom faxon. By en faxon lignifie une habitation, un bourg , une ville chez les Goths , & lagen veut dire une loi. Encore aujourd'hui en Angleterre bilawa fignifie les lois que les bourgs le font laites. En Ecofle on dit bir- lawa & burlûws. En allemand /Ç>j<7r lignifie vm pay- fan 3 & law une loi j d'où il s'enluit qu'on a peut-être dit bellagines , ou bilagines j pour birlagines. BELLANDE. f. f. Nom de femme. Berekndis. Il y a un prieuré defainte5e//tz«t/eenRételois. ^oye;jlur cette Sainte, Bollandus, & M. Chaftelain au troilième de Fév.D.Mabillon au troifième liccle de fes Acl.SS.Ben. P.I,p.i6. ^fT BELLANO. Petite ville d'Italie ,. dans le Milanez , fur le bord oriental du lac de Côme. BELLÂTRE, f. m. Qui a un faux air de beauté , une beauté mêlée de fadeur. Pulchellus. C'cft un bellâtre qui le croit fort beau. Il s'emploie quelquefois adjec- tivement. Il n'eftpas beau, il n'eft que bellâtre. BELLE, féminin de l'adj. beau. Voyez ce mot. Autres exemples fur cette phrafe adverbiale : de plus belle. Il recommença de plus belle : il revint de plus belle. Il s'agilloit de hgner,ou fe livrer deplus^e/Zeàlaper- fécution, c'eft à-dire , tout de nouveau. Belle , en termes de marine , eft la partie du pont d'en- haut qui règne entre les haubans de milaine & les hau- bans d'artimon. Cet endroit du pont eft prelque à dé- couvert par les flancs, à caule que Ion plat-bord eft moins élevé que le refte : aulîi c'eft ordinairement par la belle qu'on vient à l'abordage. ^fZF Belle. Terme de rivière. C'eft une forte de perche dont on fefertlur les bateaux pour loutcnir les bannes. BELLE-CHEVREUSE. f. f. Efpèce de pêche , que l'on nomme aulli fimplement chevreufe. La belle chevreufc luccède à la mignone , & devance un peu la violette. La Quint. P. III , C. 14 y p. 4^ s- La chevreufe IJCFeft une très- bonne efpèce de pêche. Elle eft grolîe , de belle figure, un peu longuette, d'un alTez beau co- loris, d'une chair fine & fondante, d'un grand rapport, pâteufe quand elle eft trop mure. Elle eft meilleure dans une expofition au midi. Dans les fonds médiocre- ment humides, elle vient allez bien au couchant. BEL BELLE -DAME , ou BELLA-DONA. f. f. Plante qui poulie pluheurs tiges à la hauteur de quatre pieds , grolîes, rondes, rameules, velues, d'un rougc-obf- cur, avec des feuilles de la figure de celles du Sola- num j mais deux ou trois fois plus grandes , un peu lanugineulés. Ses fleurs, qui lont blanches & d'un pur- purin-oblcur , ont la figure d'une cloche , découpées ordinairement en cinq parties. Il leut fuccède un fruit prefque rond , d'un noir luilant ," & gros comme un gros grain de raihn , rempli de fuc & de femences ovales. La belle-dame eft narcotique , propre pour les inflammations , pour réloudre les tumeurs , & calmer les douleurs. On ne s'en lert qu'extérieurement, car prile par la bouche , elle pourroit caulcr un fommcil mortel. Lémcry dit que les Italiens lui ont donné le nom de Bella donna , parce que les Dames s'en lervent pour embellir leur peau. §3- BELLE-DE-JOUR , ou EMEROCALE. f. f. Efpèce de lys qu'on cultive dans les jardins pour la beauté de la fleur , d'un jaune tirant fur le rouge, p'oye-^ Emerocale. §CF BELLE-DE-NUIT. Plante qui doit fe rapporter au genre appelé Jalap. Voy. ce mot. BELLE ET BONNE, f. f. Nom dune efpèce de poire, que la Quintinie, T. /j pag. ^Sj 3 met parmi les niauvaifes. BELLE-FILLE, f. f. Celle qui n'eft fille que d'alliance par mariage. La femme du fils, ou la fille de celui ou de celle qu'on époule. Nurus ^privigna. Belle-fille. Nom dime lorte de poinme.La.Belle-Jzlle eft une efpèce de court-pendu. Belle & Flux. f. m. & f. Elpèce de jeu de cartes allez diverti iTant, par la qu.intité de perfonnes qui peuvent y jouer. Il le joue avec le grand jeu de cinquante deux cartes , & eft très-facile. Il a quelque rapport à un au- tre jeu qui s'appelle les Beau:;. On ajoute ordinaire- ment trente & un à la belle & flux j & l'on dit : la. belle & flux trente & un. BELLEGARDE. f. f. Efpèce de pêche. LaBellegardc eft une très-belle pêche du commencement de Septembre, un peu hâtive , un peu moins colorée dehors ik dedans que l'Admirable. Elle a la chair un peu plus jaunâtre , & peut-être le goût un peu moins relevé. A cela près on la pourroit prendre pour l'Admirable à la grolleut &• à fa figure ; mais elle ne fait pas un fi bel arbre. La Quint. P. j ^ C. 14^ p. 4S0. Elle ne réuflit pas au couchant. Bellecarde , eft aufll une forte de laitue pommée. LaC' tuc£ fpecies. La bellegarde ne diffère de la royale qu'en ce que celle-ci eft plus crêpée. Chomel. Bellegarde. Ville de France en Bourgogne fur la Saône. Bellogardia. Bellegarde. Place forte au Comté de Roulîîllon,furun rocher efcarpé dans les monts Pytenées, au dclfus du Col de Pertuis, lur la frontière de Catalogne. ifT II y a aullî un château de ce nom en Gafcogne , dans l'Eftarat , entre Serre & MalFeoub. fer Une Baronie en Languedoc , diocèle de Nîmes ap- partenant au Duc d'Uléz,& un château en Suilfe , dans le bailliftge de même nom, Canton de Fribourg. BELLE-ILE. île de France. Calonefus. Elle eft d.ans la mer de Bretagne, à quatre lieues de la côte méridio- nale de Bretagne , vis-à-vis la ville de Blavet , diocèfe de Vannes. Elle a fix lieues du couchant au levant, & deux du midi au nord. Il y a à Belle-Ile quatre bourgs ou quatre paroiires, Lamoria, Bangor, Sauzon, & le Palais. C'eft proche de ce dernier qu'cft la citadelle & le port. BELLEMENT, adv. D'une manière lente & fans bruit; Lente , placide y leniter. Ce mot eft du ftyle famiher, &c ne fe dit guère que pour avertir quelqu'un d'être plus moàcic. Bellement, \ons vous oubliez, vous vous emportez. fCr BELLE-MERE.^ f. f. Terme relatif. Noverca , Socrus.Cc\\ , à l'égard des en fans , la femme que leur père a époufée après la mort de leur mère : à l'égard d'un gendre, c'cft la mère de fa femme; à l'égard d'une bru , c'eft la mère de fon mari. ^ BELLE-PERCHE. Abbaye de France, dans la Gaf- i BEL cogne, fur la Garonne, ordre de Cîtcaux, filiation de Clairvaux. BELLERllï. adj. C'eft le nom qu'on donne à la cinquième elpèce de Myrabolans ; les Myrabolans bdUr'us font ovales ou prc(que ronds , de la grolleur d'une prune ordinaire. Ils (ont durs, jaunâtres; & moins anguleux que les autres efpèces BELLE -SCS UR. l. f. La fœur de celui ou de celle qu'on époule. Glof. Deux femmes qui ont épouté les deux frères font aullî helles-fœurs. ffr BELLEVAL. Abbaye de France, en Champagne, dans l'Argonne , Ordre de Prémontré. tf:T BELLE VAUX. Abbaye de l'ordre de Citeaux, en Franche-Comté, à deuxlieues deBelançon, lur l'Ou- gnon. tCTBELLEVESVRE. Petite ville , ou bourg de Fran- che-Comté, aux confins de la BrelleChalonnoile. BELLEVERGE. f f. Efpèce de mauvaife poire , qui fe mange au mois d'Août. La Quint. BELLE-VILLE. Ville de France dans le Beaujolois , près de la Saône. Bella-villa. C'eft auffi un petit village , près de Paris, du côté du levant. BELLEY, qu'on dit aulîî avec l'article, le Belley ^ du BelUy j au Belley. Ville épifcopale de France , fîtuée près du Rhône & du Foran , dans le Bugey , dont elle eft capitale. Maty. Bellica , Belliga , Belifma , Beli- fama , Beiiccnjium , ou BcUicenJis civ'uas. Voyez de Valois , Not. Gall. p. y S. L'Evêque du Belley eft Seigneur temporel de l'évêché , & (e dit Prince de l'Empire. Audax , le premier Evêque du Belley dont nous avons connollfance , vivoit l'an 412. On écrit aufù Béley , ou Belay ; ou Bellay , félon M. de Va- lois. Jamais les diverlités de M. Du Bellay n'y firent œuvre. Masc. C'eft une efpèce de proverbe qui le dit d'un homme qui parle , ou d un Auteur qui écrit de différentes eipèccs de chofes dans un même dif- couis , ou dans un même livre. Ces diverlités de M. Du Belley font un Poëme de la nature &: de la diver- lîté des pierres précieufes , fait par Rémi dxi Belley jëi fyi'i eft fon meilleur ouvrage. Guichenon a donné en latin une fuite chronologique des Evêques du Belley. §Cr BELLICULE. f. m. Efpèce de hmaçon de mer, ou poiffon à coquille ombilicaire, blanche, avec des ta- ches jaunes, ou jaune avec des raies noires. Encyc. |p° BELLIDASTRUM. Pknte qui ne dift'ere de la pâ- querette que parce que les femences lont garnies d'ai- grettes , & que la couronne de la fleur n'eft pas faite en pyramide. BELLIGÉRANT , ANTE. adj. Quifaitla guerre, com- battant , contraire , adverfe. BeUigerans. Ce terme eft devenu fort à la mode ; mais plus ordinairement au féminin ; puiflances , parties belligérantes. Lorfquc plufieUrs PuKfmces font intérclfces dans une guerre j la paix eft difficile à faire parce qu'on a de la peine à concilier les divers intérêts de toutes les parties belli- gérantes. Dès le commencement des troubles qui fe font élevés après la mort de l'Empereur Charles VI , le Roi n'a rien omis pour faire connoître que Sa Ma- jefté ne délîroit rien avec plus d'ardeur, que de les voir promptement appaifés par un accomodement équita- ble entre les parties belligérantes. C'eft le début de rOrdonnace du Roij portant déclaration de guerre au Roi d'Angleterre, du ijMars 1744. Ce mot a été appliqué par les Auteurs des Mémoi- res de Trévoux aux conteftations littéraires. Sixte IV impofa filence aux parties belligérantes. Il s'agit de la queftion fi S. Auguftin avoir embrafle la vie monaf- tique pendant le temps qu'il fut à Tagafte. ^fF BELLIN. Petite ville en Allemagne , dans la moyenne Marche, fur le Rhin. BELLINCOURT. Terme de Fleurifte. TuHppe de cou- leur de feu, & blanc de lait. Cult, des Fl. BELLINUS. f. m. C'eft ainfi qu'on nommoit dans l'Au- vergne, Bélenus, que toutes les Gaules adoroient , ma:is qui étoit be.aucoup plus révéré par les Auveignats que par les autres Gaulois. ^Zr BELLINZONE. Beleni ^ona ou Bilitionum. Ville deSuilfe, dans celui des crois Bnilhages Italiens qui porte le même nom dont elle eft capitale. BEL 84^ BELLIQUE. adj. m. & f. Vieux mot. Militaire , guer- rier: du latin bdlicus. Glojf.fur Cl. Marot & Mon- taigne. BELLIQUEUR. f m. Vieux mot. Belliqueux , guerrier. Bellator j belligerator. Pas ne convient que ma plume fe fonde A rédiger du triomphe les arcs ■ Car de Jl grands, en kautejfe profonde N'en firent onc les belUqueurs Céfars. Marot. BELLIQUEUX, EUSE. adj. Martial, qui aime la guerre. Bellicofus. Les François font des peuples belliqueux. Alexandre, Célar avoient 1 humeur belliqueufe. Ceux qui ont bien connu l'Egypte, ont reconnu qu'elle n'é- toit pas belliqueufe. Boss. BELLIiSIME. adjedif fupa^.atif Très-beau. Bellijfimus. Il n'eft en ufage que dans la converfation, ou dans une lettre , en ftyle plaifant-. BELLissiME,f. f. Sorte de poire du mois d'Août, & qui eft mauvaife. La Quint. T. I , p. }S6. Les Fleuriftes donnent aufli c€ nom à une tulipe couleur de pêcher ^ fleur de lin & blanc d'entrée. Cult. DES Fleurs. iCT BELLITZ. Petite ville d'Allemagne, dans k marche de Brandebourg , à fix milles de Berlin. %T BELLOC. Petite ville de France j en Bearn , aux confins du Chaloflc. BELLOCES , ou BELOCES , félon le GlofTaire du Roman de la Rofe, f. f. pi. Ce t'ont des fortes de prunes. On le dit en Champagne de toutes les prunes en général , & il n'eft en ufage que parmi le peuple. Manger des bel- loces. Belloce véreufe. On prononce bloce , que le pé- rit peuple emploie auflî pour dire blette ou bleque ^ éne poére bloce, c'eft-à-dire , une poire blette ^, une poire molle par trop de maturité. Borel, qui ne favoit pas la véritable fignification de bellcce , dit que c'eft ou quelque petite monnoie, ou autre chofe de petite confidération. BELLOC ULUS. f. m. Efpèce de pierre précieufe relfeiTi- bknt à l'œil , d'où l'on a ridiculement imaginé qu'elle étoit bonne dans les maladies des yeux. BELLON. f. m. C'eft le nom qu'on donne en Norman- die au grand cuvier des prefl'oirs où l'on braffe les ci- dres & les poirés. Le bellon eft au-dcffous du tablier j mais à côté il reçoit la liqueur qu'on exprime du marc des pommes ou des poires. C'eft dans le bellon qu'on puife la liqueur pourenremphr les tonneaux. Les en- fans boivent volontiers le cidre & le poiré dès le bel- lon. Les adultes veulent que ces liqueurs ayent paré ^ c'eft-à-dirc, qu'elles aient fermenté dans les tonneaux. Bellon. Grand cuvier ovale , qu'au temps de la ven- dange on charge fur une charrette, pour y mettre des raiflns, & les tranfporter de la vigne à la cuve. Ce mot eft en ufage en quelques endroits de Champagne. Fure- tiere écrit banneau j du banneau : un banneau de ven- dange. Bellon. Maladie extrêmement commune en Derby- shire, à laquelle les animaux, & même la volaille, ainfi que les homirrcs , font f ujcts. En général elle rè- gne dans toutes les contrées inteâécs de l'odeur de la mine de plomb; c'eft pourquoi on diftingue un certain cfpace autour des lieux où l'on travaille la mine de plomb, que l'on appelle la fphère du bsllon: il eft très dangereux pour tout animal de paître dans cet inter- valle. ^fT On a remarqué que le fucre de Saturne pris avec excès , produit la même maladie. BELLONAIRES. f m. pi. Bellonarii. Prêtres de Bellone. C'eft du Grammairien Acron que nous apprenons ce nom , & l'ancien Scholiafte de Juvénal s'en f ert aulîî. Ces Prêtres recevoicnt leur facerdoce en fe faifant faire des incifions à la cuilfe & au bras, dont ils recevoicnt le frng dans la paume de La main, pour en faire un fa- crifice à IcurDceffe; mais dans la fuite cette cruauté ne fut plus que fimulée: car Lampridus , dans Com- mode iC. Q y dit que cet Empereur, par un efprit de cruauté , les obligea de fe déchiier eftedivement les bras, preuve que d'ordinaire ils ne le faifoientpas vé- tritablement. On peut voir ce que difent des Bellon. ■24<5 BEL naires TcrtuUien , ^polo^ C p . Laclance ,L.I,Ct^ le Scoliafte de Juvcnal lut la Satyre FI, v. ^^/- Jf cobOizclius lui- Miniums ¥c\iK,pdg. ipd. Les 1 rc- ttes croient des fanatiques , qui dans leurs cnthoulial- mes prédifoient la pritc des villes, la dctaite des enne- mis. Se nannonçoient que meurtre &quc carnage. ■BELLONE.f.f.5e//oM.Dccire delà suerre,Iœur ou com- pagne de Mars. Si l'on en croit Vairon, elle le nomma d'abord Duellone.Duellona , d'où le forma Bellonnc. Wy^.n^Fab. 27 4 > <^'^ q^'^''^ fut 1 inventrice de 1 ai- guille . qui en grec s'appelle b.a.',« &c que c eft delà que lui vint Ton nom. On la dépeint les cheveux cpars , couverte de lang , une pique ou une tauk d'une main & une torche ardente , ou quelquefois un bouclier , ou un fouet de l'autre, & vêtue d'un cafquc & d'une cui- ralfe. Bdlom avoit un temple a Rome, dans lequel le Sénat donnoit audience aux Ambalfadeurs étrangers , & aux Généraux qui revenoient de commander les ar- mées. <'?? lU avoir dans ce temple une petite colonne jiommée bdlïca , par-deirus laquelle lesConlulsoules Féciauxlançoient un javelot, pour marquer qu'ils de- claroient la guerre. La Divinité contraire z-Belloiie etoit le DieuPaule, Paufus, c'efr-à-dire , rtpos , comme l'a remarqué Turnebe. Adv. L. XF, C. ^/-Rolm , Anûq. Rom. L. IF, C. 10, Calaubon fur Lampn- dius, C.Q de la vie de Commode TertuUien. Jpolog. C. Q , PallLO^C. 4, & Laitance, Inflit.L.I , C.21 parlent de Bdlone. Bientôt avec Grammont courent Mars & Bellone , Le Rhin à leur afpea d'épouvante fnjfonne. Boit. '%(&' Bellome. Maculata cauda trape^la. Nom d'un poillbn trés-mcna, long d'un pied , & large de deux pouces & demi , diminuant de largeur dans les deux derniers pouces vers la queue. La tête eft très-longuei & l'œil qui eft bleu bordé de rouge , eft placé dans la dil- tance de la quatrième partie de la longueur de la rcte. La bouche forme un ample mufeau, avec une petite pointe crochue dans la lèvre inférieure. On voit deux nageoires à côté de les ouies en forme d'éventa^ , de couleur jaune -, & plus bas, deux autres plus petites de la même couleur. Deux grandes nageoires jaunes & canelécs accompagnent les cotés vers la queue , avec dix à douze pointes le long du dos. Sa queue qui forme un trapèze de couleur jaune & rouge, lui a fait don- ner le nom de cette rigure. Sa couleur générale imite l'arc-en-cieU celle du corps eft d'un rouge clair femé de petites taches brunes. La couleur du dos eft grile, tour le ventre rouge ,& les nageoires argenrées. Ip- On ne trouve ces fortes de poiftons que dans l'île de a Tortue en Amérique. Ce poillbn a été delîmé fur le lieu par le P. Plumier. ^ Bellone. f. f. Bellonia. Genre de plante ainli nom- mée de P. Bellon Médecin de Caen , à Heur monope- tale, rayonnée & découpée. Lecahce devient un fruit dur , d'une figure pointue, rempli depetires lemcnces. ^Cr BELLONS. Efpèce de lampe ulitée en Elpagne. ^ BELLOSANNE. Abbaye d'hommes de l'Ordre de Pre- montré , fondée en 11 98 dans le pays de Bray au Dio- cèfe de Rouen. Jacques Valable , François Amyot , & Pierre Ronfard en ont été Abbés. Defcript. Géogr. & Bift. de la Haute Norm. T. I, p. 16 u BELLOT , OTTE. adj. Qui a quelque beauté. Bellu- lus. Il fe dit particulièrement de la beauté des petits cnl'ans, & dans le ftylc famiher. BÉLLOVAGE.f. m.&f. ou BELLOVACIEN, ENNE. /iicien peuple de Gaule qui habitoit ce que nous ap- pelons aujourd'hui le Beauvaijis , &c. Foyei Beau- VAis , Beauvaisin, & Beauvaisis. Des Auteurs mo- dernes prétendent que les vallées d'Andegoufte , & de ■Volvaccne ont été habitées par les Andes & les Bello- vaclens. Cord. ICTBELLOZANE. Bello^anna. Abbaye de France, de l'Ordre de Prémontré, lituécenNormandie aune lieue de Gournai. jBELLUNE , ou BELLUNO. 5e//««w72. Ville épifcopale d'Italie dans l'Etat des Vénitiens , lituée fur la rivière ■de Piave dans les Alpes. Bellulum, BEL BELLUînOIS , OISE. f. m. & f. Qui eft de Bellune. Bel- lunenfis. Géorgie Piloni , Dodtcur Bellunois , a fait l'hiftoire de la patrie , à Venile 1607 ^in-^. BELLUNOIS. Petit pays de l'Etat de Venife en Italie , qui prend fon nom de Bellune la capirale. AgerBellu- nenfis. Le Bellunoïs eft dans la Marche Trévifannc, & il y a de fort bonnes mines de fer. Maty. |C? BELNAUX. f. m. pi. Elpèces de tombereaux fort lourds, qui lervent au tranlport des fumiers dans les terres. BÉLOÉPvE. f. f. Plante Indienne toujours verte \ ^ts feuilles , réduites en poudre, purgent avec une vio- lence excellive j fa graine , broyée & prife chaude , purge plus modérément. Ray. Kifi. Plant. BÉLOMANCE , ou BÉLOMANCIE. f. f. Belomantia. ^ Ce mot elt grec , compolé de lii/^'i,fiècke,ik .«avTÛa, divination ^ &c il fignilie , divination qui le tait parles Hèchcs. La hélomance étoit en ulagc parmi les Orien- taux, mais fur-tout chez les Arabes. Elle le faifoiten plufieurs manières. La première étoit de marquer des rièches,& de les mettre dans un fac au nombre de onze, ou davantage ; enluite on les tiroir , & félon qu'elles croient marquéesou non^ on en tiroir des conléquen- ccs pour l'avenir. Une aurre manière étoit d'avoir leu- lement trois Hèches , lur l'une delquellcs on écrivoit , Dieu me l'ordonne ■, fur une autre , Dieu me le défend ; tk lur larroilième on n'écrivoit rien. On les enfermoic dans un carquois , enfuite on en tiroir une des trois au halard : fi c'étoit celle lur laquelle on avoir écrit , Dieu me l'ordonne , on frifoit lachofc pour laquelle on con- lultoit le fort : fi celle où il y avoit , Dieu me le détend , venoit la première, on ne falloir point la choie dont il étoit queftion; &{i c'étoit la troifième fur laquelle il n'y avoit rien d'écrit , on recommençoit tout de nou- veau. Les Arabes appellent cette divination ala^lam. Elle paroit fort ancienne , &: il femble qu'Ezéchiel en ait parlé XXI^zi. S. Jérôme l'entend ainfi , & il die que cette fupcrftition étoit enufagechezlesAlTyriens, ou Babyloniens. Il en parle encore fur le chap. IF, d'O- lée , à cela près qu'au heu de flèches , il dir que c'é- toientdes baguettes. Les Septante iraduilent aulli; «'ê/t'?, des baguettes ; ce qui feioit plutôt rahdomance que hélomance: mais dans Ezéchiel,que S. Jérôme cite, il y a des flèches , & non pas desbaguettes. D'autres inter- prètent le mot d'Ezéchiel VpViJ , non pas par commif- censfagittas , comme S. Jérôme, ce qui marqucroic qu'on mêloit, qu'on battoir, ou qu'on remuoitles flè^ ches dans le carquois, mais par terjit ; &c prérendent que cette luperftition conftftoit à fouibirou polir le fer des flèches , pour y conlidérer comme dans un miroir ce qu'on vouloir lavoir , de même qu'on le regarde dans l'ongle du pouce , après qu'on l'a frotté & rendu lui- fant. C'eft le fentimcnt de Valable & de Munfter. En- fin d'autres rendent VpVp par jecit , tk difent qu'on lançoit des flèches en l'air , & qu'on oblervoit où elles tomboient: c'eft l'interpréifition du Paraphrafte Chal- déen &: de Kimhhi. Pocock traite de la be'lomance ào.ns fon Spécimen hiJlori<& Arah. S. Jérôme , lur l'endroit d'Ezéchiel que j'ai cité, &Groiius au même endroit, confondent la hélomance & la rabdomance , comme une même divination , & Grotius montre que certe fu- pcrftition étoit en ufage chez les Mages , c'cft-à-dire , lesChaldéens, & chez les Scythes. C'eft le Scholiafte de Nicandrequi le dir d'après Dion; que les Alains , nation Scythe, en ufoient aufli au rapporr d'Ammien, Liv. XXXI , que des Scythes elle avoit paflé aux Scla- vons leurs voiiîns , chez Icfquels on la pratiquoit, li l'on en croir Rabbi Moyle deKorfi dans \Iiift. du s 2e Jubilé , & Adam de Brémen , Narrationis Eeclefiaflic. c. explique encore une autre manière de hélomance ,^ ce que dit Grotius-, mais il fe troiT^pe, cen'eft ni hélomance , m une coutume de ces peuples ; c'eft une divination arbitraire que leurs Prê- tres pratiquent en uneoccafion particulière , non pas avec des flèches, mais avec un roleau fendu en deux. BEL BELOUSE, BELOUSER. 7 oyc^ Blouse, Blouser. 03° BEL-OUTIL, f. m. Terme ufité parmi les Orfèvres & les Bijoutiers . /^oyeçBiGORNE& Bigorneau. BELTIS. ^oye^ Baaltis. (p- BELTURBET. Pence ville d'Irlande , dans la Pro- vince d'Ulller, au comté de Cavan fur une petite rivière. Bekurbetum, §3" BELTZKO. Ville du royaume de Pologne , dans la Ruilie rouge, dans le Palatinac auquel elle donne le nom. Ce Palatinat cft entre le Palatinat de Leopol , la terre de Chelm & la Volliinie. ^CT BELVAL. Foye'^ Belleval. BELUDE , ou BÉLUE , f. f. Vieux mot. Bête féroce , du latie Bellua. Dégénéré de bien peu de value j Ec converti en forme de bélue. BELVEDER. f. m. ou Beloeder. Chenopoiium Uni folio villofo. Plante annuelle, qu'on feme dans les jardins: elle donne des racines noires , chevelues , d'où part une tige cannelée , haute d'un pied & demi , quelquefois plus, droite, callante, &c qui pouiFe une infinité de branches dans toute fa longueur , difpofées de manière qu'elles forment une pyramide agréable. Sa tige & fes branches font garnies de feuilles alternes, femblables à celles de la linaire, mais velues. De leurs aiirdles à l'ex- trémité des branches naiffent des fleurs qui font à cinq éramines , foûtenues par un calice verdâtre divilé en cinq quartiers, du fond duquel s'élève un piftilqui de- vient enluite une petite femence arrondie, applatie, un peu brune , enveloppée du calice de la fleur. Bel VEDER , eft un nom Italien, qui fignifie en François , plante belle à voirjàcaufe que fes branches font bien rangées contre la tige , & qu'elles ne s'écartent point d'aucun côté. On a adopté en France ce terme ■■, & cette plante eft connue fous ce nom chez les Fleunftes & les Jardiniers. ^fT Belveder , fignifie aulîî un lieu élevé où l'on jouit d'un bon air & d'une belle vue. Locus éditas praclaro afpeclu. Ce mot efl: purement Italien. C'eft quelquefois un petit bâtiment à l'extrémité d'un jardin ou d'un parc. C'eft quelquefois un fimple berceau élevé fur quelque montagne ou terralfe. ^fT Les Bel veders le décorent ordinairement de différens arbres & arbrif- feaux. BELVEDERE , eft une des quatre grandes Provinces de la Morée. Sa capitale porte autli le nom de Belvédère, Belvedera j Elis. C'eft l'ancienne Elis , capitale de l'Elide , fur le Vénée. Belvédère eft encore un bourg du Royaume de Naples dans la Calabre citérieure, près de la mer de Tofcane. Belvédère eft la même chofe en italien que Beauvoir ScBeauregard en françois, nom que nous avons auiîî donné à plufieurs lieux. fO- BELVES ou BELVEZ , bourg ou petite ville de Fiance, en Périgord , dans le Sarladois. C'Cr BELUGARA. Ville d'Afrique , au Monomotapa , fur la rivière de Sainte Luce. BELULQUE. f. m. Inftrument pour l'extraétion des dards ou des flèches. On trouve dans les Auieurs de Chirurgie les defcripcions de plufieurs inftrumens de cette efpèce. Belulcum. Ce mot vient Ac^i^-o! ,fiéche , & de t'Axa, tirer. BËLUS. f. m. Grande Divinité des Babyloniens. Le j5e7«j étoit le foleil , ou la nature elle même qu'on adoroit fous ce nom. Dans la fuite , le premier Roi des Afly- riens , à qui on donna par honneur le nom de Bélus , ayant été mis après fa mort au rang des Dieux , il fut confondu avec la grande Divinité des Alfyriens. Cicé- ron , entre plufieurs Hercules qu'il diftingue , dit que le cinquième cto'ii Bélus ., ou Hercule l'Indien. Voye^ Bel, Dieu des Babyloniens. EÉlus , Père de Danaiis & d'Egyptus , eft le Jupiter Egyptien. BÉLUs , Roi de Tyr, & de Phénicie , fut pfere de Pygma- lion & d'Elife, furnommée Didon. BE LUTTA, f. m. Grand arbre qui croît dans le Mala- bar. Sa racine broyée avec du gingembre frais _, & pri- , fe intérieurement , provoque puiffamment la fueur. BEN 847 03" Ses feuilles bouillies dans du lait , appliquées eiî cataplafme lur le fommet de la tête , avec l'huile de palmier, font employées pour rèf>^udre les humeurs vifqueufes. Leur décodion eft bonne pour la toux. Le fruit eft aftringcnt , quand il eft fec ; & laxatif, quand il eft frais & cuit dans du miel. B E M. 1^ BEM, ou BEMBE. Ville de Perfe, à trois journées deMultan, fur \e.s frontières de l'Inde. |C? BEMARIN. Bemarina , contrée de l'Amérique Sep- ^tentrionale dans la Floride , au pays des ApaLaches. BEME. f m. Berna. Autel des Manichéens : ils le dref- foient dans un lieu différent & éloigné de celui où les Cathohques difoient la Melfe. Anfelme d'Havelberg parle dans (ts Dialogues du berna des Manichéens. Le mot i^è;72e vient du grec B^/^a, tribunal :, degré. On ap- pelle aulîî hème parmi les Manichéens le jour de la mort de Manès. Le bème eft un grand jour chez les Manichéens , c'eft un jour de fête; ils appcloient bème le jour que Manès fut tué , parce qu'ils le célébroient en ornant magnifiquement leur bème ou leur autel. En général les Grecs appellent bème ce que nous appelons fanauairc. De tous les laïcs il n'y avoit que l'Empe- reur qui pût entrer dans le hème, BEMBEL. f. m. Terme de Philofophie hermétique , qui fignifie , ou le mercure , ou la pierre philofophale. BEMOL , BÉQUARRE. Termes de Mufique. Saint Gré- goire s'eft fervi Acs fept premières lettres de l'alpha- bet, pour diftinguer les fept tons de la voix. Or quel- quefois l'efpace entre ^ & 5 eft d'un ton entier , qui étant plus haut eft plus dur, & on le marque d une figure carrée, ce qui l'a fait appeler béquarre. Mais quand le B eft plus bas d'un demi ton, il eft plus doux & plus mol, &c c'eft pourquoi on l'appelle bé- mol. Voyez B. |Cr Le bémol eft Un caradlère , qui a la forme d'un petit b qu'on met devant une note pour la bailfer d'un demi ton. On dit aulîî adjeétivement qu'une note eft bémol. 0-3" BÉMOLISER. v. a. Nouveau terme de Mufique* Marquer une note d'un bémoU On dit aulîî bémolïjer la clef. BEMUS. f m. Terme méprifant & bas, qui fignifie un homme qui ne fauroit dire un mot; un fot, un lour- daut. Pourquoi donc en parler comme d'un clerc d'ar- mes, ou comme d'un novice de couvent j & enfin d'un bémus y d'un lourdaut, d'un ignorant? Mascur. De qui me parlez-vous là? C'eft un vrai bémus , c'eft-à- dire , un innocent. Vous faites le bémus j le bon bémusi Ce mot ne fe dit nulle part. BEN. BEN , ou BEHEN. f. m. fe prend pour un arbre qui croît en Arabie , & qui s'élève prefqu'aulîî haut que le bouleau. Ses feuilles font arrondies , alfez petites pour la grandeur de l'arbre, rangées par paire fur une côte branchue, & font même clair lemées. Son fruit eft une goufle longue de cinq pouces environ , com- pofée de deux cofies cannelées , coriaces , d'un goût plus infipide qu'aftringent , & renfermant comme dans des cellules des noyaux blancs , triangulaires , gros comme de petites noifettes , qui contiennent fous leurs coques minces une femence amère , huilcufe , femblable à celle de la noifctte , mais plus blanche. C'eft une noifette triangulaire , & dont l'amande rend une huile fi belle & fi douce, qu'elle n'a aucune odeur; de lorte qu'elle prend parfaitement bien l'odeur de la fleur qu'on lui donne, & fi naturellement, qu il n'y a pas de différence entre l'odeur de la fleur Se celle de l'huile , lorfqu'on prend foin de la bien travailler. Cette huile fe nomme Ejfence. Barbe. Cette huile a aulîî cela de particulier , qu'elle ne rancit pas comme les autres huiles exprimées, & qu'elle peut être con- fervée en bon état pendant long-temps. Ce fruit, que les Arabes appellent ben , eft nommé des Gicc^Bala- nus Myrep/ica , & des Latins Glans unguentaria. L'huile fert auffi à effacer les taches , & les lentilles du f? , O^}. 8 B F N vilage , appliquée feule , ou mêlée dans des pomma- des. Les meilleures noix de ben font pleines , haiches, •blanches , & fort aifées à peler. Elles (ervoient aux parfumeurs dès le temps de Pline. On dit : de la noix de hen, l'iiiule de ben. On donne ce nom de he/i:, ou bchen à deux autres plantes bien différentes-, l'une eft appelée bchenbhnc, & l'autre behen rouge, f'oyei Bemun. ^3- BEN A, ou BECCABHNA. Dena, Beccabenna ^ Royaume d'Afrique, en Nigutic. Ce Royaume-porte le nom de fa capitale, (k les habitans celui de Soujos. ^ BENACAFIZ. Ville d'Afrique , au Royaume de Maroc , dans la province du Duquela , fur l'Ommirabi. BÉNAGÙES. Nom d'un rullfeau de France , qui s'cft apparemment formé du latin bona aqua. Il eft dans l'évêché de Pamiers , & coule entre Varilhère & Pa- miers.Leruilfcau dcBJnaoues eft une des dix rivières ou ruilleaux de France, d'où l'on tire des paillettes d'or. Foyei M. de Réaumur. WJl. de l'Acad. des Se. 171 S. BENÂIS. /-^oy^;? Benêt. ffF BENAKET, ville d'Afie, dans la Tranfoxane. BENAN. f. m. Étoile fixe de la féconde grandeur, qui eft la dernière des trois qui font dans la queue de la grande Ouife. C'eft elle qu'on appelle communément le orand cheval , ou le cheval de devant du chariot. BENARDE. f. f. VoycT^ Besnarde. .•*3- BENARES. /^oyt;:?; Banara. BÉNARI. C'eft ainfi qu'on appelle un ortolan en Lan- guedoc. Ce font des oifeaux pail'agers: ils palknt deux fois l'an ; au mois de Mai , & au mois d'Août , on les prend avec des filets au temps de leur palTage. Les hé- ■naris étant nourris en cage deviennent fi gras , qu'on les apporte bien fouvent tous moris dans une petite malléte pleine de millet en poftcdc Toulouie à Paris, pour la table du Roi & des Princes. Il s'en prend quan- titédans lesplaines deTouloufe, maiscn hyyerilsfont très-rares & très-chers. Comme les cailles font beaii- coup plus excellentes en Laurag^ais qu'en Italie, à caufe que l'Italie eft trop féche , de même les ortolans ou èe- narh font beaucoup plus gras, & ont meilleur goût à Touloufe qu'en Italie. C AT el , Hijl. de Langued. L.I, p. 46. f3" BENAROU. Ville de Pcrfe , fur les frontières de la province de Fars iSc du Royaume de Lat, au pied d'une montagne, f-:? BEN AT AGE, f. m. Fondion desBenatiers dans les lalines. CîCr BENATE. f. f. Foye'^ Benatiers. ^BENATIERS. f. m. pi. Ouvriers occupés dans les fa- lines à airembler des bâtons de bois avec des oficrs & de la ficelle , pour en former des paniers appelés henates j qui contiennent douze pains de lel. BENATrî. f. m. Nom que les Arabes donnent à de pe- tites puftulesquis'éicvent fur le corps pendant la nuit, après la lueur. ^fT BENAVARI. Benavarium. Petite ville d'Efpagne , au royaume d'Arragon , capitale du Comté de Riba- gorca, furies confins de Catalogne. ifT BËNAUGES. BaialgU. Petit pays de la Guienne propre, Iciong de La Garonne. Cadillac en eft le lieu principaL fjCT BENCATH. Ville d'Afie, dans la Tranfoxane. (fT BENDA.(/e) Petit pays de la Turquie, dans l'Al- banie. Il avoit autrefois pour capitale Benda ville épif- cocale, aujourd'hui ruinée. g-Cf BENDARMASSEN, ou BEMDARMASSIN. Ben- darnijjjla. Ville des Indes, dans la partie feptcntrio- «ale de l'île de Bornéo , à l'embouchure du ilcuveSac- cadano, ou Saccadan capitale du royaume de même nom. BEN DE. f. f Terme de Relation. Monnoie ou femme de la côte de Guinée & du royaume d'IiLnic. La bendc vaut cent francs. L'adultère clHm crime capital pour les deux coupables , mais entr'eux ils s'en acquittent ordinairement pour une bende j qui eft la valeur de cent francs : l'amende croît à proportion de la dignité du m.ari lé'é , & tel adultère a été condamné à Icpt hcndes , envers le mari qu'il avoit dcihonoré. Fayt'^ ia relation duroyaiumc d'.ljjhiie^varle B. P, Loyer 3 BEN D-ombûcain, Le Roi d'IlTinie pour prévenir la ven- geance dont les Hollandois le menaçoienr , paya dix bendes d'or. BENDALÉON. f. m. Le tarif de la Douane de Lyon nomme ainh cette etpèce de gomme , que l'on nomme à Paris , & prelque par-tout ailleurs , bedelium j ou bdeliutii. BENDER. V. a. Vieux mot. Mettre en inquiétude. S il' éveille^ J croye-{ qu'elle ouvrira Ses deux beaux y eux 3 pour les vôtres bender. Cl. Majiot. On écrit aujourd'hui bander 3 en quelque fignifica- tion que ce verbe fe prenne. Bender. Nom de ville. Bender eft dans la Belfarabie , à trente lieues d'Ozakou. Le Roi de Suéde Charles XlL, après la bataille de Pultova fe retira à Bender, qfT y fit unlongféjour, & avec environ 60 hommes , il y fou- tint dans fa maifon un fiegc contre une armée de Ja- nillaires. BENDIDIES. f. f. Fêtes qui fe célébroieut dans le Pyrée d'Athènes, en l'honneur de Diane, furnommée bendis. Ces fêtes reffembloient un peu aux Bacchanales. BENDIS. f. f. Bendis. C'eft le nom que les Thraces , dit Hélychius , donnoient à Diane. Pahrphatus , C. j2 3 & Suidas, dilentauftique c'eft la Lune, ce qui revient au même , comme l'on fait. Les fêtes de Bendis , nom- mées par les Athéniens BiiJ-UnoL, Bendidées , &qui fe célébroient dans le Pyrée le zi'^du mois Targélion , étoicntlemblables aux bacchanales. C'eft ce que nous apprennent Strabon dans fon neuvième Livre, & Pro- clus dans fon premier Livre fur le Timée de Platon. Volîuis parle de la Déefl'e Bendis 3 De Idol. L. II , C. ,-7. . 5^ BENÊ. Petite ville d'Italie, en Piémont, fur les fron- tières du Montferrat. Elle donne le nom au pays voi- fin qu'on appelle le Benefe. Ip- BENE-BARAH. Ville de la Terre-Sainte , dans la Tribu de Dan. BÉNÉDET. {. m. Nom propre d'homme. Benediclus. Saint Bénédet eft un des quatres patrons d'Arbaigne. Malabay le Feuillant a écrit la vie de S. Bénédet fur d'anciens Mémoires. Chastel. 12 Févr. BÉNÉDICITÉ, f. m. Motlafinquel'ufage a rendu Fran- çois. Prière qui fe fait avant le repas pour bénir les vian- des qui font fur la table. Menjie confecratiô. Un bon Chrétien doit dire bénédicité & grâces. Le bénédicité de Godeau eft une Paraphralclurle Cantique des trois enfans dans la fournaile. On dit proverbialement, il eft du quatorzième /»/- «e^zVirf'jà ceux qu'on veut taxer de bêti(e:car lequator- zièmeverfetduCantique des trois Entansdans la four- naife poïtCjbenedicitejOmnes bejliin &pccora , Domino. BÉNÉDICTE, f. m. Terme de Pharmacie. C'eft un élec- tuaire laxatif qui purge doucement. Il eft compofé de 24 ingrédiens , (ans y comprendre le miel. On appelle ordinairement le bénédicle de Nicolas de Salerne , du nom de fon inventeur. BÉNÉDICTIN. Religieux qui a fait vcu de vivre fous la Régie de S. Benoit. Ordinis Sanéîi Benedicli Mona- chus. fÇP C'ellce qu'on appelle moines noirs dans le Droit canon. Leur uniforme eft une robe , un fcapu- laire & un capuce noir. Quand ils vont au chœur ou en ville, ils ont une ample chappe de ferge noire, à grandes manches , Se un capuchon qui le termine en pointe. L'Ordre des Bénédiclins eft partagé en différentes Congrégations. Laplus .ancienne de ces Congrégations eft celle des Bénédiclins du Mont Callîn, ainfi appe- lée du nom du Monaftère chef de tout l'Ordre de S. Benoît. On lui a donné auiîî le nom de f ainte Grotte 3 à caufe du Monaifère qui a été bâti où étoit la grotte ou caverne qui lervitdc retraite à S. Benoît lorf qu'il fe recira à Subiago, Sublac. Le Monailèrc du Mont Cat- fin fut détrui.t par les Lombards en jSo, & rebâti par le Pape Grégoire II en 720 , par les foins d'un Brixien nommé Perronax. En 1 3 .'. 3 Jean_ XXII érigea le Mo- naftère du Mont Callîn & tout fon territoire en cvc- chéj&Ilipprima la dignité d'Abbé. Il y eut neuf Evêqucs de BEN ^e fuite-, m:iïs en 1367 , Urbain V icfticua à ce Mo- naftcre le tmed'y^béaye ^ &fuppnma la dignité cpif- copale , en laillant néanmoins à l'Abbé la juiididtion comme épifcopale , que les Abbés du Mont Caiîîn avoicnt toujours eue, même avant Jean XXII , comme ils l'ont encore aujourd'hui. La plus ancienne Congrégation de Béne'dicîins en France , eft celle de Marmoutier. Ce célèbre Monaf- tère fut fondé près de Tours par S. Martin, Archevêque de cette ville. Au commencement du IX'^ iiécle , ce Monartcre reçut la règle de S. Benoît , que S. Maur , à ce que l'on prétend j avoir apportée en France, &que l'Abbaye de Glanfeuil, fondée parce Saint, avoir fui- vie. Marmoutier devint le chef de plus de deux cens Prieurs, ce qui fit qu'il fut regardé comme le chef de la première Congrégation de Bénédïciïns en France , quoique Glanfeuil fût la première Abbaye de cet Or- dre qui eût été fondée, & qu'on appelât cette Congré- gation la Congrégation de Marmoutier. P. Héliot , T.F.C.7. La Congrégation àzs.Be'nédiclins d'Angleterre a été diftinguée par quelques Auteurs en quatre Congréga- tions différentes, celle de laint Auguftin, celle de faint Benoît Bifcop, celle de {aintDunllan,& celle de laint Lancfranc. Les Monaftères d'Angleterre ne faifoient point de Congrégation ; ils étoient fournis chacun à quelques Monaftères de France , & les laints Benoît , Dunftan & Lanfranc , ont été plutôt rcftaurateurs de la dilcipline monaftique , que fondateurs de différentes Congrégations. C'eft pourquoi le P. Clément Reynes, iBénédicUn de la Congrégation d'Angleterre , regarde cette Congrégation en diftérens âges : le premier fous iàint Auguftin, Apôtre d'Angleterre , l'an 596 : le fé- cond fous faint Benoît Bifcop ,• vers l'an 705 -, le troi- iîème fous (aint Dunftan , vers l'an 900; le quatrième iosslaint Lancfranc, vers l'an 1077 dans lefquelselle si'avoit point encore la forme de Congrégation ; mais dans le cinquième âge elle peut être appelée véritable- ment Congrégation, lorfque l'an 1 2 1 5, dans le Concile général de Latran, il fut ordonné de tenir des Chapi- tres généraux dans chaque Province. Elle fe perfec- tionna dans le fîxième âge , aprèsque Benoît Xllayant renouvelé l'an 1356 le décret du Concile de Latran , fit parla Bulle appelée 2?c>zifific?i/zej des réglemens pour rOrdie de S. Benoît. Enfin , elle augmenta toujours Jufqu'au Ichifme d'Henri VIÎl. Il y a encore quelques Bcnédiciins de cette Congrégation qu'on appelle Bé- Ticdiclms Ani^/ois. Ils ont des Monaftères hors de leur île, entr'auties à Paris au fauxbourg S. Jacques. f'''oye:^ leP.HÉLYOT, r. f: C.^. Saint Bénigne de Dijon , Abbaye fondée au VP fiè- cle par Grégoire, Evêque de Langrcs, fut aulîi le chef d'une Congrégation de Bénédiclins. La Congrégation de S. Benoît lur Loire. Floriacen- Jzs Congrégatio. La Congrégation de Fleury , parce que faint Benoît fur Loire s'appeloit autrefois Floria- cum. L'Abbaye de Fleury, ou de (aint Benoît lur Loire , ' que Léon VII appelle le premier & le chef de tous les Monaftères, comme Alexandre II appelle fon Abbé le premier des Abbés de Fiance, fut fondée lous le règne de Clovis II. L'Abbaye de S. Waaft d'Arras j & les autres Monaf- tères qui s'unirent à elle comme à leur Chef au com- mencement du dernier fiècle, prirent le nom de Con- grégation des Béiiédiclins exempts. L'Abbaye de Lérins fondée en 41 o par faint Hono- rât, ne reçur la règle de faint Benoit qu'au Vli'^ fiècle, ëc l'obfcrva d'abord avec celle de faint Colomban. Elle eut dans fa dépendance non-feulement plufieurs Ab- bayes & Monaftères de France ,mais encore celui de faint Barthélcmi en Catalogne , & d'autres en Italie dansl'Evcché de Reggio, dans l'Etat de Gènes & dans l'île de Corie, qui tous étoient fournis à la ccrreélion de l'Abbé de Lérins. Elle eut même des Monaftères de filles fous fa juridiéiion, comme ceux de laint Harluc ik. de (aint Honorât de Tara(con. Il y eut me me un îvio- naftère de Chanoines réguliers vivans fous !a règle de faint Auguftin , qui lui tut loumis avec les Egliles de iainr Niamcrt <: continuelle, & (ont amovibles &:def- tituables pour caule d'ablence, (ans monition cano- nique. Ajfifit ^ Manfionarii. /^q-ye^ le Procès- verbal de l'AlFemblée de 1716, èk Bronod, Mém. pour le Cha- pitre de S, Germain l'Auxerrois. On les appelle encore bénéfices impropres. Les bénéfices peuvent vaquer en trois manières , ou de droit , de droit Se de fait, ou par Sentence de Juge. Un bénéfice vaque de droit, lorlque le droit prive ce- lui qui en eft pourvu pour des crimes exprimés dans le Droit, comme l'hérélie , la lunonie réelle , la confi- dence, la fallification des lettres apoftoliques , la pro- teétion qu'on donne à ceux qui font profellîon d'hé- réhe, le meurtre d'un Clerc , battre un Cardinal, le crime de Lèfe-Majefté humaine , de faulfc monnoie , la fodomie donr on eft atteint & convaincu , emprifon- ner un Bénéficier , afin de le conrraindre à réfîgner fon bénéfice y les violences que l'on fait à fon Evèque, &c. Ces crimes font vaquer un bénéfice dès qu'on les a con.mis , enforte qu'un Bénéficier eft incapable de le polTcder , & même de le réfîgner , & qu'il n'eft pas né- cedaire d'attendre qu'il en foit dépofé par la juftice , pour s'en faire pourvoir. Un bénéfice V3.c\ue de droit tic de tait , par la mort naturelle du titulaire , & par le renoncement exprès ou tacite. Il y renonce expreffé- mentpar la démiirion qu'il en fait entre les mains du Collateur, &:quc le ColLxtcur admet, lorfqu'enfuitc il en abandonne la poirellion. Il y renonce racircmcnt , ' lorfqu'il s'engage dans un état, oud.insun bénéfice qui eft incompatible avec celui dont il eft pour\>u,"& qu'il nefe dépoiiillepasdcl'un dcces deux /'e/?e)f<;<^j dans le temps prelcrit. Ainli dès qu'on contrade mariage par paroles de préfent , qu'qn fait profellîon dans un Ordre Religieux ; dès qti'on eft facré Evcque , <5\; qu'on prend polfelFion de fonévêché , on renonce tacitement à tous les /''e/?e^£:fj incompatibles qu'on poirédoit, & non aux bénéfiçesi\mfhi,\Jn.bénéfice vaque par Sentence d'un BEN Juge , en punition de certains crimes qui obligent un JUi,e àdepoler un Clerc de fon ber.ij.ce. Tels fonr le concubinage , li après en avoir été a\ eiti \ ar ion Supé- rieur on ne (e corrige point, comme il eft dit dans le Concordat, &; au titre ZJe concubinariis ;\'m%vzû\.\xàe envers Ion réfignant, qu'on traite injuricufcmenr, & qu'on refuie deiecourir dans les beloins , eu a l'égard du CoUareur , de qui on a reçu le bénéfice j en s'effor- çanrde lui faire perdre le droit qu'il a de le conférer , ou en attaquant ia Juridiction. ; la ncniéfidence dans un bénéfice qui demande un fervice perftnnel,ronohl- tant les monitions canoniques qui ont cté faites pour ceiujct-, le parjure, le lortilège , tfeute forte d irrégu- larités où l'on tombe par cuek,uc crime-, le mépris que font les Béneficiers de l'état ecckliaftique , étant d'or- dinaire vêtus comme des laïques. Clem. 1 yde vicâ & honefi. Cleric. Ducasse. Auboux. S. Vincent Ferricr , cité par M. Auboux , Officiai de Cahots, dans la Véritable Pratique , civile 6" crimi- nelle des Cours Eccléfi.fi.iques, diloir que de fon temps on parvenoit aux dignitii-s tis; aux bénéfices par cinq cas; par lenominarif, ainfi qu'il appert j^ar la rubrique de la nomination royale aux prélatures dans le Concor- dat , & par le droir de régale que le Roi a dans fon Royaume, par le génitif, lorlque les Trinces &.'les grands Seigneurs pourvoient ou font pourvoir aux bénéfices leurs enfans, ou les enbans de leurs domeftiques 6: fer- viteursipar le datif, lorlqu'on dit, quand il tft quef- tion à'zwo'imn bénéfice ; date , & dabitur vobis ; par l'accufatif , lorfque par une accufation faufle , ou vé- ritable, on veut dépoiTcder d un bénéfice celui qui en eft bien pourvu-, par l'ablatif, lorfquon ravit les bé- néfices par fa puiftance & fon autorité aux pauvres & aux foibles qui les poirèdent. Le vocatif, qui eft le cas le plus jufte (!k le plus légitime , eft aujouid'hui fort peu en ulage, c'eft pourquoi il a été om.is -, car le cor- beau de la brigue , ou fimonie, afufFoqué la colombe, qui eft le lymbole du S. Efpritj de forte que le nomi- natif eft pour le Roi; le génitif, pour les grands (?<: les puiiîansile datif, pour les riches & les fimoniaqucs ; iaccufatif, pour lesambitieux ; l'ablatif, pour les i-nc- chans & les chicaneurs; mais le vocatif eft rélcrvé au S. Elprit fcul, qui ouvre la vraie porte peur y entrer. En général il n'y a que deux fortes àc bénéfices : car tout bénéfice eft ou féculier, ou régulier. Les différen- tes efpèces de bénéfices font bénéfices à charge d'ames , ou limples , éleclifs , coUacifs , ou mixtes , en titre, ou en commende:les Evêchés , Abbayes , Cures , Cha- noinies , Chapelles , Prieurés , lonr encoi-e fous ces ef- pèces générales des efpèces particulières de bénéfices. Deux bénéfices *LO\i%\ix\ même toit, ou dans une même Eglife, font incompatibles: on ditque c'eft époufer la mère & la fille. Il y a de Paftor un Traité De benepclis y & cenfiu- ris Ecclefiaflicis y & de bonis temporalibus y qu'on réimprima à Touloufe en 171 1 j ou i 7 1 1 , avec des notes de M. Solier , favant canonifte. Bénéfice en con:mende. C'eden DroitCanon celui dont on a donné pour fix mois la régie ou l'économat a un eccléfîaftique. Mais en France c'eft un vrai titre, ôc perpétuel , qu'on donne à un féculier eccléfiaftique , avec faculté de difpofer de tout le revenu à fon profit, & fins en rendre compte. Beneficiifiducia aucloritate Pontificis concejfa. Le Pape fcul peut donner des pro- vifions en commende, & difpcnfcr delarègle,r3cr BENI-ABDALA, Ville d'Afrique , dans la province d'Alger , ainfi nommée d'un peuple qui s'y eft habitué , & fe nommoic autrefois Siljl. BENJAMIN. 1. m. Nom d'homme. Benjarninus. Le pre- mier quia porté ce nom, eft Benjamin fils de Jacob, & de Rachel. Sa mère l'avoir appelé i?f/7o;zi _, mais fon père lui donna le nom àe Benjamin. Ce mot, fuivant l'étymologie , veut dire, enfant de la droite ; c'eft-à- dire , enfant très-cher. D'autres veulent qu'il fignifie enfant du Midi, parce queBenjamin naquit dans un pays qui eftplus au Midi, que celui où fes frères étoient nés. D'autres enfin prétendent que ce mot vent dire en- fans des jours ; c'cft-à-dire , cntanrné duranr la vieil- lelle de fon pcre, ou lorlque Ion pcre étoit déjà avancé en âge. Ceux qui lontpour cette dernière étymologie, avouent qu'elle n'eft pointhébraïque , mais chaldaïque ; &ils difent o^wc Jacob , qui avoit parlé long-temps la langue chaldaïque en Mélcpotamie , donna à fon fils Benjamin un nom en cette langue. La peine que Ja- cob eut à louffrir que Benjamin s'éloignât de lui, & qu'il allât en Egypte avec fes frères, marque que ce Pa- triarche aimoit plus Benjamin que les autres enfans. C'eft par allufion à cet amour particuhcr qu'il lui por- toit , que nous appelons Benjamjn un fils que Ion père ou fa mère aiment plus que leurs autres enfans. Celui-là eft \c Benjamin du perc,& celui-ci le Benja- min de la mère. rhili}>pe-Augufte futbienaile de don- ner à Henri II Roi d'Angleterre, la mortincation de voir à la tête des Conjurés fon fils Jean , dont il failoit (on Benjamin. Lakkby. Benjamin. Nom d'une des douze Ttibnsd'lfraël compo- lée des dclcendansde"/?e//7û/?;i/2j le dernier desenhms de Jacob. Bcnjamini Tribus , ou. Bcnjanûna, Bcnja- minitica Tribus. La Tribu de Benjamin étoit enne ceri= BEN celle de Jud.i au midi, & celle d'Ephraun au fcpten- trion , lïc le Jourdain au levant. P^oye^ le livre de Jofué , C. XVIll.v.ii yàfuïv. Les enfant; de Benjamin , en ftyle de l'Ecrirure, (ont aulli la Tribu j ou lesdelcendansdcie/r/i^OTiw. Les en- fans de Benjamin le rallièrent auprès d'Abner, Hc ayant fait un gros , demeurèrent lut le fommet d'un coteau. Sacv. 2 des Rois j, C. IIjV.^j. Benjamin. Terme cle Fleurifte. C'eft un œillet incarnat clair lur un fin blanc , mais dont les panaches font con- fus. Sa plante eft alfez robufte , mais tardive à porter fleur. Le Benjamin ne caffe pas , ii on lui lailfe quatre à cinq boutons. Cuit, des Fleurs. BENJANS. f. m. pi. Sorte d'Indiens répandus dans toute l'Allé , parles mains delqueis palTe prelque tout le com- merce que les Européens y font. ^(3ye^ Banianes. Ip- BENLAKAX, ou BENl-B. ASID. Beniaraxa. Con- trée d'Afrique, ou état particulier du royaume de Te- Icfin , faifa.it partie de celui d'Alger , autour de la ri- vière de Mina. §CF Béni arax, dans la montagne , à vingt lieues d'O- ran, en cftla capitale. BENIBEL. 1". m. Terme de Philofophie hermétique , qui fignific is mercure herme'iique. ^ BENIBESSERI , ou BENI5ESSERA. Gr.and pays d'Afrique , dans la Lybie , ou dans la contrée de Segel- melle,qui eftdansle Biledulgerid. BÉNIÇON. Vieux mot qui fignifie époufailles,de hene- diciio, comme maudiçon de malediclio , cuiçon de cociio j façon de facicO j leçon de leclio. Men. BÉNIGNE. 1. m. Benignus. Nom propre d'homme. S. 5e- nigne , Apôtre de Bourgogne , & Martyr , y fut en- voyé , félon la tradition du pays, par S. Poly carpe. Bé- nigne établi a la Cour dégénéra- t-il de lui-même ? Igno- ra t-il fes anvis? P. de la Rue , dans l'Oraifon Funè- bre de M. 7i?c^Kej- Bénigne Bojjuet. BÉNIGNEMENT. adv. D'une manière bénigne , dou- ce, humaine. Bcr.i-jnè j humaniter. Il a été reçu hé- ni.mement de fon Prince. Rien n'eft plus méprifable que lafotte patience d'un mari qui i'jaSue bénignement le^ infij'jlités de la femme. S. EvR. i>. NIGNIii:,. f. f. B'mignitas. C'eft une qualité qui atf^fCte proprement la vc^lonté dans l'ame, par ra- port au.; biens & aux plailirs qu'on peut faire aux au- tres ; ce qu'il y a de plus éloigne d'elle eft la malignité oulefecret plaiiîidenuire. M. I'^^-bbÉ Girard. Alexan- dre reçut a"cc bénignité \i meic, la femme &:Ies filles de Darius. ^CF 11 fe dit auiTi en parlant des aftres. Jupiter Se Venus font les planètes qui ont le plus de bénignité. IfO" BENI-HULUD. Ville de la province de Chaus , en Afrique. C'étoit autrefois Benta. CCr BENIN , BÉNIGNE, adj. Qui a de l'inclination ou de la difpolîtion à taire du bien. Benignus. Ce mot fe dit principalement des remèdes & des influences célcftes. Un remède bénin eft celui pui purge douce- ment & fans tranchées. Les aftres bénins ont favorifë fon voyage. On le dit auffi des Princes , mais rarement des particuliers, excepté dans un fcns ironique , lorf- qu'ils foufïient des injures avec bairelfe. Molière a dit, en parlant des maris de Paris : les maris font ici les plus bénins du monde. Voye':^ M. l'AbbÉ Girard. Syn. Vcyci aufllDoux, Humain. ^fT Ben-in , ou Benim. Ville , rivière 8c Royaume d'A- frique , dans la Guinée. BENINGANIO. f m. Fruit qui croît dans la baie de S. Auguftin , de la grolfeUr du limon , rouge au-dehors , & bieufaifant à l'eftomac. Dict. de James. BENJOIN, f. m. Sorte de réfine excellente , qu'on ap- porte du royaume de Lao , & d'autres pays des Indes onentAes. Ben-^uinum. On la rire par incifion d'un ar- bre qui eft beau & très-grand . dont les feuilles relfem- blent à celles de citronnier , & qui , félon Dapper , s'ap- pelle/(7tra. Elle eft de couleur jaune , d'une odeur fort agréable , & facile à fondre. H y en a de trois fortes. La première s'appelle a/Try^t/a/o/'t/ej', parce qu'elle eft tachetée de plufieurs marques blanches , qui relfem- blent à des amandes rompues : elle vient de Siam. La féconde eft noire & fort odoriférante , & coule des Tome I. BEN 857 jeunes arbres : elle nous vient de Sumatra. On l'appelle benjoin de boninas. La troilième eft aulli noire , mais de moindre odeur. On la cueille dans les îles de Java & de Sumatra. Le benjoin eft différent de la gomme dcZrt/è/ou ajfajœtida. Il l'eft auîli delamirrhe. M. d'Herbelot, au mot Ban _, rapporte que quel- ques-uns difcnt que le Benjoin que les Perlans nom- ment bajj'am-pieh j huile ou graille de baume , fe tire du fjuit d'un arbre appelé ban, lemblable au tamarin , & qui croit en abondance dans 1 lémen , ou Arabie heureufe, & particulièrement au terroir de Mahara; & il dit au mot haffalban , que les Turcs appellent le benjoin, hajfalban, mot dérivé ou corrompu de celui de ban. Chorier dit, dans l'oix Hijloire de Dauphiné ^ p. jS _, que les mélèfes, qui font fréquens dans les Al- pes aux environs de Briançon , produifent une elpèce de réfine fi excellente , qu'on ne lui refufe pas com- munément le nom de térébenthine & de benjoin. Nos habitans de l'île Bourbon nous envoient une ré- fine odorante , qu'ils quahfient de benjoin. Elle a quel- que choie à la vérité daulH fuave queleA^w/tii/ZjIorf-" qu'on lécrale entre les doigts, & qu'on la Diûle : ce- pendant c>jmme a la vue elle paroit en être différente , il y aLeu de croire que ce n'eft pas le même arbre qui la porte: quoi qu'il enfoit, clic a les deux qualités dix benjoin , & peut être fubftituée à cette drogue fi chère & h nécelfaire dans la compolition des parfums , des baumes , des cérats , des onguents, & des emi- litres. Si l'on envoie de cette colonie des branches de 1 arbre qui donne cette réfine , garnies de feuilles & de fruits, une defcriptionde la manière dmu on retire cette rélme de la partie de l'arbre qui la fournit, & les ufages qu'on en fait dans le pays , cela pourra nous conduire à la con- noilïance de l'arbre du vrai benjoin, dont l'origine eft encore ignorée. M. De Jussieu , Mem. Mjf. Le benjoin commun eft ordinairement fort brun : le meilleur eft celui qui eft perlé, plein de groires larmes blanches , clair , luilant, ayant l'odeur bien for;e, ôcbien ncrril refTemble à des amandes, qui leroient confites dans du miel. Barbe. IJCJ" BENIR. V. a. En général, c'eft fouhaiter quelque chofe d'heureux. Fa ujl âpre cari. Dans ce fens on le dit des vœux que les pères font en faveur de leurs enfans. Ifaac bénit Jacob au lieu de Ion frère Elali. Noë bénie Sem 8i Japhet , ôc maudit Cham. CQ" On le dit de même des puiffances temporelles , des , bienfaiteurs, & même des chofes inanimées. Les Prin- ces bienfaifans font bénits de leurs peuples. Bénijffons le jour que nous commençâmes à nous connoître. §Cr BÉNIR, fe dit auifi des faveuts,des grâces que le Ciel nous 3.ccovde. Fortunare J beneficiis cumulare. Diea a bénit les amies du Roi, & lui a fait obtenir la viftoire. Dïea bénit le travail des gens de bien. CCF BÉNIR , fignifie auIli louer Dieu , le glorifier , le re- mercier de les grâces. Deum laudare , benedicere. Les tioïs enians b é nijf oient Y) ieu. dans la fournaife. Jobd.ans toutes les afîlidions diloit feulement , Dieu foit béni. Qucliieïïe bénijfele. Seigneur, & qu'elle célèbre éter- nellement fes louanges. P. R. Il eft ailé de louer Dieu & de le bénir 3 quand il nous fait riches , & qu'il ne nous lailfe manquer de rien. Flech. Voye^ Bénédiction. BÉNIR, qui eft fifouvent dans le Nouveau Teftament,fi- gnifioit chez les Juifs, prononcer une certaine formule de prière fur quelque chofe. Ils ont dans levirs Rituels un grand nombre de ces fortes de prières ou bénédic- tions. Ils en ont de différentes pour diverfes chofes , croyant que c'eft un péché d'ingratitude de jouir ou de fe fervir de quoi que ce foit au monde , fans pre- mièrement reconnoitre par quelques p.arolesde louange ou de bénédiction , qu'on le tient de Dieu , qui eft le maître de tout. Ils font obligés de dire au moins cent bénédictions par j our, & la plupart les récitent le ma- tin. Conlultez Léon de Modène dans fon Traité des cérémonies des Juifs , part. I , Chap.IX. Benir , eft quelquefois dans le Nouveau Teftament la même chofe <\\it faire des aclions de grâces , ei.forte que ces deux mots s'y prennent l'un pour l'autte au Ch. 26 de S. Matthieu^ v. 26 , où il dit que JÉsus- Christ prît le pain & le bénit : on lit dans plufieurS Qqqqq 8-5^ BFN excmpLiires grecs .fit des celions de grâces , & c'eft li. luaiîc chuci -,uai« au ("eus, parce que la prière de tinedictioii t.u confccratLon , s'api^ elle .lulli .:chon de traces. vJ cil èiUe ieusla tjUC S. 1 aul,d.ui!> laprcm:cie pjtre aux Corinthiens, ch. i o , où il patle de la li beité que les Clircuens avoient demangci de tout, dit AU V. s» •' ■5'/«; mùnge avec aciions de grâces j pour- xjiWL ferai- je cccufe d'impiété pour une chofe dont je fais des aclions de grâces ? Les Clirétiens aulîi bien que ks Juih , ne buvoient ni ne mangeoient jamais fans 1-airc la prière , qui s'appelok action de grâces , ou bénédiction. Jesus-Christ a l'air exademenr cette bénédictiun, comme quand Abénu les cinq pains dans le délert , henedixit ilhs. BÉNia, i'elon plufieurs Interprètes, fc prend dans l'Ecri- ture pour /TZJK^vrcj uu pour injurier, C(ulomnier , par- ler ma.\ de quelqu'un. Il y a dois endroits dans lel'jUels ils y donnent ce (ens. Job I , f 3 1 1 àr ^ , Liv. des Lois XXI , 10. Quelques-uns dilent que c'eft une ironie ; d'autres une antiphrafe. Çen'eft pas le leul verbe qui ait a la troilicnit conjugaiion un (ens contraire à celui des précédentes , comme l'a remarqué Codute lur Jûh I y )-. Hottinger dans ionHéxaméron ôc Drufius, Obferv. XVI y /. D'autie? difent que les Hébreux avoient tant d'horreui' du blalphème, (car c'eft tou- jours de Dieu que bénir Çc prend en cefens,) qu'ils ne 1 appeloient point par ce nom , mais d'un nom tout contraire. Merccrus , Cafaubon & Cocq , trouvent des vertiges du même ufage dans les autres langues. Les La- tins difoicntrt'c?»? pour nikil ,bonafonuna pour«f/7/o , facruni pour exécrai le- D'autres croient que bérïir en ces endroits fignifie dire ad eu , parce qu'en prenant congé de quelqu'un , on le bémf/oit., 3i de mcme que nous avons tianfporté le terme Je dire ad.' eu à la ligni- fication de quitter y abandonner, renoncer, parce qu'on dit adieu en quittant les gens. Les Hébr_'u\ l'avoient fait de ^^3, iyénir. Ce font les deux interprétations les plus railunnablcs. Celui qui bénit p:LYmi les Juifs le Pain & le Vin , eft ordinairement la pcrionne la plus qualifiée de la ctm pagnie. Notre Seigneur fit la cérémonie de la Pâque avec Tes Difciples , en qualité de Maître & de Dodteur. Saint Luc, qui a rapporté cette Hiftoire avec plus d'e- xaièituJc que faint Matthieu & laint Marc, fait mention de deux coupes, fur IclqucllesJEsus-CHRisT prononça la. bénédiclion. En eftet, quand les Juih font encore aujourd'hui une efpèccdePâ.]ue, ils commen cent d'aSor I par bénir la coupe qu'ils remplilfent dé vin, e? Becqueter. fp=- BEQUETTE. f. f. pinces ou tenailles à main , di- verfemcnt façonnées , (uivant les diffétens arts méca- niques où elles font employées. Cet outil le nomme auiîl bec-d'âne & de canne. BÉQUILLARD. f. m. Mot comique & plaifant , pourfi- gnifier un homme qui va avec une béquille. Qui ba- culo fupernè rojlraco ut'uur. Alors fornt avec grand bruit Un béquillard de la portière. BÉQUILLE, f. f. Bâton garni par le bout d'en-haur d'une traverfe, propre pour s'appuyer en marchant. Baculum fupernè rojîratum. Les vieillards, les convalefcens font réduits à (e fervir de béquilles. BÉQUILLER. v. n. Ce mot eft comique, & fignifie , aller avec une béquille. Uti haculo fupernè rojlrato. Un béquillard fec & tout gris Béquilloit de même manière Que Boyer béquille à Paris. BÉQUILLER. V. a. Terme de jardinage. Donner un petit la- bour léger avec la houlette j ou avec la cerfouette. Ter- ram pedo vertcre. Béquiller une planche de laitues , une cailLe dathriffeaux , c'eft remuer légèrement la terre , qui paro'it battue , enforte que l'eau dont on les arrofe , puilfe pénétrer dans le fond , & aller fervir de nourriture aux racines. Il eft plus d'ufage que bêchoter, enforte que Ligcr n'a pas même mis celui-ci , comme s'il ne fe difoit point , & La Quintinie ne le met que dans béquiller. Foye^ Biner. Bêchoter ne fe dit que d'un petit labour donné avec la bêche. BEQUILLON. f. m. Terme de Fauconnerie, qui fe dit du bec des menus oileaux. ^3" EÉQUiLLON. Terme de Fleurifte. Petites feuilles ar- rondies qui forment la peluche de l'Anémone. La pe- luche de l'Anémone doit être garnie de béquillons. Un béquillon doit être large & arrondi par le bout. BEQUIN, INE. F'qyei; Béguin & Béguines. BER. BER. f. m. Ber , Acof a. ECpccc de pommier ou grand arbre des Indes , chargé de beaucoup de feuilles , de fleurs & de fruits. Ses feuilles teflemblcnt à celles de pommier, de couleur verte , obfcure j blanchâtre par le bas , velues comme celles de la lauge , d'un goût aftringent. Ses Heurs font petites & blanches , à cinq pétales , fans odeut : fes fruits font femblablcs aux juju- bes, & plus agréables au goût. Cet arbre croit à Ma- laca, au & Malabar. On le nomme au Malaio. On le voit fouvent en été chargé de fourmis ailées , qui font la gomme lacque. Ses feuilles arrêtent le cours de ventre. BER, Vieux mot qui ncft plus en ufagc, & qui étoit la même chofe que Baron ; de là cil venu le Fief de Hautber 3 qui eft cependant moins que Baronnie. Voyez Bouteillier en la Somme Rurale , & S. Julien , Antiq. des Bourg. Ch. 24 ^ & p. 4TO. CCr BER A , en latin Byrrha ou Byrra. Petite rivière du haut Languedoc, qui fe jette dans le lac de Sigean entre Perpignan & Natbonne. Charles Martel y remporta une vidtoire fur les Sarrazins. «pj- BERACA. f. m. Bénédidion que donne parmi les Juifs fur le boire & fur le manger , le plus qualifié de l'aftemblée. BERAM. f. m. Grofle toile toute de fil de coton qui vient des Indes orientales , particulièrement de Surate. Il y a des bcrams blancs , unis, & d autres rayés de cou- leur. Les blancs lont de neuf aunes à la pièce, fur lept à huit de large , & les rayés lont de douze & demi de long , fur trois quarts de large. 1^ BERANGÉ. Rivière de Fiance, au Languedoc, qui a fa fource au deffus deCaftries, & fe rend dans l'étang de Perols. |iCF BERAR. Berarum regnum. Royaume de l'Indouftan, dans l'Empire du Moeol , dans la partie méridionale. îp^ BERAUN,ouWÈRAUN. £era««rt^ou Verona. BER Ville d'Allemagne , dans le royaume de Bohème , peu diftante'de Carolftein. Ip" BERBE. f m. Nom d'une efpèce de chat de la Côte d'Or, marqueté comme la civette. Il a le muleaii j;lus pointu ,&: le corps plus petit que les chats oïdinaires. Il aime tellement le luC vineux du Palmier, qu'on lui a donné le nopi de buveur de vin. (,:T BERBERA. Ville d'Afrique , capitale d^une Province qui porte le même nt;m, lur la côte des Abiihns. ïj;0^ BERBERAC. Ville de France, en Languedoc, fur l'Aude, a quatre lieues de Carcallone. BERBEKIS. f. m. Arbriireau,Epine-vinette qui porte un petit fruk rouge d'un goût. très-aigu. Syrop de herberis. On croit ce mot arabe, p'oye^ Epine- vInet te. Berie- ris eft dansNicot. BERCAIL, f. m. Vieux mot , qui fignifioit autrefois ber- gerie. Ovile. Il n'eft en ulage qu'en cette phrale figu- rée : ramener une brebis égarée au bercail; pour dire , convertir quelqu'un qui s'étoit perverti. Combien de brebis errantes & difperfces , qu'un Paftcur vigilant peut faire rentrer dans le bercail, ou pat une douceur ialutaite, ou par une dilcrètc févérité! Fléch. , BERCE, f. f. Sphondylium. Sa racine eft un pivot long, blanchâtre, dont l'ccotce eft douceâtre , & a quelque acrimonie. De Ion collet nailfent quelques teuilles d'un vert foncé, amples , velues, découpées profondément en pluficurs fegmens étroits & refendus , & plus fou- vent cténelés fur leurs bords. Le fegmcnt qui tetmine fa feuille eft ordinairement diviié en trois parties. La tige eit environnée dans la nailfance par les queues des feuilles du bas : elle eft haute de trois pieds , velue , can- nelée, creufe , branchuc au loitir de terre , & garnie de quelques feuilles moindres que celles qui partent im- médiatement de fa racine. L'exttémité de fa tige & de fes branches eft couronnée par des ombelles de fleurs blanches fleurdelilées c'eft àdire , compolées de j pé- tales inégaux, échancrées ordinairement & difpoites en fleur de Lis de France, fur 1 extrémité d'un embryon qui devient un fruit à deux iemenccs aplaties , ovales , échancrées par le haut , rayées lur le dos , & que l'on dépouille aifémcnt de leur enveloppe. Le nom àtfpon- dylium a été donné à cette plante à caufe de les fe- mences , qu'on prétend avoir l'odeur ou la figure d'un infedle appelé Sphondyle. Quelques Auteurs ont rc->- cours à d'autres reilemblances. Les Médecins Allemands emploient les feuilles de berce au lieu de celles d'Acauthe; c'eft pourquoi ils l'ont nommée Acanthus , ou Branca arjlna Ccrma- nica. On fait en Pologne & en Lithuanie une efpèce de Bière avec la femence de berce. Cette (orte de boif- lon fe nomme Parjl j & il n'y a, dit-on , que les pau- vres gens qui en ulenr. Les Icmences de hercc font recommandées pour les vapeurs. Il y a plufieurs elpèces de berce ; & dans ce nombre il y en a une qui donne des feuilles plus larges , moins découpées que l'ordinaire qu'on vient de décrire; la tige de celle-ci eft plus haute, les fleurs plus grandes, aulli bien que les lemences. Cette elpèce eft étrangère, & eft nommée par les Botaniftesy/^/îOWû^/iziTO niajus y Jïve panax heraclium. On prétend qu'il fort de la ra- cine de cette plante une gomme roulïe d'une odeur forte, 5c d'un goût amer & acre. Cette gomme fe nom- me communément Opopanax ^ & par corruption Opo- ponax. Berce, f. m. Petit oifeau. Il a un bec fort pointu, & fon plumage eft de couleur de cendre tirant iur le jaune.. Erithacus. Il vit leul dans les bois: c'eft pourquoi Pha- vorin l'a nommé Yoifeaufoiuttire.Yoy. QoKa.'E-Kovci.. ^fT BERCÉ. Ville des hides, au royaume de Dccan, à trois lieues d'Aiecq & de Mirhe. BERCEAU, f. m. Sorte de petit lit où l'on couche les enfans à la mamelle , & qui eft porté lur deux pieds arrondis en forme de croiilant, afin qu'on poifle le balancer ailément. Cuna, incunabula. Ce mot vient de verjus & verfullus , à vertendo , félon Ménage. C'eft pourquoi il loutient qu'on doit écrire berfeau avec un /.' On difoit autrefois bers au lieu de berceau ; &c on dit encore le hers d'une char- rette, pour Lignifier les ridelles. BER Si l'on a dit hcrs pour berceau y il y a long-temps : dès le VIII* llècle on difoit berceau j berciolus ^ ou barciolu s j comme il paraît pat la vie de S, Pardulphe , Ch. i8. Aaa SS. Bcned. S^c. III, F. I, p. 379 , SSo. Et in apuarlo quod vulgo berciolum vacant, pann'is con(îriclum impofuit per fe agitari capit berciolus. Dans un autre manurciit barciolus. Ainfi de Ver/us s'eft fait vcrjiolus , ou berfiolus , Hc non pas vcrfellus , 8c de là berceau. D'autres le dérivent de Ion primitif Aerjj qui cft un diminutif de Ihébreu rebe:^ , qui lîgnihe cubile. On dit fîgurément qu'on a pris quelqu'un au ber- ceau, ou dès le berceau • pour dire , dès l'enlance , à cunabulis. Les puijfantes faveurs dont Parnajfe m'honore , Non loin de mon berceau commencèrent leur cours, je les pojfedui jeune, & les pojfede encore A la fin de mes jours. IvIalherbe. Un Poëte a dit, le berceau d'un fleuve , pour fa fource. Fons, cunabula. C'elt une exprelîîon bien pla- cée dans un pur galimatias. Et bien loin du pays où l'on voit leurs berceaux , Ils étendent le règne & le bruit de leurs eaux. P. Le m. On emploie auiîî ce mot pour fignifier le moment auquel une chofe naît, ou paroit. Etouffer l'héréfie dans (on berceau. Patr. On le dit des foibles commen- cemens d'un art , ou^i'une fcience. Il eût fallu marquer le temps où notre langue a commencé à foitir comme d'un cahos , & la reprefenter comme en fon berceau , ne faifant encore que bégayer. Ablanc. On siit dit que cette Province, qui avoir été comme le berceau du Calvinilme , en devoit être le dernier refuge. Flech. BERCEAuen termes d'Imprimerie, fe dit de la partie de la preilc qui roule fur les bras , où eil: enclave le marbre. Berceau, en termes de jardinage, eft une efpèce de gale- rie couverte, formée de treillage. Se alfez fouvent gar- nie de vigne , ou autres plantes (armenteufes. Finea arcuata , camerata. Voilà un berceau de vigne. Cette clpcce de treillage efl: ainii nommé à caufe de fa figure , qui repréfente un berceau renverfé. Llger. On dit aulîî qu'une allée couverte forme un berceau. Berceau, en termes d'Architedure , fe dit d'une voûte ronde , & en plein cintre. Arcus , apfis. On appelle berceau farbaijjé y une voûte plus balTe qu'un demi cercle; & berceau furhauffé , une voûte qui excède en hauteur un demi-cercle. La grande Salle du Palais a deux beaux berceaux. On dit aulîI un berceau d'eau, quand il y a lur deux lignes plufieurs rangs de jets d'eau qui s'inclinent les uns vers les auttes , & qui par leurs courbures forment des arcades, & repréfentent un ber- ceau. Arcus aqueus. fCF Berceau , ie dit aulTi d'un inftrument dont les Gra- veurs fe fervent pour faire ce qu'ils appellent le ^/yi- nage. Voyez ce mot. BERCELLES. f. f. pi. Petit ilrftrument d'Orfèvre, fait de laiton, qui aboutit d'un côté en petites pincettes, & de l'autre en une petite pelle , qui lert à travailler en diamans, & en d'autres menus ouvrages. BERCER, v. a. Agiter çà & là, remuer le berceau d'un enfant pour l'endormir. Infantis cunas agitare. Bercer, (e dit figurcment des belles promeires, & des belles paroles dont on endort, dont on amufe les gens , fans en exécuter aucunes. Laclare. Il y a long-temps qu'on me berce de l'efpérance de me payer. Deplailir mon ame efl: hcrcee. ^'oIT. Je fai bien les difcours dont il le faut bercer: Mol. Il fe berce de fes propres chi- mères. BoiL. On dit proverbialement > j'ai été bercé de tels con- tes; pour dire, il y a long temps que je fai cela , ma nourrice me l'a appris en me berçant. ÇCT Se bercer , rei;me de manège, fe dit d'un cheval qui le laifTe aller nonchalammenr d'un côté 8c d'autre au pas 8c ail tror, imitant, pour ainfi dire, le mouvement qu'on fait faire au berceau , pour endormir un enfant. BER 861 Ce dandinement; marque très-fouvcnt un cheval mou (!: un petit parfum. La Quint. Il y a une bergamote d'Automne qui eft: grile, verdâtre? Se c'eft celle-là qu'on nomme fimple- i-nent bergamote ou bergamote commune, ou de la Ililièrc , ou du Recous , Sec. tout cela n'étar^t qu'une même choie. Il y en a une autre qui eft rayée , c'eft- à-dire, marquée par bandes jaunes Se verres. Se c'eft ce qui la bit nommer la bergamote Suijfe. Cetre bi- garrure le trouve dans le bois &: dans le huit ; à l'égard du mérite intérieur., il me paroït égal dans l'un & dans l'autre. La Quint. Le bois du poirier de berga- mote eft lort délicat. Se lujet à la gale aulîî-bien que le fruit. Id. Bergamote crasane. Autre elpèce de poire nommée communément crafane. Se par- d'autres bergamote- crafane j bergamote à caufe de fa chair , & crafane à caule de la figure, qui paroît comme écralée. La Quint. |CF Bergamote, cftâufti une efpèce d'omnge différente des autres, qui aune odeur très-agréable. On l'appelle fouvcnt cédrat. On prérend que l'origine de l'oranger bergamote vient d'un Italien qui enta une branche de c'tronnier lur le tronc d'un poirier bergamote , ce qui fait que les citrons qui en proviennent , parricipenc des qualités du cirrcnnier & du poirier. Bergamote, fe dit aulli d'une elîence, qu'on appelle effencc de cedra , ou de bergamote. Succus fubtiliffi- mus ex piro bcrgomio exprejfus. Voyez au mot Essen- ce, Efjence de çedra. BER Bergamote , fc dit encore du tabac , qu'on appelle tahac de cedra ou a la Bergamote. Tahacum Bergomïo fucco conditum , perfufum. Ce n'eft que le tabac bien pur, lur lequel on verte quelques gouttes d'elFence de bergamote, ik on les mêle bien, §Cr BEKGAS. BerguU, Bcrgula-, Bcrgulum, ancien- nement Arcadiopolis Pyrgus , ville de la Turquie, dans la Romame , avec un Archevêché grec , entre Andrinople & Araclea. BERGE, f. f. Bord dune rivière élcvc ouefcarpé-, ripa prArupta , agger. Le rivage , c'cft le bord où l'eau arri- ve ; mais la berge eil la terre qui e!l: élevée auprès , qui garantir la campagne des inondations. Une armée a de la peine a palFer une rivière quand la berge eft cfcar- péei il faut auparavant abattre la berge, y faire une pente. Berge, en agriculturc,fe dit particulièrement d'une petite élévation de terre elcarpée. On dit la berge d'un foiré pour lignifier l'ados que forme la terre qu'on a tirée du i'ollé. Tumulus j, moles. On appelle aulîî en termes de mer, berges ou barges, les grands rochers âpres & élevés à pic, comme les berges ou barges d'Olonne : tels ioniScylla ëc Caryb- de vers Meiîine. Berge, eft aulïi une forte de petit bateau fait à-peu-près comme une barque. Cymba. ^ BERGEN. Ville capitale de Norvège , à 2 5°, j 3' 48", de longitude, 60°, o', o" de latitude. Harris; CKT BERGEN , Duché d'Allemagne. / oye'^ Berg. Bergem. Petite ville d'Allemagne, dans la BalTe-Saxe, au Comté de Danneberg. Berga. Bergen. Berga, ville d'Allemagne , capitale de l'Ile & principauté de Rugen, fur la mer baltique. 0Cr BERGENHUS j province de Norvège , la plus occi- dentale , ainfi nommée de fa capitale Bergen , quel- ques-iins écrivent Bergerfkufen. BERGER, ÈRE , f. m. & f. Qui garde les moutons. Paftor gregls j ovium cujlos. Les Poètes , & les f-aifeurs de Romans, traitent l'amour fous des ;. eilonnages de bergers & de berjères. En Poëhe raftorale, berger &i bergère (e dilent figurément pour amanr & maitrelfe. un berger fid.'le , une bergère inconftante. La Poe'lîe paftorale eft apparemment la plus ancienne , parce que la conditi n\ de berger eft la plus ancienne des conditions. Comme les premiers b'-rgers n'avoient per- fonne au-dclfus de leur tête , Se ou ils ctoient les Rois de leurs troupeaux , il eft vraifcmblable qu une certai- ne joie , qui fuit l'abondance ik. la Liberté , les porta à chanter leurs plaifirs &: leurs amours. Fonten. Il eft impollible que la vie des bergers ^ qui eft très-grolîiè- re, ne leur abaiffe l'elprit. Se ne les empêche dette aulfi galans, & aulîî ipiriruels qu'on nous les repré.- fcnte dans les Eglogues. L'Aftrée n'eft peut être pas moins fabulcufe par les agrémens que d'Urfé y don- ne à fes bergers , qu' Amadis par les enchantemens. Les viles occupations des bergers ne font envie à perlon- ne : mais on a regardé la vie paftorale comme la plus propre à faire naître l'amour, & à le favoriler. Peigne^ -donc, j'y confens , des Héros amoureux ; Mais ne m'en forme\ pas des bergers doucereux. EoiL. Telle qu'une bergère au plus beau jour de fête y Cueille en un champ voijîn fes plus beaux ornemens. Id. On appelle communément , l'étoile de Vénus , rétoile du berger. Quelques uns dérivent ce mot du celtique & de l'allemand ber?^, qui fignifie montagne , à caule que les bergers mènent paître leurs troupeaux fur les mon- tagnes. Niais Ménage prétend qu'il vient de herhica- rius, dont a été fait aulîî brebis. Nicot le dérive de vervex. On dit proverbialement, l'heure du berger; pour dire, l'heure favorable à un amant: figurément on le dit de toutes les occafions propres pour faire réulîîr une affaire. Le matin eft un temps fi favorable aux BER 86? Mufes, que s'il étoit permis de prétendre à la galan- terie de ces farouches pucelles, la nailîance de l'Au- rore feroit pour elles \heure du berger. Saras. // efl aifé quand on a tant de charmes. De trouver /'heure du berger. BERGERAC. 5erCTerac/^OT. Ville de Fiance, dansleHaut- Périgord , lur la Dordognc. BERGERE. 1. f. Les femmes appellent unebergèrcj, ccttai- ne coiffure qui n'a pas tant de façon que leurs coiffu- res ordinaires de parade. Apparemment qu elle tire fon nom de ce qu'elle a quelque rapport à la coiffure d'une bergers. C'eft auiîî une efpècede long lautcuil. (fT BERGEhETTE. f. f. Vieux diminutif de bergère, petite fille qui garde les troupeaux. Rab. BERGERHTE. f. h C'eft le nom d'une forte de vin mixtionné avec du miel, que les Médecins nomment œnomeli, du grec «'vo', vin, ik ^tAi, miel. BERGERIE. 1. f. Lieu d'une balle-cour oià l'on enferme les moutons. Ovile. Voila une bergerie capable de tenir deux cens moutons. On dit érable peur le heu où l'on héberge les gros beftiaux. Écurie pour les gros chevaux. Bergerie , fe dit figurément en matière fpirituelle du lieu où fe retircnr les Fidèles qui font fous la conduite d'un Paftcut. Il taut que le vrai Pafteur entre dans la ber- gerie par la porte , dit Saint Jean. Il le dit aulîî de toute maifon qui eft fous la conduite de quelquuii, tant pour le temporel, que pour le Ipirituel. Elle voit le feu dans fa bergerie. Patr. Les mauvais Paftcurs fonr périr malheureulement la lergerie du louveiain Pafteur, au heu de la conterver. Abb. de la Tr. La bergerie facrée de Jésus Christ. Id. Et qu'y a til à fouhaiter davantage que d'être tous rafftmblés , lelon le défir du Fils de Dieu, dans une même bergerie , ik. fousunmêmelafteur; Eourdal.ZTxA. T.I.pag. 1 2y. On dit figurément enfermer le loup dans la /-er^^twe, pour dire , laill'er fermer une plaie qui n'a pas alfez luppuré , ou avant que d'en avoir fait fortir tout ce qui pcuvoit être nuifible. Bergeries , font aulîî des Paftoralcs , ou Hiftoires amou- reufes décrires fous le nom de bergers. Pajlorale Car- men. Les Bergeries de Racan fonr une rrès-bellePafto- 'rale. L'illufion , & en même temps l'agrément des Ber- geries, conlîfte à n'offiir aux yeux que la tranquillirc de la vie paftorale , à en dilîîmuler la baftelfe , Se la misère, & àn'enlaiftervoirque lafimphcité. Fonten. Avec quelques moutons à peine ramajfés , Retabltjjons la Bergerie. Dans l'éclat des Jîècles pajfés. Id. BERGERONNETTE , ou BERGERETTE. f. f. Vieux mot qui hgnifioit autrefois petite bergère. Puella gregis cujlos. Bergeronnette, eft aulîî unperit oifeau qu'on appelle autrement hochequeue j vatnmare , lavandière , qui eft noii 8c blanc , & qui fréquente les rivières. CincluSy Motacilla. Bergeronnette jaune. Motacilla flav a. Elle eft de la grandeur de la grande Méfange : elle remue incelfam- ment la queue, qui eft fourchue, & beaucoup plus longue que le refte du corps ; elle eft compofée de huir plumes , defquelles les deux qui font à l'extrémité de part & d'autre, fonr de trois couleurs ^ beaucoup de blanc, un peu moins de noir, & trèspeu de jaune. Les deux du miheu , (ont noirâtres avec un peu de jaune , S: font un peu plus courtes que les autres. Elle a le bec long, droit, grêle & noirâtre ; le crâne & la tête fort délicats. Son ventre eft blanchâtre, avec un peu de jaune. Cette couleur paroîtau commencement de fa queue ; à l'exitémité elle eft d'un jaune plus cou- vert ; proche du croupion {t% plumes fonr mélangées de jaune & de vert. Sa tête & fon dos font bruns. Les pennes de fes ailes font noirâtres, & au milieu par le travers blanchâtres ^ hormis les derrières j qui font en- tièrement noires. Ses ailes font courtes ; la tête eft petite à proportion de fon corps ; Se fes jambes me- s 6.]. B E R naes Se brunes. On diftingue le mâle de la femelle, en ce qa il a le venue touc-a tait jaune. Il a aulH des lignes jaune-païUe, qui lui prennent depuis le bec juf^uaux fourcils, & deicendent vers le cou. Sapoi- tiine tll ora.ig^e. Mais la femelle a le delfus de la tête ik le cou ccndiés ; au lieu que le mâle a les f ouicils orangés, elles les a blancs. Ils ont l'un & l'autre une plume blanche à chaque côté de la queue. La Berge- Tonnetu jaune fait la demeure aux mêmes endroits que la Beroercnnette blanche , qui s'en va & nous quitte en certain temps de l'année; mais celle-ci de- meure toujours avec nous: elle luit toujours les Trou- peaux, ainfi que 1 autre, à caufe des mouches qu'elle y rencontre ■■, elle ne vit point en cage. Lorlqu'elle a été XJourfuivie de 1 epervier, & qu'elle en cft échappée , elle chante incontinent, en ligne de rejouillance : elle tft très-bonne pour les Faucons, & les autres oifeaux de "proie qui font à la mue. Il y a une autre elpèce At Bergeronnettes jaunes. Celle-ci eft depuis le golier julqu'au-deirous du com- mencement de la queue d un jaune plus couvert que la précédente. Sa tête & fon dos (ont prefque de cou- leur de rouille, laquelle règne au commencement du golier , & forme comme une eipcce de collier, bien qu'elle ioit plus claire en cet endroit. La partie qui eif jointe au-deirous du bec , cil garnie d'une tache blan- che qui l'environne. Ses ailes à l'endroit qu'elles tou- chent le dos , (ont pareillement de couleur de rouille , ainii que les côtés. Son bec efl: grcle , noir , lon- guet , & un peu courbé à l'extrémité. Les plumes de la queue font noires, bordées d'un peu de blanc. Son croupion eft jaune, les pieds bruns , les ongles longs & alfez crochus. BERGEROT. f. m. Petit Berger. La Nièce de Dom Quichotte lui dit : Qu'ell-ce donc que ceci, mon on- cle î Quand nous croyons que vous vous retirez dans votre mailon pour vivre en paix , vous vous allez en- core jeter en de nouveaux labyrinthes, en vous fai- fant un petit h'ergerot. BERGEROTTE. 1. t. vieux mot qui fignific bergerette , petite bergère. Chloé étoit feuletteaux champs aiïïfe , en gardant fes moutons , & ploroit chaudement , en dilant ce que peut dire une pauvre bergerotte comme elle. Amours de Daphnïs &' de Chloé. Il y a un exem pie plus moderne de bergerotte dans Dom Quichotte , Tom. IiK , ch. /y j p. s y 6. Ce Chevalier venoit de vanter la beauté de la bonne grâce de Ion incompara- ble Dulcinée du Tobofo. Il faut demeurer d'aocord de tous ces avantages , répartit le Curé : pour nous autres, nous chercherons ici autour quelques petites bergerottes, qui, lans aller julqu'à ce degré de per- fection , ne laiilent pas d être pallables. BERGIME. f. m. Divinité particuUère aux habitans de BrelTe en Italie. Il avoit un Temple & une Prêtrefle. Il y a un monument qui le reprélente avec un habit à la Romaine. C'étoit peut-être quelque héros du pays. BERGLBLEAU, 1. m. C'eft ce qu'on nomme autrement , cendre verte , ou vert de terre, BERGOPSOM. On dit en Flamand BERG-OP-SOOM, ou ZOOM, c'eft-à-dire, Berg ou montagne fur la rivière de Zoom, Ville des Provinces-Unies, dans le Brabant HoUandois. Bergopfom eft litué lur une petite colline, & s'étend julqu'à la rivière de Zoom. Elle a titre de Marquifat. Berga ad Zoomam. §3" On obfcrve dans le Did. de la Martinière , qu'il n'y a jamais eu de rivière de Zoom i que les Géographes qui fe font copiés , ont pris pour une rivière un canal creule pour nanfporter dans la ville des tombes dont les habitans fc fervent pour faire du feu : & qu'il eft plus vraifcmblable de dire qu'on a donné à cette ville le nom de Berg-Op-Zoom , qui lignifie Montagne fur le bord, parce qu'en effet elle le trouve fur une mon- tagne , qui s'appelle Berg en langue vulgaire , & que le pays des environs eft nommé Zoom , bord dans les anciens titres , parce qu'il eft fur le bord de la mer , & à l'extrémité du Brabant. M. de Lowendal emporta cette ville l'épée à la main le ij Septembre 1747, après un liège d'environ deux mois. C^-BERGUES S. VINOX, ou BERGH-S. WINOC. BER Ville des Pays-Bas, dans la Flandre Françoife, Diocèfe d I[-res. Elle tiie Ion nom de S. Vinox , ou Vinoc qui y lit batir un îvlonaftére , auprès duquel elle s'eft formée. iCr BERG-ZABERN. Taberna Montant. Ville d'Alle- magne , au Duché des Deux Ponts. Cette Ville, & 1 autre qui s'appelle aulli Zabern , & que nous appelons en trançois Saverne , conlervent encore leur ancien nom , ad Tabernas , que les Romains leur avoient donné. BERIBhRII. f. m. Efpèce de paralylîe fort commune , dans quelques contrées des Indes orientales. Le terme de Bcnberu lignifie dans la langue du pays, brebis • ik Bontius penle que les Naturels ont donné ce nom à cette maladie, parce que ceux qui en font attaqués, lemblent imiter les mouvemens de la brebis, lorf- qu elle marche ; car ils élancent les genoux & les jambes en devant. Diclon. de James. BERICHOT. 1. m, Oifeau appelé autrement Bctufde Dieu, Ik en Normandie Rebetre. C'eft le Palfereau Troglodyte. Pajfer Troglodyta. Voyez Passereau Troglodyte. Le Poëte fans fard appelle le Bérichot Roitelet, comme il paroit par les vers fuivaiis. Quant au Bérichot, plus pour rire , Que pour r honorer en effet. Par un plaifant trait de fatyre Chacun le nomma Roitelet. BERIL. f. m. Pierre précieufe que les Italiens appellent eau marine, à cauie de la couleur, qui eft d un vert pale, en quoi elle diflèie de la couleur de 1 emeraude, qui eft aulli verte, mais plus chargée. Beryllus. Quand le Bertl jette quel ,ues rayons dorés un peu vifs , il fe nomme Chyfobcrillus ; mais fa cou- leur ordinairement délayée eft d un vert )àle & léger. Quand il cft taillé a lix laces, il eil: plus tranfparenr. Il s'en trouve quelquefois de h gi^lles pièces, i.,u el- les peuvent ler\'ir a faire de fort beaux vafes. M. Félibien dit qu il y en a beaucoup à Camboge , à War- taban , au Pegu, Si dans 1 Ile de Ceilan. Plus le be'ril approche du vert de mer, i!^ plus il elt eftiiné. S. lin, ch. s2 y & Finie, Liv. XXXVII y V, diftinguent plufieurs efpèces de hérils. Saumaifc lurSolin, p. < 67 &i 1 1 S , dit bien des choies du l^eril. il croit que le ^^us nommons ad de chat. L'anneau du Roi Poifenna étoit un béni. Le bérii cil la huitième des pierres qui compolent les fonde- mens de la nouvelle Jérulalem. Apoc. XXI j 20. Le huitième (fondement) de beril. Port-R. BERILLISTIQUE.l. f. Efpèce prétendue d'Art magique, qui conlifte à tirer des augures, des apparences extraor- dinaires qui le font dans les miroirs. BeriUiJIica. Ces miroirs s'appellent berilli, d'où eft venu le malberil- lijlica. RuLAND , cité par James. Ip-BERINGEN. Petite ville des Pays-bas, dans l'Evêchc de Liège. ICJ" BERISSA. Ville d'Afrique, enNigritie, au royaume de Guber , fur le Sénégal» BERLAN. /^ove? Brelan. BERLANDER. Voye-^ Brelander. BERLANDIER. Foy<':5;BRELANDiER. ^fT BERLANGA.^ou VERLANGA. Berlanga. Pe'tire ville de la vieille Caftille, en Efpagne, dans des mon- tagnes. BER LE. f f. Sium , ou Berula. Plante ombellifère , dont les feuilles lont rangées par paires , fur une côte termi- née par une feule feuille. La berle ordinaire vient dans l'eau & s'y étend beaucoup , au lieu que hors de l'eau elle devient plus maigre, plus petite tk. plus ramalTée. Ses racines lont blanches & chevelues: elles poullenc unetige ronde, creufe,noucufe, couchée, &qui donne plufieurs racines de chacun de les ndcuds: de cette ma- nière , toute la plante s'étend & fe multiplie. De cha- cun de fes nœuds naît une côte qui enveloppe & ern- bralle étroitement, par fa bafe, la tige. Cette côte fcrt de queue à quatre à cinq paires de feuilles qui font ran- gées, crénelées dans leur contour, S>c d'une odeur de Chervi. Il fort encore de chacun de ces nœuds ou une branche . BKR tr.mchc , ou un pédicule , qui foutientune ombelle de ticaïi bla:ichiCics , pcticcSj au.^quciles Succèdent des graines menues, cannelles lur leurs dos, acres ik pi- quantes au goût. Celle-ci ell le Sium umbillatum, re- fais, efpcce plus commune que celle qurcftnommée S'ium ijîye apiuni pjlujlre joins obloiii^is , donc les feuilles lonc plus étroiccs & dentelées plus protondc- ment. Il y a une troilîème clpèce de berle qu'on nomme la i^rande herle, £i donc les tcuiUes ont a peu piè> le volume de celle du panais. La ècr/e ell antilcorburi- quc.apcritive & diurctique. Le nom de ^e/Zd étoit appliqué autrefois indifFérem- mcnc a plusieurs plantes de did:jrens genres, telles que le hecd^unga, qui ell une elpccc de V'éronique, i.*^ à l'(Enancfia. Plulieurs Auteurs ont ("ait mention d une plante ombellifère & aquatique, nommée Sium Eruas jolûs ^ Etacs de Bran- debourg, & la réfidcnce ordinaire des EleCleurs de ce nom. Berlin :\. été londé par Albert r(~)urs, en 1162, ^'a de longitude 50 , 58', 34", & de latitude 52% 53', o". KiRK, Heffan& DeLisle. Maty,Corv. Il y a dans laSuilTe une ville de ce mcme nom. BERLINE, f. f. Efpèce deCirroire venue de Berlin, ville d'Allemagne, dont nousvcnons de parler. C^/rr^j ^cro- Imnfis. C'cft de-la que ces carrolfes ont pris leur nom. Quelques uns néanmoins en donnent l'invention aux Italiens. Il y a des Ordonnances du Roi pour les Pelles , de pjur aller en ca n.ia^ne , poicc qu'elle ellplui lég:re,&: moins dijctte à vcrfer .]u un carr jlfe. C eft une mahcine polee lur deux bcancards , f ^utenue par des loupentes. On y entre par des étriers ou marcliepied^. Les berlines fo'i" fort a la mjde depuis quelque tem>s. On s'en Icit m 'me à la ville auta.it -,u'en campagne. On y m:t des mintelcts qu'onbaiir.dansle mauvais temps , & qu'onlève quand il fait beau , au li :u de glaces aux côtés. Il y a des ber- lines à relFoct. Une berline a beaucoup de commodité , des poches , des accoud )irs , une cave , &c. BERLINGOT, f. m. Berline coupée. On dit plus ordi- nairement, briiinoot. BERLU,ouBRELU. rermebas&populaire. On dit d'un' homme léger, inconfidéré , qui agit avec précipitation & fans attention , que c'eft un herlu ^erlu , ou un brelu brelu; car on ne dit jamais ce mot feul : on le répète touiv)ursdeux fois. BEHLUCHE. /^ovc':5;Breluche. BERLUE, {.i. 'C? Eblouiirement çalTager, qui fait voir les objets autrement qu'ils ne font. Avoir la berlue. Donner la berlue. Oculos perjlringere. Il eft du ftyle ^a- miliet. L'autre jour à l'Obfervatolre , les ennemis du tranquille fommeit Voulurent , par malice noire , Mefairevoir des taches au Soleil ; Leurs lon-^s tuyaux j au lieu d'aider ma vue , Aie donnaient la berlue. Avoir la berlue fe dit figurément & familièrement pour, juger mal des chofcs, en juger de travers. Cahgare. Quand vous avez avancé une telle propulition , vous aviez la berlue fans doute. EEF ME. f f Terme de fortification. Relais. C'ell un petit çfpace de trois ou quatre pieds eoiïe le lempait ou la Tome /. BEH 8^r faulTe braic , & le fufle : elle fert à recevoir les terres cui s éboulent par le canon , afin que le t.A'c n en f..ic pas comblé. C'eft pour cel.: qu'on a coutume de palilfader les bernes , ou de les dckndre par une naie vive. On 1 ap- pelle a.iiili retrùUtej li/icrej le pas de lajouns. (fT BEuME, chez les Amydonmcrs, ellun tonneau dans lequel ils mettent les recoupes de froment, ou le ho- ment dont ils compofent 1 amydon, poury fermenter & y recevoir les autres préparations. fCTBERMEO, ou VtRMto. Petite ville dEfpagne, en Bilcaye , futiacôtede l'Océan. IP°BEKMI£RS,ouBermi£R.hs. C'eft ainfi qu'on appelle dans leslalines, des ouvriers &i des ouvrières olcu es àti;cr & à porter la muire au Ctipor. Foye^ IVioiRE&: Tr.pot. BERAIUDES. Les li[es Bermudes. Bermuda , ^Jiiva InfuU. Iles de l'Amcrique Septentrionale, ainli appel- lees dunomdejfûw Bermudo, qui les découvrit, her- rera les met au 53^ degré de latitude Septentrionale; mais les Anglois, qui les ont cblervees plus ej.aétemtnt, les placent au 31 h, 3c', au Levant de la Virginie & de la Caroline. Ces Iles (ont par les 1 14-*, 3', 48", dek ngi- tude, & par les 52 ',2/, o" de latitude nord. Hapris. Les Bermudas font fort petites. Corn. Maty. Les An- glois les nomment aullî les Islesde Sommer, ionimerie, du nom de George Sommer Anglois , qui y fut poulTé par la violence Acs vents en 1 609. Le Grand Atlas , ôc M. Corneille qui l'a copié , ne parle que dune Permu- de ; mais il y enacepcndaiu pîuheurs, ccn meilparoîc parla carte même de l'Atlas. iV.aty s'tft tirmpé quand il a dit que la plus grande des Fermudes porte le nom de B aint George ; elle s'appelle la Gr^-zziie Ile, Scelle de laint George eft beaucoup plus petite. P~oye-^\e.Q\i^ï\à Atlas BERMUDIENNE. f. f. Bermudiana. Cette plante tire fon nom des Iles Bermudes , d'où nous vient la fcmcnce. Elle a la Hcurdu lys, elle eft cotnpofée de lix pétales, donc le cahce dv-'génèrc en un fruit triangulaire iqui s't u- vre en trois endroits, & qui eil partagé en trois cellules pleines de graines rondes. BERNABITE. ^^ Ft)ye?BARNABiTE. C'eft ainfi qu'il faut dire. BERNABLE. adj. Qui mérite d'être berné, moqué. Ileft du ftyle familier. ... Z^n mariage à me rendre\>tn-\^\t , Sij'étols pour le j aire ajje:^ peuraifonnable. KcUSSEATJ» Cet excellent Poëte François n'a pas apparemment été conterit de cette expieiiion, puilquil la changée dan» une édition lui vante, où il a mis, ... Un mariage à me mettre en tutelle ^ Si j' avois pour le faire ajje:^ peu de cervelle, BERNACHE. Fove:? Bernacie. BERNACHON. f. m. Le petit d'une bernache. Anatp' cula marina , anatis marina pullus. BERNACLE , eu BERNACHE. f. f. C'eft la même chofe que la macreufe. Jouun. d. S. 1671 ,p. ijy. Voyez Macreuse. C'eft un oilean marin. Quelques- uns difcnt qu il croit & fort de la Conque aiutifère , & que ce poilfon tire fon origine du bois pourri des vailleaux & de 1 écume de la mer. D'autres difentque ces oileaux croilfent des feuilles des arbres où les co- quillages s'attachent. Ces fortes de générations ne fon* plus admifes dans la Phyfique. ffr BERNACLE. f. i.Concha anatifera. Le bemacle eft un coquillage, dont la coquille eft compofée de cinq pièces Les bernacles lont adhérentes aux rochers &aux vaifteaux. On croyoit autrefois qu'il fortoit de ce coquillage une efpèce de canard. Acad. Fr. BERNAGE. f. m. Vieux mot. Le train, le bagage , l'é- quipage d'un grand Seigneur. Comitatus ^ farcin. 163. BERRI, ou BERRY. Bïtunges , Cubi,Buuricenfis Pro- vincia , ou Ducatus. Province de France qui a titre de Duché. Elle a la Sologne au nord, le Nivernois <:<>; le Bourbonnois à l'orient, la Marche au midi, le Poi- tou & la Touiaine au couchant. Le Cher divile cette Province en haut & bas Berry. La capitale du Berry eft Bourges. Le Berry fur érigé en Duché & Pairie par le Roi Jean, & donné à Jean Ion fils en Octobre 1560, Du TiLL, Les laines au. Berry font admirables. Le Berry eft fertile en blé, en vin, en pâturages & en bétail. Les habirans du Berry s'appeloient autre- fois Bituriges i Se s'appellent aujourd hui Berruycrs. Voyez ces mots. L'Hiftoire du Berry a été écrite par Chaumeau & par La Thaumalîiere , qui a tait aulîl un Commentaire lur la Coutume de Berry. M. Catherinot a fait aulîî beaucoup de petits Ou- vrages lur l'hiftoire & les antiquités de Berry. Les fondateurs de Berry , les Ducs & les Duchellés de Berry j la Chronologie de Berry , le Bullaiie de Berry , le Diplomataire de Berry , les Dominateurs de Berry , le CalviiiiTme de Berry , les Alliances de Berry, les Plulippes du Berry , les Annales eccléfiaftiques de Ber- ry j les Annales Thémiftiqucs de Berry , leSanduaire de Berrv , les Antiquités Romaines de Berry , les lUuftres de Berry , le Droit de Berry , le Nobiliaire de Berry , les Patronages de Berry , les B.echerchcs de Berry , le Nécrologc de Berry ; tout cela eft plein d'antiquités & de remarques curieufes. Voye'^ encore Mézeray dans Philippe 1, Tom. I , p. 40 p & 41 0. Ce mot s'eft formé du latin Biturïges , Beturïges , Betri , Bcrri. Mézerai croit que la dérivation du mot de Berry n'a rien de certain; mais il a tort. De Bitu- rige s'eft fait Béturïge , Bétrïge , Bétri , Berri , ou Berry. On dit proverbialement , c'eft un mouton de Ber- ry , on bien , il eft doux comme un mouton de Berry ; pour marquer l'humeur douce de ceux de cette Pro- vince, par allurion aux excellens mourons qu'elle pro- duit en abondance. On dit aulli d'une perlonnc qui a quelque tache au vifage : il eft marqué, ou elle eft marquée fur le nez commt! les moutons de Berry , parce qu'on marque les moutons de chaque troupeau pour les rcconnoitre , quand ils s'égarent ou le mê- lent, quoique ce ne foit pas fouvent fur le nez qu'on les marque. BERRICHON , ONNE. f. m. & f. Qui eft de Berry. Bituricus, B'nuricenfis. Le peuple dit: c'eft un Berri- chon , une Berrichonne ; pour dire , un homme ou ime femme de Berry ; mais il n'y a que le peuple qui parle ainli. Il faut dire un Berruyer , une Berruyère. Si les honnêtes gens difent quelquefois Berrichon , ils n'en ufent que comme d'un terme populaire , ou d'un dimi- nurit en badinant. BERRIE. f, f. Vieux mot, C'eft une plaine, une cam- pagne, un défert,un lieu uni, tel que les défeits où habitent les Bédouins ou Arabes du défert. Et difoient BER qu'ils étoient venus nés ik concréés d'une grande her- ne de iablon , la où il ne croiiljit nul bren.JoiN ville. Bena , locus pLnus , cawpejlris. BERRlOiS, oU UbRKÏOlS, uISE. f m. Se:. DeVigc- nère appelle ainli les habit.ans de bcny , mais ce mot ne le dit pLii.t. il iau: dire Berruyer. BERRbYErt,ou BEUKUIER, EKb. 1". m & f, Bitu- rixj, Bituricus. Qui eft de Eerry , ori^maiie, natil de Berry. il ne le dit que des peitoniiCi. Il ny a point d adjectit pour exprimer les choies qui font de Berry. Amli il faut due', des nioutons de Berry, les lames de Berry , les draps deBerry , &C. Berruyers font ccu\ de Berry. i\1en.-.ge. Le P. Labbc, Cath.riiiot ^ le 1. des Champs, de lai haumadiere,le P. B.,uidaloue étoient Berruyers. Quelques uns penlerent quil n'étoit pas tant coupable de ce crime, comme d avoir été un des principaux Kiinittres de la tyiannie du Berruyer. Mezer.. C'eft a-dire j du i.>uc de Berry. Quelques-uns dilent auiii Berruyers , pour fignifier les anciens peuples du Bcrty. Les Berruyers , peuples anciens, qui ont pollede la Gaule Ctlti^,ue , Si oui tormoicnt une Monarchie très puillante dans les Gau- les. T. Corn, j aimerois mieux imiter M. de Cordtmoy & d'autres, & me lervir (||i moi Euuriges , en (.ar- lant de ces anciens habitans de Beiry. (Cr Le mot de Berruyer ne répond point entièrement à celui di^ Buu- riges 3 qui s'étendoient bien au delà du Berry. BERS. f. m. Berceau. Vieux mot. On ne s'en fett plus que dans quelques Provmces. Cuntt. On a du Bers par abréviation. Ce qu'on apprend au bcr. On le retient jufquau v er. Ce proverbe fignifie , qu'on confcrve toujours les imprellions Se les habitudes de i enhince , Cs: qu'on les porte juf^:,u'au tombeau. Bers. Elpèce d'électuaire dont les Egytiens font ufage dans la débauche, pour exciter en eux un délire gai & momentané , dans le-,ucl ils trouvent vrailcmbla- blement la même latistaélion monftrueufe que les Européens dans livrelle. Dicx. de James. BERSABtE. Berjubee.\i\\e de laPaleftine, dans la tribu de Siméon , aux extrémités de la Terre Sainte, du côté du midi. Ce nom cftc^ mpole de deux mots hcbitux, ISa, Béer, un puits, SC\}XCJ ,feb.i , ou.faber,fahée; c'eft a-dire, jurement, ijc lignifie. Le puits du jure- ment. Il hit donné à ce heu par Abraham, parce que ce fut -la que ce Patriarche &: Abimeiech Roi de Gér.ar, jurèrent une alliance enlcmble. Abraham y avoir fait crculcr un puits ; le Patriarche , aulli bien que fon filsllaac,y demeurèrent long-temps, à caufe de la commodité de cette eau. Que le tu iic de David foit élevé lur llraël >Sc lur Juda, de|,uis Dan jufqu'à Berfabée* S.vcY. C'eft une exprelîion fort ordinaire aux Ecrivains facrés, pour marquer les deux extrémités de la Terre-Sainte, Se tout le peuple de Dieu , toute la Terre-Sainte , d'un bout à l'autre. BERSARIEN. f. m. Betfarius. Nom de certains bas Of- ficiers de la CourdeChailcm.igne, qu'on appelle auilî Bévérariens. Beverarïi , Se dont Mincmar parle, t vi- tre 3 , c. 13. Quelques-uns croient que les Berfa- riens étoient les gladiateurs qui combattoient avec les bêtes , & qu'on nommoit poux cela Be/Ii a rii ■ mais Spelman prétend que les Bcrfariens étoient les Offi- ciers des challes, lur-tout de celle du loup; Se parles Bévérariens, il entend les chalfeurs du caftor, parce que cet animal eft appelé prelquc par-tout Beverou. Bcber, comme écrit le Schohafte de Juvenal. BERSAULT.f. m. Vieux mot. But. BERSERKE. f. m. Terme de l'ancienne milice fuédoife. Berfêrhus Les Berferkes étoient proprement les bra- ves du Roi de Suède , tous gens déterminés , dont la peau, dit un ancien Hiftorien , étoit à l'épreuve du fer,& dont les cris imitoient les rugidcmens des lions. Ils combattoient la tête nue, & ils étoient uniquement occupés de meurtres, de vols Si de brigandages, du rcfte entièrement dévoués au fervice du Prince qui les B E R empîoyoit. Le Roi de Suède avoir douze Berferkes. JouRN. D.S. 1716 , p. jÔZ. iJCJ" BEKi'UIRE. Bcrfuria ,o\i Bercorlum. Ville du haut Poitou , à rrois lieues de Paitenai. BEKTAUD , ou BcRTAUT, Nom propre d'homme , diminutif de Philibert. Foye'^ Philibert. Bertaud. adj. m. Vieux mot. Châtié, celui à qui on a retranché les parties propres à la génération. Eviratus. Martial dit dans le ParnaiFe réformé , ^). jS , que fans les libertés qu'il a prifes , les vers (croient aulîî dé(a- gré.ibles au Letleur, qu'un mari bcnaui feroit odieux à ia femme. ' BERTA l ■ DER , ou BRETAUDER , quelques-uns même difcnt BERTOUDER, Vieux mot, qui fignifiuit au- tret-ois , tendre inégalement, inuqu^ilitcr tondere , & qui a depuis fignifié , couper les oreilles à un cheval. Aurcs cqui inutdarc. Et cnfuite, châtrer. On s'en fert encore dans le burlefque. Caflrare j cvirare. BERTAUDIN. f. m. Dans la Comédie de la Femme Docteur , on a donné le nom- de M. Bertaudih à un fourbe , dont le caractère eft imité de celui duTaiturfe de Molière, excepté qu'il n'eft pas amoureux de Ma- dame Lucrèce. Son iir.bccille neveu, M. de Bertaudière, eft aulîi une copie de Thomas Dyafcirus dans le Ma- lade imau;inaire : & la Baronne de Harpignac en eft une autre de la ComtelFe de Pimbêche dans les Plaideurs de Racine. L'Auteur paroit avoir alfez d'efprit & d'ima- gination pour taire croire qu'il auroir pu inventer d'au- tres perfonnages , fans recourir à l'emorunt. BERTE , ou BERTHE. f. f. Nom propre de femme. Benuj Bertha. Berth, ou Bert en lombard lignifie Prince, lelon les Jéluites d'Anvers, AclaSancl. Mart. Tom. II , p,Tg. y^, Sccn allemand, éclatant, brillant, félon la remarque du P. Mabillon, Acla Sancf. B. Site. I, pjg. S , / 6. Le même Auteur a fait une dllfertation furie temps auquel le Roi Robert répudia jÇtfrre poui cpoufer Conft^iice , Acl. Sanci. Bened. Sî"D , béer , & au pluriel riliï?^ ,5eeror, des puits, lia été donné à cette ville à caufe des (ources d'eau , ou de quelques four- ces deau qu'il y avoit" en cet endroit. D'autres pré- tendent que Beryth s'eft dit pour Abyrith , Se qu'il vient de rrnUSj/orcfij puijfance, de ~i"i36< , mot hé- breu Se phénicien qui fignifie fort , puijjant. La pre- mière étymalogie elt d'Etienne de Byzance', qui avec raifon la préfère à la féconde, qui eft d'Ifthsu,s, au rapport du même Etienne. Augufte accorda à Béryte de grands privilèges, & la nomma Julia Félix. Aujourd'hui c'eft Barut , Se Bayrut , félon Matyj 8e Béroot, félon M. Corneillei mais probablement il a pris ce dernier nom dans quel- que 'Voyageur Aiiglois. L-es Anglois prononcent 00 comme 'nous prononçons ou. BERYTION. f. m. Colîyre décrit pat Galien, qui le re- commanda dans les inflammations des yeux. C'eft aulîî le nom d'une paftille dont le même Auteur fait mention , Se qu'il dit être bonne dans la dysenterie. B E S. BESA. f. m. Nom d'un faux Dieu adoré à Abyde, dans la Théb.a':'de. Befa. Conftance envoya cette année ( 5 J9) le Secrétaire Paul, célèbre par fes cruautés , pour pourfuivre diverfes perfonnes accufées d'avoir conlulté l'oracle de l'idole appelée Befa, qui étoit à Abyde, à l'extrémité de la Théba'i'de. Tillem. La manière de conlulter cet oracle étoit de donner des billets cache- tés aux Prêtres, qui les portoient dans le lanôtuaire dû Temple , & en rapportoient les réponfes. Il y avoit aulîî une Ville dans la Théba'ide , qui por- toitle nom de ce Dieu, Se qu'Adrien .appela enluite 1 Antinous, on Antinop le, AntinopoUs ,Scqne\es\\^- h\x.:^\■\s nommèrent Befantinoùs. Foye-{ (iic ce Dieu Aramien .Marc. Z/r. X/.l^ />. /50 ^ ^^^- Saumaile dans fes Notes fur Spartien, in Èudrian. c. 14^ Si. lur Sohn, p. 71. S70 BES SESACE. f. m. Biiïâc, longue pièce de toile coufue en forme de fac , ouvert par le milieu, 3i fermé par les deux bouts , qui forment chacuu une poche. Les Re- ligieux mendians portent la beface. Pera _, rnantica. On dit figurémem réduire quelqu'un à la beface; c'eft-à-dire , à l'aumône , & à la dernière misère. Por- ter h beface, c'cftêtre gueux & mitérable. Exprellions lamilières> Etre né Gentilhomme , & portefla beface. Jln'ejl rien de plus douloureux. S. EvR. Ce mot vient de bis face a , qu'on a dit pour bis faccus. Mem. & NicoT. Ou trouve le mot A<:bifacium dans Pétrone. Icquez dérive le mot beface àt hedelfac, ou betclfic, mot de la langue des Francs, qui fignifie la même chofe. On dit proverbialement, qu'une beface bien prome- née nourrit fon maître. On dit d'un homme qui cft extrêmement attache à quelque choie, qu'il en eft ja- loux comme un gueux de fa beface. ^ESACIER. f. m. Qui porte une beface. Mendicus, Le fabricateur fouverain Nous créa , befaciers, tous de même munière : lift pour nos défauts la poche de derrière , Et celle de devant pour les défauts d^utrui. La Font. On le dit quelquefois par mépris de certains Moi- nes. 11 eft fmiilier, BESAIGRE. adj. Du vin befigre. C'eft ainfi qu'on appelle du vin qui tourne à l'aigre , parce qu'il eft au bas. MSAIGUÈ, ou BESIGUÈ. f f. Outil de fer fcrvant aux Charpentiers pour unir &: tailler le bois. Bipenrns. C'eft une barre de fer acérée par les deux bouts en forme de cifeau , ayant un manche de fer au milieu , qui fert particulièrement à faire des mortoiles & des tenons. Ce mot vient de bis acuta, à caufe de fes deux taillans. Ni cor. de bis acutus; car l'on trouve l'un Ik l'autre dans la balfe latinité, pour figniher un inlhu- mcnt qui a deux taillans. \Jn Glolfaire manufcrit de l'Abbaye de fainte Marie de Cambron , cité par le fça- vant Rofweid, le déHnit ainli , Bis acuta, jerramen- tum quoddam utrimque incidens. Dans la vie de faint Antoine, & dans celle de Foiitonius , on lit bis acutum ëc bifacutos. Voyez Rofweid, p. 10 1 S. Bollandus, Acl. Sancî. Janu. Tom. II , p. iji ; dans la vie de S. Antoine le grec, met aiAtxi;. Oh appelle encore de ce nom un marteau don: les Vitriers le fervent. BESALU. Bfuldunum 3 petite ville d'Efpagne, en Cata- logiie, dans l'Ampourdan, (ur la rivière du Fluvian, BESANÇON, prononcez Beianfon. Ville capitale du comté de Bourgogne , l'une des plus anciennes de l'Europe , avec Univerfité , Parlement & Archevêché , fur le Doux. VefontiOi, ou Bcfuntio , Vcfuntium , ou Bijuntium, VëfuntLCum^ Chryfopolis. Céfar, Lib. /, cap. ç j de Bell. Gall. dit que Befan^on étoit la plus grande & la plus forte ville des Séquaniens. Befançon ctoit ville libre & Impériale , mais l'an 16^1, elle lut cédée aux Efpagnols par l'Empereur. Befincon eft à la France depuis 1(^74, qu'il fut pris par le 'Roi. Il y a pluficurs rcftes d'antiquités dans Befançon, entr'au- très un arc de triomphe élevé en l'honneur de l'Em- pereur Aurélien. La longitude de Bcfancon , félon l'Académie , eft de 141. Sa latitude cft de 47 1 , 20'. ■Befançon porte de gueule à l'aigle d'or. Jean-Jacq. ChiHet a lait une Hiftoire latine de Befançon, impri- mée en i6r8 , à Lyon in-^'^. Ce nom purement celtique doit fignifier un cime- tière, ou des fépulchrcs dans une vallée. Foye^j^ la Defcript. Géogr. & Hft. de la Haute-Norm. tom. I. pag. 32 , Ik Tom. If pag. 211^ Besançon, f m. Terme de Flcurifte. Le Befançon eft Ai»e icnonciilç fimple de double couleuc, d'un jaune BES pâle marqueté de rouge, fur un fond jaune. Coït. DES Fl, BESANT , ou BESAN. f m. Nom d'une efpècc de mon- noie qui a été d'abord battue, du temps des Empe- reurs , à Conftantinoplc , qu'on appeloit autrefois Z()'rd«te: elle étoit d'or pur, ou de 24 carats. On en prélentoit treize à la Melle du bacre des Koisi & Henri II en fit battre treize exprellément pour cela, qui turent nommes byzantins. Ceux-là vciloient un double ducat la pièce. On ne fait pourquoi nos Prin- ces le fervoient d'une monnoie étrangère dans leur Sacre. Quelques-uns ont cru que c'eft parce qu'ils n'en failoient point frapper d'or ; mais on en a plufieurs d'or de Hugues Capet & de Robert , &c. Le Blanc conjedure qu'en ce temps-là on donnoit le nom de befant à toute monnoie d'or , quoiqu'elle ne fût pas frappée à Conftantinoplc , comme dans la luite ou donna le nom Az florin généralement à toutes les elpèces d'or, quoiqu'elles ne Jullent pas de Florence,' 11 l'on prétendoit que le florin avoir pris (on origine. Et ce qui pourroit appuyer cette conjecture, c'eft que les Sarrazins appeloient leur monnoie d'or befant , bien qu'elle ne 'tût pas fabriquée à Conftantinoplc. Quoi- qu'il en loit , les befans ont eu long temps cours en France, & il en cft parlé dans plufieurs anciens tiuts depuis 1 148 jufqu'à 1297. Le Blanc les acités/'^^. ijo. Le Roman de la Rofe en parle plus d'une fois, & de manière à taire voir que c'étoit la monncie d'or la plus ufitée en France. Cependant , comme il n'en cft fait mention dans aucune des Ordoruiances de Philippe le Bel, le Blanc conjedure encore que lejant étoit un terme général que le peuple donnoit à toutes les monnoies d'or. On eft en doute de la valeur du befant ancien. Ragueau & Baquet l'évaluent à jo livres. Le Sire de Joiuville dit qu'on demanda pour la rançon de S. Louis, deux cent mille befans d'or, qui valoient cinq cent millç livres , c'eft à raifon de jo fous pour chacun. Dans plulieurs titres d'abonnemens de fief, le befanc n'eft apprécié qu'à 20 lovis. Dans un compte des Bail- lifs de France de l'an 1297, le befant eft évalué a 9 lous. Le denier tournois étoit alors à i denier 6 grains de loi, à la raille de 200 au marc-, ainfi il valoir de notre monnoie courante quatre deniers & lui quart de denier ; ik par conléquent le befant \3\xàïo\i 21 lous, 3 deniers delà monnoie d'aujourd'hui. Le Blanc. Dans un vieux titre du commencement du XIII* fiècle cité dans les Acl. Sancl. Maii , Tom. I ^p. 6^, par le P. Papebrock, on lit befond au lieu de befant. Et promittuntur pro pretio viginti tria fcuta in faluts , tc/lartSj & he fonds fbluenda. Et dans V Index Onomaf- ticus j ou dit que c'eft la même choie que befant ^ be- fond , byiantinus , genus pecunim ; mais à la pag. 6j de l'ouvrage, le P. Papebrock prétend que befons ii- gnific jumeaux , gemelli , & que cette monnoie hit ain- lî appelée , parce qu'il y avoir deux têtes ; de même , dit-il, que Ton appelle baifoir la. monnoie d'or de l'Ar- chiduc Albert & d'Ilabelle , parce que lerus têtes y font , & qu'elles (cmblent le bailer. BESANT. i. m. Terme de B!a(on. C'eft une pièce de métal ronde & pleine , dont on charge l'écu , à la diffé- rence des tourteaux qui font de couleur, ik des cer- cles & anneaux qui lont à jour. By^antii nummi. Mef- fieurs Du Puy portent d'or à la bande d'azur chargée de trois befans d'or. Les Paladins François mirent fur leurs écus de ces fortes de befans, pour faire voir qu'ils avoient frit le voyage de la Terre-Sainte. On appelle befant-tourteau, celui qui eft parti moi- tié de métal , & moitié de couleur. Les Efpagnols confondent \cs befans & les tourteaux, & les appellent indiftércmmtnt;oe/c5. Plufieurs appel- lent les befans d'argent plates, ce qui vient du met etpagnol plata , qui fîgiiifie argent. Upton nomme les befans d'or talens^ & ceux d'argent palets. Il y a aufli des befans faracéniques. BESANITÉ, ÉE, adj. Qui fe dit d'un T^cu orné, ou chargé de befans. Byfantis nummis inftruclus. Une bordure be famée, chargée de tant de befans. ^3- BESAKÀ. Foje:i BEZAT. B E s BESAS. r. m. Terme du jeu de dez, quifignifie, deux as du même coup de de. Pasq. Rech. Liv. VlII. ch. ^o.On s'en leit aulli au jeu de Trictrac. L'ulage ■ veut à-prélent que l'on dile befet. BESCHE. Foyei BECHE. BESCHER. Foyei BECHER. BESCHOTER. Foye^ BECHOTER. BESCU. adj. Vieux mot. Boiel croit qu'il fignifie qui . a deux pointes aiguc's. Bâtons befcus , comme biftar- des. JBESER. V. n. Ce mot fe dit en Baffe-Normandie &c autres lieux , des vaches qui mouchent , comme on çarle en Anjou; c'eft-à-dire, qui courent quand elles font piquées des mouches. Ménage, Dicl. Etym. Il y a bi^er à la fin de l'article \ & c'ell ainfi que , con- - formément à la prononciation, il eft dans Nicot, qui dit que de-là eft venu , aller à faint Be^ec, ouTrottet. BESESTAN , ou BESESTIN. On nomme ainli à Andri- nople, & dans quelques autres principales villes des . Etats du Grand Seigneur, les lieux où les Marchands ont leurs boutiques , & étalent leurs marchandifes. Fove^ BEZESTIN. BESET. Foyei BESAS. BESI. Mot originairement celtique. Nom générique qu'on donne à plufieurs elpcces de poires, en y ajou- tant le nom du pays dont on les a tirées. Foye^ Besi d'HerIjBesi de laMotte,BeriChacemontel, vulgairement Chaumontel. Acad. Fr. BESICLES, f. f. pi. Sortes de Lunettes attachées à un bandeau qui fe lie autour de la tête. Confpïcïllum , yitrum occularlum. Voyez Lunettes , où l'on a parlé de l'invention des bejicles. Le vieux Ronfard ayant pris fe s beficles, Pour faire fête au Parnajfe ajfemblé ^ Lifoit tout haut ces Odes par articles ^ Dont le public vient d'être régalé. R. On dit proverbialement , qu'un homme n'a pas mis fes beficles y quand il fe trompe, faute d'attention, d'examen. Ce mot vient à duobus circulis , ou cyclis , qui compolent des lunettes; ou félon Palquier, de bis oculi, doubles yeux. BESI DE CAISSOY. f. m. Sorte de poire , qui s'appelle autrement Roujfette d'Anjou. C'eft une petite poire de Décembre & Janvier, de la grofleur à-peu près d'un blanquet : le fond du coloris eft jaunâtre , chargé par-tout de roulfeur ■■, la peau peu unie , la chair ren- dre, mais pâtcule-, beaucoup de pierre ôc de marc; l'eau peu agréable , tirant au goût de cormes. Quelque- fois néanmoins on en voitdalfez bonnes. La Quint. Tom. /j Part. III 3 pag. 3 6p. Ce mot vient de bejl , qui en breton fignifie poire , & de Caijfoy y nom du lieu d'où apparemment elle eft venue , 'comme dans les fuivantes. BESl-D'HERI. f. m. Elpèce de poire très-ronde , de la grolfeurà peu près d'une grolfe balle de jeu de paume ; le coloris jaune, & d'un vert blanchâtre, la queue afféz droite & longue , & mûriffant en Odobre & Novem- bre. La Quint. Le befi-d'heri le conferve pendant l'hiver. Bejie-d'hery. Dery envieux Gaulois lignifie bois , & bejie , poire. De lorte que bejîedery fignifie poire de bois. PirumSylvefire. Ce mot le trouve en- core dans la langue irlandoife. London-dery en Irlande fignifie Londinum Sylvefire ; car c'eft une colonie de Londres établie dans le bois d'Irlande. M. Huet. On devroit écrire bejî de hery ; mais l'ufage, qui fe met peu en peine de laraifon, îd^ix.icn'iz.befid'heri. La Quintinie écrit quelquefois befîderi. Besi-d'heri-landry. Efpèce de poire que l'on nomme plus communément. Poire, de Lefchafferie ; &. quel- ques-uns , Ferte - longue d'hiver. Foye^ Leschas- serie. ,Besi des essars. Autre efpèce de Poire, dont la Quin- tinie ne fait pas grand cas. Besi de mapan. Efpèce de poire qui fe mange au mois d'Août, &que la Quintinie eftime peu. BES 871 Besi êe tA motte. Autre efpèce de poire qui fe mang© en Odlobre. La Quintinie, P^rr. III, c. 2. icr BESIGHEIM. Petite ville d'Allemagne , dans le Cer^ cle de Suabe , au Duché de Wurtenberg. BESIERS. Foyei Beziers. BESIGUE. /■oyt;:( Besaigue. BESLANT. Foye^ Bêlant. BESLEMENT. Foyei Bêlement. BESLER. Foye^ BÊLER. 1^3" BESLIS. l.m. Nom qu'on donne en Turquieaxva- letsde pied des Gouverneurs Se des Bâchas. BESN ARDES. (. f. Terme de Serrurier , eft le nom qu'on donne aux ferrures qui s'ouvrent des deux côtés. Besnardes, On appelle poites befnardes , celles qui ont des ferrures appelées befnardes, & on l'écrit fouvent fans j, bênarde. BESOARD. Foye:^ Bezoard, BESOCHE. 1. f. Terme d'Agricultute & de Jardinage. Inftrument de fer avec lequel on fait les labours dans les terres pierreufes. C'eft la même chofe qu'un hoyau, qui lelon Nicot , en quelque pays s'appelle befoche. Ligo. Il le fait des labours de plufieurs façons , à la bêche, à la houe, dans les terres aifécs ; à la fourche , & à la befoche i dans les terres pierreufes. La Quint. Prononcez 3e:jocÀ!e, comme écrit quelquefois Nicot. BESOGNE, f f. Travail , occupation à quelque chofe que ce loit , opéra , labor. Il faut qu'un chacun mette la main à la befogne. L'Avocat a la befogne , aulîi-bien que l'artifan. -8^" On dit aulîî de l'ouvrage même qui réfulte de ce tra- vail , bonne befogne. Il a gâté la befogne , cette befo- gne eft bien faite. Opus. En parlant d'un homme qui ne s'applique qu'aux chofes de (a vacation , delà profeiîion , on dit que c'eft un homme qui ne longe qu'à faire fa befogne. Ac. Fr. Besogne /aire. f. f. Terme de Manufaâure de laine, qui eft en ufage dans les fabriques de Poitou. Il fe dit desferges, étamines , draps, tiretaines, £'c. encore en toile , & telles qu'elles fortent du métiet , avant que d'avoir reçu aucun aprêt. Besogne, fe dit aufti figurément dans le ftyle fimple & fa- milier, de tout ouvrage d'efprit. Mufe, on admire votre befogne , Mais vous n'ave^ ni feu ni lieu. Main. Besogne, dans le même fens , fe dit encore de toute aË> faire importante & embarralfante. Le fé jour de Catalogne Fous peut tailler de la befogne. Voit. Besognes, f. f. plur. Hardes qu'on porte avec foi, donc on a ordinairement befoin : il fe dit particulicremeiic des hardes ou /'ff/o^wej de nuit. Sarcinx ^farcinuU. Besogne, ledit quelquefois en ftyle vieux 6i badin pou£ chofe. Enfin c'eft bien pauvre befogne Qae de belle eau claire entre nous^t A tout hafard garnijfe-f- vous De quelque baril de Bourgogne. C'eft-à-dire , c'eft bien pauvre chofe, c'eft bicnpcili de chofe. Dans quelque cas que ce foit , ce mot ne peut s'employer que dans le ftyle lamilier. BESoGNE,(e dit proverbialement en ces phrafes.Il reffem- ble au Bahutier , il fait plus de bruit que de befogne. Vous nous faites de belle ^e/oiS^/zf _; pour dire, vous ne faites rien qui vaille. Selon l'argent la befogne ; pour dire, que lesouvrierstravaillentfelon qu'ils font payés. 5(î/ôjCr/ze qui plaît eft à demie faite. On dit auiîî, tailler 'e la befogne à quelqu'un; pour dire , non-feulement me. piopre, lui préparer de la befogne pour travailler, mais aulîi au figuré, lui fufciter bien des affaires. On dit auflî d'un fainéant , d'un méchant valet , qu'il aime be- fogne faite , & qu'il s'endort lur la befogne; pour dire, qu'il travaille nonchalament. §C?BEsoeNE , fe dit aulfi d'une efpèce de bateau foncer. 87i BES BESOGNER. V. a. enciennement BESONGNER. Tra- vailler , faire la beli^ne. Opus } accre ^ exercerez Idiori ïncumkere. ^ Ce mot elt vieux ; il a été employé par Amyot , Evc- que d'Auxciie, dans les Vu s de Plut arque en un lens oblccnc. Bcfognc bien ta jeune Ché lidonide , & engen- dre de beaux enfans à Spaitc. On ne le dit plus que dans le ftyle burlclquc, mais au premier lens que nous avons dit. |Cr BESOGNÉ, part. Compojîtus ^ comparatus. Fait, travaillé. Pane ni foins y rïennc fut épargne' ^ Et me femblo'it regardant mon ouvrage ^ Des connoijfiurs mériter le fiffrage , £t que le tout étoit bien beibgné. ^C? BESOIN, f. m. Alicujus reï necejjltas , penuria. C'eft un fentiment defagréable, occafionné parrabfenceap- perçue , & la préfence défuée d'un objet. Il s'enluit de-là que nous avons deux fortes de befoins ; les uns du corps, qn'on nomme appétits ; les autres de l'efprit , qu'on appelle déjirs. ^fT Ce mot , conlidéré comme appétits ou befoin du corps , a moins de rapport à l'état & à la fituation habi- tuelle que ces mots, pauvreté ^ indigence , dijettc, mais il en a davantage au Tecours qu'on attend , ou au rc- mèdequ'on cherche. M. l'Abbé Girard , Syn, Il faut que nos foins s'étendent , Se que notre cœur fe dilate à meluie que les befoins du prochain augmentent. Flech. Les hommes lont liés par une chaîne, c'eft le befoin qa'ih ont les uns des autres. Quand on e!l dans le befoin , c'eft à Tes amis qu^l faut demander de l'aide ; mais il faut aulH s'aider foi-mcme , de peur de les im- portuner. M. l'Abbé Girard , Syn. et? Calfendre dans fa Trad. de la Rhét. d'Arift. dit que par le mot de néceffité ou de befoin , on doit entendre tous les défirs de l appétit fenfuel ; mais principalement ceux qui donnent de l'impatience , & qui fâchent tou- jours lorfqu'on ir'a pas la choie qu'on voudroit avoir. Mais ces mots ont plus d'étendue dans notre langue. ilfT On dit, qu'cft-il befoin Aq; qu'eft-il befoin que; pour dire , qu'eft - il nécellaire de , ou que î On dit aulîl avoh be/hin, non- feulement dans la lignifica- tion d'avoir faute , mais aulîî dans la fignification d'.rvcir affaire. Comme je ne vous puis pas prêter ce que.vous me demandez, j'en ^ï befoin. Ac. Fr. §CJ" On dit proverbialement j on connoît le véritable ami dans le befin. On dit aulîî , befoin fait vieille trotcr. Sapé neceffe gravem currere cogit anum. ^CT" Besoin ou Besoins, a.up\. figniûe aulVi néceJTué na- turelle. Il eft forti pour un befoin. Il lui a pris un be- foin. Ac. Fr. Faire l'es befoins. Aller à les befoins. BESON. f. m. Mefure des liquides , dont on fe lért en quelques lieux d'Allemagne, particulièrement dans la ville d'Ausbourg. IP" BESONGNER. roye:^ Besogner. C<3' BESONGNÉ. Fqye^ Besogné, §3" BESONS. Petit village de France , fur la Seine, à deux lieues de Paris , remarquable par une foire qui s'y tient tou; les ans, où le plailïr, & la curiohté atti- rent une infinité de perlonnes des deux fexes. ^oye^ ' dans n AN court la petite comédie intitulée /a foire de Befons. BESORCH. f. m. Monnoie d'étain, ou de métal d'al- liage , qui a cours à Ormus , à-peu-près lur le pied des liards de France. ^3" BFSSAN. Ville de France , en Languedoc, près d'Agdes. BESSANEM. f. m. Avicenne entend par ce mot , une rougeur des parties extérieures, femblableà cell' 'ui précède la lèpre: elle occupe quelquefois le vif?;^cirV. plus fouvent les extrémités du corps. Il paroîc que c'eft ce que nous entendons par mules aux taions , ou bien engelures. BESSARABIE. Bejfarabia. Province de la Turquie, en Europe, bornée au nord par laPodohc, au couchant BES par la Moldavie , au midi par le Danube, qui la fépare delaBulgarie, &au levant par la mer Noire. La Bul- garie lut anciennement une partie de la Dace , & la demeure des Arpicns , des Tyrangites , & des Britcn lages. Corn. & Maty. §Cr BESSE. Petite ville de France , en Auvergne , élec- tion de Clermont. ICJ" Il y a dans la même Eleélion une paroilTe nommé* Befja en Chande^e, pour la diftinguer de cette Ville. BESSIÈRE. /^ojye^ BaissiÈre. BESSIN. Nom d'un petit pays de France, dans la balfc Normandie. Il a le Lieuvm à l'orient, l'Avranchin au midi, le Cotentinau couchant, & la mer de Bretagne au leptentrion. Il y a le haut ôc le bas Beffin ; le pre- mier au levant, & l'autre au couchant. Bayeux, capi- tale du Bejfin y eft dans le bas Bejfin. VoyQzDv Mou- lin , DiJ cours fur la Norm. M. Corneille lemble dire que ce nom eft venu de BajocafJ'es eu Biducajjes , noms des anciens peuples qui habitoient ce pays. Je crois qu'il vient de Bayeux. On a dit Bayojfm ^ Bayeujfin „ Bayeffwy Bajfin , & enfin Bcjfm. Bajoccnjis agcr , ou Diacefls. M. Huet dit qu'on l'appelle Bagitrinum dans les Ordonnances de Charles le Chauve. Encore que l'Evcché de Bayeux s'étende depuis la rivière de Vire, jutqu'à la rivière de Dive , il ne faut pas s'imaginer que le nom de Beffin ait toujours marqué cette même étendue. Cenales ne fait commencer le Beffin qu'à Eftreham , qui eft à l'embouchure de la rivière d'Orne. Huet. Ant. de Caen. BESSiN, INE, f. m. & f. Habitant du Bellni, pays de Normandie. Bajocencis. Les Bcjfms , qui lont fins 8c rulés, s'adonnent au labeur & à la draperie , voire fe plailcnt allez à trafiquer. G. Du Moulin. BESSON, ONNE. adj. Vieux mot, qui fe difoit autre- fois de deux enfans d'une même couche, de deux ju- meaux. Geminus j gemellus. Jacob & Efaii étoient des enfans be[jons. Ce mot vient , félon Ménage , de bis lîmplement." Palquier, avec plus d'apparence, le dérive de bis ho-- mines y parce qu'on diloit autrefois boms pour hom- mes : c'tft comme li on diloit beshoms. En Aftrolcgie on appelle le ligne des befons j celui qu'on nomme autrement des Gémeaux. Gemini. ÇCF Besson. f. m. Rabelais s'eft lervi de ce mot pour li- gnifier ce qu'on appelle doublet au jeu de trictrac, Besson. 1. m. Terme de Marine. C'eft la rondeur des bancs Se des tillacs , & proprement tout ce qui eft re- levé hors d'oeuvre , & qui n'eft pas uni. BESTAIL. royei Bétail. BÉTANSARS. Lieu de Flandre , près de la méridienne de Paris du côté du nord , eft à 20" , 4' , 30" de lon- gitude, «Se à yo°,2.8', iS" de latitude. Cassini. BESTE. Foye^BÉTE. BESTIA MAGNA. C'eft la même chofe qu'Elan. Voy. Elan. BESTIAIRE, f. m. Celui qui combat contre les bêtes , ou qui y eft expolé. BeJIiarius. On diftinguoit com- munément deux fortes de befliaires. Les premiers étoient ceux qui étoient condamnés aux bêtes, ou par- ce qu'ils avoient été pris en guerre , ou parce qu'ils avoient commis quelques crimes \ ou parce que c'é- toiont des elclaves,qui avoient commis quelque faute conlidérable. Tous ces beftiaircs étoient expolés aux bêtes fans armes & fans défenfes. Il ne leur lervoit de rien de vaincre la bête & de la tuer , on en lâchoit tou- jours de nouvelles contre eux , jufqu'à ce qu'ils cullcnt été mis à mort ; mais il étoit rare qu'il fillùt en lâcher deux contre un même homme : il étoit bien plus or- dinaire qu'une feule bête défit pluhieurs hommes. Ci- céron, dans l'Orailon pour Seftius, parled'un lion qui feul avoir fulfi contre 100 beftiaircs. Ceux qui luccé- doicnt aux premiers s'appeloient en grec ^çi^pn , & les derniers tVx""'"', Se chez les Romains Meridiani j ceux qui, le combat ayant commencé le matin, n'étoicnc expofésquel'après midi. /'''ojeçSuÉTONEdans Claude, C. ^^jiSc ceux-ci étoient armés d'une épéc. Les Chré- tiens étoient befiaires de cette premièie efpèce -, c'eft- à-dire, qu'on les condamnoit aux bêtes, même ceux qui B E s qiii étoient citoyens Romains, quoique Ce fût un droit àxs citoyens Romains de n'y être point condamnés. f'oye^ Clém. Alex de Confl. Apojl. S. Irénée, Liv. V:, Chap.zS. Eufebe, mjl. Ecdef. Liv. III ,ch._j s- La féconde efpèce de hefliaires étoient , ditSér.cque , ép. yo, des jeunes gens qui, pours'exercei: à bienma- jiier Icsatmes, combattoient tantôt entr'eux, & tantôt contre des bêtes; ou quelques braves qui par oltenta- tion, & pour taire montre de leur alFurance & de leur adrclFe, s'expoloicnt à ce dangereux combat. Augulle y produilit quelquefois de jeunes gens de la première noblelFc ,^«£r. In Aug. y./ . Néron s'y expola lui-même. Id. in Nerone j fj. Etc'eftpour avoir tué des bêtes dans l'amphithéâtre, que Commode fut appelé \'Her cule Romain, ainiï que Lampridius nous l'apprend. Vigenère , dans fcs Annot.fur Tice-Liye, Tom. I y jp. 1 4S4, &fuiv. ajoute encore trois eipèces de bcf- tiaires. L'une eft de ceux qui faifoient ce métier pour de l'argent. Une autre forte de combat étoit quandoa mettoit pluficurs gens armés tous à la fois contre plu- licurs bêtes, f'ove^ SuÉtone dans Claude, n. 21. En- fin la dernière de ces (ortes de chaiFes étoit quand on abandonnoit à tout le peuple contulément & en toule un grand nombre de bêtes fauvages, pour courir après & les tuer. I/CT Les premiers furent réputés infâmes (!'1ascu:i. Il eft auiîl fubftantif , & fe prend pour httdil. Voilà bien du bcjlial. Ce bejlial elt bien mal gouverné & bien malfoigné, vos gens ne font pas leur devoir. Au lefte, il ne le dir guère ainfi que par des gens qui fe mê- lent lin bejlia/. Tous les autres dilentplus communé- ment bétail. Cependant une Ordonnance de Police du 5 Septembre 1655, dit qu'à caule des regratteries &' intelligences qu'il y a au hiit de la marchandiie de bej^ liai , qui fevend en débit, la viande de boucherie en eft plus chère. Et Naudé dit dans le Mafcurat: certain payfan du temps de Charlcmagne confelloit avoir lemé des poudres par les campagnes , afin de faire mourir le èejlial. Tom ceci montre que la remarque de Furerière au mot bétail, eft faulle, que Ion a dit bejlial m\ fingu- lierdans le même fens que bctail ,Scqnc beJIiausn'eA point le pluriel de bétail, mais de beftial. Dans beflial il faut prononcer ly , tant au fingulier qu'au pluriel; au pluriel il fait befiiaux , qui lui eft commun avec bétail, qui a pris ou retenu ce pluriel de bejiial. On dit en françois , une grande nourriture de befiiaux. Il y a des charges de vendeurs de bejliaux. BESTIALEMENT, adv. En bête. B elluino , ferino more , pecudis ritu. Les ivrognes vivent befiialement. BESTIALITÉ, f. f. Bêtife. Stupiditas , Jiupor. La fiii- pidité de cet homme a quelque choie de la bcftialité. La bejlialité des Princes & leur ignorance ell bien dan- géreufe. Mém. de Comines. Ce motn'eft plus en idage. Bestialité fe dit du péché contre nature qui fe com- met avec une bêre. Coitio cum bellua. On punit la bêre même qui a été l'inftrument du crime , on la brille avec le coupable Se le procès. BESTIAUX, f^ovei bestial & bétail. BESTIOLE, f. f; Petite bête. BeJIiola. Il fe dit panicu- lièrement des infectes iScde la vermine , comme tour- mis , tignes, punaifes , cloportes, &c. Il fe dit figurément &'familièrement des jeunes per- fcnnes qui n'ont point d'efprit. Cette fille fait la capable, 6c ce n eft qu'une bejiiole. Toi lie L BET 87-5 BESTION. r. m. Terme de Matlne. C'eft le bec ou U pointe de l'éperon, ou la partie du vailFeau qui eft le plus en failhe. Rojlrum. Il porte ordinairemenr la fi- gure de quelque bête, (ce qui la fait appeler bejlion) ik. lur-tout celle d'un lion : ce qui fait que quelques- uns lui donnent aulfi ce nom. BESTISE. Foyei BETISE. BESTORS, ORIE, adj. Vieux mot, qui fignifioit Tra-< verlé , oblique. Obliquas. Et tant fit les chemins befiors, BESTOURNER. v. Invertere. Vieux mot, qui fignifie, renverfer , d'où a été fait Biftouruer. Mes or vendent les jugemens. Et beftourneut les erremens. Ce mot a été auftl employé pour tourmenter l'zù prir, & le mettre hors de fon alîiette. Turbare ,per-* turbare. On le trouve en ce fens dans Alain Charrier, où on lit ce qui fuit : Par leurs paroles épouvanta- bles & très-perceans le cœur & la penfée, m' avoit jà ces trois derroyées & féditieufes de carelFes, hef-' tourné le fens, &C aveuglé la raifon, BET. BETA. f. m. Terme bas, au moins familier qui fe diC de quelqu'un qui eft très-bête , c'eft un gros bêta. BEFAIL. 1. m. Terme colletlif, qui fignifie des bêtes à quatre pieds &domeftiques, qui fervent au labourage, ou à la nourriture de l'homme. Il ne fe dit guère que des bceufs, des mourons. Secus. On dit riche en gros & en menu bétail, & non pas en gros & menu bétail. \ÇT On appelle gros bétail, les bœufs , vaches , chevaux. Menu bétail , les chèvres (Scies moutons, qu'on appel- le aulFi bétail blanc ou bêtes à laine ; les bœufs & les vaches, bêtes à cornes. Les bétes fauves font celles qui font fauvages dans les forêts. Il fait au pluriel, bef- tiaux j en prononçant \'s qi^^qu'on ne dife point bejlial au fingulier. Cetre remarque de Furetière eft faulFe ; bejlial fe dit au fingulier, voye-^ ce mot ci-devant : Se bejliaux n'eft point le plurier At bétail , mais de bejlial ; bétail n'en a point, i;cr BETANCOS , ou BETANZOS. Betanea. Ville d Elpagne, dans la Galice, près de l'Océan. BÊTE. f. f. Animal privé de raifon. 03" Animale^ le terme générique qui convient à tous les êtres organifés. V Animal confidéré comme privé de raifon , dinrclli- gencc & de volonté , s'appelle bcte. Ainfi dans l'ulage ordinaire, ce mot fe prend par oppoluion à homme. On dir 1 homme a une ame, & quelques Fhilofophes n'en accordent point aux Bétes. Bejlia , bellua. La plupart des Philofophes de l'antiquité ont criï que les /^dVfjraifonnoicnr. Plurarquea fait undifcours alFez grave pour prouver que les bétes ont de la raifon. Toure la f::6le des Pythagoriciens devoit être dans le mêmefentiment, parce que la métempfycofe (uppofe que les amcs humaines pallent dans le corps des ani-^ maux; & Platon dans iow Dialogue ne nie point que fous le règne de Saturne les bêres étoient en commerce de converfation avec les hommes. On a prétendu même qu'elles ont un jargon intelligible entr'elles; & Por- phyre rapporre que Tiréfias & Apollone de Tyane cn- tendoient leur langage. S. Bafile lui-même a compté parmi les beautés du Paradis terreftre, que les bétes y parloient. Mais plufieurs entre les modernes ont pré- tendu prouver que les bétes n'ont point de fentimenty & que ce font feulement des machines, C'eft une opi- nion qui a été renouvelée par M. Defcartes, Un Mé- decin Efpagnol, nommé Gomejlus Peretra , avança le premier ce paradoxe inoui; car tout le monde étoit réuni à croire que les hétss ont du lentimenr. Il fut trente ans à en compofer un Traité , qu'il a intitulé Antoniana Margarita, du nom de fon père & de fa merc. Il le pubha en 161 5, On ne lui fit pas l'hon- neur de réfuter fon opinion, «S<: elle s'éreignit avec luL Ainfi jufqu'à Defcartes Fon a cru (ans conteftation que les bétes connoilFoient. On difputoit feulement entre les Philofophes , fi les bêtes ont la faculté de rai» ^ssss §74 BET (onner en vertu de leur principe de connoiiTance. Mais le dogme des auromates tic eir peu de temps beaucoup de progrès. Il y a bien de l'apparence que M. Dcl- carres a été poulie par fa doctrine à foutenir que les èdtes ne l'entent point : car en conhderanc les luîtes de fon principe touchant la lubftance étendue, & la llibftance qui pcnfe, il s'apperçut que la connoiiTance des 6êtes renverloit toute l'ccomie de Ion fyftèmc. Le Père Pardies a fait un Livre de la connoiiTance des bcces , pour montrer qu'elles ne font deflituées ni d'in- telligence , ni de fentiment, & qu'il elt impolîible d'ex- pliquer tous leurs mouvcmens, & routes leurs adtions, par les fculs rcll'orts d'une machine qui fe meut fans connoillance. Thomas Willis a fait aulFi unTraité de lame des brutes. Il y a aulîl un Traité du fieur Le Grand fur le même fujet , & un Livre de l'ame des iêras , imprime à Lyon en 1676, eompolé par Antoi- ne d'Illy Prcrre d'Ambrun. Dans le Journal de Hollande 1684, il elT: dit que cette opinion eil ancieni^, & qu'on en a difputé dès le temps de S. Augullinrll eft vrai que S. Auguftin taifoit ce raifonnement ; que la misère étant une fuite du péché, il en réfulte que les hctcs qui n'ont point péché, ne doivent point être fujettes à la misère ; or elles y feroient fujettes li elles avoient du fenriment; donc elles n'ont point de fentiment. Si les bêtes avoient une ame , Dieu n'auroit point donné à l'hom- me pécheur un pouvoir abfolu fur elles , & le pouvoir de les égorger pour fe nourrir. Le lieur du Rondel , Profelîeur à Maftricht, a prouvé que plits de 300 ans avanr les Stoïciens de R(jjne , un Cynique avoit fou- tenu que les hêtcs n'avoient ni lentiment, ni connoil- fance , & étoient de pures machines. Ainli on a eu tort d'acculer Péreira d'avoir débité une nouveauté. Le P. Daniel dans fes Nouvelles difficultés en 1695 , a bien prclfé M. Defcartes , en foutenant qu'il y a dans les hetes un principe de connoiiTance & d'intelligence. Un Médecin Epicurien , nommé Lami, a foutenu que l'homme n'a d'autre empire furies bêtes que celui de la force & de l'adrell'e. Boileau fait dire à l'âne , Ma foi i non plus que nous l'homme n'ejî qu'une béte. Guy Pape rapporte que palfant auprès de Châlons, il vit un cochon attaché aux fourches patibulaires de cette ville , ic qu'en ayant demandé la railon , on lui répondit, qu'on l'avoit fait parce que ce cochon avoit tué un enfant. Au temps jadis bêtes parloient aujp ; Sans remonter jufques au temps d'Efope Bêtes encore parlent en celui-ci. B.ÊTE , fe ditpatriculièrementdes anim.iux à quatre pieds , qui fervent à voiturer. Une bête de fomme, de charge. i^oje^ Somme. On dit au Palais , une bête afine , pour parler plus honnêtement d'un âne. Bête chevaline. Cheval de payfan de peu de valeur. BÊTE, ledit aulîîde la vermine. Fermis. T^voïs cette an- née de beaux fruits, mais les bêtes les ont mangés, les tigires , les vers , les chenilles. On appelle populairement, bête épaulée, un che- val qui ne vaut rien, & qui n'eft plus en état de fer- vir-, & figurément on dit la même chofe d'une fille qui eft fur le retour, & qui a fait parler d'elle. Acad. Fran. PÊTE,en termes de chafTe, fe dit abfolument du gtos gi- bier. Fera. Lancer la bête. Bttcs noires , ce (ont les fangliers. Bêtes fauves, ce font les cerfs , les chevreuils, les daims. Bêtes puantes , les renards , les bleraux. On les dillingue aulfi par le nom de bêtes de brout, comme les cerfs, chevreuils, &c. & bêtes mordantes , comme le langlicr, le blereau, le renard, l'ours, le loup , la loutre , &c. §CJ" On appelle bêtes de compagnie, de jeunes fangliers qui vont encore par troupes. Ac. Fr. ^fT Par le mot bête , mis ablolumcnt , on entend quel- quefois les bêtes fauvages , les bêtes féroces. On expo- foit les Martyrs aux bêtes. Ac. Fr. BET BÊTE , fe dit figurément en morale , d'un homme qui ne cherche que fes plaifirs fenluels. Bellua pecus. C'ell une bête brute. 11 a vécu , il eft mort en bête. On dit de celui qui eft trop particulier , que c'elt une bête farouche-, de celui qui eft trop colère, que c'eft une bête féroce. s^ BÊTE , fe dit encore figurément, d'une perfonne qui manque d'elprit prefque en tout, par défaut d'intelli- gence. C'eft en vain qu'on frit des leçons à une bête, la nature lui a rcfufé les moyens d'en profiter. Stoli- dus , vecors ; il y a des bêtes qui croient avoir de l'el- prit, leur converfation fait le fupplice des perlonnes qui en ont véritablement. M. I'Abbé Girard, Syn. f^oye:^ Stupide. Ibiot. Outre qu'il ejl affe^ ennuyeux y que je croi j D'avoir toute fa vie une bête avec foi; Comment prêtende^-vous , après tout qu'une bcte Puijfe jamais favoir ce que c'ejl qu'être honnête^ Mol- Bête, fe dit quelquefois en riant, comme dans cet exem pie : La bonne bête a fes railons. Vulpecula. BÉte, fe dit encore dans le ftyle burlefque, pourquelque chofe que ce puilTe être. Par ma foi , je ne fçai pas quelle bête c'eft-là. Mol. Pour dire, je ne fai pas quelle cho- fe c'eft-là. On appelle populairement la bête, ce qui fait peur. Une nourrice dit à Ion enfant qui crie, je ferai venir la bête. On le dit aulll d'un homme chagrin , qui a de l'autorité , qui vient troubler la joie des autres. Voici la grande hfte qui vient. Les artilans qui voient un Commillaire qui va en poUce , l'appellent la bête noire. L'Antechrift eft aulli appelé la grande bête de l'Apoca- lypfe. On le dit aulîî de deux ennemis. M. Viette ctoit la bête de Scaliger; il l'attaquoit toujours , & il avoit peur de lui. On dit proverbialement, remonter fur fa bête, non- feulement dans le jeu, quand on gagne le coup fui- vant, après celui où l'on a fait la bête, ce qu'on avoit perdu i mais aulTi quand on a rétabli fa fortune ruinée, réparé une perte qu'on avoir faite. On appelle aulS deux pcrfonnes qu'on voit toujours enfemble , des bêtes de compagnie. On dit , prendre du poil de la bête; pour dire, boire le matin, quand on a été incommodé d'a- voir rrop bu le foir; ou, fe guérirparics mripes chofes qui ont caulé le mal. On dit auffi, qu'un homme a fait la bête, quand il a fait quelque méchante affaire de fa tête , & malgré les conleils de fes amis. ^3" On dit encore qu'un homme n'a pas affaire à bête laffe, lorf- qu'il a affaire à une partie qui eft riche &: vigilante. On dit auflî, plus fin que lui n'eft pas bête. On dit ironiquement , qu'un homme eft une bonne bête , une faulfe bcte; pour dire, qu'il eft dangereux de s'atta- quer à lui , qu'il eft plus à craindre qu'on ne penfe. On dit , faites-vous bête , le loup vous mangera ; pour dire , qu'il faut favoir repoulfer l'injurticc. On dit aulli, morte la bête, mort le venin; pour dire, que ceux qui font morts ne font plus de mal, ou qu'on ne garde point la colère contre les morts. On dit auffi, parlant d'une grande folitude ou obfcu- rité , on n'y voyoit ni bêtes ni gens. On dit en Nor- mandie, haro lur toi & fur ta bête, pour une formu- le dont on le fcrt pour arrêter quelqu'un prilonnier. On dit auffi, que quand Jean bête eft mort il a bien lailfé des héritiers; pour dire, qu'il y a encore bien des fots au monde. On dit d'un logis où il y a plufieurs locataires, que c'eft l'arche de Noc, il y a toutes for- tes de bêtes. D^T BÊTE. f. f. Sorte de jeu des cartes. Ce jeu s'appelle auffi Triomphe. On le joue à trois, à quatre ou à cinq. Quand celui qui fait jouer ne gagne pas , il paye au- tant qu'il y a au jeu , & on dit qu'il a fait la bête. Ce mot le dit auffi de la fomme que l'on a perdue en faifant la bête. Ma bête eft fur le jeu. Les deux bêtes vont enfemble. Ce mot eft fort ufité au jeu de l'Hombre. BÊTE ROUGE, f. f. Petit infeéie des îles de \ Amérique , qui n'eft pas plus gros que la pointe d'une épingle, & qui eft tout rouge, ce qui lui a fait dgnner le nom BET de hcte rauge- Quand les favannes font un peu féches, elles en font lempUes , & les chevaux & autres ani- maux qui y font en patuie , en ont queLiuetois le mufeau & la tcte toute couverte de rouge. Cela caule- une démangeailon inluportable; enforte qu'ils le fro- tent contre les pierres & contre les arbres, comme s'ils vouloient le déchirer. Les bctes rouges percent au tra- vers des bas des hommes , & leur caulent une déman- geaifon ii preifante aux jambes, qu'ils te les écor- chent à force de les grater. La décoction des bour- geons de vigne & de monbain, des leuilles d'oranger, & d'herbes odoriférantes , eft un bon remède contre les bctes routes Se leur démangeailon. On s'en lave les jambes & autres parties qui en font attaquées. P. Labat. BÊTE VENIMEUSE DES SAGES , en termes du grand Art, lignifie la pierre philofopliale, lorfqu'elle eft iublimée. On l'appelle a.al\i J'erpent. BETE-BIK, Sorte de mauvaifc poire, qui le mange au mois de Mars. La Quint. BETEL, ou BrTLE. C r. Dans l'AmbalTade des Hollan- dois à la Chine , P. II ^ Ch. XIII , p. S j y on l'appel- le Betelle 3 ou Betre , & l'on dit que quelques-uns foutiennent que c'eft le Malabathrum des Indes, nom- mé par d'autres Sy ri-boa, & Tembal, & Pam. Le Tra- duôbeur de la Relation de Tunquin du P. Marini l'ap- pelle Belle, & en taïAûwBlaû. Voyez ce qu'il en dit, p. Ç2. C'eft une plante qui s'attache aux arbres & qui y monte, comme le lierre : fes leuilles font (emblables à celles du citronier, & d'un goût amer: elles ont des nerls luivant leur longueur, de même que le plantin, Lortqu'elles lont mûres ,_ elles doivent être de cou- leur rouge pour être bonnes. Le Bétel porte dans les Ifles Moluques un fruit entortillé , qui relfemble à la queue d'un lézard ou d'un rat, que les Indiens appel- lent j'wrtt boa -, ils l'eftiment beaucoup plus que la feuille, parce qu'il eft plus rare. Il croit dans tous les lieux maritimes de l'Inde. Il croît fort bien aulli aux parties méridionales de la Chine , mais cependant moins bien quau pays de Decan, de Guzarate, de Canan, de Bifnagar, & autres des Indes plus tempérés; car il ne fc plaît pas dans les pays trop froids , comme dans la Chine feptentrionale, ni dans les pays trop chauds, comme le Mozambique & Sofala Ambaj}. de HoU. à la Chine. Vovez là-même fadefcription, &:c. P. II y p. S 6. Voyez aulîi XAmbaJ]'. du Japon , /j p. 2p. Il eft bien différent du Malabathrum , ou leuille d'Inde , avec laquelle les anciens Botaniftes l'ont confondu. Les Indiens mangent du bétel, le matin, l'après mi- di , le loir, & même la nuit , & ils en portent toujours entre leurs mains ; mais comme il eft amer ils le mê- lent avec VAréca & un peu de chaux, pour diminuer cette amertume-, & de cette manière ils le trouvent d'un goût très-agiéablei il y en a qui ajoutent du bois d'Aloës, de l'ambie ôc du mufc. Le bétel eft bon pour affermir les gencives , pour fortifier le cœur & l'eftomac , pour dilfiper les vents , & fur-tout pour empêcher la puan- teur de la bouche, à quoi les Indiens font fort fujets. C'eft pourquoi ils en portent toujours avec eux, & fe le préfentent par cérémonie. Cependant il noircit les dents, & fioncnabufe, il les ronge, & les fait tom- ber. ^ B ÉTELETTE. f. f. Vieux diminutif de bête. Bejîio- lia. Ch. Est. Dict. 03=- BETELFAGUI. Ville de l'Arabie heureufe , dans l'Yemen , environ à trente lieues de Moka. BETEMENT, adv. En bête. Stupidement. Un mouton qui va fur la foi d'autrui , eft celui qui fait bêtement ce qu'il voit faire aux autres. Notes fur les Fables de la Font. BETH. 1. m. Terme de Grammaire hébraïque. Beth j ou betha. C'eft le nom de la féconde lettre de l'alphabet hébraïque , qui eft le même que le B^Va des Grecs , & notre B. La forme decette lettre dans l'hébreu carré eft 3. Le beth eft une lettre fervile , ou une prépofition qui répond à Vin des Latins. Ce que dit Zuingle fur cette lettre eft finguUer; car , fi nous l'en croyons , ce n'eft point ici (Exod. FI j ^.) une prépofition , c'eft Terne I. BET 87^ un article. Un 3 beth y article , n'cft pas l'invention d uiie érudition bien profonde ; &: quiconque entend ainll l'hébreu, peut fans doute voir dans le tc.te ori- ginal de la parole de Dieu , bien deschofes qui n'y fu- rent jamais. P.Souc. DijJ'en. p. jos. Le /'(rr,^eftauin en hcbreu une lettre numérale , qui fignifîe deux ; & deux mille , quand il eft devant un nombre de cent Ce nom vient du mot hébreu , nia , baith, qui fî- gnifie maifon y parce que cette lettre, dit-on, en a la forme. Il faudroit donc prononcer baith y qui eft la forme abiolue de ce nom , & non pas beth y qui eft la forme conftruite; mais l'ufage en a autrement déci- dé, &l'on dit toujours /'df^. De cemots'eft formé en grec le nom du E«Ta , betha y ou vita. C'eft la forme fy- riaque & chaldaïque du nom de cette lettre. Beth , ou Bed. C'eft le nom que les Indiens donnent à leurs Livres facrés. Il ne fè dir guère qu'au pluiiel. Ils prétendent que Dieu donna à Brama quatre livres , où toutes les fcicnces & les cérémonies de la Rehgion des Brachmanes (ont comprifcs, & ce font ces quatres li-^ vres qu'ils appellent des bcths. BETHA. f. m. C'eft le nom d£ la féconde lettre des Grecs , que quelques-uns prononcent Fita y comme font les Grecs depuis plufieuis fiècles. Foye-:^ Beth. BÉTHANIE. Bethania. Bourg heth, mai- fon; & min 5 tfaiddi chalFe , ou généralement chofc bonne à manger , aliment. BETHSAiMES. Bethfames. C'cft un nom hébreu , qui fignifie maifûn du minijlère ^ow maifon du Joleil. Il eft compolé de r.O , maifon, & xuQw .foleil. La pronon- ciation hébraïque, que les Protcftans confervent d.ans leurs Verfions malgré l'uLige , eHlethfchemcfch j hethf- cemcs y ou heihfemes. C'étoit une ville lacerdotale de laTribudeJuda,7oy.'X^j 10 ^ & enluite ville Lévi- tique , ]of. XXI , 16. C'eft à Bethfames que les va- ches des l'hiliiïins ramenèrent l'Arche. ILiv, des Rois j VI, 12. Il y avoir encore deux aurres Bethfames. L'une dans la Tribu de Nephthah, Jof.XIX, sS ,lk l'autre dans la Tribu d IiT;ichar,au pied du montCarmel. Il eft évident que c'étoient les Phéniciens qui avoient donné ce nom à ces villes, puilquelalecondedontnous avons parlé ,n"étoit point aux Uraélites,qui n'avoient pûla prendre. liv. ^/ej/^/^'. /,j?i. De la il s'enfuit bien clairement, 1°. Que la langue phénicienne étoit la mcme que la langue hébraïque : i". Qu'apparemment ils nom- mèrent ainil ces villes, parce qu'ils adoroientle foleiJ, Quelques-uns appellent aullî Bethfames ^ ou Beth~ fémes j l'Héliopohs d Egypte. Foyei Maty. Il eft vrai que Bethfemes en hébreu c?c HéliopoUs en grec figni- fientla même choie , ville dufoleil ; mais l'ufage n'eft ■ point de dite en iïa.n(^o\s Bethfames ^cut HéliopoUs j, ni HéliopoUs ^ouï Bethfames. Le dernier fe pourroic fouifrir en latin. BETHSAMITE. f. m. & f. Bethfamites , Bethfamita. Habit.ansde Bethfames. Cinquante iviiWe Bethfamites d'entre le peuple, &: leptante de leurs chefs moururent lubitement pour avoir regardé l'Arche à découvert avec une curiofité peu relpectueufe. God, Il y a plufieurs interprètes qui prétendent que Dieu n'en fit mourir que loixante & dix. C'eft un fentimenc commun farmi les Rabbins, qui expliquent diftéremr menr cer endroit de l'Ecriture. Le Targum ou Para- phrafe chaldaïque de Jonathan dit que Dieu frappa [ept,\nze Bethfamites £< 50000 hommes de tout le peu- ple qui s'étoit alïemblé là. D'autres anciens Rabbins difent que Dieu ne fir mourir que 70 hommes, mais qui en valoient 50000 , parce que c'étoient les princi- paux du peuple ; ou bien qu'il hr mourir jocoo hom- me? , donc chacun en valoir 70 , ou valoit autant que les leptante Conleillers du Sanedrin. Abarhanel trouve ces explications trop tuées : il croit que ces J0070 lont tous ceux qui moururent à caule de l'Arche, tant Phiiiftins , que Bethfamites j & qu'il n'y en eut que leptante de ces derniers , delorre que c'eft comme fi l'E- crituredifoit , Dieu fit mourir lepamc Bethfamites ; ce qui joinr aux Phiiiftins , qui étoient aullî morts à cauic de l'Arche, fait en tout J0070. Cette interpréta- tion eltingénieule, & vient bien au texte hébreux, & même aux anciennes Verlicns. Des Auteurs Chr 'riens l'expliquenr encore autre- ment. Quelques- uns dilcnc que 'le iens eft: de 50000 , qui c^:oient là allemblés, ou de 50000 Habitans de Bethfames , Dieu en frappa de mort feptante. Tirin , Sandius, Serrarius, Mui.ina, Mendoza, croienrqu'on peut l'entendre de certe manière. Bochart veut qu'on le prenne .ainfi : Dieu fit mourir leptante Bethfamites y cinquante de mille, c'eft-àdire , la vingtième partie des coupables. De toutescesexplicationsc'eft la moins bonne. Au refte , un grand nombre d'autres Auteurs veulent qu'il y eût effcdivenient cinquante mille fep- tante Bethfimites j à qui leur curiofité coiita la vie. Tel eft le (cntiment entr'aut^es de S. Grégoire , de Theodorer, de Dcnys le Chartreux , Mendoza, Cal- vin , Juniu';, Corn, à Lapide , Scnarius. BÉTHULIE. Bechulia, Ville de la Terre-Sainte, dans la Trihu de Zabulon, d< non pas dans celle de Simeon , comme quel, ues-uns l'ont cru. Elle éroit fur une mon- tagne , & elle eft fnmeule par l'adion hardie de Ju- dith, la morr d'Holoferne & la délaite des Airyriens qui aftiégeoienr cette ville. Il y a eu aulli la Béthuiif des Francs , qui étoicune B E T ■ foiteieiïe que les Chrétiens firent bâtir fur le rommet d'une montagne, ou plutôt d'un rocher, & que les Arabes appellent Bcthlcl Frunki. BÉTHUNE , ou BÉTUNE. Ville des Pays Bas, dans l'Ar- tois fur la Biette. Bechun'a. Cette ville a io", 9', 39", de longitude, & jo", 31', 36" de latitude. Cassîni. fer BETHUNE. Rivière de France en haute Norman- die , au pays de Caux , qui a fa lource auprès de Gaille- Fontaine, & va fe perdre dans la mer, en travcrfant le port de Dieppe, après s'être jointe a la rivière d'Arqués & à l'Eaune. BÉTILLE. f. f. Sorte detoile. C'cll une efpèce demoullc- l'me.Line£ teU genus. Elle vient des Indes Orientales. $C? BETIQUE. Partie conddérable de l'ancienne Ef- pagne, ainfi nommée du Heuve Bétis. Elle comprcnoit î'Andaloulie , une partie du Royaume,& quelque chofe de l'Edramadure. BETISE. {. f. ^CT Ignorance crafle provenant d'un dc- fnut d'intelligence, /''oydç Bête. Stupide. Idiof. On ell èêie, par défaut d'intelligence. Stupide ,pa.t d:hut de fentiment. Idiot , par défaut de connoidance. Sio- liditas , flupor. La betife de ce valet n'cft pas conceva- ble. Le filence eft quelquefois un figne de jugement , &: quelquefois de bêtife. S. EvR. Etre toujours dans l'admiration, eft une marque de At-;i/i_, ou dune affec- tion qui approche de la Hatterie. Bell. C'eft fierté ou bêtife j que de ne point approuver ce qui mérite de l'approbation. Id. La bonne foin'eft plus quefoiblelle ou bêtife. S. EvR. ifT BETLIS. Ville d'Afie, au Curdiftan, principale ville d'unBey où. Prince du pays des Curdes, à dix journées de Diarbekir. BliTOINE. i. h Betonica. Plante vivace à fleurs en gueule. Sa racine eft grolfe comme le doigt, ik. garnie de plu- iieurs fibres longues & chevelues. Les feuilles qui en {jartent font oblongues, boirelées, velues , & portées lur des queues longues d'un pouce ou deux. Ses tiges font carrées, rarement branchues , hautes d'un pied & demi , chargées par intervalle de quelques feuilles op- pofées, plus alongées que celles du bas,& plus étroi- res. Ces tiges fe terminent par un épi de Heurs purpu- rines alfez preirées, dont chacune eft un tuyau découpé par-devant en deux lèvres. La fupérieure eft relevée , pliée en gouttière , & échancrée ; Ik l'inférieure eft di- vilée en trois parties ; le calice eft un cornet verdâtre , au fond duquel font contenues quatre petites femences oblongues. La bétoine eft céphalique. Antonius Mufa, Médecinde l'Empereur Augufte , en a recueilli les ver- tus dans un Traité particulier qu'il nous a laillé. On a tant attribué de bonnes qualités à la bétoine, que les Italiens difent en proverbe d'une perfonne qu'on veut louer beaucoup , qu'il a autant & plus de mérite que la bétoine. Tu haipiuvirtuchenon hà la betonica. Betonica vient de Vetones , peuples d'Efpagne,qui ont les premiers employé cette plante ; on croit que ce font les Béarnois. Pline dit que cette herbe s'appeloit yettonica dans la Gaule, en Italie, ferratula. ; & en Grèce caftron ou pfycotrophon, & que les Gaulois l'a- voient appelée vettonica à vetonihus. On prend la poudre de bétoine enguife de tabac. Elle eft acre & amère ; elle atténue, elle ouvre , elle abfterge. •Sur-tout on l'eftimedans les maladies du cerveau, du foie , de la rate , &c. Elle eft aulll diurétique 6c vulné- raire. Il y a des Médecins qui s'en fervent avec (uccès dans la goutte. BÉTON, f. m. Sotte de tnortier qu'on jette dans les fon- demcns, & quife durcit extrêmement. Signini operis Jlruclura. Le béton fe pétrifie dans la terre, ik devient dure comme un roc. Pomey. BÉiON. Protogala. Lait trouble & épais qui vient aux femmes nouvellement accouchées , & aux bêtes qui ont mis bas. Dict. de James. BETRE. f. f. Terme de Botanique. Quelques-uns don- nent ce nom au bétel , dont il eft parlé ci-devant : d'au- tres le donnent à une autre plante , qu'ils appellent poivre long du Bréfil. C'eft un arbrilfau haut de qua- tre ou cinq pieds: fa tige eft droite , noueufe , de la grofleur du doigt, d'un vert pâle, & marquetée de pe- tits points blancs. D;ins ia, partie lupéùeurc à l'endroic BET 877 de quelques nœuds elle jette des branches qui font auftl noueules & de la même couleur. Il lort à chacun de ces nœuds une feuille longue de cinq oufix travers de doigt ,'<.\: delà figure delà langue, d'un vert pâle, tirant lur le jaune, & dcTépailkur des feuilles de laurier. Il y a aulîl à chacun de ces nœuds un charonlong d'un ou deux doigts , ik gros comme une plume de cigne. Sa fcmence eft oblongue, noirâtre, & d'une odeur forte comme le gingembre, mais infipide, & de nul ufage : elle a la forme de poivre long. Le bois de la tige ell Ipongieux. Sa racine a quelque choie d'aromatique : elle a le goiit , la couleur & l'odeur du gingembre , fur- tout quand elle eft récente. On s'en lert pour apaifer les douleurs , pour diilîper les vents , & les tumeurs des pieds qui vient par le froid. Voyei Marcgr.we , de qui tout ceci eft tiré. BETTE , ou POIRÉE. f f. Eft une plante fort com- mune. Beta. Il y en a de blanche, de rouge , de jaune , & de plufieurs autres fortes. La blanche a les kuilles qui (ont d'un vert pâle. f^'oye^VoiV.i.. BETTERAVE.!, f. Eftune efpèce de bette, ou de poirée, ainfi appelée, parce que ia racine eil fort groffe^cSi qu'elle rellemble à celle de la rave. Elle eft de couleur de fang par dehors & par àeA^ns. Beta-rubra. On la fait cuire, on la coupe par tranches, & on en mange dans la fa- lade pendant l'hiver. Les betteraves font annuelles & ne viennent que de graine ; on les féme au mois de Mars, foit en plein champ , foit en bordures, ik il les fautfemer clair; au moins fi elles ont levé trop dru , il les faut éclaircir beaucoup , autrement elles ne vien- nent pas belles. Les meilleures betteraves font celles qui ont la chair la plus rouge -, leur fane eft pareillement fort rouge : elles ne (ont bonnes à prendre qu'à la fia d'automne , & tout Ihiver. Pour en avoir de la graine on replante au mois de Mars quelques - unes de celles de l'année précédente qu'on avoit garanties de la gelée. La graine s'en recuieille au mois d'Août ik de Septembre. La Quint. P.VI ,p. sjS' Ces graines (ont groifes comme des pois médiocres , rondes , mais toutes graveleules dans leur rondeur, jaunâtres, & fi lemblables à celles de la pcirée, qu'on ne les (auroit guère diftingucr les unes d avec les autres. La Quint. P. VI ip. Z'^Q. Voye-^ PoirÉe. Un iiei de betterave, fe dit figurément & dans le ftyle burlelque pour un nez rouge, dont la rougeur eft dans celui qui le porte, la marque d'un homme qui aime le vin. Rubicundus. Betterave. Sorte de mauvaife poire qui eft du mois d'Août. La Quint. H y a aulîîuneeipècede Pêche qu'on nomme 5erre- rave jOuPcche-betterave. Les Pcches-betteravesoY\t\3, chair groilière : elles nt lont bonnes que pour mettre en compote. BETUNE. f.f Onappelleainfi pardérifion, à Paris, un carrolle à un cheval , par allufion à bête - une. BET USE. f. f. Tonneau ouvert fur le côté avec une fer- meture à charnière-, où les palfreniers conlervent l'a- voine. On en a pour charrier du poiifon d'un étang à l'autre, quand on lève le peuple. BETUVE ( le ) BETUWE ik BETA W. Petit pays , au duché de Gueldres, dans la République Jes Provinces Unies. C'eft une île entre le Rhin , le Waal & le Leck. On croit que c'eit une partie de l'ancienne demeure des Batavesdontcepays porte le nom, avec quelque chan- gement. B E V. BEVAGNA. Petite ville d'Italie, voifine deSpello. Elle eft dans l'Umbrie. BEUBANT, ou BOBANS. adj. & vieux mot. Dur ,infizp^ portable , fier; quelquefois il fignifie appareil 3 orgueil, dureté. Gloff. des Po'éf. du Foi de Nav. BE VE AU , ou BEU VE AU ou BU VEAU, f m. Ce dernier eft le terme du P. Deran. Les Ouvriers cui difent ^i- T'i(3« ou 5ivet?tt, conferventmieux l'étvmologie du mot bivium , chemin fourchu. En effet , c'eft le modèle d'un angle quelconque reéliligne, curviligne , oui? plus fouvent mixte , pour former l'angle d'inclinaifon de deux furfaces qui fe rencontrent. Loj:fqu'clles (ont B7B BEU planes; on {cCcîtpom h iveau d'une fauterelle ou d'une [ faullc éqiîcrre à branches mobiles. Loiiqu une des deux : fuiface eft couibe , ou toutes les deux : le biveau eft j tin inÛrument de bois fait exprès, en forme d équcrre ! ftablci je veux due dont les branches ne s'ouvrent ni ne te ferment. Frezier. ^ BEVERLI , ou BEVERLAR. Petite ville d'Angle- terre dans la partie orientale du comté d'Yorck, ICTBEVELAND, ou la BEVELANDE. Contrée des Provmces- Unies, en Zélande. Ce n'étoit autrefois qu'une feule île formée par deux branches de l'Efcauti mais l'inondation qui furvmt en 1551, par une grande tempête, rompit les digues, noya une partie de cette île, & en forma trois iNord-Beveland Sud - Beveland, ou Zuit-Beveland ; & entre deux, 1 île de Volfers-Dyck. 'BE'VERARlE'N.i. m. Beverarius. Voyez Bersarien. isM BEVERGEN. Petite ville d'Allemagne , au Cercle deWeftphalie. fCJ-BEVEKLEY, BEVERLAC,BEWERLEY, & BE- XSf/'ERLAC. Petite ville d'Angleterre, en Zorckshire. ^ BEVERUNGEN. Petite ville d'Allemagne, au Cer- cle de Weftphalîe , Evcché de Paderborn. BEUF. Voyez Bceuf. «1^ BEUFFLE. roye^BvvvLE. BEUGLE, f. f. On nomme ainfi dans quelques Provinces de France , cette efpèce de greffe étoffe de laine , qui s'appelle plus ordinairement ^z^re. BEUGLEMENT, f. m. Mugitrement, cri du taureau, du bœuf, de la vache , Boatus. BEUGLER. V. n. Mugire , Boarc. Ménage dérive ce mot qui fignifie proprement le cri dun bœuf , de bucu- larc , qui a été formé de buciila , quoique Pafquier croie qu'il a été fait par onomatopée. On dit figurément d'un homme qui a la voix forte , rude & dllfonante , qu'il beugle au lieu de chanter ; & méthaphoriquement de celui qui a une groire voix , femblable à celle d'un bœuf. Ce chanteur nous a beuglé l'Inconftant. M^ de Sev. BEUILLER. v. a. Vieux mot qui fignifie regarder de près & avec attention: de beu & d'euille , c'eft- à-dire , de bœuf Se d'œil, comme qui diroit , regarder avec de gros yeux de bœuf, tels qu'Homère en donne à Junon. LaMonnoye. L'Auteur de la Traduction builelque de Virgile en vers bourguignons, i/z-/2Dijon, 1718, s'eft même fervi du verbe réduplicarifre^m//er, p. 43 du I. Livre. Volé voifé de vot deux eullle j . Et pu je beuille i'/i^rebeuillcj Pu je voi qui ne manque lai y Que ceu que j'aivon vu niai. C'eft-à-dire , pour ces deux derniers vers , plus je vois qu'il ne manque là que ceux que nousavonsvu noyer. BEURRE, f. m. Subftance gralfe & ondueufe , féparée du lait épailli en le battant. Butyrum. Le lait a trois fubflances , le fromage , le beurre , & le lait clair. On fait du beurre, principalement avec le lait de vache, d'où il a pris Ion nom qui vient du grec ^«Tupoï. Les Grecs n'ont prelque point connu le beurre , ou ne l'ont connu que tort fard. Homère, Théocrite, Euripide, & tous les autres Poètes , parlent fouvent de lait &: de fromage, jamais ds beurre. Arittote a ramairé plufieurs chofes remarquables touchant le lait & le fromage, dans fon //i/?. des Anim. Liv.IIIyC. 20 , &2f.l\ n'a pas dit un mot du beurre. Pline dit , Liv. XFIfl, c. ç , que le beurre ézok un mets déhcieux chez les nations barbares, & qui diftinguoit les riches d'avec les pauvres. Martin Schookius a fait un Traité da b e urre Ci exzâ, qu'il n'y a aucune queftion qu'on puitTe faire fur cette matière qui n'y foit décidé, Schoockius de Bucyro & averjlone cafei. Il commence par propofer tous les dif- férens noms hébreux, grecs , latins, & Allemands, qu'on a donnés au beurre, & il en recherche les éty- mologies avec beaucoup de foin. Il examine file /'dz/r/'e étoit déjà connu du temps d'Abraham, &: fi ce fùtde , ces mets qu'il régala les crois pèlerins qu'il retira chez lui. De-làU vient auxScythes,& recherche de qu'elle BEU manièiTeils faifoientle beurre. Il parle des diverfcs cou- leurs qu on donne aabeurre , Se de celle qu'il prend de lui-mcme. Ilenleigne cumment on peut lui rendre fa couleur naturelle , comment il taut le battre & le laler, ôc donne des préceptes pour corriger tous les accidens qui y peuvent turvenir. Il dit que fans l'induflrie des FloUandois , il n'y auroit point de beurre dans les Indes j qu'en Elpagne le. beurre n'eften ufageque pour les ulcè- res , & que le meilleur opiat pour avoir les dents bel- les , c'cli de les trotter avec du beurre. On appelle par tout le monde les Hollandois Botor- boeren, c'eft a- dire , Payfanà beurre. En France on dit Mangeurs de beurre. On trouve les Rcglemens de Police fur les beurres dans le Traité de la Police de M. de la Marre, T. /, p. 1 24 3 & L. IV i T. VII i p. )j6. Dans l'Inde le beurre fe fait dans le premier pot qui tombe fous la main. On fend un bâton en quatre , Si on l'étend à proportion du pot où eft le lait : enluire on tourne en divers lens ce bâton par le moyen d'une coidq, qui y eft attachée , &c au bout de quelque temps le beUrre le trouve tait. Lettr. éd. On a fait du beurre non- feulement de lait de vache , mais encore delait de brebis & de chèvre , &: même de lait de cavale , d'anefte. Voye^ Boch art , B.Lero\. P. I y Liv. II i C. 4 s 3 & Vossius , De orig. & prog. Idolol. Liv. III c. 64. LesanciensChrétiens d'Egypte, dit Clément Alex. Pitdag. L. I.C.6 , brûloient du beurre dans leurs lampes au lieu d'huile. Les Aby ilins retiennent encore quelque chofede lemblablcau rapport de NiCol. Godignus de AbaJJln. reb. L. I , c. 23 \ car il dit qu'au lieu d huile ils mettent de la graille dans les lampes qui brûlent de- vant l'Autel. Clément Alexand. y trouve du myftère. Voiîuis qui parle du beurre & de fes bonnes & mau- vaifes quahtés , De Idol, Lib. III j c. 64, fur la fin , remarque que les Romains ne s'en tcrvoient qu'en re- mède, & n'en faifoient point un mets. En effet, Pline, Liv. XXVIII, c.p, l'appelle un manger des nations barbares , dont les feuls riches f e régaloient. Beurre /raij. Recens coaclum. C'eft celui qui eft battu depuis peu. Beurre falé.Salfum. Celui qu'on garde par le moyen dutel. Beurre fort. Acre. Celui qui eftg.îté. Se qui prend augcficr. Beurre refait. Denuofubaclum. Celui qui eil relavé , Se repaîtri de nouveau. Beurre noir. C'eft un éfwrre fondu qui a quelque temps bouilli dans la pocle. PoT A Beurre, un pot de grès rond Se haut, où l'on mctdu/if«rre/a/tf'pour le conlerver : Se on dit populai- rement des formes de chapeau , quand elles font trop hautes , que ce font des pots à beurre. Il y avoit ci-devant dans les Eglites un tronc pour le beurre , pour la pcrmiiîîon qu'on donnoit d'en man- ger le Carême. A Notre-DamS il y a la tour de beurre. Il y a aulîl à la Cathédrale de Rouen une tour appelée la tour de beurre, parce que George d'Amboife, Ar- chevêque de Rouen en ijoo, voyant que 1 huile man- quoit dans ton diocèfe pendant le Carême , permit l'ufage du beurre , à condition que chaque diocèfain payeroit fix deniers tournois : & de la fomme qu'on amalfa, on en bâtit cette tour. Il y en a encore une fort belle à la Cathédrale de Bourges, qui porte le même- nom. Il mefemblequeM. Cathérinotdit quelque part que c'eil parce que pour la bâtir on mit un droit fut tout le beurre qui entroit dans la ville. Beurre, fe dit de plufieurs opérations deChimie. Beurre d'antimoine, beurre d'arfenic, beurre de cire, beurre de Saturne, (Se. Voyez Antimoine, &c. On dit proverbialement , promettre plus de beurre que de pain ; pour dire, amulerune perfonne par de belles promelfcs. On dit aulfi , en voyant des contufions qui rendent les parties proches des yeux livides, que ce font des yeux pochés au beurre noir. On dit aulh d'une perfonne , qu'on lui ôte fon bon beurre, quand on lui ôte quelque chofe , quelque liqueur qu'elle elH- moit beaucoup. On dit encore : il ne faut pas tant de beurre pour faire un quarteron, loifqu'on propofe un expédient pour faire une chofe facilement, qu'on croyoit fore difficile. Ces proverbes font très-bas. BEU Flotte de Beurre, f. f. Nom d'une efpèce de coquil- lage marin. BEURRÉ , ÉE. adj. Qui ie(remble en quelque forte à du hcnut. Pinguis. Ilfedir de la chair de quelques huics. En fait de poires crues, j'aime en premier lieu celles qui ont la chair beurrée. LaQuint. La poire de bon Chré- tien d'hiver n'eft pas ^tfz^rreV. Id. La maturité de la plu- part des fruits beurrés paife comme des éclairs, elle n'eft pasfitôt arrivée qu'elle dégénère en pourriture. Id. ÇCFEEURRE. f. f. Sorte de poire fondante , ainli nommée parce qu'elle fond dans la bouche comme du beurre. Pyrum butyraceum. C'eft une excellente poire. Elle eft grolTe, d'une belle figure, d'un beau coloris. Son eau eft douce & abondante , quelquefois parfumée : fa chair fine bc délicate , d'un goût relevé. Trop mûre , elle devient pâteufe & iniipide. L'arbre qui porte ce fruit, réulîît également lur franc & lut coignallîer, & dans toutes fortes de terrains. Il charge beaucoup tous les ans. Il y a différentes fortes de beurré , rouge , gris , vert , doré , qui , félon la Quintinie , ne font point des efpèces différentes , toutes ces variétés ne provenant que de la différence de l'expofltion , de la vigueur de l'arbre, ou de la branche fur laquelle le fruit eft venu. Cela eft démenti par l'expérience. Il y a un beurré blanc qui s'appelle beurré blanc d' Automne ; un beurré doré ; un beurré d' Angleterre , autrement poire d'Angletetre , qui eft plus longue que ronde , reffemblant par fa figure & fa groffeur à une belle verte-longue , mais non pas pat Ion coloris i la peau en eft unie, grile, verdâtre, chargée de piqûres rouiles , la chair fort tendre & beurée , bien de l'eau qui eft agréable. Sa chair eft d'ordinaire farineule : elle molit aifément, & même fur l'arbre. Elle vient en été. LaQuint. BEURRÉE, ff. Enduit, ou couche de beurre fur du pain. Panisbutyro ïllltus. Je voudrois que vous l'eulliez vue les matins manger une beurrée longue comme d'ici à Pâques , & l'après-dînée croquer deux pommes vertes avec du pain bis. M. de Sev. BEURRER. V. a. C'eft étendre du beurre fur quelque choie. Butyro condïre. Beurrer du pain. Le pain eft fuf- fîfamment beurré. On ne le dit guère que dans les Pro- vinces. Beurrer , en termes de Pâtifîîers, c'eft faire tremper dans du beurre. Butyro condïre. Beurrer des choux. Beurrer un poupelin. BEURRIER, 1ÈRE. f.m.&f. Marchand & marchande de beurre , qui fe dit particulièrement d'une femme qui vend le beurre en détail. Qui, qu&butyrum vendit. Et on dit des méchans livres , qu'ils vont à la beurrière, parce qu'elles ont befoin de méchant papier pour en- velopper leur beurre. Les Règlemens de Police pour les beurriers Se beurrières , font rapportés par M. de la Mare , Traité de la Police , Liv. I , T. V^III. c. ^. Poire delà BEURRiâRE. ^oyeç Bergamotte d'été. ^^ BEUSE VILLE. Il y a, en Normandie, deux bourgs de ce nom : l'un avec titre de marquifat , au dioccfe de Coutance , furlaDouve: l'autreau dioccfe de Lifieux, entre Pontaudemer& Pont-1'Évêque. gCFBEUTHEN. Bethonia. Petite ville deSiléfie, fur l'Oder , au Duché de Glaugau. ■^Cf* Beuthen Autre ville de Siléfie, au Duché d'Op- pelu , fort proche des frontières de Pologne. BEUVANDE. f f. Foye^BuvANOE. BEUVANT. /^oyeç Buvant. BÉU VANTE, f. f. On nomme ainfi dans le commerce de mer, un droit qu'un maître de barque ou de navire fc réferve lorfqu'il donne fon vaiffeau à fret. Ce droit fe règle fuivant la grandeur & le port du vaiifeau. BEU VE. f. f. Nom propre de femme. Bova. Sainte Beuve, ou fainte Bove , que pluiieurs étrangers appellent fainte Bonne par corruption, tiroit fon origine d'une race fi illuftre qu'on la croyoit du fang royal, & parente de Dagobert. Baillet. Elle fut élue en 659, première Abbeffe du Monaftère de faint Pierre , bâti par Baudry fon frerc. Au refte , il faut dire Beuve , & non pas Bove , avec M. Bailler : c'eft l'ufage. Il y a des familles de ce nom ; & l'on ne dit pas M. de fainte Bove a fait unTraité de la Confirmation, & un de l'Extrême-Onîtion , ni BÊY 87P M. de fainte Bove étoit un habile Cafuifte , mais M. de fainte Beuve. Ç^-BEVUE. Cf. Erreur groflîcre , méprife où l'on tombe par ignoranceoupar inadvertance. Error, erratio , erra- tum. C'eft une ettange bévue de prendre le nom d'un homme pour celui d une ville. Attribuer à un Auteur ce qui appartient à un autre , c'eft une bévue. Quand les Vocabuliftes dif'ent : Bayer, verbe neutre , & qu ils ap- portent pour exemple : Que bayc^ - vous la , depuis deux heures , c'eft une bévue. Ceux qui n'entendent rien aux affaires, fontfujetsà faire bien des i^ev^ej. Ménage dérive ce mot de bis veduta , parce que les objets qu'on voit doubles, font connus imparfaitement. En termes d'Imprimerie, on appelle /-eVi/e, la fiute qu'on fait quand on tire des formes de diverfes figna- tures l'une fur l'autre. BEUVERIE, f f Vieux mot. Ivrognerie. Dacicrfur Ho- race,in-11 , Paris ,iyoc,, T. IX:, p. /./f. Rabelais; Prop. des Buveurs. Il fignifie aulîiboiflbn.CH. Est. Dict. BEUVETTE. F'oye:?; Buvette. BEUVETIER. royer Buvetier. BEUVEUR. /V^T Buveur. BEUVON. {. m. Nom d'homme. Bobo. Saint Bobon , que nous appelons communément faint Beuvon, Se les Italiens Sam - Bobo , naquit en Provence dans le château de Noguiers , vers les commencemens du rè- gne de l'Empereur Othon I, & du Roi Louis d'Outre- mer. BEUVOTTER. Fbyeç Buvotter. BEUVRIÈRE. Foyei Milan de la Beuvrierx. C'eft une forte de poires. 0::? BEU VERONE. Rivière de 'France, d.ans la Brie, qui a fa fource dans la paroiffe de f ainr Vie , palfe à Grelly , Goville , & Claye , & tombe dans la marne au-dcilus d'Anet. Son vrai nom eft Breuronne. IfT BEUVRON. Bourg de Fiance en Normandie, dans le pays d'auge , avec titre de Marquifat , appartenant à la maifon d'Haicourt. fjCT Beuvron. Rivière défiance, dans la Sologne, qui a fa fource dans l'éleélion de Gieu, & fe jette dans la Loire , entre Choufi & Onzain, au-deffous de Blois» B E X. BEXUGO. f m. Racine du Pérou , dont parle Clufius, farmenteufe prefque par-tout, aullî groffe que le doigt ; les endroits les plus déhés reffemblcnt àlaviorne. Elle purge à la dofe d'une dragme. Les Indiens la préfèrent au méchoacan. BEY. BEY. f m. Terme de Relation, Gouverneur d'un pays ou d'une ville dans l'Empire Turc. Le Beyàz Milîtra. On appelle bcyglière y le vaiffeau ou la galère que monte le Bey. Ce nom , que les Turcs écrivent Begh j ou Bek j ou Beg j comme écrit La Boulaye , & qu'ils prononcent louvent Bey j d'où le mot françois eft venu , ce nom dis-je,eft un mot turc, qui fignifie proprement Sei- gneur; mais on l'applique en particulier à un Seigneur de bannière , que l'on appelle auilî dans la même lan- gue Sangiakbeghi j ou bey fangiak ^ qui fignifie ban- nière , on étendart chez les Turcs, & la marque de ce- lui qui commande dans un heu confid érable de quel- que Province. Il eft le chef d'un certain nombre de fphalis, ou cavaliers entretenus d'une Province. Tou- tes les Provinces de l'Empire Turc font divifées en plu- fieurs de ces fangiaks , ou bannières , & chacun de ceux qui en (ont pourvus, fe qualifie AtBey, ou San- giakbeghi ; & le Gouverneur général auquel ils obéif- fent en chaque Province , porte le titre de Beeohiler- Beghi, Se Bryler-bey j qui fignifie Seigneur des Sei~ gnelrs , ou des Bey s de toute la Province. Ces Bevs font à-peu près ce qu'étoient autrefois en France les Chevahers Bannerets. d'FIerb. Voye^ les Voyages de la Boulaye ,0. SS4- BEY A , eft fynonyme eu jargon alchimiftcj à eaii 88o BEZ N mercurielle. C'cft la femme du Gabrkn, ouloufre des Philofophes. BEYNES. Lieu du Hainaur. Il y a des Lettres de Louis XI, données à j5e>«ej en Haynaut, le 5 Août 1461 , par lelquelles il ôte 1 Oiiice de Chevalier du Guer à Philippe de la Tour. BEYUPURA. r. m. Poiflon de la mer du Bréhl, qui eft fort gras, d'un bon goût i^c fain. Il ell long de lix ou lept palmes. Il a le dos noir tk le ventre blanc, & approche fort de l'ctur^eon de Portugal. On le prend avec l'ameçon dans la pleine mer. BEZ. BEZA. Nom d'une Divinité . adorée à Abydc. Fcye^ Beza. fCTBEZANlTES, ou BEZANIENS. Nom d'une fede imaginaire qui s'éleva, dit Prateolas, & ceux qui l'ont copié , fous l'Empire de Charles V, <ïc fous le Pontificat de Jules III, vers l'an i jjo. Lindanus avoir dit la mê- me chofe avant lui. Ce qu'il y a de certain, ditBayle , c'eft qu'il n'y a point eu dans le XVI hècle de perlon- nes qui , en qualité de dilciplcs de Théodore de Beze, aient fait ledle à part. BEZANS. f. m. pi. Toiles de coton qni fe tirent de Ben- gale. Il y en a de blanches & de r.ayées de divcrle couleur. BEVANT. Foyei Bezant. fCFBEZAT. Bafia, ou Befara. Ville d'Afrique, au royaume de Fez , dans la Province de Habat» BEZESTIN , ou BEZESTAN. f. m. Terme de relation. Marché, halle, lieu où (c vendent diftércntes mar- chandifes à Andrinople & dans quelques autres villes desEtatsdu Grand-Seigneur. Forum nundinale , atrium, pordcus nunàlnaria.Aa- delà de cette molquée, (la mof- quée neuve à Conilantinople ) font les deux Be^ejlins, le vieux & le neuf, allez près l'un de l'autre. Ce iont deux grandes places carrées & couvertes, dans lefquel- les fe vendent tous les jours de l'année les chofes qui fervent plus au luxe qu'a la nécelîîté. On vend dans le vieux de beaux harnois , les cimeterres enrichis d'or, d'argent & de pierreries, les porcelaines, & enfin tou- tes les gentilleites de la vanité-, dans le neuf on y vend les tapis & les étoffes d'or j d'argent & de foie. Du Loir, Jl: S». BEZET. f. m. Terme de Triélrac , qui fignifie deux as , en dez, Luforu cejjer£ monas gemlna. Ce mot vient de bïs , & as. On dit dans le même Tens ambefas. fd* BEZETTA. f. m. Crépon ou Linon très-fin, teint avec de la cochenille dont les kmmcs le fervent pour le larder- BEZL Voyei Besi. BEZIER. f m. Poirier fauvage qui porte beaucoup de fruit fort menu & fort âpre. Les poires s'appellent bejles , be^iallcs. On en peut faire un bon fruit en les cuifant, telles que font ks Befies d'Heri ik del'Echaf- fière. Dicl. des Arts 1731. Voyez Befi^ & ce qu'en dit M. Huet dans le II Tom. de fes Differtations re- cueUiies par M. l'Abbé de Tïlladct , p. rjj. BEZIERS. Ville épifcop.ile de France, dans le Languedoc, fur une colhne, autour de laquelle palfc la rivière d'Orbe. Pline l'appelle BlïtcrrA Septïmanorum. Ptolo- mée l'appelle BajTi>ai ,Bctir£. Cafaubon a cru que c'é- toit une faute, & qu'il falloir un L, BAîT'yiai-, mais il s'eft trompé. Julien de Tolède, Grégoire de Tours, l'Appendix de Frédégaire , la Table de Peutinger & ytthius difent Betcrras. flolllcnius dit que M. Pcyrefc lui avoir fait préfent d'une médaille, fur Laquelle on liloit B«7»fpa1o., qu'ainfi il faut à'ne. B(Xtcrra, Ba'e- raruni prdnno, M. de Lauriere croit que le mot bïans j, ou bïaïns , vient de ce que ces corvées le bannilloient, c'eft à-dire , fe proclamoient. M. Hevin le dérive du mot biens j parce que ces corvées étoicnt ducs pour la récolte des biens de la terre. Il en clt parlé dans 1'////" toire di Bretagne. BIAIS^ 1. m. Terme relatif, qui lignifie proprement tra- vers, ligne oblique , urégularité. Ohliquïcas. Le biais d'une mailon, d'une chambre, dune cour, d'un jar- din , o'c. <)n plante du bois pour cacher le bïaïs , l'irrégularité d'un terrain. Sauver un biais, c'eft le faite dilpatoître par le moyen de l'art. Couper une étoile de biais , c'eit la couper obli- quement. La couper du bon, du mauvais biais , c'clt la couper du bon ou du mauvais fens, relativement à J'ufage qu'on en veut faire. Les Maçons appellent biais gras ^ Se biais maigre j, et que les Géomètres appellent an^/c vbius j Ck a'n^le BIA iij";^;éçb. s'appelle ainfi à caule du trait géométri- que,: gui' te-iuit ou par équarrillement , ou par paji- iicauiu. -On dit, corne de bceuf , ou corne de vache , quançt'-^gs ouvertures ;ni les pallages que l'on fait de cette iyrcc, lont leukment de biais d'un côxé. Ce .mot viçiii de l'ancien Gaulois hikan , c'cft-à- à'iic,: c'eft de-là que lui venoit (on nom, qui eft dérivé de biho , je bois. Edélîe préddoit à la bonne chère, /'^oyeij Saumaife fur Spartien,/'. 1^6 de \Efl. Aug. BIBIANE. f. f. Bibiana. Nom de femme , dont nous avons fait Vivienne. Sainte Bibiane ^ ou Vivicnne , Vierge & martyre , fouffrit la mort fous Julien, & eft honorée le deuxième Décembre. BIBI MARIAM. Dame Marie tres-chafle ,qui a eu Jefus pour Fils. C'eft ainfi que les D.ames du Mogol appel- lent la Sainte Vierge, pour laquelle elles ont de la dé- votion , 5c dont elles voient volontiers l'image. Elles racontent à fon honneur une infinité d'hiftoiies apocry- phes. Obf fur les Ecrits mod. T. XXX F, p. i 64. BIBLE, i. i. Livre par excellence qui contient la Sainte Ecriture, l'Ancien & le Nouveau Teftamcnt. Bihlia. La Bible ^ le pfincipal fondement de l'Egliie Catho- lique, qui a pris des Juifs l'ancien Teftament. LesEvan- géhftcs & les Apôtres ont écrit le nouveau. L'uiiginal de l'ancien eft en hébreu , à la rélerve de quelques li- vres qu'on n'aqu'en grec.L'index,ou table des livres que contient la bible s'appelle canon. Le Concile de Trente l'a donné dans la Seiîicn IV. Tout ce qu'on y ajoute par une ancienne coutume , comme l'orailon de Manalsès , le troifième & le quatrième Livre d'Eldras , ne (ont . point de la bible. Voyez Canon. Les Bibles hébraïques font , ou manufcrites , ou imprimées. Les meilleurs exemplaires manuicrits de la bible en hébreu font ceux qui ont été copiés par les Juifs du RitEfpagnol. Il y en a plufieurs de cette forte dans la Bibliothèque du Roi. On en trouve aufti quel- ques-unes dans la bibhothèque des Pères de l'Ora- toire de Paris. Les bibles hébraïques manufcrites , qui ont été écrites par des Juifs du Rit allemand, ne font point exaétes. La plupart de celles qui (e trouvent en manufcrit dans la bibliothèque de Sorbonne , & dans celle NL Cplbert, (ont allemandes. On diftinguc facile- ment les unes d'avec les autres par les caradères. Les efpagnoles font écrites en beaux caïadères , tels que (ont ceux des bibles hébraïques de Bombergue , d'E- tienne & de PLantin. Les allemandes font dans ces ca- radlières que nous voyons dans la bible hébraïque de Munfter, dans les éditions de Griphe , &: dans les pre- miers livresque les Allemands ont publiés en hi:breu» M. Simon a prétendu que les plus anciennes biblcsht- braïques manufcritesnepaftbientpoint fix ou feptcens ans : &eneft"et R. Ménahem de Lonzano, qui en a cité un allez grand noinbre, ne donne pas plus de 6cio ans aux plus anciennes. Les plus anciennes bibles hébr.aïques ont été impri"* mées par les Juifs d'Italie , principalcrnent à Péfaro 8c à Brcfcc. Les Juifs de Portugal ontaulînmpriméquel- ques parties de la bible hébraïque à Lisbonne.avant qu'ils fuirent chaires. On eo tloUve wn exemplaire dans la T 1 1 1 1 ij 884 BIB bibliothèquedu Roi. On remarquera en général que les iTieilleures bibles hébraïques imprimées lont celles dont les JuiFs ont pris le foin; car il y a tant de minuties à obfcrver dans l'impreilion de ces bibles ,<\ni\ tH difti- cile que des Chrétiensy réulliflent, & toutes fortes de Juifs même n'y l'ont pas propres. Il faut qu'ils aient une connoiirance exacte de la MaHbre,qui eft une efpèce de critique du texte hébreu de la hlïble. _ Daniel Bombergue a imprimé à Venife au commen- cement du feizicme ficelé plufleurs bibles hébraïques ïn-4' S^'in-folïo, qui la plupart ont étéefliméesparles Juifs & par les Chréûens. La meillerue eft celle qu'il publia in-folio en ip6,avec la Malfore & avec les Commentaires deplufieurs Rabbins. Il y a àla tête de cette édition une préface en hébreu de R. Jacob Ben- chajim: on la nomme ordinairement l3.Jecoride édition pour la diftinguer d'une autre édition in-folio peu exade, quelemême Bombergue avoir pubhée en i J17 avec les commentaires des Rabbins. Elle s'appelle com- munément la bible de Félix Pratenfis , du nom de ce- lui qui en a pris le foin , & de qui Bombergue avoir appris la langue hébraïque. Elias Lévita &c les autres Juifs n'eftiment point cette édition. Le même Bombergue publia en 1 548 une féconde édition delà ^i/7e hébraïque i/2-/o/io de R.Jacob Ben- chajim , qui eft la plus parfaite Ôc la plus cxaéfe de tou- tes. On la diflingue de la première du même Rabbin par le commentaire de R. David Kimchi fur les Parali- poménes,qui n'eft point dans les éditions précédentes. Cette édition eft la troifième de celle de Bombergue in-folio, & on la nomme néanmoins quelquefois la féconde , par rapport à la première de R. Jacob Ben- chajim. C'eft fur cette édition, que Bcixtorflepereafait im- primer la /li^/d hébraïque des Rabbins, àBâle^en 1618 ; mais il s'y rencontre plufieurs fautes , principalement dans les commentaires des Rabbins où ce favant hom- me a corrigé quelques endroits qui étoient contre les Chrétiens. Il parut en la même année à Venife une nou- velle édition delà bible des Rabbins, dont l'Auteur eft Léon de Modène, Rabbin delà même ville , qui pré- tend avoir corrigé un grand nombre «de fautes qui étoient dans les éditions précédentes ; mais outre qu'elle eft fort inférieure aux autres bibles hébraïques de Ve- nife in-folio, pour ce qui eft des caraétcres & du pa- pier , elle a pafFé par les mains des Inquifiteurs , qui ont tait retoucher en quelques endroits les commen- taires des Rabbins. Pour ce qui eft des bibles hébraïques in-quarto , on eftime celle de Robert Etienne, à caufe de la beauté des caractères ; mais elle n'eft pas exacte. Plantin a aulll imprimé plufieurs bibles hébraïques à Anvers, en fort beaux caraétcres , femblables à ceux de Bombergue. La meilleure de fes éditions eft celle in-quarto, de 1566. Menaflé Bcn-Ifraël , favant Juif Portugais , a publié deux éditions de la /^i/^^/e hébraïque à Amfterdam, une in-quarto , & l'autre i/7-oc/«vo. La première qui eft de 165 j eft la meilleure: elle eft à deux colonnes, ^par conféquent commode pour la leéture. R. Jacob Lombrofo a pubhé une nouvelle édition delà bible in-quarto, hVeniCe, en 163 4, avec de petites notes lirténales au bas de chaque page. Il y exphqueles mots hébreux difhciles par d'autres mbts Efpagnols. Cette bible eft fort eftimée par les Juifs du rit efpa- gnol, cjui font àConftantinople. On y a marqué d'une petite ctoillc dans le texte , les endroits où il faut lire le point cames par un cames hatouph j c'eft-à-dne , par un o Si non pas par un a. De toutes les éditions de la bible hébraïque in-S° les plus belles & le plus exaétes font les deux de Jo- fcph Athia, Juif d'Amftctdam. La première, qui eft de meilleur papier, & de 1661 , eft moins exaéte que la féconde qui eft de i66j , de que l'on préfère à l'au- tre ; mais celle qui en a été faite à Amfterdam, en 1 70 j, par les foins de Vander Hoog,vaut encore mieux. Il y a une Préface de l'Editeur qui eft utile. Depuis Athia, trois Mcbraïfms Prorcftans ont tra- vaillé à la révilion &cà l'édition de la bible hébraïque , Clodius , Jablonsjii , \' Opitius. L'édition de Clodius, BÎB faite à Franc-fort, en 1 677, fn-^K^r^o j contient au bas des pages des variantes, tiiées des éditions précédentes. L'Auteur ne favoit point aflcz l'art des acccns , fur- tout dans les livres poétiques. D'ailleurs, comme l'édi- tion ne s'eft point faite fous fes yeux , il s'y eft glitré beaucoup de fautes d'imprefUon. Celle de Jablonski, à Berlin, en 1699, in-quarto ,eft fort belle pour le caractère hébreu & le papier ; mais quoiqu'il dite qu'il a profité de celle d'Athia &c de Clodius , quelques Critiques trouvent qu elle nefl prefque point différente de celle de Bombergue, in- quarto. Jablonsld y a joint une Préface utile & la- vante en f on genre. Celle d'Opitius eft aufli in-quarto , à Kiel , en 1709 : le caractère eft gros & afTez bon , mais le papier eft mau- vais. Elle eif faite avec beaucoup de foin, maison n'a confulté que les manufcrits des bibhothèques d'Alle- magne. Ceux de France fourniroient de meilleurs f"e- cours, & en plus grande abondance j mais aucune de ces éditions ne les a eus. Au refte, elles ont cela de commode , qu'avec les divifîons des Juifs . tant générales que particulières , en paraches & enpefuchim , on y a joint celles des Chré- tiens , ou des Bibles latines, en chapitres ik en vcrfetsj des f ommaires latins aux marges, le'^ Kerihetib , ou'va- riantes hébraïques, &c. Ce qui eft d'une très-grande utihté par rapport à. nos éditions latines , (Se aux con- cordances de la Bible. On eftime beaucoup la petite Bible hébraïque de Robert Etienne , in-Jei::[e , à caufe de la beauté des ca- ractères. Il faut néanmoins prendre garde qu'il y en a une édition tout-à-fait femblable qui eft de Genève; mais qui eft fort inférieure , loit pour l'impreflîon , foie pour la correction du texte. Outre toutes ces Bibles hébraïques, il y en a quel- ques éditions fans points voyelles, in- ocla^'o & in-vingt- quatrc. Ceséditions font recherchées par les Juifs; ce n'eft pas qu'ils les croient plus exaétes que les autres; mais parce qu'elles font plus commodes , &: qu'ils s'en fervent dans les Synagogues & dans les écoles. Il y en a deux éditions fort belles de Plantin, dont lune eft i«- ccîavo, à deux colomnes > & l'autre in-vingt-quatre, queRaphélengue a réimprimée à Leyde-, en 1610. Il y en a aulli une édition de Henri Lauiens, à Amfterdam en 165 1, qui eft in-oclavo, & en plus gros caraétère. On a fait une nouvelle édition in-dou^eï Francfort , en 1694, de ces Bibles hébraïques fans points voyelles. Cette dernière édition, où l'on a mis à la tête une Pré- face de M. Leufden, eft remplie de fautes. Bibles Grecques. Il y a un grand nombre d'éditions de la^i^/e en grec; mais elles peuvent être toutesréduitesà trois ou quatre principales; fçavoirà celle de Complute ou d'Alcala deHenarès, à celle de Venife, & à celle de Rome. La première fut publiée en 1 5 1 j , par le Cardi- nal Ximenès, & inférée dans fa 5i/'/e Polyglotte, qu'on nomme ordinairement la Bible de Complute. Quoique cet illullre Prélat eût de bons manufcrits grecs de la Bible , ÔC qu'il eût employé à ce travail des perfonnes lavantes dans la langue grecque & dans la critique. Ion édition n'eft point lîdelle , parce que le grec des Sep- tante a été retouché en plufieurs endroits fur le texte hébreu. Cette édition a été réimprimée dans la Bible Polyglotte d'Anvers, dans les Polyglottes de Paris, ôc dans la Bible a. quatre colonnes, qu'on appelle com- munément la Bible de Vatable. La féconde édition de la Bible grecque eft celle de Venife , en i j 1 8. On y aimprimé le texte giec des Sep- tante , tel qu'il a été trouvé dans le manufcrit ; c'efl pourquoi elle eft pleine de faute de copifles ; mais il eft aifé de les redreffer. Cette édition a été léimpriméeà Strasbourg, à Bafle , à Francfort, fe trouve dans la Bible deThéodulphe, Evêque d'Or- léans , qui mourur au commencement du neuvième iiècle : il n'y a qu'un mot dcdiftérence qui ne change. rien au (ens. Ce rare manufcrir étoit dans la bibliothè- que de M. de Mefmes , Premier Préfident du Parlement de Paris. Il y a un grand nombre de Bibles latines de la troi- fième claffe,qui comprend les verfions faires depuis près de deux cens ans , fur les originaux des livres faciès. Comme elles n'ont aucune autoriré publique dans l'É- glife , on fe contente de les confulter , & elles onr toutes leur utilité pour éclaircir quelques endroits de la Vul- gate. M. Simon en a traité à fond dans fes Hiftoires criri- ques du vieux & du nouveau Teftamenr. La première de routes eft la verfion de Pagnin, Religieux Dominicain^ imprimée à Lyon , in-^°. eni 528 , qui a été fort efti- mée des Juifs. L'Auteur l'a retouchée dans une fécondé édition. Ily en a une belle édition in-foL'a. Lyon,en i /42, avec des Scholies : on amis à la tête de cette édition une Préface {bus le nom de Michael Villanovanus ^ qui eft Michel Server, Auteur des Scholies. Ceux de Zurich ont auffi publié une nouvelle édition in-quarto de la Bible de Pagnin. De plus, Roberr Erienne aim.primé cette même Bible in-folio, avec la Vulgate en 1557, prétendant la donner plus exaéte qu'elle n'étoitdans les éditions précédentes. Elle eft auffi dans une autre édi- tion à quatre colonnes , qui porte le nom de Vatable , & qui eft de l'an i^Sô. Cette même Bible fe trouve dans une édition de Hambourg qui eft en quatre langues. Onper communémenr au nombre des Bibles latines la verfion du même Pagnin, corrigée ou plutôt rendue littérale par Arias Monranus. Cette correétion , qui fut approuvée par les Doéleurs de Louvain , & par quel- ques Savans de Paris , a éré inférée dans la Bible Po- lyglotte de Philippe II, & depuis dans celle d'Angle- terre. On en a fait diverfes éditions in-folio , in-quarto 3 iw-ocZiZvo, auxquelles on a joint le texte hébreu de l'an- cien Teftamenr & le grec du nouveau. La meilleure de toutes eft la première, qui eft in-folio de l'an IJ71. Elle eft urile pour ceux qui commencent à apprendre l'hébreu. Les Proteftans ont auffi publiés plufieurs verfions latines de la Bible fur les originaux. Les plus eftimées font celles deMunfter, de Léonde Juda , Zuijiglien, de Caftalio ou Chaftillon , & de Trémellius. Ces trois dernières ont été réimprimées plufieurs fois. Le beau latin de Caftalio a plu a biendes gens ; mais les plus fa- gesont trouvé fon latin trop affeété:la meilleure de fes éditions eft celle de i J73. Le nom de Léon de Juda, qui avoir été odieux aux Théologiens de Paris, ne dé- plut point à ceux de Salamanque : ils retouchèrent fa verfion en un petit nombre d'endroits ; ils la joignirent à l'ancienne édition latine , telle que Robert Erienne l'avoitdonnéc, avecdes notes fous le nom de Vatable^ Pour ce qui eft de \z Bible de Trémellius &de Junius, ellea érédugoût desCalviniftes,qui en ont publié di- verfes éditions. On pourroit faire une quatrième piaffe des Bibles latines , qui comprendroit 1 édition Vulgate retouchée furies originaux. La Bible d'Ifidorus Clarius eft- de ce nombre. Cet Auteur ne s'eft pas contenté de réformer l'ancien exemplaire larin, il a corrigé l'interprète en un grand nombre d'endroits qu'il a cru malrraduits: quel- ques Proteftans ont fuivi cette même méthode, & entre autres André & Luc Ofiander, qui ont chacun publié une nouvelle édition de la Vulgate, avec quelques cor- reétions fur les originaux. Bibles ij/d/'e^. Dès l'année 151 6, Auguftin Juftiniani , Evêque de Nébio , avoirfait imprimer à Gènes une ver- fion arabe du Plautier , avec le rexte hébreu (Sv: la para- phrale chaldaïque, & il y a joinr des interprétations latines. On trouve des verfions arabes fur toute l'Ecri- ture dans les Polyglottes de Paris & de Londres , & une entière de tout l'ancien Teftament qui a été SS6 BIB imprimée à Rome en 1 671 par ordr: de la Congrégation dz 1.1 propagation de ia foiimais elle n'apoint étc eltimée, pai-.'è qu'on l'a recouché lur notre édition vulgate. Les £i/i/tf^ .arabes que noui avons ici, ne (ont point celles dont les Chrétiens fe fervent dans l'Orient. Quelques . lavans croient cjue la verllcn arabe de l'ancien 1 elta- ment , qui a été imprimée dans les Polygloties de Paris & de Londres , eft celle de Saadias , au moins pour le fond. Leur raiibn cft qu'Aben-£zra , grand antago- nide de Saadias, rapporte des endroits de (a verfion , qui font les mêmes que dans la verlîon arabe de ces deux Polyglottes. Cependant d'autres gens très-habiles ne croieîit peint que nous ayons laverlion de Saadias. Er- pénius fit inpiimcr en i6ii, un Pentateuque arabe , qu'on appelle communément le Peraateuque d'Erpé- nius , ou de Mauritanie j parce que cette verlion eft: faite par les Juifs Je Mauritanie , & a leur ulage. Cette veriîon eft excellente, non-leulement comme l'a re- marqué Erpénius , parce qu'elle clt très-htterale & très- exade , mais encore parce que l'Auteur paroîc avoir été très habile dans l'hébreu , ik dans l'inteUigence de l'Ecriture , ..S: quil d mne aux mots hébreux des inter- prétations qui , outre une grande exaôlitude j marquent encore beaucoup de capacité. On a publié auliî à Rome en i jS i in-folio , les qua- tre Evangiles en arabe , avec une veifion latine qui y ell jointe, è^<: il fe trouve des exemplaues de cette édi- tion de Rome , où il n'y a que le texte arabe. Gabriel Sionita a depuis fiit réimprimer dans la Bible Poly- glotte de Paris , ces quatre Evangiles arabes, les ayant ieulement retouchés ai quelques endroits. Les Anglois ont mis dans leur Polyglotte ces mêmes Evangiles ara- bes de Gabrie'l Sionite. Erpénius a donné au public un nouveau Teftamcnt arabe entier , tel qu'il etoit dans fon exemplaire manafcrit : il a été impiimé à Leyde en 1616. Bibles Arméniennes. Il y a une v.nfionaircz ancienne de toute la Bible en langue arménienne. Elle a été faite fur le texte grec des Septanre,par quelques uns de leurs Doéleurs qui vivoient vers le temps delaint Jean Chry- foftôme. Comme elle ne (e trouvoit qu'en manufcrit , à la réterve de quelques petites parties qui avoient été imprimées féparéiïient,un de leurs Evêques la fit im- primer entière en beaux caraétères, arméniens in-^° , à Amllcrdam.en 1664, avec lenou.eau I eilament i«-4°. Coniuitcz \' Hijlûirc crieique du vieux 'lejlament y liv. II , chap. 1 6. Bibles Chaldàiques. Ces Bibles ne font autre choie que les gloles qui ont été foites par les Juits dans le temps qu ils parl'jient la langue cnaida'ique. Ils leur ont donné le nom de tar^uniimy Q\i. paraphrafes j parce que ce ne font point de fimples verfions de l'Ecrirure. Elles ont été inférées entières dans les grandes iJi/'/fj hcbra'i- qucs de Venife ^\: de Bàle; mais on les peut lire plus commodément dans les Polyglottes , parce qu'elles y font avec un:; tradudlion latine. EiELCS Ccphtes ,o\i Coptes, hicas n'avons rien de la Bi- ble imprimée en Cophte; niais on en trouve pluileurs exemplaires manufcrits dans les bonnes bibliothèques, & principalement dans celle du Roi. Conlukez l'HiJ^- toire critique du nouveau Tefiament , ch. 1 6. Bibles Ethiopiennes. Les Etliiopiens ont aulH toute la Bible traduite en leur langue. On en a imprimé lépa- rémcnt les Pleaumes , le Cantique des Cantiques, quel- ques chapitres de laGenefe, Paith, Joël, Jonas , So- phonias , Malachic , & le nouveau Teftament: tous ces livres ont été depuis réimprimés dans la Bible Po- lyglotte d'Angleterre. Peur ce qui efl: du nouveau Tef- tament Ethiopien qui a été d'abord imprimé à Rome eni 540, ceft une pièce peu exadc. Les Anglois l'ont inférée avec les mêmes fautes dansleur Polvglocce. On pnurroit donner une iJi.A/d éthiopienne entière furies manuicrits qui (e trouvent dans la bibliothèque de M. le Chancelier Seguier, &dans celle des Religieux Dominicains de la rue S. Honoré. EiBLKS Gothes. On croit communément que Wlphilas, Evèque Goth, qui vivoit dans le quatrième llècle, a fait une verlion entière de la Bible pour ceux de cette nation, à la réfcnx des livres des Rois , qu'il ne tradui- BîB fit point , à caule des guères fréquentes dont il y ell parlé : il craignoit d'inlpirer a la nation déjà trop guerrière, l'amour de la guerre , en lui expolant l'exem- ple de tant de Rois. Il ne nous rcfce de cette verhon écrite en l'ancienne langue des Goths , que les quatre Evangiles qui ont été imprimés in-^° à Dordrechc en 166 j , iur un très- ancien manuicrit. Bibles Alofcovites. Ona imprimé à Oftrovie, dans la Vo- lindie,en i ;8i , une Bi/f-Ze entière en langue efclavone. C'ellce qu'on appelle communément la iJzT'/e Mofco- vite. Conftantin Baille , Duc d'Oftrovie , a tait impri- mer cette verfionpour l'ulage de tous les Chrétiens qui parlent la langue ciclavone, dont la mofcovite eft un dialecte. Bibles orientales. On doit mettre à la tête des verfions orientales de la. B ible , celle des Samaritains , comme la plus ancienne de toutes: ne recevant pour toute Ecri- ture-Sainte que les cinq hvres de Moyle , ils n'ont aulîi traduit en leur langue lamaritaine que le Pentateuque: iL ont tait la traduction iur leur texte hébreu famari- tain, qui eft un peu différent du texte hébreu des Juifs. Cette verfion lamaritaine n'a point été imprimée lé- parément. Elle nele trouve que dans les Poliglottesde Paris & de Londres. Bibles Perjiennes. Quelques Percs femblent affirmer que toute l'écriture a été autrefois traduite dans la langue des Perfans. Mai5 il ne nous refte rien aujouid'hui de cette ancienne verhon, qui avoit été faite.fans doute fur le grec des Seprante. Le Pentateuque peifan, qu'on a im- primé dans la Polyglotte d'Angleterre, elT: de la façon d'u 1 Juif. On trouve dans la même Polyglotte les qua- tre Evangiles en petfan, avec une traduction latine j mais cette verfion perfienne , qui elt alfez nouvelle & peu exaéte , ne peut pas être d'une grande utilité. Dans le Moréri l'on a dit Bibles Perjanes, qui en effet pa- roît mieux que Perjiennes • car on dit la langue Per- Janej un manufcrit r^t;r/i«j un livre Pcrfan. On pour- roit dire auili Bibles perjîques , mais Perfanes paroit meilleur. R. Jacob, fils de Jofeph, efl un Juif Peifan, né dans la ville de Tuii, de la province de Coraffan: il ell Auteur de la verfion perlane du Pentateuque. P. Le Long. & ici même l'on vient de dire, le Pentateu- que Perfan , ôc non pas Perjien. Bibles Syriaques. Dès l'année 1^62 , Widmanftadius fit imprimer en Syriaque tout le nouveau ïeflament, ^ à Vienne, en fort beaux caraétères. Depuis ce temps-là il y en a eu pludeurs autres éditions , iS^' il a été in- féré dans la Bible de Philippe II, avec une verlîon la- tine. Gabriel Sionita a aulli donné une belle édition fyriaque des Pleaumes, à Paris, en 1 52 j,avec une inter- prétation latine. On a imprimé toute la Bible en fy- liaque dans les Polyglottes de Paris & d'Angleterre. Bibles en langues vulgaires. L'ulage des verfions en lan- gues vulgaires ne vient point des Prcteftans ; car avant que le nom des Proteftans fût connu dans le monde , il y avoit des traduétions de l'Ecriture en trariÇois , en efpagnol, en allemand, en italien, & même long-temps auparavant en vieux françois , qui étcit la langue alle- mande , &: en vieux faxcn. On trouve dans la biblio- thèque du Roi un grand nombre de Bibles françoiles manuicrites , qui ont appartenu à nos Rois & aux plus grands Seigneurs de leur Cour. On y voit un exem- plaire latin & françois de toute la Bible ,qui a été écrit par un Duc de Bourgogne. Il y a dans cette même bi- bliothèque une Bible entière manufcrite, en langue ca- taL^nc. Conlultez VliiJIoire critique des verrons , tant du nouveau que de l'ancien Teftament : il y eft parlé en détail des traduétions de l'Ecriture en langues vul- gaires. J'oyci^ Polyglotte. Voye-:{ aulli le P. Le Long de l'Oratoire, dans fa Biblothèque facrée , où il indique toutes les Bibles que l'on peut connoître en quelque langue que ce toit , & toutes leurs éditions. Guillaume Breton, Cordeliei, a fait un Opufcule des mots les plus difHciles dans la Bible. Après cela, Docleur, va pâlir fur la Bihle; Va marquer les ccueils de cette mer terrible; Perce lafainte horreur de ce livre divin. Boit, BIB Ce mot vient du grec ^!^^ia.y & /JZ/Sao?. On dit aullî la GrarîS' Bible des Nocls vieux Se nouveaux-, pouu dire, les livres où (ont contenues les chantons de Noël. On appelle aulli Bible Guyot, une fatyre univeiiellc faite patunvieuxPoctefraiiçois , nom- mé//aoaejt/e5tTP_y , Religieux de Cluni, qn on nom- ma d'aDoid Bible Huguyot. BIBLIOGRAPHE, f. m. C'eft le nom qu'on donne àceux qui déchiftixnt les anciens manulcrits , &: qui lont vec- ici dans la connoillance de tous les livres , tant impii- més que manutcrits; mais aujourd'hui on donne ce nom (pécialement à ceux qui connoiilent les livres & les éditions , qui en font des catalogues , & principa- lement à ceu\ qui font les catalogues des diftcrentcs bibliothèques. BIBLIOGRAPHIE, f. f. Ce mot vient du grec, &rigni- lîe la connoiifance & le déchidrement des anciens ma- nulcrits lut l'écorce des arbres, fur le papier & lut le parchemin \ connoillance des livres & des éditions. Bihliographia. Scaliger y Saumaile , Cafaubon , Sir- mond , Petau & Mabrllon étoient habiles dans la Biblio- eraphie. Si'OM. Le R. P. Louis Jacob nous donne tous les ans la Bibliographie Farihenne. Mascvr. Les Jour- naux rendent maintenant une Bibliographie pareille inutile. DIBLIOMANE. f. m. Qui eft atteint de la bibhom.mie , eu pcllcdé de la firreur des hvres. Cette etpèce de ma- ladie j fort commune , eft alFez bien décrite dans ces vers. Le premier curieux fonement s'avifa De faire une Bibliothèque. Contre un fi grand abus le Sage Je rebeque , Et fans fe Jur charger lit les livres qu'il a -^ Mais le Bibliomanc en amaffefans ceffe ^ Et place là tout fon argent. Autant qu'à les accroître il paroît diligent ^ ^ Autant à s'en fervir il montre de pareffe. Le Commentaire de Surita fur l'Itinéraire d'Anto- nin, ne le trouve qu'en des reventes, où la fureur des Bihliomancs le porte fort au-delà de Ion juile prix. Mén'agiana, tom. 4 ^ p. yS. BI3LIOMANIE. f. f. Pallion, fureur d'avoir des livres. Bibliomania. La Bibliomanie, difoir M. Patin, eft une des m.-Jadies de ce liccle. BI3LIOr4-liLE. 1. m. Qui aime les livres. Les ouvrages d'une grolleur énorme doivent être regardés comme des mémoires à conlulter, luivant le beloin, ou la cu- rioiîté. Ce font des archives , plutôt que des livres. On ne lit point ces ouvrages, on les parcourt; & luu- vcnt {"ans lavoir ce qu'ils contiennent , on lait (eule- ment qu'on les poirède. Il arrive de-là que ces grands magafins de fcience n'en donnent que médiocrement au pubhc qu'ils effrayent , & que tant de dodies re- cherches ne lervent qu'à augmenter les grandes biblio- thèques, &qu'à orner les cabinets des riches ^i^/zo- philcs. Obfcrv. fur les Ecr. mod. BIBLIOTAPHE..!. m. C'efI: le nom que les favans don- nent à ceux qui ont quelques livres rares & curieux, qu'ils ne communiquent à perlonne, «Se qu'ils enter- meni dans leur bibliothèque, lans leur lailler voir le jour. On les appelle Si/?' /ioWjpAej, parce qu'ils lont en effet comme le tombeau des livres qui font enterrés chez eux. Nicolas le Févre diloit que M. de Mclmes (Jean-Jacques) étoit un fot Bibliotaphe, Pithœana. Le Fcvre trouvoit les Bibliotaphes d'autant plus ridicu- les, qu'il croit le lavant du monde le plus ofhcicux : il fcmbloit n'étudier que pour les autres. Il le falloir un plailîr de les aider de fes lumières, de fes cbfcrva- tions & de les manulcrits , qui étoient fort nombreux , & dont il avoit apporté une grande partie d'Italie. BIBLIOTHÉCAIRE, f.m. Celui qui eft prépofé à la gar- de, au bon ordre, & à l'accroiirement d'une Biblio- thèque. Bihliothecarius. Bibliothics ciiflos , pr: ma- gnifiques en livres. L'Ecriture Sainte parle d'une /'iW^o- thèque des Rois de Perle, i. Efdr. l''. ijj VI. i. Quelques-uns veulent qu'elle fiit compolce principa- lement des Hiftoriens de la nation, S>L des mémoires qui regardoieni les affaires ; mais il femble que c'étoit plutôt un trcfor des titres, ou des chartres & ordon- nances des Rois, qu'une bibliothèque. Le rexte hébreu l'appelle d'abord feulement la maifon des tréfors , & enluite la maifon des livres des tréfors. On pourroit plus juftement appeler /liA/ior.^è^ae, celle que l'aurcur du lecond livre d'Eldras dit que Néhémie conftruifit , & dans laquelle il rallembla les livres des Prophètes & de David, & les lertres des Rois. Le premier qui en drella une à Athènes , fut le Ty- ran Piùltrate. A la vérité Strabon, dans le i j^ livre de fa Géog. allure qu'Ariftote fut le premier d'enrre les grecs qui le mit en peine d'amalfer plulieurs livres, 8c de dreller une bibliothèque; mais il eft conftanr que long-temps avant Ariftote, Pihftrate en avoit faite une à Athènes , que Xerces tranlporta en Perte , ici7j.WicQ.voRT. ?fT BICANER. Bicanera. Ville d'Alîe, dans l'Indouf- tan , capitale de la province de Becar. gCr BICAPSULAIRE. adj. de t. g. Terme de Botani- que , qui s'apphque. à toutes les plantes qui ont deux caplules. ^ovt'if Capsule. BICARRELLE", ou BIGARRELLE. f f. C'eft le nom que les entans donnent en Betry.à 1 inftrument tk au jeu qu'ils appellent bâtonnet à Paris. Jouer à !a bica- relle y une partie de bicarrelle. La bicarrelle eft trop grolle. Voyei[^ Bâtonnet. 03" BIC ARS. f. m. pi. P jnitens Indiens dont il y .avoit un grand nombre dans le neuvième liècle. Ils étoient nus toute leur vie, &laiiroient croître leurs cheveux iScleurs ongles qu'ils n'ofoient couper , lors mêtiic qu'ils en étoient incommodés. Ils portoient au ccu une écuelle de terre pendueà un cordon ; & quand ils étoient pref- fés de la fainii ils s'arrêtoient aux portes des Indiens qui remplilloient leurs écueiles de riz cuit. Renau- DOT , roi. des Ind. & de la Chi. cité par Mgr. BICEPS, f. m. Terme d'Anaromie. C'eft un des Tnufcles de l'os du coude qui fert aie fléchir. Il eft ainfi appelé, parce qu'il a deux têtes. Biceps , fe dit aullî pat la même raifon d'un des mufcles flé- chilleursde la jambe. On l'appelle quelquefois biceps femorisj, pour le diftinguer de l'autre , qui eft le biceps cubiti , ou du coude. BîCETRE. f.m. Château proche de Paris, au-deftus du village de Gentilly.lJneChaitredel'an 1 290, fait con- noitie que cette mailbn appartenoit en ce temps-là à l'Evêque de Paris, & quelle ctoit appelée la gninge au.x gueux, ou plutôt aux ç//e«.v. Ce château ayant été poUcdé enfuite par Jean, Evêque de Winceftre , en An- gleterre, il futappcfé le château de W^mcefire , d'où l'on a fait par corruption Eicctre ; nom qu'il a tou- jours confervé, quoique dans la fuite des temps il ait été démoli & bâti bien des fois. C'eft aujouid hui un hôpital, & une efpcce de prifon où l'on enferme les gueux, les vagabonds, les coureurs & les hbertins. BicÊïre. Nom populaire & bas, que l'on donne a des enfans criards , opiniâtres , mz\\us,ivïpons ; adolejccns nequam, nebulo ; cnunmoi, femblablesà ceux qu'en enferme à Eicétre ; car c'eft delà qu'cft venu ce mots C'eft un bicêtre qui me fait enrager. Petit hicêtre , fi je vais à toi. Ah les bicêtres , je crois qu'ils me feront défefpérer! Toutcclanefe dit que parle peuple. BICHE, f. f. Femelle du cerf. Cerva. Elle n'a point de bois fur la tête. Elle eft dune couleur tirant lurle bai-rouge. V u u u u 890 BïC Elle conit d'uoe très-grande vîteflc , & a la vue. fort | bonne. Un f'aon de bich<;.\n. iickecnuc en rut au mois j d'Août & de Septembre, Elle porte Ion petit huit mois, & n'en fait qu'un a lah>is. Callimaque donne des cor- [ «es aux biches comme aux cerfs, f'oye^ le Callimaquc Àe. Mademoiielle le Fèvre , qui fut enfuite Madame Dacier. Jamais la biche en rut n'a pouffait d'impuijfance , Traîné du fond.ics bois un cerj à r audience, ^oii.. On dit qu'une biche montra un gué à Clo\ds , qui y fit palfer la 'Vienne à fon armée. Ce gué le nomme en- core le pas delà biche. Le P. Jourdan. Cet animal eftle fymbole de Junon confervatricc , parce que de cinq biches aux cornes d'or , & plus gran- des que des Taureaux , que Diane pourluivit a la challc dans la Thclfalie , elle n'en prit que quatre qu'elle atta- cha à fon char; la cinquième fuclauvce par Junon. Saumaife dérive ce mor de bicula ; Ménage de hic- ca , féminin de biccus j bouc. Guichart de ""^lî , tfcki, ra/^ren , chèvre , dont fe fait ni3î£, f/è^i/a j qui figni- fîe la même choie , & lelon lui cerva , bije, d où bi- £h'Z s'cil formée. On dit proverbialement, il s'enfuit comme une bi- che ; pour dire , avec poltroncrie & légèreté. ^3° BICHE, f. f. Glaucus primus. Poiiron de mer qui a le ventre blanc & le dos bleu , d'où lui vient fon nom latin. Sa chair eft blanche Ôc de bon goût. On lui donne aulli le nom de dcrhio. §Cr BICHE. Ville. /^ê^Bitche. BICHENAGE, f. m. Vecligal ex frumento , nucibus j &c, C'eft un terme de coutume. On connoit ce que c'eft que le bichenage , par un extrait du dénombre- ment fait au Roi l'an i jii , par le Châtelain de la terte & Seigneurie de Builî, en Bourgogne. Le droit de iicAe/Z(7^e de tous grains, & de routes autres choies qui fe vendent au boelFeault au marché duditheu, & non à autre jour eft tel. C'eft à favoir que d'un boclleault l'on ne doit rien : de deux boelFeaults l'on doit pour le bichenage une écuelle , de trois boclleaults l'on ne paye qu'une éculée; de quatre boliFeaults , deux éculées; de cinq boelleaults l'on ne paye que deux éculées; de lix boeifeaults l'on paye trois éculées, & iû\\i\ de plus le plus, & du moins le moins , lans rien payer de non pair..,. Ttem eft à lavoir que ledit bichenage fe pren & levé audit marchefdes noix, des oignons, i^ de tou- toutes autres chofcs qui le melurent aubuelleaultenla forme & manière que delfus.... Item elt encore à favoir que ceux qui payentledirèic:Ae/2rt^e:,ne doivent rien de vente ni de péage , à cauie de ce dont ils auront payé le bichenage. M. Galland. BICHET. f. m. Melure de grains qui contient environ un minot de Paris. On le dit tant de la mefure que du blé qui y eft mefuré. Le bichet eft particulièrement en ulage en Bourgogne & dans leLyonnois. Dans les an- ciens titres on trouve qu'il en falloir deux pour faire une héminc , ou deux quartaux ; en d'autres qu'il con- tenoit deux quartes , que chaque quarte contenoit deux bollfeaux , & lcboilfeau vingt çcuelles. Bichetus. Le bichet eftencore en ufageà Montreau, a Moret, à fens , à Meaux. A Montreau le bichet de homent pèle 40 livres ; celui de méteil 3 8 livres , de leigle 3 6 livres , d'orge 31 livres, de champart 3-2 livres ; huit bichets font un (eticr du pays, qui eff de (eize boilleaux de Paris. h'inÇûç. bichet eft égal à deux boiileaux de Paris. Le muid eft de douze fetiers; mais on y ajoute tou- jours quatre bichets poiu' taire le compte rond de 100 bichets pour un muid. Le bichet de Moret eft un peu plus petit que celui de Montreau. A lensil y a huit bi- chets au leticr du pays, & il en faut fept pour faire le fetier de Paris. Ainfi il eft plus petit d'une fixième que celui de Montreau : car le fetier de paris eft de • douze boiileaux. A Meaux le (etier contient quatre minots .. ou bichets , S<. pèfe 100 livres ; par conféqucnt le bichet pèle 50 livres , & eft de dix livres plus pefant &c plus grand que celui de Montreau. On dit aullî un bichet de terre , en parlant de la mc- fure d'une terre qui a befoin d'un bichet de blé pour B IC être femée. On dit à Lyon une bichetée de terre, BIChO, 1, m. Cn voit au Brehl des vers dvdiftcrcntescf- pèces, qui caulent de cruels maux a ceux cui en font attaqués. Les Poitugais-appeilent ces vcrs& les mala- dies qu'ils cautent, bicho ; cequicn leur langue ligni- fie un ver 3 oU un petit infecie. ... Ces bicha s attachent aux pieds &; aux jambes. Les Bréfiiicns & les Nègies ^ qui vont pieds nus , en (ont fort incc mmodes ; les Eu- ropéens y lont moins expoiés, parce qu'ils portent des louliers & des bas. f^oyag. de Dellon ,to. 2, p. t j2 3 &fuiv. BICHON, f. m. Petit chien qui a le nez court, & le poil long, blanc, ik fort délié. Catelîus. Les bichons ont été long- temps à la mode chez les Dames. On dit bi- chonne quand on veut parler de la femelle, & alors il eft féminin. Quelques-uns croient que ce nom vient de barbet ^ &C qu'on a dit barbiche^ barbichon, pms babiche 3 bcbi- chon , & enfin par abrégé biche 8c bichon ^ comme li c'étoit un petit barbet. BICHOT. f. m. Mefure de grains en ufage à Dijon, qui eft la charge d'un cheval, & pcfe 3 36 livres. Menfura aridorum pondo ^ ^ 6 librarum. A Dijon l'on y compte parquatranches, qiTartaux,/iic/rofj&hémines. Lequa- tranche de froment tient . 1 3 pintes & demie de la grande melure : il pèle 41 livres, & criblé 41 livres : le quartau tient quatre quatrawches; \ctichot deux quartaux ; & l'hémine , qui eft la charge de deux che- vaux , tient deux bichots. De la Mare. Tiaité de la Pol. L'V, T. VIll 3C.3. BICIA, f. f. Plante qui croit de foi -même aux In- des occidentales. Elle s'élève à la hauteur de lept ou huit pieds. Elle a les branches comme 1 arbre du co- ton; Ces fruits font enfermés dans des gouftes fembla- bles aufti à celles du coton ; excepté qu'en dehors elles font revêtues d'une petite toile un peu grofle en certaines veines, qui marquent par dehors les com- parcimens qui le voient au-dedans de la goufle , dans laquelle font renfermés de petits grains rouges , qui s'attachent comme de la cire, & font encore plus vif- queux. Les Sauvages font de ces grains de petites bou- les , auxquelles ils mêlent de la gomme& dont ils le peignent le vilage. BICLARE. C'eft ainli que nous appelons en Françris ce que les Catalans nomment Valclara. C'eft le nom d'un bourg & d'un Monaftère de Girondins, ou' de Moi- nes de Biclare , fitué au pied du mont.Pradès, dans l'Archidiaconé de Tarragone en Catalogne, Velalara. Le Monaftère de Biclare lut fondé au 'V'F fiècle. Il y a encore aux environs de cette montagne plufieurs rui- nes qui peuvent être celles de ce Monaftère. Il fut bâti par un Abbé nommé Jean , qui en tut tiré pour être élevé lut le liège épiicopal de Girone , Gcronda ^ Gi- ronde ; & c'eft ce qui a donné lieu à quelques Auteurs de le fiire Fondateur des Girondins , appelant ainfi les Moines de Biclare , du nom de la \ille épilcopale de leur fondateur. Leur habit étoit blanc. Ils portoientfur la poitrine un écullon, qui, lelon Adrien Damman , étoient les armes de l'Evêque de Girone; lavoir , d'or à deux pals de gueules, &dcux de lînople. Si cela eft, ces Girondins auroient lubiifté après l'onzième fiècle , avant lequel il n'y avoit point d'armoiries. Mariana prétend qu'ils avoient la Règle de S, Benoît ; mais on ne doute point*, dit le P. Hélyot, que l'Abbé Jean n'ait drellé une règle pour les Dilciples. /'ojyd:^ cet Au- teur. T. T'. C. 4. §CFBICONGE. f, m. Mefure des Romains , contenant douze fetiers. T'oye-^ Congé. Ne croyez pasles Voca- buliftes qui difent que ce mot clt du genre féminin. Bicongc , de même que Congé , eft mafculin. BICOQouPIED DE CHEVRE, f, m. Terme de Méca- nique. C'elHc troifième pied qu'on ajoute à la chèvre, ou machine qui (ert à élever des poutres, ou autres gros fardeaux, quand on n'a point de murailles contre let quelles on la puilfe appuver. BICOQUE, f, f. Place peu fortifiée & fans défenfe, File oppidulum. iîC? Cette Bicoque n'arrêtera pas notre Aimée. Ce mot vient d'une place fut le chemin de Lodi à BID Milan i qui étoicune fimplc maifon de Gentilhomme, entouriée de foiïés , dans laquelle les Inipcriaux s'c- tancpoicis en l'année i jii ,(outinrcnc l'afLiutde l'Ar- mée françoife , conduite par le iieut de Lautrcc, du temps de François I, &cette bataille s appela lajournSe de Id Bicoque. BICOQULTS. f. m. pi. Vieux mot. Sorte de parure de femme. ÇCT BîCORNE. adj. vieux. 5kor/?ij. Quia deux cornes. La lune. bicorne. Rab. Gorg.L. 1 ^ c. ç. |Cr BîCOKNIGER. adj. Surnom latin de Bacchus , quelquefois reprélenté avec deux cornes. BICORNIS. {. m. Terme d'Anatomie. Plufieurs ne font qu'un mu icL' de deux des extenfeursdu bias, le long & le court , cie/2 au mal , & du mal au bien. Flech. Bien , (e dit aullîpour faveur , grâce , bienfait , bon office , Beneficium favor, gratia. Ton amour eft un bien qui m'eif juftement dû. Main. Votie Majeilé ne (e feroit pas grand tort , fi elle me faifoit un peu de bien. Scar. Je lui ferai tant dcbien , diloit Henri IV en parlant d'un homme qui ne l'aimoit pas , que je l'obligerai àm'aimer. Vous m'avez fait un grand bien par vos avis. Bien, fe prend encorepour louange. Laus. Cet homme eft obligeant ; il dit du bien de tout le monde. Chacun dit du bien de fon cœur, &c perlonne n'enofe diie de fou e(prit. RocHEF. Ne parler de perfonne ni en bien , ni en mal. Voit. Bien , (c dit aufîî de ce qui regarde la vertu, l'honnêteté, la valeur. Probitas , virtus. On dit, les gens de bien , des gens de bien; pouidire, des gens vertueux, bons chrétiens. Ce Prélat eft un grand homme de bien. On exhorte les autres à faire le bien , il (uffi(oit de le pro- po(et à cette Princeife. Flech. Nul ne fait le bien pour le bien: tous les hommes ont leurs vues. Gom. Nous lommes portés au bien ou au mal, félon les ptemières impreflions que nous recevons. S. Evr. Jefiouffrirois plutôt l'affront du cocuage , Que d'être le mari de ces femmes de bien. Dont la mauvaifie humeur fait un procès fur rien. Mol.' Cet étranger a bonne mine , il fent fon bien. Cor- neille a dit d'un homme brave , tu n'as fait le devoir que d unhonimede/'itw j pourdire, d'un homme généreux. Bien. Avantage. On appelle biens Aix corps, lalanté, la force : biens de l'elprit, les talens: & biens de l'ame , les vertus. Les biens de l'ame (ont préférables aux biens de l'cfprit ; & les biens de l'elprit (ont préférables à ceux du corps. Acad. Fr. Comme il y ^.bien ik mieux, il y a auflî mal & pis ; c'eft-à-dire , que comme il y a plu- (leurs (ortes de biens , les uns plus grands que les autres; il y a autfides w<7z/.v plus grands les unsque les autres. Bien, feditauflî figurément pourlcience, lumière, con- noiifance, & généralement pour tous les avantages de l'efprit. Dotes ingenii j animi bona. Ce Philo(ophe éga- loit lesricheftcs des Rois par bes biens de l'elprir. S. Ev. Bien , fe ditaufÏÏ en plufieurs phtafes adverbiales , tk alors il fe prend pour beaucoup ^ ou pouïjhgementj ou pour commodément , ou pour jufiement. Multàm , pruden- ter , commode , reclè. Ainli on doit rapporter à l'une ou à l'autre de ces quatre fignifications les exemples qui fuivent comme, il y a bien à profiter auprès de vos Docteurs. Pasc. Il feroitfott bien del'etaue. Voit. Quand on eft bien j il s'y faut tenir. Elle mérite bien cela. Mol, Bien marque auifi quelquefois la capaci- té, le pouvoir de faire une chofe , comme quand on dit , ferez-vous bien cela? Je le ferai bien. Je m'acquit- terai/?>/£« de cette commilfion. Bien (e ditnullîpour, véritablement J à la vérité : Il eft bien en chemin ,mais il n'eft pas encore arrivé. Bien a encore plufieurs au- tres fignifications qu'on peut voir dans les exemples fui- vans, & qui fe rapportent plus ou moins à ce qu'on a déjà dit. Cela va de bien en mieux. Cet homme eft fort bien dans fes affaires. On dir qu'un homme eft bien mal; pour dire, qu'il eft dangereufcment malade. Sa maladie le tourne eu bien. U hoïi^ mw^t bien. Il eft BîE l>c£n buvant ôc bien mangeant. On lui a donné des re- mèdes /'ien à propos. Celan'cft pas venu à bien y n'a pas profité. Il y a\oit/^ic/7du mondeàce (ermon.Cette affaire ira bien autrement qu'on ne pente. Cet homme fait bien tout ce qu'il tait , il dit bien. Ces vers font bien tournés. Il a fait cela tant mal que bien. On dit qu'un homme voit bien clair ; pour dire, qu'il eft bien intelligent. Il n'en faut parler ni en bien , ni en mal. Vous en parlez bien à votre aife. C'eft bien dit. Bien loin que cela lui kïvt , il lui pourra nuire. Ce critique ne trouve rien de bien. Il s'emploie aulli dans la fignifî- cation à'à peu-près , environ. Il y a bien trois ans que je ne l'ai vu. Et quelquefois il ne s'emploie que par redondance, Ik pour donner plus de force à ce qu'on dit. Amicz-wcMs bien l'alfurance de le nier? Je le fa- vois bien. Acad. Fr. On ditaulîî, un homme bien fait , une femme bien faite ; pour dire , belle & de bonne mine, (^n dit aulli par interjcdion , Hé bien ! qu'eft-cei hc bien! achevez. On dit nuÙi, bien bien ^ quand on veut témoigner quelque approbation , ou faire quelque menace. Voulok bien _, domier fon con- fentcment. §C? Bien, employé pout marquer le fuperlatif en fran- çois, ou le plus haut degré des quahtés des erres, eft pris ordinairement comme lynonime ztrès ôckfort j ik. l'on dit dans le même fens- , rrèjfage, fort lage , bien fage. Cependant ils n'ont pas la même énergie , & il y a entr'cux quelque petite différence. §CrLe mot de très , dit M. l'Abbé Girard, paroît mar- quer précif ément le fuperlatif, & le repréfenter comme idée principale , fans mélange d'autre idée ni d'aucun fentiment. C'eft ainfi qu'on dit. Dieu eft rrèj-jurte. §3" Le mot de fort ^ m.irque peut-être moins le fuper- latif, mais il y ajoute une efpèce d'affirmation. Ainfi quand on dit , les hommes Contfort mauvais , on fait autant d'attention à la certitude qu'on a de leur mé- chanceté , qu'au degré où ils la portent. ^3' Le mot de bien marque encore moins le fuperlatif que fort } mais il exprime prelque toujours un fenti- ment d admiration. C'eft ainfi que l'on dit la Provi- dence eft bien^'sande. Vous êtes bien hardi de me par- ler ainll ! on exprime peut- être moins le degré de nar- dieffe , que 1 étonnement qu'elle produit. |CF M. L'abbé Girard trouve encore une autre différence plus fenhble entre ces mots, c'eft que très ne convient que dans le fens naturel Se littéral. Quand on dit qu'un homme eft très fage , cela veut dire qu'il l'eft vérita- blement, au lieu que fort ik bien peuvent être employés dans un lens ironique, /or^jlorfque l'ironie fait enten- dre qu'on pêche par délaut; & ^i£/2,lorfque l'ironie fait entendre qu'on pêche par excès. C'eft être/oA/ fage que de quitter ce qu'on a , pour courir après ce qu'on ne fauroit avoir 1 c'eft être bien patient que de fouffrir des coups de bâton fans en rendre ! §3" Je ne crois pas cette diftincbion auiîî bien fondée que la première , & je ne vois pas pour quoi le mot très ne pourroit pas le prendre ironiquement. On le prend tous les jours dans ce (eus là dans la convcrla- tion. On dit proverbialement, ^ie/7 attaque, bien défendu. , autant vaut bien battu , que mal battu. Un fou aviie bien un (âge. On dit aullî , nul bien lans peine; pour dire , que tout ce qui eft avantageux , coûte à acquérir ; que c'ellun grand bien qu'une choie (oit arrivée; pour dire, que c'eft un grand bonheur; & qu'on n'auia ni bienj ni repos qu'une cho(e ne toit faite ; pour dire , qu'on ne fera point dans un état tranquille , que cela ne foit fait. Acad. Fr. Quand biens viennent , ils viennent en monceaux. Bien eft en fa mailon, qui de fes voifins eft aimé. Plcinls gratus , Jîbimet folet ejfe beatus. BIEM-AIMÉ, ÉE. adj. Qui eft fort chéri, qui eft aimé ^ par préférence à tout autre. Dileclus. C'eft fon fils bicn-cimé, fa fille bien-aimée. Dans le Fiaptême & dans la Transfiguration de Jesus-Christ ,on entendit une voix du ciel, qui dit , celui-ci eft mon fils bien-aimé. BiEN-AiMÉj eftauiîi fuibftîuitif. C'eft le bien-aimé de la, BIE 89J maifon , c'eft la bien-aimée de (a mère. Il eft dit daiis l'écriture, qu'au jour du Jugement , Jesos Christ dira aux Elus, venez les bien aimés de mon Père. BILN-DIRE. f. m. Langage poli & éloquent, manière de s'exprimer agréable ik engageante. Ils (ont les ai bittes fouverains du bien-dire. Se mettre fur fon bien- dire. Mais cette phrafe eft un peu proveibiale. Il ne fuffî- foit pas d'opiner (uccindiement dans le Sénat, fi l'on ne foutencit (on avis par fon efprit, & pat fon bien- dire. M0RABA1N./7. /^7. (fTCe mot n'eft d'uiage que dans le difcours familier, & en fe moquant de quel- qu'un qui fc pique de bien parler. Quand il fe met fur (on biendire Acad. Fr. BIEN-DISANT, ANTE, adj. Qui parle bien, qui par- le avec élégance, & avec pohtefte. Dtfcrtus , eleocns y polittis. Les gens de Cour fe piquent d être bien-difans. Cependant ce mot ayant quelque chofe de comi- que , ne (e doit guère employer que dans le ftyle fimple (Se famiher. C'eft un amant biendifant ik matois. Voit. Un de ce dernier ordre j Propre 3 toujours rafé^ bien-difant 5" beau fils. La Font. Il fe dit auffi quelquefois par oppofition à m.édifant. Acad. Fr. BIEN-ETRE. f. m. Situation & état d'une petfcnne qui vit commodémeiv, & à qui rien ne m.anque , (uivanc fa condition. Sors hominis cui nih'd deefi. Ctt hom- me avoit beaucoup perdu au fyftème du papier ; mais il lui eft venu une (ucctftîon qui l'a remis dans (on tien- être. Si l'on renonce quelquefois à fa patrie pour fe tranfporter ailleurs, c'eft que l'amour de notre bien- être eft fort au-delfus de la patrie. Desfontaines. L'amour du repos n'eft pas la plus forte des pallions , mais l'amour du bien-être. Id. C'eft dans les occupa- tions utiles à lafociété, que 1 homme doit chercher Ion bien-être. On dit que quelqu'un a le nécelTairc, mais qu'il n'a pas le bien être. Acad. Fr. 1740. Je Icraitrop récompenfé, quand je me rendrai le témoi- gnage que j'ai contribué à votre bien-être. Voltaire. On dit que la nature a donné l'être aux hcmmes, & leurs parcns le bien-être; pour dire, la naitfance Ôc l'c- ducation. FurÉtiere au mot Être. L'amour du bien-être td moins unepafllon, que la fource naturelle de toutes les paflîons. Cette vérité morale eft fi claire, qu'aucun paradoxe ne fauroit l'obf- curcir. Obf.fur Us Ecrits mod. tom. XXV, p.76 y 77. L'amour de notre bien-être eft fort au deïlus de celui de la patrie, que nous n'aimons, & que nous ne de- vons aimer que par rapport à nous, ainfi que tout au- tre chofe. p. J20. Voye\ Amour propre. Nous femmes peut-être redevables de ce mot à M. d'Urfé, qui s'en eÎHervi dans fon Epitre au Roi Henri IV, à qui il a dédié la première partie de (on ouvra- ge. Une palîîon outrée pour la liberté, rend la narion angloile ennemie de Ion repos &c de fon bien-être. Desfontaines. Sur le moindre mécontentement, nos matelots fe retirent dans les pays étrangers ; c'eft le ca- rad:èrs des François naturellement portés à chercher leur iie/2trrc hors de leur patrie, lorfqu'ilsne l'y trou- vent point. Id. Les grands talens & les ourvages de la grande elpèce nuifent au repos & au bien-être de leurs auteurs. Moncrif. BIENFACTEUR , ou BIENFA1CTEUR , ou BIENFAI- TEUR, f m. BIENF ACTRICE, ou BIENFAICTRI- CE, ou BIENFAITRICE, f. f. Celui ou celle qui a donné , qui a fait un bien à quelqu'un. T)e cliqua benè meritus ; ou benè mérita. On ne peut parler contre fon bienfaiteur fans ingratitude. Il n'y a point de mot dans la langue fraiiçoife , fur lequel les opinions (oient plus partagées, que fur celui de bienfacleuryde bienfaiteur , ou debienfaicleur. Je dirois bienfaicleur avec Meilleurs de Voiture , PélilTon & Corneille. 0C? L'Académie dit Bienfaicleur. Pourquoi un c dans ce mot. On dit bienfait i:ms c : pourquoi ne diroit on pas bienfaiteur? Celui qui fait du bien pour en tirer du 894 BîE profit , ne ir.érire point d'être appelé un hienfcideur; lonaiilioneft un commerce, & une ncgoci-icion. L an- tiquité a fait les idoles de les bienfaicleurs, tk n'a pris pour objets de (es adorations religieufes , que ceux qui le dévoient être de la reconnoillawce publique. Le Mait. Un homme enivré de la félicité du lièc/e-'ouit des bienfaits fans regarder le bienfaiteur. Flec h. On appelle dans les Couvents bienfacleurs 8c hien- faclrlces^ (on Ao'ii dire bienfaiteurs ou bienjaicleurs) ceux qui ont fait les fondations, ou qui y ont apporté de grands biens en y entrant, ou qui en ont fait lans y entrer. Autrefois les noms des bienjachurs s'écri- voient dans le Miffel. On ks mettoit auiîi dans le Ca- lendrier des Moines morts. BIEN-FAIRE. v. a. S'acquitter comme il faut dcfon de- voir. Offitio reciè jungi , partes impUrc. Je fais bien ^ j'ai bieniaitjjejis bien , je ferai bien. Il faut tâcher de bien faire ce que l'on nous ordonne. Il a bien fait fa commidion. Bien faire, v. n. Obliger quelqu'un par quelque libé- rahté, par quelque lervice. Benè mereri de aliquo ^ prAjlare officium alicui. Oi\ dit plus ordinairement faire du bien. BIENFAISANCE, f. f. Inchnation à faire du bien. Be- mç;nè facicndi voluntas. Ce mot ell: nouveau , & a été hafardé par M. l'Abbé de Saint Pierre dans cette phra- fe : L'efprit de la vraie Religion Hc le principal but de l'Evangile, c'eft la hienfaifance, c'eft-à-dire , la prati- que, de la charité envers le prochain. Mém. de Trév. Mai IJ2S' Ils croient que Dieu (e plaifoit davantage à entendre chanter les louanges, qu'à voir pratiquer la juftice & la bienfaifance. L'Ab. de S. PitH.RE. Pierre l'Hermite croyoit que le Pèlerinage à Jéiufalem étoit plus efHcace pour le falut, que l'obfervation de la juftice , & la pra- tique de la patience envers Ion prochain, & des autres œuvres de bienfaifance. 1d. M. l'Abbé Desfont.iines dit, en parlant de M. Rollin, combien de chofes ne nous auroit pas pu dire M. Crc- vier, au lujet de ia bienfaifance y de fa candeur, de la gcnérofité , de les aumônes & de fa piété tendre & fin- cère î Les Journaliftcs de Trévoux ont employé ce mot en parlant de Madame Rouve. On en fait une dévote parfaite, (ScTon donne degrands éloges à fa bienfaifance & à fa générolitéj vertus qui brillent le plus dans la conduite. Meilleurs Boutet père i^ fils faiioient huit cens livres de penfion à M. Roulleau. Il ell: à propos que ce lait palle à la poftérité, avec les honneurs dus à la noble bicnfaifunce, exercée à l'égard des illuftres vaaWitnïeax.J ugemensfur quelques ouvrages nouveaux. Tom. I y p. 6S'. Ce mot lignine en ce dernier exemple libéralité , munificence, générolîté. Depuis que j'ai vu que parmi les chrétiens on abufoit du terme de charité dans la perlécution que l'on failoit à fes ennemis, & que les hérétiques dilentqu'ils pratiquent la charité chrétienne en perlécutant d'autres hérétiques, ou les catholiques mêmes . , . j'ai cherché un terme qui nous rappeLît précilément lidée de faire du bien auxautres, & je n'en ai pas trouvé de plus propre pour me faire en- tendre, que le rern-.e de bienfaifance. S'en lervira qui voudra , mais enfin il me fait entendre , & il n'ell pas équivoque. M. L'Abbé de S.Pierre, dans le 2'^ tom. de juillet ij26,p. /7 6'joi «^ les liens en ie mo- quant , l'appelèrent Bigot ^ nom qui pafla aux autres . Normands, lluhcurs autres Hiftoires ik Chroniques rapportent la même choie. Voye'^ Palquier. Originai- rement ce mot n'étoit pas odieux , & lignifioit feule- ment, de par Dieu. Dans le procès de la canoniiaticn de S. \X''crnher, ^f?. SS. April. Tarn. I , p. -jzz , on trouve hegutt& pour des filles dévores. Il cft du com- mencement du Vl"^ fiècle. Guillaume de Nangis rap- porte que les Normands délirant de le faire Chrétiens, s'écrièrent Bigot y Bigat. Le Père Thomaifin , outre l'érymologie que nous venons de rapporter, donne celle que l'on trouve dans Etienne Guichard , qui dérive bi- got :, quand il fe prend pour hypocrite, de l'hébreu, bagad ; tranfgredij pravarican j tranlgreiler , préva- riquer. Bigot , en termes de Marine , cft une petite pièce de bois de diftérente longueur , percée de deux ou trois tro:;;, par où l'on pafle le bâtard pour la compofition du n: .ige. Bigot , en li^AïeuBigortia, eft la mclure pour les lu lù- des, dont on fe fert à Venife. Le bi.rot eft 'a quatrième partie de l'amphora , & la moitié de la botte. BÎGOTERE. Quelques-uns difent BIGOTELLE. f. f. Brolfe de poche enrermée dans lui petit étui , qui Icrt à retrouirer la mouftache. Scopula. On en fait auftî d'une pièce de cuir, dont en fe bride la nuit pour tenir en état une barbe retroullée. La higotère eft fore peu en ufage préfcntcmcnt , parce qu'il y a peu de per- fonnc qui lainent croître leur barbe. Les amours, te- noicnt ,1'un la higotère ^ 1 autre le miroir, es: les autres les peignes d'écaillé, à la pompe funèbre de Voiruie. Saras. Dom Quichotte fe leva debout lur fon lit, s'enveloppant tout le corps d'une couverture de fatiii jaune, un de fes bas lui itrvant de bonn.et, le viiage parfemé d'emplâtres , & la bigotellc iur la mouftache; Se pour dire la vérité, rcllemblant proprement à un Lutin qui court le mafque. T. IV , c. ^S , p. i p2. Ce mot vient de l'elpagnol bigatera. Se de vigotes , qui lignifie de grands crocs de barbe retroullés en garde de poignard , comme on les porte en Efpagne. BIGOTERIE, i. f. Dévotion d'un bigot, qui eft faulfe, outrée ou iuperftitieule. Simulatio pietatis. Toute fa dévotion n'eft que bigoterie. Il y a des Savans qui vont jufqu'à l'idolâtrie, & jufqu'à la bigoterie pour l'anti- quité, & qui chicanent l'honneur de toutes chofes aux IVlodernes. S. Evr. BIGOTISME. f. m. Profellïon que l'on fait de la bigo- terie , caraélère du bigot. BIGRE, f. m. Apiarius. C'eft le noirl que l'on donnoic autrefois à de certains particuliers riverains des forets, qui avoient loin d'y chercher des abeilles, de les raf- fcmbler, & de les élever daiis des ruches , pour y faire du miel Se de la cire. Les Bigres avoient le droit de couper Se d'abattre les arbres où elles le trouvoicnt, à leur profit, ians en pouvoir être recherchés. Depuis en étendant ce pouvoir, ils avoient le droit de prendic dans les forets tout le bois dont ils avoient bel oin pour leur chauftage ; c'eft pourquoi on les appeloit dans quel- ques endroits Fiancs Bigres. Le Roi ayant lupprimé tous les droits de chauffage pat fon Edit de 1669 ,aux exceptions y portées, les Bigres qui n'avoienr d'autres titres que l'ufage, furent annéantis. On voit dans le Mercure de Février de 1729, une explication du moc bigre. L'Auteur tire l'étymologie de ce nom du moc BIH latin api^er y qui lignifie, qui gouverne les mouches, ou à'apicurus j qui a loin des abeilles. Il die qu'on a letianché ï\4 du premier mot , & que de Piger qui iclte , en changeant le P cnB , comme il ell arrivé fort Suivent , on a tait Biger ^ &c Bigre en iuançois ; ou que à'iipicurus y en retranchant pareillement Va^ on a fait àcpicurus qui relie, picrus par contravif ion , puis ^i- crus ,cn changeant P en B , comme en Piger, ik que de Bicrus ou a fiiit Bii;rus , puis le mot fiançois Bi- gre. Il rapporte pkilicurs charries , & veut prouver grammaticalement, que le mot Bigre rendu en latin dans ces titres p:iï Bigrus par coriuption, lignifie ce- lui qui a foin des abeilles. BIGRE, ESSE. f. m. & f. Mot injurieux parmi la po- pulace. C' j" BIGRERIE. f. f. Vieux mot qui fignifioit le lieu où l'on tenoir les ruches à miel. Apiarium. C^ BIGUBA. Royaume d'Afrique , en Nigritie , au àcirus de celui de Guinala. Les peuples qui l'habitent, lont appelés Biafars 3 nom qui leur ell: commun avec d'autres. BIGUER. V. a. Changer de la main à la main, troquer but à but. Permutare. Biguer un cheval , biguer une carte, termes de manège & de jeu de cartes au hère. BIGUES. 1. f. Terme de marine. Giolïes (Se longues piè- ces de bois qu'on palFe dans les labords, loir pour loulever j foit pour coucher le vaillcau. On appelle aulfi de ce nom les mâts qui foutiencnt celui d'une machine à mater. B I H. BIHAI. Ç. m. Plante de l'Amérique, qui produit des branches alFez femblables au plane. Elle jette des verges, ou jets, au miheu & autour dciquels lent les feuilles, qui font ailea grandes & alfez larges, & dont les Indiens couvrent leurs mailons. Ils s'en couvrent aailî la tête quand il pleut, &c àe.s branches ils en font des corbeilles , ou paniers , mettent entre deux des feuilles de la plame, deforte qu'ils ne prennent point l'eau , quand ils les y plongent. Ils appellent ces cor- . beilles , havas. Dans le befoin ils mangent aullî les ra- cines des hihais les plus tendres : elles font blanches , tendres , & n'ont pas un mauvais goût. Elles refTem- blent allez à la partie tendre du jonc qui ell dans la terre, m.ais eiles font meilleures. Ramuz. Tom. III , p. 112. Dd" BIHATZ. Ville du Royaume de Hongrie , dans la Croatie, dans une île foimce par la rivière d Unna qui l'entoure de tous côtés. Quelques-uns la nom- ment Bihic:^. Son vrai nom efl Bihacs. BIHORE. Terme dont fe fervent les charretiers pour hàtcrleur chevaux. C'eft dansCotgrave que j'ai trouvé la lignification de ce mot. M. Coste, note 2 s ijur le s 7 chap. du 2 livre de Morûjgne j dont voici les pa- roles. LailFons un peu faire: l'ordre qui pourvoit .aux puces & aux taupes, pourvoitaulli aux hommes, qui ont la patience de fe lailTer gouverner. C'eft un ordre fuperbe & impiteux. Nous avons beau crier bihore j c'eftbienpournous enrouer, mais non pour l'.avancer, p. yç 0 du II tom. de l'édit. in- 12. Paris ^ I 3"Ondit lamihcrcment d un hom- me léger & frivole, que c'eft: un vrai bilboquet. BiLBOQOiT. Terme de Perruquier. C'eft un petit mor- ceau de bois, ou de terre cuite, de figure cylindrique, un peu moins gros au milieu qu'aux deux bouts, du- quel les ieruiquiers fe fervent pourfriLer les cheveux, qui ne le iont p?.s naiuiellemer,t. BiiBCQOET, eiraulîi un terme de Doreur, & hgnifieua petit morceau de bois carre on eft attacne un morceau d'étoftc fine pour prendre l'or &: le mettre dans les en- droits les plus difficiles , comme dans les filets carrés , dans les gorges & dans les autres endroits creux. Les Ouvriers appellent en termes de Maçonnerie , bilboquet y tout petit quartier de pierre, détaché d'un plus gros morceau. ^fT Bilboquet, chez les Imprimeurs , fe dit de certains petits ouvrages de ville qui s'impiiment , comme Billets de mariage, de bout de l'an, adreftes de marchands , iScc. Encyc. .^C? BiLBoquET, chez les Paumiers, fe dit de la partie de la chèvre où eft la concavité dans laquelle le Pau- micr frappe la balle , l'arrondit tk. la forme quand elle eft faite. Sçj' Bilboquet , dans les Mcirncies, eft un morceau de fer ovale Le formulaire à'nnbilletde change pour une lettre à fournir , eft conçu en ces ter- mes ; J'ai reçu comptant de tel, la fomme de tant , pour laquelle ]e promets lui fournir lettres de change paya- bles à lui , ouàfon ordre, en telle ville, en ces prochains paiemens de tel mois. Fait , &c. Bornier, dans fes notes fur l'Ordonnance de lôj^. Les billets de mon- noie ont commencé à avoir cours en 1704: on jugeoit alors qu'ils tenoicnt lieu de deniers comptans. Billets de l'Epargne, font des ordonnances, mande- mensjourefcriptions données à recevoir fur les Tréfo- riers de l'épargne , -qui n'ont point été acquittées & qui lont lurannées. Refcriptum ad quajlores ararii. Fane courir le billet pourdire , négocier un billet, ou chercher de l'argent à emprunter par le moyen des Notaires , Courtiers de change , ou autres perlonnes. Billet , fc dit aulÏÏ de certains petits bulletins ou papiers roulés , qui fervent pour donner les fufFrages dans une élection. Suffragium. Il a donné fon billet en faveur d'un tel afpirant à cette charge. On le ditauflî en ter- mes de Blanque, ou de Loterie. Il a eu un bon bilietk cette blanque , à cette lotetie , un billet noir , où il y avoitun bénéfice. Encefens, on dit que des foldats tirent au billet , Sorte ducere, quand de plulieuis loldatsqui font cou- pables d'une même faute , on n'en veut punir qu'un pour donner l'exemple-, & pour cela on les fait tirer au fort, & on punit celui qui a tiré le billet noir. Billet blanc. Un billet Ae loterie où il n'y a rien d'écrit. Billets de proclamation. On nomme ainlî en termes d'Eaux & Forets , les hilldl fur lelquels fe font les publi- cations pour l'adjudicatijb des ventes. Billets Lombards. Ce font des billets d'une figure & d'unufage extraordinaire , dont on fe fert en Italie & en Flandre , & qui depuis l'année 1716 fe font auffi établis en France. ÇCFCelui qui s'intérefTe à l'armement, àlacargaifon d'un vailfeau , porte fon argent à la cailFe de l'Armateur , qui enregiftre fur fon livre de caifFe la fomme prêtée, & le nom du Prêteur. Il écrit enluite l'cnregiftrement fur un morceau de parchemin qu'il coupe en deux d'un angle à l'autte , en garde une moitié dans fa cailfe , & donne l'autre à l'intéreffe, qu'il rapporte pour la con- Tome /. BIL 90 ) fronteravcc celle de la cailfe, quand il eft queftion d« le faire payer du prêt ou des profits, (t? Billets de Monnoie. Billets donnés par les Directeurs des Mon- noies , aux particuliers qui portoient leurs vieilles Efpèces à la Monnoie, dans le temps delà refonte gé- nérale ordonnée par Louis XIV, en 1700. Comme les Diredeursn'.ivoientpasairezd'efpèces nouvelles pour payer les anciennes, ils en donnèrent leurs billets ÇAt- ticuliers, qui devinrent dettes de 1 état. #3° Billets d'Etat, ^ojye^ Système. Billet , le dit auliî des marques & des palPeports qui fe donnent pour avoir la liberté depalfer ou d'enirer en quelque lieu. Commcatus. En temps de pefte il faut prendre un billet de fanté au lieu d'où on Ibrt. Le Ma- giftrat , ou le Confeil de lanté des lieux fains éloignés de dix ou douze heues du heu peftiféré , ou plus loin , lelon la grandeur du mal, donnera des billets de fanté à ceux qui en partirontpourallerailleurs. De La Mare. Celui qui auraun^V/Ér de fanté , prendra un certificat au bas de tous les lieux où il aura dîné ou couché , & la même chofe lera obfervée à fon retour. 1d. On prend les /'^//erj aux portes pour faire palfer du bétail de bout à travers la ville. On n'entrera à cette cérémonie que par billets. On obtient des billets pour entrer aux bal- lets du Roi , aux comédies. Les Officiers de ville donnent des billets aux foldats pour leur alîîgner leur logement.^ BILLETÉ , EE. adj. Terme de Blafon. On appelle un Ecu billeté , celui qui eft chargé de billetes. Scuti area fchedis infperfa. §3" On le dit de toutes les pièces chargées de billettes. Billeté, Ée, en termes de Négoce, c'eftune épithcte qu'on donne aux marchandiles , fur lefquelles on a mis des billets ou des étiquettes qui contiennent un nu- méro, qui eft relatif à ceux des livres, ou de l'inven- taire du Marchand. Infcriptus. BILLETER. V. a. C'eft attacher des étiquettes, mettre des billets aux étoffes. C'eft fur ces billets que les Mar- chands , particulièrement ceux qui font le détail , mettent les numéros & les aunages des pièces entières, & qu'ils écrivent chaque jour ce qui a été ôté , c'eft- à- dire, levé de celles qui font entamées. Les Marchands ont pareillement coutume de ^///erer leurs éto ffes, lorf- qu'ils veulent travailler à drelfer l'inventaire que, fui- vant l'Ordonnance , ils font obhgés de faire tous les ans, ou du moins tous les deux ans. BILLETTE. f. f. Petite enfeigne en forme de billet, qu'on met aux lieux où l'on doit péage , pour apprendre aux voituriers qu'il ne faut pas palier fans payer le droit,foic au Roi , foit aux Seigneurs qui font chargés d'entretenir les chemins : ainfi il y a bien lieu de croire que ce nom a été donné d'abord à Paris au Monaftère qu'occupent à prélent les Carmes dits des Billettes ,1k. qui fut bâti en 1 194 , à la place de la mailon d'un Juif qui avoir fait plufieurs outrages à la fainte Hoftie, parce qu'à la maifon de ce Juif il y avoir trois ou quarte billettes ^ comme remarque le P. du Breuil dans les Antiquités de Paris. Le P. Papebroch s'eft donc trompé quand il a dit que la marque que les Carmes donnent à leurs Tier- çaires eft un petit fcapulaire en forme de billette , Se que c'eft pour cela que l'on a donné à Paris le nom de Billettes aux Carmes qui ne font pas déchaulfés , puif- que la maifon qu'ils occupent, portoit ce nom long- temps avant qu'ils y fuftent. Billette, en termes de Blafon , eft une pièce folide dont on charge l'Ecu , qui eft faite en forme de catré long. Scheda. Il y a des billettes de métal , & d'autres de couleur. Lavardin porte d'or à onze billettes d'azur 4 , 3 , 4. On appelle billettes couchées ou renverfées j quand leurplus long côté eft couché par terre fur l'Ecu , & le plus petit à-plomb. C'étoicnt anciennement des pièces d'étoffe d'or , d'argent ou de couleur , plus lon- gues que larges, quife coufoient par intervalle fur les habits pour leur fervir d'ornemens, qu'on a tranfpor- tées depuis fur les Ecus. Les billettes font aulîî des matques de franchife qu'on mettoit autrefois aux bor- nes des tçtres. Yyyyy. ^o6 BI L . BILLETTES. f. m. pi. Efpèce de Religieux qu'on appc- loit autrefois les Frères de la Chanté N. D. Voici ce qu'il y a de certain lur l'origine de leur nom de Biliectes: Jean Flammeng, bourgeois de Pa- ris , bkit une Chapelle a la placcdela mailon du Juif JCH, ou BINCHE. Quelques-uns écrivent BINSC. Binchium. Petite ville des Pays-Bas, dans le Hainaut Autrichien , entre Mons & Charleroi. LaChâ- tellcnie de Binch s'étend le long de laSambre jufqu'aux confins du Comté de Naniur. BINDELLES. ( on dit auflî BIDELLE. ) f f. Vieux mot Yyyyyij f)o8 BIN qui s'cft dit d'une forte de manches anciennes. Cou- lant mes manches à bmdelUs. BINDELY. f. m. Petit palîement foie & argent, qui fe fabrique en pluheurs endroits d'Itahe. BINEMENT. f. m. Action de biner. Seconde façon que l'on dunnc à la vigne & aux terres. Fines, repajiinaùo. On dit mieux binage. ip- BINÉ, ÉE. part. Plate bande èinee. BINER. V. a. Terme d'Agriculture. Donner aux terres , aux vignes , un fécond labour , une leconde façon , qu'on appelle binage. Vineam repajlinare. Les An- ciens appeluient ces fécondes façons binalta ; & on dit iterare agrum dans le même feus. Je binerai demain cette .terre. Il cft temps de biner les vignes. Lie. 0Cr Rebiner:, c'cft donner un troifiè-me labour. Comme ces labours font plus fupcrficicls que ceux que l'on donne pour la première fois , on dit , donner un binage ; pour lignifier , donner un labour léger. Dans les pota- gers , ce labour le donne avec un petit inftrument c]u'on appelle binette. On appelle aulfi ce petit labour , fer- fouir, îk l'inilrument ferfouette. Comme on emploie encore pour ce labour un inftrument qu'on nomme béquille : on dit quelquefois béquiller. {'tT Biner, v. n. Terme d'Eglife. Dire deux mefles par jour. Eodem die binas mijjas dicere. Les Vocabuliftes n'entendent ce mot que du Prêtre qui dit deux meifes, félon la pcrmilîioii qu'il en a reçue de l'Ordinaire. Mais celui qui dit deux mclfcs, fans néceffité , (ans permii- fion, par un vil intérêt, quelque criminelle que (oit fon aCcion , ne bine-x.-'i\ pas aullî? On dit d'un Curéj qu'il a la permillîon de biner. BINET. f m. Petit infhumcnt d'argent , de cuivre ou d'autre métal qu'on met dans un chandelier pour brûler une bougie ou une chandelle jufquau bout. Mettre Une bougie lur le binet. Faire binet , c'eft mettre par épargne un bout de chandelle ou de bougie lur un binet j ou lur le haut d'un chandelier , pour le brûler julqu'à la fin. Acad. Fr. Cette exprelhon elt aulli en ufrge au figuré, pour dire, ulcr d'épargne, éviter la dépenie. Pafquin parlant de Cléon: Mon Maure. Sans s'en appercevoir efl ruiné tout net. Il bnlle ,mais ma joi , c'ejl en faifant binet. Le DiJJîpateur j Com. de M. Dejlouches 3 Aile } j Se. 2 ^p. 61 , Tome III. ^fT BINGAZI. Ville autrefois confidérable, & capitale du royaume de Earca,en Afrique. §Cr BINGEN. Binpium. Petite ville d'Allemagne, dans l'Eleftorar de Mayence, entre Mayence & Coblents, fur le Rhin. §CF BINGO. Province du Japon, avec une ville de mê- me nom , au pays de Jamauler, dans la preique-ile de Niphon. BINI. f. m. Terme de Cloître , qui fe dit d'un Moine qu'un Supérieur donne à celui qui veut fortir, pour raccompagner. On apphque ce vers à ces deux com- pagnons. Nos hrevitas fensùs fecit conjungere binos. BINOCLE, fi m. Terme d'Optique. C'eft une lunette à longue vue qui eft double: c'efl -à-dire, deux tuyaux joints enfemble, par lefquels on peut oblerver un ob- jet e!.>igné par les deux yeux en même temps. Il a été inventé par le Perc Rheita, Capucin Allemand, qui en a écrit dans fon livre intitulé : Cculus Henoc & Eliit ; & depuis a été renouvelé par le Père Chérubin , Ca- pucin d'Orléans , qui en a écrit un grand volume en l'aniiée 1678. Ces fortes de Téletcopes font plus em- barralfans qu'utiles. BINOCULAIRE, adj. Qui fert aux deux yeux. Le Père Chérubin s'eft fervi de ce terme dans fon Traité de la Vifion parfaite. Aftrofcope binoculaire. BINÔME, f. m. Terme d'Algèbre. .ftT Quantité algé- Iprique compofee de deux termes, c'eil-à-dire, de deux BIO pafties unies entre elles par les figues plus ou moins. A -H— B eft un binôme , qu'on prononce , A plus B. A - — - B eft un autre binôme. Binomius. %fT On dit trinôme , quand elle eft compofee de trois termes ■, quadrinome yi\ elle l'eft de quatre ; & en géné- ral, wa/ri/zo/KÊj quand elle eli exprimée par plufieurs termes joints entemble par les Ç\2,nes plus ou moins. Chez les Anciens, on appeloit binômes ^ ceux qui avoicnt deux noms. tfT BINOar. f m. Nom qu'on donne dans quelques campagnes à une charrue fans courre & fans oreilles, avec laquelle on donne un demi labour aux terres,pour les dilpolet au labour plein. Encyc. Cette première façon des terres, ou préparation au plein labour s'appelle binons. BINSICA. f f. Terme qui fignifie, félon Van-Helmont , maladie de l'efprit , eu plutôt de l'imagination,ou pour m'exprimer de la manière myftérieuie de cet Auteur, c'eft une atrophie de l'organe de la fantaifie , telle que celle , dit-il , qui eft cauiee par la piqûre de la taren- tule , ou par la morf ure d un chien enragé, dont lafuite fatale eft la mort bmlique , mors binfica. BINTAMBARU.f. m. Cette plante croît dans le Mala- bar , dans 1 Ile de Ceylan , & dansd'autres contrées des Iles Orientales. M. Herman pcnfe quelle abonde en fel purgatif i ce qu'il infère de l'acrimonie de fon fuc laiteux, qui picote la langue &le gofier, &de quel- ques autres expériences réitérées. Dict. de James. B I O. BIOCOLYTE. f m. Biocolyta, rf. On appeloit Bioco- lytes dans l'Empire grec , certains officiers ou foldats qui étoient obligés d'empêcher les violences qui fc commcttoient dans l'Empire. Les Biocolytes étoient autrefois à-peu-près ce que lont aujourd'hui les Ar- chers de nos Maréchauflées. Lencm de Biccolyte vient de deux mots grecs , Bi'a , vis, violence , KwAt'a, im- pedio, j'empêche. L'Empereur Juftinien fupprima les Biocolytes. Voyez Boulenger. BIOGRAPFIE. f. m. Auteur qui écrit des vies , ou de Saints, ou d'autres. ^L l'Abbé Chaftelain s'eft fervi de ce mot pour éviter d'uier iif cuvent d'une périphrafe, & Ménage, en parlant de Bayle, a employé ce mot , qui eft fort d'ufage parmi les Savans. Rien n'eft pour- tant plus louable dans un pieux Biographe, que d'in- tércfler le Lecteur aux faits édifians. Desfontaines. Le moderne Biographe fait voir que S. Dominique étoit alors dans Muret. Idem. Ces judicieux Biogra- phes étoient perluadés que dans un récit les aétions tiennent heu d'éloquence. Il vient du grec ^'«f, vita y 6c -/fa?», fcribo j mot à mot vit£ , ou vitarum fcrip- tor. Ij^T BIOGRAPHIE, f. f. Hiftoire de la vie des particu- liers. ir~^ BI(5NIIEB0URG. Petite ville de Suède , dans la Finlande , à l'embouchure de la rivière deCumo, dans le golfe de Bothnie. BIOTHANATE. f.m. !<<: f. Du latin bipcdalis. Qui a deuxpicds. CoTCRAVE/e^/AM. d'Aubray ditdansfa harangue, que la France n'cft pas un morceau pour la bouche du Duc de Savoie , quelque bipédaU qu'elle BIQ foit, c'cfi-ï-diK , grande ; car une bouche qui auroit deux pieds feioit enome. f^aye:ii^ le pallage , (ous le mot Figon. • BIPEDE, adj. Il fe dit des animaux à deux pieds , qui marchent à deux pieds. Bïpcs. BIPENNE, f. f. Bïpennis. M, Moreau de Mautour a em- ployé ce terme dans (on difcours préliminaire (ur les Amazones , pour lignifier la double hache qui étoit l'arme ordinaire dont ufoient ces femmes guerrières. Ce n'eft autre choie que le mot latin , auquel il a donné une terminailonFrançoile. Je ne crois pas qu'on trouve ce terme dans aucun autre Auteur ; mais ce font de ces libertés que l'on fe permet quelquefois dans des dif- cours d'érudition , & que l'on ne doit point le donner ailleurs. Ainfi dans une dilFertation fur les médailles .(Ui leur don- neiu le nom. La plu^ conlidérablc de ces lies eft celle de Foimofa. BISAYEUL, EULE, f. m. & f. Terme relatif. Qui eft père ou niïie d'-ni gnjid-pere ou dune grand-mere, ou d un aïeul ou d une aïeule. C'eft le troilième degré de parenté dans la ligne alcciidante avec les petits-fils. Proavus. Cîiacun de nous en paiticulier ne peut dou- ter que ton père , fon aïeul , ton bifaïeul, ne crullent comme croient les Catholiques. Ce bifaieul éto'n très- ceriam que ton hfucul avoir cru de même. Plliss. La cérémonie de la béatihcationde S. Françcis de Borgia, faite à Madrid , fut particulièrement remarquable , en ce que le corps du Saint fut lui\'i dau'. tuures les au- tres procellions par quarante iix Seigneurs , oui le re- connoilfoient pour leur aïeul, peur leur bifaieul, ou pour leur trifaïeul , dont il y en avoit quatorze Grands d'Elpagne. P. Verj. BISANCE, ou plutôt BYZANCE. f. m. Byfamium. Voyez BvzANCE, car c'eft ainfi qu'il haut écrite, ôc M. Corneille lui-même qui écrit Bifancs , a cependant écrit dans le même article By\cs àc hy:^antius ; ce qui ett d'autant mieux, qu'il faut ditluiguer cette ville d une autre ville de Thrace, ielon Ptolomce, ou de Macé- doine, telon Etienne de By tance, ôc. dont j'ai vu une médaille, avec cette inlcripiicn , EiSA>.«H>nN. ^ BISANNUEL, ELLE. adj. Bifannuus.TcvmcàeV>o- tanique. Plante bijannueli-e, eft celle qui peritaprès avoir fubfillé deux ans. Ces plantes dcniieiit leur femcntc la féconde année , & elles meurent cnluire. Ip-BISANTAGAH. Ville d Atie, dans iindoutlan, au royaume de Cambaye ou de Gufurate. BISANTHE, BlbANT£,ou BISA LE. Ville de l'ancienne Macédoine, Bifanthe , Bijate. Quelques-inis la pren- nent pour Rodotlo, que Samion appelle Rudcfïo, & qui eft une ville de la Remanie, fur la côte de la mer de Marmara, au midi de Ceiiviee, ou Stlivrée. iv'ais Du Loir doute fi cefl Rodofto eu Kcuer, qui eft un peu plus au midi. Voye\ ftn voyage du Levant, p. / o ^ ôc l'article précédent. Cette ville s'apeloit aulîi aiicien- nemcnt Paciia. BISBILLE, f. f. Terme populaire ôc de peu d'ufage, pour fignifier murmure, ou quelquefois diipute. Us ont eu q\ie.\(\\xz% bisbilles enlemble. De Vnûicnbisbiglio. MÉn. BISCAPIT. f. m. Mot latin, devenu françois l'tukmcnt dans le ftyle de la Chambre des Comptes. Il fc dit du double emploi d'une tomme employée, comptée, ou reçue deux fois. Un comptable qui tait un bifcapu dans fon compte , doit être condamné à payer le double de la fomme mal employée; c'eft-à-dire, que fi le bifcapit eft de cinq mille livres , la peine du double doit être de dix mille livres, fans y comprendre les cinq mille livres qui ont donné lieu au bifcapit. IfT BISC AR A. Ville d'Afrique , dans la province de Zeb, au Biledulgerid. BISCAYE. Bifcaya, Vifcaia y Cantabria. Province d'Ef- pagne bornée au nord par la mer de Bifcaye, au cou- chant par les Afturics, par la vieille Caftille au midi, & par le pays de Guipufcoa au levant. Bilbao eft ca- pitale de la Bifcaye. La Bifcaye a été anciennement la demeure des Cantabres , telon quelques-uns; félon d'autres, la Bifcaye a été habitée anciennement par les Antrigons, vers le levant, & par une partie des Can- tabres propres vers le couchant. La Bifcaye eft abcn- dante en bois, en fruits fauvages ôc en pommes, dont ils font de la ftdra , ou du cidre; en vin, en millet , en noix, en châtaignes, en railuis, en mines de fer, d'acier, de plomb. La mer de Bijcaye^ mare Cantabricum , eft la partie de l'océan atlantique, qui baigne la ente fcptentrionale de l'Efpagne. La Bifcaye françoife, Bifcaia ,oii Canta- bria Gallica , c'eft le pays àsi Bafqucs. La nouvelle Bifcaye eft une nouvelle Province dans l'Audience de Guadaiajara , dans le Mexique. Voye-^ Arn. Oihcnarti , Kotitia utriufcjue Vafconit/. BISCAYEN, ENNE , f. m. & f. Qui eft de Bifcaye , na- tif originaire de Bifcaye. Cantaber. Catel, dans fon BIS ÎJ'ijl. de Languedoc,, écrit Bifcoyn. Larrey , dans (on Hiji. d'Angleterre, T.II^p. ^ jj , a écïit Bijcain avec quelques anciens, & Mary dïi B!fcain,ks Bifcains. L'un & l'autre eit mal. Il faut dire avec M. Corneille Bifcayen , qui fe prononce Bifcaien. Les Bifcayens font atïlibles, agiles, vifs, courageux, mais Aijcts à la colère. T. Corn. Les filles Bifcayennes vont tête nue , (k fe coupent les cheveux , parce que félon la coutu- me du pays , les vierges ne doivent pas les porter longs , ni être voilées. Quand elles font mariées elles fe cou- vrent la tête d'une toile jaune j qui fait au delTus du front une efpèce de corne qui s'élève en pointe. Cet habillement de tête femble approcher de celui de quel- ques anciens Efpagnols Se Montagnards. Id. Les Bif- cayens ont eu des Comtes ou Gouverneurs , envoyés par les Rois d'Oviédo & de Léon jufqu'en 859. Les Bifcayens , au rapport de Botero , prétendent que le Roi , qui le nomme feulement Seigneur de Bifcaye , doit entrer dans leur pays avec un pied déchauiré. Id. M. de Tillemont (emble éviter ce mot. Il dit toujours , les peuples de Bifcaye. Il eft cependant françois & en ufage. BiscAYEN. f. m. Efpèce de fufil qui porte beaucoup plus loin que les fufils ordinaires. L'auteur de la nou- velle manière de fortifier les places , du qu'elles dc- vroient être garnies de fufils boucaniers, & de ceux qu'on appelle bifcayens, afin de pouvoir tuer un hom- me de trois cens pas. |>3= BISCHBURG. Petite vilk de la PrulTe Polonoife. ip- BISCHMARCK. Petite ville de la PoiTiéranie, près de Stargard. Ip- BISCHOFF-HEIM. Ville du cercle du Bas-Rhin, dans l'EleCtorat de Mayencc. ^ BISCHOFF-LACK. Ville de la Hautc-Carinthie. ^ BISCHOFF-WERDA. Ville d'Allemagne, au cercle de la Haute-Saxe , dans la Mifaie , aux confins de la Haute-Lufacc. ^ BISCHOFFZELL. Ville de Suilfe dans le Turgaw, à l'embouchure du Sitter , dans le Thour. #Cr BISCHWEILLER. Ville de France, en Alfacc, en- viron à quatre lieues de Strasbourg. BISCORNU, UE, adj. Mal fait, mal bâti, qui eft d'une forme irrégulière. '_fT On le dit figurément de l'efprit & des ouvrages d'efprit. Une maifon bifcornue , un onvrage bifcornu, un raifonnement bïfcornu. Il eft familier dans toutes les acceptions. BISCOTIN. f. m. Pâte cuite avec du fucrc. Placenta. Pour faire des bifcotins , il faut prendre une demi-livre ou une livre de fucre, fuivant la quantité que vous en voulez faire, le faire cuire à la plume, prendreuiie demi-livre ou trois quarterons de farine, la jeter dans le fucre cuit, la remuer proprement pour la mettre en pâte ; mais il ne faut plus la mettre au leu , il faut la drelTer lur une table ou fur une planche, avec un peu de fucre, la pétrir proprement, puis la piler dans le mortier, avec un blanc d'œuf, un peu d'eau de Heur d'orange, un peu de mufc & d'ambre, fi l'on en veut; la bien piler, pour incorporer le tout , & en faire une efpèce de pâté ferme. Enfuite on la met par petites boules, comme les petits pains de citrons. ^3" Enfuite on les jette dans une poêlée d'eau bouillante ; ils vont d'abord au fond , & quand ils viennent delfus , ou les tire avec une écumoire, on les égoutte, on les dreffefur des feuilles de fer blanc ou de papier, & on les met dans le four, pour les cuire & leur faire pren- dre une belle couleur. BISCUIT, f. m. Terme de marine. Pain fort delFéché par une double cuilTon, d'où il eft appelé bïfcuït, pour le garder long-temps , & particulièrement fur la mer. Panis nauticus. La foute eft le lieu où on garde le hif- cuït dans les vailTcaux. Le hifcuit pour les voyages de long cours fe cuit quatre fois , & on le fait fix mois avant l'embarquement. Le bifcuit qu'on charge fur les vaifteaux du Roi, eft de farine de froment épurée de fon , & de pâte bien levée. Faire du bifcuit , c'eft aller en chercher, aller faire fa provifion de bifcuit, comme on dit , faire de l'eau , & faire du bois. {fCr On dit figurément & proverbialement, qu'il ne faut point s'embarquer fans ^{/c«if; pour dire s'engager dans BIS pTl une affaire, dans une entreprife , fans avoirlcschofcs nécefliiics pour y réullîr. Biscuit, cftaullî une pâtilléiic friande faite avec de la plus fine farine, des œufs & du fucre : on y met aulïi de l'anis &: de l'écorce de citron. Copta dulciana. On les fait cuire au four dans des moules de fei blanc, ou de papier. Il y a aulli des bifcuits de carcme laits fans œuls, avec de la pâte d'amandes; desbfuus de con- ferve de rôles , de citron , de grenade , 6 c. Les Maçons appellent /-//c^zrj ou /ic'cwrj, les pierres de chaux qui relient dans le baiîîu, après que la chaux eft détrempée. §3° Biscuit, ledit auflîen termes de Teinture. Il eft dé- fendu aux Teinturiers de faire aucun bfcuit ni faux noir, c'eft-à- dire, entre deux galles, vieille^ neuve. §Cr Bis CUIT , fe dit aulli chez les Potiers de terre , Faïen- ciers, (S'f. de la pâte qu ils emploient a faire leurs vaif- féaux , & lur laquelle ils appliquent enfuite la couverte. BISE. f. f. Vent de nord. Il eft froid & fec. Il fouff e entre l'eft & le feptentrion. Aquilo. Boreas. La btfe eft un ventpro- bation que fait un Seigneur de l'aveu & déncmbie- mentquelui donne fon vafl al ,quandil cft détcdlutux. La coutume doime quarante jours au Seigneur pour fournir fes blâmes. BLÂ^rE , en matière criminelle , fîgnifie la eorredticn\er- bale qui eft laite par un Juge peur lailond ur. ciinie, c'cll une peine qui emporte rintaHiic. E lie le fait en ces termes. La Courte blâme &: te rend infâme. BLÂMER, v. a. Reprendre, condamner quelque mau- vaile adfion, témoigner par des parties tu on dcfap- prouve quelque choie. J' ituperare , repreh<.ndere^cul- pare. Je l'ai tort blâmé de ion emportcmtM. Tout le monde blâme la conduite. Je vcui liun.e d avoir at- tendu fi tard à me découvrir vos peines & vos ennuis. Souvent ceux qui /'iàme/jr les autres, tcmbentdans les mêmes défauts. Mais pour Cotin & moi qui rimons au hafard ; Que l'amour de blâmti J^r Poètes par art. Bon. Blâmer j §3° en matière criminelle fc dit de la correc- • tion verbale que lait le Juge à un coupable, ordonnée par le jugement. Etie bKvmé en Juftice, porte note in^ famantc. Nicot prétend que ce mot vient de blafphemcre , ou du grec /^Ai^jlei. , qui hgnifîe jamum Udere , médire. D autres croient au contraire que le mot de blafphé- mer \'ient du mut de blâmer , qui ne lignifie autre cru-fe que reprendre 1 condamner , difamer.OnUu\.wt bu:f phemium dans le fens de blâme dans la vie de laint Gunthram Roi de France, p. IV, n. 24. tirée de Gré- goire de Tours, Liv. VU, Bifi. Fccl. C. 2S. Blâmer , en Juridiéfion féodale , lignifie contredire ou débattre l'aveu & dénombrement qui eft donné à un Seigneur par les valLaux. Improbare , contradicere. A faute de blâmer par le Seigneur dans le temps de la coutume, l'aveu cft reçu, l-'ar la Coutume de Paris, un aveu & dénombrement doit être /'Af/7;e' dans les 40 jours après qu'il eft donné, autrement il eft reçu. Dans celle de Normandie , le Seigneur a ttente ans pour blâmer l'aveu ou dénombrement. BLÂMÉ, ÉE, paît. Vitupcratus ^ reprehenfvs^ culpatus. §CrBLAMMNYSER. f. m. Plaquette, ou demi Efcahn. Monnoie des Pays-Bas , dont la valeur eft de trois lous*^ fix deniers de France. §3" BLAMONT. Ville de France, en Lorraine, à cinq lieues de l.\\ni\\\\c, Albus mons. Quelques-uns écrivent Blanmont. BLAMUSE, f. f. Tape , coup domié avec la main. Branrome, Dames galantes 3 t. i , p. 271. ^ BLANC , ANCHE, adj. Souvenr employé fubftan- tivemenr. Ce qui eft de la couleur la plus approchante de la lumière, & la plus oppolée au noir. Aibus ,can- didus. Leblanc, à proprement parler, eft un compofé de toutes les couleurs. Les corps ne paroiftent blancs que parce qu'ils rélléchiirent des rayons de toutes cou- leurs, au lieu que les noirs les ablorbent. Aulli un corps noir s'échauffe bien plus facilement qu'un blanc. Voyez Couleur. Quand on veut exagérer la blancheur, on fe fert de ces comparailons. Blanc comme un larin , parlant de la peau. Blanc comme un cygne, en par- lartdu poil. 5/û/2f comme ivoire, en parlanr des dents. Blanc comme neige , en parlant du linge. Blanc com- . me albâtre, en parlant d'un beau fcin. Il crache blanc comme coron , eu parlant de la lalivc. ceux qui bri- guoient les Magiftrarures à Rome , étoient habillés de blanc : ccft pourquoi on les appeloit Candidats. On appelle papier blanc ^ celui où il n'y a rien d'écrit. Flé- vclius dit qu'il eft très certain que les animaux devieu- BLA nent blancs en hiver dans les pays feptentiionaux, com- | me les lièvres, les renards & les ours; & que l'été ils reprennent leur couleur naturelle. En Ethiopie on a du blanc l'idée que nous avons du noir. On y peint le Diable blanc , fi l'on en croit Ludolphe. Les Thraces ont été les "premiers qui ont marqué les jours heureux avec de petits cailloux blancs, & leS malheureux avec des noirs. Les grecs ont imité cette coutume, & cela a donné lieu au proverbe, marquer un jour de blanc ; pour dire , témoigner une fort grande joie. Ce mot, félon Covarruvias , efl: goth. Ménage, après Guyet, dit qu'il vient de albicus , d'où les Italiens ont fait bianco j Se les Efpagnols blanco. Il en dérive aufli le mot de blond. Blanc, fe dit aulîî dece qui efl: pur & net, qui n'efl: ni fale ni gâté. Nuidus,purus. Du linge blanc. Une alîiette blanche. En ce feus on dir au figuré , ce criminel a ga- gné le Juge, il l'a fait fortir rout blanc de cette affaire. Ce mot pris ainil dans un fens figuré , a diverfes au- tres fignifications. Par exemple, ils font tout blancs au- dehors & tout noirs auJedans; c'eft-à-dire, qu'ils font vertueux en apparence , mais qu'au fond ce font des méchans. Quand je ve.ux dire blanc , la Qiànteufe dit noir. BoiL, C'efl:-à-dire , quand je veux dire d'une façon, elle die d'une autre. L'homme va du blanc au noir. Il condamne au matin fes fentimens du f air. Id. C'efl:-à-dire , que l'homme eft volage & inconftant (dans toutes fes rclolutions. NL Claude a dit que S. Augufliin avoir palfé du blanc au noir , fur le fujet de la tolérance pour les i4érétiques •■, pour dire que fes premiers fentimens fur cet article étoienc fort diffé- rens de ceux qu'il embraifa dans la fuite. Vouer au blanc , le dit lorlque le père ou la mère d'un entant fait vœu que cet cnfanr fera vêtu de blanc, avec le bonnet, les gants, les fouliers, &-c. de la même couleur, pendant un certain temps en l'honneur de la Vierge. Acad. Fr. iÇLANc. On appelle vers blancs les vers fans rimes , tels que ceux des Anglois & des ItaUens modernes. Je vais prendre la liberté de traduire en cet endroit en vers blancs , comme votre pièce eft écrite , parce que le temps qui me prelle ne me permet pas le travail qu'excite la rime. Voltaire. J'aurois louhaité pouvoir, à l'exem- ple des Italiens & des Anglois, employer l'heureufe facilité des vers blancs. Idem. Blanc, le marie avec pluiîeurs fubftantifs , qui changent fa lignification en y ajoutant quelque chofe. Blanc-bec. f. m. Jeune homme lans expérience. H fe dit plus ordinairement de ceux qui lont nouvellement en- trés dans les troupes. C'eft un blanc-bec. Argent blanc, ou Monnoie blanche. C'eft toute la monnoie d'argent. Nummi argcntei. Et il eft oppofé à l'or & au billon. Armes blanches. C'étoient jadis les armes d'un jeune Chevalier , d'ont l'écu n'étoit chargé d'aucunes Armoi- ries. Parma alba. On appelle aujourd'hui Armes blan- ches celles qui ne fo!it pas armes à feu , comme les épées, les labres, &c. BiÈre blanche. On appelle ainfi la bière qui tire fur la couleur du vin blanc , pour l'oppefer à la bière rouge. Cervijia albida. Billet blanc. Voye-^ Billet. Bois blanc, eft du bois de bouleau, peuplier, tremble, &c. Populus, Boudin blanc , eft un boudin fait avec du lait & du blanc de chapon. Botulus lacle & alla caponum carne fart us. Carte blanche, eft une carte où il n'y a point de pein- ture de roi , dame, ni de valet. Ckarta clha. On dit donner la carte blanche à-quelqu"un; pour dire, offrir BLA 5) I p de fahe quelque chofe à telles conditions qu'il lui plaira. Cheveux blancs, des cheveux de vieillard blanchis avec l'âge. Cani. Ainfi on dit, il eft tout blanc de vieilleffe. Par la même railon , le mot de blanc fe prend encore quelquefois pour la blancheur même des cheveux, ou pour la maladie qui les fait devenir blancs. Ils n'arrêteront pas le temps qui toujours vole. Et qui d'un tri/le blanc va peindre tes cheveux. Main. Cire blanche, eft de la cire, qui étant jaune naturel- lement , a été blanchie à la rofée. Cornette blanche, fe dit en France du premier régi- ment de cavalerie , régiment du Colonel Général de la cavalerie. Cure blanche, eft un terme ufité dans l'Orléanois & ailleurs, & qui le dit des Cures pollédéespardes Cha- noines Réguliers de S. Auguftin, parce qu'ils ont des foutancs blanches, pour les diftinguec des autres Curés féculiers qui en ont de noires à l'ordinaire. Ainfi on dit Cures blanches & Cures noires. Drapeau blanc , en France, le premier Drapeau d'un Régiment. Eau blanche, c'eft de l'eau où l'on a mis du fon pour la faire boire aux chevaux malades. Écharpe blanche, lignai de ceax qui étoient autrefois au fervice de France. Fer-blanc , eft du fer battu en lames , & blanchi avec de l'étain. Fcrrumjianno illitum. On appelle Taillandiers en fer-blanc j ceux qui font des entonnoirs , des lanter- nes, &c. Gelée blanche, c'eft la gelée légère qui fe forme le matin de la rofée , ou brouillard. Pruina. Gris blanc, c'eft du gris pâle tirant lur le blanc. A^. bidus. Blanc-etoc. /-^oye^ Blanc-Être. .BlancÊtre. Terme d'exploitation & de commerce de bois. Faire une coupe de bois à blanc-être , c'eft n'y rien réferver , abattre tant le bois taiUis que les baliveaux & autres arbres retenus. Quelques-uns dirent blanc-etoc^ mais blanc-être eft plus ufité. Blanc-manger, eft un mets délicat fait en forme degC'' lée : un preftls de viande avec du lait, du fucre & des amendes. Jus è carnibus elixis c oncretum , & albidum colortm referens. Il y a un fruitau Mexique qu'on ap- pelle blanc-rrianger, qui en effet en a preiquc le goût. Il fond dans la bouche comme la neige, l'emplit d'une eau lucLée. Il eft gros comme une poire, & eft plein en dedans de pluiîeurs noyaux ou petites pierres noires. Magie blanche, eft un art innocent de faire des chofes extraordinaires par la connoilTance des fecrets de la na- ture, que le peuple croit ne le pouvoir faire que pic le pouvoir des Démons. Ars innocens & ingeniofa flu- penda patrandi. Mer blanche , c'eft la mer glaciale, ou Hyperborée. Mare Glaciale , Hyperboreum. On appelle aullî Mef blanche la mer Egée , parce qu'on tient que c'eft une mer fort lure. Meurier blanc Eipèce de mcurierdont les feuilles fer- vent à nourrir les vers à loie. Moine blanc, elt un Religieux de l'Ordre des Chanoi^ nesréguUers de S. Auguftin, ou de Prémontré, ou des Feuillans. Monachus alba vejie indutus. On appelle, vouer au blanc un enfant , quand on l'habille de blanc jufqu'à un certain âge, en l'honneur de quelque lainC Fondateur d'un Ordre qui porte le /'/a/zc. Il y a aullî à Paris des Blancs-Manteaux , appelles autrefois des Guillemins, dont la maifon eft maintenant remplie de Bénédiéiins. Ce nom de Blancs-Manteaux a été aullî donné aux Religieux de la Congrégation des Serfs de fainte Marie Meie de Jesus-Christ. Elle hitinftiiuée à Marfcille dansle Monaftèrede fiinre Marie des Arènes, & le Pape Alexandre IV la confirma en \ix^. Note blanche , eft une note de mnfique dont la rête eft blanche , c'eft-à-dirc , vide dans le milieu. Elle vr.uC deux noires, ou la moitié d'une ronde. -_ Pain bis-blanc, qui eft mêlé de fon ou de feigie- p2o BLA Pavilion blanc, eft le pavillon de l'Amiial de Ftance. Poivre blanc, eft un poivre dépouille de fon ccoice. f^oye-^ Poivre. l'ouDRE BLANCHE , cft de la poudrc à canon qui tire fans faire de bruit, à ce que l'on prétend. Reine blanche, l'^oye-^ reine. Rose blanche. Terme deFleuiifte. (Eillet, ainh appelé, parce qu'il n'eft ni plus large , ni plus feuillu que la rôle blanche : fa plante cft foible , mais fa fleur ne caife peint en lui lailfant cinq boutons. Ctïlt. des Fx. ^ Planc-racine. Œillet h/anc, qui a une grolle & large fleur, ainfi nommé de M. Racine. ^CT Blanc de Paris. Autre efpcce d'CEillet commun à Paris. La hlanckc printanière, la blanche tardive, font des noms de Tulipes. Id. Clanche d'Akdilly. Efpcce de pêche qui mûrit dans le mois de Septembre. La Qotnt. T. I. p. 26 j. Il ne les cftime pas. J^oye-^ P. III, ch. s 3 p. 41 S du I T. Elles font fujettcs à avoir la chair molle & prefque en bouillie. Id. C r 2 3 p. 422. Sauce blanche, eft ane fauce faite avec du beurre fon- du , & qui n'eft pas noirci à la pocle. Sel blanc, cft du fcl décrépité, ou féché au feu. 2x- cocius igné fal. Verre blanc, c'eft du verre pin-, & bien plus clair & diaphane que le verre commun. ^-> Blanc , renne de peinture , la couleur , ou la matière blanche que les Peintres emploient pour rendre blanc. ^fT Blanc d'Efpagne. Efpèce de rcrie ou marne blanche qui fc fond très facilement dans l'eau. On ne l'em- ploie qu'en détrempe. ^Cr II y a aalîi du blanc de craie qui eft-à- peu-près la même chofe. Blanc de plomb ou de cérufe. C'eft la rouille du plomb , qui eft ainfi appelée à cauie de fa blanchear. Ceruffa j pjimmhhium. Elle (c hait à la vapeur du vinaigre: on rappelle autrement cérufe. On met du plomb dans des f>ots , au fond delqucls il y a du vinaigtc. On bouche ces pots de telle manière que l'airn'y puilfe entrer; en- fuite on les enterre dans du fumier , où on les lailfe trente jours : au bout de ce temps on les débouche, & ©n trouve le plomb devenu blanc & cailant: on rompt le plomb en morceaux; on le fait lécher à l'air, & on le broie pour les Peintres qui s'en fervent : c'eft le plus beau blanc que nous ayons. ^J" Le blanc de plomb eft aulïï un cofmétique , dont les femmes fe fervent pour blanchir la peau. On en fait le fard. Fucus , piginentum. fer Blanc des Carmes. C'eft de la chaux de Senlis fort blanche & palfée dans un tamis très-fin. ^LANc. f. m. Terme de Fleurifte qui le dit des œillets. C'eft une efpèce de tache blanche , qui s'attache aux fanes de l'œillet , Hc qui pcu-à-peu , comme une pefte , gagne le cœur. Le blanc eft une maladie incurable de l'œillet. Pour le préfervcr pourtant des accidens que caufe cette maladie , il faut le garantir des nuits froides , & des brouillards, l'expoferen grand air , & l'arrofer fou vent. T^oye^Xz Traité de la Cult.dcs fleurs ,c. iS. J'ai un œillet qui a le blanc. Liger. Aies œillets pé- riflent par le blanc. La Qvwt. 4fT On appelle blanc de champignons, des ûlets blancs qu'on trouve dans le fumier , & qui produilent des champignons. C'eftaulfi un terme de Jardinier, qui fe dit descon- combres & des melons. Mes concombres, ou mes me- lons, ont le blanc. Liger. Ce mal, qui eft mortel pour ces plantes, n'eft autre choie qu'une altération dans les fibres de leurs fanes, ou de leurs bras, qui n'étant plus capables de recevoir le fuc qui les nourrit, pé- rilfent. Id. §CF Cette maladie attaque aufli les arbres , principalement les pêchers. C'eft une efpèce de lèpre qui gagne peu-à- pcu les feuilles , les rameaux & les fruits quife cou- vrent d'une efpèce de matière cotonneule, qui bouche apparemment les pores , & empêche par ce moyen la tranfpiration. Inde mali labes. Comme on ne connoît point la cauie de ce mal , on en ignore le remède. On l'appelle autrement meunier. Blanc Rhajls 3 que le vulgaire appelle /'/.î/?^ raijîni eft BLA art onguent qui eft ainfi appelé de fa couleur blanche j ^ du nom de (on inventeur, qui eft Rhafls , Méde- cin. Il eft compote d'huile rofat, de cite, de cérufe Hc de camphre. On l'emploie dans les brûlures , les gra- îclles , & plufieùrs autres maladies de la peau. Blanc d'eau. Plante qu'on appelle autrement nénuphar. Nymphéa. Voyez Nénuphar. BiANc de Mefue 3 eft un emplâtre qu'on nomme aurre- mcnt diachylon. BLANc^d Aa/^/Vzf. C'eft la cervelle d'une efpèce de baleine que les Balqucs appellcnr byaris , & ceux de S. Jean de Luz Cachalot. C'eft, lelon quelques-uns, la ba- ieine malc. On prend la cervelle de cet animal ; o;i la fait fondre fur un petit feu ;cnluice on la met dans des moules icmblables à ceux où l'on jette le lucre; après qu'elle eft ref-roidie &;égouttée de Ion huile, on la taie refondre comme la première fois. Se ainli plulicurs fois de fuite , jutqu'à ce qu'elle fait bien purifiée & bien blanche : alors on la coupe en écaille avec un couteau fait exprès. Leblanc de baleine veut êtrcconfervé dans des vailfeaux bien bouchés, car il n'y a guère déchoie qui fe gâte plus aifémcnt à l'air. Pomet. Outre fe» ulagcs en Médecine, on l'emploie comme cofmétique. Blanc de perle. Voyez Bismuth. En termes de Médecine , on dir Le blanc de l'œil. Oculi album 3 oculorum alhor. C'eft la première tuni- que, ou peau de l'œil, qu'on appelle aulli conjon&~ tive 3 parce qu'elle Icrt à joindre & à tourenirles au- tres. Elle ne va que jufqu'au cercle qu'on nomme iris. l'CT Blanc c/ec/2^/'0/2,c'eft la chairdu chapon cuit , fur- tout celle des ailes & de la poitrine. ter Blanc d'oeuf. Glaire de l'œuf où eft le germe. Al- bumen. Blanc Monnoie ancienne de billon qui valoir commu- nément dix deniers tournois , quelquefois plus , quel- quefois moins. Quincunx Francicus. On appelcic grands blancs 3 ou gros deniers blancs 3 ceu:: qui va- loicnt dix deniers tournois; & petits blancs 3 oudemi- blans 3 ceux qui n'en valoient que cinq. Les blancsi dans leur origine , c'eft-à-dire, fous Philippe de Valois & au commencement du règne du Roi Jean , croient aulli quclquelois appelés gros tournois 3 parce qu'ils tenoienr la pLace des gros tournois qu'on ne fabriquoit plus. Le Blanc. Les droits Curiaux font taxés pour" . chaque Paroillîen à Pâques à un blanc. Pendant les guerres contre les Anglois les blancs à la couronne va- loient iz deniers: cela varioit félon la différence dca monnoics. On fabriqua aulfi fous Charles VI, Ats blancs 8c Atsi demi-blancs a. l'écu. On a appelé des grands blancs au» foleil de Louis XI , & Charles VIII , des tous qui va- loient treize deniers j qu'on a aulïï nommés trei::[ains. Sous Charles VIII, les blancs fmem nommés Carolus; Carolus Francicus ; & Ludovicus, tous Louis XII. Sous François I, on les nommoit Fr^wci/cz/j ou dou^ains, h caufe qu'ils valoient douze den'iets.Decunx Francicus. Il y a eu aufli des pièces de fix blancs appelées Néelles, parce quelles avoienr été faites en la tour de Néelle,à Paris. On a appelle cette monnoie , flous ou livres blancs, à caufe qu'elle étoit blanchie, à la différenc© d'une autre monnoie noire, qui étoit de moindre va- leur, qu'on appeloityà/^j nerets. Le Blanc dir que ce fut pour ladiftinguer des doubles & des deniers qu'on appeloir communément monnoie noire , à caufe de leur couleur qui tiroir tlir le cuivre. En 1 3 58 j on fabriqua de gros deniers/^/iZ«c^ à la couronne. Le Blanc Petit Blanc f m. Nom d'une ancienne monnoie, quî^ valoitcinq deniers. C'eft encore à préfent une monnoie de compte, & l'on appelle trenre deniers, /■.v^/ j fes cheveux commencent z blanchir , deve- nir blancs. Et l'on dit proverbialement que tête de fou ne blanchit jamais , parce que les fous font exempts des inquiétudes qui font i^/ancAir les cheveux de bonne heure. ^^ Ce verbe eft employé dans un fens figuré tant à l'ac- tif qu'au neutre. *3=- On ditàl'adif, Wa«cAir quelqu'un -, pour dire, faire paroître innocent un homme qu'on accufoit de quel- que chofe. Il étoit accufé de plufieurs malverfations , mais il a trouvé de bons amis qui l'ont entièrement blanchi. Purgare. Au neutre il eft employé dans la même fignification que vieillir. Blanchir dans les trou- pes , fous le harnois. Ces fainces filles ont blanchi dans la pratique laboricufe de la miléricorde Chrétienne. Fléch. Vieillir dans les forfaits, & blanchir dans le crime. Breb. 0Cr On dit encore figurément, qu'un coup d'arme à feu n'a fait que blanchir ^, quand il a porté fur les atmes fans les faulFer , quand il n'a fait qu'effleurer. Tous les etîorts de cet homme n'ont fait que blanchir j ont été inutiles. Cet homme n'a fait que blanchir ; malgré tous fes efforts, il n'a pu réullîr. |Cr BLANCHI, lE. part. fO- BLANCHISSAGE, f. m. Adion de blanchir le linge , ou l'effet qui réfulte de cette aâion. Purgatio ^ablu- tio. Le linge s'ufe beaucoup au blanchijfage. Ce blan- chijfage efl mauvais. On donne fon linge au blanchi/- fage. On le retire du blanchijfage. Il en coûte tant pour le blanchijfage. BLANCHISSANT, ANTE.adj. Qui devient blanc. Ca- nefcens j alhefcens. Il fe dit en ces phrafes : des flots écumeux & blanchijfans. Des cheveux gris & blanchif- Jans. Voyez tout l'Hellefpont blanchijfant fous nos rames. Racine. BLANC HISSERIEf. f. ÇCTArt de blanchir les toiles, ou de leur faire perdre la couleur qu'elles ont enfortant des mains du TifTerand. On donne aulîî ce nom au lieu defliné à blanchir des toiles. Officina albaria. On a établi des blanchiffcries en plufieurs endroits du royau- me. Il y en a qui prétendent que le mot de blanchif- ferie fe dit pairiculicrement des lieux où l'on blanchit les habits Se le linge dans les Monaftères. Blanchisserie, fe dit encore des endroit où l'on blanchit la cire. BLANCHISSEUR, EUSE. f. m. & f. Celui ou celle qui blanchit le linge. Qui , ou qiiA linteas veftes purgat. Il eft défendu aux blanchijj'eufes & lavandières, de Liver leur linge en certains endroits à Paris \ & aux por- teurs d'eau, de puifer leur eau auprès des bateaux des blanchijfeufcs & lavandières. l^oye\ le Traité de la Police de Kl. de la Mare , T. I ^p. SS7 j SS^- On dit proverbialement d'un nomme qui a du linge fale, qu'il porte le deuil de fa hlanchijjeufe. ^ BLANCKENEERG. Petite ville d'Allemagne , en Weftphalie, au Duché de Berg, fur la rivière de Sieg. #C? BLANCKEN BOURG. Ville d'Allemagne, en Wcft- phalie, au Comté d'Oldenbourg. §cr BLANCKENHAYN. Petite ville d'Allemagne , à quatre lieues d'Erford. |cr BLANCKENHEYM. Petite ville d'Allemagne, fur la rivière d'Ath. ^ BLANC-MANGER. Voye'^ au mot Blanc. BLANDICES. f. f. pL Terme de Palais. Carelfes artifi- cieufesj flatteries pour tromper quelqu'un, pour fur- prendre fon confentement. Blanditia, Hlecebr«.y adu- latio. Il a extorqué cette donation , ce teftament , par BLA • 92J hlandicesy de mauvais moyens. Ce mot vient du latin blanditiât. j de blandus. Il eft vieux. BLANDILALIE. f. f. Efpèce de pomme, autrement ap- pelée la haute-bonté. C'eft en Poitou qu'on la nomme blandilalie. Voyez Haute-bont-é. BLANDIR. Vieux mot, qui fignifie, amadouer, flatter, carefler. Blandiri , aduUri , pernutlcere j, palparc. On a dit aulîî blandijfant ; pour dire , qui flatte , qui car- refTe, & blandicieux. ^ BLANDISSEMENT. f. m. Vieux. Il fignifie flat- terie , carelfe. Blanditid. Ch. Est. Dict. ^fT BL ANES. Petite ville maritime d'Ef pagne , en Cata- logne, près de la rivière de Tordera. BLANGL Petite ville ou gros bourg fur la Eiéle , qui n'eft plus aujourd'hui qu'un bourg. Voyf{ la Defcript. Géogr. & Hijl. de la Haute-Norm. T.I, p. ôj. #3° BLANKIL. Foye^ Blanquille. BLANMONT. Koye^i Blamont. BLANQUE. f. f. Efpèce de loterie, ou jeu de hafard, où l'on achète certain nombre de billets, dans lefciUcls , s'il y en a quelqu'un noir , ou marqué de quelque meuble qui eft à l'étalage, on en profite. Ludicra for- tes j ludicm fortitio. S'il n'y en a point , on perd fon « argent ; & alors on dit qu'on a trouvé blanque ^, d'où ce ce jeu a rire ce nom. Il vient de l'italien biànca. Ce jeu félon Pafquier, I\.ech. L. VIII , c. 4g, a été introduit en France par les Italiens. Voyez dans cet Auteur com- ment il fe pratiquoic d'abord. Ce mot hlanque , fe dit pour blanche , de même que l'on dit en quelques Pro- vinces quien pour chien, queval pour cheval, en chan- geant ch en qu. Et ce nom fe donne à ce jeu de ha- fard, parce que dans l'origine, & fou vent encore à pré- fent, on rire au fort dans un hvre dont la plupart des feuilles font blanches, & les autres chiffrées , &: quand en rirant l'on tombe entre deux feuilles blanches , l'on dit blanque , & l'on n'amène rien : au lieu que quand on rencontre une feuille chiffrée , on a le lot marqué au chiffre que l'on a tiré. On dit figurément, qu'on a trouvé blanque en quel- que lieu , quand on n'y trouve pas ce qu'on y cherchoit. J'ai fouillé dans ma poche pour tirer ma montre, mais j'y ai trouvé blanque , on me l'avoit ptife, Expreffion populaire. On dit proverbialement, hafard à la blanque; pour dire , entreprendre quelque chofe dont le fuccès eft in- certain : il en arrivera ce qu'il pourra. BLANQUET. f. m. Efpèce de poires ainfi nommées; parce qu'elles ont la peau alfez blanche. Pirum lac- teum. Il y en a de deux fortes , le gros & le pcûz blanquet. La poire de gros blanquct eft le véritable blanquet mufqué. La Quint. Elle eft fort différente de celle qu'on appelle fimplement blanquet, o\x petit blanquet. Elle eft plus hâtive de quinze jours, plus groflé, moins bien faite en poire que le petit blanquet : elle colore un peu , même en buiflon , & a la queue fort courte, fort grolfc, & un peu enfoncée : fon bois qui eft menu, & fa feuille approchent alfez du bois îk de la feuille de la cuifle-madame-, au lieu que le bois du petit blan- quet eft d'ordinaire fort gros & alfez court. Le gros blanquet eft auffi fort différent de la blanquette à lon- gue queue. Il réulTit fort bien, foit en buiffon, foit en arbre de tige. Id. Le gros blanquet eft une poire de l'entrée de Juillet ■■, & le petit blanquet fur la fin de Juillet. Id. Blanquet. Brantôme fe fert au lieu de blanc-bec , des mots de blanquet & blanquette , c'cft-à-dire, blondin Sc blondine. Il y a, dit-il, des hommes qui n'ont que de petits bouquets de barbe au menton, & n'en- font p.is plus eftimés de bons fens , ainfi que font les blanquets & blanquettes. Dames Calantes , T. I,p. 2 s S- f'oy. Blanc-bec. BLANQUETTE, f. f. Sorte de vin blanc qui vient de Gafcogne , & qui a un goût alTez délicat. Vinum album. On le dit aufli d'une efpèce de bière blanche. Blanquette, en termes de cuilme, eft une fricaflée blanche , & faite ordinairement de veau ou d'agneau. On coupe ce veau froid par tranches , on le fiicalfe dans la poêle, 6c ^M 1* fo on Y ajoute des jaunes d'aufs Aaaaaa ij o?4 • B L A délayés dans un peu de vinaigre. La blanquette eft un mets fort commun chez les Bourgeois. Blanquette à la longue queue. T. t. Elpèce de poire. La blanquette à la queue longue ^ eft une poire bien faire, dont l'œil eft allez grand &c en dehors , le ventre rond , allez alongé vers la queue , qui eft un peu charnue , al- fez longue & un peu courbée, la peau fort liée, blan- che, & quelquefois tant foit peu colorée. La chair eft entrecairante&tendre,fort fine, ayant beaucoup d'eau fort fucrée & fort agréable. Elle a le défaut de la plu- part des poires d'éré, qui font d'avoir un peu de marc, & de devenir pâtcufcs, quand on les laiife trop mûrir. Elle réullit bien, foit en builïon, foit en arbre de tige. La Quint. Cet Auteur écrit quelquefois hlanquet à la longue queue, Sc le fait malculin; de même qu'il ap- pclïe auJli le hlanquet, blanquette au féminin, /'bj-fij- Blanquet. C'eft une poire du mois de Juillet. Id. BLANQUILLE. f. f. ou BLANKIL, f. m. Monnoie de Maroc , valant à peu près fix blancs ou deux lous & demi , monnoie de France. AJjes duo cum quadrante , quadrantes quinquc. Il envoya quérir quelques (acs de blanquïlles , & les ayant fait compter , il demanda com- bien chaque Officier & Soldat en auroit. Il le rrcuva que chacun pouvoir avoir quatre blanquïlles , qui font environ dix fous de notre monnoie. Hist. de Mouley ISMAEL. ÎLANZAC. Petite ville de France, en Angoumois, fur la rivière de Nay j aux frontières de la Saintonge, avec ini Chapitre dont le Chef a titre d'Abbé. Blan-Aacum. BLAQUE. f. f. Velfie où l'on met le tabac pour le tenir frais. Ce mot eft en ufage en Bretagne. BLAQUERNES. f. f. & pi. Blaquernx. Lieu voifin de Conftantinoplc , où l'on bâtit un fauxbourg , dans le- quel , entre autres édifices lomptueux , étoit le Palais des Blaquernes j qu'on appela Pentapygrion , c'eft-à- dire, le château des cinq tours. Héraclius voulant met- tre ce fauxbourg à couvert des inlultes des Barbares , le fit enfermer dans la ville. Les Blaquernes étoient vers le fond du port de Conftantinople , du côté de l'Occident-, ou , comme dit Lambecius , dans ks notes lur CodinuSj n. i o r , vers l'entrée du Pont-Euxin. On prétend que ce nom vient d'un Prince Barbare , qui régnoit autrefois dans cette partie de laThrace,& qui avoit fon palais en ce lieu là, Codinus rapporte cette érymologie : Grerfer l'approuve ,Gillius la fuit, & l'attribue àDenys dcByzancc; ce qui n'empêche pas Lambecius de la rejeter. D'autres le dérivent du grec (BAa'x"» , qui fignifie fougère , & difent que ce lieu fut ainu appelé , parce qu'il étoit tout plein de fou- gère , de forte que ielon Codinus ;3a«x=V'" fe dit pour ^Aax/f.it. Le même Auteur dir encore que /SAax!>»«t eft dir pour Aanipva , qui eft la même chofe que AaKx«- ^11« , plein de lacunes , marécageux ; & quoique Lam- becius croie ces deux étymologies faulles, il dit qu'elles font probables à caufe de la fituation de ce heu. Codi- nus en rapporte encore une allez obfcurément -, în BAa'xï tim'j xEyj/^ia x'. t'xEr«.Lambecius croit que cela veut dire , parce qu'un Valaque avait été tué là. Junius tire ce nom de la langue Arabe. Gretfer rejette cette éty- mologie de Junius fans la rapporter. BLARE. f. m. Petite monnoie de cuivre, avec le mélan- ge ou alliage d'un peu d'argent , qui fe fabrique à Ber- ne, en Sullfe. '.-r- Le blare eft évalué en France à deux fous un denier. • îfF' BLASER, v. a. dont on fe fert pour exprimer l'ef- fet des liqueurs fortes, dont l'excès ufe & delfeche. Les excès l'ont /^/iî/è'. L'hypothèque confume Un corps que la nature avoit bien campofé , Mais que le feu qu'il boli fans rejfource , a blafé. Régnier. §3* Se Blaser, v. récip. S'ufer,fe dcfTechcr à force de boire. Il a tant bu d'eau de vie, qu'il s'eft hlafé. |Cr On dit figurément qu'un homme eft blafé fur les plaifirs,^fur les fpeétaclcs. BLASÉ , ÉE. part. Ufé. C'eft un homme blafé. BMSMAELE. Voyei Bj,ÂAtA3i£. BLA BLASMER. F'oyei Blâmer. BLASO. f. m. C'eft le nom d'un arbre Indien. Le fruit réduit en poudre , & pris intérieuremcnr , rue les vers. On prend aulli l'écorce pulvérifée avec le gingembre réduit en poudre, contre la morlure de la vipère Ray, Hijl. Plant. BLASON, f. m. Devife & Armes qui font dépeintes fur un Ecu , telles que les portoient les anciens Chevaliers i ou, (clon quelques aunes, ralfemblage de tout ce qui compole l'écu armoriai. Scutum Gci.tilitium. Voilà le blaj'on d'une telle maifon. On reconnut ce Chevalier à Ion blafon. ^3" Les Vccabuliftes n'ont pas Giu devoir parler de cette acception du mot h lafon , & ne le coniidércr.t que com- me lart d'exphqucr, en termes propres, toutes fortes d'armoiries. C'eft voir la moitié des choies. Ménage dérive ce mot de latio ,'^ caule que le bla- fon étoit porté par les Chevaliers lur leurs écus. D'au- tres le dérivent par mérathèle de l'hébreu fobal, qui fignifie tulit ,portavit. Borel le fait venir du mot latin laus , qui fignifie louange, & de celui de Jonare , qui lignifie lonner, en mettant uni? devant le mot entier. Mais la plus commune opinion eft que le mot blafon eft venu de l'allemand blafen , qui lignifie yo/2/2dr du cor , parce que ceux qui fe préfentoient aux lices des anciens Tournois , lonnoient du cor , pour laire lavoir leur venue. Les Hérauts après lonnoient de leurs trom- pettes; & puis blafonnoient les armoiries de ceux t]ui le préfentoient , &c les décrivoient à haute voix , & quelquefois s'étendoient fur les louanges tk les exploits de leurs maîtres. Blason. Ce mot a été pris aulïï quelquefois pour l'éco même où font les armoiries i ce qui a fait dire à Perce- val : Et fe couvrent de leurs blafons. Blason , fe dit aulîî de la fcience parriculière qui apprend à déchiffrer les armes , ou armoiries des rnailons no- bles , & à en nommer toutes les parties dans leurs ter- mes propres, & particuliers. Earum ,qu& infcuto ex- preQ'a funt ,figurarum Interpretatio ,ovl interpretandi ars ,fcientia : ars , ou fcientia heraldica. Le blafon croit la fcience des Hérauts d'armes. Les François font les premiers qui ont réduit le blafon en art , & ce font eux qui ont les armes les plus régulières. Il y a cette différence entre armes ou armoiries , 6i blafon, qa ar- moiries fe dit de la devife , ou des figures qu'on porte furie bouclier, ou lur la cotte d'armes; au lieu que le blafon en eft le déchiffrement, ou la defcription.Tous les termes & jargon du blafon étoient de l'ufage otdi- naire de la langue dans l'onzième liècle où le blafon commença à fe mettre en vogue-, car alors les fautoirs, les futées, les girons, les ruftrcs, 6'c. étoient des pièces du harnois des Chevaliers. Au(fitôt maint efprit fécond en rêveries t Inventa le blalon, avec les armoiries. Le blafon f epréfente en image la nailfance , la no« bielle, les alliances, les emplois, &r les belles adions des hommes illuftyes. Barthole a écrit du blafon & de$ armoiries en Jurilconlulte , & le Préfident Chalfeneu , dans Ion catalogue de la gloire du monde. Plufieurs en ont éctit en Curieux & en Hiftoriens, comme An- dré Favin , Spalman , la Colombière , Bara , Segoin , Geliot , les Percs de 'Varennc & Méneftrier Jéfuites \ Philippe Moreau Avocat Bourdclois, &Scohier Cha- noine de Berghes en Hainaut, qui dit que l'étude du blafon eft un abîme, &: que celui qui s'y eft appliqué 30 ou 40 ans y trouve toujours matièœ d'apprendre. Le Père Méneftrier a fait une bibliothèque de tous les Auteurs qui ont écrit du blafon , des armoiries , & des généalogies, & a fait un dénombrement ds près de 300 Auteurs qui en ont écrit en diverfcs langues. On ne voit point avant l'an 11 50 d'Auteur qui parle du blafon, Iclon les gens qui ont remonté jufqu'aux fources de cec art ; il n'y a point eu avant cç temps de véritables ar- moiries. Le Gendre. Blason , lignifie aulîî un grand nombre d'armoiries qu'oa met en certaines cérémonies, particulièrement aux en- terreracns, fur les tentures, litres ou ceintures funèbres. B L A ou nnx cierges & aux torches. On a dépcr/J une groffc icuiuic peur payer ie blafcn d'une telle pompe tunc- bre. Injigtûa gtntUïùa, On ditauiîîjle hlafon des couleurs , pour expliquer ce qu'elles lignilient, comme l'Or , qui ell le jaune, li- giiihe , rîchcilc , torce , toi , confiance ; l'Argent , qui cil , le blanc , efpérance, pureté , innocence , humilité ■■, l'a- iur, juftice, loyauté, beauté, réputation , &c. Le Pcre Mi;net a traite au long du blafon des couleurs dans fon livre du blajon qu'il a tait en hançois iSc en latin. Blason, figniiioit autrefois tantôt les louanges, les élo- ges qu'on donnoit, landatïo ; tantôt une cenlure qu'on tait de quelqu'un. GloJJ.fur Maroc II y a eu des Poètes qui ont tait le hlafon ou l'éloge de la rote. Amyot a audî appelé une épitaphe, hlafon funéral. BLASONNEMENT. f. m. Ce mot fe trouve dans Po- mey ,& lignifie Taélion de blafonner, de déchiffrer les armes d'un écu. Interpretatio. BLASONNER. v. a. Peindre des armoiries avec les mé- taux & les couleurs qui leur appartiennent. Figuras infcuto gcntUido pïngere y adumbrart. Le Peintre x\3. pas bien hlafonné ces armoiries. Blasonner, ledit auilî pour expliquer le Blafon, ouïes parties des armes d'une Maifon ou Province , en termes propres & convenables à l'art. Figuras Jcutï gencdltii conceptis verbis & ordine recenfere j edijferere. Les Armes de France fe W(7yo/2He«fainri, trois Heurs de lis d'oren champ d'azur, deux en chef, & une en pointe. Pour bien bUiforinerxm écu , on commence tou jourspar Je champ , & puis on fpécifie les figures ou pièces ho- norables , s'il y en a , & l'on dcfcend enfuite aux au très figures; ik quand il y en a plulîcurs, le chef & la bordure lont nwuimésles derniers. Toutes les lois que l'on commence à blafonner par d'autres figuies que par celle du milieu , on dit qu'elle eil en abîme ^ ou en cœur. Ce quil faut obferver lorf- quc dans le milieu de l'écu il fe rencontre une pièce plus petite que celle dont elle eft accompagnée ; ainfi l'on dit, Condé porte de France le bliton raccourci de gueule péri en cœur ou en abîme. La plus grande diffi- culté efl de blafonner un écu à plufieurs quartiers; voi- ci l'ordre qu'il y faut garder. Il faut compter les quar- tiers des écarrelures , afin de les blafonner par ordre. Le quartier qui eft au côté droit de l'écu , s'appelle le premier. Celui qui lui eft accolé, ou qui eft à (on côté de niveau, fe nomme le fécond ^ & ainfi des autres. Quand il y a quelques quartiers (cmblables , on les joint enlemble en cette façon : Le Dauphin de France porte écartelé de France & de Dauphiné, au premier & au quatrième , d'azur à trois fleurs de lis d'or , qui cil: de France , au 2^ & au 3^ d'or au Dauphin d'azur, 4 oreille , barbé & loré de gueules , qui eil Dauphiné. Quand les q^iartiers font ditFérens , on commence par le premier : du premier on va au fécond & ainfi du reftc , toujours en ligne horizontale. S'il fe trouve un éculïon au milieu de la croifure des quartiers , on le nomme yî/r le tout. BiASONNER, fignifioit aufîi, expliquer les fymboles, les myftères de rémail,&: des figures du blafon. Scutl aream, typas & iisfubjeclam vlm interprctari. BLASONNER, fc ditaulîîpat les Gtaveuis, quandil s'agit dc faire certaines marques ; pourrepréfenter les métaux & les couleurs dont les Peintres ^/(T/ô/z/ze/jf les armoiries. Incidere in as , aurum , argentum. Le Graveur a fort bienréufficn blafonnant ma vaiftelle. Blasonner, fe difoit autrefois figurément , pour fignifier parler de quelqu'un , le décrire avec fes bonnes ou mau- vaifes qualités, ^particuhàrementaveclesmauvaifes. Malcdlcere, De moy mefdlt par tout Inj uflement y Et me blafonne. Marot, En donnant l'ordre de l'écu auxChcvaUers , on leur commandoit de ne pas ouii blafonner ni médire des Dames , & de ne le pas fouffiir. On s'en fert encore dans le ftyle famiher. C'eft un homme qui blafonne tout le monde, c'eft-à-dire , qui blâme, qui critique. PLASONNE,EE. part. Il a les fignifiçatjons de fon verbç, BLA 9Z5'. BLASONNEUR, f m. Celui qui hMomit. Interpres^ cnunclator fcutl gentliuil. Il eft peu en uf ige ; 'î\ ce nell qu'on dit encore les anciens blafonneurs , en par- lant des vieux Auteurs qui ont écrit du blafon allez dif- féremment des Modernes. Blasonneur y dans un fens figuré. Médifant. Mckdi- cus y convltiator. Aux grands affauts acquert-on les honneurs ; Et tant plus font aigres les blalonneuis , Plus le confiant a de los méritoire, Marot. Ce mot fignifie auflî , celui qui loue ou qui blâme , car il le prend eu bonne & mauvaifc part. Clojf.fur Marot. |ûT II eft tout-à-fait vieux & hors d'ufage. BLASPHÉMATEUR, f m. Celui qui blafphcme , qui prononce ou qui écrit des paroles outragtules&: impies contre Dieu, &injurieufesàfa glcite. Divlni numinis obtreciator. On peut-être blafphèmateur en deux ma- nières, ou en attribuant à Dieu des chofes qui ne lui peuvent convenir, & qui détruifent fa nature ; ou en ré- futant de reconnoitre en lui des attributs qui lui f^iic clfentiels, & fans lelquelsilne feroit point Dieu: tels que font ceux qui font Dieu injufte, ou qui nient I3. toute-puillance &fa providence. Cepcndantil faut re- marquer , qu'à la rigueur , ce n'eft point allez d attaquer la gloire de Dieu, & de dire des chofes conttaires a fa nature , pour être un vrai blafphèmateur _, un blafphèma- teur proprement dit , & qui pat conféquent mérite de- tte puni par le Magiftrat. Il faut outre cela , que le blaf phémateur , lorfqu'il prononce les blafphcmes, aitin- tention de blafphémer , ou du moins qu'il lâche que les chofes qu'il dit, font efreéiivement des blalphèmes : tel que feroit un Chrétien qui par un brutal emportement vomiroit quelque choie d'injurieux contre*!, C. Mais on ne doit point faire le même jugement de ceux qui parlent par le principe d'une faulfe Religion, Par exem- ple des Juifs , qui , par une malheureule luitedes erreurs dorft ils fjnr prévenus , regardent J, C, comme un im- pofteur. Il eft bien vrai que ces fortes de hlcfphcmatcurs ne laillent pas d'être coupables devant Dieu d'un fi hor- rible blafphcme ; mais il ne s'enfuit pas qu'ils foient cen- fés tels à la rigueur , attendu qu'ils ne croient nuilemenç blafphémer , & qu'ils ne font point blafphémateurs d'eiprit & d'intention. Mais dans le langage ordinaire , on appelle indifféremment blafphémateurs , tous ceux dont la dodlrine renferme quelque çhofe d'impie, &; d'injurieux à la gloire de Dieu. Blasphémateur, fe prend auftï pour celui qui attribue à la créature des. honneurs qui ne ion: dûs qu'à Dieu, Q^ui debltumfoU Deo honorem creaturœ Impertlt. Ainfi les Juifs traitoient J. C. àt blafphèmateur , parce qu'il fe difoit égal à Dieu. §Cr Blasphémateurs. Hérétiques. ^oye:^THEocATA- GNOSTES. BLASPHÉMATOIRE, adj. m. &f. Qui contient un blaf-. phème. Contumellofus In Deum, blafphem.us. Livre, dif cours blafphématolre, (^3" Les Papes & les Théolo^ giens donnent cette qualification à des propofitions in- jurieufes à Dieu. Il ne faut entendre qu'avec horreur lespa.io\es blafphématolres.Ccttcpvopofinon eil'mipï^ & blafphématolre, BLASPHÈME, f m, Crime énorme qui fe commet contra la divinité par des paroles, ou des femimensqui cho- quent fa Majefté, ouïes myftères de la vraie Rchgion, C'eft proprement une injure que l'on fait à Dieu, en lui artribuant ce qui ne lui convient point , ou en lui ôtant ce qui lui convient, comme fa fageflc, fa bonté, fa puifTance, &c. C'eft un blafphème de dire que Dieu commande des chofes impolîibles. f^ox InDeum^ con-i tumeiwfaverborum impietas , blafphemia. Blafphème horrible, exécrable , déteftablc, *fT Les blafphématejif? étoient punis de mort chez les Juifs. Cette peine ef| rarement infligée chez nous. La punition la plus or- dinaire du blafphème, eft aujourd'hui l'amende hopo^ rable & le banniffement, ou les galères. On perce apjï} la langue aux Blafphémateurs avec un fer çh^wdi ,> '/ i pz6 BLA Une tradudion d'une cpitaphe del'Arcnn,dit: Son encre noircît la mémoire Des Monarques , de qui la gloire EJl vivante après le trépas ; Et s'il n'a pas contre Dieu même * Vomi quelqu horrible blafphèmc , ,■ C'ejl qu'il ne le connoijfoit pas. L'Italien eft plus ferré , & d'un ftylc plus badin &z plus enjoué: Qui giace VArctin Poeta Tofco j Che d'ognun dijfe malo ^ for che di Dïo Scufando fi col dir io n'ol conofco. Blasphème. Comme il y a une parole intérieure , &une extérieure, il y a deux fortes de blafphème , l'un in- térieur , qu'on a^jpelle blafpheme de cœur; & l'autre extérieur qu'on appelle blajphème de bouche. On peut aullî donner le nom de blajphème extérieur au mépris qu'on fait de Dieu par des mouvemens de tête, &par des geftes outrageans & injurieux. Conf. d'Angers. On peut être coupable du blafpheme extérieur en trois manières. La première s'appelle énonciation--, c'efl: quand en affirmant ou niant quelque choie , on fait injure à Dieu, comme lorfqu'on lui attribue ce qui ne lui convient pas , ou qu'on s'efforce de lui ôtcr ce qui lui convient. La féconde manière eft quand on blaf- pheme avec imprécation & exécration contre Dieu , lui fouhaitant du mal & le maudilTant, quieit le pé- ché des démons & des défcfpérés. La troiiîème ma- nière , quand on parle de Dieu & de fes attributs d'une manière outrageante, ou avec mépris , ou par moque- rie. CoNFÉR. d'Angers. On a.ppà\c blafpheme contre le Saint-Efprit, quand on réfifte à la vérité , comme en attribuant fes œuvres au démon, ainfi que faifcient les Juifs, qui difoient que les miracles que faifoit J. C. venoient de la pui(- fance de Béelzébuth. C'eft auffiun blafpheme que d'attribuer à la créature ce qui ne peut convenir qu'à Dieu , par exemple , ceux qui difent qu'une chofe qu'ils affirment, eft auffi vraie , qu'il eft vrai qu'il y a un Dieu , que Dieu eftau Ciel , &c. font véritablement unblafphème , parce qu'ils égalent la créature à Dieu. Blasphème, fe dit aullî des paroles impies & injurieu- Ces que l'on dit des Saints, deschofes faintcs , des myl- tcres de la Rehgion. $3' Il peut avoir les mêmes elpcces Se les mêmes qualités que celui qui fe fait diredement contre Dieu. Voye^ faintAuguftin,faint Thomas, les Théologiens Scholaftiques , &lesCafuiftes. Foye^ fur les blûfphèmes & les Blafphémateurs , le VF titre du Liv. III, du Traité de la Police de M. de la Mare. Blasphème, fe prend quelquefois, en ftyle bas & bur- lefque, pour un adjeftif, &fignifîe Blême j pâle. Voyant Damon blême Je dis à l' infant 3 Tu changes bien promptemcnt En ta mine blalphème Ton teint de fafran. ^ BLASPHÉMER, v. n. Proférer un blafpheme, des blafphèmes. Atroces in Dcumvoces jaciarc y impia in Dcum verba proferre , profundcre. Vous blafpheme:^. Vous ne fauriez dire cela fans blafphémer. Blafphémer contre Dieu. |CF On l'emploie quelquefois aélivement. Parler ainfi , c'eft blûfphéma le faint Nom de Dieu. Blasphémer, fe dit qucl4ucfùis dans un fens plus éten- du, pour médire , dire du mal de quelqu'un. Male- dicere. C'eft ainfi que faint l^ul le prend dans fon Épî- treàTite, C. III jv. 2. Avertiftez - les... de ne par- ler mal de perfonne. Bouhours. Il y a dans le grec & dansla Vulgate , de ne blaCphémer ptvÇonnQ. Saint Au- gurtin le prend encore dans ce fens au fécond livre des mœurs des Manichéens, C. //. On dit non-leujement ^/i?yjr,^t'>72«rquelqu'un, ou quelque chofe, mais encore blafphémer contre quelqu'un, oir contre quelque chofe. ils blafphèmcnt contre la Majefté fouveraiiie. Bouh. BLA Saint Jude , ir. S. Pour eux , ils llafphèment contre tout ce qu'ils ignorent, Id. Ibid. y. / 0. Blasphémer, fe dit dans les mêmes fens que blafpheme. Voyex^ ce mot. Nicot dérive ce mot du grec, ^Aa^lt/. cp/i^viï , c'cft-à- dire , blejjer l'honneur & la réputation, Euftathius le dérive de kaasiv t^'k cpit,«a;! , attaquer par fes difcours. BLASTENGE. f. f. Vieux mot. Relfentiment. Blajlinger lîgnifioit blâmer, BLATIER. i. m. Marchand qui va acheter du blé dans les greniers de campagne , pour le tranlportcr & le revendre dans les marchés des villes & gros bourgs. |;3°Cekii qui achète le blé,dilent élégamment les Voca- buhftes ,fur les greniers de campapne ou fur quelques marches y pour T expofer fur d'autres marchés. Fru~ mentarius. Il y avoit à Paris, au temps de faint Louis,' une Communauté de Blatiers, & ce Prince leur donna des Statuts , comme à tous les autres corps des Mar- chands & Artilans. M. de la ALire les rapporte dan? fon Traité de la Police, Liv. V ^ T. II , C. 2. Il y a plus de trois liècles que ceux qui compolent cette an- cienne Communauté , à Paris , ont été réduits à ne vendre des grains qu'à petite mefure j qu'ils fe trou- vent nommés dans les Règlemens , Bevendeurs de grains y Regratiers, ouGraiviers; &: que ceuxqni font le grand commerce , ont pris le nom de Marchands de grains. Ainfi le nom de Blâtier eft demeure à cer- tains petits Marchands forains , qui vont avec des che- vaux ou des ânes, chercher du blé dans les campagnes éloignées des grandes villes & des rivières, & l'amè- nent à fomme dans les marchés de proche en proche, julqu'à ce qu'il loit arrivé aux lieux où il s'en fait une plus grande conlommation -, ou bien, proche des rivières, où ils le vendent aux Marchands qui char- gentpourlesprovifions des grandes villes. Delà Mare. Traité de la Police j, Liv. F j T. VI. L'on a autrefois agité la queftion lut ce commerce de Blâtiers, s'il étoit plus utile que dangereux au public. Id. ihid. oit il rapporte le pour & le contre. Ce mot s'eft fait de bladum , blé ; d'abord on a dit Bladier , & puis , par le changemenr du d en r , qui arrive fouvent , Blatier, & pour rendre l'a long, Blâtier. BLATTA BYZANTIA. f. m. Terme de Pharmacie, ou unguis odoratus. C'eft un coquillage long comme la moitié du petit doigt, mince & de couleur de châ- taigne. Il renferme un petit poilfon longuet, rouge, odorant, qui le trouve dans les lacs des Indes Orien- tales , & qui a l'odeur du Nard : les coquilles n'ont point d'odeur lorfquelles n'ont plus le poilfon. On a trouvé que ce coquillage venoit de Conftantinople , autrefois Byzance , à caufe de fa relîemblance à l'on- gle. Et c'eft ce qui lui a fait donner le nom de blatta. by:^antia , comme on l'appelle unguis. IfCF BLATTE, f. f. Blatta. On a appelé de ce nom plu- fleurs petits infedes de diftercntes elpèccs. Aujour- d'hui , lelon Linnius , on ne doit reconnoitre , fous le nom de blatte , que les infedes dont les A^itennes font longues & menues, &: dont les enveloppes, ou fourreaux des ailes font membraneufes , 6c qui ont la poitrine aplatie , arondic & bardée : telles qu'on en trouve fur les lunettes des latrines , dans les bains , les étuves & les boulangeries. Encyc. gCFBLAUBEUREN. Pcti^eville d'Allemagne, enSoiia- be , dans les états du duc de Wirtemberg. 03" BLAVET. Petite ville de France, en Bretagne, fur la rivière du même nom, diocèfe de Vannes. Il n'eft prcfque plus parlé Aç. B lav e r àtpnïs que le Port Louis a été bâti fur la même rivière , une demi lieue au def^ fous. Cette nouvelle ville a prelqu'entièrement dé- truit l'ancienne. 03° La rivière de Blavetti ùx fource au diocèfe de Quim- per-Corentin , & fon embouchure dans l'Océan , a Port- Louis , dont on vient de parler. BLAVET. Voyei Bluet. BLAYE. Ville de France, dans le Bourdelois, enGuieiine.. Bluvia, BLAYER. ^oy(f^BLADACE,(5c Blairie. i BLE BLÉ. BLÉ , ou BLED. f. m. Plante qui produit dans fou épi un giain , dont on fait le pain, qui cft la principale nourriture de l'iiomme ; & le grain que cette plante pro- duit. Frumencum. Jolepli enrichit les Rois d'Egypte , en leur faifant faire des niagafins de blé durant les an- nées fertiles. Des terres à blé. Frumentanumfolum 3 ou frumenti feraxager. 5/e'mclé. mifccllum frumentum. Battre le blé. Terere. Scier les bîés. Metere. On a vu dans la Suide garder des ^//jjufqu'à cent ans, en les lallFant dans l'épi. Quelques Naturaliftes ont compte jufqu'à cent maladies., auxquelles les blés font fujcts. Ce mot vient de bladus ou bladum^ qui fignifie fruit 3 on femence y d'où eft venu ïmbladan ■ pour dire, enftmencer , on emblaver. Vollîus & Somnerus le dérivent du Saxon blad^ onblada jfignifiant la même chofe ■■, ou du grec (BAams, qui fignifie perme. Les Ita- liens appellent encore biade , tous les légumes, fruits & moiirons, excepté le froment. Selon les premières étymologies, il faut écrire bled , comme onfaifoit il y a déjà quelques années, & comme font encore quelques Jouteurs. Cependant l'ufage contraire femble avoir pré- valu , & l'on n'écrit plus guère \ed j comme on ne le prononce point, quand maiie onl'écriroit, pas même devant une voyelle i ainfi il faut dire dablé ôcda vin , acheter du blé en épis, & non pas du blé-c Se du vin , du blé-t en épis. On appelle par excellence blé^ celui qui eft de pur froment. Frumentum , tritlcum. Blé méteil , celai qui cft mêlé de Icigle. Mijlellum. Petit blé ^ où blé mai- gre, c'eft du leiglc, ou dn blé on il n'y a guère de fro- ment , ou dont le grain eft mal nourri; en un mot le blé dn moindre prix. Trinca^ Olyra. On appelle aullî petits blés , les autres grains que l'on iemeau mois de Mars , comme l'orge, l'avoine , les pois, les vellcs ; ce qu'on appelle aulîi en général les Marsj&c en quelques lieux termois , de trimcjlris. Mifcellum. Chomcl , dans fon Diction, é-conommique , au mot abondance 3 p. 6 y& fuiv. downe plulleurs lecrets pour la multiplication des blés. Bti. barbu y en latin melica.Ced une efpèce de millet dont les tiges s'élèvent à la hauteur de huit ou neuf pieds. Ses graines font ovales ou prefques rondes , &: plus grolTes de moitié que celles du millet commun. Cette plante croit aux pays chauds dans les terres gralles. BlÉ blanc. Efpèce de froment commun en Dauphiné. Chorier prétend que c'eft celle que Pline appelle bran- ce j brance en gaulois, y2?/2^tf////ra en latin. Pline fait mention de deux efpèccs de froment, de l'arinque & du brance. Il dit que l'arinque eft commun à la Gaule & à l'Italie: &le Brance propre à la Gaule feulement. Le Dauphiné les conlerve encore toutes deux avec leurs premiers noms , corrompus néanmoins , en ceux de riguet , & de blé blanc. Chorier. BlÉ cornu. Terme de Laboureur. Ce font certains grains qui viennent quelquefois dans les épis du feigle , & qui font noirs & plus longs que les autres , fortant de l'épi comme une elpèce de corne noire ; ce qui fait qu'on les appelle en Gâtmois blé cornu ^ & en Sologne aulll-bicn que dans le Berry , des ergots. Le blé cornu caufe de fàcheufes maladies à ceux qui en mangent. Quelques-uns difent que cela vient du terroir; mais ce fentiment eft peu probable , parce que cela n'arrive que certaines années, & dans les meilleures terres comme dans les plus mauvaifes. D'autres prétendent que cela vient des chaleurs & des humidités de l'air. D autres , comme M. Bernier dans fon Hiji. deBloisj difent que la caule de cette malignité font certaines bruines qui tombent en quelques années vers le mois de Mai. il femble que l'expérience montre qu'il faut qu'elles foicnt accompagnées ou fuivies de raies de foleil chaudes. BlÉ Locular. Froment rouge, froment locar, Ipéautrc, en latin Zea. Cette plante eft commune en Egypte , en Sicile & en Grèce. Ses épis font alFez femblables à ceux de l'orge. Sa graine eft menue & d'un rouge-brun. On en fait du pain qui cft noir & rude au goût : on s'en fert pour faire de la bière BLE ?2.7 Blé Noir y on BtÉ Sarrajln. Frumentum Sarracenicum y ou Fagopyrum j Fegopyrum j ou Fago triticum. Me- lampyrum. On le nomme Blé-noir ^ par rapport à la couleur noire de l'écorce de fon grain; & blé-farrajîn ^ parce qu'il a été d'abord apporté d'Afrique. Il fe nom- me en latin Fago triticum , Se Fagopyrum j à caul'e qu'il redemble au fruit du hctre. Cette plante ne ref-» femble point au bléj quoiqu'on lui en donne le nom, la racine eft fibrée & chevelue j & pouffe une tige hau- te de deux pieds , mince , lifle , verte & quelquefois rougeâtre, branchue, chaque branche lortant alternati- vement des aillelles des feuilles. Elles font taillées comme un cœur , foutenues par des queues qui ont jufqu'à deux pouces de long, fur-tout dans les feuilles du bas de la tige , qui (ont plus amples , vertes , lilfes , alternes Se d'un goût fade; leur grandeur domine à me- fure qu'elles approchent de l'extrémité des branches j & en cet endroit , & des aiirelles de fes feuilles , naif- fent des brins minces & longs d'un pouce environ , qui portent des bouquets de fleurs purpurines: chaque fleur eft compolée de cinq étamines loutenucs par un calice blanc Se lavé de pourpre , divifé en cinq parties jufqu'à fa bafe. La piftil qui fe trouve au milieu de ces éta- mines, devient une graine relevée le plus fouvent de trois coins , enfermée dans l'enveloppe qui a feivi de calice à la fleur. Le blé-noir eft une manne pour le paylan qui n'a pas eu une bonne récolte en leigle & en froment. Dans les temps de difettc , on feme beau- coup de champs de blé-noir yp^rce qu'il vient bien par- tout & qu'il eft bientôt mûr. On fait avec la farine de fes femences , des gâteaux , de la bouilUe Se du pain , faute d'autre grain. On en engraiffe aulîî la volaille. Il y a une autre forte de blé-noir y qu'on nomme autrement blé de vache j ou rouge herbe. C'eft une plante dont la tige eft carrée , velue , purpurine , ra- meufe, haute d'environ un pied. Ses feuilles lont atta- chées à l'oppoiite l'une de l'autre par intervalles , les unes étroites comme celles du Linaria^ les autres lar- ges & découpées profondément, rudes au toucher, d'un vert-brun. Ses fommités font garnies d'un amas de feuilles courtes, affez larges, de couleur purpurine gaie. Ses fleurs fortent des aillelles de ces feuilles : ce font des tuyaux terminés en haut par une manière de gueule dont les deux lèvres paroiffent ordinairement collées l'une contre l'autre , de couleur variée , purpu- rine ou rouge , ou jaune-rougcâtre. Il fuccède à fes fleurs des fruits oblongs qui s'ouvrent de la pointe à là bafe en deux coques, chacune defquelles eft parta- gée en deux loges qui renfermeirt des femences oblon- gucs, plus petites que des grains de blé , Se noires. Sa racine eft petite, ligneufe, garnie de quelques fibres. Cette plante croit entre les blés , principalement en terre gralfe. Les bœufs & les vaches en mangent. Blé de Turquie y qu'on appelle autrement Alays y ou blà d'Inde. Triticum Indicum y frumentum Indicum y tra~ gus y tragum. Ses racines font chevelues , longues , nombreufes , blanches , & elles donnent une tige bran- chue dès le bas , haute de cinq pieds, ronde, épaiffe d'un pouce, droite , noueufe par intecvalles , remplie d'une moelle blanche, douce Se fucrée. Plufieurs feuil- les qui partent de ces nœuds, l'enveloppent Se s'éten- dent enfuite de la longueur d'un pied environ , lur deux à trois pouces de largeur, pointues à leur extrémité, rudes fur leurs bords, & relevées de plufieurs nervures droites qui parcourent toute leur longueur en manière de plis. L'extrémité de la tige eft terminée par un pa- nicule ou amas d épis , compofés de plufieurs fleurs à étamines & ftériles. Les fruits naillcnt dans des en- droits féparés & au-deflous de ces panicules : ce font autant d'epis enveloppés de feuilles roulées en gaine, d'où s'échappent plufieurs longs filets. Chaque filet aboutit à un embryon qui devient une graine prelque ronde , grolFe comme un pois , mais ordinairement an- guleufe , Se un peu plate d'un côté par où elle tient à l'épi , couverte d'une peau ou écorce ferme , le plus fouvent roufle ou jaunâtre, quelquefois grife, rouge, brune , qui renferme une lubftance faiineufe. L'amc de cet épi à fruit eft un poinçon tout couvert de 5)28 BLE pareils grains, ou fcmences enchàffees , cliacune dans une efpèce de chaton. Le Mays fert de nourriture à une grande partie de l'Amérique, de l'Ahe & de l'Afrique. On en fait moins d'ufage en Europe , à caufe qu'on en tt-ouve la farine trop douce , ik on n'a recours à cette lorte de grair.s que dans les difettes de froment. On le cultive en plu- fieurs endroits du Royaume , pour engraillcr les vo- lailles. Les Sauvages du Canada ne connoill oient point d autre farine avant l'ctablillement des François dans ■ce vafte pays: ces Sauvages ne font dans leurs couries, qu'une limple bouillie de la farine de mays avec de l'eau pour fe nourrir. On a vu que l'orCquc les loldats François écoient obligés de vivre de cette bouillie dans le temps des guerres, leurs blellures croient plutôt confolidécs. On appelle le mays blé d'Inde ^ & h/é de Turquie , à caufe qu'il a été apporté de ces endroits-là où il cil nommé vulgairement maya, ou mûyja. Le i>/é de Turquie étoit fort connu en Italie dès le temps de Pline. Les Grecs lenommoienttf"/^", &les Latins Mo , comme on le peut voir dans Pline , Liv. XVIlIi ch. 7 ,& / 0 ; fi cependant \Trio de Pline eft le b/é de Turquie.-Le pain de He de Turquie eft lec, friable , pefant fur l'eftomac, & difficile à digérer. L'on en voit peu en France , fi ce n'eft en Dauphiné , en quel- ques lieux de Languedoc , de la Guienne , du Béarn 6c de la Navarre. On le nomme dans la plupart de ces lieux du pros millet , ou du millois. Hors les temps de difettc , ctans leiquels on en mêle avec d'autre blé , il ne fert qu'à nourrir des volailles, qu'il engrailfe beau- coup. Dans les autres Provinces on n'en voit guère , que quelques plantes dans les jardins par curiofité. Foyei Galien , de AUm.facult. Lia. /; Bruyerin Cam- pege , de re cilmriâ y Lib. V. cap. 23 . Blé, fe dit particulièrement du grain qui fort de l'épi, quand il eft bien battu. Cranun:. L'opinion commune eft que dans les premiers fiècles du monde on ne vi- voit que des fruits de la terre, &: de gland-, quelques- uns ajoutent cette efpèce de noifette que produic' le hêtre, qu'ils prétendent avoir été appelé pour cela /a- gus en latin, du mot grec (pa^o-a/, je mange. Ils di- fent qu'on n'avoit point l'ufage du blé , ni l'art de le préparer & de le rendre mangeable ; & que dans les hiftoiresde ces premiers ficelés, il n'y a nulle mention de blé. D'autres foutiennent que cela cfl: contraire à l'Ecriture , qui dit que Dieu commanda à Adam , & devant & après fon péché, de cultiver la terre , & que Gain fut Laboureur. Mais le mot de l'Ecriture HDli? ^:J■lP n'eft pas détermina, comme celui deLa- homcvi\:,o\!ià' Jgricola en latin,il fignifie feulement qui travaille à la terre , qui lacultive ; ce qui convient à la culture des arbres , des herbes & des légumes, & apiî fe dire de ces clK)fcs feules , quand on n'auroit point eu alors de connoiiranccdu blé. Q\\ dit que c'cft Céics qui fit connoîtte leWe aux hommes; c'eft pour cela qu'on la mit au nombre des Dieux. D'autres difent que ce fut Triptolème , fils de Céléus Roid'Eleufe, ville de l'Attique. D'autres veu- lent que Cérèsait trouvé les blés , & que Triptolème ait inventé l'art de les femer & de les cultiver-, ou Gé- rés , dans fes courfes , fut reçue par Géléus père de Trip- tolème, /«?., font , lemuid ,leletier,le minot, le boifleau, le demi-boilfeau, le quart , &c le demi- quart de boifleau , le litron , &c le demi-litron. Tou- tes celles qui font .au-delfous du boilfeau, ne fer- vent guère pour le blé. On mefure en quelques endroits parbichcts au lieu de boilfeauxjau Mans par charges, qui font de iz boilfeaux ; à Sedan par quartels \ à Di- jon par quatranches , quartaux , bichcts & hémines ■■, à Metz par quarts , à Rennes par mines ; à Aix par char- ges; à Avignon pat hermines ; à la Fcre par mancots. On divife aufll quelquefois les mefures des arides en pintes. Fipyd^ le Traité de la Police de M. de la Marc, Liv. F y Tr. FlIIjch. 2. L'exphcation de toutes ces mefures fe trouvera chacune à fa place. Par des elFais faits à Paris en dittérens temps pat les Magiftrats, & avec beaucoup d"exaditude,on a trouvé «11452 que, . r- 1 La raine de blé froment François peloit 1 1 5 1. 2. onces. La mine de è/e froment de Neubourg iiol. Le fetierde blé méteil 220I. 5 quar- [ terons. Après la mouture , la farine Des deux mines de Zi// froment pcfa 221 1. 2 onces. Du fctier de méteil 2 1 6 1. 3 quar- [ terons. Etant mefures , la farine Du fctier du blé froment donna 1 6 boilTcaux com- [ blés. Du fetier de méteil 16 boilF. combles & un ras. En XâfGG on trouva que la mine Du meilleur blé froment pefoit 1 08 livres. Du moyen 10 jl. Le minot de feigle 55 1. Etant moulue , la farine De la mine du meilleur /^/e froment pefa . ICI L Du moyen 5^1.6 onces Du minot de feigle \c)\. -.^ c^w-sxiz- [ rons. Et donnèrent de farine La mine du meilleur à tout le fon 8 boifleaux. Tome I. Du moyen à tout le fon Le minot de feigle BOI 9Zp 8 boilfeaux. 8 boifleaux denri- - [quart. La mine du meilleur blutée au bluteau à blawc cil revenue nette à 8 boifleaux, La mine du moyen par le bluteau à fenêtre elt revenue nette à j boiireaux. Le minot de leigle parun bluteau à bis eft revenu à 2 boif. i q. &dem. Le fon des mines de froment riflé &: recoupé revenu net en gruau^, mis avec la farine de feigle à 1 boifleau & demi. Etant pétris & boulanger, on fait Lamine du meilleur, fept douzaines de petits pains blancs, de quinze onces en pâte, pourrevenir à douze onces cuits. La mine du moyen, deux douzaines de petits pains bourgeois, dedix-neut onces en pâte, pour revenir à leize onces cuit, & vingt-deux grands pains bourgeois de rrente- fept onces en pâte , pour revenir à trente-deux onces cuits. Le minot de feigle & gruaux, vingt-deux grands pains bis appelés brode , de quatre livres & demie en pâte, pour revenir à trois livres cuits. On fit en 1 477 , un pareil ellai , où tout revint à peu près au même. Au dernier qui fut fait en 1700, la mine du plus beau blé froment , fut ttouvée pefer cent dix-huit li- vres. Etant moulue elle produmt huitboifleaux&dc- mie de fatine , pefant enfemble cent feize livres. La farine ayant été blutée , rendit trois boilFeaux & un quart de fleur pour le pain le plus blanc. De la féconde farine, deux boifleaux & un quart ; & il relia de fon , quatre boifleaux trois quarts. Ce qui fait en tout dix boifleaux & un quart. Ayant été pétrie, &le poids du levain qui y avoit été ajouté ayant été ôté, on en fit. Pain mollet, quarante, pefant en pâte chacun cinq onces & demie, & enfemble deux cent vingt onces. Pain à la Reine, fix, pefant en pâte chacun cinq onces & demie , & enfemble trente-trois onces. Pain à la Ségovie , fept, pefant en pâte chacun cinq onces &demie,& enfemble trente-huit onces & demie. Pain de Chapitre, vingt-fix, pefant en pâte chacun fix onces & demie , & enfemble cent foixante - neuf onces. Pain façon de Gonefle, quarante-huit, pefant en pâte chacun fix onces & demie, enfemble trois cent douze onces. Pain bis blanc, foixante -fept, en pâte chacun dix onces , & enfemble fix cent foixante - dix onces. Poids total 1 442 onces & demie , ou quatre-vingt dix livres, deux onces & demie. Après la cuilfon. Le pain molet pefa chacun 4 onces. Le pain à la Reine chacun 4 onces. Le pain à la Ségovie chacun 4 onces. Le pain de Chapitre chacun j onces. Le pain façon de Gonefle chacun 5 onces. Le Pain bis blanc chacun 8 onces. Poids total, mille cent cinquante-huit onces, ou foi- xante-neuf livres, quatorze onces. Voye-zXz Traité de la Police de M. De la Mare, Commillaire qui préfidoit à cet elfai , Liv. V, Tit.XIV, iS. Il y a plufieurs Iles de l'Amérique où il ne vienn , ou de quelque planre épineule. D'autres anciens Médecins inventerenr un inftrumentdeferou d'acier, à peu près lemblable à une râpe fine , de la forme d'une cuiller, f^'oye:^ en la figure dans le Diclionnaire de James. BLEQUE. adj. Mot normand. Poire bléque, pomme bléo.ue y c'eft'à-dire, plus que molle. \-én. "îfT BLERÉ. Blera. Perite ville de France, en Tour- raine, lur le Cher. BLERE AU. Voye-^ Élaireau. BLEREUX. f m. Animal lauvage. iVfce/ejj mœlis. BLESCHE. Foye^ BlÊche. BLESME. Foyè^ Blême. BLESMIR. /%/£« des Tein- turiers eft une couleur qui le fait avec le paftel, qui croit dans le haut Languedoc ; ou avec la voède , ou petit paftel qui croit en Normandie ; ou avec de l'in- digo qui vient des Indes. Les nuances du bleu font le bleu blanc j le bleu nailjantj le bleu pâle , le bleu mou- rant, bleu mignon 3 bicucélefs , il tient le milieu de la nuance ; ^/: moins dé- coupées que les intérieures. Chaque branche cft ter- minée par une tête écailleufe, groile comme une petite noilette, & qui cft couronnée de quelques Heurcns qui débordent & qui (ont plus grands que ceux du centre. Les Heurons du centre lont encore diftin- gués de ceux de la circonférence par leur couleur, & ils font bleus loifque les autres font pcurpres, & blancs lorique les aunes lont purputins. Comme ces variétés de couleur plailent à la vue, on fcme aulîi les bluets dans les grands jardins, & ils y vien- nent de plufieurs couleurs : quelquefois même il s'en trouve de doubles. Sn femence cft oblcngue, pâle, blanchâtre, & chargée d une aigrette. Le bluet eft fort recommandé pour les maladies des yeux : cette pro- priété lui a fait prendre le nom de caflelunette : on s'en fert auiîi pour les éryfipèles ik pour les rougeurs du vitage. Il y a encore une autre efpcee de Cyanus qui vient dans les montagnes du côté de Genève : cette elpcce eft nommée Cyanus vel verbafculum Cyaonïdcs , en françois l'Aubefoin. Elle diffère de la précédente par toutes fes parties: fa r.acine eft vivace, trace beau- coup, i5c donne plufieurs rejetons. Ses feuilles fonr longues, entières, blanches, étoffées: fa tige n'eft guère branchue, & ne s'élève qu'à un pied de terre: elle eft garnie de feuilles cblongucs^ & elle eft ter- minée par une tête écailleufe aufii grolfe qu'une petite noix. On range parmi les Cyanus ces plantes qu'on cultivé dans les jardins, & qu'on nomme Ambrcttes à caufe de leur odeur. Voyez Ambrette. BLUETTE. f. f. Petite étincelle. Scintilla. Il ne faut qu'une bluette de feu pour caufer un grand incendie. Ménage dérive ce mot de balucetta, diminutif de halux 1 qui fe prend pour ces petits grains luifans qui paroiflent dans le fable. M. Huct le dérive de bleuy parce que les étincelles qui fortent des fournaifcs & du fer rouge quand on le bat,font ordinairement bleues, IJCF En parlant d'un ouvr.rge, on dit figurément qu'il y a quelques blucttes d'efprit; pour dire, qu'on y re- marque quelques petits traits d'efprit. Si- toutefois ne font ce cej bluettes Qui vous ont mis en l'eftime ou vous êtes. R. Bluette du Rhin. Efpèce de laine qui vient d'Alle- magne, BLUTE AU, ou BLUTOIR, f. m. Inftrument fervant à féparcr le fon de la farine. PoUinarium crihrum. Il eft fait en manière de grand fas , ou tamis long & cyhn- driquCj conipofé de plufieurs cercles qui fouticnncnc une pièce de toile de foie, eu autre étoffe fine, par où la farine palIe, quand on le tourne avec une ma- nivelle. C'eft aulTi parmi les Ccrroyeurs un paquet de laine, fait de qutl.-iucs vieux bas. d'diimc, dont ou fi lefï BOB pour efTuyer les cuirs, tant de chair, que de fleur, quand on les a chargés de bière aigre. Du Gange dérive ce mot de bultellusj quonadit en même iens dans la bafle latinité. BLUTER. V. a. Séparer la farine d'avec le fon, en la palFant par le bluteau. Farinam ïncernere ,fucccrncre. Ménage dérive ce mot du latin \olucare , Se de volutonum , blutoir ; mais plufîeurs croient qu'il vient de l'allemand beuteln^ fignifiànt la même choie. BLUTÉ, EE, part, Cribratus ^ ïncrctus , fuccretus. BLUTERIE. L f. Terme de Boulanger. C'eft l'endroit de la mailon où le Boulanger tient ion bluteau pour bluter la farine. J'ai une bluterïe fort commode . BLUTOIR. Voyez Bluteau. BOA. BOA , eft un ferpent aquatique d'une prodigieufe grof- feur, qui fuit les troupeaux de bœufs, dont il aime beaucoup la chair; d'où lui vient fon nom. Jonston. Il fuce , dit - on , les mamelles des vaches , tant il aime le lait. Duncan dit même qu'il ne fauroit vivre d'autre chofe. On en trouve quelquefois dans la Ca- labre. On en tua un fous le règne de l'Empereur Claude, dans lequel on trouva un enfant entier. Quel- ques Auteurs difent qu'il peut avaler un bœuf; exagé- ration d'Hiftoricn. Voye\ Ludolf, HiJl.Ach. T. II ^ p. i66. BO AGE. f. m. Pretium locanonis boum. C'eft , en Brefle , le prix dû pourle louage des bœufs. Ragueau. BOB. ♦ BOBA. f. f. Grimace qui fc fait en avançant les lèvres pour fe moquer de quelqu'un , de am'^h , injure , mo- querie. Chorier. Ce mot eft de Dauphiné -, ailleurs on dit , moue , faire la moue. Labiorum projeclio j porreclio. BOBAN. l.m. Vieux mot. Somptuofité , vanités du mon- de , félon ces deux vers de l'épitaphe d'Armoile de Lautrec , qui fe trouve dans le livre de Borel , des Anti- quités de Caftres. VeuillantU Paradis acquerre, A tos\>^a.ns fit afpre guerre. On a dit nnCCi bobancier , pom vain. Ces mots ont fait bobander j qui a été A^iX.^oaï piaffer. BOBAQUE. i. m. Animal qui le trouve autour du fleuve Niéper, &;quireflemble un peu au lapin. Le bohaque a quatre dents , deux en haut & deux en bas ; & fon poil eft de lacouleur de celui du blaireau. Le bobaque fe terre comme l^apin, & au mois d'Odtobre il fe re- tire dans un trou, & n'en fort qu'à la fin d'Avril ; alors il court la campagne, & cherche à taire fes provilions pour l'hiver. Les bobaques font tous hermaphrodites. Ils font faciles à apprivoifer. Us font jolis dans la mai- fon , & ne font pas moins amufans qu'un finge. Ils font (î fins, que quand ils foitent pour paître, il y en a un qui fait fentinelle , & qui fifle pour avertir les autres de ce qu'il découvre. BOBÈCHE, f. f. Partie fupcrieure d'un flambeau , ou d'un chandelier, qui eftcreufe, où l'on met la chan- delle , ou la bougie. BoBècHE, fe dit aufli d'une petite machine d'argent, de fer blanc, ou de cuivre, &c. qu'on met dans les flam- beaux,quand la chandelle eft trop menue,afin qu'elle ne chancelle pas dans l'embouchure du flambeau ; ou pour empêcher que la chandelle ou la bougie ne le gâte. BOBELIN. f. m. Ancienne chauflure dont fe fervoit le commun du peuple. Les Savetiers de Paris , qui ont confervé parmi leurs titres là qualité de Bobelineurs , avoient , exclufivement aux Cordonniers, la permil- fion de faire des hobelins. BOBELINEURS. f. m. pi. Faifeurs de bobelins. Ce font ceux que l'on appelle préfcntement Savetiers. Voyez BoBELIN. f3-BOBENHAUSEN.Soic/iAo/?«/n. Petite ville &châ- BOC P3J teau d'Allemagne, en Vétéravic , fur la petite rivière de Gersbrentz. §3" BOBER. Rivière de Siléfie,-qui a fa fource dans les monragnes qui féparent la Bohème de la Siléfie , Se fc perd dans l'Oder , en enrrant dans la principauté de Croflen. Son nom latin eft Hebrus, félon Blaeu. #:?BOBERSBERG.Lieu de Siléfie, dans la principauté de Crolfen, non fur la rivière de Bober , comme le dilent les Vocabuliftes , mais fut une montagne , à l'o- rienr de laquelle coule le Bobêr: d'où lui vient fort ncu. Blaeu en fait une petite ville. BOBINE, f. h Petit morceau de bois tourné en rond, cy- hndrique, avec des rebords à chaque bout, long d'un demi-pied tout au plus, percé & mobile fur une veige , qui fert à filer au rouer , ou à dévider du fil , de la laine , de la foie, de l'or. Sec. Fu fus. Ce mot vient de bombina j qu'on a. fait de bombix. MÉNAGE après Saumaife. Etienne Guichard le tire de l'hébreu d3D fabab , en retranchant lapiemière fyllabe fa. Sabab en hébreu fignifie entourer, circuire , tir- cumdarey vallare ,gyrare. Il dérive de /S./*^-?, & bom- bix y du même mot. BOBINER, v. a. Dévider du fil ,^ de la laine , de la foie, de l'or fur la bobine. Torquerefufum. C'eft particuliè- remenr un terme de Tireurs d'or. BOBINEUSES, f. f pi. Nom que l'on donne dans les manufadures , particulièremenr dans celles de laina- ges , à certaines femmes, dont l'emploi ordinaire eft de dévider fur des bobines ou rochers , le fil deftiné pour ourdir les chaînes des éroffes. Ip° BOBINIERE. f. f. Partie fupéneure du moulin ou rouet à filer l'or , ainfi appelé de fa fonftion. r?BOBIO,ou ^Om.Bobium. Ville d'Italie, au du- ché de Milan, fur la Trebia, avec un Evêché fuffia- gant de Gènes. BOBO. f. m. Terme enfantin , qui fignifie , mal lé^er, Dolor, vulnus. On s'en eft fervi agréablement d.ins une chanfon. L'amour eft un grand bobo, BOBONE. f. f. FoyeT; Bubone. ifT BOBURES. {les) Boburii. Peuple fauvage de l'A- mérique méridionale, dans la province de Vénézuale, près de la ville de Mérida. BOC. iP* BOC A, ou BOCALBALBEL. Boca, Bocalbeca , Se Heliapolitanus traclus. Contrée de la Turquie , en Afie, dans la Syrie, enrreles monragnes du Liban Se de l'Antiliban. BOCAGE, f. m. Petit bois, ou bofquet , ou builfon. Sylvula j ncmus. Il fe dit des petits bois touffus & agréables pour la promenade. Que deviendrai- je j helas ! au fondde noshocages , Moi qui n'ai pour tout avantage j Qu'une mufettc & mon amour ? Fonten. Ce mot vienr de hofco. Bocage, f. m. Nom que l'on donne en général à toutes les elpèces de linges ouvrés qui fe font en Balfc-Nor- mandie, particuhèrement aux environs de Caen. C'eft aulîl le nom d'un petit pays de BafTe-Nor- mandie, dans le Diocèfe de Lifieux. Nemorenfis trac- tus. Quoique M. Corneille le faflefingulier,ne feroit- il point mieux de le faire pluriel? Car on dit Vilhrs aux bocages, & non pas au bocage. Apparemment que ce pays étoit autrefois plein de bocages. (pT On appelle généralement pays de bocage , dit M. Duhamel, celui qui eft coupé de hayes, de Bou- quetaux , Se même de Landes, BOCAGER, ÈRE. adj. Qui fe plaît dans les bocages, ou qui y demeure. Silvicola j Jilvicultnx. Il ne fe dit que dans les fiétions poétiques , des Nymphes boca- gères. Il vieillit. BOCAL, f, m. Vailfeau où l'on met de la bollFon ; ef- pèce de grofle bouteille ronde qui a le cou érroit , qui eit ordinairement de verre. Lagena vitrea. Un bocat de vin. Ce mot , Selon Scaliger , vient de baucalis latin , qui fjl6 BOD vient de l'arabe baucal^ qui fignihc une clpèce de vate laas aille. Onappeloic auili en vieux François baucak^ un vailïeau à ratraiclijr. Selon Saumaitc , il vient de bauca^ qui fe trouve dans la mcaïc lignification. On trouve aulîî hocularis , vulfb bocar , dit le P. Ma- billon , JclaSS. Beg. Sxc. Ù^, P. I, p. iiô.Vmt- cne qu'en quelques endroits on dit bocar^ au lieu de bocal j par un changement ordinaire de la lettre/ en r. IP" Ce terme paroit emprunté de la langue italienne. On dit au pluriel bocah , & non pas bocaux. On appelle aulll bocal , une grolFc bouteille ronde decryftnl , que l'on remplit d'eau. Les Joailliers tk au- tres Artiiles qui travaillent a des ouvrages délicats, le fervent du bocal pour travailler la nuit , en plaçant derrière un Hambeau ou une lampe allumée-, ce qui rend la lumière plus forte & plus vive, en la ralfem- blanr fur leur ouvrage. %a- BOC AMBRE, f. m. Foyeiç Bocard. BOCANE. f f. Sorte de danle grave & figurée. Elle fut appelée Bocane j parce qu'elle avoit été inventée par Bocan , & elle fut long-temps danfée , parce que Bocan croit Maître de danfe de la Reine Anne d'Autriche. Ce fut en 1 645 , qu'on commença à danfer la Bocane. Elle n'eft plus en ulage. IP" BOCAR. Foyc:jBoKHARAH. §3" BOCARD. 1. m. Machine, moulin à pilon, qui fert à écrafer la mine avant que de la fondre. Acad. Fr. §3=- BOCARDER. v. a. Palfer la mine au bocard. Bo- carder une mine. ce? BOCARDÉ , ÉE. part. BOCARDO. Terme de Logique. C'efl: le cinquième mode d'argument de la troiliéme figure , dans lequel la première propolition eft particulière & négative, la féconde cil univetlellc & affirmative, & le moyen ter- me cfl: fujet dans les deux premières propolitions. Ar- gument en Bocardo. (Quelque animal nejl pas homme , Tout animal a un principe de fendment , Donc quelque chofe qui a un principe defentlment n'efi pas homme. BOCE. vieux, f. m. Bouche. *3" BOCHAR. Voye-^ Bokharah, EOCHERON. Voyci Bûcheron. ifF BOCHERVILLE, bourg de France, en Normandie, au pays de Caux , fur la Seine. Il eft conlîdérable par une Abbaye de Benediclins, Congrégation de S. Maur. BpCHET. f. m. Terme de Pharmacie. C'eft la féconde décoction des bois ludorifiques , tels que font le gayac , le fairaftas , la falfepareille & autres. Bochetum. Elle lert de boilfon ordinaire dans les maladies vénérien- nes, les rhumatifmes, la fciatique, les écrouelles, & dans celles où il s'agit d'augmenter la tranfpiration. CoL DE Villars. * EocHET. Lieu du Bourbonnois , en France. Des Lettres de Jean , Comte de Clcrmont, fils du Duc de Bour- bonnois & d'Auvergne, datées AzBochct , en Bourbon-' nois le 2z Janvier 1455, ^o"'^ ^o^ 1"^ Melîire Jean de Harlay étoit Chevalier,avant que d'être pourvu de l'Of- fice de Chevalier du Guet, Le P. Héliot les rapporte, Tom. VIII , p. ^ rj. BOCHETTE. 1. f. C'eft un mot que le Cardinal Maza- rin a apporté en France, & qui fignifie ce jeu de boule qu'on appelle le Maure. MÉn. OCr BOCKENBOURG , BUCKEBURG , ou BUC- KENBOURG. Petite ville d'Allemagne , en Weftpha- lie , à un mille de Minden. 0Cr BOCKOLT, ou BOCHOLT. Petite ville d'Alle- magne, en Wcllphalie, diocèfe de Munller, fur l'Ace. BOCQUET. f m. I^oyc^ Rocquet. BOD. 0C? BOD. f. m. Idole des Indes, à laquelle les peuples s'adrelfoient pour avoir des cnfans. Lorfqu'une femme qui avoit fait un vœu à cette Idole, accouchoit d'une fille, elle devoit la préfenter au Bod^ & la lui lailTèr julqu'à ce que, devenue nubile, elle pienoit place dans BOE la place publique , avec les autres femmes vouées , étendoit un voile devant la porte , &i fe proftituoit au premier venu , obligée en conlcience de mettre les faveurs au plus haut prix qu'elle pouvoir , & de re- mettre entre les mains du pi^ctre de l'Idole , tout ce qu'elle amalFoit , pour être employé au bâtiment & à l'entretien du temple. Renaudot, Relat. des Indes ^ cité par MoR. BODE. Rivière d'Allemagne, qui vient du Hartz,&: qui tombe dans l'Elbe. {(Cr BODENHAUSEN. Baudenhaufium. Petite ville d'Allemagne, Cercle du haut Rhin, dans laHelTe, fur la rivière de Wcrra. ^ BODENWERDER. Petite ville d'Allemagne, dans la Balfe-Saxe, au Duché de Brunlwik, lur le Wefer. Bodenverda. BODENZEE. Lac le plus grand de tous ceux de la Suifle , appelé autrement Lac de Confiance. Lacus Bodanicus. Pline & Solin l'appellent Brirantinus ^ Acronlus ; mais Cluvier montre qu'il eft différent du Lacus Acronius. BODINE. f. f. On nomme ainfi en quelques endroits, la quille d'un vailfeau, principalement lur les côtes de Normandie. BODINERIE. f. f Efpèce de contrat qui eft en ufage fur les côtes de Normandie. C'eft une forte de prêt à la grolFc aventure, qui eft alligné lur la quille ou bodine • du vailfeau, & où l'on hypothèque non leulement le corps du vaifleau, mais encore les marchandiles qui y font chargées. Il n'eft rien dû que le vailïeau n'arrive à bon port. BODINURE. f. f. Terme de Marine. Funiculus. Les bodinures lont de petites cordelettes tortillées autour de l'arganeau §3" BODMAN. Petite ville,, autrefois épifcopale, dans la partie occidentale du Comté de Cornouailles, eii Angleterre, à quinze milles de Plimouth. BODOGHÈVE. Contrée de Germanie, htuée fur le Bo- dc. C'eft de-là qu'étoit l'un de ceux qui rédigèrent la Loi Salique , & qui eft défigné par le nom de Bodogafi, c'éft-à-dire , homme du Bodogheve. Eccard , dans fes Notes fur la Loi Salique. BODON. f. m. Vieux mot. Boutoio. BODRUCHE. f f Parchemin fort délié , qui fe fait de la première peau qu'on lève fur les boyaux d'un bœufl Membrana tenuis j Jubtilis. La bodruche lert à faire plufieurs ouvrages délicats. La bodruche eft tranfpa- rente, & pourroit même lervir à faire des chàlîîs. Elle fert principalement à battre l'or qu'on réduit en feuille. BOE. BOE. f. m. Vieux mot , pour boue. Po'ef. de Jean Du Pin. BOËDROMIES. f. f. Terme de Mythologie. Ectes qui fe célébroient à Athènes. Harpocralion dit qu'on célé- broit les Boëdromies en mémoire du fecours qu'on donna aux Athéniens contre Eumolpe; &c il ajoute que c'eft aufli de-là que vient ce nom; que ênS-f<:/x.Ùi eftla même choie que^'iSf», fe courir 3 & qui fignifie , cou- rir au combat. En effet, il eft compolé de H'yfycrij Se de ^ft^àjje cours , & lignifie mot à mot , courir en criant j comme l'on failoit en allant au combat. Plu- tarque, dans la vie de Théfée, prétend que cette fête fut inftituée au fujet de la guerre contre les Amazones, & que fon nom lui vint de ce que ce Général les vain- quit au mois de Juin, appelé par les Athéniens Boè- dromion. BOËDROMION. f. m. Mois plein , c'eft-à-dire , de trente jours : c'étoit le troifième de l'année Athénienne. Il lut ainli appelé d'une fête nommée Boëdromies. Il concouroit avec la fin de notre mois d'Août & le com- mencement de Septembre. BOÊL. f m. Vieux mot. Boyau. On a dit auflï Bo'éle y pour dire, tous les inteftins , du mot Voyes j félon Borel , parce que les boyaux fervent de voie aux vian- des & aux excrémens. cS-/- BOEN. Petite ville de France , dans le Forez , atf pied des montagnes, à cinq lieues de Roanc. BOESJES. f f pi. Coquilles qui fervent de monnoies aux nègres de la balfe Ethiopie. Les richellcs du Prince con/îftent BOE confîftent en efclaves, en fimbons ou coquilles dcLo- vaiido, en /^oes/es, ou coquilles des Indes , en petites pièces d'étoffes, & (eniblables bagatelles^ qu'on efti- me Autant en ce pays-là que l'ot & l'argent en France. Dapper. BOËSSE, qu'on nomme aulTî Grat:c l-o'eJfeA. (. Inftiu- ment de plulieurs fils de léron, joint; enlemble en for- me de brolFe ronde , avec lequel on tbarbe dans les hôtels des Monnoies , les lames d'or , d'argent & de cuivre, au fortir des moules, pour le'; mettre en état d'être pallées au dégrolli & au laminoir. C'eft auUi un terme de Sculpteur &deCileleur. BOËS^ER, ou GiiATTE-BOËSSEK. v. a. Ebarber les lames des métaux qui lervent au mjnnoyage,ou net- toyer avec la boëlfe les ouvrages de iculpturc & de cifelure qui le font de bronze &c de plomb. BOËTE. Foyei Boite. *2r- BŒTILE. /^oyq AbadiR. BCEUF. f. m. Taureau qu'on a châtré pour l'engrailTer, ou pour le rendre plus doux pour le labourage, i^oj. Ce mot vient de hos , bovis , qui a été fait du gtec é""! , lequel, félon le P. Kirker , eft dérivé de /5« , qui fignifie , je nourris , parce que le hœuf pai: (on travail nous nourrit en cultivant la terre qui produit le blé. Mais Guichart prétend que tous ces mots, aullî-bien qiiapisj bœu/nAoté en Egypte, viennent de l'hébreu Dis , abas , c'eft-à-dire , engr^iffer, d'où le fait Dias , abus y participe paîiif ,e no railfdj d'où s'en; formé ê'< , bas j bœuf.- pour le P. Pézron il les tire tous du cel- tique bu, qui hgnifioitla même choie. Ilcfl; défendu par la loi, de convoiter le bœufonVmc de Ion prochain. Moyie ne vouloir pas qu'on accou- plât l'âne & le bœufpoMï labourer. Les Indiens le fer- vent de bœufs pour leurs voitures Se pour leurs char- riots,qui font 15 ouzo lieues par jour, & jufqu'à 60 journées de chemin. Ces bœuJsCont difFércns des nôtres, en ce qu'ils ont fur les épaules une bolle fort grofle & fort charnue. Le Père Ovalle , en fon l^oyage du Pérou , dit qu'il a vu des bœufs fentir l'eau de qua- tre à cinq lieues, &y courir, quelque force qu'on em- ployât pour les arrêter. Les Athéniens firent marquer un hœuf^M'c leurs monnoïes, d'où eft venu le proverbe grec , le bœuf (aï la langue , qui fe diloir d'un Orateur corrompu par argent. On appelle une paire de bœufs , les deux iœ/^/i attelés fous un même joug. Crois-tu , Milon , que fe vanter de porter un bœuf, ce ne foit pas le vanter de lui rellembler beaucoup. Fonten. Lehlé^pourfe donner , fans peine ouvrant la terre , N'attendait point qu'un bœuf prcjfé de l' aiguillon , Traçât à pas tardifs un pénible flllon. Boil. Les iœz qu'on vend à la boucherie. Ainli on dit , la pièce de bœuf tremblante eft celle qui eft la plus proche de la poitrine, parce qu'elle palpite encore long-temps après que le bœuf eft tué ; c'eft celle qu'on fc rt fur les bonnes tables. La pièce de /•œ^r/parée , eft celle qui (e lève à la tête de la furlonge. Le gîte , le trumeau de bœuf. Le cimier de bœuf, eft la partie charnue de la cuilTe: ce qu'on appelle au mouton une éclanche. Voyez Ci- mier. Aloyau DE bŒuf, eft une pièce qui fe coupe le long des veicèbres ik des côtes. Coflabubula. En parlant on dit limplementun aloyau, lans ajouter de bœuf . Nerf de bœuf, eft la partie du bœuf deftinée à la géné- ration. Langue DE eŒuf, eft la langue détachée du /-(ezz/j qu'on fale , ôc qu'on fume d'ordinaire pour en faire un ragoût qui excite à boire. ■Bœuf à la mode , eft vinbœufhien larde, cuit dans fon jus , & alTlrifonné avec du poivre , & autres choies de haut goût. C'eft un fymbole très-commun fur les revers des médailles, que deux bœufs tirant une charrue , pour marquer une colonie compofée dépeuple ëc defimples habitans : car on y gravoit des aigles romaines , li elle étoit peuplée de (oldats. Larailon de ce fymbole eft, que l'on fe fcrvoit de bœufs pour tracer l'enceinte de la colonie; & afin qu'il y eût plus de myftère, l'on joi- gnoit une vache à un /\tk/1ous le même joug, en pla- çant la vache vers la ville, & le bœuf de l'autre côté vers le dehors. C'étoit pour montrer que les femmes doivent fe charger du loin du ménage, :(érenf-ermer dans l'intérieur de la mailon , & que la culture des champs eft le partage des hommes. Les villes munici- pales avoientpourlymbole la tête d'un bœuf. V ail. Les Egyptiçns reprélentoient le Soleil , ou Ofiris , fous la forme d'un bœuf. Kirker , (Edip. ^g. T. I , p. ^ 0 & ^ r. Trois têtes de bœufs Cur la ftatue d'Ifis fi- gnifioient en hiérogUphes , les trois temps de l'année propres à la culture des champs. Les Romains mettoient auili une tête de bœuf, ou métope, dans leurs bâti- mens , pour fymbole du travail , d<. de la patience dans le travail, lo.p. iç2. Souvent on voit fur les médailles grecques &romaincsuu bœuf baillant la tête & Hé- chilFant un genou. C'eft, Iclon Trift.an , la marque de l'étabblfement & fondation d'une ville. C'eft la pofture d'un bœuf donnant un coup de corne, & , fi l'on en croit M. Vaillant, il défigne des jeux donnés à l'hon- neur d'un Prince. Quand fes cornes font ornées de ban- delettes, c'eft la marque d'un bœuf viûime, ou d'un facrifice. Un ^œw/couronné étoit chez les Alfyriens le fymbole de la paix , dit Marcclli. ^y Bœuf. Terme de falines. On appelle ainfi dans les falines , l'ouvrier qui décharge le bois des charrettes , le jette fous la poêle , & fait les autres fervices de cette efpèce. Encyc. fd^ C'eft auflî un terme injurieux dont on fe fert pour défigner un homme pcfant & hébété. C'eft un bœuf, un vrai bœuf. . , parce qu'il a de la voix. Il vie près des rivages. Sa chair eft; d'un bon goût. *ii^ Il y a un autre poiffon qui reircmble beaucoup au précédent, qu'on nomme Bogue-ravel , parce qu'on le vend avec tous les autres petits pollFons qu'on ap- pelle Ravûille à Montpellier. Encyc. %CT BOGUSLA\S^. Petite ville d'Ukranie, au Palatinat de Kiovie , fur la rivière de Raif. B O H. BOHADE. C'eft: en quelques provinces une corvée que le fujet doit au Seigneur, de deux bœuls, ou d'une charrette , pour aller pour lui au vin , ou en fon vi- gnoble. Ragueau. BOHÉ. Foye^ BOU. BOHÈME. Pays d'Allemagne, quia pour bornes au nord la Mifnie, la Lufacc, ik une partie de la Siléfie; au levant une autre partie de la Siléfie & la Moravie; au midi l'Autriche & la Bavière, & au couchant le haut Palatinat. Bohemia. La Bohème eft toute environnée de montagnes. Ceux du pays l'appellent en leur langue Ce-^e-[ha-:{eme, qu'il faut prononcer Che^ha^em^ c'eft- à-dire, Terre de C^echi leur premier Gouverneur; & les Allemands Behaim, ou Boehaim. Froiftard la nomme Béhaigne. Cofmas , dans les chroniques de Bohème } tire ce nom de je ne fais quel ancien Bo- hemus ; mais ce qu'il dit eft un roman. Quelques-uns croient que ce nom. Bohème^ eft fclavon, & qu'il figmde pre'diciiony prophétie ; que les Sclavons s'é tant emparés de ce pays le lui donnèrent , parce qu'il y avoit là je ne fais quelle famcufe Prophé- tefte de Lybie. Cela fent encore bien la fable. D'autres prétendent que ce nom s'eft fait de celui de Boïcns, Boiij peuples de l'ancienne Gaule; car les uns dilent que les Boïens ou habitans du Cap de Buchs, en Gaf- cogne , ayant fuivi Segovèfe en Germanie , au temps du vieux Tarquin, s'établirent en ce pays, auquel leur nom fut donné. C'eft le fentiment de M. Cordcmoy dans fon Hijîoire de France ^ ik celui qui paroit le plus vrai. Les auttes ne remontent qu'au temps de Céfar, & difent que ces Boïens font les anciens habi- Tome I. BOH 959 tans de ce que nous appelons aujourd'hui le Bourhon- nois, qui, challés par ce Général Romain^ paffèrent le Rhin, ik s'établirent dans la Bohème^ qui fut d'a- bord appelée Bojohème , en latin Bojohcmus ■, c'eft- à-dire, demeure, habitation des Boïens, tk que de Bojolièmc s'eft tait Bohème. Je trouve cependant en- core entre deux Bevehem. Ademar l'appelle ainfi dans ia chronique. Ce fentiment n'a point d'apparence. Céfar ne chilfa point les Boïens du Bourbonnois; il les y plaça a la prière des yEduens. Voyez César de Bello G ail. Lib. I. & ci-après au mot Bqien , ou au mot Bourbonnois. Les Boïens établis en Bohème par Segovèfe, en furent chaiFés dans la fuite par les Marcomans , peuple d'Allemagne, & ceux-ci par les Sclavons, venus de la Croatie, lous la conduite de Zechus, ou Czechus. C'eft pour cela que l'on trouve quelquefois la Bohème appelée Efclavonie.Jc/iîvowia. Vi^ycz Acia SS. Bened. Sac. V. p. s y ^. BohÈme. Royaume , Bohemia Regnum. Les Sclavons établis en Bohème vécurent quelque temps dans l'a- narchie aptes la mort de leur chef; enfuire ils le choi- firent des Ducs : & ce ne fut que l'an io86, que la Bohème fut érigée en Royaume, is: que Vraiillas I , l'un de fes Ducs , reçur de l'Empereur Henri IV le titre de B.oi dans un Concile tenu à Maïence. Ce titre ne palFa point à (es luccelfeurs, mais fut redonné à La- dillas II par l'Empereur Frédéric Barberoulle : & enfin Primiflas, furnommé Ortocare I, obtint de l'Empe- reur Philippe , que la Bohème auroit le droit de s'élire des Rois, ils en ont joui julqu'au commencement du XVIP fiècle , que la Maiion d'Autriche s'eft attribué ce Royaume , ôc l'a rendu héréditaire. Mat y , ôc Hoff- MAN. C'eft depuis i6io , que Ferdinand II vainquit Frédéric, Comte Pal.atin, élu Roi de Bohème. Le Royaume de Bohème comprend non-feulement la 5oAt7;2e propre, dont nous parlions dans l'article précédent, mais encore la Moravie, la Lulacc & la Siléfie , qui , dans ces derniers temps, a été cédée au Roi de Pruire. Il parut , il y a quelques années , une Diflertation en forme de lettre, pour montrer que le Royaume de jBoAèwe eft életlif, ou héréditaire. Gol- daft a fait un livre exprès pour prouver non-feulement que le Royaume de Bohème eft héréditaire, mais fuc- celîit mâle & femelle, avec le droit de primogéniture. Pluiieurs filles ont porté la Couronne de £oAc-/72e dans des Mailons étrangères. Elifabcth, fille de Sigifmond, la porta à Albert d'Autriche. Anne, fille d'Uladillas , l'a portée à Ferdinand. Uladiflas avoit des frères, & entre autres Sigilmond, Roi de Pologne; cependant Anne eft préférée à ces oncles ; la Couronne de Bohème palFe par fon moyen pour la troifième fois dans la Maifon d'Autriche. Le Royaume de jBoAè/neeftdivifé en douze Provinces qu'on appelle cerc/dj. Hoffman. Maty n'at- tiibue cette divifion qu'à la jBoAème propre; & ilarai- fon. C'eft Charles qui tut élu Roi &Empereur en 1 3 46, qui fit cette divifion. Nous avons l'Hiftoire de Bohème par ytncas Sylvius, qui fut depuis. Pie II Pape; une autre par Dubravius, Evêque d'Olmutz, imprimée à Bàle en IJ75 in-foL, Georg. Pontanusa fait Bohemia Pia. Ccr BOHÈME, ou BOHÉMIEN, ENNE. adj.&fubft. Qui eft du Royaume de Bohème. Bohemus , ou Boh'é- mus. tous les Ecrivains fe lervent indifféremment de ' ces deux mots pour défigner les peuples de Bohème. Le P. Bouhours voudroit , malgré cela, qu'on dit les peuples de Bohème, en parlant des habitans, parce que les noms de Bohèmes ôc de Bohémiens lui paroif- fent attachés aux coureurs de profeftion , dont nous allons parler : je crois qu'on feroit bien de fuivre le fen- timent du P. Bouhours, pour éviter l'équivoque. Sur la Bohème & fur les Bohèmes ^, ou Bohémiens j Voyez tEneas Sylvius, X'HiJîoria Bohcmica de Le Mire, Cluvier, Ziv.///,G'eo^r.cA. /^. Cromer,Ziv./. Berum Polonicarum. Nous avons une Hiftoire de Bohème par Dubravius. Nous avons encore en latin des mélanges hiftoriques du Royaume de Bohème _, Mifcdlanea hiftorica , Sec. par le PcteBohuflasBalbin, JéluirCj imprimés à Prague en 1680, qui contieivient Ccccccij 940 BOI beaucoup de chofes touchant l'hiftoîre naturelle &ci- ville du Royaume. Foye'^ aufli Imhoff. Natit. Imp, Procer. L. I , c. 6. ^3" Bohème , Bohémien , enne. Noms par lefqucls on défigne certains gueux, errans & vagabonds, qu'on appelle autrement Egyptiens , qui courent le pays , dilant la bonne aventure , & dérobant adroitement. Balatrones mendici. On voit fouvent, principalement : d'Auneurs. Auner une éroffe ou une toile bois-à-bois ^ c'eft l'armer juftc, fans faire aucune bonne melurc. Bois , le dit auffi en plufieurs phrafes proverbiales. On dit d'une perfonne qui a grand air, qu'elle porte bien fon bois ; cette lemme porte bien Ion bois , pour dire , qu'elle a un port majeftucux. On dit d'un fanfaron , que c'eft un grand abattent de hois , qui fe vante de faire beaucoup plus de prouelles qu'il n'en fait. On le di; auffi d'un homme qui expédie beaucoup de befogne, & même d'un juge qui rapporte beaucoup de procès. On dit de ceux qui font les choies avec éclat, violence & impétuofité de naturel , que c'eft la force du bois , par allufion au bois vert , qui fe tourmente & qui tra- vaille. On dit, avoir l'œil au hois ; pour dire , prendre garde à fes affaires , & ne fe laifter point lurprendre , par allufion aux embulcades qui fe font d'ordinaire dans les bois. On dit auffi, il n'eft tel feu que de gros boisj en faifant allufion à un Philofophe qui voyoit tranquillemenr brûler fa maifon. On dit en menaçant, il verra de quel bois]c me chauffe; pour dire, je lebâ- tonnerai du hois que j'ai à mon feu. On dit en ce même fens, charger un homme de bois, lui donner fa provi- fion de bois; pour dire, lui donner plufieurs coups de bâton. On dit qu'un homme eft du bois dont on fait les vielles, qu'il eft de tous bons accords; pour dire, qu'il eft foible oucomplaiflint , qu'il n'ofeou ne veut contre- dire perfonne. Êrrc du hois dont on fait une chofe , c'eft avoir de fon côté les qualités & les difpofitions nécef- faites pour parvenir à cette chofe-là , y être propre , pouvoir y prétendre. Un Gentilhomme difoit au Ma- réchal de la Meilleraye , fi je ne fuis pas Maréchal de France , je fuis du bois dont on les fait: vous avez rai- ion , répattit le Maréchal, quand on en fera de bois ^ Dàiààd. ^^6 BOI vous y pourrez prétendre. On dit ne favoirde quel bois faire tlèche; pour dire, être rcduit au petit pied , êcre X\ mitérable , qu'on ne fait où, ni comment fublifter. On die d'une chair dure, ou trop cuite, qu'elle eft sèche, dure comme du bois ^ que c'eft du bois. On dit balTc- mcntd'un vifage pâle, défait, d'une mauvaife mine, que c'cft un vifage de bois flotté. Tu mets bien du bois au feu tout d'un coup , pour dire , tu propofes bien des chofes, bien de la matière tout d'un coup. Mas- ■cuR. Il ne faut pas mettre (on doigt entre le bois ik l'é- ■corce; pcjur dire , qu'il ne faut pas s'ingérer mal-à-pro- pos dans les ditférens des perlonnes naturellement unies. Trouver vifage de bois , pour dire, trouver la porte fermée , ne trouver pcrlonne. A gens de village trom- pette de bois , pour dire , qu'à des gens de peu ou de ■mauvais goût , il ne taut pas des choies bien délicates , bien exquilcs. On dit au propre , tout bois vaut bûche ; peut diic, quil n'importe pas II c'eft du menu ou du gros, pourvu qu'on le chauffe. On le dit auiîl au figuré , pour dire, queloriqu'onn'a pas les chofes propres, on yiubftitue ce quel'on peut & ce qu'on trouve. Marot a dit proverbialement : Non que ce fait de piquer ma coutume 3 Mais il n'eji hois Ji vert qui ne s'allume. On dit dans le droit , le bois acquiett le plain. Loi- ■SEL. M. Chaline explique ainfî cette efpcce d'axiome , la terre qui eft demeurée fans culture pendant l'efpace de trente ans , appartient au Seigneur Haut-Jufticier à -caufede la forêt banale y joignante, s'il n'y a fépara- tion entre la forêt & le plain , par bornes , murs , folfés , ou autres marques. Bois d'aigle, f. m. Ce^ un bois compaft, dur , pefant, de couleur grife, brune ounoirâtre,réfineux, rendant, quand on l'approche du feu, ou qu'on le brûle, une odeur fuave. On le tire d'un arbre des Indes, fembla- ble à un olivier, mais plus grand. Quelques-uns pré- tendent que c'eft de ce même arbre dont on tire l'aloès, & que le bois d'aigle eft le premier qu'on trouve fous l'écorce. Ces deux bois diffèrent pourtant fort en goût ; car le bois d'aloès eft amer, & le bois d'aigle ne l'eft point, ce detnier à un goût alFez inlîpidc dans le com- mencement qu'on le mâche, maison lent lut la fin une légère âcreté. Il eft fort rare eh Europe , parce que les Cochinchinois chez qui il croit , font gens barbares & d'un très- difficile commerce. Ils l'emploient à faire des armes, & plufieurs autres petits ouvrages. Ils s'en fer- vent aullI en Médecine contre les maladies contagieu- les , pour fortifier le cerveau , le cœur & l'eftomac. Ils le font brûler dans des lieux bien fermés, & en reçoi- vent la fumée bien précieulement, comme une fiurii- gation falutaite pour tout le corps, il les fait fuer , & ranime leurs efprits. f>oi5 amer, elpèce de bois qui vient dans les îles, à qui l'on a donné ce nom , à caufe de fon amertume , qui eft 11 grande , qu'elle le communique à tout ce qu'on fait cuire â fon feu, foit dans la marmite, à la broche, ou lur le gril. Il y en a de plus de deux pieds de diamètre. Son écorce eft brune, hachée & fort épailfe. Le bois eft d'un jaune clair, qui devient prefque blanc en féchant. Quoiqu'on puifte s'enfervir à faire du feu, il eft excel- lent à faire des lattes ou des planches minces pour clouer l'ardoife , parce qu'il eft fort léger, &: qu'il n'eft jamais attaqué des inleéies. Le P. Labat. Bois carlbe. Le bois caribe eftun des arbres de l'Amérique dont on fe fert à faire les grolfes charpentes, comme les poutres, les folives , les fablières, les faîtes, les poinçons , &c. Il n'eft pas des plus gros , à peine en voit- on atteindre quatorze ponces d'équarrilfage ; mais il eft fort 6c roide , & il faut qu'il plie beaucoup avant que de rompre. Sa feuille eft prefque ronde, rougeâ- trc& comme fi elle étoit un peu brûlée, dure & caf- fante. Son écorce (c? lève par longs filets, comme des cordes. Elle eft mince, paroît toujours fèche, & n'eft nullement adhérente. Il eft difficile de diftinguer l'au- bier du refte du bois. Ses fibres font fi longues, que d'une bille de cjnq ou fiv pieds , on en peut tirer des filets de toute cette longueur. Ce bois eft de couleur de BOI chair, quand on le coupe, mais en féchant il devient blanchâtre. Cet arbre vient alfez grand , mais il a peu de branches, qui ne viemient qu'au fommct , enforte qu'onen voitdeplusde quarante pieds de tige, & fort droits. Il ne faut , dit le P. Labat , ie fervif de ce bois qu'à couvert, parce qu'il s'échauffe facilement à l'air , & dure peu. Bois de chandelle. Les habitans de l'Ile de la Tortue font des flambeaux de bois de Santal jaune, qu'ils fendent par éclats. Ce bois rend une flamme fort claire , quoiqu'il foit vert. C'eft pourquoi ils le nom- ment bois de chandelle. Oexm. On l'appelle aulïi ioij de citron à caufe de fon odeur , & bois de Jafmin , à caufc des fleurs', qui reftemblcnt à celles de Jafmin. Bois à euïvter. Efpèce de bois dont les Lifulaires de l'Amérique fe fervent pour enivrer les rivières, ou plu- tôt le poilfon qui eft dedans. Sa propriété lui a fait donner ce nom , & il n'en a point d'autre. Il n'a que cinq ou llx pieds de hauteur , & l'on en voit peu qui aillent jufqu'à dix. Ce bois eft alTez dur, mais il eft tortu & mal fait : fon écorce eft rude, brune tic épailfe j il eft affez branchu & fort chargé de feuilles appro- chantes, pour la figure, de celles des pois communs j elles font épailfes, cotonnées & d'un vert foncé, & tiennent trois à trois , attachées à la même queue. On prend de l'écorce de cer arbre , & principalement de les racines : on la pile avec les feuilles & de la chaux , & voilà la compolition dont on enivre le poilfon, que l'on prend enfuite à la main. Le bois de Fuftet , ou Fuftel , comme on dit ordi- nairement, eft la racine & le tronc d'unarbrifleau qui vient en Provence & en Italie; Pline l'appelle cotinus. Il eft d'une couleur jaune , il fert à teindre en couleur de café & de feuille morte-, les Ebéniftes s'en fervent auflî. Le /^oij jaune, ouïe ^oi^ d'Angleterre, ainfi appelé, parce que nous le tirons d'Angleterre, eft un bois étranger de couleur qui fert aux Teinturiers & aux Ebéniftes. Bois lé-^ard. f. m. On donne le nom de bois lé\arâ dans les Iles à une efpèce d'arbre de charpenteiie , où le lézard fe retire lorfqu'il eft creux , ce qui arrive alfez fouvent. Sa feuille eft petite & longuette , mince & forr adhérente, quand l'arbre eft'lur pied; mais elle {c détache facilement , & s'enroule quand l'arbre eft abattu. Le bois en eft brun, & plus on approche du cœur , & plus il fe charge de couleur avec des teintes de différentes nuances. L aubier en eft gris & prefque aullî bon que le cœur. Il a les fibres longues , fines & fort ferrées. Il eft fort , & ne le gâte ni dans l'eau , ni à l'air, ni dans la terre. On fait de l'aillis ou du bai- deau de les branches , qui dure plus de quar.anre ans. Il fe travaille allez facilement avec la hache, mais on a plus de peine à le fcier , à caufe d'une matière gom- meufe dont il eft rempli , qui engorge la fcie. C'eft cette matière qui eft amère , qui le prcferve des vers & des poux de bois , jufqu'à ce qu'il ait fervi plufieurs années. Cet arbre s'appelle à la Guadeloupe bois d'a- gouti , à caule que cet animal s'y retire quand il eft creux, comme fait le lézard dans les autres Iles. Mes Paroilîîens me fourniirent chacun une quantité de pa- lillâdes de bois lézard , pour frire la clôcure de mon jardin. Le P. Labat. Le bois de fainte Lucie vient de Lorraine : il eft d'un gris rougeâtre , dur, & médiocrement pefant : fon odeur agréable , qui augmente à melure qu'il vieillit, le fait rechercher pour les ouvrages de marqueterie. F^oye^ Cerisier. Le bois de Calembouceft verdâtre, il a une très- bonne odeur; on s'en fert pour plufieurs petits ou- vrages : les Barbiers eu fonr bouillir dans l'eau dont ils fc fervent quand ils font la barbe. Le bois violet ne fert que pour les ouvrages de mar- queterie. Il y en a de deux fortes; celui qu'on con- noït fous le nom de bois violet , & un autre qui eft d'une couleur rougeâtre tirant fur le violet; les HoUan- dois l'appellent Utterhout. Le lois d'ébène, fi connu par les ouvr.ages qu'on en fait, &par quelques remèdes qu'on en tire, eft de BOI ■ trois fortes; favoir^ l'ébcnc noir qui eft la plus con- nue, l'cbène rouge ou grenadine, & l'ébcne verte. Le tois d'anis, ainfi nonmié àcaufequ'ila l'odeur d'anis , eft d'une couleur grisâtre : il vient des Indes , ôc eft employé par les Tableticrs & par les Ebéniftes. Le hois de corail eft d une couleur rouge vive, fcm- blablc à celle du corail. Les Américains en font divers ouvrages. Le bois de Santal eft en ufage dans la médecine, & chez les Parfumeurs, f^oye^ Santal. Le hois d'aloès vient des Indes Orientales, de la Chine, de la Cochinchine , du Calécuc, de Lao, &c. On en fait des ouvrages dans ce pays-là qui font fort eftimés. Les Amballadeurs de Siam firent préfcnt au Roi (LOUIS XIV) de pluficurs ouvrages de bois d'a- loès, entr antres d'une aiguière avec une efpèce de fous-coupe ou balBn pour laver les mains : cet ou- vrage avoit été fait à Siam , & à la mode du pays : les Amballadeurs l'eftimoient p]us que s'il eût été d'or. Le bois de Gaïac fert à plufieurs chofes. On en tire du riegme, del'efprit, de l'huile, de la réfine,_du fel: on en fait de la poudre: la plupart de ces choies font fort en uiage dans la médecine. Le bois de Ga'i'ac de France eft le biiis, que quel- ques-uns appellent Ga'iac de France, parce qu'ils croient qu'il a les mêmes qualités que le Ga'i'ac, & ils l'em- ploient à peu-près aux mêmes ufages. Le bois de Bréfil eft fort en ufage pour les teintu- res rouges : le Bréfd , d'où il vient, lui a fait donner fon nom : il en croît en différens endroits de l'Améri- rique : il en vient aulîi du 'Japon ; les Anglois &: les Hollandois l'appellent bois de Sapan. P^oye:( Brésil. Le bois d'Inde, ou bois de Campêche, ou bois de la Jamaïque, iert pour les teintures eu violet & en noir. Foye^ CampÈche. Bois Gentil, Les Bourguignons ont donné ce nom au Mézéreon, qu'on appelle autrement auréole femelle. C'eft une efpèce de Garou, ou de ThymeUa. f^oye^ MÉZEREON. Bois des Mpluques. C'eft une forte de bols qui nous vient des Iles Moluques en Amérique, que ceux du pays nomment Panoma, & qui eft très-rare en France. On tire ce bois d'un arbre domeftique, grand comme un coignadîer. Sa feuille reffemble à celle de la mau- ve, & (on fruit a une avehne -, mais il eft plus petit, & fon écorce plus molle Se plus noirâtre. On cultive cet atbre avec grand foin dans les jardins, & les habi tans du pays en iont li jaloux, à caufe de fes propriétés, qu'ils ne le lailfent voir aux étrangers qu'avec grande peine. Son pois eft purgatif ,& quand il purge trop , on tempère (on adion en buvant un verre de décoction d'«.)rge. Iheiîfte au venin, & remédie à la morfure des bêtes venimeufes, & aux coups empoilonnés. Il eft bon pour les fièvres quartes & continues , pour les coliques, pour Ihy dropilie , & pour la gravelle , pour la difficulté d uriner, pour la douleur des jointures, pour la mi- graine, peur les Iquirres, les écrouellcs, les vers, & pour exciter l'appétit. Sa dofe eft depuis quatre grains jul iU'à demi-lcrupule dans du bouillon. On l'applique auiii entièrement lur les plaies envenimées. Bois puant. Anagyris fœtida. Arbre d'une moyenne grandeur, & qui donne dès fa racine plufieurs jets. Son bois eft pâle, & fon écorce eft d'un vert brun. Ses branches font garnies de feuilles qui font par trois fur une même queue , longue environ d'un pouce. Elles font oblongues, pointues, vertes par-deftus, & blanchâtres par-delTous, d'une odeur forte & défagréa- ble, lur-tout lorlqu'on les ftoiire. Les fleurs naiffent des aiflelles des feuilles & (ont légumineufes, allon- gées, jaunes , &" foutenues par un cahce blanchâtre , comme argenté , & à cinq pointes. A fes fleurs luccè- dent des gonfles longues &c larges comme le doigt, qui renfetment entre leurs cofles des femences taillées en rein, groftes comme des haricots, & qui bruniilent en mû ri fiant. Bois épineux, eft un arbre des Antilles. Lignum fpino- fum. Il y en a de quatre fortes. Le plus grand croit & grolîît fi promptement , qu'en trois ou quatre ans il Tome l BOI P47 furpaflc la haiiteur de nos plus gros chênes. Il eft fore chargé de branches & de feuilles, qui' font une ombre épailfe. Il porte un fruit qui rellemble à une calebalfe : on y trouve un coton gris brun. Le bois épineux jaune eft plus dur, & bon à bâtir , au lieu que 1 autre eft trop mou 6c trop tendre. Il y en a de mâle & de femel- le ; mais toute la diftérence confifte en ce que le mâle eft d'un jaune plus clair, de que la femelle eft plus ■ pâle. La feuille de l'un & de l'autre eft ovale , dé- coupée fur les bords, d'un vert pale, & d'une odeuc de vert alFez foitc quand on la broie dans la main. Son écorce eftgrife, alfez épaifle, adhérente, tachetée de petites marques blanches, rayée, & comme tailla- dée légèrement. Elle eft couverte de beaucoup d'épi- nes , plus à fes branches & à Ion fommetqu'à (on pied, d'où elles tombent à mefure que l'arbre croît. Ce (ont ces épines qui l'ont fait nommer bois épineux. Le pea d'aubier qu'il a ne diffère en rien du cœur , le boisc^ compadre & le grain en eft fin , ce qui lui fait pren- dre un beau poU à la varlope & au tour. Il eft bon en terre, dans l'eau , couvert ou à découvert-, mais il eft fort fujet à être creux & aux poux de bois. Le P. Labat. Bois de Rhode. C'eft un bois qui relTemble en quelque manière au fantal citrin, de couleur jaunâtre, rendant une odeur de ro(e. On. le titre d'un arbre fort haut &c-^ fort droit, qui croît en plufieurs heux du Levant, à la Martinique, & aux Iles de Cypre & de Rhodes. On en tire pardiftillationune huile très-odorante, donc (e (ervent les parfumeurs. On prérend que cette huile & ce bois (ervent à fortifier le cerveau. On l'appelle aufli bois de rofe. Foye^-en la deicription lur ce mot. Bois de Rofe,e(\i à la Guadeloupe la même chofe que le bois de Cypre à la Martinique. Lignum cyprium, C'eft un hois qui croît fort haut, &: fort droit. Il a plufieurs branches , accompagnées de fleurs molles , velues d'un côté , & longues à-peu-prcs comme celles du Noyer. Dans la (aifon des pluies il porte de gros bouquets de fleurs blanches de bonne odeur. Ces fleurs font fuivies d'une petite graine noirâtre & polie. L'é- corcc de fon tronc eft d'un gris blanc. Son bois eft au- dedans de couleur de feuille morte, & quand le ra- bot & le polilloir ont palfé par-dcfilis, on y remar- que plufieurs veines de différentes couleurs j qui lui donnent un éclat marbré , & un luftre merveilleux. La douceur de l'odeur qu'il exale lorfqu'on le met en œuvre, & qu'on le manie, eft ce .qui le fait prifec davantage , & qui lui donne le beau nom qu'il porte , & celui de bois de Cypre qu'on lui donne en quel- ques-unes des Antilles. Lonvill. Uiji. nat. des AntiL L. I , c. j , art. s- Le bois de rolea l'odeur de rofe; quelques-uns l'appellent ^o/j de Rhodes, à caufe qu'il en vient de l'île de Rhodes. On s'en fert pour faire des chapelets : on l'emploie anffi dans la médecine. Bois de Couleuvre. Plante de la Martinique : on l'appelle ainfi , parce qu'elle s'attache aux arbres en ferpentanr. Son bois eft tortu , & gros d'un pouce ou deux. On alTure qu'il eft mortel pour les lerpens. Le P. du Tertre, qui en parle dans (on Hijl. des AntiL Traité III ^ c. ^, §. p i confirme cela. Selon le Père Plumier, c'e(î l'Arum montant à grandes feuilles pctcées. Foye:^ Arum. Bois néphrétique, Arbrifleau de la nouvelle Efpagne. Son bois teint l'eau en bleu , & cette eau nettoie les reins , & tempère l'acrimonie de l'urine. Cette pro- . priété lui a fait donner le nom de bois néphrétique par les Efpagnols. Il produit des fleurs Jaunes. Bois de la Chine y eft un bols propre pour faire des ou- vrages de marqueterie , que les Hollandois appellent Leiterhout , qui ne croît en aucun autre lieu du mon- de, que dans le continent de Guyane. Lignum Sinenfe. Le millier pefant ne revient fur les lieux qu'à un écu. Q)x\ le vend à Paris jufqu'à cent , & jamais moins de cinquante écus. BoiS luifant. Lignum lucldum. C'eft du hois qui jette de la lumièie , qui luit dans les ténèbres, comme un ver luifant. Il y a du bols pourri qui eft luifant. M. Boylc a fait la comparaifon du bols luifant & du charbon Ddddddij 5)48 BOI aliumé. Elle efl: dans les Tranf. Phil. n. 3 2 3 j). 60 s V T. III, p. 6^6. Bois vert. C'cft pour l'ordinaire un buiflon comme les grolles épines blanches-, il eft fort charge de pentes feuilles vertes &hirc;cs, allez fcmblables à celles du . biiis, mais un peu plu? grandes : Ion écorce eft grulle & polie, on n'en voit guère de plus gros que la cuilk : il a toujours un pouce ou deux d'aubier blanc, & tout le ccrur du hois eft vert fort brun, & mcmc plus noir que vert, mclé de quelques veines jaunes. Il le polit comme l'cbène , &c noircit lî bien avec le temps, que les Ébéniftes le font fouvent palier pour de vraie ébène. Les Teinturiers s'en fervent pour teindre en vert nail- fant. Il y en a grande quantité à la Guadeloupe. P. DU Tert. Bois à petites feuilles. Il vient dans les lieux humides • 6ç dans les terres grades de toutes les îles de l'Amé- rique. C'eft une furte d'arbre charge de petites feuilles aile.: femblables à celles du biiis; elles font .attachées à de petites queues lî menues, qu'au moindre vent elles tremblent. L'écorce de l'arbre eft jafpée comme celle du ùois d'Inde; mais de temps en temps la petite cc/ice s'élève , <^' le roule comme de la cannelle, & il ne lui en manque que le goût & l'odeur. P. du Tert. Bifi. des Ant. Tom. III , ch. 4, §.7. Bois de fer. Arbre des îles de l'Amérique , ainfi nom- mé a caufe de la dureté. Il croit julqu'à une pique & demie de hauteur, gros comme le corps d'un homme; fon écorce eft prelque lemblable à celle de l'Erable , tnais plus dure ^ plus grile. Il a quantité de petites feuilles , & porte un grand nombre de beaux bouquets de rieurs, lemblables à celles du Lila, même plus belles, mais en lî grande abondance, qu'il lembie qu'il n'y ait que des fleurs fur l'arbre. Tout l'aubier eft jau- ne & fore dur julques vers le cœur, qu'il a fort petit, ëi de couleur de fer rouillé, mais h dur que les haches de la meilleure trempe rebrouflent dellus quand on le . frappe. P. Du Tert.. Z'o/t?. III , ch. 4, §. S j & LoNVii.L. Hiji. nat. des Ant. Liv. I, ch. 7 3 art, /. C'eft lebène. L'ébène ou hois de fer. Tournefort. Acad. ijO 0 , Mém. p. S 0. Il y a un arbre au Tunquin qui s'appelle Lim , &: que les Portugais nomment Palo jerro , c'eft à-dire , pieu de fer , loit à çaufe de fa pelanteur , parce que lî on le met dans l'eau il va plutôt au fond que l'ébène ; foit à caufe de fa couleur , qui a r.ipport à la rouille, ou de fa dureté , qui eft telle que h à coups de mar- teau on enfonce dedans un clou bien trempe , il n'y a point d'homme, quelque robufte qu'il foit, qui puiHe l'arracher, même avec des tenailles ordinaires, au contiaire il Icmble que ce bois s'aigrilFc contre le fer; il le corrode & le confumede telle manière, que dans la ftruéturc des galions dont on fe fert, il eft ab- folument nécellaire de renouveler les clous dans la partie du dedans du vaifleau, dont l'alFemblage eft fait de ce /-0/5 ; autrement les pièces le détachent. Relut, de lunq. par le P. Marini. ^ois à' Inde. C'cft une efpèce de Laurier qui croît exccf- livcment gros quand il eft en bonne terre , i?c dans les Ueux humides.il a l'écotce jaunâtre, déliée, (5clî dou- ce, lî unie. Il polie pat-tout, qu'il femblequc ce loit le hois dépouillé de fon écorce. Sa couleur eft d'un giis vif & argenté, & en quelques endroits elle tire lur le jaune; ce qui fait remarquer cet arbre entre tous les autres. Elle eft fort fèche & aftringente au goût. Ses feuilles font prefque lemblables à celles du Laurier , mais un peu plus fouples Se plus rondes, dit le P. du Tertre, ou à celles du Goyavier , dit M. Lomillcrs: elles lentent le clou de giroHe, dit celui-là; «Se quand on les manie, dit celui-ci , elles parfument les mains d'une fcnteur plus douce que celle du Laurier. Elles ont, ajoute le premier, un goût de cannelle, picquant, aftringent, qui lailfcdansla bouche une petite amer- tume qui n'eft pas défagréable. Elles donnent , conti- nue le fécond , à la viande & aux fauces un goût 11 relevé , qu'on l'attribueroit plutôt à une compolîtion de plufieurs fortes d'épiceries, qu'à une fimple feuille. Cet arbre fleurit une lois l'an au temps des pluies; & pour lors il renouvelle une partie de fon feuillage. Son BOI lo'is eft le plus dur , le plus pleiri, le plus maflîf 5c le plus pelant de tous les bois des Iles de l'Amérique , de-la vient qu'il coule à fond comme du plomb, qu'il fouftrc d'ctie poli comme du marbre, & que les fau- vages en lont leurs rnallues. L'aubier eft de couleur de chair, & le cœur de l'arbre cil tout violet , extrê- memenr dur. La décoction de les feuilles en fort bon- ne peur fortifier les nerfs , Iculagc beaucoup les para- lytiques, &: fait défenfler les hydropiques, &: l'en- flûic qui refte aux jambes de ceux qui ont eu des fièvres malignes. M. Robin qui en éleva un au jardin Royal, le nommoit Laurier aromatique : c'cften etlcc unvéritable Laurier, & toutes les baies ou graines ,qui font femblables à celles du Laurier , aulîi-bien que fes feuilles , en lont une preuve évidente. Lonvill. Hijî. nat. des Ant. Liv. I , ch. y , art. 4. P. Du Tertre. Tr. III i c. 4i §. 2. Bois Rouge. On appelle ainfi dans les Antilles plufieurs autres elpcces d'arbres qui ont le hois rouge, lolide, 6c pefant, qui réfifte aux vers, & à la pourriture, & qui lont tous très-propres à bâtir des maifons, & à faire de beaux ouvrages de menuiferie. Tels font l'Acajou, le bois de fer , le Courrouça. Confultcz Lonvillers de Poincy , HiJl. des Ant. Liv. I, ch. j , art. / ; &: le Perc Du Tertre j Eifi. des Ant. Tr. III, ch. 4,^. S. Bois Fojfile. Il y a des endroits oir l'on trouve du bois dans la terre , loit qu'il y ait été enterré autrefois , & dès le déluge, comme quelques-uns le croient; foit qu'il s'y forme , comme il arrive à celui des mines d ambre. T'oye^ au mot Ambre gris , & la Dilfcrta- tion de ivi. Hartm.in qui y eft citée. Il me loUvient que voyageant par l'Italie , j'eus la cmiolité d'aller voir une mine ou carrière de hois foJTile , ou eftimé tel , qui étoit proche de la ville d'Aquafparta , & de laquelle un des Lyncées nommé Stelluti , avoir fait un livre. Mascur. On a découvert en 1711 dans les marais de Ciiuk, village à une fieue de Douay, un gros chêne avec fes principales branches , lequel , par le long féjour qu'il a fait dans ces lieux humides , cntoncé i j ou 2a pieds fous terre , a contra6té une couleur noire qui fait honte à l'ébène. Il y a quelque temps qu'on trouva en Angleterre à plus de 100 pieds lous terre, des chê- nes d'une prodigieulc grolleur avec toutes leurs bran- ches , Icfquels avoicnt aulll conrraélé une couleur par-» £^.itement noire, jointe à une dureté, qui palfoit da beaucoup celle qu'ils avoicnt lorlqu'ils végétoicnt. Ces arbres peuvent-ils s'être trouvés là par une autre caufe que par le bouleverfeinent général du globe terreftre pendant le déluge; Mém. de Trév. 17133p. 61 3 62. f3° On a aulîi trouvé dans le fein de la terre des bois changés en charbon. Ce lont des arbres enterrés con- vertis en charbon par des feux fouterrains, fans leur faire perdre leiu- figure. ^fT Bois minéralifes. Arbres pénétrés dans le fein de la terre par une vapeur métallique ou minérale. Il y a des hois alumineux , de couleur brune, plus Icgcrs que le charbon de terre, & qui s'enflamment d'eux-mêmes, dès qu'on les expofe à l'air; & des bois de la nature des pyrites. Les premiers ont été pénétrés dans la terre par une matière alumineule;les leconds,par unefub- ftance luUureule &: lerrugineule, ou cuivreufe & arfé- nicale. Ceux qui ont été pénétrés d'une lubftance mar- tiale , lont appelés ferrugineux. §CF On a aulîi trouvé des arbres changés en terre , qui confervoienr leur figure dans le lein de la terre, mais qui tomboicnt en poulîière dès qu'on les expoloit à l'air. {JCT ^oispétrifés. Voyei; Pétrification. Bois de Vie. Ternie de Philolophic Hermétique. On l'appelle autrement le grand arbre des Philofophes,o\L des Sa^es : c'eft le Mercure des Philofophes. Ils lui at- tribuent des qualités admirables, julqu'à donner la vie aux lubftances mortes. lie? BOIS-BELLE. Bofcahellum. Ville & Principauté de France , dans le Berri , entre Bourges & Sancerre. ( 'n l'appelle autrement Enrichemont. Cette Principauté appartient à la Maifon de Réthunc-Sulli. «cr BOIS-COMMUN. Bofcum-commune. Petite ville de France , dans le Gâtinois , aux confins de l'Orléaii- nois. BOI ^ BOIS-DAUPHIN. Seifincurie d'Anjou , proche du Maine. BOISDEUX. âdj. Vieux mot. Traître , diffimulé. On a die aulîî Boifcor dans le tncme Icns. BOISDIE. Vieux mot. Tromperie , raillerie. Il figiiifie auiîi méchanceté , perfidie : & il cil dit dans la Bible Hiftoriaux manulcrke, de Gain qui tua Abcl: Et l'occlt par boifdie & trahifoa. BOISER. V. a. Garnir de menuifcrie une cheminée ^ lui plafond , une alcôve , une chambre. Tahulis vejiire, BOISÉ, SEE. parc. Tahulis vcflïtus. Chambre boifée. #3 Comme adjedtif , il cil employé dans cette phrafe, une terre, bien boifée j pour due, qu'elle ell bien gar- " nie de bois. BOISERIE, f. m. Tahulatum. Ouvrage de menuiférie , où l'on emploie le bois de chêne, de lapin, ou autre, pour appliquer contre les murs d une chambre , ou d'un appartement. Le chêne de Danemarck eft le plus propre a taire de belles bolferiis , parce qu'il a moins de U'Jïiids , & moins de défauts que celui des pays plus chauds. Au rcfte , hoif^ne ne le dit que des ouvrages de menuiierie qui s'appliquent contre les murs , tic nullement ou rarement de ceux qui fe mettent ou au fol, ou au plafond d'une chambre ou d'un apparte- ment. Le premier s'appelle parqueiage , & l'autre , lambris y ou plafond. BOISEUX, EUSE. adj. Terme de Jardinier, qui ne fe dit que des plantes qui ont quelque lulidité dans leurs racines , troncs , branches & rameaux , qui lont de la nature du bois. Lignofus. Plante hoifcufe, lignofa ra- dix, racine hoifcufe. Il y a nnSedon arborefccns , qui eft une lotte de petit arbre boifcux. Corn. Dlciion. des Ans. BOISILLIER. f. m. Terme de Marine. Coupeur de bois , ■ Matelot ou autre que l'on envoie à terre pour faire ' du bois. Lignator. Ip- BOIS -LE-DUC. Foyei Boi-Duc. BOISSEAU, f, m. Mefurc pour du grain, de la farine , du fcl, des navets, de la cendre, du chaibon, &c. Médius. Sous nos premiers Rois , le boifjeau ëc toutes les mffurcs croient égales eu France. Charlcmagne établit une nouvelle mefure. C'étoit un hoijjeau, qui contcnoit le poids de vingt livres de froment. Aujour- d'hui Ôc depuis très- long-temps, le boijfeau eu trèi- diffcrent en France, & change prelque en toutes les Juriditlions. A Paris il contient quatre quarts, ou huit litrons i & il faut trois boiffeaux pour faire un minot, & quatre minots pour faire un feticr de blé , & qua- tante-huit minots pour faire un muid. Le blé fe me- fure à hoiffeau ras , & la farine à hoijjeau comble. Par l'Ordonnance de 1 66<) , le boijfeau doit avoir huit pou- ces deux lignes & demie de haut, lut dix pouces de large ou de diamètre d'un fût à l'autre; le demi-boijjeau de huit pouces cinq lignes de haut,& huit pouces de dian\ètte entre les deux fûts. Semodius, Cenalis, dans fon Traité des poids & des mefures , prétend que le boifeau de Paris eft le tiers de l'amphore , qui conte- noit dix huit quartiers, dont le boifeau de Paris ne contient que fix. Le P. Merlenne a obtervé que le hoif- feau de blé de Paris contient 210160 grains, quand il eft comble , & 172000, quand il eft ras. Les Ro- mains donnoicnt quatre hoijj'eaux de blé à leurs ef- clavc; pour les nourrir; & l'on a fupputé que la me- fiu'e de ces boiJJ'eaux revenoit à celle de Paris. Il y a douze boiffeaux au fetier. Courtin. En plufieurs lieux, & fur tout à Lyon, on l'appelle bichet. Lorfque Sévère mourut , il y avoir à Rome dans les greniers publics du blé pour fept ans , à dépenfer par jour feptantc cinq mille boiffeaux ; c'eft-à-dire , pour 600 mille hommes , le boiffeau Romain n'étant que pour huit peifonncs pat jour. Tillem. Ce mot , félon Du Cange , vient de bufellus , ou bujlellus , bifellus , diminutif de hu-^, ou de hu^a , qu'on a dit d.ans la balfe latinité en la même fignifica- tjon. On trouve même boijfelius , & boijlellus j mais BOI 949 dans la treizième ou quatorzième fîccle. Voyez At^ Saiicl. Tant. II , Mart. pag. 244 , C. Les divilions ou parties du buifeau font le demi- boiffeau j le quart Ôc le dcmi-quatt, le litron, oc le demi- litron, qui tous deux ne fervent guère qu'à me- furer les menus grains , 6: les légumes fecs. Le boiffeau de Paris de bon blé froment pèle vingt livres. Le boiffeau de Châlons en Champagne eft plus petit que celui de Paris d'un 8^, puifqu'il en faut treize & demi pour faire le fetier de Paris. Le boiffeau de Vitry eft de près d'un f plus petii que celui tie Paris : 14 & demi en font douze, ou le fetier de Paris. A Troyes , Mery , Arcy, le boiffeau comble , qui eft la mefure dont on fe fert , pefe quarante livres. De la Mare. Il eft doue double de celui de Paris. A Nogent, fix boiffeaux font le feti«r de Paris. Id. (k par conféqucnt il eft double de celui de Paris. A Bray neuf boiffeaux font le (ctier de Paris. In. Le boiffeau de Bray eft donc plus grand d'un quart que celui de Paris. Provins a deux fortes de boiffeaux , l'un qui fert dans le mar- ché, que l'on nomme le boiffeau du minage ; il pefe 24 livres ; les diîi boiffeaux font le fetier , & les 120 font le muid de Puis. L'autre boiffeau ne fert que dans les mailons des bourgeois ; ils le nomment le boiffeau de grenier; il tient trois demi-fetiers moins que celui du minage, qui eft environ un feizième. In. Ainli le boiffeau de minage , eft d'un cinquième plus grand que celui de Paris; & le boiffeau du grenier de près d'un feptième feulement. A Nangis le boiffeauûcnz douze pintes, mefure de Paris ,11 pefe quarante livres , les hx font le fetier de Paris. Id. Il eft donc double de celui de Paris. A Melun & à Fontainebleau dix boif- feaux de blé font le fetier de Paris. Id. Par conféquent il eft d'un cinquième plus grand que celui de Paris. A Milly le fetier contient huit boiffeaux mefure du pays , & pefe 176 livtes. Id. Donc chaque boiffeau pefe 22 livres. Id. C'eft deux livres plus que celui de Paris , Ainfi il eft d'un dixième plus grand. A Rozoy le fetier tient 8 boiffeaux du pays , qui font dix boiffeaux & demi mefure de Paris , il pefe 2 1 o livres , & conf équemment eft plus petit que celui de Paris d'un boiffeau & demi. Id. Ainfi le boiffeau de Rozoy pefe 26 livres & demie, c'eft -à-dire , fix livres & demie plus que celui de Pa- ris, &conféquemmenteft plusgrand de près d'un tiers. A Chaume les huit boiffeaux du pays font le fetier, qui pefe 22 5 livres. Id. D'où il s'enfuit que ce boiffeau pefe 28 livres & deux onces , c'eft-à-dire, 8 livres !)/ê. C'ctt la capitale du Brabanr Hollandcis. Le Prince d'Orange qui commanduit l'armée des Etats Généraux, l'enleva à l'Etpagne en 1629. Cette ville cft dans une plaine dans laquelle étoit un bois, où les Ducs de Brabant alloient touvent à la ehafte , & qui , pour cela étoit :i^^z\c Bois le Duc , Sylva Ducis. Le Duc Henri vou- lant s'oppoter aux courtes que ceux de Gueldres fai- foient lur tes terres , fit couper ce bois qui les favori- toit , vers l'an iiyz , & l'on y jeta les fondemens d une ville , que le Duc Gccflioi fit achever en 1 184. Le teiritoire de cette ville s'appelle la Mairie deBois- le-Duc. tfT BOLENA. Bolina. Ville de La Morée , au Duché de Clarcnce, avec un Evcche luftiagant de Fatras. BOLEMBERG , ou BOLENBOURG. Petite ville du cer- cle de la Batfe Saxe , au Duché de Mecklenbcurg, fur la mer Baltique. §Cr BOLENE. Petite ville de Provence, dans le Comté Venaillîn, lur la rivière de Lets, à un'eheue & demie de S. Paul trois-Châteaux. |Kr BOLESLAFF, ou BOLESLAU, eu BUNTZLAU. Ville de Silétie , lur la rivière de Bober , dans le Duché de Javer. Une faut pas confondre cette ville avec deux autres qui tont en Bohème, dillinguees parles turnoms A' ancienne ik. de nouvelle. BOLESLAW , ou BUNTZLAU l'ancienne, fituée près deBRANDElS, fur 1 Elbe, ainfi nommée de Bolejlas le cruel, qui y mallacra ton frereS. Wcncetlas,Ducde Bohème, en 929. ÇCT Et BoLESLAW , ou BuNTZLAu la nouvelle, fituée fur la rivière de Gizere. BOLETITE. f f Pierre atgilleufe, de couleur cendrée , tcmée de lignes argentées, qui reprétenre une morille avec ton enveloppe. BOLHUERT. f. m. Terme de Flcurifte. Tulipe incarnat & blanc. MoRiN , Cuit, des Fleurs. >SCr-BOLKOWlTZ,POLCkWlTZ,ouPULCHKVITZ. Petite ville de Silélie , au Duché de Glogau. BOLLANDISTE. f m. Bolandianus. Les Bollandïjles ■ tont les Jéfuites d'Anvers , qui ont travaillé à la col- Icdfion des Attcs èc des Vies des Saints. Comme nous citons touvent ces Auteurs, & qu'on leur tera oblige de plufieurs choies excellentes, que l'on trouvera dans ce Diclionnaire \ que ce nom d'ailleurs s'eft établi dans notre langue, on fera bien aite de les connoitre , & d'apprendre d'où on leur a donné ce nom. Le P. Héri- bcrt Roiweide d'Utrecht , Jéluite de la maifon Pro- telfe d'Anvers , connu par un grand nombre d'excel- Icns ouvrages, forma le detlein,au commencement du X VII^ fiècle , de recueillir toutes les vies des Saints , & de les donner relies qu'elles ont été écrites par les Au- teurs originaux , avec des notes temblables à celles qu'il a miles à fes vies des Pères , pour éclaircir les clioles oblcures, diftinguer les vraies des rautfes, &c. Il mourut en 1629 , fans avoir pu commencer fon ou- vrage. Jean BoUandus reprit le même dclïein l'année fuivante: mais au lieu que Roiweide n'avoir eu en vue de donner que les vies des Saints qui ontétécom- pofées, BoUandus fe propofa, quand il n'y auroit point de BO M de vie d'un Saint, de la tirer liii-niême des Auteurs qui en autoient parié , & de la faire. Onlui alfocia en 1 6 3 y ,• le P. Godefroy Henichenius , 8c en 1641 , il donna le mois de Janvier en deux gros volumes in-fol. En 1 6 j8 , on[ leur joignit le P. Daniel Papcbroch , qui commença aux Saints du mois de Mars. Henfchenius étant tombé en paralyfiejOn joignitauP. Papebrochle P. Fr. Baert, & le P. Conrad Janning , qui commencèrent à travail- ler au premier tome du mois de Mai , aux 2^ & 5"^ de Juin : ils ont eu pour Collègue le P. Nicolas Rayé , & après encore le P. Jean Sollier, qui ne paroit lur les rangs qu'au dernier tome de Juin. Ce grand ouvrage , & les Dillertations ou Notes lavantes qu'on y trouve , fervent infiniment à éclaircir toute l'Hiftoire, tant ec- cléfiaftique que civile. C'eft du P. Bollandus, ou Bol- ■land , qui commença ce grand Recueil projeté par Rolweid , qu'on appelle ces Auteurs les BoUandifies y «'eft-à-dire, ceux qui continuent l'ouvrage commencé par Bollandus. ^^ BOLLI. Ville de Natolie , dans la contrée de Bollï , qui cftune partie de la Natolie propre. BOLLOS, f. m. pi. On nomme ainli dans les mines du Potofi , & du refte du Pérou , les lingots ou barres qui te font de l'argent qu'on tire du minéral , par l'opéra- tion du ku louvent répétée, ou par le moyen des eaux fortes. '^CT BOLM. Contrée d'Afrique, dans la haute Guinée, au Royaume de Quoja. icr BOLOGNE, royej Boulocne. BOLSENA. Petite ville d'Italie, dans le patrimoine de S. Pierre. Volfinïum. BOLUC BASSI. f. m. Terme de relation. Officier de la Porte. Les Bolucs BaJJis font chefs de bande , ou Ca- pitaines de cent Janillaires, ayaiitétat de 60 afprespar jour , montés de cheval & habillés. Nicolay. ^CF BOLUNGO. Terme de relation. Nom d'une efpcce de conjuration que pratiquent les Gangas , Prêtres des idoles d'Angola, qui a alfez de rapport à l'épreuve que les anciens Allemands faifoient par le feu. Quand une femme ell: foupçonnée d'adultère , ou quelque per- fonne de l'un ou de l'autre fexe , de larcin , d'homi- cide , ou de quelque autre crime , tout le village s'af- iemble , & le Ganga ayant invoqué l'idole à haute voix , fait diverfes grimaces , applique un fer chaud fur le bras ou (ur la jambe de l'acculé, alïuranr que s'il n'eft pas criminel , le feu ne le brûlera pas. Cette ■coutume étoit fi commune dans ce pays , que les maî- tres mettoient leurs eiclaves à cette épreuve , fitôt qu'ils les foupçonnoient de mcnlonge ou de trompe- rie. La févérirc que l'on exerce contre ces'lupetftiticux, .>ient jnil.u'à 300 livres de balles. On s'enfervoit auffi pour tirer de gros boulets de pierre , & on leurdonnoit une grande chargé de poudre. ffT Avant l'invention de la poudre, on donnoit le nom de bombarde a. une machine de guerre dont on fe fer- voit pour lancer de grolles pierres. Froiilart fait mentior. d'une bonharde qui avoit 50 pieds de long , îk failcit fi grande nulle au décliquer , qu'on entendoit le bruit des pierres qu'elle jetoic , de cinq lieues durant le jour , & de dix lieues pendant la nuit, & qu'il fembloitque tous les diables fulfent en chemin. Elle ne jouoit qu'avec des cordes & des ma- chines. Il parle aulîi d'une bombarde portative qu'on tiroir avec la main, & qui lançoit des carreaux de fer & empennés. Calimir, Polonois, dans (vl Pyrotechnie 3 écrit que les Danois ont été les premiers qui fe font fervis de cette machine. Quelques-uns dérivent ce mot par corruption de Lombarde , croyant qu'elle el> venue de Lombardie ^ & ainlll'appeloient les Elpagnols, Mais Ménage, après Voihus, éc autres le dérivent du grec /S=,«^« , ou où latin bombus à bombo ^ Se ardco , à caufe du bruit éclatant que font ces terribles machines : car bcmbus , félon Laurent Valla , qui donne cetre étymoloeie du mot bom.barde , : qui peut s'apphquer à tous les êtres Ipiritucls & corporels, hommes, animaux, minéraux, en un mot à toutes les produdionsde la nature, & à rout ce qui réiulte de l'art. Comme il peut fervir d'é- pithète à tous les lubftantifs de la langue, il eft évi- dent qu'il doit avoir des fens ditférens, lelcn la diffé- rente nature des lubftantifs auxquels il le trouve joint. Nous ne ferons que parcourir ces diftérentes accep- tions, & les diftinguer par des exemples. C^^BoN, dans la lignific.ition générale, dit quelque chofe de parfait. En parlant de Dieu , il prélentc l'idée d'une perfedion infinie. Dieu eft bon. Il n'y a que Dieu leul qui loit bon, dit Jesus-Christ en Saine Mathieu. -;Cr En parlant des chofes créées, l'on défigne ce qui a les qualités convenables à la nature. Dieu créa la lu- mière, iScil vit que la lumière croit bonne. Tout ce que Dieu a créé eft bon^ parce que tout ce qu'il a créé eft comme il doit être , & ce qu'il doit être. ■ 1;;? Dans ce lens on le dit des choies mêmes qui font nuilibles. Ainfi l'on dit de bon Arfenic, de bon Poifon; pour dire, que ces choies ont les qualités qu'elles doi- vent avoir pour produire leur effet. Ici ce mot déligne fimplemcnt l'enlemble des qualités , l'intégrité du tout, l'état de !a choie qui a tout ce qu'elle doit avoir. ft^' Bon, lert anlh a exprimer les qualirés louables des chofes : en ce lens il s'applique aux ouvrages de la nature i?i: de l'art, & aux qualités de l'elprit. Bon\'m, bon blé j bon air j bonne rerrCj bon fruit, bon che- val , bon ouvrage , bonnes qualités. ÇCT P-ansun (eus a-peu-près lemblable, il s'applique aux perfonnes qui réulîilTent en quelque art , en quelqu» BON profefljon. Bon Capitaine , bon Soldat , bon Cavalier , bon Ouvrier , bon Pocce , bon Grammairien , bon Orarcur, bon Prédicateur. ^^ Ici il défignc l'alfemblage des qualités , des connoif- lances néceiraires pour s'acquitter comme il faut de quelque chofe. Cet Ecrivain a nnz' bonne main; pour dire , qu'il peint bien. Cette choie me vient de bonne main, c'eft-à-dire, de 3o/2/ze part. Cette affaire eft en bonne main, c'eft-à-dne confiée à un homme capable de la conduire. Ce jeune homme eft en bonne main , c'eftà-dite, fous la conduite d'un homme qui laura le contenir, le moriginer. (JG* Bon , dans le fens miféricordieux. Dieu eft bon ■ il nous pardonnera nos offenles. Populairement , aimer , prier kbonDieu. Bon Dieu! Exclamation par laquelle on marque de la iurprife. «s^BoN, appliqué aux perfonnes, fignifie encore, hu- main , bienfaiîant. La plus belle quaUté qui ait été jamais donnée à un Prince , eft celle de ucs-bon Prin- ce , qui le voit fur tant de médailles de Trajan, ôc que le Sénat & le Peuple lui déférèrent à l'envi. S. P. Q. R. Optimo Principi. ^ y- F^lft- y- 14S «S- //i j & BON Joan. Rofin. Antii^. Rom. L. II , C. i p ; L. III j C. 2â , Se L. IF , C. D ; Sciuvius, Anûq. Rom. Syntag. p. 122 ; Volîîus, de Idol. L. /, C. 12 j I. II j C. 6 1 , pailent de cette Déelfe, ou des fiicrinces, &c. Trois inlcriptions dansGiucer,/?. LXXXI ^ 11; CCXXVIIy j; CCXXXFIII, S y l'appellent Bona Dea. Une au- • tre, p. LXXXIIj n. I ^ lui donne aulîl la qualité de Sainte, B O N ^ D E ^ S A N C T .£ S A C R. &c. BONNE ENTE. f. f. Sorte de poire, /^oy^ç Doyenné. C'eft fon nom plus ordinaire. Bonne Efpérance. f. f. Terme de Mythologie. Divinité païenne. BonaSpes. Une inlcription antique dans Gru- ter, p. MLXXFj n. i , porte : B O N /E S P E I A U G. V O T. PP. T R Soit que ce fut la même Déeire que l'Erpérance, à laquelle ils donnoient quelquefois l'épithète de bonne ; ou pluttôt qu'ils diftinguaflent ces deux Divinités. BONNE ESPÉRANCE,(/e Cap de) eft la pointe méridio- nale de l'Afiique. Il fut découvert en 1498 par Vaf- quez de Gama , Portugais. On le nomma la Tète d'Afrique , le Cap des tourmentes , le Lion de la mer ^ parce qu'il eft le plus dangereux ic le plus long qu'on connoille. Emmanuel Roi de Portugal , lui dv-nna le nom às.Bonne-Efpérance ,^^x:ce. qu'après l'avoir dou- blé, on peut efpérer de continuer heureufement fa na- vigation. Les Hollandois y ont un fort qu'Us appel- lent le Fort de Bonnc-Ejpérance. Bon Evénement. Terme de Mythologie. Les Anciens en avoient fait un Dieu , à l'honneur duquel il nous reftc encore quelques inlcriptions dans Gruter, p. CL^v. 7 & S. Euphranor avoir fait une ffatue du Bon Evéne- ment y que Pline décrit , L. XXXI F y C. S. De la main droite il tenoit une patère , ou coupe , & de la gauche un épi &un pavot. On le voit auiïï gravé fur quelques médailles. "Vairon, De Re Rufi. L. lyC. i y met le Bon Evénement au nombre des douze Dieux Confentes y de la campagne , qui palloient pour les conduéleurs & les Patrons des laboureurs. Le Bon Evé- nement eft le dernier. On l'invoquoit au commence- ment des cntreprifes &: des aéfions plus confidérables. l'oys^ Stiuvius, Ant. Rom. Syntai;ma , C. /jp. i 4Q. §3" BoNNE-Fer.u'?fi'">, nfonare y Jlreperc , ce qui eft le propre des chofes qui bondillcnt. {CTBoND, le dit particulièrement au jeu de paume, peur marquer le tejaillillemcnt que fait la balle après avoir Irappe le carreau. Attendre , prendre la balle au bond, entre bond & volée. La balle prile au premier bvndeUi bonne : prife au fécond bond, elle eft nulle. t^j' On dit hgurément & familièrement , prendre la balle au bond , faire une chofe préciiément dans le temps où elle eÛ faiiable. La prendre entre bond ôc volée, profiter du moment unique, après lequel elle ne Icroit plus faiiable. La faire tant de bond que de vo- lée, la faire de façon ou d'autre, de la manière qu'on le peut. Quand on relève une chofe après quelqu'un, on dit que ce n'eft que du fécond bond. On dit qu'une balle fait un faux bond, lorfqu'en rejaillillant elle s'écaite du lieu où vrailemblablemcnt elle devoir tomber; lortque le bond ne fe fait point ielon la règle ordinaire de l'incidence des corps mus en ligne droite, ce qui trompe le joueur (ÎS: lui fait man- quer la balle. L'angle de rétlexion , quand il n'y a punit d'obftacle , eft légal à angle d'incidence. Cette balle a fait un faux bond qui m'a trompé. (^" Dans un iens hgu.é , on^dit tamilièrcment , faire faux bond à quelqu un , manquer à ce qu'on lui de- voir , à ce qu'on lui avoit promis. tfr Faire faux bond à fon honneur, manquera ce qu'on lui doit. Cette fille a fait faux bond à fon honneur , a manqué a ion honneur. Bond, ie dit aulîi des iauts fréquens que font les che- vaux, les agneaux, les chèvres , & autres animaux, par gaïeté , ou par emportement. Salcus. Ce cheval ne va que par fauts & par bonds. On le dit aulîi d'un jeune homme qui ne lait qu.- lauter Ik gambader. ^fT La même chofe ie dit aulîî figurément d'une cer- taine manière d'écrire fougucule & impétueuie, d'un difcours inégal , plein de laillies. inaqualis. Sa Mufe déréglée enfes vers vagabonds. Ne s'eleve jamais que par fauts 6' par bonds. BoiL. Bond. Donner le bond. Terme burlelquc ; pour dire , jouer d'un bon tour. Glojj. fur Cl. Marot. C'3" BONDA. f. m. Voye^ Bonde. IJCT BONDE, f. f. Grolîe planche ou pièce de char- pente placée à la chaulîée d un étang , qui le haufte ou fe bailfe pour lâcher ou retenir les eaux. Objec- taculum ligneum , obturamentum. On levé , on hauire la bonde pour lâcher les eaux , on la bailfe pour les retenir. Quand on parle d'un trou fiit à un tonneau pour verier du vin dedans , & de la che\'ille de bois qui lert à boucher ce trou , il faut dire bondon pour l'un & pour l'autre, & non pas bonde. On dit figurément lâcher la bonde à ia colère , à fes larmes, & à les pallions; pour dire, les lailfer couler , ou agir en pleine liberté. Exprelîion popu- laire. Bonde , plus communément Eonda , I. m. Arbre d'une grandeur prodigieuie , qui le neuve au Royaume de Quoya, & qui iurpalie en hauteur tous les autres arbres des forets. Il a plus de iix ou fept braifes d'é- pailfeur, & Ion ccorcc eft toute hérillée d'épines épailles. Son bois eft huileux , Se l'on en fait des canots , des cuillers , des plats & des chaifes. On fait d'excellent Livon avec (es cendres qu'on palle en lelîî- ve, & que l'on mêle avec de vieille huile de dattes. Les planches qu'on tire des racines de cet arbre , qui paroiirent cinq ou fix pieds au-delîus de terre , fer- vent à faire des portes & autres chofes fcmblables. On en coupe des rameaux cu'on plante dans les con- fins BON fins des villages poiu- les féparer. Les racines prennent fort facilement ; & en peu de temps elles deviennent de grands arbres. Voyc-^ Dapper , p. Zi^- Bonde. Petite rivière du Vcxin , qui pafle à Etrepa- gni , & à Bezu-le-long. Dcfcrlpt. Géogr. & Hiji. de la Haute-Normand. T. II , p. jj 6, BONDEVILLE. Prieuré de filles de l'Ordre de Cîteaux, mais fournis à l'Ordinaire , lîtuc à deux lieues au- dellous de Rouen , & érige en Abbaye en 16^7. Defcrip. Géogr. & HiJi. de la Haute-Norm. Tom II y p. ^ 24. BONDIR. V. n. Faire des bonds. Salire, reJîUre , fuhji- lïre. La tête du criminel bondît deux ou trois fois lur réchautïaud ftJ" Cette balle ne bondit point. ^^ On le dit de certains animaux qui vont en (autant. Les chèvres, les agneaux Ao/zi/^^/zr dans la prairie. ^3" On dit iigurément , en parlant de certaines chofes pour lelquelles on lent une certaine répugnance , qu'el- les font bondir le cœur. Cet aliment , cette médeci- ne fait bondir le cœur, fait loulever le cœur, Iç cœur bondit contre. Naufeam, Jiomachum movere. Bondir. Terme de Vénerie. Faire bondir, c'eftdire qu'un cerf, un dain, un chevreuil, fait partir de la repo- lée d'autres bêtes fauves. Salnove. BONDISSANT, ANTE. adj. Qui bondit. Saliens , rcjlliens , fubjiliens. Il ne le dit guère que des ani- maux, comme chèvres, agneaux qui hondijfent dans les champs. Cent bœufs fur tes guérets tracent mille filions , ' •■ Mille agneaux hondii\a.ns pai£ent dans tes vallons. MÉNAGE. iBONDISSEMENT, f. m. Mouvement de ce qui bon- dit. Subfultus. Le bondiffement des agneaux dans une prairie. On dit auffi, le bondiffement du cœur fou- levé par quelque prochain vomilîement , ou quelque dégoût. Naufea. ^ONDON. f. m. Cheville de bois , grolTe & courte , qui feit à boucher un trou qu'on laiife aux ton- neaux pardelfus pour les remplir ou leur donner de l'air. Dolii obturamentum. ■BoNDON , lignitîe aulÏÏ le trou même qui eft bouché. Quand le vin bout , l'écume lort par le bondon. Cadij . dolii umbiculus. ïJONDONNER. v. a. Mettre un bondon. Obturare dolium. Ce vin a aifez bouilli dans ces tonneaux , il . les faut bondonner. BONDONNE , EÉ. parr, Obturatus. Une fiitaille mal bondonnée. BONDONNIÈRE. f. f Inllrument en forme de ratière, de figure conique , donr le bout , qui le termine en pointe, elt amorcé & tourné en vis. Il fert au Tonne- nelier à percer dans une des douves des futailles ou tonneaux, le trou où le met le bondon. CCr BONDOUR. Ville d'Afic, dans la Natolie, dans les terres , au pied des montagnes. BONDRÉE. f. f. Oifeau de proie , qui a le bec coutt , la tête plate & grolfc , le cou fort court , garni de beaucoup de plumes. Tout le dellus de cet oifeau eft d'une couleur alfez obfcure : le ventre eft blanc , marqueté de plufieurs taches longues , & d'une cou- leur brune. Sa queue eft fort large. Aldrovandus don- ne trois tefticules à cet oifeau. C'eft pour cette rai- fon que les latins l'appellent butco triorchis. Car Tp/epxos eft un mot grec qui fignifie , qui a trois tefii- cuLs. Les Itahens appellent cette efpèce d'oifeau povano, les Efpagnols & les Portugais, Gaccia. D'autres diftinguent quatre efpcces de Bufes , dont deux qu'ils .appellent 5a/I'j, ou Bufards, Perenopteros ou Oripelargos , font deselpèces d'aigles, dont nous parlerons au mot Buse. Pour les deux autres efpèces ils les nomment feulement Bufe , Buteo. La première efpèce qu'ils nomment fimplement Bufe , ik en latin Buteo , ou Triorchis , eft celle à laquelle ils attribuent ce qui vient d'être dit ici. Nous l'avons décrite au mot Buse. La fecpnde elpèce qu'ils appellent Bufe de Bellon, eftl'oifeau, félon eux, qui eft appelé com- munément Bondre'e. Voici comme Bellon en parle : fi on la confidère , le vol étendu par le deifus , on lui Tome I. BON 96^1 ^ erra les extrémités des cinq premieies grandes pen- nes noires à la parrie éloignée du ventre -, car tout le rcfte qui en approche paroît blanc lorfqu'elle vole ; mais lorfqu'elle eft fur la perche le vol phé , elles pa- roilfent d'un cendré obfcur , ou noirâtre , ik les cinq premièies ont des crans noirs comme une fcie , à l'en- droit où elles commencent à blanchir : les pennes qui couvrent le ventre feroient entièiement blanches , fi une tache noire ne paroiifoit au bout : elle prend du milieu du tuyeau. Les plumes j dont les jambes font revêtues, lont obfcures. Ses ongles font médiocrement crochus , & ne font pas fort grands. Pour ce qui regar- de la diverfité de fa queue , elle eft comme un Fran- colin, & traverfée avec le même ordre. Ses jambes font courtes , & ne font pas entièrement rondes. Ses doigts font couverts de tablettes ou d'anneaux. Le refte eft couvert de petites taches , & eft jaune de part ôc d'autres. Son bec eft court & noir à la poin- te ; favoir _, à l'endroit auquel il eft crochu. Le tout des nafcaux & l'ouverture de fon bec font jau- nâtres. L'âge apporte fou vent du changement à la couleur de leur pennage, comme en tous leï autres oifeaux de proie. Celui-ci fe prend d'une manière allez facile. L'Oifeleur attache une (oitris contre terre , le ventre en haut , ôc met un cercle de bois qui l'en- vironne , & qui fert à mettre des vergcttes engluées , qui font drelfées tout autour : la Bondre'e vuulant prendre le mulot , ou la fouris , demeure prife à la glu. Il y a des pays où l'on nomme cet oifeau un Goiran, BONDUC. f. m. Plante qui croît de la hauteur d'ua homme : elle eft originaire des deux Indes. On fe fert de fes baies rondes, de couleur cendrée, blanches en dedans, entièrement amères & infipides. Elles font bonnes dans les hernies; elles ditfipent les flatulences, foulagent dans la cohquc, fortifient l'eftomac , provo- quenr les règles, & chalfent la pierre. BONDY. Pomme iie.Bondy. Nom d'une efpèce de pom- me , groffe, verte, rouge, &fortlilTe. BONE. Port & ville d'Afrique , autrement .appelée la neuve Hippone, ou la nouvelle Bone. Bona Hip~ ponoya. Ce nom s'eft fait par corruption de ce- lui d'Fiippone, parce que l'on prétend que c'eft l'Hip- pone de Ptolomée, ou qu'elle a été bâtie des ruines de celle-là. Foye^ Marmol , T. II 3 p. 4^4^ & fuiv.' BONNET, &: vulgairement Bond. Nom d'homme, Bonitus , d'où le nom françois s'eft formé. Bonus j, Bonifacius. S. Bonet , d'une très-bonne famille d Au- vergne, naquit vers l'an 613 , & fut grand Echanfon de Sigebert Roi d'Auftrafie, & cnfuite fon Référen- daire, puis Evêque de Clermont. Foye^ B.aillet, T. I y p. iS I. M. Savaron dans fes notes fur la vie de S. Bonet i dit qu'on l'appelle vulgairement iîo/z, & non pas Bond, comme M. Baillet. Voye-[ les notes & re- cherches de Savaron fur la ville de Clermont. £>. i S 4. BONGOMILE. f. m. & f Nom de Sede qui fuit les erreurs de Bafile , qui fous l'habit de Moine exerçoic la médecine, il lùoit la Trinité, foutenoit que Dieu avoit une forme humaine , que les Anges avoient crée le monde, que l'Archange S. Michel s'étoit incarné. Il ne recevoir que fept livres de l'Ecriture ; il blâmoin le culte des images, & outragcoit la fainte Croix. Il tenoit que le Baptême de S. Jean étoit celui de l'E- glife, £'c. Voyea Baronnius à l'an 1118 de J. CN. XII, & Sanderus , /^er. i^S. |C? BONHEUR, f. m. Profpera,fecunda fortuna. Etat avantageux qui arrive par hafard , qui eft capable de fournir la matière desplaifirs, & de mettre à portée de les prendre. Les chofes étrangères fervent au bon- heur Ao. l'homme i mais il faut qu'il fafle lui même fa félicité , &c qu'il demande à Dieu la béatitude. Notre. bonheur brille aux yeux du pubhc , & nous expofé fouvent à l'envie. On eft quelquefois dans cet état de bonheur, fans être dans un état Ac félicite'. La poffcf- fion des biens , des honneurs , des amis & de la fanté fait le bonheur de la vie : mais ce qui en fait Is. féli- cité, c'efl; l'ufrge , la jouiflance , le lentiment & le goût de toutes ces chofes. P^oye^ç^ Béatitude et f ^LICITE. Saint Aiiguftin & plufieurs ancres ont défu^, ffffff \ <)6z BON BON U bonheur y ce qui eji déjlmble pour foi-tnême. Port- Royal. Ce mot vient d'Ac'z/r, qui fignifioir bonheur, d'oii vient lemotd'Adi/r^ttXjpeut-ctrc du latin hora. Voyez Heur et Heureux. Mcnagc a obicrvé qu'on ne s'en fert au pluriel , que quand il elt oppofé à malheur. Je ne feiois cependant point de diificuké de dire , il lui eft airivé toutes Icr- tcs de bonheurs. Corn. Il lui pouiioit ariivei" cous les bonheurs Se tous les malheurs du monde , qu'il ne le h^.ufferoit , ni le bailleioir. Vaug. Reni. Cependant il eft certain qu'excepté en certaines plirafcs icmbla- bles à celles-là , le mot de bonheur ne fe dit jamais qu'au lîngulicr. Ne parlez point de votre bonheur devant les miiâablcs ; la comparaifcn qu'ils (ont de leur état au vôtre, leur eft odieufe. La Bru y. Que votre bonheur ejl extrême! Cruels lions , fauvages ours 3 Vous qui n'ave\ dans vos amours D'autre règle que l'amour même. La Suze. Il y a de la diftérence entre le bonheur de un bon- heur. Un bonheur ed un événement heureux. On peut avoir un bonheur fans être heureux. Le bonheur, pris indéfiniment, lignifie une fuite d'é- vénemens heureux. Confidéré comme lentiment, c'cft une luire de plaiiirs. §3" Quand on dit en morale , que l'homme recherche néceiriiirement Ion bonheur, qu'il agit toujours en vue de Ion bonheur j on entend par ce mot , cette (atisfac- tion intérieure de l'ame , qui naît de la pcliclîion du bien; & par Icbien, on entend tout ce qui convient à l'homme pour fa co;ifervation, pour fa perfection, pour (a commodité ou ion plaifir : tout plaiiir ou fen- riment agrcable eft un bonheur, puifqu'il met l'arae dans un état de joie & de latisfaction. Maleb. Quaiid on dit que le bonheur elt nécclîaire aux grands Capitaines , aulfi-bien qu'aux Joueurs; quun humme a joué de bonheur; que rel événement a été pour lui un bonheur lîngulicr , le mot bonheur fe prend dans le fens dont nous avons parlé pour un événe- ment favorable à quelqu'un, qui n'efl; point une fuite de les foins , & de la prévoyance, & à quoi il n'a point contribué par Ion adrelle. On attache commu- nément une autre idée à ce qu'on appelle bonheur. On croit d'ordinaire qu'il y a un certain principe de bonheur qui accompagne certaines perfonnes , & qui les fait réullîr en des choies ou d'autres échoueroienc, lans que l'on puiiFe attribuer ce ban lucccs à leur pru- dence. Mais à proprement parler, le ternie de bonheur ne lignifie rien dans la bouche de bien des gens , ou ils y joignent des idées très-obfcures. Car lî le bonheur cfl; un eftct du hafard, lequel le détermine fans règle, &c par caprice, l'on ne peut pas dire, que le bonheur eft attaché Se fixé à certaines perfonnes : autremenr c'eft fixer & déterminer une choie qui ne peut être fixée ni déterminée. Voye-^ Heureux. Bonheur, fe dit aulfi en termes de complimens par exagération. Depuis que j'ai eu le bonheur de vous écrire , de vous voir , de vous parler. On dit adverbialement, par bonheur; pour dire, Heureulemenr. Bonheur. Autrefois ce mot fe féparoil en deux Bon heur j bonne fortune. Rendra ton œuvre immortel de renom ^ Qui te fera peut-être Jl bon heur, Que le profit fera joint à l'honneur. .BONHOMMIE. i. f. Caradcre d'un homme bon. Bonté naturelle , fimplicité qui fe fait remarquer dans les adions les plus indifférentes. Je regrette la bonhommie , L'air loyal ^ l'<^fprit non pointu ^ Et le patois tout ingénu Du Cure de la Seigneurie ^ Qui n'ufant point fa belle vie Sur des Ecrits laborieux ^ Parle comme nos bons ayeux y Et donneroit y je le pane, L'Hifioire , les Héros , les Dieux 3 Et toute la Mythologie j Pour un Cartaut de Condrieux. Gresset, §3"B0NL Petite ville de France, fur la Loire, entre Nevcrs & Orléans, dans le petit pays de Puyfaye, en Beauce. BONIFACE. f. m. eft un nom d'homme , qui fe dit aufli populairement de ceux qui font doux, lîmples & in- capables de malice. Cet homme eft un vrai Boniface. Le peuple appelle anlli boniface, un homme qui a un vilage gros , gras. 0Cr BONIFACIO, ou BONIFACE. Bonifacium.VmQ d'Italie, dans la partie méridionale de l'Ile de Corfe, aux Génois , bien fortifiée , avec un bon Port. BONIFIER. V. a. Rendre meilleur. Meliorem reddere. Ce jus d'éclanche bonifiera notre fauce. La Marne bonifie les terres labourables. ^fT On ne le dit guère que des terres. On bonifie les terres par labours fréquens , par les engrais. Bonifier, en termes de Marine, ilgnifie, dépecer une baleine ,, en tirer ce qu'il y a de bon , en fondre- le lard lur la grève. On tire quelquefois d'une baleine qu'on bonifie jufqu à fept ou huit cens livres de. fes huile#& de fes barbes. BONIFIÉ, EÉ. part. BONJON. f. m. Terme de Manufacture de toiles. T'oy, Laize de Bonjon. BONJOUR, roye:^ Bon. BONITE, f. f. PoilFon qui eft fort commun fîir la met atlantique , qui eft d'un goût & d'une couleur appro- chant de celle de nos maqucraux , mais bien plus grand. Ce pollfcnfe pèche plus fréquemment en haute mer que le long des côtes : c'eft un des ennemis des poilTons volans. Il eft gros, rond, & a environ deux pieds en ovale , y compris la tète , auprès de laquelle il a deux grand ailerons pointus comme ceux du niar- fouin ; & depuis ces ailerons une ligne d'écaillé tirée julqu'à la queue , qui eft fourchue , &c deux autres au- deflous -, une au bas-ventre , Ôc une inégalement gran- de depuis le miheu du dos jufqu'à la queue, li efl: couvert d'un cuir comme le marlouin : il eft demi- chair & dcmi-poilfon. Ce qui eft proche de la grolîe arrête, qui eft la feule qu'il air, eft une chair fem- blable à celle du marlouin, mais plus tendre, & d'ua goût incomparablement meilleur, & qui approche de celui du canard. Elle eft féche , ferme >5v: tort nourrif- fante. Quelquefois la mer en eft prelque toute cou- verte. On les voit fauter dix ou douze pieds de haut, & alors on les prend avec des foines, des tridens tard par Drufus, fous l'empire d'Auguftc. 7?ow2c- s'eft appelée anciennement Colonia Julia, Vcrona-, & Ara Ubiorum, à ce que l'on prétend. Hoffman a donné à cette ville 28° 4S' de longitude, & j-o° 41' de lati- tude. M. de l'Ifle ne la met qu'à 24° 40' de longitude. Il ne faut point écrue Bon^ comme a faitMaty, mais écrire Se prononcer toujours Bonne ^ c'eft l'ufage. §3" Bonne. Ville maritime d'Afrique, en Barbarie, au royaume d'Alger, dans la province de Conftaritine. ^fT Bonne. Bonna. Petite ville de Savoye , dans le Faulîîgny , fur le ruilTeau de Menoi. BONNE AU. f. m. Terme de Marine. Morceau de bois , ou de liège, qui Hotte fur l'eau, & qui marque l'en- droit où l'on a mouillé l'ancre. C'eft auffi quelquefois un baril rehé de fer. On l'appelle autrement Gavueauj ou Hoirin. §C? BONNE -COMBE. Abbaye de France, dans le Rouergue , diocèfe de Khodez, ordre de Prémontré. BONNEMENT, adv. D'une manière, bonne ^ fmcère, naïve. SimpUciter , bonâ fide. Il a confelfé fa faute naïvement, bonnement ^ à la bonne foi. Il marque quelquefois de l'incertitude. Je ne fauiois bonnement dire où j'ai appris cette hiftoire. Je ne fai pas bonnement la date de ce contrat, c'eft-à-dire, pré- cilcment. IP" BONNE-ESPÉRANCE. Abbaye du Hainaut, dio- cèfe de Cambray, ordre de Prémontré. t^F BONNESTABLE. Ville de France , dans le Maine, à cinq lieues du Mans. On l'appeloit autrefois Malcf- talle , ou mauvaife auberge. BONNET, f. m. Habillement qui fert à couvrir la tête, & qui en a quelquefois la figure. Pileus , pileum. Bon- net d'enfant. Bonnet à l'Angloifc. Bonnet de temme. Il y a des bonnets de pUime, des bonnets ronds, des bonnets de fer , ou lalades. On voit fur diveiles mé- dailles des bonnets à la Phrygienne. C'eft dans l'entrée de Charles VII à Rouen , le i o de Novembre 1449 , ou du moins fous ce règne, qu'on commença à voir en France l'ufage des chape.iux, ce des bonnets 3 qui s'y introduilît depuis peu-à-peu à la place des chaperons, defquels on s'étoit fervi de rout temps. P. Dan. Tom. Il , p. izoj.. M. Le Gendre, dans les Mœurs & Coût, des Fr. page 2^4, remonte plus haut. On commença , dlt-ïl , fous Charles V , à abattre fur les épaules l'aumulfe & le chaperon, & à fe couvrir d'un bonnet ; h ce bonnet étoit de velours, on l'appeloit mortier ; s'il n'étoit que de laine, on le nommoit limplement bonnet. L'un étoit galonné , l'au- tre n'avoir pour ornement que des cornes peu élevées, par l'une delquelles on le prenoit. Il n'y avoit que le Roi , les Princes & les Chevaliers qui fe ferviffcnt de mortier : le bonnet étoit la coiffure du Clergé ik. des Gradués: le mortier fut peu à la mode: les bonnets y ont toujours été , avec cette différence , qu'autrefois ils étoient de laine , & que depuis environ cent ans , on ne les fait plus que de carte, que l'on couvre de drap ou de (erge. Ménage dérive ce mot de l'anglois bonnet ^ ou de l'allemand bonnit. Le P. Pezron prétend que bonnet eft un mot celtique. Pafquier dit qu'il eft venu par corruption de bourrelet, parce que les chaperons , qui étoient autrefois la couverture de la tête, que les gens de robe ont quitté les derniers, étoient environnés d'un bourrelet rond qui couvroit la tête: &r le fuiplus pen- doit d'un côté & d'autre: t)t7mz, c'eft- ' à-dire , lieu a tenir des bœufs. On a dit aullî bourde , & ce mot fignifioit une logette , une maifonnette.Nc trouverez meshui ne bourde ne maifon. D.ans le grand Terrier d'Angleterre, on trouve des gens appelés Bordarii, que nous pouvons nommer en françois Bordiers. Us font diftingués des Serfs , Servi _, ëc dès Villains, Villani ;8c il paroîtqu'ilséroient d'une condition inférieure à ceux là.llsétoient ainfi appelés du nom bord , qui cft le même que le François borde y 8c qui, félon M. Harris ,fignifie non p3.smaifon, mais une petite partie de terre , qu'onleur donnoit, à charge B O R êz condition de fournir le Maître de volailles èc d'œufs. Il cil probable que le même nom a été en uiagc en France , & que c'eft delà que vient à plufieuri fa- milles leur nom de Bord'ur. ^3" Borde. Terme de Marine. Commandement aux matelots rangés tur les écoutes des voiles, pour leur dire de border ou de tendre la voile au vent. BORDÉ. [. m. Galon d'or, d'argent, ou de foie,quifert aborder des habits, des meubles, îkc. Lacïniaaurea ^ argcntca, Jhica. Le horde de cette vcfte n'cft pas alfez large. BORDEAU. f. m. Lieu de débauche. Synonyme de bordel. E[ le plus faine d'entre eux ^fauf le droit de cordeau ^ pn.Voitau cabaret pour mourir au bordeau. Ce mot efl: vieux : il vient de horde ^ parce que les femmes de mauvaife vie étoient logées dans de peti- tites maitons. D'autres croient que ce mot vient de ■ bord &i eau 3 parce que ces maifons étoient autrefois le long de l'eau. BORDEAUX. Foye^ Bourdeaux, BORDEE, f. f, fCF Terme de Marine, qui lîgnifie la dé- charge de toutes les pièces de canon rangées d'un des côtés du vailleau. Difpojlta in utroque navigïi latere tonnenta. Ce Capitaine Kicha fa bordée contre l'enne- mi. Tirer une bordée , c'eft tirer tour le canon, d'un bord. Elluyer une bordée. |Cr On dit au figuré, dans le ftyle familier, une bordée d'injures, ou imiplement une /'ora'ffe ; pour dite, une tirade de paroles injurieu fes. Il lui a lâché une bordée d'injures, une bordée ^ une f urieufe /^or^dd. Bordée , iignifie aulîî le cours d'un vailfeau depuis un revirement jufqii'à l'autre. Lanuit.le ventérantà l'Elt, j'ai continué ma bordée tirant à la côte d'Elpagne. M. Le Comte de Toulouse. Ce vailfeau a fait (on voyage tout d'une bordée fans revirer. Quand oneft obligé de louvoyer, il faut courir pludeurs bordées, revirer lou- vent. Faire la s^rande bardée , c'ell le terme dont on fe lert dans une rade , lorlqu'on y veut taire le quart de mer. Faire la petite bordes ^ c'eft lorfqu'on partage le quart en deux portions. BORDEGER. v. n. l^oye:^ Bordayer , c'eft la même chofe. BORDEL, f. m. Lieu de débauche oià les femmes fepro{- tituent. Liijlrum 3 lupanar. Les bordels publics ont été abolis du temps de François L Ils ont iublifté à Ma- drid julqu'à l'année i6ij. Il y avoir autrefois à Paris plulîeurs endroits allïgnés à la demeure des femmes de débauche , où elles éroient maintenues par auto- rité de Juftice. Ainfi on difoit le bordel de Glatigni , du Hculeu , &c. On a appelé à Paris autrefois \2.porte bordel 3 celle qu'on nomme maintenant Ixporte S. Mar- cel. Il y a apparence qu'on a confondu ici la porte au- jourd'hui nommée Porte-Baudet (tout à l'oppolitc de celle de i'. Marcel j ) que l'on nommoit autrefois la Pone-Baudelj du nom latin 5. Baudilii. Etienne Guichard dérive ce mot de l'hébieu 'n3, paradj auquel il donne une lignification qu'on ne lui trouve nulle part; car il l'interprèrcycor^ari ut mulus j facere opus muli qui non générât j coire eo pacio ■ parce que ns , pered jàtnvédc paradj fignifieun Mu- let. Il prétend donc que de-là s'eft fait bourdeau en françois, que l'on difoit apparemment de fon temps , &: burdel en elpagnol , bordeel en flamand , hordello en italien , le 2 ou^ hébreu s'étant changé en b. Or, continue- t-il , comme du mot 'TiS, pered j expofé mulus , ^T3 , parad , a été expofé ycorwri, ainfi on a abuié en françois du mot qui (e dit des chevaux au fens de coire -^ en quoi l'on reconnoit la conformité des langues , es mots dérivés par mêmes fimilitudes. Ainfi les temmes de mauvaife vie étoient appelées "mAoi a'^jjo 5 ox.2im(\nç. Aîarginatus. Semina rrur- gïnata , Icmcnces bordées dune membrane , ou donc Tes bords loiit garnis d'une membrane. §Cr Bordé , en Clarine. VailTeau bien bordé , dont les coutures font éuoites & égales. Voile bordée , lorl- qu'elle ell tendue au vent. BORDEREAU. 1. m. Terme de Finances. Scheda, r?o~ ts, j adverfaria. C'eft un mémoire de diverfes efpèccs dont on f-ait un gros compte , ou payement , ou des lommes d'un compte qui doivent cties tirées en ligne pour en avoir plus facilement le total. Tous les comp- tes qu'on rend àlaCh.ambre doivent avoir leur borde- . reçu. IJcr Bordereau, fe dit encore d'une note oumémoire des efpcces que l'on donne en payement ou , que l'on reçoit, ou que l'on a entaille. iJC? On le die encore d'un petit hvret fur lequel les Com- mis & les Fadèeurs qui vont à la rececce par la ville éciivent les (ommes qu'ils reçoivent , les dates des jours, les noms de ceux qui ont payé, & les elpèces. BORDIER. adj. On appelle en termes de Marine , un vailIeau^or-\-' au bas du livre immédiate- ment après les filets du premier & du dernier bouquet. §C? Les Boillehers (k les Vanniers appellent bordure un cordon de brins d'olier dont ils garnillent les extrémi- tés de leurs ouvrages. ^fT Bordure, chez les Cordiers. Grostiiru de chanvre ou de fangle qui Icrt aux Tapilîîers pour border lès gros ouvrages. Bordure , en termes de Blafon , eft une efpèce de bri- lure faite comme un pallement , polée de plat au bord de l'écu, en forme de ceinture qui l'environne touc au- tour. Limbus. La bordure doit occuper en largeur la fixième partie de l'écu. La. bordure limpleeftcouc d'une couleur, ou dunmecal, ik eft la première briluie des puînés. Il y en a de componées, canconnées , engrëlées , endcntées , ôc chargées de plulieurs pièces qui lont des briiures différentes des puînés de puînés. BORÉADES. f m. pi. Nom patronymique de Zéchès Se Calais , fils de Borée. BORÉAL , ALE. adj, ÇfT Tout cequi a rapport au fep- tencrion , qui eft du côté du nord , d'où le vent Borée fouftle. Hémilphère boréal ^ latitude boréale. Boreus y b'orealis, Cecte ville eft àcantde degrés delaticude^o- réa/e. Le vent boréal eft froid & lec. Les parties bo- réales de la France font la Normandie , la Bretagne ,(S'c. BORÉASMES. f. m. pi. Fèces de Borée à Athènes. Bo- reafmï. Ce vent avoit dans cecce ville un aucel qui lui avoir été érige , parce qu'on le regardoir comme allié des Arhéniens depuis Ion mariage avec Orithie , fille d'Erechcée, Roi d'Athènes, laquelle il avoit enlevée auprès du fleuve llilfus. Le Dieu accorda une protec- tion particulière à lavilled'Athèncs, oùlachèreépoulb avoir pris naillance. Car un jour que les Athéniens livroient un combat fur mer, le vent Aquilon ayant écarté & diffipé la flotte ennemie , les vainqueurs ne manquèrent pas de regarder cecce viètoire comme un eftet delà protection de Borée. Paufan. inAttic. c. r p. Hesychius. On oftroit au même vent des facrifices folennels dans la ville de Megalopolis, en Arcadie,où il avoit un tem- ple que les habitans de cette ville lui avoient bâti , en reconnoiirance de ce que par Ion lecoursilsavoienc réfifté aux Lacédémoniens éc à Agis. C'étoit le plus grand Dieu des Mégalopolitains. Paufan. in Arcad. c. 2^7 y & 36. BORÉE. f. m. Mot po'e'cique , pour dire, vent feptentrio- nal, bife, vent du nord. Boreas. Ce vent eft froid , fec ; il rend l'air pur & ferein. f^oye:^ Vent. Le mot Borée vient du mot latin boreas, & celui- ci vient du grec i2»ffaî, dont on rapporte diftérentes étymologies. Quelques-uns le font venir de /S»"' , cla~ mor , bruit , àcauledu bruit que fait ce vent -, d'autres le dérivent de d'fa , efca j nourriture , parce que ce venc donne de l'appécic , qui eft une envie de pren- dre de la nourriture i ou parce qu'il ctt bon pour les biens de la terre , qui font notre nourriture. Ces écy- mologies paroiffent forcées : celles que Martinus en rapporre feulement par conjedfure , pour être plus fa- vances tk plus recherchées , ne font pas plus naturelles. Il die que ce mot vient peut-êtredes mots hébreux bir~ \ jah i qui fiçnifieciè^^ij nourriture j^erij qui veut dire. BOR Jerenicas , fca'nitéj hor^ c'c^c-k-cWic ,vurhJ!s ^ pureté ; varj, qui elt la mcme choie i.\ac Jrume/îtum j blé. Les Anciens ne hiiloient venir le Borée que de h. Thrnccimais c'étoir une cncui' donc Cluvier moïKie les caulcv. Germ. Ane. L.I ,p. r (. Les Arlicnicnscii- gcient un autel a Borée. P'ojJ'i de IdoL L.III ,c. i. M. Speriingius a tait un livie lur le Borée 6: ics louan- ges , Boreas ejufque laudes :, l-hifrii^t j ijOj. Quoiqu'il s'ctendel ju\ eut en gcncral lur le Septentrion , Ion prin- cipal fujet ell le Borcc ; il y montre qu'on l'a regardé comme un Dieu dans rÀnciquicé ; il parle des facrifi- ccs , des jeux , des feftins , des fctcs qu'on hiiloic en Ion honneur, il dit qu'il purilîc l'air, & qu'il lui donne la iércnicé & la talubricé ; qu'il empêche les édifices de Te pourrir; qu'il chalïc la peile & les autres maladies ; qu'il emporte & jette dans la mer les fautcrelies qui ravagent les campagnes. Il prétend que les étéiies vien- nent du Nord. On prend communément le borée -, dit le P. Pezron, pour le vent du Septentrion ■■, mais anciennement on le regardoit avec laiion comme le vent du Nord-eft qui vient du Levant d'été , & qui (ouffle entre l'Orient & le Seprcnirion. Il ajoute que ce mot eft: formé fur le Borée des Celtes, qui veut dire , le matin ; parce que le matin, ou la lumière la plus grande de l'été , venoit d'entre l'Orient Se le Septentrion , d'où ce vent ordi- nairement (ouftloit vers ce temps-là. BORGHÈSE. Nom propre d'une famille très-confidéra- ble à Rome , qui devient adjéétif en notre langue. Borf^hejius , a , um. Le Palais Borpjièfe. La Vigne Borghèfe , yilla Borghe.Jia , & vulgairement Villa Pinciana. C'eft une maifon de plaifance des Seigneurs de la mailon Borghèfe. Il parut à Rome, en 17 16 , une delcription de la vigne Borghèfe en vers latins. Prononcez comme fi l'on écnvo'n Bûrgkuèje. BORGNE, adj. m. Scf. Qui n'a qu'un bon œil. Codes , unoculus j lufcus. 0C? Homme borgne. Cheval bor- gne. Femme borgne. Le mot'de borgneffe n'cft connu qu'à la Place Maubert. Ménage croit que ce mot vient du bas-breton born ^ qui fi-^nitie la même choie. IJCT !l eftlouventemployé (ubftantivemcnc,au mafculinfcu- lement. C'eft un méchant borgne. Les borgnes palFent pour être méchans. On dit populairement, malin Aor gne, & malin comme un borgne. Pierre Flotte, homme violent & avare , fit révolter la Flandre par its conçut iîons lous Philippe le Bel l'an 1502. Mézeray , en la vie ^le ce Monarque , dit qu'il ne faut pas s'en étonner , parce qu'il étoit borgne. Les borgnes (ont de ceux qu'on dit être marqués au ^. Voye-^ lï. JÎORGNE , (e dit figurément d'un lieu obfcur & mal éclai- re. Obfcurus , tcnebrofus ,cs.cus. Un cabaret borgne , c'eft un méchant cabaret. Une mailon^ijrç/^djClt celle dont on a bouché les vues, qui cft lombrc , obfcurc. Borgne, en termes de Médecine, fc dit du premier des trois gros boyaux ou inteftins. On l'appelle aulucccw/n, o\xfac, parce qu'il n'a qu'un trou ou conduit ouvert. Il eft (îtué entre l'iléon & le colon. Les pourceaux & les animaux gloutons ont k cacum grand ou double. On appelle auffiune grenade (^^or^'^e j ou aveugle , celle qui n'a pas beioin d'être allumée pour être jetée avec le mortier, mais qui s'allume en tombant. Voyer GrïN'ADE. On dit proverbialement , faire des contes borgnes ; pour dire , de méchans contes , mal faits. On dit aulli un compte borgne , pour dire , oppofé à rond. On m'of- fre 195 liv. I o f. de cette dette , c'eft un compte bor- gne ^ j'en veux cent ccus, c'eft un compte rond. On le die aullî d'un compte qui n'cft pas clair. On dit aufîî , changer fon cheval borgne contre un aveugle , pour dire, frire un mauvais troc. On appelle aufli an faux borgne i un homme qui fait le niais, qui feint de n'a- voir pas bonne vue, & qui toutefois tâche à tromper. On dit aulli qu'au Royaume des aveugles les borgnes font Rois. On dit auilî, voilà bien vifé pour un bor- gne , pom- fe moquer des tireurs mal adroits. BORGNESSE. f. f. Femme qui n'a qu'un œil. Lufca , altero oculo capca. Il ne fe dit que par injure & par mépris. Terme tout-à-fiiit bas. Tome I, BOR P7Î {■^ BORGÔ. forçai- j ou. burgus. 'Ville de Suède, eu Finlande, dans la province de Nilande, furie golfe de Finlande. moins dans leurs aiTemblées. Ils mènent, dit-on , une vie alfez (evèrei ils font de grandes aumônes i ils bià- menr & mcprilent toutes les fondions extérieures de la Religion, alfemblées dans les temples, prières pu- bliques , ufagcs des Sacremens , &c. Ils foutienncar que depuis la mort des Apôtres, il n'y a point eu, & qu il n y a point de vraie Eglife. Ils veulent qu'on ne hfe que la parole de Dieu, (ans aucune interprétation. ^oye^ M. Stoup , dans fon 'Jraiu de la Religion des Hollandais. tfT BORRIANO. Petite ville avec château, .au royaume de Valence, en Eipagne, fur la Méditerranée, à (épt lieues de Valence. BORRO\sr. ("■. m. Arbre des Indes. Son écorce eft cou- verte d'épines crochues: quand on y fait quelque in- cilion, il en fort un fuc purgatif. Son bois eft (i po- reux , qu'il n'eft pas même bon à brûler. tfT BORSALO. Royaume d'Afrique , en Nigritie. Il n'eft pas éloigné de la côte, & s'étend le long du bord feptentrional de la rivière de Gambea jufqu'à Tan- taconde. «• ffr BORSHOLDER. C m. Terme d'Hiftoire ancienne. Dans le temps que l'Angleterre étoit divifce en Com- tés, les Comtés en Centuries , & les Centuries en Dé- curies, le Décurion ou Chef de cluque Décurie po;- toit le nom de Borsholder. Tous les membres d'une Décurie étoient cautions & folidairement obligés en- vers le Roi pour la réparation de ce que chacun d'eux pourroit faire de contraire aux Lois. BORT, ou BORD. Petite ville de France, dans le Li- monn,(ur la Dordogne, vers l'Auvergne, à 4;" 13' 51" de latitude. CaJJînL & Maraldi. tfT BORTINGLF,. f f. Terme de rivière. Efpèce de plarhord, qui (ert de haulTe au bord du bateau, lorlque la charge lui fait prendre trop d'eau. Ca^ BORYSTÈNE. Voye-^ BoRisTâNE. BOS. BOS , ou BO , vieux f. m. Bois. De bo , La Fontaine a fait boquillon. On a fait aulïï bofches. \fT BOSA. Ville épifcopale (Se maritime de l'île de Sar- daigne , au Sud de Sallari. BOSAN. 1. m. Terme de Relation. C'cft un breuvage de millet bouilli dans l'eau , dont les Turcs boivent beaucoup , & c'eft ce qui les rend fi lobuftes & fi forts. De la Boulaye. IXr BOSC. Petite rivière de France , en bafle Nornjan- dic, dans le Cotentin, formée de plufieurs ruilfeaux. Elle tombe dans le fauxbourg de Granville, dont elle nettoie le port. iCT BOSCAUDON. Abbaye de France, en Dauphiné, ordre de Saint Benoît, à une lieue d'Embrun. ^■3- BOSCH, BOSCHI, BOSC, ou BOSCO. Petite ville d'Itahe, dans l'Etat de Milan, dansTe territoire d'Alexandrie, diocèfe de Tortone , fur la rivière d'Orbe. BOSEL. f. m. Terme d'Architeéiure. C'eft un membre rond qui eft la bafe des colonnes, qui eft comme un gros anneau , ou bourrelet qu'on nomme au(li bâton ^ tore y [pire £■ afiraoale. Torus. ^ BOSIRI. Ville A'Egypte, fur la côte, à fept lieues d'Alexandrie. îfT^ BOSNA-SARAI , ou BOSNA-SERAI. Ville de la Turquie , en Europe, dans la Bofnie, fur la rivière de la Migliaraska. BOSNIE. Province d'Europe, qui eft une partie de la Servie, qui a été autrefois une des provinces du royau- me de Fiongrie, qui enfuite a eu titre de Royaume, &qui enfin eft foumife au Turc depuis Mahomet li, qui la prit en 1463 , & fit écorcher vif Etienne , le dernier des Rois de Bofnie. Bofnia,Bo[fenay Bofna. On dit qu'elle a pris ce nom d'un fleuve de même nom qui l'arrole. §CF BOSOCFi. Contrée de la Turquie , en Afie , dans la partie la plus orientale, & dans le pays d'Aladuli, BOSPFIORE. f m. Eipace de mer entre deux terres, qui fert de communication à deux mers. Bofphorus. Properce dit aulîI Bofphorum , Liv. III , Elec. 10, 974 BOS On n'a donné ce nom qu'à deux dctroits de la nier înédiceii-ancc , le Eoffhore de Tliiace , l\: le Bofphcre j Cimmériai. Le Bojfhore de Thiace ell: celui que j «ous appelons aujouid ui Detrc'n de ConfianwwpU , ou Canal delà mer noue ^ par lequel cette mer, nom- iiiée Pont-Euxm y communique a la mer de Marmo- ïa. Il féparela Thrace de l'Allé mineure-, & ccll par ■cette railon qu'on l'a nommé Bofpkore de Thrace, Bofphorus Thracïus. Le Bofphore de Thrace a plus de 10 milles de long, & par-tout il n'a quun mille de large au plus, julquaux Châteaux, qui (ont Soi- gnés de douze milles de Conllantmoplc , iSi qui iont bâtis de part 3c d'autre pour iervir de porte à cette ville de ce coté ^ auill-bien que les Dardanelles du côté de iMcUelpont. Il y a fur le rivage des lérails & des villages, &c tur les colhnes & dans les valLes il y a des jardins & des villes, l'iu heurs petits ruil- ieaux viennent de part & d autre te décharger dedans. Plus de quarante vallons dilpurcnt aux collines la beauté de leur verdure, & un vaillcau, quelque grand & quelque chargé qu'il Ibit, peut prendre port en trente endroits ditfcrens. Du Loia,;i. jj.yctu GyUius a fait une dcferiptiun exadle de et Bofphore ^ &c de toutes les appaitenani-xs , en trois livres. P. Gyllu de Bofphoro Thracioj lih. III. Le calme du Bofphore cft li grand, qu'on le palT'e fur des pcrmez. Du Loir, p. 6S. On remarque très- peu de ruines de l'Antiquité tout le long du Bofphore, Ôc hjimis quelques lon- demens de grollés murailles qui font tur le rivage de l'Europe , où il y a apparence que Mandrocles , Sa- mien , fie un pont , pour faire palier Darius & Ion ar méc qui alloit contre les Scythes, il n'y a point d'au très bàtimcns que des modernes. Il n'y rette plus rien de ces temples que les Argonautes y bâtirent , ni des pa- lais de Phineus èSELER. V. a. Relever en boire. Travailler en boire. Scalpere. Le mot latinyci?//?ere,rignifie propre- ment graver en bolFe; & celui de fculpere , graver en creux. Bojjller ne le dit que des ouvriers qui tra- vaillent en bolle fur de la vaillelle, de l'argenterie. C'eft un abus de le faire (ynonyme debojfuer. L'un ex- prime des bolTes qui font l'ouvrage de l'art , ce qui fervcnr d'ornement , l'autre des bolfes qui lont l'ou- vrage du hazard, &: qui déparent la chute. L'ouvrier boffelle ; celui qui lailîe tomber un plat le bolfue. CK? BOSSELÉ, ÉE. pair. VaiHelle boplée. ifT En termes d'Agriculture, on le dit adjectivement de cert^iines feuilles des plantes qui iontcilclées naturelle- ment : elles ont des éminences a grandes mailles & creu- ies en deifous, comme celles des plaques d'argent ci- felé. Telles font les feuilles de chou, &c. BOSSELURE, f. f Efpèce tle cifclure naturelle qui fe trouve lur certaines teuillcs. Ce terme n'eft pas uiitc. BOSSEMAN, mieux que BOSSEMENT. f. m. Terme de Marine. C'eft un Officier de l'équipage , qui a foin de l'auGix, des bouées, & des cordages , de lever les .an- cres , & de boder les cables. En mer, il commande les matelots fur le gaillard d'avant, Se en général par-tout. C'eft le troifième Of- ficier-marinier de manœuvre. BOSSER. Terme de Marine. C'ell mettre l'ancre fur les bolîéurs, ou piè.es de bois deftinées à la recevoir, ftr Bosser, un cable j c'eft amarrer la boife qui failit le cable , lorfquc l'ancre cil à la mer. BOSSÉTIER. f. m. C'eft un des noms dont on appelle les Fondeurs ; & on les appelle de la (orte , parce qu'ils peuvent faire quantité de petits ouvrages d'airain, de cuivre ou de laiton, en bolTe , comme des grelots, des bolîettes , des clochettes , des lonnetces , ikc. Umbo- iium , paropiorum jaber ^ opijex. Un tel a été reçu Fondeur, Mouleur en terre i5(: en fible, Se BoJJeàer de la ville de Paris. EossETiER, ou BossiER, fe dit auili dans les Verreries , & du Gentilhomme qui fouille la boiïe, & de l'ou- vrier qui l'ouvre après qu'elle ell loutilée : ce dernier s'appelle auili ouvrier & ouvreur. BOSSÊTTE. f. f. Terme d'Éperonnier. Ornement d'em- bouchure qui couvre le banquet. Ainfi c'eft un petit rond doré & élevé enbolle, qu'on met aux deux cô- tés d un mors de clieval. Umbo eqairà lupati. (fJ' BossETTES,en Botanique. Il y a certains fruits dont quelques parties rellcmblent aux bojjcttcs qu'on met au bout d'un mors de bride. Tournefort a employé cette comparaifon. BossETTE, fignitîe encore une pièce de cuivre qu'on met fur les yeux d'un mulet. Paropium y paropis. iCT BOSSEURS, ou BOSSOIRS. Terme de Marine. Pourl'cxphcation,Toj t-:^ BoussoiRsqui eft moins ufité tiue les deux autres. IfCr BOSSIS. Terme de marais falans. f^oye^ au mot Marais salans. i^Zr BOSSU , UE. adj. qui a une bofte au dos ou à l'ef- tomac, qui a les vertèbres ou le fternum d'une con- vexité diftorme. Gibbus ^ gibbofus , gibber o\i glbbero- fus. Cet homme eft boJ]u par devant Se par derrière. ^ff On le dit auili fubftantivement. C'eft un méchant bo[]u. Patin prétend que les bojfus ont le poumon mau- vais. ^fj" Bossu , fe dit par analogie d'un terrain où il y a de petites inégalités. Ce terme n'eft pas noble , quoi- qu'il paroiife approuvé par l'Académie. Je ne parle pas des Vocabuliftes qui n'en font que l'écho. Et je crois qu'on ne dit qu'un pays eft boJJ'u que comme on ledit d'un cimetière à caufe de la quantité de pcr- fonnes qu'on y enterre , c'eft-à-dire, en fty le proverbial. BOS Bossu, f. m. C'eft ainfi qu'en Tour.iine on nppelle cette monnoie de billon qu'on nomme a VaÛ's Jcu-marquc'. BOSSUER. v. a. Faire une bolfeà de laj^iilelle, à de la batterie de cuifine. f;'T Ce terme n^le dit que Aes bulles qui le font par hafard àde la vailfcUe-en lalaif- laiit tomber ou autrement. Ainli il ne faut pas le regar- der comme lynonyme de bofteler.- Foye\ccx\\ol.\]n. valet maladroit bo[jue la vaillelle en la lailîant tom- ber. Lacunas facere , partes dtpreffîores reddere. ^ BOSSUE, ÉE. part. Vaillelle boffuce. Plat bojfué. ce mot déligne un enfoncement -, & celui de boilu , une iaïUie. BOSSY. 1. m. Arbre qui croit au royaume de Quoja , en Ahique. Il a l'écorce kche. Se le bois gras Se huileux, dont on fait des cendres pour le lavon. Ses fruits font des prunes longues & jaunes , qui font aigres Se bon- nes à manger. Dapter. ^fT BOST. Petite ville dePerfe,dans le Scgiftan ou Siftan, fur une rivière qui tombe dansl'Indus. La Mart. qui cire Baudrand. BOSTANGI. l.m. Terme de relation. C'eft un mot turc, qui lignifie Jardinier. Il vientde bojian, jardin, com- me Ekmekgi , c^ui lignifie Boulenger ^ vient d'Ekmek , pain. D. L. Boulaye. gCF Les Boftangis font des Agia- moglans qui travaillent aux jardins du Grand Seigneur. BOSTANGLBASCHI. f m.OfficierduGiand-Seigneur, qui a loin des jardins , des fontaines , de toutes les mai- Ions de p'iailance, & de tous ceux qui y travaillent ; Intendant' des jardins du Grand Seigneur. Honulano- r/iiij Prdfecîus. Le Bojlcngi Bafchi eft tiré des Agia- moglans. D'autre» dilcnt Èonjtangi Se Boujîangi-Ba- chi. Le premier eft le plus uhté. L'Intendant des jar- dins du Grand-Seigneur a 4000 jardiniers Icuslui , ap- pelés Boujlangis. Son appartement eft dans le jardin du Sérail de Conftaiitincple , le long du rivage du port. Ce jardin n'a point de parterre , Se n'eft autre qu'un parc clos de murailles, rempli de cyprès Se de pins: & quand le Grand-Seigneur veut s'y promener, c't ft lui qui le mer à cheval , qui lui (ert de marche- pied, lît qui gouverne auili le rnnon de fon Caïque, quand il va lur mer. Du Loir , p. ç 6. Du Loir dit Bou[langi, & Boufiandgi. Les Bouf~ tandgis font rameurs du Caïque du Grand-Seigneur : ils voguent lur Ion Caïque, quand ils lont boufiand- gis du Sérail de Conftar.tinople. On leur donne alors deux ou trois après de paye par jour. Du Loir , p. 1 0 i . Voyez Azamoglan. Le BouJI andgi-Bachi eft un des plus puillants Of- ficiers pour la laveur de Ion maître , bien que la charge ne loir pas une àss plus honorables. Il lentretient fou- vent quand il le promené dans (es jardins , & parce- que dans ces rencontres il peut lervir ou défobligcr les plus grands Officiers de la Porte: il en eft particuliè- rement carefte. Id. pag. 102. Le Grand Seigneur ne va jamais à la chalTe du noir, qui ne le lait ordinairement qu'en Natolie. qu'il n'y mené tous les Boujlangis à pied. Celui d'eux qui bielle une lauve femelle, a cinq fequins ; s'il frappe un mâle , il en a neuf, & leurs Bulak-Bachis qui font à cheval, en ont 40 pour l'un, lS: 70 pour l'autre, aulli-bien que les Ecuyers-du Prince. Id.^. 10 j Ce moreft turc, & vienr de Ji?rni/3, Bu/Ian^Se vul- gairemenr Boflan ^ qui lignifie jardin :, Se de ii;S3 , qui lignifie Chef , Commandant, le premier dans un corps, comme ti;b?l en hébreu, Se Chef 'en françois. ffT BOSTON. Bofionium , on Fan-umfancli BoJIolphi. Ville Se port d'Angleterre , dans le Comté de Lincoln , fur la petite rivière de Witham. Les Anglois pronon- cent Bajlon. Boston. Bojlonium. Ville capitale de la nouvelle Angleterre, dans l'Amérique leptentrionale, avec un bon port, une des plus importantes villes de l'Améii- que Angloile. BOSTRYCHITE. f. f. C'eft unepierre figurée, quiref- femble à la chevelure d'une femme. Boftrichites. OSUEL. f. m. C'eft ainh qu'on nomme la feule tulipe qui ait de l'odeur, & dont on ne lait pourtant point de cas. Morin,dans le Traite' de la culture des fleurs , dit BOT dit que le Bofuel çft une tulipe rouge de faiig ic jau- ne , ôc rien autre chofe. C'eft auiîî le nom d'une renoncule à double fleur. BOT. BOT. adj. fans féminin, ik qui ne s'emploie qu'en le joignant au mot pied ^ comme fynonyme de con- trefait. Cet homme a le pied bot, &c l'on appelle auOî pied bot l'homme qui a le pied ainlî contrefait. C'eft un pied bot. Dans l'une & l'autre acception , il n'eft que du ftyle familier. Borel dit que ce mot eft gaulois. Se fîgnifioit autre- fois trou en terre ^ ou foffette à jouer aux noix , dérivé du latin buttum , d'où on a fait auffi yà^or & pot ^ à caufe de leur cavité. Bot. 1, m. fignifie aulîî un petit vaifleau, dont on fe fert aux Indes Orientales : il eft maté comme un heu , 6c n'eft point ponté. On appelle encore Bot certain gros bateau flamand, & on prétend que c'eft de-là qu'cft venu le mot àtPaque-bot 3 pour fignifier levailfeau qui apporte les lettres de Douvre à CalaJs. §Cr BOTA. Mot dont on fe fert en Elpagne , pour dé- Cgner une mefure de liquides , qui tient 30 robas. Le robas tient 30 Uvres pefant. Encyc. C^T BOTADON. Petite ville d'Angleterre , dans la pro- vince de Cornouaille. BOT AL. Terme d'Anatomie. Le trou botal ^ ainlî appelé du nom de celui qui l'a découvert le premier, eft une des ouvertures par le moyen defquelles le fang circule dans le fœtus fans entrer dans les poumons, ni dans le ventricule gauche du cccur. Dionis. |(Cr BOTANIQUE, f. f. Science qui traite des plantes & de leurs propriétés. Partie de Thiftoire naturelle, qui a pour objet la coruioillance du règne végétal en en- tier, qui traite de tous les végétaux & de tout ce qui a un rapport immédiat avec les végétaux. Pars hijlo- ri£ naturalis quA in plantis verfatur, occupatur. Bota- nica. On la divife en trois parties, la nomenclature des plantes , leur culture & leurs propriétés. Ce mot vient du grec ^«lavn, herbe; /S°'i'''>'i vient de fiiVi, mangeaille, &c É 21 , loit parce qu'il Teft en effet, & qu'il conduit les chèvres aux pâturages de grand matin , loit parce qu'en certaine lailon il le tourne toujours du côté de l'Orient. Dans les jeux du Cirque il paroilloit des enfans à cheval lur des boucs fellés & bridés. L'Anthologie en fait mention, Z. / ^ C. XXXIII. Epigr. 2S. Un des ouvrages de fculp- ture que l'antiquité aie plus vanté, étoit un bouc en plein relief fur une fiole. Il étoit de Myos ou de My- ron. yoye^ CnâvRE. En termes de l'Ecriture on appelle bouc-émijfaire , un bouc qui étoit envoyé dans le défert. On préfentoit deux boucs devant l'auiel , lur lelqucls on jetoit le fort: l'un étoit dcftiné au facrifice ; l'autre étoit aban- donné dans lalolitude. /''oye:^ Emissaire & Azazel. Les boucs font dans l'Ecriture les fymbolcs des Rois , des Chefs & Conducteurs des peuples. Ifaie XIV , <) y Dan. VIII , j. Dans le nouveau Teftament J. C. emploie ce mot pour lignifier les réprouvée. Matth. XXV , j2 y s s- Toutes les nations fe ralfembleront devant lui , & il féparera les uns d'avec les autres , comme un berger fépare les brebis d'avec les boucs. Il placera les bi:ebis à fa droite , &c les boucs à fa gauche. BouH. Quand Dieu viendra juger les vivans & les morts j Et des humbles agneaux , objets de fa tendrejfe ^ Séparera des boucs la troupe pe'cherejfe. Boileau. Bouc ÉTAIN. C'eftlenom qu'on donne au ^o^^cyà^^v^CTe. Hircus Jylveftris. Voyez Bouctein. Chez les Anciens, le Pocte qui avoir remporté la viéloire , avoir pour prix un bouc ^ viôlime ordinaire de Bacchus qui préfidoirà la Tragédie. C'eftde-là que La Tragédie a tiré Ion nom : car -rfolyn engrecfignifîe un bouc. Du plus habile Chantre un bouc étoit le prix. ^o\i.. On appelle auiïî houe ou outre , en termes de commerce , un vaiffeau fait de la peau d'un bouc , où l'on met du vin, de l'huile &: autres liqueurs qu'on tranlporte. Uter. On fe fert aufll de boucs pour routes les navigations qui fe font fur les rivières d'Orient , tant pour palier les rivières à la nage , que pour foute- nir des radeaux qui tranfportcnt les marchandifes fur l'Euphrate , & autres rivières qui ont des fauts. On dit aullî que le Diable fe fait adorer au fabat fous la forme d'un bouc. On dit proverbialement , qu'un homme a une barbe de bouc , quand il n'a de la barbe que fous le men- ton. Et c'cft pour cela qu'on appelle harbe de bouc , ceux qui ont la barbe de cette foire. Ces vilaines ^a/- bes de bouc fortt des mélancoliques qui font toujours en querelle. Ablanc. On dit, puant comme nnbouc ^ à caule que cet animal fent mauvais. Lalcif comme un bouc. |fC? On appelle Ao«c dans les machines hydrauliques une efpèce de poulie garnie de cornes de fer qui fonr mon- ter & delcendre une chaîne frns fin. fC? Bouc. Petit poilfon dont parle Athénée. Voye^ BOULEROT NOIR. Bouc, {la tour du) Tour de France, fur les fron- tières de la Provence, fur un rocher, à l'entrée de la mer de Martigues , dont elle défend le palfagc. BOU BOUCACHARD. Petit bourg <3e Normandie , à cinq lieues de Rouen , au Couchant, dans lequel il y a une maifon de Chanoines réguliers. BoucACHARD. Efpèce de Chanoines Réguliers reformés. Une réforme de Chanoines Réguliers fe fîril y a quel- ques années, & commença dans la mailon de Bouca- chard. C'eftde-là que ceux de cette réforme s'appelle \tsBoucachards. C'efl un Boucachard.Ç^\xo\c[\xe. ctitc réforme foit très- nouvelle, & ne foit pas encore ap- prouvée par l'Eghfe , elle a plufieurs maifons, & bien des Evêquesl'ont introduite dans les maifons des Cha- noines Réguliers qui font dans leurs dioccfes , où on les appelle E oucachards iMÛÏ\-h\cr\ qu'en Normandie. EOUCAGE. f. m. Tragofelinum. Plante ombelhfère qu'on aainfî nommée à caufes que fes racines & fes femences ont une odeur de bouc très-forte. Par rap- porta fes feuilles, qui rellcmblent en quelque manière à ccUcsdela pimprenelle, on l'appelle ji'//w/^i«e//i7yàA-i- fraga. On trouve en France alfez communément trois efpèces àtBoucage , la grande, la moyenne & la pe- tite; & ces différences f étirent de la grandeur de leur tige & de leurs feuilles; car elles ont toutes les trois une racine longue, blanchâtre , un peu fibreufe, fore piquante au goût. Leurs feuilles (ont rangées comme par paire fur une côte qui eft terminée par une feule feuille. Elles ont un goût moins piquant & moins défa- gréable que leurs racines. Les tiges font branchues , haures d'un pied & demi dans la grande efpèce , & garnies de grandes feuilles; au lieu que dans la moyenne & la petire efpèce , les tiges font bien moins hautes , moins branchues , & leurs feuilles (ont coupées en des lanières fort étroites. Ses Heurs font en ombelles: cha- que fleur eft compoféedecinq pétales inégaux, échan- crés & difpolés en fleur de lis de France. Elles font communément blanchâtres , quelquefois purpurines. Les (emcncesfont arrondies, cannelées, menues comme celles du perfil. Les racines de houcage font fort apé- ritives & très diurériques : on les préfère à celles du perdl ordinaire. Elles (ont fi piquantes qu'elles pour- roient fcrvir de poivre. Aux racines du houcage font attachées quelquefois de petites vellies rondes , qui teignent en rouge comme le kermès. BOUCAHU. On dit à Angers qu'une fille a été hou- cahu , quand elle n'a point danfé au bal. Cette façon de parler vient de ce qu'il y avoit autrefois à Angers une femme de ce nom, qui gardoit des ficgec pour le Sermon dans l'Eglifc des Cordeliers. M. Beri.ier de Blois, homme célèbre par fon Hiftoire de Blois, Se pat celle des Médecins , a employé cette façon de parler dans un Poëme qu'il fit autrefois dans fa jeunelTe, in- titulé le Bal de Blois. Danfant l'une à dia ^ l'autre â huj Et perfonne n'ejl boucahu. On dit à Paris d'une femme qui n'a point danfé au bal , qu'elle a été capot , qu'elle a été bredouille. La première façon de parler a été prile du jeu de piquet , & la féconde, du jeu de tricftrac. Ménage. BOU CAL. f. m. Nom d'une mcfure d'Italie, qui , félon Vigenère , tient quatre feuillettes, pefe cinq livres qua- tre onces italiques, des nôtres quatie hvres, & tient une quarte trois poilfons. Voye'^ Boucaut. BOUCAN, f m. Mot américain. C'eft un gril fait debois , de Bréfil , qu'on élevé au-dellus du feu pour y faire griller de la viande. Le mot de boucan fe dit aulfi d'une loge couverte avec une forte de claies , où les Amé- ricains fe retirent pour y boucaner leur viande. Boucan de tortue. C'eft une efpèce de préparation que l'on fait à la tortue , pour l'alfaifonner & la faire cuire , en forme de pâté. On prend une des plus grandes tor- tues , on l'ouvre par les côrés pour en tirer rout le de- dans : on levé le plaftron d'une autre dont on tire toute la chair, & la grailfe que l'on hache dans des jaunes d'œufs , avec des épices, des herbes fines, du jus de citron, du fel & force piment. On met ce hachis dans le corps de la première qu'on a vidée , & l'on recoud l'ouverture. On defcend cette efpèce de pâté dans un trou en cerrcj qu'on a fait prefque rougir .\ force d'y BOU BOU brûler du bois , & l'on recouvre tout cela du charbon qu'on a tire du trou. On l'y laille environ quatre heu- res, où il cuit beaucoup mieux que dans un four, & voilà ce qu'on appelle en Amérique un l^oucan de tor- tue. En quelques ports de Normandie, on dit d'un lieu où il tume beaucoup , c'eft un vrai boucan. Il y fume comme dans un boucan. 4^ Boucan . chez nous, fynonyme de ^oro'ff/, fîgnifie un lieu de débauche. Lujlrum^ lupanar y fornix. Fré- quenter les boucans. Ce mot eft populaire &: déshon- nére , fait pour les gens qui y vont. BOUCANER, v. a. Faire cuire du poifTon , ou de la viande à la manière des Sauvages, écles faire fécher, à la cheminée , ou les faire forer fans fel. Fumo fie-- care pifcesvel carnes. On les delTeche aulîi fur une ef- pèce de gril fait de bâtons élevé de trois pieds au-del- ïus du feu-, & cetre forte de gril s'appelle boucan. On dit aullî boucaner des cuirs; pour dire, les préparer à la manière des Sauvages \ &c iimplement , boucaner ; pour dire , aller a la challe des bœufs fauvages ou autres bétes , pour en avoir les cuirs. Dans cette ac- ception , boucaner eft neutre. Boucaner, eftauiliun verbe neutre, qui fe dit de ceux qui fréquentent les lieux de proftitution & de débau- che. Scortari C'eft un inKîme qui ne fait que boucaner. Ce terme eft bas & deshonnête. BOUCANÉ, ÉE. part. Préparé au boucan, à la fumée &au feu, à la manière des Sauvages. Fumoficcatus. La viande /"Oi/cawec a un goût Ii excellent , qu'on la peut manger en (ortant du boucan lans la faire cuire. Elle eft vermeille comme la rôle , & a une odeur admirable; mais elle ne dure que très-peu dans cet état, & iîx mois après avoir été boucanée ^ ou fumée, elle n'a plus de goût que de fel. Oexmelin. lly ades habitans quien- voient en ces lieux leurs engagés , lorlqu'ils font ma- lades, ahn qu'en mangeant de la viande fraîche, qui eft une bonne nourriture, ils fe puiftent remettre en fanté, Id. BOUCANIER, f. m. Qui fait boucaner les viandes, ou celui qui vit de viande , ou de poiifon apprêtés de la forte. Qui fumo pifces , ve/^carnes exficcat. On a ap- pelé ainfi les François de l'Ile S. Dominique , randis qu'ils y étoien: vagabonds & fans maifons. Boucanier , fe dit adjedlivement pour ce qui appar- tient aux Boucliers. Ainfi le Capitaine qui a fait la Relation du voyage aux Terres Auftrales , entrepris en 1738, dit un fufil boucanier. Nous apperçûmes cette île à une portée de fufîl boucanier. Voici ce que l'hiftoire des Flibuftiers & Boucaniers ^ T. 1 3 P. /j Ch. 8. dit de l'origine de ces mots. Les Caraïbes Indiens naturels des Antilles ont accoutumé de coupet en pièces leuts prifonniers de guerre , & de "^ les mettre fur des manières de claies, f c us letquelles ils mettent du feu. Ils nomment ces chics Barbacra, Se le lieu où elles font , boucan , ôc l'aftion , boucaner j pour dire, rôtir & fumer tout enfemble. C'eft delà que nos Boucaniers ont pris leur nom , avec cette dif- férence qu'ils font aux animaux ce que les Indiens font aux hommes. Les premiers qui ont commencé , croient habitans de ces lles,& avoient converfé avec les Sauvages. Ainfl par habitude lorfqu'ils fe font éta- blis pour chafTer , & qu'ils ont fait fumer de la vian- de, ils ont dit boucaner de la viande, & ont nommé le lieu boucan , & les ^âeuis Boucaniers. Les Efpagnols appellent les leurs Matadores de Toros , Tueurs de Taureaux , & le lieu , Materia , Tuerie. Ils les appellent aufli Monteros iQonvcms de bois. Les Anglois nom- ment les leurs Cow-slayers ,T\xtnts de vache. Les Boucaniers ne font point d'autre métier que de chafTer. Il y en a de deux fortes. Les uns ne chalTent qu'aux bœufs, pour en avoir les cuirs; les autres aux fangliers , pour en avoir la viande, qu'ils falent & ven- dent aux habitans. Tous ont le même équipage ëc la même manière de vivre. Les Boucaniers qui chafTent aux bœufs , font ceux qu'on nomme véritablement Boucaniers , car ils fe diftinguent des autres qu'on appellent Cfiaffeurs. Leur équipage eft une meute de de 2j à 30 chiens, daus laquelle ils en ont .un ou deux 981 Veneurs, qui découvreur l'animal. Ils ont avec cette meute, de bons fufils qu'ils font faire en France. Leurs habillemens font deux chemifes,un haut de chauffes, une cafaque, le tout de groife toile , & un bonnet d'un cul de chapeau ou de drap , où il y a un bord feulement devant le vifage , comme celui d'un Carapoux. Us font leurs fculiers de peaux de porc & de bœuf, ou de vache. Us ont avec cela une petite tente de toile fine , afin qu'ils puiflént la tordre faci- lemenr , ik la porrer avec eux en bandouhère ; car quand ils font dans les bois, ils couchent où ils peuvent. Se cette tente les détend des moucherons. Us te joignent toujours deux enfemble, & fe nomment l'un & l'au- tre Matelot. Ils mettent en communauté ce qu'ils pof- fedent , & ont des valets qu'ils font venir de France , dont ils payent le patfage, & les obligent de les fervic trois ans : ils les nommenr Engagés. Les Boucaniers qui ne chaffénr qu'aux fangliers, ont leur équipage comme ceux dont on vienr de parler. Lorfqu'ils font venus le foir de la chafîe, chacun écor- chc le fanglier qu'il a apporté, & en ôte les os : il cou- pe la chair par aiguillettes longues d'une biaffe , ou plus ielon qu'elle fe trouve. Us la poudrenr de fel fort me- nu; ils la laiffent ainfl juf qu'au lendemain quelque- fois moins, félon qu'elle a pris fel, & qu'elle jette fa laumure. Après ils la mettent au boucan. Ce boucan eft une loge couverte de taches qui la ferment tout autour. Il y a 20 ou 50 bâtons gros com- me le poignet , ik longs de fept à huit pieds , rangés fur des travers environ à demi-pied lun de 1 autre. On y met la viande, tk on met force fumée de fie us, où \ts Boucaniers brûlent pour cela toutes les peaux de fangliers qu'ils tuent, avec leurs oflemens , afin de faire une fumée plus épaiffe. Cela vaut mieux que du bcis feul; car le tel volatil qui eft conter u dans la peau, & dans les os de ces animaux , s'y vient attacher ; auflî cette viande a un goût fi excellent, qu'on la peut man- ger en fortant de ce boucan , tans la faire cuire. Oex- melin. La récompenfe que les Boucaniers donnenr à leurs valets, lorfqu'ils ont fervi trois ans, c'eft un fu- fil, deux livres de poudre, fix livres de plomb, deux chemites, deux caleçons, &: un bonnet; & api es qu'ils ont éré leurs valets, ils deviennent leurs camarades, & vont aulii châtier avec eux. Id. Les Boucaniers vi- vent fort librement entre eux, & fe gardent une gran- de fîdéhté. Id. Les Boucaniers ou Matadores Efpagnols , chaffenc d'une autre manière que les François. Us ne te f'er\cnt point d'armes à feu , m:is de lances & de croiffans. Us ont des meutes comme les François. Quand ils chaf- fent, il y a deux ou trois valets, qui fui vent & ani- ment les chiens; & quand ils ont trouvé un taureau, ils le poullent da;.s une prairie , où \c Boucanier (c trouve monté à cheval, qui court lui couper le jar- ret, & après le tue avec fa lance. Certe chafTe efl très-plaifante à voir ; car outre que ces gens y font adroits, ils font autant de cérémonies Se de détours, que s'ils vouloient courir le rauieau devanr le Roi d'Efpagne ; mais ces animaux étant en fougue crèvent des chevaux, bleflent Se tuent des hommes. Id. Les Boucaniers Efpagnols ne te donnent pas tant de peine que les François. Us font fécher leurs cuirs comme eux ; mais ils te fervent de chevaux pour les porter. Us préparent leurs mets avec plus de délicatttre, & ne mangent point leur viande fans pain ou caffave , ou- tre qu'ils ont toujours avec du vin, de l'eau-de-vie, ou des contîrures. Us font aufli dans leurs habits infi- niment plus propres , & fort curieux d'avoir du hnge blanc, Oexmelin, Hijloire des Avent. Fiibufliers & Boucaniers. Fufîl de Boucaniers. C'eft le fufil dont fe fervent les Boucaniers , & dont la monture eft autrement fai- te que celle de nos fufils ordinaires. Les meilleurs fu- fils de Boucaniers fe font à Dieppe & à Nantes. Ces fufils font de quatre pieds & demi pour le canon. Ils font tous d'un calibre tirant une balle de feize à la livre. Poudre de Boucaniers , c'eft la plus exccllenre poudre dont fe fervent les Boucaniers ■, Se qui fe fiit à Cherbourg, en bafTe Normandie. Us en porteut 5>8z BOU ordinairement 15 ou 20 livres. Ils la mettent dans des ' calcbalîes, bien bouchées avec de la ciie, de crainte qu'elle ne ioit mouillée. Oexm. pT BOUCARO. f. m. Efpèce de terre figillée, rou- geâtre , qui vient d'Efpagne , où elle s'appelle Bouca- ros. On en fait ditférens vales^tels que des pots, des théières , &c. Acad. Fr. BOUCASSIN. f. m. Etoffe de coton, ou de lin, qui eft entre le treillis Se le bougran, qui fert aux doublures, qui cfl: mile eh œuvre comme la laine. Lintcum tex- tum 3 à fullone fubaclum ac tinclum. BOUCASSINÉ, ÉE. adj. Fait à la manière du boucaf- fin. Il n'eft en ufage qu'avec le mot de toile. De la toile houcajjlnée. Acad. Fr. BOUCAUT. i". m. Mot dont on fe fert en quelques en- droits, & qui fignifie un moyen tonneau ou vaiffeau de bois fervant à renfermer divcrfes fortes de mar- chandifes , sèches & liquides. On le dit aulli de la chofe qui y eft contenue. Boucaut de vin, de giro- fle, de cannelle. On a dit aulH /'Oz/cAt^/j pour dire, un barril à vin. Voye\ Boucal. Boucaut, eft aulîi le nom que l'on donne à l'embou chure de quelque rivière comme celle des Balques & des Landes. ^^ BOUCHAGE, f. m. C'eft dans les greffes forges, une certaine quantité de terre détrempée & pétrie, dont on fe fert pour fermer la coulée. Voye^ CoulÉe. BOUCHAIN. Ville des Pays-Bas, dans le Hainaut, fur l'Efcaut. Bocanium. Bouchain tut bàrie par Pépin , en mémoire de la vidoire qu'il remporta en ce lieu lur Théodoric , Roi des Goths. Phil. Petit , Dominicain , a fait l'hiftoire de Bouchain j imprimée à Douay , en i6ji; , in-S". |CF BOUCHARA. Foyei Bokharah. BOUCHARDE. f. f. Outil de Sculteur en marbre, qui eft une etpèce de cileau taillé en plufieurs pointes de diamant fort acé\:ées.Scû/prum cufpidatimfcclum. On fe fert de cet outil, quand on veut faire dans le mar- bre un trou d'égale largeur, à quoi les outils tranchans ne Icroient pas propres. On frappe lur la houcharde avec la malle, & les pointes mcccen: lemaibieen pou- dre, en le mcurtrillant. Cette poudre lort par le moyen de l'eau qu'on verle de temps en temps dans le trcu, à mefure qu'on le creufe; ce qui empêche le fer de s'échauffer, & l'outil de perdre la trempe. Ceux qui travaillent avec la houcharde , la pallent dans un mor- ceau de cuir percé , afin que l'eau ne leur rejailhlle pas au vilage. §C? BOUCHARIE. Foyei Buccarie. <<5=f^ BOUC H AU D. Abbaye de France , dans le Péri- gord , ordre de Citeaux. BOUCHE, f. f. 0C? Partie du vifage de l'homme par où fort la voix , & par où (e reçoivent les alimens. Elle eft compofée des lèvres, des gencives, & des dents, du dedans des joues, & du palais. Os. Toutes ces parties, excepté les dents, (ont tapillées d'une tu- nique glanduleufe où lont les conduits excrétoires de la falive , qui entretient dans la bouche & dans toutes fes parties l'humidité & la fouplelfe. Voye\ Salive. ffT La bouche de prefque tous les animaux s'appelle gueule. Les morceaux trop hâtés fc preffent dans la bouche. BoiL. On dit, dire de bouche ^ de vive voix, parler bouche à bouche ; pour dire, parler à la pcrfonne mê- me à qui on veut faire lavoir quelque choie. Il eft plus expédient de coulultcr de bouche que par écrit. Ablahc. Loilquc nous lommes enlemble , & que nous nous dilons tout ce qui nous vient à la bouche, pour dire , lorlquc nous nous parlons lans contrainte. Vous me l'avez arraché de la bouche , malgré la rélil- tance de ma raifon, ( S. EvR. ) pour dire, vous m'a- vez forcé de parler, & de vous dire ce que je devois taire. Il m'a mis dans la bouche un nouveau canti- que. PoRT-R. Je n'ai point eu la bouche fermée, quand il a fallu parler de vos merveilles. Îd. §3" On dit qu'une nouvelle va de bouche en bouche. BOU pcr manus i de manu in manum j pour dire , qu'elle devient publique. Oui j maigre' les obfcurités Qui nous cachent des vérités , Mon cœur n'en doute point , ma bouche les con^ fejfe. L'Abbé TÉtu. Fuye-^ donc ces amis dont la bouche timide N'a pour tous les abfcns qu un filence perfide. ViLL. Mais un cœur pour parler n'a-t-il qu'un interprète? Ne dit -on rien des yeux 3 quand la bouche e(i muette? Racine. Un Auteur ne fait pas de faciles conquêtes , Il trouve à le fiffler des bouches toujours prêtes. B01LEAU. iCy On appelle poëtiquement la Renommée , la Déejfe aux cent bouches. On dit d'une grande bouche 3 qu elle eft lendue julques aux oreilles. Riclum hahere diduclum vafiiùs. On dit , faire la petite bouche ; pour dire , aftedter de frire paroitre qu'on a la bouche petite, hlcgantiorem oris parvi compofitionem affeclare. On le dit aulïï pour faire paroïtre qu'on eft petit mangeur , qu'on eft délicat au choix des viandes. Intcr vefcendum delicias facere, prsferre exigui cibi laudcm & gloriam. On le dit figurément d'un homme qui ne veut pas s'expli- quer clairement , qui ne veut pas dire tout ce qu'il fait d'une affaire ; & au contraire , on dit qu'il n'en fait pas la petite bouche; pour dire, qu'il déclare franchement tout ce qui en eft. Mais tout cela eft du ftyle familier. L'Abbé de Choili , dans fa Relation du Voyage de Siam, dit que la Reine de Siam fait cou- dre la bouche aux Dames de fa Cour, quand elles parlent trop en fr préfence; & qu'elle la leur fait fendre jufqu'aux oreilles, quand elles ne parlent pas allez. Quand on voit un morceau délic;it , l'eau en vient à la bouche. La raifon eft, que comme les ef- prits qui lont dans les nerfs du nez Se Acs yeux, ne lauroient être conlidérablement ébranlés par l'odeur de quelque morceau délicat qui les frappe , ou par les elpèces de quelque choie qui a liatté notre goût, fms que cet ébranlement pafle bientôt à la bouche^ il arrive que les conduits frlivaircs, qui (ont alors ptellés par la contraètion des anneaux nerveux qui les environnent , font couler la falive , qui eft rendue plus liquide par les elprits qui s'y mêlent alois. Se qui la font quelquefois pétiller. On dit proverbialement d'une chofe qui le mange, & dont on a envie, que l'eau en vient à la bouche , pour marquer l'envie qu'on en a. ^ ICF On le dit figurément de ce qui eft agréable, & qui donne quelque idée de plaifir. Bouche, le dit aulli des peiionnes qu'il faut nourrir. Il a tous les jours cent bouches à nourrir. Centena ad menfam capita. On a chalfé de la ville les bouches inurilcs-, c'eft-a-dirc, ceux qui étoient incapables de défenles. Il y a plus de cent mille bouches à l'armée. En ce lens on appelle dépenfe de bouche ^ccWc qu'on fait feulement pour la nourriture de loi & de fa fa- mille. Nous avons pris lur notre bouche la dépenfe de les funérailles. (Patru. ) pour dire, nous avons pris fur la dépenfe de bouche , pour fournir aux frais de fes funérailles. On dit aullî populairement, qu'un homme eft fii- jct à la bouche , qu'il eft lur la bouche ; pour dire, qu'il eft gourmand. GuU deditus ^vorax , guU parens. On dit qu'un homme s'eft ôté le morceau de la bou- che, pour dire qu'il s'eft privé du nécellaire. On dit qu'une choie lait bonne bouche 3 quand elle lailfe un bon goût dans la bouche. Edulium palato hlandiens , ou grati odorls. On dit aulli , garder une chofe pour la bonne bouche , pour dire , garder la meilleure chofe pour la fervir la dernière, (^n dit figurément, qu'on laille les gens lur la bonne bouche, quand on inter- rompt le dilccurs à l'endroit qui eft le meilleur, «Se BOU qui eft le plus attendu. {tZT On le dit en général , de ce qu'on relerve d'agréable pour la fin. Flux de bouche , le dit non leulement de ceux qui crachent beaucoup , ou de ceux à qui on provoque la (alivation par des remèdes ,yi/h'ie profiuvium ; mais encore dans le fens figuré, de ceux qui parlent beau- coup , qui ne peuvent le taire. Loquendi proflucntia. On dit figurément , fermer la bouche à quelqu'un , lorfqu'on lui défend de parler , ou qu'on lui coupe la parole, & qu'on le corrompt par l'elpérance de quel- que récompenfe ", comme quand on dir , on lui a Fer- mé la bouche avec de l'argent : on le dit aulîi , quand on lui apporte des raifons h convaincantes , qu'il ne fauroit y répondre. Occludcre llnguam alïcuï. Au contraire, on dit qu'un homme n'ofe ouvrir la bouche', pour dire, qu'il n'oie le plaindre des maux qu'il (ouftre, des violences qu'on lui fait: on le dit aulîî pour exprimer qu'il eft timide & honteux, qu'il n'oie dire fon fentiment dans les compagnies où il fe trouve. Mut'ire nihil audet. Bouche , fe dit auffi des ouvertures par lefquels les fleu- ves fe déchargent dans la mer. OJlium. Damiette eft fur une des bouches du Nil. Le Danube fe décharge par iept bouches dans le Pont-Euxin. On le donne aulIî à l'entrée des Golfes & des Détroits; les bouches de Bexinora, entre les îles de Sardaigne & de Corfe ; la bouche du Golfe de V^enife. T. Corn. Bouche, en termes d'Organifte, fe dit de l'ouverture d'un tuyau qui donne libre entrée au vent. Hiatus. Elle eft large de la quatrième ou cinquième partie de fa groireur. On la nomme ainli parce qu'on dit que les tuyaux parlent ; on l'appelle quelquefois lumière. Bouche , fe dir figurément. Les plaies d'un homme af falîînc, font autant de bouches muettes qui deman- dent vengeance. Ora. Sa valeur en cet état réduite Me parlait par fa plaie j & hâtoit ma pourfuite : Far cette trijle bouche elle empruntait ma voix. Corneille. Les trophées , les grands monumens , font autant de bouches qui annoncent la gloire des Héros. Les cha- rités que nous faifons aux pauvres, iont autant de bou- ches qui prient Dieu pour nous. Bouche, fignifie aulîî chez les Rois & les Princes, ce qui regarde leur boire & leur manger. Quidquid ad quotidianam Principis menfam pertinet. Les Officiers de la bouche. Le vin de la bouche. Aller à la bouche du Roi; c'eft-à-dire, au lieu où on lui prépare fon manger. Bouche en ces phrafes fignifie un des fept offices de chez le Roi , qu'on appelle aulîî Cuifine- Bouche 3 pour le diftinguer du gobelet, Qui eft un au- tre office : les Officiers de ces deux offices ne travail- leur que pour la perfonnc du Roi , & ne Icrvent que Sa Majefté. On appelle ablolument la Bouche , les Of- ficiers de la bouche du Roi. La Bouche eft partie. On dit d'un mets qu'on veut bien priler, quand ce leroit pour la bouche du Roi , je n'en donnerois pas de meilleur. On dit aulîî , avoir bouche à Cour ; pour dire , être nourri aux cables & aux dépens des Princes & des Grands Seigneurs. Quatidianx. menfiz jus habere apud Principem. On dit en Cour de Rome , ouvrir la bouche aux Car- dinaux, en parlant d'une cérémonie qui fe fait dans un Confiftoire fecret, où le Pape ferme la bouche aux Cardinaux qu'il a nouvellement nommés , enforte qu'ils ne parlent point, quoique le Pape leur parle; ils font privés de toute voix aftive & palîîve julqu'à, un autre Confiftoire, où le Pape leur ouvre la bouche, & leur fait une petite harangue , pour leur montrer de quelle manière ils doivent parler, &fe comporter dans le Confiftoire. En termes de Palais , on dit , ouir un homme par fa bouche , lorlqu'il comparoît en perfonnc , & non par Procureur. On dit qu'un valPal doit à fon Seigneur la bouche & les mains, pour dire, qu'il lui doit un hom- mage, aveu & (oumilîîon: ce qui fe fait non-feule- ment de la bouche Sc par paroles ; mais auili des mains , BOU p8j en mettant fes mains dans les mains de fon Seigneur fcodal. Bcnejiciaris. pojfejfionis abligatio. CUentela profcjillo are facia & n?anu. Bouche, en termes de Mancgc , fe dit des chevaux. Se de la lenhbilité qu'ils ont en cette partie , où on leur met le mors. On dit qu'ils ont la bouche fine, tendre, légère , loyale quand ils s'arrctent pour peu qu'on levé la main. Ùs eruditum ac docile. Une bouche faulîe elt celle qui n'a aucune fenfibilké. Senju caretis. Une bouche forte, ruinée «Se delelpéréc,fe dit des chevaux qui n'obéilTent point, qui s'emportent. Durum atque afperum. Une bouche aiïurée , eft celle qui ne bat , qui ne pefe jamais à la main. TraclahiU. On appelle un cheval (ans bouche, celui qui n'obéit point au Cava- lier. Indocile, intraSabile. Bouche chatouilleule , eft celle qui craint trop le mors. Delicatum , tenerum. Bou- ches, pleine main, eft celle qui a l'appui alTuré, & qui fouffre qu'on tourne la main lans le cabrer, ni peler fur le mors. Patiens. Bouche au-delà de pleine main, ou plus qu'à pleine main , eft celle d'un cheval qui a de la peine à obéir. Durum , difficile ,frœni impatiens. Le cavcfljn doit être fort (erré, & bien doublé d'un cuir double pour le moins , de peur qu'il ne bleftc le cheval ; car bien que ce foit un vieux proverbe , que nez faigneux fair bonne bouche, je luis fort allure que fi on ne lui fait point mal au nez, la bouche n'en lera que meilleure. Nf.wc. Les imperfeélions de la bouche des chevaux Iont, i°. lorlque le cheval tire en haut & fuce la langue , z". quand il la met par-dellus le mors, 3°. lorfquil la double autour du mors, 4". quand il la laifle pendre hors de la bouche , loit tout droit en avant , ou de l'un des deux côtés. Le cheval ne reçoit aucun préjudice de tous ces vices auxquels il n'y a point de remèdes. Idem. p. ^26 & fuiv. En ce lens, on dit figurément d'un homme, qu'il n'a ni bouche ni éperon ; pour dire , qu'il n'eft bon à rien, qu'il ne (ait rien faire, qu'il eft ftupide & infen- fible ; & on dit qu'un homme eft fort en bouche jiion- fculement quand il eft difficile à conduire, mais aulîl quand il eft violent en paroles, qu'il parle beaucoup, avec hauteur, eu qu'il s'emporte à dire des injures. Bouche. Terme de Conchyliologie. Il (e dit de l'ouver- ture p.ar laquelle les coquillages prennent leur nourri- ture. Os concha. Généralement tous les coquillages ont l'ouverture de la bouche à droite , & il n'y en a que cinq ou lix elpèces dans lelqueiles cette ouver- ture fe trouve à gauche , & que l'on nomme ordinai- rement uniques, à caule de cette Imgularité. Gersaik, Il y a encore d autres animaux , à l'égard defquels on (e (ert du mot de bouche. Rondelet , dans ion Hif- toire des poijjons , dit bouche de (aumon , bouche de carpe, bouche de grenouille. On dit , en termes de guerre , la bouche d'un ca- non , la bouche d'un mortier, pour dire, l'ouverture par où le boulet fort , ou la bombe. On dit |pilî des munitions de bouche, pour dire, tout ce qui eft né- celfaire à la fubhftance d'une garnilon , ou d'un peu- ple enfermé dans une ville alîîégée. On dit aufli qu'une garnifon eft fortie tambour battant, mèche allumée, balle en bouche; pour dire, qu'elle eft (or- tie avec un moufquet chargé , & une balle dans la bouchc,pcuT le charger plus promptement une autrefois. Bouches à feu. En termes d'Arrillerie, on nomme bou- ches à feu les canons Ôc les mortiers. Tornientum bel- licum. Il y a un inftrument pour cahbrer les bouches à feu , c'eft-à-dire , les pièces de canon , les mortiers. Il eft de l'invention de M. de Buzani , Commiftaire provincial d'Artillerie , CommandaPit les Ecoles de ce Corps à Grenoble. On a taillé un chemin dans le roc, pour conduire les quatre bouches à feu, qui compoient cette batterie, c'eft-à-dire, deux canons & deux mortiers. Bouche, ou Bosson. Terme de Marine. C'eft la ron- deur des bans & tillacs,& c'eft proprement tout ce qui eft relevé hors d'œuvre, qui n'eft pas plat àv uni. Bouche, fe dit proverbialemenr en ces phralcs. Il a dir cela de bouche , mais le cœur n'y touche , en parlant d'un homme faux qui ne parle pas lelon (es vrais fentimcm. On dit aullî qu'on a traité quelqu'un à 5)84 BOU bouche que veux- tu -, pour dire , qu'on lui a pré- senté toutes fortes de mets des plus friands. On dit , manger une chofe de broc en bouche ,yo\ii dire , tout chaudement. On dit auffi d'un indilcret qui dit tout ce qu il lait , que c'cft un S. Jean Bouche d'or. On dit aulîi , bouche coufue , pour reconuuandcr le fscret à quelqu'un. On dit -qu'il arrive beaucoup de chofes entre la bouche tk. le verre, pour dire, qu'il ne faut qu'un moment pour faire manquer une aflaire par quelque accident imprévu. Cette façon de parler vient de ce qu'un homme portant fon verre à la bou- che pour boire , on lui vint dire qu'un fanglier étoit entré dans la vigne , & qu'il la lavageoit. Aulîitôt il quitte fon verre, prend une arme, (k va au fanglier «qui fe jette fur lui , & le tue. On dit qu'un homme a toujours une parole à la bouche , pour dire , qu'il a accoutumé dc_ répéter fou- vent un mot , un même mot, une même lentcnce. fp" Bouche, vient du latin bucca ; le P. Pezron tire l'un & l'autre du celtique hoch. BOUCHÉE, i; m. Ce qu'on met, ce qu'on mâcheàcha- que fois dans la bouche. Bucella ,holus. On dit en ba- dinant, cette femme eft fi délicate , qu'elle fait deux bouchées d'une cerife. gCF Une bouchée de viande , de pain. Ne frire qu'une bouchée d'une chofe , exagéra- tion i pour dire , manger promptcment & avidement. Deglutlre. BOUCHEL. f. m. On a dit ce mot pour fignificr un ba- ril à vin. Voye-:{ Bouchaut. BOUCHER, f. m. ^3° Celui qui tue des bœufs , des veaux , des moutons , & en vend la chair en détail. La- nïus. Il y avoit autrefois à Rome de trois lortes de 5o«- chers. Car, i°. Il y avoir deux corps, ou coUègescom- pofés chacun d'un certain nombre de Citoyens char- gés de fournir la ville de tous lesbeftiaux néceifaires , & du foin de les faire préparer , &: d'en debirer les chairs. L'une de fes Communautés n'eut d'abord que le foin de l'achat des porcs. On la nommoit yàijrzi. " L'autre avoir foin de l'achar des autres beftiaux , & fur- tout des bœufs , ce qui les fit noiumer pecuarii y ou boarii. 2°. Ils avoienr fous eux des gens , dont l'em- plci étoit de tuer & d'habiller les belfiaux, d'en cou- per les chairs, &de les mettre en état d'être cxpofées en vente. Ceux-là s'appeloicnt Lanil^ ik quelquefois Carn'ificcs , préparateurs de chairs. IpT On appeloit lanietiA les endroits oià l'on tuoit, & macella ceux où l'on vendoit. Le Préfident Bniîon, Selecl. Ant. i jC. 6, & Franc. Modius , au V^ tome du Tréfor critique , difent qu'auttefois chez les Romains les bouchers ven- doient plaifamment la viande. Celui qui venoit en acheter fermoit les yeux: le boucher élevoit & éten- doit quelques-uns des doigts de la main. Se fi l'ache- reur pouvoit deviner combien il en avoir élevé , c'é- toit lui qui mettoit le prix à la viande ; Cx non c'étoit le Boucher. Apronius, Préfet de Rome , abolit cette couH^ne , & ordonna qu'on la vcndroit à la livre. Tous ces ufages s'établirent dans les Gaules avec la dominarion des Romains. Il y a eu de temps immé- morial dans Paris, un certain nombre de familles char- gées d'acherer les beftiaux, & d'en avoir toujours une provifion fuffifante pour la fubfiftance de la ville , & d'en débiter, ou faire débiter les chairs. Ces familles, comme à Rome , faifoient un corps, élifoienrunchef, qui l'étoit à vie , & n'étoit deftituable qu'en cas de prévarication. Il s'appeloit le maître des Bouchers ; il avoir juridiûion fur tous les Bouchers , ôc décidoit toutes les conteftations qui naiflbient entr'eux concer- nanr leur profelîîon. Ils demanderenr la confirmation de cet ufage à Henri II, qui la leur accorda par letttes patentes du mois de Juin 1550, regiftrées au Parle- mcnr le 10 Novembre de la même année. Nous avons auffi eu en France, comme à Rome, des tueurs &écor- cheurs de beftiaux, créés par Edit de François I, du mois de Novembre 1 545 , & c'eft encore aujourd'hui l'emploi d'un certain nombre de garçons Bouchers , dont les uns abattent Çc habillent les beftiaux, & les autres, que l'on nomme étaliers , découpent & pré- parent les chairs. Les maîtres Bouchers ne fe mêlent , non plus que ceux de l'aneienne Rome , que de l'a- BOU chat des beftiaux. Aux ^oz/cA^r^ appelés anclenncfnenE Suarii j répondent ceux que nous nommons Charcu- tiers. Le nom de Boucher ne fe donne pas à ceux-ci dans notre langue; mais il convient à tous les autres. Il y a au Vatican une ancienne inlcription qui con- tient une Ordonnance de Police pour les Bouchers > dont les principaux points font , qu'ils vendront la viande au poids, qu'après que l'animal aura été pefé , la tête, les pieds & le fui! appattiendiont au Boucher qui l'aura tué , pour fon (alaire; & la chair avec la peau 6c les entrailles appartiendront au marchand Boucher. Quoique routes les petites Juftices qu'avoient les Corps ou Communautés des arts & métiers, fuflent in- féodées par nos premiers Rois de la troifièmc race en faveur des Grands Officiers de leur maifon, les Bou- chers, ni les arts qui concernent les bâti mens, ne fu- rent point compris d.ins ces inféodations. Les Mar- chands Bouchers font tenus d'aller prendre, & fe faire adjuger leurs étaux à la Police, & là s'obligent de les tenir fournis pendant l'année. Etalier Boucher ^ eft un compagnon qui vend la chair dans l'étal. Ménage, après Turnèbe , dérive ce mot de bucca- rïus j qui a été fait de bucca y à caufe qu'il tranche les viandes pour la bouche. C'eft ainlî qu'on le trouve auftî iippûébeccarius de becuSy le bec ou la bouche, félon la remarque du P. Papcbrock , AS. SS. Aprïl. 7. lîl y p. 60 Q. En allemand beh fignifie la bouche ^ pour laquelle les Bouchers travaillent , ce qui leur a fait donner ces noms , dit le même Père , Junïi T. III y p. p 1 7- D. M. de Valois l'ainé le dérive de bouc y éty- mologie peu vraifemblable, puifque les Bouchers ne tuent & ne vendent point de bouc y ôc qu'on n'en mange point , ou prelqae point en France. Lancelot le rire du mot f-'^^^r^t, tueur de bœufs. Le P. Labbe, de bovinâ y feu buhulâ carne y de la chair de bœuf, qui fair leur principal commerce ; Guichard , de n^Ji), tnaclare y jugulare 3 occïdere y ïmmolare y facrificare - d'où n3U , coquus y carnlfex y cuifinicr , bourreau , d'où en retranchant la première fyllabcrefte n':i,bachy d'où, félon lui, s'eft fait Boucher. La première ori- gine eft la véritable. Boucher , fe dit odieufement & figurémcnt d'un Chirur- gien maladroit & ignoranr , qui taille & qui aime à faire des ampurations , & d'un Barbier qui a la main pe- fanre & coupe en râlant. On le ditauflîdes gens cruels qui fe plaifcnt à verfer le fang humain. 0Cr BOUCHER. V. a. Fermer une ouverrurc. Occlu-^ dere. On bouche un rrou , une fenêtre, une porte. On bouche une bouteille de peur que la liqueur ne s'é- vente. On bouche un tonneau. Obturare. Se boucher les yeux , les oreilles. En rermes de guerre , on dit boucher les chemins , les pallages , les avenues pour empêcher qu'il n'entre rien dans une ville alîîégée , dans un camp , ou pour empêcher les ennemis de pénétrer dans unpays.Pr<«. cludercy ïntercludere. En parlanr d'un bâtiment qui eft devant un autre, & qui lui ôre le jour, on dit qu'il en bouche la vue. lum'inïbus officere. En termes de coutume , on fait boucher les vues d'une maifon, d'un édifice; pour dire , qu'on en fait' murer les fenêtres lorfqu'elles regardenr fur une autre maifon, contre la difpoiition de la coutume. Objiruerç lumïnïbus. Voyez Vue, Boucher, fedit auflîdes fluxions, des obftruétions. O/- Jltuere. L'apoplexie eft mortelle, parce qu'elle bouche tous les palfages de la relpirarion. On dit au figuré , fe boucher les yeux ; pour dire , ne vouloir pas voir. Se boucheries oreilles, pour dire, ne vouloir pas entendre les remontrances. La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles y On a beau la prier y La cruelle tjuelle eft yfe bouche les oreilles j Et nous laijfe crier. Malh. On dir figurément & familièrement, qu'un homme a bouché un lïou, quand il a acquitté quelques dettes, en attendant qu'il acquitte les autres. On dir proverbialement , boucher une bouteille v poux 1 BOU -t»ur dire , prendre un morceau de pain après avoir bu, de peur de (enui le vin. On dit en termes de dorure, boucher d' or moulu ^ pour dire , réparer avec de l'or moulu les petits dé- fauts que l'on trouve encore a l'or après qu tn l'a bru- ni. Cet or mculu fc met dans une petite coquille avec un peu de gomme arabique , & il n'y a poini de meil- leur moycii pour faite un ouvrage propre , pourvu que l'endroit gâté ne foit pas grand. BOUCHE , ÉE. part. & adj. Claufus , ol/^ruclus ^ ob- turatus. On ordonne des lavemens à ceux qui ont le ventre bouche. Alvus coacia 3 contracta ^ dura , af- tricla j fuppreffa. On dit ngurément qu'un hcmme a l'efprit bouché 3 quand il a ImtcUigence dure. Tardus ad intelligen- dum , pingue ingenaim ahderuica mens, fp- BOUCHERE. f.f.C'eft la femme d un Boucher, ou celle qui en fait prolellion, qui vend de la viande de boucherie. Boucherie, f. f. Lieu où il y a pluficurs étaux de bouchers , où l'on vend de la gtofle viande en détail. Carnarïum 3 macellum carnarium , taberna carnaria. Les quatre anciennes boucheries de Paris font fondées lui un aiicien privilège. Néron bititune belle ^o/^cAe- rie à Rome. La médaille qu'on lui frappa à ce fujet , repréfente d'un côté la tète de l'Empereur , Nero Claudu Aug. Germ. p. m. tr. Imp, p. p. & de l'au- tre ua bâtmnent fouteriu de colonnes, & dans lequel on eiitre par un perron de quatre degrés avec ces mots, Mac. Aug. b. C. C'eftà dire, Macellum AuguJliSe- natûs-Confulto. Bou CHERIE , fe dit aulTi du lieu où l'on tue les bêtes. Lanie- na.'Jw appelle viande de boucherie , la grolï'e viande boeut, veau & mouron. Boucherie , fc dit figurément d'un grand malfacre d'hom- mes, d'un grand carnage. Cades ,JI radies. Charles Mar- tel fit une fanglante boucherie de fes ennemis. Les Turcs en prenant Rhodes paflerent tout au fil de l'épéc , & firent une cruelle boucherie. Ils enfoncent l'efcadron , & en font une étrange boucherie. Vaug. Il y eut une grande boucherie j & le fang ruilfeloit de tous côtés. Ablanc. Expofer une armée à la boucherie ; la mener à la boucherie. On dit aulH quand on mené quelqu'un à la guerre en une occafion où il court un péril évident, que c'cft le mener à la boucherie. On dit proverbialement d'un homme qui ne peut lien dans quelque affaire, ou alfemblée, qu'il y adu cré- dit comme un chien à la boucherie. On a dit dans la bafle latinité beccaria poui fignifier boucherie ; & du mot latin on a fait le mot françois. De La Mare traite au long de tout ce qui regarde les Bouchers & les boucheries dans fon Traité de Police j Livre V ^ Titre XX. BOUCHET. f. m. Nom que les Médecins donnent à l'hippocras d'eau, qui eft un breuvage fait d'eau aroma- tifée , avec fucre & cannelle. Bydrofaccarum. On fait bouillir l'eau quelque temps avant que d'y mettre le fucre , dont on ne doit mettre que la huitième ou dixième partie -, après quoi on fait cuire le tout enfem ble, en l'aromatifant d un peu de cannelle. Enfuiteon l'ôte de dolfus le feu , & on le pallè par la manche. Il eft fort lalutaite , & o# en peut u(er même dans la fièvre. Il eft bon pour l'eftomac . car il ne refroidit pas comme l'eau crue, & n'échautfe pas comme l'hippo- cras de vin. BoucH ET. Poire de boucher. Sorte de poitc qui eftgrofle, ronde & blanche, & a-peu-piès comme le Defidéry : quelques unes du même arbre relfemblent à de médio- cres berg.-imottes , & d'autres à de gtofles cafiolettes: la chair en eft belle & tendre, & l'eau {ucrée; le bois femblable à celui de la poi'c appelée mon-dieu. Elle W mûrit a la mi-Août. La Quint. tp- BOUC MET TE. f. f. Vieux mot , diminutif débou- che. Petite bouche. Buccella. buccula. Char. Est. DiCT. BCUCHETURE. f. f.En termes de coutume, fe dit de tour ce tui fert à fermer & à boucher un pré , une terre labourable, & autres héritages, pour les confer- Tomi l. BOU 98? ver & empêcher que les bcteS n'y entrent , comme font les haies vives & fagots, palis &échahers, ce. Cbjeciaculum. Ln pays de pâturages il eft défendu d'ô- tei les fooxheturt s d un héritage. BOUCHIN. f m. Teime de Marine. C'eft l'endroit oà. fe mettent les principales côtes d'un navire , Se qui fait la plus glande ouverture eu largeur, à prendre cette largeur de dehors en dehors. On la mclute vis-à-vis du grand mât de toute la longueur du maître bau vers la maitreflé côte, (.n dit qu'un bâtiment eft plus court de varangue , & plus petit de bouchin qu'un au- tre ; pour dire , qu'il eft plus rond par la quille, & plus étroit de bordage. BOUCHOIR. f m. Terme de Boulanger & de Pâtlifier. Operculum. C'eft une grande plaque de fer, au mi- heu de laquelle il y a une poignée , & qui fert à bou- cher le four. Mettre le ^oz^<:Àoir_,ôter, tirer le boi/ckoir, BOUCHON. (. m. Ce qui fert a boucher quelque chofe. Obturamentum. Les bouchons de liège d'Angleterre ou de verre, bouchent fort jufte, & empêchent que les efprits les plus fubtils ne s'exhalent. Bouchon , fe dit auilî d'une poignée de foin , ou de paille qu'on tortille, &'dont on frotte un cheval, après l'avoir hûWé. Stramineus ^feu fœneus peniculus. Bouchon de Taverne jcA auftî un ligne qu'on met à une mailon pour montrer qu'on y vend du vin à pot. U eft fait de lierre, de houx, de cyprès, ôc quelquefois d'un chou. Ramus viridis , Hedera penfiiis vini venalis index. Les Taverniers payent un droit de bouchon. Ce mot pris figutément lignifie le cabaret même, & le lieu où le vin fe vend à pot &c à pinte. Taberna. A.infi l'on dit d'un ivrogne , qu'il va de bouchon en bouchon. Bouchon J en termes de Jardinage, fe dit d'un paquet de toiles filées par les chenilles, & dans lelquelles ces infeétes fe confervent pendant l'hiver. Erucarum re- ceptaculum 3 involucrum. Bouchon , fe dit aulîi de ce qui eft ramalfé , frippé. Fafciculus incompqfitus. Il a mis tout Ion linge , fes habits en un bouchon. Bouchon, eft aufti un terme dont on fe fert en carcP- fant les petits enfans de baife condition. Mon petit cœur , mon petit bouchon. Corculum , animula. Il eft populaire. Bouchon. Sotte de laine d'Angleterre , ainfi nommée parce qu'elle eft tournée & pliée en des efpèces dc paquets ou bouchons aftez femblables à ceux qui fer- vent à bouchonnet les chevaux. On dit proverbialement qu'à bon vin il ne faut point de bouchon , pour dire, qu'une maifon où il y a de bonne marchandiie eft bien-tôt achalandée. BOUCHONNE, f f Terme de carefle , comme qui diroit, ma chère enfant, mon petit cœur. Ne crai- gnez rien, ma bouchonne j, vous m'aviez enlevé mon .imantimais je (uis déjà vengée, puifqu'il vous a fa- ciifié à moi. Regnard. BOUCHONNER, v. a. Frotter un cheval avec un bou- chon. Defricare equum. Bouchonner , fignifie aulîî, mettte du linge, des habits en un bouchon , les chiffonner. Multa incompojlta. congerere. Bouchonner , fe dit auftî dans le ftyle^bas & comique, pour cageoler, faire des caielfes. Blandiri ^ procari. Sans cejfe Jour & nuit je te carejferal j Je te bouchonnerai, baijerai , mangerai. Mol, BOUCHONNÉ , ÉE. part. $Cr BOUCHOT. Terme de pêche. Efpèce de parc que l'on fait avec des claies fur le bord de la mer, pour y prendre le poiftbn. ^u fujet dc ces bouchots ^ il y a des règlemens dans le Titre III du Livre V de l'Or- donnance de la Marine. Septum. BOUCIQUANT. Vieux mot qui fignifie, mercenaire, qui fait tout pour de l'argent. Mercenarius. BOUCLE, f. m. Efpèce d'anneau de métal fervant i divers ufages, Orhiculus fibulâ injlruclus , fibula. Oa le dit particulièrement des ornemens que les femmes portent à leurs oreilles. Des boucles d'oreille font da liuu oS6 BÔU petits anneaux d'or, ou de cuivre garnis de dîamans, que les femmes attachent à leurs oreilles fans aucuns pend ans. ~' Ce mot vient du latin bucula. Ménage. Bucula le trouve dans la baiîe latinité pour la partie du bou- clier, dans laquelle or. pafloir le bras. De boude 3 ou de h-^cnl.i y les Grecs modernes cntaullî fait t'y-ha. , qui iigi-iifie l.i même choie chez eux. Etienne Guichard tire houclc de 1 hébreu Vn^. Kebel ^ tranfpofantles ra- dicales en "733, 5e,fe/j d'où boucle, félon lui, peut être dérivé en françcis^ mais il y a peu d'apparence. BoticiE , fe dit aulli de ces anneaux^ ronds & carres qui ont un ardillon au milieu , qui fervent à tenir quel- - que chofe attachée 6c ferrée. Des boucles de fouliers, àf. baudrier, d'un ceinturon. Les boudes d'une fan- gle, d'une étrivière. Les bcudcs ou agraphes du Taber- nacle de Moyle croient d'or. Boucle, fe dit par extcnfion des anneaux que font des chevei'A frifts, foit avec le fer, foit avec les papillo- tes. Cincinni. Perruqun frifée à grolles boucles. Friier à,grandes, à petires boucles. Boucle , fe dit *aullî des gros anneaux de fer ou de bron- ze qu'on met à des portes , qui fervent à les fermer, & à y heuicer. Annulas. On le dit au'.îî de ces petits anneaux de fer dont on faifoit autrefois des jaques de maille. Boucles, en Architeûure , font de petits ornemens en forme d'anneaux lacés lur une moulure ronde. Boucle , en rermes de Marine, lignilie clef ou prifon. Mettre fous boude , tenir fous boucle y c'eft mettre ou tenir fous clef, ou en prifon. On a mis ce matelot fous boucle. Les Capitaines doivent arrêter & tenir fous boude les foldats & compagnons coupables de crime, pour au retour les hvrer à la JutHce. Boucle , fe dit auffi de ces anneaux de cuivre qu'on • mer aux cavales qu'on veut empêcher d'être faillies. AcAD. Fr. BOuCLEMEI--jT. f m. A6lion de boucler, par laquelle on boucle , pour empêcher la génération. Dionis fe feit de ce mot. Voyez le Didionnaire de James, au mot Infibidat'io. Siz. BwUCLER. V. a. Mettte une boucle , attacher avec une boucle. Flbulare ,fibulâ afiringere. Boucler fes fnilicrs. Boucler une jument. Terme de haras, fermer l'entrée du vagin avec un anneau de cuivre. On boude les jumens quand on veut les empêcher d'être couverte';. BouciER des cbeveux, les mettre en boucles, leur don- ner la forme de boucles. Calamifil'iire j in cincinnos torqucre. Boucler un ^o'fj c'eft en fermer rentrée. Pr<£c/.'^û't'ro!, On dit aulîî Ao/y^7r^. BOUFFANT , ANTE. adj. Qui bouffe, qui paroît gon- flé; ce qui fe dit fur-tout des étoffes. Une cioSt bouf- fante, une garniture boudante ,(\w\ a allez de confil- tance pour ne fe pas aplatir, qui (e loutient d'elle- même. BOUFFE, f. f. Enflures de joues. Bucca. Terme popu- laire. Donner fur la bouffe. On appelle proprement bouffe, la partie intéiieure delà joue, qu'on enfle de vent quand on veut , la petite éminence formée parla rencontre des deux lèvres. On diloit autrefois buQ^e , pour dire, unyow^e;^; & buffeter , pour dire , foufflc- ter ; mot qui vient de l'italien hu^a , qui fignifie cette partie du cafque par où on ixfpire. Du Gange. BOU BOUFFÉE, f. f. Petite agitation de l'air, & paftagère , qui femble venir du fouftle de bouche , tel que les Peintres & les Poètes le dépeignent fortant des joues enflées d'un vent. J'entiflatus. On le dit aulli du feu, delà fumée, «Se des maladies qui ne durent pas. C'eft en général l'adion iubite & paflagère d une choie. Une bouffée de fièvre , un accès de fièvre qui n'a point de fuite. En parlant d'un homme qui ne s'adonne aux chofes que par boutade & par intervalle , on dit figurément, qu'il ne s'y adonne que pa.ï: bouffées. On dit dans le même i'cns, bougées d'humeurs, bouffée Ac dévotion. Je ne puis jamais oublier cette bouffée de Philofophie que vous me vîntes fouftlerici la veille de votre départ. Mad.de Sév. Tout cela eft du ftyle fa- milier. Bouffée, fe dit aufli des perfcnnes, mais en mauvaile part. Halitus. Il lignifie un louftle qui fort de la bou- che de quelqu'un. Il fort de la bouche de ces ivro- gnes de vilaines bouffées. BOUFFEMENT. f. m. Vieux mot. Souffle. Haluus. Encore à peine on peut , quand s'évertuent , ( les vents. ) Y'réfijler , qu'ils ne rompent & ruent Le monde ju'^ par hou&:emcns aufièrcs. Marot. BOUFFER. V. a. Enfler les joues exprès & par jeu. Bue- cas infiarc. En ce lens il n'a guère duiage. fCF Bouffer de colère^ fe dit familièrement de celui qui témoigne fa colère par la mine qu'il fait. Cet homme bouffe de colère. Iram vultu prodere , teflari, iram prm. fe ferre , gerere. ^CT Bouffer, fe dit plus ordinairement , pour marquer l'effet que font certaines étoffes qui (e (outiennent d'elles-mêmes , qui le courbent en rond au lieu de s'a- platir. Tumere. Ce ruban bouffe. Les étoffes neuves bougent. Les Bouchers qui fouftlent la viande , nomment cette adtion bouffer , auquel lens il eft aéVif. Inflare. Bouffer un bœuf. Bouffer un veau. Bouffer un mou- ton. Bouffer un agneau. Le peuple le dit aulH en quelques Provinces poui fbuffler, en quelques matiè- res que ce loit; bouffer le feu, bouffer la chandelle ; mais c'eft très- mal parler. Bouffer, v. a. Vieux mot. ChalFer. Villon, en parlant des pcrfonnes mortes , a dit , De cette vie font bouffés. BOUFFETTE. f. f |K? Ce mot fignifie une petite touffe. On le dit particulièrement dune houpe qui pend fur le nez & à côté de la bride d'un cheval de harnois. Floccus , fiocculus. BOUFFÈTE. TermedeMarinc. C'eft le nom qu'on donne à la troificme voile du grand mât des galères. ^fT BOUFFIR, v. a. Synonyme d'f/z/^tT , avec ccttedif- férence qw'cnfîer a un lens plus étendu, & s'apphque à pluheurs choies; au lieu qucbouffirnc fe dit au pro- pre que des chairs, pour marquer l'enflure caulée par quelque indilpolition. Tumefacere. L'hydropifie lui a bouffhont le corps. Cette maladie luia bouffi le vifage, les jambes, le: cuillcs. fjiC? Dans ce lens il eft aullî neutre. Le vifage lui bouffit tous \cs joans. J/itumefcerc , tumefieri. On le dit encore des harengs c]u'on fait dcflaler,&: qu'on laifle bouffir à la cheminée , les faire renfler. BOUFFI, lE. part. & adj. Tumidus , turgidus , tumens^ Vifage bouffi. Vil. Wz'^zw'^bouffi. On le dit figurément des chofes lpiiituelles& morales. C'eft unetpriti^o;/^ d'orgueil & de colère. Cet Orateur a le ftyle bouffi ; pour dire , enflé , plein de gr.ands mots , & qui frife le ealimathias dc le phœbus. BOUFFISSURE, f. f. fO- Enflure dans les chairs, eau- fée par quelque indifpofition , parun empêchement de quelque férofité. .. Tumor. Cela me fit examiner avec attention fi , en reten.ant la lefpiration, & en fe courbant fur le côté oppofé , il ne paroifloit pointquel- que bouffi ffiure au cê)té malade. Duverney fï/s , Açad. dcfSc. 170^. Mcm. p. /7^. Les hydropiques BOU à qui on vide de l'eau à-peu-près comme l'eau de ri- vière , qui ne laiffe poin: ou que peu de fcdimenc après l'évaporarion, meurent pour l'ordinaire, car leur ven- tre s'entie en peu de temps , & la èouffijjure extérieure augmente & durcit. Id. f. i jS. ^CF On dit iîgurcment houffijfure du ftyle, défaut d'un flyle empoulé. Koye-[ cemot. BOUFFOIR. f. m. Prononcez BOUFFOI. Ce terme de Rôtiireur , qui veut dire un petit inllrument de cui- vre, qui eft grand & gros comme une lardoire , quieft percé par les deux bouts , dont on met l'un dans la par- tie de l'agneau qu'on veut bouffer , & dont on tient l'autre dans la bouche , afin de pouvoir fiire palier fon vent julqu'à l'agneau qu'on boufte. fer BOUFFON, f. m. Plaifant de Comédie , qui diver- tit, qui fait rire les gens par les plaiianteries , par (zs quolibets. Mimus ^fcurra ^fantiïo ,fannïus. Les meil- leurs bouffons fe trouvent à la Comédie italienne. ^3" Bouffon, le dit aulli de celui qui bit profedionde dire ou faire des chofesplaifantespour faire rire les au- tres. Scuirans , fcurra. C'elf un bon, un excellent , un froid , un plat bouffon. C'ell un ennuyeux perfon- nage qu'un mauvais plaifant , & un bouffon infipide. C'eft une qualité qui tient lieu de mérite à bien des gens. En vain par fa grimace un bouffon odieux . A table nous fait rire j & divertit nos y eux. Bcil. ^CJ" On dit d'un homme qui aime à faire rire la com- pagnie, qu'il ie plait à faire le bouffon. On dit aullî d'une femme qui eft de même humeur, qu'elle fait la bouffonne; bc on dit par carelle à une pe- tite fîlle gaie & enjouée, que c'eft une ^cûizbouffonne. Servir de bouffon j c'cH être un iujet de moquerie, de rifée. Dans ce fens, un homme qui voit qu'on le moque de lui , dit je vois bien que je 1ers ici de /^o^/- fon. Je ne prétends pas vous iervir de bouffon. Bouffon , ie prend quelquefois adjectivement, tant au malculin qu'au féminin. Scurrilis y mimicus. Il a fait un dil cours , un conte bouffon. C'eft une humeur bou- fonne. C'eft un bouffon pcrlonnage. Il a la mine bouf- fonne. Aux accès infolcns d'une bouffonne /oie j Lafa^effe, l'efprit, l'honneur furent en proie. BoiL. Q^uefl devenu cet air ^ ce langage bouffon , Dont tu charmais nos yeux & nos oreilles ? Auroit-on volé tes bouteilles y Ou jette tes muidsfur le fond. Quelques-uns dérivent ce mot d'une fêre qui fut inftituée au pays d'Attiquepar le Roi Erecthée, à l'oc- cafion d'un Sacrificateur nommé 5«^ /io/z j lequel après avoir immolé le premier bœuf fur l'autel de Jupiter Polien , ou Gardien de la ville , s'enfuit fans Iujet , fi foudainemcnt, qu'on ne le put arrêter, ni le trou- ver , lailîant la hache & les autres uftenlîlcs du facri- fice par terre. On les mit entre les mains des Juges pour leur faire leur procès, qui jugèrent la hache cri- minelle, & le refte innocent. Toutes les autres années fuivantes on fit le facrifice de la même forte. Le Sacri- ficateur s'enfuyoit comme le premier, &la hache étoit condamnée par des Juges. Comme cette cérémonie de ce jugement étoient tour-à-fait burlefques , on a appelé depuis bouffons & bouffonneries , toutes les autres momeries & farces qu'on a trouvées ridicules. Cet hiftoire elf rapportée dans Cœlius Rhodiginus , Liv. 7 j chap. 6. Ménage, après Saumaife, dérive ce mot de buffo. On nommoit ainfi en latin ceux qui paroiffoient fur le théâtre avec des joues enflées pour recevoir des fouftlets , afin que le coup faifant plus de bruit , fit rire davantage les fpedrateurs. Voffius eft de même avis , & dit que bouffer fignifioit autrefois enfler & fouffler ; d'où vient qu'on dît bouffi d'orgueil, queles habits bouffent j &une bouffée de vent. Il tire de la mê- me origine le mot fouffiec, qu'on appelle aulli un luffe. BOU 9 8p BOUFFONNER. v.n. Plaifanter, faire des actions bouf^- fonncs, loir fur le théâtre peur divertir le peuple, foic dans les compagnies par enjouement, (Se pour exciter à rire. Scurrari ^fcurriliter ludere. Il le prend toujours en mauvaife part , à moins qu'en n'y ajoute quelque adouciffement: comme c'eft un homme gai, enjoué, qui bougonne agréablement. BOUFFONNERIE, f. f Action ou parole pour faire rire ; chofe bouffonne ,plai(anterie. Mimicus jocus Jcenica. dicacitas. Une méchante bouffonnerie. Une agréable bouffonnerie, BOUFFONESQUE.adj. m. & f. Lepidus , jocularis „ ridiculus. Naudé s'elf lervi de ce mot dans fon Maf- curat , peur dire ,plaifant, agréable ^ burUfque. Après avoir donné carrière à fon humeur plailante & bouff'o- nefque j il fe mit tout-à-fait dans la férieufe. Naudé n'eft pas un Auteur à fuivre. BOUFFRON. f. f. Sepia. Poilfon de mer. Foy. SècHE, c'eft la même chofe. \ BOUGE, f. m. Petite chambre ou cabinet qui accompa- gne une plus grande. Cellula. Les chambres des mai- fons garnies font accompagnées d'un bouge pour cou- cher un valet. Il lignifie aulli une chambre^ unçmaifon extrêmement mal-propre. Avez-vous vu l'endroit oùil loge? C'eft imvrai bouge. Et le clerc qu'on députe aux Ducs j aux robes rouges j I^'a jamais inventé ni boutiques j ni bouges. L'Abbé de Villers." Du Cange dérive cemot de /-«^itij qu'on a dit dans la bafTe latinité : pour dire , une maifonfort petite. Bouge, en termes de Charpenterie , figiiifie une pièce de bois qui a du bombement, & qui courbe en quelque endroit. Arcuatio. Bouge. Termede Potier d'étain. C'eft le demi-cercle qui eft autour du fond de l'alllète. Bouge. Terme de Tonnelier. Le milieu de la futaille, & la partie la plus élevée. Umbo. ■4<îr Bouge , terme d'Orfcvrc en grolferie , eft un petit cilclct ainfi nommé , parce qu'on s'en fert pour tr.i- vailler fur les petites patries d'un morceau où le mar- teau à bouge ne peut entrer. Encyc. ^Cr' Bouge, le dit aullî de la partie du chandelier qui commence à la poignée , & qui defcend fur le pied en s'évalant. Villon s'eft fervi du mot de bouges , pour lignifier l'habillement que nous nommons haut-de-chauffes &Z culotte. Je donne l'envers de mes bouges Pour tous les matins les torcher. Bouge , f. f. fignifie aufîî la même chofe que hougette ," & en ce fens Pafquier, B.ech. Liv. VIII ^ ch. ^j le dérive de Bulga. Nous difons encore qu'un homme qui s'eft fait riche, a bien misdedans fes bouges ; pour dire , dedans fa bourfe. Pasq.. Ce mot n'efl plus en ufage. On nomme encore d^la forte fur les côtes de Gui- née & dans quelques lieux de l'Afrique avancés dans les terres , cette elpèce de coquillage blanc qui vient des îles Maldives , qu'on nomme aux Indes Orientales des coris y ou caurisj Se qui fervent de menue mon- noie. Bouge, f. f. Sorte de mauvaife poire qui fe mange an mois d'Odobre. Elle fe nomme autrement ben, ou la poire de Légat. La Quint. Bouge, f. f. Terme de commerce. Efpèce d'étaminefine, blanche & claire, dont on fait les chemifcs de la plu- part des Religieux qui n'ufent point de chemiles de toile. BOUGEOIR, f. m. Petit chandelier fans pied qui a un manche , une queue, ou un anneau , pour le porter à la main , & où l'on met une bougie. Cerarium. C'eft le plus ancien des Aumôniers d'un Prélat qui porte le bougeoir qwTAvl il officie. Bougeoir eft aullî une forte d'étui , où il ferre la bougie. Tach. 990 BOU EouGEOiRjfeditauiri particulièrement de ce petit chan- delier d'or , qu'un valet de chambre porte au coucher du Roi , & que le Roi, lorfqu'il fe deshabille , fait donner par dillinccion à quelqu'un des Courtilans. Le Roi fit donner le bougeoir a un tel Seigneur. BOUGEON. r. m. Vieux mot. Flèche qui a une tête. Ip" BOUGER. V. n. Qui s'emploie ordinairement avec la négative. Se mouvoir du lieu où l'on eft. Movtrcjc , moverc fe loco. Si vous bouge\ , vous me défobligerez. Ne hougei pas, je vous prie. Loifque les foldats^ de Céfar virent que les amtes ncbougeoienc , ilss'arréte- tercnt d'eux mcmcs. L'armc'e ennemie s'avançoit au pe- tit pas, & la nôcre ne bougeait. Ablanc. Bouger , s'emploie avec une négation , pour figniner qu'uneperfonneeft fréquemment dans un lieu, qu'elle n'en fort prelque point. Confijlere. Ce badaut n'a ja- mais bougé Ac Paris. Cet homme n'a jamais /'t>«^e du coin de Ion feu. Ce débauché ne bouge du cabaret. Il ne bouge d'auprès du Roi. Il ne ^oz/^e d'avec les Da- mes. Voit. /IJfiduus eji. &c. fe^ L'Académie françoife , dans fes fentimens fur la Tra- gi-comédie du Cid , obferve que bouger ell devenu trop familier. BOUGETTE. f. f. Petit fac ou poche qu'on porte en voyage. 5///^ £î. Nonius l'appelle /Izcctt/^j ad brachïum pendens. Fompeius Feftusdit qacbu/ga étoitiin mot gaulois , & l'interprète faccus fconcus. Les Alle- mands l'appellent encore aujourd'hui bu[gen,&i les An- glois bolgan. Bougettes'cd formé de bolgette , félon notre coutume de changer la lettre / en u. Voyez Clu- viER, Cerm. Ant. L. I^ p. jo. \-e.vi\oibougettet^ un diminutif de bouge, qui fe difoit autrefois dans le même fens. Henri Etienne , de latinitate falsèfufpccla. c. S , pag. jjy , obferve qu'on ditoit de (on temps, U a bien rempli fes bou- ges ; pour dire, il a fait un gros gain. Voyez encore ci-defius Bouge. On prononçoit dans les commence- mens boulge, de bu/g a , mot fort connu chez les La- tins , & dont la lignification eft ii bien exprimée dans ces quatre vers du Poète Lucilius. Cui nequejumentum ejl , necfervus ,nec cornes ullus , Bulgam & quicquid habetnummorum fecumhabetipfe : Cumbulgu cœnat, dormit , lavât : omnis in unâ Spes hominis bulgâ, hâc devinclaefl c&teravita. BOUGIE, f. f. Chandelle de cire pour éclairer les cham- bres. Cereus. Chez le Roi on ne brûle que de la bou- gie. On donne de la bougie en préfent en plufieurs Communautés. Ménage croit que ce mot vient de la ville de Bugie, en Afrique , d'où on apporte beaucoup de cire. Et cela eft plus croyable que ce que dit Guichard , que bou- gie vient de p^S, abac , ligo , d'où fc forme ifpl^ï?, abouca, qui eft expofé fafcis , virga cereata , c'eft- à-dire, bougie, menue chandelle de cire, linum cerea- tum j comme de abouga. On appelle aufll bougie , une très-petite chandelle de cire donr les pauvres gens le fervent pour faire des offrandes. Filum modicè ceratum. Une bougie d'un double. On appelle un pain de bougie , une menue chan- delle de cire, & qui eft tortillée en façon de paiH,pour la tranfporter plus commodément. Fili incerati maf- fula. Bougie. Terme de Chirurgie. Candela , feu virga ce- reata. C'cft une petite verge cirée , faite en façon de cierge, qu'on introduit dans l'urètre pour le dilater & le tenir ouvert , ou pour confumcr ce qu'on appelle Louqueran , & qu'il vient de boqueranus , bucaranum > & buchiranum , qu'on a dit dans la balle latimtc en la même fignifi- cation. BOUGRANEE. adj. f. On appelle une i6Ae.bougranéei celle qui a été apprêtée , & inifc en Lougran. BOUGRANIÈRE, adj. qui n'cft u.ùre qu'au féminin. C'eft le titre qu'on donne aux Lingèics dans leurs Let- tres de maitrile. On les appelle /7iij/rrt//ej Lingères, Bougranières j Cunsvcjfières. BOUGRE , ESSE. i. m. & i. Sodomite , non ccnformifte en amour. Sodoniita. Terme prolcrit paim.i les hon- nêtes gens. Quelques-uns prétendent que ce mot vient des Bulgares , qui étoient fort attachés à l'amour des garçons , & que les vieux Auteurs appellent bougres , comme leur pays Bougrie, pour Bulgarie. D'autres, parce qu'on brûloir les coupables du crime de non- conformité, de même que les hérétiques qu'on appe- loit bougres. On voit à la Chambre des Com.prej un don de l'an 1473 , fait à un Rehgieux Inquiliteui des Bougres & Albigeois. Les A.lbigeois furent appelés Bulgares , parce que c'eft de Bulgarie que cette er- reur fe répandit dans ce pays-ci i & de Bulgare, on fit Bougre. Rochefort prétend que ce mot vient de Ba- goas favori d'Alexandre •■, mais il n'y a point de vrai- femblance •■, Si l'autre étymologie parok fûre. f^oye'^ M. de Marca , Hif. de Béarn , Liv. FUI , p. 72S. {0° BOUGUES. On appelle ainfi, en balle Normandie, des lieux (ablonncux au bord de la mer, don: le ia- ble eft mouvant. Les hougues de Quencville, les hou- gucs de Ramenouville , àc. Ce mot vient de i'angljis îaxon bog , qui fignifie une terre maiécageufe & mal alfurée, qui engloutit les paffans. Bogge ^ mollieres y frondriere. Huet. Orig. de Caen. ^ BOUGUIS. Province de l'île deCelebes, dans l'O- céan Indien. C'eft une louveraineté particulière , à l'o- rient du Royaume de Macaifar, Boné en eft la capitale. BOVICIDIES f. f. pi. Sacrifices où l'on immoloit des bœufs. Bovicidia.W oyez Taurobole. BOUILLANT , ANTE. adj. Qui bout. Fervens. Eau bouillante. On failoit mourir autrefois les faux mon- noyeurs dans de l'huile bouillante. Cela fe pratique en- core en Flandre. On dit aulîi d'un bain, d'un breuvage trop chaud, qu'il eft bouillant. Bouillant , fe dit aulîî au figuré , & fignifie , chaud , at> dent, vif j pïompx. Fervidus , fervens. Un efprit/io/ti/- lant. Il faut laitier palfer X'zïàtm bouillante de la jeu- nelîe. Il y a des gens dont l'humeur eft chaude Scbouil- lante. Abl. Il eft tout bouillant du défir de la gloire. U eft trop bouillant & trop emporté. Tout bouillant de vin & de colère. Boil. Les tempéramens bouillons & impétueux rompent toutes les iTiefures de l'amirié. S. EvR. Un jeune homme toujours bouillant dans fes caprices ^ EJl prompt à recevoir l'impreffwn des vices. Boii.. Achille déplairait moins bouillant & moins prompt. Id. Quand lefang bouillant dans mes veines Me donnait de jeunes défirs. Malherbe. On appelle S. Martin bouillant ^ la fête de Saint Martin qui vient en été. B O U BOUILLARD. C. m. Quelques uns nomment ainfi fur la mer, certain nuage cui donne du vent&ide la piuic. Nuhes 1 cntorum ac yluxïn prAnuncïa. \ BOUILLE, f. f. Terme dépêche. C'eft une longue perche grclle (:'ar le bout en furmc de rabot , cui Icit a remuer la vafe & à ttcubler l'eau , afin que le poifFon entre plus facilement dans icshlets. ^^ Bouille, eft auiL' le nom d'un vaifTeau fcrvantdans les (alincs à mcluier du charbon ou de l,i braife. BOUlLLE-COfONlS , B^UILLE-CHARMAIY. Ce font deux elpèces de ces latins des Indes, qu'on nom- me en général des Atl.is. Bouille. Droit qui le paye en Rcuirillonpourla marque des draps, & autres etjftcs de laine. i?o«i//tf ledit auili de 1 empreinte ou marc^iie qui fe met par les Commis à chaque pièce de drap ou autres étoffes de laine décla- rées au bureau des fermes du Roi. BOUILLER. V. a. Se (ervir de bouille pour remuer la vafe &c en faire lortir le pcilfun afin de le fane entrer dans les filets. ZiOTiiOTiT^'i^t^re. L'Ordonnance des Eaux & Forêts défend aux Lecheurs de houilUr , de le 1er vit de bouilles &• de rabots dans leurs poches. Bouilles, une étoffe : c'eft la marquer de la manicre ré- glée par les arrêts & déclarations du Roi. L art. 299 du bail des Gabelles , ëc autres droits réunis , porte que dans le Roullillon , tous les Marchands , Ouvriers âc Faéteurs de drap, & autres étoffes de laincduditpa\s, feront tenus d'en faire leurs déclarations aux plus pro- chains bureaux, & de les faire /(Jw^/'/er ou marquer de la marque de l'adjudicataire, conformément au Rè- glement de i6j3 , & icus les peines y portées. ter BOUILLE, EÉ.parr. royt^ Oou.ller. BOUILLI, f. m. Voye^ le participe de Bouillir. BOUILLIE, f. f. C'elt une lorte de mets préparé pour la nourriture des enfans, qui ne peuvent encore ma cher ni digérer les viandes. Puis. Elle fe fait avec du lait & de la farine délayée uillir trop long temps , qui fent trop cuites , & qui font une efpèce de bouUlie^Qc chapon efl fi cuit , que ce n'eft plus que de la bouïllie. On fait bt uillir les peaux des pieds de bœufs jufqu'à ce qu'Us (oient ré- duits en bouillie. On dit proveibialement , faire de la bouillie pour les chats-, pour dire, faire une choie qui fera inutile. BOUILLIR. V. n. Fervere , bullire. Ce verbe le conjugue ainfi. Je bous ^ tu bous , il bout. Nous bouillons ^vous bouille:^ , ils bouillent. Je bouillois. Je bouillis. J'ai bouilli. Je bouillerai. Bous. Quçjebouillijje. Je bouil- Urois. C'eft le renfler, fe gonfler, fe raréfier, foit par la chaleur naturelle de la fermentation. Vo\e^ Fer- mentation -, foit par un fcuaCluel qu'on applique au- delfous de quelque liqueur. Le vin , le cidre bouillent dans les tonneaux en fermentant. La chaux vive bout quand on l'arrole d'eau, /^o) eç Chaux. L'eau bout fur le feu. Il y a des lacs qui bouillent (\\im-\A il doit ar- river quelque orage. Les particules du feu pouftees en tourbillon avec une grande vitelTe, palîentà travers les pores du vaif- feau , &: le mêlant avec la liqueur , communiquent leur mouvement a les parties. Cette action continuée rend le moU' ement du fluide plus violent. Les parti- cules du teu venant à frapper fur celles du fluide qui font au fonds du vaiffeau les poulfent en haut, pen- dant .:iue celles du haut defcendent vers le fond : ce qui fait un flux continuel du fluide du fond vers le haut, & du haut vers le fond du vaiffeau. L'eau froide , dans la machine pneumatique , pa- roit '■ouillir , quand on a pompé l'air, parce que l'air renfermé dans les inteftices de l'eau , n'étant plus prelTé pr I air exrérievi', fe dilate , fe dégage avec force , fouleve l'eau, & produit une efpèce d'ébullition. BOU ooî f BouittiR,fedit d'un vailfeau dans lequel eft la liqueur qui /î-ci^r, & -des autres clu-res qu'on met dedans pour les cuire ,ou>pour les épailiir. La maimite bout, iane bouillir. Feryejacere. On rait bouillir la viande pour faire de la foupe. On tait bouillir du miel , du lucre, du luop, pour lui donner une conhftance plus épaille. On dit figurémenr des gens courageux «Si^ardens , que leur lang kur bout dans les veines. On le dit aulîî de ceux qui lont encore dans la vigueur de leur jeu- nefl e ; ce qui fait due a Malherbe ; quand le fang boud- loit dans mes veines , je, 6c. Ceux à qui la chaleur ne bout plus dans les veines ^ En vain dans les combats ont des foins diligens. Mars ejl comme l'amour ,f es travaux ti f es peines ^ Veulent de jeunes gens. On dit encore de ceux qui fort expofésà la grande ardeur du loleil , que la tête, que la cervelle leur bout. C;n dit encore de celui qui eft agité de quelque vio- lente paillon d'amour, de colère, & fur-tout d'impa- tience, qu il bout de rage , de vengeance j & abfolu- ment qu il bout. On dit proverbialement il me femble qu'on me bout du lait; pour dire, qu'on le moque de moi. Dans cette phral^ /^oi/i/Z/r eft employé adivemcnt. On peut aulîi s en fervir dans un fens favorable , pour fignifier , fane plaifir à quelqu'un , lui dire des chofes agréables. Loin de le fâcher , ceft lui bouillir du lait. Cn dit qu'un homme n'eft bon ni à rôtir ni à bouillir; pour dire , qu'il n'eft propre à rien , que c'eft un homme inutile. On dit aulli d'un profit qui vient journelle- ment, que cela lait bouillir\-x marmite. Mainardadic tjue le feu des vers n'eft point propre à la faire bouil- lir^ c'eft-à dire , qu'ilne peut fournir à la dépenfe de la maifon. Toutes ces exprellîons font populaires. BOUILLI, lE. part. & adj. Ce qui a bouilli. Decoclus. L'eau bouillie pccd (es cmdkés. Bfluilâ j en parlant des viandes qu'on a fait bouillir dans l'etiu. Elixus.Lz viande bouillie eft plus ailée à digérer. Pouilli fe prend aullî lubftantis'ementpour la viande qui a bouilli dans l'eau. Elixum. Le bouilli »ft un aliment lucculent & nourrilfant, fur-tôut celui du bœuf. On appelle proverbialement un vilage de cmx bouilli, un homme qui a le teint noir, le cuir épais & rude. On dit aulfi , pour méprilerun mets mal apprêté, rôti, bouilli, rrainé par les cendres. BOUILLITOIRE. f. m, terme de monnoie. Donner le bouillitoire ; pour dire , jeter les flans dans la bouil- loire , &: les faire bouillir pour les nettoyer jufqu'à ce qu'ils loient devenus tout-à-fait blancs. Ce mot eft aulîi féminin. Donner la bouilluoire. BOUILLOIRE, f. f. Vaifleau de cuivre ou d'autre mé- tal, propre à faire bouillir de l'eau. Bouilloire. 1. f. Terme de monnoie. "Vaiffeau de cuivre dans lequel il y a de l'eau bouillante avec du fel com- mun &: du tartre de Montpellier, ou gravelée , & ori l'on jette les flans que l'on a lailfés refroidir dans un crible de cuivre rouge , après qu'ils ont été allez re- cuits. Vas monetA expurgandx, comparatum. On les fait t)ouillir dans cette bouilloire pour les décralfer , après quoi on les jeté dans une autre bouilloire remplie de même que le premier , où on les fait encore boui"ic pour achever de les nettoyer. BOUILLON, f m. Partie qui s'élève en rond fur la fur- face des liqueurs échauffées , loit par la fermentation naturelle , foit par le feu. Unda. Le pot bout a gros bouillons. Il ne faut que deux ou trois bouillons pour faire de la tifane. Cela fe dit des chofes qu'il ne faut pas faire bouillir long-temps. |.Cr BouiLLON>le dit aulîi de la liqueur qui a long-temps bouilli avec de la viande , des herbes eu autre choie, pour fervir enfuite d'aliment. Bouillon fucculent,nour- riflànt. Mettez du bouillon dans ce potage. Jus. On dit auflî , prendre un bouillon ; pour dire , pren- dre une portion de lue de viandes ou d herbes. Cet homme ne vit que de bouillons, eft réduit aux bouil- lor.s. On prend aulîî des bouillons pour fe rafraîchie , 6c conferver fon embonpoint. 9P2 BOIT l^ Dans les louïHons pris comme remèdes , on em- floie des plantes donc la qualité eft appropriée à état des malades. On les appelle boudions médica- menteux. |tC? On fliit aulfi des bouillons de poifTons , de tan- ches, &c. dont les fucs fe digèrent plus facilement que ceux des viandes , & qui font d'ailleurs plus ra- fraichillans, ^CT" On dit aufli , qu'on a donné le kouUlon à quel- qu'un, pour due, qu'on l'a cmpoitonné. On appelle par une exprcllion burlelque &: métaphorique , bouil- lon pointu , un cliftèrc. Bouillon , fe dit encore d'un jet d'eau qui ell alTez gros ; mais qui retombe incontinent après qu'il cfl: for- vi du tuyau , comme s'il lortoit d'une fourcc. Unda- Tuni erumpcntcs globi. On fe Icrt de ces jets d'eau pour garnir des cafcadcs , rigoles , gargouilles , &c. Bouillon , fc prend quelquefois pour les agitations de l'eau &c de la mer , ou l'écume que produifent ces agitations. Les bouillons de la mer agitée. On dit en ce dernier fens, que le fang lort à gros bouillons d'une plaie -, pour dire , qu'il fort avec im- pétuofité, ou en abondance. Sire 3 mon père efl mort : mes yeux ont vu fon fang Sortir à gros bouillons de fon généreux flanc. Corneille. On dit hgurément, les bouillons de l'âge. Atatis fervor. Les bouillons de la jeuneirc. Il faut arrêter les bouillons de fa colère. Modère les bouillons de ta mé- lancolie. BcnL. On le dit auiÏÏ, en termes de brodeur, d'une forte ■de cannetille d'or & d'argent très-briilante , qui fe coupe par petits morceaux , qui s'enfiie comme des perles , qu'on attache lur des habits en forme de bouillon d'écume. Crifpatum fegmentum. On appelle encore bouillon , certain cordon d'or ou d'aixent tiTullé en petites boucles ou anneaux. Aurei funiculi unddiis fri'js. On fait aulfi fur les habits àç.% bouillons :iMQCÀQi> .ubans ou autres ctcfFcs qu'on coud fort lâches, & en y confervant quelque enflure, ou gros plis ronds pour ,1a parure & pour l'ornement. On en tait auilî fur les meubles. ' Bouillon , en termes de Manège , eft une cxcroilTance de chair qui vient fur la fourchette du pied du che- val, qui efl: grolTe comme une ccrife , & fait boiter le cheval. Les chevaux de manège qui ne fe mouillent pas le pied , font plus lujets aux bouillons de chair que les autres. Guillet. Bouillon , efl: aullî un terme de Gabelles: c'eft: le nom d'une mcfure. f^oye^ l'art. 3 9 du tit. XIV de l'Ordon- nance pour les Gabelles. Bouillon. Sel de bouillon. C'eft le fel blanc de Nor- mandie. On l'appelle ainfi, parce qu'il fe lait en fai- fant bouillir de l'eau marine dans des efpèces de chau- dière de plomb. Bouillon. Ce terme eft aufli en ufage dans la pêche du hareng , pour fignificr une grande abondance de ce poiffon. On dit en ce fens , que le hareng pafle par bouillons 3 dans l'endroit de la Manche où eft lituéc Boulogne. ♦ Bouillon. Breuvage que le pauvre peuple fait en Picar- die , qui a beaucoup de rapport au choujjct des Turcs. BoviLLON. C'eft encore le nom d'ruie efpèce d'etaminc. Bouillon- jB /iîflc , ou Molène f. m. /'erbafcum j tapjiis barbatus. Plante bis annuelle, ou triennale. Sa racine eft ligncufe , blanche , de l'épaifleur d un poireau , plus branchuc , & chargée de quelques fibres menues & courtes. Elle jette quelques grandes feuilles de neuf pouces de long fur quatre de largeur, ovales, molles, étoffées, couvertes d'un duvet blanc, & crénelées fur leurs bords. La tige qui fort d'entie ces feuilles, s'élè- ve à la hauteur de quatre à cinq pieds, & quelquefois plus , fort velue , moelleufc en dedans , garnie de feuilles afFez près les unes des autres , pareilles à cel- les du bas , hormis celles qui embrairent la tige à de- mi par leur bafe,qui formenr des pans fur la tige; ce qui la rend ailée. Ses fleurs fout difpf^fées en épi. Cha- que fleur eft une rofetcc jaune, d'une feule pièce, dé- BOU ^ coupée en cinq quartiers arrondis. Elle eft foutenué par un calice à cinq pointes & velu. Ses étamines font jaunes & leurs fommets purpurins. Le piftil qui s'em- boîte, avec la fleur, devient un fruit , ou une café ovale , terminée en pointe , divifce en deux loges pat une cloiton mitoyenne , & renferme des temences me- nues, anguleufes &: brunes. Il y a pluheurs efpèces de bouillon-blanc } qui différent de celui ci , ou par la a>uleur de leur fleur, ou par la petiteife des mêmes fleurs, des tiges, feuilles, &c. Le bouillon-blanc eft eftimé peur les maladies de la poitrine , pour les maux de ventre, dans les dylTentcries, pour les mala- dies du fondement. C'ef1:une plante fort anodyne. On emploie les fleurs & fes feuilles. Bouillon de Conjlantinople. Terme de Fleurifte. C'eft une fleur qui élevé fa tige à deux pieds de hauteur, ou environ. Elle eft entourée de plufieurs rafles, qui s'étalant & pullulant, jettent quantité de boutons, qui étant ouverts forment une balle fleurie; &: ces fleurs, qui font pleines de feuillages rouges , reffcuiblent à des marguerites. Le bouillon de Conflantinople fleurit l'été, & dure long-temps en fleur. Il veut erre au fo- Icil , mais dans une terre grande & détrempée. Sa ra- cine fe taille par morceaux; & au commencement du printemps on le met dans des pots à la ptofondeur de deux doigts, & on l'arrofe bien. En hiver on le retitc en un lieu chaud; &: l'été, quand il eft en fleur, on le met à l'ombre , pour faire durer les fleurs plus long- temps , & les rendre plus belles. Bouillon. 'Ville dans le p.iys de Liège , avec titre de Duché , dont les dépendances font prefque enfermées dans le Duché de Luxembourg. Bullonium. BOUILLONNEMENT, f. m. Etat d une liqueur qui bouillonne. BulUtus , ebullitio. Le bouillonement du vin. Le bouillonnement du fang dans les veines. Le bouillonnement de ce lac a été le préfage d'une tem- pête. Le bouillonnement de l'eau procède du feu par le moyen de l'cxttême agitation de fes parties, qui mettent celles de l'eau en mouvement. Voy. Bouillir. Quand on met un peu de limure de laiton dans une grande bouteille où il y ait un peu d'eau- forte, l'on voit tout-à-coup un fi grand bouillonnement y que la bouteille paro'it toute pleine. Roh. Si l'on mêle enfem- ble de l'huile de vitiiol , & de l'huile de tartre, bien que chacune à part ne foit pas combuftible ,il arrive ce- pendant qu'elles acquièrent tout d'un coup un bouil~ lonnement incroyable , & en même temps un degré de chaleur alFez fenfible. Id. ^fT Bouillonnement, fe dit quelquefois en marine de l'agitation de la mer au bord du rivage. |Cr BOUILLONNER, v. n. Qui fe dit des eaux & àt% autres Hqueurs qui fortent, ouqui s'élèventpar bouil- lons , foit par la violence de leur propre mouvement, foit par l'aélion du feu , foit par l'aélion de quelque autre agent. L'eau bouillonne en fortant de fa fource, Uundante fcatebia emicare. Le fang bouillonne en for- tant de la plaie. L'eau bouillonne fur le feu. Ebullircy in bullas erumpere. Tout mon fang que noircît un fi honteux outrage^ En frémit de colère ^ en bouillonne de rage. Corneille. §^ Bouillonner, v. a. Terme de Boutonnier. C'eft en- joliver un bouton avec du bouillon, qui eft un fil d'or roulé fur un autre., le plus preffé qu'il fe peut , retiré dedeffus celui qui lui fervoir de patron. On dit aufli , félon I iger, le \in bouillonne, en par- lant de la fermentation du vin nouveau, quand on l'a mis dans la cuve , dans les muids , ou poinçons: mais apparemment c'eft dans l'Auxerrois qu'on parle ainfi; car ailleurs on dit, le vin bout. ^Jcr Bouillonner, fe dit quelquefois pour prendre des bouillons. Ce malade a bien bouillonné pendant fa maladie. C'eft un terme populaire. ^iCr BOUIN. île de France fur la mer Océane , entre les côtes de Poitou &: de Bretagne. (^ BouiN , eft aulli un bourg de France dans la Pro- vince de Farcz , près de la rivière de Lignon. BOVINES, ou BOUVINES. Ville du Pays-Bas d.ms le Comte EOU 'Coîiuc de Namur, fur la Meufe. Bovinitj Bovinia- cuin^ Bovïnium. Il y a aulil Voui-^-Bovlnes , bouigde Flandres , Inr la Marque, entre Lille & Tournai. La bataille de 5t)i7«« gagnée par Philippe Augufte con- tre l'Empereur Othon en 1113, ne le donna point à Bovines, mais à Vont-h.- Bovine s, comme le déclare Paul Emile par ces mots ; i/ ne huloicntpaslculemcnt du pain, mais plulit tirs for- tes de mers qui le font avec de la farine: cela paroit par le vcrlct 17 du même chapitre; Faifoient-ilsmcme proprement du pain? C'eft une queftion. LesSeocantc ne les appellent p.vs «froit»,.,, faifcuts de pain', mais «rjroVoiji, gens qui font des ouvrages de farine. Quoi- qu'il en ioir , les Boulangers pallerem de Grèce en ïta- he après la guerre de Macédoine, vers l'an ^83 de la fondation de Rome, ccirimc on l'a dit. Apparerjment ils étoient venus d'Alîe en Grèce. Les jQoa/r.v.-'Terj Cap- padociensétoientlcspluseftiniés, (clon Athénée, Lin JII , chap. I } , & après eux ctux de Lydie , &: dePhé- nicie. Dans les commcncemcns, lorfque le pain fe cui- loit encore au foyer, ks Boulangers n'étoienr pasdii"- fèrens des cuifinicrs ; & peut- erre qUp les Egyptiens même les CdH^X , O/'-^iw , étoient l'un & l'autre. De- puis très long-temps ils font diftingués. Aux Bou/an- ^c;-^ étrangers qui vinrent s'étabUr à Rome on joignit plulieurs ailianchis,& l'on en fit un corps, où , comme l'on pailJt , un Collège, dont ni eux, ni leurs enfrns ne pouvoient le (épater. Us avoient des biens en com- mun, dont ils ne pouvoient difpofer. Il y avoir dans chaque boulangerie un Patron qui en avoir l'intendance. Ces Patrons créoicnt tous les ans un d'entr'cux , qui avoit la Surintendance (ur tous les aunes, iv le foin des affaires du Corps. On tiroit louvent quelques-Un? du Corps des Boulangers pour être Sénateurs, mais ils ne pouvoient monter plus haut. Pour confervcr l'honneur lïc la probité dans le Collège des Boulan- gers, il leur étoir défendu de s'allier avec des Comé- diens , ou des Gladiateurs. Ils avoicnt chaeuii une bou- tique, ou boulangerie, ik étoient diftiibués en qua- torze régions de la ville: ils étoient déchargés de tu- telles, curatelles, & autres charges qui pouvoient les diftraire de leur emploi. Il y eut dans la luire des Bou- langers du Palais deltinés à laire le pain du Palais de l'Empereur. En France , il y a eu des houlangcrs dès le com- mencement de la Monarchie. Il en eft parlé dans les Ordonnances de Dagobert II, de l'an 630. Capït. Rec Franc. Tom. I,page 1 20. Leur emploi fut d'abord, comme à Rome , cte faire moudre le blé au moulin qu'ils avoient chez eux, qu'ils tournoient à bras, ou qu'ils failoient tourner par des animaux, ou à quel- ques moulins bâtis lur de petites rivière?. Us vcndoienr enfuite la farine à ceux qui \ouloient tuiic chez eux, & en faifoient du pain pour les autres. C'eft pour cela qu'on les trouve appelés , jufques fous la troi- fiènie race, dans quelques mïcs, Pifîores , ou en François Peftore; mais plus louvent néanmoins Pa- netiers , Talmelïers ik Boulangers. Il y a aujourdhuJ, quatre lortes de Boulangers. Ceux des villes , ceux des fauxbourgs & banlieue , les Privilégiés & les Fo- rains. Autrelois la maîtrile s'achctoit du Roi ; mais pour être reçu Maître Boulanger , le prétendant por- toit au Maître des Boulangers j ou Lieutenant du Grand Pannctier, un pot de terre neuf rempli der.cix ^ & de nieules, fruit que l'on ne connoît plus, & en préfence de cet Officier , & des autres Maîtres ëc Geindtes, il caftoit ce pot contre la muraille, &: en- fuite on buvoit enlcmble. Les Rois ont donné au Grand Pannetier de France la maîtrife des Boulangers & Talmeliers en la ville & banlieue de Paris, avec droit de Jufticc fUr eux. Ce fut S. Louis qui donna cette Jurididlion fur eux , & fur leurs compagnoiis , à fon Maître Pannetier, pour en jouir tant qu'il plai- roit £ju Prince, comme on l'apprend d'un Recueil àzs ufages de la Police des Boulangers , fait environ l'an 1264, par E. Boileau , Prévôt de Paiis. P^oy. Panne- tier. Les Boulangers privilégiés font de deux for- tes: 1°. Les Boulangers fuivans la Cour établis par Henri IV, au nombre de dix, cli 1601 , &: augmenté de deux par Louis XIII. Us ont tous demeure à Paris., i". Ceux qui demeurent en lieux de fianchife. Les Kkkkkk 994 BOU Boulangers forains font ceux qui demeurent hors de la ville & des fauxbourgs. Il y a des Boulangers de petit pain , & des Bou- langers de gros pain. De crainte que fous le titre de Marchands ,ks Boulangers ne le tendiirent les maîtres de tous les grains , les loix Romaines leut défendaient d'être Pilotes , ou Mariniers des vaifleaux qui ame- noient des blés à Rome, ou Mefureurs de grains. Voyez L. I. Naviculanos Cad. Theod. de Navicula- riis. L. IX. Ex Libertinis Cad. Theod. de Pijlorihus. L. X. Lïbcrùnï Cod. Theod. codem tïtulo : Ôc Godc- froy fur ces loix. En France , ils ne peuvent être ni Mefureurs de grains, Ariét du Parlem. 4 Mai 1476, Ordonnance de Charles VI , Févr. 1415, Edit de Dec. 1671 : ni Meuniers, Ordonnance de 1 41 j, Arrêt du 1 3 Juillet 1420. Il y a dans Paris deux cent cinquante Boulangers de pcric pain. Il y a dans les fauxbourgs environ neuf cens Boulangers de gros pain. Suivant le compte qui fut fait environ l'an 1686, ils emploient tous enfcmblc environ iîx mille muids de blé par k- niiine. De la Mare. Voyez le Traité de la Police de cet Auteur. Tout le titre XII du V^ livre, traire de laPohce, tant ancienne que moderne, par rapport aux Boulangers. Ce mot cft pur françois, & n'eft pas bien vieux. On ne le trouve point avant le XIP lîccle. Comme on fe fervoit du latin dans les Actes publics , on y trouve Bolendegarius i ou. Bolengarïus. Ménage le dé- rive de polentarius. Du Cange croit qu'il vient de ce qu'en pétridant la farine, on la tourne en globe , ou en boule, & on l'arrondit en pain. Cafenctive le tire de huccellarius ■ mais il avoue que ce n'eft là qu'une fnnple conjecture qu'il n'avance qu'au hafard. Il fe fonde iur ce que Conftantin Porphyrog. De Themat. Tom. VI , dit que celui qui a la garde du pain dans les armées s'appelle Bvx.;AAa(>io(,5/^cce//izi/e; il ajoute que buccellarius eft formé de buccellus , viande de fi- gure ronde : & Cellarlus j qui garde le pain. D'où il conclut que de même les Anciens avoient fait de buccellus, ou buccella, le mot buccellacumj,poiu ii- gnifier ce que nous appelons du pain de munition : on aura bien pià du même mot faire Buccelliger, por- teur de pain, & de là Boulenger , & que Boulenger de Buccelliger , n'cd pas moins vraifemblabie , que •verger de viridarium. Pithou le tire comme Ménage de pollix J pollenta , pollentarius , bollcntarius , hollengarius , Boulanger. Cette ct)mologie paroît la jneilleure. Celle de M. Du Cange ne lailfe pas d'être probable J parce que, comme il l'a remarqué, il y a d'anciens titres où ils font appelés Boulens. Mais celle de Guichard, qui prétend qu'il vient du Chaldéen ho3. , gibhel , pinfere , Se hoî,gebal}piJîor,ë<: entranf- pofant les radicales A73 ,helag 3 d'où Boulanger a été formé: celle-là, dis-je, eft tirée de trop loin. Boulanger de Camp. On nomme aind des ferges dra- pées , de demi aune de large, qui ie fabriquent dans quelques endroits du Poitou , & particulièrement à Breuil & à Barez. On les nomme Boulanger , du nom de l'Ouvrier qui en a le premier établi la fabrique-, & de Camp, pzxce qu'elles font toutes de laines E(pa- gnolcs de Campe. BOULANGER, v. a. Pétrir la farine, & en faire du pain. Farinam fubigere. \Jn garçon qui boulange bien. Ce mot n'eft guère ufité que chez les Boulangers. BOULANGÉ, EE. part. Du pain bien boulangé. BOULANGÈRE, f. f. Nom que l'on donne à une Sœur Couverte , qui fait le pain d'un Couvent de Reli- gieules. Pifirix. On appelle auifi Boulangères les femmes des Boulangers , & celles qui font profelîîon de taire & de vendre du pain. BOULANGERIE, f. f. L'art de faire le p.ain. Ars pifto- ria. Ce garçon entend bien la boulangerie. Boulangerie, le dit aulli dans les Couvens & ailleurs, du lieu où l'on fait le pain,& où l'on garde la latine. Ptflrina y ou pijlrinum. Et encore dans les Arfenaux de marine, du lieu où l'on fait le bifcuit. Autrefois a Rome,c'étoit une boutique des Boulangeis,l'endtoit cù ils taifoient le pain. Voye^ Boulanger. B O U (r3" BOULAY. Ville de France, en Loriainc, environ à douze hcues de Nancy. BOULDURE. f. f. C'ert la folfe qui eft fous la roue, &: les batimens des moulins à eau. P.agueau. Fojja. moletnnA _, ou pijlrino Jubjecta. QCr BOULE. 1. f. C'eft en général un corps Iphérique de quelque matière que ce loit. Ce mot eft iynonyme à globe j mais globe a d'autres acceptions qui ne con- viennent point au mot /)ow/e. Globus. 03" La boule lert à diftcrens ulages , foit pour le jeu, ioit pour l'ornement. .;' Le jeu de boule cft une efpècc de jeu où plufieurs pcrlonnes lont rouler des boules d'un endroit à un au- tre , & jouent à qui fera aller fa boule plus pr^s du but. Le fort de la boule , quand elle eft toute ronde , eft l'en- droit où le bois eft plus ferré , & parconféquent le plus pefant. Cela vient de ce que les atbies étant de bout , ont leur bois plus ferré du côté du nord que du midi. Le fort delà boule , qui n'eft pas abfolument tonde, eft le côté que le Tourneur a fait un peu moins élevé que l'au- tre. U eft des houles où le fort cft pielque impercepti- ble aux yeux:& on eft obligé de le rouler, pour vcij: de quel côté eft le fort. Aller à l'appui de la boule , c'eft jouer une boule qui en aille foutenir une autre (ans la dcbutter. Joueràla longue, ou à la courre ioa/e. Char- les V défendit le jeu de boule. Le GiNDRt. On dit , Avoir la boule ; pour due , avoir l'avantage de jouer le premier. Il faut voira qui aura la boule. Acad. Fr. ifT II y a auftî des boules de mail, 'plus petites que les autres, d'un bois très-dur & bien tourné , que l'on challc avec la malle ou mail. Elles lont d'un poids pro- portionné à celui du mail , c'eft-à-dire , environ de moitié. Il y a aulli des houles, c'eft-à-dire, des mor- ceaux de bois ronds poiu: jouer aux quilles. Les Poè- tes dépeignent la fortune avec un pied lut une boule , pour marquer (on inconftance. Ménage dérive ce mot de huila , à caufc de la ron- deur des huiles , ou petites bouteilles qui le font (ur l'eau; ou plutôt depola^ dont on a fait pila , qui li- gnifie la même choie. Boule. Terme de Tourneur, Il fignifie un morceau de bois tourné en forme ronde , qui fert à foutenir quel- que ouvrage de Menuiterie , ou de Tourneur. Ainfi on dit boule d'armoire, boule de table, boule de gué- ridon, &c. On appelle auffi boule en termes d'Architedfure, tout corps fphérique qui termine une décoration. Se qui fe met à la pointe d'un clocher, ou Iur la lanterne d'un dôme, auquel cette boule eft proporrior.':,-c, On en met aulli au bas des rampes, & fur le- , ax dans les jardins. Quand cette boule termi,.^ -j^.^.^jue ouvrage , on l'appelle boule d' amortijfement. Boule, eu termes de jardinage, fe dit aulfi de certains arbrilleaux taillés en forme de boule. Une boule de myrthe, une boule de chevre-fcuille. Boule. Terme de Carrier. C'eft ce qu'on appelle dans d'autres profeiîions un rouleau, fur lequel on conduit les marbres , les pierres, les poutres , ik autres maté- riaux pclans. Boule , ou Sphère. Inftrument de Miroitier-Lunetier , avec lequel ils font les verres concaves qui fervent aux lunettes à longue vue, aux lorgnettes, aux mictofco- pes , &■ autres inftrnmens. Boule, chez les ^urbillcurs. C'eft aulli un inftrument de Fourbilïeur , qu'on nomme autrement Cha[fe-pom- meau , parce qu'il fert à placer le pommeau d'une épée fur la loie de la lame. Boule, qu'on appelle auftî enclume-ronde. C'eft , entér- ines de_Chaudronnier, l'inftrument fur lequel on fait la carre des chaudrons, & autres ouvrages de chau- dronnerie, qui ont des enfonçurcs. On dit proverbialement , faire une chofe à boule vue ; pour dire , inconlidérément , à l'étourdie, atout haLud,& d'une m,anièic incertaine. Palquicr prétend que ce mot a été dit par corruption au heu de bonne vue ; de forte que de fon temps , à boule vue, figni- fioit, certainement , apurement. Sur quoi on peut voir les Obfervations de Ménage fur la langue françoifc. Jouer à boule vue. BOU On dit au jeu de quilles , pied à boule , pouraver- tir celui qui joue de tenir le pied a l'endroit où La. boule s'eil: arrêtée: tk figurcmenc, qu'un homme ûenx. pied àboule ; pour dire, qu'il ne quitte point Ion travail , fon occupation ;& taire tenir/'/t.ûf à*cii;/eàquelqu un, pour dire , l'obliger à une i^rande allîduite. On dit qu'une perfonne ell tonde comme une boule j quand elle eft grolle & courte. IJCT Boule c/e mars. Remède efficace pour les plaies. f^oye'^ Mars. C^ Boule de chamois. Voyez Chamois. ^'3° Boule de /Tzercz^re. Amalgame de mercure &d'étain , dont on le fert pour purifier l'eau. On fait tondre le tain ; on y ajoute le mercure, & on coule le tuut dans un moule rond. ( Les Vocabuliftes ajoutent qu'il doit être creux. ) On fe icrc de ces boules au beic/in pour pu rifier l'eau , en mettant la boule dedans quand elle cfl bouillante. BOULEAU, f. m. Betula. Arbre qui reflemble au peu plier noir, mais qui en diffère parion bois& fes huicî. Son écorce change de couleur luivant Ion âge , car elle eft roufsâtre dans les jeunes troncs , blanchâtre dans les plus avances, & gerléc lur les vieux pied^. Cette ccorcc fe iépare en pludcurs lames plus fines que du papier, ttanfparentes& blanches. L'extérieure eft rou in.-, ou brune , lorfque 1 arbre eft encore jeune. Enluite elle blanchit un peu, & on peut en (épater pludeurs peaux déliées : après elle devient plus blanche , & pleine de fentes : au-deffuus de cette écorce il y en a une autre qui eft fort mince , polie , & ttanfpatcnte. L'écotcedcs plus groftes branches eft auiîl blanche , mais celle des plus petites eft d un rouge éclatant. Ses branches font compolées de verges fort menues, longues, pendantes dans quelques individus. Elles font garnies de feuilles alternes, (emblables àcelles du peuplier noir, plus pe- tites cependant, dun vert plus ioncé, vi(:,ueuieslorf- qu'elles font jaunes, amèie; au goût, & un peu odo- rantes. Ses fleurs lont des chatons qui n'ont pas t.' ut- à-fait deux pouces de long, ni plus duiie ligne 3c de- mie d'épaiffcur; ils (ontà plufieurs écailles, entre lef- quelles font placées des étamincs. Lestïilits nalirentlur le même pied dans des endroits féparés: ce font d a- bord de petits épis étroits qui n'ont pas un demi- pou- ce de longueur, & qui en grollllîant deviennent I >iigs de plus d un pouce fur cinq lignes environ d'épaiifcur. Ils font verts , cylindriques & c jmpofés de plufieurs écailles coupées en trèfle , & attachées à un pivot com- mun qui occupe le centre du huit -, entre chaque écaille eft placée une femence bordée de deux ailes ou feuillets membraneux. Le bouleau donne par inciiîon au printemps une eau douce & agréable qu'on recom- mande pour les goutteux, les graveleux &: les phthili- qu-cs, pour ôter les taches au vifage , pour rendre la peau belle, &c. Le champignon qui vient fur le bou- leau eft merveilleux pour les hémorroïdes. Cet arbre eft très-commun en France. Il croit facilement par- tout. On fe fert des petites branches du bouleau ^ pour faire des verges de des balais. En pluheurs endroits on en fait des cercles pour relier des tonneaux, & des cô- tes pour faire des corbeilles. Comme l'écorce eft fort réfineufe, on en fait des torches pour brûler la nuit. Plulieurs croient qu'avant l'invention de faire du pa- pier, on fc fervoit de petites écorces blanches de /"oa- leau pour écrire , à quoi elles femblent iort propres. Ce mot vient de butelellum , ou betula , qui font deux vieux mots gaulois qui ont été latinilés, comme Pline le témoigne. Mais Matthiole dit qu'il a été ap- pelé betula, à caufe du bitume dont il eft plein. BOULEE. f f. Les paylans en Bourgogne donnent le nom de ^oa/e'eàdesraifins attachés en boule, dont ils font des ptéfens pendant la vendange aux gens de leur connoiffance qui n'ont point de vignes. On difoitauilî anciennement une boulée de clefs, parce qu'alors elles croient attachées par un cordon à une boule de bois. Suppl. au Glojf. du Rom. de la Rofe , au moi Tor- VlSES. BOULENOIS, OISE, f m. & f. Qui eft de Boulogneen France, & à\içs.ysàz'Qo\xlognt. BononienJis.Lz^ Bou- BOU pp^ /enois font tous aguerris & bons lotdats. Les Boulenois ont plulieurs privilèges, qui leur ont été accoidés ou conhrmés par nos Rois , depuis que le Comté fut réuni à la Couronne fous Louis XL Quelques uns éctiveiic EoulonoLS. Boulenois, f. m. Bononienfis ager j cuComitatus.P^ys de Picardie, aux environs de Boulogne, dont il a pris (on nom , parce qu'elle en eft la capitale. Quelques- uns écrivent aufli Boulonois^ ^ M. Corneille n'écrit même point autrement. Cependant nos cartes de Géo- giaphie mettent communément i5oi//e72ozjj & dans le dilcours on ne prononce point autrement. Le Boule- nois eft un Comté, & a eu les beigncuts particuliers. Le Boulenois eft allez fertile, & a de très-bons haras. 1. Co^N. EOULE-PONCHE, ou BONNE-PONCHE. f. f. Boif- (on angloile. On met un tiers d'eau de vie lur de l'eau pure avec de la mufcade, & un peu de bii cuit de mer grillé & piL , & l'on bat le tout enlemble jufqu'a ce que les liqueur^ (oient bien mêlées. Le P. Labat dit , qu'(.n n'y met point de citron , & qu'a fa place on y met des jaunes d œufs qui rendent ceitc liqueur épailfe comme du brouet , & il ajoute ciu'.iu Ueu deaa on y met quelquefois du lai:, & que c'eftla plus efti- mee. Ce mot vient de ces mots Anglois bowlof punch^ qui veulent dire une tcf's deponche. Ip-BOULENE. Ville du Comte Venailfm, (ur la ri- vière de LetZjà fept heues d Avigncn. BOULEH. v. n. (e dit de cettains pigeons cui ont une grolle gorge, &c fignifie, enfler la ^^.ti^cJ/in-'iie/lere. Les jeunes pigeons de cette elpèce commencent u/Ç'oa- ler à trois ou quatre mois. C'C?" Bouler , en Agriculture eft une maladie de plu- lieurs plantes. On dit que les grains loul/"- , quand, étant encore fort jeunes , ilfe forme comme un oignon à leurs racines. L'oignon ordinaire e(t auJH expofé à bouler. Les plantes boulé es ne profitent point. Duha- mel. f-rr BOULEROT noir. Gobio niger. Poilfon de mer de la grandeur du doigt, rond & noir, principalcmcntlur le devant. 11 n a qu'une nageoire au-dclllus des ulucs , qui reflemble en quelque (orte à une barbe noi'-e. C'eft pourquoi fîondelet le croit le même que celui qu'A- thenéc appelle bouc. Encyc. BOULET. (. m. Gtofl'e balle de fer avec laquelle on charge le canon. Glolulus ferreus. Un canon de bat- terie porte depuis 24 jufqu'à 36 & 48 livres de bou- let. Quel.-;ucs-uns le font venir àt botcllus h\.ïn , ou du grec ^«AAtiv , qui lignifie /Vrer. ^^ Les boulets doivent être ronds & bienébarbés, afin qu'ils n'éraflent point la pièce-, &(ans fouflures, afin qu ils ne pirouettent point en l'air. Boulet rouge , eft un boulet qu'on fait rougir dans une forge , dont on charge le canon pour mettre le feu aux lieux où il tombe, quand il y trouve des matières com- buftibles. Fcrvensglohulus. M. l'Eleéteur de Brande- bourg eft le premier Prince qui ait introduit avec fuc- cès l'utage des boulets rouges. Boulet creux, eft celui dont le diamètre eft proportion- né à celui du canon qui le doit chaffcr. (fT II eft long & creux, & renferme des balles, delà mitraille, & de l'artifice. Il a la lumière à l'une de ("es extrémités. Ga- vus globulus. L'ulage de cette lumière eft d'y mcttrele feu, ce que l'onfait en y pairantunemcchcfouffrée, qui s'allume lorfque le boulet fort du canon, en forte que ce boulet crève lorfqu'il eft dans la terre , & pro- duit le même effet qu'un petit fourneau. Boulets à chaîne, font deusc/'Ott/trf joints enfemblepac une chaîne, qui a trois ou quatre pieds de longueur. Glohuli catenati. On en charge un canon , & quand on le tire, l'eflct de ces deux boulets eft d'autant plus grand, lur-tout dans un combat, que la chaîne em- bralTe & fépare tout ce qu'elle rencontre. Boulets à branche, font deux boulets joints ene;r>b!e pat une barre de fer longue de cinq à fix pouces feu- lemenr. Boulets à deux r^rej , qu'on appelle tlm^x an